■\- •fyr m^ .v^^' ^^>. ^*'^'''.-.^.. I* f ^.;%~-^ w ^û\}n ^ham5 rar^. IN TME CUSTODY Or TME BOSTON PUBLIC LIBRARY. 5HELF N? ADAMS ^ w :#' ENCYCLOPEDIE, OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS. TROISIEME EDITION' TOME HUITIEME. ENCYCLOPÉDIE, O U DICTIONNAIRE RAISONNÉ DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS, PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES. Mis en ordre & publié par M. DIDEROT i & quant à la Partie Mathématique, par M. D'ALEMBERT. Tantàm ferles junUura^ue poîUt , Tantîtm de medio Jumptis aued'u honoris / HoRAT. TROISIEME ÉDITION. T O M E h1j ÏTI ËM E. A G E N E V E, Chez Jean-Léonard Pellet , Imprimeur de la République, A NEUFCHATEL, Chez la Société Typographique. KBMaHtiiuueuBu^saiski^-JuuA.M'ii. ■âiXssisje.saasBummm M. D C C. L X X ri I L tPAMS .0,^ % ENGYCLOPÉDÎE, o u DICTIONNAIRE HAISONNÉ DES SCIENCES . DES ARTS ET DES MÉTIERS- «♦=- ^^ CHU ■^^ HULULA, (Ge'og.) ville ^^3^ de l'Amérique feptentrio- nal e dans la nonvelle Efpa- gne,présdu lacdeMéxique. CHUMPI, {Hijlnat. Miner alog. ) Alonzo Bar- ba donne ce nom à . un minéral ou pierre fernigineufe, qui a beau- coup de rapport avec l'émeril , & dont la couleur efl: grife, d'un brillant un peu obfcur, réfraûaire , & très-difficile à mettre en fu-, fion. On la trouve au Potofi , ùc. Elle eft Ibuvent mêlée aux mines d'argent. ( — ) CHUNDA, f. m. ( HiJ}. nat. Botjn. ) cfpece de folamim , morelle du Malabr.r , uès-bien gravé avec la plupart de fes d^- Tome VIIL CHU taiîs pnr Van-Rheede , dans fon ITortus Malaharicus ,vol. II, plane. XXX VIL p. 69. Les Brames l'appellent doLri. C'eft le folanum fpïnofum MaLbaricum de Jean Commelin. C'eft une plante annuelle qui s'élève fous la forme d'un buiflon fphéroïde de trois pies' de diamètre ; à racine ligneufe brune , de fix lignes environ de diamè- tre , longue de quatre à cinq pouces , ra- mifiée; à tige cylindrique, moelleufe au centre , ramifiée , à fix pouces au-delTus de fon origine , en plufieurs branches al- ternes ouvertes fous un angle diê 45 de- grés , rouge - obfcurcs , veloutées, cou- vertes de poils épais étoiles , & hérilTées A 1 CHU d'épines coniques droites vertes, longues de trois 'lignes , une fois moins larges, lemées"'à 'des diflances de fix lignes Qti— Viron.^ , ^ . ' Les 'feuilles fbiir alternes , difpof^éscir- jtulairement au nombre de cinq à fept le long des branches , elliptiques ,^pôintùes *aux deux bouts , longues de trois à quâ- ^tre pouces , une fois moins larges , mar- 'quees de deux à trois ondes fur leurs bords, 'couvertes de poils ^pais , comme les ti- ^gés", \rerd-foncé deflus, plus claires def- fous , relevées d'une côte épailfe ramifiée de trois paires de nervures rougeâtres fe- mces de quelques épines coniques comme ! celles des tiges , & portées fur un pédicii-. 'le cylindrique , une à deux fois plus court 'qu'elles , hérifïe de poils & d'épines comme les tiges. Sur le côté de l'aifTèlle des feuilles fu- périeures fort'une fleur une fois plus courte qu'elles , bleu - clair , ouverte eh étoile d'un bon pouce de diamètre , & portée fous un angle de 45 dégrés, fur un pédun- cule de cette longueur , un peu renflé vers fon extrémité & fans épines. Chaque fleur eft hermaphrodite, mo- nopétale ) régulière , pofée au defTous de l'ovaire Elle confifte en un calice verd d'une feule pièce , à tube court évafé peir- fiftent, à cinq divifions triangulaires , ou- vertes inégalement , une â deux fois plus longues que larges , femées de quelques ëpines ; en une corolle bleu-clair^ mono- pétale , prefque une fois plus longue que le calice , â tube court evafé horizontale- ment, partagé prefque jufqu'à fon milieu en cinq divifions égales triangulaires, une fois plus larges que longues. A la bafe de ce tube font attachées cinq étamines une fois plus courtes que la corolle, à anthè- res, longues prefque fefTiles jaunes, rap- prochées en un cône qui enveloppe entiè- rement l'ovaire. Celui-ci eft fphéroi'de , ■ porté fur un difque jaune avec lequel il fait corps , & furmonté par un ftyle mé- diocre cylindriaue , couronné par un fti- *gmate hémifphérique , velouté & traverfé par un fdlon. L'ovaire en muriftant devient une baie fphéro'-de d'u i pouce de diamètre , lifîè d'abord verte defiôus &' blanche deflus , CHU enfui te jaune^clair , à chair vefée,fu le vrai Meffie, & le Rédempteur du genre humain ; mais qui n'ofent lui rendre aucun culte public , ni l'adorer ouverte- ment. Ricaut aflbre que cette feâe très- nombreufe eft compofée fur-tout de per- fon nés de marque , & qu'elle a des par- tifans jufque dans le ferrail. (G) CHUQUELAS ou CHERCOLCES , ( Co/nmerce. ) voye^ CherconnÉES. CHUR - WALDEN , ( Géogr. ) pe- tite ville des Grifons , fur la rivière de Raba. CHUS ou CUOAy {Bljl. anc.) en grec x^^'^i de x^ -IV répandre j mefure de liquides chez lès Grecs. Les auteurs né s'accordent point fur la quantité de liqui- de que le chus contenoit ; les uns préren- dent qu'il tenoit quatre feptiers , fexta" rios ; \es autres fix , ou un congé , congiùm. Fabri dit neuf livres d'huile ,/ dix de tia^ G H U &; treize livres quatre onces de miel. Pi- tifcus , dans fon didionnaire , eftime que le chus contient fix feptiers attiques ou douze cotyles ; que cette mefure pefoit pleine d'huile fept livres & demie , & huit livres & un quart d'eau ou de vin. En générai , rien de plus obfcur que ce qui regarde les mefures des Grecs & des Romains, leur variété en divers temps & en différents pays , leur inftabilité, les mê- mes dénominations employées pour expri- mer des chofes différentes , ont jeté fur ce fujet la plus grande confufion. Faut-il eti être furpris ? les mêmes inconvéniens ne fe rencontrent-ils pas dans les poids & \qs mefures des modernes ? Nous n'a- vons rien à reprocher aux anciens ; & les nations européennes ont un befoin jour- nalier d'avoir perpétuellement là-deffus un tarif à la main pour faire leur com- merce non-feulement chez l'étranger , mais encore dans les diverfes provinces d'un même royaum.e. Cependant ceux qui dé- lireront les détails ou les conjedures de nos littérateurs fur le chus & fur le congé , que quelques - uns prétendent être une même mefure , pourront confulter les mémoires de V académie des Infcriptions ; Stuchiusdans fes œuvres in-fol. L. B. 1695. Eifenfchmid , Beverinus , & tant d'autres Jivres fur les poids & les mefures anti- ques, qui ne prouvent que trop l'incer- titude qui règne ici. Cet article ejl de M. le Chevalier DE JaucOURT. CHUS y ( Hiji. facr. ) premier fils de Cham , & père de Nembrod , fut le fon- dateur des Ethiopiens ou des Abyffms , dont le, pays ell défigné dans V Ecriture par le nom de terre de Chus. Nous ne connoiffons dans les livres faints qu'un feul homme du nom de Chus ; mais on trou- ve pluGeurs pays qui portent ce nom , foit que le même homme ait demeuré en plus d'un endroit > foit qu'il y ait eu qiiel- qu'autre Chus qui ne nous foit pas connu. Les interprètes traduifent ordinairement Chus par l'Ethiopie j mais il y a plufîeurs paflàges où cette traduûion ne peut avoir lieu. Chus fur le Géhon ne peut être tra- duit pax l'Ethiopie , parce qu'il faudroit que le Géhon fignifiât le Nil , & que ce dernier fleuve ell trop éloigné de l'Eu- C H U 3 phrate & du Tigre , pour que l'on puifle dire qu'il fortoit , comme eux, du paradis terreilre; ainii Chus fur le Géhon n'eft antre que l'ancien pays des Scythes fur l'Araxe. Le terre de Chus dans l'Arabie pétrée , frontière de l'Egypte , d'où Tha- raca & Zara firent irruption dans la Ju- dée , ne peut non plus être entendue pat l'Ethiopie. Ainii voilà deux pays de Chus marqués dans V Ecriture , que les inter- prètes confondent avec l'Ethiopie propre- ment dite , qui eft au midi de l'Egypte. (■!-) C H USAI, {Hift. facr.) l'un des plus fidèles ferviteurs de David , qui , ayant appris la révolte d'Abfalon , alla trouver le roi , la tête couverte de poufïiere , & les habits déchirés. David l'ayant engagé de feindre d'entrer dans le parti d'Abfa- lon , pour pénétrer fes defîèins , & s'op- pofer aux confeils d'Achitophel , Chufaï alla à Jérufalem , gagna la confiance de ce prince rebelle , & détourna par fa prudence le confeil que lui donnoit Achi- tophel de pourfuivre David , qu'il fit aver- tir de ce qui fe tramoit contre lui. Ce fervice fut le falut de ce malheureux roi ,. qui paflà promptement le Jourdain pour le mettre en fureté. An du monde 2081. (■!:) CmJSmyRafathaim, ( Hift.facr. ) Ethiopien , roi de Méfopotamie , fit la guerre aux Ifraélites , & \qs réduifit en fervitude : Dieu le permettoit ainfi pour les punir de leur idolâtrie. Ils demeurè- rent dans cet efclavage huit ans , à la fir^ defquels , Dieu touché de leur repentir , fe fervit d'Othoniel pour les remettre eij liberté. An du monde 2.593. ( + ) CHU SI, [Hifl. facr.) offici.ç.r de David y qj^i porta à ce prince la nouvellQ de la mort d'Abfalon. C'étoit encore Iç nom du père de Sophonie le prophète. Saul eft ainll appelle à caufe de fa mé- chanceté & de l'acharnement avec lequel il pourfuivoit David. Chufi , qui fignifig Ethiopien , peut défigner un homme mé-^ chant. (-}-). CHUSISTANoM KURISTAN, ( Géogr. ) province d'Afie dans la Perfe , entre le pays de Fars & celui de Balïbra , dont la capitale eft Soafter. A2 4 CHU CHUTE, f. f. en Phyfiquc, efl le che- min que fait un corps pefant en s'appro- chant du centre de la terre. Voye\ DES- CENTE. Galilée eft le premier qui ait découvert la loi de l'accélération des corps qui tom- bent; favoir, qu'en divifant tout le temps de la chute en inftans égaux , le corps fera trois fois autant de chemin dans le fécond inftant de fa chute que dans le premier , cinq fois autant dans le troifieme, fept fois autant dans le quatrième , ^c. & ainfi de fuite , fuivant l'ordre des nombres im- pairs. Voye\ un plus long détail fur ce fu- jet à Vuniclt ACCÉLÉRATION. Pour la caufe de la chute des corps , poye^ PESAN- TEUR. Pour les loixdela chute des corps , poye\ Descente. ( O) Chute de Vanus ou fonde ment ^ {Chir.) c'eft un accident qui confiée en ce que quand le malade va à la felle , l'inteitin redum lui fort fi considérablement, qu'il ne peut plus rentrer dans le corps , ou que s'il y rentre , il retombe. Voye:^^ Regtum. C'eft quelquefois une maladie chroni- que , fur- tout quand elle vient de paraly- fie : fes caufes font le relâchement des fi- bres du redum ou du mufcle fphinder; ou bien la conftridion du ventre , la diarrhée , la dyfTenterie , ou le tenefme. On en guérit difficilement quand elle eft accompagnée d'hémorrhoïdes. Les mé- dicamens les plus propres pour la cure , font les aftringens. Il eft befoin auHi d'une opération manuelle pour faire rentrer l'in- teftin , qui , expofé à l'air, ne manqueroit pas de fe tuméfier & de fe mortifier , s'il ne l'eft pas déjà. Il arrive fouvent qu'il retombe aux en- fans , après qu'on l'a fit rentrer , princi- palement lorsqu'ils crient ; & dans le cas cù il y a diarrhée il eft bien difficile de le contenir en dedans. M. Suret , maître chirurgien de Paris , a imaginé un bandage pour la chute du xeûum , qui eft très-ingénieux , & qui a mérité l'approbation des plus grands maî- tres de l'art. Il doit le préfenter à l'aca- démie royale de Chirurgie , & fa découverte fera rendue publique dans la fuite des mé- moires que ceue académie domiera. Le CHU grand avantage de cet inftrument eft de contenir les parties au même degré de compreiïlon ; dans quelque attitude que puifte prendre le malade , debout , cou- ché , afîis &c. le bandage comprime tou- jours également. Ceux qui feront dans le cas d'en éprouver les effets , fentiront tout le prix d'un pareille invention. Chute de la mjtrice , de la defcente de cette partie en-embas , caufée par le relâ- chement des ligamens deftinés à la retenir dans fa place. Voye\ UTERUS. Si la matrice eft tombée dans le vagin , de manière qu'on en fente l'orifice avec les doigts en dedans des lèvres de la vulve, ou qu'on le voie des yeux en dedans , cela s'appelle un abaijfementde matrice. Si elle eft tout-à-fait tombée , de forte qu'elle traîne pendante en dehors des lèvres , mais de forte qu'on n'en voie pas plus le dedans que l'orifice , cela s'appelle chute de matrice. Si étant defcendue elle eft re- tournée de manière que le dedans forte par les lèvres , & qu'il pende une efpece de fac charnu avec une furface inégale , cela s'appelle renverfement de matrice. Ces défordres peuvent procéder de mou- vemens violens, de toux , d'éternument , de fleurs blanches. Ils arrivent le plus fou- vent auxfemmens groftes , en conféquence du poids qui porte & preflê fur l'utérus \ mais principalement fi le fœtus eft mort, s'il eft dans une mauvaife pofture , ou qu'il ait été tiré par force. Le renverfement de matrice eft ordi- nairement la fuite immédiate de l'extrac- tion d'un placenta , adhérent au fond de cet organe : dès qu'on s'apperçoit de ce,t accident & qu'on a réufti à détacher l'ar- riere-faix , il faut faire promptement la rédudion. Si Pon ne peut pas y réuftir \ la vie de la malade eft dans un grand dan- ger par la mortification qui eft l'effet de l'étranglement du fond de l'utérus par l'orifice. Après avoir replacé la partie , il faut employer les aftringens , tels que ceux dont on fait ufage dans les diarrhées , les liémor- rhoides , la gonorrhée fimple , érc. & re- tenir la matrice avec un pefîaire. Voye\ Pessaire. Cliûte de la luette , eft la defcente ou le CHU relâcherr'ent de la luette ou des amygdales. Vojei LVETTE. {Y) Chute , en Archneâure , eft un orne- ment de bouquets pendans , compofés de fleurs ou de fruits qu'on place afTez fouvent dans les ravalemens des arriere-corps de chambranles , de pilaftres de pierre , ou panneaux de menuiferie. (P) Chute, terme d' Horlogerie. 'LoT^c^xi^xmQ des dents de la roue de rencontre eft par- venue à l'extrémité de la palette qui lui répond ^ fon oppofée tombe avec accélé- ration fur l'autre palette , & lui donne un petit coup ; c'eft ce coup , & l'efpace que la roue parcourt , qu'on nomme chute. Elle eft néceflaire pour éviter les accro- chemens qui naîtroient infailliblement du jeu des pivots dans leurs trous , de l'ufure des parties , & de l'inégalité des dents de la roue de rencontre. Voye^ AccROCHE- MENT. S'il faut abfolument donner un peu de chute à un échappement , c'eft en même temps une chofe fort préjudiciable à la montre ou pendule où il eft appliqué, de lui en laifïèr trop ; les inconvéniens qui en réfultent font , beaucoup moins de liberté dans les vibrations du régulateur , plus d'ufure de fes pivots , des trous dans îefquels il roule , des pointes de la roue , & de l'endroit des palettes fur lequel elles tombent. Dans un échappement bien fait , la chute eft égale fur chaque palette ; on par- vient à cette égalité par le moyen du nez ou du lardon de la potence. Voye\ Nez , Lardon , Potence. Ciiûte fe dit aufti dans un engrenage , an petit arc parcouru par la roue , quand une de fes dents quitte l'aile du pignon dans lequel elle engrené , & qu'une autre tombe fur la fui vante. Cette chute devient confidérable dans les pignons de bas nom- bre ; mais elle eft peu fenfible dans ceux qui ont huit , dix , ou douze ailes , tsc. Quand un engrenage eft trop fort ^ il y a beaucoup de chute , ce qui occafionne des précipitations dans le mouvement des roues. Voye\ ENGRENAGE. ( T) Chute d'EAU, {Hydraul. ) On dit qu'un ruifleau , qu'une rigole , qu'une petite rivière vient former uue chiite d'eau CHU 5 fur la roue d'un moulin, ou bien qu'el'e tombe en cafcade dans quelque baflin. Chute de TERREIN , ( Jardin. ) fe dit d'un terrein inégal & rampant , dont il faut ménager la chute en le coupant par différentes terrafl'es , ou en adouciftànt la pente de manière qu'elle ne fatigue point en fe promenant. {K) Chute de voile , ( Marine. ) c'eft la longueur d'une voile. ( Z ) Chute , ce mot eft encore employé dans un fens moral , comme la chute d'Adam. ( Voye\ Péché originel. ) la chute de l'Empire romain , ^c. Il y a des auteurs qui prétendent que Platon a eu connoifTance de la chute d'Adam, & qu'ill'avoit apprife par la lec- ture des livres de Moïfe. Eufebe , de pré- parât, evangel. lih. XII. cap. xj. cite une fable àQsSympos de Platon , dans laquelle toute cette hiftoire eft rapportée d'une manière allégorique. (G) CHUTE , ( Mufiq.) agrément du chant & des inftrumens , qui ne diffère de l'ac- cent qu'en ce qu'il fe fait d'une note à une autre plus haute ou plus baffe : on marquoit ci- devant cet agrément par un petit crochet. Fbyq la marque & l'effet de la chute , fig. 5 , pi. VIII de Muf, Suppl. des planches. D'Anglebert divife la chute _, ^ i^. En chute far une note ^ qui eft celle ci - deffus. 2° En chute fur deux notes. Voye\ fa marque & fon effet, /^. 6. plane lie VIII de Mufiq. Suppl. des planches, 3^*. En double chute â un tierce. Voye\ la marque & l'effet, fig. i. pi. IX de Mufiq. Suppl. /if. Enfin , en double chute fur une note feule. Voye\ la marque & l'effet, fig. 2> même pi. , Les chûtes y n^. 2 &c 3 , ne peuvent fer- virque fur le clavefîin ou fur l'orgue , & dans quelques cas fur les inftriunents à corde , car les notes dont la queue eft en bas , & qu'on a exprès faites plus groffes , doivent être tenues tout le temps de leur valeur, pendant qu'on achevé la chute. Mais Loulié , dans fes Elemens de Mu~ fique f décrit ainfi cet agrément : « La 6 Ç H U fy chute eft une inflexion de la voix , d'uit >i fon fort ordinaire à un petit fon plus V bas ». Voye^pl. IX de Mufiq. Suppl. des plan- ches , la marque & l'effet de la ctiûte , fuivant Loulié , & remarquez que la dernière mefure que j'ai exprès marquée d'un a , paroît la feule où la liaifon foit bien placée , & que peut-être il y a une faute d'imprefîion aux autres , ce qui eft d'autant plus vraifemblable , que n'ayant pas pu avoir les traités originaux , j'ai co- pié ces exemples d'un ouvrage Allemand , qui ajoute qu'à ne confulter que le mot , la chute de Loulié paroît plus conforme au nom que les autres. La marque de cet agrément n'eft plus d'ufage ; on le note tout du long quand on le veut. (F.D. C. ) CHUTEENS, {HiJlSacr.) peuples de Perfe qu'Afar-addon envoya dans la Samarie en la place des dix tribus qu'il avoit tranfportées en Aflyrie. On croit qu'ils étoient ainfî nommés , parce qu'ils furent tires d'une province nommée Chuta, à caufe du fleuve Chut. L'Ecriture re- marque que les Chuteens étant arrivés dans ce nouveau pays , continuèrent à y adorer les Dieux qu'ils adoroient au-delà de TEuphiate ; Or il arriva qu'au commen- cement qu*ils habitèrent là y ils ne révé- rèrent point V Eternel y & l'Eternel envoya contr'eux des lions qui les dévoraient. 2. RoisXJ^II.i^. Le roi d' Aflyrie inftruit de la caufe de cette punition , manda un àcs prêtres du Dieu d'Ifrael pour leur enfeigner le culte du Seigneur. C'étoit fans doute un des prêtres qui avoient fèrvi les veaux d'or ; car tous ceux de la race d'Aaron , depuis le fchifme des dix tribus, s'étoient réunis au royaume de Juda , pour fervir dans le temple de Jérufalem. La crainte rendit ces peuples dociles aux inftruûions qu'on leur donna ; Èiais croyant p^^oir allier leurs ancien- nes fuperftitions avec la loi de Moïfe , qu'on les forçoit d'embrafler, ils adop- tèrent le culte du Dieu d'Ifrael , fans re- noncer â celui de leurs idoles ; & par un mélange monftrueux , ils partagèrent leurs adorations entre le Dieu , créateur de î*univers , & de viles & impuifl^antes créa- tuie$. Ces peuples, au temps d'Efdras, 1 C H Y pratîquoient encore ce cuke mélangé ; ils. avoient des temples confacrés aux fauflèst divinités ; ^ais ils n'en avoient pas encore élevé au Dieu d'Ifrael , puifque du tempsr de Zorobabel , lorfqu'on travailloit à re^ bâtir le temple de Jérufalem , ils témoi- gnèrent beaucoup d'empreffem-ent pour être aflbciés à l'ouvrage. Ce ne fut qu'an temps d'Alexandre le Grand , qu'ils bâ- tirent un temple au Seigneur fur la mon- tagne de Garizim , où ils faifoient le fer- vice de Dieu comme à Jérufalem. Ils pré- tendoient l'oppofer au temple de cette dernière ville , ce que les Juifs ne pou- voient fouflrir; & de-là venoit principa- lement l'antipathie entre les Juifs & le& Samaritains. (-{•) ÇHWASTOW, ( Géogr. ) ville peu con- fidérable de la petite Pologne , daiis le Pa- latinat de Kiow. (D.G.) C H Y CHYLAAT , f m. ( Jfiji. mod. ) eA pece de robe de deflus, que les Turcs nomment plus communément caftan : 1q grand-feigneur la donne par diftindion aux miniftres , bâchas , ou autres Officiers de la Porte, lorfqu'ils entrent en charge , pour récompenfe de quelque fervice ex- traordinaire , ou même pour quelque agréa- ble nouvelle. Les courtifans du fultan diftinguent trois fortes de chylaat : le premier efl: le chylaat-fagire y qu'on ne donne qu'aux vilirs , aux bâchas à trois queues , & comme une faveur fignalée , à quelques ambaflàdeurs étrangers : le fécond fe nomme chylaat - ala ^ c' eu la robe qu'on accorde aux bâchas du commun , aux princes mahométans & chrétiens , & aux ambaflàdeurs . de ceux - ci : le troifiemQ s'appelle cu\athy c'eft-à-dire, moyen, ou edua , moindre ; on l'accorde aux officiers & autres perfonnes d'un rang inférieur. Tous ces chylaats ou caftans font d'une étofle plus ou moins riche, 6c bordés & doublés de fourrures plus ou moins pré-» cieufes , félon leur degré & la dignité des peifonnes à qui le grand-feigneur en fait préfent. Guer. mœurs des Turcs y torne^ IL (G) •C -H V '■ C'H YiL^E , ( Anat. ■Phyfiol) Bans l'économie animale , fuc blanchâtre dans lequel les alimens fe changent âmmédiatement par la digeftion , ou , pour parler plus proprement , par la chy- ïification , qui eft la première partie de la digeftion. Voyei ChilificatiON , Digestion , &c. Ce mot vient du grec XfAof , fuc. Le dodeur Drake obferve que le chyle n'eft autre choie qu'un mélange des par- ties huileufes & aqueufes de la nourriture incorporées avec des parties falines , qui pendant qu'elles reftent dans l'eftomac mêlées avec des parties plus groflieres , y •forment une mafle épailîë , blanchâtre , "'& en partie fluide , qu'on nomme chyle , laquelle aufli-tôt qu'elle eft réduite à une -confiftance aftez déliée pour pouvoir obéir â la preftion & au mouvement périftalti- • que de l'eftomac , eft pouffée par degrés tpar le pylore dans le duodénum , où elle cm^ 1 lange ; que le feldu chyle eft porté dans le fang veineux , & qu'il entre avec lui dans le cœur ; qu'il en fort en l'état de chyle comme il eft entré , par la pulfation continuelle des artères ; qu'autant de fois qu'il entre dans les artères émulgentes , il y laifte après lui fa liqueur faline ou fon urine , & qu'il perd par conféquent de fa couleur ; & que lorfqu'il eft aftez purgé de fes fels il devient lymphe : cette lymphe ne femble être autre chofeque le léfvdu du chyle qui n'eft pas encore aftez converti en fang , parce qu'il n'eft point encore aftez purgé de fes particules falines. Voyei Lymphe. (Z) ^ CHYLIDOQUES , adj. pi. ( Anat.) epichete des vailfeaux qui portent le chyle. On les nomme encore chylijeres ou veines laclées. Fo/^îj ChyLE à VeINES LAG' TÉES. (Z) CHY LIFERE. -adj. ( Anatomie. ) Les vailfeaux chilit'eres font ceux qui por- commence à prendre le nom de chyle. • tent le chyle. On les nomme au fti (?/;>'/«•- Ainfi le chyle commence à fe former j doquis ou veines lactées. Voye^ à l'article dans l'eftomac il fe perfedionne dans 'les inteftins par le mélange de la bile & du fuc pancréatique , enfuite il entre dans ^ les veines ladées , qui le portent dans le ; réfervoir de Pecquet ; de-là il pafte dans 'le canal thorachîque , qui aboutit à la vei- ' ne fous-claviere gauche : c'eft dans cette ' veine que le cnyle commence à fe mêler avec le fang , dans lequel il fe convertit • enfuite par l'adion qu'on nomme fanguifi- ' cation. V^. SaNG & ChYLIFICATiON. Les anciens croyoient que le chyle fe 'changeoit en fang dans le foie ; d'autres ont cru que c'étoit dans le cœur : les mo- dernes penfent , avec pli s de raifon , que ce changement fe fait par le fang lui-mê- me dans toutes les parties du corps. Voye\ Samguification. Il y a des auteurs qui prétendent que le chyle eft la matière immédiate de la nutrition. Le dodeur Lifter penfe que dans la di- 'geftion des nourritures il fe fait une fépa- Vaisseaux Chyliferes, les découver tes importantes faites depuis quelques an- nées fur ces vaifteaux. CHYLIFICATION, (P/iy/o/.') en grec yy^-'^^-^ X'.'^^'^°ti'^'^ j rédudion des alimens en chyle. Comme on vient d'expofer la nature du chyle , &: qu'on trouvera fous chaque mot la defcription anatomique àes organes qui le forment, nous en fuppoferons ici îa con- noiflànce , & nous nous bornerons feule- ment à indiquer la manière dont fe farit dans le corps humain l'opération admira- ble de la chylificacion. Idée de l'élaboration du chyle. Les pertes continuelles que notre corps fouffre , tant par l'infenfible tranfpiration que par \qs autres évacuations , nous obligent de cher- cher dans les alimens de quoi les réparer. Les réparations que les alimens reçoivent pour opérer ce remplacement , fe peuvent réduire à trois principales ; la premiere-fe fait dans la bouche ; la féconde dans Je 'ration ou folution des fels urineux , de vcr.tricule , & la troifieme dans le premier même que dans la pourriture des plantes ou des animaux ; que le chyle eft fort im- 'prégné de ces fels ; qu'il doit fa blancheur à la fermeiitation qu"*!! acquiert par ce me-: des inteftins grêles. Les alimens font divifés dans la bouche pendant la maflieation , tant par l'adion des -dents -çue' par -leur mê-lar:ge avec*4a 8 CHY falive ; ils'paflent enfuite dans le pharînx , où la langue en s'élevant & fe portant en arrière , les oblige d'entrer ; par ce mou- vement l'e'piglotte eft abaifTée , & la glotte fermée. La cloifon du palais ou valvule du gofier empêche en s'élevant que les alimens n'en- trent dans les fofTes rafales , & la luette fait palier fur les côtés ceux qui fe portent diredement vers la glotte. Les alimens qui ont été pouffes dans le pharinx , font obligés de fuivre la route de i'œfophage , d'où ils dcfcendent dans l'ef- tomac ; & cela moins par leur propre poids , que par les comprenions fuccellives qu'ils reçoivent , tant de la part du mufcle œfophagien qui eft au commencement de ce conduit , que par les fibres circulaires de fa tunique charnue. Voye\ DÉGLU- TITION. Les alimens ayant féjourné quelque temps dans le ventricule , y font réduits en une pâte molle , de couleur grisâtre , & dont le goût & l'odeur tirent ordinaire- ment fur l'aigre. L'opinion la plus généralement reçue de la caufe de ce changement , eft celle où l'on prétend qu'il dépend non feulement de la falive qui coule continuellement par l'œfophage , mais encore de la liqueur gaftrique fournie par les glandes de l'efto- mac. L'expérience prouve que ces liqueurs ne font pas fimplement aqueufes , mais chargées de parties adives & pénétrantes , dont l'adion ne fe borne pas aux molécu- les ou parties intégrantes des alimens ; elle s'étend encore plus loin , & va jufqu'aux parties eftentielles ou principes mêmes qui les compofent , & dont elles changent l'ar- rangement naturel. Par cette décompofi- tion les alimens changent de nature , & ne font plus , après la digeftion , ce qu'ils étoientj auparavant. On ajoute , avec rai- fon , que l'adion de ces liqueurs fur les alimens a befoin d'être fécondée de la cha- leur du ventricule , de la contradion douce de fes fibres charnues , de l'adion fuccef- llve du diaphragme & des mufcles du bas- ventre. Voyei Digestion. A mefure que la divifion des alimens augmente dans le ventricule , ce qui s'y trouve de plus atténué s'en échappe par le CHY pylore pour entrer dans le duodénum ; la fortie des alimens par le pylore fe trouva favorifée par la fituation oblique de l'efto- mac , & par la douce contradion de fa tunique charnue. Cette pâte molle & grisâtre en laquelle je viens de dire que les alimens font chan- gés dans l'eftomac , étant dans le duodé- num , s'y mêle avec là bile , le fuc incefti- nal & pancréatique qu'elle y trouve : par ce mélange elle acquiert une nouveMe perfedion ; elle devient blanche , douce , liquide ; étant prefTée par le mouvement vermiculaire des inteftins , & roulant len- tement dans leur cavité à caufe des valvu- les qui s'y rencontrent , elle laifle échapper dans les orifices des veines ladéesce qu'elle contient de plus fubtil & de plus épuré, fa- voir , le chyle , qui doit fervir à réparer a que nous perdons par les évacuations. On conçoit aifément que la matière de la nourriture ou cette pâte alimentaire , ayant parcouru toute l'étendue des intef- tins grêles , & s'étant dépouillée dans tout ce chemin de ce qu'elle contenoit de plus fluide & de plus épuré , elle doit devenir plus épaifte à mefure qu'elle paflè dans les gros inteftins ; ce n'eft plus alors qu'un* matière grofliere , que l'on peut regarder comme le marc des alimens , & qui lui laifTe échapper dans les veines ladécs qui répondent au cœcum & au colon , le peu de chyle qui lui refte. La valvule qui eft au commencement du colon empêche cette matière groftiere de rentrer dans les inteftins grêles ; la lon- gueur , la courbure , & les cellules de cet inteftin , lui permettent de s'y amafler en quantité , afin qu'on ne foit pas oblige d'aller trop fréquemment à la felle. Quant à la lymphe fournie par les glandes foli- taires des gros inteftins , elle facilite le paflage de cette matière groftiere dans leur cavité ; & le fphinder qui ferme l'extré- mité du redum , empêche qu'elle ne s'é- vacue continuellement. En effet , elle ne s'échappe que lorfque ce reftbrt le trouve forcé , non feulement parle poids des ex- crémens , mais plus encore par la contrac- tion de la tunique charnue du redum , jointe à celle des mufcles du bas - ventre & du diaphragme. te C HY Le cîiyle , que j'ai dit être fourni paf la matière alimentaire dans les veines lac- tées , s'inlinue dans les orifices de ces vaiifeaux , qui répondent , fuivant M. Hel- vetius , dans les mammelons fpongieux de la tunique veloutée , ou bien au bord flottant des valvules conniventes , félon les oblèrvaiions de M. Duverney ; con- tinuant fa route dans ces vaiflfeaux , il va le rendre dans les glandes conglobées répandues par toute l'étendue du me- {èntere. Le chyle , après avoir traverfé ces glan- des , enhle la route des veines laétées fe- condaires , pour fe décharger dans le ré- fèrvoir de Pecquet , de-là dans le canal tliorachique , & fe rendre enfin dans la veine fous-claviere , où s'étant mêlée avec le fang qui y circule , & circulant avec lui , il en acquiert peu-à-peu le caractère & les propriétés , en un mot , fe convertit en véritable fang. Ce fang , après plufieurs circulations réitérées , doit changer encore de nature , & former les différentes hu- meurs qui s'en féparent , je veux dire la lynaphe nourricière , la bile , la falive , &c. On concevra aifément la caufc qui fait avancer le chyle depuis les inteflins juf- qu'à la veine fous-claviere , lorfqu'on fera attention i°. que tous les vaiffeaux qu'il parcourt dans cette route font munis d'ei- pace en efpace de valvules ou foupapes , dont la iFrudure favorife le tranfport de cette liqueur vers cette veine : 2,°. que ces vaifïeaux font avoifmés par des organes qui font fur leurs parois des compreiiions légères , mais réitérées ; tels font les artè- res méfentériqucs par rapport aux veines ladées , & l'aorte par rapport au canal thorachique & au refervoir de Pecquet ; à quoi on doit ajouter Je diaphragme , qui comprime à chaque inipiration le réfer- vt)ir ; fans compter l'adion des mufcles du bas- ventre , dont on fait que les con- trarions fuccedcnt à celle du diaphragme , fi l'on en excepte le temps des efforts. On doit obferver enfin que les vaifïeaux lac- tées ne font jamais vuides , la lymphe y pafïant toujours , foit avec le chyle , foit qu'il n'y en ait point. Détails particuliers fur la chylification Tome VIIL CH Y 9 Après la formation du chyle dans Teflomac & les intefiins grêles , il entre , comme on l'a remarqué ci-deffus , au moyen du mou- vement périftaltique & des valvules conni- ventes , dans les vaiffeaux laâées du pre- mier genre. Ces vaifl'eaux ladées fortent de toute la circonférence des inteftins comme de pe- tits fyphons , & s'ouvrent obliquement dans leurs cavités : ils s'anaftomolènt en-?^ fuite ; ils forment fous la membrane com- mune une efpece de réfeau très-remarqua- ble , & fe ghfîent enfin dans la duplica- ture du méfentere; le chyle qui s'y infi- nue eft pouffé par le chyle qui vient après , par l'adion àQs inteflins , par la prefGon du diaphragme & des mufcles de l'abdo- men : s'il n'y avoit pas de valvules dans: ces petits vaifî'eaux , le chyle feroit pou fîe également en haut & en bas ; mais com- me il n'ert pas pofiible qu'il revienne lur Çts pas , la prefïion externe l'obligé à mon- ter vers les lombes ; les valvules fémi- lunaires qui s'ouvrent au nouveau chyle, fe ferment à celui qui a paffé ; les artères méferaïques qui battent continuellement , le fouettent encore , & le poufl'ent dans le refervoir. Comme par une précaution admirable de la nature , les ouvertures des veines ladées font très-petites , très - fubtiles , & pas plus grandes que des artères capillai- res , fuivant la remarque de Derham , il n'y a que la portion du chyle la plus fiuide & la plus fubtile qui puifîe s'y infinucr. l^ts veines laâées qui ont des orifices que nos yeux ne fauroient découvrir , pa- roifîent afîèz grofïés dès qu'elles font for- ties de la membrane muiculeufe , & qu'el- les font fous la tunique externe \ elles s'u- nifîènt enfuite , & forment les unes avec les autres àzs angles aigus ; elles fe fépa- rent après cela pour fe réunir encore dere- chef , après ces unions & ces divifions , elles deviennent toujours plus grofîes : tous ces divers accroifTemens fervent à rendre le chyle plus fluide. Ces vaifTeaux , après plufieurs anafto- mofes & plufieurs divifions , qui forment comme de petits îles dans tout l' efpace du méfentere , aboutifTcnt à des glandes dont la ûruâure n'eff point encore connue , & B lo CHY qui font répandues entre les deux htnes qui le forment ; ils les environnent , ils s'y infinuent ; ils en fortent moins nom- hreux , mais plus interrompus par des valvules. D'où il eu confiant que rien ne fe lepare du chyle dans o^s glandes , mais au con- traire qu'il y cû délayé ; ce qui paroîtra d'autant plus évident , fi l'on confidere que CCS glandes caverneufcs font arrofées par pluiieurs artères qui fe dillribuent en haut & en bas , rampent ici d'une façon t<^)ut-à-fait fmguliere , & ne font point pliées en peloton : d'ailleurs ces mêmes glandes reçoivent la lymphe de pluiieurs vilceres abdominaux , qui pénètre dans la iubfîance de ces glandes , & délaie davan- tage le chyle ; & peut-être que ces arté- rioles exhalent par leurs dernières extré- mités leur humeur la plus tenue dans les petites cavités de ces glandes ; car , félon Cowper , le mercure pafîe de ces artères dans les vaiffeaux laftées : le chyle féjour- nant donc dans ces glandes , y efl fouette, délayé , & peut-être mêlé avec les efprits des nerfs qui s'y diflribuent. Après que le chyle a palfé par ces glan- des , il en fort par les vaifîeaux laélées du fécond genre , qui font moins nombreux, mais plus gros & plus unis : ces vaiiTeaux vont fe rendre à la citerne laâée ou au réfervoir chyleux , fi connu fous le nom de réfen-'oir de Pecquet, qui l'a mis en évi- dence en 165 1 : là fe décharge une grande quantité de lymphe qui vient de prefque toutes les parties fituées fous le diaplirag- me , & qui eft apportée de toutes parts par les vaifTcaux lymphatiques. En effet les valvules, les ligatures , les maladies de la lymphe , nous apprennent que telle cil la route de cette humeur. Ce n'efl pas ici le heu de décrire le réfervoir du chyle , qui eft une véliçule dont la figure & la grandeur varient beau- coup dans l'homme même : nous dirons feulement que le concours des veines lac- tées qui font en grand nombre , deman- doit qu'il y eût un réfervoir qui- reçut le chyle; fans cela ce fluide auroit foufîèrt des retardemens dans le méfentere • , ou bien il auroit fallu qu'il marchât avec ime grande rapidité dans le caoal thora- CHY chique , lequel n'a pas une flrudure pro- pre à réfifler à un fluide pouffé avec force, & qui coule avec beaucoup de vîteffe. Le chyle ayant été délayé par la lym- phe dans le réfervoir de Pecquet , efl porté au haut de ce réfervoir qui forme un ca- nal particuher connu fous le nom de canal thorachique. ( Voyei CanaL THORACHI- QUE , ) & les valvules dont ce canal ell rempli facilitent la progrelfion de cette hqueur. Le chyle eft déterminé de ce canal dans la fous-claviere par le fecours de deux val- vules , qui en fe rapprochant forment une fi petite fente , qu'il ne peut entrer dans cette veine qu'une petite quantité de chyle à la fois , & qu'il n'en peut influer dans la canal thorachique. On ne fauroit donc douter que la plus grande partie du chyle ne monte à la veine fous-claviere ; mais on peut douter s'il n'y en a pas une portion , lavoir , la plus tenue , qui fe rende au foie par les veines méféraïques , après avoir été pom- pée parles tuyaux ablorbans qui s'ouvrent, dans la tunique veloutée des inteflins.. Cependant tout femble lever ce doute., 1®. Le nombre, la grandeur de ces tu- yaux abforbans , leur ftruclure, leur na-- ture qui n'efl pas diflPérente de celle que les veines ont communément , le fang veineux qui de -là coule dans la veine- porte comme dans une artère, la nature de ce fang , la grande quantité d'humeurs, qui- abordent- aux inteflins , tout cela fait foupçonner que la partie la plus lympha-s. ; tique du chyle efl portée dans la veine-^- porte, où elle efl délayée pour fervir en-, fuite de nouvelle matière à la fecrétion de la bile, l^^ On peut apporter une autre raifon de cette- opinion , tirée de l'anatomie comparée des ovipares ,, qui n'ont point de vaiffeaux labiées , mais , dans leiquels il fe trouve un paflàge de la, cavité des inteflins. aux vaiflèaux mé-. féraïques. Bilfius . a fait voir que fi on lie.- les artères du méfentere dans un chien qui vient de manger beaucoup , on trouve les veines méféraïques remphes d'une hqueur cendrée. On s'efl plaint que Bilflus n'avoit- pas détaillé la manière dont il faifoit fon. expérience; mais Glilïpn ne s'efl pni dif-r CH Y peiifé de la donner. Swammerdam a con- firmé l'opinion de Biliius par d'autres exemples de l'anatomie comparée : il efl cer- tain que dans les oifeaux il y a un pafTage aux veines méféraïques. Mais fi l'on doir Ibupçonner que le chyle plus tenu pafîe du méfentere dans les veines méféraïques , ne doit-on pas pen- fer la même choie au liijet du ventricule ? Les parties les plus fubtiles des alimens ne peuvent -elles pas être ablbrbées par des tuyaux veineux ? L'adion des cor- diaux ne paroît - elle pas en être une preuve ? On demandera préfentement quelles font les eau fes qui concourent à poufTèr le chyle de bas en haut ^ qui le font mon- ter li aifément , même lorfqu'on eft de- bout , dans des tuyaux tels que le réfer- voir de Pecquet & le canal thorachique , tuyaux grêles , comprimés > perpendicu- laires y & qui s'afFaiflent aifément. Je réponds que ces caufe font en grand nombre , & fe préfentent d'elles-mêmes , pour peu qu'on fafîè attention i®. à la force avec laquelle les intcftins fe con- tradent , & aux caufes qui concourent à chafïer le chyle des intcftins : 2°. aux valvules des vaifleaux laclées & à celle du réfervoir thorachique , qui facihtent beaucoup la progreffion du chyle : 3®. aux battemens des artères méféraïques , qui font parallèles aux vai fléaux laâées , ou les croifent : 4°. à la forte adion du dia- phragme fur le réfervoir : 5°- ^ux puif- fantcs caufes qui compriment le péritoi- ne , lequel forme cette fine membrane du méfentere où les vaiffeaux ladées font renfermés : 5°. à la propre contradion àzs membranes qui forment la paroi & le canal de Pecquet ; contradion qui efl encore forte après la mort : 7°. aux fortes pulfations de l'aorte , qui eft voifine du canal thorachique : 8°, au mouvement même des poumons & du thorax. Tandis que toutes ces forces agifTent, le chyle monte donc nécefTr.irement dans le réfervoir , dans le canal thorachique , & fe jette dans la veine fous-claviere gau- che ; car les liqueurs fe porteH;it vers les iieux où elles trouvent moins de réfiflan- cc : or les valvules des veines ladées offrent C H Y II un fpedacîe infurmontable ; le chyle doit donc fe déterminer vers la veine fous-cla- viere ; là il fouleve Fefpece de valvule , ou pour mieux dire , la digue qui ferme le canal thorachique , empêche que le fnng n'entre dans le canal , & permet le pafTage au chyle : dès qu'il efl entré dans la veine fbus-claviere , iipafîè par fon conduit dans la veine cave , dans le finus veineux , dans l'oreillette droite , & dans le pre- mier ventricule du cœur ; où ayant été mêlé avec le fang , divife , fouetté par l'adion de ce vifcere,il efl pouffé dans l'artère pul- monaire , & y acquiert toutes les qualités du fang.^ Héfumons en peu de mots co.^ merveil- les. Le chyle qui a été préparé dans la bou- che , broyé , atténué dans l'eflomac, élaboré dans les inteflins , féparé dans les vaifïeaux ladées , délayé dans les glandes du méfen- tere , plus délayé encore & plus mêlé dans le canal thorachique , mêlé au fang dans les veines , dans l'oreillette , & dans l'antre droit ; là plus exadement mêlé , diffous , broyé , atténué , étant fort prefîë poflérieu- rement , & latéralement repoufTé dans les vaifïêaux coniques & cylindriques artériels du poumon , doit prendre la forme des parties folides &: fluides qu'il y a dans tout le corps. Il eff encore très-exadement mêlé dans les veines pulmonaires; peut-être eft-il délayé dans les mêmes veines par la lym- phe. Il acquiert principalement dans le poumon la couleur rouge , qui cfl la mar- que efTèntielle d'un fang bien condition- né : fa fluidité & fa chaleur fe confervent par fa circulation , & c'efl ainfi qu'il pa- rcît prendre la forme qui efî propre à nourrir. Cet effet efl produit parl'adion continuelle du poumon , des viiceres , & des vaifîêaux. Cette adion change infen- fiblement le fang chyleux en férum , lui procure divers changemens femblables à ceux que la chaleur de l'inCubation opère fur le blanc-d'œuf ; car c'eft la même chaleur dans l'état fa^n , & cela continue jufqu'à ce qu'une partie du férum fbit fub- tiliice autant qu'il le faut pour produire la nutrition : cependant cette partie du f.rum ainfi iubtihfée , fe confumant per- pétuellement par les circulations réitérées ^ Bz ri CHY demande femblableraent à êti'e réparée. B eft donc nécefTairc pour cette réparation de renouveller le chyle , & par conléqucnt, de reprendre de nouveaux alinlens & de nouvelles boiiTons. On conçoit bien que les humeurs qu'on a perdues ie féparent , quant à la matière, par les alimens , la boiiTon , & l'air ; mais quant aux qualités requifes , cette opération s'exécute par le concours àtts actions naturelles du corps , dont l'expo- jîtion fait une des grandes & des belles parties de laPhyliologie. Fautes hypothefes fur la chylification. Comme par le détail qu'on vient de lire , tout ce qui arrive aux alimens depuis leur préparation dans la bouche jufqu'à kur dernière fubtiliiation , qui produit la nutrition des parties du corps humain , eft une Itiite évidente de la fabrique & de l'adion des vaifleaux , de la nature connue des humeurs , démontrée par des raifonnemens méchaniques ; falloit - il , pour en donner l'expHcation , avoir re- cours à des fuppofitions obicures oudou- teufes , & également contraires à la rai- fon & à l'expérience ? falloit - il enfanter tous ces fyftemes extravagans en méde- cine , fi long - temps à la mode , & fi juf- tcment méprifés aujourd'hui ? Je parle des fyfiêmes de la chaleur coûrice du ven- tricule , de fon âcreté naturelle & vitale , de l'archée de Vanhelmont , de la bile alkaline qui change le chyle acide en alkalefcent falé & volatil , d'une préci- pitation qui purifie le chyle, des fermen- tations , des eft'ervefcences du fang dans le ventricule droit y du. nitre aérien qui le change en rouge dans le poumon ? que fais - je , d'une infinité d'autres hypothefes chimériques , qui pour comble de maux, ont eu une influence pcrnicieufe fur la pratique de leurs auteurs. Cet article efi de M. le Chevalier DE Jaucourt. CHYLOSE , f. f. en Médecine , l'ac- tion par laquelle les alimens fe tournent en chyle ou chyme dans l'eflomac , Ùc. foit que cela arrive par une fermenta- tion qui fe pafle dans l'eftomac , foit par la force de contradion de ce vifcere , îbitpar ces deux moyens tout-à -la fois. V^oy Chylification & Digestion, (i) CHY CHYME, f. m. ( Anat. Fhyfrolog. > fuc animal qui efl le même que celui qu'on appelle ordinairement chyle. Voye:{ Chile. Il y a cependant àts auteurs qui dii- tinguent entre le chyme & le chyle , & qui rcftreignent le mot chyme à fignifîer la mafle de nourriture telle qu'elle eib dans l'cilomac , avant qu'elle ioit affez. atténuée & fiquéfiée pour pouvoir fran- chir le pylore , paiîèr dans le duodénum , & de là dans les veines ladécs , pour s'y diflbudre davantage & s'y imprégner du lue pancréatique : après quoi elle com- mence à être dans l'état de chyle. D'autres prétendent toutîe contraire. CHYMIE ou CHIMIE , f f. ( Ord, encyc. Entend. Raifon. Flillof. ou Science. Science de la nat. Phyjique. Phyjiq. géné- rale. Phyjiq. particul. ou des grands corps & des petits. Phyjiq. des petits corps ou Chymie.) La Chymie eft peu cultivée parmi nous ; cette fcience n'eft que très-médio- crement répandue^ même parmi les fa- vans , malgré la préteiition à l'univer— fahté de connoilîànces qui fait aujourd'hui le goût dominant. Ces Chymiiîes forment encore un peuple diflind, très- peu nom- breux ,. ayant fa langue , {ts loix , {^s myfleres , & vivant prefque ifolé au> milieu d'un grand peuple peu curieux de ion commerce , n'attendant preique rrea de fon induftrie. Cette incwiojité , foit réelle , foit fimulée , efl toujours peu phi- lofophique , puifque elle porte tout - au- plus fur un jugement hazardé; car il efl au moins poffible de fe tromper quand on prononce fur des objets qu'on neconnoio que fuperficiellement. Or comme il efl précifément arrivé qu'on s'efl trompé , & même qu'on a conçu plus d'un préjuge fur la nature & l'étendue des connoii^ fan ces chymiques , ce ne fera pas une affaire aifée & de légère difcuflion ,. que de déterminer d'une manière incontef- table & précife ce que c'efl que la Chymie. D'abord les perionnes les moins inf^ truites ne diflinguent pas le chymifle du fouffleur ; l'un & l'autre de ces noms efl également mal-fonnant pour leurs oreilles, .Ce préjugé a plus nui aux progrès , du moins à la propagation de l'art , que des. C HY imputations plus graves prifes dans le fond même de la chofc , parce qu'on a plus craint le ridicule que l'erreur. Parmi ces perfonnes peu infiriiites , il en eft pour qui avoir un laboratoire, y préparer des parfums , des phofphores , des couleurs , des émaux , connoître le gros du manuel chj'mique & les procédés les plus curieux & les moins divulgués , en un mot , être ouvrier -d'opération &c pofîèfîeur d'arcanes , c'efî: être chymille. Quelques autres , en. bien plus grand nombre , reiîreignent l'idée de la Chymie à fes ufages médicinaux : ce font ceux qui demandent du produit d'une opération , de quoi cela guérit-il ? Ils ne connoifient la Chymie que par les remèdes que lui doit la médecine pratique , ou tout au plus par ce côté & par les hypothefcs qu'elle a fournies à la médecine théorique des écoles. Ces reproches tant de fois répétés : les principes des corps ajjignés parles Chymiftes font des êtres très-compofes ; les produits de leurs analy fes font des créatures du feu; ce premier agent des Chymiftes altère les matières auxquelles on l'applique y & con- fond les principes de leur compojition y IGNIS MUTAT RES : ces reproches , .dis-Je , n'ont d'autre fource que les méprifes dont je viens de parler , quoiqu'ils femblent fùppoier la connoifîance de la dodrine & des faits chymiques. On peut avancer affez généralement que les ouvrages des Chymiftes , des maî- tres de l'art , font prefque abfolument ignorés. Quel phyficien nomme feule- ment Bêcher ou Stahl ? Les ouvrages chymiques ( ou plutôt les ouvrages fur des fujets chymiques , ) de favans , illuftrcs d'ailleurs , iont bien autrement célébrés. C'eft ainft , par exemple , que le traité de la fermentation de Jean Bernoulli , & la dode compilation du célèbre Boerhaave flir le feu , font connus y cirés , & loués; tandis que les vues fupéricures & les chofes uniques que Stalil a publiées fur l'une & l'autre de ces matières „ n'exiftcnt que pour quelques chymiftes. Ce qu'on trouve de chymique chez les phyftciens proprement dits , car on en trouve chez plufteurs_, & même des fyf- témes généraux , des principes fonda- mentaux de dodrine : tout ce chymique , dis- je , qui eft le plus répandu, a le grand défaut de n'avoir pas été difcuté ou vérifié fur le détail & la comparailon des faits; ce qu'ont écrit de ces matières Boyle , Newton , Kcil , Freind , Boer- haave , Ùc. eft manifeftement marqué au coin de cette inexpérience. Ce n'eft donc pas encore par ces derniers fecours qu'il faut chercher à le former une idée de la Chymie. On pourroit la puifcr dans plufieurs des anciens chymiftes ; ils font riches en faits , en connoilïânces vraiment chymif- tes^ : mais leur obfcurité eft réellement effi-ayante , & leur enthoufiafme décon- certe le fage & grave maintien de la phi- lofophie des fens. Ainfi il eft au moins très - pénible d'apercevoir la faine Chy- mie ( dans l'art par excellence , ) l'art facré, l'art divin , le rival & même le réforma- teur de la nature des premiers pères de notre fcience. Depuis que la Chymie a pris plus parti- culièrement la forme, de fcience , c'eft - à -- dire depuis qu'elle a reçu les fyftêmes de phyfique régnans , qu'elle eft devenue fucceflîvement cartéfienne , corpufcu- laire y newtonienne , académique ou expé- rimentale , diftérens chymiftes en ont donné des idées plus claires , plus à portée de la façon de concevoir dirigée par la- logique ordinaire des fciences ; ils ont adopté le ton de celles qui avoient été répandues les premières. Mais ces chymif' tes n'ont - ils pas trop fait pour fe rappro- cher ? ne doivent - ils pas être plus jaloux de conlerver leur manière propre & indé- pendante ï n'avoient - ils pas un droit particulier ? cette liberté , droit acquis par la pofTefîîon & juftifié par la nature même de leur objet ? la hardiefle ( on a dit la fohe ) , l'enthoufiafme des Chy- miftes diffère -t- il réellement du génie créateur de l'efprit fyftématique ? & cet efprit fyftématique le faut - il profcrirc à jamais , parce que fon effor prématuré a produit des erreurs dans des temps moins heureux ? parce qu'on s'eft égaré en s'éle- vant ; s'élever eft - ce néccffairement s'é-' garer ? l'empire, du génie que les grands- î4 C HY liommes cïc notre temps ont le courage de ramener , ne feroit-il rétabli que par une révolution tunefîe ? Quoi qu'il en foit , le goût de fiecle , Tefprit de détail , la marche lente , cir- confpefle , timide des (ciences phyiiques , îi ablolument prévalu jufque dans nos livres élémentaires , nos corps de dodrine. Ces livres ne Ibnt , du moins leurs auteurs eux - mêmes ne voudroient pas les donner pour m.ieux que pour des col- lerions judicieufement ordonnées de faits choilîs avec foin & vérifiés iévérement, d'explications claires , fages , & quel- quefois neuves , & de corredions utiles dans les procédés. Chaque partie de ces ouvrages peut être partaite , du moins cxade ; mais le nceud , l'enfemble , le fyftême , & fur-tout ce que j'oferai appeller une iJTue par laquelle la Chymie puiife s'étendre à de nouveaux objets , éclai- rer les autres fciences , s'agrandir en un mot ; ce nœud , dis-je , ce (yilême , cette ifTue manquent, C'efl principalement le caradere de Tnédiocrité de ces petits traités qui fait regarder les chymiites , entr'autres faux iifpeds , comme de limples manœuvres , ou tout au plus comme des ouvriers d'ex- périences. Et qu'on ne s'avife pas même de foupçonner qu'il puifîè exifler une Chymie vraiment philofophique , une Chymie raifonnée -, profonde , tranfcen- dante ; des chymiftes qui ofent porter la ■vue au delà des objets purement fenfibles , qui afpirent à des opérations d'un ordre plus relevé , & qui , fans s'échapper au delà des bornes de leur art , voient la route du grand pliylique tracée dans (on en- ceinte. JBoerhaave a dit expreflement au com- mencement de fa Chymie , que les objets chymiques étoient fenfibles , grofliers , coercibles dans des vaifTêaux , corpora fen- Jibus patiila y vel patefaciendj, vajii coer- tenda , &c. Le premier hiflorien de l'académie royale des Sciences à pro- noncé le jugement fuivant à propos de !a comparaifon qu'il a eu occafion de faire de la manière de philofopher de deux favans illuflres , l'un chymiflc , & l'autre phyficien. i, La Chymie^ par C H Y ,^ des opérations vifibles , r^rout letf ,, corps en certains principes grofCers & „ palpables , fèls , foutre , ^c. mais la „ Phyfique , par des fpéculations déli- „ cates , agit lijr les principes comme la „ Chymie a fait fur les corps ; elle les réfout „ eux-mêmes en d'autres principes encore ,, plus fimples , en petits corps mus & fi- ,, gurés d'une infinité de façons: voilà la ,, principale différence de la Phyfique & de ,, la CA7/7z:>....L'efpritde C/zj/tz/c efl plus ,, confus, plus enveloppé ; il refîemble ,, plus aux mixtes , où les principes font „ plus embarrafTés les uns avec les autres : „ refJDrit de Phyfique efl plus fimple , plus „ dégagé , enfin il remonte jufqu'aux pre- ^, mieres origines , l'autre ne va pas juf^ ,, qu'au bout. ,, Mém. deVacad. des Scien." ces, iS^g. Les chymifles fèroient fort médiocre- ment tentés de quelques-unes des préro- gatives fur lefquelles efl établie la préémi- nence qu'on accorde ici à la phyfique , par exemple , de ces fpéculations délicates par lefquelles elle réfout les principes chymiques en petits corps mus & figurés d'une infinité de fliçons ; parce qu'ils ne font curieux ni de l'infini , ni des romans phyfiques : mais ils ne pafîèront pas con- j damnation fur cet efprit confus , enve- I loppé , moins net , moins fimple que celui 1 de la Phyfique ; ils conviendront encore moins que la phyfique aille plus loin que la Chymie ; ils fe flatteront au contraire que celle-ci pénètre jufqu'à l'intérieur de certains corps dont la Phyfique ne con- noît que la furface & la figure extérieure ; quam & boves Ù ajini difcemunt , dit peu poliment Bêcher dans fa phyjiq. foute rr. Ils lie croiront pas même bazarder un pa- radoxe abfolument téméraire , s'ils avan- cent que fur la plapart des queflions qui font défignées par ces mots , elle remonte jufqiHaux premières origines y la Phyfique n'a fait jufqu'à préfent que confondre des notions abfîraites avec des vérités d'exif^ tence , & par conféquent qu'elle a man- qué la nature nommément fur la compo- fition des corps fenfibles , fur la nature de la matière , fur fa fenfibilité , fur fa pré- tendue homogénéité , fur la porofité des corps , fur Fefïènce de la fblidité , de la C H Y fluidité , de la moUeflê , de l'élaflicité , iur la nature du feu , des couleurs , des odeurs , fur la théorie de l'évaporation^ &c. Les chymiftes rebelles qui oferont mé- connoître ainfi la Ibuveraineté de la Phy- fique, oferont prétendre auffi que la Chymie a chez foi de quoi dire beaucoup mieux fur toutes les queftions de cette claiîè, quoi- qu'il faille convenir qu'elle ne l'a pas dit aflez diilinâement , & qu'elle a négligé d'étaler tous its avantages ; & même , ( car il faut l'avouer , ) quoiqu'il y ait des chymiftes qui foupçonnent li peu que leur art puiffe s'élever à des connoifîances de cet ordre , que quand ils rencontrent par hazard quelque chofe de femblable , foit dans les écrits , foit dans la bouche de leurs confrères , ils ne manquent pas de le profcrire avec hauteur par cette for- mule d'improbation , cela efi bien phyfique; jugement qui montre feulement qu'ils n'ont une idée aflez Jufte ni de la Phyfique à laquelle ils renvoient ce qui ne lui appar- tiendra jamais , ni de la Chymie qu'ils privent de ce qu'elle feule a peut-ltre le droit de pofleder.. Quoi qu'il en foit dé nos prétentions tefpedives , l'idée que les Phyficiens avoient d'eux - mêmes & des Chy milles en 1669 ,, cit précifément la même qu'en ont aujour- d'hui les plus illullres d'entr'eux. C'efl cette opinion qui nous prive des fufirages dont nous ferions le plus flattés ,, & qui lait à la Chymie un mal bien plus réel , un dom- rpage vraiment irréparable , en éloignant de l'étude de cette fcience , ou en confir- mant dans leur éloignement plusieurs de ces génies élevés & vigoureux , qui ne fauroient fe laifler tramer de manœuvre en manœu- vre-, ni. fe nourrir d'explications maigres , féches, foibles, ifolées ; mais qui auroient été néceflairement des chymifles zélés , 11 un feul trait de lumière leur, eût fait entre- voir combien la Chymie peut prêter au §énie , & combien elle peut en recevoir à fon tour.. Il efl très-difîicile fans doute de détruire ces imprefllons défavorables. Il efl clair que la révolution qui placeroit la Chymie dans le rang qu'elle mérite , qui la met- troit au moins à côté de la Phyfique cal- Ciliée. ; que cette réyolutiQn 3 dis- je , ne , C H Y 'T peut être opérée que par un chvmifîe habile , enthoufiafle , & hardi , qui fe- trouvant dans une pofition favorable , &- profitant habilement de quelques circonf- tances heureufès , fauroit réveiller l'at- tention des favans , d'abord par une os- tentation bruyante, par un ton décidé 6c affirmatit, & enluite par ôiQs raifons ^ fi fes premières armes avoient entamé le préjugé. Mais en attendant que ce nouveau Para- celfe vienne avancer courageufement , que toutes les erreurs qui ont défiguré la Phyfique. fiont provenues de cette unique fource ; [avoir ^ que des hommes ignorant la Chymie,, /e/o/ir donné les airs de philofopher & rendre rai fon- des chofies nature lies y que la Chymiepunique- fondement de toute la Phyfiique y était feule en droit a expliquer y ikc. comme Jean Keill'a dit en propres termes de la Géo- métrie , & comme M. Defaguliers vient, de le répéter dans li^préface de fon cours, de Phyfique expérimentale ; en attendant ,. dis - je ,. ces utiles déclamations , nous al- lons tacher de préfenter la Chymie fous un point de vue qui puifle la rendre digne des regards des Philolophes , & leur faire appercevoir qu'au moins pourroit-elle de- venir quelque chofe entre leurs mains. C'efHleur conquête que nous nous atta—- cherons principalement , quoique nous lâ- chions fort bien que ce n'ell pas en mon- trant la Chymie par fon côté philofophique , qu'on parviendra à la mettre en honneur , à lui faire la fortune, qu'ont mérité, à la Phyfique les machines élégantes , l'opti- que , & l'éledricité : mais comme il efl Àqs chymifîes habiles déjà en poiïeflion de l'efîime générale ,. & très en état de pré-- fenter la Chymie au public par le côté qui" le peut attacher , fous la forme la plus pro- pre à la répandre , nous avons cru devoir- nous repofer de. ce. fom fur leur zele.&: fur.- leurs talens.. Mais pour donnerde la Chymie générale. philofophique que je me propofe d'annon- cer , ( je dis exprefîément annoncer ou iadi" quer , & rien de plus , ) l'idée que je m'en^ fuis formée ; pour expofer dans- un jour: fufîifant fa méthode , fa doârine y reten- due de l'on objet , & fur-tout fes rapports, avec les autres fciences £hyfiques, ra£- i6 C H Y ports par lefquels je me propofe de la faire connoître d'abord ; il faut remonter^ juf- qu'aux confidérations. les plus générales fur les objets de ces fcieiices. La Phyfique , prife dans la plus grande étendue qu'on puifîe lui accorder , pour la fcience générale des corps & des affec- tions corporelles , peut être divifée d'a- hord en deux branches primitives elTen- tiellement diftindes. L'une renfermera la connoiiTance des corps par leurs qualités extérieures , ou la contemplation de tous les objets phyfiques confidérés comme fim- plement exiftans , & revêtus des qualités fenfibles. Les fciences comprifes fous cette divifion font les différentes parties de la Cofmographie & de THifloire naturelle pure. Les caufes de l'exiftence des mêmes ob- jets , celles de chacune de leurs quahtés fenfibks , les forces ou propriétés internes des corps, les changemens qu'ils fubifTent , les caufes , les loix , l'ordre ou la fuccefTion de ces changemens , en un mot , la vie de la nature : voilà l'objet de ^ la féconde branche primitive de la Phyfique. Mais la nature pjsut être conlidérée ou comme agifiànt dans fon cours ordinaire félon des loix confiantes , ou comme étant contrainte par l'art humain ; car les hom- mes favent imiter , diriger , varier , hâter , retarder , fupprimer , fuppléer, &c. plu- sieurs opérations naturelles , & produire .ainfi certains effets , qui , quoi que très-na- iurels , ne doivent pas être regardés comme dwi à des agens limplement obéiffms aux loix générales de l'univers. Delà une divi- fion très - bien fondée de notre dernière branche en deux parties , dont l'une com- prendra l'étude des changemens entiére- înent opérés par des agens non- ni précife , ni pro- fonde, même dans ceux des auteurs de Cfiymie dont la manière ed la plus philofo.- phique , & qui paroiffent s'être le plus at- tachés aux objets de ce genre ; que Stahl lui-même qui plus qu'aucun autre a le dou- ble caradejrc que ûous veuoo^ de défigner , Si C H Y & qui a très-exprcifément énonce cette dif- férence , ne l'a ni afîez développée , ni poufTée aflez loin , ni même confidérée fous fon vrai point de vue. Vqye:^ fon Prodro- mus de ini^^efiigaùone chymico-phyjiologica , & fou obfervation de différencia mixti _, texn ^ agregati , individui. J'appelle maffe ou corps agrégé , tout aflêniblage uniformément denfe de parties continues , c'efl-à-dire , qui ont entr'elles un rapport par lequel elles réliftent à leur dilperiion. _ Ce rapport , quelle qu'en foit la caufe , je 1 appelle rapport de maffe. La continuiré efTentielle à l'agrégé ne fup- pofe pas nécelTairement la contiguité de parties; c'eft-à-dire , que le rapport de malle peut fe trouver entre des parties qui ne le touchent point mutuellement ; quelle que lojt la rnatiere qui conftitue leur nœud , peut-être même fans qu'il foit néceflaire que ce nœud fbit matériel. Le rapport de maffe fuppofe dans l'agrégé 1 homogeneifé ; car un affemblage de parties hétérogènes ne confîitue point un tout dont les parties foient liées par ce rapport : ainfi une liqueur trouble , un morceau d'argile rempli de petits caillous , chacun de ces corps étant pris pour un tout unique , ne dnt pas des agrégés , mais de fimples mé- langes par confulion , que nous oppofons 'dans ce Çtns A l'agrégation. 11 elt évident par la définition , que les •tas ou amas de parties fimpiement conti- guis , ^ tels que les poudres , ne font pas des m^g^s , mais qu'ils peuvent feulement être •des amas d'agrégés. Qtiand nous n'aurions pas exprefTcment abandonne les corps organiques , il eft clair aui^ par la même définition , qu'ils lont ablolument exclus A(^ la clafTe des ument exclus de ^f Pa^fies de l'agrégé font appellées ^'^""/T j ^'^^^^^"^ modernes molécJes ou majjes de la dernière compofition ou du Uernier ordre , corpufcuies dérivés , Ùc. 6^: beaucoup plus exadement par des Phy- iic.ens antérieurs , parties intégrantes , ou iiraplement corpif/ca/f'j- : Je dls^plus exacte- ment, parce que c'efl gratuitement, pour ne rien dire de plus , que les premiers ont iQUtenu que les corpufcuies, qui parleur Tome VIII, C H Y 17 réunion forment immédiatement les corps fenfibles , étoient toujours des malTes. Les corpufcuies coniidérés comme maté- riaux immédiats de l'agrégé , font cenfés inaltérables ; c'efl-à-dirc , que l'agrégé ne peut perfifler dans fon être fpécifique qu'au- tant que Çqs parties intégrantes font iiialté- rées : c'efl par-là que les par:ies intégrantes de l'étain décompolees par la caicination , ne forment plus de l'étain , lors même que par la fufion on leur procure le rapport de mafîe , ou qu'on en fait un feui agrégé , le verre d'étain. J'admets des agrégés parfaits & des agrégés imparfaits. Les premiers font ceux qui font afïèz exadement dans les termes de la définition, pour qu'on ne puifîe dé- couvrir par aucun moyen phyfique s'ils s'en écartent ou non. Les imparfaits font ceux dans lefquels on peut découvrir quel- que imperfedion par des moyens phyfiques. Mon agrégé parfait efl la mafîe fimiliaire que M. WolfFa dcfinie , ( Cofm. §. z^g , ) dont il a nié l'exiflence dans la nature y ( §- fuiv. ) & que le même philolophe pa- roît admettre fbus le nom de textura. Cof- molog. nat.*^. j ^. L'imperfedion de l'agrégé efl toujours dans le défaut de denfité uniforme. Les liquides purs , les vapeurs homogè- nes , l'air , les corps figés , comme les ré- gules métalliques , les verres ; quelques fiibflances végétales & animales non organi- fées , telles que les huiles végétales & ani- males , les beurres végétaux & animaux , les baumes liquides , ùc. les cryflaux des fels , les corps mous aiFdilîes d'eux-mêmes y Ùc. font des agrégés parfaits. Les pierres dures , les terres cuites , les concrétions pierreufes compades , les corps mous iné- galement prefTés , les métaux battus , tirés , les extraits , les grailfes , Ùc. font des ag-é- gés imparfaits. Je me forme de tout agrégé parfait , l'idée par laquelle Newton a voulu qu'on fe repréfentat l'expanfibilité & la com- prellibilité de l'air , ( voye\ Opt. qiiejh xxxj. ) idée que M. Defaguliers a plus pré- cifément exprimée , ( pojeifa deuxième dif- fertation fiîr l'élévation des vapeurs , dans fon cours de phyjique y lef. xj. ) c'efl-à- dire , que je regarde tout agré^.é partait y i8 C H Y excepté la niafie abfblument denfc , fi elle exille dans la nature , comme un amas de corpufcules non contigus , dirpofés à des dilîances égales. Je ne m'arrêterai point à établir ici ce paradoxe phyfique , parce qu'il peut auiii bien me fervir comme lup- poiîrion que comme vérité démontrée , 6i. que je prétends moins déterminer la difpo- fiiion intérieure ou la comporition de m.on agrégé, c^ue repréfenter Icn état par une image lènlible. Les parties intégrantes u'un agrégé , confidérées en elles-mêmes , & folitaire- apnent , peuvent être des corps fur.ples, éié- inentaires , des atomes , ou des corps for- més par l'union de deux ou plulieurs corps fimples de nature différente , ce que les chymilles appellent des mixtes ; ou des corps formés par l'union' de deux ou de plulieurs diiiérens mixtes , corps que les chymiiles appellent compofés ; ou enfin par quelqu'autre ordre de combinailbn , qu'il ciî inutile de détailler ici. Une mafîe d'eau ell un agrégé de corps llmples ièmblables ; une maflè d'or eit un agrégé de mixtes femblables ; une amalgame eft un agrégé de compofés icmbiableo. Nous difons à defTein fembla- bles y pour énoncer que l'homogénéité de l'agrégé fubiilîe avec la non - iimplicité de Tes parties intégrantes , & qu'elle ell «biblument indépendante de l'homogénéi- té de celles-ci , de même que fa denfité uniform.e eft indépendante du degré de denfité , ou de la diverfe porofité de fes parties. Ce n'eft pas ici le lieu de démontrer toutes les vérités que ceci (uppofe ; par exemple, qu'il y a plufieurs élémens ef- ientiellement difiérens , ou que l'homo- généité de la matière eft une chimère- ; que les coips inaltérables , l*^u , par exemple , (ont immédiatement compo- {•es d'élémens ; & que le petit édifice Ibus rimage duquel les Corpufculaires & les Newtoniens veulent nous faire concevoir une particule d'eau , porte fur le fonde- ment le plus ruineux , fur une logique très-vicieufe. Aufli ne propofons-nous ici que par voie de demande ces vérités , que nous dédurions par voie de conclufion , û au heu d'en compofer un article de C H Y cfiâionnalre , nous avions \ en faire les derniers chapitres d'un traité général &: fcientifique de Chymie. Les faits , les opé- rations , les procédés, les vérités de détail qui rempliifent tant d'ouvrages élémentai- res , lerviroient de fondement à ces notions univerfelles & à celîe^ qui fuivront , & qui perdant alors le nom à.efiLppojitLons ) pren- droient celui d'axiomes. Ce petit nombre de notions peut fervir d'abord à didinguer exadement dans un corps, quelconque ce qui appartient à La partie intégrante. Il cil évident , par exemple , par le feul énoncé , que les propriétés mcchaniques des corps leur appardennent comme malîè ; que c'eft par leur maffe qu'ils poujfeiit , qu'ils pefent ^ qu'ils réjifiçnt , qu'ils exer^ cent y dis-je , ces aélions avec une force déterminée , ( car il ne s'agit pas ici des propriétés communes ou efîentielles des corps , de leur mobilité , de leur gravité , ou de leur inertie abfolue ; ) en un mot , que leur figure , leur grandeur , leur mouvement &: leur fituation , con- fidérés comme principes méchaniques , appartiennent à la maffe. Car quant au mouvement , quoique les Phyficiens efti- ment celui d'un tout par la lomme de^ mouvemens de toutes f.s parties , ils n'en conviennent pas moins que dans le mouve- ment dont nous parlons , toutes ces parties font en repos les unes par rapport aux autres. Tous les changemens qu'éprouve un; agrégé dans la difpofition & dans la vicinité. de fes parties , eft auili , par la force des termes , une affedion de l'agrégé. Que la rarefcibiliré , l'élafticité , la divifibilité y. la dudihté , ^c. ne dépendent uniquement que de l'aptitude à ces changemens, fans que les molécules intégrantes éprouvent . aucun changement intérieur , du moins: qu'il y ait des corps dont les parties inté-- grantes font à l'abri de cçs changemens :_ & quels font ces corps ? ce font des quef^ fions particulières qu'il n'eft pas polîibîe- d'examiner ici. Que toutes ces propriétés puilfent avoir entièrement leur raifon dans - les deux caufes que nous venons d'affigner y- quoique la raifon du degré fpécifique de.^' chacune de ces propriétés le trQuvejévideoit— C H Y ment dans la conftitudon intérieure ou l'ef- fènce des parties intégrantes de chaque agré- gé , c'cft un fait démontré par la feule ob- fervation des corps intérieurement inaltéra- bles , dans lefquels on obferve toutes ces propriétés, comme dans l'eau, p.^.r exem- ple , l'air , l'or , le mercure , 6v. Nous pouvons aflîirer la même chofe de certains mouvemens inteftins que pluiieurs agrégés peuvent éprouver ; par exemple , de celui qui- conftitue l'elîénce de la liqui- dité , lèion le fentiment de Defcartes , & le témoignage même des fens. Je dis félon le témoignage des fens, parce que le mou- vement de l'ébulUtion , qui afllirément efl très-iènfible , ne diffère de celui de la li- quidité que par le degré ; & qu'ainfi , à proprement parler, tout liquide, dans fon état de liquidité tranquille , eft un corps infenfiblement bouillant , c'eft-à-dire , agité par un agent étranger , par le feu , & non pas un corps dont les parties foient néceflàirement en repos , comme plus d'un newtonien l'a avancé fur des preuves ti- rées de vérités géométriques. Les vérités géométriques- font aiTurément très-refpec- tables ; mais les Phyiiciens géomètres les expoferont mal adroitement à 1 irrévérence des Pbyficiens non géomètres , tomes les fois qu'ils mettront une démonflration à la place d'un fait phyfique , & une fuppoii- tion gratuite ou fauffe , foit tacite , Toit énoncée , à la place d'un principe phynque que l'obrervation. peut découvrir , & qui quelquefois elt fenfible , comme dans le cas dont il s'agit : ce que n'a point balancé d'aifurer M. d'Alembert , que j'en croirai lA-defîIis auffi volontiers que j'en crois Sthal décriant la tranfmutation. Lorfque M. Defîiguliers , par exemple , pour éta- blir que toutes les parties d'uii fluide ho- mogène font en repos , a démontré à la ri- gueur , & d'une façon fort fimple , qu'un liquide ne fauroit bouillir ; il ne l'a fait , ce me femble , que parce qu'il a luppoié tacitement que les parties d'un liquide font libres , fui juris , au lieu qu'une obferva- tion facile découvre aux fens mêmes que le feu les agite continuellement , & qu'il Ti'eft point de liquidité fans chaleur ; ce q.;e prefque tous les Newtoniens femblent adorer ou oublier , quoique leur maître C H Y i^ l'ait exprefîement avancé. Voye^ Optiq. quefî. xxxj. Pour revenir k mon llijet , je dis que le mouvement de liquidité , 6c celui d'ébullition qui n'en efl que le degré extrême , peuvent n'appartenir qu'à la maffe , & que ce n'eft qu'à la maflê qu'il? appartiennent réellement dans l'eau , & dans plufieurs autres liquides. Les qualités fenfibles des corps peuvent au moins ne pas appartenir à leurs partie* intégrantes ; un corps fort fouple peut être formé de parties fors roides , comme on en convient afîez généralement pour l'eau ; il feroit ridicule de chercher la raifon du fon dans une modification intérieure des parties intégrantes du corps fonore; la cou- leur fenfible d'une mafTe d'or , c'eff-à- dire , une certaine nuance de jaune , n'ap- partient point à la plus petite particule qui efl or , quoique celle-ci foit nécefïairement colorée , & que des faits démontrent même évidemment qu'elle l'eiî: , mais d'une façon difîérente de la mafTe. Ceci eft fufceptible de la preuve la plus complète. ( Voye\ la doctrine chymique fur les couleurs , au mot Phlogistique : ) mais , je le ré- pète , ce n'eft pas de l'établifTement de CGA vérités que je m'occupe à préient ; il me fuftit d'établir qu'il eft au moins pof^ fible de concevoir une maiïé formée par des particules qui n'aient aucune des propriétés qui fe rencontrent dans la ma-iè comme telle ; qu'il eft très-facile de fc repréfenter une maifc d'or , c'eft-à-dire , urt corps jaune, éclatant, fonore, dudi- le, compreiiible, divifible par des moyens méchaniqués , rarefcible jufqu'à la fluidité , condenfiible , élafiique / pefanr dix- neuf fois plus que l'eau ; de fe repréfenter un pareil corps , dis-je , comme formé par l'affemblage de parties qui font de l'or , mais qui n'ont aucune des qualités que je viens d'expofer : or cette vérité découle fi nécefTairement de ce que j'ai déjà pro- pofé , qu'une preuve ultérieure tirée de l'ex- périence me paroît aufli inutile , que l'ap- pareil de la Phyfique expérimentale A la démonftration de la force des leviers. Si quelque Icdeur eft cependant curieux de ce dernier genre de preuve , il le trouvera dans ce que nous allons dire de l'imitatioa de l'or. Ci 20 C H Y Toutes ces qualités , Je les appellerai extérieures ou phyfiques , & j'obfèrverai d'abord qu'elles font accidentelles y félon le langage de l'école; qu'elles peuvent périr fîms que le corpufcule foit détruit , ou celle d'être un corps tel ; ou , ce qui eft la même chofe , cju'elles font exadement inutiles à la fpécificarion du corps , non feulement par la circonflance de pouvoir périr fans que l'être fpécifique du corps foit changé , mais encore parce que réciproquement elles peuvent fe rencontrer toutes dans un corps d'une elpece différente. Car quoi- qu'il foit très-difEciie de trouver dans deux corps intérieurement différens un grand nombre de qualités extérieures femblables , & que cette difficulté augmente lorfqu'on prend l'un des deux corps dans l'extrême de fa claife , qu'il en efl , par exemple , le plus parfait , comme l'or dans celle des métaux; cependant cette reflemblance ex- térieure ne répugne point du tout avec une différence intérieure effenticlle. Par exem- ple , je puis difpofer l'or , 6c un autre corps qui ne fera pas même un métal , de façon qu'ils fe relfembleront par toutes leurs qua- lités extérieures , & même par leur gravite fpécifique ; car s'il efl difficile de procu- rer à un corps non métallique la gravité fpécifique de l'or , rien n'efl fi aifé que de diminuer celle de l'or : celui qui aura porté ces deux corps à une reflemblance exté- rieure parfaite, pourra dire de fon or imité , en aurum Phyjicorum ^ comme Dio- gene difoit de fon coq plumé , en homin^ Platonis. Omtt toutes ces propriétés que j'ai ap- pellées extérieures^ ou phyfiques y j'obferve dans tout agrégé des qualités que j'appel- lerai intérieures y de leur nom générique , en attendant qu'il me foit permis de les nppeller chymiaues ;, & de les diilinguer ].ar cette dénomination }xirticuliere ^cs autres qualités du même genre y telles que :^bnt les qualités très-communes des corps , l'étendue , l'impénétrabilité ^ Tinertie , la mobilité , Ùc. Celles dont il s'agit ici font <\qs propriétés intérieures particulières; elles fpécifient proprement le corps , le conffi- tuent un corps tel , font que l'eau , l'or , le nitre , &c. font de l'eau , de l'or,, Au nitrç j Ùc. ù. non pas d'autres flibflances ; C H Y I telles font dans l'eau la fimplicîté , la vola- tilité , la faculté de difîbudre les fels , & de devenir un des matériaux de leurs mix- tion , &c. dans l'or , la métallicité , la fixité , la lolubilité par le mercure & par l'eau régale , &c. dans le nitre , la ialinité neutre y la forme de fes cryfîaux , l'aptitude à être décompolé par le phlogifHque & par l'aci- de vitriolique , &c. or ces qualités appar- tiennent toutes effentiellcment aux parties intégrantes. Toutes ces qualités font dépendantes les unes des autres dans une fuite qu'il eu inutile d'établir ici , & elles font plus ou moins communes : l'or , par exemple , efl foluble par le mercure comme métal ; il efl fixe comme métal parfait ; il efi fo- luble dans l'eau régale en un degré d'affi- nité fpécifique comme métal parfait teU c'efl-ci-dire , comme or. De ces qualités internes , quelques-unes, ne font eflentielles aux corps que relati- vement à notre expérience , à nos con- noilîances d'aujourd'hui : la fixité de l'or ,, la volatilité du mercure , l'inarnalgabili- té du fer , &c. font des propriétés inter- nes de ce genre : découvrir les proprié- tés contraires , voilà la fource des problê- mes de la Chymie pratique la moins vul- gaire. Il efi d'autres propriétés internes qui font tellement inhérentes au corps , qu'il ne- fauroit fubfifler que par elles : ce font rou- tes celles qui ont leur raifon prochaine' dans l'être élémentaire , ou dans l'ordre de mixtion des corpufcules fpécifiques de clia- que corps ; c'efi ainfi qu'il efl effenticl an nitre d'être formé par l'union d^ l'acide que nous appelions nitreux ^ & de l'alkalt fi.xe; à l'eau, d'être un certain élément y &c. Toutes îes diflindions que nous avons propofées jufqu'à préfent , peuvent n'être regardées ^que comme des vérités de préci- fion analytique , puifque nous n'avons con- fidéré proprement dans les corps que des. qualités ; nous allons voir que les drftërences qu'ils nous préfenteront comme agens phy- fiques , ne iont pas moins remarquables. I". Les mafles exercent les unes fiir les autres des aôions très-diflindes de celles qui font propres aux corpufcules , & cela C H Y félon des loix abfolument diiîerentcs de celles qui règlent les afFedions mutuelles des corpufcules. Les premiers fe cho- quent , fe preiTent , fe réiiilent , fe divifent , s'élèvent , s'abaillent , s'entourent , s'en- veloppent , fe pénètrent , Ùc. les unes les autres à raifon de leur vitcfîe , de leur mafle , de leur gravité , de leur confiflnnce , de leurs figures relpcdives ; & ces loix font les mêmes , foit que l'adion ait lieu entre des maiîes homogènes , foit qu'elle fe pafîe entre des mafTes Ipécifiquement différentes. Une colonne de marbre , tout étant d'ail- leurs égal , foutient une mafTe de marbre comme une mafTe de plomb ; un marteau d'une matière convenable quelconque , chafTe de la même façon un clou d une matière convenable quelconque. Les ac- tions mutuelles de corpufcules ne font proportionnelles à aucune de ces qualités ; tout ce que les dernières éprouvent les unes par rapport aux autres , fe réduit à leur union & à leur féparation agrégative , à leur mixtion, -X leur décompofition & aux phénomènes de cq^ afFedions : or il ne s'agit dans tout cela ni de chocs , ni de preflions ;, ni de frottemens , ni d'entrela- cement , ni d'introdudion , ni de coin , ni de levier , ni de vîtefîe , ni de grofî'eur, ni de figure , 6'c. quoiqu'une certaine grof- feur & une certaine figure foient apparem- ment eflentielles à leur être fpécifique. Ces adions dépendent àts qualités intérieures des corpulcules , parmi lefquelles l'homo- généité & l'hétérogénéité méritent la pre- mière confidération , comme conditions ef- fenticlles : car l'agrégation n'a lieu qu'entre des fiibflances homogènes , comme nous l'avons obfervé plus haut ; l'hérérogénéité des principes au contraire efl efTèntielle à l'union mixtu'e. Voye^ MiXTION , DÉ- COMPOSITION, Séparation. l**. Toutes les mafîes gravitent vers un centre commun , ou font pelantes ; elles ont chacune un degré de pefinteur connu & proportionnel à leur quantité de matière propre fous un volume donné : la gravité rbfoîue de tous les corpufcules n'efl pas démontrée , ( voye^ PRINCIPES ô' PhlO- CISTIQUE; ) leur gravité fpécifique n'eff pas connue» " 3°. Les mafTes adhèrent entr'elles à C H Y 21 raifon de leur vicinité , de leur grofTeur , & de leur figure : les corpufcules ne connoif- fent point du tout cette loi ; c'efl à raifoa de leur rapport ou affinité que fe font leurs unions , ( J'ojf;^ RAPPORT ,j & réciproque- ment les mafîes ne font pas foumilés aux. loix des affinités ; l'adion menfiruelle fup- pofe au contraire la deflruclion de l'agréga- tion, ( 7'oj^^Menstrue ; ) & jamais de l'union d'une mafîe à une mafie de nature difiérente , il ne réililtera un nouveau corps homogène. 4°. Les corpufcules peuvent être écartés les uns des autres par la chaleur , caufè avec laquelle on n'a plus befoin de la répulfion de Newton ; les mafTes ne s'éloi- gnent pas les unes des autres par la chaleur. KojqFEll. 5^' Certains corpufcules peuvent erre volarili{és , aucune mafîe n'efî volatile» Voye^ Volatilité. Juiqu'à préfent nous n'avons oppofé les corpulcules aux agrégés , que par la feule Circonflance d'être confidérés fohtairement ^ & nous n'avons eu aucun égard à la confli- tution intérieure des premiers : ce dernier aiped nous fournira de nouveaux earaderes difundifs. Les voici : 3°. Les agrégés (ont homogènes , &; les corpufcules ou font fimples , ou font compofés de matériaux efTentiellemenr dif- férens. La première partie de cette propo- rtion eft fondée fur une définition ou de- mande ; la féconde exprime une vérité du même genre ; & elle a d'ailleurs toute l'évidence que peut procurer une vafîe ex- périence que nous avons ^ ce fujet. Voye-;^ Mixtion. 2°. Les matériaux âcs corpufcules com- pofés , différent non feulement e itr'eux , mais encore du corpufcule qui réfulte de leur union , & par conléquent de l'agrégé formé par TafTemblage de ces corpufcules : c'efl ainii que l'alkaU fixe & l'aciac nitreux différent efîèntiellement du nitre & d'une mafîe de nitre ; & fi cette divifion eft poufïée jufqu'aux élémens , nous aurons toute la différence d'une maflé à un corps fi m pie Voye\ notre doctrine fur les élé- mens y au mot Principe. 3 . Les principes de la mixtion ou de la , compofition des corpulcules , font unis 22 C H Y entr'eux par un nccud bien diffîrent de celui qui opéré l'union agrégative ou le rapport de mafîe : le premier peut être rompu par les moyens méchaniques, aullî bien que par les moyens chymiques ; le fécond ne peut l'être que par les derniers, favoir , les menfîrues &c la chaleur , & dans quelques lujets même ce ncEud eft indif- loluble , du moins par les moyens vul- gaires : l'or , l'argent , le mercure & un très -petit nombre d'autres corps, font des mixtes de cette dernière claflè. Vqye^ Mixte. Les bornes dans lefqu elles nous fommes forcés de nous contenir, ne nous permettent pas de poufier plus loin ces confidérations; les proportions qu'elles nous ont four- nies , quoique fimplement énoncées pour la plupart , prouvent , ce me femble , fuffifam- ment que \qs aiFcdions à^s maffes , & les afleâions àts dlflerens ordres de principes dont elles font formées , peuvent non ièu- lemcnt être difîinguées par des confidéra- -tions abftraites , mais même qu'elles dif- férent phyiiquement à plufieurs égards : •& l'on p^eut au moins foupçonner dès-à- préfent que la phyfique des corps non organifés peut être divifée par ces diffé- fenccs en deux fciences indépendantes Tune de l'autre , du moins quant aux objets particuliers. Or elles exiHent , ces ^eux fciences , la divilion s'eft faite d'elle- même; & l'objet dominant de chacune remplit fi exaftement l'une des deux claflès que nous venons d'établir , que ce partage qui a précédé l'obfervation raifonnée de fa' néceiUté , eft une nou- velle preuve de la réalité de notre difîinc- îion. L'une de ces fciences efl la Phyfique ordinaire , non pas cette Phyfique univer- lèlle qui efl définie à la tête des cours de Phyfique , mais cette Phyfique beaucoup moins vafie qui eft traitée dans ces ou- vrages. La féconde ed la Chymie. Que la Phyfique ordinaire , que je n'ap- pellerai plus que Phyjique , fe borne aux iifïcdions ôits mafles , ou au mciins que ce foit là fon ob}ét dominant , c'efl un fait ,. & il établira des loix que les expériences confirmeront à peu-près j je dis à-peu-prêsy , parce que les mathématiciens conviennent eux-mêmes que l'exercice des forces qu'ils calculent fuppofe toujours un modo nihil' obfiet ^ & que le cas où rien s'oppofe,. n'exifte jamais dans k nature Les théo- ries du fécond feront vagues & d'approxi- mation ; ce feront àts expofitions clai- res de là nature , & àes propriétés chy- miques d'un- certain corps , ou d'un cer- tain principe confidéré dans toutes les com- binaifons qu'il peut fubir par la nature & par l'art ; de (es rapports avec les corps ou les principes d'une certaine ckifle,, ôc l»ftfin des. modifications qu'il éprouve ou qu'il produit à raifon de ces combinai- jfons & de ces rapports , le tout poié fur des faits majeurs ou fondamenraux , dé- couverts par ce que j'appellerai un pref- femiment ex périme ntiil , lur des indices d'expériences vagues ou du tritonnement , jDais jamais fournis immédiatement par ces derniers fecours. VhyeT^ PhloGISTI- QUE , NiTRE , Sel Marin , Vitriol, ^c. En un mot , le génie phyiicien porté peut-être au plus haut degré ou l'humanité puiflè atteindre , produira les principes mathématiques de Newton , & l'extrême correfpondant du génie chymide , Icfpeci-. rnen becherianum de Stahl. Tant que le chymiile & le phyficien philofophtront , chacun à leur manière , îlir leurs objets rel'pedifs , qu'ils les ana- îyferont , les compareront , les rapproche- ront , les composeront , & que fur leurs objets communs ce fera celui qui aura le plus vu qui donnera le ton , tout ira tien. Mais {i quelqu'un confond tout ce que cous avons diftingué , foit parce qu'il n'a pas foupçonné l'exifîence & la néceffité de cette diilindion , à caufe de fà vue courte , ou parce qu'il l'a rejetée à force tie tête : fi le chymifie fe mêle des objets phyfiques , ne fâchant que la Chymie , ou il le phyficien propofe des loix à la Chy^ ■raie , ne connoifîânt que les phénomènes phyfiques : fi l'un applique les loix àt^ maffes aux afFeéiions des petits corps , ou fi l'autre tranfpone les afleâions des pe- tits corps aux adions des mafiés : fi l'on traite more chymico les chofes phyfiques , <& les chymiques more phyjico ; fi l'on veut tiiflbudrc un fel avec un coin , ou faire tourner un moulin par un menflrue , tout àra mal. Le fimple chymifte ou le fimple phyfi- cien a-t-il embrafïe lui feul la fciçnce gé- nérale des corps , & a-t-il prétendu afïîi- jettir à fes notions particulières , des pro- priétés communes ? la fcience générale fera défedueufe & mauvaife , lerfqu'il lui î^rrivera de defcendre par la fynthefe : de ces principes qu'il prendra pour généraux , & pour des données fur lefquelles il peut ^^oraptcr , il faudra nécefTairement qu'il s'é- c H r 17 gare. Or toutes les mctaphyfiques-phyfi- ques , ou pour me fervàr de l'expreiiioa de Wolt , toutes les Cofmologies que je connois font qqs ouvrages de phyficiens. Quelques-unes marqueront , fi l'on veut , les plus grands eflbrts du génie ; je con- fens même qu'il y cri ait qu'il foit impol- fible de détruire & de réfuter , parce que ce (ont <\qs enchamemens de notions abl^ traites & de définitions nominales , que le métaphylicien a déterminées & circonf* crites à la fantaifie ; mais la fcicnce gé- nérale des propriétés des corps rt'en exif- tera pas pour cela plus folide & plus réelle ; quand je dis la fcience générale des corps , j'entends des corps phyfiques , tels que noiis les obfervons dans la nature , avec toutes leurs conditions , & non des corps dépouillés , & prefque anéantis par de« diilradions. Nous pouvons afTurer de 1^ plupart des prétendues vérités générales qui fervent de bafès aux fyfi:êmes généraux fubfifians , lans en excepter les fameux principes de Leibnitz , ce que M. Merian a dit du Spinofifm€ dans un mémoire fur l'apper- ception , hifl. de l'acad. de PruJJe^ t j\s; que c'elè dans le paffage de l'abfiradion. « la réalité que ces vérités trouvent leur terme fatal , & qu'il n'y a qu'à tenter ce paffage pour voir s'écrouler de foi-même le colofîe qu'elles foutenoient. C'efl des différentes fources que nous venons d'indiquer , que font forties mille erreurs , à propos defquelles nous pour- rions dire à ceux qui les avancent avec le plus de confiance , en parodiant le cé- lèbre bon mot d' Apelle , ParlcT^ plus bas ; vous ferie\ rire nos porteurs de charbon y s'ils vous emendoient. Le catalogue exaâ de toutes les erreurs de ce genre qui font venues à notre connoifîânce , fèroit fans doute très-important à l'intérêt de la vé- rité & au progrès de la bonne dodrine ; mais il feroit infini. Il mérite bien d'être donné dans un ouvrage qui pourroit avoir pour titre Inflitmions de Phyjique-Chy- mique , & où l'on fe propoferoit exprefîë- ment de fubfiimer des vérités à ces er- reurs. Nous prierons le lecteur de fe con- tenter en attendant de celles que n ;us avons eu occafion de citer, & de quel- i-S C H Y q ::zf /rria chymica. Quelques demi-philofophes feront peut-être tentés dé croire que nous nous fommes élevés aux généralités les plus hautes ; mais nous favons bien au contraire , que nous nous en fom- mes tenus aux notions qui découlent le plus immédiatemeht des faits & àes connoilîàn- ces particulières , & qui peuvent éclairer de plus près la pratique. En effet , il ne feroit pas impoffible de faire difparoître toutes ces diflindions que nous avons tant multipliées ; tous ces afpeds différens fous lefquels nous avons confidéré les corps , en jetant là-defîiis un de ces coups-d'œil lupérieurs , dans lefquels on montre d'autant plus d'étendue dans le génie, qu'on identifie davantage les caufes & les effets. Mars ces efforts nuiroient à la fcience pratique dans fous ceux qui n'au- roient ni cette capacité de vue qui fait em- braffer & les plus grandes chofes &: les plus petites , ni cette aptitude qu'ont cer- tains hommes extraordinaires de concen- trer dans les méditations les plus abfîraites toutes leurs facultés inteltedueîles , & de fortir de cette efpece de léthargie philofo- phique , où tous leurs fens font , pour ainfi dire , fufpendus , pour en reprendre l'ufage avec plus de vivacité , les difperfer avec avidité- fur tous les objçts qui les environ- 32 C H Y nent, & fe pafïîonner de l'importante & curieuie minutie des détails. Ce qui peut avoir quelque refîemblance éloignée avec ces hautes contemplations , dans ce que nous avons expofé plus haut , n'efl qu'un fimple rél'umé de réflexions Cug- gé^Qs par l'exercice immédiat des fens ; ce n'efl que l'expérience de l'ouvrier , dé- corée du vernis de la fcience. Exemple : dans une opération chymique on a toujours l'agrégation à rompre , &: quelquefois la mixtion de certains corps à ménager ; donc une des premières diilindions indiquées par l'habitude du laboratoire , c'ell celle qui établit les caraderes refpedifs de Y agré- gation & de la mixtion ; deux expref- îions premières & fondamentales dans l'idiome chymique , qui fourniront feules de quoi énoncer fcienrifiquement , c'eft-à- dire , par leurs caufes prochaines , tous Its effets de la chaleur employée dans le traitement des difFérens corps. Ainfi la ma- nœuvre dit : un certain degré de i'cu fond l'or , diflîpe l'eau , calcine le plomb , fixe le nitre , analyfe le tartre , le favon , un extrait , un animal , &c. Et la fcience dit : un certain degré de feu lâche l'agrégation de l'or , détruit celle de l'eau , attaque la mixtion du plomb & la compofition du nitre , excite des réadifs dans le tartre , le lavon , un extrait , un animal. La ma- nœuvre & la fcience ont pareillement leur langage dans l'expoiition des phénomènes de l'adion des menftrues. La manœuvre dit ; l'acide nitreux trop concentré n'atta- que point l'argent , mais étendu d'une cer- taine quantité d'eau & excité par un certain degré de chaleur , il le difibut. La fcience dit : l'union agrégative de l'acide concen- tré efl (îjpérieure à fon rapport avec l'ar- gent , & l'eau ajoutée au menftrue relâche cette agrégation que la chaleur relâche da- vantage encore , Ùc. La manœuvre ne générahfera jamais ; mais la fcience dira plus généralement ici : dans tout ade de difîblution , la tendance à l'union mixtive furmonte l'union agrégative. La Métaphyfique n'a rien dit d'une ma- nière abllraite dans tous les principes que nous avons pofés plus haut , qui ne puilîê être traduit pour les objets particuliers en C H Y 'de l'exécuter dans ces exemples , & réci- proquement , ^c. Mais fi la Chymie a dans fon propre corps la double langue , la populaire & la fcienti- fîque, elle a entre les autres fciences natut relies , fa manière de concevoir ; comme il efî: évident par ce que nous avons expoië ailleurs fort au long , & par ce que nou$ nous étions réfervé d'ajouter ici pour ache- ver le tableau de la Chymie par ce qu'elle a de plus diftingué ; c'elt que la plupart des qunl'tés des corps que la Phyfique regarde comme des modes , font des fubffances réelles que le chymifle fait en féparer , & qu'il fait ou y remettre , ou porter dans d'autres ; tels font entr' autres , la couleur , le principe de rinflammabiUté , de la faveur, de l'odeur, ôv. Quefi-ce que le feu , dit le Phyficien ? n'eji-ce pas un corps échaujfe'à un tel point ^ qu'il jette de la lumière en abondance ? car un fer rouge 6' bridant , qu^efi-ce autre chofe que du feu .? Ù qu'efi-ce qu'un charbon ar- dent ^Ji ce n'ejl du bois rouge & brûlant .? Newton, Opt. quœft. 9. Cependant un charbon embrafé efl: aufli peu du feu , qu'une éponge imbibée d'eau ell de l'eau ; car le chymifle peut auffi bien enlever an charbon , & montrer à part le principe de l'infîammabilité , c'efî-à-dire , le feu , qu'exprimer l'eau d'une éponge & la rece- voir dans un vailTeau. - La couleur confidérée dans le corps co- loré eft , pour le phyficicn , une certaine difpofition de la furface de ce corps , qui le rend propre à renvoyer tel ou tel rayon ; mais pour le Chymifîe , la verdure d'une plante efl inhérente à un certain corps réli- neux verd , qu'il fait enlever à cette plante; la couleur bleue de l'argile efl due à une matière métallique qu'il en fait auffi féparer; celle du jafpe , qui femble li parfaitement une avec cette fubflance foffile , en a pour- tant été tirée & retenue , félon la fameufè expérience de Bêcher. * Une obfervation qu'il efî à propos de faire , c'efl que dans l'expofition des phé- nomènes de la couleur , le Phyficien & fe Chymifle difent feulement des chofes dif^ férentes , mais non contradidoires. Le Chymifle fait feulement un pas de plus ; Jgngage de manœuvre , comme nous venons . & il en fera un fécond , fi , quand vous lui Cy Y lui demanderez en quoi confiée la cou- leur dans cette réfine verte de la plante , ou dans cette fubftance métallique de l'ar- gile ; il n'en ei\ pas encore réduit dans fa réponfe à recourir à une certaine dif- pofition occulte , & s'il connoît un corps , un être phyfique , une fubllance particu- lière qu'il puiffê afligner comme le fujet ou la caufe de la couleur : or il connoît ce corps , favoir , le phlogiftique ; en un mot , tant qu'il eft queflion des propriétés des mixtes , le Chymide en trouve la raifon dans leurs principes ou dans la mix- tion même ; & il ne s'arrête jamais dans cette efpece d'analyfe que quand il en eft aux élémens , c'eft-à dire, à ces corps qu'il ne fait plus décompofer. J^qy. PhlOGTS- TiQUE , Feu , Inflammable, Sa- veur , Odeur , &c. Nous avons regardé jufqu'à préfent la Chymie comme la fcience générale des petits corps , comme une varte fource de connoifTances naturelles ; l'application particulière qu'on en a faite à dilférens objets , a produit les diverfès branches de la Chymie & les différens arts chymiques. Les deux branches de la Chymie qui ont été cultivées le plus fcientifiquement , & qui font devenues par-là la bafe du tra- vail , le vrai fonds d'expériences du chy- lîiille philofophe , en même temps qu'elles ont été les deux premiers arts chymiques , font l'art de préparer les médicamens , ( voyei Pharmacie , ) & celui de traiter les mines & de purifier les métaux , foit en grand , foit en petit. Voye^ MÉTALLUR- GIE é DOCIMASIE. Les connoillances que la Chymie a four- nies à la médecine rationnelle , peuvent faire regarder auffi la théorie médicinale tirée de ces connoifTances , comme une branche de la Chymie , branche rrès-né- cefîaire au médecin dans l'état préfent de la médecine , foit pour l'admettre , foit pour la rejeter avec connoifîànce de caufe , puifqu'elle eft principalement fondée fur de prétendus changcmens très-chymiques des alimens & des humeurs. Nous avoue- rons cependant , quoiqu'à regret , que ces connoifTances font bien moins éten- dues , & fur-tout bien moins utiles à là médecine-pratique , que ne l'a prétendu Tome VIII. Boerhaave , ( poyc^ xri ,f, ^^^^ jj ujus chymice in medendo , } chez lequu on retrouve toujours le dangereux projet de déduire toutes les vérités vraiment mé- dicinales des connoifTances phyfiques. Voye\ Médecine. C'efl: à defïcin que nous ne parlons pafi ici de l'Alchymie. Foye^ PHILOSOPHIE HERMÉTIQUE. Le verrerie ; la manufadure de por- celaine ; l'art àts émaux ; la peinture fur le verre , qui n'efl pas un art perdu , mal- gré l'opinion publique ; la poterie ; la zimotechnie , ou l'art de difj^ofer certaines fubflances végétales à la fermentation ^ qui comprend l'art de faire les vins , l'art du brafîeur , & celui du vinaigrier , la halotechnie , ou l'art de préparer les fets ; la pyrotechnie ^ ou l'art àts feux d'arti- fice ; celui du tanneur ; la manufadure du favon ; l'art des vernis ; celui de gra- ver à l'eau-forte ; la teinture ; la prépa- ration des cornes, des écailles, & àz^ poils des animaux ; l'art du diflillateur , celui du confifeur,& celui du limonadier, qui font proprement trois branches de la pharmacie ; l'art du boulanger , panifi- cium ,' la cuifine , Ùc. font àt?. arts tout chymiques. Voyei^ ces articles particuliers. Outre ces arts dont nous venons de par- ler , & qui s'occupent efïèntiellement à exécuter certaines opérations chymiques , il efl d'autres arts dont les opérations fon- damentales ne font pas chymiques , mais auxquels la Chymie fournit des fecours effentiels. C'efl dans les produits chymi- ques que la méchanique trouve Çts prin- cipes de mouvement les plus efficaces : la poudre à canon , dont tout le monde con- noît l'emploi', la valeur de l'eau dans la pompe à feu , Oc. les couleurs les plus éclatantes & les plus durables qu'emploie la Peinture, font des préfens de la CAj-. mie\ &c. La branche la plus curieufe & la plus magique de la magie naturelle , efl celle qui opère fes prodiges par les agens & fur les fujets chymiques. Les phofphores , l'in- flammation des huiles par les acides , les poudres fulminantes , les èfFervefcenceî violentes , les volcans artificiels , la pro- duction , la deflrudior» & le changement E 34 C H Y- foudain ûes cpul--- ;^- -«iainc. Hqueurs , ]^^ j,. j^?pirntions & les coagulations inel- pér<^cs , &c. en négligeant même les pré- tentions apparemment ehimériques fur la divine pierre , les rajèuniflemens , le petit homme .de "Paracelfe , les miracles de la palingénéfie , &c. tontes ces merveilles,, dis-jé , peuvent dans-cellecle éclairé même , étonner bien des gens , au moins les amufer. iJ^qye^ RÉCRÉATIONS GHYMIQUES- Les arts chymiques étant liés àhChy- V'TiV générale comme à an tronc commun, il fe prélente ici deux quellions trè , -im- portantes , ce mefemble. i^. Jufqu'à quel point chacun de ces arrs peut-il être cor- rigé & perfedionné par la icieiice chymi- que ? 2**. Combien la fcience phyiique peur-eîle- être avancée à Ton tour par les connoifîànces particulières , puifées dans l'exercice de chacun de ces arts. Quant à la première quefîion , il efl évident que le chymifle le plus éclairé , le plus inffi'uit , dirigera , réformera , per- ieclionnera un art ebymique quelconque, «ivec un avantage proportionnel à ies con- jioifîances générales , à fa Icience ; à con- dition néanmoins que fur l'objet particu- lier de cet art il aura acquis cette faculté de juger par fentiment , qui s'appelle coup- A\œil chez l'ouvrier , & que celui-ci doit « ritabitude de manier fon lujet ; car au- cun moyen fcientifique ne fauroit fuppléer à cette habitude : c'efr un fait , une vérité d'expérience. Quant à la féconde , la néceffité de le Tciidre familiers tous les procédés,, toutes, les opérations, toutes les manœuvres des ^rts chymiques , félon le confeil & l'exem lAs. du grand Sthal ; elle nous paroit ab- iolument indifpenfable pour 'le chymiffe <]ui àfpire à embrafîêr fon art avec quel- que étendue ; car nonrfeulement c'eft un jpedacle trèsr curieux , très-philofophique , q.ie d'examiner combien les moyens chy- Tviiques font variés & combinés' dans leur application à des ulages particuliers , & foiis". quelle forme le génie fe préfente chez les ouvriers , où il ne s'appelle que bon fens j mais encore les leçons de ce bo.; i^tas , & i'induftrie , i'aifance » l'expérience de l'ouvrier , lont des biens qu'il ne doit pas négliger \ en us mot , il faut être C H Y artifle , artîfle exercé ^rompu , ne Çui-ce que pour exécuter , ou pour diriger les opérations avec cette facilité , cette abon- dance de réflources , cette promptitude , qui en font un jeu , un délaflement , un fpectacle qui attache , & non pas un exer- cice long & pénible , qui rebute & qui dé- courage néceffairement par les nouveaux oblîacles qui arrêtent à chaque pas , & fùr-tout par l'incertitude des liiccès. Tou> ces phénomènes ifolés , ces prétendues bi- zarreries des opérations , ces variétés des pronuits , toutes cts fingularités dans les refultats des expériences , que les demi- chymilles mettent fur le compte de l'art , ou des propriétés inconnues des matières qu'ils emploient , peuvent être attribuées afïez généralement à l'inexpérience de l'ar- tifte , & elles fe préfentent peu aux yeux: du chymiile exercé. Il n'arrivera que très- rarement à celui-ci , peut-être même ne lui arrivera-t-il jamais d'obtenir un certain produit : & de ne pouvoir jamais parvenir à le retirer une féconde fois Ats mêmes matières. L'artifie dont nous parlons ne s'avifera jamais d'eflimer les degrés de cha- leur qu'il emploie par le moyen des ther- momètres , ou la flicceffion àcs gouttes dans une diilillation , par la pendule à fé- condes ; il aura , comme dilent très-fen- fément les ouvriers , fon thermomeiie au bout àts doigts , & fon horloge dans la tête ; en un mot , il (e dirigera dans toutes les manœuvres ordinaires , dans les- opé- rations journalières , fur les indices grofîiers &: fenfibies , qui font toujjurs préférables à caufe de leur commodité , tant qu'ils font fuffifans. Or- on parvient par l'ha- bitude à eflimer avec beaucoup de pré- cifion , par leur feul fccours , la plupart des phénomènes chymiques ; & toutes les mefures artificielles qu'on voudroit leur iubftituer , font d'un emploi très-difîicile , pour ne pas dire impoflibie , & notam- ment les thermomètres ^ aufîi ridicules dans le tablier d'un chymilk manœu- vrant , que dans la poche d'un médecin vifitant fes malades. Mais ce n'eft pa;^ à cet ava ifage que fe borne l'utilité de l'ha- bitude du travail , c'efir dans les phénomè- nes qui ea naiifenr à chaque pas , que le • ch.ymiUe qui fait voir , puife les connoi(T c H y 'fances les plus lumineufes , &: fouvent m.e- TP.e les plus valles ; c'ef}-là qu'on trouvera de ces phénomènes dont parle le chance- lier Bacon , qui ne font rien en eux-mê- mes & pour eux-raâmes , mais qui peu- vent fervir de fondement ou de_ germe , de point de partance à une théorie importante ; exciter le génie du chyniifle , comme la chute d'une poire détermina la méditation de Newton, qui produifit Ion magnifique CyûèmQ de la gravitation univerfelle. Au relie , ce n'eft que pour ceux qui n'ont jamais mis la main à l'œuvre , ou qui n'ont jamais fu évaluer le mérite du chy- mifle , formé par l'exercice , par les ades répétés, qu'il efl: nécefîàire de célébrer les avantages de l'expérience; car. quiconque a vécu iix mois parmi les fourneaux , ou qui fâchant ce que c'eft que la Chymie , a été à portée d'entendre difcourir fur l'art , le plus profond fpéculatif &: l'aj-tiile expé- rimenté , ne fauroit fe méprendre à la fapé- riorité abfolue du dernier. C'efl la néceiïlté de toutes ces connoif- fances pratiques , les longueurs des expé- riences chymiques , l'afliduité du travail ^ de l'obfervation qu'elles exigent , les dépenfes qu'elles occalionent , les dan- gers auxquels elles expofent , l'acharne- ment même à ce genre d'occupation qu'on rifque toujours de contracter , qui ont tait dire aux Chymilles les plus fenlés , que le goût de la Chymie étoit une paillon de tou. Bêcher appelle les ChymiOes , cenum quod^ dam genus hominum exceniricum , hecero- €litum , heterogeneum ., anomalum\ quipoi- fedc en propre un goût fort fmgulier , qiio fa- nîtas y pecunia y tempus Ù vita pcrdunmr. Mais en prenant l'utilité abfolue des Sciences pour une donnée, d'après laquelle l'opinion générale nous autorife à railonner , ces diffi- cultés & ces inconvéniens-là même, doivent fîiire regarder les Savans qui ont alTez de courage pour les braver, comme des citoyens qui méritent toute notre reconnoiflâncc. Mais cette paflion , quelque idée qu'il faille en avoir , les hommes en ont-ils été tourmentés de bonne heure ? A quel temps faut-il rapporter la nailTance de la Chymie ? C'eil un fait qu'il ne fera pas aufii facile de mjiétermincr , que le degré de confviération qVeîle lïiérite. ^.6 'H Y 3 5 IL Y A PEU D'ARTS dont les com- mencemens foient plus obfcurs que ceux de la Chymie. Les Chymiiles entêtés de fou ancienneté , loin de nous inftruire fur. fon origine & lur les premiers .progrès, parla profondeur & l'immenfité de leurs recher- ches , ne font pa-rvenus qu'à rendre tous les témoignages douteux, à- force d'abufer de cette, critique curieulement allomman- te y qui confill? à enchaîner des atomes de preuves à des atonies de preuves , & à en former une maflè qui vous entraîne ou qui vous effi-aie , '& contre laquelle il ne relie que la reffource , ou de la raéprifer , ou de la briler comme un verre , uno icïuy ou d'y fuccomber en la difcutant. Il vaudroit mieux fans doute fubflituer à ces énormes toiles que l'érudition a'fi labo- rieufement tilTues , quelque lylfême philo- fôphique où l'on vît l'art lôrtir comme d'un germe , s'accroître & prendre toute là grandeur. Il eft au moins certain que fi ce lylfême ne nous rapprochoit pas davantage de la vérité , il nous épargneroit des recher- ches dont l'utilité ne frappe pas tous les yeux. Il eft cependant une lorte de curio- fîté qui peut fe faire un amulèment philo- fophique des recherches de l'érudition la plus frivole , du férieux & de l'intérêt qu'on y a mis ; & ce fera dans cette vue , autant qu'il nous fera pofiible d'y entrer , que nous allons expoler aux autres & nous reprélen- ter à nous-mêmes le labyrinthe des anti- quités chymiques. Nos antiquaires chymiffes ne le font pas contentés de fouiller dans tous les recoins, de l'hifloire fainte & de l'hiffoire profane ; ils fe font emparés des fables anciennes ; & c'elî une chofe curieule que les efforts prodigieux & les luccès fmguliers avec lef^ quels ils en ont quelquefois détourné le fens vers leur objet. Leurs explications font-elles pkis ridicules, plus forcées, plus arbitraires , que , celles des Platoniciens modernes , de Voiiius , dé Noël le Comte ,. de Bochart , dé Kircher , de Ma",sham ^ de-Lavaur, deFourmont, & autrçs inter- prètes de la Mythologie , qui ont vu dansi ces fables la théologie des ancien^ , lei k affronomie, leur phyfîque, leur agricul- ture, notre hifloire faintç défigurée? Philpa deBiblos , Euiebe, & d'après ceux-cfquel- E 1 5^ C H Y ques modernes , ont-ils eu plus ou moins f de raifon que les premiers auteurs , de pré- ] tendre que ce n'étoient que des faits hifto- riques déguifés , & de reprocher aux Grecs leur goût pour l'allégorie ? Qui font les plus fous ou de ceux qui difcernent dans des contes furannés la vraie Théologie, la Phy- fique , & une infinité d'autres belles- cho- ies ; ou de ceux qui croient que , pour y retrouver des procédés chymiques admi- rables , il ne s'agit que de les développer & que de les dégager de l'alliage poétique ? Sans rien décider là-defllis , je crois qu'on peut affurer qu'en ceci, comme en beau- coup d'autres cas , nous avons fait aux anciens plus d'honneur qu'ils n'en méri- toient: comme lorfque nous avons attaché à leurs loix , à leurs ufages , à leurs infli- rutions fuperftitieufès , des vues politiques qu'apparemment ils n'ont guère eues. A tout moment nous leur prêtons notre finef- fc , & nous nous félicitons enfuirede l'avoir devinée. On trouvera dans les fables an- ciennes tout ce qu'on y cherchera. Qu'y dévoient chercher des Chymilles ? des pro- cédés ; &-ils yen ont découvert. Qu'étoit-ce , à leur avis , que cette toi- fon d'or qui occafiona le voyage des Ar- gonautes ? Un livre écrit fur des peaux , qui enfeignoit la manière de faire de l'or par le moyen de la Chymie\ Suidas l'a dit ; mais cette exphcation eii plus ancienne que Suidas : on la rencontre dans le com- mentaire d'Euflhate fur Denis lePeriegete ; celui-ci la rapporte d'après un Charax, cité plufieurs fois dans un traité d'Herma- lalis de Bifanee , dédié à l'empereur Jufti- n"en ; & Jean-François de la Mirandole prétend que le fcholiafle d'Apollonius de Rhode , & Apollonius lui-même , y ont fait allufion ; l'un dans cet endroit du fé- cond livre de fes Argonautiques \ l'atitre dans fon commentaire.. Ecfy.îietf. Hermès la fit d^er. Le fcholiafte dit fur ce paflâge , hiyiiAt ^çva-ovv : on dit qu'Hermès la changea en er en la touchant. Conringius , incrédule en antiquités chymiques , ofe avancer- qu'il n'efr pas clair dans ce? paflàges qu'il C H Y Si Ton a vu l'art de faire de Vor dans \m fable des Argonautes , que ne pouvoit-on ■ voir dans celles du ferpent tué par Cadmus, dont les dents femées par le confeil de- Pallas, produifent Aqs hommes qui s'en- tre-tuent ; du facrifice à Hécate , dont parle Orphée ; de Saturne qui coupe les tefticules au Ciel fon père, & lesjette dans la mer , dont l'écume mêlée avec le fang de ces teflicules coupés , donna naifîànce à Vénus ; du même qui dévore fes enfans à melure qu'ils naiffent , excepté le roi & la reine , Jupiter & Junon ; d'Efculape qui revLi'ifie les morts; de Jupiter tranfmué tvt pluie d'or ; du combat d'Hercule & d'An- thée ; des prodiges de la lyre d'Orphée ,, de Pirrha & de J3eucalion ; de Gorgone qui lapidifie tout ce qui la voit ; de Midas ,. à qui Bacchus accorda le don fatal de con- vertir en or tout ce qu'il touchoit; de Ju- piter qui emporte Ganymede au ciel, fous; la forme d'un aigle ; de Dédale & d'Ica- re ; du nuage fc)us lequel Jupiter enveloppé jouit d'Io , & la dérobe à la colère de Ju- non ; du Phénix qui renaît de fa cendre ;^ du rajeuniflement d'^fon , ^c. auili Ro- bert E)uval , R. Vallenfis , prétend-il dans- un traité intitulé de veritate Ù antiquitate- artis Chymicv , imprimé en 1602, qu'il n'y a aucune de ces allégories dont on ne trou- ve la véritable clet dans les procédés de la! Chymie, En effet , qiiel efl le vrai chymiffe , le chymifle un peu jaloux de ce qui appar- tient à fon art , qui pût fe defî'aifir fans vio- lence de la fable àts travaux d'Hercule ; de l'enlèvement àts pommes du jardin Aqs Hefpérides, après la défaite du dragon qui les gardoit ; de la deilruûion du lion de- là forêt de Némée: de la biche aux pies: d'airain, tuée fur le mont Menale , è'c. Oh , fi les Chymiites avoient été plus éru* dits, ou plutôt \qs érudits , (Kirchêr par exemple ) plus chymiftes , quelle moiflba d'interprétations à faire n'auroient-ils pas; trouvée dans les fentences de Zoroaftre , les hymnes d^Orphée , les iymboles de Pythagorej les emblèmes, les hiérogly- phes, les tables myfiiques , les énigmes >: les gryphcs , les paramies , & tous les au- tres inllrumcns de l'art de voiler la vérité foit queftion de l'art de faire de l'or, l dont on fe fervoit dans les temps où elle *^ C H Y ^toit autant refpeaée qu'elle mérite de l'être , où le peuple bien apprécié étoit jugé indigne de la connoître, où l'on croyoit que c'étoit la proftituer que de l'expofer toute nue aux yeux du vulgaire , & où le philofophe jaloux d'élever une barrière entre lui & le refte des hommes, étoit moins à blâmer de la manie qu'il avoit de la cacher , que de celle de faire croire qu'il la cachoit ; car on peut regarder la première comme infiniment meilleure que cette indifcrétion qui l'a divulguée depuis par tant de collèges , tant de facultés , tant d'académies plantées , comme difoit le moine Bacon , in omni cafiro & in omni burgo. Les douze clalTes ou chefs d'expli- cations dans lefquels Kircher a divifé Ton gymnajîum hieroglyphicum , le feroient ré- duites par quelques connoifl'ances de la Chymie , à la dixième feule , où il auroit encore été infiniment moins court & plus hardi. Si M. Jablonski avoit été chymifle , il le (croit bien gardé de voir dans la fa- meufe table d'Ilis , fi heureufement fauvée par le célèbre cardinal Pierro Bembo , du fac de Rome par le connétable de Bourbon, la fuite des fêtes célébrées en Egypte durant toute l'année ; (i'ojei Mifcel. Berolin , tom. VI.) mais bien au lieu d'un almanach de cabinet égyptien , un table-au du procé- dé divin de la tranfmutation hermétique. Au refte , ceux qui feront curieux de favoir comment les Chymifles l'emportent fur les fimples érudits , comme interprètes de l'hiftoire & de la fable , peuvent confulter principalement Majeri arcana arcanorum omniujn arcanijjlma ) & plufieurs ouvrages de B. J. Fabre de Caflelnaudari , {Faber Caftnnovidarienjis ,) médecin de Montpel- lier , fur-tout ion Panchymicum , (on Her- cules Piochymicus, & fon j4lchimifta chrif- tianus. Au lieu de ce^étaîl , voici une de ces explications qui pourra récréer quelques ledeurs ; elle efl: du célèbre Blaife Vigenere. Cet auteur prétend qu'il faut entendre , par la fable de Prométhée puni pour avoir dérobé le feu du ciel , que " les dieux en- w vicrent le feu aux hommes y. pour ce que » par le moyen d'icelul ils font venus à » pénétrer dans les plus protonds & cachés 7> lècrets de la nature , de laquelle on ne CHY p ti peut bonnement découvrir & connoître y) les manières de procéder , tant elle opère >j ratiérement , fmon que par fon contre- » pié , que les Grecs appellent S'iAKv nerve la déefle des Arts & Sciences , » l'entendement & induffrie , & le feu » par Vulcain qui les met à exécution. » Par quoi les Egyptiens avoient coutume » de marier ces deux déités enfembje , « {^mariage refpeclable ,) ne voulant par- T> là dénoter autre cholê , finon que de »> l'entendement procède l'invention de » tous les Arts &: Métiers ; que le feu » puis après eflèdue , & met de puifîance » en adion ; nam agens in toto hoc mun" » do y dit Johancius, non ejî aliud quàm jy ignis & calor y fy quePallas & Vulcain allumèrent, exci- » terent , dit Homère ; qui fut la caufe , )j comme on peut voir dans Philoftrate , » en la naifîance de Minerve , qu'elle » quitta les Rhodiens , parce qu'ils lui ia- » crifioient fans feu , pour aller aux Athé- » niens.n Le chymifle le moins curieux des anti- quités de fon art , ne pourra s'empêcher de recourir à Philoflrate fur la citation de Vigenere , & le moins enthouiiafk ne pourra fe refufer à l'application qui le préfentera à ion efprit de l'allégorie de Minerve quittant les Rhodiens pour les Athéniens , parce que ceux-là lui facri- fioient fans feu. Sacrifier à Minerve fans feu , dira-t-il avec tranfport , c'eff évidem- ment s'appliquer aux recherches phyii- 3R C H Y que.s , en négligeant les fecours de k Chy^ mis ; &: combien , en effet , continuera- t-il , de facrifices- modernes faits fans feu à Minerve phyficienne , portent le carac- tère d'offrandes rejetées par la déeiîe ? Quelques auteurs , ( à la tête defquels on peut placer ce Fabre de Cafielnaudari que nous avons cité plus haut,) dont la manie de voir en tout & par-tout les hié- . roglyphes de la Chymie^ ne s'ell pas épui- iée fur les tables greques, égypti:i nés & phéniciennes , le font encore Jetés & fur les ouvrages allégoriques de l'ancien & du nouveau Teflament, comme le Cantique des Cantiques, & l'Apocalyple ; & furies livre.it de fhillorique le plus poiifif:, tels que le pentateuque , & les Evangéhftes : travers dans lequel on ne fait s'il y a plus d'irréhgion , que de fohe. Au refte , li c'eft folie plutôt qu'irréligion , il faut avouer que la manière figurée propre aux ■Orientaux , ne pouvoit guère manquer de mettre en jeu des imaginations fi voifines du dérèglement. Mais de tous les auteurs qui ont écrit en faveur de l'antiquité de la Chymie , nul jie s'eft montré plus profond, plus férieux, plus avide de témoignages, & plus adroit à ourdir ces longs tifîlis , ou à accrocher entr'eux ces atomes de preuves dont nous avons fait mention au commencement de ces confidérations hiiloriques, que le cé- lèbre chymifle Olalis Borrichius , dans fon traité de ortu & progrejju Chymiûe. Il fe dé- clare , fans héfiter , pour l'opinion de ceux qui font remonter l'origine de l'art juf- qu'aux temps qui ont précédé le déluge. Il eft dit au quatrième chapitre de la Ge- nefe , de Tubalcain , qu'il fut malleator & faber in cuncia gênera, œris Ù ferri. Tubal- cain fut donc un chymifte ; " car Tubal- « cain n'a pu inventer , forger , perfcc- » tionner ces ouvrages , fans l'art de trou- » ver les mines , de les tirer , de les gril- « 1er , de les fondre ; toutes choies dont la ») découverte ne peut appartenir qu'à un » elprit divin , bien qu'un fimple manœu- » vre puifîé les exécuter, une fois qu'elles ») font trouvées.... Des ouvriers peu inl- » truits de la Chymie peuvent , à la vérité, « traiter des mines fous la conduite d'un M diredeur : mais le premier inventeur a. C H Y » dû être chymifle, ce dlredeuf ne peut »> le paflér de cet art.... Le premier brû- )j leur de charbon préparera maintenant >j la poudre à canon : mais (on procédé » a coûté de profondes méditations , foie j> à Barthold Swartz, foit à Roger Bacon. . » C'ell au chymifle Cornélius Drebbel , » qu'on doit l'ufage du thermomètre & la » découverte de l'écarlate , que les ou- >j vriers les plus ignorans préparent au- « jourd'hui ii parfaitement Ce n'eft )j qu'après avoir conlumé leur vie à des » expériences de toute efpcce , que les in- >j venteurs parviennent à établir les arts » fur des fondemens folides & invaria- » blés.) Donc le malleatorTuhzlc^m étoic un grand chymifle. Le Vulcain des an- ciens & le Tubalcain de l'Ecriture , font alfez unanimement reconnus pour un feu! & même perfonnage : comment fe relufer fur cela à l'autorité de Voffius , -A celle de Bochart , & à la relîèmblance des noms ? Or l'antiquité païenne a attribué à Vulcain l'invention des ouvrages en 1er , en airain , en or & en argent , & des autres opérations qui s'exécutent par le moyen du feu. L'hilloire profane & l'hifloire facrée font donc évidemment d'accord fur l'exiftence de la Chymie anté- diluvienne. On fe doute bien que Borrichius n'a négligé ni l'or de la terre d'Hevilat du quatrième chapitre de la Genefe , ni les témoignages de Diodore de Sicile : d'Ho- merè , de Pindare , Ùc. ni celui de Philon de Biblos : félon ce dernier , le Chryfor ou Chryfaor , fixieme fucceflèur du Pro- togonos de Sanchoniathon , ou de l'Adam de l'Ecriture fainte , eft le même que Vul- cain ; mais quel fcntimerît de reconnoiA fance , le chymifte Borrichius n'auroit-ii point eu pour un littérateur de fon temps , s'il s'en étoit rencontré quelqu'un d'affez inflruit fur l'origine & la fucceflion des anciens peuples , pour lui annoncer , alnfi que M. de Fourmont l'a fait depuis , que ce Chryfiior exifloit trois générations avant Tubalcain , à qui il prétend que V Ecriture n^attribiie pas en propres termes r invention des ouvrage s enfer j mais feule- ment de s'être mêle du métier plus qu'un autre ^Ù d'iivoir été un illujlre propagateur CHY des ouvrages enfer.Vi. de Fourmont qui re- connoîr clairement dans rEcriture tous les perfonnages du fragment de Sanchonia- thon , n'y retrouve point le Chryfaor ;. il ne fait fi c'étoit ou non le même que celui d'Hefiode : mais n'importe ,Borrichius vous dira qu'il n'en fut pas moins chymifle ; car , félon l'étymologie phénicienne de fon nom , propofce par Bochart & adoptée par M. de Fourmont , il fignifie celui qui tia- r aille ou au feu ou dans le feu; ou félon M. Leclerc ( rem. fur Hefiode , ) celui qui garde le feu. Or la qualité de chymifte eft égale- ment attachée à l'une ou l'autre de ces fonc- tions ; car que peut-on avoir à faire au feu , cans le feu , ou autour du feu , finon de la Chymie ?Donc , &<:. C- q. f. d. Après cette démonllration fondée fur les pafîages de la Geneie , que nous avons rapportés ci-deffus , Borrichius a recours à des autorités qu'un auteur célèbre a mifes à Lnjr jufte valeur dans un difcours hil- toii ue très-eilimé , fur l'origine & les progrè.s delà Chymie. " L'utilité , les con- " noifîances curieufes & étendues, voilà , » di cet auteur , le mérite d'une fdience. }) Mais ce n'efl pas adèz pour les Chymif- >J tes : ils font remontes dans les temps les » plus reculés , pour y chercher l'origine » de la Chymie ; jaloux , comme les autres » favans , de leurs contemporains , ils >' diminuent toujours la gloire qu'ils ne " peuvent leur enlever ; prodigues à l'égard '>' des anciens , ils leur tranfportent l'in- »' vention&la perfedion de leur fcience : n ils fcroient , ce femble ;, moins elHma- ?v blés il des anciens n'avoient penfé com- r me eux. » Dans ces idées , ils ont fouillé dans >)■ les ficelés qui ont précédé le déluge. » Moïfe dit dans la Genefe , que les enfans » de Dieu s"^ allièrent auxfillesdes hommes : » là-de(fus Zofime Panopolirc parle ainfi ; ?> il efl: rapporté dans les Livres faints qu'il >r y a des génies qui ont eu commerce avec »- les femmes ; Hermès en fait mention » dans fes livres fur la nature : il n'efl f) prefque point de livre reconnu ou » apocryphe y où l'on ne trouve des vef- » tiges de cette tradition. Ces génies >r aveuglés d'amour pour les femmes , >/' leur découvrirerit les merveilles de la CHY 39 « nature ; pour avoir appris aux hommes w le itial & ce qui étoit inutile aux âmes , » ils furent bannis du ciel : c'efl dê^ ces >y génies que font venus les géans. Le livre jj où furent écrits leurs fecrets , fut inti- yy tulé kema , &c de-là efl forti le nom de » Chymie. >i Voilà un des plus anciens écrivains » chymifles , félon le témoignage de Con- >5 ringius : ce qu'il avance ell appuyé d'un t) auteur beaucoup plus ancien. Ajoutons, » dit Clément d'Alexandrie dans (es tapi!'- « feries , que les anges choilis pour habiter w le ciel , s'abandonnèrent aux plaifirs de » l'amour : alors ils découvrirent aux fem- » mes des fecrets qu'ils dévoient cacher ; yy c'efl d'eux que nous vient la connoif- « fance de l'avenir , & ce qu'il y a de plus )> relevé dans les Sciences. Il ne manque yy à ce témoignage , ajoute Borrichius , » que le terme de Chymie. Mais la Chymie yy n'efl-elle pas comprife dans ce qu'il y a )j de plus relevé dans les Sciences ? Ce* qui « embarraflé cet auteur , c'efl la fource ?j d'où Clément & Zofime ont tiré ce » qu'ils avancent : il décide cependant w qu'il y a apparence qu'ils ont lu cesfairs « dans les fragmens des livres d'Enoch. " Comment douter de cela ? Les anges , >j dit Enoch, au rapport de Sincel , ap- » prirent aux femmes & aux hommes des » enchantemen-s & les remèdes pour leur >> maladie. Exael , le dixième des premiers » anges , apprit aux hommes l'art de fa- >j briquer dts épées , des cuirafTes , les » machines de guerre, les ouvrages d'or >j & d'argent qui peuvent plaire aux fem-^ >> mes , l'ufage des pierres précieufes & du yy fard. Sincel , félon Borrichius , efl un )j auteur très-digne de foi : plufieur:> faits » hifloriques font venus jufqu'à lui de )î Manethon , de Jule Africain , d'Eufebe ; >> d'ailleurs le pafTàge qu'on vient de lire , >' n'efl-il pas foutcnu de l'autorité de Ter- >j tullien ? Les anges qui ont péché , dit ce ») Père , découvrirent aux hommes l'or ,rar- » gent , l'art de les travailler : d'orner les yy paupières , de tendre la laine : c'cf'lpour »> cela que Dieu les condamina , comme le »j rapporte Enoch. » Borrichius regarde ces paffagcs com- ?y me des témoignages authentiques : il dit 40 C H Y » cependant qu'Enoch s'ei^ trompd. d:^ » anges dont il parle ne font pas de véri- « tables anges ; ce n'eil que les defcen- t) dct^s de Scih & de Tubalcain , peu » dignes de leurs pères, Ils fe livrèrent aux » plaiiirs honteux avec les femmes qui >y deicendoient de Caïn : c'eft parmi ces » voluptcs qu'ils divulguèrent les lècrets » que Dieu leur avoit confiés. Après cette » découverte , Borrichius laifle paroître » un remords ; ce n'efl pas fans peine r) qu'il reconnoît que la Cliymie ne vient » pas des anges : un pafTage de l'Exode le » confblc. Dieu dit à Moïfe : j'ai choifi >5 Befeléel , de la tribu de Juda , je l'ai » rempli de l'efprit du Seigneur & de fa- » gefle pour travailler fur l'or , l'argent , t) le cuivre , le marbre , les pierres précieu- V Tes , le bois. » Nouveau cours de Chymie^ félon les principes de Newton , 6" de Stahl , Difc.prélim. Borrichius , après avoir un peu repris couriige , ajoute une réflexion qui eft d'un digne & zélé chymille , c'efl que cet art de traiter les métaux , loin d'être contrai- re à la volonté de Dieu , " a été infpiré w par le foufHe immédiat de Ton efjprit >j divin : & cela , non à un vilain de la » tribu de Gad ou de Zabulon ; mais à ?■) un noble cerveau de la tribu de Juda : » Non plebeio alicui Zabulonitœaut Gciditce\ fed nobili , exftirpe regiâ y ex Judce tribu , cerebro. Il efl certainement beaucoup plus raisonnable & plus chrétien d'ennoblir Ion art par une confidération telle que celle de l'honnête Borrichius , que de crier avec l'acariâtre Hecquet , que les miné- raux préparés chymiquement, & nommé- ment le kermès minéral , font des remè- des pernicieux ; parce que les opérations chymiques troublent les arrangemens in- troduits dans les corps par la main du Créa- teur y les pervertijfent y les altèrent , ou les changent ; & qu'ainji la Cymie efl un art diabolique , qui va à mettre la créature à la place du Créateur ou de fes ouvrages. Borrichius prend un intérêt fi chaud A l'état de la Chymie ante-diluviennc , qu'il fe feroit un forupule d'en avoir fiir la réa- lité des monumens qu'il accumule : il n'a pas le moindre doute fur l'authenticité des livres de Manethon de Sebennys y prêtre CH Y d'HélopoIis , dédiés à Ptolémée Phlla- delphe. Il efl convaincu que l'hifloire de cet ancien auteur égyptien a été drefTée fur de très - bons mémoires , tels , par exemple , que les regiftres facrés & les colonnes pubnques. Euiebe , ( Eufebius Pamphili y) afîure, d'après les fragmens de cet auteur , que Jule Africain nous a confervés , que le premier Thoït , ou Mercure égyptien , traça fur âts colon- nes l'hifioire des fciences qui fioriffoient avant le déluge. Certainement la Chymie en étoit , dit Borrichius ; les caraderes de Thoït furent hiéroglyphiques , & il employa la langue (acrée ,* après le dé- luge là dodrine fut traduite en grec ; Agathodsmon ou le fécond Mercure , peie de Tat , l'écrivit dans des hvres : mais encore en lettres hiéroglyphiques. Les critiques ont apperçu dans ce pafTagc une certaine bizarrerie , qui le leur a fait rejeter avec mépris. Conringius & Stil- lingfleet ont trouvé contradidoire que Hermès eût écrit dans une certaine lan- gue en caraderes hiéroglyphiques ; parce que , félon ces auteurs , les caraderes hié- roglyphiques peignoient les chofes , & non des mots. L'auteur de l'efîài fur les hiéroglyphes des Egyptiens , a rétabli la leçon de ce pafTage , & fauve par - là la contradidion : il a dit lettres [acrée s y au lieu de caractères hiéroglyphiques ; &: il a conclu delà que toute la bizarrerie du pafî'age ne devoit plus réfider déformais que dans la grande antiquité attribuée au fait : car les lettres alphabétiques dont il s'agit , dit cet auteur , furent en ufage afTtz tard parmi les Egyptiens ; & une dialede facrée fut introduite encore plus tard parmi eux. Au relie , que les colon- nes de Thoït aient pu réfifler aux eaux du déluge , & fubfifler plufieurs fiecles après cet événement qui changea la face entière de la terre , Borrichius le prouve par l'exemple des fameufes colonnes de Seth , Borrichius fe croit oMigé d'avouer qu'elle pourroit bien n'être pas du fécond Mer- cure > père de Tat , dont la naifîance précéjypre, cee na-w coranxis dsifciea- CHY ces , & qu'elle ait été cultivée parles hié- rophantes ou prêtres de la nation ; c'eft un fait qu'on avoue unanimement. En voici les preuves les plus fortes: i''. L'étymolo- ;gie la plus naturelle du mot Chymie , eft tirée de celui que PEgypte portoit en lan- gue facrée, C/iem/a, félon Pîiitarque. Des commentateurs prétendent à la vérité qu'il faut dire Chamidy terre de Cham, premier —fils de Noé , qui s'établit dans cette con- trée après le déluge ; & les Septante l'ap- pellent. C/iarn , (pf'il lO).) du mot hcbreu kam : mais on lit dans Bochart , que les Cophtes l'appellent encore aujourd'hui Chemi. iS. Les écrivains les plus anciens que nous ayons fur la Chymie^ font origi- naires d'Egypte; tels que Zofîme de Chem- nis ou Panopolis , Diofcorus , Comarius , Olimpiodore, Etienne, Sinefius, & autres dont nous parlerons ailleurs. 3^. La maniè- re dont on a écrit de la Chymie^ totafcri- bendi & docendi ratio ., eft entièrement dans le goût égyptien ; c'eft une didion tout-à-fait étrange & éloignée du tour ordi- naire , un ftyle énigmatique & annonçant par-tout des myfteres facrés ; ce font des caraderes hyéroglyphiques , des images bizarres , des fignes ignorés , & une façon de dogmatilër tout-à-fait occulte : or per- fonne ne parte pour avoir gardé plus fcru- puleufement cette circonfpedion que les Egyptiens. Ces peuples fe font plus parti- culièrement à envelopper leurs connoif- fances dans des voiles ténébreux ; & c'eft -delà qu'ils ont pafte dans les ouvrages des Chymiftes. L'ufage des anciens auteurs de Ctiymie d*apoftropher le ledeur cornme fon propre enfant , jili mi , a bien l'air de venir d'Egypte , où les fcicnces ne fe tranfmcttoient que des pères aux enfans. Mais quand il feroitplus clairement dé- montré que l'Egypte a été le berceau delà Chymie , il n'en feroit pas plus facile de fixer la date de fa naiftance. L'adoption générale chez tous les Chymiftes , d'Her- mès pour l'inventeur & le père de la Chy- mie , eft tout-à-fait gratuite. L'exiftence même d'un Hermès égyptien, n'eft pasen- cpre bien tirée au clair : il y a eu en Egypte dix à douze Taut , Thor , Theut , Thoyt, Thout : pour toi> ces noms , les Phéni- ciens li'en avoient qu'ui» , Taaut i les CHY 41 Grec«, quiîermès ; ceux d'Alexandrie, que Thoor ; les Latins, que Mercure ; les Gau- lois , que Teautates, qui tire fon origine de l'égyptien Taautes , qui étoit très-évi- demment Hermès ou Mercure : car ftloi\ Cfclar, Bell. gai. lib. VU. les druides des Gaulois deum maxime Mercurium coluntf hune omnium artium autoremferunt. Les Rabbins l'appellent Adris y les Arabes Idrisy un certain arabe Johanithon, &i\Qs Barbares , ( ainfi qualifiés par un rabbin, ) Murcolis. Kircher fort en peine du nom à^Idris , a découvert enfin dans l'arabe Abenephi que c'étoit le même qu'Ofiris , que les Perfes appellent Adras. Nous avons parlé plus haut d'Agothodemon. Ce n'eft rien que la confufion de ces noms , en comparaifon de celle qui naîd de la multiplicité des perfonnes auxquelles ils ont été appliqués. Sanchoniathon compte deux Taaut ou Hermès ; la plupart des anciens mythologiftes y trois ; quel- ques-uns quatre ; & Cicéroncinq. Kircher obferve , d'après plufieurs auteurs grecs , juifs & arabes , qu'un très- ancien Her- mès , qu'il regarde comme l'Enoch fils de Jared de la Genefe , s'étant illuftré parmi les hommes , .ceux de fes fucceffeurs qui ambitionnèrent la réputation de réforma- teurs , d'inventeurs , de légillateurs , ^c. prirent tous fon nom , & fe firent appel- îer Hermès trois fois grand , trifmégijie ; & que Zoroaftre , Ofirb & d'autres , fu- rent tentés de ce titre. Les Chymiftes fe font généreufement départis de ce premier Hermès , placé avant le déluge par ceux qui le métaraor- phofent en Enoch ; & après le déluge , par Sanchoniathon & quelques autres. L'auteur de Va/clepius, qu'on attribue à un Mercure poftérieur à cet Hermès , recon- noît lui-même qu'il a eu un aïeul plus grand que lui , confilii pater y omniumque dux ; c'eft cet aïeul , ce premier Hermès dont il n'étoit pas permis de prononcer le nom facré , quem nef as erat nominare. Le vrai trifraégifte des Chymiftes n'eft poiïiC cet ineffable ; ils fe font rabattus fur un des féconds Mercures, & ils ont eu beau cham^ à le rendre phénicien avec Sanchonia- thon , Phi Ion , Eufebe , & P»i, de Four- mont \ égyptien avec Diodore de Sicile | Fi 44 . C W Y . Strabon , Kircher , Borrichius , ^c. greô avec Cicéron , dont il fera le cinquième, ou celui qui tua Argus , avec tous les Mythologiltes grecs , & la plupart des rnychologiiles modernes qui en ont bien plus difcouru que d'aucun autre , quoique grâce à l'habitude qu'avoient les Grecs de voler à leurs voilins leurs héros , il foit le moins réel de tous ; & enfin latin avec la chronique d'Alexandrie : dans ce dernier cas, il s'appellera Janus. Us ne fe font pas trouvés moins à leur aife fur les qualités dont il pouvoit leur convenir de le déco- rer : il n'a tenu qu'à eux d'en faire un roi d'Egypte ; puis un dieu du même pays , un miniftre , un confeiller intime ou facré d'Ofuis ; Oiiris même , un pédagogue d'ifis , un Sii>hoas prince poftérieur ; Cha- naan très-antérieur; Zoroailre que Kir- cher prend pour Cham , & Borrichius pour Mifraïm , le même que le fécond Vulcain , le Vulcain égyptien d après le déluge ; Eliézer intendant d'Abraham , avec M. de Fourraont, (car le Chronos ou Saturne de Sanchoniathon étant évidem- ment Abraham, félon M. deFourmont , il eft clair que le fécond Mercure ou le Mercure de ce Sanchoniathon , eft Elié- zer, ) un Melchifedech roi de Salem , de la famille de Chanaan ; Jerhro beau-pere de Moïfe : Moïie même ; quoique Con- ringius dife qu'on ne fait (i ce Mercure fut un homme ou un diable , ce qui met en fureur Borrichius. Quelle fource dedifler- tations ! il y a là de quoi occuper la vie de dix mille littérateurs, & de quoi fournir im ample fujet à lexclamation philofophi- que : O curas hominum ! &:c. Mais les rê- veries du philofophe feront-elles plus ef- fentiellesaux yeux du littérateur ? hélas , Jion ! Iiu'icem prcvbemus crurafagittis; & nous prêtons le flanc de bonne grâce: per- fuadés que s'il peut y avoir quelque frivo- lité dans nos occupations, elles n'en feront pas moins philofophiques pour cela , pour- xw que nous fâchions les eftimer nous- mêmes leur jufte valeur. D'ailleurs la mi- nutie de l'objet n'ôte rien à la fa^acité de celui qui s'en occupe. Celui qui fatisfait à une queftion très-obfcure & très-fuper- flue , a montré une force de génie qui efl jjn DKH abfolu ; & cette confidération C H Y doîtpaffer fans doute avant cellede notre petit intérêt , dans le jugement que nous portons fur le mérite des hommes. Mais il eft toujours fort plaifantdevoir nos chymiftes antiquaires s'abimer dans des difculhons , & chercher parmi tous ces vrais ou faux Hermès un inventeur à la Chymie i tandis que de tous les anciens écrivains , à l'exception de l'auteur de la chronique d'Alexandrie, qui attribue à fon Mercure 1 honneur d'avoir découvert l'or & d'avoir fu le travailler, il n'y en a pas un qui ait parlé de fon Hermès comme d'un chymirte. Sanchoniathon n'en die pas un mot. Diodore de Sicile , c ui s'efl tort étendu fur les connoifTances d Her- mès , ne parle point de cityràe. Rien ne feroit donc plus gratuit que l'honneur que nous lui ferions de l'agréer pour premier patron. Il n'y a point de fcience à laquelle il n'ait beaucoup plus de droit de donner fon nom. C'efl" à propos de lien que notre art s'eft appelle Xart hermétique. Pour trouver des titres au fécond Hermès, Bor- richius emploie le fecret avec lequel il en cherchoitp.u premier. Rencontre-t-il quel- que part qu'Hermès a inventé les arts & les fciences , & qu'il a procuré aux hommes des connoidànces miles? & pas conféquent la Ciiymie , ajoute- t-il : puis il fe met à quereller d'avance tous ceuxquipourroient avoir du doute fur la folidité de cette con- féquence. Cependant , n'en déplaife à Bor- richius , la vérité eft que ce Mercure , quel qu'il foit , ne nous appartient pas plus qu'à aucune autre fcience, & que nous l'aban- donnons à quiconque en fera rente. La fa- hle d'érnerdade, Xafcleptus^ \q pœmandcr en quatorze chapitres, qui font autant d'ou- vrages différens ; le Mineri^a mundi) Vlu' Lromatkematici , les fept chapitres de la- pidis pnilofopnici ou p,'iy /ici fecretOy im- primé dans le tneatrum cnymicum , ont beau porter fon nom , on convient afîez généralement aujourd'hui qu'ils ont été forgés les uns plutôt, les autres plus tard, àc qu'aucun de ces livres n'eît antérieur aux premiers fiecles du ChriiHanifme. Ceux qui font mention de la Cnymie foss le nom de x'/j»'] .'«.«, font même les moins anciens. V^oye\ là-de^Tus les aup. iy. *', l'j. de la favante difïertation de Conrin- CHY gius far la médecine hermétique ancii^n- ne & moderne. Cet auteur a tiès-bien ce'- montré la fuppofition , le caractère & les dates : rien n'eil plus vraifemblable que les conjeclures par lefquellesil prouve que l'un a été écrit par un platonicien , l'au- tre par un chrétien , celui-là par un femi- chiétien, celui-ci parunfemi-platonicien. Au refta , qu'on s'en rapporte à l'incrédule (]onringius, ou au crédule Borrichius, il n'y a rien à tirer de ces ouvrages ni pour laPhyfique, nipourlaC^j'w/^. Quant aux 36525 livres , qui font attribués à Hermès par Jamblique, qu'Urfinus littérateur al- lemand & homme qui croit peu aux fa- vans très-anciens , traite peu poliment de menteur impudent, foit qu'on prenne ces livres pour des verfets ou pour des apho- rifmes , comme l'explique Bochart , il n'e^, eU rien parvenu jufqu'à nous que le renom dans quelques auteurs affez anciens , & fur-tout dans Clément d'Alexandrie qui en donne les titres , & qui les réduit à qua- rante-deux ; ce qui n'empêche pas Conrin- gius d'en avoir toute aulîi mauvaife opi- nion que de ceux qui nous relient. Mais nous favons , pour la confolation des chy- mifres , qu'aucun ne traitoit des chofes chymiques , à moins qu'on ne prétende que des fjx livres fur la médecine , le quatriè- me où il étoit parlé des remèdes , ne con- tînt des procédés chymiques. Le minerpa mundi queConringius trou- ve , quoique fuppofé ^f rugis ccgypùacœ ve- teris fané plenus , attribue l'mvention de la Cnymie à Afclepiusfilsd'Imuîh ; & c'eft apparemment en vénération de la profon- de fcience de cette Imuth inconnue , & en reconnoifTance des grands avantages dont la C/zy/72/V a gratifié le genre humain , queZozime le Grand a décoré fon livre far la Cnymie du nom ^ Imuth. C'eft dans le Mineri^a mundi que la Ciiymie eft appellée ttoihIikh ; ce qui peut avoir donné lieu aux anciens chymiftes , aux premiers philofophes ou adeptes , de s'appeller K'x.r''i^îyj,T> yroinlctiy ouvriers par excellence ; & de donner à leur art , ainfi que le favantifïime Xhom^s Reinefius iious l'afTure , variaram lecl. l. II. c. v. le nom de -my^o-iç , que Kircher a traduit lit- téralement '^zTpo'éfiei mais nous ne te- C H Y ^ 45 nons pas tellement à cette qualité , que nous ne puiifions la céder aux Poètes fans coup férir. Si la Ciiymie perd le nom d'arf par excellence , elle trouvera de quoi s'en dédommager dans un autre qui lui a été donné dès les commencemens, & qu'elle mérite bien de conferver , celui dTspaf ;^\ /myAKtji Ti)yj>\? , d'arf grand & facré. Les prétendus veftiges de chymie , ap- perçus dans les ouvrages de Moïfe & de quelques philofophes & poètes grecs qui avoient voyagé en Egypte , ou qui avoient du moins vécu avec des voyageurs revenus de ce pays , font tels que pour y voir notre art _, il faut y être bien réfolu avant que de les ouvrir. Ce fait de calcination du veau d'or , par Moïfe, qui a donné lieu à une diflertation de Stahl , où la partie critique n'a fervi que de prétexte à la par- tie phyfique , ne prouve nullement que Moïfe fût chymifte ; une limple connoif- fance ou fecret d'ouvrier fuffifoit pour l'exécuter.Cependant Borrichius apperçoit àQs traces très-évidentes de chymie dans Orphée , Homère , Héfiode , Pindare , Sapho, Kippocrate, & Platon. Ctlui-ci , dit-il , n'a pas ignoré le grand principe de l'art , conccrs concordi adhixret , dif- cordia rebellant. Il trouve dans cette fen- tence du Banquet le fondement folide de toute la dodrme chymique , & la théorie de toutes fes opérations, o\uoiov 0 f^ai et ctit 'TTihci^ii , les femblables s'approchent toujours des femblxbles ; la bafe de l'art le trouve encore , félon lui , dans cette autre fentence apportée par Démocrite d Egypte , où elle étoit gravée dans le fanduaire de Memphis , « ipyV/f Tn Je ) Chymidcfpfâare vefiigia ipfisforfan aueqri^Hs ^14^^ ab JEg)'ptiif audierant non , C H Y fatis quandoque imelUcla. Il ne ferolt pas impoflible abfolumentque Borrichius n'eût raifon; le foupçondu merveilleux fuffifoit pour dét-erminer les poètes grecs à orner leurs compofitions des logogryphes égyp- tiens : ce ^alimathias une fois introduit dans la poélie s'y eft perpétué ; telle eft peut- être l'origine du rameau d'or deVirgile qui a l'air très-chymique , qui eft chanté d'un ton très-chymique , mais où le poète n'a apparemment rien entendu de tout ce que les Borrichiens y voient. Au refte , ces oracles chymiques de l'E- gypte , tranfmis juîqu à nous de poètes en poètes, ne forment pas une tradition afièz fûre pour prouver feulement que la chymie exiftâten Egypte au temps ou Dio- dore de Sicile , & tous ces Grecs dont on ipouve le catalogue dans Diodore de Sici- le, y voyagèrent. Ni cet hiftorien , ni Diofroride fon contemporin , & médecin de la fameufe Cléopatre , n'ont rien dit de relatif à c^t art. Si d'un côté ladiftblution affez prompte d'une perle confidérable ne pouvant s'exécuter fans un menftrue dent la préparation femble fuppofer des con- noiftancesde C/iy/7z/e pratique, puifque le vinaigre n'opère point cette diflblution ; fi cette diflôlution , dis - je , fuppofée vraie , prouve dans Cléopatre ou dans fon médecin , quelque progrès dans l'art : d'un autre coté , il eft difficile de comprendre comment les Romairs fefont rendus maî- tres de ces contrées;& comment les Grecs y ont voyagé devant & après cette con- quête , fans rien rapporter de cet art , & qu'ils aient même ignoré qu'il y exiftâr. Nous pourrions conclure de-îà que la Chymie n'étoit pas encore enEgypte ; mais nous laiftbns ce point indécis. Pour en Grèce , c'eft un fait démontre ; car il n'en paroît pas l'ombre dans les anciens au* teurs , foit médecins , foit pharmacologif- tes , tels que Théophrafte , Diofcoride , Galien , ni dans ceux du moyen âge que nous appelions Medicince principe s. Qovn-' ment un art qui promettoit tout en naiifant de dévoiler aux hommes les fecrets les plus cachés de la natu e , auroit-il pu exiftcr à l'infu des philofophes ? Comment n'eft-i^ pas arrivé alors ce qui eft de tous les temps, e à l'art pratique. Ce ne font pour nous que des artiftes occupés d'un objet particulier , ( de la tranfmutation des métaux , ) dont nous ignorons & la ma- nière de procéder , & les inflrumens. G'efl C H Y CeÛ cependant chez eux que s'efl inf- truit Geber, dit Arabe ou More , apparem- ment parce qu'il a écrit en arabe , mais que les critiques les plus éclairés prétendent grec ou perlan , & dont quelques auteurs ont fait un roi. Il étoit né chrétien , & il iè fit enfuite mahométan , félon Léon Afri- cain. C'cil ce Geber qui a porté dans le viij ûeclelac/iymie chez les Arabes, dans le temps que ceux-ci adoptèrent les lettres avec le mahoraétifme , un liecle après Mahomet. Geber eil proprement le père de la chymie écrite , le premier auteur , ou plutôt le pre- mier coUedeur ( car tous ces premiers au- teurs ne font que coUcdeurs ) des dogmes chymiques , le premier qui ait rédigé en corps de dodrine ce qu'on favoit avant lui : il ne fé donne lui-même que pour un rtdxcleur ; & \e proemium de Çonfummaperfeclionls , &c. commence ainii : Totam noftram fcien- tiam quam ex diclis antiquorum abbrei'iai'i- mus compilatione diverfa in nojîris volumi- nibus y Sec. Mais il a tout le frappant de ces inventeurs- colledeurs. La fin alchymiqueà laquelle il di- rige toutes fes opérations peut être chiméri- que , ou pour le moins ne peut pas être rem- plie par la plus grande partie de fes ledeurs , les moyens derniers ou prochains n'étant point révélée; mais il n'en eft pas moins pofi- tif fur les opérations fondamentales , qu'il décrit avec une exaditude admirable, & dans un (wère méthodique , &: qu'il accompagne de confidérations très-raifonnéesfurleseiiets particuliers des diverfes opérations , & fur kurs ufages immédiats ; eniorte que relati- vement à la (:/2//;2/f-pratique , & même à une fuite deconnoiilances liées & ordonnées dans, un rapport fcientifique fur les miné- raux, les plus illuftreschymiil-es qui l'ont (uivi jijfqu'aux HoUandus & à Bafile Vahntin , n'ont fait aucun progrès confidérable , fi ce n'ell la découverte des acides minéraux qu'évidemment Geber ne connoilîbit pas C'efî donc à Geber que commence pour nous la chymie philofophique ou raifonnée. Ce que nous avons de lui palî'e pour n'être qu'une médiocre partie de (es ouvrages. Les Arabej ont continué de cultiver la chymie après Geber. On trouve des traces des connoiflànces chymiques de cette nation , dans des écrits traduits en latin & imprimes , Tome VIIJ. V . C H Y 49 de leurs médecins , de Rhafès , d'Avlcenne ^ de Bulchafim, de Méfué , de Rabby Moy- fe, d'Averroës, d'HaU Abbas , d'Aliàravius. Les ouvrages non imprimés de plulieurs au- teurs qui ont écrit exprellément fur la chy- mie , & dont Robert Du val donne une lifte , fontà-peu-près du même temps. Mais nous obfèrverons fur tous ces auteurs ce que nous avons déjà obfervé ilir les chymiftes grecs , que le fait hiftorique , la connoiffance iié- rilc de leur exiftence , ci\ la feule chofe que- nous puiilions en employer ici ; leurs ou- vrages n'ont point contribué aux progrès de l'art en foi ; enforte que de Geber juf-- qu'aux chymilles européens dont nous allons parler, nous ne trouvons rien pour la fcien- ce , pas même des copiftes de Geber. Il eft- bon de (avoir que c'elt de la chymie phar- maceutique qu'il eft toujours queiHon dans les écrits des auteurs arabes traduits que nous venons de nommer. Nous n'avons point le li- vre qu'Avicenne avoit écrit fur l'alchymie ( qui de ce temps-là étoit la même chofe que la chymie) , félon Sorfmus fon difciple , qui a écrit lîi vie , & dont Albert le grand a fait mention. Celui qui efl imprimé Ibus le nom de célèbre médecin arabe dans la bibliothè- que chymique de Menget , a été regardé par les bons critiques comme fijppofé. Au refîe ce font évidemment les médecins arabes qui les premiers ont appliqué les préparations chymiques aux ufages de la médecine , ou qui font auteurs de la chymie pharmaceuti- que. Fbyf;^ PHARMACIE. Nous ne parlerons plus que de la chymie philofophique , fon-^ damentale , générale , nous réfervant de trai- ter Ces diderentes branches dans des articles particuhers ; & c'efl pour fuivre cet ordre que nous omettons ici quelques auteurs pu- rement alchymiftes de la même nation, tels que Calid , Morien dit le Romain , &c. K. Philosophie hermétique. Vers le commencement du xiij^ fiecle , la chymie pénétra enfin en Europe , (bit que le commerce que lescroif-^des avoient oc- cafioné entre les Orientaux & les Euro- péens eût tranfmis à ceux-ci les connoi(ran- ces des premiers , ou que la tradudion que l'empereur Frédéric II lit faire dans ce temps- là , de plufieurs livres arabes en latin , les eût mis à portée de puifer dans ces livres. Bien- tôt le petit nombre de fa vans qui exi(toieut 5© C H Y «lors , h reçurent avidement , comme chofe nouvelle , & qui en promettoir de grandes , les richeffes & la fanté. Albert le grand ? & Roger Bacon , tous deux moines , le pre- mier dominicain , & le fécond cordelier y font les plus diltingués de (qs premiers fec- lateurs. Ces deux hommes appartiennent à toutes lesfciences, & fur-tout Roger Bacon. Ils vivoient dans àcs temps où l'ignorance la plus profonde régnoit autour d'eux ; ils pof- fëdoient cependant une univerfaiité de con- rtoillânces fi peu commune dans notre fie- cle éclairé , qu'ils pafîeroient encore aujour- d'hui pour des prodiges. On diroit au pre- mier coup-d'œil , à voir la hauteur furpre- cante à laquelle ils s'étoient élevés au-defllis de leurs contemporains , ou qu'ils étoient d'une autre organifation qu'eux , ou qu'ils avoient eu d'autres moyens & d'autres oc- cafions de s'inftruire ; mais la vraie raifon de cette différence , c'eft que c'étoient d eux hom- mes de génie , dont la lumière plus forte que les ténèbres environnantes, s'échappoit en tout (ens , par l'impoûibilité de demeurer étouffée ; mais elle n'en étoit que plus of- tenfante pour les autres hommes , dont elle alloit frapper & bleller les yeux dans l'obf- curité. Le propre du génie eff de marcher par écarts ; ils en firent de tous côtés ; ils s'élancèrent dans prefque toutes les régions de la connoiïîànce humaine : & la chymie fut un des principaux théâtres de leurs excur- lions. Ils n'eurent garde d'àffeder pour cet art cette efpece de mépris fi peu philofophi- que que nous avons reproché , au commen- cement de ctt article , à quelques philofo- phes; mépris que n'eut pas non plus (pour l'obferver en pafTant, à propos de la confor- mité de nom , de patrie , & d'univerfalité) le célèbre chancelier Bacon, qui, s'il ne fut pas im chymiile commeRoger , peut pafler pour un amateur dîffin^ué , & dont nous ne vou- ions pas manquer de nous honorer. Albert parle en phyficien inil.iiit par des moyens chymiques , de la connoiflance des fubffances métalliques , dans fes livres fur les minéraux, & en homme qui connoif- fbit les alchymiftes , leurs opérations , & leurs livres ,& qui penfoit qu'on pouvoircn tirer des connoiflances utiles A la phyfique des minéraux. On lui a attribué un livre iur C H Y la chymie qui eff imprimé dans le feconcî volume du théâtre çhymique , mais ce livre n'eft pas plus de lui que les fecrets du petit Albert. Roger Bacon naquit en 12,14 j il ^^ fit cordelier , les uns difent en Angleterre , d'au- tres à Paris. Il mit Ariffote à l'écart pour étudier la nature par la voie de l'expérience. C'eft une obfervation prefque générale dans, tous les temps , que ceux qui ont eu le cou- rage de s'affranchir de la fervitude des mé- thodes , des opinions , des moyens adoptés , fe font particulièrement diftingués par leurs progrès. Il s'appliqua à la philofophie , lors même qu'elle étoir profcrite comme une fcience dangereufe. Celle d' Ariffote com- mençoit à fe répandre par les verfions de Michel Scot, de Gérard de Crémone , d'A- lured Anglicus, d'Hermand Alemannus , de Guillaume Flemingus , mais avec toutes les erreurs de ces mauvaifes traduâions y., erreurs par lefquelles Bacon ne palïà point. Il mépriibit ces tradudeurs autant qu'il effi— moit l'original , qu'il regardoit comme la bafe de la icience. Il diftinguoit dès-lors le- faux péripatéticifme qui a duré 11 long- temps , , de la vraie dodrine d' Ariffote. Pour voir, combien il s'étolt élevé au-deflus de fon fie- cle , il ne- faut que jeter les yeux fur le ju- gement qu'il en portoit. Nunqwam , dit-il , fuit.tanta apparentiafapientiiSy nec tantum> eaercitiumfiudii in totfacuhatibus, in tôt re— gionibus ... .ubique enim doclores funti^dif- pirjiy in omni civitate , €? in omni caflro , & in omni bitrgo , qiiod non accidit niji à qua- draginta annis vel circiter , citm tamen nun^- quamfuit tanta. ignorantia y tantus error. A cela près que nous fommes dans le chemin de l'expérience, voilà un fiecle qu'on pourroit. trouver reflembler un peu au notre. Bacon, ajoute, pour finir la peinture de fon fiecle >, apparemiaquidem fola tenet eos , & non cad- rant quid fciant , fed quid, videantur fcire coram multitudine infenfata. Bacon fit des découvertes furprenantes dans l'affronomie, dans l'optique, la chymie , , la médecine , & le? méchaniques. Il conçut' la première idée de la réformation du calen- drier juhen , & cela fur le plan même qu'on fuivit fous le pape Grégoire XIII , plus de 300 ans après lui. Il a décrit exadement les lunettes , la chambre ôbfcure , les tékf- C H Y copes , les miroirs ardens , Ùc. Quant à la , notre objet particulier, l'honneur de l'aVoir introduite en Europe lui eft dû félon Freind ; mais contemporain d'Albert 1? grand , il elt au moins un des premiers qui l'aient cultivée en occident. Bacon diloit de fon temps , qu'il n'y avoit dans tout le monde que trois hommes qui y entendifîènt quelque cliofe ; Pierre de Marnarncourt étoit un àts trois ; il l'appelle dominas experimen- torum. Bacon parle de ptefque toutes les opérations que nous taifons aujr)urd'hui. Il a connu ou inventé la poudre à canon. Freind foupçonne qu'il en avoit pris la notion dans un manulcrit intitulé liher ignium , & compofë par un grec nommé Marc ; manui^ crit que Freind avoir vu dans la bibliothèque du dodeur Richard Mead , & que j'ai trouvé auflî à la bibliothèque royale. La recette de la poudre à canon n'eft pas moins claire dans ce manufcrit que dans Bacon. Le continuateur de Bayle prétend qu'il ne Tortit point du couvent de Paris , quelque plainte qu'il eût à taire des perfécutions qu'il efî'uyoit de la part de Tes confrères ; & qu'il ne retourna dans fa patrie que peu de temps avant fa mort, qui arriva en 1392.. Cepen- dant on montre vis-à-vis d'Oxford , fur l'autre rive de la Tamife , une maifon qui lui fervit d'afyle , lorfque l'ignorance & la barbarie le contraignirent de fe fauver. Le dodeur Jebb a donné Çon opus majus à Londres , en 1733- Cet ouvrage efl bien di- gne d'être lu par ceux qui veulent connoître tout ce dont efl: capable i'efprit humain aban- donné à (es propres forces. Le célèbre difciple d'Albert le grand , S. Thomas d'Aquin , a connu auffi la chymie ; on trouve des vefliges de ces connoiflfances dans ceux de fes ouvrages qu'on ne fàuroit lui contefler. En un mot la plupart des auteurs de ce (iecle qui ont écrit fur la philofophie natu- relle , ont au moins décoré leurs livres de quelques mots chymiques , ou de jugemens favorables ou défavorables à cette fcience. On trouve fur-tout dans les auteurs de mé- ■decine de ce fiecle quelque remède chymi- que. Voye-{ PHARMACIE. Le plus célèbre d''entre ces médecins efl Arnauld de Villeneuve , dont on ne fait pas exadement la patrie , mais qui étoit vrai- c H y ,t femblaWement de la petite ville de Ville- neuve fituée en Languedoc fur le Rlidne» vis-i\-vis d'Avignon , où Borrichius prétend avoir vu un baron de Montpefar , l^ de« dcfcendiins d'Arnauld de Villeneuve , qui lui donna des preuves de fon habileté héré- ditaire en <:/iy/«i>. Le temps de fa naiffanec qui n'efè pas certain , peut être fixé vers le milieu du xiij° ûecle. On fait qu'il étudia vingt ans la médecine à Paris , & dix ans à Montpellier , & qu'il employa dix ans 3 vifiter toutes les univerfités d'Italie. Arnauld de Villeneuve pafîe pour avoir eu la pierre philofophale , & pour avoir con-»- vaincu de la réalité de la tranfmutation Rai- mond Lulle , auparavaat fort incrédule , par une expérience faite devant lui. V. PHILO- SOPHIE HERMÉTIQUE. Arnauld de Villeneuve efl un ^ts méde- cins chymifles qui a été le plus célébré , comme poffédaut un grand nombre de re- mèdes admirables , & bien fupérieurs à ceux qu'on préparoit par les opérations vulgaires: c'efl lui qui a répandu le premier l'uiage de l'eau-de vie j dont il a vanté les vertus mé- dicinales ; mais dont il n'a pas donné la pré- paration , qui étoit , dit-il , connue de plu- fleurs aulli-bien que {^"s vertus , & dont tî-r fedivement Taddée Florentin avoit fait mention avant lui. Foy^^ PHARMACIE. Au relie la chymie philolophique ne doit à Ar- nauld de Villeneuve que fon célèbre difci- ple Raimond Lulle. Celui-ci né dans l'île de Majorque d'une famille des plus nobles en 12.35 , & mort en Afrique en 13 15 , efl un des philofophes qui a fait le plus de bruit , & dont les aven- tures , les moeurs , & la fcience , ont le plu$ de fingulariîés : on en a fait un hérétique , un martyr ; on l'a érigé en père de toutes les fciences ; on a extrait de fès écrits un^ logique , une rhétoriqi^e , & une cfpece d'f /»- cy dope die ; il {ait cependant fur-tout une figure finguliere dans Fhifloire de la phi- lofophie hermétique , ( J'qye;^ PHILOSOPHIE HERMÉTIQUE ) & dans la chymie médici- nale , par la prétendue médecine univert- fèlle qu'il a propofée le premier. Voye^ Pharmacie. Quant à la chymie pofitive , fon tefiamen- mm novijfimum Car. régi dicatiim , efl plein de coxinoilîànces , de préceptes, de règles G 2 51 C H Y •poiitives, principalement fur l'anal) Te du vin , la difîihition & la rcdification de l'elprit- de-vin. Son traité intitulé expérimenta^ eu rempli de faits intéreiîans. Il a beaucoup employé dans tous Çqs procédés l'efprit-de- vin , & divers menftrues tirés des végétaux qu'il a beaucoup traités , & fur les fels dti- quels il a des prétentions fmgulieres , & des procédés fort bien entendus. Il a connu & employé avec intelligence l'eau forte , dont il décrit ex profejjo plufieurs préparations, dans fon traité intitulé Clavicula ou aperto- rium ; & cela par des intermèdes qui ren- dent ces procédés très-dignes d'être répé- tés par les chymilles qui lavent être curieux ; jl s'eft fervi atilii de l'eau régale , dont l'u- fage n'a été commun & appliqué aux tra- vaux fur les métaux que près de cent ans ïiprès ià mort. V. DÉPART. Il annonce dans fon elucidatioteftamemi , l'athanor, cujiis in- terpretatio , dit-il , efi immonalis ignis , & il en célèbre l'ulage & l'avantage qu'il pro- cure d'avoir un feu toujours égal. La deC- cription de ce fourneau a été donnée dans Je fiecle iuivant par Jean de la Roquetailla- de , cordelier alchyraifte , plus connu fous le nom de RiipeciJJa , à qui la chymie n'a que cette obligation. En un mot les ouvra- ges de Raimond Lulle font, après ceux de Geber, le premier tréfor pour la chymie philofophique , & contiennent des maté- riaux précieux pour l'établiflement de la théo- rie. Au refîe ce bon efl: mêlé à beaucoup de fatras alchymique , quoique peu confondu , ^ ramafTé en pelotons alTez dillincts. Bafile Valenrin ç{\ regardé communément comme un moine bénédidin de l'abbaye d'ErfFort , dans l'éledorat de Mayence , quoiqu'on ait dit depuis qu'il n^y avoit ja- mais eu une abbaye de bénedidins à ErfFort , & qu'évidemment quelque chymifte avoit Toulu fe cacher fous ces deux noms , Tun tiré du grec & l'autre du latin ; mais Jean "Maurice Gudenus , c-ms fon hijîoire de la yille d'ErJfcn , le réclame à fa patrie , en afllirant que Bafile Valentin avoit été moine dans l'abbaye de S. Pierre , & qu'il s'étoit .diftingi?^ par une- connoifîànce profonde de la médecine & de la nature. Nous avons fous le nom de Bafile Valentin , quel qu'il i(>it, plufieurs ouvrages qui annoncent un chymilte tiès-laborieux & trçs-verlë dans C H Y la pratique de la chymie pofitive , & dirigé dans ihs opérations par une méthode rai- fcnnée. La plupart des procédés connus fur l'antimoine font exactement décrits dans le traité fur ce minéral , qui porte le titre de currus triumphalis amimonii , qui a donné lieu à plufieurs commentaires , entre lefquels on eflime fur-tout celui de Pierre- Jean Fabre de Caflelnaudari , & celui de Théodore Kerkringius ; mais il efl tombé dans un qxccs dangereux lorfqu'il a attribué des vertus mé- dicinales à toutes les préparations qu'il a tirées de l'antimoine. C'efî fon autorité qui a fondé la vogue qu'eurent les remèdes an- timoniaux que les charlatans employèrent indiflindement & fans précautions , & par conféquent avec toutes les fuites funcftes de la témérité , jufqu'à ce qu'enfin la fameufe guerre élevée dans le fein de la faculté de Paris à l'occafion de ce demi-métal , toute ridicule qu'on efl contraint de la trouver, occafiona un examen plus férieux des pré- parations antimoniales , étouUa les préju- gés , & détermina la valeur réelle de ceux de ces remèdes dont nous tirons le plus de fecours , aujourd'hui que nous avons appris à les manier. T'-^.MÉDECINE 6'PhARMACIE. Bafile Valentin paroît être l'auteur des trois principes chymiques ; mais on ne fait pas afîéz jufqu'à quel point il partage cette dé- couverte avec les HoUandus dont on ne con- noît pas exadement le temps , non plus que celui de Bafile Valentin. On peut pourtant placer le dernier vers la fin du quinzième fiecle , lorfque les maladies vénériennes com- niençoient à être connues ; car il indique des remèdes contre cette maladie. Kàac & Jean-Ifaac Hollandas ou le hol- landois , natifs de Stolck , petite ville de Hol- lande , & que l'on regarde comme à-peu- près contemporains de Bafile Valentin , ont été de célèbres artifles y comme le prouvent leurs difFérens ouvrages , dont les plus habi- les modernes , M. Stahl lui-même , & fur- tout Kunckel , ont fait un cas lingulier. Ils ont particulièrement travaillé fur les mé- taux, & c'efl à eux qu'efl due la manière de procéder à leur znzlyÇç. par la réverbé- ratioa de la flamme, que les chymiftes Ic^ plus intelligens ont regardée comme une voie de procéder dont on pouvoir fè promettre les avantages les plus marqués* V. RÉYER-* C H Y BERE. Ces chyraiftes paroilTent avoir eu des notions fort diftindes de deux des princi- pes de Bêcher. Ifaac & Jean-Ifaac Hollan- dus , qui palTent pour père & fils auprès de quelques-uns , ne font regardés que comme un feul & même arrille par quelques autres. C'eil: évidemment de ce ou de ces Hollan- dus & de Baille Valentin , que Paracelie a tiré une partie de les connoilîances chymi- ques , & fur-tout fa fameufe dodrine des trois principes. Paracelfe efl un àts plus finguiiers per-- fonnages que nous prélente Thifloire litté- raire : viiionnaire , fuperrtitieux , crédule , crapuleux , entêté des chyraeres de l'aliro- logie , de la cabale , de la magie , de tou- tes \t^ fcienccs occultes, mais hardi, présomp- tueux , enthoufiafîe , fanatique , extraordi- naire en tout , ayant fu fe donner éminem- ment le relief d'homme pafîionné pour l'é- tude de fon art ( il avoit voyagé à ce def- fein , confultant les favans , les ignorans , les femmelettes , les barbiers > £"c. ) & s'arro- geant le finguHer titre de prince de la mé- decine , & de monarque des arcanes , ^c. Il a été l'auteur de la plus grande révolution qui ait changé la face de la médecine ( i'oye\ Médecine & Pharmacie) ,& il a fait en chymie la même figure qu'Ariliote a fait en philofophie. C'ell Paracelfe qui a été le propagateur de la fameufe dodrine des trois principes qui ont pris fon nom , dont tant de chymiftes manoeuvres ont abuié , que tous les chymilles-philofophes ou les vrais chymif- tcs ont toujours rellreinte & redifiée, & que les phyficicns ont toujours li mal com- battue. Voye\ Principes. Les écrits chy- miques & phyfiques de Paracelfe font , ex- cepté fon manuel & un petit nombre d'au- tres qui ne lontpas encore fort clairs , ab- fblument inintell gibles , tant à caufe des ex- preflions barbares & purement arbitraires dont il s'eft fait un jargon particulier , qu'à caufe du fatras, du défordre, de l'inconfé- quence , & des fréquentes contradidions Si la fublimité que ce ton pe«t préienter à certaines têtes , & liir-tout a des têtes chy- milîes , a dû lui faire un grand nombre de partifans ou de fujets (il s'appelloit monarque^ &des chymifîes l'ont appelle leur monarque ou leur roi) , elle n'étoit pas fi propre , ce femble , à lui faire de célèbres ennemis ; à CHY 5, niluftrer magnis odiis. Il a eu pourtant aulîî cette iource de célébrité. Sondifciple Opo- rinus, Eraflus ion compatriote &: prcfquc fon contemporain , Libavius , le favant Con- ringius plus récent que Paracelfe d'un fiecle entier, & pluheurs autres , ont été fes en- nemis déclarés parmi les chymiftes ( car il a été encore plus en butte aux médecins ; ) &: ils l'ont traité même affez injuftement à quel- ques égards. Philippe Auréole Théophrade Paracel- fe , Bomball: d'Hoheneim ( car cci\ ainfi qu'il le faifoit appeller) , naquit en 1493 ^ Éinfiedel, près de Zurich en Suifiè , & mourutàSaltzbourg dans un cabaret en 1 541. Quel que foit le mérite réel de Paracelfe , il ell évident que c'efl à lui qu'efl due la propagation & la perpétuité de la chymie. C'efî le goût pour les remèdes préparés par les fecours de la chymie , que Paracellè a finguliérement répandus & accrédites , qui a fait pafTer cet art chez les médecins com- me étude élémentaire ; ce qui a produit une quantité confidérable de traités de chymie pharmaceutique & médicinale , qui ont été pendant un fiecle les livres élémentaires & clafîiques de la chymie^ & fur-tout tant qu'elle n'a été que l'art de préparer des médicamens plus agréables , plus falutaires, & plus lûrs , comme le définit Béguin , un des plus anciens difciples de Paracelfe. Les chaires établies dans les écoles de médecine vers le milieu du dernier liecle , ont rendu l'étude de la chymie plus propre encore aux médecins ; & fi cet événement l'a trop circonfcrite , & l'a même expofée à une théorie arbitraire & gratuite , par la licence d'expliquer trop ordinaire aux méde- cins , il faut convenir aufli qu'il a été utile pour la chymie philofophique , qu'elle tom- bât en partage à des gens de lettres munis de toutes les reifources que les études élé- mentaires peuvent fournir pour fe diriger avec goût & intelligence dans l'étude des fciences. Auffi faut-il rendre aux médecins cette julfice : tous les progrès éclatans de la chymie leur font dûs , ainfi que laperfedion où font portées aujourd'hui \qs deux bran- ches les plus avancées de l'hifloire naturelle, l'anatomie & la i)Otanique. Ce n'eil même que depuis que les fciences fè font répandues comme par une forte de débordement > 54 C H Y que la chymie philofophique efl fortie du fein de la médecine , où font encore au- jourd'hui le plus grand nombre des artiftes , les vrais gens du métier : les autres ( exxepté hs dircdeurs des grands arts chymiqucs, clafîe qui ne peut fournir qu'un ou deux chy- mifîes à chaque nation ) n'étant proprement qu'amateurs. Quant aux avantages que la chymie fon- damentale & élémentaire peut tirer de toutes ces c:/iy/;7/>i' pharmaceutiques & médicinales dont nous venons de parler , il eft clair que les introdudions dont la plupart font pré- cédées font infuffifantes aujourd'hui , du moins par leur brièveté , & quelques-unes même parce qu'elles ne font pas chymiques , où qu'elles font en très-grande partie une fuite d'erreurs chymiques , & que le fond même de ces ouvrages eft un recueil de pro- cédés fans (liire & fans liaiion. Ces traités de chymie pharmaceutique peuvent cepen- dant diriger utilement les commençans dans !e manuel d s opérations , dont ils contien- nent ks principaux exemples , toujours plus utiles dans rmîHtution à la pratique des arts que les règles générales , ou du moins qui les doivent précéder : ils peuvent encore grof^ iir la récolte de faits y à laquelle le chymifte formé cft fi attaché , & dont il fait tant de cas ; car on trouve d^s procédés particuliers , des obfervations importantes, des découver- tes de détail dans quelques-uns de ces au- teurs j parmi lefquels nos françois , Béguin , Lefevre , Charas , & Lemery le père , tien- nent un rang difîingué , & particulièrement Xefevre , grand réformateur en pharmacie. VcA^e:^ Pharmacie. Pour revenir aux temps qui fuivirent im- médiatement Paracelfe , trois chymiftes cé- lèbres qui ne doivent rien à Paracelfe , la- voir , George Agricola , Lazare Ercker , & Modeftin Fachs , iilullrerent une branche de la chymie des plus étendues & àzs plus utiles , je veux dire la métallurgie : le premier peu d'années après la mort de Pa- racelle ; Ercker & Fachs lui ont fuccédé d'affez près. Voye^ MÉTALLURGIE 6" DOCIMASIE. Il exifta , dans le même temps que ces cé- lèbres métallurgiftes , un homme véritable- ment fmguHer : Bernard Palifly , Sainton- j^pois ;, c^ui a pris 4 la tête de lès ouvrages C H Y imprimés à Vm$ , 1580 , le titre à^ïnvenunr des ruftiquesfigulines du roi & de la reine fa mère. Cet homme qui n'étoit qu'un fimplç ouvrier , fans lettres , montre dans Ççs dif- férens ouvrages un génie obfervateur , ac-» compagne de tant de fagacité & d'une mé- ditation fi féconde fur les obfervations , une dialedique fi peu commune , une imagina-. fion fi heureuie , un fens 11 droit , des vues li lumineulès , que les gens les plus formés par l'étude peuvent lui envier le degré même ' de lumière auquel il eft parvenu làns ce fecours ; & cette tournure d'efprit qui l'a fait réfléchir avec fuccès, non-feulement iur les arts utiles & agréables , tels que l'a- , griculture , le jardinage , la conduite des eaux , la poterie , les émaux , mais même fur la chymie , l'hiftoire naturelle , la phyfi- que. La forme même des ouvrages de Pa- lifCy annonce un génie original. Ce font des dialogues entre théorique è^ pratique:, & c'eft xoU]ouY s pratique qui inftruit théorique , éco- here tort ignorante , fort indocile & fore abondante en (on fens. Je le crois le pre- mier qui ait fait des leçons publiques d'hif- toire naturelle ( en 1 575 à Paris ) ; leçons qui n'étoicnt pas bornées à montrer des mor- ceaux curieux dont il avoit une riche col- leéiion , mais à propofer fur la formation de tous ces morceaux des conjedures très- raifonnables , & dont la plupart ont été vé- v. rifiées par des obfervations pollérieures. Les auditeurs de Pahfîy étoient des plus docles & des plus curieux^ qu' il avoit ajfèmblés, dit-il, pour voir Ji par leur moyen il pourrait tirer quelque contradiâion qui eût plus d^ajjurance de véritéque non pas les preuves qu'il/nettoie en avant i fâchant bien que s'' il mentoit , il y en avoit de grecs & de latins qui lui refifte^ roient en face , &c. tant àcaufe de récuqu^il avoit pris de chacun , que pour le temps qu^il les eût amufé ^ &c. Je n'héfite point à mettre cet homme au nombre ét^ chymiftes , non- feulement à caufe des faits intéreffans qui font répandus dans fes traités pratiques fur les terres , fur leurs ufages dans la conftrudion des vaiffeaux , fur la préparation du fel com- mun dans les marais falans , fur les glaces , fur les émaux , & fur le feu ; mais encore pour fes railbnnemens fur l'alchymie , les métaux , leur génération , leur compofi- tion , la nature de leurs principes , & fur les CH Y propriétés chymiques de plufieurs autres corps , de l'eau , des fels , &c. toutes matiè- res îur lefquelles il a eu à^s idées très-raines. La fin du même fiecle vit paroître les ouvrages d'André Libavius , calledeur labo- rieux & intelligent, & défenfeur zélé de l'alchymie contre les clameurs des \oiles an- ti~chymifles de fou temps ( Libavius s'efi battu contre quiconque a témoigné de l'incré- dulité en fait de chymie ). C'eft à ce favant que nous devons , outre beaucoup de con- noifl'ances particulières furies minéraux {voy. Minéraux 6' Métallurgie ) le pre- mier corps d'ouvrage de diymie que nous ayons ; ouvrage d'autant plus précieux , que les matériaux dont il l'a formé étoient épars & noyés dans un fatras fi rebutant en foi , & fi révoltant , fur-tout pour le goût philofo- phique d'aujourd'hui , que notre ficelé lui a particulièrement une obligation infinie , lui qui accueille fi favorablement des compila- tions de compilateurs. Le traité de Libavius intitulé alchymia ( titre qui lui a nui fans doute ) , & le commentaire Iur ce traité qui le fuit immédiatement , contiennent une chymie vraiment fondamentale , divifée d'une façon très-naturelle , & diftribuée en fès difîerentes branches dans un ordre très- fyfiématique ; un tableau très- bien ordonné , des vues , des opérations , & des produits ou efpeces chymiques ; un dénombrement com- plet des inilrumens néceflaires & même curieux ; & un vrai fyfiême de connoiffances liées, difcutées avec alfez de dialectique , & propoiées même d'un ton affez philofophique pour les temps où Libavius écrivoit. Enfin quoique Libavius ait adopté expreflement cette vue chimérique , ou pour le moins très-mal entendue , d'exalter , de purifier , de perfectionner tous les fujets des opérations chymiques , que les chyrailles fe propofoient toujours ; quoiqu'il admette plufieurs êjres imaginaires ; qu'on puifîê lui reprocher quel- que obfcurité & quelque licence ^'expfiquer; on ne lui a pas moins d'obligation- d'avoir préfenré la chymie fous fon afped le plus général ; de l'avoir donnée pour une fcience phyfique fondamentale ; d'avoir redifié la dodrine des trois principes ; d'avoir même Kconnu & rejeté toutes ces erreurs , ces ttaches de la dodrine chymique que Boyle attaqua d'un ton H vidorieux fokante ans après , comme on peut le voir principalement dans le traité de Libavius intitulé Commenta' rium alchymiœ , & dans la défenfe de l'al- chymie contre la cenfure de la faculté de médecine de Paris qui fert de proœmium à ce commentaire. On peut voir dans les ou- vrages de Libavius que nous avons cités , , que dès ce temps les chymifies avoient fur la compoiition des corps des idées plus faines que la phyfique n'en a jamais eu ; que les vaincs fubtilités fcholafiiques , l'abus de la dodrine d'Ariftote , ou n'a pas pénétré chez elle , ou en a été plutôt chafîé ; que le goût des expériences dirigées à la découverte des vérités générales a exifté en chymie avant qu'il fe foit établi en phyfique ; en un mot que fur les objets communs à la phyfique & à la chymie , & en général fur la bonne manière de philofopher , la chymie efl d'un demi- fiecle au moins plus vieille que la phyfique. Trente-fix ans après la mort de P araceîfe , en 1577 > naquit à Bruxelles , de parens nobles , le célèbre Jean-Baptifie Vanhel- mont , qui tient un rang fi difiingué parmi les chymifîes. Cet auteur a beaucoup de conformité avec Paracelfe ; comme ce der- nier il évalua les vertus des médicamens par certaines facultés occultes , magnétiques , féminales , fpirituelles , fymphatiques , ^c. Il célébra une médecine univerfelle , & \ç,s remèdes chymiques qu'il regardoit comme fouverainement efficaces : comme lui il fe fit un jargon particulier ; comme lui fur-tout il ambitionna le titre de réformateur. Van- helmont fut ennemi déclaré du galénifine , de l'arifiotélifme , des écoles & de la dodrine phyfique & médicinale de Paracelfe lui- même, duquel il différa eflentiellement par une fcience profonde & réelle , par une imagination- brillante & féconde, par un goût décidé pour le grand , & en beaucoup de points même pour le vrai ; en un mot par tous les caraderes' du vrai génie , qui ne l'empêche pourtant point de débiter férieu- fement , ce femble , mille abiiirdirés , qui doivent nous faire admirer comment les extrêmes qui paroiflent \ts plus éloignés peuvent s'allier dans les mêmes xtifi , mais non pas nous faire méprifer colledivement les ouvrages marqués au coin d'un pareil' conrraffe. En efièt, rien n'empêche que les inepties les plus riiibles ne fe trouvent A côté 5< CHY des idées les plus lumineufes ; & Ton peut mcme avancer aiîèz généralement qu'il eft •plus railonnable d'elpérer du très-bon fur la loi de ces écarts qu'on a tant reprochés à Vanhelmont ( quoique ces écarts ne conlîi- tuent pas le bon en foi ) , que d^être épou- vanté par cette marche , fouvent peu phi- lolophique : car un original , comme Van- helmont en a le vrai caraclere , n'a pas les beautés toifces d'un compilateur , cette uni- formité , figne prefque univoque de la mé- diocrité. Il efl vrai que par-là même il doit n'avoir que peu de partifans; la vue tendre de ces demi-philofophes qui ont befoin d'un milieu qui brife l'adivité des rayons primi- tifs , ne iauroit s'accommoder des éclairs de Vanhelmont : mais auflî n'eft-ce pas à de pareils juges qu'il taut s'en rapporter. On a cru devoir cette efpece d'apologie à un homme qui a été déprimé, & condamné avec tout l'air avantageux que s'arrogent les petits Juges des talens fupérieurs, & tout récemment encore dans un difcours hiito- rique & critique fur la pharmacie , imprimé à la tètQ de la nouvelle édition angloife de la pharmacopée de Londres. Mais quoi qu'il en foit de l'idée qu'on doit avoir de la perlonns de Vanhelmont & du critérium fur lequel il mefuroit le degré d'é- vidence de (es connoifïances , il n'en efl pas moins vrai qu'il s'efl: élevé avec une force furprenante contre une toule d'erreurs & de piéjugés qiii défiguroientla théorie & la pra- tique de la médecine ; qu'il a au moins ou- vert une carrière nouvelle aux plus grands génies qui ont expliqué l'économie animale après lui , aux Stahl , aux Baglivi ; qu'il a jeté les tondemens de cette dodrine qui efl fur le point de prévaloir aujourd'hui , & qui ne rcconnoît pour agens matériels dans l'éco- nomie animale , que des organes efîentielle- ment mobiles & fenfibles , au lieu de pures machines mues par un principe étranger , des humeurs ou àes eiprits. Voyc\ MÉDECINE . La phyfique lui doit la proicription , ou du moins des cris contre le péripatétiime, dont il a fenti tout le vuide ; & le renouvellement M'une hypothcfe plus ancienne & plus plau- fible , celle de Thaïes de Milet fur l'eau donnée pour élément ou premier principe de tous les corps ; fur-tout la méthode , nouvelle alors (du moins quant à l'exécution , car le CHY chancelier Bacon l'avoit célébrée &*con- feillée ) d'établir les opinions phyliques fur àcs expériences ; & enfin ces expériences elles-mêmes, qui quoiqu'inutiles au but pour lequel elles étoient faites , qui quoi- qu'ayant fourni de fauffes conléquences à Vanhelmont & à Boyle , qui a été fon dif- ciple en cette partie , ne nous en ont pas moins appris des vérités très-intérefîantes fur la végétation. Voye-^ VÉGÉTATION. On n'a qu'à lire le traité de Vanhelmont fur les eaiix de Spa , & fur-tout fon ouvrage de lithiaji , traités qu'il a donnés lui-même , pour appercevoir combien il étoit riche en connoifîànces chymiques , & combien il méritoit le titre qu'il fe donnoit de philofophe par le feu. On trouve dans (es ouvrages (avec quelques erreurs il efl vrai) des con- noiffances très-pofitives & très-lumineufes fur la théorie de la coagulation & de la difîb- lution , qui font , lorfqu'on les confidere en général , les deux grands pivots fur lefquels roulent tous les changemens chymiques tant naturels qu'artificiels ; beaucoup de connoif^ fances de détails fur les phénomènes chy- miques les plus intéreffans , & fur les prin- cipaux effets de quelques opérations , de la redification fur les huiles animales , par exemple , &c. plufieurs faits importans ; une analyfè de l'urine aufli complète & aufïï exade que celle qu'on pourroit faire aujour- d'hui , & qui a mené l'auteur aulTi loin que nous fbmmes ; fans compter fes prétentions fur les vertus de fon difTolvant univerfel , qui , s'il exifloit réellement , fourniroit le moyen le plus efficace pour parvenir à la connoifîance la plus intime de la nature des corps compofés. Cet homme véritablement fingul.er mou- rut à la fin de l'an 1644. Jean Rodolphe Glauber , allemand , fixé en Hollande , étoit né vers le commencement du dernier fiecle : c'eft un des plus infatigables & des plus expérimentés artilles qu'ait eu la chjmie ; aufiî l'a-t-il enrichie d'un grand nombre de découvertes utiles , & d'un amas de faits & d'expériences , que Stahl , qui juge d'ailleurs Glauber très - févérement , appelle très-beau ; & qui eu non-feulement précieux par l'ufage immédiat qu'on en peut faire pour la pharmacie , la métallurgie , & les autres iffts chymiques , mais même par les C H Y les matériaux qu'il fournit à l'^tabliflement de la bonne théorie chymique. C'efl à ce chymifte que nous devons la première idée de mettre à profit mille matières viles & mutiles , & employées moins utilement , tel- les que le bois mort des grandes forêts , en en retirant du falpetre par des moyens faci- les &peu difpendieux , ou de faire des mines de fàlpêtre ; la méthode de concentrer les vins ou plutôt le moût & les décodions des femences farineufes , pour les faire fermen- ter en temps & lieu ; le foufre artificiel ; l'invention de deux fels qui portent fon nom , favoir le Tel fecret ammoniac & le Tel admirable ; la méthode de difiiller le nitre & te fel marin par l'intermède de l'acide vitrio- lique ; la redification des huiles par les aci- des minéraux ( c'eft celui du fel marin qu'il employoit) ; beaucoup de choies importan- tes fur la corredion des vins , & lur tous les travaux de la Zimotechnie , & mille ob- fervations , réflexions , & méthodes utiles pour la préparation de plufieurs remèdes. yqy. Pharmacie. C'elt Glauber qui a le premier démontré le nitre tout formé dans les plantes , qu'il a regardé comme la princi- pale fource de tout celui que nous connoii- fbns , & notamment de celui que nous re- tirons des animaux ; opinion que je regarde comme démontrable , quoique l'auteur de la dilîêrtation fur le nitre , qui a remporté le prix à l'académie de Berlin en 1/47 » n'ait -pas même daigné la difcuter. Glauber efl fur-tout admirable dans l'in- duflrie avec laquelle il a réufli à abréger plu- iieurs opérations , & en diminuer les frais ; vue très-naturelle à un travailleur. Son traité des fourneaux philofophiques , efl: plein de ces inventions utiles : la diftillation immé- diate fur les charbons , l'uiàge des vaiflêaux diftillatoires tubulés , celui des récipiens ouverts par leur partie inférieure , le four- neau de fufion (ans foufïlets , la façon de chauflTer un liquide contenu dans des vaif- feaux de bois par le moyen d'une boule ou poire de cuivre creufe adaptée à la partie in- térieure & latérale de ces vaifTeaux , font des învenrions de ce genre ; en un mot cet auteur rne paroîr être de tous leschymiftes celui où l'on trouve plus défaits & de procédés neufs qui font fouyent utiles en foi & abfolument , & qui au moins conduifcnt à des recherches Tome VIIL irnpof tantes , & par conféquent un de ceux qu'on lit avec le plus de profit : j'oferois même dire celui dont doit faire fon étude la plus afiidue le chymifte fuffifamment muni de bonnes connoiflances fondamenta- les , qui feul eft en état de juger , & par conféquent de lire. C'eft un àes auteurs dont la ledure fert le plus efficacement à guérir de la haute opinion qu'on s'eft formée, avant de fouiller dans les fources , des connoil^ lances lupérieures de plufieurs chymiftes modernes. Il faut lire Glauber tout entier , parce que plufieurs vérités importantes font diipcrfées par lambeaux dans (qs divers ou- vrages. Une lifte d'arcanes non expliqués , & dont l'exiften^e eft feulement annoncée à la findefes fourneaux philofophiques , préfente aux chymiftes une ample matière de travail ; & la plupart de ces arcanes ont un caraûere de poflîbilité , qui rend l'entrcprife de ces travaux très-raifonnable. M. Stahl lui a reproché avec raifon d'avoir obfcurci des notions fort claires que fes expériences fourniflént , par la manie dé les diriger aux vues chimériques de l'alchy- mie , dont il a été autant entêté que per- fonne , auflî-bien que de la confiance aux vertus des aftres , des fignatures , des noms, Ùc. qu'il a défendu dans des traités fiiits exprès ; & de n'avoir tiré aucun parti de ces expériences pour les progrès de la fcieiice po- fitive , àtscuriofités phylico-^hymiques y & d'être par conféquent ( en comptant ces vues & ces explications alchymiques pour rien ) très-verle in luoii, dans le fait , & fort peu avancé in rœ J'ioti y dans le pour-' quoi. Il faut reconnoître cependant , pour rendre juftice à Glauber , que Sthal a pré- cifément donné dans le vice qu'il lui reproche ici, lorfqu'il a embarrafle dans Une hypothele fort recherchée l'origine du nitre , que' Glauber avoir expofée d'une manière fc)rt fimple , & prouvée par des raifonnemens fort bien déduits Aqs obfervations ; & que Stahl a manifeftement mal évalué , ou du moins trop généralifé l'effet de la putréfaâion pour la génération du nitre , fur l'aâion de laquelle , foit erreur , foit vérité , Glauber Ta encore précédé : en forte que Glauber & Stahl ont pris réciproquement leur ma- nière fur cette queftion auffi intéreifante H -5^ C H Y pour (ôtï utilité que piquante par la curiofite. Voyei NiTRE. On lui a reproché encore , avec la rnême jufîice , d'avoir vanté avec la plus grande emphafe , & fans la moindre circonfpec- tion , tous fcs prétendus arcanes ; ce qui a attiré du mépris fur l'art , Tes promeïîès n'é- tant pas toujours {uivies de l'effet. Glau- ber eft bien effedivement le plus inconlîdéré prometteur & le plus outré louangeur de fès fecrets , de tous les charlatans qui font ou qui furent : cette manière paroît iijr'tout dans les titres de Tes ouvrages , toujours écrits pour le falut du genre humain, pour la conîblationde plufieurs milliers d'affligés , pour le foulagcment des foufFrans , la prof- périté de fa patrie , qui feront comme une chandelle allumée mife fur le chandelier , Ùc. C'eftdans ces défauts que les chymifles {qs co'nteraporainsles plus illuflres, tels que Bêcher , Borrichius , & le célèbre Stahl qui a commencé à courir la même carrière peu de temps après la mort de Glauber , ont trouvé des prétextes pour le déprimer ; quoi- que Stahl lui-même , qui parle toujours de Glauber comme d'un manœuvre , n'ait pas dédaigné de fe parer de quelques-unes de fes idées philofophiques , que véritablement Glauber n'avoit jamais été en état de mettre en œuvre comme Stahl. Glauber a beaucoup célébré une médecine univerfelle ( voy. MEDECINE ) , & undil- folvant univerièl qu'on croit être le nitre , ©u plutôt les deux principes de fa compofi- tion employés féparément ; ce qui n'ell plus remplir la condition du problême qui fup- pofe un feul corps , auxquelles conditions d'ailleurs ni l'acide du nitre , ni le nitre fixe pe peuvent fatisfaire. Fbj. Menstrue. Glauber a continué d'écrire jufqu'en 1667. Une époque confidérable pour la chymie , c'efî la conquête qu'elle fit vers le milieu du dernier fiecle , de la théorie de la médecine , ou la naiffance de la fede chymique des médecins ^ dont les chefs & les propagateurs les plus connus font le célèbre profelfeur François Delcboe Sylvius , Otto Tachenius qui s'eft tait un nom dans la chy mie-pratique par quelques procédés particuliers fur la pré- paration des fels ; & l'ingénieux Thomas Willi.'; , ?.uteur d'un traité fur la fermenta- tion fo'rt eilimable , 6c inventeur des deux Ç H Y principes' pafîifs , ajoutés au tertiaire dé Paracelfe. Voye'{ MÉDECINE. Il n'ell pas ailé de décider fi cette conquête futplus funefle à la médecine qu'à Inchymie: car fi d'un côté la chymie médicinale deve- nue phyiiologique & pathologique , remplit bientôt d'hypothefes monflrueufcs la théorie de la médecine dont elle avoit enrichi la pra- tique tant qu'elle n'avoit été que pharma- ceutique , on peut avancer aufli que (es nou- veaux fujets ( les médecins théoriciens ) qui bientôt donnèrent le ton , traitèrent la chym mie avec cette licence de raifonnement , cette exondance d'explications qu'on leur a tant reprochée & à fi juite titre , & qu'entre leurs mains la théorie chymique fut bientôt auffi gratuite que celle de la médecine. La dodrine qu'on enfeigna dans les chaires qui furent étabhes après dans les plus fameufcs univerlités , fe relient de cette manière arbi- traire de philofopher , & a fubliflé dans les écoles pendant tout le règne de la {eô.Q chymique des médecins , & long-teinps même après fa profcription chez plufieurs nations , cultivanîd'ailieurs kslciences avec fuccès ; notamment chez nous , où leilahlia- nifine n'a pénétré que long-temps après la réforme de Stahl , & où il faut même con- venir qu'il n'eft pas encore afîèz générale- ment répandu. Enfin dans le temps même où la chymie efTuyoit l'efpece d'échpfe dont nous venons de parler , parut l'illufire Jean Joachim Bêcher , né à Spire vers l'an 162.5 , d'abord profefTeur de médecine & médecin de l'élec- teur de Mayence , enfuite médecin de l'élec- teur de Bavière , dans le laboratoire duquel il travailla beaucoup; après cela fixé auprès de Tempefeur , de la cour duquel il fut obligé de s'éloigner par des manèges de cour- tifans ; enfin voyageur en Hollande & en Angleterre , &c. homme d'un génie véri- tablement grand , d'un jugement exquis, & très-verfé dans prefque toutes les fciences ; le vrai Hermès de la chymie philofophique ; le père , le créateur du dogme chymique de cette chymie y que )'ai donné au commence- ment de cet article comme la bafe de l'étude de la nature. Sa phyfique fouterraine, que malheureufement nous n'avons pas com- plète , contient au moins le germe de toutes les vérités chymiquGS & du fyflême qui les C H Y raflemble en corps de dodrine , te elle a {Ij. chymie) dans cet ouvrage tous les carac- tères par lefquels nous l'avons oppofée à la phyiique ordinaire. Il faut avouer cependant que Bêcher , en cela plus heureux qu'Aril- tote , a l'obligation à Stahl Ton commenta- teur , d'avoir expliqué & peut-être redifié plufieurs de Tes dogmes , & que c'efl: dans le fpecimen Becherianum de Stahl , que la phyfîque de Bêcher mérite les éloges les plus éclatans , dont tout connoilîeur ne peut s'empêcher de la combler. Qç. fpecimen efl le code de la chymie y l'euclyde des chymif- tes, (S'c. Les éloges de Stahl , le meilleur juge qu'on puilTe trouver fur ces matières , nous tiendront lieu du jugement que nous avons à porter fur cet auteur : îllud noflrumfaci- miis , dit-il dans la préface qu'il a faite pour la phyfîque fouterraine de Bêcher , Beche- rum in phyjîcâ hâc/ubterranea itafolidis theorisjdrgumentis, experimemis ufum ejje; eâfcientiây induflriâ y perituîy conflantiâ y conneckndi & concludendi circumfpectione in hoc argumenta ufum atque potitum effe quam nemo alius neque ante ipfum , neque pofi ipfum y imo nequidem per ipfum in ho- diernum ufque diem. Le même auteur , Stahl , qui n'efl pas prodigue d'éloges , ap- pelle le môme ouvrage , opusjine pari y pri- mum hxclenus ac princeps ; & ailleurs , liber undique Ù undique primus : & nous pouvons dire qu'il l'eft encore de nos jours, du moins parmi les originaux, c'eft-à-dire parmi les ou- vrages faits pour les chymiftes légitimes , les maîtres de l'art. Je fais bien que Bêcher , quoiqu'écrivain exad, méthodique, & même élégant , quoique fertile en préceptes & en expériences qui doivent être du goût de tous lesledeurs , & en éclairs qui doivent frapper tous les yeux , ne fauroit faire fupporter au plus grand nombre , en faveur de ces qua- lités , tout ce qu'on trouve dans cet ouvrage pour établir l'exiflence de la tranfmutation des métaux & de la mereurlfication , qui efl la prétention favorite de notre auteur ; ni cette efpece de commentaire phyfique fur l'hifloire de la création , par lequel fon ou- vrage débute ; ni en général quelques obf- curités , & un afTez grand nombre de notions vagu;s &: tout au plus métaphoriques , qu'il a mêlées aux vérités les plus pofitives & les jçnieuxliées : car j'aime mieux croire que c'eft C H Y 55 par ces défauts , ou plutôt par cet épouvan- tail , que l'incomparable ouvrage dont nous parlons n'eft ni connu , ni par conféquent ef- timé des phyficiens , que de dire avec Stahl, que cela vient de ce que les aflertions fonda- mentales de l'auteur font vraies. La dodrinc de Bêcher , outre les notions générales fur la mixtion & fur lafolutiofl , qui font la bafede la méthode chymique , eft fur-'out connue par l'expoiition des principes de la compofi- tion ou des matériaux des corps , & princi- palement des minéraux ; principes qu'il a fixés au nombre de trois , & que nous con- noifîons en chymie fous le nom des trois ter^ res de Bêcher. V. PRINCIPES , MINÉ- RAUX , Substances Métalliques, fir Terres. Les autres ouvrages chymiques de Bêcher (ont pour la plupart purement alchy- miques : tels font les fupplémens à fa phyjî- que fouterraine y fa concordance chymique y tous {ts opufcules : à l'exception du labora- torium portatile y qui contient, outre un ta- bleau abrégé des connoiffances pratiques , un précis très- exad delà doctrine chymique de l'auteur; fa morolbphie & ion œdipe chy- mique , le plus obfcur de tous fcs ouvrages , malgré fon titre. Au reflc ces divers ouvrages alchymiques (ont de la clafTe de ceux que le chymifle qui penfe & qui efl aflez patient , lit toujours avec profit , tant pour les vues » \t^ idées lumineufes qu'un chymifle tel que Bêcher doit nécelTairement répandre dans tout ce qu'il a traité , que pour les faits , les obfervations , les expériences fecondaires , & même pour certains procédés qu'on peut regarder comme utiles , même quant au fond ou airx produits que l'auteur promet. Ses prétentions fur fa fameufe mine de fable per- pétuelle , palTent , par exemple , pour très- fondées aujugement de plufieurs grands chy- miffes. On retrouve toujours Bêcher dans ceux-ci , c'eft-à-dire l'homme finguliérement maître de fon fujet , ^c. Voy. TRANSMU- TATION. Sa métallurgie paîTe pourtroppeu travaillée : Bêcher a d'ailleurs été un très-fer- tile écrivain fur des fujets de médecine , de belles-lettres , de grammaire , de politique , de théologie , de mathématique , de mécha- nique , ^c. Il mourut à Londres en 1682. Le célèbre phyficien Robert Boyle,contem- porain & ami de Bêcher , eft ordinairement compté parmi les chymifles ; & il a cffedive- H 2 ^o C H Y ment beaucoup écrit iur h chymie : mars il cftfrop exadementphylicien corpufculaire- méchanicien , ouphyUcien proprement dit , tpl que nous l'avons mis en contrafte avec le chymilte au commencement de cet article , pour qu'il ait pu travailler utilement pour la dodrine chymique , dont on peut dire qu'il a entrepris la réforme fans être muni àts con- noilîances fuffirantes pour exécuter ce del- fein , & même fans avoir aiîez d'érudition chymique pour favoir ce que c'étoit exade- ment que cette dodrinc qu'il fe propofe de redifier. En effet Boyle paroît n'avoir connu que le peuple des chymiiîes ; car il a com- battu des principes que les bons chymiifes ne prenoient point du tout dans le fens dans lequel il les confidere , & il a , par une fiiite de cette mauvaife acception , ou réfuté des erreurs qui n'exifloient point chez les vrais maîtres de l'art , ou attaqué des dogmes que quelques ancêtres de ces lavans avoient réel- lement établis, mais que les chy milles pollé- rieurs , tels que Libavius, Folfinck , Van- helmont , Rub^us , Billich ; & plufieurs autres , entre lefquels nous n'oublierons pas de compter notre Palifî'y , avoient réfutés avant lui ; en forte qu'il n'a fait qu'étendre les réfutations bien ou mal fondées de ces auteurs , & les appuyer quelquefois d'expé- riences précieufes en foi , mais prefque tou- jours mal appliquées , & fournifïant conf- tamment à l'auteur des confequences très- précaires & très-mal déduites. Boy le paroît avoir jugé Vanhelmont , par exemple , fur le fimple titre que ce chymifte fe donnoit de philojophe par le feu y lorf- qu'il l'a accufé d'être un des chymiftes qui avoient mal ellimé l'aéfion du feu dans la dé- compofition des corps , & d'avoir adopté la doctrine des principes dans le fens où Boyle la prend , & où elle efl réellement vicieufe ; cai- Vanhelmont efl: diredement oppofé à cette opinion. Sonchymiflafcepticus où l'auteur n*a point douté , ( ce que Bêcher lui a reproché dans le même endroit de fa physique foute naine y où il tourne en ridicule la forme fpirale des particules de l'air , par laquelle Boyle expli- quoit le refTort de ce fluide ; ee que je re- marque en pafîant , pour faire voir que les chymiiles ont avant les newtoniens fenti ! riiiLTuffifance de ce méchanifme } , & où on | C H Y ne trouve point les paradoxes annonces paf le titre de la dernière partie de cet ouvrage, eft exadement caradérilé par l'idée que nous venons de donner de la manière géné- rale de Boyle. Il s'efl peint de la même façon dans fon ouvrage intitulé de imperfeciâ chymicorum circà qualitates docirinâ. L'on voit d'ailleurs évidemment en Boyle l'étran- ger dans les chofes chymiques , par le man- que abfolu de l'art d'élaguer l'expofé de fès expériences, qu'il charge fou vent de circonf- tances inutiles , tandis qu'il évalue fort mal Jes efï'entielles ; notamment dans fon f^/y«r les parties dunitre y où il paroît croire que l'air hbre opère matériellement dans les cryf-- tallifations des fels , foit par fa propre fiibf^- tance , foit par àss exhalaifons terreflres ou: même céleffes , & où il a connu fi peu l'efïèt de l'évaporation dans la produdion de ce phénomène , qu'il témoigne à propos des. mêmes expériences beaucoup de regret de . n'avoir point tenté fi une difTolution denitre- enfermée dans un vaifTeau exadement bou-.. ché , ne fourniroît pas aufli-bien des cryl- taux qu'une pareille diffolution expofée à,' l'air libre. L'inconféquence ou l'inutihté de.- (ts expériences pour les points à l'appui def^ quels il les rapporte , eft frappante dans fon^ livre de producibilitate principiorum chymi'- corurriy où l'on trouve pourtant des faits im-. portans en foi ; la produdion d'un foufre > artificiel , par exemple , mais qui avoit déja> été exécutée par Glauber , qui ne fe trom- poit pas plus que Boyle , lorfqu'il croyoit l'extraire des charbons , au lieu que le phy- . licien croyoit le féparer de l'huile de vitriol. , Nous pouvons oblerver à propos.de ce fait même , qui eft un des plus intéreffans de tous ceux qui font rapportés dans ce traité , que Boyle efl fort peu circonfped à con-^ dure de ^^s expériences chymiques ; car- celles-ci ne préfentant , félon lui-même , qu'une extradion ou une féparation du fou-» fre , ne fait rien , ce femble , à l'établifTe- raent de fa prétention que le foufre eft réellement producible ; car il a bien défini : fa producibihté & l'a effèntiellement diflin-* guée de la féparation. Ses efTais phyfiologiques contiennent quelques avis aux chymifles , qui font réel- lement utiles , mais point neufs , d'ailleurs rien que. des obfejrvations 6ç des confidéri-* C HT îïons communes & de peu d'importance. Ses expériences fur la pondérabilité de la flamme font faites avec peu d'exaditude & mal comprifes, maie imeUecla; l'auteur n'a connu la nature de pas un des maté- riaux qu'il a employés , & n'a point du tout entendu les changemens qu'ils lubifToient; la combinaifon réelle du feu ou de la flamme, qu'il a très-difl:indement articulée , eft pour- tant très - chymique. : quelque peu précife que foit cette aflertion , on ne fauroit refufer à l'illuflre phyflcien l'éloge qu'il mérite pour cette connoilîance, toute particulière & abfo- lument ifolée qu'elle foit reftée chez lui. • Quant à la dodrine que Boyle a voulu fubflituer à celle qu'il a combattue avec une efpece d'acharnement & de. haine trop peu philofophique , j'ai déjà obfervé que c'étoit précifément celle que j'ai mife en oppofition avec la dodrine que j'ai appellée chymique : elle eft éparfe, cette dodrine chy- mico-méchanique , dans tous fes ouvrages chymiques ; & l'auteur avoit commencé en i66^ de la rédiger en un corps fous le ti- tre de Chymie philofophique , dans le temps que Bêcher achevoit la fienne (fa phyfique fouterraine ). Outre le motif de.cpnfolation fur l'inexécution de ce projet , que nous fournit la phyfique fouterraine de Bccher , nous pouvons en trouver encore un plus di- reddans les expériences & les remarques de Boyle , fur l'origine & la produdion mécha- nique de la fixité , de la volatilitéi , de lacor- rofivité, ^c. qu'on peut regarder comme un échantillon de cette. Chymie philofophique. Pour toutes ces raifons , en rendant à Boyle toute la juftice qu'il mérite , comme un illuflre propagateur , & même comme le père de la phyfique expérimentale; comme s'étant exercé lui-même avec un zèle intati- gable, une. induflrie , & une fagacité peu communes fiir plufieurs branches importan- tes de cette fcience ; comme en ayant d'ail- leurs bien mérité , en encourageant & en aidant même le talent des travailleurs indigens , &c. en reconnoiflant , dis - je , toutes ces obligations que lui a la phyfique > l'intérêt de la vérité & le bien même de la cho(è exigent que nous déclarioas que Boyle ne fauroit avoir un rang parmi les chymiflies , mais feulement parmi les pby- fiçiefis. v.erba nojîra .CQnad%^ C H Y ëi Jean Kunckel , contemporain de Boyle & de Bêcher , fut un travailleur très-appli- qué , & un obfervateur fur la fagacité & fur la fincérité duquel on peut compter. Il fur long-temps à la tête d'une verrerie; ce qui lui fournit non-feulement la commodité d'ajou- ter au traité de Néri les remarques qui ont tait de cet ouvrage un corps complet de verrerie , mais même de profiter du feu con- tinuel qu'il avoit fous la main , pour faire plufieurs expériences des plus curieufes ,. principalement fur les métaux parfaits. V. Substances Métalliques, & Calci- NATION. Kunckel s'étoit fait furie feu & fur les matières inflammables , une théorie- aujQl ridicule que font précieux les faits qu'elle.^ noie dans (on laboratorium expérimentale ^^ où elle efl principalement mife en œuvre.. M, Stahl s'efl donné la peine de la réfuter ■ dans fon traité dufoufre , dont cette réfuta- - tion forme une grande partie. . Enfin immédiatement après \ts trois der-- niers, auteurs que nous venons dénommer ^ parut le grand George Ernefl Stahl , né à Anfpach en 1660 , premier médecin du duc de Saxe Weymar en 1687 , profefïeur eai médecine dans l'univerfité de Hall en 1^94 ,, où il fe fit une très-grande réputation,. & profefïà jufqu'à l'année 171^' , qu'il alla à; Berlin où. le roi de Pruffe l'avoit appelle pour ■ être fon premier, médecin , pofle qu'il ai rempli jufqu'en 1734 ,, année de fa mort.. Génie vafle , pénétrant , précis , enrichi par les connoiflances élémentaires de toute e{^ pece; tout ce qu'il a écrit efl: marqué au coi^^ du grand, & fourmille en ce genre d'ima-. ges qui s'étendent au-delà de l'objet fenfible,, & qui finiflent , pour ainfi dire, par un long fillon de lumière qui brille aulfi loin que la; vue dé l'efprit peut le fiiivre. Il a marché en médecine dans une carrière nouvelle [l'oyei Médecine ) , , & il a porté la doc- trine chymique au point où elle efl aujour^- d'hui:, & j'olè dire à un état de perfedion , où , maniée par d'habiles mains, ellcpourroit faire changer de face à la phyfique , la prér- fenter fous un jour nouveau. Outre le Be- cherianifme qu'il s'eft rendu véritablement propre , qu'il a revêtu de la forme philofo- phique dans \e fpecimen Becherianum dont nous avons déjà parlé , il a enrichi l'art dô: plufi^eurs traités particuliers j fervant tous Icl: èx C H Y plus immédiatement à l'établiflement & à ï'extenlion de la théorie générale dont il a perfedionné une branche entière des plus étendues , & qui a dû paroître la plus diffi- cile à ordonner ; favoir les combinaifons du phlogiftique , du feu , de la deuxième terre de Bêcher. Son traité de zimotechnie me paroît un chef-d'œuvre. Les vrais fondemens àt^ opérations métallurgiques n'étoient pas même foupçonnées avant qu'il eût donné fon admirable traité intitulé dijjenatio Metallargiœ pyrotechnies , Ù DocimaJiiX metallicce fundamenta exhibens. Les élé- mens de chymie que nou' avons de Stahl , ibusle titre àc fundamenta chymice dogma- .ticœ experimentalis y qu'il avoit di&és dès 1684 , & qui font fesyw^'f /2/7/a^ ne font un ouvrage médiocre qu'en comparaifon des ouvrages plus travaillés du même auteur. Stahl a écrit en général d'un ftyle dur , ferré , embarralTé , & plus barbare , du moins en Litin , que la qualité d'écrivain mo- derne ne le comporte. L'obfcurité que ce ftyle répand Hir les matières d'ailleurs abs- traites & conlidérées très-profondément , a été reprochée à Stahl par quelques amateurs, & a été regardée comme très-avantageufe à l'art par quelques autres ; par ceux qui n'ont Vu qu'avec regret que l'art a proilitué aux profanes , (es myfîeres divulgués , publiés tn langue populaire , ou furie ton ordinaire des fciences ( ce qui leur a paru la même ichofe ) ; ton qui n'a commencé proprement qu'aux maîtres de Stahl , Barner & Bohn ; ou par ceux qui ont penfé plus philofophi- quement que ce degré de clarté , d'ordre , de liaifon , qui met les fciences à la portée de tous lesledeurs, & même de tous les gens de iettreSjétoit nuifible en foi-même aux progrès de ces fciences ; & que le bien de leur pu- blicité n'étoit préconifé qu'en conféquence <^'une de ces opinions adoptées fans examen , & par-là même fi profondément enracinées , que l'opinion contraire a tout l'olîènl'ant d'un paradoxe. Ce paradoxe eft pourtant une vérité très- réelle , lorfqu'on l'applique ^n particulier au cas de la chymie; (i elle de- vient connue au point que les faifeurs de feuilles , de romans , Içs poètes , les écri- vains , veuillent orner leurs ouvrages du fiam_ de Srahl , comme ils fe décorent de celui de Newton , Ùc. û la chymie devient C H Y à la mode , elle ne fera plus que petite ,^mi^ nutieufe , jolie , élégante ; les chymiftes au- ront le public à fatisfaire au lieu des con- noiflèurs , ils voudront plaire à ce public ; réciproquement ce fera ce pubhc qui déci- dera du mérite des auteurs , & le médiocre fera fur le trône de la fcience. Si cette obfcurité relative que nous avons reconnue & prefque approuvée dans Stahl n'eft pas blâmable , nous pouvons alîurer avec plus de confiance , qu'on ne peut lui reprocher aucune obfcurité ablblue , & qu'il n'efl pas un de fes écrits profonds , tels que ionfpecimen Becherianum^ fa zimotechnie y & {es trecenta y qui ne puifle avoir julqu'à" cinq ou fix leûeurs dans chaque nation fa- vante. Stahl a formé un grand nombre de dif- ciples 5 parmi lefquels Meuder & Neuman , tous deux enlevés par une mort précoce , fc font particuhérement diflingués. Jean Frédéric Henckel , un peu plus mo- derne que Stahl , efl admirable dans les con- noilTances particuHeres , toujours profondes & liées , qu'il nous a données principale- ment fur les minéraux dans fa pyrotologie , & dans (zflorafaturnifans y & par la doc- trine chymique tranfcendante qu'il a expo- fée dans fon apprôpriatio. Frédéric HofFman , le rival de Stahl , auquel il fuccéda dans la place de premief médecin du roi de PrufTe , a voulu join- dre le rehef de la chymie à la gloire qu'il s'étoit juflement acquife par fon habileté dans la pratique & dans la théorie de la médecine. On prétend qu'il n'eut d'autre vocation à la chymie y que la célébrité de Stahl dans cette partie; quoi qu'il en foit, il n'efl pas chymillc ; (es obfervations tou- tes petites & ifblées , ne font pas neuves pour la plupart ; & (es diflertations fur les eaux minérales , qui ont été fort admirées & fort copiées , ne font qu'un mauvais ouvrage bien fait. Lemery , qui paroit abfolument avoir ignoré Stahl , nous donna au commence- ment du fiecle plufieurs ouvrages chymi- ques , entre lefquels fa chymie lui a fait lur- tout une réputation conlidérable , même chez les Allemands , qui l'ont traduite mal- gré leur richefTe en ce genre. Cet ouvrage efî enèâiveHient eiliraable par l'exaûituda C H Y âès opérations , & les obfei'vations fré- quentes & judicieufes de manuel. Il fe dillingue du commun des chymilles phar- maceutiques dans la clafîe deiquels nous Tavons rangé , par une certaine théorie de- micorpurculaire , dont il a orné ou chargé fes opérations. Il a été le feul proprement claffique & élémentaire en France , jufqu'à ce qu'en 1723 le nouveau cours de chymie y félon les principes de Newton & de Stahl , »ous apporta le flahlianifme , & fit la même révolution dans notre chymie y que les ré- flexions fur l'attradion que publia M. de Maupertuis dans Ion difcours fur les dif- férentes figures des affres , ont opérée dans notre phylique , en nous faifant recevoir le newtonianifme. Dans le même temps , trois grands au- teurs adaptèrent aux principaux phéno- mènes chymiques , la théorie de l'attrac- tion ; Newton , fur la fin de fa carrière , Jean Keil , qui en difputa modeflement la gloire à fon maître ; & le célèbre Freind , qui les copia & les gâta tous deux : nous avons déjà parlé de leurs fuccès. Cette théo- rie qui règne en Angleterre , comme il pa- roît par les ouvrages chymiques de M. Haies , n'a jamais été adoptée chez nous. V. Attraction. : Si je ne fais pas connoître pluiîeurs fa- vans illu/lres , qui cultivent aujourd'hui la chymie avec le plus grand fuccès , (L^Çi que je n'ai pas cru qu'il me fût permis de leur affigner de rangs. . Le corps , le fonds de dodrine chymique , tel qu'il exilîe aujourd'hui , efî connu dans les tables de Junker , ouvrage précieux , trop peu cité , & principalement tiré de Stahl. Nos tréfors de faits font les mémoires des académies , & fur -tout de celles de Paris , de Prufîe & de Suéde. C'eff dans ces riches coUedions que font renfermés les ma- tériaux les plus précieux de cette phyfique chymique , vraiment fondamentale , dont j'ai tâché de faire preffèntir les avantages & d'infpirer le goût. C'eft aufïi dans ce vafle fonds qu'on doit fe pourvoir d'un nom- bre fufïifant de^connoifîances chymiques particulières ,, qui font en foi une richeffe réelle , & qui doivent au moins nécefîaire- ment devancer les notions compofées & générales, toujours aufïi inutiles , comme C H Y 6^ fource d'inflrudîons , que précieufes & re- commandables , comme étant le complé- ment, le faire , le degré fuprême àfi (cienccs. Mais tout le fruit qu'on peut tirer des meilleurs ouvrages des chymilles , toutes les inflrudions écrites ne peuvent être d'au- cun ufage , comme étude élémentaire &: première des commencemens : ce n'efi pas dans les livres qu'on peut prendre de chy- mie ; cette Icience doit, comme toutes les fciences pratiques , être d'abord démontrée aux fens ; nous l'avons déjà obfervé , & oa en efl affez généralement convaincu. Cette première inflitution , cette étude vraim.ent élémentaire, cette inilruclion com- mençant par l'exercice des fens , on la doit nécelîaîrement chercher dans les leçons pu- bliques , & dans les cours particuUers que àts chymiftes zélés pour les progrès de leuf art ont ouverts depuis quelques années dans les principales villes de l'Europe. Les cours que M. Rouelle fait à Paris depuis quinze ans , lont , de l'aveu même des étrangers , ce qu'il y a de mieux en ce genre. L'ordre dans lequel les objets parti- culiers y font préièntés , l'abondance & le choix des exemples , le foin & l'exaditudc avec lefquels les opérations y font exécu- tées , l'origine & la liaifon des phénomènes qu'on y fait exadement obferver , les vues neuves , lumineu fes , étendues ; qui y font iiiggérées , les exccUens préceptes de manuel qui y font enfeignés ; & enfin , la bonne , la faine dodrine qu'on y réfume de toutes les connoiflànces particulières ; tous ces avantages , dis-je , font du laboratoire de cet habile chymifle une fi bonne école , qu'on peut en deux cours , avec des dil- pofitions ordinaires , en fortir afîez infiruit pour mériter le titre d'amateur diflingué y ou d'artifle capable de s'appliquer avec fuccès aux recherches chymiques. Ce juge- ment efl confirmé par l'exemple de tous les chymifles françois , dont le premier goût de chymie efl pofférieur aux premiers cours de M. Rouelle. Je n'ai pas cru pouvoir mieux finir cet article , que j'ai uniquement defliné '\ exci- ter le goût de la chymie y qu'en indiquant au ledeur à qui j'aurai pu l'infpirer , la fource dans laquelle il pourra le fàtisfaire avec le plus d'avantage. ( ^ J . ^4- C H Y CHYMOSE , f. f. l'aôion de faire ou -préparer lacliymie. V. Chymie. CH YNDONAX , ( Hifi. anc. ) c'eft le nom d'un de ces pontifes appelles chez les Gaulois grand Druide you chef des Druides. Son tombeau fut découvert auprès de Dijon, en 159^' ^^ y trouva une pierre ronde & creufè qui contenoitun vafe de verre orné de plufieurs peintures. Autour de cette pierre, on lifoit en ^rec l'infcription fuivante : UçivvctfyjDya i^vTViCti ccrry^'X}! y hvTionKÔvtvopayt. w Dans le bocage de Mithra, ce tombeau fy couvre le corps de Chyndonax , chef des w prêtres. Impie , éloigne-toi : les (Dieux) 7j libérateurs veillent auprès de ma cendre. »> Le bocage de Mithra , dont parle cette ^pitaphe , étoit confacré à Apollon que les Gaulois appelloient Mithra , lorfqu'ils le , confidéroient comme le foleil. ( -+- ) CHYPRE ou CYPRE, {Géog.) en latin Cjprus. Le premier efl le nom moderne , & le fécond eft le nom ancien. Une des plus grandes îles de la Méditerranée , fur la cote d'Afie , entre k Cilicie au nord & la Syrie A l'orient. La fable l'avoit confàcrée A Véniis ; & comme elle y plaçoitle lieu de la naiflance de cette déefle , on l'y honoroit d'un culte particulier. C'eft dans cette île que font les lieux célèbres d'Amathonte , de Paphos , de Cythere , & de la forêt d'Idalie , fi van- tés par les poètes. Sa fertilité , fes vins & {es mines , Pont rendue en tout temps fi confidérable que les Grecs lui donnèrent le nom de marca- ria y c'efl-à-dire fortunée ; mais il s'en faut bien qu'elle mérite ce beau titre , par les malheurs qu'elle a eflûyés fucceiîîvement en paflant fous des dominations étrangères. Cet article ejl de M. le Chevalier DE JaU- COURT. * CHYTRES (FÊTE des) , Hifl.anc. Myth. troifieme jour des Anthifleries. On offroit à Bacchus & à Mercure toutes for- tes de légumes cuits dans des marmites , pour les morts. Deucalion pafïbit pour l'a- voir inftituée & célébrée. CHYTRINDA, {Hifi.anc.) jeu d'en- £ms j dans lequel il y en a un ai&s à terre C HY au milieu des autres qui courent aufour , îe pouifent , lui font des niches , jufqu'à ce qu'il en ait attrapé un qui prend fa place. CHZEPREG, (Géog.) petite ville de la baife Hongrie, dans le comté de Sapron, iiir la rivière de Stop. C I * CI , adv. ( Gramm. ) abréviation de ici , par exemple , celui-ci. CIALIS , ( Ge'ogr.) royaume d'Afie dans la Tartarie , borné au nord par le royaume d'Eluth , au midi par le Thibet ; à l'occi- dent par le Turqueftan. La capitale s'appelle aulîi Cialis fur le Kincker , autrement dit l'Yuidz. CLAMPA , ( Ge'og. mod.) petit royaume d'Aiis dans les Indes ; il a au midi & à l'orient la mer d'Orient ; au nord , le défert de la Cochinchine; à l'occident, le royaume de Camboge. CIANDU , ( Géog. ) ville confidérable d'Afie tau nord de la Tartarie. • CIANGLO , ( Géog ) ville de la Chine ■ dans la province de Folkien , fur la rivière de Si. CIARTIAM , (Géog.) province d'Afie dans la Tartarie , dépendante du grand Kan ou Cham , dont la capitale porte le nom. ^ CIAUL, (Géog.) ville forte d'Afie dans l'Inde, au royaume de Decan,aux Portugais. CIBAUDIERE; f. {. terme de Pêche , c'efi: le nom qu'on donne fur les côtes de Flandre & de Picardie aux filets , que dans d'autres lieux on appelle folles , & dont ils font une efpece. On en difl:ingue de deux fortes, les cibaudiere s flottées & les non-flot- tées. Les cibaudieres flottées ont le fond du filet à la mer, & l'ouverture du côté de terre ; on amarre aux deux bouts du filet de grofles pierres , que les pêcheurs nomment cabliercs : on en met auflî fur la tète quel- ques-unes , pour que le filet ne fe puiflè éle- ver par le moyen des flottes , qu'autant qu'il efi nécefîaire. Ce filet fait une groffe foliée dans laquelle fe trouvent pris les poifTons qui retournent à la mer avec le reflux : ces fortes de filets font de difFérens calibres & de fils de diverfes grofTeurs , ils prennent indiflindement des poifïbns des genres plats & ronds , au lieu que les folles n'en pren- nent que du genre des plats. La C I B La maille de la cibaudiere efl d'environ vingt-une lignes en quarré , & d'un fil rrès- delié ; dans les lieux où les pierres font rares, on amarre aux deux extrémités du filet des torches de paille que l'on enfouit dans le fable, ce qni afîujettit le filet auûi bien que feroient les groffes pierres dont on a parié ci-devant. La Cibaudiere non-fîottée dilîere de celle- ci en ce qu'au lieu d'être garnie par le haut de flottes de liège, dont Fulage cil de faire tenir le filet à-plomb dans l'eau , elle elt tendue fiir des perches , ce qui produit le mûme effet , en ce cas elle ne diffère pas beaucoup des bas parcs. V^oyei PAP^CS. CIBIN , ( Ge'ogr. ) rivière du royaume de Hongrie , dans la Tranfylvanie & dans la partie de la province Saxone , que l'on ap- ^dl^Aidand. Elle fe jette dansl'Aluta, après avoir baigné les murs entr'autres de la ville d'Hermanflad , qu'elle fait appelier en latin Ciblnium , & en hongrois Sy^ebeni. {D. G.) CIBOIRE, f. m. {Hift. ecclefiajiiq. & prof. ) vafe facré où Ton garde les hoifies. Ocû un vaiffeau en forme de grand cahce couvert , qui fert à conferver les hoflies confacrécs pour la communion des chrétiens dans l'églife catholique. On gardoit autrefois ce vafe dans une colornbe d'argent , fulpendue dans les bap- tifleres & fur les tombeaux des martyrs ou fur les autels , comme le P. JNiabiilon l'a remarqué dans fa liturgie de l'églife gal- licane ; le concile de Tours a ordonné de placer le ciboire fous la croix qui étoit au haut de l'autel. Chez les anciens écrivams , Iclon le dic- tionnaire de Trévoux , ce mot le diibit de toutes fortes de confiruâions fr.ires en voûtes portées fur quatre piliers. Chez les auteurs eccléfiafèiques , il défigne un petit dais élevé & fufpendu fur quatre colonnes fur le maître autel. On en voit dans quelques églifes à Paris & à Rome, ce qui prouve que c'efl la même chôiè que baldaquin ; aufli les Italiens appellent-ils encore ciborio uïi tabernacle iiblé. Les connoifîeurs ne peuvent fapporter que, fousune coupole comme celle du Val-de-G ra- ce , par exemple , qui eff d'une beauté fupé- rieure , on voie au delfus de l'autel une petite clpece de eiboire qui efl mal conçu ^ écrafé , Tome VIIL C I B ^5 enterré , recoigné contre la muraille, & qui n'ajoute rien à la fplendeur de fon dôme. Le mot de ciboire vient originairement des Egyptiens. Ces peuples donnèrent d'abord ce nom à une efpece de fève de leur pays > f3.ba aegyptia , dont la gouffe s'ouvroit par le haut quand le fruit étoit mûr. Ils ont enlbite tranfporté ce nom à cette goufîè même qui leur iervoit de coupe. Cette gouflê efl fort ouverte par le haut , & fort pointue par le bas. Les Grecs &: les Romains appel- èrent ciboria , cibsires y toutes les coupes de quelque matière qu'elles fuffent , dans iefqueiles on verloit des liquides , & en particulier le vin que l'on bnvoit dans les repas, Horace a employé ce terme dans ce dernier fens : Obliviofo levia Majjico Ciboria expie. Lib. II , od. vij. yy Vuidez les coupes de cet excellent vin de « Mailique ; il efl fouverain pour dilliper ') les foucis. » Enfin l'églife romaine a retenu ce mot poul- ies vafes où l'on mer les hoflies , & qui refient conf'acrées à l'ufige de la communion. Art. de M. le cheralier DE JauCOUR-T. CIBOLA, ( Gt'og. ) province de l'Améri- que feptentrionale au nouveau Mexique , ha- bitée par des fauvages. Long. z66 ^ lat. 55. CIBOULE, f. f. plante qui doit être rap- portée au genre oignon. V. OiGNON. (/) Ciboule, Ciboulette, cfj3z//a,(/a/-- dinage. ) eil une plante bulbeuie qui fe feme cependant , & qu'on peut replanter fur des planches en tirant des lignes au cor- deau ; c'efl une efpece d'oignon qui , au lieu de faire une bulbe en terre , s'allonge & fait beaucoup de montans , avec des feuilles allongées & rampantes ; chaque pie forme un montant en boule remplie de graine que l'on feme tous les mois de l'année dans de bonne terre : on leur donne fouvent t]-j l'eau. Il y en a trois efpeces , une vivace qui ne produit point de graine ; celle qui graine &: la troifieme eil la cive , civette ou ciboulette. (K) Cicatrice , f f ( CJùrurgie. ) c'efl la marque de la plaie qui refle après la guéri- fon , & qui par fa bhmcheur , fon liflê , fon luifant, fait diffôrer cette partie des tégumens où étoit l'ouverture de la plaie , de la peau voiline. u C I c Formation de la cicatrice. Le dernier pé- riode d'une plaie guérie efl celui de la cica- trice ; les fucs qui ont réparé la perte de la Xubilance , fe répandent , fe defîechent lur la rui>erficie de la plaie, & formen*- cette petite pellicule calleufe app^llée cicatrice y qui, iàns être de la même efpece que les îégumens emportés , fupplée à leur délaut. Les extrémités tendres & pulpeufes Aqs vaifTeaux rompus dans une plaie , s'allongent , fe joignent , s'unilfent enfemble par les loix tie la nature , pour réparer ainfi la (ubOance perdue du corps , & pour former l'incarna- tion ; cnliiiteles bords de la plaie qui étoient précédem nent rouges & enfiés , s'abailfent €galemcac : ils acquièrent une cculeur d'un blanc tirant fjr le bleu , femblable à celle à.ts perles ; c'eft de cette manière ^ue com- mence à naître la cicatrice vers les bords , &: qu'elle augmente peu-;\-peu vers le cerk- tre , jufqu'a ce que la plaie foit entièrement refermée. S'il n'y a pas eu beaucoup de fubflance de perdue , »Sc qu'il n'y ait pas eu non plus beau- coup de pahnicule adipeux, & de la peau <:onlommée par une trop forte fuppuration , tout fe conlolide de façon , qu'à peine pa- roît-il quelque différence entre l'endroit de la plaie & la peau voifme i & à peine cela peut-il s'appeller cicatrice. Mais lorfqu'il y a une grande partie de chair d'enlevée , ou qu'il y a beaucoup de la inembrane graiïîêufe c^ui ell defTous, decon- iômmée par la (ùppuration , l'endroit de la plaie parottra pour lors plus tirant furie bleu., plus folide , & fouvent plus enfoncé que la p eau voifine ; & c'eft-Ll ce qu'on appelle pro- f rement cicatrice , laquelle ne tranfpire point, & paroît plus lifie que le ref:e de la p?au. Cela fe voit encore mieux lorfqu'il s'eit formé une large cicatrice après l'abceflion d'un grand morceau de chair , comme dans l'extirpation de la mamelle ou d'un grand iléarome ; la lupcriicie de la pièce confoiidée fe montre alors luiiante ,. immobile , iden- ti'iée avec les parties qui font deflous. Signes de la cicatrice naijjànte. Les bords de la plaie ou de l'ulcère qui doit fe confoli- der, ccxnmencent a blanchir & à devenir ■ plus termes; & cette blancheur s'avance in- i^nfibiement de tout le contour de la plaie vers ion centre ; cependant il com:iience à C I c naître ça & là dans la fuperfîcie ouverte de la plaie une pareille blancheur , qui , fi elle s'étend également dans toute la liiperficie & fur le bord des lèvres , forme une bonne ci- catrice ; la plaie pure précédemment humide dans tous les points de la fuperfitle , fe feche dans les endroits où l'on découvre cette blan- cheur , principe de la cicatrice. C'efl pour- quoi les renïedes appelles cicatrifans ou epu- lotiqiies les plus recommandables , font ceux, qui deifechent modérément & qui fortifient.. De-là vient qu'on applique ordinairement avec tant de f iccès les emplâtres faits de, plomb ou des différentes chaux de ce métal ,. les poudres impalpables de colophone , d'o— liban , de farcocoUe , &c. fur une plaie ou; fur un ulcère qui tend à fe cicatrifer. La beauté de la cicatrice que le chirurgien» doit toujours tacher de procurer, dépend' particulièrement des trois- conditions fuivan— tes : i°..fî l'on a foin que les parties fe trou- yevït , étant réunies ,. daris la même fiaiation-, où elles étoient avant la bleifure ; 2.°. fi la- cicatrice ne furmonte pas l'égale fuperfîcie de la peau voifine ; 3°. fi elle ne cave pas. Moyens de procurer une belle cicatrice. On fatisfera à cette première condition , li l'on fait enforte , foit par le moyen d'emplâtres, tenaces,, de futures , ou d'un bandage con- venable, que les lèvres de la plaie foient l'urLe par rapport à l'autre dans la même li- tuation où elles étoient ta état de fanré. On- fatisferaà la féconde , fi par une preflîon mo- dérée on fupplée à celle de la peau qui efl. détruite , de crainte que les vaiffeaux privés, de ce tégument , étant diflendus par leurs: liquides , ne furmontent la fuperfîcie de lai peau ; car lorfqu'on néglige de le faire , ou; qu'on applique lùr la. plaie des remèdes, trop- émolliens , ce bourrelet faillant fait unt cica- trice ditiorme. 3,**. On empêchera que la ci- catrice ne cave ,. en procurant une bonne régénération. Or la cicatrice devient ordi- nairement cave , parce que la preflîon de la peau voifme noufiele pannicule adipeux dans l'endroit de la plaie , & V fait élever ; après- quoi dégénérant en chair fongueufe , i»l efî confumc pas la ilippuration ,. & ne renaît plus enfuite.. On vo4.t par-là que fouvenr on ne peut pas; empêcher qu'il ne refte une cicatrice cvQnfQ': & profonde ^ fi La caufe vulnérante , ou Hi C I c une fuppuration confidérable qui s'en eu en- fuivie , a détruit la graille. Dès qu'un abcès , dit Hippocrate , aph. ^^ , feâ. vij , de quel- que elpece que ce puifle être, dure un an & davanrage , l'os apofthume , & il fe fait des cicatrices fort creufes. Combien font difibr- mes & profondes les cicatrices que laiflènt après eux les ulcères vénériens , lorfqu'ilsont confumé le pannicule adipeux qui éroit au ^eflbus ! On comprend aifément par ce qu'on vient de dire , la rail'on pour laquelle le chirurgien doit éviter les caulïiques, les flyptiques , [ts aftringens , s'il veut procurer une bonne cica- trice ; car tous ces remed-es ou détruilènt les vaifTeaux vivans , ou les refTerrent de façon qu'ils n€ tranfmettent plus de liqueur- Or les •extrémités des vailîêaux , mortes ou obf- truées , fe fépareront nécefîairement par la fuppuration ; ce qui caufera une perte de ûibl- tance , la confomption de la graifTe , & for- mera une cicatrice plus ou moins cave. On voitauflien même temps combien peut contribuer à la beauté de la cicatrice une égale preflk)n qui empêche que les vaifleaux trop diflendus ne s'élèvent. On ne doit pas néanmoins pour cela détruire la chair fon- gueufè chaque fois qu'elle bourfouifle , mais feulement its bords près è^s extrémités de la peau ; on y parviendra par de doux efcaroti- ques , tels que la charpie trempée dans une légère difToIution de vitriol, ou le plus (buvent par l'ufage fculde la charpie {èche & un ban- dage ferme ; ce qui fuffira pour réduire au niveau la cliair fongueufè , fi on l'applique -avant qu'elle ait acquis trop d'accroifïêment. Obfervations de pratique. Dans les gran- des plaies il efl inutile d'appHquer les remèdes corrofifs fur toute leur furface , parce que la ^hair fongueufe ne s'élève qu'à une certaine hauteur , lorfqu'elle eft abandonnée à elle- même , & qu'elle s'y élevé Ibuvent , malgré le fréquent uiàgc des corrofifs qui la détrui- (ènt. Or comme tout l'avantage qu'on peut recueillir de tels remèdes , eft uniquement , pour procurer une belle cicatrice ^ d'applanir les bords de la plaie , on en viendra égale- ment à bout en iè contentant de les tenir aflfujettis ; & on évitera beaucoup de peine que donneroit la répétition continuelle à&s tfcarotiques. Il eft remarquable que la perte d'une par- G I C ^7 tie du cofps ne fauroit être réparée que par les fluides qui font propres à cette partie ; & comme dans un os caflé, le calus eft pro- duit par les extrémités de la fraûure , ainfi dans une plaie la cicatrice vient du bord de la circonférence de la peau. C'cft pour cette raiibn qu'il eft néceflaire de maintenir la fur- face de la plaie unie par des bandages cora- preflils , afin que l'élévation des chairs ne réfifte pas aux fibres des vaifleaux de la peau qui tendent k recouvrir la plaie. Quand je dis que la perte d'une partie du corps doit néccl^ lairement être réparée par les mêmes fluides qui compofeient auparavant cette part'e , j'entends cela dans la fuppoiition que la nouvelle formation foit de même (ubftance que la partie bleflee , comme le c.lus eft par rapport à l'os , & la cicatrice par rapport à la peau : car généralement parlant , un vuide ne fè remplit que d'une efpece de chair , quoi- qu'il y eût dans cet endroit , avant la blel- fure , diftérentes (brtesde fubftances ; favoir de la membrane adipeulè , de la membrane des mufcles , & celle du mufcle même. On voit par les détails précédens combien eft vaine la promefl'e de ceux qui le vantent de pouvoir guérir toutes lortes de pkies fans cicatrice. Les chirurgiens prudens & expéri- mentés n'ofent jamais , après une grande perte de fubftance ou une longue fuppura- tion , afTurer que la cicatrice ne fera pas dif- forme , & ils doivent toujours en avertir le blefle , dans la crainte que l'on n'attribue à la négligence du chirurgien la diffbrmité de la cicatrice. N'oublions pas de remarquer qu'il eft à propos de fomenter fou vent la cicatrice avec l'efprit de romarin , de matricaire , ou autres fèmblables ; car tous ces efprits ont la propriété d'aftermir les parties animales. Cet endroit refte long-temps plus débile , cou- vert feulement d'une pellicule mince , & plus aifé par conféquent à être oliénfé que les parties voilines. De-là vient qu'il eft quel- quefois néceffaire d'appliquer long-temps en- core fur cet endroit , quoique déjà confo- lidé , un emplâtre doux préparé avec le plomb ou une peau mollette , de peur que le frottement des habits , l'air , ou quelque accident ne renouvelle la plaie. On trouve à ce fujet une obfervation eu» rieufe dans les mémoires d'Edimbourg ^ I 2 6S ^^-'-^'^ C I c tom. II y fur une portion du cerveau poufle^ par les efforts d'une toux violente , hors du crime , à travers la cicatrice d'une piaie à la tête oime fille âgée d'environ treize ans. Le chirurgien , après avoir guéri la plaie , avoit eu foin de recommander à la malade de por- ter toujours fur la cicatrice une comprefle de linge , & fur la compreife une plaque de plomb percée aux quatre extrémités d'autant de trous , où feroient pafîés des rubans de fil , deux defquels fe iicroient fous la mâchoire inférieure , & les deux autres derrière la tête. La malade fjivit l'ordonnance pendant deux mois ; mais enfiiite elle cefla de fe fervir de cette plaque , & continua àfe bien porter pen- dant fept autres mois , après lequel temps elle fut attaquée d'une toux convuliive avec tant de violence dans le cours d'une nuit , que la cicatrice de fa plaie fe déchira , & que le cer- veau fut forjeté hors des tégumens ; ce qui lui eau fa la mort au bout de cinq jours. La cicatrice refie toujours. Concluons qu'il €ft nécefl'aire de confoiider la cicatrice ; mais quand une fois la cicatrice eft bien certaine- ment confolidée , ne pourroit-on pas alors , par le fecours de fart , la corriger , l'effa- cer , la détruire , & rendre cette marque blanche qui refle dans l'endroit de la plaie guérie , entièrement pareille à la peau voi- iine ? Ce font les dames qui font cette quef- tion : je leur réponds que cette marque blan- che efi ineffaçable , & qu'elle reflèmble aux effets de la calomnie , dont après que les plaies qu'elle a faites font refermées , les cicatrices demeurent toujours. Cet article efi de M. le Chevalier DE JaucoURT. CICERO , f. m. ( Fond, en caraco, ) hui- tième àes corps fur lefquels on fond les ca- raderes d'imprimerie : l'a proportion eff de deux lignes mefure de l'échelle. Son corps double eff la palefline , & il efl: le double de la nompareille : c'efl-à-dire qu'il eft une fois j^lus grand que ce caradere , & une fois plus petit que la palefline. Le cicéro eft le caraétere le plus en ufàge a-l'imprimerie. Voye\ l'exemple du cicéro à Part. Caractères d'Imprimerie , où nous fommes entrés dans le détail fur la grandeur des différens caraôeres. CICÉRONE , f m. ( Hifi. mod. ) c'eft ainft qu'on appelle en Italie ceux qui con- jioiirent les chofes dignes de la curiofité des C I D étrangers qui peuvent être dans une ville , & qui les conduii'ent dans les lieux où elles lont. CiCLUT , ( Ge'og. mod. ) fort de la Dal- marie. Lon?,. 55 , A^ ,- lat. 4.^ , 2.5. CICUTAIRE, 1. f. ( Hijl nat. bot. ) cicutaria 5 genre de plante à fleurs en roie , difpofécs en ombelles. Les pétales font lou- tenues par le calice , qui devient dans la fuite un fruit , compolé de deux femences renflées , longues , voûtées , faites ù-peu-près en forme de croifîànt , & cannelées proton- dément. Ajoutez aux caraderes de ce genre , que les feuilles font femblables en quelque manière à celles de la ciguë". Tournefort , infl.reilierh. Fbyf;(PLANTE. (/) CIDAMBARAM , ( Géog. ) ville d'Afie dans les Indes , au royaume de Gingi , liir la côte de Coromandel. * CÎDARIS ou CITT ARIS , f m. ( Hijh anc. ) bonnet pointu qu'on portoit autrefois en Perfe & en d'autres contrées de l'Orient. Les rois de Perfe le couvroient d'un ruban bleu & blanc , marque de la dignité royale ; la pointe en étoit ou droite ou courbéç en devant. Chez les Hébreux les prêtres por- toient aufll de ces bonnets ; mais celui du grand-prêtre étoit plus haut que les autres, & il avoit une lame d'or appellée lamina co~ ronœ fancfitatis , qui alloit d'une oreille à l'autre en paflânt fur le front : cette lame étoit attachée au bonnet avec des fils de cou- leur hiacinthe , & on y hfoit , kedefck Jeho- vce y fanctitas Jehovœ. Voyez hed. lex. \ CiDA YE , ( Géog. ) ville d'Afie dans l'île de Java , au royaume de Surubaya. * CIDRE , f. m. ( Econom, rufi. j ho'iC- fon que l'on tire de la pomme. Elle eft trçs- ancienne ; les Hébreux rappelloientyrc/iar, que S. Jérôme traduit parTzcera ^ d'où nous avons fait cidre. Les nations poftérieures l'ont connu ; les Grecs & les Romains ont fait du vin de pomme. Parmi nous il eft très-commun , fur-tout dans les provinces où l'on manque de celui de raiim." Li Normandie eft pour le cidre y ce que font la Bourgogne & la Champagne pour le vin ; & de même que le vin n'eft pas égale- ment bon dans tous les cantons de ces pro- vinces , tous les cantons de la Normandie ne donnent pas du cidre de la même qualité. Il s'en fait en abondance , & d'excellent , fur- tout dans le pays d'Auge & le Beflin , ou C I D les environs d'Ifigny. Le fruit À couteau n'y vaut rien. Le cidre fe tire de pommes rulli- ques de plufieurs efpeces , dont il faut bien connoitreies fucs , afin de les combiner con- venablement , & de corriger les uns par les autres. On élevé àcs pépinières de pommiers de cette espèce de pommes , on les greiFe en fente , on les plante en quinconce , ou on en drelîe des allées. Il y a peut-être plus de trente fortes de pommes à cidre , qu'on cueille en difrérens temps à mefurc qu'elles paroiflent mûres; & elles mûrif- fent plus "ou moins promptement , félon que les années font plus ou moins avancées. On les diftribue en trois dafles dilférentes ; dont on fait la récolte fuccefïîvement. On "donne le nom de pommes tendres aux deux ' premières clalîes , & celui de pommes dures à la troifieme. En effet les pommes de la troifieme clafTe font dures , & mûrifîent tard & difficilement. Une règle générale pour la récolte , c'eft de choilîr un temps {'e;jCoRME. On tire du cidre pommé une ean-de-vie dont on ne fait pas grand cas ; & l'on peut en tirer un aigre , comme on fait un aigre de vin. Le cidre pafle en général pour pedoral , apéritif, humedant & rafraîchiflant. L'ex- cès en eft très-nuifible. On prétend que quand on n'y eîl pas fait de jeunelTe , il donne des coliques , qu'il attaque le genre nerveux , & qu'on ne guérit de ces incommodités qu'en quittant cette boiflon & changeant de climat. CIEL , f. m. ( Phyjiq, ) fe dit vulgaire- ment de cet orbe azuré & diaphane qui envi- ronne la terre que nous habitons , & au de- dans duquel paroillent fe mouvoir tous les corps céleffes. V'oyeT^ TERRE , Ùc. C'efl là l'idée populaire du ciel; car il faut obferver que ce mot a divers autres fens dans le langage des philofophes , des théologiens & des agronomes , félon loi- quels on peut établir plufisurs fortes dç àçux^ C I E 71 comme le ciel empyrée ou le cielfupérieur ^ la région éthérée ou le ciel étoile , & le ciel planétaire. Le ciel des afîronomes , qu'on nomme aufli le ciel étoile ou région éthérée , eil cette région iramenfe que les étoiles , les planè- tes & les comètes occupent. V. ETOILE > Planète, ùc C'eff ce que Moyfè appelle X^z firmament y, lorlqu'il en parle comme étant l'ouvrage du fécond jour de la création , ainfi que quel- ques interprètes renient cet endroit de la Ge- nefe , quoiqu'en cela ils fe foient écartés un peu de fon vrai fens pour favorifer l'ancien- ne opinion fur la folidité des deux. Il efi certain que le mot hébreu lignifie propre- ment étendue , term;^ dont le pror)hete s'efl fèrvi avec beaucoup de jufîefTe pour expri- mer l'impreflion que les deux font fur nos ïer\s,. C'efl ainfi que dans d'autres endroits de l'écriture fainte le ciel eff comparé A ua rideau , à un voile , ou à une tcnre drcfïée pour être habitée. Les feptante furent les premiers qui ajoutèrent à cette idée d'éten- due , celle àe fermeté ou àe folidité , en rendant le mot hébreu par çi'^^aij.et , con- formément à la philofophie de leur temps ; & les tradudeurs modernes les ont fuivis en cela- Les affronomes ont dîflribué le ciel étoile en trois parties principales ; favoir , le zodia- que qui efl la partie du milieu & qui ren- ferme douze conifellations ; la partie fepten- trionale , qui renferme vingt-une conflella- tions; & la partie méridionale qui en ren- ferme vingf-lèpt , dont quinze étoient con- nues des anciens , & douze n'ont été connues que dans ces derniers temps , parce qu'elles ne font point vifibles fur notre hémiîjphere. Foyf:[ Constellation. Les philofophes modernes , comme Def^ cartes , & plufieurs autres , ont déir o itré facilement que ce ciel n'efl point folide. Chambers. II n'ell pas moins facile de réfuter cent vieille opinion des fedateurs d'Ariffote , qui prétendoient que les deux étoient in- corruptibles, & de faire voir qu'elle efl abfolument faufîê & dénuée de raifons. P-ut-être qu'étant trop prévenus en faveur de tous ces corps lumineux qche nous voyons dausJieaW, ils fc font laiffé entraîner à dke 7i C I E qu'il ne pouvoit jamais y arriver de chan- gement ; & comme il ne leur en coûtoir guère plus de multiplier les avantages ou les propriétés des corps célcftes , ils ont enfin pris le parti d'afîlirer que la matière des deux eft tout-à-fait différente de celle dont la ferre ei\ formée ; qu'il flalloit regarder la matière terrcffre , non-feulement comme fujette A fe corrompre , mais encore comme étant propre à prendre toutes fortes de configurations ; au lieu que celle dont les corps céleilcs ont été formés , étoit au con- traire tellement incorruptible, (ju'ils dévoient nous paroître perpétuellement ibus une même formé , avec les mêmes dimenfions , fans qu'il leur arrivât le moindre changement. Mais les obl'ervations nous apprennent que dans le foleil ou les planètes il fe forme continuellement de nouvelles taches ou amas de matières très-confidérables , qui fe dé- truifent ou fe corrompent enfuite ; & qu'il y a des étoiles qui changent , qui dilpa- roiflenr ou qui paroifTent tout-à-coup. En un mot oh a été forcé depuis l'invention des lunettes d'approche , de reconnoître divers changemens dans les corps céleffes. Ainli c'eff une chofe certaine que dans les planè- tes , fur la terre , & pamii les étoiles , il fe fait des changemens continuels : donc la corruption générale de la matière doit s'éten- dre à tous les corps ; car il y a par-tout l'uni- vers un principe de génération & de corrup- tion. Infi. afir. Les cartéfiens veulent que le ciel foit plein ou parfaitement denfe , fans aucun vuide , & qu'il foit compofé d'un grand nombre de tourbillons. Voyei Etiier , CartÉSIA- :NISME , Ùc. Mais d'autres portant leurs recherches plus 'loin , ont renverfé le fyltême non-feu!ement de la folidité , mais auffi de la prétendue plé- nitude des deux. M. Newton a démontré que les deux font à peine capables de la moindre rélifl:ance , & que par conféquent ils font preique dé- pourvus de toute matière ; il l'a prouvé par les phénomènes des corps céleftes , par les moivemens continuels des planètes , dans la vîtefie delquels on ne s'apperçoit d'aucun ralcntifïèment ; & par le pafTage libre des comètes vers toutes les parties At?i deux p quelles que puiiTent être leurs diredions. C lE En un mot les planètes , félon M, New- ton, fe meuvent dans un grand vuide, fi ce n'efl que les rayons de lumière & les exha- iaifbns des difFérens corps célefles mêlent utr peu de matière à àcs elpaces immatériels prefque infinis. En effet on prouve que le milieu où fe meuvent les planètes peut être fi rare , que fi on en excepte la maflè des planètes & des comètes , aufîi bien que leurs atmofpheres , ce qui refle de matière dans tout l'efpace planétaire , c'eff-à-dire , depuis le foleil jufqu'à l'orbite de faturne , doit être fi rare & en fi petite quantité , qu'à peine occuperoit-elle , étant ramaflée, plus d'ef^ pace que celui qui efl contenu dans un pouce d'air pris dans l'état où nous le refpirons. La démonfiration géométrique s'en trouve dans les ouvrages de MM. Newton , Keiil & Grégori : mais celle qu'en a donnée Roger Cotes , dans i^Qs leçons phyjiques , paroît plus fimple , S>i plus à la portée des com- mençans. V. RÉSISTANCE, PlanetE , Comète , Tourbillon , ùc Infl. aftr. de M. le Monnier. LeaV/étant pris dans ce Çqvis général pour fignifîer toute l'étendue qui efl entre la terre que nous habitons & les régions les plus éloi-. gnées des étoiles fixes , peut être divifé en deux parties fort inégales , félon la matière qui les occupe ; favoir , l'atmofphere ou le ciel aérien , qui elt occupé par l'air ; & la région éthérée , qui efl remplie par une ma- tière légère , déliée & incapable de réiif- tance fenfible , que nous nommons e'ther. Voyei Atmosphère , Air , Ether. Chambers. (O) Ciel , dans Vaftronomie ancienne _, fi- gnifie plus particulièrement un orbe ou une région circulaire du ciel e'théré. V. OreE. Les anciens aflronomes admettoient au- tant de deux difFérens qu'ils y remarquoient dt difîerens mouvemens, ils les croyoient tous folides , ne pouvant pas s'imaginer qu'ils puiîènt , fans ztxit folidité , foutenir tous les corps qui y font attachés : de plus ils les fai- foient de cryffnl , afin que la lumière pût pafîèr à travers ; & ils leur donnoient une forme fphérique , comme étant celle qui convenoit le mieux à leur mouvement. Ainfi on avoit fept deux pour les fèpt pknetes ; lavoir , le ciel de la Lune , de Mercure , de Vénus , du Soleil , de Mars , de C ÎE de Jupxîter, de Saturne. Kbj. PLANETE, 6v. Le huirieme , qu'ils nommoient le firma- ment^ étoit pour les étoiles fixes. V. ETOILE ù Firmament. Ptolomée ajouta un neuvième aV/, qu'il appella /)r//72w/;2 mobile , le premier mobile. VoyeT^ Mobile. Après Ptolomée, Alphonfe roi deCaftilie ajouta deux a>z/x cryftallins, pour expliquer quelques irrégularités qu'il avoit trouvées dans le mouvement des deux. On étendit enfin fur le tout un ciel empyrée , dont on a fait le féjour de Dieu , & ainfi on compléta le nombre àQAoMzt deux. Voy. EmpyréE, ùplus bas Ci-EL DES Théologiens. On fuppofoit que les deux deux cryfiallins étoient fans aftres , qu'ils entouroient les deux inférieurs , étoiles & planétaires , & leur comrauniquoient leur mouvement. Le premier ciel crylkllin fervoit à rendre compte du mouvement des étoiles fixes , qui les fait avancer d'un degré vers l'orient en (oixante- dix ans ^ d'où vient lapréceiiion de l'équi- noxe. Le fécond ciel cryllallin lêrvoit à expliquer les mouvemens de libration par iefquels on croyoit que la fphere célefîe fait des balancemens d'un pôle à l'autre. Voye'{ Précession, Libration, ùc. Quelques-uns ont admis beaucoup d'autres ■deux ^ félon leurs différentes vues & hypo- theies'. Eudoxe en a admis vingt-trois ; Ca- îippu^, trente; Régiomontanus , trente- trois ;'Arjffote , quarante-fept , & Fracaflor en comptoit julqu'à foixante-dix. Nous pouvons ajouter que iesaflronomes ne fe mettoient pas fort en peine fi les deux ■qu'ils admettoient ainfî étoient réels ou non ; il leur fufEfoit qu'ils pufîènt fervir à rendre railon des mouvemens célefles , & qu'ils f ufîent d'accord avec les phénomènes, l^oy. Hypothèse, Système, Phénomè- ne , &c. Chambers. ( O ) Parmi plufieurs rêveries des rabbins , on lit dans le talmud qu'il y a un lieu où les deux & la terre fe joignent ; que le rabbin Barchana s'y étant rendu , il poià fon cha- peau fur la fenêtre du ciel , & que l'ayant voulu reprendre un moment après , il ne le retrouva plus , les aVi/xl'avoient emporté; il faut qu'il-attende la révolution des orbes pour le rattraper. ÇiEL , {Théolog.) le ciel des théologiens , Tome Vni. C I E 7^ qu'on nomme auffi fe ciel empyrce ^ cil le féjour de Dieu & des efprits bienheureux , comme des anges & des âmes des juiles trépafîés. Voye^ Dieu , Ange , &c. Dans ce fens ciel eft l'oppofé de V enfer* Fb>r:(ENFEPv. C'elt ce ciel empyrée que l'écriture fainte nomme fouvent le royaume des deux ^ le ciel des deux , & que S. Paul , félon quel- ques-uns , appelle le troijume ciel , quel- quefois le paradis , la nouvelle Jérufalem , &c. Voye-{ EmpirÉE , &c. L'on fe figure ce ciel comme un endroit fitué dans quelque partie bien éloignée de l'efpace infini , où Dieu permet qu'on le voie de plus près , & d'une manière plus immédiate ; où il manifefîe fa gloire plus fenfiblement ; où l'on aune perception de \^Qs attributs plus adéquate qu'on n'en peut avoir dans les autres parties de l'univers, quoiqu'il y foit également préfènt. î^oye:^ Univers , Ubiquité , ùc C'efl auili eii cela que confifle ce que les théologiens appellent vijjon b'éatifique. Voy. Vision. Quelques-auteurs ont nié fort légè- rement^ (on ne fait pas pourquoi ) la réalité d'un iemblabie ciel local. Les auteurs infpirés, & fur-tout le pro- phète Ifaïe , &S. Jeitn l'évangélille , font de fuperbes defcriptions du ciel, de (affrufîure, de fcs ornemens & embeiliffemens , & de la cour qui Thabitc. Le philofophe Platon dans fon dialogue fur rame , parle du ciel dans des termes fi fem- blables à ceux de l'écriture fainte, qu'Eufébe n'héfite pas de le taxer d'avoir emprunté delà ce qu'il en dit , de prœpar. evangel. lib. XI f cap» x: XI' ij. Les anciens Romains , dans leur lyfîême de théologie ^ avoient une forte de <:/>/ qu'ils nommoient c/ia/TT/jj- élifées y elyfum. Voye^ Champs Ei.ysées. Le ciel ou le paradis des mahométans efl: une fidion très-groiliere, conforme au génie de leur religion. Voye^ AlcorAN é? Ma- HOMÉTISME. {G) Ciel, (Décor, théat.) on donne ce aux plafonds de l'opéra , lorique le théâtre repréfente un heu découvert comme on dit le ciel d'un tableau. Lorfque le ciel eu bien peint, qu'on'y obferve avec foin les gmda- tiens nécefTaires , & qu'on a l'attentionjdè K 74 C I E ie bien éclairer , c'eft une des plus agréables parties de la décoration. L'effet feroit de la plus grande beauté , fi on y faifoit fervir la lumière à rendre aux yeux du fpedateur les diverfes teintes du jour naturel. Dans la re- préfentation d'une aurore , d'un jour ordi- naire ) ou d'un couchant , ces teintes font toutes différentes , &pourroient être peintes à l'œil par le feul arrangement des lumières. Les frais ne feroient pas plus coniidérables, peut-être même feroient moindres. Cette beauté ne dépend que du loin & de l'art. Les plafonds changent avec la décoration parle moyen du contrepoids. V. DÉCORA- TION , ChangemENS, PLAFONDS. {B) Ciel de Carrière , eil le premier banc qui fe trouve au deffous des terres en fouillant les carrières , & qui fert de plafond à mefure qu'on les fouille. CIEKANOW , ( Géog. ) petite ville de Pologne en Mafovie , dans le palatinat de Czersko , capitale du Caftellanio de même nom. CIEME , ( Géog. ) ville de la Chine dans la province de Xantung. iaf. 56'. 5.J. CIERGE ÉPINEUX , {Hifl. nat. bot.) plante qui doit être rapportée au genre ap- pelle melocaBus. Voy. MeloCACTUS. (/) Ce cierge s'appelle encore cierge du Pe'rou^ flambeau du Pérou, cereus Peruvianus. James a manqué de goût en omettant dans Ion ouvrage la belle & bonne delcrip- tion que M. de Jufiieu a donnée en 17 16 du cierge du Pérou, [mém. d.e Vacad. des Se. tj z6, in-4.^. pag. 14^? avecfig.) ; je me garderai bien de la fupprimer dans un didion- naire où la botanique exotique , qui efî: la moins connue , doit tenir fa place. Defcription du cierge épinzux du jardin du Toi. Deux fortes de gens , remarque d'abord M. de Juilieu, nous ont parlé du cierge épi- neux ,\es uns en voyageurs , les autres en botanifles : ceux-là frappés du peu de reflèm- blance qu'ils ont vu de cette plante à toutes celles de l'Europe ,fe font plus attachés dans l:urs relations à étonner leurs lefteurs par le inerveilleux du récit qu'ils en ont fait , que par le vrai qu'ils n'étoient pas en état de rap- porter , faute d'avoir quelque teinture de botanique : ceux-ci ne nous en ont décrit que des elpeces différentes de celles dont il s'agit ici ; ou H l'on prétend que ce foit la C i E même qu'ils aient décrite , on ne pourra re- garder leurs defcriptions que comme impar- taites. La plus exade doit donc être celle gui fera d'après la nature même , & fur les obfer- vations qu'aura permis de faire la commo- dité du lieu où on a pu la voir en toute forte état. Cette plante , qui fut envoyée de Leyde au commencement du llecle par M. Hotton, profelfeur en botanique au jardin de cette ville-là , à M. Fagon , premier médecin de Louis XIV & lùrintendant du jardin du roi , y fut plantée , n'ayant alors que trois à quatre pouces i'ur deux & demi de dia- mètre. Depuis ce temps-là , on a obfervé que d'une année à l'autre , elle prenoitun pié & demi environ d'accroilîément;, & que la crue de chaque année fe diflingue par autant d'é- tranglemens de fa tige ; en forte qu'elle étoit déjà parvenue dans l'année 17 16 à 2,3 pies de hauteur fur fept pouces de diamètre, mefurée vers le bas de fa tige. - La figure droite & longue de la tige de cette plante par laquelle elle reffemble à un cierge , lui en a fait donner le nom ; on pour- ront même dire qu'elle auroit encore plus de rapport à une torche par les côtes arrondies, dont elle eff relevée dans toute l'étendue de (a. longueur. Ces côtes , qui font au nombre de huit, & faillent d'environ un pouce , forment des cannelures d'un pouce & demi d'ouverture , lefquelles vont en diminuant, & augmentent en nombre à proportion qu'elles approchent du fbmmet de la plante terminée en cône. Des toupets , compofés chacun de fept, huit , ou neuf épines écartées les unes des autres en manière de rofetre ,, couleur châ- tain , fines , fort affilées , roides, & dont les plus longues font de près de neuf lignes , fortent d'efpace en efpace à un demi-pouc« d'intervalle y de petites pelottes coronneufes, grisâtres , de la grandeur & figure d'une len- tille ordinaire , & placées fur toute la lon- gueur de ces côtes. Son écorce eft d'un verd gai ou verd de mer , tendre , lifîe, & couvre «ne fubffance * charnue , blanchâtre , pleine d'un fuc glai- reux , qui n'a qu'un goût d'herbe , & a» milieu de laqueiie lé trouve un corps ligneux C I E de quelques lignes d'épailTeuf , auflî dur que le cnêne , & qui renterme une moelle blan- châtre pleine de fuc. Onze ans après que ce cierge fut plante , & étant devenu haut de dix-neuf pies, envi- ron , deux branches forcirent de fa tige à trois pies & quelques pouces de (a naiffance. A la douzième année , il poulîa des fleurs qui fortirent des bords fupérieurs des pelo- tons épineux répandus fur ces côtes. Depuis ce temps jufqu'en l'année 1716, \q cierge a tous les ans jeté de nouvelles branches qui font en fout femblables à la tige , & a donné des fleurs qui naiiïent ordinairement en été de diftérens endroits Ats côtes de cette tige, quelquefois jufqu'au nombre de quinze ou feize. Il elt actuellement très-haut. La fleur commence par un petit bouton verdàtre , teint à la pointe d'un peu de pour- pre ; il s'allonge jufqu'à un demi-pié , & groilit un peu plus que du double à fon extrémité , laquelle s'cpanouiflant , forme une efpece de coupe de près d'un demi-pié de diamètre. Elle efl compofée d'une trentaine de péta- les longues de deux pouces fur un & demi de largeur , tendres , charnues , comme cou- vertes de petites gouttes de rofée blanchâtre à leur naiflànce , lavées de pourpre clair à leur extrémité , qui efl pointue & légèrement dentelée. Une infinité d'étamines longues d'un pouce & demi , blanchâtres , chargées d'un fommct jaune de foufre , partent* par étage des parois intérieures d'un calice de couleur verd gai , épais de .deux lignes , d'une lubflaiice charnue , verdàtre , viîqueu- fe ,& d'un goût d'herbe , cannelé (iir fa f.ir- face extérieure & compofée de plufieurs écail- Ie*s longues, épailîes , étroites , vertes, teintes de pourpre à leur extrémité , & appliquées les unes fur les autres fucceflivemcnt ; en lorte que les intérieures qui font jointes à la naiflànce du calice , fouticnnent les fupé- rieures,lefquellesfe divifent , s'allongent, & s'élargifl'ent à proportion qu'elles approchent Àqs pétales de la fleur , dont elles ne £e dil- tinguentque parce qu'elles font les plus extç- rieures, plus charnues , d'un verd jaunâtre vers le milieu , & plus arrondies vers leur extrémité j quieft lavée d'un rouge-brun. Cette fleur qui a peu d'odeur , cil portée CIE 7, fur un jeune fruit coloré d*un même verd que l'eil le calice à fa naifl*ance , auquel il lert de bafe , & lui efl fi intimement joint , qu'ils ne font cnfemble qu'un même continu- La furfacede ce fruit gros alors comnie une petite noix , efl cannelée , hflé , & fans épines. Son intérieur renferme une chair blanchâtre , dans le milieu de laquelle efî une caviré qui contient plufieurs ièmences. \Jn piflil long de trois pouces & quel- ques lignes fur un & demi de diamètre , blanchâtre , divifé à là partie fupérieure en manière de pavillon , découpé en dix laniè- res étroites, longues de fi>x lignes, prend fa naiflànce au centre de ce fruit , que nous n'avons pas vu mûrir ici , & s'élève de fa partie fupérieure , enfile le calice de la fleur, & en occupe le centre ; là , il efl environné de toutes les étamines , qui s'inclinent un peu de fon côté fans le furpafler &: fans en être touchées. Obfervations fur cette plante, Les obfer- vationsauxqueHcs la defcription de ce cierge peuvent donner lieu , lônt: i"^. Que cette efpece âe cierge n*a durap* port qu'à celle dont Tabernomonranus don- ne une figure , qui a été copiée par Lobel , Delechamp , & Swertius. C. Bauhin l'a nommée , cereiis Perui'ianus -tfpinofus^fru- clu ruhroy iiucis magnitudine. Lin. 4.58. 2-". Que cette efpece efl différente de cel- les rapportées par M. Herman & par le P. Plumier, parce que celle-ci jette àcs bran- ches , & que le pifîil de fà fleur efl de ni- veau aux étanimes ; au lieu que celles-là n'ontqu'une feule tige fans branches, & que celle dont parle le P. Plumier , poulîe du milieu de fa fleur un piflil qui la furpafl^ de beaucoup. 3°. Que quoique l'examen de la fleur & du truit des plantes ait été jugé propre pour en établir le caractère , on peut néanmoins le faire fans ce fecours y & par la feule inf^ pedion de la figure extérieure d'une plante qui a quelque choie de particulier ; ce qui iè vériiie à l'égard de celle-ci , qui efl afîez rcconnoilTable par la longueur de fès tiges & par leurs cannelures, dont les côtes font hériflées de paquets d'épines placées d'ef- pace en ef]iace ; en forte que comme il ne porte des fleurs que fort tard , & que cette fleur pafTe très-vite , & n'efl: bien en état .q«c K2 -j^ CIE la nuit & vers le matin , elle devient'à ''égard du botanirte comme inutile pour juger du genre dans lequel la plante qui la porte doit ctre placée. 4°. Que le cierge par la flrudure de {es fleurs , par celle de fon fruit & par fes pa- quets d'épines , a beaucoup de rapport à la requette , ou opuntia , & n'en diffère que p;irce que les tiges de celle-ci ne font point cannelées ; & que ce qui eil: merveilleux dans la végétation de l'une &" de l'autre de ces plantes , efl qu'elles puiffent pouffer un jet fi haut , Il charnu , &: durer auffi long- temps avec des racines fi courtes & avec auiil peu de terre. Ce que l'on a obfervé d'irapartant pour la culture de ce cïer^^e par rapport au lieu où l'on doit le placer , c'ell qu'il faut qu'il ait une cxpofition favorable qui le mette à l'abri du nord , & où il puiffe recevoir route la cha- leur du foleil , de laquelle il ne peut jamais être endommagé. Que \ts pluies , la trop grande fécherefTè , & la gelée , font fes ennemis mortels ; que pour l'en garantir , on doit le tenir fermé dans un vitrage couvert pardeflus , & qui puiffe être élevé à mefureque ce cierge croît. Par rapport aux (oms que l'on doit avoir de cette plante , fexpérience a appris qu'il cilnéceffaire d'entourer de fumier fec l'ex- térieur de la boîte vitx^ée quiTenferme , & en même temps d'avoir la précaution de mettre intérieurement tous \qs foirs , une poêle de feu pendant les froids les plus rigoureux Enfin on a trouvé que pour multiplier le Cierge , il faut en couper pendant les plus grandes chaleurs les jeunes branches , & les laiffer fanner deux à trois jours , en les ex- pofant à l'ardeur du foleil auparavant que •de les mettre en terre. Après avoir tranfcrit la defcription du beau cierge épineux qui eft dans le jardin du roi , la botanique exige de caractérifer cette plante , quelque connoiffible qu'elle foit par ion port , & d'en indiquer les efpeces /ou- tre que j'ai quelques remarques particulières à y joindre. Les caractères du cierge épineux. Sa. racine eft vivace , petite en cajnparaifon de la plan- te , & très-iibreufe. ^.a plante n'a point de feuilles ; elle eft garnie de piquans , & eft ajû^uieuiè. Les angics des ajj.es toAt attachés à CIE des épines, qui partant du centre des rayons , forment comme une efpece d'étoile. La par- tie interne de la tige eft ligneufe : celle de dehors eft blanche , fongueufe , & couverte d'une membrane femblable à du cuir. Le calice eft long , écailleux , &: fa partie fu- périeure eft garnie de longs rayons qui en- tourent le fommet de l'ovaire. La fleur qui fort de l'extrémité du fruit , eft corapolée d'un grand nombre de pétales qui s'élargif- fent à mefure qu'ils s'éloignent de leur ba— fe ; elle eft ornée de plufieurs étamines, & d'un trts-beau piftil. L'ovaire qui eft à l'ex- trémité du pédicule , forme le corps du ca- lice: il eft muni d'un tube , & fe change en un fruit femblable à celui du poirier fau— vage , charnu , couvert d'une membrane ve- lue & vifqueufe , lequel contient un nom- bre infini de lemences. Ses efpeces. Boerhaave en compte treize diftérentes efpeces. 1 ^ . Ce re us e reclus , a ItiJJim us , Syrinamen." fis, Fark. Bat. ii6 , fpinis fufcis. H. R. D. 2^. Cereus ereclus yaltijfimus^ Syrinamen-- fis, Park. Bat. ii6 , fpinis albis. H. R. D- 3^, Cereus maocimus , fructu fpinefo y ruhro y Dadu5. Far. Bat. 113. 4^. Cereui ereclus ^fruâu rubro , fpinofo^ Par. Bat. 114. 5^. Cereus ereBus^fruclu ruhro , nonfpï— nofo , lanuginofus , lanugine flivefcente^ Par. Bat. 115. 6, Cereus eveclus , craffffimus , maxime angutofus y fpinis albis , pluribus , longiffi- mis y lanugine fiavâ.VL. R. D. 7^. Cereus. erecius y gracilis y fpinofifji— mus y fpinis fiai'is y polygonus y lanugine albâpallefcente. 8^. Cereus erecius y gracilior , fpinofijji— mus y fpinis albis y polygonus. H. R. D>. 9^. Cereus erecius y quadrangulus , cofîis alaruminfiar affurgentibus. Ind. 181. 10^. Cereus fcandens y minor , trigonusy. articulatusjfruchifuapififlmoVax. Bat. 118. n^. Cereus fcandens y minor y polygonus y articuh:us.Târ. Bat. 120. 12^. Cereus mimmus y articulatusy poly^ gonusy fpinofus, H. R. D. 13^. Cereus erecius y polygonus y fpino-^ fus y per inter-yolla comprejfus qua/i in .irtiahs. H. R. D. Boerhaave ^ index alter piajuarum ^Yo\,l* C I E Remarques fur ces efpeces & leur culture. 1 Voilà le catalogue des diverfes efpeces de cierges du Pérou. Le meilleur moyen de les conferver, eftdelesencaiiferdans des boîtes vitrées ,- & de les tenir toujours à l'abri de l'humidité dans une ferre ouverte en été , & fermée en hiver. Il y a bien peu de ces efpeces qui produifent des fleurs dans nos climats. L'on ne compte guère que celles du jardin royal à Paris, & des jardins de bo- tanique de Leyde & d'Amllerdam , qui aient eu ce bonheur. Les deux premières efpeces font les plus communes en Europe ,•& Ton peut même les conferver pendant les chaleurs de l'été dans les jardins , pourvu qu'on ait foin de les garantir des vents du nord , du froid , de la pluie , & de l'humidité , qui font les plus grands ennemis des plantes de l'Amé- rique. Les trois , quatre , cinq , fix , fept , huit , & neuvième efpeces, (ont plus tendres , & requièrent plus de chaleur. On les doit te- nir avec foin dans des boîtes vitrées , & les placer dans un lieu choifi de la ferre , à une chaleur réglée par le thermomètre ; elles demandent très-peu d'arrofement pendant l'hiver. La dixième efpeceeft cultivée par les ha- l)itans des Barbades , attenant leurs maifons, par amour pour fon fruit qui efl de la grof- feur d'une poire de bergamote , & d'une odeur délicieufe. Ces dixième & onzième efpeces exigent encore plus de chaleur pour leur conferva- tion , que les précédentes. Si on les place contre les murs d'une ferre, elles y poude- ront des racines , & s'élèveront à une grande hauteur : pourvu qu'on \qs attache à la mu- raille , on les portera jufqu'au haut de la ferre, où elles feront un trè.s-bel effet à la vue. La onzième efpece parvenue à un cer- tain âge , produira de larges & belles fleurs d'une odeur admirable; mais ces fleur fem- blables à celles des autres efpeces , demeu- rent à peine un jour évanouies; &: ii elles font une fois fermées , elles ne s'épanouiront pas de nouveau. On multiplie cette plante par boutures : pour cet eftèt il faut couper de ^es tiges à la hauteur qu'on voudra , les mettre dans ua lieu fec ; les y laUfer quinze jours gu . . c 1 E 77 trois fcmaines pour confolidei- leur bleflure. Ces boutures doivent être plantées dans de petits pots remphs d'une terre légère & fa- blonneufe, avec un mélange de décombres de batimens. On arrangera au fond des pots quelques petites pierres, poreuiés, pour boire l'humidité : enfuite on placera c.&<. pots dans un lit chaud de tan ou de fumier y pour aider au développement des racines , & on les arrofera légèrement une feule fois par femaine. La meilleure faifon pour ce travail efl: au mois de juin ou de juillet , afin de leur don- ner le temps de prendre la racine avant l'hi- ver. A la mi-août on comoiencera par leur procurer de l'air par degrés, pour les endur- cir contre le froid prochain ; mais il ne faut pas les expofer entièrement à l'air ouvert ou au (oleil. Au mois de fepterabre , il faut les reporter dans lalérre pour y paiîèr l'hiver , pendant laquelle faifon on ne les arrofera que très-rarement. Quand vous avez coupé les fbmmités de quelques-unes de ces plantes pour les mul- tiplier , leur tige pouffera de nouveaux re- jetons de leurs angles qui , quand ils au- ront huit ou neuf pouces de long , pourront fervir à former de nouvelles plantes , & de cette manière les vieilles plantes fourniront toujours de nouveaux jets. Comme les cierges du Pérou font pleins de fuc , ils peuvent fe conferver hors de terre. Ceux donc qui voudront en appor- ter des Lides occidentales , n'ont autre chofè à faire que de les couper , de les laiiîêr fé- cher quelques jours , les renfermer enfuite dans une boîte avec du foin lèc ou de la paille , \ts empêcher de fe toucher de peur qu'ils ne s'entre-déchirent par leurs épines, & les préferver de l'humidité : de cette ma- nière ils loutiendront deux ou trois mois de voyage, (j^. M. Aà^nÇon ^famille des plan- tes vol. lljpag. Zj^z. Cet habile naturaliffea placé le cierge dans la i^. fedion de la famille des pourpiers. V. PÉROU.*) Anicle commu- niqué par M. le chevalier 'D'E JaUCOURT. Cierge , f. m. chandelle de cire que l'on place fur un chandelier , & que l'on brûle (îir les autels aux enrerremens & autres cé- rémonies reiigieufes. Vcye\ Chandelle. On fait àts cierges de différentes gran- deurs ^ . figures. En Italie , ils font c> lin,- 7§ CIE clriques;dans la plupart des auffes paj's > en France , en Angleterre , &c. ils font coni- ques : l'une & l'autre efpece font creux à la partie inférieure ; c'eft-là qu'eft reçue la pointe du chandelier. Foy. CHANDELIER. L'ufagedes cierges dansles cérémonies de religion efl fort ancien. Nous favons que les païens le fervoient de flambeaux dans leurs lacrifices , fur-tout dans la célébration des myfleres de Cérès , & ils mettoient des cierges devant les flatues de leurs dieux. Quelques-uns croient que c'efl: à l'imita- tion de cette cérémonie païenne ;, que les cierges ont été introduits dans l'églife chré- tienne ; d'autres lou tiennent que les chré- tiens ont (uivi en cela l'ufage des juifs. Mais pour en trouver l'origine, ileft inutile d'avoir recours aux fentimens des uns & des autres. Il n'efl" pas douteux que les premiers chré- tiens ne pouvant s'aflembler que dans des lieux fouterrains y ne fuiTent obligés de le fervir de cierges & de flambeaux : ils en eu- rent même befoin depuis qu'on leur eut per- mis de bâtir des églifes ; car elles étoient conflruites de façon qu'elles ne recevoient que très-peu de jour , afin d'inlpirer plus de refpeâ: par l'obfcurité. C'efl-là l'origine la plus naturelle qu'on puiile donnera l'ufage des cierges dans les églifes. Mais il y a déjà long - temps que cet ufage introduit par la néceffité , eft de- venu une pure cérémonie. S. Paulin qui vi- voit au commencement du cinquième fiecle, obferve que les chrétiens de fon temps ai- moient li fort les cierges , qu'ils en repréfen- toient en peinture dans leurs églifes. Ceux qui ont écrit des cérémonies de l'é- glife , ont remarqué que l'ulàge d'allumer des cierges même en plein jour , a une fîgni- lication myflique ,qui ell d'exprimer la joie, là charité, & la lumière même de la vérité , découverte aux hommes par la prédication de l'évangile. C'eft le fentiment de S. Jé- rôme contre l'hérétique Vigilance. JPer to- tas Orientis ecclejias , dit ce père y accen- duntur lum inaria ,fole jam rutilante , non iitique adfiigandas tenebras , fcdadjignum Icetitiœ demonflrandum. . . Ut fub typo lu- minis corporalis illa lux oftendatur de quâ in pfaherio legimus : lucerna pedibus meis verbumtuum j Ù lumen femitis meis. S. Jérôme , tom. IV. part. I) pag. 2.^4. CIE II y a deux manieras de faire des cierges; l'une à cuiller , & l'autre à la main. Voici la première. Les brins des mèches que l'on fait ordinairement moitié coton & moitié filalfe , ayant été bien commis & coupés de la longueur dont on veut faire les cierges , on en prend une douzaine à dillan- ces égales , autour d'un cerceau de ïer, per- pendiculairement au delfus d'un grand bal^ lin de cuivre plein de cire fondue : alors on prend une cuiller de fer qu'on emplit de cette cire ; on la verfe doucement fur les mèches , un peu au delîbus de leur extré- mité fupérieure , &*on les arrofe ainli l'unô après l'autre : de forte que la cire coulant du haut en-bas (lir les mèches , elles en devien- nent entièrement couvertes , & le furplus de la cire retombe dans le ballm , au delTous duquel efl un brafier pour tenir la cire en fufion, ou pour empêcher qu'elle ne fe fige. On continue ainfi d'arrofer les mèches dix ou douze lois de fuite , jufqu'à ce que les cierges aient pris i'épailTeur qu'on veut leur donner. Le premier arrofement ne fait que tremper la mèche; le fécond commence . à la couvrir, & les autres lui donnent la for- me & l'épaiflèur. Pour cet effet , on a foin que chaque arrofement qui fuit le quatriè- me , fe falîe de plus bas en plus bas , afin que le cierge prenne une figure conique. Les cierges étant ainfi formés , on les pofe pen- dant qu'ils font encore chauds , dans un lit de plume pour les tenir mous : on les en tire l'un après l'autre, pour les rouler fur une table longue & un'C avec un inlîrument oblong dé buis , dont le bout inférieur eît poli , & dont l'autre cil garni d'une anfe. Après que l'on a ainfi roulé & poli les cier- ges y on en coupe un morceau du côté du bout épais , dans lequel on perce un trou conique avec un inlîrument de buis , afin que les cierges puiiîent entrer dans la pointe des chandeliers. Pendant que la broche de buis efl en- core dans le trou , on a coutume d'emprein- dre fur le côté extérieur le nom de l'ouvrier & le poids du cierge , par le moyen d'une règle de buis fur laquelle on a gravé les caraéteres qui expriment ces deux choies.^ Enfin on pend les cierges à des cerceaux , pour les fécher, durcir , & expofèr en vente. Manière défaire des cierges à la main. Les C I E mèches étant difpofées comme ci-defTus , on commence par amollir la cire dans de l'eau chaude & dans un vaifTeau de cuivre étroit & profond : enfuite on prend une poignée de cette cire , & on l'applique par degrés à la mèche qui eft attachée à un crochet dans le mur par le bout oppofé au collet , de forte que l'on commence à former le cierge par fon gros bout ; on continue cette opération en le faifant toujours moins fort à mefure que Ton avance vers le collet. Le reile fe fait de la manière ci - defîlis expliquée , fi ce n'eft qu'au lieu de les met- tre dans un lit de plumes , on les roule fur la table aufli-tot qu'ils font formés. Il y a deux chofes à obferver par , rapport aux deux elpeces de cierges ,• la première , eft que pendant toute l'opération des cierges faits à la cuiller , on fe (ert d'eau pour mouil- ler la table , & d'autres inrtrumens , pour empêcher que la cire ne s'y attache : & la féconde , que dans l'opératioH des cierges faits à la main , on fe fert d'huile d'olive , pour prévenir le même inconvénient. Cierge PASCHAL, dans VégUfe romai- ne , efliungros cierge auquel un diacre appli- que cinq grains d'encens , dans autant de trous que l'on y fait en forme de croix ; il allume ce cierge avec du feu nouveau , pen- dant les cérémonies du famedi-iaint. Le pontifical dit que le pape Zofime a inftitué cette cérémonie, mais Baronius pré- tend que cet ufage eft plus ancien , & pour le prouver , il cite une hymne de Prudence. Il croit que ce pape en a établi feulement l'ufàge dans les églifes paroiflîales , & qu'au- paravant l'on ne s'en fervoit que dans les grandes églifês. Le père Papebroch parle plus difhnde- mentde l'origine du aVrg-fpacAa/, dans fon conatus chronico-hijîoriciis. Quoique le con- cile de Nicée eût réglé le jour auquel il fid- loit célébrer la fête de pâque , il iemble qu'il chargea le patriarche d'Alexandrie d'en faire un canon annuel & de l'envoyer au pape. Comme toutes les fêtes mobiles fè rè- glent par celle de pâque , on en faifoit tous les ans un catalogue que l'on écrivoit fur un cierge , & on béniflc^it ce cierge dans l'églife avec beaucoup de cérémonie. Ce cierge , félon l'abbé Châtelain , n'étoit pas de cire , ni fait pour brûler , il n'avoit C I G 79 point de mèche , & ce n'étoit qu'une efpece de colonne de cire , faite pour écrire deiïùs la lifte des fêtes mobiles , cette lifte ne de- vant fubfifter que l'efpace d'un an : carlorf- qu'on écrivoit quelque chofe dont on vou- loit perpétuer la mémoire, les anciens avoient coutume de le faire graver fur du marbre ou fur de l'acier : quand c'étoit pour long- ^temps , on l'écrivoit fur du papier d'Egypte; & quand ce n'étoit que pour peu de temps, on le contentoit de le tracer fur de la cire. Par fuccefllon de temps on commença à écrire la lifte des fêtes mobiles fur du papier; mais on l'attachoit toujours au cierge paf chai ^ & cette coutume s'obferve encore de nos jours dans l'églife de Notre-Dame de Rouen, & dan^ toutes les églifes de l'ordre de Cli.ni. Telle eft l'origine de la bénédidion du cierge pafchal. Voye\fur ï article ClERGE les Dicl. de Trei^ouXy ducommer. & Chambers^ ^ Cierge , ( Hydraulique.) Ce font àc^ je"ts élevés & perpendiculaires , fournis fur la même hgne par le même tuyau , qui étant bien proportionné à leur quantité , à leur louche & à leur fortie , leur conferve toute leur hauteur. On a un bel exemple des cier- ges ou grilles d'eau au haut de l'orangerie de Saint-Cloud. On prétend que les cierges d'eau font plus éloignés les uns des autres que les grilles. {K) CIFUENTES, ( Géog. ) village d'Efpa- gne dans la Caftille vieille , d'ans un comté de même nom. CIGALE, f. f cicaday {Hifl. nat, infect.) efpece de mouche très-connue par le bruit qu'elle fait dans la campagne , & que l'on prend communément y mais mal-à-propos , pour une forte de chant. La tête de cet in- fede eft large & courte ; a deux yeux à réfeaux , qui font placés l'un à droite & l'autre à gauche , près du boutpoftéricurde la tête , & qui ont un grand nombre de fa- cettes ; entre ces deux yeux il s'en trouve trois autres qui ibnt liffes & rangés en trian- gle. Les cigales ont un corcelet compofé de deux pièces, ou plutôt deux corcelets pres- que au.fti larges que la tête ; ils font pour ainfi dire fculptés , principalement l'anté- rieur , fur lequel on voit , entr'autres figu- res , une forte de triangle. Les ailes font au nonobre de quatre , poi'ées en talus comme ks deux pans d'un loit , traniparentes , & 8o C l G attachées au fécond corcelet ; les deux du defTus font placées tort près du premier ; leur étendue eft plus grande que celle des deux autres ailes ; elles ont de fortes nervures qui iburiennent un tifîù mince. Le corps eil com- poie de huit anneaux écailleux , y compris la partie oblongue & conique qui le termine y & qui efl d'une feule pièce dans les femelles; Je premier anneau elî le plus large , chacun des autres diminue de largeur julqu'au fep- tieme , qui elt au moins auffi large que le (ècond. Les cinq premiers ont chacun à-pcu- près le même diamètre ; le refle du corps forme une pointe qui eH plus allongée dans la femelle que dans le mâle. On dillingue des cigales de trois gran- deurs différentes ; les grandes , les moyen- nes & les petitc^s. Celles de la grande efpece, étant vues par-defllis , font les plus brunes; elles ont le corps d'un brun luifant prefque noir ; la couleur des corcelcts , fur-tout du premier , efl mêlée d'une teinte de jaune. Les cigales de l'efpece moyenne ont plus de jaune ; celles de la petite efpece , que l'on nomme cigalons aux environs d'Avignon , ont moins de jaune que celles de l'efpece moyenne , & on voit fiir quelques-unes une teinte rougeâtre. Toutes les petites cigales ont les ailes jaunâtres , tandis que celles des autres font d'une couleur argentée. Les gran- des cigales ont le ventre d'une couleur jau- nâtre , fale & pâle , excepté deux bandes brunes qui font près des bords ; ces bandes font formées par les extrémités âts arcs écail- leux qui recouvrent le delTus du corps , & qui fe replient -de chaque côté fous le ven- tre , où ils aboutiflent chacun à une lame écailleufe au moj^en de laquelle chaque an- neau eu complet. En écartant ces lames les unes des autres autant qu'on le peut , en allongeant le ventre de l'infede , on décou- vre des fligmates ; il y en a deux entre deux lames , un de chaque coté , placé tout près de la jondion d'une lame , avec l'arc écail- leux qui lui correfpond. En regardant les cigales par defTous , on apperçoit deux petites antennes qui n'ont que quelques lignes de longueur , & qui font po- lécs près des yeux à réfeaux. Il y a au bout de la tête une pièce triangulaire qui refTem- ble en quelque façon à un menton , qui re- couvre le deffus de la tçte , & qui s'étend CIG plus loin ; la bafe eff en avant , & le fommet en arrière : il forme une pointe dont fort la trompe avec laquelle la cigale tire le fuc des feuilles & des branches d'arbres. Le four- reau de la trompe tient à des parties mem- braneufes qui fe trouvent au deflbus du men- ton , vis-à-vis de fon milieu. Ce fourreau s'é- tend au-delà de la pointe du menton, comme un fil de la groffeur & de la longueur d'une petite épingle. Lorfqu'on levé la pointe du menton , la trompe fort de fon étui , & elle y rentre lorfque cette pointe fe remet dans fa pofitlon naturelle ; quelquefois la trompe entraîne fon fourreau , lorlque l'infede le fait mouvoir. II eft fait en forme de gout- tière , le long de laquelle on voit une légère fente , lorfqu'on regarde la cigale par def- fous. Cette fente s'élargit quand la trompe fort : on peut la tirer de Ion fourreau avec la pointe d'une épingle , & la diviièr en trois filets écailleux. Les organes dont vient le bruit que l'on appelle le chant de la cigale^ font placés dans fon ventre ; on ne les trouve que dans les mâles , car les femelles ne font aucun bruit. Il y a fur le ventre des cigales mâles de la grande efpece , deux plaques écailleufes qui font aflez grandes , qui tien- nent au fécond corcelet , & qui s'étendent prefque jufqu'au troiiieme anneau ; elles font pofées de façon que l'une recouvre un peu l'autre. On peut foulever ces plaques par leur extrémité fupérieure ; mais elles font arrêtées par une. efpece de cheville faite «n forme d'épines , dont chacune tient par l'une de Ces extrémités à la partie delà jambe pof^ térieure qui s'articule avec le corcelet , & appuie par l'autre extrémité fur l'une des pla- ques. Ces épines empêchent que les plaques ne foient trop foulevées , & les remettent en fituation. Lorfqu'on a relevé les plaques, on trouve dans la partie antérieure du ventre une cavité qui elt partagée en deux loges ; le fond de chacune de ces loges eff luifant comme un miroir ; il y a une membrane tendue & tranfparente comme le verre , fur laquelle on voit toutes les couleurs de l'arc- en-ciel , lorfqu'on la regarde obliquement. Si on enlevé la partie fupérieure du pre- mier & du fécond anneau , & fi on met à découvert du côté du dos l'endroit qui cor- relpond à la cavité où font les miroirs , on y trouve deux mufcles qui font compofés d'un C I G d'un grand nombre de fibres droites: ils for- ment , en s'approchant , un angle aigu fur les revers de la pièce triangulaire dont il a déjà été fait mention. Ces mufcles aboutif- fent aux organes qui produifent le bruit de la cigale ; ils font fitués dans deux réduits dont les deux orifices communiquent de chaque côté dans la grande cavité où font les miroirs. On trouve dans chacun de ces réduits une membrane plifîee raboteufe , & contournée en forme de timbale. Elles font placées de chaque côté , fous une partie trian- gulaire du premier anneau delà cigale y qui eft plus élevée que le refle ; fi on enlevé cette partie , on met la membrane à découvert. Dès qu'on la touche elle réfonne comme un perchemin fec , & même comme une mem- brane , encore plus fonorc ; celle dont il . i'agit rend des fons , lorlqu'après avoir été enfoncée dans quelques endroits elle fe relevé par ion refTort. Les mufcles dont on vient de parler aboutifîênt à la furface concave de ces membranes , & en l'attirant en dedans par leur contradion , ils la mettent en état de réfonner, lorfqu'elles fe rétabliflent par leur ^lafticité , en même temps que le mufcle fe relâche. Ce fon pafïe au dehors par les orifices de deux réduits qui communiquent dans la grande cavité , & peut être modifié par les. volets écailleux , les miroirs , & toutes les difîerentes parties qui fe trouvent dans les cavités. Les c/Va/^j de la petite efpece& de i'efpece moyenne ont à-peu-près les mêmes organes &: font prefque le même bruit. Le dernier anneau du corps des cigales femelles efî plus allongé que dans les mâles , & il renferme une partie à laquelle on a don- né le nom de tarière , parce que les cigales s'en fervent pour faire des trous dans de pe- tits morceaux de bois où elles dépofent leurs œufs. Les mâles n'ont pas CQZtt tarière , qui efl: fort apparente dans les femelles , puif- qu'elle a environ cinq lignes de longueur dans celles de la grande efpece. Elle ell ren- ferrnée dans un étui dont on peut Ig faire fortir en comprimant légèrement le ventre de l'infede ; elle eft à-peu-près de même grofîeur fur toute fa longueur , & terminée à fon extrémité par une pointe angulaire qui refîemble à un fer de pique dont les bords feroient dentelés. La liibilance de cette par- tie efl de la nature de l'écaillé ou de la corne , Tome VI IJ. C IG 8i àiifG folide & auflî dure qu'aucune autre qui fe trouve dans les infedes. En l'exami- nant de près on reconnoît qu'elle efl com- pofée de trois parties , c'efl pourquoi on a été tenté de changer le nom de tarière que l'on avoit donné à cette partie , & on a mieux aimé dire qu'elle ell compofee de deux li/nes & d'un /apport , limes ou tarière, n'importe du nom. La partie dont il s'agit efl compofee de trois pièces , dont deux font pofées à côté de la troifieme , & font engre- nées en façon de coulifîc avec cette pièce du milieu , de manier-e qu'elles gliffent tout le long fans s'en écarter , & elles peuvent être mues alternativement ; par ce moyen , les deux rangs de dents qui font fur les bords de la pointe angulaire , dont nous avons déjà parlé , avancent & reculent , parce qu'ils tiennent à chacune des pièces des cô- tés. Ce qui caufe ce déplacement , c'efl qu'elles font repliées en dehors & en avant par leur extrémité antérieure , relativement à l'infede. Des mufcles , en augmentant ou en diminuant cette courbure par leur con- tradionou leur relâchement , font glifîerea avant ou en arrière la pièce latérale , & par conféquent mettent en jeu les dents qui font à chaque côté de la pointe , qui efl faite en forme de fer de lance , & compofee de trois pièces. Les dents font pofées obliquement , & dirigées du côté de la pointe du fer de lance , de fbrtequ'elles déchirent ce qui leur fait obflacle , dans leur mouvement , lorf- que la cigale fe fert de cette partie pour faire des trous dans le bois où elle dépofô {qs œufs. Les cigales femelles font toujours ces trous dans de très-petites branches de bois qui efl fec & qui a de la moelle. On les reconnoic par des fibres qui ont été foulevées à l'en-, droit de ces trous ; ils font rangçs par files afîèz régulièrement pour l'ordinaire ; ils ont chacun trois lignes & demie ou quatre lignes de longueur. Ces trous peuvent contenir huit à dix œufs , & il y en a au moins quatre ou cinq dans chacun ; ils font blancs , oblongs , & pointus par les deux bouts. Laponreell fort abondante , puifqu'on a compté jufqu'à fept cents œufs dans les ovaires. Il fort de chaque œuf un ver blanc qui a fix longues jambes , & qui femble en quelque façon à une puce pour la figure. Lorfqu'ils ont 8x C I G abandonné le trou où ils font écîos , ils | fe logent dans la terre , & enluite ils fe transforment en nympKes , qui mar- chent & qui prennent des aliraens & de l'ac- croiffement. Ariilote les a nommées r^^/i- gometres oi mères cigales y elles ne différent pas beaucoup du ver qui eft forti de l'œuh Ces nymphes peuvent pénétrer dans la terre Jufqu'à deux ou trois pies de profondeur. On les trouve ordinairetnent auprès des racines des arbres. Lorfque le temps de leur métamorphofe approche , elles fortent de terre , montent fur ks arbres , & s'y accro- chent pendant les chaleurs de l'été. C'efl dans ctt état qu'elles parviennent à quitter leur fourreau de nymphe ou de chryfalide , pour paroître fous la forme de civile. Mé- moires pour fefvir à Vhifloire des inftâ. tom. V.{I) Cigales f J. {Hifi. mod.) Les Efpa- nols de l'Amérique nomment ainfi un petit rouleau de tabac de la grolîèur du petit doigt au plus , & long de cinq à fîx pouces au rnoins. Ce rouleau eft compofé de plufieurs brins de tabac parallèlement dilpofés à côré les uns à&i autres , & affujettis enfemble par une large feuille qut leur fert de robe ou d'enveloppe. On allume une des extré- mités de ce rouleau , & l'autre fe met dans la bouche , au moyen de quoi on fume fans pipe. Nos infulaires , qui font un grand ufage de ces cigales , les nomment liraplement bouts de tabac. Il n'eft pas hors de propos d'ajouter ici que les Caraïbes Aq^ îles Antilles ont une finguliere façon de tumer : ils enveloppent des brins de tabac dans certaines écorces . d'arbres très-unies , flexibles , & m.inces comme du papier ; ils en forment un rouleau, l'allument , en attirent la fumée dans leur bou- che , ferrent les lèvres , & d'un mouve- ment de langue contre le palais , font paflèr la fumée par les narines. Art. communiqué par M. DE Saint-Romain. CIGOGNE , f f cicoiiia y ( Hijl. nat. Ornithol. ) oifeau dont les pattes , le cou & le bec font fort longs. La cigogne dont M. Perrault a donné la defcription dans le r^- cueil de Vacad. des fciences , avoit qua- tre pies de longueur depuis le bout du bec jufqu'à l'extrémité des pies. Celle du bec étoit de quatre trentièmes parties de celle de C I G tout le corps ; les pies n'avoient que trois trentièmes , le cou cinq trentièmes , & les jambes onze depuis le ventre jufqu'à terre. Le cou étoit beaucoup plus gros par le bas que par le haut. Cet oifeau avoit cinq pies- d'envergure. Le plumage étoit d'un blanc fale & un peu roulîâtre prefque par-tout le corps & noir au bout des ailes. Il y avoit aufli des plumes noires, longues & larges furies deux côtés du dos & à la racine des ailes. Le cou étoit revêtu fur fa partie infé- rieure , jufqu'au tiers de fa longueur , par des plumes longues de fix pouces , larges de dix lignes , &. terminées en pointe. Elles étoient entourées à leur racine par un duvet très-blanc , dont chaque petite plume avoit un tuyau de la groffeur d'une petite épingle ,- qui (è partageoit en cinquante ou foixante autres plus petits que des cheveux , dont cha- cun étoit encore garni des deux côtés de peti- tes fibres prefqu'imperceptibles. Cette cigo^ gne n'avoit iur le haut de la véritable jambe- que de petits filets de plumes fort rares. L'a— lentourdes yeux étoit dégarni de plumes , en n'y voyoit qu'une peau fort noire. Cet oifeau avoit le bec droit , pointu , & d'un; rouge pale , tirant iur la couleur de chair^ Le bas des véritables jambes étoit rouge , & avoit plus de quatre pouces de longueur ^, la partie du pié , qui s'étend depuis le talon. jufqu'aux-doigis , étoit de couleur grife , & le refte àcs pies & la jambe de couleur rou- ge. Il avoit des écailles en forme de table* fur les extrémiités des doigts. Les trois de devant étoient joints enfemble à leur com- mencement , par des peaux courtes. & épaif» Çts. Il avoit le doigt d. derrière gros &. court,, les ongles blancs , larges , & courts à-peu— près comme ceux de l'homme. La cigogne fe noiirrit de lézards, de ferpens , de gre- nouilles , & n'a point de ventricule comme les oifeaux de proie , mais feulement un géfier.- Elle mange aufli des vers , des araignées ^ & d'autres infedes. Mémoires pour fen^ir a rhifioire des animaux y tome III y troi" fie me partie. ( J) CiGOGNENOIRE, ciconianigra , oifeau' de la groffeur de la cigogne oï^\nii\re , ou mê- me un peu plus petit. Le cou , la t^iQ , le dos & les iales font d'un noir luifant ou mêlé devcrd ; le ventre , la poitrine & les côtés. l font blancs \ le bec efl verd ^ ks pâtes, fouir C I G ^e cette couleur , & dégarnies de plumes jufqu'à l'articulation du genou ; la mem- brane qui tient les doigts unis enfcmble , s'étend jufqu'à la moitié de la longueur du doigt du milieu, feulement du côté extérieur. V. Wiilughby, ornith. F". OiSEAU. (7) Cigogne , ( Mac. médic. ) Les parties ) CIGUATEO , ( Géogr. ) île de F Améri- >que feptentrionale dans la mer du nord , l'une des Lucayes ou de Bahama. CIGUË , f f. ciciitj y ( Hifl. nat. bot. ) genre de plante à fleurs en rofe , difpofées en ombelle , compofées de plufieurs pétales en forme de cœur , inégales & foutenues par im calice qui devient un fruit prefque rond , dans lequel il y a deux petites femences ren- flées & cannelées d'un côté , & plates de l'autre. Tournefort , injîit. rei herb. Voyc^ Plante. (/) La cicuta major C. B. cfl une de celles •qu"'on range parmi les véninieufes , & la plus renommée de fon genre. La mort de Socrate a feule fuffi pour en immortalifer les effets. Comme on ne lit point fans attendrifîê- ment dans le Plie'don de Platon , l'hidoire circonftanciée de ce qui précéda la mort de ce philofophe, qui avolt palîe fa vie à être utile à {à patrie , & à la fervir de tous {ts talens ; qui ne fe démentit jamais dans fa conduite ; qui témoigna jufqu'au dernier foupir une grandeur héroïque , émanée de la fermeté de fon ame & de la confiance d?ns fon innocence ; il réfulte néceiTairement de cette leâure , que tout ce qui regarde la fin tragique d'un homme fi refpedable , devient wtéreffant , jufqu'à la plante même qui finit c I G Sj \çs jours. Le nom de cette plante fe joint dans notre efprit avec celui de Socrate. Nous là cherchons dans nos climats , nous voulons la connoître par nos yeux , ou du moins nous en hfons la defcription avec avidité. Defcription de notre ciguë. Sa racine eft longue d'un pié , grofle comme le doigt , partagée en plufieurs branches folldes. Avant que de pouffer fa tige , cette racine eft cou- verte d'une écorce mince , jaunâtre , blanche intérieurement , fongueule , d'une odeur forte, d'une faveur douceâtre ; de plus, cette racine efl creufe en dedans quand elle poufîe fa tige. Cette tige efl filiuleufe, cannelée, haute de trois coudées , hffe , d'un verd gai , parfemée cependant de quelques taches rou- geâtres ,%omme la peau des ferpens. Ses feuil- les font ailées , partagées en plufieurs lobes , lifîês , d'un verd noirâtre , d'une odeur puan- te , approchant de celle du perfil. Szs fleurs font en parafol au foramet (\ts tiges , en rofes compofées de cinq pétales blancs en forme de cœur , inégaux , placés en rond , & portés fur un calice qui fe change , comme on l'a dit , en un truit prefque f'phérique , compofé de deux petites graines convexes & cannelées d'un côté , applaties de l'autre , d'un verd pâle. Elle croît dans les lieux ombrageux , dans les champs , au bord des haies , dans les décombres , & fleurit en été. Elle vient dans les environs de Paris à l'ombre. Toute cette plante a une faveur d'herbe falée, & une odeur narcotique & fétide; fon fuc rougit très-peu le papier bleu ; d'où l'on peut conclure qu'elle contient un fei ammoniacal enveloppé de beaucoup d'huile & de terre. Ces principes fe trouvent à-peu- près dans l'opium. Elle n'fft point aujji venimeufe qiî'en Grèce. Prefque tout le monde convient que cette plante prife intérieurement efl un poi- fon , & perfonne n'ignore que c'étoit celui Aes Athéniens ; mais quelles que fuflent les qualités mortelles de la ciguë dont ils fe fci - voient , il efl certain que celle qui croît dans nos contrées n'a point ce même degré dé malignité. On a vu dans nos pays des pe"- f'onnes qui ont mangé une certaine quantiré de fa racine & de fes tiges fans en mourir; Ray rapporte dans fon hijhire des plantes , d'après les obfervatlons de Bowle , que la' poudre des racines de ciguë y do-nce à Ia L 2 84 C I G dofe de vingt grains dans la ficvre quarte , avant le paroxyfrae , eft au deflus de tous les diaphorétiques. M. Reneaume , médecin de Blois ( obferi^. 5 & 4 , ) , diten avoir fait prendre , avec beaucoup de fuccès , une demi d'ragme en poudre dans du vin, & jufqu'à deux dragmes en infiifion pour les skirrhes du foie & du pancréas : mais ce mé- decin n'a jamais guéri des skirrhes , & fi Ton obfervation ëtoit vraie , elle prouveroit feu- lement que la racine de cigué n'efl pas tou- jours nuifible. Nous croyons cependant avec les plus lages médecins , que le plus prudent eft de s'abftenir dans nos climats de l'ufage interne ne m'en faut , ma folie ne feroit-elle pas à ?) l'épreuve de toute la cigué ^ fi je n'étois 3J periuadé qu'il vaut mieux dormir que de yj faire des \tx^. » Pline , liv, XlV, chap. xxij , vante la c/^wépour prévenir l'ivreffe , & prétend qu'on en peut tirer plufieurs rem. des. Lefcale rap- porte quelque part , qu'en voyageant en Lom- bardie , on lui fervit de la (alade où'ûy avoit de la ciguë, ce qui l'étgûna fort ; mais qu'il C I G revint de fa furprife quand il fut que les gens du pays enmangeoient , & qu'ils n'en étoienr point incommodés. Les chèvres en broutent la racine , &c les oifeaux en mangent la graine fans inconvénient ; mais les etfets des plantes fur les animaux ne concluent rien pour l'homme , & toutes les autorités qu'on vient de citer ne fauroient contre-balancer le poids de celles qu'on leur oppofc. Il relie toujours certain , par le grand nombre d'exemples funeftes rapportés dans les Tranfact. philof. dans les Mém. de Vacad. des Se. dans Wep- fer & ailleurs , que toutes les efpeces de ciguë font venimeufes. Nous remployons exte'rieurement.On doit donc fe contenter de s'en fervir pour l'appli- cation extérieure , & de cette manière on en fait ufage avec fuccès. Ses feuilles font adou- ciffantes & réfolutives ; bouillies avec da lait , on les applique fur les hémorrhoïdes & fur les endroits où la goutte fe fait fentir. Le cataplafme de feuilles de ciguë pilées avec des limaçons , & malaxées avec les quatre fari- nes réfolutives , eft vanté pour l'inflamma- tion des teflicules , les douleurs de goutte & de fciatique. Henri d'Hecr , obfer. j , les recommande bouillies dans l'eau de fleurs de (lireau avec un peu de camphre , pour Fin- fiammation & la tumeur de la verge qui vient d'échaufïèment. En général , les feuilles & les racines font eflimées pour amollir les tumeurs skirreufes des parties externes & des vifceres du bas-ventre , fur-tout du foie & de la rate. C'efl dans le même but que nos apothicaires préparent un emplâtre de ciguë y qui palTe pour un bon fondant. On emploie aufîi la ciguë dans, l'emplâtre diabo- tanum de Blondel. Defcription de la petite ciguë. Il y a une autre efpece de ciguë , cicuta minor ojfîc. qu'on fubflitue à la précédente dans les bou- tiques pour l'ufage externe ; & elle ne diffère de la première qu'en ce qu'elle eft plus petite , que fa tige n'efl point marbrée de. taches rou- geâtres, & que fon odeur n'eft poinr auffi forte ; du reflc elle a les mêmes propriétés , mais moindres. On a nommé cette dernière efpece de ciguë , le perjil des fous , par la grande refTemblance de fes feuilles à celles du perfil : refîemblance qui a trompé quel- ques perfomies , & les a prefque empoifon- iûée«. C I G Ohfervatlonfur la coupe de ciguë que but Socrate. Lorfque le bourreau d'Athènes vint préienter à Socrate la coupe de Tue de ciguë, il l'avertit de ne point parler , pour que le poifon qu'il lui donnoit, opérât plus promp- tement. On ne voit pas comment les dîets du poifon pouvoient être accélérés par le filence de la perfonne qui le prenoit : mais que ce fût un fait ou un préjugé, le bour- reau n'agilToit ainfi que par avarice , & dans la crainte d'être obligé , fuivant la coutume , de fournir à fes dépens une nouvelle dofc de ce breuvage; car Plutarque remarque dans la vie de Phocion , tome VI de Dacier , page 4-0^ , que comme tous Ces amis eurent bu de la ciguë , & qu'il n'en reftoit plus pour ce grand homme , l'exécuteur dit qu'il n'en broieroit pas davantage , fi on ne lui don- noit douze drachmes ( aujourd'hui , 1777 , environ neuf livres dix fous de notre mon- noie ) , qui étoit le prix que chaque dofè coûtoit : alors Phocion voulant éviter tout retard , fit remettre cette fomme à l'exé- cuteur ; " puifque , dit-il , dans Athènes il >j faut tout acheter jufqu'à fa mort, y) Article de M. le chevalier DE Ja uco UR T. Emplâtre de ciguë de la Pharmacopée de Paris y édition de i y ^z: If poix-réfine 28 onces ; cire jaune 20 onces ; poix blanche 14. onces ; huile de câpres 4 onces ; de la ciguë écrafée 4 hvres ; faites cuire le tout félon l'art, jufqu'à la confommation de l'humi- dité ; pafîez par un linge , en exprimant fortement l'expreffion ; étant un peu refroi- die , délayez-y une livre de gomme ammo- niac , auparavant diflbute dans du vinaigre fcillitique & du fuc de ciguë , & à laquelle on aura donné par la deilîcation une confillance emplaftrique ; ce qui étant exadement mêlé, l'emplâtre fera fait. CiGUE AQUATIQUE , (Bot.) cicuta aquatica vel palujîris ^ phellandrium ojf'. Cette efpece de ciguë poulïe une tige ëpaifTe , creufe , cannelée , & pleine de nœuds , moins haute que celle de la ciguë ordinaire , divifée en plufieurs branches , d'où fortent des feuilles ailées , plus minces & plus tendres que celles de la ciguë. Sqs fleurs naiflent en parafols , & font fort petites à proportion de la plante; elles font blan- ches, avec un œil rougeâtre. Sa racine eft compofée d'un grand nçmbie de fibres , qui C I G 8î partent à^s nœuds qui Te trouvent au bas de la tige. Lu ci.guë aquatique croît dans les fofles & les étangs , & fleurit au mois de juin. Elle paflè pour être de la même nature & avoir les mêmes qualités que la cv^z/ë ordi- naire ; mais on l'eflime beaucoup plus veni- meufe , ce qui fait même qu'on l'emploie rarement dans les boutiques. Les obfervations fournies par le hazard ont juftifié que fes effets font mortels , & quel- quefois promptement ; du moins M. Jaugeon a rapporté à l'académie Aqs fciences , que trois foldats allemands , partis d'Utrecht au commencement du printemps de 17 14, moururent fubitement tous trois en moins de demi-heure pour avoir mangé de la cicu- tariapalufiris ) qu'ils prenoient pour le cala- musaromaticus y propre à lOrtifierreftomac. Il y a en effet une elpece de phellandrium ou ciguë aquatique y à feuille d'ache fauvage , qui efî odorante , aromatique , & qui trom- peroit des gens plus habiles que ne le font communément des fôldats. On trouva à l'un de ceux-ci les membranes de l'ertomac per- cées d'outre en outre ; & aux deux autres feulement corrodées. Dans tous l'eftomac étoit plein d'une écume blanchâtre ; le reftc des vifceres du bas-ventre peu altérés ; les poumons & les mufcies du cœur flafques & flétris ; & les vaifleaux pleins d'un fang tout fluide. Wepfer ( Jean- Jacques ) rapporte aufli plufieurs exemples , moins prompts à la vérité , mais également funefles , des effets de cette plante. Comme nous avons de cet auteur un traité complet fur cette matière , imprimé d'abord à Schaftôuze en '^^J^ , //z-4°. à Leyde en 1733 , z/2-8°. & qui efl entre les mains de tout le monde ^ nous .nous difpenferons d'entrer dans de plus grands détails. l^oye\ Poison. Article de M. le chevalier de Jaucovrt. Nous ne croyons pourtant pas pouvoir nous difpenfer d'indiquer les fecours les plus efKcaces contre ce poifon , d'après le traite- ment du même Wepfer , dont le fuccès a été confirmé par plufieurs expériences pol^ térieures. Cet auteur recommande d'abord d'éva- cuer le poifon qui fe trouve dans l'eftomac par la voie la plus abrégée & la plus fure , c'eit-à-dire , par le vorailTement , qu'il pe î$ CIL trouve pas contre-incîiqiié dans ce cas par une efpece crépilcpfie , qui ef} un fymptome afî'ez ordinaire du venin de la ciguë. Lorfqu'on a en aflé la a'^wè' des premières voies au:ant qu'il eft poflible , il ne s'agit plus qye de remédier aux i npreffions qu'elle a pu faire fur ces parties , & à raalquer ra(3;ion de quelques reftes de ce poifon qui peuvent avoir échappé au vomilièment. On remplit cette double indication par tous les adouciilàns gras & huileux , comme le beurre, l'huile d'olive, celle d'amendes douces , le bouillon gras , &ç. le laitage & les émulfions , les farineux délayés dans de l'eau , comme la crème de riz , l'orge jiiondé, v-r^'c Les alexipharmaques , les cordiaux , le mouvement & les autres reflburces contre la coagulation des humeurs , font des fecours auili peu réels que la caufe qui les a fait ima- giner ; le venin de la ciguë répurc froid &: coagulant prefque jufqu'au temps deWcpfer, a été enfin reconnu pour irritant & caufti- que , & il eft rentré par conféquent dans la claiTede ceux qu'on ne combat qu'en f)révenant ou en mafquant leur adion fur es premières voies. (3) CILIAIRES , adj. en amitomie , fe dit de difFérenres parties de l'œil : glandes cil iai- res , procès ciliaires , ligament çiliaire ^ les nerfs ciliaires. Voye\ (E I L . Les glandes ciliaires font des grains fitués dans le tiflîi cellulaire des paupières ; Mei- bonius décrivit leurs conduits en 1666 , trois ans après les avoir découverts. Procès ciliaires , ell le nom que Ruyfch a donné aux fibres de l'uvée. V. UvÉE. {L) ClLIAlRE {ligament) appartient à l'œil, & a été ainli appelle à caufe de la reflem- blanee qu'il a avec les cils ou poils des pau- pières. ;^oye;^ Ligament. Des fibres un peu épaifTes partent de la choroïde prefque une ligne plus en arrière que le cintre orbiculo ciliairc , derrière l'uvée, au commencement de laquelle elle a fa par- tie moyenne. Elles vont de toutes parts trani- verfalement à la circonfirence du cryflallin , blanches quand on a lavé leur couleur , mêlées pareillement de tuyaux grands & vermiformes ; taifant un arc qui s'accom- mode au cryflallin ; convexes en devant , couchées fijrl'humçur vitrée, enfuite fur le C I L cryflallin , à la partie antérieure duquel elles s'infèrent au dedans du plus grand cercle ; tenant raanifeflement dans le bœuf à la cap- lule vitrée , à celle du cryllallin , & à la rétine ; plus légèrement à la vitrée dans l'homme. Delcartes a dit , dans fa dioptrique , que la contradion des ligamens du cryflallin lui donnoit un mouvement par lequel il deve- noit plus convexe pour voir , diopt. ch. iij ; & il a confirmé cette opinion par quelques expériences. Grew , dans fi cofmolog. fac. CoiWeï. p. ^o6\ Parifinus, dijfecl. deVourfe^ p. m. j Qi Bidloo , de oculis y qui affirme ,/'. 30 y qu'on voit vifiblement ce changement de figure dans les oifeaux , ont fuivi ce grand philofophe. Bourdelot, fuivant J3enis , con^ fer. 4 y dit que la pupille s'étant retrécie k caufe de la proximité des objets , le cryflal- lin prenoit plus de convexité en fon milieu pour mieux voir les objets trop proches. Cependant Molinetti , /?. « 47 ; BrifTeau , p. y J ; Bohn , p.^GS, veulent au contraire que l'adion du corps çiliaire Coït d'applarir le cryflallin. D. Phelippeaux , fuivant Stenon , can. carch. diff.p. i 04 ; Wintringham , p.- 40 / , & en dernier lieu Santorini , ont em» braffé le même fyflême ; ce dernier ayant vu des flries fur le cryflallin d'un aveugle , & comme les vefliges du ligament çiliaire, Ch. iv , n. Zy Porterfields , l. c.p. iSj ^ fuiw. con- tefle ce changement de la figure du cryflal- lin : en effet l'extrême mollelîe du ligament n'efl pas faite pour furpaiî'er la ftrudure denfe & élaflique de la cap fuie : de plus , on peut objeder l'arc que font ce^ ligamens ou leur diredion , qui fait au cryflallin un angle fort obtus ; ce qui ne peut favorifèr le chan- gement. Hall. (L) ^ Çiliaire , couronne çiliaire. ( Anatc- mie. ) C'efl la face intérieure de la choroïde continuée ; elle efl orbiculaire , mais un peu plus étroite vers le grand angle ; il s'élève fiir cène face , avant que l'iris fe (épare de la face antérieure, des plis qui s'élèvent peu à peu , & dont deux jufqu'à quatre concourent pour faire un filet de la couronne; cqs plis ont une cellulofité entre les deux lames dont ils fontcompofés : une membrane fine les unit * il fe form.e de ces mêmes plis un anneau qui pofe fur la couronne muqueufç ; ils abandon-^ C I L nenr la clioroïde à l'origine del'uvee , paiTent le petit vaîlon entre le cryfla'lin & le vitré ; po!ent fur fa face antérieure , & finilTent fans s'y attacher. La couronne ciliaire ne tient au cr} flallin que par la mucofiré d'un brun-foncé , dont elle elî abreuvée aufli bien que l'uvée. Dans un œil confervé ^ cette mucofité fe fond, rend l'humeur aqueufe noirâtre , & le cryf- tallin , pr.vé de fon appui , roule & perd fa place. Les poilTons n'ont pas de couronne ciliaire, ïl> ont à fa place une cloche qui part de la choroïde , & qui s'attache au cryftallin par un filet ; d'autres poiffons ont une anfe qui pcrt de la même membrane , & foutient le cryflaliin. Chaque filet de ctixt couronne eft dou- ble ; il fe replie fur le cryftaUin , & fait une ^r\Çfd : toute la furtace de ces filers efl cou- verre d'une villofité vafculaire de la plus grande beauté : les troncs font fupportés par la convexité du filet : dans le porc , ce réleau efî percé à mailles quarrées , & formé par une cellulofité blanchâtre : ces mailles quar- rées fe retrouvent dans le canard fauvage. Il n'y a certainement rien qui annonce une ftrudure mufculairc dans la couronne ciliaire d'aucun animal , le microfcope ne découvre qu'une villofité qu'on peut injeder. ( H. D. G. ) CILICE , f. m. ( Hiji. anc. & mo C'efl en effet une chofe admira- ble que la promptitude des cillemens , leur ' répétition fuccellive , perpétuelle pendant le cours de la vie , fans dommage , fans ufe- ment du voile ni de l'œil contre lequel il frotte , & prefque toujours fans volonté. Il arrive pourtant quelquefois que ce cille' ment , ce clignotement des paupières , efl non feulement involontaire ; mais li prompt ou fi lent qu'il fatigue & chagrine beaucoup ceux qui en font attaqués , & qu'il fait de la peine à ceux qui les regardent. Cette efpece de trefîaillement efl une vraie maladie , un mouvement convulfif des voiles de l'œil , pen- dant lequel les fibres motrices du mufcle or- biculaire deviennent tendues , roides ; & la paupière après avoir demeuré un infiant fer- mée , fe relevé l'inftant fuivant , en forte que les malades jouifïent ou font prives de la lu- mière par intervalles ; ce qui n'a pas heu dans les cillemens ordinaires & naturels. II femble donc que la caufe de cette convulfion efl un mouvement irréguHer des efprits animaux , qui fe portant avec trop de rapidité dans les fibres du mufcle orbiculaire , empêchent pendant un temps l'adion du mufcle releveur. On guérit ce trefTaillement plus ou moins difficilement , fuivant fa fréquence & l'an- cienneté du mal. Quand il efl léger , deux moyens peuvent fervir à fa guérifon ; le pre- mier , de fe faire éternuer pendant l'accès ; le fécond , de frotter doucement avec la main le tour de l'orbite & des paupières » ou plutôt d'employer des fridions fur les paupières CIL paupières & aux environs avec <^es eaux fpîrî- tueufes , ou des huiles nervines mêlées de quelques gouttes d'efprit volatil huileux , dont on répétera l'application plufieurs fois dans le jour. Lorfque ces deux moyens ne fuffifent pas pour empêcher les récidives de la Gonvulfion , il faut y joindre prompte- raent les remèdes internes , parmi leiquels je ne connois rien de raiejx que les antimo- niaux , pris long-temps & en petite quantité. Ceft ainfi , par exemple , qu'il convient de traiter les enfans qui clignotent perpétuelle- ment les yeux , pour avoir été trop expofés au grand jour , en forte que leur fréquent cîllement fe tourne en habitude incurable, li l'on n'a l'attention d'y remédier de bonne heure. Il ne faut pas confondre le cillemem des paupières avec leur clignement. Voye\ ce mot. ( M. le chei'cilier de Ja ucour t. ) CILLER , ( Maréchall. ) on dit qu'w/z cheial cille y quand il commence à avoir les fourcils blancs, c'efl-à-dire quand il vient fur cette partie environ la largeur d'un liard de poils blancs , mêlés avec ceux de la cou- leur naturelle ; ce qui eft une marque de vieilleffe. Voye^ Age & Cheval. On* dit qu'un cheval ne cille point avant l'âge de quatorze ans , mais toujours avant l'àge d« lèize- Les chevaux qui tirent fur l'alzan & ceux qui font noirs , cillent plu- tôt que les autres. Les marchands de chevaux arrachent or- dinairement ces poils avec des pincettes^ mais quand il y en a une H grande quan- tité que l'on ne peut les arracher iàns ren- dre \ts chevaux laids & chauves , alors ils leur peignent les fourcils , afin qu'ils ne pa- roifTent vieux. Chambers. ■ CILLEY , (Géog.) petite ville d'Allema- gne au cercle d'Autriche dans la Carniole, l'ur la Saan , capitale d^un comté de même nom. Long, j j ;, zo ; lat. ^6 , z8. CILS, f. m. (Anai.) fontles poils dontle bord des paupières eu garni, fur-tout celui des lupérieures , qui efl plus gros & plus épais qu'à celles d'en-bas. Voye\ PauPTERE. Leur ufage eft vraifemblableraent de rorn- pre Timpreilion trop vive Aes rayons de lumière , & de garantir l'œil des petits infeftes volans & (Iqs atomes qui pourroieiu y nuire. Tome VIII C I M ^f Ces cifs prennent leur origine d'une petite rangée de glandes dont efl: couvert un car- tilage mince & tendre qui borde chaque paupière , & qui fert comme de tringle ou d'anneau pour les approcher l'une de l'autre. (L) CIMBERS , (Geogr.) lieu d'Allemagne , dans le cercle d'Autriche & dans le comté du Tirol , au quartier de l'Adige : c'eft un des plus habités du vallon de Fleimbs , & l'un de ceux où pafîèrent & fejournerenc autrefois les Cimbres, lors de leur expédition en Itahe. (D. G.) CIMBRES , f m. pi. {Geogr. ancien. & mod.) ancien peuple le plus feptcntrional de l'Allemagne. Ce font les plus anciens habitarts qu'on connoifîé à la prefqu'île de l'Holifeen , du Slefwig , èc du Judand ; & c'eft d'elle qu'elle a pris le nom de Cher^ fonnefe cimbrique. Les Grecs les ont quel- quefois confondus avec les Cimmériens. Après leur défaite par les Romains , ils fe répandirent en difFérens endroits , quelques- uns s'arrêtèrent dans les Gaules , s'unirent aux Saxons , & furent confondus avec eux. CIME , f. f. fe dit de la partie la plus élevée des grands arbres. CIMENT, f. m. (Architec7.) dans un fens général , efî une corapofition d'une na- ture glutineufe & tenace , propre à lier , unir & faire tenir enfemble plufieurs pie-^ ces diflindes. Ce mot vient du latin cœmentum , dérivé de cœdoy couper , hacher, broyer. M. Feli- bîen obftrve que ce que les anciens archi^ tedesappelloient<:(r;72e/2fu/72,étoittouteautre chofe que ce que nous appelions ciment. Par ciment ils entendoient une efpece de maçonnerie, ou une manière de pofer leurs pierres, ou bien la qualité même àes pier- res qu'ils employoient ; comme lorfqu'ils faifbient des murs ou des voûtes de mot- ion ou de blocage. En effet il y avoit une coupe de pierres propres pour ces fortes d'ouvrages , pour lefquels on ne les faifoit point quarrés ni uniformes: de forte que cœmema proprement étoient àes pierres au- tres que ce qu'on appelle p/err^J" de taille. Le mortier , la foudure , la glu , Ùc. font des fortes dt ciment. V. MoRTIER , SOU- DURE jGlU, ^c. Le bitume qui vient du Levant, fur, dit-on, le ciment qu'oa M ^o C I M employa aux murs de Babylone. Voye\ Bitume. Un mélange de quantités égales de verre en poudre, de fel marin & de limaille de fer , mêlés & fermentes enlêmble, fournit te meil- leur ciment que l'on connoifle. M. Perrault aiTure que du jus d'ail eif un excellent ciment pour recoller des verres & de la porcelaine caflec. En terme it architecture y on entend par- ticulièrement par ciment, une fort^ de mor- ti|^ liant y qu'on emploie à unir enfemble àçs briques ou des pierres pour faire quelques moulures ou pour faire un bloc de briques , pour des cordons & des cha- piteaux , &c. Il y en a de deux fortes ; le ebaud qui e(} le plus commun ; il eft fait de réfine, de cire, de brique broyée , & de chaux, bouillies enlêmble. Il faut mettre au feu les briques qu'on veut cimenter , & îès ap- pliquer toutesrouges l'une contre l'autre avec du ciment entre deux. On fait moins d'ufagc du' ciment froid ; il efl: compofé de fromage, de lait >. de chaux vive & de blanc d'ccuf. En 1774 , il parut un mémoire fur l'art de bâtir , imprimé par ordre du gouverne- ment; il annonçoit une découverte inté- refïânte , qui Irappa tous les efprits : effec- tivement , le Sr. Loriot qui en eil l'auteur , lembloit avoir deviné & démontré le pro'- cédé fimple qu'ont employé les Romains dans des conllrudions qui atteftent encore par leur durée la parfaite compofition des cimens qu'ils y employoieiit. Les expériences faites par l'auteur &■ rap- pellées dans fon mémoire , fembloient jul- tiiier complètement la vérité de fon afTer- tion. \Jn grand nombre ne douta plus, qnp le nouve-AU ciment ou mortier n'eût toutes les qualités énoncées, & que le nou- veau ciment ne Ht époque dans la pratique ■de i'architcciure, lur-tout par la facilité de le corapoier & de l'employer.. . ^Eû. effet , tout eonfiife à introduire dans .le mortier ordinaire , loriqu'rl eil prêt à être employé , une certaine portion de.chaiix- •vive , mile en poudre, déhyée & am'al- gsmée par un mouvement aflêz prompt pour avoir le temps de ie fiifir & de le ;inettre- en ufage , car riruroduction. de la C I M chaux-vive Cç fàture rapidement de toute l'eau du mélange , en forte que le nouveau mortier exige feulement dans fon emploii toutes les précautions qu'il faut prendre dans, celui des gipfes ou des plâtres. La quantité de chaux-vive à introduire , doit être fuivant les obfervations , & luivant les degrés de force de la chaux , à-peu-près- d'un quart en firs des matières feches em- ployées dans la chaux , éteinte d'abord dans l'eau ; les matières feclies ne font autre - chofs que le fable, la brique pilée, le mâche- fer, ÊTc. en général tous lès corps intermédiai» res employés dans le mortier ordinaire. LTn procédé aulii fimple étoit aifé à effayer ;. auffi une foule d'expériences faites par les gens de l'art, lliivirent immédiatement la pu- blication du mémoire; on. attendit pour pro- noncer , que quelques failons, & l'hiver iur- tout-, eufl'ent éprouvé les difïerens emploie qu'on en avoit fiiits. La qualité fupéricure promifè par le mémoire , & fans doute la piusintércfrante,étoitla refiffance aux gelées; mais ilfallut renoncera ce précieux avantage, fur-tout pour les enduits dont l'ufage pro» mettoit de fi grandes commodités ; tous fe.- trouverent altérés, décompofés, feuilletés ou foufflés-par l'aâion du dégel: le décou- ragement a nécefî'airement été une fuite dô ce malheureux résultat; mais on a {^t-être conclu trop rapidement que la découverte étoit nulle & fans uiage. Elle en a un au moins démontré par l'ex- périence,, &c dont l'emploi habituel peut êtr& de la plus grande, utilité, dans des cas affez multiphés. Toutes les fois que ïè ciment fera bien fait - & employé à l'abri de l'effet des gelées , oa; peut s'attendre qu'il devient impénétrable ai l'eau , lorlqu'on auraeu foin de l'errer. & po— lirfa furface avec ailbz d'exaélitude dans les premiers momensde l'emploi. Les plafonds des baflirus , les parois des. citernes & des rér- ièrvoirs , la fiirlace des murs intérieurs adol^ fés contre des terres , celle, de ceux des caves qui infiltreroient des eaux incommodes ou ; mal-faines , fi toutes ces p;irties font endui- tes d'une couche du nouveau ciment , feule- ment de plufieurs lignes , on doit en attendre le plus grand fuccès. On peut aufîi dans les pays qui manquent déplâtre, le remplacer a\ antageufement par C I M le CçmI mélange de§ deux chauîf fans au- cun intermède , pour les enduits intérieurs , les platonds , &c. Ce fera probablement les feuls aviantages ■que l'on retirera d'une découverte qui pro- niettoit d'abord une applicatkm générale , jnais qui effectivement Te réd(Bf à quelques emplois particuliers , dont pourtant la pra- tique de l'art peut faire un uiage habituel & économique. {Cet article- efi de M. DE LA Jamariere p capitaine au corps royal du Génie,) Le ciment des orfèvres, desgraveurs, met- teurs-en-œuvres , dit un compofe de brique mife en poudre & bien tamifée , de réiine & de cire : ils s'en fervent pour tenir en état les ouvrages qu'ils ont à graver , ou pour rem- plir ceux qu'ils veulent cifeler. Ciment des chymiftes , voye\ CemeNT. CIMETIERE, f. m. terme d' Architectu- re'^ l'on entend tous ce nom une grande place découverte , Cilîez généralement entourée de charniers {Voye-^ CharnIERs), où l'on enterre les morts , & -où l'on élevé quelques fépultures ornées de croix , obéliiques & autres monumens funéraires. (P) Cimetière, (/i^ri/}?.) chez les Ro- jnains , tout endroit où l'on inhumoit un mort , devenoit un lieu religieux & hors du commerce. Voye\ aux inflitut. de rerum divijione , & au di(^efi. liv. I y tit. viij ; l. 6 , §. 5 ,• ^ liv. Il, tit. vj ;1.6, %fin. Parmi nous , il ne fùflit pas que quelqu'un ait été inhumé dans un endroit pour que ce lieu devienne religieux & hors du com- rnerce , aucun parnculier ne pouvant de fon «utorité privée imprimer ce caradere à un héritage ; il faut que l'autorité du fupérieur çccléiiaftique intervienne, que le lieu ait été béni & coniàcré avec les folemnités accou- tumées , & deftiné pour la fépulture des fidèles. Autrefois les cimetières étoient hors lesvil- îes & lur les grands chemins : il étoit défendu (Tenterrer dans les églifes ; cela fut changé par la novelle 820 de l'empereur Léon , qui permit d'enterrer dans les villes &même dans les églifes. Les cimetières tiennent ordinairement aux églifes paroiffiales : il y en a néanm.oins qui font féparés ; les uns & les autres Ibnt tiors du commerce. C I M 9r \ II arrive néan'moins quelquefois que l'on change un cimetière de place , ou que l'on en retrancha quelque portion pour l'élar- gilTement d'un grand chemin ; auquel cas , avant dé remettre l'ancien cimetière dans le commerce , il faut que , du confentemenc du curé & de l'évêque diocéfain , & par permifllon du juge royal, les ofi'emxensfoient exhumés & portes au nouveau cimetière. Un ancien cimetière où perlonne n'au- roit été inhumé depuis long-temps , pour- rait être prefcrit fans titre par une longue poiTeffion , parce qu'elle feroit préfumer que le fonds a changé de nature. Il efl dérendu aux feigneurs , aux curés , & à tous autres , de permettre àes dan- fes dans les cimetières , d'y tenir àes foires & marchés , & d'y commettre aucune, in- décence. LoHqu'un cimetière a été poilu par effufion de fang ou par quelque autre fcan- dale , il faut le réconcilier. Les canons qui regardent cette cérémonie font cités par Jean Thaurnas , dans fon didionnaire au mot cimetière. Voye;^ le trai té de mortuis cœ- meterio refiitiiendis^ perLaurentium Delum romanum ; l'hifi. des empereurs de M. de Tillemond , tom. III , p. zS z ; les me'm. du clergé y édir. de i/i^;, t. III, p. 2^24. Bouvot , t. II j wQvho églife, queft. 7. Fran- cifc. Marc. tom. I , quefi.^SS. Auzanet fur Paris, tit. des ferricudes^Ù enfes arrêts y ch. lix. Jovet, \txho fépulchre, n. z G; Fer- rer , tr. de Vahus , l. IV , ch. viij, n. z 7. Les perfonnes de la religion prétendue réformée ont àes cimetières particuliers qui leur font affignés par le juge royal. Voye\ Filleau, décijions^o, 33 ? 3^^ 3 3Bp 4^- Barder y t. II , l. II, ch. />. (A) Cimetière , (Médecine.) La putréfac- tion s'empare de nos corps dès qu'ils celï'ent d'être animés par le principe vital. Ce mouvement inteflin détruit leur tifîîi , & par lui les cadavres deviennent autant de foyers d'où s'exhalent desmiailnes déleterres capables de produire les plus lunefîes effets , en infeâ:ant l'air que nous refpirons & qui nous environne. V. AiR & PUTRIDITÉ. C'eft pour prévenir les fuites de cette in- feâioQ qu'on donne la fépulture aux morts. Si des motifs particuliers ont fait abandon- ner l'ufage de les brûler , & ont fait pren- dre le parti de rendre nos corps à ia terre M 2. 5>2 C I M d'où ils font fortis , on ne les fouflrnit pas à la putréfadion en les lui confiante La cou- «;he terreufe , qui les recouvre , rend feule- ment cette putrétadion plus lente •, & com- me la terre efî perméable , les émanations cadavereufes la percent & fe mêlent nécef- jairement à l'air qui touche la furface des lieux confacrés à l'inhumation. L'infedion , qui en réfulte , eft infiniment moins grande qu'elle ne le feroit , û les cadavres pourrii- foient à l'air libre , mais elle peut avoir affez d'inrenfité pour devenir pernicieufe ; & l'on ne doit pas perdre de vue cette vérité , lors- qu'il eil queîHon de conilruire un cimetière. Faire enforte que l'air n'y foit jamais affez infedé pour erre dangereux , ou que l'infec- tion , lorfque l'on intenfi té eft inévitable, ne puifi'e y caufer aucun funefle accident ; voilà ce que l'on doit fepropofer. Par quels moyens réuflira-t-on à empêcher que cette infedion n'acquière une infeniité redouta- ble ? C'ed ce qu^on découvrira en ie ren- dant raifon de F effet de la terre fur les éma- nations cadavereules , de la formation des vapeurs qui réiultent du mélange de ces émanations avec l'air , ôc de l'adion de l'air lur ces vapeurs. Quoique la terre foit perméable , & que dans les cimetières le feu central, de concert avec la fermentation putride , faffe exhaler de Çon iein les fubllances volatiles qu'elle renferme , il eft certain que , par leur den- fité , les parties intégrantes de la terre gê- nent CQtlQ exhalation , & qu'agiiîant comme un filtre , elles fubtiliient les écoulcmens ca- davéreux en s'oppolant à fémanation des molécules animales les plus grolileres. Mais il eft également certain que les fub(^ tances qui font volatilifées , partant de tous \ts points de la furface des cadavres , s'é- chappent dans différentes diredions , & ^jrtent de terre fous des angles plus ou moins aj^us , de manière que fi plufieurs cadavres font rapprochés les uns des autres, les rayons d'écoulement fe réuniront nécefïairement. Ilfiiitde-Uque les exhalations cadavereu- les auront d'autant moins de denfité , que ks cadavres feront plus profondément en- fouis , mais que pouvant en acquérir par If ur reunion , elles feront encore d'autant moins denfes , qu'il y aura plus de diliance «ûtre ces foyers putrides. C I M Ces émanations au fortir de terre fe mê- lent à l'air fous forme de vapeurs , & cel- les-ci font d'autant plus fenlibles , qu'elles ont plus de denfîté. L'air eft-il fec & tient-il en difTolution peu de molécules aqueufes , il abforbe avec facilité les èwkinations cadavereufes , & les difibut fi complètement , que leur divi- lion , portée auifi loin qu'il efî pofîible , les fait échapper aux fèns. Elles fe conden- fent & deviennent fenfibles fi l'air eft hu- mide , & elles le font même d'autant plus, que ce fluide étant plus chargé d'eau, l'union de (qs molécules avec celles des émanations fe fait plus difficilement. Le volume de l'air influe également fur le peu de denfité des vapeurs. C'ell en cédant à la force attradive des molécules aériennes & en fe logeant dans leurs interfHces qus les corpufcules , exhalés du fein de la terre , forment ces vapeurs. Les molécules aérien- nes font-elles très-nombreufes , eu égard aux corpufcules expofés à leur adivité , elles fe les partagent & les divifent de forte que , répandus dans une mafle confidérable, ceux- ci ne s'uniffent a celles-là qu'un à un , & les vapeurs raréfiées afRdent foiblement les fens. Le contraire arrive, li la mafîè aérienne efl moins volumineufe , chaque molécule, d'air efl forcée de fe charger de plufieurs corpufcules cadavéreux , ^ la denfité des vapeurs efi d'autant plus grande , que le volume d'air eft moindre. Mais c'efl dans les couches inférieures que fe fait d'abord cette union ; & la pefan- teur des fubflances qui pénètrent ces cou- ches , faifant continuellement obflacle à leur élévation , leur difperiion dans un grand volume d'air ne peut avoir lieu qu'autant que les couches fùpérieures ou collatérales viendront fuccefilvement prendre la place des inférieures. Si l'air efl flagnant & im- mobile , les couches inférieures leront bien- tôt faturées des corpufcules exhalés , & les vapeurs qui réfulteront de cette diffolution , acquerront une denfité confidérable. Ce ne feroit pas afîêz que l'air des cou- ches inférieures fût quelquefois renouvelle » il faudra encore que l'agitation de la mafîe aérienne , capable de produire cet eflfet , foit continuelle , ou du m.oins très-fréquente. Les vapeurs réunies & condenfées par ^ C I M iâurée de la flagnation des couches inférieu- res, ne feroient pas alîez promptement dlvi- fées par le mouvement momentané qui leur feroit communiqué ; & ces vapeurs , pouf- fées alors en maflè, pourroient devenir d'au- tant plus pernicieufes , que ce mouvement feroit plus fubit & plus rapide. Cet inconvénient fera cependant bien fou- vent inévitable , parce que l'humidité , oc- cafionée par les pluies , donnera néceffai- rement de la denfité aux vapeurs , en s'op- Çofant à leur diifolution ; parce que la raré- radion , caufee par la chaleur , nécefîitera cette denfité , en rendant l'air immobile & flagnant ; parce qu'enfin la réunion de ces différentes cau(ès condenfera ces vapeurs. Ainfi l'air des cimetiereSyparVcfftt des pluies & de la chaleur , ou par leur concours , de- viendra louvent capable d'infecler ceux qui le refpireront , foit dans le heu même , foit dans le voifinage , fuivant la diredion & la véhémence des vents. Enterrer profondément les cadavres , & mettre entre eux une diftanca confidérable ; placer les cimetières dans des e^idroits où l'air foit le moins humide qu'il eft poflibJe , & jouiiîe d'une liberté qui puilfe favorifer le mouvement de toutes les couches ; voilà donc les moyens d'empêcher que les écou- lemens cadavéreux ne forment des vapeurs d'une denfité dangereufe , & que l'air dans les cimetières ne foit jamais afïez infedé pour être pernicieux. Mais comme cette infedion eft louvent inévitable , il faut encore que -les cimetières foient fitués de façon que les vapeurs infec- tes qu'ils fournifîcnt ne puiilênt être portées fur des heux habités, qu'ils en foient aflez éloignés pour qu'elles aient le temps d'être diffoutes avant d'y arriver , & que la na- ture des vents , capables de les charier , favorife leur dilToIution. A quelle profondeur faut-il enterrer les morts? Quel efpace doit-on affigner à chaque fépulrure ? La folutlon de ces problêmes eft encore néceflaire pour pouvoir déterminer les conditions que doit avoir un cimetière , afin que la deftrudion des morts ne nuife pas aux vivans. Il eft impoffible de calculer l'adion des couches terreufes fur les écoulemens cada- véreux , &: la réfradion des rayons que ^r- C I M 5)3 meront ces écoulemens en fortant de terre. Heureuferaent que l'exaditude mathémati- que n'eft point néceflaire en cette occafion , & qu'on peut fe permettre des fuppofitions , pourvu que les obfervations les autorifent. Or , il eft conftant que les couches ter- reufes fubtilifent les émanations , & que celles-ci font d'autant moins dénies , que les autres font plus épaifïês & plus compac- tes. L'expérience a démontré qu'une cou- che de terrain d'un pié & même de deux pies d'épaiftéur, laifïbit aux émanations afîez de denfité pour fe rendre fenfibles par leur fétidité. Il eft également conftant qu'en traverfànt un milieu denlè, les rayons de matière, quelle qu'elle foit , s'approchent de la perpendicu- laire ; & qu'en pafîant d'un mifieu denfe dans un qui l'eft moins , ils s'en éloignent d'autant plus que la différence des denfités eft plus confidérable. Il fuit de-là , premièrement , qu'il faut au moins recouvrir les cadavres de trois ou quatre pies de terre , & même de beaucoup plus , fi la nature du fol le permet , pour diminuer autant qu'il eft pollible la denfité des écoulemens cadavéreux. Secondement , que fi en traverfànt la cou- che terreufe , les rayons d'écoulemens, par- tis des différens points du cadavre , fe rap- prochent de la perpendiculaire , de m.aniere à devenir prefque parallèles entre eux au ior- tiV de la terre , lorlque cette couche a quatre pies d'épaiffèur , ils s'en éloignent dans l'air à raifon du peu de denfité relative de ce mi- lieu , & divergent de façon que l'on peut , fans crainte d'exagération , fiippofer que la ligne , tirée du foramet du rayon fur le ter- rain , tomberoit alors à trois ou quatre pies ; qu'ainfi les écoulemens des cadavres, qui ne feroient diftans que de deux , trois , quatre , même de fix & fept pies , fe confondroient les uns avec les autres. Que pour prévenir les inconvéniens qui réfulteroient de ce mé- lange , il faudroit mettre entre chaque ca- davre un intervalle de fept à huit pies , & confacrer à la fépulture de chacun d'eux un efpace de terrain proportionné. Mais les émanations qui fe feront des pies & de la tête étant beaucoup moins confidérables que les autres , il ne fera pas néceffaire que l'in- , tôrvaile foit par-tout égal , & Ton pourra le 5)4 C I M réduire à la moitié pour les côtés de la tête ^ des pies. . Dès-lors en donnant à chaque cadavre fix pies de longueur & deux pies & demi de largeur , & y ajoutant deux pies du côté de la tèzc & autant du coté des pies , en -ajou- tant pareillement à leur largeur quatre pies de chaque côté, on aura un elpace quarré . C I M qn'iî ne Toit point humide , que Ton étendue folt proportionnée au nombre des morts , & quatre fois plus grande que ne l'exige l'ei- pace ordinaire pour l'inhumation de chaque cadavre ; que tous les vents , mais fur-tout ceux du nord & de l'efl y abordent avec facilité , qu'aucun arbre ne s'y oppolè au jeu de l'air, que les murs , dont on l'entoure , n'aient que très-peu d'élévation , & que les cimetières foient toujours hors des lieux habités, & fitués au nord & à l'ert , parce que ces vents, ^ordinairement fecs & froids , & paroilî'ant fouffler de bas en haut , élè- vent les vapeurs & les dilperfent , tandis que ceux du fud & de l'oueA , prefque toujours humides & chauds, les rabairtént , s'^op- pofent à leur difîolurion & à leur difperfion , & peuvent \qs porter en malîè fur les lieux voilins. La fituation des cirjietieres hors des villes a été de tout temps , chez les peuples poli- cés , un efïet de leur attention à écarter tout ce qui pouvoit altérer la fanté àes hommes. Les Grecs & les Romains en avoient fait une loi exprefle ; Se cette loi , fouvent re- nouvellée par les empereurs , même du bas empire ,, fut long-temps fuivie par les chré- tiens. Ils portoie.it le refpeâ pour cette loi jufqu'à ne pas permettre qu'on coniîruisît des églifes dans les endroits où des morts avoient été enterrés ; on peut voir à. ce fujer les lettres de fàint Grégoire & la colle ciion éts conciles par les pères Labbe&Hardouin. Ce ne tut que dans le commencement du IV ^. liecle que Tuiagc d'enterrer dans les villes commença à s'introduire , & fi cet abus s'efi: tellement multiplié , qu'il eff de- venu prefque univerfel , qu'on s'ed même oublié jufqu'à profaner les temples, jufqu'à fouiller le fanduaire par d&s lépultures ,. il faut elpérer que les cris de l'humanité , qui de toutes parts s'élèvent contre cet abus., le feront ceiîèr , & que devenus plus fenfibles îtu bonheur de la fbciété qu'à de vains hon- neurs que la raifbn réprouve , nous verrons cefier l'ufage d'enterrer dans les éghfes & dans les villes, & former des cimetières d'après les vues que l'on vient d'expofer. m- M) CIMIER , f. m. [An Herald.) la partie la plus élevée dans les ornemens de i'écu , & qui efl au-deffus du cafc^^ue à fa (#ime. C I M pj Le cimier efl l'ornement du timbr e,comme le timbre efl celui de I'écu. L'ufage en efi de l'antiquité la plus reculée , & l'on fait d'ailleurs que les cimiers ont fervide fonde- ment à plufieurs fables de la mythologier Geryon pafla pour avoir trois têtes , parce qu'il portoit un triple cimier , dit Suidas,- Hérodote en attribue l'invention auxCariens. Diodore de Sicile parlant desEgyptiens, diî que leur roi portoit pour cimier des têtes de bon , de taureau ou de dragon. Plutarque a décrit le cimier de Pyrrhus, dans l'éloge qu'il a fait de ce prince. Enfin Homère , Virgile, le Talfe ,,. & l'Ariofle , ont fait dans leurs poèmes la defcription de plufieurs cimiers. C'étoit autrefois en Europe une plus-* grande marque de noblefîè que l'armoirie ; parce qu'on le portoit aux tournois , où on ne pouvoit être admis fans avoir fait preuve- de nobleffe. Le gentilhoram.e qui avoit alîiifé deux fois au tournois folemnel , éroit fufti- famment blafonné & publié , c'efl:-à-dire reconnu pour noble , & il portoit deux trompes en cimier (ur Ion cafque de tournois: de-là vient tant de cimiers à deux cornets , que plufieurs auteurs ont pris mal-à-propos pour Àts trompes d'éléphant. Le cimier de plumes a été adèz univerfel- leraent reçu de tous les peuples. On ne s'en ^ fertplus dans les armées, & nous n'avons vu < que M. le maréchal de Saxe qui en ait re- nouvelle l'ulage dans la dernière guerre , mais feulement pour les dragons volontaires de fon nom , qui portoient fur le fommet de leurs calques des aigrettes de crinde cheval , flottantes au gré des vents. Le cimier neû aujourd'hui qu'un ornemerit de- blafon de quelques particuliers. Le ledeur trouvera dans le P. Meneftrier , homme confommë dans l'art héraldique, tous les détails polïibles fur ce fjjet. (M. le cheu. nEjA uco urt.) Cimier, (Boucherie.) cciïâlnïiqii^ on. appelle une portion de la cuifTe de -bœuf. Cette portion fe divife en plufieurs tranches ; & chaque tranche contient trois morceaux-, dont le premier s'appelle la piece^dnde , le fécond ï^i femelle y & le troifieme \c tendre.. On donne le nom de culotte au cimier^ à le prendre depuis les tranches juiqu'à la queue. Cimier , ( Vénerie.) c'efl la croupe du cerf, du daim & du chevreuil, qui dans la curée fe donne au maître de l'équipage. - , 5)^ C I M CIMMÉRIENS, f. m.plur. {Géo^. anc. & mod.) peuples anciens qui habitèrent les environs des palus Méotides & du Bofphore Cimmérien, Les Grecs en avoient une fi faulFe idée , que le croyant couvert d'ê- paifles ténèbres , ils le plaçoicnt fur les con- fins de l'enfer. Il y eut en Italie dans la Campanle , un autre peuple du même nom ; un troifieme en Afie, vers la Géorgie & la merCafpienne; un quatrième en Alie , où eft à prélènt Sy- nope. *ClMMÉRlENS, {Géog. anc.) Ho- mère dit qu'Ulyfle alla au pays des Cimmé- riens. Quel eft ce pays ? Un favant Anglois , GeorgeCarJeton, prétend que par le pays des Cimmériens , il laut entendre l'Angleterre : pour le prouver , il établit ces trois princi- pes ; 1°. que les Scythes venant d'Afie , chaflerent les Cimmériens ou Cimbres de leurs pays , & qu'il y en eut qui pafl'erent en Angleterre ; 2**. que ces peuples étoient fort adonnés à la magie ; 3°. que Pline & Céfar ont dit que les anciens Bretons avoient les mêmes inclinations. Cela étant , Homère qui avoit deiîéin de conduire fon héros dans les enters , ne pouvoit rien inventer de plus à propos que de le faire aller chez ces peu- ples qui , par leur art magicfue , pouvoient lui fournir les moyens de taire ce voyage : les avis que Circé donne à Ulyfîe, font très- propres à confirmer cette conjedure ; elle lui dit qu'il faut qu'il voyage fur l'Océan , & qu'il fe ferve du vent nommé Bocias , c'eft-à-dire , à-peu-près de celui que nous nommons nord- tfi y & qui ert tout propre pour voguer de l'Itahe vers le détroit de Gi- braltar. Homère dit enfuire qu'Ulyfle ayant navigué fur l'Océan occidental, il arriva à une ville des Cimbres , habitée par des an- ciens peuples, & couverte de perpétuels nua- ges , lans que les rayons du ioleil y pénè- trent jamais: il s'agit de favcir qui il faut en- tendre par ces peuples. Il eft vrai que les Cimbres fe font établis en pkifieurs endroits de l'Europe ; mais on ne peur entendre ni ceux d'Eipagne , ni ceux des Gaules , parce que pour aller d'Italie en Efpagne ou dans les Gaules, il n'eft pas nécefTaire d'entrer dans l'Océan: on dira peut-être qu'on peut entendre par ces Cimbres , ceux qui fe font établis dans quelques endroits d'Allemagne: C I M maïs quelle apparence qu'UIyife venant d'I- talie , ait paffé devant les îles Brytanniques , pour aller en Allemagne , fans s'y arrêter, puifqu'il pouvoit y trouver ce qu'il eherchoit? d'ailleurs il y a dans Homère deux circonf- tances qui femblent prouver que par les Cim- bres dont il parle , il faut entendre ceux qui s'établirent en Angleterre, i °. Il efl dit que ces peuples habitoient à l'extrémité de l'Océan , {m TrtifctraàKiAvvio) ce que ce poète dit par rapport au lieu d'où étoit parti Ulyfl'e , & qui convient fort bien à la fituation de l'Angleterre; 2.°. Homère dit que ce* peuples font couverts de perpétuels nuages , ce qui convient encore parfaitement à l'An- gleterre qui ne jouit que de très-peu de jours clairs & fereins : c'eil delà que le favant dont nous parlons , croit qu'eft venu le proverbe, tenebrœ cimmeriœ , pour dire des ténèbres épaifles. EuHathe qui accufe Homère de s'être trompé en plaçant les Cimmériens k l'occident, au lieu de les placer vers le nord, fe trompe lui-même , & juge des chofes du temps d'Homère , par ce qui étoit de fon temps. Il y a encore une difficulté fur ce fujet dans le même poëte : il dit dans le livre XI de VOdyJJe'e , qu'Ulyfle s'en retourna fur le fleuve Océan. Hérodote n'a pu comprendre ce que c'étoit que ce fleuve , & il avoue qu'il n'en connoît aucun de ce nom. Voici la conjecture de notre auteur fur ce fujet: il fuppofe d'abord que l'Angleterre & les pays voifins n'étoient connus des anciens que par les relations des marchands Grecs qui , pour faire leur négoce , pénétroient dans rOcéan, le plus avant qu'ils pouvoient, & qui ont établi des colonies en Efpagçie & dans les Gaules : c'efl de ces marchands qu'Homère & Hérodote ont appris tout ce qu'ils ont écrit de ces peuples : on lait qu'ils avoient pafle les colonnes d'Hercule, & qu'ils avoient pénétré jufqu'en Angleterre , mais en côtoyant toujours le rivage , (elon l'an- cienne manière de naviguer ; or ces mar- chands pouvoient avoir rapporté qu'entre le pays des Cimmériens Anglois & celui des Celtes , l'Océan fe retréciflibit fi fort , qu'à peine avoit-il la largeur d'un grand fleuve: cela étoit vrai , fur-tout dans ce temps-là, puilqu'on eft très-perfuadé que la mer a de- puis gagné beaucoup fur la terre , & queje canal CIM canal d'Angleterre ell beaucoup plus large aujourd'hui qu'il ne l'étoit autrefois c'efl ce canal , A peu près de la largeur d'un fleuve , qu'Homère appelle {tfleiwe Océan : un en- droit Aqs commentaires de Cn ciN plus commune dans les lieux des Unies , où elle croiflbit , & qu'elle étoit moins recher- chée des princes. Aujourd'hui que les circonftances font changées & devenues plus favorables pour avoir la meilleure cannelle , qui eu le vrai cinamome , ce dont nos boranifles modernes habiles font convainais , nous pouvons dire le contraire des anciens , que nous la con- noiflbns beaucoup mieux quelacafïe ligneufe qu'on apportoit fi communément autrefois. Les Hollandois ont foin de faire toujours rrier la cafle , dans leurs magafins de Co- lombo , à l'île de Ceylan , lorfque par acci- dent ou par mégarde , il s'en trouve demê^ae avec la bonne cannelle , enduite delà récolte. Ce triage fe fait en préfence de plufieurs perfonnes , établies fous ferment pour cela , lefquelîes veillent à ce que les ouvriers ou autres n'en ghffent à l'écart-pour en faire du profit. Cette cannelle de rebut ou cafi'e , qui efi la plus grofliere , la plus épailTe & la plus afrringente , parce qu'elle vient de quelques branches de canneliers un peu trop vieilles , que les écorceurs ou féparateurs de cannelle ont dépouillées mal-à-propos , eft toujours brûlée avec loin fous les yeux des furveillans , & autres officiers infpedeurs de la cannelle. Or celle qu'on brûle n'efî autre chofe qu'une el'pece de celle que les anciens appelloient cajjîalignea. D'où nous devons conclure que nous la voyons plus rarement , & que nous la connoiiîbns moins que le cinamome. V. Cannelle, (-f-) CINAN , ( Géog.) ville confidérable de la Chine dans la province de Chanton. Zo/z^. l3A-y 50; lat. 57. CINCENELLE , f. f. terme de rivière y corde dont on fe fert fur les rivières pour monter les bateaux. CINCHEU , ( Géog. ) ville de la Chine dans la province de Quangfi : il y a une autre ville de ce nom en Chine , dans la province de Xantung. CINDIADE, adj. f. furnom de Diane. Polybe raconte de fa ftatue un prodige bien fingulier ; c'efl: que quoiqu'elle fût à l'air , il ne pleuvoit ni ne ncigeoit point deflus. Cre- dat Jiidœus Appella. '^CINÉRAIRE, f. m.(ffifl.anc.)ào- meftique occupé chez les Romains à frifèr les cheveux des femmes , & à préparer les C I N cendres qui entroient dans la poudre dont elles fe fervoient. Il étoit appelle cinerarius , de ces cendres , ou de celles dans lefquelîes il faifoit chauffer fon fer à frifer. _ CINER ATION ,[.(.{ Chymie. ) réduc- tion du bois ou de toute autre matière com- buftile en cendres , par le moyen du feu. K. Cendre , Calcination , ùc Quel- ques auteurs fe fervent du terme c/W— faciion. {M) CÏNETMIQUE , f f. la fcience du mou- vement en général , dont la méchanique n'eft qu'une branche. CINGLAGE ou SINGLAGE , f. m. ( Mar. ) on entend par ce mot le chemin que fait le vailTeau. Cingler ou Jingler j fe dit d'un vaiffeau qui fait route , & marche fous voiles. (Z) CINGOLI , {Géog. l ville d'Itahe de l'état de l'églife dans la marche d'Ancone ^ fur la Mufonc. CING UL UM , ( Géog. anc. ) ancienne ville d'Itahe dans le Picenum , bâtie aux dé- pens de Labienus , un des premiers lieutenans^- de Céfar , dans les Gaules. Avant Labienus >. c'étoit un petit bourg d'où la famille de La- bienus étoit originaire ; fa fituation fur une montagne efcarpée , près de la rivière de Mufone , lui avoir fait donner le nom de Cingula S axa , fuivant Silius Italiens , dans ionPoëme de la deuxième guerre punique. La- bienus employa une partiedefes richefîes ac- quifes dans les Gaules , à augmenter l'enceinte de Cingulum, à y faireconftruiredesmaifons, & à la clorre de murs & d'ouvrages capables d'en défendre l'entrée : ce heu devint alors une ville confidérable , dont Labienus fut le fon- dateur : Phne en nomme les habitans Cingu- lani ; Frontin fait mention de leur territoire , Cingulanus ager: Paul Merula , célèbre cof- mographe , aflùre avoir vu une médaille d'ar- gent de Labienus , frappée à l'occafion de la fondation de cette ville de Cingulum _> dans le cabinet de 'l'illuftre Horlsus fon ami ; mais les bons connoifîêurs regardent cette mé- daille comme fauife & fuppofée. Cette ville eft aujourd'hui Çingoli , dans la marche d'Ancone fur la Mufonne , à neuf milles de Jefi & de San-Severino , & à li d'Ofimo , dans l'état de l'églife. Voye^^ Mém. Acad. infcrip. toni. XIX y in-12. y p. lOO. (C) C I N CINNABRE , ou CINABRE , f. m, f Hifi. nat. minéralogie & chymie, ) On en ciftingue de deux efpeces ; l'un efl naturel , •& Te nomme cinnabaris natiya ; l'autre cil artificiel , cinnabaris faclitia. Le cinnabre naturel efl un minéral rouge , très-pefant , plus ou moins compare ; il n'aflede point de figure déterminée â l'exté- rieur : cependant on le trouve quelquefois fous une forme Iphérique ; intérieurement il ^eft ou folide , ou grainelé , ou ilrié. Sa cou- leur efl plus ou moins vive , à proportion de la quantité des parties terreflres ou hétéro- gènes avec lelquelles le cinnabre efl mêlé ; c'efl ce qui fait qu'il y en a d'un rouge très- "vif , de pâle , d'un rouge mat comme la bri- que , & d'un brun pourpre au rougeâtre comme la pierre hématite. Le cinnabre nafurei efl une combinaifon faite par la nature , du mercure avec une portion de fouire ; ou c'efl une iublimation de ces deux fubflances opérée par là chaleur du feu fouterrain , qui produit une union fi .-étroite , qu'il faut avoir recours à l'adion du feu pour les lépar^r ; c'efl ce qu'on fait en jnettant le cinnabre dans une cornue , pour léparer le mercure d'avec fon foufre : mais comme cts deux matières font volatiles , on efl obligé d'y joindre un intermède , fans quoi le foutre fe fublimeroit avec le mercure -& formcroit un nouveau cinnabre. L'inter- mède dont on fe fert efl ou de la limaille de fer , ou de cuivre , du régule d'antimoine , de la chaux , ou enfin du fel alkali fixe ; l'on a la précaution de bien mêler & de triturer l'une de ces matières avec le cinnabre avant que de les mettre en diflillatipn. hç cinnabre , quand il efl bien pur , contient yàg de mer- cure , contre îouj de foufre. H n'efl point befoin de récipient dans cette diflillation'; il iufîîtpour recueillir le mercure , que le bec de îa cornue trempe dans un vaifîeau plein <3'eau. Cette opération s'appelle revivification. M. Henckel dit que [qs matrices dans lef- quelles \t cinnabre fe forme , font aulTi variées ece de chapelet. La rigole qui efl: au •milieu de la terraffe , n'eft que pour ralTem- bler le mercure qui pourroit s'échapper des aludels lorfqu'ils ne font pas bien luttes. Lorf- que le feu a été une fois allumé , on le con- tinue pendant treize ou quatorze heures ; après quoi on laiffe refroidir les fours pen- dant trois jours ; au bout de ce temps , on xalFemble tout te mercure revivifié qui efl dans les aludels. Une feule cuite , fuivant M. de Juflïeu , peut donner depuis vingt- cinq jufqu'à foixante quintaux de mercure. Cette manière de traiter le cinnabre eft très-ingénieufè , elle a des avantages réels , & elle eft moins pénible que celle qui fe pra- tique au Pérou , où l'on ne fe fert que de petits fourneaux , & où l'on eft obligé de mettre de l'eau dans les aludels , & de les arrofer extérieurement pour les rafraîchir pendant Topératron , afin de condenfer les vapeurs mercurielles. Cette méthode efl auffi beaucoup phjs abrégée que celle qui efl en wfage dans le Frioul , où l'on efl obligé de tirer le mercure du cinnabre par de longues triturations dans l'eau , & par des lavages réitérés. Outre cela , dans la manière de diftiller qui s'obfei*ve à Almaden , on n'a point befoin d'intermèdes , ceii la pierre elle-même qui en fert; elle fuffit pour retey- nir les particules fulfureufes qui fè font minéralyfées avec le mercure ; ce qui dif-v, penfe d'employer la limaille de fer & les autres matières communément ufitées. On pourroit en attribuer la caufe à ce que cette jRttr\iere e]ft calcwe \ ainlx on ^e doit point C I N fe promettre de réufîir en travaillant le c/n- nabre à la façon d'Almaden, à moins qu^ilne fût mêlé à de pierre calcaire , comme celui de cet endroit. M. de Juflieu indique dans le même mé- moire dont nous venons de donner le pré- cis , la manière de s'alTurer fi un minéral contient du mercure , ou dl un vrai cinna- bre. Il faut en faire rougir au feu un petk morceau ; & lorfqu'il paroît couvert d'une petite lueur bleuâtre , le mettre fous une clo- che de verre , au travers de laquelle on re- garde fi les vapeurs fe condenfent fous la forme de petites gouttes de mercure , en s'attachant au verre ou en découlant le long de Çq^ parois. Ce favant naturalifle nous donne auffi un moyen de reconnoître fi le cinnabre a été falfifié ; c'efl par la couleur de fa flamme , lorfqu'on le met fur àts char- bons ardens ; fi elle efl d'un bleu tirant fur îe violet & fans odeur , c'efl une marque quele c:i/2/2aèr^t cinnabre naturel , ils en- tendoient la même fubflance que nous ve- nons de décrire ; ils lui donnoîent le nom de minium. Pline dit qu'on s'en fervoit dans la peinture ; aux grandes fêtes on en frottoit le vilage de la flatue de Jupiter y & \ts triomphateurs s'en frottoient tout le corps , apparemment pour fe donner un air plus, fànglant & plus terrible. Par cinnabre arti- ficiel , ils entendoient une fubflance très— différente de celle à qui nous donnons ac- tuellement ce nom ; c'étoit , fuivant Théo— phrafle , un fable d'un rouge très-vif & très- brillant , qu'on trouvoit en Afie mineure , dans le voifinage d'Ephefe. On enféparoit par des lavages faits avec foin la partie la plus déliée. Les anciens médecins ont encore donné le nom de cinnabre à un fuc purement vé- gétal , connu parmi nous fous le nom de fang-dragon; ilsrappelloient>c./i'i«tf;tp/lV lot C I N Mais fon utilité dans ces cas n*e{I pas dé- montrée par afTez d'obfervarions pour détrui- re une opinion afTez plaufibie, qui conclut de ion infoîubilité & de fon inaltérabilité parles humeurs digelHves , & de fon inlipidité ab- folue , qu'il ne lauroit ni pafler dans la fti^û'e des humeurs & en altérer la conflitution {^crajis ) , ni faire aucune impreffion fàiutaire lur le fyilême nerveux , par fon adion im- médiate iur les organes de la digeflion. Son utilité la moins équivoque efî celle qu'il pro- cure employé en fufFumigation , foit dans le traitement général de la maladie véné- rienne , foit dans le traitement particulier de quelques - uns de les fymptomes exté- rieurs , comme chancres , porreaux , &c. V. SUFFUMIGATIOK Ù VÉROLE. Le cinnabre entre dans pluneurs prépara- tions officinales , à la coloration defquelies ion utilité paroît fe borner. Voye^ COLO- RATION, (b) CINNUS , ( Diète. ) V. Cyceon. CINNYRE , ( Mufiq^. inftr. des Béhr. ) Voye-^ KiNNOR, [Mujiq. inftr. des Hébr.) ( F. D. C. ) I CINQ, r. m. {Arithmét.) nova de nom- bre. Tout nombre terminé par 5 eft divifible |)ar ') ; & tout multiple de 5 fe termine par 5 ou par zéro , la démonflration «n efl facile à trouver. Cinq, [jeux de carte.) efl une carte mar- quée de cinq points. Le point eft ou cœur , 'Pte ; mais Marsham vouloit trouver toute la religion des Juifs dans celle des Egyptiens , & tout lui paroiiïbit démonfira- tif en faveur de cette opinion ab{urde & ruinée depuis long-temps. 3^- Heft certain que la pratique de la circoncijion étoit fort différente chez les Juifs & chez les Egyp- tiens ; les premiers la regardoient comme un devoir efîêntiel de religion & d'obligation étroite pour les mâles feulement, fur lefquels on la pratiquoit le huitième jour après leur naiffance , Iqus les peines portées par la loi ; chez \qs autres , c'étoit une affaire d'ufage , de propreté , de raifon , de fanté , même , félon quelques-uns , de néceffité phyfique; on n'en faifoit l'opération qu'au treizième jour , louvent beaucoup plus tard , & elle étoit pour les filles aulS-bien que pour les garçons. 4°. Enfin l'obligation de circoncire tous les mâles n'avoit jamais pafîe en loi générale chez les Egyptiens : St. Ambroife , Origene , S. Epiphane & Jofeph atteflent qu'il n'y avoit que les prêtres, les géomètres, les aitronomes , les ailrologues & les favans dans la langue hiéroglyphique , qui fufîent afîreints à cette cérémonie , à laquelle , fui- vantS. Clément d'Alexandrie, ^roma;. Z/V. /, Pythagoreen voyageant en Egypte voulut bien fe foumettre , pour être initié dans les myfîeres des prêtres de ce pays , & appren- dre les fecrets de leur philofophie occulte. Mais ce qui ruine entièrement le fyflême de Marsham , c'eft qu'Artapane cité dans C I R V07 Eufebe , préparât, évangél. Ui/, IX, chap. xxviij , afiure que ce fut Moyfe qui commu- niqua la a/ro/2c://zo/z aux prêtres égyptiens. D'autres penfent encore , avec beaucoup de vraifemblance, qu'elle ne fut en ufage parmi eux que fous le règne de Salomon. Du reflc ni alors , ni même long-temps après , le' commun du peuple n'étoit pas circoncis parmi les Egyptiens , puifque Ezéchiel , chap. XXX j j V. z 5 ," & XXX ij y v- 1 9 ; ^ Jéréraie , chap. ixp v. Z4. Ù ZA , comptent ce peuple parmi les nations incirconcifes. Abraham n'a donc point emprunté d'eux l'uliige de la circoncijion. Chez les anciens Hébreux la loi n'avoit rien prefcrit de particulier , ni fur le miniff re , ni fur l'inflrument de la circoncijion : le perc de l'enfant ou un autre parent , ou un chi- rurgien , quelquefois même un prêtre , pou- voit faire cette cérémonie. On fe fervoit d'un rafoir ou d'un couteau. Séphora femme de Moyfe , circoncit fon fils Eliézer , avec une pierre tranchante, Exod. iv , v. z^. Jofué en ufa de même envers les Ifraélites qui n'avoient pas reçu la circoncijion dans le dé- fert, Jofué V. , v. z. C'étoit probablement de ces pierres faites en forme de couteaux , que les Egyptiens fe fcrvoientpour ouvrir les corps des perfonnes qu'ils embaumoient. Les galles ou prêtres de Cybele fe mutiloient avec une pierre tranchante ou un têt de pot caiïe , ne le pouvant faire autrement fans fe mettre en danger de la vie , fi l'on en croit Pline , hijl. nat. liv. XXXV, ch.xij. Chez les Juifs modernes le père doit faire circoncire Ion fils au huitième jour , & non auparavant; mais bien après fi l'enfant efl infirme ou trop foible pour fupporter l'opé- ration. Voici les principales cérémonies qui s'y pratiquent. Il y a un parrain pour tenir & ajufler l'enfant fur ks genoux pendant qu'on le circoncit , & une marraine pour le porter de la maifon à la fynagogue , & pour le rapporter. Cehii qui le circoncit s'appelle en hébreu mohel , c'efî-à-dire aV- concifeur ; & cette fonâion efl un grand honneur parmi \qs Juifs. On reconnoîr ceux qui l'exercent ordinairement parce qu'ils ont les ongles des pouces fort longs , pour l'u- fage dont nous parlerons bientôt. Le père de l'enfant fait quelquefois l'office du mohel, & même dans fa maifon , car il n'ell pas 0 ^ io8 C I R toujours ^e nécefîlté qu'on aille à la fyna- gogue. Quand la cérémonie fe fait dans ce dernier lieu , au jour indiqué on place dès le matin deux fieges avec des carreaux de foie ; l'un de ces fieges efl pour le parrain qui tient l'enfant ; l'autre demeure vuide ; éc eft deftiné au prophète Elie , qui , comme fe l'imaginent les Juifs , afllfte invifiblemcnt à toutes les circoncijions . Le mohel apporte les inftrumens néceflaires ; favoir un plat , un rafoir , des poudres aftringcn tes , du linge , de la charpie, & de l'huile rofat, & quelque- fois une écuelle avec du fable , pour y metn-e le prépuce coupé. On chante quelque can- tique en attendant la marraine qui apporte l'enfant fur les bras accompagjiée d'une troupe de femmes , dont aucune ne pafïê la porte de la fynagogue. C'eft-là que la ■marraine donne l'enfant au parrain , & aufll- tot tous les iiiîiftans s'écrient baruth-haba , le bien venu. Le parrain s'aliîed & ajufïe l'enfant fur fes genoux ; le mohel prend le rafoir , & dit : Béni foye^-i'ous y Sei- gneur ! qui nous ape:[ commandé la circon- cijion. En prononçant ces mots il prend avec des pinces d'argent ou avec {qs doigts la groffc peau du prépuce, la coupe, puis avec \cs ongles il déchire une autre peau plus déliée qui refle : il fuce deux ou trois fois lefang qui abonde, & le rejette dans une taiîé pleine de vin , enfuite il met fur la plaie du fang-dragon , de la poudre de corail , & d'autres drogues pour étancher le fang ; puis il applique des compreifes imbibées d'huile Tofàc , & il enveloppe le tout. Il reprend enfuite la tall'e , bénit le vin mêlé de fang , en m.ouille les lèvres de l'enfant', en difant ces paroles d'Ezéchiel , ch. xvj , z-', ^ ; Et j'ai clic : vis en ton fang. Il prononce une autre bénédidion pour l'enfant , auquel il impofe le nom qu'on fouhaite. On récite après cela le pfeaume 128 , & l'on reporte l'enfant à la maifon de fes parens. R. Léon de Mo- denc , des cérém. des Juifs. Voye\auffile grand diclionnaire de la bible de M. Simon, •au mot circoncifion ; Ù le dictionnaire de la •bible du P. Calmet , fur U même mot. La circoncijion , dans l'amiquité , n'étoit •ccrémcnie religieufe que pour les Juifs: mais iorfque d'autres peuples qui la pratiquoient .pour d'autres fins & d'autres raifons, comme oiousJ'avons dit, vouloient embralTej: leju- C I R daïfme , la réitéroit-on ? Dom Caîmet aflure que quand les Juifs recevoient un profélyte d'une nation où la circoncijion étoit en ufage , comme un famaritain , un arabe , un égyptien , s'il avoit déjà reçu la circon- cijion y on fe contentoit de lui tirer quel- ques gouttes de fang de l'endroit où l'on donne la circoncijion ^ & ce fang s'appelloic lefang de l'alliance. Il ajoute que trois té- moins aflifloient à cette cérémonie , afin de Ja rendre plus authentique , qu'on y béniflbic Dieu , & qu'on y récitoit cette prière : O Dieu ! faites-nous trouver dans la loi les^ bonnes œuvres, & votre protection y comme vous ave:^ introduit cet homme dans votre alliance. Les juifs apoflats s'efforçoient d'eifacer en eux-mêmes la marque de la circoncijion. Le uxtt du premier livre des Macchabées , chap. j y V. îG y l'infinue clairement : Fe^ cerunt Jibi prceputia , & recefferunt à tefla- mento fanclo ; & S. Paul dans la prem. aux Corinth. chap. vij , v. z 8 y lémble craindre que les juifs convertis au chriffia- niiiTie n'en ufaiîènt de même : Circumcifus aliquis vocatus ejî, non adducat prœputium. S. Jérôme , Rupert & Haimont nient la pofîibihté du fait , & croient que la marque de la circoncijion eft tellement incfiaçable,que rien n'eit capable de (upprimer cette marque dans la chair du circoncis. Selon eux , ce qu'on ht dans les Macchabées doit s'entendre des percs qui ne vouloient pas donner la ar- concijion à leurs enfans. Saint Jérôme donne d'ailleurs une cxphcation forcée du pafîàge de S. Paul, qu'on peut voir dans le P. Lami , IntroduB. à V écrit, f aime , liv. I^chap. 7 , pag. y : mais , ajoute ce dernier auteur , fi l'autorité de l'écriture & de Jofeph , liv. Xll y chap. vj y de antig. jud. ne fufîifoit pas , on pourroit ajouter celle àcs plus fa- meux médecins , qui prétendent qu'on peut effacer les marques de la circoncijion. En efîet Celfe & Gaiien ont traité exprès cette matière ; & Bartholin , de morb. biblic. cite ^ginetcôi Fallope , qui ont enfèigné le fc- cret de couvrir les marques de cette opération» Buxtorf le fils , dans là lettie à Bartholin , confirme ce fait par l'autorité même des Juifs. Quoi qu'il en foit, la circoncijion telle qu'on la recevoit ^__ f.voic pour effet naturel de dif» tinguerles Juifs des autres peuples ; mais C 1 R outre cela elle avoir divers eîfcts moraux ; I elle fervoit à rappeller aux Juifs qu'ils def- cendoient du père des croyans , du père du Meflle félon la chair ; elle fervoit à les ren- dre imitateurs de la foi de ce grand homme, & à croire au Meflîe qui lui avoit été promis; elle étoit un fymboie de la cireoncifion du cœur, félon Moyfe , Deme'ron. xxx , r , 6" , & même félon Philon , de circumcijjone , elle obligeoir le circoncis à l'obfervation de toute la loi , Galat. chap. Vy verf. j ; enfin elle étoit la figure du baptême. Mais mal- gré les éloges exceffifs que lui donnent les rabbins, M. Fleury, àànslts moeurs des Jfraé- lite's , obferve que les Juits n'avoient point de lentiment unanime far la ncceiiité de la cireoncifion ; les uns la regardant comme un devoir eflentiel , les autres comme un fimple devoir de bienféance. Les théologiens la confiderent comme un facrement de l'ancienne loi , en ce qu'elle étoit un figne de l'alliance de Dieu avec la poilérité d'Abraham : Propter hoc, dit faint Thomas, in lib. IV^. /entent, difi. i , qucefi.j^ art. z y adv. iv , qiuvfî. quia in Abraham fides primo habuit quaji notabilem quamita- tem, ut propter fidei religionemab aliisfepa- raretur\ ideoeijignaculum^jivefacramentum ■fidei determinatum fuit y fcilicet circumcijio. Mais quelle grâce ce facrement conféroit-il , & comment la conféroit-il ? S. Augufrin a prétendu que la cireoncifion remettoit le péché originel aux enfans. Voici Ïqs paroles , lib. IV p de nuptiis Ù concupif. cap. ij. Ex quo injiituta efl circumcifio in po- pulo De if quoderattuncfignaculum juJîitiiX fidei adjjgnificationem purgationisvalebaty^ parvulis orginalis veterifque peccati. C'efl ce ■qu'il répète dan5 fes hvres contre Pelage & ■Cîleftius , contre Julien & contre la let- tre de Petilibn. Saint Grégoire le grand n'efl -pas moins formel dans fes traité? de morale fur Job : Q^uod apud nos valet gratia baptif- •matis p dit-il , lii>. IV y chap. iij , hoc egit apud l'eteres velpro pari'ulis fola fides y vel .pro majoribus virtus facrificii , vel pro iis •qui ex Ahrahic fiirpe prodierunt myflerium circumcifi.onis.LQ vénérable Bcde, S. Ful- gence, S. Profpcr , embrafTent la même dodrine , ainfi que plufieurs théologiens •diilingués , tels que le maître des fentences, oqui dit exprefléraent ifuit cirçumcifionis fa- C I R 1C9 cramentum dem conferens remedîum contra peccatumy quodnunc baptifmus prœfiat. Ale- xandre de Halès , Scor , Durand, S. Bona- venture & Eftius , penfent de même : ces deux derniers ont même été jufqu'à avancer que la cireoncifion conféroit la grâce ex opère operato , comme parle l'école , c'ell-à-dire de la même manière que la confèrent les facremens de la loi nouvelle. Quelque rcfpedables que foient toutes ces autorités, elles ne font cependant pas infailli- bles; & le fentiment le plus commun des théo- logiens efl, après S. Thomas , que la circon- ci/ion n'avoit point été inftituée pour fervir de remède au péché originel, i^. Le texte de la genelé cité au commencement de cet arti- cle , ne donne la circoncijion que comme un figne d'alliance entre Dieu & ion peuple , & nullement comme un remède à la tache ori- ginelle. 2°. S. Paul écrivant aux Romains , enfeigne exprelTément qu'Abraham reçut le figne de la cireoncifion , qui étoit comme le fceau de la juftice qu'il avoit eue avant que d'être circoncis : Et figniim accepit cir- çumcifionis jufiiticv fidei y quœ efl in prœpu- tio.Rom. iv y verf. z z. 3*^._Tousles p:?res , avant S. Auguflin , ont foutenu unanimement que la cireoncifion n'avoit point la vertu d'ef- facer le péché originel : Abraham , dit S. Juflin, dans fon dialogue avec Tryphon , c/r- ciimcifionem accepit injignum non adjufii-^ tiam^ qiiemadmodum (3 fcripturœ &resip- fcv nosfateri cogunt.... 6' quodgenus mulie- bre cirçumcifionis carnalis capax non efi, fa- tis idoflendit infignum datam circumcifio- nemiftam^ non utjuflitiœopus. S. Ircnée,//^'. iVjch. xvj, s'exprime ainfi: Circumcifionem non qucifijuftitije confummatricem^fedinfi- gno eam dédit Deus^ ut cognofcibile perfeve- retgenus Abrafiœ. Et Tertullien dans fon ou- vrage contre les Juifs , cfi. ij. Si circum.cifio purgat hominem , Deus Adam incircumci fum cum jaceret^ ciir eum non circumcidit ; velpofiquam detiquu^ fi purgat circumcifio} S. Cyprien , Uv. I , contre les Juifs , ch, viij ; faint Chryfbfiome , homélie xxvij, fur la Genef. S. Ambroife y épît. jz; S. Epiphane , Jiéref viij. Théodoret , Theophilade , (Ecuménius , enfin une foule de commentateurs & de théologiens , font de ce fentiment : les principales raifons dont ils l'appuient i'ont i^. que le péché Oiigind lïo C I R étant commun aux deux fexes , il n'eût été ni de la fagefTe ni de la bonré de Dieu de priver le fexe féminin du remède à ce péché : 2*^. pourquoi les Juifs auroient-ils interrom- pu l'ufage de la. ci rconci/ion pendant les qua- rante ans qu'ils voyagèrent dans le déiert , où il efl: probable que plufieurs moururent fans l'avoir reçue ? pourquoi eût-il fallu atten- dre au huitième jour, les enfans ne pou- voient-ils pas être furpris par la mort dans cet intervalle ? 3°. ni Philonle juif, ni les rabbins anciens & modernes qui afFedent d'exalter la aV<:o/2c//ro/z , ne lui ont jamais attribué la vertu d'effacer le péché originel. L'autorité de S. AuguHin n'eil donc ici d'aucun poids : il lifoit ou dans les leptante ou dans l'ancienne vulgate : tout enfant mâle dont la chair n'aura pas été circoncife le hui- tième jour y fera exterminé de fon peuple ,• parce quil a viplé mon alliance. Alais ces mots y le huitième jour y nt fe hfent ni dans l'hébreu ni dans notre vulgate qui ell faite fur l'hébreu. 2**. S. Augultin croyoit que ces mots , fera exterminé de fon peuple , iigni- fiokm fera condamné à P enfer ; & dans l'u- fage de l'écriture , & félon le fenriment com- mun àcs interprètes , ils fignifient fimple- ment, ou être puni de mort^ ou être enlevé de ce monde par une mort précipitée ^ ou être féparé du corps des Ifraëlites y ou être prive des grâces 6" des prérogatives attachées à l'al- liance de Dieu avec Abraham. 3**. C'efl: de cette dernière alliance qu'il s'agit uniquement . dans ces mots^ ilaviolémon alliance , & non de celle que Dieu avoit faite avec nos premiers pères , & que nous avons tous violée dans la la perfonne d'Adam , comme fe le perfuadoit S. Auguflin , faute d'attention au texte du chap. XV ij de la Gen. où le mot paclum^ al- liance^ eit répété jufqu'àhuit fois , mais tou- jours relativement aux engagemens que Dieu impofoit à A braham. Quoique la circoncifion ne remit pas le péché originel , elle contéroit quelques grâ- ces , mais moins abondantes , moins effi- caces que les grâces de la loi évangélique. Elle ne les conféroit pas néanmoins par fa propre force , mais par les mérites & \t^ bonnes difpofitions de ceux qui la recevoient ou qui l'adrainiflroient , ex opère operantisy comme on parle dans l'école , & non pas ex opère operato , ainfi que ceux de la loi 1 c I a ■ nouvelle ; c'efl la doârine du concile de Flo- rence & du concile de Trente. V. la differtat, deT)QTQ.Qd\.\x\tx.furlés effets de lacircon-^ cijion y à la tête de fon commentaire fur l'épi" tre aux Romains. ' L'origine & l'ufage de la circoncifion chez d'autres peuples que les Hébreux , eft facile à démontrer ; mais tous l'ont tirée d'Abra- ham & de (qs delcendans. Ifmaël chaffc- de la maiion de ce patriarche , la commu- niqua au peuple dont il fut le père, c'efl-à- dire aux Ilrnaélites & aux Arabes ; & de ceux-ci elle a été tranfmife aux Sarrafins , aux Turcs , & à tous les peuples qui profef- lent la dodrine de Mahomet. Les Phéni- ciens & les Syriens la pratiquoient aulîi. Sanchoniathon ciré par Eufebe , préparât, evangél. liv. /, dit que Saturne qui efl nom- mé Ifmaél par les Phéniciens , n'ayant qu'un fils nommé Jeud , l'immola fur un autel qu'il avoit adrefle à fon père dans le ciel : & qu'ayant pris la circoncifion , il contraignit tous (qs foldats d'en faire de même. Delà eiî venu parmi les Phéniciens la coutume qu'avoient les princes d'immoler leur fils dans les plus prenantes néceiiités de l'état ; & delà vient aufli apparemment l'uiàge de \z circoncifion parmi ce peuple. Ce récit ef! viliblement l'hilioire d'Abraham altérée par des fables , comme on en rencontre beau- coup de femblables dans les fragmens de Sanchoniathon, qu'Eufebe nous a confervés. Les Iduméens , quoique defcendus d'Abra- ham & d'Laac, ne fe firent circoncire que depuis que Jean Hircan \qs eut fubjugués & forcés à recevoir la arco/ici^o/z , comme Jofeph le raconte, antiq.jud. liv. XIII y ch. XV ij. \^ts Turcs ont une manière de circoncire diiférente de celle des Juifs ; car après avoir coupé la peau du prépuce , ils n'y touchent plus , au lieu que les Juifs déchirent en plu- lieurs endroits les bords de la peau qui res- tent après la circoncifion : c'eft pourquoi les Juifs circoncis guériflênt plus facilement que les Turcs. Ceux-ci avant la circoncifion prêt (ènt auffi la peau à plufieurs reprifes avec de petites pinces ,|)our l'engourdir & dimi- nuer la douleur : ils la coupent eniuite avec un rafoir , puis ils mettent fur la plaie quel- ques poudres qui la guérifient. Mais comme ils ne croient pas cette cérémonie néceliàire au fsliu , ils ne h font à leurs çnCms. que quand ceux-ci ont atteint l'âge de 7 ou 8 ans. On voit dans les mémoires de rétoile fous l'année 1581, qu'Amurat III voulant faire circoncire fon fils aiaé âgé d'environ quatorze ans , envoya un ambaffadeur à Henri III pour le prier d'affiikr à cette cé- rémonie , qui devoit fe célébrer à Conflan- tinople au mois de mai de l'année fuivante. Les ligueurs, & fur-tout leurs prédicateurs, prcnoient occalion de cette ambafîàde d'ap- peller Henri III le roi turc , & lui repro- choient qu'il étoit parrain du fils du grand- feigneur. ♦ Les Perfans ne circoncifent leurs enfans qu'à treize ans , ainfi que les Arabes , en mémoire d'Ifmaël qui ne fut circoncis qu'à cet âge. Ceux de Madagafcar coupent la chair à trois différentes reprifcs , & font beaucoup fouifrir les enfans : celui des pa- ïens qui fe faiilt le premier du prépuce cou- pé , l'avale. Herrera parle d'une elpece de circoncifion en ufage chez les Mexicains , quoiqu'ils n'euffent aucune connoiflance du Judaïfme ni du mahométifme : elle confif- toit à couper le prépuce & les oreilles aux enfans fi-tôt qu'ils étoient nés. En réchap- poit-il beaucoup de cette opération ? A l'égard de la circoncijion des femmes, elle n'a jamais été en ulage chez les anciens Hébreux , non plus que chez les Juifs mo- dernes , mais feulement chez les Egyptiens , & dans quelques endroits de l'Arabie & de laPerfe. S. Ambroife, tib. Il, de Abraham, cap. xj. avance indéfiniment que les Egyp- tiens donnent la circoncifion aux hommes & aux femmes au commencement de la quin- zième année ; & Strabon, liv. XVII y dit aulfi que les femmes égyptiennes reçoivent la circoncifion. M. Huet dit à ce fujet des chofes allez curieufes , dans une note latine fur Origene que nous tranfcrirons ici : Cir- camcifio fœminanim fit refeclione T«f fOjajjK (;imo clitoridis), quce pars in Aufiralium prœfertim mulieribus ita excrefcit y.utferro fit ccercenda. Ita tradunt medici infignes y Paulus j^ginetay lib. VI y cap. Ixx. Aetius, retrab. ii-'yjer. 4^ ciij, quorum hic itapergit. Quapropter ^gyptiis vifum eft , ut ante- quam exuberet (pars illar*corporis) ampute- tur y tumprxcipuè cum v irgine s nubiles funt dlocandce Qitod igiturnecejfitate.primum CIR Tir inventitm r/?, religioni pofimodum ufurpa- twnfuit : quod & aliqui de virili circumci^ fione opinati funt. Porro hanc confuetudi" nem circumcidendarum mulierum hodieque retinere ^gyptios , ferunt ii qui regiones nias luflraverunt y ignemque adcompefcen-" dam partis hujus luxuriem adhiberiy fcrihit Bellon. lib^ Illyobferi'. cap. xxi'iij. Morem hune fe ri' are fœ minas in Perfiây & Cophtas etiam in AEthiopiâ , Chrifii licèt nomeit profeffas. Léo Africanus^ lib. VIII y nar~ rat. Mahummedi lege idprœfcribiy quamvis in JEgypto tantum Ù Syriâ obtineac ; mu^- nufque id obire vetulas quafdam per picos Cairiminifierium fuuni penditantes, Paul Jove & Munfler difent que la ar^ concifion cÇt en uf^ge chez les fujets du Prête- Jean ou les Abyflins , même pour les fem- mes ; que c'efl pour elles une marque de noblelîè ; mais qu'on ne la donne qu'à celles qui prétendent defccndre de Nicaulis reine de Saba , celle qui vint vcnr Salomon. Il eft fort probable que c'eft des anciens Egyptiens ou des Arabes que les peuples d'Afrique ont- reçu la circoncifion.. l.Qi Juifs modernes ne font point recevoir cette marque à leurs filles ; mais au com- mencement du mois , après que la mère efl relevée de fes couches , elle va à la fyna- gogue ; là le chantre dit une bénédidion en faveur de la petite- fille , & lui impafe le nom que le père- ou la mère défirent. Chez les juifs d'Allemagne cette cérémonie ne fe fait point à lafynagogue , mais au logis de Fac- couchée ,011 le chantre fe rend pour cet effet. (G) Circoncision de notre-Seigneur Je^ fus-Chrifl y fête qui fe célèbre dans l'égHfe romaine en mémoire de la circoncifion du ' Sauveur , qui n'étant pas venu , comme il le dit lui-même , pour enfreindre la loi , mais pourl'accomplir, voulut bien s'y foumettre en ce point.. On croit communément que ce fut dans Bethléem , & félon fa'mt Epiphane^ dans la- grotte où il étoit- né. Il reçut dans cette cérémonie le nom de Jefus , c'ell-à- dire , Sauveur. Luc ^ ch. xj y v. z i . On appelloit autrefois cette fête VoBavt delà nativité y & elle ne fût établie fous le nom àz circoncifion que dans le vij^. fiecle , & alors feulement en Efpagne. En France , Iç premier dejanvier, jour auquel elle tombej^ 111 C I R ëtoit un 'jour de pénitence & de jeûne , pour expier les fu perftitions & les dérégle- mens auxquels on (e livroit en ce temps - là , & qui étoient un refte du paganifme. A ces divertifîèm ens profanes qui turent, entière- ment abolis , fuivant l'avis de la faculté de théologie de Paris , en 1444 ^ on a fubilitué une fête folemnelle qu'on célèbre par toute l'églile , & qui ell aufli la véritable fête du nom de Je fus. (G) CIRCONFÉRENCE, fubfî. fém. fe dit dans les élémens de géométrie , de la ligne courbe qui renferme un cercle ou un efpace circulaire , & qu'on nomme aufli quelque- fois j5m/>/îm>. J^oyf;[ Cercle. Ce motefl formé du latin circum , environ & à^feroy je porte. Toutes les lignes tirées du centre à la cir- conférence du cercle, & qu'on appelle rayons , ibnt égales entr'elies. V. RAYONS. Une partie quelconque de la circonférence s'appelle arc ; une ligne droite tirée d'une ex- trémité de cet arc à l'autre , s'appelle la corde de cet arc. V. Arc 6" Corde. \.A circonférence du cercle ef^ fuppofée di- vifée en 300 parties égales , qu'on appelle degrés. V. De G RÉ. L'angle à la circonférence eft fous-double de celui qui eft au centre. Voy. Angle 6" Centre. Tout cercle eft égal à un triangle redi- iigne , dont la bafe efl égale à la circonfé- rence & la hauteur égale au rayon. Voye\ Triangle. Les circonférences font entr'elies comme leurs rayons. Voye^ RayoN, De plus , puifque la circonférence de tout cercle efl à fon rayon comme celle de tout autre cercle efî au fien , la raifon de la cir- conférence au rayon ell donc la môme dans fous les cercles. Archimede donne pour raifon approchée du diamètre à la circonférence , celle de 7 à 22. Cette propofirion d' Archimede eft démontrée dansl a géométrie du P. Taquet. D'autres qui approchent plus de la vé- rité , la font de iooooooooooooocx)o à 31415926^35897932. Dans l'ufage , Viette , Huyghens , fi'c. donnent la proportion de 100 à 314 pour despetits cercles, & celle de loooo, à 3 14 15 pour les grands cercles ; mais la proportica 1 cia la plus jufte en petits nombres eft celle de Merrius , favoir de 113 à355. Voy, DIA- METRE. D'où il fuit que le diamètre d'un cercle étant donné , on ji auiîi fa circonférence , laquelle multipUée par le quart du diamè- tre, donne l'aire du cercle. Voye\ AiRE.. Chambers. Circonférence, fe dit aufTi en général du contour d'une courbe quelconque. VoyeT^ Courbe. {E) CIRCONFLEXE, adj . en terme de gram- maire y ^cc^m circonflexe. Voy. AcCENT. CIRCONLOCUTION, {.(.(Belles-^ Lettres. ) C'eft une courte définition qui s'emploie à déligner la chofe qu'on ne peut ou qu'on ne veut pas nommer. Cemonflre à voix humaine, aigle y femme & lion. (Vol.) Cet art ingénieux , De peindre la parole & de parler aux yeux. ( Brebeuf. ) . . Rudis indigeflaque moles, Etmalèjunciarum difcordiafemina rerum. ( Ovid. ) La circonlocution annonce la pauvreté d'une langue , mais elle y lupplée avec avan- tage , & fait elle-même la richeffe du ftyle , par les idées qu'elle ralTemble ou qu'elle ré- veille en palTant; elle contribue aufli quelque- fois à l'élégance & à la noblefle , en évitant le voilinage des idées bafîes ou rebutantes que le terme propre rappelleroit. Voy. dans Sémiramis , comme Tidée des médicamens^ ell ennoblie : Ces végétaux puiffans qu*en Perfe on voit éclore , Bienfaits nés dans fon fein de Vafire. qu^elle adore. On emploie fouvent la circonlocution à la place des termes que l'habitude & le préjugé ont avihs : qu'(Enone eût dit à Phèdre : // y a trois jours que vous nave-{ bu ni mangé ; cela feroit ignoble. Et le jour a trois fois chaffé la nuit obfcure Depuis que votre corps languit fans nourriture. Voilà comment la même idée ell ennoblie par un détour : c'eft le befoin qui a inventé la circonlocution. Indiciifque in rébus egefias. Et C I n Et il en cil des orneraens du flyle comme de ceux de l'afcbitedure. Quodqiie olim ufus inops reperit , nunc ipfa voluptas Pofiulat. Ainii la circonlocution y qui fut d'abord un figne de pauvreté dans une langue , eu deve- nue dans la fuite un ornement de luxe dont on a fouvent abulé. Le grand ufage de la circonlocution eu dans les chofes de délicatefïè , de finefïè ou de décence ; car ces trois caraderes de la penfée tiennent aux foins qu'on a de la voiler à demi par une expreffion myftérieufe , & d'éviter par un détour la trop- grande clarté du mot jufte & précis. V. FiNESSE , DÉ- LICATESSE , DÉCENCE, Esprit , {M. Marmontel. ) ^ CIRCONPOLAIRE , adj. ( Aflron. ) étoiles circonpolaires y ce font celles qui font lîtuées près de notre pôle boréal , qui tour- nent autour de lui fans fe coucher jamais par rapport à nous , c'eft-à-dire , fans s'abaif- fer jamais au deflbus de notre horizon. Il eft bien aifé de déterminer la partie du ciel qui renferme les étoiles circonpolaires , par exem- ple pour Paris. Comme Paris eft éloigné de î'équateur de à^^ 5*^' > or^ n'a qu'à prendre depuis le pôle ar6i:ique de part & d'autre de ce pôle 48^ 50' , & toutes les étoiles qui feront renfermées dans cette zone de 49^ 40' , ne fe coucheront jamais à Paris. V. Etoile , Pôle , Coucher. Toutes les étoiles comprifes dans l'hémil^ phere boréal ou feptentrional , font circon- polaires pour les habitans du pôle ardique , c'eft- à-dire , ne le couchent jamais pour eux. (O) ^ CIRCÇNSCRIPTION, f. f. {Géomét) c'efl l'action de circonfcrire un cercle à un polygone , ou un polygone à un cercle , ou à toute figure courbe. V. CIRCONSCRIRE. La circonfcription des polygones ne con- fiée que dans l'art de tirer des tangentes ; car tous les côtés d'un polygone circonfcrit à une courbe , font des tangentes de cette courbe. V. Tangente. {E) CIRCONSCRIRE , en géométrie élé- mentaire y c'efl décrire une figure régulière autour d'un cercle , de manière que tous fes cotés deviennent autant de tangentes de la Tome VIIL C I R 115 circonférence du cercle. Voye\ CeRCLE , Polygone , &c. Ce terme fe prend aufîî pour la defcrip- tion d'un cercle autour d'un polygone , de façon que chaque côté d'un polygone foit corde du cercle ; mais dans ce cas , on dit que le polygone eft infcrit y plutôt que de dire que le cercle eft circonfcrit. Une figure régulière quelconque ABC D E {PL de Géomét.fig. z^.) infcrite dans un cercle , fe réfoud en des triangles fèm- blables & égaux , en tirant des rayons du centre -F du cercle , auquel le polygone ell infcrit , aux difFérens angles de ce polygo- ne , & fon aire ell égale à un triangle rec- tangle , dont la bafc feroit la circontérence totale du polygone , & la hauteur une per- pendiculaire F H tirée du centre du polygo- ne fur un de fes côtés , comme A 3. On peut dire la même chofe du polygone circonfcrit ab cd e {fi.g. z8. ) , excepté que la hauteur doit être ici le rayon FR. L'aire de tout polygone , qui peut être infcrit dans un cercle , elt moindre que celle du cercle ; & celle de tout polygone , qui y peut être circonfcrit y eu plus grande. Le périmètre du premier des deux polygone* dont nous parlons , eft plus petit que celui du cercle , & celui du fécond eft plus grand, V. PÉRIMÈTRE , &C. C'eil de ce principe qu'Archimede efl parti pour chercher la quadrature du cercle, qui ne confifle etFedivement qu'à déterminer l'aire ou la furface du cercle. V^, QUA- DRATURE. Le côté de l'exagone régulier eft égal au rayon du cercle circonfcrit. V. ExAGONE. Circonfcrire un cercle d un polygone régu- lier donné y AB C DE {fi.g. z8.) y Ù réci- proquement. Coupez pour cela en deux par- ties égales deux des angles du polygone , par exemple A &c B ; &: du point F y où les deux lignes de fèdions fe rencontrent , pris pour centre , décrivez avec le rayon FA un cercle. Circonfcrire un quatre autour d'un cercle. Tirez deux diamètres^ ^, D E {fig. 3t •) y qui fe coupent à angles droits au centre C ; & par les quatre points où ces deux diamè- tres rencontreront le cercle , tirez quatre tangentes à ce cercle , elles formeront par l leur rencontre le quarré demandé. 114 C I R Circenfcrire un polygone régulier quelcon- que , par exemple un pentagone autour d'un cercle. Coupez en deux parties égales la corde A E dt l'arc ou de l'angle qui convient à ce polygone {fig. 3.8.) y par la perpendiculaire FO partant du centre , & vous la continue- rez jufqu'à ce qu'elle coupe l'arc en g. Parles points A yT y tirez des rayons A E , EF -^ & par le poinrg" une parallek h A E y qui rencontre ces rayons prolongés en a y e ; alors a e fera le zoû du polygone circonfcrit. Prenez la corde A B = A E ; tirez le rayon F B y &c prolongez-le en b jufqu'à ce que Fb foit égal à Fe ; tirez enfuite ab y ce fera un autre côté du polygone y & vous tracerez tous les autres de la même manière. Tnfcrire un polygone régulier quelconque dans un cercle. Divifez 360^ par le nombre des côtés , pour trouver la quantité de l'an- gle EF D ; faites un angle au centre égal à celui-là , & appliquez la corde de cet angle à la circonférence , autant de fois qu'elle pourra y être appliquée ; ce fera la figure qu'il falloit infcrire dans le cercle. Chambers. (E) Circonscrit , adj. {Géomét.) On dit , en géométrie y qu'un polygone eft circonfcrit à un cercle , quand tous les côtés du polygo- ne font des- tangentes au cercle; & qu*"un cercle efl circonfcrit à un polygone , quand la circonférence du cercle palîè par tous les lommets des angles du polygone» J^^ CIR- CONSCRIRE. (£) Hyperbole circonscrite , dans la h^ute géométrie ^ efl une hyperbole du troi- fîeme ordre , qui coupe fes afymptotes , & dont les branches renferment au dedans d'elles les parties coupées de ces afymptotes. Telle eu la courbe ou portion de courbe C Ey DH{fig. 5^ , Analyfe. ) , dont les branches C E y D H y font chacune au de- hors dé leurs afymptotes refpedives A E y A G. Voyei CoURBE. (O) CIRCONSPECTION , RETENUE , CONSIDÉRATION, ÉGARDS, MÉ- NAGEMENS , fynonym. (Gramm.) Une attentioQ réfléchie & mefurée fur la façon de parler , d'agir & de fè conduire dans le. commerce du monde par rapport aux au- tres , pour y contribuer à leur fatisfadion plutôt qu'à la fienne , eft l'idée générale que ces. cinq mots préfentent d'abord ,.fui- C I R vant la i-emarque de l'abbé Girard. Il me paroît que voici les différences qu'on y peut mettre. La circonfpeclion eft principalement dans le difcours : la retenue eft dans les paroles comme dans les adions , & a pour défaut oppofë r impudence : la conjidération , les égards & les ménagemens font pour les per- fonnes , avec cette différence , que la conji- dération & les égards font plus pour l'état , la fituation & la qualité des gens que l'on fréquente ,,& que les ménagemens regardent plus particulièrement leurs inclinations & leur humeur. La conjidération femble encore indiquer quelque chofe de plus tort que ks égards ,* elle marque mieux le cas qu'on fait des per- fonnes que l'on voit , l'eflime qu'on leur porte en réalité , ou feulement en apparence , ou un devoir qu'on leur rend. Les égards tiennent davantage aux règles de la bien- féance & de la politeffe. Toutes ces qualités , circonfpeclion y rete- nue y conjidération y égards y ménagemens y font uniquement les fruits de l'éducation, & l'on peut les pofleder éminemment fans- etre plus vertueux ; mais comme on ne re- cherche guère dans la fociété que l'écorce , on a mis à ces qualités, bonnes en elles-, mêmes , un prix fort {îipérieur à leur va- leur. Les gens du monde n'ont pardeflûs \ts autres hommes qu'ils méprifent , qu'un; peu de vernis qui les couvre , & qui cache à la vue leur médiocrité . leurs défauts & leurs vices. Article de M. h chevalier de Jaucourt. * CIRCONSTANCE , CONJONC- TURE , f f. {Gramm.) CirconflAnce efî re- latif à l'adion ; conjonclure cfl relatif au mo- ment. La circonflance eft une de fes parti-, cularités ; la conjoncture lui çfl étrangère ;; elle n'a de commun avec l'adion que la con-^ temporanéité.C'efl un état de» chofes ou des perfonnes coexifîant à l'adion , qu'il rend; plus ou moins fâcheux. CIRCONVALLATION , {. {.en terme de la guerre des fie ge s y efl une ligne formée d'un fofré & d'un parapet , que les afliégcans font autour de leur camp , pour le défendre contre les fècours qui peuvent venir aux aflîégés. F". Ligne. Ce mot eft formé du htlacircum ^ autour , C ï R ^ vallum y vallée ou élévation die terre. On doit obferver dans la diipofition de la circoni'allation : 1*. D'occuper le terrain le plus avantageux des environs de la place , foit qu'il fe trouve un peu plus près ou un peu plus loin : cela ne doit faire aucun fcrupule. 2°. De fe pofler de manière que la queue des camps ne Toit pas fous la portée du canon de la place. 3°. De ne point trop fe jeter à la campa- gne , mais d'occuper précifément le terrain nécelTaire à la fureté du camp. 4°. D'éviter de fe mettre fous les com- mandemens qui pourroient incommoder le dedans des camps &: de la ligne par leur ilipériorité ou par leur revers. Lorfque ces détauts fe rencontrent , il vaut mieux occu- per ces commandemens , foit en étendant les lignes jufque-là , foit en y faifant de bonnes redoutes ou de petits forts , que de s'y expofer. On doit auflî faire lervir à la cir- convallacion , les hauteurs , ruilîeaux , ravi- nes , efcarpemens , abattis de bois , buifîons , & généralement tout ce qui approche de fon circuit , & qui le peut avantager. La portée ordinaire du canon , tiré à-peu- près horizontalement ou fur un angle d'en- viron dix ou douze degrés , peut s'eftimer A-peu-près de noo toifes. Cette portée , fuivant les épreuves de M. Dumetz, rappor- tées dans les mémoires de Saint-Remi , eft beaucoup plus grande ; mais dans ces épreu- ves le canon a été tiré à toute volée , c'eft-à- dire fous l'angle de 4') degrés. Sous ces an- gles , (ts coups font trop incertains ; ainft on doit établir pour règle générale , que la queue des camps des troupes qui campent dans la circonvallation , doit être éloignée de la place au moins de iioo toifes. La profon- deur de ces camps eft d'environ 3*^ toifes , & la diilance du front de bandiere à la ligne , de 120; d'où il fuit que la circonvallation doit être dirigée à-peu-près parallèlement à la place , à la diftance au moins de i3>o ou 1400 toifes. Elle eft flanquée de diftance en diftance par des angles faillans qu'on appelle redans. V. Redans. La mefure commune des lignes de cir- convallation y quant au plan , doit être de 120 toifes d'une pointe du redan à l'autre. On doit obferver de placer les redans dans CI R rry les lieux les plus érainens , ôc jamais dans les fonds ; comme auffi que les angles des redans foient toujours moins ouverts que le droit , afin que fes faces fe préfentent moins à l'ennemi. V'oye^ le trace' des lignes , plan- che XIII de fortification. L'ouverture du foflé de la circonvallation doit erre de 15 , 16 ou 18 pies, iur 6 Xy Se demi de profondeur , taluant du tiers de la largeur. De cette façon le fofte aura 18 pics de large à fon ouverture ; fa largeur au fond fera de 6 pies , ce qui donne 12 pies de largeur , réduite fur 7 pies & demi de profondeur, revenant par toife courante A deux toifes cubes & demie ; c'eft l'ouvrage qu'un payfan peut faire en fept jours fans beaucoup fe fatiguer. Sur ce pié-là , on peut propofèr les rae- fures des fix profils fuivans pour toutes for- tes de circonvallation. On ne doit en em- ployer ni de plus forts , ni de plus foibles. Premier profil. pies pOttCi O O 6 Largeur du fofle à l'ouverture , . . 18 Largeur du même fur le fond , . 6 Sa profondeur , 7 Contenu du fblide de fon excava- tion , >. . 15 o Le temps nécefTaire à fa façon , . . Jjours^ Second profil. Largeur du fofTé à l'ouverture , . . i^ Largeur du fond du même , . . . 5 Sa profondeur , 7 Contenu du folide de fon excava- tion par toife courante , .... 12 Le temps néceflaire à fa façon , . . 6jours^ Troisième profil. Largeur du fofîë à l'ouverture , . . 14 o Largeur du même fur le fond , . . 48 Sa profondeur , 6 6 Contenu du folide de fon excava- tion par toife courante , .... 10 o Le temps néceflaire à fa façon , . . ^joursi Quatrième profil. Largeur du fofte à l'ouverture , . . 12 o Largeur du même fur le fond ,..40 Sa profondeur, 6 q Contenu folide de l'excavation par toife courante , . . 8 2, 11^ C 1 R Le temps necefîaire pour achever , ^ fours. Cinquième profil. Largeur du fo fTé à l'ouverture , . . lo o Largeur du même fur le fond , . . 3 4 Sa profondeur , • -, • • ^ ^ Contenu folide de l'excavation par toife courante , 5 7 Le temps neceflaire à fa façon , . . 2 jours & demi. Sixième profil. Largeur du fofle à l'ouverture, ..80 Largeur du même fur le fond , . . 20 Sa profondeur , 5 ^ Contenu folide de l'excavation par toife courante , 4 ^ Le temps néceffaire à fa façon , . . 1 jour s. L'épaifl'eur du parapet du premier profil efl de 8 pies , du fécond de 7 pies , & ainfi de fuite en diminuant d'un pie. Pour la hau- teur totale , elle eft de 7 pies & demi. La banquette a 4 pies & demi de largeur , & 3 de hauteur. Le bord de la contrefcarpe du fûffé efl un peu plus élevé que le niveau de la campagne , & il forme une efpece de glacis qui cache à l'ennemi le pié du parapet ; en forte qu'il ne peut le battre ou le ruiner , lorfqu'il en eft éloigné. V. ces diffère :is pro- fils y PI XlV^defonification. Pendant la confîrudion des lignes, les ingénieurs fe partagent entr'eux leur éten- due , pour avoir foin que les mefures foienr auin exadement obfervées qu'il eft pofCble. La diligence du travail ne permet pas , au moins en France , qu'on y apporte grande attention ; mais il faut cependant faire ob- ferver les talus des fofîes , & les profondeurs portées aux profils ; autrement cet ouvrage fera très-imparfait. On failoit autrefois des épaulemens dans l'intervalle des hgnes & de la tête des camps , environ à vingt toifes de cette tête, & de trente-cinq ou quarante toifes de longueur , principalement dans les parties expofées à quelque commandement des dehors. Ils etoient difpofes par alignement , & paral- lèles à la tête des camps : ils avoient neuf pies de haut fur dix ou douze d'épaifî'eur, mefurés au fommet. La cavalerie des affié- . geans fe mettait derrière , quand on atta- quoit les lignes. Cette méthode ne fe pra- tique plus à préfent. On fortifioit aulfî alors C I R les lignes de circonvallation par des forts & par de grandes redoutes palilladées ; ce qui ne fe pratique plus guère , la brièveté de nos- fieges n'exigeant point tant de précautions. Voye-^ M. le maréchal de Vauban , attaque des places. On peut fraifer les lignes , & on le fait quand on prélume qu'elles dureront quelque temps , & que les environs de l'efpace qu'el- les occupent , fournifTent du bois propre à cet ouvrage. On fait encore quelquefois un avant-fofîe devant les lignes, de douze ou quinze pies de largeur par le haut , &: de iix ou lépt de profondeur. Il fe fait environ à douze ou quinze toifes du fofîé de la ligne. Son objet cfl d'arrêter l'ennemi lorfqu'il vient attaquer les lignes , & de lui faire perdre bien du temps & du monde en le paifant.. M. le maréchal de Vauban en défapprou- voitl'uiage , fur ce que l'ennemi étant arrivé à ce fofïé , fe trouve , en fe jetant dedans ,, à couvert du feu de la circonvallation. Mais quelque déférence que l'on doive à ce grand homme , il femble néanmoins qu'on peut dans plulieurs cas fe fervir avantageufement de cet avanr-fofîi. Il arrête néceifàirement la marche de l'ennemi , & il l'expofe plus long- temps au feu de la ligne : aufii a-t-oa fait en dirîérenresoccafions , des avant-foûés' aux lignes , depuis M. de Vauban , & no- tamment a la circonvallation de Philisbourg, en 1734. • _ , Cette circonvallation étoît encore fortifiée, par des puits d'environ neuf pies de diamè- tre à leur ouverture , & de fix à fcpt de pro- fondeur. Ils étoient rangés en échiquier , & affez près les uns des autres pour empêcher de paffer dans leurs intervalles. Les Efpa- gnols avoient pratiqué quelque chofe de pa- reil au fiege d'Arras en 1654 : lenrcircon- vallation étoit défendue par des efpeces de petits puits de deux pies de diamètre fur un pié & demi de profondeur, dans le milieii defquels étoient plantés de petits pieux qui pouvoient nuire beaucoup au paffage de la cavalerie. Voye^ le plan & le profil d'une partie de la circonvallation de Philisbourg ,, PI. XV de fortification y fig. première. Cette circonvallation des Efpagnols paroîr avoir été copiée de celle de Céfar à Alexia. • Voici en quoi confiûoit cette dernière» C I R « Comme les foldats ctoient occupés en ti même temps à aller quérir du bois & 9i des vivres aflez loin , & à travailler aux 7} fortifications , Céfar trouva à propos d'a- » jouter quelque chofe au travail des lignes , 9) afin qu'il fallût moins de gens pour les » garder. Il prit donc des arbres de médio- }> cre hauteur , ou des branches fortes qu'il ?3 fit aiguifer ; & tirant un fofle de cinq pies 7> de profondeur devant les lignes , il les y >j fit enfoncer & attacher enlèmble par le 9j pié , afin qu'on ne pût les arracher. On re- 7y couvroit lefoflé de terre , enforte qu'il ne 7J paroifToit que la tête du tronc , dont les 9) pointes entroient dans les jambes de ceux }> qui penfoicnt les traverfer : c'efl pourquoi 77 les foldats les appelloient des ceps ; & 7i comme il y en avoit cinq rangs de fuite qui 77 étoient entrelacés , on ne les pouvok évi- 77 ter. Au devant il fit des f ofTes de trois pies 7) de profondeur , un peu étroites par le haut, 77 & difpofées de travers en quinconce : là- 97 dedans on fichoit des pieux ronds de la 97 groflêur de la cuifTe , brûlés & aiguifés 77 par le bout, qui fortoient quatre doigts » feulement hors de terre ; le refle étoit en- » foncé trois pies plus bas que la profondeur » de la fofTe , pour tenir plus ferme , & la 97 fofTe couverte de broufîailles pour fervir » comme de piège. Il y en avoit huit rangs >> de fuite , chacun à trois pies de diflance » l'un de l'autre , & les foldats les nom- » moient des lys , à caufe de leur refTem- » blance. Devant tout cela il fit jeter une y^ efpece de chaufl'e-trapes , qui étoient des » pointes de fer attachées à des bâtons de 97 la longueur d'un pié , qui fe fichoient en w terre ; tellement qu'il ne fortoit que ces w pointes , que les foldats appelloient des 97 aiguillons y & toute la terre en étoit cou- 97 verte. » Comment, de Céfar , par d'Ablancourt. Les lignes de circenvallation ayant peu d'élévation, elles n'ont pasbefoin de bâfrions pour être flanquées dans toutes leurs par- ties comme l'enceinte d'une place ; les re- dans qui font d'une conflruftion plus fim- ple & d'une plus prompte expédition , font fufîîfans : on fait feulement quelques baf- tions dans les endroits où la ligne fait des angles , qu'un redan ne défendroit pas auffi avaatageufement. H arrive cependant qu'on CIR 1,7 fe fert auffi quelquefois des baflions pour flanquer la ligne , principalement lorfqu'elle a peu d'étendue : car les baftions augmen- tent confidérablement fa circonférence. La plus grande partie de la circonvallation de Philisbourg en 1734-, en étoit fortifiée. On élevé des batteries à la pointe des re- dans , pour tirer le canon à barbette par- defîîis le parapet. On le tire de cette ma- nière par-tout où on le place le long de la circonvallation. \.Qs lignes de circonvallation exigent de très-fortes armées pour les défendre. Si l'on fuppofe une circonvallation dont le rayon foit de 1700 toifes, ce qui efl la moindre diftance du centre de la place à la circon- vallation ^ on aura au moins 12000 toifes pour fa circonférence , en y comprenant les^ redans & les détours ; ce qui fait à-peu-près cinq lieues communes de France. Si , pour border une ligne de cette éten- due , on donne feulement trois pies à cha- que foldat , il faudra 24000 hommes pour un feul rang ; & pour trois de hauteur 72000, lans rien compter pour la féconde ligne , pour les tranchées & les autres gardes y qui demanderoient bien encore autant de monde pour que tout fût fùffifammenr garni. Où trouver des armées de cette force ? & quand on dégarniroit la moitié des lignes les moins expolées , pour renforcer celles- qui le feroient le çlu^ , on ne parviendroir pas à les garnir fuffifamment à beaucoup près ; d'autant plus que fi les places afïîé- gées font un p>eu confidérables , la circon- vallation deviendra bien plus grande que celle qui cfl ici fuppofée : ce qui éloigne encore plus la poflibilité de les bien garnir. Cette confidération a partagé les fentimens des plus célèbres généraux, fur l'utilité dé- cès fortes de lignes. Tous conviennent qu'il *^ a des cas où l'on en peut tirer quelque utilité, fur-tout lorfqu'elles font ferrées & qu'elles n'ont qu'une médiocre étendue ;. mais lorfqu'elles embrafîent beaucoup de terrain , il efl bien diflScile de les défendre contre les attaques d'un ennemi intelligente Lorfque l'ennemi fe difpofe pour attaquer les lignes , il y a deux partis à prendre : le premier de lui en difputer l'entrée , & le fécond de laifîer une partie de l'armée pour la garde des travaux du liege , & d'aller avec îiS C I R ^ le refîe nu devant de rennemi pour le com- battre. Ces deux partis ont chacun leurs par- tifans parmi les généraux : mais il femble que le dernier ell le plus généralement approuvé. L'inconvénient qu'on trouve d'attendre l'ennemi dans les lignes , c'cft que comme on ignore le côté qu'il choiiira pour Ton at- taque , on eft oblige d'être également fort dans toutes les parties de la ligne , & que lorfqu'elle eft fort étendue , les troupes fe trouvent fort éloignées les unes des autres pour oppofer une grande réfiftance à l'enne- mi du côté de fon attaque. La plupart des lignes de circonvalladon qui ont été atta- quées , ont été forcées : ainii le raifonnement & l'expérience femblent concourir également à établir qu'il faut aller au devant de l'ennemi pour le combattre , & pour ne point le laifTer arriver A portée de la circonvallation. Cependant fans vouloir rien décider dans une queftion de cette importance , il femble que lorlqu'une ligne peut être raifonnable- ment garnie , on peut la défendre avanta- geufement. Il eft inconteftable que ft le foldat qui défend la ligne , veut profiter de tous (es avantages , il en a de très-grands & de très-réels fur l'affàillant. Celui-ci eft obligé d'efluyer le feu de la ligne pendant un el- pace de temps aflêz confidérable , avant de parvenir au bord du foilë. Il fafut qu'il com- ble ce folié fous ce même feu , ce qui lui fait perdre bien du monde , & qui doit dé- ranger nécelTairement l'ordre de Çts troupes. Efl-il parvenu à pénétrer dans la ligne , ce ne peut être que fur un front fort étroit ; il peut être chargé de front & de flanc par les troupes qui font dedans, lefquelles en faifiint bien leur devoir , doivent le culbu- ter dans le folîc. Suppofbns qu'il parvienne à faire plier la première ligne d'infanterie qui borde la' ligne , la cavalerie qui eft derrière , peur ( & elle le doit ) tomber fur l'infanterie ennemie qui a pénétré dans la ligne ; & comme elle ne peut y entrer qu'en dcfordre , il eft aife à cette cavalerie de tomber defïïis & de la culbuter. ^ Malgré des avantages fi évidens , l'expé- rience, dit M. le chevalier de Folard, démon- tre que le foldat eft moins brave & moins réfolu- derrière un retranchement qu'en rafe C I R campagne. Il met toute fa confiance dans ce retranchement ; & lorfque l'ennemi , pour éviter d'être trop long-temps expofé au feu de la ligne , fe jette brufquement dans le foffé , & qu'il tâche de monter de là fur le retranchement , le foldat commence à per-^ dre confiance ; & il la perd totalement lorf^ qu'il le voit pénétrer dans la ligne. " On » croit , dit cei auteur , le mal fans remède , " loriqu'il n'y a rien de plus aife que d'y j> en apporter , de repoulier ceux qui font » entres , & de les culbuter dans le fofîé : »> car outre qu'ils ne peuvent pénétrer en « bon ordre , ils font dégarnis de tout leur »> feu ; cependant l'on ne fait rien de ce que 'î l'on efè en état de faire : l'ennemi entre en »j foule , fe forme , & l'autre fe retire ; &: » la terreur courant alors dans le long de la » ligne , tout s'en va , toutfe débande , ians >) favoir fouvent même où l'on a percé. » On peut conclure de là , que lorfque le foldat connoîtra bien tous les avantages que lui procure une bonne ligne , qu'il fera dif- pofé à s'y bien défendre , que toutes les par- ties pourront également en être foutenues, & enfin qu'on prendra toutes les précautions nécefîaires pour n'y être point furpris ; il fera bien difficile à l'ennemi de la forcer. On en a vu un exemple au fiege de Phi- lisbourg en 1734. Les bonnes difpofitions de la circonvallation empêchèrent le prince Eugène , après qu'il l'eut bien reconnue , d'en faire l'attaque. Il fut fimple fpeâateur de la continuation du fiege , & il ne jugea pas à propos , dit l'hiftorien de fa vie , d'ef^ fayer de forcer nos lignes , tant elles lui parurent redoutables & à l'abri de toute in- fulte. En effet leur peu d'étendue les mettoit en état d'être également défendues. Lorfqu'on fe trouve dans des fituations femblables , on peut donc attendre l'ennemi tranquillement : mais lorfque la grandeur de la circonvallation ne permet pas de la garnir également, le parti le plus sûr eft d'aller au devant de l'ennemi , comme le fit M. le ma- réchal de Tallard à Landau en 1703 , & M. le duc de Vendôme à Barcelone en 1704* Tout le monde fait qu'au fiege de Turin en 1705 , feu M. le duc d'Orléans propofa de prendre le même parti ; & que pour ne l'avoir pas pris , l'armée françoife fut obli- gée de lever le fiege , parce que les lignes C I R n'étolent pas également bonnes par-tout: rennemi pénétra d'un c6té qui avoit été Fiégligé , il força les troupes , & fecourut la ville. M. le chevalier de Folard prétend que fans aller au devant de l'enn€mi , il étoit aifé de l'empêcher de forcer les lignes , en ne fe négligeant point fur les attentions néceflaires pour les foutenir ; que pour cela il falloit envoyer affez de monde pour les défendre du coté que le prince Eugène les attaqua : qu'elles ne valoient abfolument rien de ce côté , qui n'avoit pour défenfe que la feule brigade de la marine , qui fut obligée pour le garnir , de fe ranger fur deux de hauteur, & qui dans cet état repoufîa pourtant l'en- nemi : mais que pendant l'attaque le prince Eugène ayant remarqué une partie de la ligne fur la droite , où il n'y avoit qu'une com- pagnie de grenadiers , & où on pouvolt aller à couvert d'un rideau ou élévation de terre, il y fit aller cinquante hommes , lefquels en- trèrent par cet endroit. On s'imagina d'abord qu'il y étoit entré un corps beaucoup plus confidérable ; ainfi ce pofle qui n'étoit pas afiez garni de monde pour rélifîer , ayant été emporté , l'épouvante fe communiqua, par-tout , & fit abandonner la ligne. M. de r olard ajoute que fi M. d'Albergotti , qui étoit à portée d'envoyer un iecours confidé- rable au pofte dont on vient de parler , l'avoit fait ; l'entreprife du prince Eugène fur les lignes échouoit infailliblement. L'exemple de l'attaque des lignes de Turin entendu & exphqué de cette manière , ne prouve point que des lignes bien défendues foient toujours forcées indubitablement; il montre feulement que lorfqu'il y a eu quel- que négligence dans la circonvallation y qu'elle n'eil pas également bonne de toute part, & que l'ennemi peut avoir le temps d'y forcer quelques quartiers avant qu'ils puifîent être fccourus des autres , il ne faut pas s'y renfermer ; mais qu'on le peut lorf- qu'elle renferme alïez de troupes pour l'abor- der de toute part. Attaque des places y par M. Leblond. (O) CIRCONVOTSIN , adj. on dit , mphy- fiqiie y les corps circoni'oijins, pour défigner les corps qui en environnent un autre , ou qui en font proche. (O) CIRCONVOLUTION ,. f, f. l'aftion C I R ÏÎ5, de tourner autour , du latin circumvoh'ere ^ tourner à Tentour. Il fe dit , en architeclure , de la ligne fpirale de la volute ionique. V, Volute ù Colonne. ( R ) CIRCONVOLUTION , f f terme de Plain-chant. C'efl une forte de périélefe qui fe fait en inférant entre la pénultième & la dernière noce de l'intonation d'une pièce de chant , trois aurres notes ; favoir , une au delTus & deux au deffous de la dernière note , lefquelles fe lient avec elles , & forment un contour de tierce avant que d'y arriver ; comme fi vous avez ces trois notes , mifix mi pour terminer l'intonation , vous y inter- polerez par circonvolution ces trois aurres , fa re re y & vous aurez alors votre intona- tion terminée de cette forte , mi fa fa re re mi , &CC. V. PéRIÉLESE {Mufiq.) {S) ^ * CIRCUIT , f m. ( Gram. ) fe dit dans, l'ufage ordinaire , par oppofition au chemin le plus, court d'un lieu dans un autre , de toute autre manière d'y a^rriver que par la^ ligne droite. Ce terme a été tranfporté par métaphore du phyfique au moral. Circuit, c'eft l'enceinte, le contour ou le périmètre d'une figure ou d'un corps.. Voje^ Périmètre. (E) Circuit ,, en Droit _, eft uneprocédure longue & compliquée , qui pourroit être fiippléée par une plus fimple ; comme fi dans le cas où il y, a lieu à la compenlation entre deux perfonnes qui font refpedivement dé- biteurs & créanciers l'un de l'autre , on com- mençoit par condamner celui qui a été adionné le premier , & par faire exécuter la condamnation avant de faire droit fur la demande incidente qu'il forme pour fa dé- fenfe ^tandis qu'on peut par un feul & même jugement ftatuer fur les demandes refpeélives des deux parties. (H) Circuit , {Hifi. mod. d'Angl. ) on en- tend par ce mot , en Angleterre , les diyerlès provinces où les juges vont rendre la jullice au peuple deux fois par année. C'efi vers fan 117^ que Henri II, ce prince qui ne fut jamais raiTafié de biens ni d'amour , & qui travailloit continuellement à corrompre le beau fexe & à étendre fes états , partagea l'Angleterre en fix parties ou circuits y qui furent affignés à autant de juges, pour y aller en certains temps . tenir les i^h , c'efl-à-dire rendre la jufbee, , 110 C I R. au peuple. C'cft ce qui fe pratique encore aujourd'hui. Immédiatement après le terme de S. Hi- laire & de la Trinité , le chancelier envoie douze juges dans les diverfes provinces ou circuits qui leur ont été affignés , pour y rendre la juftice.-Ces douze juges vont aux circuits deux à deux , d'où les aflifes qui ne font tenues que deux fois l'an , font appellées afjifes de carême & ajjifes de Vété. Voye\ mpin , Tindal , ^c. Art. de M. le cheva- lier DE JaUCOURT. CIRCULAIRE, adj. ( Géom. Aftron. Navig. &c. ) fe dit en général de tout ce qui appartient au cercle ou qui y a rapport: ainfi on appelle mouvement circulaire , le mouvement d'un corps dans la circonféren- ce d'un cercle ; arc circulaire y un arc ou portion de la circonférence d'un cercle. V. Cercle , Arc , ^c Les aftronomes modernes ont prouvé que les corps céleiîes ne fe mouvoient pas d'un mouvement cnculaire y mais elliptique. V. Orbite , Planète , ^c. Nombres circulaires : ce font ceux dont les puiiTances finiflent par le caraftere même qui marque la racine , comme cinq , dont le quarré eft 2.5 , & le cube 125. Voye\ Nombre. Charniers. Navigation circulaire : c'eft celle qui fe fait dans un arc de grand cercle. V'oye\ Navigation. La navigation circulaire eft la plus courte de toutes ; & cependant il y a tant d'autres avantages à naviguer fuivant les rhumbs , xju'on prékre généralement cette dernière. Vqyei RhUMB. Vitejpe circulaire y en agronomie , ligni- fie la vîtefTe d'une planète ou d'un corps qui tourne , laquelle fe mefure par un arc de cercle ; par exemple par l'arc A B { tab. afiron.fig. îo.) décrit du centre S , autour xluquel le corps cft fuppofé tourner , de forte que la vitefîe circulaire ert d'autant plus grande, que l'arc AB parcouru dans un temps donné par la planète , efl plus grand ou contient un plus grand nombre de de- grés ; ou ( ce qui eft encore plus exad ) que l'angle AS B ti{ plus grand. Car comme les planètes ne décrivent pas réellement des cercles , elles ne parcourent pas , à propre- ment parler , âiQs arcs de cercle tels que A Bp C I H mais elles parcourent ou décrivent les an- gles AS B mefùrés par cqs arcs ; de forte que leur vîtefïè circulaire pourroit fe nom- mer avec plus de juftefle , vîtejfe angu- laire. (O) Lettre circulaire , efl une lettre adreffce à plulieurs perfonnes qui ont intérêt dans une même affaire , comme pour une convo- cation d'afTemblée , Ùc. * CIRCULATION , ï.ï. { Gram. ) fe dit en général de tout mouvement pério- dique ou non , qui ne fe fait point en ligne droite : on dit que le fang circule y que Vef- pece circule y &c. Circulation du sang , ( Phyfwl. ) La circulation du fang eft un mouvement naturel du fang dans un animal vivant , par lequel cette humeur eft alternativement por- tée du cœur à toutes les parties du corps par les artères , & rapportée de ces mêmes parties par les veines. Voye-{ Sang. Le principal organe de cette fonélion vi- tale efl le cœur , qui eil un mufcle creux aux cavités duquel toutes les veines viennent aboutir , & toutes les artères prennent leur naifîance , & qui a en même temps une adion de dilatation ou de diaftole , & de contraction ou de liftole. Voye:^ C(EUR, S1ST0LE & Diastole. Or l'effet naturel de ce inouvement alter- natif, c'eft que le cœur reçoive & chalîè le fang alternativement : le fang chaiTé du ven- tricule droit doit être porté par l'artère pul- monaire qui en fort dans les poumons , d'où il doit être rapporté par les veines pul- monaires à l'oreillette gauche , & de-là au ventricule gauche : après y avoir été rap- porté , il ell poulfé par la contradion de ce ventricule , dans l'aorte qui le diftribue dans tout le refle du corps , d'où il efl ra- mené enfuite dans l'oreillette droite par la veine-cave qui achevé la circulation. Voyei^ Vaisseaux pulmonaires , veine- cave ù Aorte. On a attribué généralement la décou- verte de la circulation du fang à Harvey médecin anglois , & on en place finven- tion en 1628. Il y a cependant des auteurs qui la lui difputent. Janflbn d'Almeloveen , dans un traite' des inventions nouvelles y im- prime en t 684. y rapporte plufieurs endroits d'Hippocrate , pour juftilier qu'il l'a connue. Walleus , C I R - "V^alleus , epifl. adBarth. prétend qu'elle n*a pas été feulement connue d'Hippocrate, mais encore de Platon & d'Ariftote. On dit en- core que les médecins chinois i'enfeignoient quatre cents ans avant qu'on en parlât en Europe. Il en efl qui remontent jufqu'à Sa- lomon , croyant en trouver des vertiges dans le chap. xijde VEcclejiafi. Bernardin Genga, dans un traité d'anat. en italien , rapporte des paflages de Réaldus Columbus & d'An- dré Céfalpin , par lefquels il prétend mon- trer qu'ils admettoient la circulation long- temps avant Harvey. Il ajoute que Fra- Paolo Sarpi , ce fameux vénitien , ayant exadement confidéré la ftruâure des valvules dans les veines , a inféré dans ces derniers temps la circulation , de leur conftrudion & de plufieurs autres expériences. K. Aris- TOTÉLisME , Valvule & Veine. Léoniceus ajoute que Fra-Paolo n'ofa point publier fa découverte de peur de l'in- quifition , & qu'il communiqua feulement ibn fecret à Aquapendente , qui après fa mort mit le livre qu'il en avoit compofé dans la bibliothèque de S. Marc , où il fut long-temps caché , & que Aquapendente découvrit ce (ecret à Harvey , qui étudioit fous lui à Padoue , lequel le publia étant de retour en Angleterre , pays de liberté , & s'en attribua la gloire : mais la plupart de ces prétentions font autant de fables. M. Georg. Ent a fait voir que le P. Paul reçut la première notion qu'il avoit de la circu- lation du fang y du livre que Harvey avoit fait fur ce fujet^ lequel fut apporté à Ve- nifc par l'ambafladeur d'Angleterre en cette république , & montré par le même am- bafladeur à Fra-Paolo ; que celui-ci en ayant fait quelques extraits qui parvinrent après (à mort entre les mains de fes héritiers , cela fit croire à plufieurs perfonnes que la décou- verte dont on trouvoit hifloire dans fes pa- piers lui appartenoit. V. Douglas , bibliogr. anat. fpec. p. zzj^ e'dit. z 754,- fi? le traité du coeur, de M. Senac. V. AnatomiE. La circulation du fang fe prouve par les obfervations fuivantes. i**. Si l'on ouvre une des granules artères d'un animal vivant , tout le fang s'en va bientôt , & avec beaucoup de force , par la blefTure , comme on le voit aux boucheries, Ùc. il s'enfuit de-là que le Ung a un paffage de chaque partie du corps Tome VIII. C I R. m animal dans chaque artère; & que fi tou:e la maffe du fang fe meut dans cette occa- fion , il faut évidemment qu'elle fe mût aufïï auparavant. 2". La grande quantité de fang que le cœur poufîè dans les artères à chaque pul- fàtion ; puifque fans cela il faudroit fuppo- fer dans le corps de l'homme une beaucoup plus grande quantité de fang qu'aucune obfèrvation ou aucune expérience n'y en fait voir. V. Sang. 3**. Telle artère qu'on .voudra étant liée avec un fil , s'enfle & bat entre la ligature & le cœur ; mais elle s'applatit & devient fîafque entre la ligature & les extrémités du corps. Si l'on coupe enfuite l'artère entre la hga- ture & le cœur , le fang s'en va jufqu'à la mort ; fi on la coupe entre la ligature & les extrémités du corps, elle ne rendialors qu'une très-petite quantité de fang. Le fang vital coule donc dans les artères , & la diredion de fon cours efl du cœur aux extrémités du corps : ce cours a lieu dans tous les points des corps internes ou externes, & il va toujours de vaifîêaux plus grands à de plus petits , du tronc aux branches. V. Artère. Si on lie avec un fil une des grofTes vei- nes , elle s'enflera entre les extrémités du corps & la ligature , mais fans battre , & elle s'aflàifîera & deviendra flalgue entre la ligature & le cœur : fi on l'oiifre dans le premier endroit , elle donnera du fang juP qu'à la mort , & dans le fécond , à peine fliignera-t-elle. Le fang coule donc vive- ment de chaque partie du corps dans cette veine , & la diredion de fon cours tend des extrémités du corps vers le cœur , des plus petits^aifTeaux aux plus grands , des bran- ches au tronc. V. Veine. De tout cela il fuit évidemment que tou- tes les artères du corps portent continuel- lement le fang du ventricule gauche du cœur par le tronc des artères dans les branches ^ de CCS mêmes artères & par ces branches dans toutes les parties du corps intérieures ou extérieures ; & qu'au contraire toutes leS' veines , excepté la veine-porte , rapportent continuellement le fang des plus petites par- ties du corps dans les plus petites branches , pour pafîer enfuite dans de plus grandes ^ Q 122 C I R puis dans les troncs , puis dans la veine- cave , & enfuire par le finus veineux ou le tronc de cette veine , qui finit à la cavité de i'orcillette droite , dans le cœur. Lorique le lang y eft arrivé, voici comme fa circulation fe continue. Les oreillettes du cœur étant des mufcles creux , gaj-nis d'un double rang de fibres qui vont en fens contraire à deux tendons oppofés , dont l'un eft adhérent au ventricule droit & l'autre au finus veineux , ainfi que d'un nombre infini de veines & d'artères ; la force de contradion de ces oreillettes pouffe èç chafle vivement le fang dans le ventricule droit , qui eft dii'pofé à le recevoir , & le remplit. V. C , da.i3 l'adulte l'aorte devant rece- voir tout^k fang de la veiae pulmonaire ,, C I R fe trouve de même grolTeur que celle-ci ; mais dans le fœtus l'artère pulmonaire & l'aorte rccevoient des quantités inégales de fang dans les deux fyftêmes. Selon l'opinion ordinaire , l'aorte qui re- çoit plus de fang que la pulmonaire , devroit être la plus grofle des deux ; fuivant le fen'i- ment de M. Mery , l'aorte pulmonaire doit être au contraire la plus grande des deux , parce qu'il penfe qu'elle doit recevoir une plus grande quantité de fang. Pour juger lequel des deux fyftêmes eft le vrai , il n'y a donc qu'à voir lequel de ces deux vaifîeaux , l'aorte ou l'artère pulmo- naire , a le plus de capacité dans le fœtus. M. Mery trouva toujours que le tronc de l'artère pulmonaire étoit environ moitié plus gros que celui de l'aorte. Et d'un autre cote M. Tauvry , élevé de M. Duverney , fit voir deux fujets dans lel^ quels l'artère pulmonaire étoit moindre que l'aorte , & les faits fiarent examinés des deux côtés par l'académie. M. Tauvry ajoute que quoique l'artère pulmonaire foit plus groflè que l'aorte , cela ne prouve pas péanmoins qu'il pafle plus de fang dans la première que dans la féconde de ces artères , puifqu'on peut attribuer cette ftrudure à la preflion du fang qui eft plus forte vers les poumons , qu'il a de la peine à pénétrer , & qui par cette raifon diftend les parois de cette artère , & l'élargit très- facilement. M. Littre en diflequant un adulte dans lequel le trou ovale étoit toujours ouvert, & mefurant les capacités des vaifl!eaux de cha- que côté , fe déclara pour M. Mery. Ainfi la queftion eft fort indécife. Quant à la caufe de la circulation du fang dans le fœtus , les anatomiftes font encore divifés là-deflus. L'opinion commune eft que pendant la grofl^fTe les artères de la matrice verfent leur fang dans le placenta , qui s'en nourrit ; le furpluy de ce fang entre dans" les racines de la veine ombili- cale , qui fait partie du cordon ; de-là il eft porté au foie du fœtus dans le tronc de la- veine-porte , d'où il pafte dans la veine-cave' & dans le ventricule droit du cœur ^ & fe' diftribue comme ci-deflus. De plus , le fang qui fort des artères iliaques du fœ'ras entr« dans le cordon par les artei-es ombilicales j. C I R (îe-là dans le placenta, où il efl repris par les veines de la matrice qui le reportent à la mère , & peut-être aufli par les racines de la veine ombilicale , qui le remêlent avec de nouveau lang de la mère. Selon ce fyi~ terne , c'eft uniquement le fang de la mère qui nourrit le fœtus , qui n'elt ici regardé que comme un membre particulier de la mère : le battement de Ton cœur lui envoie une portion de fon fang , qui conferve le degré d'impulfion qu'il faut pour entretenir cette circulation languiflante dont le fœtus jouit , & qui lui donne probablement cette foible pulfation qu'on obferve dans le cœur. D'autres anatomiftes prétendent que le fœtus ne fe nourrit que du chyle qui lui eft fourni par les glandes de la matrice , qui eft encore plus travaillé , fe change en fang dans les vaifleaux du fœtus , & y circule fans autre communication avec la mère ; ils n'admettent de circulation réciproque qu'en- tre le placenta & le fœtus. Mais la première opinion paroît la plus plaufible ; car quand le placenta fe détache de la matrice , en quelque temps que ce fbit de la grolîelîe , il ne fort que du fang , &c jamais de chyle. Outre que M. Mery a mon- tré que la matrice n'a point du tout de glan- des pour en fournir , deux autres obferva- tions de M. Mery , rapportées au même en- droit, appuient encore le fyftême commun. La furface intérieure de la matrice eft revê- tue de veines ; d'ailleurs la furface externe du placenta n'eft revêtue d'aucune membrane ; & comme c'eft par ces deux furfaces que le placenta & la matrice font en quelque forte collés enfemble , ilparoît qu'elles ne l'ont fans membranes que pour une communication immédiate des vaiffeaux fanguins. Ajoutez à cela un tait dont M. Mery a été témoin oculaire. Une femme groflê qui touchoit à fon terme , fe tue d'une chute très-rude prefque fur le champ. On lui trouve fept à huit pintes de fang dans la cavité du ventre , & tous les vaiiTcaux languins entiè- rement épuifés. Son enfant étoit mort , mais fans aucune apparence de bleiîure , & tous fes vaifleaux étoient vuides de fang aufli bien que ceux de la mère. Le corps du pla- centa étoit encore attaché à toute la furface intérieure de la matrice , où il n'y avoir au- cun fang extravafé. Par quelle route tout le C I R ,1^ fang de l'enfant pouvoit-il s^être vuidé dans la cavité du ventre de la mère ? Il falloît néceiîairement que ce fût par les veines de la matrice , & par conféquent ces veines rap- portent à la mère le làng de l'enfant ; ce qui feul établit la néceflltc de tout le refte du fyftême commun. Si la circulation ne fe faifoit que du fœtus au placenta , & non pas auiC à la mère , l'enfant mort auroit eu tout fon fang. Déplus, le fang des poumons du fœtus ne jouit d'aucun des avantages de l'air ou de la refpiration ; ce qui lui étant cependant néceflTaire , la nature prend fans doute foin qu'il en reçoive quelques portions mêlées avec tout le fang de fa mère , lefquelles lui font tranfrnifes par les vaifleaux ombilicaux pour fe répandre dans fon corps. Ce qui confirme cette conjedure, c'eft que fi le cordon ombilical éft trop ferré , l'enfant meurt comme un homme étranglé ce qu'il paroît qu'on ne peut attribuer à d'au- tres caufes qu'à la privation de l'air ; joignant fur-tout à cela qu'auffi-tôt que la mère cefl^ de refpirer , le fœtus expire. Quant à la vîtefl^ du fang qui circule , & au temps que demiande une circulation , on afaitlà-deflùs plufieurs calculs. Selon le doc- teur Keil , le lang eft chafîe du cœur avec une vîtefle capable de lui faire parcourir cin- quante-deux pies par minute ; mais cette vîtefle eft toujours diminuée à travers toutes les nombrélifes divifions ou branches des artères, de façon qu'elle l'eft infiniment avant que le fang arrive aux extrérnités du corps. Le même auteur , d'après un rapport qu'il calcule des branches des artères à leur, tronc, prétend que la plus grande vîtefl"e du fang, eft à la plus petite dans une proportion plus grande que looco, 00000,00000,00000 00000, 00000, 00000, OOGOO à I. L'efpace de temps dans lequel route k' maflr du fang fait ordinairement fa circula^ tion y fe détermine de différentes manières.. Quelquefois des auteurs modernes s'y pren- nent pour cela de cette forte ; ils fuppofenc que le cœur fafle 2oco pulfations par heure ,, & qu'à chaque pulfation il chaflé une once de fang ; comme la raafle totale du fang n'eft:" pas ordinairement eftimée à plus de vingt- quatre livres , ils en concluent qu'il fait fepc: à huit circulations par heure. Vo^c^Skiîlg*'. ii6 C I R Vqyei le traité du cœur , <1e M. Senac , où tous les calculs font analyfës & appréciés. On doit eonlulter le même traité , pour prendre une idée de la néccflité & des ulàges de la circulation pour la vie , de ceux que ià connoifTançe nous fournit pour le diagnoflic & le traitement des maladies , & de l'avan- tage qu'elle donne aux médecins modernes fur \&s anciens. {L) JJousnous contenteronsd'ajonterici, que pcrlbnne n'a encore mieux décric & mieux prouvé la circulation que Harvey lui-même ; Ion traire efi: un chef-d'œuvre. Il ne faut cependant point oublier qu'on tire un argu- ment invincible en faveur de la circulation , de ce qu'on a dit depuis Harvey , fur la tranl- fufion; j'. Transfusion ^Injection, Ê'/a$-7;zofj- Pouls & Inflammation; où bien des quellions qui ont un rapport fingu- lier avec la circulation , font examinées. Nous n'avons prétendii en faire ici qu'une expolition fimple , qui peut luffire à ceux qui n'en ont point d'idée; les queftions qu'on peut propofer à l'égard de ccitQ fondion , tiennent ;\ toute la médecine , qu'il auroir fallu parcourir dans toutes {qs parties pour les examiner ; ce qui nous auroit mené trop loin. M. le baron de Haller acru devoir ajouter â cet article quelques ohfervations fur la cir- culation qui a lieu dans le cœur du fœtus, £' fur la circulation de la mère au fœtus. Le fœtus n'a , dans les premiers mois de fori exiftence, qu'une oreillette ,c'efl la gau- che ; la droite eft alors très-petite , le iàng pafîé avec trop -de facilité par le trou ovale , qui eft extrêmejnent ouvert à cet âge. Cette obfervation fuffit pour décider la famcufe queftion quia partagé l'académie. Si l'oreillette droite eft extrêmement petite dans les premiers temps du fœtus , le fang de la veine-cave n'y refte donc pas; s'il s'y arrêtoit, il dilateroit proportionnellement cette oreil- lette: à cet âge, il efi donc évident que le (àng pafle de droite à gauche ; pour qu'il renveriât fa diredion, & qu'il allât de gauche à droite, il faudroit que M, Mery fût trouver une rai- fon qui caulât une révolution aufll éton- nante , & il léroit impoflible de la trouver , le poumon refiant compare & oppofant au fâng la même réfiilanQe pendant tout le temps de la grolîêfïè , & ne devenant plus açceffible au i'ang que par la refpiration. C I R II y a plus ; de nouvelles recherches ont démontré que le ventricule droit elt invilible & par conféquent très-petit pendant près d'un tiers de l'incubation : le fang de la veine cave ne s'y porte donc pas , & l'oreillette & le ventricule gauche ne recevroient point de lang du tout , s'il n'en pafïoit par le trou ovale depuis iDreillette droite : le poumon pendant tout ce temps ell invifible & ne reçoit que des vaifTeaux invifibles comme lui. Il relie à trouver une réponfe à la feule objedion valable quefaifoit M. Mery. Dans k fœtus adulte & parfait, l'artère pulmonaire efi plus grande que l'aorte au fortir du cœur ; elle reçoit donc plus de fang: or fi le fang de l'oreillette droite pafîbit par le trou ovale à l'oreillette gauche , le ventricule gauche recevroit plus de fang, & le calibre de l'aorte (èroit plus grand ; s'il efi plus petit , c'eft parce que l'oreillette gauche renvoie une partie de fon fang à la droite ; le ventricule gauche en reçoit d'autant moins de fang , & l'aorte efi nécefîairement d'un plus petit diamètre. On a voulu répondre à cette objeâ;ion , en niant le fait & en avançant que l'aorte eft plus fimple que l'artère pulmonaire dans le fœtus prêt à naître. On ne devoit pas nier un fait avéré , & qui d'ailleurs concourt à établir l'opinion reçue: dans le fœtus prêt à naître, l'oreillette droite & le ventricule de ce côté efi déve- loppé ; il efi pour le moins aufîi grand que celui du coté gauche; mais le fang que reçoit le ventricule droit , ne parvient qu'en partie à l'aorte , l'artère pulmonaire donne à la vérité des branches au poumon ; le fang que Qcs branches y portent paiTe par le poumon , & revient au ventricule gauche , mais ce fang n'efl pas la moitié de celui que l'orifice de l'autre pulmonaire a reçu; fon tronc qui , fous le nom àt conduit artériel , s'ouvre dans l'aorte fous la grande arcade , efi plus -grand que les deux artères qui vont au poumon : fà lumière efi à la fomme des lumières de ces deux branches , comme 184.9 '^ ^34^ • l'aorte ne doit donc pas être plus grande quç dans l'adulte , puiiqu'elle ne reçoit qu'une partie du fang de l'artère pulmonaire , & que dans l'adulte , elle reçoit ce fang eii entier. Mais l'aorte reçoit cependant le fang qui pafic par Iç trou ovalç , ôc dans l'adulte , il C I R ne le reçoit pas : cette objeiJlion n'cft d'au- cun poicls. Dans l'adulte , tout le làng de l'oreillette & du ventricule droit , pafîe à Taorte : il elt indifférent pour le calcul de la lumière de cette artère , q»e ce fang y vienne par le poumon ou par le trou ovale. Pour le fœtus toute la quellion fe réduit à des mefures : fi le trou ovale eil: aulli grand que le conduit artériel, l'aorte doit être égale à l'artère pulmonaire : celle-ci perd la quantité qui paflè par le trou ovale , & l'aorte perd la quantité qui pafî'e par le conduit artériel ; or ces quantités font égales. Mais fi le conduit artériel eu plus ample que le trou ovale , l'aorte doit être plus petite que l'artère pulmonaire : l'aorte gagne à la vérité fur fartere pulmonaire le fang qui pafle par le trou ovale , mais elle perd une quantité plus confidérable , qui palfe par le conduit artériel : or le conSuit artériel eit beaucoup plus ample que ne l'efH'ouverture du trou ovale , il la furpafle dans la propor- tion de 525 à 249. La (uite nécefîaire de cette différence entre les gains de faorte & (es pertes , c'efi: qu'elle doit être plus petite que l'artère pulmonaire. Circulation delamere aufœtus.Ced une des quelHons les plus difficiles de la phy- fiologie , il efl vrai qu'en gros cette circula- tion efl démontrée: le fœtus qui va naître eu à celui qui vient d'être conçu comme dix livres à une très-petite partie d'un grain : tout ce que le fœtus pefe de plus , il l'a reçu de fa mère , & n'a pu le recevoir que d'elle. Mais la difficulté eft de connoître les routes par lefquelles cette nourriture parvient de l'uférus au fœtus : comme le placenta & le chorion touchent feuls l'utérus , c'eft par Fune de ces parties , ou par l'une & l'autre, que l'aliment doit venir de la mère au fœtus. La matière fluide injedée dans l'utérus, paffe certainement dans le placenta ; elle a pafîe , quoique rarement , jufques dans le fœtus : les artères de l'utérus & de fa mem- brane intérieure , attachée au placenta , s*ou- vrent dans cette partie de Târriere-fai-x ; elles nagent dans le fang ; des veines du placenta y pompent ce fang épanché ; d'autres veines qui appartiennent à l'utérus, y reprennent une partie du fang des cellules. Il y a deux circulations dans l'utérus & deux dans le placenta ; les artères de l'utàus C I R 127 communiquent avec fes veines , mais d'au- tres de ces artères communiquent avec le placenta , en dépofant leur fang dans fes. cellules , & d'autres veines de l'utérus repompent une partie du fang de ces mêmes cellules. Dans le placenta , les branches des artères ombilicales communiquent avec les vemes du même nom , & des veines du placenta repompent le fing de la mère, que les artères de l'utérus ont dépofé dans les cellules du placenta. Il y a tout lieu de croire , malgré les ob- jedions de quelques modernes, que cette cir- culation de la mère au fœtus , & du fœtus à la mère, fait paiî'er de l'un des deux à l'autre, du véritable fang. Non-feulement le fing coule en abon- dance , quand le fœtus & le placenta fe dé- tachent de l'utérus; mais on a vu, & plu- ' fleurs fois , le fœtus perdre tout fon fang par les hémorrhagies de la mère, & la mère per- dre le ficn , quand le placenta efl relié dans l'utérus, &; qu'on a négligé de lier le cordon. Il ne paroît pas qu'on puifîc expliquer autre- ment la vie des fœtus , afîez nombreux , qui ont crû & qui font parvenus à leur maturité , làns avoir de cœur: cet accroiflement fuppofe un moteur que l'on ne peut trouver que dans la mère. Un autre chemin par lequel le fang de la mère communique avec le fœtus , c'eft le chorion : la membrane interne de l'utérus ,. remplie de vailfeaux rouges , s'unit au cho- rion , & Ces vailïêaux communiquent avec ceux du chorion. Circulation, fe dit en parlantd^ la fève. Foyq SevE Ù VÉGÉTATION. Circulation ^ {Chym.) La circulation eff une opération chymique qui^ confifte à appliquer un feu convenable à des matières- enfermées dans des vaiffeaux difpofés de. façon que les vapeurs qui s'élèvent de la ma- tière traitée , foient continuellement conden- Çées , & reportées fur la maiîc d'où elles ont été détachées. Les vaiffeaux defîinés à cette opération, font les cucurbites & les matras de rencon- tre , les jumeaux & le pélican. Voye-{ ces articles particuliers. Les ufages de la circulation font les mêmes que ceux de la digejftion , dont la circulation iiS C I R. n'efl: proprement qu'un degré, t^qyei DIGES- TION ; & fa théorie efl la mcme que celle de la diflillation. Voyei DISTILLATION. (/?) ClRCVLATlO^ yCnG^ome'trie.L. P. Gul- din , jéfuite , appelle l'oie de circulation la ligne droite ou courbe que décrit le centre de gravité d'une ligne ou d'une furface , qui par Ton mouvement produit une furface ou un folide. Voye^ à V article CenTROBARI- QUE l'ufage de la voie de circulation pour déterminer les furfaces & les folides , tant curvilignes que redilignes. Cette méthode fort ingénieufe en elle-même, n'efl prefque plus d'ufage depuis la découverte du calcul intégral , qui fournit des méthodes plus aifées pour réfoudre tous les problêmes de cette efpece. V. Centre de gravité. (O) CIRCULATOIRE , {chym?) ed le vaif- feau où on met le fluide auquel on veut faire fouiîj-ir l'opération de la circulation. Voye:^ Circulation. Il y a deuxefpecesdear- culatoires , favoir le pélican & les jumeaux , qui font deux vaifl'eaux qui n'ont chacun qu'une ouverture, par laquelle ils fe com- muniquent. Des vailfeaux de rencontre font circulatoires: des vaifleaux de rencontre font par exemple deux matras , dans l'un defquels eft la liqueur qu'on veut faire circuler , & l'autre matras efl renverfé , de façon que fon bec entre dans celui d'en bas, qui eît pofé dans le bain de fable. V. PÉLICAN. {M) CIRCULER , V. n. fe dit proprement <îu mouvement d'un corps ou d'un point qui décrit un cercle ; mais on a appliqué ce mot au mouvement des corps qui décrivent des courbes non circulaires; par exemple au mou- vement des planètes , qui ne décrivent point autour du folell des cercles, mais des ellip- (qs. Fbjfi^ Plan ETE. On l'a appliqué aufiî au mouvement du fang , par lequel ce fluide efl porté du cœur aux artères , & revient au cœur par les veines. Fbj'f:{ CIRCULATION Ê? Circuler (C/zy/;zz>.) En général ce mot circuler peut s'appliquer par analogie au mou- vement d'un corps , qui fans fortir d'un cer- tain efpace , fait dans cet efpace un chemin quelconque , en revenant de temps en temps au même point d'où il efl parti. (O) C I R Circuler, {Chymie.) y. ^et. il fe dit en chymie , du mouvement des vapeurs d'une matière tenue fur un feu doux , & enfer- mée dans .des vailîèaux fermés , de forte que les vapeurs qu* s'élèvent foient obhgées d'y revenir , ne trouvant point d'ifllie ; & le feu continuant d'agir , de s'élever de nou- veau , & de revenir encore , & ainfi de fuite. V. Circulation 6" Circulatoire.. [Chymie^ CIRCUMAMBIANT, adj. {Phyfique.) eik la même chofè c^ environnant : c'elî une épitliete (peu en ufage) qui fe dit d'une chofe qui en entoure une autre. V. AMBIANT. Nous difons Vair ambiant ou circum^ ambiant. Fbj'f;^ AiR, ATMOSPHERE, d'c. Ce mot eft formé des mots latins ambio , j'entoure, & circiim , autour. (O) CIRCUM-INCESSION , {.l terme de Théologie , par lequel les fcholafliques expri- ment l'exiflence intime & mumelle des per- fonnes divines, l'une en l'autre, dans le myf- tere de la Trinité. Voye^ PERSONNE. Les théologiens de l'églife latine ne font pas les premiers inventeurs de cette exprcf- fion , S. Jean Damafcene qui vivoit dans le viij^fiecle, s'étant fervi du mot Têfocupej-zf , qui fignifîe précifément la même chofe , pour expliquer ces paroles , ego in pâtre , & pater in me eft. Joann. c. xiv. Cette circum-incejjlon des perfonncs divi- nes vient de l'unité de leur nature , qui a fait dire à Jefus-Chrifl: ego épater unum fumus. Quelques théologiens diflinguent deux fortes de circum-incejjions , l'une parfaite & l'autre imparfaite. La première efl celle par laquelle deux choies exiflent inféparablement , de telle manière que l'une n'efl nulle part hors de l'autre. La féconde efl -celle où de ces deux chofes co-exiflantes , l'une a cepen- dant une exiflence plus étendue que l'autre. Telle eft la circum-incejjion que quelques pères & théologiens admettent entre la nature divine & la nature humaine dans Jefus- (vhrifl. Vuitajf. de Triait, part. Il , quœfi, l'iij , art. iv. (G) CIRE , f. f. {Hifi. nat.) (a) matière tirée des végétaux , & élaborée dans le corps (a) De quelque poids que doivent être , en fait d'hiftoire naturelle , l'autorité de M. de Reaumur, tour<»c qu'il a dit fur l'origine de la cire eft regardé comme erroné par divers auteurs, qui oppofent aux obfcrvations alléguées par M. de Reaumur des difficultés & des obfervarions coiuraires. D'aboid «n a peine à concevoir comment la cire cjyi\ , félon iui, fe façonne dans le ffcond eftomac , peut en V d'un C I R d'un animal. Les abeilles transforment en cire les pouflieres des étamines des plantes \ car les pelotes qu'elles forment avec cette poufîlere , & qu'elles rapportent dans îa ruche , comme il a été dit à V article de l'A BEILLE 5 &que l'on appelle de la cire Brute, n'eftpas de la vraie cire; elle ne fe ramollit ni ne Ce fond lorfqu'elle ett échauffée ^ elle tombe au fond de l'eau , au lieu de furna- ger , &c. Il faut , pour que cette matière devienne de la vraie cire , que les abeilles la mâchent , l'avalent , & la digèrent. On a vu à ïarticle AbeiLLE , que ces infeétes ont une bouche , des dents , une langue & un eftomac , c'eft-à-dire des organes propres à toutes CQ5 opérations. Lorsqu'une abeille arrive à la ruche avec des pelotes de cire bru- te , elle la mange quelquefois avant que d'en- trer , mais pour l'ordinaire elle va fur les gâ- teaux en battant des ailes. Alors trois ou qua- tre autres abeilles viennent auprès de celle qui arrive , ôc mangent les pelotes dont elle eft chargée. On prétend les avoir vu dif- tinôement mâcher & avaler ^ mais ce qui eft encore plus certain , c'eft qu'on a trouvé dans leur eftomac & leurs inteftins , de la cire brute bien reconnoiffabîe par les grains de la poufîiere des étamines dont elle eft compofée. Lorlque les abeilles apportent plus de cire brute qu'elles n'en peuvent manger , alors elles la dépofent dans des al- véoles , où il ;î'y a ni ver ni miel ^ & dès qu'un de ces infeâes y a fait tomber les deux pelotes dont il étoit chargé , i[ en vient un autre qui les étend dans l'alvéole , & quel- quefois c'eft le même qui les a apportées. Non feulement ils les rangent , mais encore ils les pétrifient, & les imbibent d'une liqueur qui paroît être du miel , parce qu'après cette opération la cire brute en a le goût j c'eft peut-être ce qui la conferve iàns altération. C I ïl 119 On tronv2 dans les ruches à^s parties de gâteaux aflèz grandes , dont les cellules font toutes remplies de cire brute. II y en a auffi qui font difperfées ou placées entre d'autres cellules , qui contiennent du miel ou des vers. Enfin les abeilles mangent îa cire brute lors- qu'elles l'ont apportée dans la ruche , où elles la dépo/ènt dans des alvéoles pour la man- ger dans un autre temps j mais on croit qu'il faut qu'elles la digèrent pour la convertir en vraie cire ^ qu'une partie fert à la nourriture de rin{è<^e , qu'une autre fort par l'anus en forme d'excrémens , & que le refte revient par la bouche , & eft employé à la conftruc- tion des alvéoles , vojfç Alvéole. On a vu mie liqueur mouflèufe , ou une efpece de bouillie , fortir de la bouche dans le temps que l'abeille travaille à faire une cellule ^ cette pâte (è ièche dans un inftant ^ c'eft de la vraie cire. On prétend que les abeilles ne peuvent plus employer la cire àhs qu'elle eft entièrement feche. Aufli lor{qu'on leur en préfente auprès de leur ruche , elles ne s'en chargent pas , mais elles recherchent tout le miel qui peut y être mêlé 3 elles hachent quelquefois la cire par morceaux , & ne l'abandonnent que Ior(qu'elles en ont enlevé tout le miel ^ & s'il n'y en avoit point , elles ne toucheroient pas à la cire. Lorsqu'on fait pafter des abeilles dans une nouvelle ruche entièrement vuide , & qu'on les y renferme au commencement du jour , avant qu'elles aient pu ramaft!èr de la cire brute , on trouve le fbir des gâteaux de cire dans la nouvelle ruche. Il y a tout lieu de croire que lac/>^ dont ces gâteaux font formés eft venue de la bouche de ces infeftes ^ en ftippofant qu'ils n'ont point apporté de cire brute atta- chée à leurs jambes.Cette matière éprouvedes changemens dans l'eftomac , puifque la cire à^s alvéoles eft blanche , quoique les pelotes reflortir fans entraîner avec elle ce qui fe irouveroit de miel dans le premier eftomac , & fans s'al- térer & fe jaunir par ce mélange. L'objeftion qu'on tire de ce que la cire donne à l'anatyfe des princi- pes plus analogues à ceux des marieres animales , qu'à ceux qui compofent les matières végétale» , nous paroîc très-foible : mais voici des faits qu'on donne pour avoir été vérifiés par plufieurs obfervations. M. Homboftel palTe pour les avoir annoncés le premier dans la Bibliothec^ue de Humbourg^ & plufieurs amateurs d'abeilles en Allemagne ont dit les avoir vérifiés par leurs obfervations. Selon eux , la cire eft une matière animale qui fort du corps des abeilles par unefécrétion analogue à celle de la tranfpiration, ou plutôt à celle de la cire des oreilles des grands animaux : les écailles du ventre fe couvrent dans le temps du grand travail, & dans ceux où les abeilles ont une nourriture abondante , d'une couche mince de f/re qui en tranfude, & qui forme ainfi fous le ventre fix lames blanches & très-minces , que les abeilles enlèvent avec beaucoup de célérité. Voyet, fur cela les Mémoires de la fociéié de Luftice f en allemand , & Schirach , Sachfifcher Bienenvatter , &c. (D) Tome VIIL R I30 C I JL de cire brute que les abeilles apportent dans îa ruche foient de différentes couleurs blan- ches , jaunes , orangées , rougeâtres, vertes. Les alvéoles nouvellement faits font blancs , & ils jaunifTent avec le temps & par diffé- rentes caufes , mais lor/qu'ils font nouveaux la teinte efl à-peu-près la même dans toutes les ruches -^ s'il s'en trouve de jaunâtres , on peut croire qne cette couleur vient d'une jnauvaifè digeftion de la cire brute , que l'on a attribuée à un vice héréditaire que toutes les abeilles d'une ruche tiennent de leur mère commune. Ce qu'il y a de certain , c'eft que toutes les cires ne font pas également pro- pres à recevoir un beau blanc dans nos blan- chiiferies. Mém, pour fervir à thijîoire des infecles , tome V, (I). Cire , {Hiji. anc. & mod,) Les hommes détruifent les cellules pour avoir la cire qui les forme , & l'on ne fauroit dire à combien d'ufages ils l'ont employée de tout temps. Autrefois on sqïï fer\'oit comme d'un meule pour écrire , invention qu'on attribue aux Grecs. Pour cet effet , on faifoit de petites planches de bois , à-peu-près comme les feuillets de nos tablettes , dont les extrém.ités tout à l'entour étoicnt revêtues d'un bord plus élevé que le refte , afin que la cire ne pût pas s'écouler. On répandoit enfuite flir ces tablettes de la cire fondue , on l'appla- niffoit , on l'cgalifoit , & Ton écrivoit fur cette cire avec un poinçon. C'eft pourquoi Plante dit, duvifcribo expier i totas ceras qua- tuor. Les teftamens mêmes'écrivoient fur de la cire ainfî préparée, De-là vient qu'où leur donnoit auffi le fimple nom de cera , cire. V . Suétone dans la vie de Céfar , chap. Ixxtviij^ ù dans la vie de Néron , chap.. xvij. On fè fervoit encore de la cire pour cacheter des lettres , & empêcher qu'elles ne fuffentluesj c'eft ce qui paroît par ce joli vers d'Ovide , iib. 1 5 amor.. Coûtera fert blanda cera rtotata manu.. L'on donnoit à cette cire à cacheter toutes fortes de couleurs, V. Hein, de Jigill, veter, page I y cap.vj. Aujourd'hui les particuliers fè fervent de lacque , voyei CiRE A CACHETER ^ mais les princes , les magiibats , les grands fèigneurs, & tous ceux qui ont droit de fceller , font encore uf^ç de la «W d'abeille pour impri- C I R mer les fceaux , & les attacher aux ordon» nances & arrêts qu'ils publient , comme auflî à toutes les patentes & expéditions en chancellerie , que l'on fcelle de cire jaune , rouge , verte , dont la confommation à cet égard eft très-confidérable. V. CiKE,juriJpr» Chauffe-cire, (S'c. La cire a autrefois aufTi fervi dans la pein- ture , en lui donnant telle couleur que l'on vouloit , & on en faifoit des portraits qu'on endurciffoit par le moyen du feu j mais il n'y avoir chez les Romains que ceux qui avoient exercé des magiftratures curules qui eufîbnt le droit des images. Seneque nom/neces for- tes de peintures cereas apellineas. Plus les grands pouvoient étaler de tels portraits dans leur veftibule , plus ils étoicnt nobles. De là vient que les poètes fe moquent de cette noblefiè empmutée. Nec te decipiant vête ri ci n cl a atria eera. dit Ovide, Iib. i ^amor ,eleg. VÏII, 6$. Et Juvenal encore mieux. Tota licetveteres exornent undique cerœ Atria : nobilitas fola ejî atque unica virtus» Satyr. VIII , 19. Cet art a été pouffé fort loin de nos jours. Tout le monde connoît le nom du fleur Benoit , & l'invention ingénieufè de ces cercles compofés de perfornages de cire y qui ont fait fi long-temps l'admiration de la cour & de. la ville. Cet homme, peintre de profeftion , trouva le fecret de former fur le vifage des perfonnes vivantes , même les plus belles &: les plus délicates, fans aucun rifque ni pour la fànté , ni pour la beauté , des moules dans lefquels il fondoit des maf- ques de cire auxquels il donnoit une efpece de vie , par des couleurs & des yeux d'émail, imités d'après le naturel. Ces figures Te\é~ tues d'habits conformes à la qualité des perfonnes qu'elles repréfentoient , étoicnt fi reffemblantes , que les yeux leur croyoient quelquefois de la vie ^ mais les figures ana- tomiques faites en cire par le même Benoît y peuvent encore moins s'oublier que la beauté de fes portraits. Les modernes ont tellement multiplié les ufages de la cire , qu'il feroit difficile de les détailler. Us commencent avant toutes chofes pou* - C I R s'en fervir , à la féparer du miel par expref^ fion , à la purifier , à la mettre en pains que vendent hs droguiftes. Elle eil alors allez folide , un peu glutineufe au toucher , & de belle couleur jaune , qu'elle perd un peu en vieillilTant. Pour la blanchir on la purifie de nouveau en la fondant , on la lave , on l'expofe à l'air & à la rofée ^ par ces moyens elle ac- quiert la blancheur , devient plus dure , plus cafTante , & perd prefque toute fon odeur. Sa fonderie & fon blanchllFage requiè- rent beaucoup d'art ^ les Vénitiens ont ap- porté cet art en France, f^oyei Blanchir. On demande dans le Ménagiana ( tome ///, page iio) pourquoi les cires de Châ- teau-Gontier ne blanchiffeut point du tout. C'eft parce que le fait n'eft pas vrai. On propofe en phyfique cent queftions de cette nature. Le blanchiment de Château-Gon- tier eft précifément le premier de tous , & les cires de ce blancliiment font en confc- quence choifies pour les plus beaux ouvrages. 11 en faut croire Pomet & Savary. En fondant la cire blanche avec un peu de térébenthine , on en fait la cire jaune molle , qu'on emploie en chancellerie. On Ja rougit avec du vermillon ou la racine d'orcanette ; on la verdit avec du verd-de- gris , on la noircit avec du noir de fumée : ainfi on la colore comme on veut , & on la rend propre à gommer avec de la poix gralïè. Il eft certain que cette fubftance viiqueufe réunit diverfes qualités qui lui font particu- lières. Elle n'a rien de défagréable ni à l'odo- rat ni au goût ^ le froid la rend dure & pref- que fragile , & le chaud l'amollit & la dif- fout : elle eft entièrement inflammable , & devient prefque auftî volatile que le camphre par les précédés chymiques. F'. Cire en chymie , pharmacie , matière médicale. Elle eft devenue d'une fi grande nécefiîté dans plufieurs arts , dans plufieurs métiers , & dans la vie domeftique , que le débit qui s'en fait, eft prefque incroyable \ fur-tout aujourd'hui qu'elle n'eft plus uniquement réfèrvée pour l'autel & pour le louvre, & que tout le monde s'éclaire avec des bougies , l'Europe ne fournit point affez de cire pour *le befoin qu'on en a. Nous en tirons de Bar- barie , de Smyrne , de Conftantinople , d'Alexandrie , & de plufieurs îles de l'Archi- C IR i3t peî , particulièrement de Candie , de Chio & de Samos \ & l'on peut évaluer dans ce feul royaume la confommatioude cette cire étran- gère à près de dix mille quintaux par année. Auiîi le luxe augmentant tous les jours en France la grande confommation de la cire àts, abeilles , quelques particuliers ont pro- pofe d'employer pour les cierges & les bou- gies , uac cire végétale de Mifiiiripi que le hazard a fait découvrir , & dont on a la relation dans les mém. de tacad. des Se. aru 1722 & 1725. Voici ce que c'eft. De la cire de la Louifiane. Dans tous leS endroits tempérés de l'Amérique feptentrio- nale , comme dans la Floride , à la Caroline , à la Louifiane, fi'c. il y a un petit arbriffeau qui croît à la hauteur de nos cerifiers , qui a le port du myrte , & dont les feuilles ont aufiî à-peu-près la même odeur. Ces arbres portent des graines de la groifeur d'un petit grain de coriandre dans leur parfaite maturité , vertes au commencement , enfuite d'un gris cendré , ces graines renferment dans leur milieu un petit noyau ofTeux , alTez: rond , couvert d'une peau verte chagrinée ^ & qui contient une fèmence. Ce noyau efi enveloppé d'une fubftance vifqueufe , qui remplit tout le refte de la graine ou fruit : c eft la cire dont il s'agit. Cette cire eft lui- fante , feche , friable , difpofée en écailles fiir la peau du noyau. Il eft très-aifé d'avoir cette cire : il n'y a qu'à faire bouillir des graines dans une quantité fiifîifànte d'eau , & les écrafèr groffiérement contre les parois du vaiffèau pendant qu'elles font fur le feu ^ la cire fe détache des graines qui la renfermoient , & vient nager fur la fuperficie de l'eau. On la ramafl^e avec une cuiller , on la nettoie en la paiTant par un linge , & on la fait fondre de nouveau pour la mettre en pain. Plufieurs perfonnes de la Louifiane ont appris par des efclaves fauvages de la Caro- line,qu'on n y brûloit point d'autre bougie que celle qui fè fait de cette cire. Dans les pays fort chauds où de la chandelle de fuif fè fondroit par la chaleur , il eft fans comparaifon plus commode d'avoir de la bougie j & celle-là fè- roit à bon m.arché , & toute portée dans les climats de l'Amérique qui en auroient befoin. Un arbriffeau bien chargé de fruits , peut avoir en fix livres de graines & une Ih re die Ri 132 C I R fruit , un quart de livre de cire. Il eft diffi- cile de déterminer au jufte combien un homme pourroit ramaffer de graines en un jour , parce que ces arbres qui croilTent fans culture & faus art , fout répandus çà & là , tantôt plus , tantôt moins écartés les uns des autres , félon que différens hazards les ont fèmés : cependant l'on juge à-peu-prcs qu'un homme ramalferoit aifément en un jour feize livres de graines , ce qui donne- roit quatre livres de cire. Cette grande faci- lité , qui deviendroit beaucoup plus grande par des plantations régulières de ces arbres, & le peu de frais qu'il faut pour tirer la cire , fèroit fort à confidérer fi cette ma- tière devenoit un objet de commerce. La cire qui fe détache par les prem.ieres ébullitions eft jaune , comme celle qui vient de nos abeilles j mais les dernières ébullitions la donnent vette , parce qu'alors elle prend la teinture de la peau dont le noyau eft cou- vert. Toute cette cire eft plus feche & plus friable que la nôtre. Elle a une odeur douce & aromatique aflez agréable. Nous avons vu à Paris des bougies vertes de cette cire , que le miniftre avoit reçues du Miflifîîpi , & qui étoient fort bonnes. Le temps nous apprendra il l'on regarde la matière de ces bougies comme un objet aflèz confidérable de commerce , pour nous diipenfèr de tirer des cires des pays étran- gers , autant que nous le faifons pour notre confomraation de cierges & de bougies. De la cire des îles Antilles. On trouve aux îles Antilles dans des troncs d'arbres une cire aflez fînguliere , formée en mor- ceaux ronds ou ovales de la groifeur d'une noix mufcade. Cette cire eft l'ouvrage d'abeil- les plus petites , plus noires & plus rondes que celles de l'Europe. Elles fè retirent dans le creux des vieux arbres , où elles fe fabri- C I R quent des eljjeces de ruches de la figure d'une poire , dans le dedans defquelles elles portent toujours un miel liquide de couleur citrine , de la confiftance de l'huile d'olive , d'un goût doux & agréable. Leur cire eft noire , ou du moins d'un violet foncé. Nous n'avons pas pu parvenir au fecret de la blanchir, de la foire changer de couleur ^ de la rendre propre à la fabrique des ni bougies , parce qu'elle eft trop molle. Les Indiens après l'avoir purifiée , s'en fervent à en faire des bouchons de bouteilles : ils en font auflî de petits vaifteaux dans lefquels ils recueillent le baume deTolu,quand il découle par incifion des arbres qui le répandent. De la cire de la Chine. La cire blanche de la Chine eft différente de toutes celles que nous connoiftbns ,, non feulement par fa blancheur que le temps n'altère point, mais encore par fa texture : on diroit qu'elle eft compofée de petites pièces écailleufes , fem- blables à celles du blanc de baleine , que nous ne fàurions mettre en pains aufll fermes que les pains Aecire delà Chine. Autre fîngularité de la cire blanche de la Chine , c'eft qu'elle n'cft point l'ouvrage des abeilles : e\\e vient par artifice de petits vers que l'on trouve fur un arbre dans une province de cet em- pire. Ils fe nourrilTent fur cet arbre j on \qs y ramalfe, on les fait bouillir dans de l'eau , & ils forment une e^ece de graiife , qui étant figée , eft la cire blanche de la Chine , fur laquelle il nous manque bien des détails. Art. de M. le chevalier DE Jaucourt. Cire , {Chymie , Fharm. 6» Mat. médic.\ La première confidération chymique ftir la cire , c'eft la théorie de fbn blanchiftage , fondée fur la folubilité par la rofée ou par l'eau de la partie colorante qui peut être aufli détruite ou volatilifëe par les rayons du £q^ leil & par l'air. ( a ) («) On peut retiier delà lavande & du romarin de la cire pure, & on peut appercevoir cette fubftance fur les feuilles de ces plantes, à l*aidedu microfcope. C'eft ce qui fait voir l'erreur de ceux qui croient qu'on ne peut retirer de la cire que des étamines oa des pétales de la fleur. L'eau de la reine d'Hongrie , dont le principal ingrédient eft h lavande , a une odeur bien marquée de cire : ce qui prouve clairement que la tire eft une fubftance végétale , & non point uns animale. La chymie ne fait point d'autre opération fur la tire , que de féparer fon huile de fon phlegme & de fon Tel. Cette huile qui vient à la première diftillation, & fe congelé au col de la retorte , eft appeilée beurre de cire , & au moyen de la cohcbation , on la réduit en huile belle Se coulante-.. Le moyen employé à fa préparation , eft de couper la cire par petits •morceaux , de la faire fondre doucement dans une retorte de verre jufqu'à ce que le vaiffeau foit à moitié plein , de le iea>|>U]; enfuite avec du fable biea fec losx lutte un iccipient^ 6c on diftilleàla chalcar du. bai» C I R La cire diftillée fans intermède , fè ré fout en une matière huileufe qui fe fige à mefure qu'elle tombe dans le récipient , & qui eft connue fous le nom de beurre de cire , & en un acide allez fort : ces produits ont une odeur très-forte & très-défagréable. Le beurre perd une partie de cette odeur & fa confiliance , par des reâ:ifications réitérées qui le portent enfin à l'état de fluidité des huiles ordinaires j on fépare de ce beurre par chaque reélifica- tion , une petite portion d'acide ; d'où l'on peut conclure que c'eft à la préfence de ce principe que le beurre de cire doit (à con- îiftance. La cire blanche diftillée fans inter- mède , ne laiffe prelque point de réfidu j c'eft le charbon de la matière qui colore la rendu de la C I R cire jaune , qui augmente le diftillation de cette dernière. On peut déduire aifez raifonnablement de cette obfervation feule, que la cire eft uii compofé d'huile & d'acide ^ ce qui la fait rapporter par quelques chymiftes à la claffe des matières balfamiques le mâlevz". 8 , fous le nom de myrtus Bra- ' h amie œ accède ns Af ricana , baccis ,carens j conifera , ex America etiam infulâ Bermu- denji allata , ubi laurus odora vulgo nuncu- patur\ & la femelle /2°. S > ^o"s celui de rnyr- tus Brabanticce fimilis Carolinienjis y bacci- fera , fruclu racemofo fejjili monopyrene , forte ambulon Scaligeri ex infulâ aruchet €? lychno chrodryophoros. Almag. page z6o» Catesbi en a publié auffi fous le même nom une figure enluminée à la planche XIII & C I R LXlXàu volume de fon Hifioire naturelle de la Caroline. En 1767 , M. Linné à hpage 6 ^ l , de la dernière édition de fon Syftema natume , l'appelle myrica z y cerifera yfoliis lanceolads fubferratis , caule arborefcente. Cet arbrifleau s'élève à la hauteur de cinq à fix pies feulement , fous la forme d'unbuif- fon fphéroïde à branches menues , longues , aflez rares , & écartées. Ses feuilles font alternes , elliptiques , pointues aux deux bouts , longues de trois pouces , trois à cinq fois moins larges , mar- quées de trois à cinq dentelures de chaque c6ié feulement vers leur extrémité , relevées en deflous d'une côte ramifiée en cinq à lix paires de nervures alternes & portées pref- que horizontalement fur un pédicule cyhn- drique lix à dix fois plus court qu'elles. Les fleurs mâles font féparées des femel- les fur des pies ou des individus différens. Dans les unes & les autres , c'eft une efpecc d'épi ovoïde feffile, for tant de l'aiffelle de cha- que feuille, quatre à fix fois plus court qu'elle, compofé de vingt à trente fleurs fefîiles. Chaque fleur confifle en une écaille fans corolle , contenant dans les mâles depuis deux jufqu'à hx anthères réunies par leurs filets en une colonne cylindrique. Dans les fleurs fe- melles , au Heu des étamines , c'efl un ovaire fphéroïde ,. furmonté de deux flyles veloutés llir leur face intérieure. • L'ovaire devient , en mûriflant , une ef^ pece de baie fphérique verte d'abord , en- fuite gris-cendré , d'une ligne un tiers de dia- mètre , à chair femblable à une graifîè gris- verdâtre , ferme , écailleufe , peu liée , lui- fante , friable , à une loge contenant une feule graine en oflelet fphéroïde verdâtre» Culture. Le cirier croît communément dans l'Amérique leptentrionale , aux îles Bermudes „ mais plus particuhérement A la Louifiane , dans les plaines humides & ma- récageufes , où l'eau féjourne & pourrit pour ainn dire fans écoulement. Qualités. Cet arbrifleau répand une odeur aromatique afTez agréable. Ufages.. Les naturels de la Caroline ne brûlent pas d'autre bougie que celle qu'ils tirent de fon fruit. Un cirier bien chargé de fruit en porte environ fept livres , dont fix pour fa graine , & une pour fa chair , qui irsûd environ un quarteron en cire,. Pour dé- C I R 143 tacher cette cire de la graine Qu'elle enveloppe il fuflît de faire bouillir ces Truits dans l'eau ; alors elle fe fond , & fumage à la furface de l'eau , d'où on la retire au moyen d'une cuil- ler. On la nettoie enfuke en la faifant paf- fer à travers un linge , puis on la fait fon- dre de nouveau pour la mettre en pain. La cire qui s'élève la première pendant l'ébul- htion , efl jaune ; celle qui vient enfuite ell vene : elle a une odeur aromatique douce y aflez agréable. Elle efl plus feche , plus fria- ble & plus tranfparente que la cire des abeil- les. La bougie que l'on en fait efl d'abord plus blanche que celle de la cire des abeil- les ; mais enfuite elle jaunit , & finit par de- venir grife-terne & comme moifie ; elle efl plus caffante , elle éclaire moins , & fera toujours d'un fervice inférieur chez les na- tions qui ont l'ufage ordinaire de la bougie de cire d'abeilles & de la chandelle de fuif ou de graifles animales. Remarque. On ne peut voir fans une cer- taine peine la confufion que M. Linné ré- pand (ùr les diverfes parties de la botanique ^ en s'efForçant de changer tous les noms an- ciens ; & le gale en efl un exemple bien , fenfible : ce nom efl celui que les Ecoflbis donnent A l'efpece d'curope , & M. Linné a jugé à propos de lui fubflituer le nom de myrica , que les Grecs donnent au tamaris. Le gale efl un genre dé plante qui fe range naturellement dans la' féconde fedion de là famille des piflachiers , où nous l'a- vons placé. Voye-{ nos Familles des plantes, volume II , page 34 £. {M. Adanson. ) Il y a deux efpeces de cirier très-curieu- fes : l une croît à la Louifiane , où on l'ap- pelle arbre de cire ; & l'autre efpece , qui efl petit , croît dans la Caroline & dans r Acadie , où on trouve de femblablcs ar- brifleaux ; ils font plus petits. Il y en a aufli dans le Canada , fur la frontière de Vh- cadie ; on les y nomme lauriers faur âges. Ils ont encore une autre marque qui fert à les diflinguer de ceux de la Louifiane : c'efl: que leurs feuilles font plus larges , & pro- fondément dentelées. Miller en indique cinq efpeces , MM^ Van-Hazea fept , & M^ Linné cinq. Quoique ces arbrifîêaux {oient aquati- ques , ils ne laiflent pas de bien venir . dans \qs terrains fecs j à l'ombre d'autres 144 C T R arbres , comme au foleii & dans les pays chauds , ainfi que dans les froids. Ils pro- fitent cependant mieux dans des climats chauds : & l'on remarque qu'au deflus du trente-neuvième degré de latitude , ils ne font pas aufE beaux que dans une latitude moindre. On alTure qu'à la .Caroline & à la Loui- lîane ils le multiplient aifément de drageons enracinés. Les bonnes graines venues de l'Amérique lèvent très-bien en Fr?incc & même en SuifTe. Il faut les femer dès qu'elles Ibnt arrivées , dans des terrines ou dans des caifîes : la graine ne levé que l'année fuivante. On laifle les pots dans le jardin en bonne expofition , on les couvre d'un peu de paille contre la rigueur du froid. Lorfque le printemps efl venu , on les met en couche pour faire lever la graine. On tranfplante enfuite les plantes dans un ter- rain humide , où elles fupportent le froid le plus rigoureux de nos hivers. C'ell ainfi que la culture s'en fait en SuifTe. Les fleuri!^ tts françois renferment les jeunes arbres dans les orangeries , car nos hivers leur font très- Buifibles. Quand les tiges font un peu grof- fes , on ne rifque rien de les mettre en pleine terre dans un lieu humide , avec la pré- caution feulement de les couvrir d'un peu de htiere pendant le froid. Quand ils y ont pafle quelques années , on peut compter qu'ils y fublifleront , & le naairaliferont avec le loi & le climat. Il y en a eu ainfi en An- gleterre & à Trianon , qui étoient chargés de fleurs & de fruits. Celui de l'Acadie ne craint pas le froid. Celui de la Louifiane foutient afTez bien nos hivers lorfque , lailîant fa tête fe former en tête de faule , on l'ébranche avant l'hiver pour couvrir tout le haut avec de la litière. Au refte , ces arbrifîeaux ne rapportent prefque point jufqu'à ce qu'ils aient cinq ans ; mais enfuite leur produit va toujours en aug- mentant ; enforte qu'après quelques années , chacun d'eux peut fournir 25 à 30 livres de graine. Les martinets , qui font en grand nombre à la Louifiane , en mangent beau- coup : c'eft ce qui fait qu'au lieu de trente livres , on n'en recueille guère que fept à huit^^ Le principal ufage du cirier , eft l'efi^ece de cire que l'on recueille de fes baies. Sept à feuit livres rendent environ une livre de cire. C I R Quand la cire eft enlevée , on appefçoîc à leur furlace une couche d'une matière qui eft couleur de laque : l'eau chaude ne la dilTout point , l'efprit-de-vin en extrait une teinture , & l'on croit qu'elle pourroit être de quelque utilité pour les arts. Manière de tirer la cire des haies. Les ayant fait bouillir dans de l'eau , il fumage une liqueur graflé qui fe fige , & qu'on re- cueille jufqu'à ce qu'il n'en paroilîè plus. Avant que la liqueur fe refroidifle , on ôte les baies & leurs queues avec une écumoire. Ce qui a furnagé eft d'un gris-verd. Les bougies que l'on en fait ne rendent qu'une lumière Ibmbre & trifte. Au refte cette cire blanchit plus vite que la cire des abeilles. Depuis quelque temps on a pertedionn* cette méthode , & l'on a réuifi à taire que cette cire fût d'abord blanche ou jaunâtre. Ce nouveau procédé confifte à mettre pre- mièrement les baies & leurs queues dans une chaudière, où on les couvre entière- ment d'eau bouillante. Au bout de quelques minutes , on tire cette eau dans un baquet , où la cire fe fige en refroidiflant , & eft d'un "jaune-pâle ; mais fix ou fept jours d'cx- pofition au ferein fuffifent jpour la blanchir entièrement. L'ayant ramaffée , on rejette l'eau fur les baies , & on les fait bouillir à difcrérion julqu'à ce que l'on juge que toute la cire foit dillbute. Cette cire eft beaucoup plus verte que fi l'on n'eût pas retiré celle qui eft jaune. Si l'on met avec la féconde cire qui eft grof^ fiere & verte, à-peu-près un tiers de fuif, & qu'on les jette dans une chaudière qu'on remplit d'eau très-chaude & prefque bouil- lante , au bout de vingt minutes qu'on re- tire l'eau ce fuif a pris avec la cire une con- fiftance prefqu'égale à celle de la cire pu- re, mai« eft très-verd. Les bougies qu'on en fait éclairent aufli bien que la chandelle , & durent le double. On attribue la grande verdeur de la fé- conde cire au noyau que l'ébullition atten- drit afîez pour qu'il teigne la matière grafîe. M. le Page croit que la queue y contribue auffi , & il confeille de la féparer avant d'expofer les baies à aucun procédé. La cire de ces baies , de quelque manière qu'on la tire , eft lèche , & fe réduit aifé- ment entre les doigts en poudre grafTe. C'efl pourquoi C I R pourquoi les bougies quel'on en fait durent beaucoup plus que celles de la cire des abeil- les. Auilî les préfcre-t-ondans 1^ iles où la chaleur du climat amollit nos bougies , enforte qu'elles coulent comme des chandel- les. D'ailleurs ces bougies de la Louifiane répandent une odeur d'anis en brûlant. M. Duhamel a mêlé un peu de cire ordi- naire , & une petite portion de iuif , avec la cire réfmeufe de l'arbre dont nous parlons , & en a fait faire des bougies qui ont un peu blanchi fur le pré , beaucoup moins cepen- dant que la cire. Elles ont auffi donné une odeur agréable. Les égouttures de la cire d'arbre , fur-tout de celle qui n'eft pas verte , ne tachent point les étoffes. On les enlevé par écailles , & en frottant , elles s'en vont comme de la boue feche. L'eau qui a bouilli avec cette fubftance réfineufe , eft fort aflringente : elle arrête les diarrhées ; & l'on dit qu'en faifant fondi-^ du fuif dans cette eau , il acquiei^t prefque autant de coniiftance que la cire. Pour blanchir la cire d'arbre , il y a des curieux qui l'expofent en plein air , fufpen- due en paflilles de deux à trois lignes d'épaif- ièur. Elle blanchit ainfi parfaitement , mais cette pratique ell longue. Une autre , plus aifée & plus expéditive , cft de hacher la cire en petits morceaux vers la fin de mars , la mettre dans des vafes de terre bien unis , & l'expofer de la forte au foleil à l'abri du vent & de la pluie. En fondant à cette chaleur , la cire devient en état d'être mife en paflilles d'environ un demi-pouce d'épaifleur : moins elles font épailTes , plutôt elles blanchiffent. On les lailTe alors expoiees au ferein , & le lende- main on les retourne pour qu'elles fondent de nouveau. Ce procédé fe recommence dix à douze fois ; après quoi cette cire cfi paf- fablement blanche , & l'on fe contente ordi- nairement de l'employer en cet état. Il y a lieu de préfumer qu'en continuant cette pra- tique, on ameneroit la cire au point de la plus grande blancheur. On en fait de la bougie après l'avoir fait fondre au bain-marie , enforte qu'elle ne chauffe pas trop , car elle jauniroit ; on la coule. dans les moules à travers un linge bien Jfin, fur lequel on met encore quelquefois Tome VI IL C I R i4î un peu de coton bien carde , afin de la puri- fier entièrement : car moins^ elle efl pure , ^ plus la lumière qu'elle jette eft fombre. Quand la bougie cfl tirée des moulés , on achevé de la blanchir en la tenant fufpen- due en plein air & au foleil , ayant atten- tion de ne la laifler adofféc contre quoi que ce foit , ftnon elle fondroit. On la retourne tous les jours , pendant environ un mois , afin qu'elle blanchifîe également de tous côtés. Plus on la laifîe long-temps dans cette pofition , plus elle devient blanche & belle. Il faut obferver que le foleil auquel on l'ex- pofe ne foit pas trop ardent. Cette cire , mêlée avec un tiers de fuif, toute compenfation faite , peut donner une- lumière dont la dépenfe ne fera que dou- ble de la chandelle : & cts bougies brû- lent une fois moins vite que les chandelles ordinaires. Ainfi il n'en coûteroit pas réelle- ment plus pour les unes que pour les autres. Les arbres de cire peuvent être cultivés en quelques pays , fur-tout dans les méri- dionaux. M. Duhamel en a vu en Angle- terre & à Trianon qui étoient chargés de fleurs & de fruits : & il efl probable qu'en fcmant des graines de cet arbre dans des caiflès placées dans des orangeries jufqu'à ce que les plantes fuflènt fortes , & les ac- coutumant peu à peu à notre climat , on réufliroit à les établir dans des pays plus froids ; car il y a diverfes efpeces de plan-' tes qu'on trouve dans- les pays chauds & dans les parties froides de la zone tempérée. Telle efl l'épine blanche & une efpecfe de piment royal , arbufle odoriférant qui fc trouve en Eipagne , en Canada , en France , en Portugal & en Suéde. Or on trouve des ciriers à Fombre des autres ; on en voit qui font expofés au foleil , d'autres dans des lieux aquatiques , d'autres dans des terrains Çtcs. Enfin on en trouve indifFéremmenf dans les pays chauds & dans les pays froids. Il croît auffi à la Chine une efpece d'ar- bre de cire , mais qui y eft très-rare : on l'y nomme pe-la chu. ( •+- ) CIRIMANAGE, f. m. {lurifpr.) ou CIRMANAGE ^même SIRIMENAGE, eft en Béarn un cens qui eft dû aux feigneurs par chaque habitation. Il en cil fait mention dans une charte de Gafton de Moncade , de l'an 1^84. , rapportée par M. de Marca en 14^ C î R ^ fon hifl. de Béarn , Uv. VII ^ chap. xv , n, /\- yp. 6xj y & dans [ç.^ preuves du chap. xxviij y du liv. V y de fon hifl. p. 44^ y col. z . Cenfum totius villœ y quod pocatur rulgariter cirimanage. {A) CIRITA , f. m. ( Hlfi. nat. Botaniq. ) Les Brames donnent ce nom & celui de ciri- tamari ou de negunda à un arbrifleau du Ma- labar , très-bien gravé , avec la plupart de fes détails , par Van-Rhecde dans fon Hortus Malabaricus _, volume V y planche XLIX y pag. gj . Les Portugais l'appellent nochil y les HollandoisM'a/ ^Qs débouchés ordinaires ; mais que , fùjec à des écoulemens inopinés qui devancent le temps où il eft comblé , & lui luppofent d'autres canaux de fortie que ces deux cavi- tés du nord-oueft , alors ce font les creux ou crevafîes dont il eft percé , & dont le nombre eft de dix-huit , qui forment (es débouchés extraordinaires. Que de ces l8 creux , il en eft cinq que l'on peut confidé- rer comme fes principaux entonnoirs , & comme contribuant le plus à fon defîeche- ment , vu que dans les temps d'écoulement réglés , ils fevuident régulièrement les uns après les autres , chacyn en cinq jouis , & qu'ainfi dans rcfpace de 25 , tout le fond du lac eft à fec. Qu'au premier indice d'é- coulement qu'en ont les pêcheurs du voifi- nage , au moyen d'un lignai que leur don- nent \ts habitans du revers de la montagne , l'on voit des filets par multitude fe jeter avec emprefTement , mais cependant avec ordre & méthode , dans les divers endroits où l'eau s'engoufre , & que là fè pèchent en abondance de gros brochets , des tanches , 6'c. Que le droit d'y pêcher appartient à fix feigneuriesdes environs ; favoir , à celles de Haasberg , de Steegberg , d'Auersberg , de Laas , de Schneberg & du monaftere de Sittick ; que la feigneurie de Haasberg cède le fien à la chartreufe de Freudenthal ; & que moins les defîechemens de ce lac font fréquens , & meilleure en eft la pêche. Que l'entonnoir nommé Rihes-Cajama s'allonge obhquement en forme de caverne fouter- rainc , dans laquelle un homme peut defcen- dre & marcher à fon aife : que les creux nommés Narte & Piaule ne font jamais entièrement à fec , maisdejneurent fangeux , & deviennent , au départ des eaux du lac , l'afyle d'une multitude de fangfùes & des poiffons échappés aux filets des pêcheurs. Cette dernière circonftance eft remarqua- ble ; elle explique naturellement la difficulté T 2 148 C I R qui pourroit fe préfenter à l'efprit au fujet du prompt repeuplement du lac à Ton re- tour : l'on voit que par la réiidence du poif- fon dans ces deux creux conftamment hu- mides , il fe fait un dépôt & un entretien de frai , fécondé & répandu par les eaux dès qu'elles reviennent à fourdir. M. Buf- ehing dit encore que s'il arrive au lac de fe deflecher de bonne heure dans l'année, c'eft alors que fes merveilles fe déploient , c'efl alors que l'herbe y croît en vingt jours, qu'on la fauche y qu'on la cueille , & que préparant enfuite le terrain avec la char- rue , l'on y feme du millet ; mais que tou- tes les années ne font pas également favo- rables à cette double récolte , les eaux fe re- tirant quelquefois trop tard pour que l'on ait le temps de femer ; & d'autres fois re- venant trop tôt pour que Ton ait le temps de moiffonner. Qu'enfin dans les années où l'abfence des eaux eft de quelque durée , la métamorphofe du lac eft complète , en ce que la place eft alors le rendez-vous général du fauve y du gibier & des chafTeurs de la contrée. Relativement au retour des eaux du lac de Cirknif{ , l'illuftre géographe iait obferver que de la quantité de pluie , plus ou moins grande , qui tombe à la fois dans le canton , dépend ordinairement la vîtefle ou la lenteur de ce retour : pleut-il beaucoup , & le tonnerre fe fait-il enten- dre en même temps avec un bruit dont la terre tremble , alors de toutes les crevafles du lac , fans exception , jaillifîènt à gros bouillons des eaux qui , dans 20 à i^ ligu- res , en ont abfolument rempli le baflin : la pluie au contraire n'eft-elle que petite ou modérée , les nues ne font-elles que mé- diocrement épaifTes , ou foiblement agitéees , alors ce n'ed que par quelques-unes des bou- ches méridionales que les eaux fortant de terre , viennent de nouveau former le lac : & un fait confiant dans l'un & dans l'au- tre des cas , c'eft que le lac une fois bien rempli , l'on en voit la furface incelfamment couverte d'oies fauvages , de canards fau- vages , & de plufieurs autres efpeces d'oi- feaux aquatiques. Un autre fait de ce gen- re , & qui ne doit pas être omis dans l'énu- mération des fingularités de ce lac , c'efl la multitude de canards gras , fans plumes , aveugles & tout noirs que les. ouvertures C I R ■â^^tWkQS S ékadulie & Uralnajammay dè^ gorgent en automne avec leurs eaux , lors- qu'il furvient quelque grand orage : ces deux ouvertures font au midi du lac , & un peu au deflus de fon niveau ; elles ont chacune à leur entr-ée une toife de largeur & une toife de hauteur , & fon peut en temps fec fe promener dans leur enceinte , & y pé- nétrer affez loin : en temps humide & à la bruyante époque du retour des eaux avec éclairs & tonnerres , il faut les fuir ; le lac n'a pas de bouches aufli terribles par l'a- bondance des eaux qu'elles jettent , & fur- tout par l'impétuofité qui les accompagne ; les flots fortant de leurs cavernes , s'élancent à cinq toifes loin de l'entrée , & fe préci- pitant au fond du lac , font tout le bruit & produifent toute l'écume des plus gran- des catarades ; c'eft donc par ces deux bou- ches que viennent alors au jour ces canards extraordinaires ; ils naiflent comme au fein du fracas , & fe montrent d'abord foue l'ap- pareil le plus hideux; mais bientôt leur nudité difparoît avec leurs ténèbres , & dans l'ef- pace de quinze jours , fi les chafleurs les laiflent vivre , ils ont des plumes & voient clair- L'on finira cet article en ajoutant qu'en hiver les eaux du lac de Cirknit\ s'élè- vent ordinairement au point d'inonder la plu- part àes campagnes adjacentes. ( D. G.) CIRLE ou ZIRL , ( Geog.) village d'Al- lemagne , dans le cercle d'Autriche & dans le comté du Tyrol , au quartier du haut Innthal, feigneuriedeHertenberg. C'efl dans fon voifmage que s'élève le roc efcarpé ap« pelié Maninfwand , au fommet duquel les chroniques du xv^ liecle nous difent que l'empereur Maximilienl pourfuivant un cha- mois , fe trouva fort imprudemment grim- pé , fans favoir comment en defcendre : elles ajoutent que pour fe tirer de ce mau- vais pas , il fallut qu'un ange même vînt prendre ce prince par la main , & le rame- ner au bas du rocher ; & qu'en mémoire & en reconnoifîàncc de ce fecours furnaturel , Maximilien fit ériger fur la place une croix de 40 pies de haut , auprès de laquelle il fit placer en grandeur naturelle les ftatues de l'apôtre S. Jean & de la vierge Marie. Quelque fabuleufes que paroifî'cnt la plu- part des circonftances Je cet événement , les auteurs du grand théâtre hiftorique C I R n'ont pas dédaigné d'en donner la repré- fcntation dans les figures de leur ouvrage. {D. G.) CIROENE , f. m. ( Pharmac.) eu un emplâtre réfolutif, fortifiant, où on fait entrer la cire & le fafran. Lemeiy. On appelle plus communément clroene un grand emplâtre, c'efl-à-dire un grand morceau de toile fur lequel on étend un emplâtre quelconque, & qu'on defiine à couvrir une grande partie du corps , comme les reins, la cuiflè, bc. V. EMPLATRE, {b) CIRON , f. m. ( Hifi. nat. ) ciro , fyro acarus , infcde fi petit qu'on le prend lou- vent pour objet de comparaiibn , lorfqu'on veut donner l'idée du petit volume d'une choie prefque imperceptible. On donne auifi vulgairement le nom de ciron à tous les in- fèdes les plus petits. En effet on a peine à appercevoir un ciron fans l'aide du microf- cope : ce n'efi que par le moyen de cet inf- trument que l'on peut diftinguer les diflTéren- tes parties de cet infede , & que l'on recon- noît qu'il reflemble à un poux. Son corps eu rond , blanchâtre ; le dos efi couvert d'é- caille : il y a fur la tête deux taches qui marquent , à ce que l'on croit , l'endroit des yeux , parce que Tinfede fe détourne lorf- qu'on luioppofe la pointe d'une épingle con- tre ces taches. Les cirons ont fix partes noi- râtres , trois de chaque côté, dont deux iont placées auprès de la tête : c'efl avec ces deux paires de pattes qu'ils creufent dans la peau , ordinairement à la paume de la main & à la plante du pié , & qu'ils y font de longs filions , comme les taupes en font dans la terre. C'efi: par cette manœuvre que ces in- feâes caufent une grande démangeaifon , & des puftules auxquelles on a auifi donné le nom de ciron. Il y a auffi de ces inledes dans la cire & dans les fromages qui ont été gardés pendant long-temps. Voy. aB. eru- dit. ann. 1682.; pag. 32 y. Mouffet.' theat. infect. Voye^ CiRON, {Médet.) Voyei^ auffi INSECTE. (I) Ciron , {Me'd.) il s'ouvre quelquefois partage entre la peau & l'épidermc , & il caufe alors des démangeaifons incommodes: on le rencontre quelquefois dans les pufiules de la gale , & dans celles qui font occafio- nces par la vérole ; on en a même trouvé dans les dents cariées. Les remèdes huileux, C r R. 149 le foufre , & toutes les odeurs fortes enne- mies des infectes en général, détruifent cette incommode vermine. Leuwenhoeck a obfervé que la vapeur de la noix mufcade que l'on faifoit brûler, les fufïoquoit très-promptement. Il y en a une autre efpece en Amérique , nommée nigas , qui ell plus incommode encore que le ciron de notre pays. Voye^ NiGAS. Rieger. {b) * CIRQUE, f. m. {Hift. anc.) grand bâtiment toujours plus long que large , où. l'on donnoit difterens fpedacles : un des bouts , le plus étroit , étoit termiiié en ligne droite ; l'autre étoit arrondi en demi-cercle, les deux côtés' qui partoient des extrémités delà face droite , & qui alloient rencontrer les deux extrémités de la face circulaire, étoient les plus longs ; ils fervoient de bafe X desfieges ou gradins placés en amphithéâtre pour les fpedateurs ; la face droite & la plus étroite étoit compofée de douze portiques pour les chevaux & pour les chars; on les ap- pelloit carceres; là il y avoit une ligne blan che d'où les chevaux commençoient leurs cour- Ces. Aux quatre angles du cirque, fur le pour- tour des faces , il y avoit ordinairement qua- tre corps de bâtimens quarrés , dont le haut étoit chargé de trophées; quelquefois il y en avoit trois autres dans le milieu de ce pour- tour , qu'on appelloit meniana. Le milieu de l'efpace renfermé entre les quatre façades dont nous venons de parler, étoit occupé par un maffif d'une maçonnerie très-forte, de 12. pies d'épaifïèur fur fix de haut ; on l'appelloit fpina circi. Il y avoit fiir la fpina des autels , des obélilques, despyramides, des flatues, & des tours coniques : quelquefois les tours co- niques étoient élevées aux deux extrémités fur des maffifs de pierre quarrés , & féparés par un petit intervalle de h fpina , enforte qu'elles partageoient chacun des efpaces des extrémités de la/}? //7a aux façades intérieu- res du cirque en deux parties , dont la plus grande de beaucoup étoit entre la façade & les tours. Au deflous des gradins en amphi- théâtre placés fur les façades du cirque , on avoit creufé un large fofTé rempfi d'eau , & deftiné à empêcher les bêtes de s'élancer fur les fpedateurs ; ce fofTé s'appelloit euripe. Les jeux, les combats, les courfes, Ùc. fe fai- foient dans l'efpace compris de tout côté 150 C I R entre l'euripe & la fpina circi\ cetefpace s'appelloit area. A l'extérieur le cirque étoit environné de colonnades, de galeries, d'édi- fices , de boutiques de toutes lortes de mar- chands , & de lieux publics. Lesbâtimens qu'on appelloit cirques à Rome, s'appeiloient en Grèce hippodromes. Voy. Hippodrome. On en attribue l'inf- titutionàRomc à Romulus , qui les appella eonfualia , nom pris de Corifus , dieu des conleils, que quelques-uns confondent avec Neptune l'équellre.Lesjeux qui fe célébroient dans les cirques fe taiibient auparavant en pleine campagne, enfuite dans de grands enclos de bois , puis dans ces iûperbes bâti- mens dont nous allons parler. On célébroit dans les cirques des courfes de chars, aurigatio (voje^^^CiiAK <& COUR- SES) ; des combats de gladiateurs à pies , pugna pedeflris {i^oyei GLADIATEURS) ; des combats de gladiateurs à cheval , pugna equeflris (^'oyf;( GLADIATEURS); la lutte, lu^a {voye'{ Lutte) ; les combats contre les bêtes, venatio {voye^ BÈTEs) ; les exer- cices du manège par de jeunes gens ; ludus Trojcc, jeux de Troye ; les combats navals , naumachia. Voye-{ NaumaCHIES. On comptoit à Rome jufqu'à quinze cir- ques ; mais ilsn'étoient pas tous de la même grandeur ni de la même magnificence. Il y avoit : Le cirque d'Alexandre. Il étoit dans la neuvième région, où efl aujourd'hui la place Navonne. On en voit la figure lur quelques monnoies d'Alexandre Sévère. On l'appcl- loit aufli le cirque agonal , parce qu'on y «voit célébré les jeux de Janus Agonius. On prétend que c'efi par corruption d'Agonius qu'on a fait le nom -ATavo/zntf . On dit qu'on découvrit des reftes de ce cirque en crei^fant les fondemens de l'églife de fainte Agnès. Le cirque d'Antonin Caracalla, ou peut- être de Galien. Il étoit dans la première ré- gion, à l'endroit où efl aujourd'hui la porte S. Sébaflien, anciennement appellée la porte Capene. On croit en voir des reftes entre réglife S. Sébaftien & le çapo dit Bove. Le pape Innocent X fit ériger fon obélifque fur la magnifique fontaine de la place Na- vonne. Uaire en eft aduellement une prai- ;fie de 2,23 cannes de long , fur 33Î de large. Le cirque d' Aurélien. Il étoit dans la cin- C I R quieme région , mais il faut plutôt l'appeller cirque d'Eliogabale , parce qu' Aurélien ne fie que le réparer. Voye\ plus bas le cirque d'Eliogabale. Le cirque Caflrenfis. Il étoit devant la porte LubicclnaouàtVrçv\ti\.& y aujourd'hui la porta Maggiore , non loin de l'amphi- théâtre Caftrenfis , derrière fainte-Croix en Jérufalem. On prétend qu'il n'étoit qu'à l'u- fage des foldats , & que c'eit auffi le même que celui d'Eliogabale. Le cirque de Domitia. Il étoit dans la quatorzième région. Il y a lieu de conjedu- rer que c'étoit le même que celui d'Adrien. Le cirque d'Eliogabale. Il étoit dans la quinzième région. Son obélifque ell regretté àts favans ; il étoit chargé d'hiéroglyphes ; on en voit les morceaux dans la cour du cardinal François Barbarin. Il reftoit en- core il n'y a pas long-temps des vediges du cirque. Le cirque de Flaminius. Il étoit dans la neuvième région , dans des prés appelles alors prataFlaminia. Il fut bâti l'an 5 30 par Cneius Flaminius cenfeur , le même qui fut défait par Annibal près du lac Thrafiraene. Il avoit une double galerie de colonnes co- rinthiennes. Il étoit hors de la ville. C'étoit là que commençoit la marche des triom- phes. On y donnoit la paie " aux foldats. On y célébroit les jeux Appollinaires & les nun- dines. Quand il étoit inondé du Tibre , la célébration des jeux fè transféroit au mont Quirinal. On croit qu'il fut ruiné dans la guerre des Goths &de l'empereur Juftinien; & l'on prétend qu'en i^co on en voyoit encore d^s veftigesà l'endroit où eft aujour- d'hui l'églife de «S". Nicolo aile Calcare. Le cirque de Flore. Il étoit dans lafixie- me région , en un enfoncement, entre le Quirinal Se le Pintius. C'éroit-là qu'on cé- lébroit les jeux Floraux. On prétend que ce fut un théâtre. Il s'appelle aujourd'hui la pia\\a Grimana. Le circus intimus. Il étoit dans la vallée Murcia ; mais comme le grand cirque s'y trou voit auffi , on les confond. Le cirque de Jules-Céfar. On prétend qu'il s'étendoit depuis le maufolée d'Augufle juf^ qu'à la montagne voifine ; mais il y a du doute même ilir fon exiftence. Le grand cirque. Il étoit dans TonziecM C I R i-égion. On l'appellolt le grande parce qu'on y cëlébroit Icsgrands jeux , ou jeux confacrés diis magnis , ou parce qu'il étoit le plus grand des cirques. Il étoit dans la vallée Murcia, entre les monts Palatin & Aventin. Il fut commencé fous Tarquin le vieux. Les fénateurs & chevaliers s'y faifoient porter des Banquettes de bois appellées fori , qu'on remportoit à la fin des jeux. Il fut dans la fuite orné, embelli &renouvellé fous plufieurs empereurs, mais fur-tout fous Jules-Céfar.Sa longueur étoit de troij ftades & demie, ou de ii8o pies ou environ, & fa largeur de quatre arpens, ou de 970 pies. Il pouvoit contenir 150000 hommes , félon quelques-uns aèoooo, ou même 380000, félon d'autres. Sa façade de dehors avoir deux rangs d'architec- ture à colonnes, au deffus defquels il y avoit un plus petit ordre. A fon extrémité circulai- re il y avoit trois tours quarrées , & deux à l'autre extrémité. Dans les derniers temps ces tours appartenoient à des fénateurs & paf- foient à leurs enfans. Le bas de ce cirque en- dehors étoit un rang de boutiques ménagées dans les arcades les plus baflês. Son euripe avoit dix pies de largeur , fur autant de pro- fondeur. La première rangée des fieges étoit de pierre , les autres de bois. L'empereur Claude fit mettre en marbre les carceres ou endroits d'où partoient les chevaux & les chars , & dorer les bornes , & défigna une place fur la^pi/ia pour les fénateurs. Les car- ceres hioitxsx. à la petite façade du côté du Tibre , au nombre de douze. La première chofe qu'on trouvoit en s' approchant de la fpina par ce côté, étoit le petit temple appel- lé (^des Murciœ, ou autel dédié à Vénus. Vers ce temple étoit celui du dieu Confus\ il touchoit prefque les trois pyramides rangées en ligne droite qu'on appelloit metce^ les bor- nes. Il y en avoit trois autres à l'autre bout, ce qui ne faifoit quefix , quoique le roi Théo- doric en ait compté fept. "L^. fpina étoit con- tenue entre ces trois bornes d'un côté , & les trois autres bornes de l'autre. Il y avoit d'a- bord fur h fpina l'autel des Lares ^ puis Vara potentiunty l'autel des dieux puiffans ; deux colonnes avec un fronton formant comme l'entrée d'un temple; un autre morceau fem- blable dédié à Tuteline avec un autel ; une colonne portant la fiatue de la Viâoire ; quatre colonnes dont rarchitrave , la frife , C I R ,51 la corniche , étoient ornés & furmontés de dauphins : elles formoient une efpcce de temple à Neptune ; la fi:atue de Cybele aflife fur un lion ; au pié du grand obélifque , vers le centre du cirque, un temple du Soleil ; un trépié à la porte de ce temple ; une ftatue de la Fortune fur une colonne; un bâtiment à colonnes couronné de pierres rondes, oblon- gues & dorées , qu'on appelloit les œufs des courfes , ova curriculorum , & qu'on ôtoit pour compter le nombre des courfes ; des temples, des colonnes, des flatues, Ùc. une flatue de la Vidoire fur une colonne; l'autel des grands dieux; un obélifque plus petit que le précédent j confacré à la Lune ; enfin les trois autres bornes, metae. Augufte fit fubfti- tucr un obéh(que à un grand mât qui étoir dreiîé au milieu du cirque^ & qui lui donnoit l'air d'un vaiflèau. L'empereur Confiance y en éleva un fécond plus haut que le premier ; celui-ci eft maintenant a la porta del Popolo', l'autre eft devant l'églife Latéranne. Aux façades du cirque en-dedans, il y avoit, comme aux amphithéâtres {poye:^ AMPHI- THÉÂTRE) , le podium ou places des féna- teurs , au deflus les fieges des chevaliers ro- mains ; plus haut une grande galerie régnant tout autour du cirque ; au deffus de cette galerie de nouveaux gradins continués les uns par ordre au defïîis des autres jufqu'au haut de la façade , où les derniers gradins étoient adoffés contre l'extrémité du petit ordre d'architedure dont nous avons parlé. Dans les jours de jeux on jonchoit l'arène de fable blanc. Caligula & d'autres empereurs y firent répandre par plus de magnificence jàu cinnabre , du fuccin , & du bleu. On y avoit pratiqué un grand nombre de portes. Il fut brûlé fous Néron , & il s'écroula fous Antonin le pieux ; mais on le releva toujours jufqu'à ce qu'il fut rafé entièrement fans qu'on fâche à quelle occafion. Il n'en refle plus que des veiliges à l'endroit appelle i^alle di cherchi. Le cirque de Néron. Il étoit dans la qua- torzième région de la ville, entre le Janiculc & le Vatican, où efi aujourd'hui l'églife de S.Pierre de Rome, devant laquelle Sixte- quint fit placer fon obélifque. Lecirque de Salulle. Il étoit danslafixiemc région , près de la porte Colline , vers le Quirinal & le Pintius. Il en refle des vefliges. 152 C I R quoique la plus grande partie en Toit comprifè dans les jardijisLudoviiiens , où l'on en voit i'obélifque. Le cirque Vatican. C'eft le même que celui de Néron. Quoiqu'il y eût flx prifons , carceres , à chacun des côtés du cirque , les courfes ne pouvoient commencer que de l'un des côtés. De ces fix prifons il n'y en avoit que quatre dont on ouvrît les portes , pour les quatre i'adions , jufqu'à ce que Domitien ajouta deux nouvelles faftions , afin qu'il en pût fortir lix à la fois , & qu'il ne reftat pas deux portes fermées. Ceux qui concouroient à la courfe , avoient toujours à gauche hfpina en partant. Les fadions ctoient difîinguées par la cou- leur de leur habit : il n'y avoit dans le com- mencement que la blanche &la rouge; on y ajouta la verte & la bleue , enfuite la dorée & la pourprée, qui ne durèrent pas long-temps. Les factionnaires étoient ou des efclaves , ou des affranchis , ou des étrangers : cependant quelques enfans de famille , des fënateurs , & même des empereurs , ne rougirent pas dans la fuite de faire la fondion vile d'aurige. Ces fadions divifoient le peuple ; les uns étoient pour une couleur ; les autres pour une autre; ce qui cauiafouvent des émeutes. Voyei Hippodromes, Courses, Lut- te^ &c. Voy. Antiq. exp. Hed. lex. CIRQUINÇON , f m. {Hifl. nat. qua- druped.) efpece de taton , dont l'origine eit devenue comme douteufe depuis que M. de Buffon a travaillé fur l'hiffoire des animaux de ce genre , dont il attribue l'origine à l'Amérique. Belon eft le premier qui ait parlé de cet animal , dont il pouvoit avoir vu deux efpeces vivantes dans fon voyage en Turquie, favoir le czr^M/'/Zj^o/z G" l'armadillo , qui tous deux y font apportés du pays du Sénégal , comme il le fait aiTez entendre en difant "pour ce que l'animal dont nous >y avons ci-devant parlé , qu'on nomme « taton y s'eff trouvé entre leurs mains, le- » quel tor.tefois efl apporté de la Guinée & » de la Terre-Neuve , dont les anciens « n'ont point parle , néanmoins nous a fera « blé bon d'en bailler le portrait. » Obfer- vmlons de Belon y Paris 1 5 5 5 ) P^S^ 2.z z y fiS'P'^S^ ^O^. Mais la figure qu'il donne fl'olî pas celle du cirquinfon ; c'eft celle de C I R l'armadillo à treize bandes. Le P. d'Abbe- ville dans {es MiJJîons au Maragnon, impri- mées en i6i^y page z^8 , l'appelle taton ouinchiim. Grow, dans ion Mufœum regium focietatis Londinenjis y publié eni68i, le nomme the wejlhe headed armadillo ^ pages ZS Ù 2.O. C'eft le tatu muftelinus de Ray , dans fon Synopfis quadrupedium, p. 2.5 ^j le cataphraclus fcuto unico cingulis oclode^ cim.. armadillo de M. Brillbn, règne animal^ publié en 1756 , p. 57 ,• & le Dafypus t unicenetus tegmine tripartito pedibuspenta- dach/lisy de M. Linné, dans (onfyflemanatu- rccy édition 12, imprimé en 1706, ;j. ^j. Il a le corps long de dix pouces depuis les épaules jufqu'à l'origine de la queue ; la tête de trois pouces , la queue de fept , les jam- bes de deux à trois pouces de hauteur, les oreilles longues d'un pouce , le devant de la tête large & plat , les yeux petits ; {es qua- tre pies ont chacun cinq doigts , de grands ongles longs aux trois doigts du milieu , & des ongles plus courts aux deux autres. Son corps eff: entièrement couvert d'é- cailles , comme dans les autres efpeces de taton ; mais ces écailles font féparées d'une manière différente. L'armure du cou forme un collier d'une feule pièce formée de petites écailles quarrées. Celle des épaules forme un bouclier d'une feule pièce & compolé de plufieurs rangs de pareilles petites écailles quarrées , contiguës & unies fermement les unes aux autres. Tout le reffe du corps de- puis le bouclier des épaules julqu'à la queue, eff couvert par dix-huit bandes ou anneaux mobiles unis enfemble par une membrane fouple ; les premiers de ces anneaux \es plus voifins des épaules font les plus larges y & compofés d'écaillés quarrées oblongues; les poftérieurs font faits de pièces dont les unes font quarrées & les autres rondes; enfin l'ex- trémité de l'armure du corps près de la queue eff de figure parabolique. La moitié anté- rieure de la queue eff environnée de fix an- neaux dont les pièces font compofées de pe- tits quarrés : fa moitié pofférieure jufqu';\ l'extrémité qui eff pointue , eff couverte d'é- caiiles irrcgulieres. Sa poitrine, fon ventre, & {es oreilles font nues comme dans les au- tres efpeces. Les parties génitales du mâle font grandes & très-apparentes au dehors. M(xws, Le çirquin^çn eff commun au Sénégal C I R. "Sénégal dans le pays de Zequinchor ou Sif- Icinjon près de Gambie , d'où il a vra-fem- blablement tiré Ton nom , comme l'autre efpece , qui ell particulière au Cap- Verd , a donné Ion nom efpagnol armadilLo à la pointe la plus avancée de ce cap ; car il n'eit pas aulli certain que le tatou oum- chum vu au Maragnon par le père d'Ab- be ville , foit le cirquinpvn d'Afrique , qu'il ell certain que c'eil celui décrit &: figuré d'a- bord par Belon , eniuite par Grew &: Ray. Au relie , il feroit encore pofEble que ce même animal fe trouvât au Brefil & en mê- me temps au pays de Gambie , dont le cli- mat ,* le terram & les produâions en tout genre font il analogues. Nous avons vu cette efpece de tatou & l'armadille dans ces pays du Sénégal, & nous avouons que nous iommes très-étonnés que M. de Bufion , qui d'ailleurs a mis beaucoup d'exadifude dans les recherches , ait voulu , malgré l'autorité de Belon & celle du rédadeur de Seba , l'attribuer à l'Amérique exclulive- ment , fondé fur ce que le plus grand nom- bre des efpeces de tatou fe trouve en Amé- rique , fur ce que ces animaux étoient incon- nus avant la découverte de cette partie du monde , enfin fur ce qu'aucun voyageur moderne (excepté Belorï & nous) ne dit en avoir trouvé en Afie , ni en Afrique. Les terrains qu'habite le cirquinçon au Sé- négal font argileux & pierreux , fur des co- teaux peu éloignés des eaux , & <^çs forêts. îl y creufc , comme le lapin , àts terriers très-profonds , d'où il ne fort que la nuit jpoxir: chercher fa fubfiflance ; il y relie mê- me enfermé dans un fommeil léthargique pendant les mois de décembre , janvier , février , mars & avril , qui font les mois d'hiver & de féchereflfe au Sénégal , pen- dant iefquels il (ort très-rarement. Le cirqiùnçon' m^rc\\& allez vite à pies alternes , mais (ans pouvoir courir , ni grim- per fur les arbres , ni fauter à pies joints , ^^ ^ . , ...^ _ _, iembiable en cela au hériflbn , dont il a"^Pws grande partie de l'hiver. Les ferpens d'ailleurs toutes les autres facultés , de forte que pour échapper à la pourfuite de fes -ennemis , il eft forcé de fe retirer dans fon terrier dont il s'éloigne fort peu , ou de s'en creuler un nouveau quand il en ell trop éloigné. Mais quoiqu'il fouille la terre aufli pxoraptement que la taupe , on l'atteint fou- Tome VIIL € ï R 155 vent , & fi on le prend par la queue avant qu'il s'y foit entièrement enfoncé , il sy cramponne avec une telle force que rica- ne peut vaincre là réfillance , & que fou- vent on lui calTe la queue fans en amener le corps. Dans ces cas , pour les prendre fins les mutiler , les Nègres enfoncent leur couteau ou un bâton au-devant de leur tête pour les empêcher de pénétrer plus avant» & les enlèvent en dégradant la terre qui les environne. Cet animal , quoique couvert d'un têt écailleux & extrêmement dur , eil d'une fenfibilité étonnante au moindre contad ; alors il fe contrade en rond , & forme une efpece de boule au moyen de fa cuiraiîé , dans la cavité de laquelle fa tête & fa queue fe trouvent logées en rempliilànt les fentes qu'elle laifle fous le ventre. Dans CQt état , il ne craint que l'homme ou le finge , qui peuvent l'emporter ou le rouler comme une boule , ce qui à la fin l'étourdit au point qu'il ell oblige de fe développer. Lorfqu'il efl une fois au foild de fon terrier , il ell rare que la fumée ou l'eau , dont on le remplit , le faflè forrir ; il réfille à ces deux agens , & les chiens n'ont aucune prife fur fon têt lorfqu'il ell une fois roulé en boule. Le feul moyen de lui faire la chalî'e avec avantage , cil étofFedes Indes, foie & coton , mais où le rapport de la foie au cotcn t'}. très-petit. CIRSOCELE, f m. terme de chirurgie , fignifie une multitude de varices aux telli- cules , qui en augmentent prodigieuferaent la groffeur , & empêchent que la femence ne s'y prépare convenablement ; à quoi oïùÊêi^ peut pas quelquefois remédier autreniOTr qu'en en venant à la caiiration. C'efî: la même ehoiè que ce qu'on appelle Aeni/e variqueufe. Voyei Varicocele. Ce mot vient du grec, x/ps-o? , varice , & **■>« hernie. VoyeT^ HernIE. M. Petit a fait plufieurs fois l'opération d'emporter les vaifleaux variqueux en con- C I S fervant le tcfllcule. On verra des obfèrvatîorvj dignes de ce grand praticien , fur la cure de cette maladie , dans un traité de chirurgie qui doit bientôt paroître au jour. Qts obfer- varions fe trouveront au chapitre du varico- cele. ( Y) CISALPIN , adied. {Géog) qui efl en deçà des Alpes. Ce mot eft formé de la pré- pofitionm, en deçà, & Alpes. Quoique le mot Alpes déiigne proprement les monta- gnes qui féparent l'Italie de la France, il s'efl dit aufii cependant de quelques autres mon- tagnes. C'eft ainli qu'Aufone appelle lef Alpes, proprement dites, les Pyrénées, l'A- pennin , &c. Les Romains diftinguerent la Gaule & le pays qu'on nomme maintenant Lombardie , en Gaule cif alpine & en Gaule tranf alpine. Celle qui étoit cif alpine à l'égard deRome, eft tranfalpine à notre ég^rd. Chambers. CISAILLE, f f. {Artméch. en métaux.^ C'eft un outil dont on fe fert pour couper la tôle , le cuivre , le fer & autres métaux ,. quand ils font minces. C'eft une forte de cifeaux très-forts , à l'ufage des chauderon- niers, ferblantiers, orfèvres, chaînetiiws, Ùc^ Une des branches de la cif aille eft recourbée par le bout ; cette partie recourbée s'infère dans un trou pratiqué à un bloc. Par ce moyen la cifaille eft tenue ferme , un peu inclinée à l'horizon, & d'un ufage très-com- mode pour l'ouvrier y qui met entre {ts lames la matière à couper, & n'a plus qu^à appuyer de la main, dont l'eftbrt eft augmenté du poids & de la vîtefle de tout le corps , fur l'autre branche qui eft droite , élevée au- defîûs de la branche recourbée par le bout. Quant à la conftrudion de ce cifeau , les lames en font courtes , larges & épaiffes ; & les branches fortes & longues. On peut le regarder comme un levier du premier genre. Le point d'appui eft au clou qui unit les deux branches , & par conféquent entre la puilîance & la réfiftance ; d'où il s'enfuit que plus le fommet de l'angle que forment en- tre elles les lames en s'ouvrant le plus qu'il eft poffible , eft voifin du clou , & que plus en même temps les branches font longues , plus la puifîànce a d'avantage. Il faut pourtant obferver pour la fohdité & la durée de fa cifailhy qui eft expoféeàfupporterdegrands efforts, de ne pas trop afîbiblirla diftance C I s ^e Touv-eraire du clou, au fommct de l'angle de l'ouverture des lames. CISAILLES , f. f. pi. à la monnoie y ce font les relies d'une lajue d'or, d'argent ou de billon, dont on a enlevé les flancs pour faire des pièces de monnoie. On met les cifailles en pelotes pour les jeter dans le creufetplus facilement. Voye^ MONNOYAGE. CISAILLER, à la monnoie, c'eft couper avec des cifailles les pièces de monnoie dé- fedueufes , de poids léger , ou mal mar- quées, afin d'empêcher qu'elles n'aient cours dans le commerce. Ce font les juges-gardes qui cifailUm les pièces de rebut pour être remifes à la fonte. A la monnoie , au défaut de cifailles ^ comme dans les bureaux,Qn cifaiUe les pièces de rebut ou faufles , avec un marteau très- pointu , dont on les frappe fur une plaque de plomb. * CISEAU, f. m. {Anméch,) Il ya deux efpeces d'inftrumcns de ce nom , d'une conflrudion très-différente. L'une efl d'un ufage prefque général dans les arts & dans l'économie domeflique ; l'autre né fcrt guère qu'aux ouvriers en bois & en fer. Ce font les couteliers qui font la première j ce font les taillandiers qui font la féconde. Pour faire le cifeau à divifer les étoffes , prenez une barre de fer plus ou moins forte , lèlon la nature des cifeaux que vous voulez forger. Commencez par l'entailler à fon ex- trémité , & par y former une tête femblable â celle d'un piton , ronde , plate , mais non percée. Coupez enfuite ce piton, en y laiiïànt une queue plus ou moins longue , félon la longueur que vous vous propolez de donner «u cifeau. Allongez cette queue en pointe ; puis plaçant cette enlevure fur le quarré de l'enclume , obliquement, faites-y entrer, d'un coup de marteau fortement appliqué , l'arête de l'enclume. Vous formerez ainli l'embafe du cifeau , qui doit être égale à l'é- pailfeur de la lame. Par ce moyen , lorfque les deux embafes ieront appliquées l'une fur l'autre , vous n'aurez que la même épaifîêur. Percez le piton fur l'enclume avec un poin- çon. Agrandilfez & formez l'anneau à Ja bigorne, ^près quoi faites recuire ces bran- ches. Pour cet effet , mettez-les dans un feu decharbon de bois , que vous laifTerez allu- mer &. éteindre feul ; ce recuit les attendrit. CI S 15^ Donnez-leur cnfuite à la lime la figure k plus approchée du cifeau. Trempez , émou- lez , & polifléz à l'ordinaire. Clouez les branches enfemble. BrunilTez les anneaux & les branches, puis vos cifeaux feront faits. On ne s'attend pas que nous parlions ici de tous les cifeaux qui font employés dans les arts ; ces inftru'mens fcrelïèmblent fi fort que nous ne ferions que nous répéter lans cefle. Nous renverrons là-deflus aux diffé- rens articles des arts , où nous expofons les manœuvres qui exigent leur ufage. Pour faire le cifeau à couper le bois, prenez un morceau de fer , & tirez-le en long , plus ou moins fort , plus ou moins plat , plus ou moins large ; que la partie de ce morceau que vous appellerez la tête , foit à-peu-près quarrée \ que celle que vous appellerez le tranchant, foit très-mince & très-plate. Acé- rez cette partie mince avec du bon acier ; rendez-la tranchante à la lime & à la meule; il faut qu'elle foit bien trempée , & vous aurez un cifeau à couper le fer. Quelquefois le tranchant eft en bifeau ; d'autres fois , au lieu de tête , on y pratique une foie qui efl reçue dans un manche de bois. En un mot , cette forte de cifeau varie prodigieu- fèment , félon l'ufage , la matière à couper , les formes à faire. Il y en a , & de la plus petite grandeur , & de la plus grande force- Vcye-{ la fuite de cet article. Ciseau , inflrumem de chirurgie y com- pofé de deux branches égales en longueur , tranchantes en-dedans , & jointes enfemble par un clou. Il faut avoir des cifeaux qui ne fervent qu'aux appareils , pour couper les linges qui fervent à faire les bandes , com- prefîês & autres pièces. Les chirurgiens doivent avoir ^ioutre des cifeaux à incifion ; les uns font droits , & \z% autres courbes ; il faut qu'ils foient conffruits avec toute l'attention poflible. Les pointes doivent être moufles , pour qu'en opérant on ne foit point oblige de changer les anneaux des doigts , pour mettre la branche bouton- née dans la plaie , lorfqu'elle ne s'y préfente pas naturellement. V. chirurgie ^pl.I^fig. z. Les cifeaux courbes fervent à faire des. inciiions dans des eiKlroits un ptu caves ; il faut que leur courbure foit. petite & douce \ qu'elleprenne du milieu même de l'entablure, 6c qu'augmentant prefque infènfiblcment j- V 2 ^ 1^6 CîS la pointe sVcarte à peine cTe cinq lignes Je l'axe des ci/eaux. Cette ftrudure rend les ci/eaux courbes , non-feulement propres -k toutes les opérations qui demandent la cour- bure âes lames , mais ils font fi commodes & fi dégagés , qu'ils peuvent exécuter celles qui femblent exiger l'ulage des a/f'^war droits. Voye^ la figure I,pi. III. M. de Garengeot a traité fort au long , dans Ton livre d inl- trumens , de la coniîrudion des cifeaux. M. Petit a imaginé des a/faua: particuliers pour l'opération du filet. K.FlLET, & lafig. 4, pi. XIX. {Y) Ciseau d'embas, morceau de fer acéré par le bout tranchant , à l'ufage de ceux qui travaillent à l'ardoife. Voye^^ ARDOISE. Ciseau à Vufage des arquehujiers . Ils en ont de plufieurs fortes, parmi lefquelles on en diilingue quatre particulièrement : le cifeaii à bride y le cifeau à chaud y le cife^u de côté y le cifeau à e'bancher. Le cifeau d bride eft un petit morceau d'acier long de fix ou huit pouces , quarré , de l'épaifieur d'une ligne & demie en tout lens. Ce morceau d'acier eft reployé aux deux tiers , quarrément , & fe reploie encore en devant , d'un petit bec de la grandeur d'une ligne. Ce bec eft fort tranchant , les arquebufiers s'en fervent pourvuider & net- toyer une entaille ou une mortaife dans un bois de fufil. Le cifeau à chaud e(ï un morceau de fer ou d'acier quarré , d'environ huit pouces , gros de deux, peu tranchant, & fervant à l'arque- bufier pour partager un morceau de fer en deux , ou pour y faire des entailles-. Le cifeau de côté eu fait à-peu-près comme le bec d'ane , poyei Bec d'ane ; il eft plus plat ; fo# tranchant eft en bifeau ; il ne coupe proprement qu'en un fens. L'arquc- tufîer s'en fert pour graver des ornemens. Il en a de très-petits & très-déliés... Le cifeau à ébaucher reiTemble au fermoir des menuifiers , l'oye'^ FERMOIR, & fert à Farquebufier pour ébaucher un bois de fufil, & commencer à lui faire prendre fa forme. Ciseau des cartiers y ce font de grands •cifeaux compofés de deux lames fort gran- des & fort tranchantes , jointes par unclou à vis , qui fe ferre au moyen d'un écrou. Ces lames ont à leur extrémité oppofée , l'une un ■anneau pour palTer une partie de la main., C I S & celfe-cî eft mobile ; & l'autre un morceau de fer recourbé qui s'attache fur l'établi , au moyen d'un crochet qui paffe à travers la table , & eft rendu immobile par un écrou qui ferre fortement la vis de ce crochet. Les cifeaux fervent à couper & rogner les cartes quand elles ont été liflées. C'eft la dernière façon que l'on donne aux cartes pour les fabriquer. Ciseau , outil de charron y morceau de fer de la longueur de deux pies ou environ , rond par en haut , de la grofléur d'un pouce & demi , large , plat & acéré par en bas , de la largeur de deux pouces & demi , & épais de deux à trois lignes , qui fert aux charrons à former & élargir les mortaifes. Ciseau a un biseau de charpentiers. Il reflêmble au précédent , & fert à drefler les murtaifes , les tenons , Ùc. ClSEAV des cloutiers. C'eft un inftrument dont ils fe fervent pour couper les clous à mefure qu'ils les fabriquent. Il eft de fer , acéré , pointu par un bout par où on l'en- fonce dans le bloc ; il a environ cinq pouces de hauteur & trois de largeur ; il eft applati & tranchant par le haut. Pour couper le clou, l'ouvrier applique fa baguette de fer fur le cifeau précilément à l'endroit où il doit être coupé , & en la frappant d'un coup de mar- teau, le clou fe fépare du refte de la baguette. Ciseau des cordonniers. Ils font en tout ièmblables à ceux des tailleurs. Ciseau de doreur fur bois:, c'eft uncifeau. or jinaire de fculpteur. Les doreurs s'en lér- vem à lever les ornemens de fculpture cou- verts par le blanc. Ciseau de ferblantier. Cet outil eft en tout lèmblableà celui des ferruriers. Ciseau de fourbiffeur. Ce font de forts cifeaux qui n'ont rien de particuHer , & qui fervent aux fourbiffeurs pour rogner le haut des fourreaux quand ils lont trop longs, - CrSE AU de gainier : ils font faits exade- ment comme ceux des couturières , & fer- vent au gainier à couper le bois pour fes ouvrages. li-en a d'autres qui font en forces. Ces cifeaux font beaucoup plus grands ; ils ont les lames rondes: ils reflémblent aux forces des tailleurs. Ils iervent aux gainiers à couper & tailler les peaux & cuirs dont ils couvrent Lurs ouvrages. Clseau. de Jardinage. Ils lont de- C I s beaucoup plus forts & plus longs que ks ci- feaux ordinaires. îls ont deux mains de bois, ce qui facilite la tonte des buis & autres arbriffeaux. Ciseau de maçon ou de tailleur de pier- re ; c'ert un ouril de fer , acéré , long , de la forme d'un clou fans tcte , appiati & tran- chant par le bout. Il fert à commencer le lit ou la taille de la pierre. Ciseau des menuijiers\ c'efl un outil de fer & acéré par le tranchant ; il a un bifeau & un manche de bois ; il fert à nettoyer les mortaiies , faire les tenons , 6'c. Ciseau d'orfèvre, voyez les CiSEAUX 'du ferrurier. Ciseau de perruquier, voyez le premier article ou le Cl SEAU . e chirurgien. Ciseau de relieur j\oyt:^le premier arti- cle CiSEAU. Ciseau de fculpteur en marteline, voy. Marteline. Ciseau, {ferrurier.) Ces ouvriers ont le cifeau à chaud : ceû un gros cifcau à deux bifeaux, qui fert à couper le fer chaud. Sa forme n'a rien de particulier : c'eft la même que celle d'un burin gros & long. On obfer- ve feulement de le jeter dans Teau quand on s'en eil: fervi , & de le retremper quel- quefois. On lui donne le nom de cifeau à chaud, parce que ce cifeau n'a pas plutôt lervi à la forge , qu'il s'amollit en (e détrem- pant, & qu'il ne feroit plus en état de. cou- per du fer froid. Cifeau à froid -^ c'ejflun a/fOu qui ne dif- fère du précédent qu'en ce qu'il eft moins long , & qu'il ne fert jamais fur le fer chaud. Cifeaux à ferrer ; ce font des cifeaux à deux bifeaux , mais dont le taillant eft très- mince , ainfi que toute la partie qui le pré- cède ; leur ufage n'efl qu'à couper du bois , & préparer les endroits des fiches , ferrures , ClSEAU^oy. i*art.Toi^I>RE Scie premier, an. Cl SEAU. Ciseau de verrerie; voye\ VERRERIE, & le premier article Cl SE AU. CISELER, V. aâ. {Artm/ch. en métaux?) c'eft former fur l'argent telle figure qu'on veut : on fc fert pour cela non de- burin , C I S Ï57 mats de cifelets. K.ClSELETS&ClSELURE. On ciieie les pièces de rehef comme celles qui ne le font point ; fouvent même ces der- nières en acquièrent autant que les autres , parce qu'on repoufle leur champ en dehors, aux endroits qu'on veut cifeler. Cette ma- nière de cifeler eil plus commune : f-putrc demande trop d'épailîèur & trop de raatierp. On iè len encore du terme cifeler , pour réparer les pièces qui ont été moulées , mais dont les delîins n'ont pu fortir du moule parfaitement marqués , ou fuÉùfamment terminés. Cifeler unt pièce en ce fens , tû prefque la mcmechofe que retouchemu burin en gravure. OISELETS , f. m. ce font de petits mor- ceaux d'acier , longs d'environ cinq ù fix pouces, & de quatre à cinq lignes de quarré, dont un des bouts eft limé quarrément ou en dos-d'ane , & l'autre fert de tête. Leur partie trempée eft quelquefois poin- tillée; mais leur ufage en général eft pour cifeler l'ouvrage en rehef. Dans les différen- tes occafions , entr'autres celles où il s'agit défaire paroître des côtes concaves, oniC' fert alors d'un des ounls dont nous venons de parler : fi ces côtes doivent être unies , on le lert d'un cifelet uni : fi l'on veut qu'elles foient matées, on fe fert du a/ pointe de diamant. Ces outils font à l'ufage du ferrurier, du^ cifeleur, de Forfevre , du graveur, de l'ar- ■ quebufier, du bijoutier, du metteur-en"- c&uvrc, du damafquineur , .&Cr ils prean^nt * 158 c I s difterens noms, fuivant leurs formes & leurs ufages : on les appelle bouges, trafoirs , per- loirs , planoirs y &c. Voye-^ ces mots à leurs articles. CISELURE , f. f. c'eiirart d'enrichir & d'embellir les ouvrages d'or & d'argent &: d'autres métaux , par quelque deflin ou fculpture qu'on y repréfente en bas-relief. V. Sculpture /ur/w métaux. V. Re- lief. Pour cifeler les ouvrages creux & de peu d'épaifleur, comme font les boîtes de mon- tres,pommes de cannes, tabatières, étuis, ©"c. on commence à defliner fur la matière les fli- jets qu'on veut rcpréfenter, & on leur donne le relief tel qu'on le defire, en frappant plus ou moins le métal, en le chalTant de dedans en dehors, pour relever & former les figures ou ornemens que l'on veut faire en relief fur le plan ou la furface extérieure du métal. On a pour cela plufieurs outils ou bigornes de dif- férentes formes , fur les bouts ou fommets defquels on apphque l'intérieur du métal, ob- fervant que les bouts ou fommets de ces bi- gornes, répondent précifément aux lignes & parties auxquelles on veut donner du relief. On bat avec un petit marteau le métal gue la bigorne foutient : il cède, & la bigorne tait en dedans une imprelllon en creux qui forme en dehors une élévation lur laquelle on ciiele les figures & ornemens du delïln ^ après qu'on a rempli tout le creux avec du ciment. V. CI- MENT. On emploie quefquefois les cifeleurs à ré- parer les ouvrages de métal au fortir de la fon- te; commefigures de bronze , mortiers , ca- nons; toutes fortes d'ornemens d'églife & do- meftiques, comme chandeliers, croix, ^c. feux, bras de cheminée, 6'c. V. BroNZE. Les outils dont ils fe fervent, font les cife- lets de toutes grolfeurs , les matoirs , les rifîoirs de toute fojte de taille , rudes & doux; les difïerens burins, les cifeaux plats & demi-ronds, les marteaux gros & petits ; le tout fuivant l'ufage qu'ils traitent. CïSMAR, {Géog) petite ville d'Allema- gne dans ja baffe S,axe, au duché d'Holflein, près de la rrjer Baltique. CISMONE, (Géog.) rivière d'Italie qui f>rend là fource dans le Trentin, & qui fe réunit à la Brente dans h. marche Trevifane. jCISQIRLS , {An médian, en métaux.) CI s ce font de gros cifeaux à manche attaché & monté en pié , dont la branche fupérieure garnie d'une menote de fer , fert à la lever plus facilement ; & par le poids & l'effort du levier , couper d'un feul coup des mor- ceaux de métal fort & épais. Ces outils font à l'ulàge des bijoutiers , des orfèvres , des ferblantiers , des chauderonniers , des ou- vriers de la monnoie , &c. ClSSOIDE,f f. (Géom.) courbe algé- brique qui a été imaginée par Dioclès , ce qui l'a fait appeller plus particulièrement la ciffoïde de Dioclès. V. CoURBE. Voici comme on peut concevoir la for- mation de la cijfoïde. Sur le diamètre A È {pi. d'anal, fig. ^) du demi-cercle A O B, tirez une perpendiculaire indéfinie B Cj tirez enfuite à voloi^é les droites A H , A C y dans les deux quarts de cercles O B y O Ay ôciâkes A m ^= IH' , & dans l'autre quart de cercle LC=AN, Sicks points m &c L feront à une courbe Am O L^ qu'on appelle la cijjoïde de Dioclès. Propriétés de la cijjoïde. Il s'enfuit de fa génération , 1°. que fi on tire les droiteâ K I y p m ^ perpendiculaires àABjOn aura A p : K B : : A m : I H y mais A m = ///",& par conféquent^ /) =iK B ; d'où il s'enliiit que A K =p By &i: p m = I K, 2.**. Il s'enfiiitaufîi que la cijjoïde A m O coupe la demi-circonférence A OBen deux également au point O. 3°.Bep\usAK:KI::KI:KB,eeû- à-dire que A K : p N::p N : A p ; d'ailleurs A K : p N: : A p : p m ; donc p N : A p : : A p : p m -^ &c par confé- quent^ K^p N yAp, &p m , font qua- tre lignes en proportion continue ; & l'on prouvera de la même manière que Ap,p m, A K j &c K L font en proportion continue. 4*^.. Dans la cijjoïde , le cube de l'abfcifîc A p eu égal à un folide formé du quarré de la demi-ordonnée/? m , &c du complé- ment p B âu diamètre du cercle générateur. Et par conféquent lorfque le point p tombe jîn 5 , & qu'oa a p B = o , on a y =— > & par conféquent o : i : ; a' : o y ; c'ef!-à-dire que la valeur dey devient infinie : & qu'ainfi la cijjoïde A m O L, quoiqu'elle approche continuellement & de plus près (jue to.wte dijftance donnée de 1» C I s droite JB C y ne la rencontre cependant jamais. etiolis longioribusy caule fruticofo. Rock-rofe with heart-shaped leaves y &c. 13. Cifie , arbrifleau à feuilles en lance , allifès , velues à.Q,s deux côtés , à trois ner- vures & à aifîêlles nues. Ciflus arborefcens y foliis lanceolatis y fcfflibus y utrlnque villofis y trinerv.iis y .a'is nudis. Hort. Clijf. Rcck-rofe with tree nen-'^d hairy leaves , ^4« CiJle , arbrilïèau à feuilles très-étroi7 C I s tes en lance , blanches par defTous , à trois nervures , à pétales arrondis. Cifius arborefcens y foliis lineari-lanceo^ latis y fiibtiis incanis y trinerviis y petaîis fuhrotundis. Mill. Rock-rofe u it/i narrow fpear shaped lea^ ves y &c. i<). Cifie à feuilles en lance , unies par- deflus , blanches par-deflous , à trois ner- vures , ondées par les bords , à tiges ligneufès. Cifius foliis lanceolatis fupernê glabris y infernè incanis , trinerviis y margine undu- latis y coule fruticofo. Mill. Rcck-rofe with fpear shaped leaves wav^d on their borders y &c. 16. CiJIe y arbrifîêau à feuilles cordifor- mes , unies , pointues & foutenues par des pétioles. Cifius arborefcensfoliis cordatis y loevi- bus acuminatis. Linn. Sp. pi. Rock-rofe with heart-shaped pointed leaves. 17. Cifie à. feuilles ovales , blanches, dont les inférieures ont des pétioles ,& les lùpérieu- res font jointes par leur bafe, à tige ligneufè. Cifius foliis ovatisj incanis^ infernèpetioi- latis, fupernê coalitis^ aiule fruticofo. Mill. Yellow Jîowering rock-rofe y &c. 18. Cifie à feuilles en lance très-érroites 4 blanclîcs , aflil;s , à fleurs en grappes , u tige Iigneufe. Cifius foliis Une ari-lancealatis y incanis^ fefjilibus y floribus racemoJiSy caule fruticofo^ Roch-rofe withflovers growing in clufiers, Miller dit qu'en Angleterre , tous ces cif" tes , à l'exception du dernier , peuvent ré- fifleren plein air , au froid des hivers com- muns : nous avons trouvé à cet égard une grande diftéi-ence dans le climat des Evê- chés. Nous avons eu les cifies y n°. z & n'°. ^,, en pleine terre , à une excellente expo- fition pendant deux ans , & le troifieme hiver , qui n'étoit pas fcrt rigoureux , les a entièrement détruits. Les cifies y n*. 2. , n^. 7, & /i^. / Oy ont pafié i'hiver de 1772 en pleine terre, à une bonne expofition parée. de tous \qs vents par des bolquets d'arbres verds ; ils étoient encore allez verds en mars , mais la neige de ce mois , & les gelées tardives ont achevé I de les ruiner ,; nous . avons eflayé de les jCQuyjir CI s coTivrir avec des pailles ; mais à moins qu'on ne leur donne beaucoup d'air , ils Ce pour- riflent fous ces couvertures : la privation d'air les contrarie fort aulfi , quand on les place dans les orangeries , & fur-tout dans îfô lèrres qui ne font pas éclairées ; mais ils réuiïiflent parfaitement (bus les chaiïis vitrés,. Les efpeces n°. iz , n°. 14, & ii°. 25 , qui font les plus belles , (ont auflî celles qui réiiftent le mieux en plein air. Le r^. 14 s'appelle ordinairement cifle à feuilles de peuplier ; j'en ai un pié qui, depuis qua- tre ans, n'a pas encore fouffert fenfible- ment , & qui fuit afïèz de progrès. Une coque bien mûre de chaque efpece de cijle , futfit prefque toujours pour les multiplier en abondance , par la prodigieufe quantité de femences qu'elle contient. Fai- tes votre femis en mars dans des cailles emplies de terre légère 5 vos graines ger- meront au bout de quinze jours. Les pe- tits cijies auront cinq ou fix pouces de haut pour le mois de juillet : alors vous en tranf- planterez la plus grande partie , chacun dans un petit pot j vous les placerez dans un lieu légèrement ombragé j ulqult la par- faite repriiè , & les arrolerez de temps à autre. Ces pors doivent pafîcr l'hiver dans une caillée vitrée , aufïi-bien que les cijîes qui font reftés dans la petite caille , &: qu'on tranfplantera vers la mi-avril avec les mê- mes précautions. Letroifieme printemps on pourra en lever quelques-uns de chaque eipece avec leurs mottes , pour les fixer en pleine terre , à de bons abris j mais il eft bon d'en laiflér quelques individus en ré- ferve dans des pots que l'on enterrera l'été dans les bofquets parmi d'autres arbrif- feaux , avec lefquels ils formeront une va- riété très-agréable. Les phrafes donnent une idée fuififante du feuillage des ciJles ÔC de leur port ; nous allons les fiire connoître par d'autres parti- cularités. Le premier s'élève à trois ou quatre pies de haut , & forme un buiflbn touffu ; fa fleur eft aflèz grande & de couleur de pour- pre. Le fécond porte de plus grandes ffeurs , & d'un pourpre plus pâle. Celles du troi- fieme font attachées à de plus longs pédicu- hsy elles iint plus petites de d'un pourpre Tome VIIL CIS i^i plus foncé. Les fleurs du quatrième font très- grandes & d'un pourpre très-clair. La cinquième efpece s'élance moins que les précédentes : elle eft très-rameufe. De chaque nœud par une branche menue qui porte une feule fleur femblablc à celles du n°. î y Se les branches principales font ter- minées par trois ou quatre fleurs afïifès, c'eft-à-dire , fans pédicules. Le/2°. 6' parvient à la hauteur de cinq ou fîx pies ; les fleurs naiffent au bout des bran- ches & font femblables à celles du n°. 4. Le n°. y a des branches droites , velues Se blan- châtres j les fleurs font grandes & d'un pour- pre brillant. Le n°. 8 n'atteint jamais qu'à la hauteur de deux pies, il a des branches menues & divergentes; les fleurs fortentde 1 aillèlle des feuilles : elles font blanches Se un peu moins grandes que celles des efpe- ces précédentes. Le fP. 9 croît de lui-même en Corfe & dans les iles de l'Archipel. C'eft le cijîe lada- nifere ; il s'élève à trois ou quatre pies de haut j les fleurs^ naiflent à l'extrémité des branches ; elles font d'un poupre foncé Se à-peu-près de la largeur d'une rofe fimple. Le /2°. z o ne s*élance guère qu'à la hau- teur de quatre pies ; fes feuilles font étroi- tes, d'un verd obfcur, légèrement velues, glutincufes , ainfî que les tiges. Se mar- quées pardeffus d'un long fillon formé par la cote inférieure qui la partage Se qui faille en deflbus ; les fleurs font d'une cou- leur de fbufie pâle. La onzième efpece parvient à cinq ou fîx pies de haut; les fleurs naiflent à l'ex- trémité des branches , fur des pédicules longs Se nus , qui fe divifent en petits pédi- cules , fupportant chacun une grande fleur blanche , dont le calice eft velu ; les feuilles font très-glutineufes dans les jours chauds. Le ciJîe n?. îx , s'élève à quatre ou cinq pies fur des branches, dont l'écorce eft brune Se unie ; les feuilles ont de longs pédicules &: font unies des deux côtes; les fleurs naiflent à l'extrémité des branches ; elles font blanches Se ont d'aflèz longs pétioles. Le n°. zj n'atteint qu'à la hauteur de trois ou quatre pies; les feuilles font en lance d'un verd très-oblcur : pendant le chaud ilenexfude une fubftance glurineufe X 1^1 C I s & fuave i les fleurs font Hanches Se tmC- fent plusieurs enfemble à l'extrémité des branches fur de longs pédicules nus. Le «°. ^4 s'élève fur une tige ligneufe à cinq ou (ix pies ; les branches font unies ôc couvertes d'une écorce brun-rouge , gar- nies de feuilles en lance , étroites , blan- châtres en delîbus, &c d'un verd obfcur en defliis, à trois nervures ; les fleurs nailfent à l'extrémité des branches fur de petits pé- tioles : elles font compofées de cinq péta- les ffès-largess arrondis, marqués à leur bafe d'une grande tache de couleur de pour- pre ; il exfude de cette plante une fubfl:ance glutineufe Se très-aromatique qui parfume Pair au loin. Il y a une variété de cette efpece dont la fleur eft entièrement blanche. La quinzième efpece s'élève auffi haut que la précédente : elle n'en diiîere que par fes feuilles qui font plus courtes , plus larges, plus blanches pardeflbus, plus rap- prochées , ôc d'une coniiftance épaifle , par les branches latérales qui font plus courtes , p.^r les fleurs qui font plus grandes, & la iublknce glutineufe qui eft plus abondante fur route la plante. Le /2°. 26* parvient à la hauteur de (îx ou fept pies , les feuilles font larges , cor- diformes, minces &c d'un verd clair; les fleurs font blanches, & deviennent de cou- leur de foufre pâle en fe fanant. Le n°.. ij s'élance fur un tronc droit Se rameux à quatre ou cinq pies, &: forme un buiflbn touffu ; les branches font, can- nelées & velues : les pédicules des fleurs qui naiflènt au bout des branches , ont un pié de long , & donnent naiffance à deux ou quatre petits pédicules latéraux qui foutien- nent chacun trois ou quatre fleurs attachées par de petits pétioles \ les fleurs font gran- des & d'un jaune brillant , mais elles ne durent guère que deux ou trois heures. La dernière efpece atteint ordinairement à la hauteur de trois ou quatre pies ; les feuilles font étroites , figurées en lance & velues : de l'aiflelle des feuilles fortent des branches menues garnies de deux ou trois paires de petites feuilles , qui font terminées par dse grappes de fleurs d'un foufre fale. Cette efpece veut toujours être confervée dans les ferres, & ne peut foutenir la ri- gueur de lamauvaife faifbn. C IS On vient de voir dans cette belle fa- mille la plus charmante variété : il feroic très-agréable de la raflembler en maffe dans quelques parties des bofquets d'été; leurs- fleurs paroiflent au mois d'août ; elles l'ont ordinairement fanées le foir , mais elles fè fuccedent long-temps ; elles s'épanouiflent dès le grand matin : c'efl un vrai plaiiir que d'aller contempler alors le brillant hom- mage qu'elles rendent au foleil levant , en étendant leurs larges pétales chîirgcî ue glo- bules de ro^éc : ces pétales font d'une con- fiftance fî légère , que dans certaines cfpe- ces ils confervent toujours les plis dont ils ont contraélé l'habitude , étant renfermés dans le bouton. Les ci^es à feuilles de peuplier , c'eft-à— dire , les n°.î4&c i^ , peuvent figurer dans les bofquets d'hiver : ceux à feuilles blan- ches & quelques autres y ajouteroient de la variété , s'ils pouvoient braver la mauvaiie-, fàifon ; tous ont un feuillage hivernal. Quel- ques efpeces , qui ne frudbifient pas dans, les climats froids , peuvent être multipliées, de boutures faites en été dans des pots fur; des couches ombragées. Il nous refte à parler de la manière donf, on recueille le ladanum dans les îles de l'Ar- chipel fur le cijlc «°. q. On. a un inftru- ment femblable à un râteau fans dents,, appelle ergajîiri , d'oii pendent plufîeurs lanières de cuir verd que l'on pafle douce- ment fur les buiflbns de ce cijîe : la fubi^ tance glutineufe, mais liquide , s'attache à fes lanières, ôc on la racle d'après avec un couteau. Cet ouvrage efl très-pénible , il fe fait dans les jours caniculaires fur les montagnes, dans un climat brûlanr. AulB n'y a-t-il que les moines Grecs qui s'en, chargent. Le ladanum ou labdanum fc recueille encore, en raclanr d'après la barbe des chèvres cette fubflancs qui s'y eft attachée , tandis qu'elles broutoient les cijîes. Ce la- danum eft fort impur. En Efpagne on fait bouillir les feuilles des cijîes dans l'eau , le ladanum y fuma- ge, &: on l'enlevé avec des cuillers ; celui- ci n'eft moins bon que les autres. On fe fert .peu du ladanum .intérieurement; cepen- dant Ces teintures extraires par le moyen I de l'efprit de viu bien rectifie , pavent fè C I T ><3onner cle vingt à trente gouttes , comme •céphalique , fortifiant , ftomachique. L^u- (agc externe du ladanumen maflè eftplus commun; il entre dans les emplâtres forti- "lians & neuritiques, & dans les paftilles odo- rantes; fa réfine fait partie de la théria- -que célefte. Le Codex de Paris fait entrer cette gomme-réiine dans le baume hyftéri- -que, l'emplâtre contre les hernies, Se l'emplâ- tre ftomacal. (M. le baron de Tscjwudi.) CISTERCIENS , religieux de l'ordre de Citeaux. FojcifCiTEAux. CISTERNA , ( Géog. ) petite ville d'Ita- lie en Piémont, fur les confins du marqui- fatdV.m. CISTOPHORE , f. m. ( Antiq. ) c'eft ainfi qu'on appelle les médailles ou plutôt les monnoies anciennes où l'on voit des cor- beilles; ces monnoies étoient fi communes , que la levée des tributs fe nommoit quel- quefois levée du cijîophore. Antiq. expl. CISTRE , {Mufiq. inflr. desanc.) inftru- ment de mulique des Egyptiens. " C'eft un inftrument à cordes fort ufité •€n Italie : il a prelque la figure du luth , ■Triais Ton manche eft plus long , &- divifé en dix-huit touches. Il a quatre rangs de 'Cordes qui ont chacun trois cordes à l'u- îiiflon, à la réferve du fécond rang qui lî'en a que deux. Ses cordes font ordinai- Temeut de laiton , & fe touchent avec un -petit bout de plume comme celles de la mandore. Son chevalet eft auprès de la îofe , & fes cordes ibnt attachées au bout de la table à un endroit qu'on nomme le;?e/- gne. Ses touches (ont de petites lames de laiton fort déliées. Il y a aulTi des cijîres à fix rangs .de cordes. Les Italiens Rappel- lent cyihara. On tient qu' Amphion a été î'in- ^venteur du chai^i avec le cijire. »> ( F. D. C. ) ÇITADELLA , ( Géog.) petite ville forte avec un poit , capitale del'ile de Minorque , •qui eft aux Anglois. Long. %i , ^f8;lat^^,^S. CiTADELLA , ( Gécg. ) petite ville d'Ita- lie dans le territoire de Padoue , près de la trente. CITADELLE , f. f. on appelle ainfi dans la Fortification , un lieu particulier d'une place , fortifié du côté de la ville & delà •campagne , qui eft principalement deftiné a mettre des foldats pour contenir dans le devoir les habitons de la place. C I T 1(^3 Les c/V^^c//e50ntordinaircment quatre ou cinq baftions , & au plus fix ; elles font preique toujours de figure régulière, à moins qu'elles ne foicnt conftruites fur des lieux qui ont peu d'efpace , ou qui Ibient fortifiés par des fituations inaccelïibles, com- me la citadelle de Befançon : elles font pla- cées fur l'enceinte de manière qu'une partie eft dans la ville , & l'autre dans la campagne. La ville n'eft peint fortifiée du coté de la citadelle , afin que les habitans n'aient rien qui les mette à couvert de fbn canon , ôc qu'elle puilïè commander par-tout dans la ville : c'eft pourquoi elle doit être encore fortifiée avec plus de foin ; parce que fî elle étoit plus foible , l'ennemi comm^enceroit par l'attaquer ; & lorfqu'il en feroit le maî- tre , il le feroit aufti de la ville : au lieu qu'étant obligé de commencer fbn attaque par celle-ci , il faut après fa prife faire un fécond fiege pour s'emparer de la citadelle. Entre la ville & la citadelle on laifîè un grand efpace vuide de maifons dans l'é- tendue delà portée du fufîl , que l'on nom- me Vefplanade. Cet efpace fert à empêcher qu'on ne s'approche de la citadelle fans ch être découvert. On ne fait point de citadelles aa milieu des villes , parce qu'elles ne pourroient être fecourues dans le cas de rebeUion. On en conftruit quelquefois entièrement hors des villes ; mais elles y ibnt jointes par quel- ques lignes ou quelque ouvrage de commu- nication. La citadelle doit être placée dans le ter- rain le plus élevé de la ville , afin qu'elle en commande routes les fortifications. On la place auffi de manière qu'elle puiflè difl pofer des eaux de la ville , de forte que l'en- nemi après s'être emparé de la ville, ne puifTè les lui ôter. Pour donner une idée de la manière dont on peut tracer le defTîn d'une citadelle , fbient ( Plan^. IV de Fortificat.fig. 6. ) les baf- tions i, Ey N, le côté ou la partie de l'enceinte où l'on veut placer la citadelle. Ces baftic«is ne feront point mis au trait dans le plan , mais au crayon , parce qu'il faudra en détruire un pour faire entrer la citadelle dans la place. Soir le baftion E qu'on fe propofe de détruire. On prolongera fa capitale indéfiniment Xz î^4 C I T vers la campagne &z vers la ville. On choi- ' lira un point D fur certe capitale plus ou moins avancé vers la ville , lelon la polition qu'on voudra donner à la ciiadclle-^ on élè- vera fur ce point D une perpendiculaire A S , fur laquelle on prendra D A èc D B chacune de 90 toifes , afin d'avoir le côté A 5 de 180. Préfenrement fi l'on veut que la citadelle foit un pentagone régulier , on cherchera par la trigonométrie ou autrement le rayon du pentngone , dont le côté eft de 1 80 toi- Tes , on le trouvera de 1 51. On prendra aVec le compas ce même nombre de toifes fur .téchellei puis des points A êc £ pris pour centre & de cet intervalle, on décrira deux arcs qui fe couperont dans un point C qui fera le centre de la citadelle. Du point Con décrira un cercle du rayon C ^ , on portera le coté A B cinq fois fur la circonférence , & l'on aura le pentagone que doit former la citadelle , & qu^on for- tifiera comme on Ta enfeigné dans les conf- tru6tions de M. de Vauban. Voye^l'article Fortification, E le mens de fortification , par M. Leblond. Les citadelles ne doivent avoir que deux portes j Tune pour aller delà citadelle dénis la ville , &c réciproquement de celle-ci dans k citadelle ; Pautre pour entrer de la cam- pagne dans la citadelle : cette porte ne s'ou- vre que pour recevoir dufecours du dehors , & pour cet effet on la nomme porte du fecours. Les citadelles font jointes aux villes de plufieurs manières fuivant la difpofition de la ville & de la citadelle; mais celle-ci doit être toujours placée de manière que la ville n'ait aucunouvrageou aucun flanc qui puiflè battre la citadelle , ni aucun ouvrage qui la commande. On joint l'enceinte de la place à la citadelle par des efpeces de murs qui aboutiflent fur les capitales des baftions de la citadelle , fur celles des demi-lunes , ou enfin fur le milieu des courtines. Cette der- nière difpofition eft la meilleure. Ces murs ont un rempart jufqu'à la diftance de 40 ou 50 toifes de la citadelle ; on les nomme lignes de communication : elles ne font autre chofe dans cet efpacc qu'un mur de maçonnerie (de quatre ou cinq pies d'épailïcur , & de niême hauteur que le rempart de la place. C I T Sur la partie fupérieuredece mur on élève un garde-fou de deux pies d'épaifleur 6c de Cix pies de hauteur ; on le perce de crenaux pour découvrir dans la campagne. Qiiand on conftruit des citadelles aux villes maritimes , on les difpofe de manière qu'elles commandent la ville , le port & la campagne. Celle du Havre de Grâce eft placée de cette manière : elle peut fervir de modèle pour la polition de ces fortes de citadelles. Les villes maritimes , outre les citadelles, font encore quelquefois défendues par des châteaux qui commandent au port. Dâiis ces fortesde villeson conftruit ordinairement des jetées , qui Ibnt des efpeces de digues , de fortes murailles, ou chaullées, qu^on bâtit auffi avant qu'on le peut dans la mer , en y jetant une très-grande quantité de gros quartiers de pierres. A leur extrémité , on établit des forts dont le canon empêche que les vaiflèaux ennemis ne s'approchent du port, &parconféquentdcla ville. La figure de ces forts n'a rien de déterminé : on leur donne la plus propre à leur faire comman- der tous les cotés par on l'ennemi peut le préfenter. On conftruit aulïi quelquefois des réduits dans les villes, qui ont le même objet que la citadelle. Voye^ Réduit. ( Q) CITAMBEL , f. m. ( Hijl. nat. Botani^ que.) efpece de nénuphar du Malabar, très-bien gravée fous ce nom , avec la plu- part de fes détails , par Van-Rheede , dans Ion Hortus Malabar icus, vol. II. pi. XXVII, pag2 £2' Les Brames l'appellent cafiuri ca^ malla , 8cJ. Commelin , dans fes Notes, la défigne fous le nom de nymphéea Malaba- rica minor folio ferrato. Elle diffère du nénuphar commun & de Pambel par les caraéleres fuivans. 1°. Elle eft plus petite , haute feulement d'un pié. 2°. Ses feuilles ibnt arrondies , entières , fans dentelures, longues de trois pouces & demi, d'un quart moins larges , fendues jufqu'au tiers à leur origine , & portées fur un pédicule cylindrique trois fois plus court , & d'une ligne & demie de diamètre. 3°. Ses fleurs font d^abord rouges , enfuitc violettes , puis bleues , ouvertes en étoile de deux pouces de diamètre , &c compo- fécs de feize feuilles difpofées fur quatre CI T rangs , dont les quatre extérieures font prcf- qu une fois plus grandes que les autres , triangulaires , deux fois plus longues que larges , & imitant un calice ; le pédicule qâi les porte eft aufTi long que celui des feuilles. Culture. Cette plante eft commune au Ma- labar comme au Sénégal , dans les mares d^eau d'un pié de profondeur qui reftent fur les fables pendant la faifon des pluies. Ufages, La décodion de fes fleurs pilées fe boit dans les difficultés d'uriner ; en y joi- gnant du fucre , elle arrête le vomiflèment, adoucit l'âcreté de la toux. Ses graines fe mangent avec le fucre. Remarques. Jean Commelin fe trompe quand il dit que les feuilles du chamùel (ont dentelées. Cette plante , étant du genre du nénuphar , doit fe ranger avec lui dans la famille des ariftolochcs qui eft la onzième de nos Familles des plantes , volume II , page j6. {M. Ad AN SON.) CIT-AMERDU , f. m. {HJ(l. nat. Bo- tanique. ) nom que les Malabares donnent à' une efpece de cocculus , très-bien gravée , avec la plupart de fes détails , par Van- Rheede , dans fon Hortus Malabaricus , vo- lume VU, planche XXI, page ^^. Les Bra- mes l'appellent amerdu-valli. D'une racine ligneufc , cylindrique , lon- gue de deux à trois pies , fur un pouce de diamètre , brune , s'élève une tige cylin- drique longue de 50 à 60 pies du diamè- tre d'un pouce , flexible , s'entortillant au- tour des arbres \ à bois blanc , jaunâtre , peu épais , plein de moelle aux deux tiers de fon centre , recouvert d'une écorce ver- re , d'abord veloutée de poils blancs, en- fuite cendrée extérieurement &, verte au- dedans , peu ramifiée. Les feuilles-lbnt alternes , difpofées cir- culairement le long des tiges , taillées en cœur de deux à quatre pouces de diamè- tre en tout fens , entières , mais échan-- crées d'un fixieme à leur origine , minces , molles , veloutées finement , & relevées en- defl'ous de cinq cotes rayonnantes , & por- tées horizontalement ou pendantes fur un pédicule c/lindrique égal à leur longueur. De l'aiflèile de chacune des feuilles fu- périeures fort un épi égal à leur longueur , compofé de 40 à f o fleurs , verd-blanchâ- tres , ouvertes en étoiles de deux lignes & CI T 16 T demie de diamètre , portées fur un pédicule cylindrique deux fois plus court. Ces fleurs font toutes mâles fur certains individus , & femelles fur d'autres où elles font pofées au-deflous d'un difque qui fup- porte l'ovaire. Elles confiftent en un calice verd à ilx feuilles , en une corolle blanchâ- tre plus petite , à fix pétales , & en iix éta- mines blanchâtres plus courtes à anthères jaunes. Les femelles n'ont pas d'étamines , ni mêm.e d'apparence de filets , mais trois ovaires pédicules ou portés chacun fur un dilque cylindrique , & couronnés par un ftyle cylindrique qui part du fommct de leur côté intérieur , &: velouté à fon ex- trémité. Chaque ovaire devient , en mûriflànt , une baie ovoïde , obrufe , longue de cinq lignes , de moitié moins large , écartée ho- rizontalement , verte d'abord , cnfuite jau- ne , puis rouge de corail , luifànte, charnue , vifqueufe , à une loge contenant un ofle- let ovoïde un peu échancré en rein d'un côté , long de quatre lignes , une fois moins large, ridé, mince,, rendre, fragile, blanc d'abord , enfuite noirâtre , à amande blanche. - Culture. Le cit-amerdu fe trouve au Ma- labar autour de Warapoli & de Clouta , Se au Sénégal , dans les terres argileufes , brû- lées & pierreufes. Il eft toujours couvert de feuilles , de fleurs & de fruits. Sa racine ou fes branches , même dé- pouillées de feuilles , fuipendues en l'air , croiflent , comme font les plantes grafles , fleuriflent &: frUdifient. Qualités. Ses fleurs n'ont point d'odeur. Ufages. Sadécodion fe boit dans les fiè- vres ardentes , la goutte , & la jauni iTè. Son fuc , uni à celui du coluppa & du tiru- tali , fournit avec le lait , un bain anti- (pafmodiquc. Ses jeunes feuilles pilées avec celle de l'émacciam & le lait , s'emploient en liniment pour les phlegmons & les éré- fipeles. Son fuc , uni à celui du mulunti du tsjerapuUa & del'ulinja , eft un puiflànt maturatif& un vulnéraire excellent pour guérir les ulcères. Le fuc exprimé de (ts, tiges, dépouillées de leur écorce , cuit avec du lait & de l'eau , puis évaporé à ficcitc » & mêlé avec l'huile des feuilles d'enfermo , fournit un liniment fouverain dans les i6€ C 1 T douleurs de la goutte i bu avec le fucre ou le poivre long , il diflipe la cachexie , la pituite ôc les humeurs goutteufes. Remarques, htcit-amerdu eft pne efpece du cocculus des boutiques , appelle co/z/ci- du Lèvent , 5c forme un genre particulier voifin du menirpermam dans la famille des anones qui eft notre 46*. ; Ôc il eft étomianc que M. Linné, qui doit avoir vu fleurir le menifpermum , l'ait confondu avec lui , . •»--, ""17'^7Z va^.Ciperantes; puifqu'enfin ce paf- fage bien entendu & déterminé comme il convient par les circonftances de notre pa- rabole, inlpirera toujours moins d'enroi que de confiance en la divine bonté , &c qu'il- indique tout au plus les divers degrés de béatitude que Dieu prépare dans le ciel à les ferviteurs: erunt novijjimi primi , ùprimi novijji mi. ihid. Le multi vocati , pauci vero elecfi, fe trouve' encore une autre fois dans l'écriture jc'eH: au" xxij chap. de S. Matthieu , mais il n'y a rien là de plus finiftre &: de plus concluant que-' ce qn'on a vu ci-deflus. J*âi aulTî un mot à dire fur le fameux 6 alîitudo de St. Paul , & je montrerai (ans peine que l'on abufe encore de ce palïige dans les applications qu'on en fait : on le cite preîque toujours en parlant du jugement de Dieu , & il femble que ce foir pour cou- vrir ce qui paroît trop dur dans le m.yftere de la prédciVinatioTL, ou pour calmer les fidèles eifrayés àz^ celeftes vengemces. Mais ce pafiage , au fens qu'il eft cité , loin d'é- clairer ou de calmer les efprits , inlpire au contraire une frayeur rénébreufe , & nous montre un Dieu plus terrible qu'aimable. • Néanmoins admirez ici le mal-entend-.i» de cette citation : ce pafiàge fij)eu fatisfai- lanr de-la manière qu'on le prélente , eft vé- ■ ritablem^ent dans le texte facré un fujet d'ef- pérance ôc de confolation , puifqu'il expri- me le ravillement où efl l'apôtre à la vue des tréfors de fageiTe & de miléricorde que Dieuréferve pour tous les hommes. Dieu , dit S. Paul aux Romains , a per- mis que tous fufiènr enveloppés dans l'in- créduliié , pour avoir occaficn d'exercer fa miféricorde envers tous. Conclufii enim Deus omnia ininzrédulïtate , ut omnium mifereatur. Sur quoi l'apôtre s'écrie tranfporté d'admi- ration: " O profondeur des tréfors de la y' lagelîe & de la fcience de Dieu ^ que fes » jugemensfont impénétrables, &fes voies .» incompréhenfibles 1 « 1^8 C I T s. Paul par conféquent , loin de nouS an- noncer ici la rigueur des j ugemens de Dieu , nous rappelle au contraire les effets ineffables de fa bonté. O ahitudo divitiarum fapientice ùfcitntiœDti ! Le dogme de la prédeftina- rion n'a donc rien d'effrayant dans ce paf- fiigc de S. Paul. Quoi qu'il en foît , certains prédicateurs abufant de ces exprelfions , & outrant les vérités évangéliques , n'ont que trop fou- vent abrmé les consciences , & jeté la ter- reur , le défefpoir , où ils dévoient infpirer au contraire les plus tendres fentimensdelare- connoillance pour le Disu des miféricordes. Mais hélas , que ce prétendu zèle , que ce zelc outré a caulé de maux ! Les auditeurs épouvantés , méconnoif^ fant leur créateur & leur père dans le Dieu foudroyant qu'on leur prêchoit , ont fe- coué pour la plupart le joug de la foi , & fe font livrés à l'incrédulité ; difpofition fu- ncfte qui fappe le fondement des vertus & qui allure le triomphe des vices. Art.de M. Faiguet , maître depenjîon a Paris. Citation , ( Théolog.) LescitationsCont la bafc de la théologie. Les citations de l'an- cien teftament qu'on trouve dans le nou- veau , ont donné lieu à des doutes , des difputes , &c des obje«5tions fpécieufes de la part des ennemis de là religion chrétien- ne. Julien , Phorphyre , les Juifs 5c les ef- prits-forts modernes, reprochent aux chré- tiens que les apôtres citent fouvent des paf- fiiges de l'ancien teftament , Se des pro- phéties comme accomplies dans la perlbnne de Jefus-Chrift 5 que cependant il arrive fréquemment , ou que ces paftàges ainfi cités ne fe trouvent point dans l'ancien teftament , ou ne font point employés dans le fens Httéral ôc naturel qu'ils femblent préfenter dans l'ancien teftament j ce qui paroît évidemment , ajoute-t-on , par ce partage de S. Matthieu , chap. i] ,f. i j" , £x ^gypto vocavijilium meum , qui pris à la lettre fe rapporte à la fortie des Ifraéli- tes d'Egypte. Cette difficulté a paru infurmontable à quelques auteurs ; d'autres pour la réibudre ont pris différentes routes. Quelques-uns ont recours à un double accompliflèment , & prétendent que quoique les prophéties aient été accomplies une première fois dans CI T certaîns événemens , elles peuvent l'être encore une fois dans la perfonne du meffie. Mais d'autres rejettent ce double accompUf- fement , à moins que le prophète lui-même ne le déclare , rendant par ce moyen toute la prophétie inutile. Entre ces deux extrémités prefque éga- lement vicieufes, quelques-uns ont cmbrafîe une opinion fort raifonnablc , & qui paroît fondée , c'eft de dire qu'il y a des prophéties typiques fur le Meflîe , lefquel- les ont deux objets j l'un prochain & im- médiat , qui eft comme l'ombre ou la fi- gure du Meflie contenue dans l'ancienne loi , & qui a eu un accomplilTement im- parfait &: commencé ; l'autre éloigné , mais principal , favoir le Mellie , en qui ces pro- phéties ont eu leur plein &: entier accom- pliflèment : le premier n'étoit que le type du fécond , ôc par conféquent celui-ci étoit le principal ; & de ce genre eft le paflàge cité dans l'objedion , qui pour avoir été accompli en figure par la fortie des ifraéli- tcs d'Egypte , n'en a pas moins été une prophétie bien appliquée & pleinement ac- complie dans le retour de J. C. d'Egypte après la mort d'Hérode. Pour lever le refte de la difficulté , on obfervequeles Juifs rabbins prennent beau- coup de libertés en citant ou en interpré- tant les écritures , & l'on fuppofe que les apôtres ont fuivi la même méthode dans leurs citations ; mais cette fuppofition n'eft pas fondée : en effet , les apôtres inftruits immédiatement par J. C. & infpirés par le S. Efprit , n'avoient aucun befoin de re- courir aux règles des dodeurs juifs dans leurs citations. Néanmoins en conféquencc de cette fup- pofition , M. Surenhufîus , profefleur en hé- breu à Amfterdam , a tâché de retrouver ces règles perdues depuis fi long-temps , &: a donné à cet effet un favant traité inti- tulé fepkerhamechawe , ou BIBA02 KATAA- A ATH2, in quofecundùm veterem theologorum hebrceorumformula mallegandiù modos inter* pretandi , conciliantur loca ex veteri in novo tejlamento allegata. Il y remarque d'abord quantité de différences qui fe trouvent dans les différentes manières de citer ufitécs dans les écritures ; comme // a ké dit ; // efl écrit f afin que ce qu'ont dit Us prophète^ fût C IT fût accompli , V écriture dit , V(yyf{ ce qui efldit ^V écriture a pré dit ^ iln^eft pointait ^ &c. II ajoute que les livres de l'ancien tef- tament ayant été arrangés différemment en divers temps & fous difFérens noms , c'eft pour cela qu'un livre ou un auteur font fou- vent confondus avec un autre. Pour ce qui regarde les règles de citation & d'interprétation pratiquées par \qs rab- bins , il en rapporte dix , qu'il a recueil- lies , après une étude profonde du tamuld & des anciens dodeurs juifs , dont il donne des exemples tirés des écrits des apôtres ; & par cts règles il tâche d'expliquer & de JLiflifier toutes les citations de l'ancien tef- tament employées dans le nouveau. Ces règles font i®. de lire les mots , non pas fuivant les points qui font placés au-defîbus , mais fuivant d'autres .qu'on leur fublli- tue , comme ont fait S. Pierre , aâ. ch. ^ij > y- 3- St. Etienne , ac?. chap. viij , v. 4.J i & S. Paul , l Corinth. chap. xv , t'. -5:4 ; &c z Corinth. chap. viij y v. i 5. La ièconde eft de changer les lettres, comme a fait S.Paul , Kom. ch. ix -, v. JJ ,* / Corinth. ch. z z , p. ^ ; &c chap, x , r. 5 ,' & S. Etienne ,ac7. l'ij^v. 4J. Latroilieme d\ de changer les lettres &: les points , comme a fait S. Paul. acf. ch. xiij y v. 4Z ; &c 2. Corinth. ch. viij , v. z ^. La quatrième efl d'ajouter quelques lettres & d'en retran- cher d'autres. La cinquième eftde tranfpofer les mots & les lettres. La fixiemc ell de partager un mot en deux. La (èptieme , d'ajouter d'autres mots pour rendre le fens plus clair. La huitième , de changer l'ordre des mots. La neuvième , de changer l'ordre des mots & d'en ajouter d'autres : c'efl ce . qu'ont fait les apôtres , dit M. Surenhulius , par rapport aux deux der- nières règles. Et la dixième enfin , c'efl de changer l'ordre des mots , d'en ajouter quelques-uns , & d'en retrancher d'autres ; & c'efl félon le même auteur la méthode que S. Paul a fuivie fort fouvent. D'autres auteurs y comme l'évêque Kid- der , M. Leclerc & M. Sike , lèvent la difficulté d'une pianiere fatisfaifante à cer- tains égards , mais dangereufe à d'autres. Selon eux , cette forme ordinaire de cita- tion dont fe fervent les. évangélifles , afin que ce que les prophète^ ont annoncé fût ac- Tome VIIL C I T i€^ compli , ne fignifie rien de plus qu'une ma- nière d'adapter les pafîages des prophètes au cas préfent par un fens d'accommoda- tion : principe trop général , & qui demande des exceptions ; on en verra un exem- ple ci-deflbus. Le raot'^7^Hf«9^( , accompli ^ ne nous détermine pas , ajoutent-ils , à un tel fens , comme fi les évangéliUes avoient dcffein de dire que la prédiâion des évé- nemens futurs efl: accomplie ; mais il expri- me feulement qu'on a ajuflé les termes qu'on a cités. Si cent raifon avoit lieu , il n'y a point de prophétie qu'on ne put nier avoir été accomphe à la lettre dans Jefus-Chrifl. Mais pour la faire palîèr , l'évêque Kidder remarque qu'on peut dire que l'écriture efl accomplie en deux manières ; proprement , comme quand lachofè prédite arrive ; & improprement , dans un l'ens d'accoaimoda- tion , comme quand il arrive dans' quelque heu à quelqu'un quelque choie qui ell déjà arrivée quelque temps auparavant ail- leurs & à une autre perlonne. C'cft ainfi , ajoute-t-il , que S. Matthieu dit à l'occafion du maflîicre des Innocens , qu'alors fut ac- compli ce qui avoit été dit par le prophète Jérémie : Une voix fe fit entendre dans Rama , &c. L'exemple eil bien choilî , mais le principe cft trop vague , & n'eil pas applicable aux prophéties littéralement accomphes dans Jellis-Chriil , & il s'ea trouve un très-grand nombre de cette et pece dans l'évangile. Cette interprétation de l'évêque Kidder efl confirmée par M. Leclerc , qui remar- que que les Juifs ont coutume de dire dans leur langue , qu'un pafTage de l'écriture efl accompli toutes les fois qu'il arrive une cho- fe à laquelle on peut l'appliqua" : de forta que S. Matthieu qui étoit hébreu , & qur écrivit ( comme on le fuppofe communé- ment ) en cette langue , ne vouloit dire au- tre chofe dans le paiîage qu'on vient de ci- ter , finon qu'il étoit arrivé une chofe k laquelle on pouvoit apphquer ce que Jéré- mie avoit dit dans une autre occaiion. M. Sike abufant du principe de M. Leclerc ^ avance qu'en citant ce paffage d'Ifaïe , une Vierge enfantera. , &g. les évangéhfles ne fe propofent que de rapporter ces mots du projDhete , qui conviennent fort bien, à la naifiance de J. C. mais non comme unô lyo C I T C I T prophétie de fa naifTance. Ce fentimcnt | où font contenues les preuves , on ajoute de M. Sike n'efî pas nouveau ; Grotius l'a- ■ in c. ce qui fignifie in corpore articuli. voit imaginé , & M. Richard Simon l'a \ Si le paffage eft pris de la réponfe aux :foutenu ; mais M. BoflTuet en a pleinement objeftions , on cite ad z . c'eil-à-dire à la démontré la faufïeté , auffi-bien que le P. . réponfe ;\ la première objedion ; ainfi de la Balthus jéfuite , dans le favant ouvrage deuxième objedion , de la troilieme , &c» fntkulé defenfe des prophéties , qmpurmea] A l'égard de la deuxième partie de la 1738 , & auquel nous renvoyons le ledeur. i (bmme de S. Thomas , comme elle ell di- ■On peut encore conlûlter à ce fujet Maldo- ' vifée en deux parties , fi le palFage eft tiré nat , dans (otl commentaire fur le {ècond ; de la première partie , on met un i & un 'chapirre de S. Matthieu , où il donne quatre ' 2. c'eû-ii-d\re'inprimd parte fecundœpartis. règles pour juger des citations &"difcerner Si le paflfage eu tiré de la féconde partie les prophéties accomplies httéralement dans : de cette féconde partie , on met //. z. c'eft- Jefus-Chriil , d'avec celles qui n'y ont été [ à- dire f ecundâ fecundce ^ dans la iubdiviiion ou deuxième partie de la deuxième partie de accomplies que dans un fens d'accommo- .dation : règles iimples , beaucoup plus 5Ûres & moins équivoques que celles des irois derniers auteurs proteflans dont nous -venons de parler. (G) Il ne fera pas inutile de rapporter ici quel- w[ucs ufages en matière de citations , foit théotogiques , foit de jurifprudence. . Parmi les livres fapientiaux de l'écriture fainte , il y en a un qui a pour titre Vec~ cléjmjle , »xjtA>iT/je dégradation , & con- fequemment perdoient les droits de cité. V. rhifl. de lajurifp. rom.parM- Terrafîbn. Parmi nous il n'y a que la naiflance ou les lettre? du prince qui atfribuent les droits de cité. On confond quelquefois le droit de cité avec celui de bourgeoifie ; cependant le droit de citétû plus étendu que celui de bourgeoi- fie , il comprend auiii quelquefois l'incolat , & même tous les t&ts civils. En effet , celui qui eft banni d'un lieu ne perd pas feulement le droit de bourgeoifie , il perd abfolument les droits de cité , c'efl-à- dire tous les privilèges accordés auxhabitans du lieu ; & fi le banniffemcnt efl hors du royaume , il perd tous les ç^qis civils. On peut perdre les droits de cité fans per- dre la liberté , comme il arrive dans celui qu; eft banni ; mais la perte de la liberté emporte toujours la perte des droits de cité, voye^ Furgole , ces teflamens , tome I , page z^8. Dunod , traité de la main-morte , p. j^ , au mot Bourgeoisie. {A) CITEAUX ou CiSTEAUX , ( Hifl. des ordres relig.)C ijleriumou Cijhricum, Cifiel- lence monaperium , célèbre abbaye , chef d'ordre en Bourgogne , dans le Dijonois , diocefe de Châions , bailliage de Nuits , fon- dée par faint Robert , abbé de Moleme , des libéralités de Raynal , vicomte de Beau- ne , & d'Eudes , duc de Bourgogne. Cet ordre a donné quatre papes à l'églife , \ Eugène III , Grégoire VIII , Céleflin IV , Benoît XII, & quantité de cardinaux & de prélats. L'abbé de Citeaux a la jurifdidion ordi- naire fur les quatre premières abbayes appel- lées fes quatre filles , qui font la ferté-fiir- Grone dans le diocefe de Chàlons ; Ponrigni dans celui d'Auxerre ; Clairvaux & Mori- montdans celui de Langres.Les quatre abbés font les premiers pères de l'ordre. L'abbé de Citeaux eft le chef & lûpérieur général de tous les monafleres de fon ordre , qui étoient , avant la prétendue réforme , au nombre de 1800 d'hommes & de 1400 de filles, & auffi des ordres militaires de Calatrava, d'Alcantara , & de Monteze en Elp^gnc , d'Avis^ de Çhrifî çn Portugal. ' CI T Il a droit de convoquer le chapitre général de fon ordre à Citeaux : il y prélide , & dans l'intervalle il en a tout le pouvoir. Il efl con- ieiller né du parlement de Bourgogne. La bibliothèque renferme plufieurs ma- nu fcrits précieux , celui entr'autres d'une Bihle portée au concile de Trente par l'abbé Louis de Belfey , qui fervit à en donner une bonne édition. L'églife , très-belle , efl ornée de tom- beaux d'éveques , d'abbés , de grands fei- gneurs. On difîingue ceux de Gui de Ro- chefors , chancelier de France fous Charles VIII & Louis XII; de Philippe Pol , gou- verneur de Bourgogne ; de quatre fires de Vergi , de deux Seigneurs de Mont-Saint- Jean , trois de Vienne. Sous le portail on voit le tombeau du fondateur de l'abbaye & des autres ducs de la première race fes fuc-. cefîeurs ; enfin on compte trente princes ou princefïes de Bourgogne inhumés à Citeaux.. Le cœur du p?ipe Calixte II , mort en 1126 ^ eff derrière 1 autel. Alain , lurnommé le docteur univerfel , fut inhumé à Citeaux en 1294. Innocent IV , n'étant que cardinal de Fiefque , fut l'ami de l'empereur Frédéric ; devenu pape, il fiit fon mortel ennemi, & fiiivit les traces de l'orgueilleux Grégoire IX;. obligé de fuir la colqre de l'empereur, il fe retira à Gènes fa patrie : étant averti que le roi làint Louis devoit le rendre â Citeaux , ce pape écrivit au chapitre général une lettre étudiée , par laquelle il prioit tous les abbés qui s'y trou voient de conjurer le roi à mains jointes & à genoux , de le prendre ^ fuivant l'ancienflc coutume de France, fous fa pro- tedion, & de le défendre contre Frédiric qu'il nommoit fils de fatan : de plus il leur infinuoit qu'ils lui feroient plaiiir , s'ils en- gageoient le roi a le recevoir dans {ts états. Louis s'avançoit en effet vers Citeaux. Tous les abbés & la communauté , qui éroit de 5^9 moines, ayant appris fon arrivée, allèrent proceffionnellement au-devant de lui pour le recevoir & le conduire à leur monaf- tere. Le roi ayant été introduit dans le cha- pitre , après s'y être afiis au milieu des abbés & des feigneurs , fe recommanda aux priè- res des religieux ; alors tous à genoux , les mains jointes & avec larmes, lui firent la prière que le pape kur avoit prefcpite. C I T le roi s'étant mis à genoux devant eux ( que les i-ois font grands iorfque la piété les ' engage à le rabaifler ! ) , leur dit : >> Si je puis fans blei'ier l'honneur de ma dignité , me prêter à ce que vous me demandez , je dé- fendrai le pape coritre l'empereur Frédéric , & je lui donnerai même , pendant fon exil , un afyle dans mes états , pourvu que mes barons me le confeillent , parce qu'un roi de " France ne peut fe diipenler de luivre leurs avis ». ( Parole remarquable. ) Louis aflfembla donc les feigneurs de fon royaume pour les confulter : ceux-ci bien ^convaincus que la cour de Rome efl toujours à charge à fes hôtes, répondirent qu'ils ne foufFriroient point que le pape vînt s'établir dans le royaume. C'eft ainli que fous le gou- vernement d'un prince jeune & pieux , la fagefîê & la prudence vigilante des grands., conferve au roi la fplendcur de la majeiîé fans aucun mélange de l'éclat d'une puiflance étrangère, & aflbre à l'état fa tranquillité. Conformément à l'avis des lèigneurs , le roi fit entendre au pape qu'il ne devoit pas compter fur la France. Tout le monde crai- gnoit de le pofîéder ; il avoit auffi demandé en même temps au roi d'Aragon la permif- fion de venir en (es états : cette permilîion lui fut également refufée : dans fon embar- 'ras , le pape fongea à l'Angleterre , où il ne fut pas plus heureux : » J3ieu nous garde de la préfence du pape , répondirent les barons , il ne viendroit lui-même que pour piller les biens de l'églife & du royaume, w On raconte que le pontife s'écria dans un tranfport de colère : » Il fiut venir à bout "de l'empereur , ou nous accommoder avec lui ; après avoir écrafé ou adouci ce grand dragon , nous foulerons aux pies fans crainte les petits ferpens. n Ainiî Innocent , refufé par-tout , fe déter- mina à venir à Lyon , ville neutre , dont l'archevêque étoit feigneur : c'eft là où il tint un grand concile, où il excommunia Frédéric ; coup d'éclat qui eut de terribles fuites. Hiftoire des entreprifts du clergé ^ féconde partie^ page zo, l?-) ^7^7- Boileau , étant à la' (l/ite de Louis XIV , au voyage que ce prince fit à Strasbourg , paflà à Citeaux , où les moines le reçurent avec beaucoup de diftindion. Quand ils lui çuieat fait voir leur couvent /Tua d'eux lui GIT .75 demanda qu'il leur montrât donc le lieu oi\ logeoit la mollefîe , comme il l'avoit avancé dans fon lutrin. » Montrez-la moi vous-mêmes , mes pères , leur répondit-il en riant , car c'eft vous qui la tenez cachée avec grand foin. « Récréât, lut. Lyon , 1765 , en 4 vol. in-fol. On voit à Citeaux une bible corrigée par les foins de St. Etienne troifieme abbé , précieux monument du zèle que ce St. abbé avoit , afin que les religieux puifaflent la fcience du falut dans les fources les plus pures. Cet exemplaire corrigé de la bible ell de 1109. Il aflembla les abbés & prieurs de l'ordre en 11 19. ( déjà 12 abbayes. ) C'eil le fécond chapitre général. II y forma des ftatuts appelles Chanacharitatis ^ approuvés par une bulle du pape Calixtc II , datée de Saulieu en 11 19. Avant {a mort, arrivée en 1134, il établit 100 monaileres, 13 par Çts mains , le refte par celles de (ts difciples. Il choifit , avec le chapitre , Gui pour lui lùccéder : c'étoit un hypocrite qui fut dépofé un mois après , & Rainauld , difciple de faint Bernard , mis à fa place. La Charte de charité elî un ouvrage digne de la piété de faint Etienne & des premiers abbés de Citeaux. Cet écrit ne refpire que la charité , prefcrit les moyens de la conferver, & réunit entr'eux tous les monafleres pour n'en faire qu'un corps fous un même chef. Le chapitre , compofé de 10 abbés , approuva cette charte de 30 articles , adreffée à tous les abbés. En 1226 il y avoit déjà, plus de éo abbayes en France , puilque Louis VIII , dans fon teftament , fait des legs à 60 maifons de l'ordre de Citeaux. Je me fouviens , dit l'abbé d'Olivet dans une lettre de 1732 , à M. le préfid. Bouhier , d'avoir lu que l'ordre de Citeaux , alîemblé capitulairement au XIV ^ fiecle , fit un ftatut , par lequel il fut ordonné que , vu le grand nombre de leurs religieux qui avoient été 'mÇ- crits au catalogue des faints , ils n'en feroient plus canonifer, & cela : Ne multitudine fancli vdefcerent in or dine. Préface de la viedupere Vincent Caraffe, imprimée àLyonen 1^52. « C'efipar le même motif, obferve l'abbé à&s Fontaines , Tome V de fes jugemens y page zj^ , qu'un faint fut lùpplié autrefois en Italie de ne plus faire des miracles. » rojei Réforme. 17^ C I T CITER, {Jurif.) c'efl afllgner quelqu'un devant un juge d'églife. voyei^ ci-dej-'ant Citation. {A) CITERNE , f. f. {Arch, ) rëfervoir fou- terrain d'eau de pluie fait par art pour les di- vers befoins de la vie. On ne fauroit s'en paf^ fer dans plujlieurs pays maritimes , dans plu- fieurs endroits de l'Afîe , & d'autres parties du monde. Comme l'eau de toute la Hollande efl faumache, toutes les maifons ont des citernes , & il y en a qui font conflfuites avec ur)i foin , un goût & une propreté admi- rables, ^îais on dit que la plus belle citerne qu'il y ait au monde , fe trouve à Conftanti- nople. Les voûtes de cette citerne portent fur deux rangs de 2. 1 2. piliers chacun ; ces piliers , qui ont deux pies de diamètre , font plantés circulairement , & en rayons qui tendent à celui qui eft au centre. Ainfi un des plus grands avantages qu'on puifîê tirer de l'eau de pluie , c'eft de la ra- maffer dans des réfervoirs fouterrains qu'on appelle citerne , où quand elle a été purifiée en pafïant au travers du fable de rivière , elle fe conferve plufieurs années (ans fe corrom- pre. Cette eau eft ordinairement la meilleure de toutes celles dont on peut ufer, folt pour boire, foitpour l'employer à plufieurs ufages, comme pour le blanchilTage & pour les tein- tures , parce qu'elle n'ert point mêlée d'aucun fel delà terre , comme font prefque toutes les eaux des fpntaines, & même les plus ef Hmées. Ces citernes font d'une très-grande utilité dans les lieux où l'on n'a point d'eau de four- ce, ou bien lorfque toutes les eaux de puits font mauvaifes. Dans ce cas , ceux qui font curieux d'avoir de bonne eau , obfervent foigneufement de ne laifTer point entrer l'eau des neiges fon- dues dans la cite nie y ni celle des pluies d'ora- ges. Pour ce qui eft des neiges fondues , on a quelque raifon de les exclure àss citernes y non pas à caufe des (els qu'on s'imagine qui font enfermés & mêlés avec les particules de la neige , mais feulement parce que ces neiges demeurent ordinairement plufieurs jours , & quelquefois des mois entiers fur Içs toits des maifons , où elles fe corrompent par la fiente des oifcaux & des animaux , & plus encore par le féjour qu'elles font fur les tuiles y qui font ordinairement fort fales. Cependant les HoUandois parent i ces C I T deux derniers inconvéniens , en entretenant leurs toits avec propreté , en en éloignant les animaux , & en filtrant leur eau par des pierres ou des fontaines fablées. Ce feroit ici le lieu de parler de la conflruc- tion de leurs citernes , de leur maçonnerie , de leur revêtement de marbre , de leur cou- verture , de leur propreté , du choix des matériaux qu'ils y emploient : car ce n'efl pas afïêz pour former une citerne , que d'a- voir un lieu qui tienne bien l'eau , que les pierres & le mortier dont elles font jointes ne puilTent communiquer aucune qualité à cette eau qui y léjourne pendant un temps confidérable ; il faut encore de l'art dans la forme , dans lallrudure , dans lestondemens d'une bonne citerne ; mais ce détail me me- neroittrop loin , & feroit prefque inintelligi- ble fans les figures. Comme toutefois ce n'eft pas feulement dans des pays tels que la Hollande que Ïqs citernes font néceffaires ; qu'il y a quantité de villes, de lieux , de châteaux dans toute l'Europe , & dans ce royaume , où des ci- ternes feroient d'une très-grande utilité ; que d'ailleurs l'on ne peut douter par toutes les épreuves qu'on a faites , que l'eau de la pluie qui a été purifiée dans du fable de rivière , ne foit la meilleure de foutes celles qu'on puiffe employer : M. de la Hire a imaginé , & a communiqué au public ( mem. de Vacad. des Sciences , z 705. ) les moyens fuivans , pour pratiquer en tout ^^ysd^s citernes qui fourniroient à chaque maifon afîez d'eau pour l'ufage & \ts befoins de ceux qui y demeurent. Premièrement , il eft certain qu'une mai- fon ordinaire qui auroit en fuperficic 40 toiÇts , lefquelles feroient couvertes de toits , peut ramaffer chaque année 2,160 pies cubi- ques d'eau, en prenant feulement 18 pouces pour la hauteur de ce qu'il en tombe , qui eft la moindre hauteur que l'on obferve com- munément. Mais ces 2160 pies cubiques valent 75600 pintes d'eau ^ à raifon de 3Ç pintes par pié, qui eft la jufte mefure pour la pinte de Paris. Si l'on divife donc cp nombre de pintes par les 365 jours de l'année, on trouvera 2.00 pintes par jour. On voit par-là que quand il y auroit dans une mai- Ibn , comme celle qu'on fuppofe , vingt- cinq perfonnes, elles auroient huit pintes - d'eail C ï T tTcau cKacune à dépenfèr , ce qui eft plus que (uliîlknt pour tous les ufages de la vie. Il ne faut pas négliger un avis de M. de la Hire , fur le lieu & lur la manière de conf- çruire ces iortes de citernes dans les mailbns particulières. On voit dans pluliCiin; villes de Flandre, vers les bords de la mer, où toutes les eaux des puits font ialees & anie- res , à caule. que le terrain n*eft qu'un iable léger au travers duquel l'eau de la mer ne fe purifie pas , que l'on fait des citernes dans chaque maifon pour fon ufage particulier. Ces citernes ont lans doute de grands avan- tages , & elles font enterrées. Ce font des elpeces de caveaux où l'eau fe conferve mieux qu'à l'air ; car il eil vrai que l'eau , & fur- tout celle de pluie , ne le confervepas àl air , à cauie du limon dont elle efl remplie , qu'elle ne dépofe pas entièrement en pafî'ant par le fable ; qu'elle le corrompt , & qu'il s'y engendre une efpece de moullè verte qui la couvre entièrement. C'eli: pourquoi M. de la Hire voudroit qu'on pratiquât dans chaque maifon un petit lieu dont le plancher feroit élevé au-defîùs du rez-de-chaufTée de 6 pies environ : que ce heu n'eût tout au plus que la quarantième ou cinquantième partie de la fuperficie de la maifon , ce qui feroit dans notre exemple d'une toife à-peu-près. Ce lieu pourroit être élevé de huit à dix pies , & bien voûté , avec des murs fort épais. Ce feroit dans ce lieu que l'on placeroit un réfervoir de plomb , qui recevroit toute l'eau de pluie après qu'elle ' auroit pafTé au travers du fable. Il ne fou- droit à ce lieu qu'une très-petite porte bien èpaifïè , & bien garnie de nattes de paille , pour empêcher que la gelée ne pût pénétrer jufqu'à l'eau. Par ce moyen on pourroit dif- tribuer facilement de très-bonne eau dans les cuifines & les lavoirs. Cette eau étant bien renfermée ne fe corroraproit pas plus que fi elle étoit fous terre , & iie geleroit jamais. Son peu d'élévation au-deiîùs du rez-de-chaufî"èe ferviroit afiez à la commo- dité de fa diflribution dans tous les lieux du logis. Ce réfervoir pourroit être placé dans un endroit où il n'incomraoderoit pas par fon humidité , autant que ceux d'eau de fon- taine qui font dans plufieurs maifbns. Enfin il y a plufieurs autres endroits où de femblables réfervoirs artiftement conf- Tome Vin, fruits fuppléeroicnt aux befoins de la vie , par la pofition où l'on efl: de manquer d'eau & par l'éloignement où l'on fe trouve des fources & des rivières. Souvent nous laifTons perdre les bienfaits de la nature , faute d^ connoifTances pour en fivoir tirer parti. Art. de M. le chevalier de Jaucourt. CITHARE , . f. f. ( Hift. anc. & Luth. ) infiniment ancien , que quelques auteurs croifnr avoir été le mên:e que la lyre à fept ou neuf cordes ; & que d'autres regardent comme un inflrument difterent , mais fans en afiigner la ditierence. Selon les anciens monumens &: les témoi- gnages des Grecs & des Latins , elle étoit formée de deux côtés recourbés , «& imitant les cornes du bccut. Le bout des cornes ou le haut écoit tourné en dehors , & le btis ou l'origine des cornes , en dedans ; le tnilieu ou la partie compriie entre les extrémités recourbées , s'appelloit le hras ; les côtés ou montans étoient fycés fur une bafe creufè , deflinée à fortifier le fon des cordes. Ils étoient afîèmblés par deux travcrfes ; les cordes étoient attachées à la traverfe d'en- bas , d'où elles ailoient f e rendre fur des che- villes placées à la traverfe d'en-haut. La a- thare avoit une bafe plate & pouvoit fe tenir droite fur cette bafe\ c'étoit Uinffrument de ceux qui fe difputoient les prix dans les jeux pithiens ; ils s'en accompagnoient en chan- tant le fujet de leur chant , donné par les amphi<9;ions au renouvellement des fêtes cé- lébrées en l'hohneur d'Apollon , & en mé- moire de la défaite du ferpent Pithon. Il étoit divifé en cinq parties. La première étoit un prélude de guerre ; la "féconde, uiji com- mencement de combat ; la troifieme , un combat ; la quatrième , un chant de vidoire ; & la cinquième , la mort de Pithon & lesr fifflemens du monfîre expirant. Il paroît que la cithare & lef airs deftinés pour ct^ inf- trument , font plus anciens que la flûte & les airs de flûte. Les airs étoient en vers hexa- mètres. Terpandre plus ancien qu'Arch;'- loque , joua de la cithare par excellence : il tut vainqueur quatre fois de fuite dans les jeux pithiques. Il y en a qui prétendent que notre mot guitare ' vient du mot cithare y quoiqu'il n'y ait aucune reflemblarKe entra ces iiiflrumens. voye\ GuiTARE , LyRE, 1 & les mànoires des Infcript. 178 C I T CITHARÎSTIQUÉ, f. f. (Mw/^î/^-.) 'genre de mufique & de poéfie , approprié à Vaccompagnement delà cithare. Ce genre, dont Amphion , fils de Jupiter & d'Antiope, flit l'inventeur , prit depuis le nom de lyri- que. (S) CITHAROIDE,(y>A^/: dsanc.) chanfon qu'on-accompagnoitde la cithare, ou même un air propre ? cetinftrurr.enr. {F. D. C. ) CITHERON , {Myth.) roi de Flatëe en JBéotie , pafToit pour l'homme le plus fage de ion temps : il trouvi^i le moyen de réconcilier Jupiter & Junon. Cette dcef^e , piquée de quelques galanteries de fon mari , voulut rompre entièrement avec lui par un divorce public. Citheron y confulté iùr les moyens de faire revenir la déeiîè , confeilla à Jupiter de faire femblant de vouloir s'engager dans vn nouveau mariage ; le confeil fut fùiri & reuilir parfaitement. ( -h ) CÎTIA , f. m. {Hit^. nat. hot.) Les Bra- mes appellent de ce nom ^ de celui decnia tiuvadi une plante du Mahbar , affez bien gra^»ée, avec la plupart de Çqs détails, par Van-Hheede , au vol. VIÎT , plane. LIX y page ? 7 7 de fon Honus Malabaricus. Jean Commelin , dans fes notes fur cet ouvrage , l'appelle betx folio Malabarica , femine lappaceo. Les habitans de Ceylan la nom- ment uaal-karal litxbo ; c'eft le centaurium cillare minus , circece foîiis firmiorihus fpi- catis florihus ê maderafpaian , gravé en p:tit par Pîukenet , au n^. z delà planche LXXXII de fa pychographiè ; le Rachiar- pagophora de Vaillant ' le blluim fcandens ftuclu lappaceo , gravé par M. Burmsnn ,, plane. XVIII y n". 2 ;, de Ion Thefanms •Zeylanicus ; &: Vaehy rames 4 lappaeea y caule fruticcfo dijfufoyfpicd interruptajiof- culis lateralibus utrinque fafcieulo fetarum ancinato y de M. Linné , dans fon Syfiema natwûe y édit^ 2 Zy impî-imé en ^7^7, pag. Cette plante efl vivace , à racine lignetife , de quatre lignes de diamètre , & forme un buifîbn ovoïde pointu , haut de trois pies , tme fois moins large , à tige ramifiée de bas en haut de branches oppofées en croix , cy- lindriques , verd - rougeatres aux nœuds , luiiàiues» aiïcz ierrées, écartées ious un angle 4e trente, degrés au plus d'ouverture. Ses feuilles font oppoiées deu::: ideux en C I T croix , elliptiques , entières , pointues au?é deux extrémités , longues de trois à quatre? pouces , prefque deux fois moins larges, aflêz épaiffes , mais molles , lilîes , luifantes , rougeatres d'abord , enfuite verd-brunes , relevées des deux côtés d'une côte longitu- dinale rougefître , ramifiée de fix à huit paires de nervures alternes , & portées prçfqu'hori- zontalement fur un pédicule demi-cyhndri- que , fix à huit fois plus court qu'elles. ■Chaque branche ell terminée par un épi , une à trois fois plus long qu'elles , portant quinze à quarante paquets de fleurs lèflilcs , vcrd-rougeâtres , fphériques , de trois à qua- tre lignes de diamètre , difpofées d'une ma- nière tort lâche fur toute fa longueur , & accompagnées chacune d'une écaille cadu- que , une fois plus courte qu'elles , chaque paquet ell compofé de trois fleurs ouvertes en étoile de quatre lignes de diamètre ; lorfqu'il n'efl qu'en bouton il efl d'abord rouge , enfuite verd. . Chaque fleur efl hermaphrodite , polypé- tale , incomplète , a étamines réunies , & pofée autour de l'ovaire \ elle confifle en un calice de fept à huit feuilles elKptiques , pointues , concaves , vertes , une fois plus IcTngues que liirgzs , dont deux extérieures font ciliées de crochets en hameçans rougea- tres , fans corolle , & en cinq étamia es- rouges , réunies par la moitié inférieure de leurs filets en une membrane cyhndrique qui environne & touche immédiatement un petit ovaire fphéroïde , terminé par un flyle & un fligmate tronque , velu. L'ovaire en mûrifîant devient une cap- fuie ov(,ïJe , verdâtre , longue d'une ligne &: demie , membraneufe à une loge , ne s'ouvrant point , & contenant une. feule graine lenticulaire lifîe, brun-noire, luifante, attachée verriciilementaufond delà capfùle ^ chaque caplule efl enveloppée & cachée en- t éremcnt par k calice , dont les cro/chets en hameçon font écartés , de manière qu'ils form.ent de petites tctes , femblables à cel- les de la bardane , lappa y & qui s'accro- chent aux poils & laines à.QS animaux qui les touchent , ce qui fait apptller cette- plante du nom de coufin. Culmre. Le citia croit au Malabar & au Sénégal dans les terrr.ins fablonneux. Qualités, Il n'a ni faveur j ni odeur» - C I T JJfa^es, Sa racine piiée dans le petit lait ' s'applique fur les hëmorrhoïdes : ia poudre fe prend dans les coliques inteflinales. Remarques. Cette plante eft une efpece de pupal , & doit former un genre difiércnt du cadelari , du fclierubula &. del'ouret du Sénégal , toutes plantes que M; Linné a confondues ious le nom <ïachyrantes , nom de nouvelle fabrique , qui n^^ s'entend gutre , mais par lequel cet auteur a voulu défigner une plante pailleufe , ou à paillettes & écail- les , toutes idées qui ne fe préientent point en voyant cette plante à laquelle nous avons cru devoir laifler fon nom de pays. Le pupal forme un genre particulier dans* la première feclion de la famille des amaran- thes , près du cadelari , oxl nous l'avons placé. T^oje\T\os familles des plantes y i>oL II y page z€8. La figure de M. Burmann mnrque fur la tige de cete plante , au deiîbus de l'épi de fleurs , des épines en crochets pendans en bas , qui n'exificnt nullement , & qu'il faut fupprimer. ( M. Adanson. ) CITOCT^ , f. m. {Hifi. nat. bot. ) les Brames appellent de ce nom & de celui ^iindi y une efpece de ca/a/'j du Malabar , très-bien gravé , par Van-Rheede , dans fbn Uonus MalahancusyV. iV, pi. XXX IX , page 8 z y fous le nom de tsjeroif ponna y c'efl-à-dire , petit ponna. Les Portugais l'ap- pellent ponnaca pequeno ; les -Hollnndois cleyne geele gom appelen. J. Commciin dans ùs notes fur ÏHortus Malabaricus y le con- fond avec le kina de Ceylan. M. Burmann , dans fon Thefaurus Zeylanicus y imprimé en 1737 , le diflrngue eu kina y le regarde comme le hinkina de Ceylan, qu'il croît être le cornus Malaba) ica foliis nymphéas de Ray. Hifi. plantarum y page 2 ^JJ i le calaha citri folio fplendente de Plumier » noporum generum , page j^, pi. XXIII y & le kalophyllodendron indicum folio Ù fruâu minore de Vaillant', Mtmoires de l'académie , année lyii , page z8^ y &cn donne une bonne figure, mais incomplète , planche IX ^ pag. t JO y fous la dénomina- tion nourelle d*inophyllum Jîore quadrifdo. Inophylbim lignifie feuille (Iriée parallele- vatm & d'une manière ferrée comme dfi fibres mufcuîaires. M. Linné , dans fbn ^pecies plantarum j imprimé en 1753 1 P'^ë- C î T T79 $14 > ^ ^^^^ fon Syfiema nat. éc^ii'on 12 , imprimé en 17^7 , paj. "^Sz . adopte fidc<- lement toutes les citations de M. Bunr.anivy & défigne cette plante par le nom de cj/o- phyllutn y z calaba y foïiis cvatis oh tufs. Le citoSi cfc un arbre qui s'élève à la hauteur de 80 à 90 pies , à trône cylindri- que de douze pies de diamètre , fur 3c à 40- piés de longueur, couronné par une cime fphérique, compofée de nombre de bran- ches alternes , C} lindriques , couries , épri- ^ts , écartées fous un angle de 45 degrés d'a- bord , enfuite ouvertes horizontalement , à bois rougeâtre très - dur , recouvert d'une écorce épaifiè lifi'e, d'abord verte-, 'enfuite noirâtre. Sa racine a le bois brun , recouvert d'nneï écorce jaune dedans, & rougeatre au-dehori. Les feuilles font oppo^^es deux à deux en croix , elliptiques , obtufcs à leur extré- mité , pointues à leur origine , longues de deux A trois pouces , une fois moins larges , entières , épaiilcs , luifantes , verd - noires deflîis , plus claires dcfibus , jaune doré dans leur contour, relevées en-deuoas d'um^ore longitudinale , des deux côtés de laquelle partent 30 à 40 paires de nervures , comme oppofées , artachées d'abord fous un angle de 45 degrés d'ouverture , enfuite horizon- taL^nent fans-aucuo pédicule , à des diflances d'un pouce au plus , au nombre de deux à quatre paires au pjus fur chaque branche : chaque paire eff accompagnée de deux grands flipules concaves , elliptiques , qui tombent au moment de leur épanouilïêment. De l'aiflelle de chacune des feuilles fijpé- rieures , fort un épi oppofé aufC long qu'el- les , compoie dans fa moitié fupérieure de trois ou quatre paires de fleurs oppofées , avec une impaire terminale , blanches , ou- vertes en étoile, de fix à fept Hgnes de dia- mètre , & portées horizontalement fur un pédicule menu de cette longueur. Chaque Heur eft hermaphrodite, caduque» polipétale , régulière , à étamines très-nom- breulès , & pofée autour de l'ovaire; elle con- fifle en un calice à 4 feuilles & 4 pétales blancs orbiculairec ou hémiiphériques con- caves , & en cent étamines une fois plus courtes , vertes , à anthères jaunes , rappro- chées en une tête fphérique , envelopp;lut & cachant l'ovaire qui cil petit , fprtiérique , Ci 2i i8c C î T furmonté d'un %Ie blanc , égal aux^tâmi- nes , & terminé pfir un fligmatc Iphérique. L'ovaire en mûriflant devient une baie ovoïde , obtule , ailez lerablable à une cor- nouille , longue de fept à huit lignes , de moitié moins large , liffe , verte d'abord , enluite rougeâtre , à chair ferme ,. en écorce, à une loge , ne s'ouvrant point , & conte- rant un oflelet ou noyau dur , ovoïde, poinru par un bout , long de cinq lignes , & prefque de moitié moins large , à amande b?anc-jaunâtre. Culture, Le citocîï croît au Malabar y {\xt- tout auprès d'Arogattl , dans les terr.es fa- blonneufes ; il eft toujours verd , vit très- long-temps, porte pendant plus de trois cents ans une fois par an , lîivoir , en août & {èp- tembre. Qualités. Sa racine a une odeur forte &: iine fayeur aftrirîgente ; fes feuilles ont une faveur acide , & (ts fleurs une odeur fau- vage fans faveur ; (ts baies une douce aci^ dite , & fes amandes une laveur douce d'abord , enfuite amere. L'écorce de i^ts racines , de fes branches & de fon fruit , bleil^ , rend une liqueur vifqueufe , te- nace , jaune, citrlne, qui Je, coagule bien- tôt en réline. Ufages. Ses baies fe mangent & fonttrès- aflringentes ; de fes amandes féchées , on tire par expreffion , une' huile qui fe brûle dans les lampes; fès autres parties ne font d'aucun ufage en médecine. Remarques. D'après cette- defcription bien çirconflancié du ci tocHi y il cû facile de voir combien J. Coramehn , M. Burmann & M, Linné , fe font éloignés de- la vérité , en confondant cet arbre ; le premier ,, avec le kina de Ceylan , & les derniers avec le kinkina de Ceylan & le calaba de TAmé- rique. D'abord le kina ou kine y apporté de Ceylan par Hermann , n'eft pas , comme le penfe J. Commelin , la même efpece que le citocti ; car, lélon M. Burmann , ce kina ciî la même chofe que le bintangor , gravé par Rumphe , à la planche LXXI y page Zi6 y du volume II de fon Herbarium 'Amboinicum y & que le ponna , gravé à la planche XXXVIII y du volume IV de ÏHonus Malabaricus. Or, le bintangor a, î®, les feuilles obtufes aux deux extrémités , OIT mais; davantage k leur origine , longues de huit pouces',, une fois moins larges , de plus de cent paires de nervures , & portée? fur un pédicule cylindrique , dix à douze fois plus court qu'elles ; 2.°. fes épis de fleurs font une fois plus courts que les feuilles,; 3". fes fruits font fphériques , de deux pon- ces de diameiTé , jaunes , à noyau fphéri^ que , à une pointe d'onze à treize lignes de diamètre , jaunâtre. Le ponna du. Miilabar ne lui efl: pas pk^s fèmblable & diflere encore du bintangor. , comme une autre efpece ; car, i°. fes feuiir les , quoique de même grandeur que celles du bin ranger , font, ordinairement plus lar- ges à proportion , c'efl-à-dire , à peine de moitié, plus longues que larges, plus étroites à.lçur origine qu'à l'extrémité ; 2". fes épis de fleurs l'ont égaux à la longueur des feuille^; 3^*. fes fruits font i'phériques , d'un pouce, & demi de diamètre , rou0tres , à noyau- fphérique ,. blanchâtre , avec une pointe ,. mais de huit à dix lignes de diamètre. Si le arhor indica mali medicce ampjiorir- bus foliris Maderafpatana.y forte ponna feu ponnamaram horti Malabariti y voluminf IV y tabula 38 y cujus lacryma refinofa an fit fpecies guttœ gambi quaeritur à /, Commelino in notis y gravé par Plukenet , dans ia Photographie y planche CXL VII y n^. J y fans fleurs & fans-fruits , efl exaéle-? ment defllné ; quoique Plukenet & M, Linné le croient la même efpece que Iç ponna , il fera encore d'une autre efpece qui endifférera 1°. par fes branches quarrées ; 2°. par fes feuilles également pointues aux deux bouts, & une fois & demi à deux fois plus longues que larges., Le kinkina de Ceylan , que M.Burmana. compare au citocli y en diffère beaucoup.. 1°. Ses feuilles font également pointues aux deux extrémités , de moitié feulement plus longues que larges , flriées.ds cent paireç, de nervures & portées fur un pédicule cy- lindrique , cinq à. huit fois plus court qu'el- les. 2°. Ses épis de fleurs font une foisplu$ courts que les feuilles. 3**. Sts branches font quarrées. Enfln , le calaba de l'Amérique , gravé par Sloane , à la planche CC y n°. z > de fon Hifioire de la Jamaïque y fous Is nom de Terebinthus folio fingulari non Cï T aîato y romndo y fucculento y flon tetra- petalo pdllidè luteo y fruclu majore mono- ipyrenno y ne lui refîèmble pas davantage ; car , 1°. fes feuilles ,, quoique de même forme & de même nombre de nervures , difpoféesde même , ont depuis trois jufqu'à iix pouces de longueur ^ & un pédicule cy- lindrique de huit à dix fois plus court ; 2°. fes fleurs font jaunes ; 3**. (ts fruits ont l'of- felet'fphéroïde , de fix à fept lignes de dia- mètre & jaunâtre. •Le citoc^L efl donc une efpece particulière de calaba , différente de toutes celles avec lefquellcs les botanifles l'ont confondue ; & les noms rnodernes kcilophyllodendron y ca~ lophyilum , & inophyllum y doivent être fupprimés comme luperflus , cette plante ayant , comme fes congénères , un nom de pays plus fimple , plus facile à prononcer , & fous lequel elles font mieux connues que par les botanifles de l'Europe, qui n'en ont jamais vu que des morceaux ou des efquifTes très-imparfaites. Le calaba le range natu- r'^Uement dans la famille des cifles où nous l'avons placé.^ roye\ nos Familles des plantes y volume II y page /}.J^G. ( M. Adanson. ) CITOLE , ( Luth. ) efpece d'inflrument de mufique , dont le fon devoit être fort agréable, puifque Guillaume Guiart, poëte du XIII^. fieclè ,. dit ,. Qui le Roi de France à celé erre hnveloppafi de paroles Plus douces que fons de citoles. {F.D. C.) * CITOYEN, f. m. {Hifl. anc. mod. Droit publ.) c'efl celui qui efl membre d'une fociété libre de plufieurs familles , qui par- tage les droits de cette fociété , & qui jouit de (qs franchifes. VQye\ SOCIÉTÉ , CiTÉ , Ville franche , Franchise.. Celui qui réfide dans une pareille fociété pour quel- que affaire , & qui doit s'en éloigner, fon af- faire terminée , n'eft point citoyen de cette, fociété ;. c'en efl feulement un fujet momen- tané. Celui qui y fait fon fé jour habituel , mais qui n'a aucune part à Çts droits & fran- chifes , n'en efl pas non plus un citoyen. Celui qui en a été dépouillé , a cefféde l'être. , On n'accorde ce titre aux femmes, aux jeunes enfans , aux ferviteurs , que comme à de.s membres de La faiîiillsd'un citoyen C I T j^î proprement dit , mais ils ne font pas vrai- ment citoyens. On peut diffinguer deux fortes de citoyens y, [qs originaires & les naturalifes. Les origi-- naires font ceux qui font nés citoyens. Les naturalifes , ce font ceux à qui la fociété a accordé la participation à Ces droits & à, fçs franchifes, quoiqu'ils ne foient pas né^ dans fon fein. Les Athéniens ont été très - réfervés ;V accorder la qualité de citoyens de leur ville à des étrangers ; ils ont mis en cela beau— coup plus de dignité que les Romains : le titre àc-citoyen ne s'eft jamais avili parmi eux;; mais ils n'ont point retiré de la haute opi- nion qu'on en avoit conçue , l'avantage le; plus grand'peu;_-être , celui de s'accroître da- tous ceux qui l'arabitionnoient. Il n'y avoit guère à Athènes de citoyens y que ceux quv étoient nés de parens citoyens. Quand urii jeune homme étoit parvenu à l'âge de vingç ans , on l'enrégiffroir fur [e^ii^tsipyii(.ov y^stf.- fy.a.Tîiov ; l'état le comptoit au nombre de fes membres. On lui faifoit prononcer dans ceuG cérémonie d'adoption , le ferment fuivant à la face du ciel. Arma non de kone/iabo ; nec adfïantem y quifquis ille fuerit y focium relinquam; pugnabo quoque profocis Ù aris: folus Ù cum multis;patriam nec turbabo^nec prodam ; navigabo contra quamcumque def* tinatus fuero regionem ; folemnitates per-- petuas obfervabo ; receptis confuetudinibus- parebo y Ù quafcumque adhuc.populus pru* àenter Jhituerit y amplecfar ; ùji quis leges, fufceptas fujîulerit y nifi comprobai'erit y^ non permittam ; tuebor denique y folus Ù: cum reliquis omnibus y atque patria facra colam. DU Cognitores y. Agrauli y. Ènya-, lius y Mars y Jupiter y Floreo y Augefca duci./Plut. in pe rie. VoWX un prudenter qui ,, abandonnant à chaque particulier Is jugement des loix nouvelles , étoit capable de caufer bien àes troubles. Du refle , ce ferment efl très-teau & très-fage. On deverioit cependant citoyen d'Athènes par l'adoption d'un citoyen y & par le con* fentement du peuple-:, mais cette faveur n'étoit pas commune. Si l'on n'étoit pas cenfé citoyen avant vingt ans , on étoit cenfé ne l'être plus lorfque le grand âge empêchoît de vaquer aux fondions publiques. Il en étoit, de même des exilés & des banoii , à i8i CIT CTT moins que ce ne fut par rodracifme. Ceux? fujet & le citoyen ; ce qui c{[ vraî , en pre- qui avoient fubi ce jugement , n'ctoienr qu'cloignés. Pour conftituer un véritable citoyen ro- main , il falloir trois chofes : avoir fbn do- micile dans Rome , erre membre d'une des trente -cinq tribus , & pouvoir parvenir aux dignités de la république. Ceux qui nant le terme de fujet dans Ton acception llride ; & celui de citoyen dans Ion accep- tion la plus étendue ; & en confidérant que celui-ci efl par rapport aux lolx feules, ce que l'autre efl: par rapporta un fouverain. Ils font également commandés , mais l'un par un être moral , & l'autre par une perfonnc n'avoient que par concelilon & non par fphyfique. Le nom de a/q/f/i ne convient nia naifiance quelques-uns des droits du cicoyen, n'étoient , à proprement parler , que des honoraires. K. CiTÉ, JURISPRUDENCE. Lorlqu'on dit qu'il le trouva plus de qua- tre millions de citoyens romains dans le dé- nombrement qu'Augufle en fit faire , il y a apparence qu'on y comprend & ceux qui ceux qui vivent fubjugués , ni à ceux qui vi- vent ifolés ; d'où il s'cniuit que ceux qui bfolurrrent dans l'état de nature . vivent a comme les les fouverains ; & ceux qui ont par- faitement renoncé à cet état , cpmme Ici eljlaves , ne peuvent point être regardes comme citoyens i à moins qu'on ne prétende rélidoient aâuellement dans Rome , & ceux \ qu'il n'y a point de lociété raifonnable où il qui répandus dans l'empire , n'étoient que des honoraires. Il y avoif une grande différence entre un citoyen & un domicilié. Selon la loi de in- colis y la feule naifiance taifoit des citoyens, & donnoit tous les privilèges de la bourgeoi- iie. Ces privilèges ne s'acquéroient point par le temps du féjour. Il n'y avoit fous les con- fuls que la faveur de l'état , & fous les em- pereurs que leur volonté qui pût fuppléer en ce cas au déftiut d'origine. C'étoit le premier privilège d'un citoyen romain , de ne pouvoir être jugé que par le peuple. La loi Ponia défendoit de mettre à mort un citoyen. Dans les provinces mêmes, n'y ait un ^tre moral , immuable, & au- I deiiiis de la perlonne phylique , louveraine. ! Puliendorff', fans égard à cette exception , j a divilé (on ouvrage des devoirs en deux parties , l'une des devoirs de l'homiùe , l'au- tre des devoirs du citoyen. Comme les loixd.s fociétés libres de fa- milles ne font pas les mêmes par-tout , & comme il y a dans la plupart de ces fociétés un ordre hiérarchique conf f itué par les digni- tés , le citoyen peut encore être conlidére &c relativement aux loix de la lociété , & re- lativement au rang qu'il occupe dans l'ordre hiérarchique. Dans le fécond cas , il y aura quelque ditlërence entre le citoyen magif- il n'étoit point foumis au pouvoir arbitraire irat & le citoyen bourgeois ; & dai s le d'un proconlul ou d'un propréteur.' lue.ai-'is fum arrêfoit fur le champ ces tyrans fubalte|- nes. A Rome , dit M. de Monrefquieu , dans fon livre de Vefprit des loix , liv. XI , c/ijp. xix y ainfi qu'à Lacédémone , la liberté pour les citoyens & la fervitude pour les ef- claves , étoient extrêmes. Cependant malgré les privilèges , la puiffance & la grandeur de ces citoyens , qui faifoient dire k Cicéron ( or. pio M. Fonteio ) an qui amplijjimus Ga li,v cum infimo cipe romano comparan- ■ dus efi ? il me femble que le gouvernement de cette république étoit fi compofé , qu'on prendroit à Rome une idée moins précilé du citoyen , que dans le canton de Zurich. Pour s'en convaincre , il ne s'agit que de pefer avec attention ce que nous allons dire dans le refle de cet article. Hobes ne met aucune différence entre le premier , entre le citoyen d'Amllerdam & celui de Bâle. Arilfote , en admettant les diffinâions de fociétés civiles & d'ordre de citoyens dans chaque fociété , ne reconnoît cependant de vrais citoyens que ceux qui ont part à la" judicarure , & qui peuvent fe promettre de palier de l'état de fimples bourgeois aux pre- miers grades de la magillratui: ; ce qui ne convient qu'aux démocraties pires. Il faut convenir qu'il n'y a guère que celui qui jouit de ces prérogatives , qui foit - vraiment homme public ; & qu'on n'a aucun caradere dillindif du fujet & du citoyen , linon que ce dernier doit être homme public , & que le rôle du premier ne peur jamais être que celui de particulier , de quidam. Puffendortf, en rellreignant le nom de citoyen à ceux qui par une réunion première C I T de familles ont fondé l'état , & a leurs f fuccefleurs de père en fils , introduit une diitindion frivole qui répand peu de jour dans ion ouvrage, & qui peut jeter beau- coup de trouble dans une foacté civile , en diftinguant les citoyens originaires des naru- ralifés, par une noblelîe mal entendue. Les citoyens en qualité de citoyens y c'efl-à-dire dans leurs fociétés , font tous également no- bles ; la noblefîe fe tirant non des ancêtres , mais du droit commun aux premières digni- tés de la magiflrature. I/être moral (buverain étant par rapport au citoyen ce que la perlonne phyfique de{ potique efl: par rapport au fujet , & l'efclave Je plus parlait ne transférant pas tout ion être à fon fouverain ; à plus forte raifon le ; citoyen a-t-il des droits qu'il fe réferve , & | (dont il ne fe départ jamais. Il y a des occa- j lions où il fe trouve lur la mcme ligne , je \ ne dis pas avec les concitoyens , mais avec Fêtre moral qui leur commande à tous. Cet ctre a deux caractères , l'un particulier , & l'autre public : celui-ci ne doit point trouver de réfiftance ; l'nutre peut en éprouver de la part des particuliers , & fuccomber même dans la conteilation. Puifque cet être moral a des domaines , des engageraens , des fer- mes , des fermiers, &c. il faut, pourainii dire , difîinguer en lui le fouverain & le fujet de la louveraineté. Il eft dans ces occafions juge & partie. C'eft un inconvénient fans dpute ; mais il eu de tout gouvernement en général , & il ne prouve pour ou contre , que par fa rareté ou par fa fréquence , & non par lui-même. I! eft certain que les (ujets ou citoyens leront d'autant moins expofcs aux injuftices , que l'être iouverain phyfique ou moral fera plus rarement juge & partie dans les occafions où il fera attaqué comme par- ticulier. Dans les temps de troubles , le citoyen s'attachera au parti qui eft pour le (yflerae établi; dans les difîblutions de fv'ftêmes , il ftiivra le parti de fa cité , s'il efl uniinime ; & s'il y a divifion dans la cité , il embrafTera telui qui fera pour l'égalité des. membres & la liberté de tous. Plus les citoyens approcheront de l'égalité de prétention & de fortune , plus l'état fera tranquille : cet avantage paroît être de la démocratie pure j exdulivexnem à tout autre C I T 185 gouvernement ; mais dans la démocratie même la plus parfaite ,-fentiere égalité entre les membres eu une chofe chimérique , & c'ell peut-être là le principe de diflolution de ce gouvernement , à moins qu'on y remédie par 'outesles injullices de l'oflracifme. lien efl d'un gouvernement en général , ainfi que de la vie animale : chaque 'pas de la vie efl un pas vers la mort. Le meilleur gouverne- ment n'cil pas celui qui eft immorrel , mais celui qui dure le plus long-temps & le plus tranquillement. CITROENVISCH , Cm. (Hif}. nat. Ichtkyolog. ) poiflbn des îles Mojuques , aflêz bien gravé fous ce nom , par Ruyf ch , planche VI y 72®. 7 y page z z de fa collée-- tion nouveUe des poij/ons d^Amboine, Coyett l'avoit fait graver & enluminer plus de quinze ans auparavant , au «®. t 7 S de la féconde partie de ion recueil des poijjons d'Amboine , fous le nom de citron de la côte VAlforeefe. Ces deux auteurs lui ont attribué des na- geoires ventrales qui font de trop ; il a Je corps fphéroïde , pointu aux deux extréini* tés , long de deux à trois pies , du poids dé qumze a vingt livres , heriî^'é de cinquante à foixante épines coniques , longue^ , droi- tes , la fête & \es yeux petits , la bouche conique pointue. Ses nageoires font au nombre de cinq y favoir , deux peflorales médiocres , rondes \ une dorfale extrêmement longue , régnant le long du dos , plus baffe devant que der- rière, une derrière l'anus fon longue ; celle dé la queue triangiilaire tronquée. De ces nageoires il n'y a que celle du dos qui foit épmeui'è dans fcs neuf premiers rayons. , Son corps eft jaune-citron, entouré c'e fix lignes bleues circulaires , entre le^uclles on voit de chaque cote un rang de cinq épines bleues coniques ; les nageoire.^ font vertes , excepté la dorfale , dont la partie antérieure épirs'iuiè a fa membrane rouge ; la xeie eft pa- reillement rouge ; le bec jaune , la prunelle des yeux noire , entourée d'un iris, jaune. Moeurs. Ce poiflbn ie pêche dans la mer d'Amboine, autour de la cote d'Alforeelè , mais il n'y eft pas commun. Vfagk. Il a le goût de l'alofe : on te fume ordinairement coiutne du fauœoa j & oa le mange. iS4 CIT. Remarque. Le curocnvifch approche beau- coup du cofre orbis y mais il en ditlère adèz par la longueur de la nageoire . dorlale pour en être diitingué. (AT. Adanson.) CITRON, f. m. voy. Citronnier. CITRONNIER , f. m. citreum , ( Hijl hat. bot. ) genre de plante à fleur en rore. Le pilHl fort du calice , & devient dans la fuite un fruit ordinairement oblong', qui a une chair ferme qui eft divifée en plulieurs loges remplies de fuc & de vélicuîes. Ces cellules renferment aulfi des ièmences cal- leufes : ajoutez au caradere de ce genre, que les feuilles font fimples. Tournefort , infi. Tel herb. Voye^ PLANTE. (I) Citronnier, {Jardin.) du latin c/- treurri} citrumy malus medica. Plin. Virgil. Définition. Jllivfum retineîcitrus aureafrondis honorem; Malaquejloriferii hcereiu pendentia ramis , Vcris & autumni pukherrima dona. C'eft en effet cet arbre admirable , toujours verd , que le printemps confondu pour ainli dire avec l'automne , préfente à nos yeux chargé de fleurs & de fruits , dont les uns tombent par la maturité , tandis que d'autres commencent à mûrir , & d'autres commen- cent feulement à paroitre. Rival de l'oran- ger , & méritant peut-être la préférence , il n'en diffère que par fon fruit & par {q^ feuil- les , qui font larges & roides comme celles du laurier , mais fans talon. Jpfa ingens arbos ^ faciemque fimillima lauro : Etfi non alium latè jaBaret o dore m , Laurus erat : folia haud ullis labentia vends : Flos apprimè tenax : animas & olentia Medi ~ . Orafovent iîlo y Ù fenibus medicautur anhelis. Virg. IL Geog. v. i,^t. 5> L'arbre dont je parle , originaire de la » Médie , s'élève fort haut, & refTemble au y> laurier. Si l'odeur qui répand n'étoit pas >j différente , on pourroit aifément le con- w fondre avec le laurier. Ses feuilles féflf^ >5 tent au fouffle des aquilons , & fa* fleur efl » fort adhérente aux branches où elle eff n attachée. Les Medes s^a fervent pour C IT ' »> mettre dans la bouche une odeuf agréa- M ble , & pour fortifier 'les vieillards aflh- M mariqu.s.» I *S a defcription ( Geofroi , mat. méd. ) H ' eff médiocrement haut dans nos jardins. Sa racine elt branchue , & s'étend en tout fens : ; elle eff ligneulé , & couverte d'une écorce jaune en dehors , blanche en dedans. Son tronc n'eif pa^ tort gros^ ; fon bois efl blanc & dur ; ion écorce eft d'un verd pâle. Ses branches font npmbreules , longues , grêles & fort pliantes ; les plus vieilles font d'une couleur verte jaunâtre , & garnies de poin- tes blanchâtres : celles qui font jeunes ,' l'ont d'un beau verd gai ; i^extrémite des bran- ches & des feuilles efî fort tendre , & d'ua rouge brun. Ses feuilles approchent de la grandeur de celles du noyer ; elles font fouvent moufles , quelquefois pointues , & prefque trois fois plus longues que larges ; plus vertes en delfus qu'en delfous , légèrement dentelées en Idur bord , garnies de veines^qui viennent de la côte épaifiè qui elldans le milieu , quel- quefois ridées & comme bofTelées ; elles (ont en grand nombre , & durent pendant tout l'hiver, d'une bonne odeur, ameres : .elles paroifîent percées de trous , ou plutôt par- femées de points tranfparens quand on les regarde au foleil , de. même que celles du millepertuis. La plupart des fueilles ont une épine contiguë à laj)artie fupérieure , & voi- fine du bourgeon ; . a pointe de cette épine efl rougeâtre , verte c'ans le refle , fort roide , & afTez longue. Sts fleurs font en grand nombre au fbm- met des rameaux , où elles forment comme un bouquet ; elles font en rofe , cornpofées le plus fouvent de cinq pétales charnus , dif- polés en rond & réfléchis , parfemés de rouge en dehors , blancs dans tout le refle ; fbutenus par un petit calice verd , découpé en cinq quartiers , renfermant beaucoup de filets d'étamines blanchâtres ; & furmontés ' d'un fommet jaune. Ces fleurs ont une odeur foible , & font d'abord douceâtres , eniuite ameres : les unes font fertiles , ayant au mi- lieu à^s étamines , un piffil longuet , qui eff" l'embryon du fruit ; & les autres font ffériles , étant fans pistil : celles-ci tombent bientôt , & les autres fubfîflent. * ■ Ses fruits font fouvent oblongs , quelque- fois C IT fois /phérîqiies , d'autrefois pointus à leur ibmmet , quelquefois moulTes j leur fuper- ficie eft ridée &L parfemée de tubercules : fouvent ils ont neuf pouces de longueur , & quelquefois davantage j car ils varient en grandeur & en pefanteur. Quelques-uns pe- ïènt jufqu'à fix livres. Leur écorcc extérieure eft comme du cuir, mince , amerc , échauffante , verte dans le commencement , de couleur d'or dans la maturité , d'une odeur pénétrante. Leur écorce intérieure ou la chair , eft épaiffe & comme cartilagineufe , ferme , Llanche , douçàtre, un peu acide , & légèrement odo- rante , partagée intérieurement en plufieurs loges pleines d'un fuc acide contenu dans des vélicules mcmbraneufes. Enfin chaque fruit contient beaucoup de graines. Quelques-uns en ont plus de cent cinquante , renfermées dans la moelle véCi- culaire. Elles ibnt oblongues , d'un demi- pouce de longueur, ordinairement pointues des deux côtés , couvertes d'une peau un peu dure & membraneulè, amere , jaune en dehors, cannelée , & renfermant une amande blanche , mêlée d'amertume & de dou- ceur. Son origine, he citronnier., comme le prou- Tent fès noms latins , a été d'abord apporté de l'AlIyrie & de la Médie en Grèce , de-là «n Italie & dans les provinces méridionales de l'Europe. On le cultive en Sicile, en Por- tugal , en Efpagne , en Piémont , en Pro- vence , & même dans quelques jardins du nord , où il donne des fruits , mais bien in- férieurs à ceux des climats chauds. On cul- tive encore cet arbre à la Chine , aux Indes orientales & occidentales , & en Amérique , au rapport du chevalier Hans-Sloane. -Fbya^. ja la Jam. tom, II , pag. ij6, , Ses efpeces. Les botaniftes en diftinguent une dixaine d'efpeces principales , quoiqu'ils n'ignorent pas que les jardiniers de Gènes , qui en eft la grande pépinière pour l'Europe , font fi curieux d'étendre cette variété , qu'ils l'augmentent tous les jours. L'efpeee de citronnier la plus eftimée eft celle de Florence., dont chaque citron fe vend à Florence même cinquante fous de notre jnonnoie : on en envoie en prélènt dans les «différentes cours de l'Europe, Cette efîjece particulière ne peut venir dans fâ perfeîiion Tenu FIIL C I T ,î?y que dans la plaine qui eft entre Pife & Li- vourne ^ & quoiqu'on ait transporté ces for- tes de citronniers du lieu même en divers au- tres endroits choifis d'Italie , ils perdent tou- jours infiniment de cet aromate , de cette fineffe de goût que leur donne le terroir de cette plaine. Son ufage cke-^ les Romains. On ne man- geoit point encore de citron du temps de Pline j &: Plutarque rapporte qu'il n'y avoit pas long-temps qu'on en faifoit ufage en qua- lité d'aliment loriqu'il vint au monde. Au rapport d' Athénée , on regardoit alors les citrons comme une chofe d'un très-grand prix ^ on en enfermoit avec des hardes pour les garantir des teignes , & leur donner en même temps une odeur agréable : c'eft de- là fans doute que vient le nom de veftis ci- trofa. On mangeoit déjà le citron du temps de Galien , & Apicius nous a confervé la manière dont on Taccommodoit. Comme le citronnier eft enfuite par-tout devenu très-commun , on trouve dans les ouvrages des modernes un nombre immeniè d'oblêrvations fiir \^s vertus de cet arbre Sc de fbn fruit , dont plufieurs parties font d'u- fage en médecine. Voye^^ Citron [Ckymie.) Il y a des citrons qui font en même temps oranges , c'eft-à-dire que certain nombre; de côtes ou plutôt de coins ibiides , continués jufqu'à l'axe du fruit , font d'orange , & les autres de citron : ce nombre de côtes eft non feulement différent , mais quelquefois différemment mêlé en différens fruits. Eft- ce un effet de l'art , ou font-ce des efpeces particulières ? ( Hijî. de tacad\ des Se. 1711 & 171 2. ) Si c'eft un effet de l'art , feroit-ce par des pouflîeres appliquées à des piftils étrangers que cette merveille arrive ? On pourroit le fbupçonner fur des exemples ap- prochaus qui s'en trouvent chez quelques ani- maux , fi l'analogie du règne animai au végé- tal étoit recevablc en phyfique. Ce feroit bien-là une manière élégante d'avoir de nou- velles efpeces de fruit : mais il faut attendre les expériences avant que de prononcer. Il eft parlé dans les éphémérides d'Alle- magne ( Ephém. N. C. dec. I , ann. 9 , oBf.. 3 ; de'c. 1 , ana. 1 , oif. i i.j de citrons monf- trueux en forme de main ; t)(.leP. Dentre- colles ( Lett. édifiant, tome XX , page 301. j a envoyé de la Chine la figure d'un citrou Aa iS^ C l T nommé main de Dieu par les Chinois , 5c dont ils font grand cas pour fa beauté & pour fon odeur. Ce fruit eîl tel par fa forme , qu'on croit voir les doigts d'une main qui fe ferme \ & fa rareté a engagé les ouvriers chinois à imiter ce fruit avec la moelle du tong-ftao , qu'ils tiennent en raifon par di- vers fils de fer qui figurent les doigts. Le citron des curieux d'Allemagne venoit-il des fcmences de celui de la Chine ? ou fa forme venoit - elle de caufes particulières qui avoient changé ion efpecc ? Voici une autre fingularité , ou plutôt monftruofité bien plus étrange, dont parlent quelques auteurs. C'eft d'un citron qui naît enferme dans un autre , citrum in citro : inais d'abord il faudroit l'avoir vu ^ & peut- être quand on l'auroit vu , en abandonner l'explication : car il ne s'agit pas dans le fa.it d'un fruit double ou gémeau , & qui fe forme accouplé , lorfque deux boutons naifîent d'une même queue fi près l'un de l'autre , que les chairs fe confondent à caufe de leur trop grande proximité. C'eft ici , dit-on , un citron qui fort du centre de l'autre , ou plutôt c'eft ici peut-être un fait mal vu & mal rapporté. Ceux ^i en don- nent l'explication par l'abondance de la fevc , n'expliquent point le phénomène , parce qu'on ne com.prend pas que la force & la fécondité de la fève produifent de foi un citron contenu dans un autre , fans l'entre- mifè de fa queue , de fa fleur , & de tous ks organes dans lefquels la matière de la produâ:ion ordinaire du fruit eft préparée. Du Bois de citronnier des anciens. Il me refte à parler du bois de citronnier des an- ciens , qui étoit très-rare & très-eftimé à Rome. Il falloit être extrêmement riche & magnifique pour en avoir feulement des lits , des portes , ou des tables ^ c'eft pour- quoi Pline a écrit : on emploie rarement le bois de cet arbre pour les meubles , même des plus grands feigneurs. Cicéron en avoit une table , qui avoit coûté deux mille écus. Afînîus PoUio en avoit acheté une trente mille livres , & il y en avoit de plus de quarante mille écus ^ ce qui faifoit cette différence de prix , c'étoit ou la grandeur des tables , ou la beauté des ondes & des nœuds. Les plus eftiinées étoieat d'un feul nœud de racine» J C IT La promeffe qu'Horace fait à Vénus de la part de Maximus , lib. IV , od. j, Albanos prope te lacus Ponet jnarmorccm fub trabe citrea, » Il vous dreffera une ftatue de marbre dans )i un temple de bois de citronnier près du » lac d'Albe « : cette promeffe , dis -je , n'eft pas peu confidérable ; car un temple boifé de citronnier devcit être d'une prcdi- gicufc dépenfe. Ce temple de Vénus n'au- roit pourtant pas été le premier où ïoii auroit employé de ce bois : on n'a qu'à lire pour s'en convaincre Théophrafte , /. V, ch. V ; & Pline A XII , cA. xvj. Nous voyons par ce détail que je dois au P. Sanadon , qu'il ne s'agit pas icfdu bois de notre citronnier ; mais nous igno- rons quel arbre étoit le citrea d'Horace , nous ne le connoiffons plus. 11 eft parlé dans l'écriture du bois almM- gim. ( III liv. des Rois , ch. :r , v. xj. ) , qui a aufîi exercé tous les favans ;, les uns prétendent que c'eft le fabinier , d'autres l'acacia , & d'autres enfin entendent par almugim , des bois gras & gommeux : mais puifq-je c'étoit un bois rare que la flotte clHiratn apporta d'Ophir , &: qu'on n'avoit jamais vu jufqu'à ce jour-là , l'opinion la plus vraifemblable eft. que c'étoit du bois de thuya , comm.e l'a traduit la vulgate , c'eft-à-dire du bois de cèdre d'Afrique j parce que fiiivant toute apparence , le pays d'Ophir étoit la côte de Sophala en Afri- que. Ainfi peut-être que le bois almugim ou le cèdre d'Afrique , pourroit bien être le bois de citre d'Horace , fi rare , fi re- cherché par fa bonne odeur , fes belles vei- nes & fa durée. Auteurs anciens. Les littérateurs peuvent confulter ici Diofc. l.I^c. cxxxj. Théophr. hift. plant, liv, IV ., ch. iv. Athénée , liv» III, ch. vij, viij. Pall. R. R. liv. IV ^ tit, X ; liv. VIII, tit. iij. Plin. XII , iij ; XV , xiv, XXV iij ; XVI , XXV j ; XVII , x ., XVIII , vj. Geop. liv. X , c. vij , viij , jx. Macrob. // , faturn. xv. Paulus , lib. I , cap viij ; l. VII , c. iij , V. Sol in. c. xlvj ; falma^i exercit. Plin. 666. Apicius , /. / , c. xxj. Auteurs modernes. Et parmi les modernes, Commelinus ( Joh. ) in Hefperidibus Bel- gicis, Aug. Vindet i6j6 , foL en Jbollaadoi% C I T Ferrarius ( Joh. Bap. ) Hefperides. Romce , 1646 y foi. cum. fig. belle impreflîon , figu- res encore plus belles , ouvrage excellent , édition originale. GcofFroi , Mat. méd.tom. F7, très-bon. Grube ("Herman ) analyfîs mali citrei. Hafniœ^ 166% , //z-8°. Ham. i6j/\. , 1/1-4°. compilation des plus médiocres. Jovianus ( Joh. ) Aoni Hefperidum , lib. II, Bafiiece, 1538, //z-8^ Lanzonus ( Jofèph. ) citrologia Ferra- ri cj^ ^ 1690 , in-ii. Ce petit traité fe re- trouve dans le recueil de fès ouvrages. Nati ( Pétri ) obfervatio de malo limo- nia citratâ aurantiâ , vulgo la bifarria dicla. Florent. lôj^^ in-4°.figur. Steerbeek ( Franc. ) citri cultura Antverp. 168 2 5 iti-^. en flamand , avec de belles figures. Wolcliammer ( Jof. Chriftoph. ) Uefpe- ridummorib.lib. IV ^'Noriberg. 171 3 7 in-fol. C'eft ici la traduction latine de l'ouvrage de cet auteur , qui fut d'abord publié en allemand, & imprimé à Nuremb. en 1708 in-fol. bon. On peut confulter Hoffman ( Frider. ) dans fes ouvrages fiir l'utilité du citron en fanté & en maladie. Ferrari , entr'autres bonnes chofes , a trai- té avec beaucoup d'érudition 8c de connoif- fance , de la culture du citronnier , qui in- térefTe la botanique pratique. Cette culture demande à- peu-près les mêmes foins & la même méthode que celle de l'oranger , com- me le remarque Miller. Voye[ Oranger. Nebelius a donné l'anatomie du citron : & Seba, le fquelette de la feuille de l'arbre. Ther. t. I , pi. 4. D'un autre côté M. Geof- froi , maître dans fon art , a enièigné le procédé de tirer le fel elTentiel du citron , en faifant évaporer le fuc jufqu'à confiftance de firop clair. Il a aufTi trouvé une troifieme manière de tirer l'huile effentieile du ci- tron , qu'il met au deffus des deux métho- des dont nous avons parlé. Foyf:( les mém. de tacad. des fcienc. ann. 172 1 & 1738' ( M. le chevalier de Jaucovrt. ) Citron NIER. ( Câym. Diète. Mat. méd. Fharmac. ) la pulpe ou la chair & le flic du citron , fes pépins & fon écorce , four- jaifFent différens remiCdes à la médecine. Le fuc de citron doit être rapporté à la CIT 1S7 cîalTe des fubftances végétales , muqueufes , & au genre de ces fubftances qui contien- nent un excès d'acide qui les rend peu pro- pres à fiibir la fermentation vineufe lorf- qu'on les y expofe fans mélange , mais qui peuvent fervir très-utilement à corriger des liibftances de la même clafle , qui pèchent au contraire relativement à l'aptitude à la fermentation vineufe par un défaut d'acide : le fuc de citron eft même un extrême dans cette efpece. Voye^ MuQUEUX , VlN , 6* ZiMOTECHNIE. Le fiic de citron eft employé à titre d'a- cide & comme précipitant dans certaines teintures ^ par exemple , dans celle qui eft faite avec le fafranum , dont la partie colo- rante eft extraite par un alkali fixe. Le fuc de citron fèrt encore dans le même art à arriver ou exalter certaines couleurs. Voye[ Teinture. Ce fuc a des ufages plus étendus à titre d'aliment & de médicament j il fournit ua afîkifonnement falutaire &c fort agréable, que les Allemands fur-tout emploient dans prefque tous leurs mets , foit exprimé , foit plus ordinairement avec la pulpe qui le con- tient , & même avec l'écorce , & dont l'einploi eft beaucoup plus rare dans notre cuifine. C'eft avec le fuc de ce fruit étendu danf une fliffifante quantité d'eau , & édulcoré avec le fuc , qu'on prépare cette boillon fi connue fbus le nom de limonade , qui efl fans contredit de toutes les boiiTons agréa- bles celle qui peut être regardée comme le plus généralement falutaire. V. Limonade, Le fùc de citron eft rafraîchiffant , diu- rétique , ftomachique , antiputride , anti- phlogiftique, regardé comme très-propre 3 préfèrver des maladies contagieufes ^ quoi- qu'il faille avouer qu'à ce dernier titre il eft moins recommandé que le citron entier ^ qui eft cenfé opérer par fon parfum. L'u- tilité médicinale la plus évidente du fiic de citron confifte à prévenir les incouvéniens de la chaleur extérieure, dépendante des cli- mats ou des faifoHs. Les habitans des pays très-chauds retirent de fon ufage des avan- tages conftans , qui fourniffent une obfêr- vation non équivoque en faveur de cette propriété : celle de calmer efticacement les fièvres inflammatoires & putrides , n'eft pas Aa z i«8 C 1 T il conflatéc à beaucoup près. Voye^ FiEVRE. Le icorbut appelle fcorbut de mer , eil guéri très-promptemeut par Tufage des ci- trons : toutes \(^?, relations de voyages de long cours donnent pour un fait confiant la guérifon prompte & infaillible des ma- telots attaqués de cette maladie , même au dernier degré , dès qu'ils peuveat toucher à un pays où ils trouvent abondamment é.e.% citrons, ou autres fruits acides de ce genre , comme oranges , ùc. Mais jufqu'à quel point cet aliment médicamenteux ope- re-t-il dans cette guérifon ? Ne pourroit-on pas l'attribuer a plus jufte titre aux viandes fraîches , & à toutes les autres commodi- tés que ces malades trouvent à terre , à l'air de terre , & fès exhalaifbns même , félon la prétention de quelques obfervateurs ? Tout cela neparoît pas affez décidé. V. Scorbut. Les apothicaires gardent ordinairement du flic de citron dans les provinces où ils ne peuvent pas avoir commodément des ci- trons dans tous les temps de l'année. Ce fuc le confervefort bien fous l'huile, étant tenu dans un lieu frais : il fubit pourtant une légère fermentation qui le dépure & le rend très-clair , mais qui altère un peu fon goût ^ Ce qui eft évident par l'impofîibilité de pré- |>arer avec ce fuc ainfi dépuré , une limo- jfiade aufTi agréable que celle qu'on prépare jJtvec le fîic de citron récemment exprimé. C'eft avec le fùc de citron dépuré qu'on prépare le fîrop appelle firop de limon ; car on ne diflingue pas le citron du limon dans 4es ufàges pharmaceutiques : on fe fert 4nême plus ordinairement du premier , .parce qu'il efl plus commun. Pour faire le fIrop de limon , on prend une paitie du fuc de citron dépuré par le léger mouvement de fermentation dont nous venons de parler , & deux parties de beau fucre blanc qu'on fait fondre dans ce fuc , à l'aide d'une chaleur légère, au bain-oia- rie , par exemple , dans un vailfeau de faïence ou de porcelaine. N, B. i°. qu'on peut employer un peu moins de flicre , parce que la confiftance exadsrement fîrupeufe n'efl pas néceffaire pour la confèrvation des fucs acides des fruits , 6c que cette moin- dre dofc fournit la commodité de faire fon- dre plus aifément le fucre fans le fecours «le la chaleur j avantage ^ui n'efl pas à né- C I T gliger pour la perfeâion du firop : i*'. qu'on gagneroit encore du côté de cette perfec- tion , pour ne perdre que du côté de l'élé- gance de la préparation , fî l'on employoit du fuc non dépuré Se récemment exprimé ,. au lieu du fuc dépuré qui ne peut être récent. Les médecins allemands &: les médecins anglois emploient affez communément l'a- cide du citron combiné avec différentes ma- tières alkalines : les yeux d'écreviffes citrés, \gs alkalis fixes faoulés de fuc de citron , font des préparations de cette efpcce. Mais nous ne connoifTons par aucune obfervatioii fuffifante les vertus particulières de ces fèls neutres , qui ne font d'aucun ufage dans la. médecine françoife : le premier paroît fort analogue au fèl de corail , quoiqu'il ne faille pas abfolument confondre l'acide végétal fermenté avec l'acide végétal naturel : & le fécond a précifément le mêmie degré d'ana- logie avec la terre foliée de tartre. Le médecin , en prefcrivant le iîic ou le firop de citron dans les mélanges, ne doif pas perdre de vue fa qualité acide , qui le rend propre à fe combiner avec les matiè- res alkalines , foit terreufes , Ibit falines ,. & à coaguler le lait & les émulfions \ il doit fe fouvenir encore que les chaux d'an- timoine , l'antimoine diaphorétique lui- même, font rendus émétiques par l'addi- tion des acides végétaux. Meuder recommande , dans fon traité- des teintures antimoniales , celle de CQS tein- tures qu'il appelle vraies , qu'on peut tirer de ce demi-métal par le moyen des acides végétaux , & particulièrement celle qu'on prépare avec le fuc de citron. Voy. Anti- moine. L'écorce jaune de citron a un goût amer y vif & piquant , dépendant principalement de la grande quantité d'huile effentielle qu'elle contient dans de petites véficules très-fenfibles ^ & en partie aufîî d'une ma- tière extraélive foluble par l'eau. Cette écorce , fbit fraîche , foit féchée ou confite , efl cordiale , flomachique , antiliyflérique ,, carminative , vermifiige , &€. on en fait un firop connu dans les boutiques fous le nom. de firupus flavediimm citrei. En voici la préparation. Prenez des zeflcs de citron ou de limon , cinçr onces j de l'eau bouillaiite;^ une livre : fai- C I T tes macérer pendant douze heures au bain- marie dans un vailTeau fermé , & ajoutez à la colature le double de fucre fin , fur le- quel on prendra environ une once pour en faire un eUofaccharum avec l'huile eilcntielle du citron \ eUofaccharum qu'on fera fondre au bain-marie avec le reile du fucre , & votre firop fera fait. Ce iîrop ne participe que bien foiblement de la vertu de lecorce jaune de citron. On tire l'huile elfentieile de citron par des procédés fort fim.ples, &: par là même fort ingénieux. V. HuiLE ESSENTIELLE. L'huile elTentielle de citron polTede émi- nemment les vertus que nous avons attri- buées à fon écorce. La plupart de ces pro- priétés font communes à toutes les huiles elîéntielles \ mais celle-ci par la douceur & le gracieux de fbn parfum , fournit à la phar- macie une matière très-propre à aromatifer certains médicamens. On l'emploie dans cette dernière vue fous la forme d'un eko- faccharum. Voyez Eleosaccharum. Boerhaave dit qu'on einploie avec beau- coup de fuccès l'huile des écorces de citron dans les palpitations du cœur , qui dépen- dent d'une humeur aqueufe-froide , & d'un muqueux inaâif , ab aquofo frigido , ù inerti mucofo ; caufès qui figurent on ne peut pas mieux, pour l'obferver en pafîant , avec le vifqueux , ou l'alkali Ipontané , l'acrimonie méchanique , &c. Le même auteur célèbre beaucoup aufli l'eau retirée parla cohobation des écorces de citron , contre les vents , les fyncopes , les langueurs , & les mouvemens irréguliers du cœur. On tire aufll des zeiles de citrons, parle moyen de la diftillation , une eau fimple & une eau fpiritueufe , connue fous le nom à'efprit de citron. Voye[ Eau DISTILLÉE j yoyei aujji EsPPaT. Cette eau aromatique fpiritueufe , fi con- nue fous le nom ^eau fans pareille , n'eft autre cliofè que de l'efprit-de-vin chiirgé «d'une petite quantité d'huile eflentielle de citron , que l'on difTout goutte à goutte & en tâtonnant , jufqu'à ce qu'on ait atteint au à&%Té de parfum le plus agréable. L'autre partie de l'écorce de citron , qui cft connue fous le nom à'écorce Blanche , -palTe pour vermifuge & litjiontriptiq^ue j C I T 1^5? mais Ton peut douter de ces deux propriétés, fiir-tout de la dernière. Voici ce qu'on trouve fur les graines de citron , dans la matière médicale de M. Geof^ froi. « On croit que les graines de citron font alexipharmaques ; on les emploie dans quel- ques conférions alexiteres : elles font mou- rir les vers de l'ellomac & des inteflins : qWqs excitent les règles, diiTipent les vents , atté- nuent & divifènt les humeurs vifqueufes. On en fait des émulfions vermifuges & cordia- les , dans les maladies d'un mauvais carac- tère & peflileiitielles. » On fait entrer ordinairement le citron entier coupé par tranches dans les infufîons purgatives , connues dans les boutiques fous le nom de tifannes royales. V. PuRGATIF. « On vante beaucoup , dit M. Geoffi'oi , les citrons dans la pefte & les maladies con- tagieufes , pour détourner la contagion 3 on porte continuellement dans {ç.s mains un citron feul , ou percé de clous de girofle ^ on le flaire & on le mord de temps en temips : mais il faut avouer , ajoute cet auteur, qu'on ne détourne pas tant la contagion par ce moyen , qu'on appaifë \q% naufées & \^% en- vies de vomir qui viennent des mauvaifes exhalaifbns des malades , ou de l'imagina- tion qui eft bleifée j ce qui afFoiblit l'eltomac & corrompt la digeflion. n Les différentes confitures de citron , telles que les petits citrons entiers , les zefles & l'écorce entière , font d'affez bons analepti- ques , ou des alim.ens légers , ftomachiques & cordiaux , que l'on peut donner avec fuc- cès aux eonvaiefcens & aux perfonnes qui ont l'efloraac foible , languilfant , & en même temps peu fenfible. Il faut obfèrver pourtant que cette écorce de citron verte , très-épaiffe, qu'on nous apporte toute confite de nos îles , doit être regardée non feule- ment comme polFéciant à un degré très-infé- rieur \&s qualités que nous venons d'attribuer aux autres confitures de citron , qui font pks aromatiques que celles-ci , mais même comme fort indigefie , au moins pour les eflomacs foibles. On trouve dans \^^ boutiques àii apothi- caires un élc£i:uaire iblide , connu fous le nom ^élicluaire ou à^ tablettes purgatives de citron. Voici comme elles font décrites tUiiiS la pharmacopée de Paris» • i^o C I T Prenez écorce de citron confite , confèrve de /leurs de violette , de biiglofe , de chaque dc:rii-oiice , de la poudre diatragacanthe froide nouvellement préparée , de la fcam- monée choifîe , de chaque demi-once j du turbith , cinq gros , du gingembre , un demi-gros -^ des feuilles de fcné , fix gros ^ de la rhubarbe choiiie , deux gros & demi ^ des girofles , du fantal citrin , de chaque un fcrupule : faites du tout une poudre félon l'art j après quoi vous ferez cuire dans de l'eau de roies dix onces de beau fucre en conlîftance requilë pour former avec les con- ferves & la poudre , des tablettes que l'on confervera dans un lieu fec , parce qu'elles font fujettes à attirer l'humidité de l'air , à iè moifir. Ces tablettes purgent aflez bien à la dofe d'une demi-once ;, on peut même en donner fix gros aux perfonnes robuftes. Mais l'ufage de ce purgatif a été abandonné , apparem- ment parce qu'il eft fort dégoûtant, comme toute préparation pharmaceutique qui con- tient beaucoup de poudre , & qu'on ne peut faire prendre que délayée dans de l'eau j mais on devroit au moins le prefcrire aux perfonnes à qui leur fortune ne permet pas d'être fi difficiles ; car ce remède coûte très- peu , il purge très-bien , & avec auffi peu de danger que les médecines magiilralcs un peu aciiives. Le citron entier , fon écorce jaune , fon fiic , Ùl pulpe , Tes graines , fon eau diftillée , fon e/prit , &c. entrent dans un grand nombre de préparations pharmaceutiques officinales, (fi) CITRON VISCH , f. m. {H//, nat. îchthyo- log. ) Ruyfch a fait graver encore fous ce nom , au /z° 8 de la VI*. planche de fa col- leclion nouvelle des poijfons cTAmboine , un autre poifîbn des mêm.es mers , qui diffère du précédent-, en ce que , i*^. fon corps n'a pas d'épines j 2°. fa nageoire dorfalc eft plus haute devant que derrière , & n'a que deux épines à fa partie antérieure 3 3°. fà nageoire anale à deux épines au devant ^ 4°. fa queue €ft fourchue jufqu'aux trois quarts de fa lon- gueur j 5°. fon corps eft jaune , marqué de chaque côté de trois bandes obliques bleuâ- tres , bordées de verd. Remarque. Ce poiffon fait encore un genre différent du précédent dans la même famille ^es cofres, M. ADAHsoti, ) C I T CITROUILLE, f f ( Bot. ) plaate eu- curbitacée , en latin citrullus 6c anguria ojf, & en françois connue fous le nom de pafleque. Ses racines font menues , droites , fiijrées , & chevelues : elle répand fur terre des far- mens fragiles , velus , garnis de grandes feuilles découpées profondément en plufieurs lanières rudes & hériffées. Il fort desaiffelles des feuilles des vrilles & des pédicules qui portent des fleurs jaunes, en cloche, évafées, divifées en cinq parties , dont \<&s unes font fliériles &lcs autres fertiles *, ou appuyées fur un embryon qui fe change en un fruit arron« di , fi gros qu'à peine peut-on l'embraffer. Son écorce eft un peu dure , mais liffe , unie , d'un verd-foncé , & parfemée de taches blan- châtres , ou d'un verd gai. La chair de la citrouille ordinaire eft blanche ou rougeâtre , ferme , & d'une faveur agréable. Sa graine eft contenue dans une fubftance fongueufè r|ui eft au milieu du fruit : elle eft oblongue, large , applatie , rhomboïdale, jaunâtre , ou rougeâtre , ridée , garnie d'une écorce un peu dure , fous laquelle fè trouve une amande blanche, agréable au goût , comme cellede la courge. On cultive la citrouille dans le» potagers ^ fa chair eft bonne à manger. On mange la chair de citrouille cuite , & on la prépare d'une infinité de manières dans les cuifines : on fait même du pain jaune avec la pulpe de citrouille & la farine de froment. La citrouille croît fans culture dans les pays chauds , tels que la Fouille , la Calabre ^ la Sicile , & autres contrées méridionales. On la fem.e dans les pays du Nord , & elle y porte du fruit \ mais il arrive rarement à une parfaite maturité. Les jardins d'Egypte font remplis de citrouilles^ qui varient beaucoup, & différent les unes des autres : c'eft dom- mage qu'ellesnepuiffentpas réuffir enFrance. Profper Alpin en parle. Belon fait mention de quelques-unes dont les fruits font extrê- mement gros. M. Lippi y en a auffi obfervé plufieurs e/pcces fort particulières. Mais il n'y a point d'endroits où la citrouille profite mieux qu'au Bréfil , & où fa pulpe foitplu* douce & plus fùcculente. On appelle à Paris citrouille ^\t pepo oblon* gus^ de C. Bau. & de P. Tournef. c'eft pour- tant une autre plante cucurbitacée , différente de celle qu'on vient de décrire j mais il (\d* C I T ïïfa d'indiquer ici les cara6lercs. S-s fleurs font monopétales , découpées en forme de clocihe , évafées au fommet , & échaiicrées en cinq parties ^ les unes font mâles & les autres femelles : les femelles croilî'ent au fommet de l'embryon , qui devient enfuiïe un fruit ilicculent , long- ou rond , revêtu d'une écorce rude , inés^ale , raboteufè , lil- lonnée , couverte de nœuds & de verrues , divifée fouvent en trois loges qui renferment àes graines applaties , & comme bordées d'une manière d'anneau. Ce:te plante elt devenue très-commune dans nos jardins , & même il n'y a pas de plante potagère dont la (èmence levé plus aifëment , ik fe conferve plus long-temps avec la faculté de fructifier. (M. le chevalier de Javcovrt. ) Citrouille, {Mat. méd.) la femence de la citrouille , qui cil la feule partie de cette plante qui foit en ufage en médecine , eft une des quatre femences froides majeures. Voyei SExVIENCES FROIDES. L'Jiuile qu'on retire des graines de ci- trouille paffe pour amollir la peau , la ren- dre unie 5 & en effacer les taches. Citrouille, {Diète.) quelques perfbn- iics mangent toute crue la chair de citrouille qui efl fous l'écorce \ mais le plus fouvent on ne la mange que quand elle eft cuite, tlle donne très-peu de nourriture : elle pro- duit un fang aqueux qui adoucit les inflam- mations des parties internes , & temjpere l'acrimonie & l'eifervefcence de la bile. On la prépare d'une infinité de manières dans les cu'ifînes. On la rôtit , on la frit , on la fait bouillir , on l'aiî'aifonne avec le beurre , le lait , le fel , les oignons , le fucre , & avec des aromates ^ & même on fait du pain jaune avec la pulpe de citrouille mêlée avec de la farine de froment : il a une faveur douce , & il efl rafraîchiffant &; falutalre. GeofFroi , Mat. médicale, {b) CITTA-DELLA-PIEVE, (G/o^.) petite ville d'Italie dans TOmbrie. CITTA-DI-CASTELLO, {Géog.)vï\\Q d'Italie dans l'Ombrie , fur le T ibre» Long. 29, 53 ;lat. 43 , 28. ^ CITTA-Dl-SOLE, ( Géog. ) petite ville d'Italie fortifiée , dans la Tofcane , flir la rivière de Fagone. CITTA-NUOVA, C G/og^, ; viUe d'Italie fiir la côte d'Iibrie : elle appartieat aux Yénd- CIT 191 tiens. Il y a un é vêché fuiîrajant d' Aquilée. L 2 mau\ais air qui y règne eiî: caufe qu'elle elt mal peuplée. Long. 37. 23. lat. 45. 30. Il y a encore une autre ville du même nom avec le titre de duché , dans l'état de l'égliië , marche d'Ancone , fur le golfj de Venife : elle appartient à la maifon Cé- iiiriui. CITVISCH , f. m. (HiJI.nat.lchthyolog.% poiiîbn des Hqs Mohiques , allez bien gravé , par Ruyfch , dans fa colkclion nouvelle des poijfons £Amboine ^page 1^^ planche I^ILL ^ fig. I. Coyetî en avoit fait graver & enlu- miner une très-bonne figure , au /z". 169 de la féconde partie de ion recueil des poif- fons d'Amboine , fous le nom hollandois chietfevifch ou la toile peinte , du mot chiets ou cits , qui fignifie toile peinte des Indes. Il a le corps elliptique , pointu aux deux extrémités , cxtrcmenient comprimé par les côtés , une fois plus long que profond j la tête & la bouche petites , les yeux mcdiO' crement grands. Ses nageoires font au nombre de fêpî , fàvoir , deux ventrales m.enues , longues , placées au delFous des [>e£l;orales qui font rondes &c médiocres ^ une dorfale fort lon- gue fendue en deux , plus Laiîe devant que derrière ^ une derrière l'anus alTcz longue , & une à la queue arrondie. De ces nageoi- res deux font épineufes , fàvoir , la dor- fale qui a un rayon antérieur /impie , bc l'anale dont deux rayons antérieurs font ea épine. Son corps efl jaune , entouré de. dix ban- des circulaires rouges , &: bordé de bleu en delfus Se en delTous ^ fa tête eft entou- rée d'un cercle bleu ^ ks nageoires font ver- tes , à l'exception de ladorfàle qui eft noi- re , pointillée de blanc , avec fon rayon épineux bleu & fa membrane jaune , &: celle de l'anus qui a à Ion milieu un demi- cercle jaune , & un bleu entourés d'un de- mi-cercle rouge. Les deux rayons épineux de cette dernière nageoire fout pareiileinen*t bleus. Mœurs. Ce poifFon eft très-rare & fê pè- che dans la mer d'Amboùie feulement , au- tour de l'île des trois Frères. Ufages. Il eft fort bon à manger 5 maî« comme il n'eft pas fort commun , ou l'envoie paf curlQilté ; à caufe de la beauté de iè» i5>i C I V couleurs . à Batavia & ailleurs , dans des va- fes de par:elaine , mais il rcllfte difficile- ment à la longueur du voyage. Remarque. Le citvifch a tous les caractères généraux & principaux du douwiiig , dont il eil une elpece , & dont le genre appar- tient à la famille des Icares. Quoique fou nom fe rapporte entière- ment à celui du poiilbn que nous avons décrit fous le nom de cluetfevifch , ces deux poilTons ne doivent pas être confondus \ non feulement ils ne fojit pas de même efpece , comme on en peut juger par les fix ou Icpt caraâeres de différences que nous avons mis en caractère italique pour les rendre plus icnlibles i ils doivent même former deux genres diiTércns , comme nous l'avons indi- qué , vu la forme de leur queue qui eft échancrée dans le premier & arrondie dans celui-ci. C M. Adanson. ) CIVADIERE ou SIVADIERE , fubf. f. ( Mar. ) c'eft la voile du mât de beaupré. Voye^marine^pl. /, la vergue de beaupré & la civadiere cotée lo. Cette voile eft fort in- clinée , & elle a deux grands trous à chaque point vers le bas , afin cjne l'eau qu'elle reçoit fe puilfe écouler au même inftant , quand il arrive qu'elle touche à la mer. La civadiere eft une voile d'un grand ufage , & fa fituation, euégardau vaiileau, fait voir qu'elle femblc propre à tirer le vailîèau lorf- que les autres voiles ne font que le poufler. Cependant quelques-uns prétendent qu'elle ièrt plus à fcutenir le navire & à le redrefibr vers le haut , qu'à le poufler en avant. {Z) CIUDAD DE LAS PALM AS , ( Qéog, ) ville capitale de l'île de Canarie , avec un fort & un port très-fréquente. Long. 3 ; lat. 28. CIUDAD DE LOS REYËS, {Géog.) ville confidérable de l'Amérique méridio- nale dans la Terre ferme , province de Sainte-Marthe , près de la fource du Céfar. CIUDAL REAL, {Géog.) ville d'Ef- pagne dans la nouvelle Caftille , capitale de la Manche , à une lieue de la Guadiana. Long. 14,10^ Ict. 39 , z. Il y a encore une ville de ce nom dans l'Amérique méridionale au Pa- raguai , au confluent des riviefes d'Itatu & de Parana. CIUDAL-RODRIGO , {Géog.) ville forte d'Efpagne au royaume de Léon , fur la rivière d'Aguada. Long, n , 54 j lat. 40 ,-38. | C ï V CIVE 01/ CIVETTE , f, f. c:^;,«/^ , (/^r^.l il y en a de trois e/peces \ la cive de Portugal , la groiîe cive d'Angleterre, & la petite qu'on nomme civette: elles ne différent que par la groiiéur de leurs feuilles. Quelques-uns ap- pellent la civette appétit. La racine de la cive eft un aflemblage de petites bulbes, comme l'échalote. Sa feuille eft longue , extrême- m.cnt menue, & a l'odeur de la ciboule. Ses fleurs font purpurines , faites en petit paquet où fe forme une petite graine : elle fert dans les fournitures de falade & dans \qs omelet- tes ^ elle jette quantité de brindilles balfes , que l'on coupe à fleur de terre : l'ufage eil de la multiplier par les petits rejetons de fon pié. \}\\t. culture ordinaire , une bonne terre , eft tout ce qu'il lui faut. {K) CIVEDA , ( Géog. ) petite ville d'Italie dans le Brelcian , fur fOglio, aux Vénitiens. *CIVELLE, f. f. {Pêche) forte de pe- tit poiiTon que l'on pêche dans la Loire , de- puis la ville d'Angers jufqu'à la mer, & qu'on croit être un frai d'anguille , à caufe qu'il en approche beaucoup. Ceux qui prétendent le contraire , difent que ces poilfons ne vien- nent jamais plus grands j ils ne font pas plus gros ni plus \o\\%% que des aiguilles ordinai- res à coudre : il s'en pêche une très-grande quantité , qui fe confomme par les pauvres gens & \^% riverains. Ils en forment des bou- les qu'ils nomment /»û//2 de civelle. On fait cette pêche en mars , elle dure deux à trois mois '^ on ne fe ièrt que de facs , tamis ou cribles , avec lefquels hommes , fem.- mes & enfans prennent les civelles , en écu- mantlafuperiîcie de l'eau : ainfi c'eft la même pêche que celle des pêcheurs bas-normands de la rivière de l'Orme. On la fait la nuit \ les pêcheurs ne iè fervent point de lanterne : s'il arrive que les déborde mens des eaux aient rendu ks eaux troubles , on pêche d« jour fur la Loire. CIVENCHEU, ( Géog. ) viUe confidéra- ble de la Chine , dans la province de Fokien. Long. 134 , 40; lat. 25. CIVERAGE, {Jurifpr.) eft une reda^ vance due au feigneur dans quelques pro- vinces par les tenanciers , pour les terres qu'il leur a concédées. Gjypape en fait mention en fon confeil 91. Selon M. Salvaing, dans fon traité de ï ufage des fiefs, ch. xcvij. civa- ragium eft en Dauphuié un droit d'avenage ou payable C I V payable en avoine, f^oyei Chopin fur Vani- de IK^ de la coutume d^ Anjou. Voye-{^ le tr, de la pratique des t£rriers , tom. II , feci. ix , guejl. z. {A) CIVES , f. f. ( Kitr. ) c ctoient de petites pièces de verre de forme ronde , dont on iaifoit anciennement \qs vitres. On s'en fert encore en Allemagne. CIVET , f. m. C Cuifine. ) c'eft un ragoût particulier , fait d'un lièvre coupé par mor- ceaux , & cuit en pot avec bouillon, un bou- quet d'herbes , & un aiTaifonnementde vin , de farine , d'oignon , & d'un peu de vinaigre. CIVETTE, f:f. {HiJl.nat.Zoolog.) ani- mal -{ibethicum quadrupède , que l'on a mis fous le même genre que le chien , parce qu'il lui rcffemble , de même qu'au loup & au renard , par la forme de la tête & du mufeau , & par le nombre des dents ;, c'eft pourquoi on lui a au/îi donné le noin de catus [ibethi- cus oufelis odoratus. M. Linné a rangé la ci- vette avec le blaii-eau fous le même genre , parce que c&s deux animaux ont chacun huit mamelles , deux fur la poitrine , iix fur le ventre , & cinq doigts à chaque pié. La civette habite l'Afrique , les Indes , le Pérou , le Brelil , la nouvelle Efpagne , la Guinée : on en nourrit en Europe. Quelques aTîteurs la prennent pour l'hyeue d'Ariftote & de Pliîie j & ceux-là l'ont nommée alfez bien kyœna odorifera. D'autres l'eûiment être une efpcce de fouine ou de chat fauvage \ & ceux-ci l'ont appellce/t//j -{ibethina^ parce que la civette porte un paiifum que les Arabes appellent içdeb ou ^ibet , d'où elle a été nom- mée en françois civette. L'hiftoire de cet aniinal , celle de la faufte origine de fbn parfum , les contes qu'on en lit dans les voyages, les erreurs où font tom- bés les divers naturaliftes qui en ont parlé ^ tous ces faits n'entreront point ici dans fbn article : nous nous en tiendrons uniquement à fa defcription anatomique , que nous ex- trairons des mémoires de f académie des Scien- ces ^ les feules fburccs fur lefquelles 0!i puifle compter , & avec d'autant plus de railbn , qu'on trouve réuni dans un fè.d des anciens volumes de cette académie , la defcription de cinq de ces animaux. La civette a environ deux pies & demi de long, fa queue eftde quinze pouces plus ou moins j fes jambes font courtes , priucipale- Tome FIII^ CIV T5)3 ment celles de devant , qui u'avoicnt depuis le ventre jufqu'en-bas , que cinq pouces ^ les pattes , tant celles de devant que celles de derrière , avoient chacune cinq doigts , dont le plus petit tenoit lieu de pouce , comme à l'ours ; mais ce petit doigt à peine pofoit à terre , & n'y touchoit que de l'ongle. Outre ces cinq doigts , il y avoit un ergot garni d'un ongle comme les doigts. La plante du piéétoit munie d'une peau douce au toucher. Le poil étoit court fur la tête & aux pattes , mais ayant jufqu'à quatre pouces & demi fur le dos, où il eft le plus long. Ce long poil qui étoit dur , rude & droit , étoit entre- mêlé d'un autre plus court , plus doux , & frifé comm.e de la laine. L'ouverture qui conduit a:: réceptacle où s'amafTe la matière odorante , qu'on appelle vulgairement civette , étoit au deffous de l'anus : cette ouverture étoit longue de trois pouces f, & quand on la dilatolt , elle avoit plus d'un pouce & demi de large : elle étoit l'entrée d'une cavité qui fervoit comme de veftibule pour réceptacle de la matière odo- rante. Ce veftibule étoit garni par les bords d'un poil tourné de dehors en' dedans , enforte que la matière odorante n'en pouvoit fortir qu'à contre-poil. Dans le fond de ce veftibule qui pouvoit contenir un petit œuf de poule , *il y avoit deux autres ouvertures à droite &c à gauche d'un pouce de diamètre , qui péné- troient chacune dans un iàc de ièpt à huit lignes de diamètre. La peau du dedans de ces fàcs étoit iné- gale comme celle d'un oifon , garnie de petits poils clair-femés, & percée de piu- lieurs petits trous : ces trous répondoient à des glandes de la groffcur d'un petit pois , ferrées les mies contre les autres , & lices par des membranes & par des vaiilcaux, qui étoient les ram^eaux des artères & des vei- nes Ir.^îogaftriqucs & honteufcs. C'eii dans ces facs que s'amaile la matière odorante , que les Arabes appellent :(ibct , qui fignifîe écume. En effet , cette matière étoit écun^.eufe 3 & cela fe reconnoilToit , en ce que peu de temps après elle perdoit la blancheur qu'elle avoit en fortant : ce qui arrive à toutes les liqueîirs , lelqueiles blar,- chilfent toujours quand elles écument , ds; quelque couleur qu'elles foient d'aiileurik' Bb 194 C I V La petite ouverture qui pnroifîbit au clcfTous do la grande , étoit l'eutrce des parties de la génération. La forme àes poches où s'amaiTe la ma- tière odorante , Te voyoit mieux renverfée qae dans leur iituation naturelle. Les glan- des de ces facs étoient du nombre des con- glomérées. Au milieu de chaque glande , il y avoit une cavité oblongue pleine de fiic odorant fort blanc , qu'elle rccevoit par au- tant de petits trous qu'il y avoit de grains qui compofoient la glande ^ & cette cavité fe retréciiFoit , & fcrmoit un petit col ou con- duit qui perçoit la peau dont Je dedans des poches étoit revêtu , & qui y diililloit la matière odorante. Ces facs parc^iloient recouverts dé fibres charnues ramalTées enfemble , mais venant d'endroits éloignés & difii'rens ;, de forte qu'ayant égard à leur différente origine , on pouvoit compter jufqu'à dix mufcles. L'ufage de ces mufcles eil d'exprimer tk. faire fortir la matière odorante , quand il s'en eft amaifé une certaine quantité. Les veines & artères hypogaflriques & épigaftriques fourniffent Je fang qui produit cette matière dans les glandes dont les facs font tapiiîés. L'odeur de cette matière fe confer\'e , & ne devient point mauvaife par le temps ^ mais il paroit que l'odeur de la civette n'eft pas feulement dans la liqueur qui s'amailc dans les poches , car elle eft aufîi répandue par tout Ion corps ^ & fon poil eft tellement parfumé , que la main qui l'a touchée con- ièrve long-temps une odeur fort agréab|e. C'eft ce qui a fait croire à plufieurs naturalif- tes , que le parfum de la civette n'eft autre cliofe que fà fueur \ enforte qu'ils ont penfé qu'on l'amaffoit en faifànt courir ces animaux dans une cage. Quoique cette fueur forte iu- dilFéremment de tout le corps de l'aiiimal , cependant la liqueur odorante s'amalfe véri- tablement dans les iàcs , s'y forme Se s'y perfe(^tionne. Dans la dernière civstte dift'cquéepar MM. de l'académie , ils examinèrent la lirudure des inamelks dont nous n'avons pas encore parlé. Cette civette avoit quatre maireLiis , dont deux étoient fîtués au milieu du ventre ?. côté du nombril , &. les deux autres au bas rie la p'jitrinc. La grolTeur des uns & des autres étoit d'une ligne & demie j & la loii- \ C I V gucur de deux lignes. Sous chacun de ces mamelons il y avoit plufieurs conduits com- muniquant les uns avesc les autres . & enfer- més dans les inîégumens communs. Ces conduits fem.bîoient dcftincs à porter le lait aux mamelons , quoiqu'ils ne fortiffcnt d'au- cunes glandes qui fullent vifîbles : mais cela n'eft pas étonnant, car ces animaux qui n'a- laitcnt & n'engendrent peint dans ces pays- ci, doivent avoir ces glandes aftez petites pour être in:perceptibles. Dans ces cinq civettes il y avoit quelques jeux de la nature. Par exemple dans l'une d'elles , le crj'ftallin étoit d'une dureté ex- traordinaire 5 ce qui peut fervir à expliquer ce que Pline ( liv. XXXVII ^ chap. x.) dit des yeux de l'hyène , qu'on en tire des pierres précieufes appellées hyenicc. Cette particu- larité jointe à quelques autres , ferviroit-elle à juftifier l'opinion de Belon, qui a prétendu que la civette & l'hyène àQ% anciens ne font point ^iii animaux difterens ? Ily a quelques raifbns pour appuyer fon fentiment j car les deux principales marques que les anciens donnent à leurs hyènes , fe trouvent dans la civette , le poil hérifle le long du dos , & une ouverture particulière fous la queue , outre \e^ deux qu'ont les femelles de tous les autres animaux. Mais ^\\\\ autre côté y l'hyène des anciens eft plus graride que la civette , fon poil fort différent ; & ce qui eft phis fort que tout , ils ne difent point qu'elle eut aucune odeur , caraèèere qui les diftingue prefque de tous les autres animaux.. A ce détail très-inftrué^if fur la civette y il ne nous refte à ajouter que quelques nou- velles particularités décrites par M. Mo- rand , fiir le fac où cet aiîimal porte fon par- tiun. Me'm. de tacad. 172.8 , pag. 403. Ce fac , comme on l'a vu , eft frtué entre- l'anus & le fexe de l'animal , à-peu-prèy comme celui où \^% caftors portent leur cafio- , reum. il pend extérieurement entre les cuif^ fes de la civette , & eft aifei grand. En gros , c'eft une cavité e'ÀFcrmée dans une en- veloppe épailîc , & qui a une îcngiie ouver- ture en- dehors , de la figure d'une vulve. Toute l'épaiffeur de l'enveloppe eft fermée par luie infinité de petits grains , qui font \q% glandes où fe filtre la liqueur odorante. En regardant mieux ces grains avec le mi- crofcope , M, Morand a découvert q^i'iis CI V étoient accompagnés d'une iiifinité de folli- cules ou petites bourlss , qui contenoieat de la liqueur déjà filtrée. Ces follicules peuvent être aifément formées , ou par la défimion des deux lames d'une membrane , ou par l'extenfion des extrémités des vailTeaux fàn- guins. Mais ce qui eft beaucoup plus fingn- lier , M. Morand a vu dans la liqueur des follicules , de petits poils pofés fans ordre çà & là. Ils n'ont point de racines , & ne tien- nent point les utis aux autres. La cavité du fac eft occupée par deux efpeces de pelotons de foie courte toute imbibée de la liqueur odorante y qui paroît comme un.e huile blanche. En comprimant l'épaiffeur de l'enveloppe, on en fait Ibrtir par les porcs , ou plutôt par les canaux excrétoires de iâ membrane in- terne , l'huile odorante qui va, fe rendre dans la cavité du fac ; elle fort non par gouttes fëparées , mais en forme de jet con- tinu , à-peu -près comme la matière qui fort des glandes fébacées de la peau , peut-être parce qu'elle eft foutenue & comme liée par ces petits poils qu'elle entraîne avec elle. Il paroît certain que les follicules de l'en- veloppe font les premiers réforvoirs de l'huile odorante, mais des réforv^oirs particuliers & difperfés ^ delà elle paiTe dans la cavité du fâc , focond réfervoir , mais général , où elle s'arrête & fè conferve dans les deux pe- lotons foyeux : car fans cela la grande ou- verture extérieure du fac n'ayant ni vah'ule, ni fphinâier , l'huile s'écouleroit perpétuel- lement au-dehors , & ce n'eft pas là le def^ fein de la nature. ' II eft vrai que l'on ne connaît pas aflèz la civette pour favoir en quelle occafion elle jette fou huile , quel ufage elle en fait j mais enfin on voit bien que le méchaniline eft deftiné à empêcher l'écoulement perpétuel. Les pelotons foyeux font l'office d'une éponge , qui garde la liqueur dont elle eft abreuvée , jufqu'à ce que la nature l'exprime en certain temps pour des ufages qui nous font inconnus. Cette liqueur odorante mirée à la lumière d'une bougie , rend d'abord une odeur aflez agréable ^ enfuite elle s'enflamme avec cré- pitation , & le feu étant éteint , elle donne une odeur de cheveux brûlés. Tout ce qu'on a dit jufqu'ici de l'anatoitiic de la c/rtv/x.', & du ikc qui porte fon parfum^ peut devenir d'autant plus iutéreftant , que la civette n eft pas le feul animal à qui ces détails appartiennent , ni le feul qui foit doué d'une poche pour un parfum particulier. Nous avons le caftor , le mufc , le rat mu{qué que les Latins nomment pylo ris , & d'autres qui ont des follicules pour une matière odorante , d'une nature pareille à celle de la civette, ou d'une qualité différente , comme le rat do- rneftique , le blaireau ou taiflbn , &c. Or ces connoiflhnces réunies , ne peuvent que jeter du jour fur l'anatoraie cornparée , ôc peut-être fur la ftruôure des glandes con- glomérées du corps humain. ( M. le chevalier DE J AU COURT. ) Addition faite par M. Adanson à t ar- ticle que ton vient de lire. La civette a été confondue jufqu'ici avec le zibet par tous les naturaliftes , au point que M. Linné le défigne encore dans fou SyJierTia naturœ , édition il, imprimé en 1766 , page 65 , fous le nom commun de viverra 5 ybetha , caudâ annulatâ , dorfo ci- nereo nigroque undatim variegato. Mais quoi- que CCS deux animaux donnent également ce parfum odoriférant , il y a entre eux des différences affez grandes pour les faire regar- der comme deux efpeces diftindes. 1°. La civette ne fè trouve qu'en Afrique , & plus communément en Ethiopie & au Sénégal , où on l'appelle kankcn ; au lieu qi'c le zibet eft particulier à l'Afîe , où les Arabes l'ap- pellent [ebed ou [ebet , d'où s'eft formé le nom de [ibet. 2**. Elle a le corps plus court ou plus épais à proportion , le poil plus long , plus rude fur le dos , où il s'étend & fè re- dreffe comme une crinière , & fur la queue qui approche afîèz de celle d'un renard ou plutôt d'un épagneul , ou d'un chat angora , pendant que le zibet a ces poils plus courts , plus doux , plus égaux en longueur. 3°. Sa queue égale à peine la longueur de fon dos jufqu'aux épaules , au lieu que celle du zibot eft un peu plus longue. 4°. Ses oreilles font plus petites , exa(^ement arrondies en demi- cercle , celles du zibet étant en pointe & pref^ qu'une fois plus longues que larges. 5°. Les taches noires font plus grandes & moins nombreufes dans la civette ; la queue n'eft pas fènfîblement annelée , fa face a une grande tache noire dont les bords eiicoa^ Bb2 I5)<5 CIV leiit les yeux '^ fan ccu a une grande tache noire en cravate, ^z fcs pattes font toutes noires. Dans le zibeî , au contraire , les pat- tes , au moins celles de devant , font mou- clietc'es de noir j la queue eft unie & anne- Ice de fix à fspt taches noires , comme celle de la gcnette , mais à bout blanc '^ le cou moucheté de noir , & les joues noires feu- lement vers le deiîbus du m.enton. Remarque. Nous remarquerons ki , avec M. de Buiîbn , ( hijioire naturelle , édition in-ii de 1769 , volume VIII^ page 344) , combien la tombinaifon des caraéleres & des rapports de la civette a coûté à M. Lin- né , &: combien ce naturaliile a été embar- rafic pour placer cet animal dans ùi méthode^ qu'il appelle Syjlême naturel , puiiqu'il a varié à (o\\ fiijet à chaque édition de cet ouvrage ^ car , i ^. du genre du blaireau , mêles ^ où étoit la civette , dans !« quatrième & la fixieme édition , elle a paiîe dans ealui des furets viverra. D'abord elle étoit feule avec le blaireau dans l'édition qtiatrie- ine ^ enfuite elle, fut réunie avec le blaireau & l'ichneumon dans la fixieme édition ^ dans la dixième édition elle fut féparée du blaireau & réunie avec l'ichneumon , la mouffette , fe putois rayé & la geiiette i en- fin dans, la douzième & dernière édition , publiée en ij66y pag. 6$ , elle fe trouve réu- nie , non feulement avec ces quatre derniers animaux , mais encore avec les coati. 2°. Le blaireau qui étoit fsul de fou genre avec la civetti , édition quatrième , & avec l'ich- ceumon , & la civette , édition fîxieme , fè trouve éditions dix & douze avec l'ours , l'ours blanc de Groenland , le louveteau de la baie d'Hudfon , & le raton ou racoon d'Amérique. 3'', L'auteur a changé l'accep- tion reçue du m.ot viverra , dont il fait un nom générique pour cinq animaux ,. parmi lefquels. on croiroit devoir trouver au moins le vrai viverra y c'eft-a-dire , le furet , qui se s'y trouve pas , & qu'il faut aller cher- cher dans le genre des belettes , au n^. 8 , ■page 4B j fous le nom de furo. Nous ne ci- tons , avec M. de Buffon , ces difparates de nom.enclature & ces affociations bizarres d'a- nimaux , que pour faire fentir combien ces -prétendus genres font peu fixes ,. & auiïi ar- bitraires que les méthodes qui leur fervent 4ç,fQ»de,meflt.. C I V En rafîbmblaiit fans préjugés , Hins pré- vention pour aucun lyRêir^e , tous les carac- tères qui fe remarquent dans la civette & le zibct , on voit d'abord qu'ils ne peuvent être ailociés avec les animaux qui n'ont pas de poche à m.ufc , ni la queue longue , ni les cinq doigts à la même hauteur , tels que le fiiret , la fouine , la belette , le putois , rhermine , la martre ; & que parmi ceux qui ont comme eux le pouce à la m^ême hau- teur que les quatre autres doigts , il n'y a qiie le blaireau , le coati & l'ours qiii aient quel- ques rapports , mais la queue de ces animaux eil plus courte , ils n'ont point de poche à mufc. La genette du Sénégal ou la foifane de Madagafcar, eft le feulquadnipede connu jufqu'ici qui , ayant la queue longue , ait en même temps une poche à mule , près des- parties génitales, & par conféqucnt desrajv ports intimes avec la civette ; mais cet ani- mal en diffère , en ce qu'il a le pouce de fes jambes placé un peu plus haut que les quatre autres doigts. La civette forme donc un genre particulier d'animal , voifin de la genette ou de la foifane, dans la famille que j'appellerai hi famille des lions ou des chats. Civette , {Mat. méd.) La civette , Qu. cette matière ondueufe & balfàmique four- nie par l'animal qui porte le même non;! , eft employée extérieurement dans l'ufage médicinal j elle eft réfolutive , anodyne , tonique , anti-lpafmodique ou nervine , & particulièrement anti-épileptique & anti-hyf- térique ^ c'eft à ces deux derniers titres qu'on l'emploie quelquefois dans les accès d'épi- lepfie ou de vapeurs hyftériques. Dans ces cas on en frotte le nombril , la région du cœur & de l'eftornac , ou on en applique même chez les femmes à l'orifice extérieur de la matrice ^ mais on fè donne bien de garde de la leur porter au nez, parce que Ion odeur , comme toutes les odeurs agréa^ hles , eft dangereufe dans ce cas , félon unç obfervation connue; On fait aufîî avec la civette , le muf & l'ambre-gris incorporés avec une huilt par expreftlon , un onguent dont on frott» les aines & les lombes pour exciter l'aél^ vénérien. * La civett£ palTe pour ipécifique dans l'i- nertie des organes de la génération , fur-tout . chfii les fenuEfis j &poiir remédier à leur CI V ftérilité lorfqu'elle provient de cette caufè. Oii la dit bonne aufli pour appaifer les coli- ques & les tranchées des petits enfans , fi on leur en frotte le nombril. Elle entre dans la compofition de quelques baumes aromatiques , décrits dans difFérens dilpeniàires fous \cnomde5aames apop/ecli- gucs, qui font deftinés à être portés dans de petites boîtes , & dont quelques auteurs ont recommandé même l'ufage intérieur. Elle efl: un des ing^rédiens des parfums or- dinaires , connus en pharmacie fous le nom de paftilli profumo , comme \ts oifelets de Chypre , &c. (b) Ceux qui s'en fervent , doivent la choifir nouvelle , de bonne confiftance , c'eft-à- dire ni trop dure , ni trop molle , d'une cou- leur jaune tirant fur le blanc , & d'une odeur violente. Au refte comme on la fo- phiftique aifément , & qu'il eft très-difficile de découvrir la tromperie , le meilleur parti efl de l'acheter de bonne main. Comme on nourrit à Amflerdam des civettes pour ce commerce , & que la civette de cette ville a la préférence fur celle des Indes & du Le- vant , c'eft d'un honnête négociant du pays qu'il faut tirer ce parfum. Il fè vend une trentaine de florins l'once , plus ou moins , c'eft-à-dire foixante à foixante-fîx livres ar- gent de France ^ & je crois qu'aujourd'hui il ne s'en confomme pas cinq livres par an dans tout le royaume. ( M. le chevalier de J AU COURT. ) CIVIDAL-DI-FRIULI, ( Géogr. ) petite ville d'Italie au Frioul , dans l'état de Venifè , iùr la Natifone. Long. 3 1 ^ lat. 46 , 15. ♦ CIVIERE , f. f. (Econ. rujl. ) machine à porter des fardeaux. Imaginez deux forts morceatix de bois larges , droits , & équarris dans le milieu , recourbés un peu en S vers les extrémités , arrondis par les bouts , & affetnblés par quatre , cinq , fîx , ou même davantage , bâtons ronds ou quarrés , & re- çus d'un bout dans des trous percés à égale diflance à la partie équarrie & large d'un des forts morceaux de bois qu'on appelle un des kras , & de ]^utre bout dans d'autres trous percés de la même manière à l'autre bras :, en- forte que CCS bâtons & les bras fbient paral- lèles entre eux, & que les bras foiciît éloignés de manière qu'un homme puifib fepîacer en- tre euxj. foit à l'un des bouts j foit à l'ouîre. CI V 197 ' CIVIL , (■ Jurifp. ) ce terme a différentes fîgnifications : il eft ordinairement joint à quelque autre. Par exemple , on àitfocie'té civile. V. au mot Société. On a d'abord appelle droit civil , le droit particulier de chaque nation ou ville , quafijus^ proprium ipjius civitatis , pour le diÎHnguer du droit naturel & du droit des gens. C'eft pourquoi Juftinien nous dit en ïes injî. tit» ^J 5 §• 2. 5 que les loix de Solon & de Dracon font le droit civil des Atl>éniens \ & que les loix particulières obfervées par le peuple ro- main , form.ent le droit civil rom.ain : mais que quand on parle du droit civil fîmple- mcnt , on entend le droit romain par excel- lence. •On appelle corps civil , une compilation des loix romaines , que Tribonien compofh par ordre de Juftinien , qih comprend le digefle , le code , & les inflitutes. On dit aulTî dans le même fèns , \ç.s loi.v civiles. Le terme civil efl quelquefois oppofé à canon ou canonique : ainfi l'on dit le droit civil ou le droit civil romain , par oppofltioiL au droit canon ou canonique romain. Le droit ^/v/V fè dit aufïï quelquefois par oppolîtion au droit coutumier y auquel cas il lignine également le droit romain on droit écrit. Civil cfl encore oppofe à criminel ; c'eft en ce fens que l'on dit , im juge civil , uiy lieutenant civil , un greffier civil , le greffe c% vil ^\q parc civil ^ la chambre civile^ \ audience civile , une requête civile , prendre la voie civile. Jouir des effets civils , c'eft avoir les droits de cité 5 & encourir la mort civile , c'cfî perdre ces mêmes droits. En matière criminelle^ on ^q fert quelque- fois du terme civil : on dit , par exemple , une partie civile , des cànclujions civiles .y Aq^ intérêts civils . renvoyer les parties kfins ci- viles. Voye^t article Droit CIVIL , & les autres termes que l'on vient de rapporter y, chacun a fa lettre. {A\ CIVILISER, (Tunfprud.) En termes de palais , civilifer une affaire , iignifîe recevoir un accu fé en procès ordinaire -, ou rendre civil un procès qui^'inftruifoit aiiparavaiit comme . criiiîineL 15'^ c r V V ordonnance de 1670 , titre rx , de h con- ver/ion des procès civils en procès crimineh^ (f de la réception en procès ordinaire^ dit que s'il paroît avant la confrontation des té- moins que l'affaire ne doit pas être pour- fliivie criminellement , les juges recevront Iqs parties en procès ordinaire ^ que pour cet effet ils ordonneront que les informa- tions feront converties en enquêtes , & per- mettront à l'accufé d'en faire de fa part dans les formes prefcrites pour les enquêtes -, qu'a- près la confrontation des témoins , l'accufé ne pourra plus être reçu en procès ordi- naire , mais qu'il fera prononcé définitive- ment fur fon abfolution ou fur fa condamna- tion ^ enfin que quoique les parties aient été reçues en procès ordinaire , la voie extraor- dinaire fera permiiè , fi la matière y eft dif- pofée. Ainfi civilifer une affaire ou procès ; ren- voyer les parties à fins civiles , ou les rece- voir en procès ordinaire , eft la même chofe. Lorfque les charges paroiffant légères , on renvoie quelquefois les parties à l'audience ;, mais l'affaire n'eft pas pour cela civilifée , les informations demeurent toujours pièces fecretes. V. Fins civiles , Procès ordi- KAIRE. ( ^ ) CIVILITÉ , POLITESSE , AFFABILI- TE jfynonymes^ ( Gramm. & Morale.) ma- nières honnêtes d'agir &c de converfer avec lès autres hommes dans la fociété^ mais V af- fabilité qui coufifte dans cette infinuation de bienveillance avec laquelle un fupérieur re- çoit fon inférieur , fe dit rarement d'égal à égal , & jamais d'inférieur à fupérieur. Elle n'eft fouvent dans les grands qu'une vertu artificieufè qui fert à leurs projets d'ambi- tion,une baifefîé d'amequi cherche à (è faire à&s créatures ( car c'eft un figne de baffeffe. ) J'ignore pourquoi le mot affabilité wq plaifoit Eas à M. Patru ^ ce iercJit dommage de le annir de notre langue , puifqu'ileft unique pour exprimer ce qu'on ne peut dire autre- ment que par périphralè. La civilité & \3,politejfc font une certaine bienféance dans les manières & dans les paroles , tendantes à plaire & à marquer les égards qu'on a les uns pour les autres. Sans émaner nécelTaircment du cœur , elles en donnent les apparences , &: font pa- roître l'homiîîe au-dehors comme il devroit C I V être intérieurement. C'eft . dit la Br-i^'cr'î , une certaine attention à faire que par nos paroles &: nos manières ks autres foient cou- tens de nous. La civilité ne dit pas autant que- la po- litejfe , & elle n'en fait qu'une portion ; c'eft une efpece de crainte , en y manquant , d'être regardé comme un homme grofiler ^ c'eft un pas pour être eftimé poli. C'eft pour- quoi hpoliteje femble , dans Tufage de ce terme , rélêrvée aux gens de la cour & de qualité '■, & la civilité, aux perfonnes d'une condition inférieure, au plus grand nombre de citoyens. J'ai lu des livres fur la civilité, fî char- gés de maximes & de préceptes pour en remplir les devoirs , qu'ils m'auroient fait préférer la rudeffe & la grofîîéreté à la pra- tique de cette civilité importune dont ils font tant d'éloges. Qui ne penferoit comme Montagne ? « J'aime bien , dit cet auteur ( ej/àis , liv. I , cA. xiij , ) à enfuivre les loix de la civilité , mais non pas fi couarde- ment, que ma vie en demeure contrainte. Elles ont quelques formes pénibles , lefquel- les , pourni qu'on oublie pardifcrétion,non par erreur , on n'en a pas moins de gracc^ J'ai vu fouvent des hommes incivils par trop de civilité, & importuns de courtoific. C'eft au demeurant une très-utile fcience que la fcience de l'entregent. Elle eft comme la grâce &la beauté conciliatrice des premiers abords de la fociété & familiarité , & par conféquent nous ouvre la porte à nous inf- truire par les exemples d'autrui , & à ex- ploiter & produire notre exemple , s'il a quelque chofè d'inftruifànt & commimica- ble. » Mais la civilité cérémonieufè eft égale- ment fatigante & inutile ', aufil eft-elle hors d'ufàge parmi les gens du monde. Ceux de la cour , accablés d'affaires , ont élevé flir iks ruines un édifice qu'on nomme la poli- tejje , qui fait à préfent la bafè , la morale de la belle éducation , & qui mérite par con- féquent un article à part. Nous nous contente- rons feulement de dire ici , quelle a'eft d'or- dinaire que l'art de fb palïèr des vertus qu'elle imite. La civilité , prife dans le fèns qa'on doit lui donner, a un prix réel ', regardée comme un empreffemcnt de porter du refpcâ: & des C ï V égards aux autres , par uîî fcntiment inté- rieur conforme à la- raifon , c eft une prati- que de droit naturel , d'autant plus louable qu'elle eft libre & bien fondée. Quelques légiflateurs inénie ont voulu que les manières repréfèntaiîent les mœurs, éi en ont fait un article de leurs loix civiles. Il eil vrai que Lycurgue en formant les manières , n'a point eu la civilité jîour ob- jet^ mais c'eft que des gens toujours ccrri- geans ou toujours corrigés , comme dit M. de Montefquieu , également fimples & ri- gides , n'avoient pas befoin de dehors : ils exerçoient plutôt entr'eux des vertus , qu'ils n'avoient des égards. ' » Les Chinois , qui ont fait des rits de tout & des plus petites actions de la vie , qui ont formé leur empire fur l'idée du gouver- nement d'une famille , ont voulu que les hommes fèntillent qu'ils dépendoient les uns des autres , & en conféquence leurs légif- lateurs ont donné aux règles de la civilité hi plus grande étendue. On peut lire là-delTus le père Duhalde. Ain fi pour finir cet article par la réflexion de l'auteur de l'efprit des loix. « On voit à la Chine les gens de village obfèrver en- tr'eux des cérémonies com.me Aes gens d'une condition relevée ; moyens très-propres à maintenir parmi le peuple la paix & le bon ordre , & à ôter tous les vices qui viennent d'un efprit dur , vain , & orgueilleux. Ces règles de la civilité valent bien mieux que celles de l^politejje. Celle-ci flatte les vices à&s autres , & la civilité nous empêche de mettre les nôtres au jour : c'eft une barrière que les hommes mettent entr'eux pour s'em- pêcher de fc corrompre. ( M. le chevalier DE J AU COURT. ) CIVIQUE , adj, ( HiJI. anc. ) épithete qu'on donnoit à une efpece de couronne qui , fc faifoit de feuilles de chêne, & que les Romains accordoient autrefois à ceux qui avoient fauve la vie dans une bataille ou dans un affaut à quelqu'un de leurs conci- toyens. Voyei Couronne. La couronne civique étoit fort eftimée , & elle fut mêîTie accordée comme un hon- nerr à /ugufte, qui fit battre à cette oc- cafion des moniicijs avec cette deviè, cb cives fervatos. Elle fut aufli accordée à Ci- céroii 3 après qu'il eut découvert la conjura- CIV 15^5) tien de Catilina. Dicl. de Tiév. & Chatn- bers, (G) CIVITA CASTELLANA, rC/o^^/-.; ville d'Italie dans l'état de l'églifè dans la Sabine , lùr la Triglia. CIVITA DELLA PIEVE, {Géogr.) ville d'Italie de l'état de l'églilè , dans lo Peru£"in , fur la Trefà. CÎVrrA DI CASCIA , r Géogr.) petite ville d'Italie , dans l'état de l'églifè , en Ombrie , près des frontières de l'Abruzze. CIVITA DI PENNA, {Géogr.) ville d'Italie au royaum.e de Naples , dans l'A- bruzze ultérieure , près de Salino. Long, 31, 38; lût. 42 , 25. CIVITA DI S. ANGELO . ( Géogr. ) pe- tite ville du royaume de Naples , dans l'A- bruzze ultérieure. CIVITA DUCALE , ( Géogr. ) ville d'I- talie au royaume de Naples , dans l'A- bruzze ultérieure , près du Velino. CIVITA LAVINIA , {Géogr.) petite ville d'Italie de l'état de l'églilè , dans la campagne de Rome. CIVITA NUOVA , (Géogr.) petite ville d'Italie dans la Marche-d'Ancone , près du golfe Adriatique. ^ CIVITA REALE , ( Géog. ) petite ville d'Italie au royaume de Naples , dans l'Abnizze ultérieure , près des fburces du Tronto. CIVITA-TURCHINO, (Antiq. d'Ita- lie ) eft une montagne de forme oblongue , à trois milles au nord de Carneto. Le fom- met s'étend comme une feule plaine con- tinuée. Quantité de médailles , de ftatues &c d'infcriptions , qu'on y a trouvées en difle- rens temps , ont fait conjecturer que c'étoit dans cet endroit qu'avoit été autrefois la ville puiiîante & célèbre , à laquelle les Tarquins donnèrent leur nom. Aujourd'hui ce n'cft plus qu'une plaine labourée. Vers le iud-eft s'élève une autre montagne au niveau de Ci- vita-Turchirio , qui l'unit à Corneto : le foin- met en eft également plat , & forme une étendue de rois à quatre milles de longueur. Il eft couvert de plufieurs centaines de pe- tites élévations faites de main d'hommes ; les habitans les appellent en leur langue Monti-Roti. On en a ouvert environ une douzaine à différentes reprifes ^ & on a trouvé dans chacune des ajîpartemens fbuterrains , taillés daDs le roc vif. Ces appaitemciis va- lôo C L A rioentpour la forme & les dimeiifîons. Tan- tôt c'étoit une grande chambre d'entrée , au bout de laquelle on trouvait un très-petit cabinet ;, tantôt la première pièce n étoit qu'une eipece cic veitibule , d'où l'on en- troit dans une féconde beaucoup plus grande. Quelquefois le fouterrain ne conlîftoit que dans une ièiile pièce foutenue par une co- lonne > autour de laquelle on tournoit par une ouverture de vingt à trente pies. Quanr à l'entrée de ces fouterrains , c'étoit toujours une porte de cinq pies de hauteur , fur deux pics & demi de largeur. Quelques-uns ne reçoivent de jour que par l'entrée : d'autres en reçoivent encore de la voûte par une petite ouverture conique ou pyramidale : plufieurs ont une efpece d'amphithéâtre , ou petit parapet qui règne tout autour de la muraille , & qui eft une partie du rocher ainfi taillé. Quant aux antiquités qu'on y trouve , ce font pour la plupart des vafes de différenîîes formes : on en a trouvé quelques- uns dans des cercueils avec des ofîémens de morts : du refte , les appartemens fouter- rains font plus ou moins ornés de peintures & d'infcriptions. Il y en a trois fur-tout dont la partie fupérieurc des murs , eft chargée tout autour d'un double rang d'infcriptions étrulques , avec des peintures au delfous , ik plus bas une forte d'ornement qui tient lieu d'architrave. On n'y a point encore dé- couvert de bas-reliefs. Les peintures font à frefque , & la m.aniere eft à-peu- près celle qu'on remarque communément fur les va- fes étrufques , quoique certains morceaux femiblent de beaucoup fupérieurs à tout ce qu'on a vu jufques-ici de la peinture étruf- que. Le deftin en général eft léger , mais bien conçu , & prope à montrer que l'ar- tifte étoit capable de donner des ouvrages plus finis. Il jugeoit fans doute que plus de délicatefle feroit en pure perte dans un lieu fouterrain fi peu éclairé. On fait que chez les Romains , dans l'âge de leur gloire , les artiftes employés à ces fortes d'onvrages fu- néraires , dejftinés à refter enfevelis dans l'obfcurité d'un tombeau , fe contentoient d'exprimer fortement leur penfée dans une ébauche légère , fans fe donner la peine d'y mettre la dernière main. Si l'on ouvroit les fouterrains fans nombre qu'il y a depuis Ci- vUa-Turckino. jufqu'à Corneto , il eft vrai- C L A femblable qu'on y trouveroit une très-grande variété de monumens , peintures , infcrip- tions & autres , dont on pourroit compofer un ouvrage auiîî amufant qu'utile , qui ne fauroit manquer d être bien reçu des îavans & du m.onde curieux. Il répandroit beau- coup de jour fur l'antiquité , les arts & l'hif- toire d'une nation trop peu connue aujour- d'hui. Il eft peut-être étonnant que ce vafte tréfor d'antiquités foitpreique ignoré, même à RomiC. M. Jankins , à qui l'on doit ces dé- tails abrégés , eft le premier & le feul Anglois qui ait eu la curiofité de l'aller voir. Tran- facîions philofopkiques de lafocieté de Lon- CIVITA-VECCHIA , ( G^ogr. ) petite ville forte d'Italie dans l'état de l'églilè , fur le bord de la mer. Long. 29 , 25 ^ lat. 42 , 5. Il y a encore une ville de ce nom dans l'île de Malte , que les habitans nomment Medine. CIVR AY, ( Gébgr. ) petite ville de France en Poitou. CL CLABAUD, [Vénerie,) voy^^ Chien. CLACKMANNAN, [Géogr, mod.)\\\\c^ d'Ecofte , capitale de la province de même nom. Long. 54 ^ lat. 57. CLADOTERIES, {Myth.){ètQs ainfi nommées du mot grec KhâS'of , rameau. On les célébroit dans le tem.ps où la vigne ic taille. Voye^ Vantiq. expliq. CLAGENFURT, [Géogr. mod.^v'AXo, forte d'Allemagne , capitale de la Carinthie. Long. 31,455 l^t' 4^ j 50- * CLAIE, f. f. ( Vannier. ) eft un tiffu de plufieurs bâtons menus & parallèles , phis ou moins efpacés , & fixés par une chaîne d'ofier , & d'autres bâtons menus & flexi- bles. Cet ouvrage de mandrerie plat , eft d'ufage dans le jardinage pour pafler les terres. On jette les terres deftlis ;, la bonne terre tombe d'un côté , en paftant à travers j les pierres font rejetées de l'autre côté. Les mailles de cette claie ont un pouce ou environ. On donne le même nom à une échelle qu'on attache au derrière d'une charrette , & fur laquelle on traîne par les rues ceux qui fe font défaits , ou qui ont été tués en duel. Claie , terme de fortification. Ce font des ouvrages faits avec des branches d'arbre , étroitement C L A étroitement entreiacées les mies avec les au- tres , pour pafFer un fofîë qui vient d'être faignéy en les jetant fur la boue qui refte au fond , pour en affermir le paffage ^ & auflî pour couvrir un logement , & alors on les charge de terre , pour fe garantir des feux d'artifice , & des pierres que l'ennemi pour- roit j eter deifus. On donne aufli le nom de claie à ce qui fert aux bergers pour enfermer leurs trou- peaux quand ils parquent. Chambtrs. CÇ) Claie ^{Ptche) bouraque ypannier ^ najfe ^ & cajfier , termes fynoaymes de pêche. Voy. Nasse. Claie , e/z urme <£ Orfèvre , font de pe- tites chambrettes féparées l'une de l'autre , prefque comme \zs alvéoles des ruches d'a- beilles. On en met dans tous les lieux où les orfèvres travaillent , pour recevoir Jes paillettes d'or ou d'argent qui fè détachent ■en forgeant, àz^ limailles & autres déchets. Elles font compofées de tringles de. bois qui ic croifent quarrément. Chaque partie eft entaillée à ini-épaiifeur , & reçoit l'autre : ce qui rend toutes les tringles de niveau , & forme de petits quarrés dont le vuide peut avoir à-peu-près dix-huit lignes fur chaque pan. La tringle a environ un pouce ■d'équarrilfage , & eft ébifelée fous chaque pan des viiides , pour laiiiër moins de fur- face. L'ufàge des claies étant de recevoir les parties d'or ou d'argent qui tombent \ moins leurs bords ont de fiirface en bois , moins \qs pies emportent d'ordures & font de déchet. CLAIN , f. m. ( Jurifprud, ) que l'on dit auflî clame ou clameur , a différentes fîgnifi- cations. Quelquefois clain eft pris pour ajourne- ment ou demande , comme dans la coutume d'Anjou , art. 6<) , 70 ; Maine , art. 80 ; Bourbonnais , art., 1 59. Clain , en d'autres endroits , eft pris pour ^amende du4 par celui qui fuccombe. f^oye^ l'ancienne coutume de Bourges , tit. ij , art. ti & 22. C'eft aufll dans certaines coutu- mes l'amende due pour les bêtes prifes en délit. Nivernais , tit. xv , art. 13. Clain & arrêt , eft la fàifîe. Voye\ la fomme rurale, Clain de cerquemenage , eft la demande formée pour l'infraftiondes bornes 8climites. Tome VIII, Coià.. de Cambrai , tit, Jour- C L A lOT Clain de dégagement , eft la faifie & arrêt que les domeftiques & ouvriers font pour leurs gages & falaires fiir les meubles du débiteur , que la juftice fait enlever , pour le prix en provenant être employé au paie- ment des créanciers. XXV , art. 4,5 & 6 , & Pinaiilt des neaux , fur ces articles. Clain de rétabli ffement-^ eft l'aâiion ea réintégrandc. Clain de fimple faifine , eft l'aôion ea complainte. ( ^ ) Clain ; ( Géog. mod. ) petite rivière de France en Poitou , qui fe jette dans la Vienne. CLAION , f. m. ( Vannerie. ) eft un pe- tit tilfu de gros bâtons & de menus bâtons d'ofier , qui fc fait comme la claie. Voye[ Claie. Il eft à Tufàge de pâtiflicrs ; ils s'en fer* vent pour tranfporter leurs ouvrages. Claion , ( Confifeur. ) Les confifcurs ap- pellent ainfi un rond de fîl-d'archal q{\ treillis , aflez ferré , fur lequel ils pofèut particulièrement ce qu'on tire au fec , en travaillant le fucre pour le glacer. ClaiONNAGE , f. m, ( Maçonn. & Jard. ) eft un aftèmblage de fafcines , de fagots, de branches de faules arrangées entre deux piles de pieux , ou formant des lits de fix pies de large entremêlés de lits de terre. C'eft un travail très-nécelTaire dans \&s terres humides ou trop mouvantes , pour aftérmir les talus de gazon , qui fans cette précaution s'ébouleroient par le pié. Quand ce font des talus un peu roides , après avoir mis de la terre un pié de haut , en commen- çant par le bas , il faut mettre un lit de faf- cines ou de claionnagesydeCix pies de large, rangés l'un contre l'autre , & faire enforte que le gros bout & la racine regarde la face du talus , & vienne aboutir à un pié près du revêtillèmieut. On mettra enfuite un lit de terre par-delfus , & on continuera de mê- me jufqu'en haut. On afîîed le gazon deftiis ce claionnage , jcn le couvrant auparavant d'un demi-pié de terre. Voyei^ Gazon. ( K) * CLAIR, {PAy/iq.) adjeaif relatif à la quantité des rayons de lumière qu'un corps réfléchit vers nos yeux , & quelquefois à la quantité de parties folides qu'il contient. Ainfi on dit, des couleurs claires , une eau claire , un verre clair , une étoj^e claire^ C c îoi C L A Une cîOiTb cir d'autant plus claire qu'elle contient moins de parties folides , & qu'elle eft percée d'un plus grand nombre de jours. Un verre , mie eau font d'autant plus clairs , qu'ils permettent un pafi'age plus libre aux rayons de la lumière , & que par conféquent ils en renvoient moins à nos yeux. Une cou- leur eft d'autant plus claire , que fà teinte eft plus foible, plus voiline du blanc , & que par conréquent la quantité de rayons réflé- chis eft plus grande* Kojfç Blancheur. Clair , Ba y-clair , ( MaréchalUrie & Manège. ) nuance de poil bay. J^oy. Bay. Clair , en peinture , fe dit des parties les plus éclairées d'un tableau ^ elles s'appellent le clair .^ oupourparler plus pittorefquc ment, ies parties lumineufes ou éclairées, { R) CLAIRAN , f. m. ( Mareck. ) efpece de fc)nnette de fer-blanc ou de laiton qu'on pend au cou des chevaux qui font en pâture , pour pouvoir entendre où ils font quand ils s'égarent dans les forêts. CLAÏRANGUE , f. f. GRATTE , ou VERVEUX EMMANCHÉ , {Pêche. ) eit un inftrument dont on fe fèrt pour la pêche. On le peut rapporter à l'efpece des bouteux , quoique par ià figure il lëmble appartenir à l'efpece des verveux. La pêche de la clairan- gue fe pratique à Vayres , dans le reflbrt de ï'ainirauté de Bordeaux. Les pêcheurs de ce lieu repréfènterent que dans le temps de la pêche , les payiàns , les tonneliers , les charpentiers , les vignerons & les métayers qui font bordiers de ces côtes , venoient dans de petites plates qu'ils nom- moient gaharots, faire la pêche ^ & que plu- fîeurs d'entr'eux qui la pratiquoient à pié , fe lervoient d'un inftrument qu'ils appel- loieiit clairangue ou gratte , efpece de petit verveux -emmanché d'un pieu ou petite per- che longue de dix à douze pies au moins, dont le fac étoit fait de mailles aulîi ferrées que celles des rets, des avenets à efquires de baccalant de -Bordeaux , ou àes plus petites trulotes à pêcher les chevrettes : ils ajoutè- rent qu'avec cet inftrument ils pêchoient auftî le frai & les poiftbns du premier âge , cnforte qu'ils en dépeupfoient la Dordogne. * CLAIRE , religieufes de fainte Claire OU Ciarijffe , ( Hifi. eccl. ) elles ont pour fon- datrice la faînte dont elles portent le nom. S. François ^l'Aflife donna à feinte Claire C L A réglîfê de S. Damien. Les filles qui formolcnt alors cette communauté n'avoient point adopté de règle f, S. François ne leur en fit wne qu'en 1224. Elles avoient déjà des éta- bliftemens , tant en Efpagne qu'en France : ces maifons fuivoient l'inftitutde S. Benoît, & des conftitutions particulières qu'elles avoient reçues du cardinal Hugolin ^ la rè- gle de S. François ne fut que pour la maifon de S. Damien. La vie de ces religieufes étoit trcs-auftere. Elles fubfiftent aujourd'hui fous deux noms '., les Damianifles , qui fui- vent les conftitutions de S. François dans toute leur rigueur \ & les Vrbanifles , qui n'ont retenu ces conftitutions qu'avec les tempéramens qu'y a apportés Urbain IV^ Claire, f f. {Chym. & Docim.) on appelle ainfi la cendre d'os calcinés , lefTi- vée , féchée & réduite en poudre impalpa- ble fur le porphyre , dont on enduit la fur- face interne des coupelles , non feulement pour en remplir les inégalités, mais encore, pour former fur cette fùrface un^ efpece de crible à travers lequel le plomb & les autres métaux vitrifiés paffent trcs-aifément, tan- dis que l'or & l'argent , ou tout autre mé- tal qui a encore fa forme métallique , y font an-êtés. La claire a encore un autre avanta- ge , c'eft que ï\ elle eft bien appliquée , elle, empêche tous les accidens qui pourroient arriver aux coupelles dans lefquelles il fe trouveroit du fable ou d'autres matières vi- trefcibles -^ ce qui eft fort ordinaire , fur-tout il on s'eft fervi de cendres de bois pour les former. On voit parla de quelle conféquence il eft de préparer avec toute Tattenticn pofîible les cendres dont on doit faire la claire, yoyei fart. CendRÉE. On fait calciner les os ou arêtes dans un creufet ou vaifl'eau de terre bien net qu'oie a foin de couvrir exaftement ^ on donne un feu très-violent pendant quelques heures ^ on jette enfùite les matières calcinées dans de l'eau pour les lefTivcr ou en tiier ha fels y. & on les réduit en poudre impalpable. On remet fur cette cendre de nouvelle eau qu'on, a foin de bien remuer ;, on donne le temps à la matière la plus groftiere de tomber au fond de leau : après quoi on décante l'eau qui fumage , tandis qu'elle eft. encore un peu trouble. On biffe féjourner cette eau, pen- dant vingt-quatre heures dans un vailfeavi C L A propre & à l'abri de la pouHlere. Au bout de ce temps , lorfque l'eau eft entièrement •claire , on la verfe doucement par inclina- tion \ on laiflè fécher la fécule blanche qui eft tombée au fond du vailfeau , &: on la réferve pour l'ufâge. Avant de s'en Icrvir , on la calcine de nouveau dans un creufet , & on la puivérife encore une fois à fec fur le porphyre , obfer- vant que le porphyre foit alfez dur pour que les cendres d'os n'en emportent rien. On prend cette cendre pour en répandre fur la fiiriace intérieure ou concave des coupelles , lorfqu'elles font encore fraîches , & même avant qu'elles foient retirées du moule \ & pour qu'elle foit diilribuée par-tout le plus également qu'il eft poffible , on la met dans un petit tamis de foie , &: on en faupoudre la coupelle , ayant foin de n'en faire tom- ber qu'autant qu'il en faut pour former une légère couche qu'on achevé de rendre unie avec le bout du petit doigt , s'il en elè be- foin , & qu'on comprime d'un coup de mar- teau frappé fur la partie fupérieure du moule appelle moint , que l'on a bien eflliyé & fé- -ché , s^il étoit humàde , de peur que la claire ne s'y attache ^ & ii les coupelles font gran- des , & par conféquent faites fans moule ; on comprimera la claire , en faifant rouler dans leur cavité une boule d'ivoire ou de bois pefant. V, Coupelle, (-h) Claire ( Sainte) , Géog. mod. petite île de l'Amérique méridionale , dans la mer du ^ fud. Claire cSainte), G/t>f. mo^. petite île {kàô. par an & jour un héritage ou autre im- meuble en vertu d'un titre authentique jd»-- ic8 C L A le pouvoir retirer fur celui qui s'en efl rendi^ adjudicataire par décret , eu lui rembourfanî le prix de l'adjudication , frais & loyaux coûts dans l'an & jour. Coût, de Normand. art. 451. Clameur faujfe , eft quand on fe plaint a tort à juftice. Ane. coût, de Normand, ch. vij^ 95. Forte Klameur , eft une amende de deux fous fix deniers due au roi , félon la cou- tume locale de la châtellenie de Montereau , reflbrt de Meaux \ lorfque quelqu'un a fait ajourner ini autre en a & ce vuide fut rempli par des homm.es d'une probité éprouvée. Ce fut en reconnoiflance de ce bienfait, que le condil Vipfanius propofà de lui déférer le titre de père de la patrie : mais Claudius l'ayant repris de flatterie , fut affez rnodefte pour rejeter ce nom. Méfiai ine don- noit au milieu de Rome le icandalc de la prollitution : fans frein & fans pudeur dans îjs inipudicités , elle varioit fans ceife fes débauches pour empêcher its defirs de s'é- teindre. Elle profita d'un voyage de fon mari à Oftiepour fe marier avec Silius, che- valier Ron:iain. Ce mariage effronté s'ac- complit avec la plus grande pompe. On con- iiilta \qs arufpices , on olTrit des fàcrifices , on fit \\\\ banquet fomiptueux ^ & \qs deux nouveaux époux furent conduits avec céré- monie dans la couche nuptiale. Claudius , inllruit de ce fcandaie , fut dans la nécelîité de le punir. Meifaline ce put fe difiimuler le danger qui la menaçoit. Elle apprit le retour de Claudius dans le temps qu'elle céiébroitla fëte des vendanges , fuivie d'une troupe de bacchantes couvertes de peaux de tigres &; de panthères. Elle paroifibit au milieu de cette troupe , le cothurne aux pies , le thirfe à la main , é<: à iiç's côtés Silius , entortillé de lierre & bondiiîant avec des ménaiies. Des niifléaux de vin couloient de tous côtés , ti. l'ivreiTe du vin & de la joie étoit générale. Aleflaline voyant fondre fur elle la tempête du côté d'Oflie , fe retira dans les jardins de Lucullus , fe flattant de fléchir , par fes larmes & de feintes careiîès , un époux qu'elle avoit tant de fois outragé. Elle em- ploya le miniikre de la plus ancienne des veftales. Elle lui confia fes enfans , & la pria de \es conduire à leur père. Elle traverfa Komie fans avoir d'autre efcorte que la po- pulace, qui l'accabla de fonm.épris. Claudius refuia de la voir &; de rcutendre. Il le ren- dit au cSnip j où les foldats demandèrent la , C L A punition do,^ coupables. Tous ceux qui étoient attachés à Mefl"aline, furent condamnés à la mort. Silius , fon amant adultère , follicita fon iiipplice , & il fut exécuté le premier. Tant de fang répandu fèmbloit avoir fatis- fait le ftupide Claudius ; Meflaline ne celîbit de lui écrire , tantôt avec tendrcil'e & tantôt avec miCnace. Narcifib , qui préveiyoit fa ruine, s'il ne la prévenoit , détermina Clau- dius à conferitir à fa mort. Il s'avance à la tête de fes fatellites vers les jardins de Lucul- lus : à leur vue , Meflaline effarée fè faifit d'un poignard pour s'en frapper ^ mais fà main tremblante fut fans force j & pendant qu'elle héfite , un tribun lui plongea fon épée dans le corps. Sa mère , qu'elle avoit dédai- gnée dans fa grandeur , fut à fes côtés jufqu'à ce qu'elle eût rendu le dernier fbupir , & ce fut elle qui prit loin de ià fépulture. Claudius en reçut la nouvelle à table , fans donner aucune marque de joie ni de triftefl^e. Il \it avec la même indifférence , Ces enfans pleu- rer leur mère, & fes accufateurs s'en réjouir., Après la mort de Meifaliiie , toutes les- beautés de Rome briguèrent l'honneur de la remplacer dans fon lit. Ce n'étoit point le vœu de l'amour , toutes n'écoutoient que l'ambition. Agrippine fut préférée^ & commue elle étoit nièce de l'empereur , cette union: parut inceiLueufe. Claudius, fier de s'être élevé au-deifus des loix , fe rendit au fénat , où ces; fortes de mariages furent autcrifés. Rome ,, depuis ce moment , devint fefclave d'une- femme aufli ambitieufe qu'impudique , qui fit plier les hammes & l^Bloixibus fès volon- tés. Quelques aéiions de démence lui conci- lièrent d'abord l'îiffediion des Romains. Sé~ neque rappelle de fon exil pour lui confier féducation de Néron ,. fut revêtu de la pré- ture*. Ellefeiervitde fon efjjrit pour applanir les obfl:acle3 qui fènibloient éloigner fon fils, de l'empire. Cette mère , . aveuglée par fà. tendreflè , fàcrifia ion bonheur à fon ambi- tion» Elle lit époufer 0^a\'ie à Néron , hon- neur qui le rendit égal en tout à Britannicus.. Ses delleins furent favcrifés par l'intrigue des- courtifàns , qui , complices de la mort de Meflaline , avoient à redouter le reirentim.ent de fon fils s'il parvenoit à l'empire. Agrip- pine , deveiiue l'arbitre des deliinées publi- ques & particulières , fit chafler de Rome Se de l'Italie celles qiii pouvoient lui diiputer le C L A fceptre de la beauté. Pallas , favori de Clau- dius^ avoit été l'artifan de fon mariage avec Agrippine qui en fît rinftrument de fon am- bition. Néron adopté p:ar fcs confeils , jouit dès ce moment des prérogatives attachées à l'héritier de l'empire. Briîaniiicus négligé , fît éclater fbn mécontentement , qu'on attribua aux conieils de lès fèrviteurs , qui tous furent punis par l'exil ou la mort. On leur liibllitua des e'pions qui rendirent un compte infidèle des démarches les plus innocentes de ce prince infortuné. Le fuccès des complots d'Agrip- jîine dépendoit des difpolîtions de l'armée. Elle fît donner le commandement à^i^i cohor- tes prétoriennes à Burrhus , capitaine eflinié. qui n'oublia jamais qu'elle étoit fa bienfai- trice. Cette femme, enivrée de fà grandeur, fe faifoit porter fiir un char jufques dans le capitule, privilège dont \q% feuls miniftres de5> dieux avoient joui jufqu'alors : mais c'étoit pour la première fois que les Romains ref- pedoient dans la même perfbnne , la mère , la fœur , la fille & la femme d'un empereur. Il s'éleva des féditions dont Claudius fut fur le point d'être la viâiime. L'Italie fut frappée du fléau delà flérilité. On imputa à fa négli- gence \zs maux que l'on avoit foufferts , & ceux dont on étoit menacé. Le péril qu'il courut dans les émeutes populaires , lui fit chercher les moyens d'entretenir l'abondance dans la capitale. Il encouragea , par des ré- compenfes , des négocians à tirer des grains des pays étrangers : il promit des dédomma- gemens à ceux qui effuieroient des pertes ou des naufrages. Il fournit des vaiffeaux & de l'argent pour cette entreprife. La loi qui dé- fendoit de fe marier après foixante ans fut abolie \ il fut permis à tout âge de donner des citoyens à l'état. Il offrit enfuite , au champ de Mars > le fpeâacle d'un combat naval. Plufieurs arrêts furent lancés contre les aftro- îogues & les devins \ mais de fî fages loix relièrent fans exécution. Claudius ne pretoit que ion nom à tout ce qui étoit ordoiuié dans Rome &lcs provinces. Toute la réalité du pouvoir réfidoit dans NarcifTe & Pallas , hommes nouveaux qui commandoient aux defcendans d'un peuple de rois. Narciile , rebuté par l'impérieufe Agrippine, fe repen- tit d'avoir perdu MefTaline. Il fe jeta dans le parti de Britanuicus , qu'il promit de fervir contre Ion co.icurrent à l'empire, La cour C L A ^ 117 étoit agitée de factions , lorfque Claudius , tombé malade, fe fît tranfporter à Sinueilë , où il fe flattoit que la pureté des eaux & de l'air lui rendroit fcs forces. Agrippine profita de fbn éloignement de Rome où elle étoit environnée de f})e£t:iteurs ^ elle crut qu'un lieu fblitaire étoit favorable à l'exécution de fcs horribles defléins. Elle fut long-temps incertaine fur les moyens de fe débarrafTcrdfr Claudius. Elle craignoit qu'en lui donnant uu poifon lent , elle ne lui lailfât le temps de ré- fléchir d'avoir préféré Néron à fon propre fils. D'un autre côté , il étoit à craindre qu'en ufant de trop de précipitation ^ elle ne prît point allez demefùres pour voiler fon crime* Enfin , elle eut recours au miniftere d'une fameufb empoifouneuie ^ qui lui fournit lui. poifon fubtil qu'elle fit fervir à fon mari dans un plat de champignons. Claudius , dont les' organes étoient ufés à force de débauches ^ réfîfta à la violence du poifon, qui ne fit qi.e le provoquer au vomillement» Agrippine , tremblante , eut recours à Xénophon , vdi- decinde l'empereur , qui .depuis long-temps , lui proflituoit le fecours de fon art. Ce mé-- decin , fous prétexte de faciliter le vomifFe- ment , lui enfonça dans le gofier une plume empoifonnée , dont il mourut, Agrippine tint pendant quelque temps fa mort cachée pour alfurer le trône à Néron. Elle afFecla la plus vive douleur pour mieux tromper Bri- tanuicus & izs fœurs. Quand elle eut pris fbs sûretés , elle fit ouvrir les portes du palais ^ &: Néron , accompagné de Burrhus à la tête des cohortes prétoriennes , fut conduit an camp , où , après avoir fait des largelfes aux foldats , il fut proclamé empereur, Claudius fut plus méprifé pour fa ftupidité que pour fes vices : ce n'ell pas qu'il n'eût un fonds de cruauté , & ce caractère fanguinaire fè ma- nifefloit dans le plaifir qu'il prenoit à voir donner la queftion aux coupables. Il afTiftoit aux fupplices y & fur-tout à celui des parri-» cides. Il aimoit à voir la figure & le mou- vement de vifage de ceux qui expiroient , & jamais il ne manquoitde fe trouver àlhcure; de midi au combat des gladiateurs contre les bêtes fauvages. Cet empereur, qui fe plaifoit à voir couler le fang , étoit le plus lâche de tous les hommes. Il fut empoiibnné à la £ou xante-quatrieme année de fon âgé , & à la quatorzième de fon règne. Lep^upic.ôc F f i 2iJ CL A le fénat curent la lâcheté de le mettre au nombre des dieux. Cet honneur fut aboli par Néron & rétabli par Vefpafien. ( T-n. ) Claudius (Flavius ), Hijf. Romaine^ iccond du nom , parvint à l'empire après la mort de Galiien , l'an 66ç). A fon avéncincut à l'empire , il trou\a toutes les frontières envahies & dcfolées par les barbares. Il mar- cha contre les Sarmatcs , les Gctes, les Scy- thes & les Quades , dont il fit un horrible carnage dans différcns combats. Quoique toujours vi£loricux, & qu'il ne dût Tes fuccès qu'à fes talens pour la guerre , il s'acquit en- core plus de gloire par la fageiFe de ion ad- ininiltration , qui rendit à la république fa tranquillité & fon éclat. Le fcnat, par re- connoiifance , lui confacra une ftatuc d'or dans le capitole. On prétend qu'il étoitfiisde l'empereur Gordien , dont il avoit le carac- tère doux & bienfaifant : Galiien , par amour pour la république , l'avoit défigné fon fuc- ccifeur en mourant j il lui avoit même en- voyé tous les ornemens de la dignité impé- riale : le peuple , le fénat & l'armée ne con- tefterent point cette nomination, & tous fè félicitereut dans la fuite d'obéir à un empe- reur qui ne s'occupoit que du foin de perpé- tuer la félicité publique. Il ne gouverna que deux ans. C/ûz/i/'^j,'fentantfa fin approcher, voulut encore être le bienfaiteur de la pofté- rité en recommandant Aurélien au fénat & à l'armée. Cette recommandation lui valut l'empire, & l'on refpeâia les volontés de Claudius jufques dans fon tombeau. Il lailfa lin frère nommé Quintillus Aurdius , que le fénat proclam.a Céiar Augufte , mais ce fut un fantôme palFager fur le trône. Auréliea , à la tête des légions, marcha vers Rome pour y faire valoir fes droits. Quintillus fe icntant trop foible pour lui rêfifter , s'ouvrit les veines , & mourut dix-ièpt jours après qu'il eut été déclaré Céfar. Claudius fit re- naître \<à% beaux jours de Trajan , dont il eut Ja modération &c l'équité. Une femme per- fuadée de fa dreiture , l'aborda , en lui di- fant : Prince , un officier , nommé Claude , s'eft approprié mon champ fous le règne de Galiien. Je n'ai que ce bien pour fiibfiHer \ puifque vous êtes empereur , ufez de votre autorité pour me le faire reftituer. Claude re- connut qu'il étoit l'officier dont cette femme parloit 5 il lui répondit avec boute : Votre CL A bien voua fera rendu \ il eft jufte que Claude empereur reftitue ce que Claude particulier a ufurpé. ( T-iv. ) Claudius Pulcher ne doit fa célébrité qu'à Ïq.^ défaites & à fon mépris pour la re- ligion dominante. C'étoit un de ces hommes qui , foulant aux pies l'abfurdc idolâtrie , n'avoient pas affez de lumière pour rendre gloire au fcul Dieu vivant & véritable. Il perdit une bataille navale en Sicile contre les Carthaginois. Il voulut avoir {:à revanche avec Afdrubal , qu'il fe fiattoit de furprendre à l'embouchure du port de Trepani. Les aruipices , dit-on , voulurent le détcurner de cette entreprife, en lui repréfentant que les préfàges éîoient finiflres. Il les tourna en ri- dicule, £;iperfi{tadans faréfoiution. Comme il Iqrtoit de P».ome , le chef des arufpices fè préfenta fur fbn pafTage , & lui montra la cage où les poulets facrés étoicnt renfermés^ Se comme on lui fit connoître qu'ils ne vou- loient pas manger, ce qui étoit un mauvais préfage , il les prit Se les jeta dans le Tibre en difiint : Puifqu'ils ne veulent pas manger il faut les faire boire. Les prêtres fcandalifés , vomirent des imprécations contre lui. Leurs prédirions furent accomplies. Sa flotte fut engloutie fous les eaux. Le peuple faperili- tieux attribua ce défordre à fon mépris pour la religion. Le fénat , pour fatisfaire la mul- titude & l'ordre des prêtres , dégrada Clau^ dius de toutes {^s dignités. Il fut condamné à une amande, & forcé de nommer lui-même un diâ:ateur. Claudius^ qui méprifoit autant fes concitoyens que les dieux , nomma \\\\ certain Glaucia^ cipcce d'imbécille qui étoit l'objet des dérifions publiques. Ce choix re- doubla l'horreur que les Romains avoient pour lui. Claudius fe confola dans la retraite & les plaifirs de fa dégradation &. de fon in- famie. Il étoit riche , il ne manqua point d'amis, ou plutôt de complices. ( T-^. ) Claudius (Publius) eut l'orgueil &: les vices de fes ancêtres fans avoir aucune de leurs vertus. Son courage audacieux le m.it à la tête de tous les tumultes populaires qui préparoientla ruine de la république. Amant de toutes les femmes , il n'airaoit à les fubju- guer que pour infulter à leur foiblelTe. Pom- peia , femme de Céfar , alluma fa paffion. Il s'introduifit fecrétement chez elle déguifé en joueufc d'iiiHrumeat. Ayaat été décou- C L A vert , il fut falfi & cité au tribunal des loix pour être ]ugé & puni. Cicéron , qui fut ion accufateur, lança contre lui tous les foudres de fon éloquence ^ mais les juges retenus par le crédit de fa famille, & peut-être corrom- pus par iès larg:elîês , le renvoyèrent abfous. S'étant fait élire tribun par fà fad:ion , il îibufa du crédit de fa place pour condamner Cicéron à l'exil. 11 réduilit en cendres la maiibn & les métairies de cet orateur. Il mit à l'encan tous fes biens , mais il ne fe trouva perfonne pour les acheter. C/audius, flétri par la débauche , fut tué par iMilon , dont l'orateur Romain prit la défenlc. La harangue qu'il pronojiça eft un chef-d'œuvre ce l'éloquence oi. du raifonnement ^ mais elle n'empêcha point que Milon ne fût exilé à IVlarfeille. Le nom de ce Claudius ne feroit jam^ais fbrti de l'oubli, il l'éloquence de Ci- céron n'eût immortalifé i^s vices. ( T-^n. ) Claudius ( Appius ) , décemivir , s'e rendu honteufemiCnt célèbre par fa pafîion pour Virginie, jeune Romaine , contre la- quelle il exerça toutes foi tes de violences. Cette innocente victime de la brutalité fit avertir fon père des attentats faits à fa pudi- cité. Ce vertueux vieillard , chef de cohorte , quitte fur le champ l'armée , £i fuivi de qua- tre cents hommes qui partageoient fon ou- trage , il fè rend à Rome pour arracher fa £lle des bras de fon corrupteur. Il obtient la permillion de la voir ;, ils s'embralfent & con- fondent leurs larmes. Il lui miontre enfuite un couteau , Se lui dit : Ma chère Virginie , voilà ce qui me relte pour venger ton hon- neur & le mien. II lui enfonce à l'inftant le couteau dans le fèin. Il fè dérobe à la fureur de la multitude , remplie d'horreur &: d'ad- miration. Virginius rejoint l'armée , qu'il trouve difpofee à le venger de fon ravillèur. Elle s'approche de Rome , & campe fur le mont Aventin. Le peuple fbulevé fc joint à l'armée. Claudius efl traîné ignominieufc- ment dans un cachot , où il prévint la honte de fbn fupplice en fè donnant la mort. Ce crime fît abolir les décemvirs , qui avoicnt tyrannifé Rome fous le titre de protecteurs de la liberté publique. ( T-n. ) CLAVEAU, f. m. ( Archnccl.) efl une des pierres en forme de coin , qui fervent à fermer une plate-bande. Lat-cuneu Claveau à crojfçtu j efl celui dont la tête CLA 225 retourne avec des afîîfès de niveau pour faire iiaifbn. ilts claveaux font ordinairement ornés de fculpture ^ je dis ordinairement , car il arrive fouv eut qu'on en fait un trop fréquent ufage. Ces orneniens ne devroient être employés que dans le cas où l'ordonnance femible l'exi- ger , comme dans les façades des bâtimens de quelque importance , où l'architeûure & la fculpture annonçant la magnificence , il paroîtroit à craindre que les claveaux àts ar- cades ou croifées étant lifîès ne fulfent un défaut de convenance : mais d'en admettre jufquc dans les maifons à loyer , dcitinées au commerce & au logement àcs artifans , c'eft prodiguer ce qui doit fcul diltinguerlcs maiibns àQS grands d'avec la demeure des particuliers. Le dcftut de convenance n'ell pas le fèul que l'en puifîè reprocher dans le cas dont il s'agit aux décorateurs de nos jours ^ le ridi- cule de donner à ces claveaux àQS formes pittoreiques &de travers , efl bien pluscon- dairiiiable. ^oye^ ce que nous en avons dit en parlant des agrajfes. (P^ Claveau , ( Art vétérin, ) maladie âiCs brebis & des moutons '^ eu latin clavola j fém. pufula , fém. Colum, Elle fe fait con- noître dans fon commencement par de petites élevûres ou taclies rouges qui fe voient aux endroits où la laine garnit le moins la peau : ces taches ou élevûres fe changent eniùite en boutons ^ l'animal touf- fe , &; porte la tête bafîè ^ fon nez devient morveux & galeux \ enfin il meurt au bout d'un petit nombre de jours. Si pour lors on le\'e la peau , on la trouve toute remplie de pullules , & communément les poumons & \qs reins plus gros & plus enflés qu'ils n'é- toient naturellement. Cette maladie fi fré- quente & fi contagieufè parmi les brebis & les moutons , a beaucoup de rapport à la petite vérole qui règne parmi les hommes : auiîi a-t-elle de tout temps fait des ravages prodigieux dans les troupeaux \ & c'eil peut- être de là qu'elle tire fon nom. L'étymolo- gie importe fort peu, mais ce fèroit une dé- couverte à^% plus utiles que de trouver un remède à ce mal , ou du moins une méthode de le traiter qui diminuât la mortalité du bétail qu'il attaque. Article de M. le c/u'va" lier D s Jaucqvut, ijo C L A CLAVECIN , f. m. ( Luth.) iiiftrument de mélodie & d'harmonie , dont on fait parler les cordes en preflant les touches d'un clavier femblable à celui de l'orgue. Il eft , comme Ton fait , compofé d'une cailfe de bois de lîx pies &demi de long, fur laquelle font tendues des cordes de métal. Les cor- des du delîiis font de Hl de fer très-fin , & celles des balTes qui font plus greffes , font de fil de laiton. Il y a fur le devant du cla- vecin un clavier qui a autant de touches que l'inftrument a de cordes. Quand on appli- que le doigt fur l'extrémité antérieure d'une de ces touchés , fon extrémité poftérieure s'élève & fait élever dans la même propor- tion une lame de bois nommiée fautereau , qui eft armée d'une petite pointe de plume de corbeau. Ce petit morceau de plume reacontre la corde , il la frappe & lui fait rendre un fon comme (î elle étoit pincée avec l'ongle. Les caiffes -qui forment le corps des cla- vecins peuvent être faites de toutes fortes deboisindiftinôement^ mais la table d'har- monie , qui eft celle fur laquelle les cordes font tendues , eft toujours conftruite du fa- pin le plus uni & le plus vieux qu'on puilfe trouver. Les fadteurs de clavecins font venir de la Lorraine ou de la Suiffe le fapin qu'ils emploient pour la conflruftion de ces ta- bles , d'où dépend principalement la bonté d'un clavecin. Pour les écliffes , c'eft-à-dire les contours de la caifle du clavecin , ils fe fervent de planches minces de tilleul, de chêne , même quelquefois de noyer '^ mais ce dernier bois n'eft plus en ufage depuis qu'on ven.iit le dehors à^i clavecins avec autant de propreté , de richeffe & de goût qu'on le fait à Paris. La carcaflé du dedans , qui foutient tout le corps du clavecin , eft de bois de fapin ou de tilleul : les deux che- valets du diapafon , ainfi que les autres qui font près des chevilles , font ordinairement de bois de chêne •., avec la différence que celui de foâave eft beaucoup plus bas , & beaucoup plus près des chevilles que l'autre, hefom- mier , qui eft l'endroit où les chevilles font adaptées , eft d'un bois dur , comme , par exemple , du chêne , de l'orme ou du fy- comore , & il eft très-folidement affermi par les deux côtés pour pouvoir foutenir la tente des cordes , qui dans un clavecin à grand CL A ravalement & à trois regiftres contenant cent quatre vingt-trois cordes tendues avec toute la force requife , équivaut à un poids de dix-huit cents livres. Le bois intérieur des daviers eft de tilleul le plus uni;, les placages qui font collés artif- tenient fur les touches du clavier , font d'é- benc pour les touches du genre diatonique , & d'une petite palette d'os de bœuf pour celles du genre chromatique. On faifoit au- trefois d'ivoire ces palettes j mais comme elles étoient fujettes à jaunir au bout d'un certain temps , on a mieux aimé employer l'os de bœuf qui refte toujours blanc. Les regijfres^ ainii que les guides intérieurs qui y ont rap- port , font de bois de tilleul , & les regiftres font garnis de peau pour empêcher le cli- quetis des fautereaux qui font faits de poirier le plus liffe & le plus uni. h.dibarre quiregle l'élévation des fautereaux , & par conféquent l'enfoncement des claviers , eiè une planche étroite , très-maffive de bois de tilleul ou d'orme : elle eft garnie en deffous de deux ou trois bandes de drap qui empêchent d'en- tendre le choc des fautereaux contre la barre: elle eft affermie par les deux bouts avec àQi crochets , de fort fil d'archal. Le fàvoir d'un bon fafteur de clavecins confifte à donner à fon inftrument un fon mâle , fort argentin , moelleux , & égal dans tous les tons. La plus grande partie de ces bonnes qualités dépend de la bonté de la table , de la jufteffe du chevalet du diapafon , & du ménagement d'un contrechevalet in- térieur qui eft collé contre la table de l'har- monie, entre les deux chevalets du diapafon, & qu'on appelle boudin en termes de l'art. Ce boudui , ainfi que les barres de traverfe placées du côté des balles du clavecin , entre l'écliffe terminante ou la planche droite qui eft du côté des baffes fur le derrière du cla- vecin , &le diapafon ou chevalet de l'oâave, contribuent beaucoup à la belle qualité du fon lorfque ces pièces font ménagées félon les vrais principes de l'art. L'aifance du clavier & l'égalité de la force à l'égard de chaque touche , eft auili un des points qu'un fadleur de clavecins doit nécef- fairement obferver , en donnant le juftc con- trepoids relatif à la force du doigt qui anime le clavier , & en évitant que le clavier n'en- fonce pas trop , ce qui le rend incommode C L A a jcuer , ni trop peu , ce qui le rend coriace & diminue le volume du fbn. Les meilleurs clavecins qu'on ait eus juf- qu'ici pour le beau fon de l'harmonie , font ceux des trois Ruckers (Hans, Jean & An- dré ) ainfi que ceux de Jean Couchet , qui , tous établis à Anvers dans le lîecle pafié , ont fait une immenfe quantité de clavecins , dont il y a à Paris un très-grand nombre d'originaux , & reconnus pour tels par de vrais connoifleurs. Il s'eft trouvé de notre temps des faâ:eurs qui ont copié & contre- fait les clavecins des Ruckers à s'y mépren- dre pour l'extérieur , mais la qualité du (on a toujours découvert la fupercherie. Cepen- dant ces incomparables clavecins d^s trois Ruckers & de Couchet , tels qu'ils font fortis des mains de ces maîtres , deviennent ab- iblument inutiles aujourd'hui ^ car ces grands artiftes , qui ont entendu fupérieurement bien la partie de l'harmonie , ont très-mal réuflî dans la partie du clavier. Outre cela tous ces clavecins Flamands font fi petits que les pièces ou fonates qu'on fait aujourd'hui ne peuvent point y être exécutées : c'eft pour- quoi on les met à grand ravalement ^ en leur donnant foixante 6c une touches au lieu de cinquante qu'ils avoient autrefois. D'ailleurs , au lieu de cent cordes ( car la plupart de ces clavecins dQS Ruckers n'ont été faits qu'à deux cordes par touche ) on les charge de cent quatre-vingt-trois cordes , en y ajoutant lui grand unilîbn , moyennant lequel l'har- monie devient encore plus mâle & plus ma- jeftueufe. C'eft dans cet art d'agrandir les clavecins des Ruckers , que feu Blanchet a réuffi in- comparablement bien. Il faut pour cet effet les couper du côté des delîùs & du côté des balles^ enfuite élargir , & même allonger tout le corps du clavecin ^ enfin ajouter du fapin vieux , fonore , & le plus égal qu'on puiile trouver , à la table de l'harmonie , pour lui donner fà nouvelle largeur & lon- gueur. Le grand fommier fe fait tout à neuf dam ces fortes de clavecins , qui , tout bien confîdéré , ne conièrvent de leur premier être que la table & environ deux pies & demi de leurs vieilles écliiîes du côté droit. Les parties acceffoires , comme claviers, fawte- reaux , regiftres , fe font à pré fent avec beau- coup plus de jufteiié & de précifîon que les CL A 23, maîtres Flamands ne les ont faites dai-is 'e iiecle paffé. Un clavecin des Ruckers eu de Couchet , artiftement coupé & élargi , avc'C des fautereaux , regiftres & claviers de Blanchet , devient aujourd'hui un inftrumicnt très-précieux. Le prix ordinaire des clavecins ornés d'un fimple vernis propre , fortant des mains du faéteur , & fait par un artifie de Paris , va aujourd'hui à cinq ou ftx cents livres : les meilleurs fe paient fept cents livres , mais ce n'eft que lorlque l'harmonie eft fi moelleuie qu'elle approche de la bonté de celle des cla- vecins Flamands dont nous venons de parler. Les faveurs de clavecins empîument &: accordent ces inftrum.ens dans les maifons , & ce n'eft pas le point le moins intérefiant de leur art , lorfqu'ils veulent donner un em- plumage léger, tranchant, -& par-tout égal. Pour l'accord , il faut qu'ils faft~ent ce qu'on appelle h partition ; elle confifte à accorder de quinte en quinte , en partant de la note qu'on a mife au ton , jufqu'à ce qu'il y ait une oé^ave entière avec fès demi tons qui foit d'accord ^ il eft facile d'accorder enfuite tout le refte du clavecin lur cette oclavc. Mais cette partition a fa diiïiculté , ik ne peut être bien faite que par un homme qui en a l'habitude. Cette difficulté vient de ce que dans le clavecin , & en général dans tous les inftrumens à clavier , on ne doit point accorder les quintes juftes , parce qu'alors, comme c'eft une même note qui fèrt de quinte à un ton & de tierce à un autre , fi les quintes étoient juftes les tierces ne le ie- roient pas ,* & tout le clavecin feroit faux. On eft obligé , pour éviter cet inconvénient , d'affoiblir un peu toutes ou preique toutes les quintes , de manière cependant qu'elles foient fupportables à l'oreille ; on diminue par ce moyen le faux des tierces autant qu'il eft poffible , fur-tout dans les tons naturels : c'eft-là ce qu'on appelle le tempérament. Il faut une application particulière & une oreille très-fine pour bien accorder un clavecin , enforte qu'il paroifté jufte dans tous les tons, quoique réellement il ne le foit jamais. Les faveurs de clavecins font aufii des épinettes qui font des demi-clavecins à une corde par chaque touche \ ou bien des. épi- nettes en oftave de c/ûrt'c//?5, qui ne font d'aucun ufage pour une muiique réglée. ijî C L A Les monocordes , appelles auiiî clancordes , méritent plus de conlldération. Ils font fort agréables quand ou les joue tout iêuls ) leur fbn eft extrêmement doux , vu que ce n'eft pas le pincement d'une plume , comme un clavecin , qui fait frémir la corde , mais une petite lame de laiton fichée dans la partie poftérieure du clavier , qui , en élevant la corde , le fait fbnner. On peut exécuter fur cet inftrument toutes les pièces de clavecin ; il fert aufîî très- bien pour l'accompag-nement d'une voix, flûte ou violon. C'eft dommage que ces fortes d'inftrumens ne foient pas connus en France. On en fait d'excellens dans la haute Allemagne , ainlî que des cla- vecins à deux claviers , for-tout dans les vil- les de Drefdc , Berlin , Dantzick & Ham- bourg. Dans ces mêmes villes on fait aufîî des clavecins en obélifque ow pyramide : leurs cordes étant placées perpendiculairement au delTus du clavier , ils tiennent moins de place dans les appartemens , & font un meuble aiTez agréable \ mais pour les concerts , ils deviennent inutiles , à caufe de la difficulté de les placer avantagenfcment avec tout l'or- cheftre. Depuis un certain temps on fait venir à Paris des clavecins a marteau^ appellés^or/r- piano^ travaillés très-artiftement à Strasbourg par le fameux Silbermann. Ces clavecins, dont l'extérieur eft tout en bois de noyer le plus propre & le plus luifant , font faits en forte que chaque clavier fait lever une efpece de marteau de carton enduit de peau , qui frappe contre deux cordes unilTonnes , ou contre une feule fi l'on veut. Ils ont cet avan- tage , que l'appui du doigt, plus fort ou plus foible , détermine la force ou la foibleife du fon. Ils font fort agréables à entendre , fur- tout dans des morceaux d'une harmonie pathétique , & ménagés avec goût par celui qui l'exécute ^ mais ils font plus pénibles à jouer , à caufe de la pefanteur du mar- teau , qui fatigue les doigts , & qui même rend la main lourde avec le temps. Clavecin a roue , {Luth. ) j'appelle ainfi un clavecin , dont probablement l'in- venteur a tiré l'idée de la vielle. Comme le clavecin ordinaire n'a ni tenue , m piano , m forte , ou du moins, point de différens degrés de piano & de forte , plu- iîeurs perfonnçs ont cherché à remédier à C LA î CCS défauts. Ces recherches ont mené utî bourgeois de Nuremberg , nommé Jean Huyden , qui vivoit au commencement du dix-feptieme fiecle , à l'invention de l'inftru- ment fuivant : cependant Galilée &: d'autres auteurs prétendent que cette invention eft plus ancienne. Le clavecin à roue eft , quant au corps , exaâ:ement fomblable au clavecin ordinaire ; mais au lieu de fautereaux il a cinq ou fix roues d'acier , fur chacune desquelles eft collée une bande de parchemin bien unie ; on frotte ce parchemin de colophane comme les archets , ou , ce qui vaut inieux , avec de l'huile d'afpic , où l'on a fait diflbudre de la colophane : ces roues d'acier font mifes en mouvement par une grande roue qui eft dans le corps de l'inftrument & par quel- ques cylindres. Le muficien fait aller lui- même la grande roue avec le pié , comme celle du rouet , ou bien un homme la fait aller avec la main. Les cordes font toutes d'acitr , celles qui donnent les fons les plus graves font envi- ronnées de parchemin, en forte que les plus grofles font à-peu-près comme les cordes d'une contre-bafle. Les cordes qui donnent les fons aigus , ne font point garnies de par- chemin. Toutes ces cordes font tendues commc^ dans un clavecin ordinaire , mais chacune palfe de plus dans un petit anneau qui tient à la touche correfpondante , enforte que quand on baiflé cette touche , la corde vient frotter la roue , & produit un fon fembla- ble à celui du violon ou plutôt de la vielle ; il eft clair que tant qu'on tient la touche baiflëe , la corde frotte & le ton a de la te- nue ;, il eft encore également clair qu'en ap- puyant plus ou moins fort , on peut produire le piëno , le forte & le crefcendo. J'ai vu un inftrument de ce genre à Ber- lin ^ celui qui l'avoit conftruit , avoit fubfti- tué des cordes de boyaux , aux cordes d'a- cier , & une efpece d'archet aux roues cou- vertes de parchemin : cet archet étoit une large bande formée par un alfemblage de nombre de crins de cheval , noués à un bout \ cette bande de crins qui formoit un anneau , paflbit fur deux cylindres , enforte que quand ces derniers tournoient ,1a bande de crins marchoit continuellement comme CL A un archet , mais toujours dans le même feus ^ ce qu'il y avoit de plus ingénieux , c etoit la manière dont le facteur de cet ini- . trument avoit évité le choc que dévoient natu- rellement produire les nœuds des crins en paiFant fur les co /des ] car il avoit arrangé ces nœuds cuiorte qu'ils faifoient une ligne oblique & par coniéquent ne paflbient que fucceilivement fur les cordes , de manière que quand un de ces^nœuds paifoit fous les cordes , le mauvais effet qu'il auroit pu pro- duire étoit étouffé par le fon que produi- foieut tous les autres crins entiers. A une des extrémités de l'archet , étoit un petit fachet de moufl'eline ou de quelque au- tre tilfu clair , plein de colophane , qui frot- toit continuellement les crins. Cet inftrument , aufTi bien que tous ceux de cette efpece , produit un fon rude & dur , comme quand on racle du violon ^ il feroit cependant à fouhaiter que quelqu'un pût lui ôter ce défaut. ( F. D. C. ) Clavecin brisé, (Z://-;^.) clavecinqul (è démonte ôc remonte fort aifément , en forte qu'on peut le porter en voyage. ( F. D. C. ) Clavecin vertical , {Luth.) en Italien cembato verticale , en Latin clavici therium , efpece de clavecin que quelques-uns appel- lent xv.-A-bi-T^xO'^os pantalon. V, Pan TALON, (Luth.) Le clavecin vertical n'eft autre chofc qu'un clavecin dont le corps un peu plus étroit que celui d'un clavecin ordinaire , cft vertical au lieu d'être horizontal , & prend par confcquent beaucoup moins de place. Comme ici les fauteraux ne font pas verti- caux , & ne peuvent pas retomber d'eux- mêmes , ils font repoulîés par lui fil élafti- que. ( F. D. C.) * Clavecin oculaire. (Mu/lq. &Opt.) inftrument à touches analogue au clavecin auriculaire , coinpofé d'autant d'ochives de couleurs par tons & demi-tons , que le cla- vecin auriculaire a d'o£taves de fous par tons & demi-tons , deitiné à donner à l'amc par les yeux les mêmes fènfations agréables de mélodie 8c d'harmonie de couleurs , que celles de mélodie & d'harmonie de fons que Je clavecin ordinaire lui communique par l'oreille. Que faut-il pour faire un clavecin ordi- jiaire ? des cordes diapafonnées félon un cer- tain fvftême de mullque , & le moyen de Tome FUI, C L A i}3 faire raifbnner ces cordes. Que faudra t-d pour lui clavecin oculaire ? des couleurs dia- pafonnées félon le mêm.c fyftême que les fons , & le moyen de les produire aux yeux; mais l'un eft auflî polfible que l'autre. Aux cinq toniques de fous , ut , // , mi , fol , la , correlpondront les cinq toniques de couleurs , bleu , verd , jaune , rouge , 6c violet ^ aux fept diatoniques de fons ^ ut y ré ^ mi ^ fa^ fol , la , // , ut ^ les fept dia- toniques de couleurs , bleu , verd , jaune , aurore , rouge , violet , turquin , bleu-clair ; aux douze chromatiques ou femi-diatoni- ques de fons, ut^ut^y^ ; ré , r/, M^^ miy fa, fa, )^,fol,fol,:^,la,la,y^,fy ut ; les douze chromatiques ou femi-diato- niques de couleurs , bleu , céladon , verd ^ oli\'e , jaune , aurore , orangé , rouge , cramoifi , violet , agate , turquin , bleu , &c. D'où l'on voit naître en couleurs tout ce que nous avons en fons ^ modes majeur 6c mineur , genres diatonique , chromatique , enharmonique , enchaînemens de modula- tions ; confonnances , dilfonances ^ mélo- die , harmonie ', enforte que fi l'on prend un bon rudiment de muiîque auriculaire , tel que celui de M. d'Alembert , & qu'on fubftitue par-tout le mot couleur au motfony on aura àcs élemens complets de mufique oculaire , clss chants colorés à plufîeurs par- ties , une balTe fondamentale , une balîe continue , des chiffres , des accords de toute efpece , même par fuppofîtion & par fufpen- fion , une loi de liaifon , des renverfemcns d'harmonie, &c. Les règles de la mufique auriculaire ont toutes pour fondement la production natu- relle & primitive de l'accord parfait par un corps fonore quelconque : foit ce corps ut : il donne les fons ut ,fol , m/, auxquels cor- refpondront le bleu , le rouge , le jaune 9 que plufieurs artiftes & phyficiens regardent comme trois couleurs primitives. La mufique oculaire a donc dans £es principes un fonde- ment analogue à la mufique auriculaire. F". Couleur. Qu'eft-ce que jouer? C'eft , pour le cla- vecin ordinaire , fonner & fe taire , ou pa- roître ^ difparoître à l'oreille. Que fèra-cç que jouer pour le clavecin oculaire ? fe mon- trer & fc tenir caché , ou paroître & difpa- roître à l'œil 5 & comme la mufique auricu-, Gg 134 C L A laire a vin^ ou trente façons de produire les fous , par des cordes, des tuyaux, des voix , des violons , des huiles , des lyres , des gui- tares , des clavecins , des épinettes , des haut- bois , des flûtes , des fifres , des flageolets , des baflbns , des ferpens , des trompettes , des orgues , &c. la mufique oculaire aura autant de façons correi|X)ndantes de pro- duire les couleurs, des boîtes , des éventails , des foleils , des étoile* , des tableaux , des lumières naturelles , artificielles , ùc» Voilà la pratique. Les objections qu'on a faites contre la mu- fique & l'inftrument oculaires fe préfcntent fi naturellement , qu'il eft inutile de les rap- porter : nous ofons feulement affurer qu elles Ibnt fi parfaitement , finon détruites , au inoins balancées par les réponfes tirées de la coinparaifon des deux mufiques , qu'il n'y a plus que l'expérience qui puilfe décider la queftion. La feule différence importante entre les^ deuK clavecins qui nous ait frappée , c'eft que quoiqu'il y ait fur le clavecin ordinaire \m grand intervalle entre fa première & fa der- nière touche , l'oreille n'apperçoit point de difcontinuité entre les fons ^ ils font liés pour elle comme fi les touches étoient toutes voi- fines , au lieu que les couleurs feront diftantes & disjointes à la vue. Pour remédier à cet inconvénient dans la mélodie & Tharmonie ■oculaires , il faudroit trouver quelque expé- dient qui liât \t^ couleurs , & les rendîtcon- tinues pour l'œil ;, finon , dans les airs d'un mouvement extrêmement vif , l'œil ne fâ- chant quel intervalle de couleurs on va faire , ignorera , après avoir vu un ton , oii il doit fe porter pour apperccvoir le ton fuivant , & ne làifira dans une batterie de couleurs que quelques notes éparfes de tout un air coloré , ou fè tourmentera fi fortpour les faifir toutes, qu'il en aura bientôt la berlue \ & adieu la mélodie & l'harmonie. On pourroit encore ajouter que quand on les faifiroit , il ne fèroit pas poffible que Ton retînt jamais , & qu'on eût la mémoire d'un air de couleurs , comme on a celle d'un air de fbns. Il fèmble que les couleurs d'un davtcin oculaire devroient être placées fur une feuk iande étroite , verticale & parallèle, à la -hauteur du corps du muficien 5 au lieu que 4es cordes d'un clavecin auriculaire font pia- C L A cées dans un plan horizontal & parallèle à I^ largeur du corj)s cki mulicien auriculaire. Au reile , je ne prétends point donner à cette objedion plus de valeur qu'elle n'eu a : pour la rélbudre , il ne faut que la plus petite partie de la fagacité que l'invention du cla- vecin oculaire fiippofè. On ne peut imaginer une pareille machine fans être très-vcrfé en mufique & en optique^ on ne peut l'exécutef avec fuccès fans être un rare machinifte. Le célèbre P. Caftcl jéfuite en efi: l'inven- teur ^ il l'annonça en 172-5. La faéture de cet inilrument eft fi extraordinaire , qu'il n'y a que le public peu éclairé qui puiflè fe plaindre qu'il fe fafle toujours & qu'il ne s'achève point. * CLAVETTE , f. f . ( Arts méck. ) c'eft communémient un morceau de fer plat , plus large par un bout que par l'autre , en forme de coin , que l'on infère dans l'ouverture d'ua boulon en cheville de fer pour le fixer. Il arrive quelquefois à la clavette d'être fendue en dens. par fbn bout étroit ^ alors on écarte ces deux parties dont la divergence empêche la clavette de fbrtir de l'ouverture du boulon : quelquefois ce coin plat étant fait d'un mor- ceau de fer mince , replié en double fur lui- même , le bout étroit n'a pas befbin d'être fendu jxjur arrêter la clavette ; il fuffit d'é- carter par le petit bout les deux lames de fer , qui appliquées l'une fur l'autre forment le corps môme de la clavette. Les clavettes Cont. employées dans une infinité d'occafions. Les tourneurs en fer donnent ce nom , & aux coins de fer qui fervent à ferrer les poupées & les fùpports fur les jumelles du tour , 8c aux chevilles de fer qui fixent les canons fiir la verge quarréc de l'arbre du tour en ovale , & aux chevilles en bois ou aux fiches de fer qu'ils placent de diftance en diftance fur la barre d'appui. V. ToUR. CLAVICORDE. Foyei Clavecin. CLAVICULE , f. f. terme d'anatamie, eu le nom de deux os fîtués à la bafe du cou & au haut de la poitrine. F", les planches d'Anat» {OJléol.)v.auJfiles articles Cou,THORAX,(S'r, Elles font un peu courbées à chaque bout , mais en fcns oppofés , cnfbrte qu'elles ref^ fèmblent à-peu-près à uoc S qui fèroit cou- chée. Ou les a appellées clavicules , parce iqu'Uk^ ^iit coiianie \ç.% c)é$ du thorax. C L A "Leur fubflaiice interne eft fyongleuCe , ce qui fait qu'elles caffent aifément. Elles fe joignent d'un bout par fyncliondrofe à l'a- Ïjophyfe acromion de l'omoplate , & de autre par arthrodie à un linus (ituc à droite &: à gauche de la partie fupérieure du fier- nu m. Leur ufàge eft de tenir les omoplates fixes & arrêtées dans le même endroit, & d'empêcher qu'elles ne glilTeiit trop en de- vant vers la poitrine. On a remarqué depuis long-temps que dans les hommes les clavicules font commu- ném.ent plus courbées que dans les femmes , c'eft pourquoi ils ont le mouvement des bras plus libre :, les femmes au contraire en qui ces os font plus droits , ont la gorg*» plus belle , plus élevée , & moins remplie de foiTes. Toutes fortes d'animaux n'ont pas des 'Clavicules , il n'y a que ceux qui le fervent de leurs pies de devant comme nous faifons de nos mains , qui en aient : tels font les iînges , \i^^ rats , les écureuils , & autres. L'ui^ge des clavicules eft d'affermir les «omoplates dans leur fituation naturelle , & par conféquent de tenir les bras écartés : elles -empêchent donc que les omoplates ne tom- bent trop en devant avec les bras ; de-là vient que la poitrine eft plus large dans l'homnie que dans les autres animaux. Comme les clavicules ne font recouvertes 'que de fîmples tégum.cns , -elles font fort fiijettes à fe fradlurer par la violente impref- fîondescaufes extérieures ^ & après la réduc- tion faite , il eft très-difficile que les pièces de l'os réduit demeurent dans la fituation où on a les mifes , le moindre mouvem.ent du bras étant capable de les déranger : il refte toujours à l'endroit de la frafture un calus phis ou moins diftbrme , malgré toutes \qs machines qu'ont pu inventer les plus habi- leschirurgicns pour tenir ces os fradturés dans un parfait repos après leurréduôion. Quand donc cette fraéture arrive à des femmes cii- rieufès de la beauté de leur gorge , cette ré- duéiion n'eft preique jamais trop honorable au chinirgien : auffine négîige-t-il guère alor^ d'avertir de la difformité qui peut en réfulter , avant que d'entreprendre de la remettre. Les clavicules font encore expofées aux luxations , mais raremeiit j à caufe de ia force C LA 235 de leurs ligamcns : la cure fera d'autant plus difficile , qu'on différera la réduction ^ car les luxations des clavicules font prefque tou- jours incurables , quand elles font une foiî invétérées ^ la réuftlte dépend des bandages , qu'il faut appliquer avec tout le foin pofîi- h\Q , après avoir réuni les parties difloquées dans leur fituation naturelle. Galien s'efl une fois démis la clavicule en luttant, & les deux os fè réunirent par un bandage qu'il porta pendant quarante jours. ( M. h Chevalier de J AU COURT. ) § Clavicule , ( Chirurgie. ) Ifouveau moyen de favorifer la curatioà des maladies de la clavicule.^ torfqu elles font compliquées defradure ou de luxation. L'anatomie nous apprend que trois mufcles très-forts s'atta- chent en partie à la. clavi.cu le, fàvoir , le del- toïde , le grand pedèoral , & le fterno-maf- toïdien : que leurs allions fuivent toujours une direfticn contraire lorfque la clavicule eft caffée , ou défarticulée , parce qu elle ne peut plus leur ièrvir de point d'appui. Ces mufcles donc fè rapproclient dô leur infertion en déterminant l'épaule en avant , pendant que le malade d'un autre côté a beaucoup de difficulté à relever le bras. Cela pofe , ii fiiit que ce dérangement occafîone pour l'ordinaire le gonflement avec la com- preffion de la trachéc-artere , de la jugu- laire , de la fous-claviere & de la plus grande partie de la huitième paire des nerfs j d'où la difficulté de refpirer , la rougeur des yeux y les étourdifTemens , l'anxiété , avec dépra- vation de l'adlion du brss & de Tépaule, &c. Les parties étant ainfî léfées , il n'efî pas douteux qu'on doit chercher à y remédier le plutôt poffible , en les remettant dans leur fituation ordinaire; Aais cojnme cette partie eft très-expofée à être cafTée ou luxée , il efl confiant que ces maladies peuvent être com- pliquées de quelque accident ^cheux. Aujourd'hui la difficulté n'eft pas de ré- duire la clavicule ; tous les moyens employés jufqu'à préfent font confacrés dans les trai- tés àcs maladies des os, & rempliffent par- faitement leurs vues ; le point le plus era- barraffant dans la curation de ces maladies ^ eft de maintenir les parti 2s réduites dans leur fituation naturelle pour en obtenir le plu? convenablement la réunion. Il m'a paru toujours très-difficile de rem* ^y^ C L A plir cet objet , lorfqiie fbr-tout la luxation ou la fracture eft compliquée de plaie d'arme à feu , ou de toute autre nature qui exige des panfëmens fréqueiis. Dans ces cas l'on juge bien que la guérifon qui en réfulte eft tou- jours imparfaite , parce que Ton efl malheu- reufement forcé , faute de moyen pour con- traindre \zs parties , fur-tout à farmée , d'a- bandonner la gucrifon au foin de la nature , en recominandant au malade d'évafer les épaules le plus en arrière qu'il peut pour n'ê- tre pas eftropié : l'on {ç.nt parfaitement que la guérifon du malade ne fauroit vaincre à chaque inftant la réfiftance des mulcles & la difpofition où ils font continuellement de porter l'épaule en avant. C'cfl pour éviter de pareils inconvéniens , cfue j'ai fimplifié leur traitement en fubfti- tuant un moyen plus sûr que ceux qui font décrits par Xts auteurs , &. en même temps plus facile à exécuter par-tout & en quelque lieti que l'on puiiîë être , qui enfin a l'avan- tagé de contenir les parties toujours en fitua- tion , en lailfant en mê:ne temps la liberté des panfèmens imiifpenfàbles dans le cas de plaie , de tumeur , ou d'abcès. Pour réduire la clavicule , ou la remettre lorfqu'elle eft frafturée, l'on fe munit de deux bourlets d'un pouce de diamètre , faits d'une peau mince quelconque , ou à fou dé- faut de bazin ou de toile , rempli de crin , de laine , ou de quelque autre matière. Le tour de ces bourlets excédera la rondeur des épaules , d'environ une ligne feulement dans toute leur circonférence , parce qu'ils s'aifaif- lènt. Les choies ainfi prcjjarées , on les palîè dans chaque bras pour les fixer environ iur l'extrémité des clavicule & autour de l'arti- culation des épaules \ alors l'on paffe une courroie garnie d'une boucle , pardelibus les bourlets , vis-à-vis le derrière àz^ épau- les j pour léi rapprocher pendant le temps que l'aide-chirurgien évaie leurs extrémités pour faire la rédu£l:ion des parties MUds,! L'on doit concevoir maintenant que c'eft par le moyen de fon aélion qu'on ferre en raifon de l'efî^ece de la luxation ou de la fra£èure que l'on a à réduire. Il eft évident que par cette méthode , l'on contraint les parties de manière qu'on n'a plus rien à appréhender , ulpoiu: le déplace- C L A ment , ni pour la fituation très-pénible du malade pendant toute la guérifon. Par cette méthode aufll, l'on peut ferrer en raifon que les bourlets s'afl'aiifent afin de tenir les parties dans le même état qu'on le defire \ lorfque les bourlets font des im.prefîîons à la peau juP qu'à déterminer des écorchures , l'on y re- médie faciÎCTnent en glilTant une ou plu- fieurs petites compreffes de l'épailTeur de trois ou quatre lignes fous le bourlet , & à côté de l'endroit écorché. Par cet expédient , l'on a l'avantage de foulager la peau du ma- lade & de panier avec facilité \q^ endroits écorchés avec quelque petite pommade adoucilfante , ou defîicative , puifqu'il ré- fulte de cette manœuvre qu'on n'eft pas forcé de difcoutinuer le traitement , comme dans les autres méthodes , lorfque les bandes écorcheut & coupent les parties de la peau fur lefquelles elles pofent. Ces chofes étant ainfi diipofées , un aide applique fon geuou contre le dos du malade entre les épaules qu'il prend avec les mains pour les évalèr en dehors , tandis qu'avec le genou , il pouffe le corps en avant , d'où ré- fulte l'extciifion & la contre-extenfion , que l'on fait plus ou moins forte , fuivant l'inten- tion de fopérateur avant de remettre les pièces rompues & détachées dans leur finia- lien reii^ective. L'on lent parfaitement que les chofes étant ainfi aflùjetties , il n'eft plus queftion que d'appliquer les topiques conve- nables avec un appareil très-léger &: le plus fimplc pofTible , fans aucunement déranger les parties luxées ou fradhjrées. Par cette méthode , i°. L'on n'aura plus befoiu de bandage' roulé ni d'appareil com- pliqué. 2°. On n'aura. plus à crahidj-e le che- vauchement des bouts de l'os , parce qi;e les parties font toujours en extenfion égale. 3^. L'on verra chaque jour les progrès des pan- femens , & les bandages ne feront plus fu- jcts à fc relâcher j ou les comprcifes à glifler, 4^. S'il y a des opérations à pratiquer , on les fera avec toute l'aifance poffible , & la chaleur & les démaugeaifons , qui fcntprel- que infoutenables pendant le traitement , fe- ront calmées facilement par les moyens connus pour les com.battre. De plus , en fuppolànt qu'on n'eut point fous la main la matière propre à faire les bourlets , comme après une affaire , ou uii© C L A retraite , à. l'armée , l'on fè fert de quelque corps que ce foit en attendant qu'on puillè mieux faire ; le grand point q£^ de ne pas per- dre de Vue tévafwn des épaules 6' le moyen de les retenir ainfi que nous f avons expligué. Par exemple , daus un cas prelTant , l'on a deux mouchoirs pour faire des bourlets , & des jarretières pour ferrer en g-uife de cour- roie ^ ou bien Ton coupe la chemife du ma- lade pour en former les trois pièces nécelTai- res , afin de pouvoir commodément tranf- porter , ou faire marcher fon blcffé fans courir aucun danger. Il eft certain que c'efl: par cette manœuvre que j'ai maintenu des parties extrêmemient maltraitées , 8c que je fiiis parvenu à guérir des malades plus sûre- ment que par les autres méthodes. ( Cet arti- cle ejl de M. Chabrol , chirurgien - major du corps du génie , ajfocié correfpondant du collège royal de chirurgie de Nancy , détaché a t école royale du corps du génie a Me^ieres.) CLAVIER , f. m. ( Luth, ) c'eft la partie d'une orgue fur laquelle l'organifte pofant fès doia;-ts ouvre les foupGpes , qui étant ouvertes laiiFent aller le vent aux tuyaux. C'ell cet ufage qui lui a fait donner le nom de clavier y_ comme étant compofé de toutes les clés qui ouvrent le paflage au vent qui fait parier les tuyaux. Foyei Clavecin & Orgue. Le clavier fe prend aufll pour la portée générale ou fomme de*s ions de tout le fyi- tême qui réfulte de la polîtion relative des trois clés. Cette pofition donne une étendue de douze lignes & par conféquent de vingt- quatre degrés ou de trois octaves & une quarte : tout ce qui excède en haut ou en bas cet efpace , ne peut fe noter qu'à l'aide de pîufieurs lignes poftiches ou accidentelles ajoutées aux cinq qui compofènt la portée d'une clé. Voye^ planche i de mufique j figure 5 , l'étendue générale du clavier, ■ Les notes ou touches diatoniques du cla- vier , leiqueîîes font toujours conftantes , s'expriment par des lettres de l'alphabet, à la différence des notes de la gamme , qui étant mobiles & relatives à la modulation , portent des noms qui expriment ces rapports. Voye:{^ GamME ^ SoLFIER. . Chaque oftave du clavier contient treize fons , îept diatoniques & fix chromatiques repréfentés fiir le clavier inilrumental par autant de touches. Autrefois ces treize tou- C L A 137 ches rcpondoicnt à quinze cordes \ favoir une de plus entre le ré diefè & le mi naturel 5 l'autre entre \Q.fol diefe & le/2z, & ces deux cordes qui formoient àt% intervalles enhar- moniques , & qu'on faifoit fonr.er à volonté au moyen de -deux touches brifccs , furent regardées alors comme la pcrfeétion du fyftéme : mais en vertu de nos régies de \\\q~ dulation , ces deux ont été retranchées parce qu'il auroit fallu en mettre par-tout. Kojf^ Clé, Portée. Clavier, en terme d'épinglier ^ n'eft autre chofe qu'un morceau de fîî-de-fer ou de laiton plié de manière qu'un brin fornie une efpece d'anneau vers le milieu qui lui fert d'attache. On n'emploie point d'autre outil pour le faire que àts bequettes. Voye:^ BeQUETTES d'épinglier, CLAUSE , f. f. C Jurifprud. ) eft une par- tie d'un contrat , d'un tellament ou de quel- que autre aâe , foit public ou privé , quicour tient quelque diipofition particulière. Ce terme vient du latin claudere. Ainfi les claufes. d'un aéte font les conventions, dilpofiticns ; ou conditions renfermées dans cet aâie : 'i\ ^peut renfermer plus ou moins de claufes y Htiivant que la matière y eft difpofée , &: ce que les parties ont jugé à propos de mettre dans l'acle. Il n'y a régulièrement dans un acic que ce que l'on y met ^ cependant il y a certaines claufes qui font tellement de l'ellcnce des aéles, qu'on les regarde comme de iiyle , & qu'elles font toujours fous-en- tendues: comme Fhypotheque des biens xlans les ades paffés devant notaires , qui eft de droit , quoiqu'on ait omis de la ftipuler. Il y a quelques autres claufes qui font pour ainii dire de ftyle , parce qu'on a coutume de les ftipuler , mais qui néanmoins ne font pas de droit , telles que le préciput dans l^pbontrats de mariage , lequel n'eft pas dû fans une convention expreffe. Une claufe obfcure s'explique par celles qui précèdent ou par celles qui fiiivent , félon le rapport qu'elles ont entr'eiles ^ & dans le doute elle s'inter- prète contre celui qui a parlé d'une manière obfcure , parce que c'éîoit à iiii d'expliquer plus clairement. Dans les bulles & fignatures de cour de Rome , il y a différentes claufes ufitées , que l'on diftingne chacune par quelques termes particuliers qui les caradérifcDt , tels que la 13? C L A claiîfcf2/ot7'jr modo. On peut voir le détail & l'explication de ces claufes dans îc traité de tuGige & pratique de la cour de Rcme , de Pcrard Caitel. Clause codidllaire , eft une clcufe appo- féc dans un teftament , par laquelle le tefta- teur déclare que ii fon teftament ne peut va- loir comme teftament, il entend qu'il vaille comme codicille. L'origine de cette claufe vient de ce que dans les pays de droit écrit , les teftamens exigent beaucoup plus de formalités que les codicilles ;, c'eft pourquoi elle n'eft d'ufage que dans les pays de droit écrit , & non dans les pays coutumiers, où l'on dit communé- ment que les teftamens ne font que des co- dicilles , parce qu'ils ne demandent pas plus de formalités qu'un fimpîe codicille. On fuppléoiî quelquefois cette claufe chez les Romains , lorfque l'intention du teftateur paroilToit être que fa volonté fût exécutée de quelque manière que ce pût être j mais parmi nous on ne fupplée point cette claufe. La claufe codidllaire ne peut produire Ion effet que le teftament ne foit au moins revêtu des formalités requifcs dans les codicilles. L'inftitution d'héritier portée au tefta- ment , étant répudiée ou devenue caduque par prédécès de l'héritier inftitué , l'héritier ab inteffat eft tenu , en vertu de la claufe codi- dllaire , de payer les legs. Cette claufe opère aufii que l'inftitution d'héritier '& toutes les autres difpofttions qui font conçues en termes direâis & impératifs, font confîdérées comme des fidéicommis , de forte que l'héritier ab intejîat eft tenu de rendre l'hérédité à l'héritier inftitué par le teftament ;, mais aufîî il a droit de reteuir la quarte ^bellianiquc. Comme la claufe codidllaire n'a pour ob- jet que de ftippléer les formalités omifes dans le teftament , elle ne peut valider un tefta- ment qui eft nul , par quelque autre caufè, comme pour fuggcftion. Il eft parlé de la claufe codidllaire dans plwfieurs titres du code , & dans phifieurs auteurs , entr'autres Dolive , Ricard , Cam- bolas, Henr)'s. La nouvelle ordonnance des teflamens , art. 57 , porte que fi l'héritier inftitué par un tef- tament qui contient la claufe codidllaire , n'a prétendu faire valoir la dili^ofition du tefta- C L A tCur que comme codicille feulement , ou ^iX n'a agi qu'en confcquence de ladite claufe , il ne fera plus reçu à foutenir ladite ^ifpofi- tion en qualité de teftament \ m.ais que s'il » agi d'abord en vertu du tcftam.ent , il pourra iè iervir enft:ite de la claufe codidllaire. Clause de confHtut & précaire , voyf^ CONSTITUT & l^RÉCAIRE. Clause dérogatoire , eft celle qui déroge à quelque afte précédent. Ce terme étdit ufitc principalement en matière de teftamens, où les claufes dérogatoires étoient certaines fentenccs ou autres phrafes auxquelles on devoit reconnoîtrc le véritable teftament. Par exemple , le teftateur difoit : « je veux que » mon teftament fbit exécuté , fans qu'il » puifle être révoqué par tout autre que je w pourrois faire dans la fuite, à moins qu'il » ne contieiuie la claufe fuivante , mon Dieu : « aye:^pitiéde moi ». Il eft parlé de ces clau- fes dérogatoires dansplufieurs loixdudigefte, & dans divers auteurs j mais toutes les quef- tions qui y fout traitées deviennent préfente- ment inutiles parmi nous , au moyeu de \art, j6 de Cordonnance des teflamens , qui abrogé totalement l'ufage des claufes dérogatoires dans tous lç.s teftamens , codicilles , ou dii^ pofitions à caufe de mort. . Clause irritante , eft celle qui annulle tout ce qui fèroit fait au préjudice d'une loi ou d'une convention , comme lorfqu'il eft dît a peine de nullité. Quand la loi eft conçue en termes prohi- bitifs négatifs , il n'eft pas befoin de claufe irritante pour annuller ce qui eft fait au pré- judice de la loi ^ mais la claufe eft néceft~aire quand la loi enjoint Amplement quelque cho/c. Le g. non dubium , cod. dz legib. Clause pénale , eft celle qui impofe une peine à quelqu'un , au cas qu'il ne faffe pas quelque chofe , ou qu'il ne le fafte pas dans un certain temps \ par exemple , qu'il fera tenu de payer une fomime , ou qu'il fera déchu de quelque droit ou faculté. Ces fortes de claufes ne ibnt que commi- natoires lorfqu'elles font inférées dans des conventions \ la peine n'eft jamais encourue de plein droit , à moins que l'on n'ait été mis juridiquement en demeure d'accomplir la convention ;, & il dépend toujours de la prudence du juge de modérer le peine , & même d'en décharger s'il y a lieu. C L A Dans les <îi(pofîtions de dernière volonté , les claufcs pénales ajoutées aux libéralités doi- vent être exécutées à la rigueur , à moins qu'elles ne renferment des conditions impof- iibles ou contre les bonnes mœurs. Voye^ Henrys -, t. l ^ Uv, IV , ch, vj , çuejf. 68. Clause réjblutoire , eft celle par laquelle on convient qu'un afte demeurera nul & réfolu , au cas qu'une des parties n'exécute point ce qu'elle a promis. ■ Ces fortes de claufes peuvent s'appliquer à différentes conventions. De ce nombre eft le pa6te de la loi commllFoire , dont il icra parlé à t article Pacte. Pour mettre à effet une claufe réfolutoire , il faut d'abord que celui contre qui on veut s'en fervir , foit mis juridiquement en de- ineure de remplir Tes engagemens , & en- fuite faute par lui de l'avoir fait , demander & faire ordonner en juftice la réfolution de l'aéie. En effet , il en eft des claufes réfolutoires à-peu-près comme à^s claufes pénales^ c'eft- à-dire qu'elles ne fc prennent point à la ri- gueur , mais font réputées comminatoires ^ c'cft pourquoi le juge accorde ordinairement Mil délai pour fatisfiîire à ce qui eft demandé, À moins que la chofo ne pût fouffrir de retar- dement. Voyei Louet 6' Brodeau , let. V , fom. 50, Soefve, tome 11^ cent, i , ck, vj ; & Resolution de contrat. Clause des fixmois^ s'entend d'une c/ûw/f- que l'on appofe dans quelques baux à loyer, pour ré foudre le bail avant le temps qu'il devoit durer , en avertiftant fix mois d'a- vance. Cette faculté eft ordinairement réci- proque. {A) CLAUSEN, ( Géogr, ) ville d'Allemagne dans le Tirol , près de la rivière d'Eiak. CLAUSENBOURG , {Géogr.) ville de la Traniilvanie , où s'aftemblent ordinairement les états du pays. Long. 40. 20. lat. 46. 53. CL AUSENTH AL , ( Géogr. ) petite ville d'Allemagne en Franconie , famcufe par fes mines. CLAUSION, f. f. {Jurifpr.) dans cer- tains parlemens Signifie appointement. Ce tcrm« vient du \2^mcaufa conclufa; ce qu'on appelle au parlement de Paris, dans les pro- cès par écrit , appointement de condufion. Au parlement de Toubiife, claufon iè dit de tout appoiiit^nieiit ou réglemeat qui uitex- C L A 235 vient {ut les demandes & défeuics des par- ties. Voyei^ i^fiy^^ du parlement de Touloufe , /;arCairon,/'.477,483, 504, 510, 519, 5^9 î 535 î 584, 6'59 , Çf 66$. On fe fert auftî de ce terme au parlement de Grenoble. Voyei Guypape , décif. zo i , £" i!>id. not. (A) CLAUSOIR , f. m. en bâtiment , eft le plus petit carreau ou la boutillé qui ferme une aflife dans un mur contixiu , ou entre deux piédroits. (P) CLAUSTHAL, (Géogr.) ville d'Alle- magne dans le Hartz, dans la principauté de Grubcnhagen , à i'élc£i:eur d'Hanovre , fameufo par ics mines. CLAUSTRAL , adj. {Jurifp.) fe dit de tout ce qui appaiticnt à un cloître de reli- gieux. Le Yix leur cl au frai eft un religieux qui a le gouvernement du moiuiftere : on l'appelle claufral , pour le diftingucr du prieur com- mendataire qui n'eft pas régulier. On ap}x:lle o^ces claufraux dans Icsmo- nafteres d'hommes , certaines fonctions qui n'étoient autrefois que de fimples offices , & qui par fucccftîon de temps ont été coniidé- récs comme de vrais titres de bénéiices |, tel* font les ofnces de chambrier , d'aumônier , d'infirmier, de célerier, defacriiiain , & au- tres femblables. L'abbé nomme à cesoffices. Dans les maifons où on a introduit la ré- forme , la plupart de ces offices ont été fup- primés , & réunis avec tous leurs re\ enus à la nianfè des religieux. Dans l'abbaye de Saint-Denis en France il y avoit \x\\ grand-prieur , un fous-prieur , un chancelier garde des focaux , grand- aumônier , grand-confeflèur , grand bou- teiller , grand-panuetier , grand-prévôt , grand maréchal féodal , & un grand- veneur de l'abbé , qui étoient tous offices clauf- traux poiîédés par des religieux. {A) CLAVUS , f. in. terme de médecine , eft le nom que les médecins donnent à une douleur lancinante à la tête , où elle fo fait fentir ordinairement au delTus des yeux , c'eft-à-dire au iînus frontal , de telle forte qu'il fembfe au malade qu'il lui entre aétuel- lenient dans la tête une vrille ou un })oin- çon ^ ce qui a fait donner à cette maladie J2 nom de clavus. Quelquefois le clavus n'af- feéèe qu'un côté , quciquefais auifi tous les deux* 140 CLE On regarde cette inalaclle comme «ne erpece de fièvre intermittente , parce qu'en ellet elle reprend & quitte le malade à des périodes réglés. Elle eiï quelquefois quoti- dienne , quelquefois elle n'clt que tierce. Voyei Fièvre. On la guérit en donnant au malade un émctique un peu avant & un peu après l'ac- cès ^ à quoi on ajoute , pour plus d'effica- cité , une dofe convenable de quinquina , comme pour les fièvres intermittentes. Quel- quefois auffî la faignée & les diaphoréti- ques opèrent la cure , fans qu'il fbit befoin d'autres remèdes. Chambers. Quelquefois les hyftériques ont au fbm- met de la tête une douleur femblable, que Sydenham appelle clavus hyjiericus. Voye\^ Passion hystérique. (/5) Clavus, f. m. dans t antiquité ^h^màe ou filet de pourpre que les fénateurs & les chevaliers romains portoient fiir la poitrine , & qui étoit plus ou moins large , félon la dignité de celui qui le portoit. C'cft de ces différentes largeurs qu'ell venue la différence de la tunique angufiidavia , & de la tunique latidavia. Voyei LatICLAVIA. Cet ornement étoit appelle , félon quel- ques-uns , clavus , cîou , parce qu'il étoit femé de petites plaques rondes d'or ou d'ar- gent, femblables à des têtes de clou. Le P. Cantel , jéfuite , foutient que le clavus ne confifloit qu'en des efpeces de fleurs de cou- leur de pourpre , coufues fur l'étoffe. Dicl. de Trev. CLAZOMENE , ( Géogr. anc, ) ville d'Afie dans l'Ionie , & l'une àes douze an- ciennes de cette province \ elle avoit Smyrne à l'orient , & Chios à l'occident. * CLÉ , f. f. C Serrurerie. ) infiniment de fer qui fert à ouvrir & fermer une ferrure. On y diflingue trois parties principales , l'anneau , la tige , & le panneton : l'anneau eit la partie évuidée en cœur ou autrement, qu'on tient à la main quand on ouvre ou ferme la ferrure ^ la tige eft le petit cylindre compris entre l'anneau & le panneton \ le panneton eft cette partie fàillante à l'autre extrémité de la clé ^ & placée dans le même plan que l'anneau. On voit que le panneton étant particulièrement deftiné à faire mou- voir les parties intérieures de la ferrure, doit chauler de forme felou le nombre , la qua- CLE \\th , la difpofition de ces parties. Voye^ Ser- rurerie , Panneton, &c. Clé dans un feus moral ^ théologique ^ marque àepuijfance , comme lorfqu'il efl: dit, Ifaie xxij i) V. Il: Je donnerai a mon fervi^ teur Eliacem la clé de la maifon de David j il ouvrira 6* nul ne fermera .... il fermera 6» nul n ouvrira .... de prééminence \ comme lorfque Jefus-Chrift donne à Pierre la clé du royaume des cieux .... ^intelligence , com- me dans l'endroit où Jefiis-Chrift reproche aux pharifiens d'avoir pris la clé de la fcien- ce , & de ne point entrer dans le royaume des cieux , & de n'en pas ouvrir la porte aux autres , ùc. Clé , caractère de mupque , qui mis au commencement d'une portée , détermine le degré d'élévation de cette portée dans le fyftême général , & indique les noms de toutes les notes qu'elle contient. Anciennement on appelloit clés les lettres par lefquelles on défîgnoit les fons de la gamme ^ ainfi la lettre A étoit la clé àe la , C la clé ^ut , &c. A mefure que le fyflême s'étendit , on apperçut bientôt l'embarras Se finutilité de cette m.ultitude de clés. Guy d'Arezze qui les avoit inventées., marquqit une lettre ou clé au comm.enc^ment de cha- cune des lignes de la portée , car il ne plaçoit point encore de notes dans les efpaces : on voit des exemples de cela dans plufieurs an- ciens manufcriîs. Dans la fuite on ne marqua plus qu'une des fèpt clés au commencement d'une des lignes de la portée , celle-là fuffi- fant pour fixer la pofition de toutes les au- tres {elovL l'ordre naturel. Enfin de ces ièpt lettres ou clés on en a choifî trois qu'on a nommées clavcs fignatœ ou clés marquées^ parce qu'on fe contente d'en marquer une des trois au commencement des lignes , pour donner l'intelligence des autres. En effet Kec pler prétend que fi étant au fait des ancien- nes écritures , on examine bien la figure de n3S clés ^ on trouvera qu'elle fe rapportent chacune à la lettre un peu défigurée de la note qu'elle repréfente \ ainfi la clé de foi étoit originairement un G; la clé d'z// , ua C , & celle de fa , une F. Nous avons donc trois clés à la quinte l'une de l'autre \ la clé àf- ut-fa ^. ou de fa y qui efl la plus balle , Se qui fè marque aluli CLE ainfi y-r h la ^^^ cî'"^ » o" ^^ c-foi-uc, qui fe marque aiufi -jd- , & qui eft une quinte au deiTus de la première j &: la clé àe fol ou deg-ré-fol, qui fe marque ainfi *^ ? &qui eft une quinte au deffus de celle d'ut dans l'ordre marqué ( Planche première de mufi- que ^figure 5.) Sur quoi il faut obfèrver que la clé fe pofe toujours fur une ligne , & ja- mais dans un efpace. En ajoutant quatre lignes au deffus de la clé de fol , ce qui fait le plus grand nombre Hfité , & trois lignes au deffous de la clé de fa , ce qui eft aulTi le plus grand nombre , on voit que le fyftême total des notes qu'on peut placer fur les degrés déterminés par ces clés , fe monte à vingt-quatre , c'eft- à-dire trois oâ:aves & une quarte depuis lefa qui fc trouve au deifous de la première ligne , jufqu'au/ qui fe trouve au deifus de la der- nière \ & tout cela forme enfèmble ce qu'on appelle le clavier général : par où l'on doit juger que cette étendue a dû faire long-temps celle du fyftéme. Aujourd'hui qu'il acquiert fans ceife de nouveaux degrés , tant au grave qu a l'aigu , on marque ces degrés fur des lignes accidentelles qu'on ajoute en-haut ou en-bas , félon le befoin. Au lieu de joindre enfcmble toutes les lignes , comme nous avons fait ici pour montrer le rapport des clés^ on les fépare de cinq en cinq , parce que c'eft à-peu-près aux degrés qui y font compris qu'eft bornée l'étendue d'une voix ordinaire. Cette collec- tion de cinq lignes s'appelle /orr^-V , & l'on y ajoute une c//pour déterminer le nom des notes , & pour montrer c 5 = 5 = 5 2 2 2 2 2 = 5 M = t: c 5 Ut, ré b, rr'j mi b, mi, fa, fa ^ ,fol, la h, la, fi h, /i^ Q ïr> r-. cr. n.-Q -Q -o =-, ^^ r^ r» 3 hS S ^ ^ q 3 g s jj 3 ft o -. fî • 3 n 3 3 Pour tranfporter la clé convenablement à une de ces douze notes prife à volontéjConmie tonique ou fondairxntale , il faut dVbord voir û l'intervalle qu'elle fait avec ut eft ma- jeur ou mineur : s'il eft mineur , il faut des bémols. Pour déterminer maintenant combien il faut de dielès ou de bémols, foit a le noir»- bre qui exprime l'intervalle à' ut à la note ea CLE tjiîeftlon j la formule par diefes fera i: & le refte donnera le nombre de die- fes qu'il faudra joindre à la clé ; la for- mule par bémols fera i--'^'' ^ , & le refte fera 7 ^ le nombre des bémols qu'il faut joindre à la dé. Je veux , par exemple , compofer en la mode majeur \ il faudra des diefes , parce que/afaitun intervalle majeur avecz/r. L'in- tervalle eftune fixte dont le nombre eftfix : j'en retranche un \ je multiplie le relce cinq par deux \ Se du produit dix rejetant, ièpt autant de fois qu'il fe peut , le refte trois eft le nombre des diefes qu'il faut à la clé pour le ton m.ajeur de la. Que 11 je veux prendre /à mode majeur , je vois que l'intervalle eft mineur , &: qu'il fiîut par conféquent des bémols. Je retran- che donc un du nombre quatre de l'inter- valle j je multiplie par cinq le refte trois ;, & du produit quinze rejetant fèpt autant de fois qu'il fe peut , j'ai un de refte , c'eft un bémol qu'il faut à la clé. On voit par-là que le nombre de dièlès ou de bémols de la cléwo. peut jamais paflër fix , puiiqu'ils doivent être le refte d'une di- vifion par fept. Pour les tons mineurs il faut appliquer la même formule des tons majeurs, non fur la tonique , mais iùr la note qui eft une tierce mineure au-deftlis de cette même tonique , c'eft-à-dire flir fa médiante. Ainfi , pour compofer en fi mineur , je tran{p)oferai la clé comme pour le ton ma- jeur de ré ; pour/û diefe mineur , je la tranf- poferai comme pour /« majeur^ pour/b/ mi- neur, comme pour/ bémol majeur, Ér. Les muficiens ne déterminent les tranfpo- jfitions qu'à force de pratique ou en tâton- nant \ mais la règle que nous donnons eft démontrée générale & ïm\s exception. {S) On voit aifémentpar la méthode que nous propofons ici , que l'oa doit mettre un bé- mol à la clé dans le mode mineur de ré , quoique prelque tous les muikiens françois, fi on en excepte M. Rameau , ne mettent rien à la clé dans ce mode. La méthode de M. Rameau eft pourtant fondée fur cette règle très-fîmple & très-vraie , que dans le mode majeur il faut mettre autiiiit de die- , que féchelle du CLE fes ou de bémols à la clé mode en contient en miOntant j &; que dans le mode mineur il faut mettre autant de die- fes ou de bémols à la clé , que l'échelle du mode en contient en defcendaut. V. Mode, 6' Echelle ou Gamme. {0) Clé , terme de poly graphie à- de ftégano- graphie , e'eft-à-dire de l'art qui apprend à faire des caradteres particuliers dont on (è fèrt pour écrire des lettres qui ne peuvent être lues que par des perfonnes qui ont la connoiftance des caractères dontons'eftfervi pour les écrire \ c'eft ce qu'on appelle lettres en chiffres. Foy. CHIFFRE & DECHIFFRER. Or \q^ perjfbnnes qui s'écrivent de ces for- tes de lettres ont chacune de leur côté un alphabet où la valeur de chaque cara£lere convenu eft expliquée : par exemple , ii l'on eft convenu qu'une étoile lignifie a , l'alpha' bet porte * , . . . a f, ainfi des autres figues. Or ces fortes d'alphabets qu'on appelle clés , en terme de ftéganographie , c'eft une métaphore prilè des clés qui fervent à ouvrir les portes des maifbns , des cham- bres , des armoires , &c. & nous don- nent ainfi lieu de voir le dedans ; de même \qs clés ou alphabets dont nous parlons don- nent le moyen d'entendre le fens des lettres & chiiFres j elles fervent à déchiffrer la lettre , ou quelque autre écrit en carad:eres lingu- liers & convenus. C'eft par une pareille extenfion ou méta- phore qu'on donne le nom de clé à tout ce qui fèrt à éclaircir ce qui a d'abord été pré- fènté fbus quelque voile , &: enfin à tout ce qui donne une intelligence qu'on n'avoit pas fans cela. Par exemple y s'il eft vrai que la Bruyère , par Ménalque , Philémon , ôc, ait voulu parler dç telle ou telle perfonne , la lifte où les noms de ces perfonnes font écrits après ceux fous lefquels la Bruyère les a ca- chés : cette lifte, dis-je , eft ce qu'on appella la clé de la Bruyère. C'eft ainfi qu'on dit , la clé de Rabelais , ta clé du catholicoit d'Efpagne , &c. C'eft encore par la même figure que l'on, dit que la logique eft la clé des fciences , parce que comme le but de la logique eft de nout apprendre à raifonner avec juftelTe , & à dé- velopper les faux raifonnemens , il eft évi- dent qu'elle nous éclaire & nous conduit dans l'étude des autres fciences : elle nous en ou- Hhî 244 CLE vre , pour ainfi dire, la porte, & nous fait voir ce qu'elles ont de iblide , & ce qu'il peut y avoir de défectueux ou de moins exaa. (F) Clé d'Or ( gentilshommes de la ) , hijf. mod. ce font de grands officiers de la cour d'Efpagne ou de celle de l'empereur , qui portent à leur ceinture une clé d'or , figne du droit qu'ils ont d'entrer dans la chambre de ces princes. Clé , terme de blafoti : on dit cle's en pal ou enfautoîr , couchées ou adojfées , félon que les pannetons font difpofés. Dictionnaire de Trévoux. Clé , ( Vénerie. ) clés de meute ; ce font les meilleurs & les plus sûrs de la meute. Clés , {Fauconn. ) ce font les ongles des doigts de derrière de la main d'un oifèau de proie. Clé , terme cC architecture ; clé d'un arc , d'une voûte ou croifé ^ plein cintre , ou au- trement , eft la dernière pierre qu'on met au haut pour en fermer le cintre , laquelle étant plus étroite par en-bas que par en-haut , prefTe & affermit toutes les autres. La clé , îèlon Vignole , eft différente félon les ordres : au tofcan & au dorique , ce ii'eft qu'une fîmple pierre en faillie ou boffage : à l'ioni- que , la clé eft taillée de nervure en m.aniere de confole avec un roulem.ent : au corin- thien & au compofîte , c'eft une confole ri- che defcuîpture, avecenroulemens & feuil- lages de refend. En cela les anciens étoient plus prudens que nous , & affeftoient tou- jours de rendre les fculptures analogues à i'ar- chiteékure. Voy. l'abus que les modernes en font, fl^r^mW^^ Claveau, Agraffe. (F) * § Clés , {Architeâure navale. ) pièces de bois qu'on établit dans les mailles des varangues & des couples ,* de diftance en diftance , pour l'affei miffement des fonds du vaiffeàu ^ les clés qu'on met dans les mail- les des varangues , font différemm.ent tra- vaillées que celles qu'on met entre les mail- les des couples ^ les premiers doivent avoir pour hauteur verticale , celle depuis le def fus de la contre-quille jjjfqu'au bord fiipé- rieur des varangues , moins cependant l'é- paiiîeur ou hauteur verticale de l'arête de la carlingue entre les varangues^ ellesontpour largeur horizontale celle de la contre-quille, ^ ellçs occupent tout le vuide d'une var^- C L n gi:e à l'autre. On fait à ces désime coupure dans la partie qui eft liir la contre-quille pour faii'e écouler les eaux au canal des an- guilliers , & delà à l'archipompe : cette cou- pure fe fait ainfi dans toute la largeur de la clé ; on donne à cette coupure cieux pouces de hauteur & deux pouces & demi de lon- gueur dans les plus gros vaifleaux , & à pro- portion dans le« inférieurs. Dès que toutes les clés des varangues font prêtes , on les préi'ente & on les chalîë en- ièmble & avec force dans les mailles. Les clés qu'on met entre les mailles des couples pour leur procurer un pareil atfer- mifîêment , font établies de diftance en dif^ tance , depuis la bauguicre du premier pont jufqu'aux varangues. Elles ont pour longueur deux fois l'épailTeur des membres , & on ne doit leur donner pour épaifleur que l'efpace du vuide ou la maille comprifè entre chaque couple f, on leur laiife quelquefois fur la par- tie intérieure des m.embrcs du vaifîeau , un rebord d'un pouce ou deux , fuivant la di- menfion des membres du vaiffeàu , & cette arête s'empatte de àeux côtés f ir un des membres de deux couples voifins qu'on en- taille à cet effet ç, on chalfe également &en- fèmble toutes ces clés. ( Injlrucliou élémen- taire & raifonnée fur la conjîruclion pratique des vai[feauz ^'^■axNï. Durant! de Lironcourt. ) Clé , en terme de bottier ; c'eft un mor- ceau de bois plat , & plus mince en-bas qu'en-haut , que Ion enfonce à force dans Tembouchoir pour en faire prendre la forme à la botte. Clé , c'eft le nom que les bourreliers fet- licrs , ik carrojfiers donnent aux manivelles dont ils fe fervent pour démonter les écrous des efîîeux à vis , ou pour tourner les roues & pignons à crémaillère , fur lef<|uels ils ban- dent les foupentes qui portent le corps des carroflès. Une des extrémités de cette clé eft une ouverture quarrée , & l'autre une ou- verture oâiogone 5 elles fervent l'une & l'au- tre pour ferrer les écrous des mêmes formes. Il y en a de différente grandeur. Clé , en terme de brajfcrie , eft une plan- che d'un pié de long frr huit à neuf pouces de large , percée d'un trou femblable à celui du fond de la cuve & de la maîtreffe pièce du faux- fond ^ de façon que le trou de la maitreife pièce & celui de la clé foieut uu CLE peu plus grands, pour que la râpe puifTe par- ier aiiemcnt, & boucher exactement le trou du fond de la cuve. Clés petites & grandes y outil de charron'^ c'eft un morceau de fer qui eft plus ou moins gros & long , ièlon l'iifage de la clé. Par ^lemple , pour une clé à cric , le fer efl de cinq à fîx pies de long fîar deux pouces d'é- pailfeur: & pour une dé à vis ordinaire , il y en a depuis un pié & au delTus. C'eft un morceau de fer rond par le corps , un peu applati des deux bouts , & large dans le milieu , où il eft percé d'un trou quarré de la groiFeur des vis que l'on veut ferrer dans l'écrou. Cette clé fert aux charrons pour ièrrer les vis dans les écrous , pour monter & tendre les foupentes d'un carroffe fur les crics , & enfin pour viifer tous leurs ou\Tages. Clés {Grojfè s forges. ) Voy. cet article. Clé du trépan , inièrument de chirurgie qui fert à monter & démonter la pyramide du trépan couronné. Voye^ TrÉPAN. Clé , ( F ont ai nier. ) ce font de grofles barres de fer cintrées , dont on fourre la boîte dans le fer d'un regard pour tourner les robinets. Ce fer eft montant , & fe divifè en parties plates qui embraifent les branches d'un robinet , au moyen d'un boulon cia- veté qui palFe à travers. ( K ) Clé , en terme de formier , c'eft un mor- ceau de bois un peu aigu par un bout en for- me de coin , qu'on introduit dans la forme brifée pour l'ouvrir autant que l'on veut. Clé ou Accoudoir : les faifeurs d'inf- trumens de mAifique ont des clés pour mon- ter & dellerrcr les chevilles auxquelles font attachées les cordes des clavecins j pfalté- rions , épinettes , &c. Ces clés font compo- iees d'une tige de fer ou de cuivre , percée par en-bas d'un trou quarré , dans lequel on fait entrer la tête des chevilles^ & elles lont furmontées d'un petit marteau de fer ou de cuivre qui tient lieu de poignée , & qui fert à frapper les chevilles & à les affermir quand elles font montées. Il y a de plus aux accordoirs ^ clés ^ ou marteaux des clavecins , épinettes , pfalté- rions , un crochet qui fert à faire les anneaux . par le moyen defqucls on accroche à leurs chevilles les cordes de laiton & d'acier. Pour ■feiie wcs anneaux , on cciiiineiicx p-ir ployer CLE 245 le bout de la corde enforîe qu'elle forme une anfe , que l'on tient avec les doigts pol- lex & indicator de la main gauche j on fait palier enfuite le crochet du marteau que l'on tient de la main droite dans l'anfe de la corde , & on tourne la tige du marteau pour faire entortiller l'extrémité de la corde qui forme l'anfe autour de cette m.ême cor- de , laquelle fe termine ainfi en un anneau , par le moyen duquel on peut l'actrocher où l'on veut. Clé des étains , ( Marine. ) « c'eft une w pièce de bois triangulaire qui fe pofe fur )) le bout des étains &: qui les entretient » avec l'étambord : on l'appelle aulfi contre- )x fort ». Voyeiyà forme de cette pièce de bois , pi. VI , Marine , fig. 1 2. ce La clé ^iù% étains a un pouce d'épaiftcur M moins que l'étrave ; elle eft renforcée de » deux courts bâtons , & jointe à l'étrave » par quelques chevilles de fer qui paflènt » au travers dans fon milieu ^ &: il y en a » quatre autres à chaque côté. » (Z) Clés du guindas., (Marine.) » ce font î) de petites pièces de bordage entaillées en » rond , qui tiennent les bouts du guindas » fur les côtes, n {Z) Clé de fond de mât^ clé de mât de hune , {Marine. ) « c'eft le bout d'une barre de fer , » ou une groiTe cheville de bois qui entre » dans une mortaife , au bout d'en bas du » mât de hune , & qui fort à le foutenir de- » bout , & que l'on ôte chaque fois qu'il » faut amener ce mât ;, ou bien c'eft une » cheville quarrée de fer ou de bois , qui » joint im mât avec l'autre vers ks barres de » hune , & que l'on ôte quand il faut ame- » ner le mât. » Diction, de marine. ( Z ) Clé , ( Menuiferie. ) c'eft un m.orccau de bois large & mince, que l'on infère dans dts mortaifès faites à des planches , pour les joindre enfemble. Clé , fe dit aufti de pièces de bois en forme de coin , que l'on fait entrer dan-S des mortaifes faites au bout des tenons qui excé- dent l'épaiffeur du bois , dans lefquels ils font afîemblés j com^miC on voit aux tablet- tes de bibliothèques , Gc. Clé , en termes d' orfèvre-bijoutier ^ eft un morceau de bois plat , quarré , large par ua bout , &: qui vg en retrécifii"»^ juk^u'à l'au- tre bout j il s^fêtc KS poupées lùr ie J?caiQ j i<^S CLE eu pafTant dans leur tenon. Voyei Banc. Clé (Plombier. ) ce font de grofles ma- nivelles de fer : l'ouverture s'applique aux robinets des regards quand il s'agit de don- ner ou de foullraire l'eau aux fontaines j la queue fait la tbndtion de levier , & donne au plombier la facilité de tourner les robinets. Clé , {Relieur) ces ouvriers en ont une qui leur fert à defferrer ou à ferrer leur couteau. Clé , C Manufaci. en foie. ) ces ouvriers ont une clé qui n'a rien de particulier. Voye':^ fon ufage à ïanicle Velours CISELÉ. Clé , ( Tourneur. ) coin de bois placé fous les jumelles & dans la mortaife prati- quée à la queue des poupées , qu'il tient fermes & folides. Voye:{^ ToUR. Clés , ( Jurifpr. ) mettre ou jeter les clés fur la fojfe du défunt , étoit une formalité extérieure qui fe pratiquoit anciennement par la femme après la mort de fon mari , en figne de renonciation à la communauté. Chez les Romains , dont nos pères imitè- rent les mœurs , la femme avoit le foin des clés : c'eft pourquoi , dans le cas du divorce le mari ôtoit à la femme les clés , fuivant la loi des douze tables ^ & la femme qui fe fé- paroit de fon mari , lui renvoyoit fes clés. î:{n France , il n'y avoit anciennement que les femmes des nobles qui avoient la faculté de renoncer à la communauté ^ ce qui leur fut accordé en conlidération des dettes que leurs inaris contractoienî la plupart aux voya- ges & guerres d'outre-mer ^ & en ligne de cette renonciation , elles jetoient leur cein- ture ou bourie ci. les clés fur la folTe de leur inari. Cet ufage eft remarqué par l'auteur du grand coutumier , cA. xlj. Marguerite , veuve de Philippe duc de Bourgogne , mit fur la repréfentation du défunt fa ceinture avec fo bouriè & les clés. Mouftrelet , ck. xvij. Bonne , veuve de Valeran comte de Saint- 'Pol , renonçant aux dettes & biens de fon mari , mit fur fa repréfentation fà courroie & fa bourfe. Monftrelet , chap. cxxxix. Dans la fuite , le privilège de renoncer à la com- munauté fut étendu aux femmes des rotu- riers , & établi par pluiieurs coutumes qui ont prefcrit la même formalité , c'eft-à-dire de jeter les clés fur la folfe du défunt en ligne que la femms quittoit l'adminiftration des biens de iQn mari j 6c ia weig.ture qu bourfe 2 CLE pour marquer qu'elle ne retenoît rien des biens qui étoient comm.uns. C'eft ce que l'on voit dans la coutume de Meaux, art. xxxiij & lij. Lorraine , tit. 1 , art. iij. Malines , art. viij. L'ancienne coutume de Melun , art. clxxxiij. Chaumont , vij. Vitri , xcj. Laon , xxvj. Châlons , xxx. Duché (te Bourgogne , art. xlj. Namur , art. liv. Préfentement la femme , foit noble ou roturière , a toujours la faculté de renoncer à la communauté \ mais on ne pratique plus la vaine cérémonie de jeter la bourië ni lei clés fur la foffe du déflint. ( A ) CLECHÉ , ( Blafon. ) On croit que ce mot, qui eft françois , eft formé de clé ^ les extrémités de la croix ayant quelque reflem- blance avec les anneaux des anciennes clés ^ il fe dit, fuivant Guillim, d'une pièce d'ar- moirie percée à jour ou traverfée par luie autre de même figure qu'elle ^ par exemple , d'une croix chargée d'une autre , de même couleur que le champ qui paroît à travers les ouvertures qu'elle laifî'e. Mais la Colombiere & quelques autres auteurs prétendent que ces ouvertures ne font qu'une circonftance de la croix ckchée , qu'ils appellent vuidée ^ elle ne mérite , fui- vant eux, le nom de clechée , que lorfqu'elle s'élargit du centre vers iës extrémités , qiii font vuidées & terminées par un angle dans le milieu. Le P. Meneftrier dit qu'on fe fert du mot cleché en parlant des arrondilîémens de la croix de Touloufe , qui a fes quatre extré- mités faites en forme d'anneaux de clé. Théard de Cotiere, à Paris , de gueules à la croix vuidée , clechée , pommetée & aie- fée d'or. Voye^^ le P. Meneftrier , le diction, de Trév, & Chambers. ( ^ ) CLECKUM, {Géogr. ) ville du duché de Lithuanie dans le palatinat de Mcizlaw. CLEDONISME , f. m. dedonifmus , ( Divinat. ) clpece de divination qui étoit en ufage parmiles anciens. Voy. Divination. On n'eft pas d'accord iiir l'objet & la manière de cette forte de divination \ parce que le mot grec KKiiov, duquel eft formé cl'e- donifme^ fê prend en pluiieurs fens : i°.pour un bruit , rumor ; i^. pour un oifeau , avis ; 8c 3°. pour un dérivé du verbe aa*», & par contraction Kha , qui fignifie évoquer. Cela les auteurs donnent diverfes iigni- CLE fîcations au mot clédonifme. Les uns préten- dent que c'étoit une efpece d aUj^ure ou de préfage tiré des paroles qu'on avoit enten- dues : car au rapport de Cicéron , les pytha- goriciens obfervoient avec une attention fcrupuleufe , non-feuleinent les paroles des dieux , mais encore celles des hommes , & étoient perfiiadés que certaines paroles por- toieut malheur , comme de prononcer le mot incendie dans un repas -^ ainlî ilsdifoient domicile au lieu deprifon ; &, les euménides au lieu de furies. Le clédonifme pris en ce feus , revient à une autre efpece de divina- tion nommée onomancie. V. OiMOMANCIE. D'autres foutiennent que par clédonifme , il faut entendre un augure tiré du chant ou du cri des oifeaux \ & que cett en ce feus qu'Horace a dit : Impios parrce recinentis omen. Et Virgile : Cava prœdizit ab ilice cornix. Eclog. ce qui ne diffère point de la divination ap- pellée ornithomancie. Voye\ ORiNITHO- MANCIE. Enfin quelques-uns difent que le clédo- nifme pris dans le troifieme feus , étoit la même chofe que l'évocation des morts. C'eft le fëntiment deGlycas : (( ISam KK mauvaife adion eu étoit coupable , ou CLE 147 w prenoitune clé autour de laquelle on rou- » loir un papier , flir lequel étoit écrit le nom n de la peribnne f.ifpeéLC \ enfuite on lioit » cette clé a une bible , qu'on donnoit à )) tenir à une vierge ;, puis on prononçoit » tout bas certaines paroles , entre lefquelles » étoit le nom de l'accufé ; &: à ce nom , M l'on voyoit fenfiblcment le papier fe re- )) muer. » Delrio , difquift, magie, lib. IV ^ cap. ij ^qucvf. VU - /ec7. / './'. 548. (G) CLÉLIE , [Hijîoire Rom.") fut une des clames rom.aines données en otage à Porfenna qui , proteéleur des Tarquins , exigeoit à main armée leur rétabliflènient ^ fa fierté fiit indignée d'être dans la dépennance d'un roi , tandis que Rome libre , n'cbéiffoit qu'à /es loix : elle ne crut pas manquer à la foi des traités en fortant d'une efpece d'eicla- vage qui bleiîbitla dignité du nom romain ^ rarmée des l'ofcans étoit campée fiir les bords du Tibre , & l'on veiiloit avec foin à la garde des otages. Clélie aflemble toutes les dames romaines qui partageoientiiî def- tinée : on l'écoute avec traniport : elle fe met à leur tête & traverfant le camp fans être reconnue , elle s'élance dans le fleuve avec fes compagnes qu'elle reiid à leur fa- mille. Rome applaudit à cette généreuié ré- fblution : mais fidelk au traité , elle les ren- voie à Poriènna qui les redemande pour tirer vengeance de leur parjure. Clé/ie quicroyoit en avoir fait aiTez pour fa gloire , retourna fans crainte dans le camp d'un ennemi qui avoit droit de la punir. Sa confiance défarma le monarque Tofcan qui , faifi d'admira- tion , avoua que i'aâion de Clélie avoit quelque chofe de plus héroïque que le fana- tifme de Mutius-Scevola , & la témérité dé- /è{pérée d'Horatius - Codes. Les Romains lui érigèrent une flatue équeftre flir la voie Sacrée. C'efl le premier monument de cette efpece qu'on ait élevé aux femmes. Les mœurs étoient promptes à s'alarmer. On avoit cru jufqu'alors qu'il y avoit de l'indé- cence dans le fpeâacle d'une femme achevai. {T-N.\ CLEMATITE , f. f, dematitis , en an- glois , virgins Bower; en allerriand , Wal- drebe , ( iiifl. nat. bot. ) genre de plante à fleurs en rofè , qui font compofées ordinai- rement de quatre î>éta les , & qui n'ont point de calice. Le piilii fort du milieu d« k fleur j 248 ■ CLE Se devient dans ia iuite un fruit dans lequel les femences font raifemblécs en bouquet , & font terminées par un filament fembiable en quelque forte à une petite plume. Tour- nefort /«/. rei herb. Voye^ Plante. (1) Clématite , {Jard.) 11 y a quelques ef peces de clématite qui ne font que des plan- tes vivaces : les autres en plus grand nom- bre , font des arbriiTeaux grimpans , dont quelques-uns par l'agrément de leurs fleurs , méritent de trouver place dans les plus beaux jardins. Ce qui peut encore engager à les y admettre , c'cfl que tous ots arbriifeaux font très-robuftes , à l'exception d'un feul ^ qu'ils croiffent très-promptement \ fleuriflènt très- long-temps ,, & qu'ils réufîîfTent dans les ter- rains les plus médiocres , & aux expofitions les moins favorables. Une autre qualité doit encore leur donner faveur ^ c'eft qu'ils ne font jamais attaqués des infectes ^ ce qu'on peut attribuer au fuc cauftique de leurs feuil- les qui brûlent la bouche lorfqu'on les mâche. Arbri^eaux grimpans. La clématite com- tjiune ou i herbe aux gueux ^ eft ainfi appellée de ce que les mendians de profelfion iè fer- vent de ces feuilles pour fe former des ul- cères , & exciter la compafîîon du peuple : mais dans la balfe-Bourgogne on l'appelle viorne , quoique ce nom ne foiî propre qu'à un autre arbriffeau qu'on appelle mancienne dans le mêtne pays. Cette efpece de cléma- tite eft fort commune dans les bois , dans l^s haies , & dans les anciennes ruines de bâti- mens , oii (qs longues tiges rampent & cou- vrent tout ce qui l'avoifîne. Ses fleurs blan- châtres qui viennent en bouquet au mois de juin 5 &: qui durent pendant tout l'été, font plus finguîieres que belles , & ont une odeur agréable ^ les graines qui leur fiiccedent ont des aigrettes barbues , blanches, & raffem- blées de manière à les faire prendre de loin pour de flocons de laine : elles couvrent î'arbrifTeau pendant tout l'automne , & une grande partie dé l'hiver. La bouture lêroit le plus court moyen de multiplier cet arbrif- feau , fi on lui connoiflbit d'autre utilité que d'être propre à faire des liens & des ruches de mouches à îniel. La clématite à feuille entière; c'eft une va- riété de la précédente , dont elle ne diftere que parce que fès feuilles ne font pas dé- coupées. CLE La clématite du levant ; û\ feuille qui eft lifte , d'un verd foncé 6c fort découpée , a quelque rellemblance avec celle du perfil. , Sa fleur qui eft petite , d'un verd jaunâtre , ne paroît qu'en automne j mais elle n'a nulle beauté. Si on peut tirer quelque agrément de cet arbriftèau, ce n'eft que de fon feuillage, qui étant bien garni , peut fcrvir à faire des paliffades & des portiques de verdure dans les plus mauvaifes places , où beaucoup d'au- tres arbriifeaux ne pourroicnt réuflîr. Cette clématite eft d'ailleurs très-robufte ^ fe mul- tiplie aifément , & s'élève moins que les pré- cédentes. La clématite du Canada ;, c'eft encore une variété de notre clématite commune , dont elle n'eft différente qu'en ce que fa feuille n'eft conftamment compofée que de trois lobes , au lieu que dans l'efpece commune , les feuilles ont plus fouvcnt cinq lobes que trois. La clématite à fleur bleug \ cet arbriftèau de fon naturel rampe par terre , ce qui le diftingue d'une autre clématite à fleur bleue qui fera rapportée ci-après , & qui n'eft qu'une plante vivacc. La clématite a fleur bleue double ; c'eft l'un des plus beaux arbriftèaux fleuriifans que l'on puiffe employer dans un jardin pour l'agré- ment. Son feuillage d'un verd brun & conf- tant , eft très-propre à varier les nuances de verdure. Sa fleur , quoique d'un bleu obf- cur , eft très-apparente ^ on eft dédommagé de ne la voir paroître qu'à la fin de juin, par fa durée qui vafouvent à plus de deux mois ; &rarbrifîeau en produit une fi grande quan- tité , qu'elles cachent fon feuillage : mais elle eft fi double , que ne pouvant s'épanouir tout-à-la-fois , les pétales extérieurs tombent peu-à-peu , pour laifler aux plus prochaines la liberté de s'ouvrir & de iè détacher à leur tour 'j enforte que pendant tout l'été le ter- rain au deftbus eft jonché de fleurs. On peut le multiplier de boutures ou de branches couchées , c'eft la plus courte voie & la plus sûre : mais comme l'arbriftèau commence à pouifer de très-bonne heure , & fouvent dès la fin de janvier , il faudra coucher fes bran- ches qui feront de bonnes racines dans l'an- née j au lieu que fi l'on couchoit du vieux bois , il feroit rarement des racines ^ & s'il en produifoit , elles ne feroient fuffilàntes pour CLE CLE 249 pour la tranfplantatioii qu'au bout de deux 9 encore celles qui font rouges & incarnates: ans. Les boutures prifès fur les jeunes bran- ches, réuflliTent beaucoup mieux auffi que celles faites de vieux bois -^ ciles donneront même des fleurs dès la lêconde année : mais il vaudra mieux attendre les deux ans révo- lus pour les tranfplanter. Comme cet arbrif- feau pouffe vigourcufement , & qu'il pro- duit de longues tiges qui s'élèvent fbuvent à douze ou quinze pies , la moitié de ces re- jetons fè defîèche & meurt pendant l'hiver \ non feulement on doit ôter ce bois mort , mais il faut aufli tailler le bois vif au àci^'ds d'un œil ou deux , fans craindre de nuire aux fleurs :, l'arbriffeau étant fî difpofe à en donner qu'il en produit toujours, quoiqu'on lie lui ait laiffé que du bois fort vieux ^ & quand même on en vient jufqu'à retrancher Ja plus grande partie des jeunes rejetons , lorfqu'il eft prêt à fleurir , il pouffe de nou- velles tiges , & doHue autant de fleurs qu'il auroit fait fans cela ^ avec cette différence ièulement , qu'elles paroiffent cinq ou fîx femaines plus tard , & qu'elles durent toute l'automne : facilité qui n'eft pas fans mérite par l'avantage qu'on en peut tirer pour l'or- nement des jardins, dont on n'a à jouir que dans cette faifbn. Il fouffre également le re- tard de la taille au printemps ^ je l'ai fbuvent fait couper gufqa'auprès des racines , lorf- qu'il avoit déjà pouflë des tiges d'un pie de long, fans que cela l'ait empêclié de repouf- ièr avec vigueur , ni de fleurir à l'ordinaire. Ce bel arbriffeau qui croît promptcment , Tfui réîlfte aux plus cruels hivers , qui réuf^ lit dans tous \cs terrains , qui s'accommode des plus mauA'aifès expoiîtions , qui fe inultiplic aifément , qui n'eft jamais atta- qué des infectes , efl fî traitable à tous égards, qu'il ne demande aucune culture : aufîî n'y en a-t-il point de plus convenable pour garnir de grandes palilfadcs , des portiques, des cabinets , des berceaux, & d'autres femblabîes décorations de jardins . dont il fera l'afpeâ: le plus agréable pen- dant tout l'été. La clématite à fleur pourprée , la clématite \ h fleur double pourprée , la clématite à fleur rouge , la clématite afl.eur double incarnate : <:es quatre dernières efpeces de clématite font encore de beaux arbriffeaux fleuriiians, fiir-tout les efpeces à fleur double, & mieux , .Terne FIJL mais elles font fort rares , même en Angle- terre. On peut leur appliquer ce qui a été dit au fujet de la clématite à fleur bleue dou- ble , elles ont les niêxnes bomies qualités %, elles font aufîi aifées à élever , à conduire , & à cultiver : l'agrément qu'elles ont de plus par la vivacité des couleurs rouges & incar- nates de leurs fleurs , devroit bien engager- à les tirer d'Angleterre. La clématite toujours verte OU la clématite d^Efpagne : cet arbrilîèau qui eft originaire des pays chauds , fe trouvant un peu déli- cat , eft fùjet à être endommagé du froid dans les hivers rigoureux , ce qui doit enga- ger à le placer aux meilleures expofitions ^ qui ne l'empêchent pas fouvent d'être gelé jufqu'aux racines. Mais malgré qu'on vante la beauté de fon feuillage , qui efî d'un verd tendre & brillant , & plus encore la rare qualité de produire au cœur de l'hiver fes fleurs qui font faites en clochette &d'un verd jaunâtre , ce n'eft tout au plus qu'un arbrif- feau du refîbrt des curieux en coUeciions , lî'ajrant pas affez de tenue ni d'apparence pour être admis dans leï jardins d'ornement. On peut aifément le multiplier de branches couchées & de boutures, qui font de bonnes racines dans l'année. On peut aufîî multiplier de graine toutes les efpeces de clématite qui font à fleurs fîm- ples ^ mais comme elle eft une année en terre fans lever , on ne fe fêrt guère de cç moyen qu'au défaut des autres plantes vi> vaces. La clématite h fleur bleue , la clématite à fleur blanche , la petite clématite d'Efpagne : ces plantes périfl'ent tous les hivers jufqu'aux racines , repouflcnt chaque année de bonne heure au printemps , Scfieuriffenten été. Lci deux premières s'élèvent à trois ou quatre pies , & l'autre feulement à un pié & demi j & c'eft la feule circonftance qui la diftinguc de la féconde plante. Ojii peut les élever de graine , ou en divifant leurs racines , qui donnent des fleurs l'année fuivante : on ne manque pas de préférer ce dernier moyen comme le plus court. & le plus fîm.ple , la graine ne levant ordinairement que la féconde année ;, & il lui en faut encore deux autres pour donner des fleurs. Du refte ces plantes font très-robaftes , viennent par-tout , & ac il 150 CLE demandent aucune culture particulière. ( c ) Clématite, ou herbe aux gueux , ( Mat. méd. ) la fbur , la femence , fon écorce & fa racine font cauftiques , & ne doivent pas être employées intérieurement \ mais elle eft bonne à l'extérieur , pour ronger les chairs baveufes qui empêchent les plaies de fe cicatrifer. On l'appelle herbe aux gueux , parce que (±s fortes de gens fè fer- vent du fiic cauftique de cette plante pour fc déchirer \qs jambes & autres parties du corps , & infpirer par cette manœuvre de la compaffion à ceux qui les voient dans cet état , qui n'eft pas de longue durée ni bien fâcheux , car lorfqu'ils veulent faire pafî'er CCS marques, ils n'ont beiôin que de les étu- ver avec de l'eau coinmune. CLEMENCE , f. f. r Droit polit. ) Favorin la définit un acîe par lequel le fou- verain fe relâche à propos de la rigueur du droit ; & Charron l'appelle une vertu qui fait incliner le prince à la douceur , à remettre & relâcher la rigueur de la juflice avec juge- ment & difcrétion. Ces deux définitions ren- fermant \qs mêmes idées qu'on doit avoir de la clémence , font également bonnes. En effet , c'efl une vertu du fbuverain qui l'engage à exempter entièrement les coupa- bles des peines , ou à les modérer , fbit dani> l'état de paix , foit dans l'état de guerre. Dans ce dernier état , la clémence porte plus communément le nom de modération . & efl une vertu fondée fur les loix de l'hu- manité , qui a entr'autres l'avantage d'être la plus propre à gagner les efprits : i'hiftoirc nous en fournit quantité dexem.ples, comme aufll d'aâions contraires , qui ont eu des fuccès tout oppofés. Dans l'état de paix , la clémence eonfiiie à exempter entièrement de la peine, lorfqife Je bien de l'état peut le permettre , ce qui eft m^êmc Une des règles du droit romain: ou à adoucir cette peine , s'il n'y a de très- fortes raifons au contraire , & c'efî: là la féconde partie de la clémence. Il n'eft pas nécefl'aire de punir toujours fans rémiflîon ies crimes d'ailleurs punillh- bles ^ il y a des cas où le fbuverain peut faire graôe , & c'eil de quoi il faut juger ■ par le bien public , qui efl le grand but ées peines. Si donc il fe trouve des circonf- taaccs Quciifwiiàntgraeej on procure autant CLE ou plus d'utilité qu'en punifî'ant , le fbuve- rain doit néceffairement ufer de clémence. Si le criine eft caché , s'il n'eft connu quô de très-peu de gens , s'il y a des inconvé-^ nicns à l'ébruiter , il n'eft pas- toujours né- ceflhire , quelquefois même il fêroit dan- gereux de le publier, en le punifî'ant par quelque peine. Solon n'avoit point fait de loi contre le parricide. L'utilité publique , qui eft la mefijre des peines , demande en- core quelquefois que l'on fafîè grâce à caule des conjonèfures , du grand nombre des coupables, des caufès, des motifs qui les ont animés , des temps , des lieux , &c. car il ne faut pas exercer . au détriment de l'état , la jultice qui eft établie pour la con- fèrvation de la fbciété. S'il n'y a point de fortes & prelfantes rai- fons au fouvcrahi de pouvoir faire grâce , il doit alors pencher plutôt à mitiger la peine ( à moins que des raifons valables & juftes ne s'y oppofènt entièrement, comme quand il s'agit de crimes qui violent les droits de la nature & de la fociété humaine ) , parce que toute peine rigoureufe a quelque chofe de contraire par elle-même , fînon à la juf- tice , du moins à l'humanité. L'empereur Marc-Antonin le penfoit ainfi , & y confcr- moit fk conduite, La clémence eft contraire à la cruauté , à la' trop grande rigl^eur , non à la juftice, de laquelle elle ne s'éloigne pas beaucoup., mais qu'elle adoucit , qu'elle tempère ; & la clémence eft néceliàire à caufe de finfir- mité humaine , & de la facilité de faillir , comme dit Charron. Suivant ies principes généraux qu'on vient d'établir, on peut voir quand le ibuveraiu doit punir , quand il doit mitiger la peine , & quand il doit pardonner. D'ailleurs , lorfque la clém.ence a des dangers , ces dan- gers font très-vifibîes ^ on la diftingue aifé- ment de cette foibJcfiè qui mené le prince au mépris , & à limpuiffance même de punir , comme le remarque l'illuflre auteur de; l'efprit des loix. Voici ce qu'il ajoute fur cette matière dans cet ouvrage , liv. VI , chap. xxj. (( La clémence eiï la qualité diftindive des m.onarqucs. Dans la république où l'on a pour principe la vertu , elle eli moins nécef- ; faire* Vaiii l'état ^elipotic^ue qù jregne. ]a. CLE oranite , elle efl moins ea iifage, parce qu'il •faut' contenir les grands de l'état par des exemples de févérité. Dans les monarchies où l'on eft gouverné par l'honneur , qui foavent exige ce que la loi défend , elle ell plus néceflaire. Ladifgrace y eft équivalente à la peine ^ les formalités même des juge- mens y font des punitions. C'eft-Ià que la honte vient de tous côtés pour former des genres particuliers de peines, c< Les grands y font fi fort punis par la difgrace, par la perte fouvcnt imaginaire de kur fortune , de leur crédit: , de leurs habi- tudes , de leurs plaifirs, que la rigueur àleur égard eft inutile '^ elle ne peut fervir qu'à ôter aux fujets l'amour qu'ils ont pour la perfonne du prince , & le relpe£l: qu'ils doivent avoir pour les places. leur de la nature que la volonté de le » faire. » ( M. le chevalier de Ja ucovrt. ) * Clémence , ( Myth. ) Les anciens en avoient fait une divinité ^ elle tenoit lîtie Ijranche de laurier d'une main , & une lance de l'autre. Le pié de fa ftatue fut un afyle dans Athènes. On lui dédia dans Rome un temple & des autels après la mort de Jules Çéfar. Sa figure le voit fur les monnoies de Tibère & de Vitellius. Elle eft là bien mal placée. . ^ CLEMENTE ( Sr. ) , Géogr. mod. ville .d'E {pagne dans la mancîîe. CLE 25T. CLÉMENTIN , fi m. ( lîifloire cccléf. ) terme en ufiige parmi les auguftins , pour défigner un religieux qui après avoir été neuf ans fupérieur, ceflè de l'être, & redevient fimple religieux , foumis comme les autres à l'autorité d'un fupérieur. Ce mot vient de ce qu'un pape du nom ■ de Clément , défendit par une bulle qu'aucun fupérieur des augufcins confervât fon emploi plus de neuf ans de fuite. Dicl» de Trév. {G) CLÉMENTINES , adj. fémin. prisfjbf. ( Jurifp. ) On entend ordinairement fous ce nom un recueil des décrétales du pape Clément V , fait par l'autorité du pape Jean XXII fon fucq||^ur. Clément V avoit fait une compilation , tant des décrets du concile général de Vien- ne, auquel il avoit p'réfidé , que de fès épi- tres & conftitutions ;, mais fa mort arrivée le 20 avril 1 3 14, l'ayant empêché de publier cette colleftion , Jean XXII fon fucceffeur la publia en 1317 fijus le nom à^ clémenti- nes , &: l'adrella aux univerfités. E.lles font divifées en cinq livres , où les matières du droit canonique font diftribuées à-peu-près fiiivant le même plan que les dé- crétales de Grégoire IX. V. Dechetales. Clémentines eft aufti le nom que l'on donne quelquefois à un recueil de plufieurs pièces anciennes , qui font de prétendus canons & conftitutions des apôtres , & autres pièces apocr^'phes attribuées faullèment à St. Cla- ment , évêque de Rome. Voye^ Cotelier, en fon recueil des ouvrages des pères ^ des temps apoftoliques j Dupin , biblioth. des auteurs eccléfiaftiques ; Ceiller , Aijl. des ant. facr. & eccléf. {A) CLEMPENOW , ( Gécgr, mod. ) petite ville d'Allemagne dans la Poméranie. CLÉOBIENS , fi m. plur. {Tkéolog.) fefte àQs fimoniens dans le premier fiecle de réglife. Elle s'éteignit prefque dans fii naiflànce. Hegelippe & Théodoret , qui en parlent , ne Ipécitient point par quels îènti- mens lescléoèiens fe diftinguerent des autres. On croit qu ils ont eu pour chef un nommé Cléobe , compagnon de Simon , & qu'il avoit compofé avec cet héréfiarque divers livrer fous le nom deJefiis-Chrift pour trom- per les chrétiens. Hegefippe , apud Eiifeb, liv. IV^ , ckap. xzij , ant. conjiit. apoji. M. ' Dupin , hibliot, des auteurs eccléf. des trois I i 2 3L 5 1 CLE fremîers Jieclù\ hs diâ, de labiale^ de Triv. & Chainbers. CLÉOMENE I du n«m , ( Hifi. de La- eédémone. ) Deux rois fpartiates ont porté le nom de Ctéomene ; Je premier étoit nls d'A- naxandridc , dont il fiit rhéritier au trône , fiins en avoir eu hs talens & la gcnéroiîté. Dans les prerr.iers jours de fou règne , il tourna les armes csntre l'Argolide, qu'il fc jîropora plutôt de dévaftcr que de conqué- rir. Guerrier fans principe & fans généro- iîté, il exerça les plus affreufes cruautés con- tre les Argiens. Ces peuples , après leur dé- faite 5 fe réfugièrent dans une épaiifc forêt , où ils furent bientôt invei^HI^ Cléomerx ne vouloit leur accorder aucune capitulation ;, & dans le temps qu'ils imploroient fa clé- mence , il fit mettre le feu à la forêt , où tous ces infortunés furent la proie des flam- mes. Quoique Cléomem , fans génie & fans vertu , fût regardé comme un imbécillc fu- rieux qui , dans certains momens , avoit la férocité d'une bête lauvage , il eut la gloire d'affranchir Athènes du joug des Pififtrati- des j mais après en avoir été le libérateur , il voulut en régler la defîinée : fept cents des principales familles furent bannies. La ty- rannie , à peine détruite , fut remplacée par une plus humiliante. Un certain Ifagoras, flétri par fes crimes & fès débauches , avoit fîi plaire à Cléomcnc ; cet homme vil & fans capacité, voulut tout régler dans le fenat & dans les afferablées du peuple. Les dignités furent le prix de la corruption , & les plus vertueux citoyens furent profcrits. Les Athé- niens , dont les uns étoicnt opprimés & les autres craiguoient de' l'être , s'alîemblercnt furaultuairement -^ toute la ville retentit du bruit des armes. Un peuple ne fent jamais mieux fa force que quand il fort de i'op- preiïîon. Cléomene effrayé , fe réfugie dans la citadelle , où les cris des partifans d'ifàgpras f{u'on égorge , lui font craindre une môme '^deflinée. Les Athéniens , moins cruels que lu* , confentent à lui faciliter une retraite. Dès qu'il fe vit en fureté , il arma pour fe venger de ceux qui l'avoient réduit à trembler. Il entre dansl'Attique qu'il ravage , après avoir égorgé tous les habitans qui tombent entre fes mains. Athènes du haut de {es remparts apperçoit les flammes qui 4éyoreut ïes moiHbi^s y les habitans lueiia- \ CLE ces de vivre efcîaves , prennent les armes , réfclus de mourir libres. Les àe\\^ armées étoient en préfence , lorfque les alliés de La- cédémOne le reprochèrent de ver(er un fang" innocent pour affcuvir les vengeances d'un forcené. Ils fe retirèrent fans combattre , & Démocrate , collègue de Cléomene , fiii- vit leur e?our éviter les haines qui naillent du partage du pou- voir. Cléomene abandonné de fes alliés & de fon collègue , étoit trop borné & trop pré- fomptueux pour prévoir le danger : il com- battit & fut vaiîîcu. Sa défaite , qui devoit l'hum.ilier , ne fit qu'aigrir fes fureurs j H fiif:ita des ennemis aux Athéniens dans fou- tes les contrées de la Grèce : & prodigue dans fes largeifes , il fit parler la prêtreffe de Delphes , qui prédit à toutes les villes une opprefîlon afîlirée , fi elles ne mettoient .des bornes à la puiirance d'Athènes. Mais une fàine politique triompha des menaces de la fùperflition , Se les Grecs pour la première fois crurent être plus éclairés fur leurs propres intérêts , qu'une prêtrelle fourbe & vénale. Ariftagore , gom-Tsmeur de- Milet , mé- content de la cour de Perfc , fè tranfporta à Sparte , pour y repréfenter qu'il étoit dés- honorant pour un peuple auffi belliqueux de laiffer l'Ionie fous la domination de Da- rius, & il découvrit les moyens de l'arra- cher à fès anciens maîtres. Il eut de fré- quens entretiens avec Cléomene qui , étonne de la difitance de Sparte à Suze , rejeta fès propofitions. Il crut que fes préfens lèroient plus puiffans^ue (es raifons , Si il lui offrit jufqu'à cinquante talens pour l'engager à tenter cette conquête. Gorgo , fille de Cléo- mene ^ étonnée d'une offre fi éblouilfante ^ s'écria : « Mon père , renvoyez prompte- raent cet étranger , c'eft un ufiirpatcur qui vous féduira. -n Ariflagore rebuté à Sparte , fut favorablement écouté des Athéniens. Cette conjuration étouffée dans fà naiffance, fournit un prétexte à Darius de tourner fès, armes contre la Grèce. Leshabitaiis d'Egine étoient les plus expofés à ies vengeances ^ ils crurent devoir les prévenirpar une promptes ibijimiffion : Clément fe uanfporta. daj^ C L Ë leur île pour les punir d'avoir donné un exemple qui pourroit entraîner les autres vUles menacées. Crius , un des principaux de ces iniiilaires , eut l'audace de lui dire que , s'il ofoit maltraiter le dernier des ci- toyens ^ il le feroit repentir de fa témé- rité. Cléonune fe retira en menaçant Crius , dont la hardieffe étoit excitée par Démarate, gutre roi de Lacédémone , qui traverfoit fècrétement les defTeins de fon collègue. Cléomene inftruit de ^on infidélité , le cita devant k peuple pour fe juftifier. Outre le crime de trahifon , il lui imputoit encore d'être le fruit d'un adultère , & que fa naif- fance prématurée avoit donné occafion à ion père de dire qu'il n'étoit pas fon fils. La pythoniife fut confultée , &: fa réponfe fut conforme aux defirs de Cléomene , qui l'a- voit féduite par la magnificence de fes pré- fens. Démarate fut dégradé , & fa couromie fut mife fijrla têtede Léotichide. Mais quel- que temps après , là fourberie avec la Pytho- Diife fut découverte ^ il fut regardé comme un profanateur qui avoit abufé de la reli- gion pour corrompre fès miniftres. Le peu- ple demandoit hautement £à mort pour ven- ger les dieux outragés ^ & ce fut pour fe ibullraire à fès fureurs qu'il fe retira chez les TucHaliens , dont il fut exciter la compaf- fîon. Ces peuples féduits fe réunirent aux Arcadienj , pour le rétablir fur le trône de {ks ancêtres. Les Spartiates , occupés dans une guerre importante , craignirent de fe faire de nouveaux ennemis. Ils confentirent à le faire rentrer dans fes prérogatives, mais il n'en jouit pas long-temps ^ ii tomba dans une démence furieufc qui obligea de ren- fermer : un jour qu'il étoit reflé avec unfeul de fès gardes , il lui arracha fon épée qu'il fè paifa à travers du corps , l'an 492 avant Jefus-Chrift. {T-N.) Cléomene II , {Hifi. de^ Lacédémone) fils de Léodina , fîit fon fucceifeur au trône de Sparte. Son père , dévoré d'avarice , lui avoit fait époufer Agiatis , îiprè^ la mort d'A- ^s fon premier mari. Cette union formée par l'intérêt parut néceifaire à fa politique ^ car outre que la jeune veuve étoit la plus opulente de la Laconie, eWt étoit la feule qui pût calmer les haines des factions qui ,déchiroient l'état. L'exemple d un père avare i^ *oiuj3tueux a'avoit ^oiht corrompu l«i CLE 255 trempe du cœur de fou fils. Cléomene fut fortifié dans {qs heureux penchans par fa vcr- tueufe époufe \ le récit qu'elle lui faifeit da défiutérefpjmeut d'Agis , le remplit d'admi- ration pour ce roi citoyen. Dès ce moment , il réfoîut de faire revivre l'ancienne difei- pline de Lycurguc & d'exécuter ce que l'au- tre avoit maîheureuicment eifayé. Ceux, qu'il choifit pour être les dépofitaireî de fou fecret en furent les cenfeurs ;, il craignit d'ê- tre trahi par des amis infidèles , & dès ce moment , il réfolut de ne prendre plus d© confèil que de lui-mêm.e : il n'avoit encore rien exécuté de grand , & il ne pouvoit inf- pirer cette confiance néceffaire aux arîifàns des grandes révolutions. La guerre qu'Ara- tus porta dans l'Arcadie , lui fournit uue- occafion de développer fcs talens pour la guerre. If fe mit à la tête de l'année qui ré- prima l'invafion des Achéens d^ns l'Arca- die. Ce jeiuîc prince , grand capitaine far.^ le fècours de rcxpcrieace , triompha tle l'ha- bileté d'Aratus , dont la vie n'avoit été juf^ qu'alors qu'un enchaînement de viétoires,. Cléomene fut aiTêtcdans le cours de fes prol- périîés par les intrigues d'une faclion qui aima mieux foufcrii'e aux conditions d'une paix déshonorante , que de fùppcrter le poids d'une guerre glorieufe. Ce fut pour fe fortifier contre cette faélion turbulente , qu'il rappella Archidamas , frère d'Agis , pour la faire afieoir fur le trône avec lui : mais ceux qui avoient trempé leurs mains dans le fàna^ d'Agis , craignoient les jufîes vengeances dct fon frère, &;ccfuîpour les prévenir qu'ils ic firent allkfiîner. Cléomene touché de la deflinée de fbii ami , n'en fut que plus ardent à pourfuivre iki defièins. Les âmes vénales furent gagnées par fès préfèns , & les gens de bien , qui ferment toujours le plus petit nombre , lui promiirent leur afiiflance. Sa mère Crateiilée épuifa fès immenfès trélbrs pour lui acheter Aqs partifàns. Les éphores dont l'avarice fut flitistaite , confièrent à lui fènl le foin de. ■ continuer la guerre. Quoique tous l^s jours de fon commandement fufTent marqués par de brillnns fùccès , il excita moins l'admira- tion que \ts fcupçons d'un peuple prompt à s'alarmer fur iou indépendance. 1 audis. qu'il triomphoit au dehors , fès plus dar.- gereux einiemis ^ reuièiinés diuis Sparte , la 154. CLE peignoient comme un ambitieux trop faml- liarifé avec le commandement, pour iè con- tenir dans les bornes de fes devoirs. Ces bruits calomnieux parvinrent jufqu'à lui & ce fut pour les dilTiper qu'il revint à Sparte, où étudiant le caraftere de ceux qui étoient le plus acharnés à lui nuire , il eut la politi- que de les emmener avec lui à l'armée , pour les avoit fous fes ordres : mais ces hommes, nourris dans les fattions , furent aufll mau- vais foldats qu'ils étoient fjtjets indociles ^ ils ne purent fupporter les fatigues du camp , & on fut obligé de les licencier. Des qu'il fiit débarraffé de ce fardeau inutile , il n'eut dans fon armée ni rebelles , ni murmura- teurs. Les ennemis furent battus & difper- fés ^ mais quand fa patrie n'eut plus rien à craindre , il eut tout à redouter .pour lui. Les éphores & leurs complices éblouis de fa gloire , en ternirent l'éclat par des impu- tations calomnieufes ^ il crut devoir les en punir : il marché vers Sparte , & fes mou- vemens font fi fecrets & fi bien concertés , qu'il y eft entré avant qu'on foupçonne qu'il foit en marche. Les éphores , artifans de tous les troubles , furent les viftimes fur qui tombèrent fes premiers coups ; quatre fu- rent égorgés , au milieu de la débauche de la table qu'il fe propofoit de profcrire ^ dix de leurs convives furent enveloppés dans leur ruine. Agéfilas qui étoit le plus coupa- ble, fauva fa vie en eontrefaifant le moft. Cette fcene langlante lui parut néceliaire pour n'avoir pas la même deftinée qu'Agis qui avoit été la viâime de fa modération ik de fa clémence. Mais le fang de l'inno- cent ne coula point avec celui du coupable. Les chaires des éphores furent enlevées du- forum, & leur pouvoir" fut aboli. Cet aâ:c du pouvoir arbitraire étoit un attentat con- tre la fureté du citoyen. Cléomene fit afi'em- hler le peuple pour lui faire entendre fa jui- tification ^ il s'appuya fiir la nécefîlté qui eft la première des loix , & fur rexem^ple de Licurgue qui dans les mêmes circonflan- ces en avoit donné lexemple. Son éloquence ébranla les elprits , & il acheva de les fub- juguer , en déclarant qu'il n'avoit d'autre but que de délivrer Sparte des perturba- teurs qui s'oppofoient à l'abolition des det- tes & au partage des terres. Ces motifs fu- rent iuftifiés par le facrifice qu'il fit de tous C LE ks biens. Son beau- père Mégefton & tous fès amis fuivireut cet exemple de modé- ration. L'ancienne difcipline fut rétablie dans toute fa vigueur. Perfonne ne fut dif- penfé de fe trouver aux repas publics , & la milice fpartiate tombée dans Je relâ- chement redevint aufiî redoutable aux en- nemis que dans le temps de fa première fpiendeur. Les Achéens humiliés par des défaites multipliées , fe dépouillèrent de leur fierté infultante , & s'abaifTerent à de- mander la paix à Cléomene. Il ne leur im- pofa d'autre condition que d'être déclaré le chef de leur ligue. Ces peuples charmés de fà modération, furent flattés de. le voir mar- cher à leur tête. Aratus dépouillé d'un titre qu'il avoit porté avec gloire , ne put fouffrir d'être fupplanté par ce jeune rival. Il intéreflè les Macé- doniens dans Ça. caufe , & leur ouvre les barrières de la Grèce. Une guerre nouvelle fe rallume : Clémene en foutint tout le poids avec des forces dont l'inégalité ne iërvit qu'à mieux développer la fupériorité de fès talens. Ses premiers fuccès en annonçoient de plus éclatans, lorfqu'il fut trahi par un de fes principaux officiers , que l'or d'Antigone , roi de Macédoine , avoit corrompu. Six mille Spartiates périrent près de Sillafie, dans des embûches où le traître Damotelès \t% avoit conduits. Cléomene qui n'étoit qu'à plaindre , rentra dans Sparte qui fut alTez ingrate pour lui reprocher fon malheur. Il ne put le réfondre à fbuffrir les outrages d'un peuple dont il étoit le bienfaiteur \ il fe retira en Egypte, auprès de Ptolémée Ever- gete , dont l'amitié lui- faifoit efpérer un dé- dommagement de {es difgraces. La mort inopinée de ce monarque l'expofa à la çen- liire d'une jeune cour plongée dans le luxe & la mollelfe. Cléomene qui avoit l'aufiérité d'un fpartiate , étoit trop fier pour diflimu- 1er ; il exhala fes mépris contre les courti- fans efféminés qui le regardoient commiC un lion féroce qui venoit s'introduire parmi un troupeau d'agneaux doux & dociles, il fè vengea de leurs dédains , par les farcafmes les plus amers. Il en fut puni par la prifon. C'éîoit le plus grand outrage qu'on piit faire à un i})artiate qui regardoit la vie comme un opprobre , dès qu'il celfoit d'être libre. l\ rompt les partes de fa prifon , ik fui\^ d© CLE douze fpartiates , compagnons de fon in- fortune , il fe répand dans les rues d'Ale- xandrie , où n'écoutant que fon défefpoir , il oublie qu'il eft prefque fèul au milieu d'une multitude armée. Malgré la fureur dont il eft enivré , il n'étend fes vengeances que fur les auteurs de fa détention : c'étoit un fpec- tacle d'héroïfme & d'extravagance , de voir treize forcenés s'ériger en arbitres de la ville la plus peuplée du monde. Cléomene devenu plus calme , eft étonné de fe voir entsuré de victimes qu'il vient d'immoler. Il fe tranf- porte-dans la place publique oîi le peuple s'étoit ralTemblé ^ il lui promet de fe mettre à fa tête pour le rétablir dans la jouilfance de lès privilèges. Les Egyptiens familiarifés avec leurs chaînes , furent infenfibles à lès promefTes. Cléomene indigné de leur infen- iibilitc , s'écrie : peuple lâche & flétri , tu ne mérites que d'être gouvirné par des fem- mes. Il tire i^Qn. épée & invite {qs compa- gnons à fuivre fon exemple , & tous en i'i- mirant tombent expirans fiir leurs épées. La liberté & la Iplendeur de Sparte s'éclipie- rent avec lui ;, cette ville eut encore des iia- bitans , mais on n'y compta plus de citoyens. ( T-N.) CLEOPATRE , ( Hifi, des Egyptiens. ) Cléopatre , fille d'Antiochus , roi de Syrie , fut mariée à Ptolémée Epiphane. Cette union ne produifit pas \<î:,% effets que; fon père en avoit efpéré pour fon agrandiilêment \ devenue reine d'Egypte , elle en embraila . vivement les intérêts : ce fut par les confeik qu'Epiphane follicita les Romains de porter la guerre, en Syrie. Après la mort de fon mari , elle prit la tutelle de fon fils Philo- métor, qui n'étoit âgé que de fix ans. Son adminiftratioii prudejite garantît l'Egypte des guerres & des révoltes \ tandis que tous les peuples jouiiîoient du retour de la prof- périté 5 une mort prématurée l'enleva à la nation. ( T-s.. ) Cléopatre , C Hifloire des Egyptiens. ) fœur & femme de Piiilométor , en eut un fils qu'elle voulut placer fur le trône. L'E- gypte fut déchirée par deux faâions rivales. Les uns vouloient un jeune roi , pour pou- voir gouverner fous fon nom ^ les autres craignoient que leur patrie ne fût frappée . par de nouvelles calamités , fi l'on dcféroit le fcep.tre à dss moins trop foibles poLir le CLE 255 porter i rambafladeur rom.ain , choifi pour arbitre , décida que Phifcon époulëreit Cléo- patre , dont le fils feroit déclaré héritier du royaume : le jour des noces fut un jour de deuil. Le jeune prince fut égorgé par l'crdra de Phifcon dans les bras de fa inere. Cléo- patre répudiée eut encore l'humiliation de fè voir remplacée par la fille qu'elle avoit eue de Philométor , que le tyran avoit violée avant de lui donner le titre d'époufo. Sou malheur arma l'Egypte pour elle : les ftatues de Phifcon furent renverfées , & Cléopatre fut proclamée reine dans Alexandrie. Le tyran dénaturé ne crut pouvoir mieux fe venger , qu'en faifant égorger un fils qu'il avoit eu d'elle , dont il lui envoya la tête avec ordre de la faire fcrvir fur fa table , le jour du feftin qu'elle préparoit pour célé- brer fou anniverfaire : enfoite il levé une arm.ée , & vainqueur par fes lieutenans , il oblige Cléopatre à quitter l'Egypte , & à fe réfugier auprès deDémétrius qui avoit épou- fé fà fille , à qui elle promit la couronne d'Egypte , pour î'intéreifer à fa vengeance. Le monarque , ébloui par l'éclat de cette promeiTe , étoit aufii detefté dans les états , que Phifcon l'étoit dans les fiens : il fut aliaf- liné dans Tyr , avant d'avoir exercé Ces vcn- :reances. Cléopatre , privée de fon appui , fo réfugia auprès de fa fille, montée au trône de Syrie depuis la mort de (on m.ari : elle y vécut obfcure & fans confidération , dévorée de la foif de la vengeance qu'elle ne pouvoit aflbuvir. ( T-N. ) Cléopatre \Hift-oire des Egyptiens.^ femme de Phifcon , fut élevée fur le trône d'Egypte , conformément au teftament de fon époux , à conditiîion qu'elle partageroit fon fceptre avec celui de io.'S. fils qu'elle croi- roit le plus digne de le porter. Son penchant la décida pour le plus jeune , qui s appelloit Alexandre , dont le cara(ficre flexible pro- m.ettoit qu'il lui abandonneroit la plénitude du pouvoir. Les Egj'ptiens , ne confuitant que le droit de la nature , lui dictèrent un autre choix , & la forcèrent de s'afîbcier l'ainé, qui prit le fornomi de Soter. L'oppo- fition de leur caraftsre fut une femence de troubles domefiiques : la mère , gouvernée par fes miniilres , voulut envahir toute l'au- torité: le fils, honteux de n'être qu'un fan- tôme'courpmié , pcrfecuta les ininifiies ^gjii »5^ CLE Ji'oulolent faflervlr. La rivalité du pouvoir aigrit les haines. Cléopatre , pour fe débar- raiîèr d'uu collègue importun , lui fuppofa le crime d'avoir voulu l'aflafliner. Des eunu- ques tout fanglans fe préfenterent dans la place publique , &: dirent au peuple aHcm- b!c qu'ils a avoiciit été maltraités que pour a\ oir défendu la mère contre un fils parri- cide : cette impofture eut un plein fuccès. Soter 5 devenu un objet d'exécration , ne Çic> C L E M. Varignon a généralile ce problême fuivant fa coutume , & a donné la méthode de divifer ou graduer une depfydre de figure quelconque , enforte que les parties du fluide contenues entre les divifions, s'écoulent dans des temps donnés. L'académie propofa les loix du mouvement des depfydres , pour le fiijet du prix de l'année 172 5. Il fut remporté par M. Daniel Bcrnoulli;, & fa pièce eft im- primée dans le recueil des pièces des prix de l'académie. Quoiqu'elle foit fort ingénieufe , l'académie nous avertit , dans une eipece de programme qui eft à la tête , qu'il lui a paru que la queftion propofée n'avoit pas encore été liiifiiàmment approfondie. Une des grandes difficultés qu'on rencon- tre dans la théorie des depfydres , c'eft de déterminer avec exadHtude la vîteife du fluide qui fort par le trou de la depfydre, Lorfque le fluide eft en mouvement , & qu'il eft encore à une certaine hauteur, cette vîteiîè eft à-peu-près égale à celle que ce même fluide auroit acquife en tombant par fa pefanteur d'une hauteur égale à celle du fluide. Mais lorfque le fluide commence à fè mouvoir , ou lorfqu'il eft fort peu élevé au deifus du trou , cette loi n'a plus lieu, & devient extrêmement fautive. D'ailleurs , il ne fuffit pas , comme on le pourroit penièr d'abord , de connoître à chaque inftant la vîteife du fluide qui s'é- coule , pour favoir le temps dans lequel doit fe vuider la depfydre : car, fans parler ici de l'adhérence des particules du fluide , & du frottement contre les parois du vafe , les par- ticules du fluide ne fortent point du vafe fui- vant des direftions parallèles. M. Newton a obfërvé que ces particules ont des dire£tions convergentes , & que la veine du fluide qui ibrt va en diminuant de groifeur juiqu'à une certaine diitance de l'ouverture j diftance qui eft d'autant plus grande , que l'ouverture elle-même eil plus grande. De-là , il s'eniùit que pour trouver la quantité de fluide qui ibrt à chaque inftant , tl ne faut pas prendre le produit de la grandeur de l'ouverture par la vîteife du fluide , mais le produit eft la vî • teife du fluide , dans l'endroit où la vehie eit le plus contrariée , par la largeur de la veine en cet endroit. J^oyei (hydrodynamique de. M. Daniel Bernoulli , feci, 3 , & tardcU HïDRODYNAMKiUE* CLE Clepfydre fê dit auiïi d'un fablier. Voyei Sablier. (O) CLERAC oz/CLAIRAC , (Géog. mod.) ville de France en Agenois , fur ÏQlot.Long. l8 , 8 ; lat. 44 , 28. CLÉRAGRE, f. f. (Fauconn.) efpecede ÇGutte qui vient aux ailes des oifeaux de proie. CLERC, (Jurifp.) on comprend fous ce nom tous ceux qui , par état , font confacrés au fervice divin , depuis le fimple tonfuré jufqu'aux prélats du premier ordre. Ce terme vient dugrec)cÂni>of , qui fignifie fort , partage , héritage. Dans l'ancicH tefta- ment , la tribu de Lévi eft appeUée itA«p''<î c'eft-à-dire le partage ou l'héritage du fei- gneur. Du grec , on en a fait en latin derus ; & l'on a donné ce nom au clergé , parce que le partage des eccléfiaftiques eft de fervir Dieu. De clerus , on a fait ckricus , clerc. La diftinftion des clercs d'avec le refte des fidèles fè trouve établie dès le commen- cement de l'églife , fu ivant ces paroles de S. Pierre , neque dominantes in cleris. Pétri j , >• 3- Les clercs ou eccléfiaftiques , confidérés tous enfemble , forment un corps qu'on ap- pelle le clergé , & l'état des clercs s'appelle la cléricature. Il y a parmi eux differens degrés qui les diftinguent. Le premier degré de*la cléricature eft l'é- tat de fimple tonfuré. Les degrés fuivans font les quatre ordres mineurs , de portiers , Ieâ:eurs , exorciftes & acolytes. Au deifus des ordres mineurs , font les ordres facrés ou majeurs , de fous-diaconat, diaconat & prêtrifo. L'épifcopat & \<à^ autres dignités eccléfiaf- tiques font encore des degrés au defliis de la prêtrife. Ces differens degrés parmi les clercs , compofent ce que l'on appelle la hiérarchie eccléfiajiique. Autrefois les moines & religieux n'étoient point clercs ; ils ne furent appelles à la cléri- cature qu'en 383 , par S. Sirice , pape. Ceux qui fe préfentent pour recevoir la tonfuré , ou quelque ordre majeur ou mineur , doivent recevoir cet état de leur propre évê- ^ue , à moins qu'ils n'aient de lui uu détnif- CLE i6i foire , c'eft-à-dire des lettres de pcrmiftion pour être tonfiirés ou ordonnés par un autre évéque. Can. Lugdunenf. causa c)^ Ç^^Ji- 2. ; & conc. Trid. fejf. 23 , dereform. cap. 8, Les clercs ont certaines fondions dans l'églifo qui leur font propres : celles desévê- ques , archevêques , prêtres & diacres , ne peuvent être remplies par des laïques , même à défaut de clercs. Ils jouilfent , en qualité de clercs , déplu - fieurs exemptions êc immunités , qu'ils tien- nent de la piété de nos rois. Il leur eft défendu de rien faire qui foit contraire à la pureté & à la dignité de leur état ; & par conféquent de faire aucun trafic ou commerce , d'exercer aucun art mécha- nique , ni de fe mêler d'aucunes affaires temporelles. Can. pervenit credo Cy- prianus , guœji. 3. Leurs habits doivent être fimples & mo- deftes , & ils ne peuvent en avoir de couleurs hautes , telles que le rouge. Can. ornais nullus.... epifcopi , quœft. 4. La chaife à cor Ôc à cri , ou avec armes oftenfives , leur eft défendue. Can.epifcoputn «... 6' can. omnibus extra de clerico venatore. Ceux qui contreviennent à ces défenfes de- viennent irréguliers. Les clercs ont le privilège de ne pouvoir être traduits en défendant que pardevant le juge d'églife , dans les matières perfonnelles. En matière criminelle , ils font d'abord jugés par le juge d'églife pour le délit com- mun ; mais ils ne peuvent encore être jugés par le juge royal pour le cas privilégié. Voy. c/-^/»r^^CLERGÉ, Ecclésiastiques, Dia- cre , Sous-diacre , Prêtre , Mineurs, Ordre^veque. {A) Clei^, ( Jurifprud. ) eft auffi un titre commun à plufieurs offices , commiftîons & fondtions qui ont rapport à l'adminiftratioii de la juftice & police. Nous allons expliquer ce qui concerne ces différentes fortes de c/er« dans la fubdivifion fuivante , par ordre al- phabétique. C'eft un abus que l'on a fait du terme clerc , qui fignifie eccléfiajiique. Comme dans les fiecles d'ignorance il n'y avoit prefquc que les clercs ou eccléfiaftiques qui euffent confervé la connoiffance des lettres, onétoit obligé d'avoir recours à eux pour remplir toutes les fonctions dans lefquelles il falloit loi CLE favoir lire & écrire , ou être inftruit des loix \ de forte qu'alors clerc ou homme favant , & lettré étoient des termes fynonymes ainfi qu'il paroît par cette belle répoufe de Char- les V , roi de France , à quelqu'un qui mur- muroit de l'honneur qu'il portoit aux gens de lettres , appelles alors clercs, « Les clercs à fapience l'on ne peut trop honorer , & tant que fapience ièra honorée en ce royaume , il continuera à profpérité ^ mais quand dé- boutée y fera , il déchéera. w II eft arrivé de cette acception du mot clerc , que l'on a donné le titre de clerc à des laïques , parce qu'ils étoient gradués ou lettres , ou qu'ils rempliiToient quelque fonâion qui étoit au- paravant remplie par des eccléfiaftiques ^ & cette dénomination s'eft conlbrvée jufqu'à préfènt. Clercs des aides : cette qualité étoit quel- quefois donnée au receveur des aides , quel- quefois au greffier de ceux qui rendoient la juftice fur le fait des aides. Il en eft parlé dans les lettres de Charles VI , du dernier février 1388 , recueil des ordonnances de la troijîeme race ^ tome VU ^ page 228. Voyez Clercs-grejfiers. Clercs des arrêts ; c'eft le nom qu'on don- noit anciennement au greffier du parlement. Il eft ainfi appelle dans un éditpour le lende- main de l'Epiphanie de l'an 1277. Il en eft fait mention dans Fleta, lié. II , cap. xij ,^. 3 1 , qui le nomme clericus placitorum auLv. V. le glojp. de Ducange , au mot clericus. Clercs-auditeurs , voyez ci-après au mot Comptes, a t article de la Chambre des Comptes. Clerc d'avocat, eft celui qui travaille habi- tuellement chez un avocat à copio^fes con- lîiltations , &: autres écritures du^iniftere d'avocat. Les clercs d'avocats affiftent ordi- nairement aux audiences de^iTiere le barreau, pour donner aux avocats les facs des caufes que l'on appelle pour être plaidées. Ce font eux auffi ordinairement qui portent & qui vont retirer les facs que les avocats fe don- nent en communication. Ils font quelquefois des extraits des pièces pour fbulagerles avo- cats \f mais ceux-ci doivent vérifier l'extrait , pour voir s'il eft fidèle & exaâ:. Dans les arbitrages 8c commiffions du confeil dont les avocats font chargés , on configne les vacations entre les mains du clerc de t avocat CLE plus ancien , & le clerc du plus jeune avocat dépofe la fentence arbitrale chez un notaire. Lorfqu'on veut compiilfcr des pièces qui font chez un avocat , le ccmpulfoire fe fait entre \qs mains de fcn clerc , lequel , en cette partie , fait fonftion de perfonne publique. Il eft défendu , par les réglemens , mxïiclercs d'avocats de porter des épées , ni des cannes & bâtons. Il y a très-loug-temps que les avocats au parlement de Paris font dans l'ufage d'avoir des clercs , puifque l'ordon- nance , faite par la cour en 1344, défend aux clercs des avocats de faire leurs écritures en la chambre du parlement. Cette ordon- nance eft rapportée dans le recueil des or- donnances de la trcijîeme race , tome II, page 225. Clercs des baillis , fé né chaux & prévôts: on appelloit ainfi les fècretaires ou greffiers des juges. Des lettres de Charles V , du $ mai 1357 , font mention du clerc du bailli de Coutances. D'autres lettres du roi Jean , du mois de décembre 1363 , parlent du clerc du prévôt de Langres , & règlent ce qu'il pourra prendre pour chaque mémorial , écriture & foel ^ ce qui fait voir qu'il faifoit la fonâ:ion de greffier & de fcelleur. Une ordonnance du roi Jean , d'environ l'an I3(5i, défend, art. 15 , aux baillis & féné- chaux , & à leurs clercs , de prendre de per- fonne dons , penfions & robes , fi ce n'étoit par aventure des vins & viandes qui fe peu- vent confommer en peu de jours : il eft aifé de fontir l'abus que l'on pouvoit faire de cette exception. V. le recueil des ordonnances de latroijieme race , tome IV.pag. 412. Clercs de la chambre des Comptes. V. ci-après Comptes , à l'article de la Chambre des Comptes. Clerc & changeur du tréfor durai: c'étoit le receveur du change du roi. Il eft ainfî nommé dans une ordonnance du roi Jean , du 16 Septembre 13 51 •' clerico & cambiatori thefauri noftri Parifius. Voye[ CHANGE & Changeur. Clercs des commijffaires du roi ou du parle- ment : c'étoient les greffiers de la commifîîon. L'ordonnance de Philippe de Valois , du 1 1 mars 1344, concernant la difcipline du par- lement , porte que les gens du parlement qui feront envoyés en commiflion , ne pour» ront prendre que pour fix chevaux au plus; CLE les gens êes enquêtes ou requêtes du palais , pour quatre chevaux j que dans ce nombre feront comptés les chevaux que chevauche- ront leurs c/ercs qui travailleront à l'audition. Un peu plus loin , il eft parlé des cas où , pour caufe du fait de la compiflîon , il conviendroit mener notaire ou clerc. Il eft dit , article 3 , que chaque clerc des commif- faires ne pourra prendre des parties que cinq fous feulement , chaque jour qu'il travaillera, tournois ou parifis , {èlon le pays 011 il fera , tant pour parchemin , écriture , copie, grof foiement d'enquêtes de procès , & de toutes autres écritures qu'il fera. Clercs des commiffaires au châteht & autres commijfaires de police , font des elpeces de commis ou aides qui écrivent fous la diâ:ée du commiifaire , & font des expéditions des aétes qui font de fon miniftere. Clerc de la commune de Rouen : c'étoit le greffier de l'hôtel-de-ville de Rouen. Voye[ f ordonnance de Charles V .^ du <) novembre 1373 j ûr/^. 5 6» 6 , & ci- après , Clercs des villes de commune. Clercs du confeil , fîgnifîoit anciennement les gens du confeil du roi, quelquefois lesfe- cretaires ou greffiers du confeil. Il en eft parlé dans une ordonnance de l'an 1285 , portant règlement pour l'hôtel du roi & de la reine. Voyei^ le glojf de Ducange , au mot de ricus. Clercs du confeil des officiers & ouvriers de la monnaie , étoient les officiers de la cham- bre des monnoies de Paris. Il fut pourvu à leur fàlaire par des lettres de Charles V , du 6 juin 13 64. y'oye'^ le recueil des ordonnances de la troifieme race 5 tome /F", p(ig^ 441* Clerc dx confeiller ou préfident : c'étoit le fècretaire du préfident ou confeiller, ou bien le greffier de la commiffion dont le magif- trat étoit chargé. Il eft parlé des clercs des préftdens 6» confeillers au parlement , dans une ordonnance de Charles V , alors régent du royaume , du mois de mars 1366 , arti- cle 11. f^oyeiauifi ce qui eft dit au mot Clercs des commijfaires du roi ou du parlement. Dans l'ufage préfènt , on qualifie de fecre- taires ceux qui font la fonftion de clercs au- près des magiftrats , & ils font commis pour greffiers en quelques occafîons ^ on les qua- lifie de greffiers de la commiffion. Clerc du confulat : c'étoit le greffier d'un confulat ou juftice municipale d'une ville. CLE 16^ C'eft en ce fêns que les clercs du confulat de la ville de Graffe fè trouvent nommés au nombre des officiers de ce confulat dans des lettres du roi Jean , du mois de mars IIS$. Recueil des ordonnances de la troi- fierne' race , tome IV , page 340. Clercs des élus , étoient les greffiers de ceux qui étoient élus anciennement poiur régler la perception des aides & finances. Lg 6 avril 1374, Charles V nomma deux réformateurs pour punir ces clercs & autres officiers des mal^'erfations qu'ils avoient commifès dans leurs fondions. Clercs d'embas , voyez ci- après au mot Comptes, à l'article de la Chambre des Comptes. Clerc-examinateur : on dônnoit ancienne- ment ce titre aux examinateurs du châtelet de Paris , auxquels ont fuccédé les commif- faires. Les ftatuts de la confrérie des mar- chands drapiers de Paris furent publiés en préfènce d'un clerc-examinateur , le 3 mai 1371 , comme on le voit dans le recueil des ordonnances de la troijieme race , tome IV 9 page 536. Clercs-experts : on donnoit anciennement ce titre de clercs aux experts , pour dire qu'ils étoient favans & verfés dans la matière pour laquelle ils étoient commis. On en voit un exemple dans la déclaration du mois d'odo- bre 1577 , qui contient un règlement pour les fonèiions de clercs-jurés & prud'hommes de la ville & prévôté de Paris. Clerc des foires , clericus nundinarum ; ce- toit le notaire ou greffier des foires. Il en eft parlé dans Fleta , lib. II , cap. Ixiv , §. 24. Clercs de la chambre des comptes { grands ) , voyez ci-après au mot COMPTES , à t article delà Chambre des Comptes. Clercs-greffiers ou fecretaires : ils étoient anciennement nommés clercs , & leurs fonc- tions étoient différentes de celles des notai- res , même de ceux qui étoient attachés au fèrvice des jurifdiftions. En effet ceux-ci tenoient d'abord les regiftrcs des cours & autres jurildiâions , écoutoient les témoins , & délivroient copie des dépofitions & en- quêtes ^ au lieu que les clercs faifoient plus particulièrement la fonèlion de fecretaires ou greffiers du juge. Il en eft fait mention dans une ordonnance de S. Louis , du mois de février 1254, faite pour le Languedoc, 2(?4 CLE où il eft dit que les clercs des fénéchaux ou leurs écrivains, ne pourront prendre plus de fix deniers tournois pour chaque lettre pateiue , & quatre deniers pour les lettres clofes. On voit par-là que ces clercs avoient d'autres écrivains qui leur étoient fubordon- lïcs. Il y avoit au châtelet des clercs en titre d'office pour le prévôt de Paris & pour les auditeurs , qui furent fupprimés par Phi- lippe-le-Bel par une ordonnance du i mai 13 13 , voulant qu'ils prilTent pour eux tels chrcs qu'ils jugeroient à propos , & qu'ils les puflent ôter toutes & quantes fois il leur plairoit , nonobftant toutes lettres que ces clercs eulTent du roi , lefquelles furent révo- quées. Ainfî ces clercs aroient d'abord des lettres ou provifions du roi \ enfuite ils de- vinrent à la nomination du prévôt de Paris & des auditeurs, & étoient alors amovibles. Dans une autre ordonnance de Philippe-le- Long , du mois de février 1320, on voit qu'il y avoit au châtelet des notaires defti- nés à faire certaines écritures & expéditions , & qu'il y avoit outre cela des clercs ; il fut ordonné qu'à l'avenir le prévôt de Paris en auroit feulement deux pour faire les regif- tres & fes commiffions , & fecrettes befo- gnes ;, que ces deux clercs dévoient payer le quart de ce qu'ils auroient de leurs écritures ^ èc que a le prévôt'de Paris avoit befoin d'un plus grand nombre de clercs pour faire fon office , il prendroit les notaires qui lui con- viendroient le mieux , & non d'autres per- sonnes. La même ordonnance porte , que les deux auditeurs n'auront point de clercs , & qu'ils feront faire dorénavant toutes leurs befognes par la main des notaires. L'ordon- nance de Charles V , du mois de novembre 1364, art. 10, appelle clerc des rej Clerc de la prévôté de Paris ; c'étoit le gref- fier du prévôt de Paris. Il eft ainfi nommé daus une ordonnance de Hugues Aubriot , prévôt de Paris, par laquelle on voit que ce clerc recevoit ceux qui dévoient dépofcr en l'information de vie & mœurs des courtiers de chevaux, & que la caution qui étoit don- née pour eux , devoit être enrégiftrée par- devers le clerc. V. les ordonnances de la troi~ fieme race , tome II y page 381. Clercs de procureurs , (ont des aide»^ que , les procureurs ont chez eux pour faire ou tranfcrire les expéditions qui font de leur miniftere. Les procureurs au parlement, qui. étoient anciennement en fort petit nombre, ne pouvant faire feuls toutes leurs expédi- tions à mefure que le nombre des affaires augmentoit , obtinrent en 1303 du parle- ment la permiffion d'avoir chez eux de jeu- nes gens pour leur fervir d'aides , lefquels furent nommés clercs , parce qu'alors les eccléfiaftiques étoient preique les lèuls qui euffent la connoift'ance des lettres , & que les gens de pratique s'en fèrvoient pour fane écrire leurs adèes : c'eft pourquoi l'on donna auffi le titre de clercs aux laïques qui étoient lettres. Les clercs de procureurs font ordinaire- ment de jeunes gens^ c'eft pourquoi le lieu où ils travaillent s'appelle V étude du procu- reur ; parce qu'en effet ceux qui font chez les procureurs en qualité de clercs , y font pour apprendre la pratique judiciaire , dont la connoiftance eft nécelfaire à tous ceux qui concourent à l'adminiftration de la juftice : auflî voit-on tous les jours chez les procu- reurs en qualité de clercs , de jeunes gens deftinés à remplir des places diftiuguées de judicature. Ceux qui fè deftinent à la fonâion de pro- cureur dans les villes oîi les clercs forment entre eux une communauté , doivent s'inf- criro fur les regiftres de la communauté pour faire courir leur temps de cléricature ou étude , qui eft de dix années. Celui qui eft le premier de l'étude , prend le titre de mai- tre-clerc. A Paris. & dans plufîeurs autres villes du royaume, la communauté des c/^ra s'appelle bafoche, La communauté des clercs au pai;- Isment a une jurifdiélion fjr fes membres qu'on appelle auffi ba[^che , & qui lui a été Ll ■ i-.. 1^^ CLE jiccordée par Piiilippe-le-Bel , de l'avis & eonfeil de Ton parlement. A Rouen , cette cominiînaiité s'appelle auflî bafoche ou régence du palcis , parce qu'elle eft chargée du foin de maintenir une bonne difcipline dans le palais par rapport à la population. La communauté des clercs de procureurs de la chambre des comptes , s'appelle le haut ^ fouverain empire de Galilée, V^oye^ Basoche & Empire de Galilée. Au parlement de Paris & dans la plupart è ont ^ui l'homologue ^ î arrêt de règlement du 14 noût i6ç)i au journ. des aud.'çovLT la récep- tion des clercs en l'office dç proaireur , & portant aufli défenfè à eux;d'acheter aucune pratique fojas avoir acheté une charge de procureur^ • Clerc du roi; ort, L 1 2 i6S CLE Clerc. On appelle aiufi , dans les /îx corps des marchands de Paris , & dans les coiniminautés des arts & métiers , une per- ibnne prépofée par les maîtres & gardes , & par les jurés , pour faire les commifllons & les courfes nécelTaires pour les affaires du corps. C'eû le cierc qui a foin d'avertir les maîtres des jours qu'il y a des alîèmblées ■ extraordinaires f, &c dans quelques commu- ■ nautés d'artifàns , c'ell au cierc que doivent s'adreiTer les compagnons qui cherchent de l'ouvrage. Diclion. du Comm. CLERGÉ, f. m. {HiJI. eccl.) c'eft le coips àts perfonnes confhcrées à Dieu par la cléricature ou par la profefîîon religieufe , d'où le clergé fè diviiè en féculier & en ré- gulier. Ce mot eft dérivé du grec >/ îfpof , ou du latin cleriis , qui fignifient part ou portion ; parce que quoique tous les chrétiens puif- îënt être appelles /a portion de Dieu^ cepen- dant ceux d'entre les chrétiens que Dieu a choifis , fëparés des autres & confacrés à fon fervice , font la portion diftinguée & chérie de l'héritage du Seigneur. On peut dire en- core que le corps des eccléfiaitiques , infti- tué pour enfcigner aux peuples la religion , pour adminiftrer les facremens & célébrer l'office divin , eft ainiî appelle parce qu'il a choifi le Seigneur pour fa portion , luivant ce verlèt que prononcent les clercs lorfqu'on les toniiire : Dominas pars àcereditatis meœ & calicis mei ; tu es qui rejiitues hœreditatem mtam mihi. Pf. 1 5. Le dergé a toujours été dans l'état un corps diftingué par des honneurs , des im- munités , àes revenus , & autres droits ou honorifiques ou utiles , qui lui appartiennent de droit eccléfiaftique , ou qui lui ont été attribués, foit par la concelîion des princes, Ibit par la piété des fidèles. Parmi nous , le clergé eft reconnu pour le preiràer corps & le premier des ordres du royaume, & en cette qualité il eft maintenu dans tous les droits , honneurs , rangs , féan- ccs , préfidences Se avantages dont il a joui ou dû jouir jufqu'à préfent j ce font les ter- mes de redit du mçis d'avril i<595 , art. 45. Long-temps avant , nos rois s'en étoient expliqués de même dans la déclaration du 10 février 1580 , & dans leurs lettres-paten- tes du premier mai 1596, du 9 déceiiibre CLE i6c6 , du 10 août 161 5, & du 1$ juin i6z8. Voye:^^ les nouveaux mém, du clergé ^ tomes VI & FUI. Quant aux honneurs , le clergé a réguliè- rement le pas & la préféance fur les laïques , les parlcmens , ou autres cours féculieres , dans les églifes , les proceflions , & dans toutes les cérémonies de la religion. Divers arrêts du confeil privé , rapportés dans le tome Vdcs nouveaux mémoires du clergé , ont réglé des conteftations qui s'étoient élevées à ce fujet entre l'archevêque & le parlement de Rouen , entre l'évêque de Metz & le par- lement de cette ville : ces arrêts ont main- tenu le clergé dans le droit de préféance. Dans les aflemblées politiques , telles qu'étoient autrefois en France les états-géné- raux , & qui font encore aujourd'hui les af- lemblées des états en Languedoc , en Breta- gne , en Bourgogne , en Artois , le corps du c/fr,^/ précède la noble/Te & le tiers-état, & porte le premier la parole dans les députa- t'ons au roi. L'archevêque de Narbonne eft prélident-né des états de Languedoc , & l'évêque d'Autun jouit de la même préroga- tive dans ceux de Bourgogne. Aux aflem- blées des états-géneraux , le clergé fuivoit l'ordre politique du royaume , & nommoit fes députés par gouvernemens & par baillia- ges , comme les autres corps de l'état. En Suéde , malgré le changemeirt de religion , le clergé précède dans les états généraux les deux ordres du royaume. En Pologne , les évêques n'ont leur rang aux diètes qu'en qualité de fénateurs , excepté dans \qs in- terrègnes & dans la diète d'éleétion où le primat du royaume préfide de droit. En France , les évêques comtes ou ducs & pairs ont féance au parlement de Paris. Quelques autres font confeillers-nés au parlement dans le reilbrt defquels font fitués leurs évêchés. Les évêques & archevêques d'Angleterre font membres de la chambre haute. Ceux d'Allemagne ont place & voix dans la diète de l'Empire, dans le collège des princes». Voyei Collège & Diète. • Pour le corps du clergé , comme les cha- pitres & les communautés régulières , leur rang entre eux & avec les corps fëculiers y fe règle fùivant les anciens ufàges. Il en eft de même à proportion des eccléfiaftiques- particuliers , s'ils a'oiu mi certain rang , à I CLE caufe de leurs bénéfices ou de leurs charges. En Angleterre , on diftingue le haut & le bas clergé : le haut clergé eli compofé des archevêques & évêques \ le bas clergé com- prend tous \qs autres eccléfiaftiques. Nous avons en France la même diftinftion , mais fous àQS noms différens : on dit le premier ^ le fécond ordre. Le terme de bas-clergé eii pourtant en ufàge dans les chapitres pour lignifier iQsfemi-prébendés , chapelains^ chan- tres^ mujiciens , ou autres officiers gagés qui n'ont pas voix en chapitre. V. Chapitre. Les immunités ou exemptions dont jouit le clergé font de temps immémorial : nos rois les ont confirmées par leurs ordonnan- ces. On a fur ce fujet celles de S. Louis , de Philippe-le Bel , des rois Jean , Charles V , Charles VII, ^c. Voye[ les mémoires du clergé , tome VI. Les évêques & les conciles ont marqué dans tous les temps la plus grande fermeté pour les maintenir & les conferver. On peut voir fur cette matière la lettre que les pro- vinces de Rheims & de Rouen écrivirent en 858 à Louis II. Il y a même des exemples d'interdits & d'excommunications pronon- cés contre les juges laïques qui violent les im- munités eccléfiafliques. En 1207 j le chapi- tre de Rouen , pendant la vacance du Ç\e^Q , jeta un interdit général fur toutes les églifes de Rouen, parce que le maire de cette ville avoit, de fon autorité privée , fait empri- ibnncr le domeftique d'un chanoine. Dans un des regiflres du parlement de Paris , on lit qu'en l'année 1359 l'évêque de Chartres & fes officiers mirent en interdit la ville de Mantes , parce qu'on ne voulut pas leur ren- dre deux clercs détenus prifonniers. Il efl parlé de femblables interdits en une conlli- turion inférée dans un ancien recueil des llatuts fynodaux de l'égliiè de Rhei^is, faits par l'archevêque Guillaume de Tryes , en- viron l'an 1330. Voy. les mémoires du clergé , tome VI & VII, & l'a tradition des faits. L'immunité eccléfîaflique eft de deux for- tes j la perfonnelle , qui concerne la perfonne des clercs j &: la réelle , qui concerne les biens ou revenus de l'églife. La première tend à conferver aux eccléfiafliques le repos néceffaire pour vaquer à leurs fondions j la féconde regarde plus la confervatiou de leurs CLE 1^9 Les exemptions perfonnelles font premiè- rement celles de la jurifdicf:ion : régulière- ment un eccléliaftique ne peut être pourfùivi devant les tribunaux féculicrs, ou du moins , dans certains cas , il faut que le juge ecclé- fîaflique inflruife leur procès conjointem.ent avec le juge laïque. Les eccléfiafliques font exempts de charges municipales , de tutelle & curatelle , s'ils ne l'acceptent volontaire- ment. Dès le temps de S. Cyprien , la règle étoit ancienne , que fî quelqu'un nommoit un clerc pour tuteur dans fou teflament , oa n'ofîriroit point pour lui le faint facrifice après fa mort. Les eccléfiafliques font aufîl exempts de la contrainte par corps pour det- tes civiles. Ils font difpenfés du iervice de la guerre qui fè devoit autrefois pour caufe de fief , & n'a plus lieu qu'à la convocation de l'arriere-ban. DécL du roi, du% février 5657. Ils ne font pas même obligés à fournir d'au- tres perfonnes pour faire le fervice , ni de payer aucune taxe à cet effet. Ils font exempts de guet &:de garde, & de logement de gens de guerre : on ne peut leur impofer aucune taxe pourraifon de logement, uflenfile , ou fourniture quelle qu'elle foit. Les eccléfiafli- ques ne doivent point être auffi compris dans aucune impofition pour la fubfiftancsr des troupes ou fortifications diQS villes , ni généralement pour aucuns odlrois , fubven- tions, ou autres emprunts de communautés. En pays de tailles perfonnelles , ils en font exempts , foit pour leur patrimoine , fbit pour leurs dîmes \ mais ils font compris dans les tailles négociales, c'efl-à-dire impb- {é.^% pour les dîmes qu'ils font valoir , qui ne font pas attachées à leur bénéfice. En pays de tailles réelles , les biens appartenans à l'églife^fbnt francs commue les biens nobles. Ils font auffi exempts des droits d'aides pour les vins de leur crû , foit bénéfice ou patri- moine, du moins ils ne paient que des droits fort médiocres. Tels font les principaux pri- vilèges dont jouit le clergé, en confidération des contributions particulières qu'il paie au prince fous le titre de décimes , de fubven- tions , aidons gratuits , &e. V. DÉCIMES. L'immunité réelle qui concerne les biens donnés aux é%\\[ts , ou par la munificence Aqs rois , ou par la piété des fidèles , eft fondée fur ce principe , qu'ils font fpécialer- ment voués tsn coufàcrés à Dieu pour le \yo ' CLE roulagemêtit des pauvres , pour l'entretien 8c la décoration des temples & des autels , & pour la fiibfillance des miniftres du Seigneur. On a depuis peu agité vivement cette e feroient plus vendues ni données â ferme comme par le pafle , parce que les fermiers commçttoient des exaâions fiir le peuple ^ mais qu'elles feroient données à garde , par le confejl des gens du pays & des environs. Cet article ne fiit pas long-teajps obiecïs 9 171 CLE car le ir.êjr.e prince ordonna , le 4 feptembre 1357, aux g^eiis des comptes , d'affermer les prévôtés , écriture? & tabelîioiiages ^ or ces termes écritures ctoientfynonymes de cUrgies ou greffes. Il eft dit qu'on les donnera au plus offrant , mais néanmoins à des perfonnes idoines. Qn pratiquoit encore la même chofè en 1370, même pour les greffes de villes, fliivant une autre ordonnance de Char- les Vy du 6 février ^ portant que les éehevins de Tournai donneront les offices de la ville en la forme ufitée anciennement, excepté la clergie des échevms , qui fera donnée à ferme au profit de la ville. Le greffe de la ville de Paris eft auffi nommé clergie dans une ordon- nance de Charles VI ^ du zj janvier 1382 , qui réunit la prévôté des marchands & cler- gie de la ville , à la prévôté de Paris. Dans la fuite le terme de greffe a pris la place de ce- lui ÀQ clergie. Voy. GREFFE. (A) CLERI, CG^o^r.) petite ville de l'Orléa- nois , éleâion de Baugenci fur le Doure , à quatre lieues d'Orléans, avec une collégiale. Louis XI y a un beau monument , que les Calviniftes profanèrent , & que le chapitre a rétabli magnifiquement. c< On voit, difoitia Fontaine , dans une de Tes lettres , en 1663 , ce prince à genoux fur fon tombeau , quatre enfaiis aux quatra coins \ ce feroient quatre anges , fi on ne leur avoi*. point arraché les ailes : le bon apôtre de roi fait là le faint- homme, & eft bien mieux pris qu'à Péronne , quand le Bourguignon le mena à Liège. Je lui trouvai la mine d^un matois ; Aujfi tétoit ce prince dont la vie Doit rarement fervir £ exemple aux rois\f Et pourrait être en quelque point fuivie. A fes genoux font iès heures & fbn cha- pelet , la main de juftice , fon fceptre , fon chapeau & là "Notre-Dame. Je ne fais com- ment le ftatuaire n'y a point mis le prévôt Triftan ' lé tout , d'un marbre blanc , ii^'a ièmblé de bonne main. r> (C.) CLÉRICATURE , (Jurifprud.) Ce qui concerne l'état de cléricature eft expliqué aux mots ChEKC& Clergé, & ci-après ^://wor Ecclésiastique^ on parlera feulement ici des privilèges de cléricature. Ces privilè- ges confiftent : 1°. En ce que le clergé forme le premier prdrc du royaume j il eft ainfi quaUfié dans CLE Védit du mois d'avril 169 5. Quant au rang ds chaque eccléfiaftique en particulier vis-à-vis des laïques , lorfqu'un eccléfiaftique fait quelque fonftion de fon miniftere , il pré- cède tous les laïques j mais lorlqu'il n'eft point en fonétion propre à fon caradtere , fon rang vis à-vis des laïques fe régie par la qualité des perfonnes & autres circonftances. Voyei Domat , tr. du Dr. publ. liv, 1 , tit. ix , feâ. iij , /z. 47 6» fuiv. 2°. En matière criminelle , les clercs peu- vent demander leur renvoi pardevant le juge d'églife , pour être jugés par lui fur le délit commun ^ & lorfque ce renvoi «ft ordonné , le cas privilégié ne peut être jugé que par le juge royal , attendu qu'il n'eft pas d'ufàge que les juges d'églife inftruifent conjointe- ment avec les juges des feigneurs , mais feu- lement avec les baillis & fénéchaux royaux. Ils ne font fujets en aucun cas à la jurifdic- tion du prévôt des maréchaux , & les préfî- diaux ne peuvent les juger qu'à la charge de l'appel ;, & lorfque l'affaire fe trouve portée au parlement , foit par appel , ou en pre- mière inftance, ils peuvent demander d'être jugés eu la grand-cliambre , & non à la Tournelle , afin que les confeillers-clercs , qui ne font point de fervice à la tournelle , puiffent alîifter à leur jugement. Voye-^ t or- donnance de Moulins , art, 41 ; celle de 1 670 , art. 21 ^ tédit et avril 1595 , art, 41 ; & /a, déclaration du '^février 173 1 , art. 1 1. 7z<3r5, étant plus grande vers l'équateur que vers les cercles polaires où font \q^ derniers climats , cela rend leur intervalle très-jné- gal , & bien plus grand vers l'équateur que vers les pôles. Comme les climats commencent à l'équa- teur , le premier climat dans fon commence- ment a, pai- cette raifon , préciféraem douze C LI heures de jour à fon plus grand jour; & à fa fin il a douze heures & demie à fon plus grand jour. M. Formey. Le fécond climat qui commence où le premier finit , a douze heures & demie de jour à ion plus grand jour , & à fà fin il a treize heures de jour à fon plus grand jour ^ & ainii des autres climats d'heures qui vont jufqu'au cercle polaire où fe termine ce que les géographes appellent les climats d'heures , & où commencent les climats des mois. f^oyei Heure. Comme les climats d'heures font des ef- paces compris entre deux cercles parallèles à l'équateur , qui ont leur plus grand jour plus long d'une demi-heure dans leur fin que dans leur cominencement j de même les cli- mats de mois font des efpaces termiinés par deux cercles parallèles au cercle polaire , fi- tués par-delà ce cercle , & dans lefquels le plus grand jour eft plus long d'un mois ou de trente jours à la fin qu'au commence- ment, f^oyei Mois. Chambers. Les anciens ne donnoient le nom à& climat qu'aux enchoits de la terre qu'ils croyoient iiabitabies. Ils eftimoient qu'une partie delà zone torride vers l'équateur , & une partie de la zone tempérée par-delà le 50^^ de la- titude, ^étoient inhabitables, &:ils n'avoient que fèpt climats. Ils pofoient le commence- ment du premier 7kl^^ 41' de latitude , où le plus long jour d'été eft de douze heures trois quarts ^ & la fin du feptieme climat alîoit vers les 50*1 de latitude , où le plus long jour eft de 1(5 heures 20'. Pour mieux diftinguer leurs climats , ils en faifoient paifer le milieu par les lieux les plus confi- dérables du vieux continent : favoir , le pre- mier par Meroé en Ethiopie , le fécond par Sienne en Egypte , le troifieme par Alexan- drie aufîi en Egypte , le quatrième par fîle de Rhodes , le cinquième par Rome , le fixieme par le Pont-Euxin , & le feptieme &: dernier par l'embouchure du Borifthene. A ces fèpt climats on en ajouta depuis encore deux autres j favoir le huitième , pallantpar les monts Riphées dans la Sarmatie afiati- que , & le neuvième par le Tanaïs. Les an- ciens comme les modernes , ont encore di- vifé la terre en de plus petits efpaces , que l'on nomme parallèles des climats , afin de \ç.% diftinguer des autres parallèles de l'équa- C Lï teur. Ces parallèles ne font que des demi- climats , desquels l'efpace ne contient qu'un quart-d'heure de variation dans les plus longs jours d'été de chacun de ces parallèles. Les modernes , qui ont voyagé bien plus avant vers les pôles , ont mis trente climats de chaque côté ^ & quelques-uns d'entr'eux ont fait les différences d'un quart d'heure ièulement , au lieu d'une demi-heure. M. Formey, Lorsqu'on détermine les climats^, on n'a point égard ordinairement à la réfraction. Voyei Réfraction. On donne vulgairement k nom de cli- mat à une terre différente d'une autre , par rapport aux fa ifons, aux qualités de la terre, ou même aux peuples qui y habitent , fans aucune relation aux plus grands jours d'été. Abulfeda , auteur arabe , diftingue la pre- mière eipece de ces climats par le nom de climat réel , & l'autre par celui de climat apparent. On compte ordinairement vingt-quatre climats de demi-heure & douze de demi- mois. Chacun des e^aces de ces derniers comprend quinze jours de différence entre les plus longs jours d'été de l'un & de l'autre de ces c///7z^« ; car fous les cercles polaires, le plus long jour d'été eft de vingt- quatre heures ou d'un jour aftronomique^ & le plus long jour fous les pôles contient 1 80 jours aftronomiques , qui font fi» mois : de forte qu'après avoir établi la différence de ces climats de la quantité de quinze jours, il eft évident qu'il en faudra douze depuis les cercles polaires jufqu'aux pôles ^ le pre- mier defquels commencera aux cercles po- laires , & le dernier finira aux pôles. Et pour diftinguer l'étendue de ces douze climats , il faut encore imaginer douze cercles pa- rallèles à- l'équateur par le commencement & la fin de chacun de ces intervalles ^ le premier defquels fera le cercle polaire , oîi eft le commencement du premier de ces ■climxits ; & le dernier fera éloigné au pôle de 2■■ C L I lyp Table des climats de demi-heure. il " " Climats. Leur nombre. 9 10 II li j6 17 18 19 20 21 22 2-4 12 0 12 30 M 0 15 30 H G 14 50 15 0 15 30 16 C 16 30 17 G 17 30 18 0 r8 30 .19 0 19 30 2G 0 20 30 21 G 21 3P 22 0 22 30 Latitude. 24 IC 30 46 36 8 41 21 45 i9 48 S9 57 57 54 ^8 56 36 58 25 59 57 61 16 61 24 63 20 64 8 62 24 65 20 65 46 66 64 23 o 23 30 24 o 66 19 66 27 66 30 Intervalle des climats, M. O O 8 34 8 9 7 17 6 36 5 41 4 55 4 8 3 30 2 58 2 31 2 8 I 49 I 3^ I 19 I 8, 0 f^ 0 48 0 40 0 3^ 0 16 t 0 20. 13 8 I ~~r — r ^ '-"^ yy_ ^ ) (I T/2i5/e û?e^ climats des demi-mois. 1 i Climats. Lear no/Tzl^. Plus longs jours. Mois. Jours. I o 15 10 II 12 2 0 2 15 3 0 ■* ) 15 4 0 4_ 15 15 o Latitude. D. M. 66 30 66 44 67 20 68 23 69 48 71 34 73 37 75 57 78 30 81 14 Intervalle des climats. D. M. O O 0 14 G 36 1 3 I if I 46 2 3 2 57 2 56 2 44 i 84 5 i 57 87 I 2 56 90 0 2 9 I m •-dïs»-^-»4&—»i9Îîw* «-*<&»--" -< ''irï^^^^â^^- iSo C L I Il ne faut pas croire au refte que la tem- pérature (bit exactement la même dans les pays fitués fous le même climat : car une infinité de circonftances , comme les vents , les volcans , le voifinage de la mer , la po- iîtion des montagnes, £e compliquent avec l'aéHon du foleil , & rendent fouvent la tem- pérature très- différente dans des lieux placés fous le même parallèle. Il en eft de même des climats placés des doux côtés de l'équateur à diftances égales : de plus , la chaleur même du foleil eft dif- férente dans ces climats. Ils font plus près du foleil que nous dans leur été , & plus loin dans leur hiver. Voye^ Chaleur. L'illuftre auteur de Vefprit des loix exa- mine dans le XI y livre de iJon excellent ouvrage , l'influence du climat fur les mœurs , le caraâere , & les loix des peuples. Après les détails phyfiques fur les effets du froid & du chaud , il commence par ex- pliquer la contradiâion qui fe trouve dans le caraèlere de certains peuples. La chaleur , dj^-il , donne d'un côté un corps foible, & de l'autre une imagination vive : voilà pour- quoi les Indiens ont à certains égards tant de courage , & à d'autres tant de foibleffc. La foibleffe du corps rend naturellement pa- reffeux ;, de-là l'attachement de ces peuples à leurs ufages : cette foibleffe portant à fuir les travaux même néceffaires , les légiflateurs iàges doivent au contraire par leurs loix en- courager le travail, au lieu de favorifer l'in- dolence. C'eft à la dévotion fpécuiaîive des pays chauds qu'on doit la naiffance du Der- vichifme. L'ivrognerie eft un vice des pays froids. La loi de Mahomet en défendant aux Arabes de boire du vin , étoit en cela con- forme à leurs coutumes. Les loix contre les maladies qui ne font pas particulières à un cli- mat , mais qui y font tranfplantées , comme la pefte , la lèpre , la vérole , &c. ne fau- roient être trop féveres. Le fuicide en An- gleterre eft l'effet d'une maladie ^ & fi les loix civiles de quelques pays peuvent avoir eu des raifons pour flétrir le fuicide , du moins en Angleterre on n'a dû le regarder que comme un effet de la démence ;, dans ce même pays oii le peuple fe dégoûte fi aifément de la vie , on fent bien que le gou- vernement d'un feul eût été pernicieux, & que les loix doivent gouverner plutôt que les C L T hommes. Ce caraélere d'impatience & d'in- quiétude eft comme le gage de leur liberté. Nos pères , \qs anciens Germains qui habi- toient un climat froid , avoient des loix très- peu féveres fur la pudeur des femmes. Ce fut autre chofè quand ils fe virent tranfjior- tés dans le climat chaud d'Efpagne. Chez un peuple féroce comme les Japonois , les loix ne f auroient être trop dures , & le font en effet : il en eft & il en doit être autrement chez des peuples d'un caraéèere doux , comme les Indiens. Voilà en peu de mots ce que dit l'auteur fur les effets du climat , & dont quelques écrivains lui ont fait des reproches, comme s'il faifoit dépendre tout du climat ; tandis qu'au contraire fbn ouvrage n'eft deftiné qu'à expofèr la multitude prefque infinie de caufcs qui influent fiir les loix & fur le caraâere des peuples , & dont on ne peut nier que le climat ne foit une des principales. C'eft-là l'idée qu'on doit avoir de ce qu'on lit à ce fujet dans cet ouvrage, dans lequel il peut s'être gliffé quelques propofitions qui ont be- foin d'être éclaircies , mais où l'on voit bril- ler le philofophe profond , le citoyen ver- tueux. Notre nation lui a donné les applau- diffemens qu'il méritoit, & les étrangers le regardent comme un ouvrage qui fait honneur à la France. { O ) Climat, ( Méd. ) Les médecins ne confîderent les climats que par la tempéra- ture ou le degré de chaleur qui leur eft pro- pre ; climat , dans ce fens , eft même exac- tement fynonyme à température ; ce mot eft pris par conféquent dans un fens beaucoup moins vafte qi-e celui de région , pays ou contrée , par lequel les médecins expriment la fomme de toutes les caufes phyfiques gé- nérales ou communes , qiîi peuvent agir fur la fanté des habitans de chaque pays 3 favoir la nature de l'air, celle de l'eau, du fol, des alimens , &c. Voyei Eau , Sol , Ré- gime. Toutes ces caufes font ordinairement fi confufément combinées avec la tempéra- ture des diverfes contrées, qu'il eft aftèz dif- ficile de faifir quelques phénomènes de l'é* cohomie animale , qui ne dépendent uni- quement que de cette dernière caufè. Ce ne fera pas cependant une inexactitude blâ- mable , que de lui attribuer certains effets , dont elle eft vraifemblablement la caufe prédominante. c L r prédominante. Aiiilî on peut avancer avec beaucoup de fondement , que c'eft du cli- mat que dépendent les différences des peu- ples , prifès de la complexion générale ou dominante de chacun , de fa taille , de ià vigueur , de la couleur de fa peau & de lès cheveux , de la durée de ia vie , de fa pré- cocité plus ou moins grande relativement à l'aptitude de la génération , de fa vieillelTe plus ou moins retardée , & enfin de ks ma- ladies propres ou endémiques. On ne fauroit contefter l'influence du cli- mat fur le phyfique des pallions , des goûts , des mœurs. Les plus anciens médecins avoient obfervé cette influence j & les con- fidérations de cette clafTe font des objets fi familiers aux médecins , que fi l'auteur de Vefprit des loix avoit pu fuppofer que leur dodlrine fur cette matière filtt allez répan- due , il auroit pu fe contenter d'alFurer que les loix , les ufages , le genre de gouverne- ment de chaque peuple, avoient un rapport néceflkire avec fes paflîons , fes goûts , fes mœurs , fans fe donner la peine de déter- miner le rapport de ces panions , de ces goûts , de ces mœurs , avec fa conftitution corporelle dominante & l'influence du cli- mat. Les lumières fupérieures de l'auteur l'ont pourtant fauve de l'écueil prefque iné- vitable, pour \q% talens même les plus diftin- gués qui s'exercent fur des fujets qui leur ibnt étrangers. La partie médicinale des ob- fcrvations de l'auteur de ce livre fur les cli- mats , mérite l'éloge des médecins. J^oye^ le XI y^ livre de fefprit des loix. Mais en nous attachant principalement aux affeôions corporelles de chaque nation relativement au climat fous lequel elle vit , les principales queftions de médecine qui fe préfentent fur cette matière , fe réduifent à celles-ci-, i°. quel eft le tempérament, la taille , la vigueur , & les autres qualités corporelles particulières à chaque climat? Uneréponfe détaillée appartient proprement à l'hilloire naturelle de chaque pays. Voye^ les articles particuliers. On a cependant alTez généralement obfervé que les habitans des climats chauds étoient plus petits , plus fecs , plus vifs , plus gais , communément plus ipi- rituels , moins laborieux , moins vigoureux^ qu'ils avoient la peau moins blanche ^ qu'ils étoient plus précoces ^ qu'ils vieillilloiemplu- Tome VUL C L î igî tôt, & qu'ils vivoient moins que les habi- tans des climats froids ^ que les femmes des pays chauds étoient moins fécondes que cel- les des pays froids j que les premières étoient plus jolies , fnais moins belles que les der- nières ^ qu'une blonde étoit un objet rare dans les climats chauds , comme une brune dans les pays du nord , &c. que dans les climats très-chauds l'amour étoit dans les deux fexes un defir aveugle & impétueuï , une fon£bion corporelle , un appétit , un cri de la nature , in furias ignefque ruunt ; que dans les climats tempérés il étoit une pafiion de l'ame, uneafFedîion réfléchie , méditée y analyfée , fyftématique , un produit de l'é- ducation \ & qu'enfin dans les climats gla- cés, il étoit le fontiment tranquille d'un bs- foin peu prelTant. Au refte , tant de caufes phyfiques & mo* raies coopèrent dans tout ceci , que les ob- fervations que nous venons de faire , ne doi- vent pas être regardées comme générales & confiantes. Par exemple , à Paris , fous un climat beaucoup plus froid que celui des provinces méridionales de France , les filles font plu- tôt formées ( pubères ) que dans ces provin- ces , & devancent fur-tout de beaucoup celles des campagnes des environs de Paris , qui vivent fous la même température. Cette prérogative de la capitale dépend de plu- fieurs caufes fenfibles, entre lefquelles celle qui me paroît la plus particulière , & par conféquent la plus évidente , c'eft que Paris eft une elpece de foyer de connoilTances & de vices ; or que la précocité dont nous parlons , la précocité corporelle , puilTe être due à l'exercice précoce des facultés intel- leduelles , c'eft une vérité d'expérience. Les écoliers , les petites demoifelles bien élevées , fortent de l'enfance avant les enfans de la campagne & du peuple \ c'eft un fait : mais que cette adolefcence bative puilfe être hé- réditaire , c'eft un corollaire de cette oblèr- vation , que les fondions animales & l'ap- titude à les exercer , fe perfeftionnent de génération en génération jufqu'à un certain terme , & que les dilpofitions corporelles & les facultés de l'ame font cntr 'elles dans un rapport qui peut être tranfmis par la géné- ration , 6'c. 2°. Quel eft [le régime , la manière de N 11 agi CLI vivre la plus propre à chaque climat ? Cette quefîion eft fort générale \ elle s'étend à l'u- fàge des diverfës choies que les médecins appellent non-naturelles ; l'air , les alimens , le fommeil , l'exercice , l'aéte vénérien , les affections de l'ame. Il eft fort inutile de donner des préceptes iiir les incommodités de l'air ;, on peut s'en rapporfer aux habitans de divers climats du foin de fe prémunir contre l«s injures du froid & du chaud : c'eft-là un de ces be- ibins majeurs fur lefqueh les leçons de la nature la plus brute font ordinairement fuf- fifantes aux hommes , ou du moins que les premiers progrès de la raifon apprennent à ïiitisfaire. En général on doit moins manger dans les climats chauds que dans les <://>nflr.ç froids, & les excès dans le manger font plus dan- gereux dans les premiers que dans les der- niers. Mais la faim fe fait auflî moins fcntir lorsqu'on efl'uie de la chaleur , que lorf- qn'on éprouve du froid : ainfi cette règle de diète fera facilement obfèr\'ée. La médecine rationnelle ou théorique qui "fe trompe fi fouvent , a dit que la partie aqueufe de notre iàng étant diffipée par la chaleur dans les climats chauds , il falloit réparer cette perte par la boiiîbn abondante d'un liquide femblable ^ & que dans les cli- mats froids , les liqueurs fpiritueufes étoient plus falutaires. La médecine pratique ou l'obfervation dit au contraire que les li- queurs fpiritueufes , aromatiques , acides , les épiceries , Tail , l'oignon , en un m.ot les alimens & les boifTons qui font diredem.ent oppofés à la qualité relâchante & inaôive ( iners ) de l'eau , f^nt d'un excellent ufage dans les climats chauds , & que la boiiîbn de l'eau pure y eil très-pernicieufë j qu'elle jette les corps accablés de chaleur dans un abattement , une langueur , un épuifement ■qui les rend incapables des moindres fati- gues 5 & qui peut devenir même dangereux & mortel. Auffi les payfans de nos provin- ces méridionales , occupés des travaux les plus pénibles de la campagne pendant les plus fortes chaleurs , fe gardent bien alors de boire une feule goutte d'eau , boillbn qu'ils fe penriettent pendant leurs travaux de l'hiver. Les boilTons aqueufes tiedes , le ihé , ik autres légères infulîons de quelques CLI feuifles de plantes aromatiques , fonr fort ufitées dans les climats froids , où elies ne font pas fort falutaires apparemment , mais où elles ne font pas à beaucoup près fi dan- gereufes qu'elles le feroient en Efpagne , où le chocolat le plus aromatifé & par confé- quent le plus échauffant , efî; d'un ufage aufïi fréquent que le thé l'eft en Angleterre. Quant aux liqueurs fortes que les peuples des pays du nord boivent habituellement , il faudroit que la dofe journalière moyenne d'un manœuvre ou d'un payfan de ces pays , fût bien forte pour être équivalente à quatre ou cinq pintes de vin très-violent que tout payfan languedocien ou provençal boit au moins par jour , fur-tout en été. Il ne feroit pas difficile de donner de très- bonnes raifons de l'utilité du régime que nous approuvons ^ mais l'obTervation fuffit , elle efl confiante. Il n'en efl pas moins vrai que les excès de liqueurs fortes font plus per- nicieux dans les climats chauds que dans les climats froids j c'elt encore un fait. Les crapuleux ne font que s'abrutir dans les pays du nord ^ au lieu que dans nos colo- nies de la zone torride , l'abus des liqueurs fortes efl une des caufes qui fait le plus de ravages parm.i les colons nouvellement trant plantés. Le jufle milieu pour les perfonnes qui ne font pas obligées aux travaux pénibles , ine paroît confifler en ceci : d'abord il faut laif- fer à chaque peuple le fond de nourriture auquel il efl accoutumé ;, le riz à l'oriental , le macaron à l'italien , le bœuf à l'anglois , &c. Nous ne fbmmes pas affez avancés fur le bon & le mauvais effet de chaque ali- ment , pour pouvoir prefcrire fur ce point des règles de détail. On peut avancer ce- pendant en général , que les fruits , les lé- gumes , & les viandes légères , conviennent mieux aux habitans des climats chauds , & qu'on doit animer un peu ceux de ces ali- mens qui ont befoin de quelque prépara- tion , par l'addition des épiceries & de cer- taines plantes aromatiques indigènes, comme le thyn , le baume , l'hyfbpe , le bafilic , le fenouil , &c. Quant aux boifTons , on doit faire ufàge aux repas pendant les grandes chaleurs , des liqueurs vineufes légères , comme la petite bierre, les vins acidulés plus ou moiijs trempés , les gros vins acerbes de C LI certains climats chauds plus trempés encore. Toutes ces boiïTons doivent être prifes très- fraîches ^ & même à la glace , quand ce dé- liré de froid n'incommode pas iènfiblement. Les liqueurs glacées aigrelettes & les glaces bien parfumées prifes entre les repas , font auflî d'une grande reflburce dans les climats chauds : la plus grande partie des médecins en ont condamné ïwÙl^q \ mais ce font en- core ici des clameurs théoriques. F.Glace. (MédecinCé) Les farineux non-fermentés , les laitages , les groffes viandes , les poiiTons féchés , fu- més, falés , \qs viandes fumées & falées , font des alimens qui paroiflent propres aux tabitans àzs climats froids ^ la moutarde , la racine du raifort fauvage , certaines fubf- tances végétales & animales à demi-putré- fiées , comme le fauer-kraut , &c. peuvent fournir aux habitans de ces contrées des af- iàifonnemens utiles. Les liqueurs fortes , c'eft-à-dire les liqueurs ipiritueufes diftillécs & dépouillées , par cette opération , d'une fiibftance tartareufe & extraétive , qui eft dans les vins un correctif naturel de la par- tie fpiritueufb j c<^s liqueurs , dis-je , con- viennent éminemment aux pays froids : le café à grande do le, la boiifon abondante du thé & des autres liqueurs aqueufes qui ^ prennent chaudes , font aufli très-utiles dans ces climats^ fur- tout parla circonftance d'être prifes chaudes , & peut-être unique- ment par cette qualité. Les excès avec les femmes font aufîî très- pernicieux dans les climats chauds. Les ha- bitans de nos îles de l'Amérique & de nos comptoirs dans les grandes Indes , y fiic- combent fort communément. Les habitans des climats froids n'en font pas , à beaucoup près , fi incommodés ; au moins l'excès ne commence-t-il pas fi-tôt pour eux , comme nous l'avons déjà obfervé. Les exercices doivent être plus modérés dans les climats chauds que dans les climats froids. Cette loi découle tout fimplement de l'obfervation de la moindre vigueur des habitans des premiers. Le fommeil eft fort falutaire aux corps accablés par la chaleur : les habitans des cli- mats froids foutiennent mieux les veilles. Pour ce qui regarde la dernière de nos iu cho&s non naturelles , les aâèâions de C L I 183 l'ame , animi pathemata ; quand même la médecine foroit venue à boiit de déterminer exaftement celles qui font propres à chaque climat , & m.ême qu'elle auroit gradué fur l'échelle de thermomètre , ce qui peut s'exé- cuter très-facilement, l'intenfité falutaire de chacune , il refteroit encore à découvrir la façon du hs exciter & de les entretenir fous les diverfes températures j ce qui eft très- polTible encore , quoique d'une exécution peu commode : mais la morale médici- nale n'en eft pas encore là , malgré [qs progrès qu'elle vient de faire tout récem- ment. Koyei Passion ( Médec, ) ; voye:^ Régime. Au refte , la plupart des obfervations que nous venons de faire fur le régime propre aux climats , convient à-peu-près dans le même fèns aux fàifons. V. Saison. 3*^. Quelles font les maladies particulières aux différens climats , & leurs caufès ? ^oy. Maladies endémiques , au mot Endé- mique. 4*^. Les maladies générales ou communes à toutes les nations , varient-elles fous les différens climats dans leur progrès & dans leur terminaifon , ou dans l'ordre & la fuc- cefTion de leurs accidcns & de leurs crifes ? en un mot ont-elles un type différent ? le traitement de ces maladies doit-il varier aufîî dans les divers climats ; ou , au con- traire , une maladie générale , une pleuré- fie , une fie\Te putride , eft-elle la même à Londres & à Rome ? les defcriptions d'Hyp- pocrate peignent-elles exactement une ma- ladie de Paris ? & , ce qui ell bien plus ef^ fontiel , faut-il traiter une même maladie par la même méthode dans tous les climats? V, Crise , voy, Tipe {Médec) voy. Mé- thode curative. Le climat agit pins fenfiblement for les corps qu'il affède par une imprefîîon fou- daine , c'eft-à-dire que les hommes nouvel- lement tranlplantés font plus expofés aux in* commodités qui dépendent du climat , que les naturels de chaque pays , & cela d'autant plus que leur climat naturel diffère davantage de la température du nouveau pays qu'ils habitent. C'eft une observation conftante & con- nue généralement, que les habitans des pays chauds peuvent palfer avec moins d'incou* Nui 2^ c L I ^'é^ie^s cîans les régions froides , que les habitans de celles--ci ne peuvent s'habituer dans les climats chauds, (h) CLIMATÉRIQUE,r.CLIMACTÉRIQUE. CLIMAX , ( Belles - Lettres ) du ^rec yWiuct^ , gradation ; figure de réthoriqiie par laquelle le difcours s'élève ou defcend comme par degrés : telle clï cette penféc de Cicéron contre Catilina : NiAil agis , ni/iil moliris , niAil cogitas , çuod ego non audiam^ non videam , planeque fentiam ; tu ne fais rien , tu n'entreprends rien , tu ne penfes rien , que je n'apprenne , que je ne voie , dont je ne (bis parfaitement inftruit : ou cette invitation à fon ami Atticus : Si dormis , ex- pergifcefe ; fi pas , ingredere ; fi ingrederis , curre : fi curris ^ advola : ou ce trait contre Verres ^ C efi un forfait que de mettre aux fers un citoyen romain ; un crime , que de le faire battre de verges ; prefquun parricide , que de le mettre a mort ; que dirai - je de le faire crucifier ? (G) Climax. {Mufiq.) On a tranfporté dans quelques écrits ce mot de la réthorique à la muiîque , & on lui fait fignifîer : i**. Un trait de chant où les deux parties vont par tierce en montant & defcendant diatoniquement. 2". Un trait de chant qui eft répété plu- iîeurs fois de (iiite , & toujours un ton plus haut ^ dans ce cas , c'eft exadfement une rofalie. V, RoSALIE , ( Mufiq, ) 3°. Enfin 5 une forte de canon. F. Canon, (Mufiq.) (F. D. C.) CLINCART, f. m. (Af^rwe.) on appelle ainfi certains bateaux plats qui fbntenufage en Suéde & en Danemarck. Diâ. de Trév. €' du Comm. * CLINCHE , f. m. {Serrur.) c'eft dans iine ferrure une pièce appliquée au deffus du pefle & de fa longueur ^ elle a une tête qui fort hors du palatre &: entre dans le mautonet ^ elle eit arrêtée avec un étochio par l'autre bout au bas du palatre , au delfus il y a un relfort double qui tient toute la longueur du palatre , & qui fert à faire tom- ber le clinche dans le mantonet : quand on ou^re la porte , le clinche s'ouvre avec une f>etite clé , pour éviter de porter la groffe ^lé ^ mais quand on ouvre avec la grofîe clé , la groffe clé ouvre le clinche^ qu'elle attrape ^ac uuÊ barbe qu'on y a pratiqiice» On pra- CL î tique un clinche aux ferrures des portes- en- chères. CLINGEN 5 ( Géog. mod. ) petite ville d'Allemagne dans la 1 huringe. CLINGEN AU , ( Géog. mod. ) ville de Suille dans le canton de Bade, fur l'Aar. CLINIQUE , adj. ( Médecine. ) épithete commune à la médecine &: aux médecins , à l'art & aux artiftes , fe donnant également à l'un & à l'autre. On appelle médecine clinique ^ la méthode fuivie de voir & de traiter les malades alités 5 & l'on nomme médecins cliniques , ceux qui affilient auprès du lit des malades pour trai- ter leurs maux. C'étoient principalement les médecins des empereurs auxquels on donnoit anciennement ce nom. On employoit chez les Romains les efcla- ves au foin de garder les malades , ce qui fit qu'on les appella rnedici ad niatulam ; & pour leur faire plus d'honneur , quelques au- teurs leur donnèrent aufîl le nom de medici clinici , parce qu'ils ne bougcoient point d'auprès du lit des malades. Mais c'étoit-là détourner ironiquement la fignification du. m.et clinicus , qui défignoit dans fon vrai fèns un médecin proprement dit , un homme éclairé qm voyoit les malades au lit, &leur prefcrivoit des remèdes. Martial , lib. I , epigramm. xxxj , détourne au/Ti la véritable fignification de clinicus , dans ime épigrammc où il parle d'un pauvre - chirurgien, en latin vejpillo , qui faute d'em-: ploi s'étoit mis à porter les morts en terre ou fur le bûclier : Chirurgus fuerat , nunc efi vefpillo Diaulus y. Capit quo potuit , clinicus ejfe modo. La pointe de cette épigramme confifie- dans féquivoque qui naît du double fens du' mot yh.m , d'où clinicus a été formé , & qui' fignifie également un /// & une bière. Pline fait Hippocrate auteur de la méde--; cine clinique : il n'y a pas toutefois de vrai- fcmblance que l'on ait tardé fi long-temps à vifiter les malades dans leur lit \ mais ce qui diflingua fi fort à cet égard l'ami de Démo- crite, c'eft comme le remarque le même au-^. teur , qu'il a été le premier qui ait claire- ment enfcigné la médecine. Génie ftipérieur^ il profita des lumières de fon fiecle , & fit fervir , comme Boerhaave a fait de nos jours,, la philofopliie à la médecine j &: la médecijûfi C L I à la philofophie. « Il faut , difoit. ce grand 3) homme , réunir avec foin ces deux fcien- » ces ^ car un médecin qui eft philofbplie » eft égal à un dieu. » Cependant c'eft Efculape qui eft le véri- table inventeur de la médecine clinique , ce- lui qui le premier l'a pratiquée ; les méde- cins avant lui ne vifitoient point les malades au lit , on les portoit dans les carrefours pour recevoir les avis des paftans. Le centaure Chiron fe tenoit dans fa grotte , attendant qu'on l'y vînt confulter. Quant aux méde- cins de moindre importance , il eft proba- ble que femblables à nos empyriques mo- dernes , ils couroient les foires pour débiter leurs remèdes fans s'avifer d'idler voir les malades pour obferver les changemens qui arrivent dans les maladies , &: y apporter les iècours néceflaires. Cette coutume introduite par Efculape , fit que les médecins qui l'imitèrent furent appelles cliniques , afin de les diftinguer des coureurs de marchés. Sa méthode clinique lui réuiîit au point qu'on ne parla plus que de la médecine d'Efculape & de ks mira- cles. Les jumeaux Caftor & Pollux, le voulurent avoir avec eux au fameux voyage des Argonautes -, & quelques cures furpre- nanîes qu'il avoit faites de certains malades défeipérés , firent que l'on crut qu'il gué- riiroit les morts. La fable ajoute que iiirla plainte rendue par Pluton que iî on laiiîbit agir Efculape , perfonne ne mourant , les enfers fèroient bientôt vuides , Jupiter tua d un coup de foudre le célèbre médecin d'E- pidaure , & Hippolyte que ce médecin avoit refl'ufcité. Aujourd'hui les iêdateurs d'Ef- culape n'ont pas à craindre le fort du fils d'Apollon. Article de M. le chevalier DE Jaucourt. Cliniques, f m, pi. terme (THifl. eccUf. c'eft le nom qu'on. donnoit anciennement à ceux qui avoient été baptifés dans leur lit & en maladie ;, du grec;^;;A(i'^ , lit^ Cela étoit affez fréquent dans les premiers fiecles , où plufieurs différoient ainfi leur feaptême jufqu'à l'article delà mort, quelque- fois par humilité, fouvent auftî pour pécher avec plus dé liberté. L'empereur Conftau- tin ne fut baptifé que quelques jours avant fa mort. On appelloit ces ibrtes de perfonnes diiiifuis ^ comme qui dirciî chrétittis du lit , C L I igj & on \ts, regardoit comnie foibîes dans la foi & dans la vertu. Les pères s'élevèrent contre cet abus , & le concile de Néocéfarée , canon 1 2,. déclare les cliniques irréguliers pour \Qi ordres facrés , à moins qu'ils ne foient d'un mérite diftingué , & qu'on ne trouve pas d'autres miniftres \ parce qu'on croyoit; qu'il n'y avoit qu'une crainte fervile qui avoir déterminé les cliniques à recevoir le bap- tême. Et le pape S. Corneille, dans une let- tre rapportée par Eufebe , dit que le peuple s'oppofa à l'ordination de Novatien , parce qu'il avoit été baptilé dans (bn lit , étanr malade. ThomalL difcipline de téglife^part, IV y liv. II , cAap. xiij. ( G ) CLINOIDES , adi. en anat. fe dit des quatre apophyfes de l'os fphénoïde, & qu'on nomme ainiî , fuivant quelques-uns , à caufe de leur reflèniblance avec \t% pies d'un lit. V. Sphénoïde. ; Ce mot eft formé du grec x>v^v , lit , & îTJ'of , forme , foit à caufè de la reftèmblance que ces trois os ont avec les pies d'un lit , foit qu'Usaient tiré ce nom de la cavité qu'ils for- mant, laquelle relFemble àun lit même. (Z ) CLINOPODIUM , {HiJL nat. bot.) bafilic fauvage, genre de plante à fleur mo- nopétale, labiée .dont la lèvre fupérieureeft relevée , arrondie, & le plus fouvest échan- crée ;, l'inférieure eft divifée en trois parties : il fort du calice un piftil qui eft attaché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur , &; entouré de quatre embryons qui deviennent dans la iuite autant de fèmenccs cblougues enfermées dans une capfule qui a fervi de calice à la fleur. Ajoutez aux carac- tères de ce genre que les fleurs font rangées par étages & par anneaux autour des bran- ches & des tiges. Tournefort, injl, rei herb^ Fojq Plante. (/) CLINQUANT , f. m. {Manufad, en foie ; ruban , &c. ) eft une petite lame plate d'or ou d'argent , fin ou faux , qui fe met dans les galons ou nibans pour leur donner ' plus d'éclat par leur brillant. Le cliquant eft toujours ftir une navette féparée , dont oii paife feulement quelques coups de diftance en diftance , lîiiVant que le deftîii l'exige.. Les levées pojr le fixer dans l'ouvrage font les moins confidéraoks qu'il eft pofïïble y afin de laifl'er le clinquant plus à découvert, CLIOj {Mjth.) la première des m.Efçs, iî6 C L î efl: regardée comme l'inventrice de la gui- tare ; on la repré fente tenant une guitare d'une main , & de l'autre un pleétre, au lieu d'archet. Comme on la fait aufîi prélîder à rhiftoire,on lui donne quelquefois la trom- pette à une main , & à l'autre un livre d'hif- toire ^ fon nom fîgnifîe g/oirt , renommée. Elle ofa un jour faire des remontrances à Vénus, fur fon intrigue avec Adonis. La déeffe la punit , en lui infpirant les foiblef^ £es de l'amour , & .elle devint mère. (•+-) CLIPEUS ou CLIPEUM , bouclier , ( Hiji. anc. ) pièce de l'armure dcfenfive que les anciens portoient fur le bras pour fe ga- rantir des coups de l'ennemi. Voye^^ Ecu & Bouclier. Sa figure étoit ronde ou ovale , ou circu- laire ou exagone j il y avoit au milieu une bo/iette de fer ou de quelque autre métal qui finilToit eu pointe. Les grands boucliers ou targes qui avoient trois pies & demi ou qua- tre pies de hauteur , & couvroient prelque tout le corps du fantaflîn , étoient en quarré long, & demi-cintrés , comme les tuiles qu'on nomme imbrices. ( G) CLIQUART , f. m. ( Arckit. & Mac. ) pierre anciennement connue fous le nom de pierre de bas appareil ; c'eft une des meilleu- res elpeces qu'on tire des carrières des envi- rons de Paris. On prétend qu'elles en font épuifëes. Voyei Disk. CLIQUET , dans t horlogerie , eft une efpece de petit levier , toujours déterminé dans une certaine pofition au moyen d'un relTort qui appuie fur l'une de fes extrémités. On l'emploie ordinairement lorfqu'on veut qu'une roue tourne dans un fens, fans qu'elle puiiTe retourner dans le fens contraire. Sa fi- jçure efî: différente, félon les différentes par- ties où il eil employé. F. Fusée, Rochet, Encliquetage. {T) Cliquet , en terme de metteur en œuvre , eft la partie fiipérieure de la brifure qui en- tre & fort de la charnière. Voye^ Brisure 6» Charnière. Cliquet , f. m. ( Éeon, rujî. ) c'eft une pieae du moulin à grain ; elle tient à la tré- mie , d'oîi elle fait defcendre peu-à-peu le grain llir les meules. V. Moulin a grain. CLIQUETIS , fubft. m. {Médec.) efpece de bruit ou craquement ^ il fe dit des os dans •ertaines circoiiftances ou maladies. C L I Le cliquetis ou la crépitation des os , eft un bruit que les os font dans certains mou- vemens & dans certains cas , dont la caufe eft la dégénération , & plus ibuvent encore la difette de la fynovie , cette liqueur muci- lagineufè que Cloptou Havers , auquel on doit tant de belles découvertes fur le mécha- nifine àes os , a parfaitement connue. Voy,^ Synovie. Or toutes les fois que la fècrétion de cette liqueur eft trop peu abondante , l'articula- tion devient roide ^ & lorfqu'on veut mou- voir l'os, on entend un craquement , comme \e% vieillards l'éprouvent fort fouvent ^ ce qui provient chez eux, en partie de la difette de cette humeur gluante deftinée à la lubrifica- tion des os , en partie de la callofîté , & quelquefois de l'ofllfication des ligamens. Ou remarque la même chofe dans les hom- mes qui ont été occupés à àet travaux vio- lens avant que d'arriver à un grand âge ; l'excès du mouvement mufculaire a endurci dans ces hommes robuftes les parties fermes du corps , & a difiipé l'humeur huileule néceffaire à leur mouvement. Le craquement des os accompagne auftî quelquefois le feorbut , & autres maladies des os oii la fynovie manque ; comme auflî celles qui donnant de plu# grandes furfaces à à^s os emboîtés enfemble , les collent par une humeur accidentelle. Quelques perfonues font craquer à plaifir & à volonté les jointures de leurs doigts en les tirant d'une certaine manière ^ c'eft qu'a- lors ils allongent les ligamens élaftiques des jointures , & féparent avec vîtefle deux fiir- faces oflèufes qui fe touchoient immédiate- ment. Lorfqwe le cliquetis des os eft produit par la vieillellè , il eft incurable ^ lorlqu'il vient de la difette , de l'excès , de la dégénéra- tion , de l'épaiftiiTement du mucilage d'Ha- vers , il ceife ièulement par la guérifon de la maladie dont il eft l'efi^èf. Tous les remèdes extérieurs , comme les huiles pénétrantes , & les fomentations émoUieutes quand la fynovie manque j ou les réfolutifs fpiritueux en forme d'embroca- tion, quand l'humeur fynoviale pèche par fon excès , fon épailîilfement , fa dégéné- ration ^ tous ces remèdes , dis-je , ne feront que des palliatifs peu fecourables ^/aus les • C L î^ rerpecles internes diverfinés luivantles eaiifes: ce feroit fe tromper foi- même que d'imagi- iier le contraire. Si dans les méthodes cura- tives on ne remonte aux fources du mal , comment détruira-t-on les effets qui en dé- coulent ? {M. le chevalier DE Jaucourt. ) Cliquetis, f. m. pi. {Pêche.) pierres trouées que les pêcheurs attachent au ver- veux pour le faire defcendre. V, Verveux. GLISSA , ( Géogr. mod, ) fortereiFe de Dalmatie appartenante aux Vénitiens. Long.* 35^/ar. 44. CLISSON, {Marine.) Voyei. Clokon & Fronteau. Clisson , (Comm.) toile de lin ni fine ni g^roiFe propre à faire des chemiiès , qui Ce fabrique en Bretagne. V. le dicl. du comm. Clisson, (Géogr. mod.) petite ville de Bretagne au pays Nantois , fur la Seure. Long. 16 , 10 ; lat. 47 , 6. CLISTRER , une poêle , ( Sal. ) c'eft , après avoir établi une poêle fur fon four- neau , fermer les joints des platines avec des étoupes , & enduire le fond de chaux dé- trempée. Voye[ l'art. Sel. CLITHERA , ( Géogr. mod. ) ville d'An- gleterre dans la province de Lancashire. Long. 14 , 18 ; lat. 53 , 50. ^ CLITORIS , f. m. terme d'anat. corps rond & long fitué à la partie antérieure de la vulve ou des parties naturelles des femel- les , en qui il eft un des principaux organes de la génération. Le mot yKii7o?)i eft dérivé du verbe x^^'"^ je ferme. Sa figure relFemble ordinairement à celle d'un gland ^ il eft pour l'ordinaire proportionné à la grandeur de l'animal ^ ce- pendant il y a des femmes qui l'ont fort gros & fort long. Il refFemble en beaucoup de chofes à la verge du mâle , ce qui fait que quelques-uns l'appellent la verge de la femelle. En effet il eft compofé des mêmes parties : il a deux corps caverneux , un gland à l'extré- mité couvert d'un prépuce , mais qui n'eft pas percé comme le membre viril ;, il a iéu- lement la marque du trou. yoye[ Gland , Prépuce , &c. voyei auffi Nymphes. Il a auffi deux muicles qui le font drefFer dans le coït \ alors il enfle &: durcit. Quel- ques anatomiftes lui donnent auifi deuxmuf- cles éjaculateurs. V. auffi les art. EjACULA- TEUR , ErECTEUR , (^ ERECTION. C L I 187 C'eft une partie extrêmement fbnfible , & qui eft le fiege principal du pîaifir dans la femelle j raifon pour laquelle quelques-uns lui ont donné le nom à'afrum Veneris , aiguillon de Vénus. Il s'eft trouvé des fem- mes qui en ont abufé. Lorfqu'il avance trop en dehors dans la femme , on en retranche une partie , & c'eft en quoi peut confifter la circoncifîon àQ% femmes. Il eft quelquefois fi gros & fi long, qu'il a tout-à-fait l'air d'un membre viril; & c'eft de- là feuvent que l'on qualifie àQ% femmes d'être hermaphrodites. Voye-^^ Hermaphrodite & Circoncision. Les corps fpongieux du clitoris naift"ent diftinâs de la partie inférieure de l'os pubis ; &: approchant par degrés l'un de l'autre , forment en s'unilFant le corps du clitoris. Avant leur union on les appelle cuiffes du clitoris , crura clitoridis , & ils font deux fois auffi longs que le clitoris mêmiC. Voye[ Cuisse ù Caverneux. Ses mufcles naifFent de la tubérofité 4^ l'ifchium^, &: s'infèrent dans \t% corps fpon- gieux. Les veines & les artères viennent des hémorrhoïdales & des honteufes , & les nerfs des intercoftaux. Mufcles du clitoris j voye^ EreCTEUR du Clitoris. (I) CLITUNNO , ( Géograph. mod. ) rivière d'Italie dans la principauté de Spolette , en Ombrie , dans l'état de l'é^^life. CLIVER , en terme de diamantaire , c'eft féparer undiam.ant en deux ou plufieurs par- ties , en le mettant fur un plomb où il entre à moitié, & frappant avec un marteau fur un couteau fixé fur le point où l'on veut feparer le diamant. Il n'y a que ceux dont on fuit le fil qui fe clivent de cette m.aniere ; encore pour peu que la pièce foit de conféquctice on la fcie plutôt que d'encourir les rifques du clivage.. C L O CLOAQUE , f. m. {Rifl. anc. & Arch. ) aqueduc fbuterrain qui reçoit les eaux & les ordures d'une grande ville : m.ais le mot cloaque n'eft guère du bel ufage que pour les ouvrages des anciens ; en parlant des ouvra- ges inoderncs , on dit ordinairement égoût. Le mot latin eft cloaca , mot que quelques étymologiftes dérivent de duo , faiir , infec- ter par ià inauvaife odeur. i88 C L O Le chaque eft allez exadlement défini par le célèbre jurifconfulte Ulpien , un Heu fou- terrain fait par art pour écouler les eaux & les immondices (Tune ville. Denis d'HalycarnafFe nous apprend que le roiTarquin le vieux eft le premier qui com- mença à faire des canaux fous la ville de Ro- me , pour en conduire les immondices dans le Tibre. Les canaux de cette efpece augmen- tèrent infenfiblement, & fe multiplièrent à mefureque la ville s'agrandit , & furent enfin portés à leur perfedlion fous les empereurs. Comme les Romains dans les premiers temps de la république travailloient à ces canaux , ils trouvèrent dans un d'eux la fta- tue d'une femme \ ils en furent frappés : ils en firent une déeffe qui préfidoit aux cloaques , & qu'ils nommèrent Cloacine. S. Auguliinen parle au liv. IV de la cité de Dieu , c, xxiij. Il n'en failoit pas tant pour engager des peuples de ce caraéîere à la multiplication de ces fortes d'ouvrages : leur religion s'y vit ïntércfTée j car ils mêloient une efpece de fentiment religieux'à leur attachement pour la ville de Rome ^ cette ville fondée Tous \qs meilleurs aufpices ^ cette ville dont le capitole devoit être éternel comme elle , & la ville éternelle comme fon fondateur , le delir de l'embellir fit fur leur efprit une im- prefTion qu'on ne fauroit imaginer. L'exemple, l'émulation , l'envie des'iiluf- trer , de s'attirer les fuffrages & la confidéra- tion de Çqs com.patriotcs , & plus que tout cela , l'amour pour le bien commun , que nous regardons aujourd'hui comme un être de raifon , produifirent ces édifices fiiperbes & néceflkires qu'on admirera toujours ^ ces chemins publics qui ont réfifté à l'injure de tous les temps j ces aqueducs qui s'étendoient quelquefois à cent milles d'Italie, qui étoient percés à travers les montagnes , qui fournif- ibient à Rome cinq cents mille muids d'eau dans vingt-quatre heures ^ ces cloaques im- menfes bâtis fous toute l'étendue de la ville en forme de voûte, fous lefquels on alloit en bateau , où dans quelques endroits des char- rettes chargées de foin pouvoient palfer, & qui étoient arrofés d'une eau continuelle qui empêchoit les ordures d'y pouvoir féjourner ( il y en avoit un entre autres qui fe rendoit dans le Tibre de tous les côtés & de toutes les parties de la ville ) 3 c'étoit , dit Pline , C L O le plus grand ouvrage'que des mortels eulTent jamais exécuté. Cafiiodore qui vivoit en 470 , qui étôit préfet du prétoire fous Théodoric roi des Goths , & bon connoifieur en architeâiire , avoue dans le racueil de fès lettres , epijï. XXX , lib. V , qu'on ne pouvoir confidérer les cloaques de Rome làns en être émerveillé. Pline , lib. XXXIII , cap. xv , dans la defcription qu'il donne des ouvrages que l'on voyoit de fon temps dans cette capitale du monde , remarque encore que l'on y admi- roit pardeflTus tous les aqueducs fouterrains de ce genre , ceux que conftruifit Agrippa à {ks dépens pendant fon édilité , & dans lefquels il fit écouler toutes les eaux & les ordures de cette ville immenfe. Il s'agit ici d'Agrippa favori & gendre d'Augufte , qui décora K.ome non-feulement des cloaques dont parle Pline, mais de nouveaux chemins publics & d'autre ouvrages aufîi magnifi- ques qu'utiles , en particulier de ce fameux temple qu'il nomma le panthéon , conftruit en l'honneur de tous les dieux, & quiiub^ fifte encore à quelques égards fans fes an- ciennes ftatues & fès autres ornemens , fous le nom de Notre-Dame de la Rotonde. Le foin'&rinfpeâ:ion des c/oa^:/ej appar- tinrent, jufqu'au temps d'Augufte , aux édi- les, qui nommoient à cet effet des officiers, ibus le titre de curatores cloacarum» Voilà quel étoit l'efprit dont les Romainr étoient animés : en lifant leur hiftoire , nous les voyons d'autres hommes que nous ^ car ils ignoroient ce que nous connoiflbns trop , l'indifférence pour la patrie. M. de Voltaire fuppofe que dans les premiers temi ï'eau y bâîfle, de forte qu'elle fo trouve tout- à-fait vuide lorfqu'elle vient fur l'eau. Plus le plongeur demeure fous l'eau , &: plus l'air de la cloche devient chaud , fi bien que quelquefois même le plongeur fiiigne du nez. Loriqu'il veut changer de place , fiiivant que fon travail l'exige , & faire pour cet effet avancer fa cloche d'un côté ou d'un autre , il fait des fignaux par des cordes qui font atta- chées au^bord de la cloche par le bas , & dont l'autre bout répond au vaiflêau. Pour faifir les fardeaux & autres effets qui font au fond de l'eau , comme canons , ancres, balles de marchandifes , 6»c. on a de grandes & fortes tenailles dont les branches font attachées à des cordes qui fervent à les ferrer & fermer, & dont l'autre bout qui répond dans le navire s'attache au cabeftan^ & par ce moyen on enlevé les plus gros far- deaux. (Z) Cloche , (Jardinage. ) eft un vafe de verre de dix-huit pouces fur tous fous , de la figure d'une cloche , dont les jardiniers couvrent \z% melons & les plantes délicates qu'ils élèvent fur couche : elle concentre beaucoup de chaleur , & avance infiniment les plantes. On dit fort bien un melon cloché. Il y a encore une efpece de cloche de paille qui fort à garantir \q^ fleurs du foleil; fo chaleur , qui perce au travers du verre , corrige ce que peut caufer à la jeune plante la vapeur du fumier , qui , au moyen d'un demi-pié de terreau qu'on met defliis , fo condenfe fur la couche. L'air y eft encore fort néceftaire , & on a des fourchettes de bois pour élever les cloches. {K) Cloche , en termes d'orfèvre en grojferie y eft un ornement de monture de chandelier , qui fe place le plus fouvent fous le vafe. Voyei Vase. Il prend fon nom de fa figure j qui reftemble bien à une cloche. CLOCHE , fl f. campana , ^ , (Slafon.) meuble d'armoiries qui repréfeute une cloche. On nomme le battant, i>atail , d'où on a fait bataillée'^ on ne nom.me le batail en bla- fonnant , que lorfqu'il eft d'un autre émail que la cloche. Voye[ BataillÉE. Trimond de Puimichel , à Aix en Pro- verxe ^ d'azur à la cloche d argent , accom- pagnée en chef (Tune croifette treflée d'or. ( t. D. L.T.) OO 2 23?i CLO CLOCHEPIÉ, f. î,{Mara/faa. en foie.) orgnncin à trois brins , dont deux font d'a- bord moulinés enfèmble , puis une féconde fois avec un troifîcme brin. Voye^ les dicl. du Comm. de Trév. Disk. & t article SoiE. CLOCHER, f. m. ( Archit. ) eft un ou- vrage d'archiîeâure qu'on élevé erdinaire- ment audefli:s de la partie occidentale d'uiîe églife , pour y placer les cloches. La foruie des clochers leur donne différens noms. Ceux quis*élevent en diminuant , comme un cône , &: dont le plan eft circulaire , s'appellent ai- guilles ^ ceux dont le plan eft de forme qua- 'drang-ulaire , pentagonale ou exa<^onale, & qui diminuent toujours de leur diamètre en approchant de leur fommct, fe nomment ■pyramides. Dans \ts uns & les autres on pra- tique çk::^ ouvertures ^ ces ouvertures font garnies d'abavents , qui ne font autre chofe *qiie àts, chaflis de charpente inclinés , cou- verts d'ardoifo , qui iérvent à renvoyer le fôn des cloches en contre-bas. On appelle clocher de fond ^ une tour qui prend naiffance du fol du pavé & s'élève de toute la hauteur de l'églife, comme celles de faint Euftache , de faint Sulpice , ùc. Quelquefois cç.s tours, le plus ordinairement quarrées par leur plan , font terminées par des aiguilles ou flèches , comme celle du portail de Rheims , ou par un petit comble , comir.e celle de faint Jean en %xQ.\Qy ou enfin en plate- forme , comme celle de Notre-Dame à Paris. Mafius , dans fon traité des cloches , rc- ' maixîue qire le clocher de Pife eft le plus fîn- ■ gulier qui foit au monde ;, il penche , dit-il , tout d'un côté & paroît toujours prêt à tom- ber : cependant ilalfure que cette difpofîtion extraordinaire n'eft point l'effet d'un trem- • blement de terre, commue quelques-uns fo le font imaginé 5 mais que c'a été l'intention ' de l'arcliitefte qui l'a élevé, ainii qu'on le voit évidemment par les planchers , les por- tes & les croifëes , qui toutes font px)fëes de niveaumalgré cette incîinaifon. (P) Clocher , [Jurifprud. ) En parlant du droit des cijrés par rapport à la dîme, on dit communément que leur clocher eft leur titre y ee qui s'entend de leur qualité de curé , dont le clocher matériel a'eft qu'un attribut exté-^ rieiîF. .. .;. Q^raud Je clocher d'une églife pai'oifïïale cftçatiQrciJieiitpofé Hix 1q cKcew d'unî. églife C LÔ paroi/Tîalc , il doit être réparé par les gros dccimateurs ;, mais s'il eft bâti fur la nef ou à côté , il eft à la charge des habitans. S'il eft pofé entre le chœur & la nef, il doit être entretenu par moitié entre les gros décimateurs & les habitans. Les cloches font toujours à la charge des habitans. Koyei ci-devant Cloches. L'éditde ï6()$ concernant la jurifdiéiion eccléfiaftiquc , ne parle point des clochers» L'ufàge que l'on obforve à cet égard , n'eft fondé que fur la jurifprudence. Quand les clochers font conftruits avec des flèches de pierre, & qu'ils fout d'une trop grande élévation , on permet quelquefois aux gros décimateurs & habitans d'en dimi- nuer la hauteur autant que cela fe peut , 6c d'y faire conftruire des flèches de charpente, couvertes d'ardoife ou de plomb , au lieu de flèches en pierre, f^, les loix des bâtimcns y part. II y pages 75 «S» 76 , aux notes. {A) CLOCHETTE , f. ï. {Fonderie. ) petite cloche ou fonnette qu'on peut tenir & fonner à la main. On fait des clochettes d'argent ,, de cuivre & de métal compofé : ces dernières font du nombre des ou\ rages de fondeurs en terre & fable , & les autres de l'orfèvrerie. Clochettes, royf^ Gouttes. Clochette, {Bot.) K. Campanule. CLODION ow Clogion , 11^ roi de France , f Hijl. de France. ) ce prince eft furnommé le chevelu ou de la grande quan- tité de {es cheveux, ou de ce qu'il les laiJÎoit croître par-tout également , contre l'ulage des princes Francs qui, fuivant la remarque de Sidonius , ne les laiffoient croître que fiir les côtés, & fe rafoient le derrière de J a tête. Les Francs , fous fon règne , prirent Tournai, Cambrai, ôcréduifirent tout le pays jufqu'à la Somme. Aétius leur livra plufîeurs com- bats , où l'art militaire & la difcipline à(xs légions romaines triomphèrent de la valeur & de l'intrépidité àes Francs. Cependant Aétius conçut une fi haute idée de cette iia- tisn , que , quoique vainqueur , il recher- cha la paix. Il préféra l'alliance & l'amitié des François à fa gloire de les forcer d'aban- donner leurs conquêtes* Ils. refterent paifî- bles pofTeilèurs de Cambrai & de Tournai. ,, ainfi que du territoire de ces villes :. il paroît mêmxC qu'ils pofléderent quelques places dans. XArtoi^.. La mort de ClQdiQtL.ik r.appQrtc. àt C L O Tan 447 , après un règne de vingt ans : on ' croit qu'elle fut occalionée par la douleur que lui caufa celle de fou fils aine. Cette opinion attefte faiènfibilité & fait l'éloge de fon cœur. L'hiftoire varie fur le nom & fur le nombre de fes enfans : les uns prétendent qu'il en eut deux qu'ils nomment Claudebaut éi. Clodomir ; d'autres lui en donnent trois , Renaut , Auberon , & Keynacaire ; c'eil de cet Auberon que l'on fait defcendre Pépin , premier roi de la icconde race. On ne (au- roit rien dire de pclltif à cet égard ^ tk grâce à l'obfcurité des chroniques de ces temps , on ne fait fi Mérouce qui fut ion fuccefieur, ctoit fon fils : le nom de fa femme eil ignoré. ( M-r. ) CLODONES , f. m. pi. {MytA. ) nom que l'on donnoit aux femmes du pays de Macédoine , qui fe plaifoient ^efque tou- tes à célébrer les orgies & fêtes niftiîuécs à l'honneur de Bacchus : c'étoient des e/peces de bacchantes. : CLOFIE , f. m. ( Ornnk. ) oifeau d'Afri- que , noir Se gros comme l'étourneau : fon chant eft de mauvais augure parmi les Nè- gres f, quand ils menacent qnclqu'iui d'iuie mort funefte , ils difcnt que le ciojie a chanté fiir lui. J^oy. le àicl. de Trév^ & les voyageurs^ d'où cette mauvaifè defcripîion eft tirée. : CLOCHER, {Géog. niod.) ville d'Ir- lande dans la province d'Ulfter , au comté de Tyrone. CLOIS , { Gcog. mod. ) petite ville de France dans le Dunois. CLOISON , f. f. terme d^Atxkueâure , ouvrage de charpente j du latin craticii pa- rietes ^ félon Vitruve , ou* de crates ^ \xm claie ^ parce que les poteaux debout des ■ cloifons 5 leur fommier & leur travcrfe , imi- tent les menues perches dont \qs premiers hommes fe fervircnt pour clorrc leurs caba- nes. Lxes poteaux de ces claifons font eii)acé3 de dix ou douze pouces : ces efpaces font remplis de plâtre feulement quand ou veut .lailfer les bois apparens , & hourdis des deux cô tés iorfqu'on veut les recouvrir j alors ces cloifons font appeliécs />/^/Vî^5. L'on ap- pelle cloifons creufes , celles qui font ièule- •ment hourdies des deux côtés* On nomme cloifon de menai ferie , celre.de planches alfemblces à rainures & languettes . pQj^es à coiiUiTcs j pi. entre ccnues pur des C L Ô 2^3 entretcifes , à l'ufage des retranchemens que l'on veut pratiquer dans de grandes pièces. On appelle cloifon de maçonnerie , tout le mur de refend qui ne monte pas de fond , & qui n'a pas l'épailleur requife fuivant l'art , n'étant pour l'ordinaire confiruit que de bri- f{ues, déplâtras, ou de moilons non gif- ians', liaifonués néanmoins avec du plâtre ou du mortier. {P) Cloison, (Fontainier.) on nommé ainfi des féparatious de cuivre, de plomb , ou de fer-blanc , qu'on place dans les cuvettes des fontaines & des jauges. On en difringue de àQ.iiK fortes : celle de calme , appellée lan- guette 5 eft placée près de l'endroit où tombe i'eau j fans interrompre fa com.muuication dans toute la cuvette , elle ne fait qu'en rom- pre le fiot, qui dérangeroit le niveau de l'eau en même temps qu'il en auginenteroit la dépenlè : l'autre cloifon eft celle du bord où s'attachent \qs baffineîs pour la diftribu- tion de l'eau. Voye^ Bassinets. (iv) Cloisons ^ ce font des planches qu'on attacJiç cnfèmble dans une écurie , depuis les poteaiix jufqu'au râtelier , & qui en bouchent tout l'intervalle , afin que les chevaux ne puifTent point fe battre , & qu'ils loient plus tranquilles en leurs place?. Lorfqu'on met des claifons dans une écurie , il faut que les poteaux foient plus éloignés les ims des au- tres que quand il n'y a que des barres , afin qu'ils aient affez d'efpace pour fè coucher. Voyei Barre , {Man.) Poteau , &c. (F.) Cloison , ( Marine^ ) c'eft mi rang de poteaux efpacés environ à quinze ou dix-huit pouces , & qui étant remplis de panneaux ou couverts de planches , forment & fcpa- reut les chambres dans les navires. Voyeila pi. IF ^ Marine j fig, i , la grande cloifon des foutes cotée 53 , & les mcnraas de ccîto. cloifon cotés 54., la cloifon de la fainte- barbe cotée 108. (Z) Clois,on , {Sirrur.) c'eft dansnne ferrure ce qui entoure le palatre & forme la iîirface extérieure des côtés dq|^ forrure. La cloifon eft arrêtée fur le palatre par des étochios. Cloison, en Anatomie , nom de diffé- rentes parties qui font roffice de iniix mi. toyen entre deux autres.. La faux & îct preifoir d'Hérophile îienueiît lieu d'une cloifon , dont la première feparc les deux irémiiplicres du cerveau ^ Se ia 3L94 C L O {ecoiide le cerveau du cervelet, ^oyei Faux & Pressoir. La cloifon traiifparente eft fituée direâie- mciit fous la couture du corps calleux dont elle eft la continuation , & comme une ef- pece de duplicature. On l'appelle aufll fep- tum lucidum. Les deux finus fphenoïdaux & les deux finus frontaux font féparés chacun par une cloifon oifeufe ;, les foffes nafales font fépa- rées par une cloifon formée par l'os vomer , la lame verticale de l'os ethmo'ide , & un cartilage. Les deux ventricules du cœur font diftin- gués par une cloifon charnue. Le diaphragme fait l'office d'une cloifon qui fépare la poitrine du bas-ventre. Ledarthos forme une cloifon quidiftiugue les deux tefticules l'un de l'autre. V. Cœur , Diaphragme, ùc.{L) Cloison du palais , ( Anatom, ) en latin vélum palati. La cloifon du palais , dont la luette eft regardée comme une partie , pour- roit également être appellée la cloifon du nei, du gofer. Elle eft terminée en en-bas par un bord libre &: flottant qui repréfente une arcade particulière fituée tranfverfalement au deffus de la bafe ou de la racine de la langue. Le fommet de cette arcade porte un petit corps glanduleux , mollaffe , irrégulièrement co- nique , que nous appelions la luette, f^oyei Luette. On trouve dans tous les livres d'anatomie la dcfcription de la cloifon ou du voile du palais ;, mais comme la meilleure eft à mon fens celle qu'en a donnée M. Littre , dans les mémoires de facadémie des Sciences , ann. 1718 , page 300, je dois m'en fervir ici par préférence. C'eft , dit ce célèbre anatomifte , une eipece de membrane qui eft d'une confiftance inolle 5 de couleur blanchâtre , gluante au taô , convexe par-delfus & concave par- deifous ^ elle eft eî#iron d'une demi-ligne d'cpaiifcur , de quinze lignes d'un côté à l'autre, & d'un pouce de devant en arrière : fa fituation eft à la partie poftérieure de la voûte du palais , & elle eft plus antérieure , plus haute & plus élevée que celle de l'épi- glotîe de trois k quatre lignes : fon attache eli; par devant à la partie poftérieure des os C L O du palais , par les côtés aux parties latérales & Hiternes des mêmes os &: des apophyfès ptérigoïdes ^ par fa partie poftérieure , elle n'eft attachée à rien , excepté par les deux côtés , étant lâche & comme pendante par fon milieu. Cette cloifon eft éloignée de la glotte d'en- viron quatre lignes ^ cependant toujours prête à changer de fituation dans les corps vivans , lorfque ces parties font en aftion , tantôt s'approchant , & tantôt s'éloignant les unes des autres : elle forme par fa face inférieure la partie poftérieure de la voiite du palais , & par fa face fiipérieure la par- tie poftérieure & inférieure du nez. On remarque du côté de la face inférieure de cette cloifon deux manières d'arcs muf- culeux , l'un & l'autre un peu féparés au milieu de^a partie fiipérieure , fitués tranf- verfalemwit l'un vers le devant & l'autre fur le derrière. L'aâe antérieur eft un peu incliné par en-bas & en devant f, il s'attache par une de ks branches à la partie poftérieure & inférieure d'un des côtés de la langue , & par l'autre branche au même endroit de l'autre côté. L'arc poftérieur eft incliné par en-bas & en arrière , & il s'attache par une branche à un des côtés du pharynx , & par fautre branche au même endroit de l'autre côté. On obfèrve entre fès deux arcs ou ar- cades les deux glandes dites amygdales , qui font placées l'une au côté droit , l'autre au côté gauche. Enfin la cloifon du palais eft compofée de deux membranes , de quantité de glandes , &. de plufieurs mufcles , qu'il fera toujours impofïïble de bien décrire. On appcrçoit dans les corps vivans dont la bouche eft beaucoup fendue , & qui ont la langue petite , que cette cloifon fe porte en en-haut , tantôt en devant , tantôt même en arrière , & qu'elle fè porte en en-bas , tantôt aufll en devant , & tantôt aufli en arrière ;, d'où l'on peut conclure qu'elle peut fermer tantôt le paflàge du gofier à la bou - che , & quelquefois aulfi couvrir la glotte. Mais outre que la cloifon du palais fait 1^ fonction de valvule aux narines & au gofier , en empêchant de revenir par les narines ce qu'on avale, principalement la boiflbn, elle a d'autres uiàges que M. Littre a palfés fous filence,&qui ne méritoient de n'être pas omis. D'abord elle fort à conduire daas le pharynx C L O lâ lymphe lacrymale & la lymphe mucila- gincufe qui s'amalTe continuellement ilir la voûte du palais ^ de plus , e'ell une macliine qui aide à poulTer en en- bas les matières de la déglutition , qui fert aux modulations de lavoixjfbitque les fons & lavoixpafTeutpar la bouche , par les narines ^ ou par l'un & par l'autre : c'eft encore une machine qui , avec l'aide de la luette , préicrve les pou- mons des matières qui pourroient entrer par la glotte ^ enfin , qui induit & lubrifie la furface des alimens qu'on eft fur le point d'avaler. Je voudrois bien auflî donner les ufages des diiîerens muicles de la cloifon du palais^ mais ils ne fout pas alTez diftinâement con- nus , ni m.ême les diffcrens mouvemens dont cette cloifon eft capable : voilà comme Tanatomie trouve fes limites dans les objets qui fèmblent tomber le plus fous les fens &: l'art du fcalpel. Mais eft-il de partie dans le corps humain dont la méchanique & le jeu ne tendent à confondre notre préfomption 6c notre fcience imaginaire? ( M. h chevalier DE J AU COURT.) Cloison d'Angers, ou Clouaison, {Jurifpr.) eft une impofition que les anciens dr.cs d'Anjou avoient oftroyée aux maire & échevins d'Angers, pour entretenir les forti- fications de leur ville &du château. Ce droit fut nommé cloifon , parce qu'il étoit deftiné à la cloifon ou clôture de la ville. En 1500 , il y eut un règlement au fujetde la cloifon àQ la ville d'Angers , qui eft imprimé à la fin de plufieurs coutumes d'Anjou , où l'on peut voir fur quelles marchandifes onlevoit cette impofition. V. auffi Choppin/Lf/- tart. 50 de la coutume d'Anjou , tome 1 , page 482, , de la troifieme édition de Sonnius. M. Pérard , page ^17,. {A) * CLOISONNAGE , f. m. {Archited. ) a deux acceptions ;, il fè dit de tout ouvrage de meuuiferie ou de charpente fait en entier à la manière des cloifbns ^ & dans un ou- vrage de menuiferie & de charpente où.inj partie feulement eft faite en cloiibn , ol les autres d'une autre manière ;, il iè dit de la partie faite en cloifon qu'on appelle le cloi- fonnage. V. ClOISON. CLOITRE , f m. terme dtarchiteâure ^ du latin clauflrum , & du françois clos : fous c-2 nom ou comprend &: les galeries ou por- C L O i^f tiques couverts dans un monaftere où Ce pro • mènent les religieux , & l'efpace découvert nommé préau que ces portiques entourent ou environnent. On appelle auift cet efpace jardin , parce qu'il eft ordinairement garni de verdure , de gazon , de plate-bandes de fleurs , 25>^ C L O merce que du poifTon (èc ou falé , portent celui de moines. Ils ne fbuffrent point d'hom- mes mariés parmi eux \, ceux qui veulent prendre femme font obligés de fortir du cloître : ils peuvent cependant trafiquer & entretenir corrcfpondanceavec leurs anciens confrères. Voye^ Us diclionn. du Comm. & de Trév. (G) Cloître , (Jardin.) fè dit dans unbof- quet , d'une falle verte , quarrée , à doirbles paliffades , autour de laquelle on tourne comme on fait dans les cloîtres des couvens. [K) GLONEFORT , (Géo^. mod.) petite ville d'Irlande au comté de Galloway , dans la province de Connaug^ht. CLONISSE , f. f. (H//?, nat. Conchjliolog.) efpece de came , ainfi nommée à Mar/èille : arfella à Gènes \ armilla en Eipagne \peloris & ckametrachea chez \ts Grecs : chama afpera chez les Latins , félon Belon , qui en a fait graver une figure aiîèz médiocre , dans fbn ouvrage de aquatilihus , imprimé en 1553. En 1554 Rondelet l'a fait graver , tejîaceo- rum 5 page i6 , fous le nom de conchula ru- gata ou coquille ridée \ & Rumphe , en 1705 . dans fon Mufœum , page 160, plan- che XLVllî , jig. 5 , fous le nom de chama 'wyfs-fchulp dicla. Klein .dans fon Tejïament, ■imprimé en 1753 , page 146, /pec. 2, lin donne diiTéreiiics délignations , Ibusle nom de cricomphalos Lujiranica alho cortice teéla^ quamfubminius ciireus purpureus & palecris color dijlinguunt ^bonanni ; il l'appelle encore tjuadrans plicata ^ page 155 > efpecc 5. J'en ai fait graver trois figures avec l'animal , dans m.on Hijloire naturelle du Sénégal ^\n\- bliée en 1757 , page 116 , planche Xf^I , figure I. Les V^énitiens l'appellent èiverone, piverone ou piperone ;, les habitans de Ritni- iii , Ravenne ■& Ancone , autrefois /or^ra- jos ^ félon Belon", & aujourd'hui /j^vérjc- cia , ièlon M. Plancus j & les naturels du Sénégal bouckch. Cor/ t.'/7/f.La coquille delac/oTz/^eftépaiffc, prefque ronde , large d'environ deux pouces , & un peu moins longue |, elle eft convexe , fort renflée , & d'une profondeur prefqu'une fois moindre que fa longueur : fa furface eft relevée d'une quarantaine de cannelurestranl verfales , demi-circulaires & ridées , qui s'ef- facent & dirparoilTent à médire qu'elles ap- C L O prochentdu fommet \ là elles femblent quel- quefois traverfées par d'autres cannelures longitudinales pre(que infenfibles. Les deux battans font exactement fem- blables , aiTez tranchans , mais épais fur leurs bords , qui font marqués intérieurement d'une centaine de dents infiniment petites. Ils portent chacun , un peu au deflbus du milieu de leur largeur , un fommet peu éle- vé , tourné en bas en volute , & qui touche prefque fon voifin par les côtés \ au defluus de ce fommet ou voit une petite cavité ap- platie en forme de cœur , ronde dans les coquilles plus renflées , une fois plus longue que large dans celles qui font plus applaties, & toujours couverte de rides. Le ligament qui joint les battans , fort en- tièrement au dehors où il paroît convexe j il eft deux fois plus court que la largeur de la coquille , & placé au-defliis du fommet au- quel il vient fe terminer^ il fembîe qu'il quitte plus facilement le battant droit que le gauche : ces deux battans font applatis & comme creufés obliquement autour de lui. Deux grofTes dents à-peu-près triangulai- res , obtules & fort proches l'une de l'autre , forment la charnière du battant droit \ elles ont deux cavités fur les côtés j & une troi- fieme entr'elles , qui reçoivent les trois dents du battant gauche. Sur la fin face interne de chaque battant , on voit vers fes extrémités les attaches de daix gros mufcles ronds , dont le fupérieur eft fort peu plus grand que l'inférieur \ un trait demi-circulaire , tracé vers le miilieu , marque le lieu où les lobes du manteau étoient attachés aux mêmes battans. Le périoftc , s'il y en a un fiir la face, ex- térieure , n'eft pas fènfibîe. Cette coquille eft quelquefois blanche au dehors comme au dedans , mais pour l'or- dinaire fa furface extérieure eft de couleur de chair ou jaunâtre , quelquefois coupée dans fa longueur par trois bandes fauves , ou cou- verte de petites marbrures très-fines , en zigzags bruns ou fiîuves , ou grins-de-lin. Variétés. Les variétés qu'on obferve dans cetie coquille. {Jowt fi nombreufes &ficon- ndérables^ que je n'aurois ofé entreprendre de les fixer , fi je n'en euftè obfèrvéplufieurs fois les animaux qui le font trouvés parfaite- ment fèniblables dans toutes. Ces variétés confiftent. C L O confîi1:ent , non feulement dans fà forme , mais encore dans le nombre de fès canne- lures , les unes approchent de la figure ronde, & d'autres de la forme triangulaire. Dans Iqs premières , le fommet s'applatit , & il devient pointu dans les dernières ^ il y en a de plus renflées & de moins renflées. Leur profondeur furpalfe quelquefois la moitié de leur longueur , mais elle n'eft jamais moin- dre ^ leur fommet eft toujours placé au dei- ibus du milieu de leur largeur. A l'égard des cannelures , les jeunes co- quilles les ont ordinairement liflés , & beau- coup moins nombreufes que les vieilles ^ il s'en trouve même dans leiquelles on n'en compte que fèpt ou huit au lieu de quarante. Dans quelques-unes , ces cannelures fe ter- minent par une petite pointe autour de la cavité qui paroît auprès du ligament , comme dans la came que d'Argenville a fait graver à la lettre B de la j}/anc/!e XX ir de fa Con- chyliologie ^ & que je n'ai pas citée à cauie cie l'étrange courbure que prend cette co- quille , qui d'ailleurs ne diffère pas fenfible- ment de la nôtre. La comparaifon que j'ai Ihite dupaveraccia de Rimini , envoyé par M. JanusPlancus , m'a confirmé dans le foup- çon où j'étois que la clonijfe de Belon & de Rondelet pourroit bien être la came obfer- vée au Sénégal , & elle ne m'a pas per- mis de trouver aucune différence notable en- tre ces deux coquilles. La clonijfe deRimini, e(l de celles que j'ai ditapprocher de la forme triangulaire , qui font moins renflées , dont les cannelures font liffes , au nombre de qua- rante ou environ , & à fond blanc , marbré de zigzags bruns ou gris-de-lin. Animal. La coquille de la came n'eft pas toujours ouverte ou béante , comme fèmble l'exprimer fon nom '■, l'animal qui l'habite l'ouvre & la ferme à fon gré ,- comme font toutes les autres bivalves , dont les battans ferment exa<âement ^ lorfqu'elle eft entr'ou- verte, on apperçoit fon manteau , comme une membrane fort mince divifée dans toute fa longueur en deux lobes égaux , qui recou- vrent chacun les parois intérieures de chaque battant ^ leurs bords font légèrement ondes eu crénelés , & s'étendent fur ceux de la coquille fans fbrtir au dehors. De l'extrémité fupérieure du manteau for- tent deux trachées en forme de tuyaux char- Tome FUI. C L O 197 nus cylindriques , dont la Ion;!;:ueur égale la fixieme partie de celle de la coquille. Ces tuyaux font aufti élc4gnés du fomn-îct de la coquille que du milieu de fa circonférence , & joints enfemble prefque jufqu'au milieu de leur longueur , par une mem.brane fri- fée,en forme de crête ^ ils font quelquefois, inégaux & quelquefois d'égale grandeur , félon qu'il plaît à fanimal d'allonger ou de groftlr davantage l'un ou l'autre. Cependant, j'ai remarqué qv;e dans les adultes , le tuyau poftérieur ell le plus grand : fa longueur fur- palfe de moitié la largeur, & d'un tiers fau- tre tuyau -, il eft couronné à Ion extrémité par une mem.brane fort mince & tranfpa- rente, de l'origine de laquelle fcrtent envi-, ron quarante petits filets cylindriques tron- qués à leur extrémité \ ces filets font une fois plus longs que la membrane, & diipofés fur un feul rang qui règne tout autour d'elle en dehors. Le tuyau antérieur n'a pas plus de lon- gueur que de largeur ^ fon extrémité ne porte point de membrane , elle eft feulement cou- ronnée d'environ foixante filets femblables , dont trente font alternes plus courts ^ tous ces filets , tant dans l'un que dans l'autre tuyau , font mobiles & jouent félon la vo- lonté de l'animal , fans doute pour détermi- ner certains corps à envelopper leur canal avec feau qu'ils y font entrer ^ le tuyau pof- térieur rend les excrémens arec l'eau que le tuyau antérieur a pompée. Le pié de l'animal prend autant de formes différentes qu'il plaît à l'animial ^ mais lorf- qu'il fe tient tranquille , il paroît ordinaire- ment fous la forme d'un croiffant, dont la largeur eft prefque égale à celle de la co- quille ^ fanimal s'en fert , non pour marcher en rampant , mais pour pouffer en avant foa corps avec fa coquille. La couleur du corps de la doniffe eft blan- châtre ^ la frange de fes tuyaux , & fefpece de crête qui les unit enfemble , font rou- geâtres. • Mœurs. Ce coquillage eft fort commun fur toute la côte du Cap-Vcrd , il fè tient enfoncé verticalement dans les fables , les deux tuyaux reftant toujours au defîlis pour communiquer avec l'eau, Ufages. Les Nègres en mangent la chair cuite fiir les charbons qu fous les cendres ; 298 C L O elle efc for t bonne , très-délicate & très-faine. Remarques. La came eft , comme l'on fait , un genre de coquillage qui fè range naturellement dans la famille des bivalves où nous l'avons placée. Voye[ notre Hif- toire naturelle du Sénégal , page 2, 1 6. ( M. Adanson. ) CLONMELL, ( Géog. mod, ) ville forte d'Irlande , capitale du comté de Tipperary. Long. 9 , 58 ^ lat. 52 , 28. CLOPEUR , f. m. (Raffinerie defucre.) eft une efpece de petit battoir quarré avec r.nc poignée , le tout faifant neuf à dix pou- ces de long : il ièrt à frapper iiir le cacheur , iorfque le cercle ne coule pas affez aifément à l'endroit où l'on veut qu'il foit arrêté. CLOPPENBOURG, ( Géog. mod. ) pe- tite ville d'Allemagne au cercle de Weftpha- lie , dans l'évêché de Munfter. CLOPORTE , f. m. {HiJI. nau Infeclol.) afellus , cutio , porcellio ; infeâe de couleur grifc approchante de celle de l'âne , c'eft pourquoi les Grecs lui ont donné le nom d'o/205. Les plus grands cloportes ont à peine wn travers de doigt de longueur , & un de- mi-doigt de largeur. Ceux que l'on trouve dans les fumiers & dans la terre , font de couleur livide , noirâtre ^ mais ceux qui font dans les lieux humides & fous différens abris , comme l'écorce des arbres , les pier- res 5 &c. ont une couleur grife. Les cloportes ont quatorze pattes , fopt de chaque côté ^ il n'y a dans chacune qu'une feule articula- tion , & on a peine à l'appercevoir. Ces in- ièéies ont deux antennes courtes ^ dès qu'on les touche ils fe replient en forme de globe j on les a comparés dans cet état à une fève : les côtés du corps font dentelés comme une fcie. MoufFet. théat. infect. V. Insecte. (/) Cloporte , ( Mat. méd. ) \qs cloportes font très -recommandés dans la cachexie, l-'faych-opifie , les embarras lymphatiques du poumon , les obftruôions à.QS glandes , le calcul & la goutte. Junker qui rapporte ces vertus , ajoute que nous manquons encore de preuves aflèz au- thentiques pour que nous puifïlons nous y fier abfolument : & comme d'ailleurs ces in- ièâres portent beaucoup vers les voies uri- naires qu'elles irritent aflèz vivement , cet auteur confeille d'être fort circonfped dans leur adininiftratioii. CL O On peut s'en fervir pourtant utilement comme d'un diurétique affez efficace , pourvu qu'on ne perde pas de vue la fage précau- tion de ménager les voies urinaires , Se principalement Iorfque ce ménagement eft plus particulièrement indiqué par quelque vice de ces organes. Des praticiens célèbres ont confeille d'en ufer long-temps & en petite dofe , pour dé- truire les cataraftes commençantes , & même en général pour toutes les maladies des yeux. On donne les cloportes , ou écrafés vivans dans du vin , à la dofe de dix ou douze ^ ou féchés & mis en poudre dans un véhicule approprié , à la dofe d'un demi-fcrupule jus- qu'à un fcrupule. Les cloportes en poudre font un des ingré- diens des pilules balfamiques de Morton. (b) CLOQUE , f. f. en terme de blanchifferie de cire , fe dit d'un ruban de cire qui fe noue , pour ainfi dire , & qui fe forme en bouton quand le cylindre n'eft pas chargé d'eau éga- lement par-tout. Voye[ CYLINDRE j voye:^ Blanchissage des cires. CLORRE , v. aft. eft fynonyme 2i fermer. Clorre , ( Jurifpr. ) il y a différentes rè- gles à obferver par rapport au droit ou à l'obligation dans lefquels chacun peut être de clorre fon héritage. Il eft libre en général à chacun de clorre fon héritage , foit de haies , foffés ou mu- railles , fi ce n'eft dans quelques coutumes qui exigent pour ce une permiftion du fei- gneur , comme celle d'Amiens , art. 197. Il faut auffi excepter les héritages enclavés dans les capitaineries royales , que l'on ne peut enclorre de murailles làns une permiiîîoii particulière du roi. Ordonn. des chajfes , c/i. xxiv , art. 24. Suivant les réglemens de police , on eft obligé de fe clorre dans les villes julqu'à neuf pies de hauteur;, mais cela ne s'obferve point dans les bourgs & villages, ni daiis \iis^ campagnes , non pas même pour des prés communs. On eft feuleinent obligé dans \^% campa- gnes ftc par-tout ailleurs , de contribuer à l'entretien , réparation & reconftruâion des murs mitoyens. Voy. MuR MITOYEN. Clorre un compte , c eft le fixer , l'arrêter. Cli^rt un inventaire , c'eft déclarer que l'o» CLO ji*a plus rien à y ajouter , & faire mention de cette déclaration à la fin de l'inventaire. Voy. ci-aprèsCOMPTE , COMMUNAUTÉ DE BIENS, è Inventaire. {A) CloRRE , en terme de Vannier^ c'eft paf- fer l'ofier entre les pés , & emplir ainfi tout l'efpace qu'il y a depuis le fond jufqu'au bord d'une pièce de vanuiere. CLOS , ( Agric. ) e/pace enfermé d'une clôture , & cultivé j terrain que le proprié- taire eft en droit de tenir fermé , fans qu'il foit permis à d'autres d'y envoyer, en aucun temps , pâturer leurs beftiaux. Ce terme s'einploie fur-tout par oppofition aux terres afTujetties au parcours , & que le propriétaire eft obligé de laifTer ouvertes au bétail de la communauté , après la première récolte fi ce font des prés , & fi ce font des champs , pendant qu'ils font en jachère. V, CoMMU- >;es. Jachères , Parcours. Dans les pays où \qs terres font aflTujetties au parcours , on fè délivre de cette forvitude & on obtient le droit de clôture , en payant à la communauté une portion de la valeur du fonds , quelquefois le fixieme denier. Dans le canton de Berne , fuivant les derniè- res ordonnances , on paie le vingtième de- nier. Il eft fiirprenant que cette fervitude iè foitconfèrvée fi long- temps , parmi des peu- ples qui jouiflènt d'ailleurs de la plus grande liberté j cependant l'on n'eft véritablement libre , par rapport à fos fonds , que lorf- qu'on a fur eux une propriété entière Se exclufive. Les avantages de la clôture des prés font fenfibles. i''. On ne peut arrofer , dans les temps convenables , \qs prés fur lefquels on n'a pas ce droit. 2°. On ne peut y établir des prairies artificielles. 3°. On ne peut les ouvrir lorfque la néceflîté i'exigeroit. 4°. On n'y fait pas les améliorations dont ils font fiifceptibles , lorsqu'on n'en doit pas tirer tout le profit. 5°. Si on avoit feul le droit de pâtnre, on n'y mettroitle bétail qu'en temps fec & lorfqu'il ne faudroit pas l'arrofer , & on n'y enverroit que peu de bêtes à la fois. <5^. On ne fauroit , fans clôture , planter les arbres qui conviendroient au terrain. La clôrure des champs ne foroit pas moins favorable à l'agriculture. 1°. La terre ameu- blie par les premiers labours n'eft plus expo- fée à être pétrie , foulée & durcie par ks CLO 299 noinbreux troupeaux dent on la charge , quelque temps qu'il faflè. 2°. On pouiroit tirer parti des champs l'année de repos , en y femant certains grains , des légumes , &c. 3^. On les amélioreroit par la culture alter- native. 4°. On laboureroit de la façon la plus convenable à la nature du terrain , & l'on ne foroit plus forcé de s'aflujettir à l'u- fage , fou vent très-déraifonnable. 5**. Dans \qs pays où l'on manque de foin & où l'on a befoin de fumier , on établiroit des herbages artificiels ou des prés naturels , fuivant la na- ture du terrain. La clôture des bois , for - tout pendant qu'ils font jeunes , eft aufiî d'une abfolue né- cefiité : dès qu'on a fait un taillis , ou que la forêt eft coupée à net , on ne doit y per- mettre l'entrée au bétail , que lorique les jeunes plantes font aflez hautes , pour que les bêtes ne puiflent atteindre & brouter les jeunes crues ou plier les arbres. Si la coupe fe fait en jardinant , & qu'on fc propofe de laifl'er le terrain en bois , il faut en exclure le bétail qui brouteroit infailliblement les jeunes plantes. D'ailleurs la clôture des bois eft le feul moyen d'en prévenir les dépréda- tions , & d'établir des bois par la transplan- tation. Enfin les montagnes , que Ton fait pâtu- rer, & où l'on ne feme point , devroient être fermées , fans cela la propriété eft incom- plète, & le terrain foulé & ravagé ne peut entretenir qu'une moindre quantité de bef- tiaux. Les bois n'y fauroient croître , & le produit , à tous égards , en eft diminué. Il réfulte donc que les terres qui ne font point ferinces,produifent moins , ce qui fait une diminution réelle & fort confidérrMe de la richeffe nationale. La valeur des fomls eft par conféquent diminuée aufiî pour le propriétaire. Le fouverain , le feigneur , ou tous ceux qui tirent les dîmes, les cenfès, ou le prix des lods & ventes , perdent par la diminution de la valeur du fonds ou celle de fon produit. Dans les pays où il y a des taxes for les terres , elles doivent être moin- dres , ou le cultivateur eft forchargé , & ne peut plus faire les avances néceilaires pour la meilleure culture. En un mot , il n'eft perfonne qui ne perde , & aucun ne ga- gne par cette défenfe de clômre. La per- iniflîon achetée pour certains terrains , de Ppz 300 C L O le fermer , multiplie trop les haies &' les clôtures , au lieu qu'une pennijfTion ou un ordre général les rendroit moins nécei- làires. II ièroit donc de l'intérêt général du fbuverain & des propriétaires , que tous les domaines fuilént libres & fermés , que les héritages grands ou petits fulîcnt réunis , ar- rondis tSc à c/os ; & il le fouverain paroif- foit d'abord faire quelque facrifice eu faveur des propriétaires , il en feroit amplement dédomjnagé par l'augmentation de la va- leur des fonds Se par celle des piodudiions. CLOSERIE , f. f, (Jurifprud. ) en quel- ques provinces, (igm^^Q un petit bien de cam- pagne compofé d'une maifon & autres bâti- nieiis, & de quelques terres adjacentes qui eii dépendent. On appelle ces fortes d'héri- tages cloferies^ parce qu'ils ibnt ordinaire- ment clos de foliés & de haies. Ces Clofenes Ibut quelquefois louées , &. forment de pe- tites fermes. {A) CLOiilFJE , f/2 terme de Vannier , figniiîe cette eljîece d'ouvrage qu'ils font en pie in fur des pés de lattes, de cerceaux, ou d'au- tres chofes Icmbliiblcs. CLOS^l S, f. m. pi. terme de Pêche : les cîofets ou cuhaujfcts font des efjjeces de hauts parcs , qui ne diilbrent de ceux dont on don- nera la defcription kXarticlc Parcs , qu'en ce que la crolfe eu extrémité recourbée ell quarrée , au lieu que celle des parcs eft ar- rondie : ces rets dont la maille a dix- huit lignes en quarré , font tendus fur des fonds, des roches : ces pêcheries n'ont fouvent que dix ou douze perches pour les forn-iCr j ainfi elles ne diifereiit prefque de celles des hauts parcs-, qu'en ce que les clofets font beaucoup plus petits. On ne prend dans les clofets que le poilion qui fc maille , puifque le fond en eft ouvert , c'e 11- à-dire que le filet n'eft point enfablé , ni le bas du parc fermé d'un clayonnage. CLOTAIREII, dixième roi de France , (Hiji. de France.) naquit en 584 , de Chil- eeric fon prédécelfeur , Se de la fameufe Frcdegonde. Ce prince n'avoit que quatre mois lorlqu'il perdit fon père , qui mourut aflafliné : il fut élevé fous la tutelle de Fre- degondc & de Contran , roi de Bourgogne , fon oncle paternel. Le commencement de iço iQ^iXQ fut agité par iine infinité d'orages j C L O Chîldebert , roi d'Auftrafie , fon coufin , af^ piroit à le dépouiller , fous prétexte de ven- ger la mort de Sigcbert I , fon père , que Iredegonde avoit fait afîaffiner ^ il entroit dans fa treizième année lorfqu'il fut aban- donné à lui-même , par la mort de fa mè- re , princcffe plus capable que digne de ré- gner : il avoit perdu , plufieurs années au- paravant , Contran , fon principal appui , après elle. Childebert , fou ennemi , avoit tranfmis fa haine contre lui à Théodebert II & à Thierri , fes fils , qui lui avoient fuc- cédé , l'un dans fes états d'Auftraiîe , l'au- tre dans ceux de Bourgogne : Clotaire n'eût pu fè foutenir fur le trône , fi ces deux prin- ces , ligués pour l'en faire defcendre , fuf- fënt toujours reftés unis. Plufieurs batailles qu'il fbutint contre eux , l'avoient mis à deux doigts de fa perte: heureufement pour lui la divilionfe mitentre eux, & ils employèrent à fe détruire , les armées qu'ils avoient le- vées à deiiein d'opérer fa ruiné. Théode- bert 5 vaincu par fon frère , fut allafiiné peu de temps après fa défaite , 6ê Thierri n'eut pas le temps de jouir de fà vidoire ^ ce prince miOurut de dylîcnterie l'année d'après. Clotaire fe rendit maître de toute la monar- chie , mais il abufà cruellement de fa puif- lance : moins roi que t}'ran , il fit attacher Bruneliaut à la queue d'un cheval indomté- Tcile fut la fin d'une princelfe , fille , femme & mère d'une infinité de rois ; de quatre enfans que laiiioit 1 hierri , le barbare en maifacra deux , il confina le troifieme dans un cloître ; le quatrième chercha fon falut dans l'obfcurité , bi iè cacha fi bien , que l'hiftoire n'a pu nous apprendre quelle fut fa deftinée. Clotaire gouverna avec une extrême foi- bleilè \ & fi l'on fait confiller la puiiiance dans l'autorité , jamais prince n'en eut moins que luii il fut toujours liibordonné à fes mi- nifires , qui tous tranchèrent du monarque» Ce fut fous fon règne que les m.aires du pa- lais jetèrent les fondemens de cette énorme puilfance qui tint celle des rois à la chaîne , & finit par l'anéantir, lladou qui l'étoit d'Aufirafie,obtintdG ne pouvoir être deftitué^ cette inamovibilité s'étendit aux pofièilëurs des grandes charges de l'état , & dès-lors le trône chancela Ibus les légitimes maîtres. Clotaire II mourut eu 6z8 , 6c fut en- C L O terré dans l'églife de Saint Germain-dès- \ prés ^ il étoit âgé de 45 ans ;, fon règne éga- ■ loit prefque fon âge. On peut , dit l'auteur de \ Abrégé chronologique , reinarquer trois chofes fur ce prince : il eft le troifieme roi qui ait réuni toute la monarchie ^ il eft le fécond du nom \ & par une deftinée atta- chée à ce nom , ayant eu pour partage le royaume de Soiirons , le moins confidéra- ble de tous, il réunit tous les autres, ainfi qu avoit fait Clotaire I , fon aïeul. Il avoit eu trois femmes , Haldetrude , Bertrude & Sichilde : il laiifa deux enfans , Dagobert qui lui fuccéda , Se Charibert qui eut une partie de l'Aquitaine , mais plutôt comme apanage que comme royaume. De tous \t% hiftoriens qui ont traité de riiiiloire de Clotaire 11 , aucun n'en a parié avec plui de vérité que M. Velly \ voici le tableau qu'en fait cet excellent écrivain : « c'eft en vain , dit-il , que les hiftoriens de fon temps ou trop eiclaves , ou trop com- blés de £qs bienfaits , repréfentent ce monar- que comme un prince juite cl débonnaire ^ iès actions nous le peignent fous d'autres couleurs ;, rufurpation du trône de Thicrri , le malfacre des petits-fils de Brunehaut , la mort cruelle de cette reine , celle tb Bofon , celle de Godin, iils de Garnier^ tout prouve qu'il n'avait ni cette inflexible équité , ni cette incroyable douceur que lui donnent iQs panégyriftes . ce font àcs taches fi contraires à l'efprit d'équité , aux loix de l'honneur , aux maximes du chriftianifme , qu'il eft impolîîbie de les excufcr. Il eft hon- teux pour l'humanité , que le liecle de Clo- laire II n'y ait vu ni injuftice , ni cruauté ; au refte , on ue peut difconvenir qu'il n'ait été un prince vaillant & brave j habile dans l'art de gouverner , populaire , affable , cha- ritable pour les pauvres , libéral envers les égliies , zélé pour Tobièrvation des faints canons j ami & proteâeur ardent de tous les lérviteurs de Dieu . . . c'eft à lui que nous devons le code des loix allemandes ;, elles fu- rent rédigées & mifes par écrit dans un par- lom.ent de 33 évêques , & de 34 ducs aflèm- blés fous fes ordres : il avoit Te (prit orné , lamoit les belles-lettres, fc piquoit de poli- tefle & de galanterie '-, fa complaifance pour le beau fèxe alloit à lexcès j on lui repro- che fon extrême paffion pour la chalfe. w C L O 301 Clotaire III , treizième roi de France , ( première race. ) fils & fucceffeur de Clovis II, fut couronné en 655 ^ il étoit âgé de cinq ans ou environ. Il vécut fous la tutelle & fous l'empire de Batilde, fa mère , & d'Erchinoalde ou Archambault , maire du palais I, quoiqu'il eût deux frères , Chiide- ric II & Thierri II ^ qui , fuivant l'ufagc , dévoient être admis au partage de la monar- chie , il la poliéda toute entière , il régna feul , ou plutôt il fut fèul fur le trône juf- qu'en 660 : ce fiit à cette époque qu'il remit à Childeric II , fon frère , le fceptre d'Auiira- Hq j il fe contenta de celui de Neuftrie & de Bourgogne qu'il conferva jufqu'à iamort , qui iè rapporte à l'an 668. lï reçut les hon- neurs funèbres au monaliere de Chelles , où la reine Batilde s'étoit confacrée : fon règne n'eft marqué par aucun événement mémorable -^ & l'hiitoire ne nous a point révélé quelle fut fa vie privée : ii avoit dix- neuf à vingt ans lorfcju'il mourut , ck ce n'eft pas à cet âge que l'on peut avoir fait de grandes chofès. D'ailleurs les rois de la première race , depuis Dagobert I , ne lu- rent point deftinés à jouer un rôle bien inté- reftaut. Thierri II , fon frère , qui juiqu'a- lors avoit vécu obfcur , lui fuccéda , par \qs foins d'Ebroin ^ mais la haine qu'on portoit à ce miniftre rejaillit fur lui , & le roi en fut la victime ^ oii le confina dans l'abbaye de Saint Denis , d'où ii ne fortit que long-temps après. (M-r) CLOTHO , voyei Parques. CLOTURE ou ENCLOS , f. f. terme (£ Architeclure , mur de maçonnerie ou grille de fer qui enferme une eipace , tel que l'en- ceinte d'un monaftere , l'étendue d'un parc-^ d'un jardin de propreté , fruitier , potager y &c.{P) Clôture^ (7wr/7^.) dans lesmouafteres de filles , a deux fignifications différentes. L'une a rapport au vœu que les religieu- fès font d'obferver la clôture perpétuelle , c'eft-à-dire de ne point fortir du monafèerc L'autre eft pour ejcprlmer les murs , por- tes tx. grilles , qu'il n'eft pas permis auxrcli- gieulès de palier , &.dans l'intérieur defquels les étrangers , fbit liommes ou femmes , ne peuvent , fuivant l'û/r. 31. de l'ordonnance de Blois, entrer fans permiflion du fupérieur eccléfialiiqiie , permilTioii qui ue s'accorde 301 C L O point fans nécefilté , comme aux médecins, chirurgiens, &c. Suivant le droit commun , c'eft à 1 evêque diocéiàin à donner ces per- niifîions. Il en faut excepter les monafteres exempts de la jurifdidlion de l'évêque , où ces per- mifîîons peuvent être données par leur iùpé- rieur eccléfiaftique , fiiivant Vart. 19 de redit de 1^95. Ce même article fùppofè qu'il y a des cas oîi on peut permettre aux religieufes de for- tir , comme pour aller aux eaux , lorfque cela eft nécelTaire pour leur iânté ^ mais c'eft à l'évêque feul à donner ces permir- fîons , même dans les monafteres exempts : c'eft ce que décide Yan. 1 de la déclaration du ro février 1742. Toutes ces permifîions pour ibrtir du mo- naftere, ou à des laïques pour y entrer, doivent être données par écrit. Le roi & la reine ont feuls le droit d'en- trer dans les maifous cloîtrées , fans permif- iïon du iiipérieur eccléfiaftique. Les évêques & autres fapérieurs eccléfîal^ tiques , en faifant leur vifîte dans les monaf- teres , examinent fi la clôture y eft bien ob- fèrvée ^ & fî elle ne l'eft pas , que les murs ne foient pas afTez hauts , que les portes & les grilles ne foient pas bien clofes ni fi'ires , ils peuvent ordonner ce qui eft néceifaire pour faire obferver la clôture. [A] Clôture d'un compte , d'un inventaire ; c'eft l'arrêté &: l'état final d'un inventaire ou d'un compte fait par des afTociés en quelque commerce, ou par un négociant qui fe rend compte à lui-même de fes affaires. P^oye^ Compte , LnveiNtaire. ( G ) Clôture , en terme de Vannier^ voyei Closerie. * CLOU , f. m. ( Art. méch. ) petit ou- vrage en or, ou argent, ou fer, ou cuivre , à pointe par un bout & à tête par l'autre , dont le corps eft rond ou à face, mais va en diminuant de la tête à la pointe, & dont la tête eft d'un grand nombre de forme difîc- rentes , félon les ufages auxquels on le def- tine. Les clous en fer fe forgent , les autres fe fondent \ la fabrication de ces derniers n'a rien de particulier , c'eft un ouvrage de fon- deur très -commun. Nous allons expliquer comme on fabrique les clous en fer : nous pbferverons d'abord qu'il y en a de deux C L O fortes , les clous ordinaires , & les clous d'é- pingles. Des clous ordinaires. On donne le nom de clomier tout court , aux ouvriers qui font ces clous. Les outils du cloutier font en pe- tit nombre : ils confîftent en une forge , au- tour de laquelle on pofe des blocs ou billots qui fervent de bafe au pis d'étape , à la clouycre ou cloutiere , &: au cifeau. Les métaux dont on fe fèrt le plus ordi- nairement pour faire des clous , font l'or , l'argent , le cuivre , & principalement le fer. Les clous de fer fe forgent au marteau fur une enclume ;, les autres fè fondent par les orfèvres ou les fondeurs. Pour faire un clou , on prend une verge de fer plus ou ijioins longue \ on la chauffe par un bout dan^ la forge ^ & , quand elle eft rouge , on Xamorce , c'eft-à-dire , qu'on forme la lame du clou fur l'enclume avec ua marteau. Quand la lame eft formée , orx. coupe le clou de la longueur néceffaire avec le marteau, fur un morceau d'acier tran- chant appelle cifeau. Le clou étant coupé , on le pafTe dans la clouyere par le bout pointu , & on y forme la tête à coups de marteau. La clouyere eft un morceau de fer long d'environ trois pou- ces , attaché près de l'enclume, & à l'extré- mité duquel il y a un trou proportionné à la grofTcur du clou qu'on yeut faire. Après cette opération , on fait fortir le clou de la clouyere , & on en recommence un autre , ainfi de fuite , jufqu'à ce que la verge de ferfoitufee. Le clous fe fabriquent fî promptement , qu'on en fait deux de fuite fans être obligé de rechauffer le fer. Nous allons dire un mot des différentes fortes de clous. Il y a de la hroquette d'un quart ou de quatre onces le millier , de demi-livre , de trois quarts , d'une livre , de cinq quarts , de fîx quarts , &: de fept quarts. Les clous a couvreurs & h. maçons doivent être à tête plate. On les nomme clous de bou" che^ parce que les ouvriers qui les emploient les tiennent plus communément à la bouche pour les avoir plus à leur portée en travail- lant. Us font de deux fortes j les clous à ar- doifc , &: les clous à latte : les premiers font de deux , de deux & demie , & de trois li- vres au millier, Içs autres de quatre , & de C LO quatre livres & demie : ces derniers font plus longs que les autres , parce qu'ils s'emploient pour clouer la latte fur de vieux bois. Ils s'a- chètent à la fomme. Les dous à parquet ont la tête longue afin qu'elle puiffe entrer dans le bois & s'y per- dre. Il n'y a guère que \qs menuifiers qui s'en fervent. k Les clous à crochet font ainfi appelles , parce qu'au lieu de tête ils ont une pointe de fer , qui 5 s'élevant en angle droit fur le clou , ferme un véritable crochet. Il y a de plufieurs fortes de clous afoul'urs ; les uns qui s'achètent à la fomme & les au- tres au compte : ceux à la fomme pefent deux livres & demie , trois livres , trois livres & demie , & quatre livres au millier : les trois premières fortes font clous légers , les autres font clous au poids. Ceux au compte font encore de deuxefpe- ces , des clous à fouliers à deux têtes , Se des clous à fouliers à caboche j ou à pointe de diamant -^ les uns & les autres font fort ma- tériels & par cette raifon ne s'achètent point au poids. Les porteurs de chaifes & croche- teurs de Paris font prefque les feuls qui s'en fervent à caufe qu'ils travaillent & marchent iàns ceife far le pavé. Les clous àfouflet , font àes clous faits com- me des clous à fouliers , mais plus longs & avec une tête plus large. On s'en fertpour les gros foufflets des forges , & c'eft avec ces clous que le cuir s'attache autour àes bois. Les clous à river font encore à-peu-près comme des clous à fouliers , avec cette dif- férence que leur pointe n'eft point aiguë , mais aufli groife au bout qu'au deffous de la tête. Ce font les chauderonniers qui s'en fervent. Les clous à cheval font des clous qui fer- vent à attacher les fers qu'on met fous les pies d^s chevaux pour confèrver leur corne. Il y en a de deux fortes ^ les uns ordinaires , & les autres à glace. La feule différence confifte dans la tête que les preiniers ont prefque plate , & les autres en forme de pe- tite pointe de dard , afin que dans les temps de gelée , en s'enfonçant dans la glace , ils rendent les pas des chevaux plus fermes. Outre les clous de toute forte que font les maîtres cloutiers de Paris , ils ont encore le droit de forger des gourmettes de chevaux , C LO 303 des tourets ou gros clous tournés eîi rond , qui ont une tête arrêtée dans «ne partie de la branche du mords appellée la gargouille , qui doivent être mis deux fois au feu , bien ôc duement étamés ^ des anneaux de toutes grandeurs , des barres , chaînettes d'avaloire, boucles à dojjieres , boucles de foupente, & enfin tous les pet?ts ouvrages de fer qu'on peut faire avec le marteau & l'enclume , {ans avoir befoin de lime ni étau , & qui font à l'ufage des felliers , carrofllers , bour- reliers , coffretiers & malletiers. Il y a deux fortes de cloutiers , dont les uns portent fimplement le nom de cloutiers , & les autres celui de cloutiers ^épingle, La communauté des premiers eft compofée au- jourd'hui à Paris de foixante-huit maîtres \ elle eft régie par quatre jurés , dont deux font élus tous les ans \ favoir , un d'entre les nou- veaux maîtres , & un d'entre les anciens. Les cloutiers d'épingle font ceux qui font de petits clous de fer ou de laiton, de diffé- rentes groffeurs & longueurs , dont un bout eft aiguifé eu pointe , & l'autre refoulé ou applati. On commence par f^r le fil de fer, c'eft- à-dire qu'on le prélènte aux efpaces circu- laires de l'inftrument appelle ejfe , pour con- noître fon calibre. Cet inftrument eft ainfi appelle parce qu'il eft compofé d'un fil de fer contoiu-néen S fur lui-même, pour for- mer de petits anneaux de diftercns diamè- tres. On pafle enfuite le fil de fer , pour le dreffer , à travers les rangs des pointes de Yengin ou petite planche fur laquelle font clouées des pointes en zigzag ; puis on le coupe & on l'affile fur une meule par cin- quantaine de brins. Quand ils font affilés , on les met au mordant qui eft une eipece d'étau compofé de deux morceaux de fer , dont les têtes font acérées. Lorfqu'on veut que leur tête foit plate , on frappe un ou deux coups de marteau fur le bout qui ex- cède le mordant j fi on veut qu'elle foit ron- de , on la commence coinme fi on la vouloit plate , on ne frappe qu'un coup ^ on la finit enlliite avec le poinçon à efiamper , qui eft une pièce d'acier qui fort à frapper les têtes. Quand les clous font de laiton , car on en fait d'or , de fer & de cuivre , on les blan- chit en les découvrant , c'eft- à-dire , en les lailTant fëjourner quelque temps dans une 304 C L O dKïblution de tartre ou de cendre ^avelée & d'eau commune : oîi les porte en fuite ni! vannoir , où Oîi les ag-ite d;ui3 du fou ou du tan, jufqu'àce qu ils foicKtfecs & plus jaunes. Quand on veut les étamer , on fait foudre de Fctain fin avec du lèl ammoniac qu'on met dans \m vailîëau plus étroit à chacun de iës deux bouts qu'au milieu , &; où on les agite jufqu'à ce qu'ils fbient devenus {uf[\- iàmment blancs. Les meilleurs ouvriers font par jour juf- qu'à dix ou douze mille de ces petits clous dont les layetiers , les fculpteurs , les gaî- iiiers fe fervent ordinairement. Dans leurs ftatuts , ils prennent la qualité de maîtres cloutiers , larmiers, étameurs & inarchands ferronniers. Chaque maître ne peut avoir que deux apprentis qui doivent faire cinq ans d'ap- prentifîage , & enfuite (èrvir les maîtres deux autres années, pour avoir droit à la maîtrife. Les apprentis de province , ainfî que ceux de Paris , font tenus au chef-d'œuvre , ex- cepté les fils de maîtres. Quant aux ftatuîs des cloutiers d'épingle , voye:^ Epinglier. § Une obfervation edentielle à Faire pour les perfonnes qui emploient \qs clous ^ c'ell qu'avant d'en acheter de groflbs par- ties , il faut les effiyer ^ car on en fait de métal , fi aigre ou caifaut , que fiir c^nt clous qu'on emploie , il s'en caffera peut- être plus d'un quart \ & quoique la perte ne fbit pas conîidérable , rien ne chagrine plus un ouvrier qui perd (on temps & une partie de ia marchandifè. Cet ou- vrier a calculé , par exemple , que dans une garniture qu'il fait , il lui faut mille clous & qu'il doit relier une heure pour les employer '-, il fait fon marché fuivant cela , mais il fe trouve trompé , fi \qs clous ne font pas bons ^ car il mettra un quart de temps de plus , & emploiera un quart plus de marchandifè , outre que fon ouvrage de- viendra défeôueux , parce que les pointes de clous qui fe font caifés , ne lui permet- tront plus de les placer dans des endroits nécelfaires ^ cela découragera l'ouvrier avec raifon. Ce détail n'eft point inutile , parce que fi c'eft un homme du métier que life ce paragraphe , il efpérera que les marchands qui font ce commerce de clouterie en gros , profiteront de l'avis qu'on leur donne ici , C L O qu'ils etfaieront les clous avant que d'en conclure les marchés , & qu'ils obferveront qu'ils foient faits d'une matière capable de ibuvenir le coup de marteau. Si l'on fe donne CCS foins pendant quelque temps , & qu'on rebute tous ceux qui ne lëront j^as de bonne qualité , les fondeurs de ces clous fe con- formeront ncccll^remeut aux règles requi- Çes pour faire de bonne marchandifè , en employant de boniie matière , qui ait un corps Tuffifant, pour les uiàges auxquels elle efl: deftinée. Cette'matiere doit être com- pofée de cent livres de laiton très-doux , & de trois livres d'étain ou environ fiiivant la prudence de l'ouvrier , le tout fondu & moulé proprement & fans fbuflure. Pour les éviter , & pour que tes fondeurs aient foin de bien fecher leurs chafiîs , avant que d'y couler la matière fondue , il faut qu'ils ob- fèrvent encore d'y lailfer des évents conve- nables , & que la matière foit fondue li- quide comme de l'eau. On voit qu'au moyen de quelque légère attention , on peut fè met- tre à l'abri de tant de fripponneries qui fe cominettent journellement dans ce genre de commerce. Il en efl de même de toutes les autres qualités àz clous ; ainfi \m marchand qui fait le commerce de cew^i de fer , doit exa- miner foigneufement la qualité du fer , avec lequel ils font fabriqués , qui doit être fi- breux , & par une fuite néceifaire doux & très-flexible. En caflknt quelques clous on connoît fi les fers avec lefquels ils ont été faits font de la qualité qu'ils doivent être. S'il paroît à la cafTure de ces clous des grains & des lames , le fer a été mauvais , & les c/oi/j le feront par conféquent, & très-fra- giles ^ fi au contraire on a de la peine àlw cafFer, & qu'il paroifTe fur leurcafFure un grain fibreux , pareil à celui qu'auroit un morceau de bois qu'on auroit caflé éh le forçant des deux mains , cet indice démon- trera la bonté du fer & celle des clous. Les inconvéniens qui réfultent de l'em- ploi de cette mauvaife marchandifè font in- nombrables \ on n'a qu'à réfléchir fur les difierens ufages auxquels elle eft employée , & à l'importance des travaux qu'on ne peut perfedtionner fans le fècours des clous , ^pour convenir de la vérité de ce qu'on vient de dire, (+) Clou , CL O CL O Clou , {Hijî. anc. ) Tite-Live rapporte [ s étant avancée en dehors , s'endurcit & fe que les anciens Romains , encore grofllers J reiTerre à la bafe de la tumeur qu elle forme; & fauvages , n avoient pour annales & pour faftes que des clous , qu'ils attachoient au mur du temple de Minerve. Il ajoute que les Etruriens , peuple voilîn de Rome , en fîchoient à pareille intention dans les murs du temple de Nortia leur déeffe. Tels étoient \qs premiers monumens dont on fe fervit pour^onferver la mémoire des événemens , ail moins celle des années ^ ce qui prouve qu'on connoilîbit encore bien peu l'écriture à Rome , & rend douteux ce que les hifto- riens ont raconté de cette ville avant fa prife par les Gaulois. D'autres prétendent que c'étoit unefîmple cérémonie de religion, & fe fondent aufli iiir Tite-Live , qui dit que fe diftateur ou un autre premier magiftrat attachoit ce clou myftérieux aux ides de fep- tembre , idibus feptembr. clavum pungat ; mais ils n'expliquent ni le fens ni l'origine de cette cérémonie , & Ja regardent feule- ment comme un fecours à l'ancienne chrono- Jogie, iiirabondamment ajoutée aux annales par écrit. On avoit encore coutume à Rome , dans \q^ calamités publiques , d'attacher un clou dans le temple de Jupiter. Dans une pefte qui défola Rome , le clou facré fut placé par le diftateur , & la contagion cefla. En cas de troubles inteftins & de féceflion , c'eft- à-dire de fchifme de la populace , on avoit recours à ce clou. Et dans une circonftance iînguliere où les dames romaines donnoient à leurs maris des philtres qui les empoifbn- noient , on penfa que le clou qui dans {qs temps des troubles avoit affermi les hommes dans le bon fens , pourroit bien produire le même effet fur l'eiprit des femmes. On ignore fes cérémonies qu'on employoit dans cet aôe de religion. Tite-Live s'étant contenté de remarquer qu'il n'appartenoit qu'au diéèa- teur , ou à fon défaut au plus confidérable des magiftrats , de placer le clou. Manlius Capitolinus fut le premier diâ:atcur créé pour cette fondHon. Mém. de t acad. des bdl. Ut. tome VI. (G) Clou , {Méd.) maladie de l'œil ; efpece de ftaphylome , en grec ÏKoi , en latin clavus oculi. On donne le nom de clou au ftaphylome , quand par un ulcère de la cornée , l'uvéc ' Tome Vllh ou lorfque la cornée s'endurcit pareillement, & fe reiîerre de telle manière que la bafe de la tumeur étant fort retrécie , la tumeur en paroît éminente & arrondie en forme de tête iphérique d'un clou. Cette tumeur dé- truit la vue , &: ne fe guérit point , parce qu'aucun ftaphylome n'eft guériflable. Voy. Staphylome. Voyei aujfi tan, Clavus, ( M. le chevalier DE Jaucourt.) CLOUÉ , adj. ( Maréchall. ) être cloué k cheval , fignifie être très-ferme & ne fe point ébranler , quelque violens que foient io.^ mouvemens. Cloué , terme de blafon , qui fe dit d'un collier de chien , & des fers à cheval dont \qs clous paroiffent d'un autre émail. Montferrier , d'or à trois fers de cheval de gueules , cloués d'or. {JV) CLOUET , f. m. efpece de petit cifeau mouff!e de fer , à l'ufage des tonneliers : ils s'en fervent pour enfoncer la neille dans le jable d'une pièce de vin , à l'endroit où elle feinte j il a environ un demi-poiice de lar- geur par en-bas , & a par en-haut une tête fer laquelle on frappe légèrement avec le maillet , afin de faire entrer la neille. CLOUIERE ou CLOUVIERE , ou CLOUTIERE ( le plus ufité eft clouiere , > f f. inftrument de fer qui fert au clouîier , principalement à former la tête du clou quoi- que le clou foit rond ou quarré , félon que le trou de la clouiere eft rond ou quarré. ^oye';^ f article Clou. On a des clouieres de différentes formes & de toutes fertes de grandeurs. Les ferruriers les forgent , &: ils en ont auffî pour former la tête de leurs vis & autres ouvrages.Les clouieres des ferruriert font des elpecesd'eftampes en creux, rondes, quarrées , barfelongues , ùc. Clouiere, {Serrurerie & Clouterie.)OeH une pièce de fer quarrée , à l'extrémité de laquelle on a pratiqué un ou plufieurs trous quarrés ou ronds , dans lefquels on fait entrer la tige du clou de force j de forte que la par- tie qui excède la clouiere , fe rabat & forme la tête du clou. Les maréchaux ont leurs clouieres : ces clouieres fent montées fer des billots, 6c fervent pour les clous de charrette. Siiis la clouiere y l'ouvrier ne pourroit que Qq 3G(î C L O très-diiKcilenient former la tête des clous au marteau. Voye'^^ïartich CloU. GLOVïS - U - Grand , cinquième roi de France , ( HiJIoire de France. ) naquit vers l'an 468 de Chikleric fon prédéceifeur , & de la reine de Tliuringe qui , n'ayant pu vaincre fa pafllon , avoit quitté le roi Bazift £on mari , & étoit venue trouver ce prince Cil France. Si l'on en croit Fredegaire , Chil- deric eut un ibngc qui préfageoit la gran- deur de ce HI5 , & Içs malheurs de fa pof- tcrité. Les cinq premières années du règne de Clovis furent employées à des exercices conformes à fon inclination : il fomentoit \c courage de fes foldats , les accoutumoit à la fatigue , & s'y endurciifoit lui-même : il donnoit fréquemment des jeux publics ; & c'éîoieut à^s courfes de chevaux , des com- bats d'homme à homme , & contre des bê- tes féroces : il leur montroit fans ceffc l'image de la guerre , à laquelle il avoit confacré ion règne. Ses états étoient trop bornés pour un cœur auffi ambitieux que le Çiqh : il ne vouloit fouffrir dans les Gaules aucune puilfance rivale de la fienne , & il afpi- roit à en chafler , ou à afFujettir les Ro- mains , les Vifigodis &: les Bourguignons C LO père ce Gilon q>;i avoit occupé le trône de France pendant l'exil de Chilperic \ Clovis lui fit trancher la tête , & l'imimola ainfi à^ ià iùreté & à fon relîéntiment. Cependant ce qui prouve que cette rigueur étoit autant dans fa politique que dans fon humeur , ce fut fa clémence envers les Gaulois & les Ro- mains qui avoient obéi à Siagrius : il leur laifîà à tous leur religion , leur pays , leurs coutumes , leurs loix , & ne voulut d'autre prix de fa viûoire , que la gloire de leur commander. Cette douceur affeÔée atta- cha ces peuples à fa domination : & il n'eut pas bcfoin d'une autre magie peur les main- tenir fous fapuiilance. Les Rom>ains avoient trop d'embarras en Italie peur fonger -à re- conquérir ce qu'ils avoient perdu dans les Gaules. L'entière foumiflion du Soilfonnois , fruit de la viftoire des François fur Siagrius , flit fuivie de la guerre de Thuringe '.une in- valîon , vraie ou fuppofée , fur les terres des Francs au delà du Rhin , en fut la caufe ou le prétexte. Clovis accufbit les Thuringiens d'avoir'excercé fur fes fujets les plus monf- trueulès cruautés: {qs armes furent fécondées par le plus heureux fuccès '^ tout fut mis à feu & à làng dans la Thuringe ^ & ce royau- qui en partageoient l'empire avec lui. Ses me alloit être réduit en province fujette premiers regards iè tournèrent vers les Ro- mains ^ foit que fa fierté fût flatée de fe me- furer avec les anciens rois du monde , foit que fà politique fût intéreffée à les chalfer , plein de confiance dans izs talens , dans la valeur & l'intrépidité de- fon armée , il en- voya Ibminer Siagrius , lieutenant de l'em- pire romain dans les Gaules , de convenir du jour & du lieu d'une bataille. Les Fran- çois furent long-temps fidèles à cet uiàge , qu'ils apportèrent de la Germanie , qui fut le berceau de leur nation. : ilsj:iédaignoient toutes les rufes de guerre , 8l|.n'eftimoient que les viftoires où la valeur avoit préfidé. Vainqueur de Siagrius qui accepta le défi , Clovis pourfuivit ce général ^ & n'ayant pu l'atteindre , il envoya des ambafiadeurs à Touloufe , fbmmer Alaric , roi des Vifigoths, aiiprès de qui il s'éîoit réfugié , de le lui li- vrer , Se lui déclarer la guerre en cas de re- fus. Alaric ne voulant point s'expofer à fon relTentiment , hîi envoya le général vaincu , malgré les droits de Thofpitalité qui ren- doient fa pcrfoune facrée. Siagrius avoit pour lorfque l'illuftre Théodoric , roi des Oftro- goths en Italie , défarma Clovis , & l'enga- gea à fe contenter d'un tribut annuel. One paix de plufieurs années fuccéda à ce traité 'y les premiers mois furent confacrés aux noces de Clovis avec Clotilde. Cette princeilè , nièce de Gondebaut, roi de Bourgogne , jouilfoit d'une réputation qui féduiiit le mo- narque François : Clotilde étoit belle , fpiri.- tuelle , ôc joignoit à ces heureufès qualités toutes les grâces & toutes les vertus de fon fexe. Il efl cependant à croire que le mérite de Clotilde , tout grand qu'il étoit , ne fut pas l'unique motif quidcîerminaC/ov/.î à cette alliance : & ce n'ell pas trop préfumer de la politique de ce conquérant, que de penfer qu'il regarda ce mariage comme un titre qui l'autorjlbit à dépouiller Gondebaut du royau- me de Bourgogne. Chilperic , père de Clo- tilde , avoit péri par l'ordre de Gondebaut , & fa qualité de gendre fèmbloit exiger qu'il fût fon vengeur. La nouvelle époufe avoit été élevée dans le fein de la religion : elle multiplia fes efforts pour déterminer Clovis ^ CL O à Ce pîîer au joug de la foi. Ses premières tentatives furent iiifruâueufes : le monar- que permit cependant que ies enfaus fulièut lavés iur les fonts ^ mais la mort d'Inguio- met , fbn aine , qui mourut peu de teinps après la cérémonie , & la maladie de ion f^ joad , qui fut aux portes à.i tombeau , s'cppjièrcnt aux vœux ardsîis de cette prin- ceiib , ils ne furent accomplis qu'aprè:i la bataille de Tolbiac contre les Allemands. On prétend que C/ovis^ fur le point de per- dre cette fameufè bataille , oc fatigué d'in- voquer inutilement fes dieux , fè tourna \-ers celui des chrétiens , qui couronna fes efforts. Les hilloriens lui prêtent une alTez longue prière , que fuivant eux il fit en préfence de fou armée : mais c'eût été une indifcrétion incompatible avec le caraélere d'un aufîi grand général ^ ce n'étoit pas en montrant fon défefpoir & en parlant d'abandonner les dieux de fa nation qu'il pouvoit fe flatter de ranimer le courage de les ibldats , qui tous étoient idolâtres. Si , comme l'ajoutent ces écrivains , il parvint à exciter de cette forte l'ardeur des Francs , cette ardeur doit être regardée comme un miracle. La déroute des Allemands & des Sueves, leurs alliés, fut complète , leur pays fut ravagé j & tous les habitans auroient été chaffés ou exterminés , û le môme Théodork , qui avoit déjà obtenu la grâce des Thuringiens , ne fût parvenu à calmer le reffentiment de Clovis. Les vain- cus fe fournirent , le roi leur permit le libre exercice de leur religion , & leur conferva leurs loix^ mais il feréfèrva le droit de con- firmer l'éleélion de leurs fouverains , aux- quels il fut défendu de prendre le titre de roi , mais feulement celui de duc. Cette conquête, qui ne coûta aux François qu'une feule campagne , donne une haute idée de leur valeur. Les Sueves feuls avoient été long-temps le défefpoir des Romains : Céfar avoit même regardé comme fort glorieux d'avoir pu mettre le pié dans leur pays. Clo- vis à fon retour fê montra fidèle au vœii qu'il avoit fait d'embraiTer le chriftianifme : il reçut le baptême par le miniftere de S. Rémi , qui dans cette augufte cérémonie lui parla avec une magnanimité finguliere. « Si- cambre , dit ce prélat en lui adrelTant la pa- role , autrefois fi fier, fi farouche, & que la grâce rend aujourd'hui fi humble , fi fou- C L O 307 mis 5 plie le col , adore ce que tu as brûlé , & brûle ce que tu as adoré. •» Rémi eût parlé avec plus d'exactitude , s'il eût recommandé à Clovis d'adorer ce qu'il eft impofîible de brûler^ mais la religion lui pardonne en faveur du faint enthouliafme quil'animoiî. L'exem]jle c^2 CIcvis fut i'iùvi par une iiifî- , ni:é de.François qui dema.iclGrènî le bap- tême. La con\erfion de ce monarque nenui- fit point à i^Qs dQ&'m^ : elle lèrvit au con- traire à en accélérer Texccution. L'cglifè ctoit infeéfée de plufieurs (q^qs : le roi des Vifîgoths & celui des Bourguignons éto'ent Ariens ^ & leur héréfie excitoit la haine des orthodoxes , qui form.oient le parti le plus puifîànt , tous dévoient fe déclarer en fà fa- veur contre les fèdèaires. Tout le clergé ca- tholique , même celui de Rome , s'emprefîk de lui donner des marques d'eftime & -d'a- mour. Le pape , ou plutôt i'évêquc de Ro- me , fuivant le ftyle en ufage alors , lui par- loit fans cefTe d'un dieu qui devoit donner à {ks armes les fiiccès les- plus éclatans : il l'invoquoit dès-lors comme le protcâ:eur de fon églifè. «Très-cher, très-glorieux, très - illuflre fils , lui difoit-il , donnez cette fatis- faclion à votre fainte mère; foyez pour elle une colonne de fer j continuez , afin «[ue le tout-puifî'ant protège votre perfbnne bc vo- tre royaume , qu'il ordonne à ks anges ^e vous guider dans toutes vos enîrepriies , & qu'il vous donne la viétoire. » Une fembla- ble épître eût été capable d'opérer la conver- fion de Clovis, Il ne tarda pas à entrepren- dre une nouvelle guerre j il chercha tous les prétextes pour attaquer Gondebaut, dont les états avoient allumé fa cupidité : les fouve- rains en manquent rarement. Gondebaut n'avoit qu'une petite partie de la Bourgo- gne ^ Gcdigifile , ion frère , en partageoit l'empire avec lui. Ces deux frères nourri!^ foient l'un contre l'autre une fecrete inimi^ tié : cette inimitié , pli^s puifTante fur Godi- gifile que les nœuds du fang , le détermina à folliciter le roi de France d'entrer en Bour- gogne ^ ce qui fut bientôt exécuté. Gonde- baut n'ayant pu arrêter l'impétuofité fran- çoifè, fut vaincu & pourfuivi jufques dans Avignon : il ne conferva fes états qu'en s'af- fujettiffant à un tribut. Clovis avoit conjuré fa ruine ^ il ne fe fût pas contenté de ce tri- but 3 il fit dans la fuite plufieurs tentatives Qq Z 3o8 C L O pour le perdre , & il eût réufii dans ce pro- jet fans Théodoric qui ne vouloit pas l'avoir pour voiiin. La fbumiffion des villes Armo- riques, c'eft-à-dire, de la Bretagne , fuivit l'expédition de la Bourgogne : il ne fut plus permis aux Bretons d'avoir des rois pour les gouverner , mais feulement des ducs j ainfî tous les peuples établis dans les Gau- les , étoient ou îujets , ou tributaires de notre monarchie. Les Vifigoîhs feuls avoient confervé leur indépendance. Alaric ayant jugé à propos de priver un é\'éque de ion fiege , C/ovis affefta un faint zèle , & fei- gnit de croire qu'il ne pouvoit fe difpen- iër de prendre la défenfe de l'évêque dépof- fédé, Alaric craignoit d'entrer en lice avec ce monarque : fes fujets abâtardis par le calme d'une longue paix , n'étoient pas en état de fe mefurer avec les François : il eut recours à la négociation ^ mais il éprouva qu'un prince armé par la politique , eft im- placable. C/ovis l'accufa d'avoir voulu l'af- fafîîner : il étoit bien plus capable de lui fuppofer ce crime qu'Alaric ne l'étoit de le commettre. Rien ne put calmer l'indigna- tion feinte ou véritable du monarque fran- çois. Théodoric , qui régnoit avec tant de gloire en Italie, & dont le roi des Vifigoths avoit époufé la fille , lui écrivit les lettres les plus preiTantes , qui toutes furent infruc- tueufes. Les François en partant pour cette expédition , firent un vœu qui étoit ordi- naire aux Cattes , l'une des principales ti- ges de leur nation ^ c'étoit de ne fe couper les cheveux & la barbe que fur les dépouil- les fanglantes des Vifigoths. C/ovis qui ne laif ibit échapper aucune occafion de fe rendre agréable aux orthodoxes , fit vœu de bâtir une églife dans Paris, fous l'invocation de S. Pierre & de S. Paul. On publia les plus expreifes défenfcs de commettre aucunes violences contre les perfonnes dévouées au culte des autels ;, o^ n'a point d'exemple de la diicipline qui fut exercée dans cette guerre j C/ovis tua de fa propre main un fol- dat pour avoir pris un peu de foin fur terre ennemie. Les orthodoxes intéreifés aux profpérités de fes armes , érigèrent en mi- racles tous les événemens de cette campagne: une biche , làns doute effrayée par le bruit de la multitude , traverfe la Vienne à l'inf- taiit que l'armée fe préparoit à paffer cette CLO rivière ^ c'étoit une biche envoyée par îe ciel pour leur indiquer un gué : l'air paroiiToit enflammé du côté de l'églife de Saint-Hi- laire de Poitiers ;, c'étoit une marque de la protcftion du faint qui avoit conjuré la ruine des Vifigoths , parce qu'ils étoient Ariens. Cependant C/ovis avançoit toujours , pré- cédé par le bruit de ces miracles qui pro- bablement ne furent pas les fèuls. Alaric ne fè diffimuloit point fon infériorité devant des troupes continuellement exercées & aguer- ries par une infinité de combats & de yic- toires. Il eût bien voulu tirer la guerre en lon- gueur: il faifoitune retraite vers l'Auvergne j mais ayant été forcé de s'arrêter dans les plaines de Vouillé , fon armée fut taillée en pièces , & lui-mêm.e périt de la main de C/ovis, après avoir fait la plus belle déf eulè. La foumiiïion de l'Albigeois , du Rouergue, du Querci , de l'Auvergne , du Poitou , de la . Saintonge & du Bourdelois , fut le fruit de cette victoire j il ne refta plus aux Vifigoths de leur domination , en deçà des Pyrénées que la ville & le territoire de Narbonne , où ils proclamèrent Gefalic , fils du feu roi. C/ovis dans tout le cours de fon règne , qui ne fut qu'un enchaînement de guerres , n'éprouva qu'une feule défaite ;, & ce fut Ibba , général de Théodoric , qui eut la gloire de la lui faire effuyer. C/ovis reçut à Tours des ambaffadeurs de l'empereur d'Orient : ils venoient le félici- ter de la part de leur maître , fur la gloire de fon règne. Anafl:afe lui envoyoit les 6r- nemens de patrice , & des lettres qui l'invi- toient à en prendre le titre ^ on lui donna dès-lors les. noms pompeux de co/i/i// &d'ûz/- guj/e, C'efi: ainfi que les empereurs , trop foibles pour dominer dans les Gaules , ne négligeoient rien pour y conlcrver un refte de reipeâ: pour leur dignité , en y faifant revivre les mêmes titres qu'avoient portés ceux qui les avoient gouvernés dans le temps de fon plus grand état. Julqu'ici C/ovis a figuré en prince auquel on ne peut reprocher qu'un excès d'ambi- tion. Maintenant il va paroître en allié bar- bare & fans foi , en parent dénaturé. Les François étoient encore divifés en plufieurs tribus: C/ovis étoit bien le général commun de toute la nation '^ mais il n étoit pas l'uni- que roi. Regnacaire régnoit dans le Cam- C L O brefis , Si^ebert dans Cologne ;, Riguiomer , dans îe Mans ç, Cararic , dans une partie de " la Flandre : plufîeurs autres parens de Clovis pofledoient , en pleine fouveraineté , des états moins confidérables. Clovis avoit vécu jufqu'alors dans la plus grande intimité avec tous ces princes \ il en avoit tiré de puif- fans fecours \ la réfolution fut formée de les iàcrifier à la grandeur de fes flis. Il en- gagea le fils de Sigebert à rafTafliner , & le fit airafliner lui-même lorfqu'il eut confommé cet horrible parricide. Devenu maître, par trahifon , de la perfonne de Cararic , il l'obligea de iê faire prêtre lui & fou fils , & les fit auffi-tôt maffacrer , fur le foup- çon qu'ils méditoient une vengeance. Il en- tra cnfuite dans le royaume de Cambrai , où Regnacaire lui fut livré , pies & poings liés , par des traîtres qu'il avoit corrompus. « As-tu fait ce tort à ta race, dit-il en apof- trophant ce prince , de te lailTer ainfi lier comme un efclave , & ne devois-tu pas pré- venir cette honte par une mort honorable? » II n'avoit pas fini ces mots qu'il lui ouvrit le crâne d'un coup de hache. « Et toi , ajou- ta-t-il en fe tournant vers Riquier, frère de ce prince , fi tu avois défendu ton frère , on jie l'auroit pas lié de cette forte. » Il lui fen- dit également la tête. Riguiomer & tous \^% autres qui avoient quelques prétentions au titre de roi , périrent par ces lâches moyens. Voilà quelles furent les principales a ils ne purent attirer les ïèbelles au combat. Ils fe bornèrent à ob- fecv^. kui:s inouveinens.. CmidniskL tos relia C M I pas plus long- temps oifif, il vint fe joindre à Czivonos. La nouvelle de fon arrivée ré- pandit la terreur dans l'armée Polonoife ^ elle fe retira lâchement. Cmielniski en fut té- moin f, mais ne fâchant à quel motif attri- buer la fuite des ennemis , il craignit que ce ne fût une rufe de guerre , & négligea de les pourfuivre. Cmielniski tourna fès pas vers Léopold. Cette ville , mal fortifiée, fans vivres &- fans^ garnifon , étoit l'entrepôt des richeflés du Levant. Le château fut bientôt emporté , la viUe étoit déjà démantelée , l'ennemi s'ap- prêtoit à donner l'affaut : les affiéges propo- ferent aux Cofaques une fomme confidéra- ble : on marchanda long-temps : ceux-ci exagéroient leur mifere ^ Cmielniski exagé- roit leurs richelfes : enfin la ville fut ra* chetée. Cmielniski s'avança vers Zamofcié 5 la nobleffe Ruife , chafTée de fes châteaux par les payfans unis aux Cofaques , s'était jetée dans cette place. Ces vaiîaux rebelles prefToient le fiege avec une ardeur que re- doubloit le fouvenir des outrages & de la tyrannie des nobles. Ceux-ci fentirent bien qu'ils n'avoient aucun quartier à attendre» Ils fe défendirent avec tant de vigueur , qu'ils forcèrent les ennemis à lever le fiege. Cmielniski , pour fermer à la nobleffe le che- min de la Ruflie , alla y cantonner fes trou- pes. L'hiver vint fufpendre les opérations de la guerre. La république demanda l'a paix d'un ton fuppliant. Le Cofaque la reiufa avec hauteur. Enfin après bien des débats , la diète pro- clama Jeati Cafimir roi de Pologne. Ce prince , après avoir inutilement tenté auprès: du Cofaque les voies de douceur & d'ac- commodement , envoya contre eux André- Firlei. Celui-ci attaqua les Cofaques dans, leurs quartiers , s'empara de quelques places ,- & par ces fuccès , rétablit la réputation des. armes polonoifes. Le kam des Tartares ve- noit de fe joindre à Cmielniski-^ ce ne fut pas~ fans dépit que ce général vit un allié fi pûif- fant marcher de front avec lui , & s'afTocier à ion expédition. Il affeéb cependant la plus, parfaite intelligence avec le kam. Depuis plufieurs fiecles on n'aroit vu une armée fi nomfcreufè ^ elle étoit de plus de trois cents mille- hommes^ fa marche couvroit une pro- vijice eûlifircL elk inve£it la camp: poioiiûis^ C M I Firlei ne fut point effrayé par l'appareil me- naçant des troupes ennemies : il n'avoit que neuf mille hommes à oppofer à cette multi- tude : il s'étoit retiré fous les murs de Sbaras , & y avoit fait un amas prodig^ieux de muni- tions de guerre 8c de bouche : « Mes amis , dit-il à fes foldats , nefoyezpoint étonnés du nombre de nos ennemis, ils ibnt plus faciles à vaincre qu'à compter , ils ne combattent que par l'eipoir du pillag^e , ils ne trouveront parmi nous que l'indigence , l'amour de la gloire & de la liberté. Leiir multitude même doit nous ralfurer. Notre camp occupe fi peu de place , que les trois quarts de leurs forces îcur deviennent inutiles. Voyez comme leurs rangs font mal gafdés , nulle harmonie dans leurs mouvemens , nulle difcipline dans leur camp. Enfin quand tous ces motifs ne de- vraient pas ranimer votre courage, vous êtes Poîonois , & il s'agit du falut de votre patrie. » On l'interrompit par des cris , & chacun jura àe mourir les armes à la main , plutôt que iic fuir ou de fe rendre. Le 13 juillet 1649, les affiégeans paru- rent fous les armes au point du jour. Le kam lui-même étoit à la tête des Tartares , Cmiel- nisJd s'étoit placé au premier rang des Cofa- ques ; Firlei rangea fès Poîonois le long des retranchem.ens , & choifît pour lui le polèe le plus périlleux : ce fut de fon côté que l'at- taque commença , il la foutint avec vigueur ^ mais à l'avantage du nom.bre , les ennemis joignoient celui du terrain. Malgré l'iné- branlable fermeté du général Poîonois , le retranchement fut forcé , abandonné , repris plufieurs fois ;, les aifaillans avoient à chaque moment des troupes fraîches pour rempla- cer celles qui avoient combattu. Ils ne laif- foieîit point reipirer les Poîonois \ ceux-ci cpuifës de fatigues , la plupart percés de coups , ne dormoient , ne mangeoient que les armes à la main \ mais leur courage s'ac- croilfoit avec le péril , êc les alliés le« trou- vèrent plus fermes dans les'dernieres attaques que dans les premières. Cmklniski vit bien qu'il falioit un fiege dans les formes , & fit ouvrir la tranchée f, les travaux furent bien- tôt pouffes jufqu'aux pies des retranchemens. Le nombre des Poîonois diminué par tant d'attaques , ne pouvoit plus faffire à garder un efpace il vafte , il fallut élever des retran- chemens plus étroits derrière les premiers , C M I 3 r y & détruire ceux-ci pour ne pas îailîer aux ennemis l'avantage de s'y loger. La famine faifoit des ravages affreux dans Sbaras & dans l'armée , le foldat difputoit au bour- geois les plus vils alimens. Le partage d'une proie dégoûtante divifoit des hommes raf- femblés par l'héroifrae le plus pur. Telle étoit l'affreufe lituationdes Poîonois > loriqu'on apprit l'arrivée du roi. Il s'avançoit à la. tête de vingt mille hom.mes raifemblés à la hâte, mal armés, mal payés, mais à qui l'exemple des alliégés apprenoit à ne rien craindre. Cafimir , après avoir fait faire à Ion armée une marche forcée , campa près de Sborow. Le kam & Cmielniski ne l'atten- dirent pas dans leurs lignes, m.ais ils couru- rent à fa rencontre avec foixantc m.ille Tar- tares & quatre vingt mille Cof^ques, L'ar- mée de la république n'étoit pas encore ran- gée en bataille , qu'une partie des Tartares & des Cofaques vint fondre fur les Poloncis , tandis que le refte les prenoit en queue ; après une vigoureufe réfiiîance, l'avant-gar- de fut enfoncée , les Tartares jîénétrerent dans les vuides ^ tout fut pris ou malfacrc. La vicî:oire penchoit en faveur des alliés, lorique le caltellan de Satidomir iè jeta fur \e% Tartares & les prit en flanc. Cette diver- fion donna le temps à l'avant-garde de fe rétablir &au refte de l'armée de fe déployer; Cmielniski marcha de front contre le corps de bataille. Cafimir étoit au centre, & donnoit à fès fbidats l'exeinple du courage. Le choc fut terrible \ les Poîonois fermes à leurs poftes , encouragés par la vue de leur roi , ne laifferent prendre fur eux aucun avan- tage \ il n'en étoit pas de mêm^e aux ailes , la gauche écrafee , culbutée par la cavalerie Tartare,menaçoit d'entraîner dans fa défaite la ruine de toute l'armée , Cafimir'y vola : fà préfènce rétablit le combat. Telle étoit la fîtuation des deux armées lorfque la nuit fur- vint , chacun la pafi'a à fon pofte couvert de fes armes. Cafimir exhortoit fes foldats, les combloit d'éloges , & leur promettoit de nouveaux triomphes : cependant malgré la fiere contenance qu'il affeftoit , il n'étoit pas tranquille. Le kam lui donnoit peu d'inquié- tude, mais il craignoit Cmielniski & fès Cofaques. Il efl'aya de le détacher de l'al- liance des Tartares. Il lui fit tenir une lettre , dans laquelle il lui rappelloit les bienfaits Rr i 31^ CM I d'Uladiflàs , & ies anciens traités qui unil- Ibieiit les Polonois & les Coiliques f, il lui dé- voiloit enfuite les projets ambitieux du kam, que Cmielniski connoiflbit mieux que lui^ enfin il l'exhortoit à quitter ce ramas de Tar- tares qui lailibient aux Cofaques tous ies pé- rils de la guerre , & en recueilloient tout le fruit. Le roi attendoit avec impatience la réponfe de Cmielniski. Mais lorfque le jour parut , il vit les Cofaques & les Tartares ranges en ba- taille. Il fe prépara à les recevoir. L'événe- ment de cette journée fut le même que celui delà veille. Les Polonois en eurent tout l'hon- tieur , puifqu'ils ne furent pas vaincus. Les Tartares & les Cofaques rentrèrent dans leur camp. La divilion étoit prête à naître entre les généraux. Cmielniski ibupçonnoit la fidé- lité du kam. Celui-ci , au lieu des conquêtes aifées qu'il s'étoit promifes , ne trouvoit par- tout qu'une réfiftance opiniâtre. Il écrivit au roi de Pologne pour lui offrir la paix. Cmielniski , craignant d'être abandonné fêul à la fureur des Polonois , demanda un accom- modement. Il l'obtint à des conditions très- dures ; il fut obligé de venir fe jeter aux ge- noux de Cafimir , le prier d'oublier fa révolte & de lui pardonner^ il eft vrai que le roi , fenfible à fon repentir , le déclara chef de la milice Cofaque. Les députés de la républi- que lui préfenterent la queue de cheval & l'étendard , marque de l'autorité dans la- quelle il étoit confirmé. Tandis qu'on négocioit dans le camp de Sborow , on combattoit fous les murs de Sbaras. La nouvelle de la paix n'y avoit point encore été portée. Le kam & Cmielniski avoient retardé le départ des couriers pour donner à leurs troupes le temps d'exterminer les Polonois. Ceux-ci fe défendoient avec une confiance inébranlable ^ ils étoient réduits aux plus cruelles extrémités , & ne parloient pas encore de fe rendre. Enfin ils reçurent une lettre de Cmielniski.Qe général profitant de leur ignorance, leur mandoit que s'ils vouloient lui payer une fomme confidérable , - il donneroit à {^qs troupes le fignal de la re- traite. Les habitans demandèrent quelques jours pour contribuer. Pendant cç délai le traité fut publié ; on reconnut l'artifice de Cmielniski^ & il fut obligé de fè retirer. Ce général n'avoit point Qubliç l'aiFrout C M I qu'il avoit reçu à Sborow, ni la démarche humiliante que la perfidie de fon allié i'avoit forcé de faire ^ il négocia fecrétemeiit avec la Porte ^ il obtint la protection de l'empe- reur ennemi né de la république. Bientôt la guerre fut rallumée. L'armée Polonoife s'a-» vança vers le Borifthene. Cmielniski , par des divifions faites à propos , fut la divifer , & remporta quelques avantages ^ mais enfin il fut vaincu5& s'enfuit. On croyoit les Cofaqjies domtés par cette viftoire , mais Cmielniski reparut à leur tête ^ il fut plus malheureux en- core que dans la campagne précédente. Ce- pendant la république ,lafrée d'une guerre qui minoit fourdement fes forces , donna la paix aux Cofaques, pardonna à leur chef qu'elle devoit punir , & rétablit les anciens traités, Cmielniski trouva une mort digne de lui dans un combat qu'il livra aux Polonois , & où il difputa la viftoirc jufqu'au dernier fou- pir. Tels font les principaux traits de la vie de cet homme célèbre , qui eut la gloire de mettre la Pologne à deux doigts de fa perte. Il charmoit les loifirs que lui laiflbient l(^s intervalles de fes expéditions par des feftnis , où il s'abandonnoit à la débauche la plus crapuleufe. Bazile , prince de Moldavie y dont la fille avoit époufé un des fils de Cmiel- niski , ayant été chafîé de ks états , vint un jour implorer le fecours de fon allié. Le chef des Cofaques étoit alors au milieu des plaifirs & de la bonne chère. Il fallut que le prince de Moldavie attendît une femaine entière pour trouver le moment favorable de l'entretenir. Enfin il obtint une audience y & fit aux Cofaques une peinture touchante & pathétique de fès malheurs. Pour toute ré- ponfe Cmielniski fè faifit d'une large coupe pleine de vin, & s'adreffant à Bazile , il l'in- vite à la vuider, en laffurant qu'elle contient un fur remède contre tous i^cs chagrins. Le prince de Moldavie fe retira indigné , en difànt : Tavois cru jufquici que les Cofaques étoient des hommes , mais je ne vois que trop maintenant , quon a raifon de dire que ce font ,. ou des hommes changés en ours , ou des ours changés en hommes. (M. de Sacy.) C N *CNACALESIA, furnom de Diane, ainfi appcliée du mont Cnacalus en Arcadie , OÙ cliç avoit un temple £v des fêtes annuelles. CNI * CNAGÎA , [Myth.) furnom de Diane ;, ainfi appellée de Cnagéus , qui , conduit à Phidna par Caftor & Pollux , féduilit la prcrrefTe de Diane , & l'enleva avec la ftatue de la déelTe. * CNAZON , (Hifi. anc. ) aiguille dont les femmes romaines fe fervoient pour arran- ger leurs cheveux : elle s'appelloit aufli dif- cerniculum. *CNEPHo^/CNUPHIS, [Myth.) l'Etre fuprême chez les Egyptiens ^ on le repréfen toit avec un fceptre à la main , marque de fa fbuveraineté , la tête couverte de plumes , fîgne de fa fpiritualité , & un œuf à la bou- che , fymbole du monde créé par fa parole -^ on ajoutoit quelquefois à ces caraôeres le ferpent qui fe mord la queue , fymbole de l'éternité. * CNEUS , ( Hijl. anc. ) furnom que les Romains donnoient à ceux qui naiifoient avec quelques taches remarquables. CNEZOW, {Géog. mod.) ville de Pologne dans le palatinat de Chelm. CNICUS , f. m. (H//?, nat, bot.) genre de plante dont les fleurs (ont des bouquets à fleurons découpés , portés chacun fur un embryon, &:foutenuspar un calice écailleux, & entourés de grandes feuilles qui forment une efpece de chapiteau. Lorfque la fleur eil palTée , les embryons deviennent des femen- ces garnies d'aigrettes. Tournefort , injl. rei herb. V. Plante. (/) CNIDE , ( Géog. anc. ^ mod. ) ville an- cienne de la Carie , dans la Doride. Ce n'eft plus qu'un miférable bourg. CNIDIENNE , ad], [Myth.) furnom de Vénus , ainfi appellée de la dévotion parti- culière que les habitans de Cnide avoient en elle. CNISME , ( Mufique. ) danfe & air de danlè qu'on exécutoit fur la flûte. C o CO , COA , COOS ou COS , {Géog. anc. &mod.) île de l'Archipel , vers la côte de la Carieiclle eft célèbre par la naiifance d'Hyp- pocrate , d'Apelle , & de Pamphile , qui la première dévida la foie.Les Turcs l'appellent aujourd'hui Stanco ou Stankon. On laconnoît auflî fous le nom de Lango. Elle eft prefque vis à-/is d'Halycarnaiie j près de Cnide £4 de l'ile Palmola, COA 317 COA 5 f. m. ( Hift. nat. lot. ) genre de plante dont le nom a été dérivé du furnom cous , qui a été donné à Hyppocrate parce qu'il étoit né dans l'île de Coo. La fleur des plantes de ce genre eft monopéiale , cam.pa- niforme , globuleufe. Le piftil s'élève du fond d'un calice découpé , &. eft attaché comme un clou à la partie poftérieure de, la fleirr : ce piftil devient dans la fuite un fruit compofé de trois capfules membraneufès & applaties -^ ces capfules font divifées en deux loges , dont chacune renferme une ièmencc longue & ailée. Plumier , nov. plant. Amer, gen. V. Plante, f/) CoA 5 ( Géog. mod. ) rivière du royaume de Portugal, dans la province du Tras-ios- Montes. * COACTIF , adj. ( Théol. & Jurifpr.) qui peut légitimement contraindre &fe faire obéir par la force. Les fouverains ont feuls le pouvoir coaclif : il y a cette différence entre Izs loix de l'églife & les loix de l'état , que celles de l'églilè , en qualité fimple de loix de l'églife , n'ont que force direôive : au lieu que les loix de l'état ont par elles-mêmes force coûc7/Vf. Les loix de l'églife n'ont force coaclive , que quand elles font devenues loix de l'état. * COACTION , f f. (ThéoL) aftion fur la volonté , qui en ôte ou diminue le libre exercice ; d'où il s'enfuit que la coaclion , fi elle avoit lieu, excuferoit entièrement ou en partie la créature du crime , & lui ôteroit le mérite de la bonne action : car le mérite & le démérite diminuent &: difparoiffent auiïî-tôt que la nécefîîté de vouloir ou de ne pas vouloir commence. Voy. Liberté , Grâce. COADJUTEUR , f. m. ( mft. eccléf. & /w/'(/^r.) eft celui qui eft adjoint à un prélat , ou autre bénéficier ou officier eccléfiaftique, pour lui aider à faire fcs fonéîions. Les coadjuteurs font ordinairement défi- gnés fucceftèurs de ceux auxquels on les adjoint. Le P. Thomaiîin en fa dilclpline de l'é- glife , part. II , Jiv. II , c/t. xxij & xciij , dit que les cpadjuto reries étoierit en ufage dès les premiers iiecles de l'églife. On trouve en effiît que dès l'an .55 , S. Lin fut {àlxco^id-, jutiurào. S. Pierre , c: qu'en 95 Evariiie le fut 3i8 C O A C O A du pape Anaclet (a). Cependant le P. Tho- ^ dignité d'un coadjuteur. On dit que N a éci inaltin ajoute que les coadjutoreries fout odieufés , en ce que c'eft une manière indi- re«^e pour tranfmettre les bénéfices comme par voie de fiicceiîion. En France le rci donne quelquefois un coadjuteur aux archevêques , évêques & abbés , lorfque le grand âge du bénéficier ou ks infirmités , fon ablènce ou quelque autre caufe légitime , le demandent ,& que c'eft pour le bien de l'égliiè. Le pape donne des bulles qui portent ordinairement la claufe cum futura fiiccef- Jione : c'eft-à-dire provifion & collation du bénéfice par expc6i:ative ; tellement qu'après le décès du titulaire , le coadjuteur n'a pas befoin d'autre titre pour fuccéder au bénéfice. Mais on ne peut nommer de coadjuteur avec droit de fuccéder , que pour les évêchés & abbayes ^ & pour donner un coadjuteur à un évoque , il faut que celui-ci y confénte. Les cnadjut Disk. COBELLA, f. m. [Hiji. nat, Strpentolog.) nom que les Hollandois donnent à un petit ierpent de l'Amérique ,dont Seba a fait gra- ver le mâle au n^. 5 , & la femelle au n^. 6 , de inféconde planche du fécond volume de fbn Thefaurus ^ imprimé en 1735 , fous la dé- liOmination de ferpentes cobcllas diclœ Ame- ricanee , page 4. M. Lijiné dans fon Syjlema naturœ ^ édition 11, imprimé en 1766, page 378 , rappelle colubar 204 cobella , j cutis abdominalibus 15O) ^ fquamarum cau- dalium paribus 54 , & il le confond avec le coluber 32, f cutis abdominalibus 151 &fqua- rnarum caudalium paribus 51 , décrit par M. Gronovius , dans fon Mufœum ichthyologi- €um^ partiel!^ imprimé en l'/'^ô^pageô'^. Cet animal n'a guère plus de dix ^ douze pouces de longueur , fur quatre liglfts de largeur ^ fà tête eft affez courte Se obtufe dans la femelle , & relevée d'une bofîc con- fjdéreble hx le derrière daui le mâle 3 fa. C OB bouche a aufti l'ouverture un peu plus grande que celle du ma le ç, tout le deffus de fon corps eft couvert de petites écailles quadran- gulaires arrondies , difpofées en quinconce , pendant que le dcifous depuis la tête jufqu'à l'anus eft couvert de i$o grandes écailles tranfverfales , demi-circui;iires , & que Je deflbus de la queue depuis l'anus jufqu'à fou extrémité eft couvert de 54 paires , c'eft-à- dire , de deux rangs chacun de 54 écailles hexagones. Le fond de fa couleur eft cendré-rougeâ- tre 5 marbré ou plutôt traverfé par 60 à 70 anneaux blanchâtres , comme entrecoupés ou partagés en demi-anneaux dans le mâle j on remarque une tache oblique de couleur plombée derrière chaque œil. Remarques. En comparant à ce fèrpent celui de M. Gronovius que M. Linné croit être le m.ême , on y appcrçoit de grandes différences, i °. Sa tête eft ovoïde , plus allon- gée & fans bofle. 2°. Le nombre des écail- les eft différent , puifqu'ily en a 151 fous le ventre & feulement 5 1 paires fous la queue. 3^. Il eft noir fur le dos avec des demi-an- neaux blancs , & blanc deiîous avec des bandes tranfverfales noires. Ces deux animaux font donc différens , & comme ils ont la tête courte comme la vipère , ils pourroient bien être du même genre & non de celui de la couleuvre , qui comme l'on fait , n'eft pas malfaifante. Il fo trouve à Surinam. C M. Adanson. ) GOBES oz/ ANCETTES, f m. (Ma- rine. ) ce font des bouts de cordes que l'on joint à la ralingue de la voile , & qui n'ont pas plus d'un pié & demi de longueur j ils, fèr\'ent pour paffer d'aiitres cordages nom- mée pattes de boulines. (Z) COBILANA, {Geog. mod.) ville de Portugal , dans la province de Beyra , fuE la rivière de Zezare. COBINORA,(G/o^. 7720^. ) petite ville, de Hongrie , fur la Save , à peu de diftance de Sabacz. COBIT , f. m. ( Commerce. ) mefure de longueur d'ufàge en plulieurs endroits des Indes orientales. Elle varie , mais celle de. Surate eft ^ félon Tavernier , de dtux pies de roi & fèize lignes. Koyrç les diclionn. du 6omm. Disk. Trév. & Chambers. COBLENTZ , {(^éog. mod.). grande ville COB d'Allemag-ne , dans 1 eIeâ:orat de Trêves , au confluent du Rhin & de la Mofelle. Long. 25,8; /at. 50 5 24. COBLIN, f. m. (Hi/f. nat.lchthyolog.') poifTon àzs îles Moluques , très-bien gravé & enluminé fous ce nom , & fous ceux de hma Hprefque-cavallo , par Coyettau/2°. 87 ^^ ^^ ^^^^ ^^ cobra de I C O B capella ex India orientait , feu ferpens diadè- mate vel perfpicillo faciem hominis reprœjen- tante infigniia. Il a le corps long de deux pies & demi , large de dix lignes au milieu , de vingt lignes au renflement du cou qui efl prcfque rond ^ la tête aufll large que longue , les yeux grands, & les écailles du deiliis du corps elliptiques arrondies. Il ellblanchâtre en deffous, cendré-jaune en deffus & marqué d'une lunette noire qui diflere des autres en ce que les anneaux ne font pas fermés , & qu'ils entourent en partie feulement deux points noirs qui imi- tent deux yeux , & que le tout a oppofé à un autre point noir qui imite la bouche & deux traits fur le côté , de forte qu'en total , cette lunette repréfèute les traits principaux de la face humaine. Quatrième efpece, CoNSPICILLUM. On peut défigner par le nom de confpi- cillum ou lunette , la quatrième efj^ece qui a été firravée par Seba 7X\x fécond volume de fon Thefaurus , pi. LXXXIX , /z«. i , fous le nom àe ferpens cum confpicillo minor. Il a le corps long d'un pié un quart, large de qtiatre lignes au milieu, & de neuf lignes au cou qui efl enflé en ovale. Sa couleur efl un roux-brun ou foncé. Mœurs. Il efl particulier aux îles Molu- ques , fur-tout à MacafTar. Remarque. Il diffère peu du cabelo du /Z . 2. Cinquième efpece, CoBRA DE CAPELLO. Le vrai cobra de capello des Portugais a été gravé par Seba à la pi. XC , /z°. i fi» 2 , de fon volume II , page <)6 , fous le nom de ferpens Indicus coronatus diademate ^feu conf- picillo infignitus Lufitanis cobra de capello diclus. Son corps efl long de quatre pies , large de douze à quatorze lignes à fon milieu , de vingt-quatre à vingt-fix lignes à fon cou qui efl renflé en ovale j fa tête efl beaucoup plus obtufè , comme tronquée , aufîi large que longue , & fa queue fè termine tout-à-coup en une pointe conique moins allongée. Les écailles du deffus de fon corps font longues elliptiques. Il efl cendré-clair en deffous, jaune rouf- C O B fàtfc en defTus , & marqué d'une lunette jaune bordée de brun. La femelle n'a point cette lunette , & elle ell un peu plus petite ^le le mâle. Sixième efpece, N A J A. Les habitans de Ceylan appellent du nom de naja & de celui de nagkaja , l'eipece dont Sjeba a donné deux, figures , l'une du mâle , l'autre de la femelle , au volume II de fon Tàefaurus , pi, XCVll , fig. i 6" z , page lOi , fous le nom de ferpens Indicus nojas feu Lufitanis cobra de capello diclus maxi- mus , confpicillo notatus mas ii'^. l ^ & fce- me lia fine perfpicillo , n^. 2. Il a trois pies de longueur iljr vingt lignes de largeur au milieu du corps , & trente-fix lignes au cou qui eft renflé en cœur ; fa tête efl arrondie , moins obtulè que dans le co- bra de capella , à-peu-près comme celle de l'Jieretimandelj fes dents antérieures ibntin- fenfibles. Les écailles du defliis du corps font ellip- tiques , obtufes ^ celles du delfous entre la tête & la queue font au nombre de i6o tranfverfales , & la queue en a en delfous 80 paires. . Il eft jaune en delfous , cendré-jaune en delTus 5 avec une lunette formée de deux lignes noirâtres , parallèles , qui entourent deux points noirs, de manière qu'en total , cette lunette représente alfez bien une face de chat. Mœurs, Ce ferpent eft naturel à l'île de Ceylan. Septième efpece. Le ferpent que Seba a fait graver au même volume II, planche XCVII , /i°. l , page 103 , fous la dénomination de ferpens Cey- lanica confpicillo notatafeu cobra de capello , eft encore de ce genre. Il n'a guère qu'un pié de longueur fiir fix lignes de largeur au milieu du corps, & huit lignes au renflement de fon cou qui eft ova- le \ fa tête n'a pas plus de longueur que de largeur , elle efl: an î^uleulè , inégale. Sa couleur générale eft un brun clair , marqué de quelques anneaux plus clairs , la lunette de fon cou eft jaune & les anneaux de la lunette font remplis par une grande tache noire. Mœurs, Cette efpece fe trouve à l'île de Ccylau comme le naja. C O B 3^7 Huitième efpece. Seba en a fait graver une huitième elpece , volume II , planche LXXXIX , /z°. 4 , page 96 , fous le nom de ferpens Brafilicnfis cum confpicillo cordis oculati formam habente. Il a un pié & demi de longueur lijr cinq lignes de largeur au milieu du corps, & dix lignes au renflement du cou qui eft ovale i fa tête eft ovoïde de moitié plus longue que large. Son corps eft jaunâtre deflbus , roux en delfus, anneilé d'une vingtaine de cercles larges , rouge-bruns , & marqué fur le ren- flement du cou d'une lunette en cœur blan- châtre , avec quatre points noirs. Mœurs. Ce ferpent eft commun au Brefil. Neuvième efpece. La neuvième & dernière efpece vient des Indes ç, Seba en a fait graver une bonne fi- gure fous le nom de ferpens Indicus cum confpicillo lepide circulatus, Thefàur. vol, II, pl. XCFII,n^. l^pagecfS. Son corps a un pié un quart de longueur, fur quatre lignes de largeur à fon milieu , & fept lignes à fon cou qui a un renflement ovale. Il eft cendré-jaune , annelé de 45 à 50 anneaux rouge-bruns , diftribués de manière que deux plus larges font l'akcrnative avec trois plus étroits. Remarques. Si ces neuf efpeces font diffé- rentes , M. Linné a eu tort de les confondre toutes , & encore plus de leur donner le nom de la couleuvre , coluber , qui n'eft point m.alfaifante 3 s'il eft vrai , comme on n'en peut douter , qu'elles ne foient aulîi venimeufès ou plus venimeufès encore que la vipère. Leur cou rtx^k plus que tout le refte du corps , eft un caradere bien fufîî- fant pour en faire un genre particulier qui ne fe borne pas aux neuf efpec«s que Seba a fait graver. On lit dans un di£l:ioiinaire intitulé, Dic- tionnaire d'kifloire naturelle , à l'article cobre de capello , que cet animal gonfle fa joue , que l'efpcce qui fè trouve à Ceylan , s'ap- pelle cobra de Neufria^enHii que tous les fer- pens qui ont comme celui-ci fiir la tête une couronne en figure de lunette , font de la famille du ferpent à lunette. La vérité nous 3i8 C O C oblige de dire que la Neuflria n'eft point à Ceylan , mais en Hollande ^ mais que le cobra capella n'enfle point fa joue , que la lu- nette n'eft pas fur fa tête, & qu'il y a beau- coup d'autres fèrpens qui ont une pareille tache en lunette & qui ne font pas de ce genre. Le public nous fauroit mauvais gré de ne pas arrêter de pareilles erreurs dès leur origine, (M.Adanson.) COBRE , f. m. C Comm. ) mefure de longueur , d'ufàge à la Chine & aux Indes orientales ; à la Chine, du côté de Canton ^ aux Indes , fur la côte de Coromandel. Elle varie félon Iqs lieux. A la Chine elle cft de ,V d'une aune de Paris j aux Indes . de 17 pouces & j de France. COBRISSO , f. m. {Minéralogie.) nom que l'on donne au Chili & au Pérou à la mine d'argent lorfqu'elle tient du cuivre , & qu'elle eft teinte d'une couleur verte. Cette eipece de mine eft difficile à traiter. Diclion. du comm. COCA , f. m, ( Bot. exot. ) arbriflèau du Pérou , dont les fruits , quand ils ibntfècs , fervent aux habitans de petite monnoie , de même que le cacao en fert aux Mexi- cains ^ tandis que les feuilles de l'arbrilTeau , font les délices des Péruviens , comme le bétel des Orientaux , & le tabac des Eu- ropéens. Cette plante ne s'cleve guère que de trois à (juatre pies ^ fès feuilles font molles , d'un verd-pâle, & aifez (èmblables à celles du myrte. Son fruit eft difjjofé en grappes , rouge comme le myrtile quand il com- mence àmilrir, de pareille groifeur , Scnoir quand il a atteint fa parfaite maturité. C'eft en cet état qu'on le cueille & qu'on le laiîiè entièrement fécher avant que de le mettre dans le commerce. Je ftiis fâché de ne pouvoir rien dire de plus d'une plante de ce prix , de ne la con- noître même par aucune deicription de bo- tanifte , mais feulement par des relations de voyageurs , qui iè contredifent les uns les autres , & qui paroilfent ne s'être attachés qu'à nous en débiter des contes hors de toute créance. Tels font ceux qui nous rap- portent qu'il fe fait un ^ grand commerce du coca , que le revenu de la cathédrale de Cufco ne provient que de la dîme des feuilles. C O C Quelques auteurs ont fait deux plantes de celle-ci, & en conféquence l'ont décrite difteremment fous les noms de coca & de cuca. Cette façon de multiplier les objets n'eft pas fans exemple dans la botanique. ( M. le chevalier de Jaucovrt. ) Coca ,{Ge'og. mod. ) petite ville d'Efjja- gne y dans la Caftille vieille , ftir la petite rivière d'Elerana. COCAGNE , f. f. ( Hijf. nat. Bornn. ) la guede ou vouede dont on tire la couleur hlQue , ^^pt\\éc pajîel y fe réduit d'abord en petits pains que l'on nomme cocagne , d'où vient le nom de pays cocagne qu'on donne aux pays 011 l'on cultive cette plante. On leur donne aufti le nom de cocs, Voye[ Cocs , Guede & Pastel. ( M. Adanson. ) COCARDE , f. m. ( Art milit. ) en tenr.e de marchand de modes , eft une bouffette de rubans aflbrtiftans à l'ordonnance , que les gens de guerre attachent au bouton du chapeau. COCATRE , f. m. {Ècon.ruftiq.) c'eft ainfî qu'on appelle le chapon qui n'a été châtré qu'à demi. COCAZOCHITL , ( Hifi. nat. bot. ) c'eft ainfi que les Mexicains appellent le ta- getes indicus. COCCARA , ( Hijl. anc. ) nom d'une efpece de gâteau des Grecs , dont on ne connoît que le nom. * COCCEIENS, f. m. pi. feftateurs de Jean Cox , né à Brème en 1603 , homme favant & profond théologien , qui fit grandi bruit en Hollande dans le xvij« fiecle \ il ap- percevoit dans l'écriture , qu'il lifoit beau- coup , deux venues , celle de Jefus-Chrift: & celle de l'antechrift ^ il croyoit que Je- fus-Chrift auroit un règne vifible for la ter- re , poftérieur à celui de l'antechrift qu'il aboliroit , & antérieur à la converfion des juifs & de toutes les nations. Il avoit en- core d'autres idées particulières qui furent combattues de fon temps avec beaucoup de chaleur , & qui lui firent de la réputation^ quelques fè6^ateurs, &, comme de raiionj une multitude d'enneinis. COCCOCA, {Mythol.) furnom de Dia- ne ', elle étoit invoquée fous ce titre en Elide 5 mais quelle en étoit la raifbn ? on l'ignore. COCCYGIEN , adj. en anatomie , fè dit de quelques parties relatives aux coccyx. c o c Le mufcle coccygien antérieur ou latéral vient de la face interne de l'os des îles , de l'os ifchion & du corps de cet os , derrière le trou ovale , & s'y infère à la partie laté- rale interne & inférieure du coccyx. Le mufcle coccygien poftérieur vient de la face antérieure des deux premières vertèbres de l'os facrum , de la face interne du corps de l'épine de l'os ifchion, 5c s'infère à la partie moyenne de la face interne du coc- cyx. (Z) COCCYX , f. m. ( Anat. chir. ) Le coc- cyx eil à l'extrémité de l'épine , & le trouve placé comme la queue dans les animaux. C'eft un os fitué au bout de l'os facrum , dont il efl comme l'appendice. Sa figure re- vient en quelque manière à celle d'une pe- tite pyramide renverfée & un peu courbée vers le baHin, formant une efpece de bec de coucou ou de corbeau , convexe en dehors , & concave en dedans. Il donne attache au fphinéter de l'anus , & à une portion des fefîîers. Sa face antérieure eft plate , & la poftérienre un peu arrondie. Il eft compofé de quatre ou cinq pièces en manière de faulTes vertèbres , jointes les unes aux autres par des cartilages plus ou moins fouples , ce qui fait qu'ils obéilFent &: qu'ils fe retirent aiiëment en arrière. Quelquefois plufieurs de ces pièces , & quelc^iefois toutes, font entièrement fon- dées enfemble. Les cartilagesqui lient les différentes par- ties du coccyx , confervent leur natare dans quelques fujets julqu'à un âge fort avaticé : il y en a d'autres au contraire dans lefquds ils deviennent promptement oiTeux. Ces pièces oiîèufes qui compofent le coc- cyx , foutiennent le reéinm &le portent plus en dehors aux femmes qu'aux homm.es , donnant par-là plus d'étendue au baflln de l'hypogaftre pour le temps de la grofléife : la pointe de ces os regarde toujours en dedans , ce qui empêche qu'on ne foit in- commodé en s'alTeyant, & connne ils le portent un peu en dehors aux femmes , cela rend plus ample le paiîage de l'enfant dans l'accouchement. Chelèlden & Morgagni , deux grands maîtres , l'un en chirurgie , l'autre en ana- tomie, ont obfervé que le coccyx aune paire de mufcles propres qui ont de chaque côté Tomt VIII, C O C .31^ leur attache fixe à l'apophyfè épineufe & poftéricure de l'os iichion , & vont s'infé- rer au coccyx. Ces mufcles tirent ce dernier os ea devant , aident par-là aux releyeurs de l'anus , & remettent le coccyx dans fà fituation naturelle. Diem.erbroek rapporte avoir vu un enfant nouveau-né dont la queue , c'eft-à-dire le coccyx , étoit de la longueur de 1 3 à 14 pouces ^ mais je crois que cet anatomifte a mal vu dans cette occafion comme dans quelques autres. Harv'ey avoit oui dire à un de fès amis revenant des Indes orientales , qu'il y a des hommes dans quelques contrées de ce pays- là , qui ont Aqs queues d'un pié de long. Rapporter fidèlement ce qu'on a oui dire ,, chofe même afîbz rare , eft prefque toujours rapporter des chofes fiifpedfies. Cependant Marc Paul dans fa defcription géographique imprimée à Paris en 1556 , avoit déjà écrit le même contre des hommes du royaume de Lambry ^ Struys l'affure aufîî de ceux de l'île de Formofe j & Gemelli Garreri , fur le récit de quelques jéfliites , de ceux de l'île de Mindore , voifine des Manilles. Que Sorbiere avoit bien raifon d'appeller les re- lations des voyageurs , les romans des phy- ficiens ! Tous ces hommes à longue queue des Indes orientales , du Royaume de Lam- bry , des îles Formofè , Mindoro , Bornéo , &c. font des efpeces de gros fînges à queue qu'on y trouve en quantité. Ces fortes de finges à queue font nommés par les naturaliftes cercopitheci. Il y en a dans tous les cabinets des curieux, & j'en ai vu de toute grandeur. Bourdon dit qu'il y a des fages femmes qui ont coutume de pouffer le coccyx en arrière dans l'accouchement avec tant de violence, qu'il en réfîilte de très-fâcheux ao cidens. Cependant , fiiivant la Motte , au- quel nous devons un bon traité des accou- chemens , ce n'eft jamais cet os qui met obftacle au pafta^ de l'enfant, mais le baf- fin trop étroit de Thypogaftre , qui fait que la tête de l'enfant s'y étant engagée , elle ne peut avancer ni rétrograder. Il eft perfuadé que le coccyx obéit fans peine aux efforts que fait le fœtus pour s'ouvrir un pafTage , & à ceux que fait la mère pour accoucher. Le coccyx peut fè luxer en dehors ou ea Tt 33« € O C dedans , car il eft très-rare que fes vertèbres fe déjoignent entièrement. Pour réduire le €occyx luxé en dehors , il ne faut que le pouiîbr en dedans , le tenir dans cette fitua- tion avec des comprcffes graduées & un bandage en T. Pour réduire le coccyx luxé en-dedans , on trempe le doigt indice dans l'huile , & on l'introduit dans l'anus aufli avant qu'il eft nécelTaire pour paiTer au delà du bout du coccyx , & le relever. Il faut, pour éviter la douleur , obièrver en introduisant le doigt , de l'appuyer toujours fur le côté de la marge de l'anus oppofé à la pointe du coccyx. On préviendra les fuites fâcheufes de cet accident par des faignées , des narcotiques , la diète , les boilTons rafraîchiffantes , les la- vemens , les bains , les cataplafmes anodins , ëmolliens & réfblutifs , un bandage lâche &. iîmplement contentif, & le lit. M. Petit dans fon trai/é des maladies des os y tome I , ckap. ii; , remarque que le dé- rangement du coccyx n'eft point , à propre- ment parler , une luxation , parce que la jonftion de cet os n'eft pas une articulation formée par des têtes & des cavités , mais une union par cartilage que les anciens ont nommée fynchondrofe \ ce qui femble de- voir faire appeller la luxation du coccyx en dehors , renverfement , & fa luxation en de- dans, enfoncement. Si le coccyx étoit entiè- rement féparé de l'os iàcrum , on pourroit dire qw'il eft rompu. Les caufes de la luxation du coccyx en dedans ( pour parler néanmoins le langage ordinaire ), fbi-it les coups & les chûtes fur cette partie , qui forment quelquefois par la (EOHtufion des accidens funeftes , fiir-tout lorfque les femmes négligent par pudeur de montrer le mat aux maîtres de l'art. M. Pe- tit en cite deux ou trois exemples qui doi- vent apprendre à furmonter dans ces occa- fîons des répugnances qui peuvent coûter la vie. ,ab. La pudeur bien entenfl^, n'eft qu'un ièn- timent honnête qui doit feulement nous dé- tourner du vice. {M. lech.DE Jaucourt. ) * COCHE , f. m. voiture publique qui transporte les particuliers & leurs effets de l'd capitale en différens endroits du royaume , & de ces endroits dans la capitale. Il y a dfeux fortes de coches , les cechts d'eau 2« ïe$ c o c coches de terre. Les coches d'eau font de grands bateaux diftribués en différentes chambres où fe retirent les voyageurs , & en un grand magafin où font dcpofées les mar- chandifes. Les coches de terre font de grands carroff^es à un grand nombre de places j les voyageurs occupent ces places ^ les mar- ciiandifes font chargées fur le derrière j le devant eft occupé par un grand tiffii d'ofier qu'on appelle le panier , où l'on met auffî des marchandifes , & où font reçues à un prix médiocre les perfonnes qui ne trouvent plus de place dans le coche , ou qui ne font pas en état d'en prendre. La première mÇ- titution de ces coches remonte fous Charles IX. Ils étoient Joués par des particuliers ; mais bientôt il y eut un privilège excluiif & wn infpeâeur des coches. En 1 594 , Henri IV fupprima cette infpeéiion, & créa un furintendant de ces voitures j ce qui fait pré- fumer qu'elles étoient déjà établies en grand nombre. Ce fut alors que commença la po- lice de ces voitures, qui a été portée juf- qu'où nous la voyons , fur la qualité des mar- chandifes , l'exaâiitude du départ , le prix & l'ordre des places , la tenue des rcgiftres, la fureté des eiïeu mis aux coches , les de- voirs des cockers , ^c. Voye[ VoiTURE^ PUBLIQUES. Coche , terme de Marine. Porter les hu- niers en coche , c'eft les hiifer au plus haut du mât. {Z) Coche, {.î.inftrumenide chapelier., mor- ceau de buis ou d'autre bois dur , long de fèpt ou huit pouces , tourné en forme de pe- tite bobine , avec lequel on met en adtion la corde de l'arçon , dans la préparation àe% matières dont on fabrique les chapeaux. Les eardeurs fe fervent aufiî de la cocht pour arçonner leur laine ou coton après l'a^ voir cardé. Voye\ Chapeau. Coche qu Entaille qu'on fait dans le bois. COCHÉES, adjî f. pilules cochées^ ( Pharm. ) On trouve dans prefque tous les difpenfaires deux fortes de pilules, les unes appeilées cochées majeures , les autres co' chées mineures. Les premières ou les majeures font de Rhafis, &fè font de la manière fuivante. Pilules cochées majeures de Rhajis. Tf!; de la poudre d'hierepicre de Rhafîs dix gros 3 CGC jHiIpe de coloquinte pulvérifée , trois gros un îcmpule j fcammonée pulvérifée , deux g^ros & demi ^ ftoechas, turbith choifî , de cha- que cinq gros. On pulvérifera enfemble Je .ftœchas & le turbith, & on fera du tout une îuaflè de pilules félon les règles de l'art , avec uiie fuffi faute quantité de firop de ftœchas. La dofè de ces pilules eft jufqu'à deux fcru- pules & même un gros. . Pilules cochées mineures. 1^ alocs flicco- trin , fcammonée choifie , pulpe de colo- quinte , de chaque , partie égale;, huile elîèn- X\t)\e. de girolle ^ f. q. ad aromatifand. faites du tout une malfe de pilules avec f. q. de iirop de nerprun. La dofe de ces pilules efl depuis fix grains jufqu'à un fcrupule. Les pilules coc/^É-V^ , tant majeures que mi- neures , font des hydragogucs très violens fort peu employés par nos médecins , mais dont les Anglois & les Allemands font un ufage affez fréquent. ( b ) COCHEIM, {Géog.mod,') petite ville d'Allemagne dans l'éleétorat de Trêves , fiir la Mofelle. Long. 24, 45 ^ lat. 50 , 12. COCHEMAR , (MM. ) efl un fentiment de pefanteur fur la poitrine , qu'on éprouve €n dormant, & qui fatigue autant que pour- roit le faire un grand fardeau , & allarme encore plus par l'idée des fantômes & au- tres chimères qui l'accompagnent ordinaire- ment -^ mais cette opprefîion & ces frayeurs fe difTipent par le réveil , fi ce n'eft qu'elles laifîent quelquefois la palpitation du coeur & beaucoup de lafTitude. Il tire fon nom du grec ?t/, & de ^tA^c.Mot/, fupra infïlio , je faute deifus ; parce que ce- lui qui en eft attaqué , s'imagine qu'il a un animal fur la poitrine. Themifon lui a donné le nom de pinga- lion , à caufe de la fuiîbcation qui l'accom- pagne •, il l'a aufTi appelle pnigamon , c'eft ïtpibole d'Aurelianus^ c'eft comme fî l'on difoit jeté deffus. En effet , on trouve des per- fbnnes qui rêvent qu'un poids qu'ils ont fur eux les fufïbque. Diofcoride l'appelle -Truyixov^ vro it)etK7ov ^ Pline , ludibria fanni : caries Romains accordoient aux faïuies , ce que ceux de nos pays donnent aux efprits mal- faifans qui errent pendant la nuit , comme les anciens ont fait aux démons , aux incu- bes & aux fuccubes. On appelle encore cette maladie incube &yi/cc:/^f.;4Lyoneile porte COC 33r le tiom de chauchevieille ; d'autres , comme Galien , lui confervent la dénomination d'é~ pilepfte nocturne , d^aflhme Q.oclurne , &:c. C'eft un genre de maladie périodique pen- dant la nuit , ou qui attaque en dormant^ fès fymptomes principaux font une forte anhélation , accompagnée de l'infbmnie d'un certain corps qui comprime la poitrine. Cette maladie attaque fur-tout ceux qui dorment à la renverfe j elle fe manifefte par une refpiration plaintive^, tremblante, dou- teufè \ le malade eft aufïïtôt éveillé , le fom-^ meil & la maladie s'évanouifFent alors. L'ame , dit Hippocrate , veille & fait tou- tes \^s fonèlions du corps , pendant que l'homme dort : le cochemar en fournit la^ preuve. Car , de même que l'ame avertie quand on dort, de l'acrimonie de la fèmence qui eft dans les vélîcules , examinant cette fènfation , elle l'unit à celles qui ont de l'af- finité avec elle , ou qui font accoutumées à l'accompagner , & en conféquence defîrant d'afTouvir fà cupidité , elle met en éredèion ' la verge & termine l'aâie vénérien j ainfî dès qu'il y a quelque obftacle dans les organes de la refpiration qui lui fait réfiftance , l'ima- gination erre aifément , H. elle voit à cette fènfation l'idée , fbit d'un démon qui faute , d'un chat ou d'un chien qui preffe la poi- trine, ou d'une vieille maifaifante qui étran- gle , d'où il arrive qhe celui qui rêve étant ' tourmenté par la crainte , s'agite , fue , 8c fè plaint autant qu'un fommeil profond Je lui permet. Quand le fommeil eft interrompu, celui qui eft attaque de cochemar recomioît fbn erreur & ne tarde pas à fè rétablir. Dans ce cas , lobftacle qui s^oppofè aw mouvement de la poitrine , détermine le fommeil ^ mais il eft certain qu'un fbmmeil anticipé détermine quelquefois la fliffoca- tion ^ & je me fbuviens d'avoir rêvé plufieurs fois étant jeune , qu'un chat montoit dans mon lit , & que je ne me fèntois fufFoqué que lorfque je m'im.aginois que le chat liioa- toit de mes pics vers ma poitrine. C'était le longe qui déterminoit la fuffocation , & non • la fiiftbcation qui déterminait le fbnge , • comme on le croit vulgairement. Après cette obfcrvation , il fuit que l'imagination , fans : aucun vice corporel dans Ja poitrine , fufïït pour occafioner une dyfpnée rl-ès-confidé- > rable avec fièvre , fiieur;, angoifTes beaucoup Tta 351 COC plus grandes que fî la caufe que nous imagi- nons , exiftoit réellement en nous. Ce qui ciï digne de remarque , c'eft que nous avons coutume de reprocher aux per- fonnes qui nous tiennent long-temps en fiif- pens 5 & en même temps fort attentifs par les circonlocutions d'un difcours qui nous annonce quelque cas grave ^ nous avons , dis-je , coutume de leur reprocher qu'ils nous donnent un cochemar ; parce que l'at- tention trop forte que prête notre ame , arrête tellement en nous pour quelque temps , la refpiration , que nous relpirons esfuite avec beaucoup de peine & de difficulté , quand nous relâchons notre poitrine & que l'atten- tion'diminue. Le cochemar pléthorique , c'eft celui qui fc fait fentir à ceux qui dorment à la ren- verlè : il peut être aufîi caufé par la chaleur du lit, par le poids des couvertures , fur-tout il le vent du midi fouffle , & par la plé- thore , quand on fait trop bonne chère , ou que l'on a foufFert la fuppreflion d'un écoule- ment fanguin : car il n'y a rien de plus ordi- naire que de voir dans ces circonftances , le fang fe porter au cerveau , & exciter des fbn- %QS qui , dans les uns , produiront la pano- phobie , dans ceux-ci une gonorrhée lafcive j dans ceux-là , le cochemar , fur-tout Ç\ le fang demeure ftagnant dans les poumons , à caufè de leur relâchement précédent. On prévient cette efpece de cochemar par la faiguée , en mangeant peu , en fe paiTant de foupcr , en fê couchant fur le côté , & en tenant fa tête plus élevée. Le cochemar ftomachique eft celui qui eft déterminé par le poids du ventricule gonfle par les alimens qui ne font pas encore digé- rés , & qui eft appuyé contre le diaphragme \ le cerveau étant engorgé par un chyle grof fier & abondant, qui épaiilit le fang. Ceux qui en font attaqués , ont la bouche mau- vaifè , des hoquets , des naufées , la tête p3fant€. Cette maladie attaque les gour- mands qui vont de la table au lit , & parti- culièrement s'ils fe c®uchent à la renverfe , & la tête placée horizontalement. Les enfans y font plus fujsts que les adultes ^ elle eft funefte particulièrement aux gourmands : quant à l'objet du fonge , il varie en raifon des mœurs dif malade. Car il les domeftiqucs ont fait dsvant un COC enfant ou devant une perfonne d'un e/prit foible , ces contes ineptes que les vieilles femmes rapportent des efprits malins , des losps-garous , & des faunes , cet enfant ou cette perfonne rêvent qu'ils font opprimés ë<: foulés aux pies par ces monftres , ou qu'ils aifouviflent leurs paiîîons. Ceux qui , quand ils veilloient , craignoient quelque chofe de femblable des chats , àt% finges , ou d'autres animaux méchan-s , doivent rêver que ces ; animaux les attaquent. Le traitement exige l'émétique , les ca- thartiqucs , une nourriture médiocre. Le malade doit s'abftenir de fouper , de boire du vin 5 de manger de la viande de lièvre , de boire des liqueurs fpiritueufes \ & lî les forces digeftives de l'eftomac s'affoibliliént , les ftomachiques amers , le quinquina , la rhubarbe , l'aioè's font propres à les ranimer. Cette efpece provenant de l'ivreffe & de la gourmandife , & fur-tout après avoir beau^ coup mangé le foir , eft la plus ordinaire de toutes j & félon le diffèrent caraâiere du malade, les infomnies &le{iege des fymp- tomes varient. L'homme lubrique rêve à l'afte vénérien. Timée rapporte qu'uu^bldat croyoit dans fon fommeil , que ion ennemi l'étrangloit. Un de me.s amis s'imaginoit être ferré & comprimé entre les murs d'un efca- lier trop étroit \ d'autres font des rêves d'une autre efpece , mais ces aftèêtions font pafla- geres , & ne demandent que le fecours de la prophilaéi:ique. Le cochemar eft fouvent l'effet d'un hydro- céphale. Après des terreurs noèbirnes & des attaques d'incube, mourut un jeune homme m.èlancolique , fujet aux vertiges , foible de la tête & de la vue. A l'ouverture de fon ca- davre , on trouva les veinés du cerveau de couleur noire \ le cerveau étoit inondé de pus \ le finus gauche de ce vifcere étoit gon- flé de pourriture & de mucus, le malade penchoit toujours la tête du côté gauche. Bonet rapporte encore deux autres obfèri'a- tions au iiijet des perfonnes attaquées de cochemar , dans le cerveau defquelles les fî- nus étoient diftendus par de l'eau. C'eft-là ce qui a fait naître l'opinion que le fiege du cochemar étoit dans le quatrième finus du cerveau , dans lequel la féroflté coulant lorf- que la tête étoit renverfée , occafîonoit cette i Hialadis > suais je peafe que ce principe dii c o c cochemar eft très-rare j il n'y a rien de plus ordinaire que de trouver de la féroiité dans les iinus du cerveau. Un académicien d'Ox- fort avoit ime hydropifie de poitrine 8c une incube en même temps \ il n'eft pas difficile de reconnoître dans ce cas les lignes de cette elpece. Les hydragogues , les fêtons & les diurétiques conviennent ^ mais Lower qui foupçonne toujours un hydrocéphale , quand un malade a le cochemar , nous paroît beau- coup s'écarter du vrai. Le cochemar vermineux a fon fîege dans le ventricule même , parce qu'un enfant dans Teftomac duquel les vers rampent , peut fa- cilement rêver qu'il y a dans la région épi- gaftrique quelque chofe qui l'épouvante ^ or une forte terreiu: jette dans un vrai cochemar caufé par une idée pareille , & ceux qui font tout d'un coup frappés d'une pareille terreur, font fuffoqués. L'indication cura- tive n'eft pas difficile à développer. Le cochemar tertianaire eft marqué par la peur, & un certain fymptome furprenant , imitant en partie l'incube , & en partie l'é- pilepfie , revenant le troifieme foir , & con- tinuant depuis opuf heures jufqu'à onze. Une demoiselle de neuf ans étoit faifîe tous les trois jours , d'un paroxyfme fembla- ble à la fièvre j c'eft-à-dire , que tout fon ventre & fa poitrine ië relferroient avec difficulté de refpirer , fes yeux reftoient ou- verts , ils étoient continuellement fixés vers le même lieu ^ ce qu'elle failiffoit avec les mains , elle l'empoignoit fortement pour refpirer avec plus de facilité , elle ne répon- doit pas aux queftions qu'on lui faifoit , elle paroiifoit cependant ne pas perdre la tête ;, elle veilloit , elle étoit fort trifte , fon ventre s'élevoit , fa poitrine fe relferroit ^ fa relpi- ration étoit gênée , fes anhélations étoient fréquentes , elle ne pouvoit parler , tant elle étoit oppreffée. Le cochemar eft ordinaire aux hypocon- driaques & aux mélancoliques. Tel étoit , je crois , ce facrificateur qui ne reconnoif- fànt pas fon erreur , fe perfuadoit fortement qu'une vieille qu'il connoiifoit, venoit le voir pendant la. nuit , & qu'il étoit ferré en- tre fes bras , jufqu'à être fiifFoqué. On peut voir dans Foreftus , livre X , cette hiftoire affez curieulb , & une autre qui y a du rap- port." Dans cette efpece , i'émétique ne con- CGC 33J vient point du tout , particulièrement s'il y a hyftérie , & fi les inteftins ibnt fecs & fla{- ques. Les vents peuvent preftér le dia- phragme & caufer le délire dans un cerveau qui y eft déjà porté chez les hommes timi- des , & qui ne font pas trop à eux ^ ce délire commence la nuit , & continue pendant le jour. On traite cette efpece par les anti-épi- leptiques , particulièrement avec la femence de pivoine , d'anis , & par le cinnabre. Le cochemar ne préfente pas toujours de triftes fantômes à l'e/prit. J. R. Fortis traita une demoifelle qui avoit des rêves fort agréa- l?les j mais elle s'éveilloit avec un fentiment de pefanteur dans la poitrine j fa voix & fa refpiration étoient interceptées , elle relîén • toit une grande anxiété , fa face étoit bai- gnée de larmes, fa tête appefantie. Craanen rapporte un cas femblable arrivé à un homme. Heurnius & Foreftus rapportent la même chofe d'eux-mêmes. Un certain Silimacus raconte qu'autrefois à Rome, plufieurs perfonnes périrent de cette paiîion , comme d'une maladie con- tagieufè ^ Caelius Aurelianus dit la même chofe du cochemar y qu'il place parmi les paillons tardives : mais cette efpece n'eft pas affez certaine. , Cette maladie , lorfqu'elle n'eft ni fré- quente ni violente , n'ell pas dangereufè j mais dans le cas contraire , elle peut annon- cer , fur-tout aux jeunes gens , l'épilepfie : on a même vu quelquefois que la folie en avoit été précédée ;, pour Iqs vieillards , on doit la regarder comme un des avant-cou- reurs de l'apoplexie : ou peut cependant en être fuffoqué fur le champ ;, & nous en avons des exemples pour tous les âges : on a vu encore à Rome le cochemar épidémique, & tout auffi meurtrier que la pefte. L'in/j^ec- tion auatomique ne nous apprend prefque rien lîir la nature de cette maladie : fi l'on a trouvé dans quelques-ims de l'eau , dans les ventricules du cerveau , ou des fuppurations dans différentes parties de ce vifcere , ce font des accidens étrangers , qui ne paroil- fent avoir aucun rapport avec l'incube. Oa a cependant vu dans quelques-uns le cœur d'une groifeur énorme ^ & ce vice paroît avoir beaucoup de rapport avec la maladie Idont nous parlons. En général, la fobriété eft le point le ^354 C O C plus eiîêntieldu traitement, & c'eft commu- nément tout ce qu'on a à faire : quelques-uns s'en délivrent en évitant de fè coucher fiir le dos j j'en ai cependant vu auxquels cette fituation étoitlaplus favorable. La feignéey efi: fouveiit utile , fur-tout s'il y a des fignes de pléthore. On ne fauroit fe paffer des pur- gatifs, Se même quelquefois des émétiqiies: on en vient enfuite aux délayans , aux tem- pérans & aux apéritifs , aux ftomachiques, tant amers qu'abforbans &: fortifians , aux céphaliques & aux anti-fpafmodiques. Les remèdes particuliers dont on a fait le plus d'ufage , après les délayans & les légers apé- ritifs les pUis connus , font parmi les ftoma- chiques , la fumeterre , le quinquina , la gentiane , l'aloës , le corail & les autres ab- forbans. Les céphaliques les plus recom- mandés font le ftœchiîs , le romarin , la méliffe , la fàuge & la bétoine , les fèmences & la racine de pivoine , le fuccin : il faut ajouter les martiaux ^ le tartre vitriolé , les eaux minérales , tant froides que chaudes, &c. Cependant les cas où il eft permis d'ufèr de toutes ces chofes , font allez rares ^ mais on n'eft jamais dilpenfé de garder un régime convenable , & c'eft peut-être ce qu'on a de mieux à faire. (T) COCHENE , f. m. (H//?, nat. Bot. ) en latin , for bus aucuparia , ou forbier des oifèleurs , forbier fauvage \ . c'eft le forbus proprement dit de Brurtsfels , Vaucupalis de Camerarius , le/raxinea de Hugues , Vornus de Ruelle , & le for eus i aucuparia foliis pinnatis utrinque glabris de M. Linné dans {onSyJi. nat. édit. il , impr. en 1767,/». 347. Il diffère du cormier , ou forbus légitima de Clufius , en ce que 1°. il eft plus petit , «'élevant à peine à vingt-piés de hauteur. 2.°. Ses jeunes branches , & les pédicules de £cs feuilles font rouges & liftes. 3^. Ses feuilles font moins velues , ou même liffès, 4°. Les corymbes de fes fleurs font plus grands , chargés d'un plus grand nombre de fleurs. 5^. Ses fleurs n'ont que trois à quatre flyles, & plus communément trois. 6". Ses fruits font des baies jaunes , rougeâtres ou oran- gées , à trois ou quatre loges cartilagineufès, comme celle de la pomme , contenant cha- cune deux pépins. Culture. Il croît naturellement dans ks climats froids de l'Europe. coc Ufages. Comme iès fruits font partioslié- rement recherchés par les oifeaux , les oife- leurs en font un grand ufage , pour les piper. Remarque. Le cochêne & le forbier ou cor- mier font un genre particulier de plante qui tient le milieu entre le pommier malus , 6c l'alifier crategus , où nous l'avons placé. V, nos FawJlles des plantes , volume II , page iç)6. ( M. Adanson. ) COCHENILLAGE , f. m. {Teinture.) ce terme a deux acceptions : il fe dit i**. de l'aélion de teindre en cochenille j 1°. du bouillon ou de la décoction deftinée à tein- dre en cramoifi avec la cochenille ^ d'où l'on a fait le verbe cocheniller. V. TEINTURE (S* Cochenille. COCHENILLE, f. î.{mfl. nat.)m?i^ tiere qui fert à la teinture de l'écarlate & du pourpre. On nous l'apporte d'Amérique en petits grains de figure iinguliere , la plupart convexes & cannelés d'un côté , & conca- ves de l'autre. La couleur de la cochenille la plus recherchée eft le gris teint de couleur d'ardoife , mêlé de rougeâtre & de blanc. On garde la cochenille autant que l'on veut, iàns qu'elle s'altère. On a ^té long-temps fans favoir précifément ft cette matière ap- partenoit au règne végétal ou au règne ani- mal : on croyoit d'abord que c'étoit une graine de l'efpece de celle qu'on appelle àzs baies ; mais à préfent il n'eft pas douteux que la cochenille ne foit un infère defteché. On en a des preuves inconteftables par les obièrvations qui ont été faites au Mexique , qui eft le foui pays où on recueille la coche- nille ; mais indépendamment des faits que l'on a conftatés à ce iujet , on pourroit re- connoître la cochenille pour un infeâe à la fîmple infpeftion , dans l'état où nous la voyons dans ce pays-ci , fiir-tout en l'obfer- vant à la loupe ou au microfcope , après l'a- voir fait ramollir dans de l'eau ou dans du vinaigre , pour développer & renfler les par- ties racornies & deflechées. Par le moyen de cette préparation , on diftingue dans les grains de cochenille les plus informes , les différens anneaux dont le corps de l'infèâie étoit compofé , & on voit dans plufteurs de ces grains des jambes entières , &c quelques reftes qui tiennent au corps , ou au moins on apperçoit les endroits où les jambes de cet infe<^e étoieat attachées , êc il paroît c o c clairement qu'il en avoit fix ; on rcconnoît au/n la tête & l'anus , & on voit quelque ap- parence dyeux ou d'antennes , d'une trom- pe , &c. enfin on en voit afîez pour recon- Roître que la cochenille n'eft ni un fcarabé , ni une araignée , comme on l'avoit cru ^ on reconnoît au contraire que cet infeâ^e a beaucoup de rapport aux gallinfeâ:es , ou plutôt aux progallinfeftes , fur-tout par ce que l'on fait de fa manière de vivre. On recueille la cochenille fiir des plantes auxquelles on donne les noms de figuier d'inde. à& raquette^ ^zcardaffe^ ^ de nopal. Elles font afTcz connues dans les ferres & même dans les orangeries , où on les garde pour leur figure iinguliere ^ car elles n'ont que des feuilles au lieu de tiges & de bran- ches , ou plutôt leurs tiges & leurs branches font compofées d'une file de feuilles épaiffes , oblongues & arrondies , qui tiennent les unes aux autres par leurs extrémités. Il y a dans les ferres du jardin du roi plufieurs efpeces de ce genre de plante , & même celle qui nourrit au Brefîirinfèdtedelacoci^e/z/V/e. Ces plantes portent un fruit qui relTemble en quelque façon à nos figues ^ c'eft d'où vient le nom àe figuier d'inde. Ces figues n'ont pas un aufîî bon goût que les nôtres \ elles tei- gnent en rouge l'urine de ceux qui en ont mangé , & communiquent , félon toutes les apparences , à l'infèfte de la cochenille ^ la propriété qu'il a pour la teinture. Les Indiens du Mexique cultivent aux alentours de leurs habitations des nopals , pour y recueillir de la cochenille ; & pour s'alfurer de cette récolte , ils les fement pour ainfî dire fîir les plantes. Ils font de petits nids avec de la moulFe , des brins d'herbe j ou de la bourre de noix de cocos j ils met- tent 12 ou i/^ cochenilles dans chaque nid , & placent deux ou trois de ces nids fur cha- que feuille de nopal , & les affermiflent au moyen des épines decette plante. Après trois ©u quatre jours , on voit fortir du corps de ces infeftes des milliers de petits qui ne font pas plus gros que des mites. Ces nouveau- aés quittent bientôt le nid y & fè difperf ènt fur les plantes ^ mais ils ne font pas long- temps fans s'arrêter & fè fixer dans les en- droits qui font les plus fùcculens & les plus verds , ou les plus abrités contre le vent ^ ils lefteat chacun à leiir place j jpiq[u'à ce qu'ils. c o c 35J aient pris tout leur accroiffement. Ces infec- tes ne rongent pas la plante , ils la piquent & en tirent le fuc. Dans les lieux où l'on doit craindre que le froid ou les pluies ne fafîent périr les cochenilles , on couvre avec des nattes les plantes fiir lefquelles elles font. Ces infe£tes font de figure ovale ;, ils ne de- viennent pas plus gros que de petits pois ^ & on les a comparés pour la figure aux ti- ques ou aux punaifes domefliques. Les In- diens font obligés de défendre les cochenilles contre diiférens infei^es qui les détruiroient, fi on n'avoit foin de nettoyer exactement les nopals. On fait chaque année plufieurs récoltes de cochenilli.Duns la première , on enlevé les nids & les cochenilles que l'on avoit mis dedans & qui y ont péri dès que les petits ont été fortis de leur corps. Trois ou quatre mois après , on recueille îe produit de cette génération , l'on fait tomber les cochenilles par le moyen d'un pinceau ; alors chaque individu a pris fbn accroiffement. Il y en » même qui commencent à produire une fé- conde génération ^ on laiiTe ces petits , & peut-être même des gros , pour fournir à la troifieme récolte qui fe fait trois ou quatre mois après la féconde. Les pluies viennent trop tôt pour que l'on ait le temps d'en faire une quatrième ^ c'eft pourquoi les Indiens enlèvent des feuilles de nopal avec les petits infedies qui y reftent , & les ferrent dans les habitations , pour mettre ces infèôes à l'abri du froid & de la pluie , & les feuilles fè con- fèrvent pendant long-temps , comme tontes^ celles des plantes que l'on appelle plames grades, hcs cochenilles croiilentainfi pendant la mauvaifè faifbn ^ & lorfqu'elle eft pa|fée , on les met à l'air dans des nids fur des plantes du dehors , comme nous avons déjà dit, La. cochenille de la troifieme récolte n'eft pas- aufTi bien conditionnée que celle des autres ,. parce qu'on racle les feuilles de nopal pour' enlever les petits inièéies nouveau- nés , qu'ils ne fèroit guère poftible de recueillir avec le. pinceau y à caufe de leur petit volume ;, on. mêle- par conféquent les raclures des plan- tes avec la cochenille ,. qui eft d'ailleurs do: différente groffeur , parce que les mères fè trouvent avec les nouveau - nés : c'eft pour- quoi les Efpagnols. donnent à cette cocAù- nilU le nom die granilùu. 33^ C O C Les Indiens font périr les cochenilles dès qu'ils les ont recueillies , parce que ces in- fectes qui peuvent vivre pendant quelques jours , quoique féparés des plantes , fe- roient leurs petits , & que les petits fe dif- perferoient , s'échapperoient du tas , & fe- roient perdus pour le propriétaire. On \qs plonge dans l'eau c!îaude pour les faire mou- rir -.j enfuiîo on les feche au ioleil ^ d'autres les mettent dans des fours , ou iîjr àas pla- ques qui ont fcrvi à faire cuire des gâteaux de maïs. Ces différentes façons de faire mou- rir ces infedes influent {ur leur couleur : ceux que l'on a mis dans l'eau chaude , ont perdu une partie d'une efpece de poudre blanche qi:e l'on voit fur leur corps lor^iu ils font vi- vans , ils prennent une teinte de brun roux : on appelle cette cochenille renegrida. Celle qui a été au four eft d'un gris cendré ou jafpé , elle a du blanc fur un fond rougeâ- tre j on l'appelle jafpeada. Enfin celle que l'on a mife fur les plaques , eft le plus ibu- * vent trop échauffée , & devient noirâtre ^ aufîi lui donnc-t-on le nom de negra. Il y a deux fortes de cochenille ; l'une eft pour ainfi dire cultivée , & l'autre fauvage. La première eft appellée mejleque , parce qu'on en trouve à Meteque dans la province de Honduras ^ c'eft celle que l'on lème pour ainh dire , & que l'on recueille dans les plan- tations de nopal : cette cochenille o.^ la meil- leure. L'autre forte , que l'on appelle 7y/v^/^ tre , croît , à ce que l'on dit , ftir une elpece de figuier d'inde que l'on ne cultive point , & qui a plus de piquans fiir fes feuilles que le nopal : elle fournit moins de teinture que l'autre. Les provinces du Mexique où on re- aieille le plus de cochenille^ font celles de Tla- fèalla 5 de Guaxaca , de Guatimala , de Hon- duras , fi'c. Il faut qu'il y ait bien des gens occupés à ce travail : car on a calculé en 1736, qu'il entroit en Europe chaque année huit cents quatre-vingt mille livres pelant de cochenille^ dont il y avoit près du tiers de co- chenille jylvejire , & le refte de mejleque ; ce qui valoit en tout plus de 1 5 millions en ar- gent par aimée commune. Cet objet de commerce eft fort important , & mériteroit bien que l'on fit des tentatives pour l'établir dans les îles d'Amérique , ou en d'autres cli- mats dont la température feroit convenable à la cochenille 6c à la plante dont elle fe nour- ! C O C I rit. Mém. pour fervir à thift. des inf. tom, ^^iP^g^ ^7 ^fuiv. Voyei CaLLIN SECTES & Insectes. (1) Cochenille, infede. (Mat.méd.) La cochenille paife pour fudorifiquc , alexiphar- maque & fébrifuge 5 on l'ordonne dans la pefte & dans les fièvres éruptives. Lémery allure qu'elle eft bonne contre la pierre , la gravelie & la diarrhée , & qu'elle empêche l'avortement , étant prife en pou- dre depuis 12 grains jufqu'à demi-gros. Ce qu'il y a de certain , c'ell que les femmes italiennes en font beaucoup uiàge dans ce cas. La cochenille entre dans la confeâioa alkerme , dans l'efjjrit de lavande compofë , la teinture ftomachique amere ^ mais plutôt pour colorer ces médicamens , que pour contribuer à leur efficacité. ( b ) On fera charmé de lire la defcription de la cochenille, tant mâle que femelle ^ que M, Ellis a envoyée h lafaciété royale de Londres, * Malgré les curieufes recherches des natu- raliftesfur la nature & l'économie de l'infèéle de la cochenille , dit M. Ellis , l'hiftoire de cet animal eftimable m'ayant paru fort im- parfaite , fijr-tout pour ce qui regarde le mâle dont la defcription nous manquoit , j'ai cherché tous les moyens de perfedliionner cette partie de l'inlècStologie. Je iàvois que cet iufeâie fe trouvoit en abondance fur le figuier des Indes ( appelle caclus opuntia par Linnaeus ) , dans la Caro- line méridionale & dans la Géorgie , de même que liir le caâus coccillonifer du même auteur qui croît au Mexique , d'où il a été apporté à la Jamaïque. J'écrivis au doâeur Alexandre Garden , de Charles-Town dans la Caroline , de m'envoyer quelques branches du figuier des Indes chargées de ces infe£l:es , ce qu'il fit en 1757. Ce qu'il m'envoya étoit plein de nids de ces petits animaux , & j'eus le plaifir de les obferver dans leurs différens états, depuis l'inftant où ils éclofent & fe promènent fur les branches de cet arbre , julqu'à celui où ils fe fixent & s'enveloppent dans un cocon qu'ils filent autour d'eux , comme le vcr-à-lbie. Je le fis voir à la fociété royale , & enfeite à la fociété pour l'encouragement des arts , des manufactures & du commerce , dans la vue d'en introduire ôt cultiver l'efpece dans nos c o c nos colonies ; projet que cette dernière com- pagnie tâcha d'avancer par des récompenfes propofées ^ mais le manque de bras en a empêché jufqu'ici l'exécution. La femelle de la cochenille a été très-bien décrite par M. de Réaumur , par le dodeur Brown, & en dernier lieu par M. Linnaeus , dans fon Syftême du règne animal , fous le noin de coccus caâi coccinelliferi. M. Rolan- der lui en avoit envoyé de vivantes de Suri- nam , dans l'année 1756 , mais ni Réaumur, iii Brown , ni Linnaeus n'ont vu le mâle. M. Linnaeus place cet infede parmi les hémiptères , c'ell-à-dire , ceux qui n'ont que des moitiés d'ailes , & il ne comprend pas feulement dans cet ordre tous les infedtes dont les fourreaux ne recouvrent que la moi- tié des ailes , mais auffi ceux dont un ièul fexe eft ailé , & c'eft ce qui diftingue parti- culièrement le genre des coccus ou cochenil- les : rojîrum pectorale , abdomen pone feto- fum , aLv duœ , tantum mafculis ; ou comme il s'exprime dans la dixième & dernière édition de ion Syftême naturel , alœ duœ ereclœ mafculis , fœminœ apterœ. J'examinai avec foin ce que m'avoit en- voyé le dodleur Garden , & dans la grande quantité d'infeéies que j'avois , je trouvai trois à quatre petites mouches mortes qui avoient chacune deux ailes blanches. Je les liumeâ:ai d'clprit-de-vin afFoibli , puis je les examinai au microfcope : leur corps étoit d'un rouge clair , ce qui acheva de me per- fltader que j'avois trouvé le vrai mâle de la cochenille. Pour confirmer cette découverte, je la communiquai au dod^eur Garden , en lui envoyant un deffin de l'infefte tel que je l'avois vu , & le priant de vouloir bien me faire part de ce qu'il favoit de l'écono- mie de ces animalcules, & de m'envoyer quelques mâles recueillis par lui-même. Il €ut la bonté de m'en envoyer de la dernière ponte , avec les obfervations fuivantes. « Au mois d'août 1759 5 je pris un mâle & l'examinai dans votre mi:;rofcope à eau. Les mâles font difficiles à trouver , parce qu'il n'y a peut-être qu'un au plus contre deux cents femelles ou davantage. Le mâle eft aftif & bien fait , mince & grêle , en comparaifon de la femelle qui eft beaucoup plus groffe , mal proportionnée , lente , eii- j|ourdie & très-pareffeufe. En général , elles Tome VUh C O C 337 deviennent fi grofles & fi épaifles, que leurs yeux & leurs bouches paroiiFent enfoncés & comme cachés dans les replis ou les rides de leur peau. Leurs antennes même & leurs jambes font prefque à moitié recouvertes- par cette enflure qui les empêche d'en re- m.uer facilement les diverfes articulations , & leur permet encore moins de fe mouvoir elles-mêmes. La tête du mâle eft très-diftinfle du cou qui eft beaucoup plus étroit que la tête , & beaucoup plus encore que le refte du corps. Le thorax eft de forme elliptique tin peu plus que le cou & la tête enfemble , & ap- plati par en-bas. Du front fortent deux an- tennes beaucoup plus grandes que celles des femelles , l'infefte peut les mouvoir de côté Se d'autre avec une extrême agilité. Ces antennes font articulées , & de chaque articulation fbrtent quatre foies difpofées par paires de chaque côté. Il a trois pattes de chaque côté , & cha- cune eft formée de trois pièces : il les meut avec une extrême vîtefTe. De l'extrémité poftérieure de fbn corps s'allongent deux grandes foies ou poils quatre ou cinq fois auflî longs que l'infèâie entier. Il porte deux ailes plantées fur la partie fupérieure du thorax qui s'abaiflent horizontalement comme celles des mouches ordinaires , lorsqu'il marche ou fè repofè. Ces ailes font de forme oblongue,&: diminuent fubitement de largeur au point de leur infèrtion au corps de l'animal , de forte qu'elles font là comme étranglées. Elles font plus longues que le corps de l'animal , & en outre , fortifiées de deux longs nerfs , dont l'un décourt tout autour de l'aile dont il forme le bord exté- rieur, l'autre un peu moins gros eft intérieur & parallèle au premier : il femble interrompu vers la fommité des ailes. Le corps du mâle eft d'un rouge plus clair que le corps de la femelle & beaucoup moins épais. » Cette defcriptiôn du doâ:eur Garden eft tout-à-fait conforme à ce- que le microfcope m'a fait voir de cet infefte, tant pour le maie que pour la femelle. Je dois ajouter feule-' • ment que la femelle a fous la poitrine verf le milieu une efpece de trompe allongée , fourchue , que Linnaeus appelle fon bec , 8c qu'il regarde comme fa bouche. Cette trompe lie fert pas feulement à l'animal pour fc Vv 338 CGC nourrir , c'efi: encore avec les deux fîlamens qui la terminent en forme de fourche , qu'elle file le cocon blanc & délicat , où elle refte dans fon état d'eiigourdiflement, & pendant k temps de fa portée jufqua ce qu'elle ixicite bas fès petits. Dans ion état d'engourdilTement , elle eft tellement enflée que fes pies & les antennes , ainli que fa trompe qui ne croifiè plus , quoique fon corps grcfîifre , font fi dispro- portionnés , fi petits , fi enfoncés , qu'il faut nvoir de bons yeux pour les reconnoître à la fimple vue , fans le fecoui;s du microfcope -, autrement elle a autant l'air d'une graine que d'un animai. C'eft ce qui a fait fi long-temps douter fi la cochenille étoit un animal ou une produâ:ion végétale. Mais fi les curieux, au lieu de s ar- rêter à difputer , avoient pris la peine de cueillir eux - mêmes quelques prétendues graines de cockenilk , de les laiflèr pendant vingt- quatre j ours dans de l'eau chaude ^ & les obferver enfuite avec attention , ils au- Toient reconnu que l'enflure confidérable- ment diminuée laiffoit voir les pattes, les antennes & la trompe de l'animal. La trompe eft fùr-tout remarquable pour \ç.% deux poils ou filamens déliés qui la termi- nent, & dont l'animal fe fèrt pour liiTer fon cocon à-peu-près comme le ver-à-ibie, qui file toujours le fien avec deux fils qui s'unifient enfemble au fortir de fon corps ,. avec une colle naturelle à l'animal. Si la femelle dans fon état de grofl!eur , un peu humeftée d'eau j eft ouverte fur un morceau de verre, avec une lancette très- fine , on voit fortir de fon corps un grand nombre d'œufs , avec une fourmilliei-e de petits vivans qui en- Portent incontinent, ce qui femble indiquer que les œufs de là coche- nille éclofenten fortant du corps, ds l'animal. Dès que la femelle efi: délivrée de fa nom- fcreufe ponte , elle meurt & n'eft plus qu'une coffe ou pellicule defiechée : aufii on a grand £bin au Meïdque dexueillir la co£heaille2iV2^A la ponte , pour ne pas perdre cette fiiperbe ccarlate fi efiimée dans le monde. Je joindrai ici les cara6leres de cet in- fefte, tant du mâle que delà femelle, en la- tin , félon la méthode iyllématique de Lin- iiaeus qui l'a placé entre \q% infeâes hémip- tères, comme je l'ai^dit ci^delliis.- CGC Mas AtATirs. Corpus mngnîtudine puîi^- cis , glabrum rubrum, Caput globofum. AnKnnce moliràformes^ thorace paulo lon- giores , decem aniculatce. Cdllumprotraâum. ||É|.> Thorax ovatus pojlic} truncatus. ^^ Abdomen thorace paulo longius , pojiicè augujiatum , fcgmemis dccem , ultimo ap- vendice fubulato brevi terminato, Setœ caudales duce , cap illares , corport quadrupla longiores. Alœ oblongœ , abdomine longiores , apict rctundatœ y baji augujîatae , thoracis ante mé- dium ïnjertae^- Pedes fex fubcpquales. Femina aptera. Corpus magnitudine. feminis vidiœ, ovaium, rubrum ^ rugo/um, Antenna? brèves articulatœ. Pedesfex in junior ibus inferti , fed in adul- tis intra rugas conditi , uti & anus reliqui. Thorax glaber^ fupra convexus^ rugojiis ,. fubtus planiufculus ^ abdomine duplo longior. Ro/lrum vel os punclum fubulatum è medio pecloris , fegmentœ abdominis in junior ibus margine pi lofa. Cochenille de Pologne, ff. {Jiijî.. nat, Infe3olog.)^pY^el\é ic/iinbiiip-àr Cermr fiir Dioicoride, //>. /^, chap. xxxix. C'eft la progalliufecie de la graine d'écarlate, dé- crite par Réaumur , Volume IV , mémoire 11, page m : le kermès des racines de Geoffroy ,. infecl, vol. /, page 504; & le coccus 17 Polonicus radicis fcleranthi perennis, de M. Linné, fyjl. nat. édit. 12 de 1766 , page 741. Breyn, en 173 1 , en a donné l'hiltoire danS' les Ephémérides des curieux de la na- ture , ainfi que le dodeur Bernhard de Bernitz : obfcrv. 104. Le mâle de cet animal , qu'on peut appel-^ 1er comme les Polonois , ischinbh\^ ou [chin- biti^ diffère beaucoup de fa femelle. 11 efl vingt fois plus petit , & a fur le dos deux ailes blanches , relevées verticalement, &: mar- quées chacune d'un petit trait rouge vermil- lon. La femelle aie corps fphéro'ide , . fans ailes, de deux lignes environ de diamètre:, tous deux ont le corps mou , comme ridé ou " marqué de onze anneaux , fix pattes , deux yeux , deux antennes cétacées ^ la tête. ter- minée par une trompe très-fine, couchée .entre ks pattes le long da ventre, & l'anus c o c 35ordé de nombre de filets blancs , femblables à une laine , qui fe multiplie au temps de la ponte , au point que ia femelle en eft toute couverte ^ ce qui n'arrive point au mâle. La iiemelle eft ovipare , quoique M. de Réau- mur l'ait cru vivipare. Mœurs. Le zchinbitz fe trouve fous terre aux racines de la plante, appellée knawcl par les Allemands f, & par nous , alchimilla gra- mineo folio majore flore , par Tournefort \ &' fcLeranthus 2 perennis , calycibus fruclus claujîs , par M. Linné. Syfl. nat. édit. 12 , page 306. 11 fe nourrit du fuc q« il pompe à&% raci- nes de cette plante avec fa trompe : on l'a obfervé aufli , mais en petit nombre fur d'au- tres plantes , fur le knawel annuel , & fur la potentille ^ & je le découvris il y a nom- bre d'années au pié du gnaphalium , pié de <:hat , en juillet au haut des collines lituées au nord-oueft de Montmorenci. Mais cet animal ne fe trouve pas dans tous les lieux où croiiTent ces plantes : il afFefle particu- lièrement le knawel vivace \ & les feuls pays où il foit abondant, Ibnt le palatinat de Kio- Tie , l'Ukraine , la Podolie , la Volhinie & la Lithuanie en Pologne , dans \ lS;iat. lo. COCHINCHINE , ( Géeg. mod. ) grand royaume d'Afie borné par le Tunquin , le royaume de Chiampa, le Kemi, & la mer: les habitans font idolâtres & fort belliqueux. Ce pays efl: très-fertile j on y trouve de l'or , des mines de diamant, & de l'ivoire. Lat. 11 , i8. COCHINES , f. m. pi. (HiJÎ. nat.) petits vailFeaux qui font attachés à l'extrémité des branches coupées des arbres d'où diftille le baume , & qui reçoivent cette liqueur. COCHLEA , en Méchanîque , terme latin qui fignifie Xune des cinq machines fimples : on la nomme en françois vis. Voye[ Vis. On l'appelle de la forte , à caufe de fa ref ièmblance avec la coquille du limaçon ou cochlea. (0) COCHLÉARIA, f. m. {Botan. ) plante anti-fcorbutique très-utile. Voici les carac- tères du cochléaria. Sa fleur eft cruciforme , à quatre pétales \ du calice fort le piftil qui devient un fruit prefque fphérique , partagé en deux cellules par une cloifon mitoyenne ^ ces cellules con- tiennent plufieurs petites femences arrondies. On connoît fixeipeces de cochléaria ^ mais nous ne parlerons que de la principale qui eft celle des boutiques , autrement dite cochléaria folio fubrotundo , C. B. P. Tour- nef. Boerh. Rupp. Bruxb. Çfc. Ses racines font blanchâtres , un peu épaif fes , droites . fibrées , & chevelues : elles C O C 54r pouffent à leur collet des feuilles nombreu- fes , d'un verd foncé , arrondies , à oreilles , longues d'un pouce , creufcs preiqu'en ma- nière de cuiller , d'où vient le nom de la plante. Elles font fucculentes , épaiifes , acres , piquantes , ameres , d'une odeur ni- doreufè , défagréable , &. portées fur des queues longues d'une palme. Ses tiges font branchues , couchées fur terre , longues» d'une coudée , liffes , chargées de feuilles dé- coupées , longues , & fans queue. Ses fleurs font à quatre pétales , blancs, cjifpofés en croix. Leur calice eft à quatre feuilles. Le piftil fe change en un fruit arrondi, long de deux lignes , compofé y de même que les filiques , de deux panneaux appliqués fiir une cloifon mitoyenne qui k fépare en deux loges demi-iphériques , qui renferm^ent de petites graines menues y arrondies , roufiTes , & piquantes au goût. Cette plante qui eft toute d'ufage , croît fans culture dans les Pyrénées , fiir les côtes de la Flandre , en Hollande , au nord de l'Angleterre , Ç^c. mais on la cultive dans les jardins pour fon utilité. Elle fleurit en avril , & a fes graines perfeâiionnées en juillet , qui eft le meilleur temps pour la femer j 8c c'eft ce qu'il faut renouveller chaque année. ( M. le chevalier DE Jaucovrt. ) Cochléaria, (Mat. méd. Pkarmac.) Le cochléaria eft une de ces plantes que nous appelions alkalines , depuis que \qs chymiftes modernes ont découvert que la partie vola- tile , vive , & piquante , qui diftingue cet ordre de plante , étoit un vrai alkali volatil. Comme il eft très-aifé d'avoir cette plante fraîche toute l'année , qu'elle eft très-luccu- lente, & que d'ailleurs on ne làuroit l'expo- {èr à l'aétion du feu fans difliper /es parties mobiles qui conftituent fa. principale vertu , le iuc de cette plante eft prefque la feule préparation extemporannée qui foiten ufage. On le donne ordinairement àladofede deux ou trois onces. Voyei Suc. On garde d'ail- leurs dans \qs boutiques l'extrait , l'efprit , l'eau diftillée , & la conlèrve de cochléaria» L'extrait & la conlèrve n'ont rien de par- ticulier ( voyei Extrait & Conserve ) ^ nous allons donner la manière de préparer ' l'efprit & l'eau. Efprit de cochléaria. Prenez du cochléaria lorfqu'il eft dans fyn temps balfàmique. 341 C O C c'eft-à dire, lorfqu'il eft prêt à dottîlôf fes fleurs , environ feize livres -^ hachez-le menu & le mettez clans un alembic de verre , ver- fant dellus une livre d'efprit-de-vin recftifîé ^ fermez exadement la cucurbite , & laifFez digérer per«:iant deux joiu-s , après lefquels diSiilez au bain- marie félon l'art. Eau de cochléaria. V du cochUaria lorf- •(qu'il eft prêt à donner fes fleurs f, hachez-le & le mettez dans une cucurbite d'étain , à laquelle vous adapterez fou chapiteau , qui fera auflî d'étain, & vous diftillerez au bain- marie jufqu'à ce qu'il ne paffe plus rien ^ par ce moyen vous aurez une eau chargée de l'efprit alkali volatil de la plante , qu'on peut auflî appeller Yefprit volatil de cochléaria. Toutes ces préparations font desanti fcor- 'butiques éprouvés \ il faut feulement obfervcr que le fuc de cochléaria & fa confervc ren- ferment toute la vertu de la plante , que l'ex- trait au contraire n'en contient que les par- ties fixes & l'efprit , & l'eau diftiliéedespar- >ties volatiles \ & qu'ainfi une bonne façon , par fon mufèau allongé , & terminé par un cartilage plat & rond où ibnt les narines : il a quatre dents incifîves dans la mâchoire ilipérieure , & huit dans finférieure , deux petites dents incilives en defTus , & deux grandes en delTous ; celles- ci font pointues & creufes ^ elles fervent de défsnfe à l'animal. Ilfe forme dans le cocAon, entre la peau & le pannicule charnu , une forte de grailïè que l'on appelle /ard : elle eft fort différente de celle des animaux rumi- nans , & même de celle du refte du corps de cet animal ^ on appelle celle-ci azonge. Les femelles ou truies ont jufqu'à fix mamelles & plus ^ elles portent jurqu'à vingt petits à la fois. Le cochon peut vivre 15320 ans. On donne le nom de toit ou de fou à l'en- droit 011 l'on enferme les cochons. Il faut avoir deux toits , l'un pour les mâles , & l'autre pour les fem.elles Scieurs petits ^ fans quoi les verrats pourront blelîèr les truies quand elles feront pleines , & même dévo- rer les petits. L'aire du toit doit être bien pavée , les murs bien folidement conftruits , à moilon & mortier , & revêtus en dedans de douves de futailles. Comme ils font beau- coup de petits, le profit de ce bétail eft con- fidérable. Le porc châtré s'appelle cochon : celui qui ne l'eft pas , verrat. Le verrat doit être choifi quarré & vigoureux ; il peut fuf- fire à dix truies ^ & il n'eft bon que depuis un an jufqu'à quatre ou cinq. La truie fera longue , & elle produira depuis un an |uf- qu'à lix ou fept : elle porte quatre mois , & cochonne dans le cinquième , ainfî elle peut cochonner deux fois par an. Elle recherche l'approche du mâle quoique pleine. 11. faut donner z\xs. cochons une '^etito 11- c o- c 345 tiere , & nettoyer foigneufement leurs éta- bles. Ces animaux aiment les bois , les glands , la farine , la châtaigne , &c les fruits fauvages qu'on y trouve en automne , les terres fan- geufes , les vers , les racines dont elles font remplies , &c. On les fait paître depuis le mois de mars jufqu'en odobre , deux fois par jour^ le ma- tin après la rofée jufqu'à dix heures ;, le foir depuis deux heures jufqu'au foleil couchant ^ en o£lobre une fois , en hiver une fois , pourvu qu'il n'y ait ni neige , ni pluie , ni vent , &c. Il ne faut pas laiflêr fouffrir la foif aux codions. On foue, c'eft-à-dire on lâche la fe- melle au mâle , en février , mars & avril \ on prend pour cela le temps de manière que les petits n'aient pas à Ibuffrir les rigueurs de l'hiver. On nourrit amplement la truie quand elle a cochonné \ on lui donne un m.êlange de fon , d'eau tiède , & d'herbes fraîches : on ne lui laiftcra que fept à huit petits ^ on vendra les autres à trois femaines. On gardera les mâles de préférence aux femelles ^ on ne laif' fera qu'une femelle fur quatre à cinq mâles : on fevrera ceux-ci à deux mois : on les lail- fera aller aux champs trois femaines après . qu'ils feront venus \ on les nourrira d'eau blanchie avec le fon foir & matin , juiqu'à ce qu'ils aient deux mois \ on les châtrera au printemps ou en automne , à fix ou à quatre mois. Quand les cochons {exoviX. forts , & qu'on fe propofera de les engraiifer, on leur donnera de l'orge pendant cinq ou fix femaines , avec de l'eau mêlée de fe»n \ on les mènera dans les forêts à la glandée y ou on leur donnera dans la maifon le gland qu'on aura ramalTé. Il faudra donc ramaifer le gland dans la fai- fon ^ on le confervera en le faifant fécher au fowr. On joindra à cette nourriture les buvées d'eau chaude , avec les navets , les carottes ,- les choux, & tous les rebuts des herbes po- tagères. Quand le cochon eft engraiffé , ce qui ne demande guère que deux mois au plus , o\\ ,1e tue j on le grille à un feu de paille ^ on le racle j en enlevé toutes les parties du dedans^ & onfale le refte. Le faloir eft une elpece" de cuve oblongue & bafl'e , avec un couver-- cl& : on lave cette cuve avec de l'eau chaude j- 344 C O C OÙ l'on a mis bouillir du thym , de la lat'att- de , du laurier , &c. puis on l'enfume avec àes noix mufcades ^ on couvre le fond de ièl : on prend un morceau de cochon , on le trempe dans l'eau , on l'elTuie , on le pofe fur la couche de fel ^ on fait un fécond lit de {q\ & un fécond lit de cochon , & ainlî de fuite , Jlraxum fuper Jlratum ; on finit par un lit de fel. II faut environ une livre de felpour cha- que vingt livres de viande •-, on y ajoute un peu de girofle concafTé j on ferme le Taloir. On laiiîè le cochon dans cet état environ un mois ^ alors on peut l'ouVrir & manger du porc falé : pour cela on le trempe dans l'eau bouillante , on l'expofe à l'air , & on l'em- ploie comme on veut. Il y a d'autres manières de faler le porc , mais elles reviennent toutes à celles-ci. Le cochon eft particulièrement fajet à la ladre- rie ; on s'apperçoit de cette maladie à des ul- cères qu'on lui remarque à la langue & au palais , à des grains dont fa chair eft parfe- mée , &c. Voyei Boucher. Il n'eft pas exempt pour cela des autres maladies des beftiaux. La chair fraîche du cochon , fa chair falée ou fumée mangée en petite quantité , aide la digeftion j en grande quantité , elle fè di- gère difficilement. Le bouillon de porc-frais peut arrêter le vomifTem.ent : le vieux lard ibndu déterge & confolide les plaies : la panne eft émolliente , anodyne , & réfolutive : on attribue au fiel la propriété de déterger les ulcères des oreilles , & de faire croître Iqs cheveux ;, à la fiente , celle de réfoudre , de guérir la gale , d'arrêter le faignement de nez , prife en poudre , & de foulager dans refquinancie appliquée en cataplafme : la graiftè lavée & préparée entre dans quelques emplâtres , & dans un grand nombre d'on- guens j c'eft la bafe des pommades. La viande de cochon a été profcrite chez quelques peuples , par exemple en Arabie , où il n'y a point de bois , point de nourriture pour cet animal , & où la falure des eaux & des alimens rend le peuple très-fujet aux ma- ladies de la peau : la loi qui le défend dans ces contrées , eft donc purement locale , & ne peut être bonne pour d'autres pays où le cochon eft une nourriture prefqueuniverfelle, &: en quelque façon nécefîaire. SanClorius a obfervé que la chair àz cochon CO C fè tranipîre peu , & que la diminution de cette excrétion va à un tiers dans ceux, qui s'en nourrilFent ^ d'ailleurs on fait que le dé- faut de tranfpiration occafione ou aigrit les maladies de la peau : cette nourriture doit donc être défendue dans les pays où l'on eft expofé à ces maladies , comme laPaleftine, TArabie , l'Egypte , la Lybie , &c, V. tefprit des loix. Le cochon étoit immolé par les anciens aux Lares , à Priape , aux Silvains ,àBacchus, à Cérès , à Hercule , ùc. On facrifioit à Lacé- démone un cochon de chaque ventrée. Cochon de Guinée ^porcus GuincenJIsy Margr. animal quadrupède qui eft de cou- leur rouiîè , & qui reffemble à nos cochons pour la figure ; mais fa tête n'eft pas fi élevée : ks oreilles font longues &: pointues j fa queue defccnd fort bas , & n'eft point couverte de poil non plus que le dos. Il a fiir tout le refte du corps un poil court, roux & brillant; mais il eft plus long près de l'origine de la queue & autour du cou. Rai , fynop. anim, quad. V. Quadrupède. (/) Cochon d'Inde , cuniculusjîve porcellus IndtcuSyGeCn. mus feu cuniculus Americanusy & Guincenjis porcelLipilis (S» voc^. Au Brefîl on donne à cet animal le nom de cavia cabaya, Margr. C'cft un quadrupède plus petit que le lapin ^ fon corps eft plus court & plus gros : lès oreilles font courtes , minces , tranlpa- rentes , évafees , arrondies , prefque entière- ment dégarnies de poil , & peu différentes de celles des rats : le mufèau & la barbe ref femblent à ces mêmes parties dans le lièvre j la lèvre fùpérieure eft fendue comme celle du lapm. Le cochon d'Inde n'a point de queue 5 fes dents font femblables à celles des rats, & fon poil peut être comparé à celui du cochon. Il crie comme les petits cochons , c'eft pour- quoi on l'a appelle cochon de Guinée. Sa cou- leur varie ; on en voit de blancs , de roux & de noirs , & la plupart font en partie blancs , & en partie roux & noirs. Il y a quatre doigts aux pies de devant , & trois à ceux de derrière '^ le doigt du milieu eft le plus long. Ces animaux frottent leur tête avec les pattes de devant , & s'affeyent fur celles de derrière comme les lapins 5 mais ils ne creufent pas en terre. Les femelles portent jufqu'à huit petits à la fois. Les cochons d'Inde vivent de foin & de toutes fortes déplantes ; as C 0 c ils font bons à manger , mais non pas escel- lens. Ray , fynop. anim. quadr. Cet animal eft naturalifé dans ce pays-ci, & mis au nombre de nos animaux domef- tiqMCS. On l'élevé aifément,il ne craint que le grand froid. Voye^^ QuIiDRUPEDE. (/) Cochon chinois. Cet animal eft par- venu en Europe \ on le connoît en France. On dit qu'il eft plus petit que notre cochon \ qu'il a le dos concave & pour ainfi dire en- iellé , &c. On l'engraifte , & il palFe pour très -bon à manger. CoCHON-MARON , c'cft le nom que l'on donne dans les îles de l'Amérique aux co- chons que l'on y a portés des autres parties du monde ^ & qui y font devenus fauvages. On en diftingue de trois elpeces. Ceux de la première font courts \ ils ont la tête grofle , le mufeau peu alongé , & les défenfos fort longues : les jambes de devant font plus courtes que celles de derrière pref- que d'un tiers , ce qui les fait fouvent cul- buter lorfqu'ils courent en defcendant. Ils de- viennent féroces & très- dangereux quand ils font blefles par les chafleurs. On prétend qu'ils ont été apportés par X^i Efpagnoîsdans le temps de la découverte de l'Amérique , & qu'ils ont été tirés de Cadix , où on en voit encore qui leur reflemblent beaucoup. Les cockons-marons de la féconde efpece ne différent en aucune façon de nos cochons domeftiques , & il paroît qu'ils fe font échap- pés des parcs où on les nourriffoit après avoir été tranfportés aux îles. Enfin ceux de la troifieme efpéce font appelles cochons de Siam , parce qu'ils ont été apportés aux îles par des vaifTeaux fran- çois qui revenoient de Siam & de la Chine. (^) COCHON d'eau. V. ci-devant. CABIAI. Cochon de mer. Foyeç Marsouin. COCHONET , f. m. (H//?, mod. Jeux. ) efpece de dé taillé à douze faces pentago- nales , chargées chacune d'un chiffre depuis I jufqu'à 12. On joue au cochonet comme aux dés. On donne le même nom à une balle ou pierre que celui qui a gagné le coup précé- dent jette à difcrction , & à laquelle tous les joueiu*s dirigent leurs boules. La boule plus voifîne du cochonet gagne le coup. • COCKERMOUTH , {Géog. mod. ) vîlle Tome rill. C O C 34^ JAngleteiTe dans la province de Cumber- land. Long. 13 , 43 ; /at. 44 , 54. COCKIEN , f. m. ( Comm. ) monnoie de cours au Japon : on l'évalue à environ huit francs de notre monnoie préfente. COCO , f. m. ( Hiji. nat. ) le coco eft le fruit d'une efpece de palmier qui s'élève à trente ou quarante pies de hauteur : fa tige eft droite ^ elle diminue de groffeur à mefiire qu'elle s'éloigne de terre. On fait des incifions aux tiges des jeunes arbres pour en tirer un "" fiic vineux qui fèrt de boiffon : ce fiic donne par la diftillation de fort bonne eau-de-vie : en le cuifànt fur le feu on l'adoucit j & au contraire on en fait du vinaigre lorfqu'on le laiffe expofé au foleil. La tige eft terminée à fon extrémité par des feuilles fort longues , & larges à proportion : on sqtx fert pour couvrir les maifons , pour faire des voiles de navire , des nattes, (S'c. Les habitans de ces pays écrivent fur ces feuilles comme fur du papier ou du parchemin. Les fruits naifl'ent au fommet de la tige entre Izs feuilles j ils font enveloppés plufieurs enfêmble dans une efpece de gaîne dont ils fortent en groffif- fîuit : chacun de ces fruits eft gros comme la tête d'un homme j il eft ovale , quelquefois rond : trois côtes qui fuivent fa longueur lui donnent une figure triangulaire. Ce fruit eft compofé de deux écorces & d'une fubftance moelleufe : l'écorce extérieure eft verte ^ l'in- térieure eft brune. Lorfque le fruit n'eft pas encore mûr , on en tire une bonne quantité d'eau claire , odorante , & fort agréable au goût. Il y a des cocos qui contiennent jufqu'à trois ou quatre livres de cette eau. Mais lorfque le fruit a pris fon accroiffement , la moelle que renferment les écorces prend de la confîfîance , & il n'y a plus qu'une cavité dans fon milieu qui foit remplie d'eau , & alors l'eau , quoique claire , n'eft pas fî douce qu'auparavant. La moelle eft blanchâtre , & bonne à manger j fon goût approche de celui de la ncifette ou de l'amande ;, on en peut faire un lait comme on en fait avec les amandes: fi on veut la conforver long- temps, on la fait fecher au foieil. L'écorce qui en- veloppe cette fubftance eft dure & ligneufe 5 on la polit & on la travaille pour différens ufàges , elle fèrt de mefure des liquides à Siam : on gradue fa capacité avec des cauris , petites écailles qui fervent de momioie ; il y a X X 34^ CGC (ks cocos de mille caiiris , de cinq cents , C'c, L.a CiicondQ , qui eft l'extérieure , eft îiiiè , de couleur grife , & garnie en dedans d'une forte de bourre rougeâtre dont on fait des cables & des corclages : elle vaut mieux que les étoupes pour calfeutrer les vaiiTcauXjparce qu'elle ne iè pourrit pas fi vite , & parce qu'elle iè renfle eu s'imbibant d'eau. * COCON , f. m. ( Econ. ruft. ) on donne ce nom à ce tilfu filamenteux dans lequel le ver à foie s'enveloppe , &. dont on obtient, ^l\ le dévidant par une opération qu'on appelle le tirage , cette fùbftance animale sppellée foie , que nous employons à tant d'ouvraj^es précieux.. Voy. Soie 6' VeR-a- SOIE. On diftingue des cocons bons , des mauvais cocons ; des cocons fins , des dou- bles , des fatinés ou veloutés , des ronds , des pointus. Foy. Soie, Tirage de soie. COCOS ( Ile des ) , Géogr. mod. île de l'Amérique méridionale dans la mer Pacifique. Il y a encore une île de ce nom dans la mer d'Afrique près de l'île de Mada- gafcar , & une troifieme dans la mer d'Afie près de l'île de Sumatra. COCQ , voyei Coq. CO-CRÉANCIERS, fi m. pi. [Jurifp.) font ceux qui font conjointement créanciers des mêmes perfonnes , 8>c en vertu d'un même titre. Pour que chacun d'eux foit créancier folidaire de la totalité de la dette , il faut que cela foit exprimé dans l'aôe , autrement la dette fè divife de plein droit , entre les co-créanciers , & chacun d'eux n'en peut exiger que fa part. Il eft parlé des co- çréanciers & des co-débîteurs dans plufieurs textes de droit , où les premiers font appel- lés correi Jiipulandi , & \ts autres correi pro- mittendi. Voyez au code , liv, IV , tit. ij , /. ix , & aux inflitutes , Uv. III , tit. xvj, de duobus reis jiipulandi ù promittendi. {^A) ■^ * COCS ou COCAGNES, fi m. (Com.) c'eft le nom qu'on donne aux petits pains de pâte de paftel j ils font du poids de vingt- quatre onces, pour pefer étant fecs | de livre j les réglemens ordonnent qu'ils ne foient ni plus forts ni plus foibles. V, a tan. Pastel , la manière de faire les cocs ou co- cagnes ; voye^aujjî les réglemens gén. & partie, des manufacl.page 190 & fuiv. tome III. COCTIOjSf, fi f. l'aaion de cuire^ ce terme a différentes acceptions : on dit la CGC cocîion des humeurs, celle desalîmens, ^&. Voye'^ les articles Juivans. CoCTION , {Médecine.) ce terme a été tranfmis de la théorie des anciens médecins à celle des modernes, pour fignifier la miême chofe quant à l'eflSit , mais non pas ablblu- mient quant à la» caufè : c'eft-à-dire pour exprimer l'altération utile à l'économie ani- male qu'éprouvent les matières ncurrilîantes & \qs humeurs dans les difterentes parties du. corps humain. Les anciens attribuèrent cet effet à ce qu'ils appelloicnt calidum innatum , le chaud inné , dontGaîien établilfoit le principal foyer dans, le cœur j ils compofoient le chaud inné de, l'adf ion du feu unie à l'humide radical , fans, en connoître mieux la nature. Un illuftre. parmi ceux qui ont écrit fur ce fùjet , Mon- tanus , avoue ingénument qu'après s'être, cru pendant long-temps un grand dodeur ^. il étoit parvenu à un âge tr.ès-avancé fans avoir rien entendu à ce que c'eft que la cha- leur innée ^ elle étoit cependant regardée comme le premier mobile de l'a^lion de tous^ les organes , & on croyoit par cette raifou; que l'âdiivité de, fes organes doit être pro- portionnée à la chaleur naturelle de l'animal , comme un efîèt doit être proportionné à ia caufe 'j en un mot la chaleur étoit , félon les anciens , le principe de la vie^, Voye^ Ch A- . LEUR ANIMALE. C'efl d'après cette idée qu'ils ont donné le, nom de coclion , à coquendo ^ à toutes les élaborations opérées dans le corps humain , foit en fanté , . foit en maladie , parce qu'ils ne reconnoiffoient pas d'autre caufe efficiente de.ces élaboratÎQnsquel'aftiondufeu , dont \es parties élémentaires pénètrent tous le^ corps. Ils entendoient par coclion en géné- ral , tout changement produit dans une fiibf^ tance par la force de la cjialeur , qui rend; cette fubftance d'une nature plus parfaite : 'ds admettoient trois cfpeces de coclion : fà- voir la maturation , ïajfation , & Yélixation ; c'eft à cette dernière efpece qu'ils rappor- toient toute coclion qui fe fait naturellement dans le cprps humain , parccqu'il ne s'en opère aucune fans le, concours du chaud &c de l'humide. Ils faifoient confîfter la principale coâiork animale dans l'afllmilation des fiics alimen- taires , produite par chacune des parties qui c oc îesfcçoît^ en forte qu'ils acquièrent par cette ' ■opération toutes les qualités nécelTaires pour çntrer dans leur compofition. Ils dillin- çuoient la coclion de la nutrition, en ce que par celle-ci les fuçs nourriciers font altérés & unis à la partie , en réparant ou en aug- mentant fa fubltance , au lieu que par celle- là ils acquièrent la difpofition nécelTaire pour cet ufage. Ils établilFoient trois fortes de con- crétion de ce genre dans l'économie animale ^ iàvoir la chylification , la fanguification*, &. l'élaboration de toutes les humeurs nourri- cières & récrémentitielles-, & comme la ma- tière de ces différentes coclions cil toujours hétérogène , ils leur attribuoient un double effet, c'eft-à-dire qu'ils enfaifbient dépendre flufli la féparation des parties qui ne font pas fufceptibles d'être converties en bons fucs ; ainfi les matières fécales font les excrémens de la première coclion .parce qu'elles font le réfidu grolîîer des alimens qui n'ont pu être convertis en chyle ^ pendant que celui-ci fe change en fàng , il s'en fépare aufîî des par- lies hétérogènes qui forment le fiel & l'urine ;, ce font- là les excrétnens de la féconde coc- tion : & ceux de la troifîeme , c'eft-à-dire de celle qui perfectionne les humeurs utiles que fournit le fang , en les faifant palfer par differens degrés d'élaboration , font princi- palement la craffe de la peau & la matière de la tranfpiration fenfible & infenfîble. Koyei Chylification , Sanguifica- TiON, Sécrétion. Ces différentes coâions ainfi conçues dans le fens des anciens,telles qu'ils penfoient qu'el- les s'opèrent dans l'état de fanté , concourent toutes à la confervation de la vie fàine , lorf- ^u'elles fe font convenablement aux loix de l'économie animale ; c'eft à l'effet qui en réfulte qu'ils ont donné le nom de m'Trjii , pepfle , & celui de et-Triretat. , apepfie , crudité^ par oppofition à ces mêmes coâions , lorf- qu'elles font viciées & qu'elles fe font d'une manière contraire à l'état naturel , en forte qu'il en réfulte un effet tout différent \ ils attribuoient ces défauts de coclion principale- ment au défaut de chaleur innée , qu'ils re- gardoient , ainfi qu'il a été dit ci-devant , comme la caufe efficiente de toute digeflion. C'eft dans cette idée qu'ils appelloient c par toute , la Ceâ.e chymique cartéfienne ; mais fou règne n'a pas été bien long , l'expérience a bientôt détruit le fruit de l'imagination ; il n'a pas été pofijble de prouver la fermenta- tion dans l'eftomac , on n'y a jamais trouvé de véritable acide j au contraire , Mufgrave ( Tranf. phil. ) y a démontré des matières ^Ikalefcentes \ Peger a prouvé qu'on trouve c.onilaminent des matières pburries dans l'el^ tomac des bœufs , à llome \ c'eft ce qui eft caufe que l'on n'y mange pas de la viande de ces animaux. Les perfonnes qui ont des rapports aigres y ont moins d'appétit ;, les acides ne contribuent que rarement à le ré- tablir. On n'a jamais trouvé d'acides dans le fang ^ d'ailleurs , en fuppofànt même que le prétendu acide puilTe exciter quelque fer- mentation dans les premières voies, l'hu- meur toujours renouvellée qui fè méleroit avec \q% matières fermentantes, en arrête- r.oit bientôt le mouvement inteftin , & fur- tout la bile qui eft la plus contraire à toute forte de fermentation Ces faits font plus que fuffifans pour en détruire toute idée , tant pour les premières que pour les fécondes voies. V. Digestion , Chylification , Sanguification. Il a fallu rendre à la chaleur naturelle la part qu'on lui avoit prefque ôtée, pour la préparation du chyle & des autres humeurs^ mais non pas en entier. La machine de Papin démontre l'efficacité de la . chaleur dans lui vafe fermé , pour diffou.dçe les corps les plus durs qui puilfent fèrvir à la nourri- ture : un œuf fe réfout en une elpece de fiibf tance muqueule fans confiftance , inputrila- ginem, par une. chaleur de 92 ou 93 degrés du thermomètre de Farenheit^ la chaleurde notre eftomac eft à-peu-près au même degré. Mais la chaleur naturelle ne peut pas feule fiiffire à l'ouvrage de la chylification & de l^élaboiatipu des humeurs , comme .le peu- CGC 3^1 foîent les anciens , puifqu'il ne s'opère pas de la mêm.e manière dans tous les animaux, qui ont cependant à-peu-près la même cha- leur. Les excrémens d'un chien , d'un chat , qui fe nourrifîént des mêmes alimens que l'homme , font bien différens de ceux qui ré- fultent de la nourriture de celui-ci. Il en eft de même du fang & des autres humeurs , qui ont aufli des qualités particulières dans cha- que eipece d'animal , qui n'a cependant riea de particulier par rapport à la chaleur natu- relle : elle doit donc êtje reconnue en géné- ral , comme une des puifTances auxiliaires ,. qui fert à la digeftion & à l'élaboration des humeurs communes à la plupart Aqs animaux j mais elle ne joue le rôle principal , encore- moins unique , dans aucun. Le défaut dominant dans tous les f5-'ftêmes furcefujet, depuis les premiers médecins juf^ qu'à ceux de ce fiecle , eft que l'en a toujours cherché dans lai fluides les agens principaux différemment combinés , pour convertir les alimens eu chyle, celui-ci en fang j pour rendre le fang travaillé au point de fournir toutes les autres humeurs , &. pour féparer de tous les bons fiics les parties excrémenteufes^ qui s'y trouvent mêlées* On a enfin de nos jours ôté aux fluides le pouvoir exclufif qui leur avoit été attribué pendant environ deux malle ans , de tout opérer dans l'économJe animale;, après l'avoir cédé, pour peu de temps à des piiifîànces étrangères, à des légions de, vers , on eft enfin parvenu à faire jouer un rôle aux foli- des i & comme il eft rare qu'on ne foit pas extrême en faveur des nouveautés , on a d'abord voulu venger les parties organiiees de ce qu'elles-avoient été fi long-temps laifTées dans l'inadHon y à l'égard des changemens qui fe font dans \qs différens fuCs alibiles & autres. On a été porté à croire qu'elles feules par leur a<^ion méchanique , y produifôient toutes les altérations néceffaires : on a teut attribué- à la trituration : mais on a enfiiite bientôt fenti qu'il y avoit eu jufque-là de l'ex- cès à faire dépendre toute l'économie animale des facultés d'une feule efpece de parties : on a attribué à chacune le droit que la nature lui donne,,. & que. les connoifEuices phyfiques & anatomiques lui ont juftement adjugé. La dod^rine du célèbre Boerhaave fur les eâçts de l'adUon des vaiiTeaux 6c fur-tout 351 COC des artères ( dit M. Quefiiay dans Con nou- veau traite des fièvres continues , ) nous a enfin afllirés que cette adlion , comme quel- ques médecins l'avoient déjà auguré , eft la véritable caufe de notre cKaleur naturelle. Cette importante découverte , en nous éle- vant au-delRis des anciens , nous a rappro- chés de leur doâ:rine ;, elle a répandu un plus grand jour fur le méchanifme du corps humain & àcs maladies , que n'avoit fait la découverte de la circulation -du fang. Nous favons en effet que c'eft de cette aâiion que dépendent le cours des humeurs &: tous les différens degrés de l'élaboration dont elles font fufceptibles : mais on ne peut difcon- venir qu'elle ne foit infuffifantepour produire \qs changemcns qui arrivent à leurs parties intégrantes ;, l'action de la chaleur peut feule pénétrer jufqu'à elles , & y caufer une forte de mouvement inteftin , qui les développe & les met en difpoiition d'être auiîi expofées à l'aftion des folides qui en fait enfuite des combinaifons , d'où réfulte la perfeâ:ion 6t rimperfe£èion de toutes les humeurs du corps animal. , Cependant cette coopération de la cha- leur naturelle dans la digeftion des alimens & l'élaboration des humeurs , ne conftitue pas une vraie coclion , & ce nom convient encore moins au réfultat de plufieurs efpeces d'a<5lions différentes de la coclion qui conjoin- te-nent avec elle opèrent toutes les opérations néceflaires à l'économie animale. Néanmoins comme il eft employé en médecine fans être reftreint à fon véritable fens , & qu'on lui en donne un plus étendu qui renferme l'adion àç.s vaiifeaux & de la chaleur naturelle qui en dépend, il eft bon de retenir ce nom , ne fût-ce que pour éviter de fe livrer à une in- conftance ridicule , en changeant le langage confacré de tout temps à déiîgner des con- noiffances anciennes, que nous devons expri- mer d'une manière à faire comprendre que nous parlons des mêmes chofes que les an- ciens , & que nous en avons au fond preique la même idée. Car quoique leur doctrine ftir les codions ( dit le célèbre auteur du nouveau traité des fièvres continues , déjà cité ) fbit établie fur une phyfîque obfcure , la vérité y domine cependant affez pour fe concilier convenablement avec l'obfervation , & pour qu'on puiife en tirer des règles & desprécep- c o c tes bien fondés , acceflibles aux fens , telles que font les qualités fenlibles & générales qui agilfent fur les corps : ainfi elle fera tou- jours la vraie fcience , qui renferme prefque toutes les connoiifances pratiques que l'on a pu acquérir dans l'exercice de la médecine , & qui mérite lèule d'être étudiée , appro- fondie & perfeftionnée. Il paroît convenable de ne pas finir cet article , fans placer ici les réflexions fuivantes fur le même fujet ^ elles doivent être d'au- tant mieux accueillies , qu'elles font extrai- tes des commentaires fur les inftitutions & les aphorifmes du célèbre Boerhaave. Hippocrateaconfidéré, & nous n'en fai- fons pas plus que lui , que l'on ne peut rien favoir de ce c/ui iè palfe dans le corps d'un homme vivant . foit qu'il foit en fanté , foit qu'il foit malaae , & que l'on ne peut con- noître les changemens qui paroiflént , dans les maladies , diftërens àQs phénomènes qui accompagnent la fanté ; ces changemens font les effets de l'aftion de la vie qui fubfifte encore;, &la cauië occafionelle de ces effets qui caraélérifënt la maladie, eft un principe caché dans les corps , que nous appelions la matière de la maladie; tant que cette matière retient le volume , la figure , la cohéfion , la mobilité , l'inertie , qui la rendent fufoeptible de produire la maladie & de l'augmenter , elle eft dite crue ; & tant que les changemens produits par la caufe de la maladie fobfiftent , cet état eft appelle celui de la crudité. Ainfi il fuit de-là que la crudité eft d'au- tant plus confidérable dans la maladie , que les qualités de la maladie font plus différen- tes de celles de la fanté. La crudité ne fignifie pas une nature finguliere d'afîed^ion morbi- fique ^ bien loin de-là , il peut y avoir une infinité d'efpeces de crudités , telles que les fluides acres , épais, aqueux , &c. ou , comme ditHippocrate , le trop doux, le trop amicr , le trop falé , le trop acide. On ne peut dé- terminer la nature de la crudité , qu'en ce qu'elle eft propre à engendrer la maladie. Le fang de la meilleure qualité nuit dans la pléthore;, fon abondance lui donne un carac- tère de crudité : il peut aufli produire de mauvais effets dans le corps d'un homme foible , fi on l'injeûe dans fes vaifl'eaux , quoique feulement en quantité convenable. Àiiift on ne doit pas feulement entendre par matière c o c matîert cuite , Celle qui fe mûrît par l'aéllon ^.e la vie , mais celle qui doit être regardée comine telle , refpedHvement à la fond:ion qui étoit viciée , lorfque. cette fondtion fè rétablit dans l'état naturel. Hippocrate îî'a vraifemblablement entendu autre chofe fur fe nature de la cocHon^ fi ce n'eft que ce qui cft crud dans le corps humain paiFe à l'état de maturation , lorfqu'il ceffe d'avoir les qua- lités nuifibles qui le faifoient appeller crud , & qui conftituoient la inaladie. Par conséquent la concoéèion n'eft autre \. ^ chofe que l'aflltriilation , le changement des matières crues , & dont les qualités ne con- viennent pas à la fanté , en matières fufcep- tibles d'être converties en la propre fubftance (du corps , fi elles ne font pas d'une nature qui répugne à cet ufage , ou d'être rendues moins nuifibles & difpofées à être évacuées. La première de ces opérations de la nature peut être rapportée à celle que les anciens ont appellée pepjis , qui eft la plus parfaite ^ telle eft la réfolution dans les inflammations : la féconde eft celle qu'ils ont nommée pepaf- mus , qui a lieu dans toutes les maladies où il fe fait des évacuations de matière morbi- fîque par la feule adion de la rie j la fup- fîuration dans les maladies inflammatoires eft de ce genre. On peut rendre la chofe plus fènfible par des exemples plus détaillés : celui d'une coc- tion de la première efpece , de laquelle on vient de donner une idée , eft marqué par ce qui fe paflb dans les perfonnes qui ont une efpece d'accès de fièvre , caufé par une trop grande quantité de chyle mêlé avec le* îàw^ ^ cette agitation fébrile , fupérieure à l'action ordinaire des vaiifeaux , procure à ce chyle une élaboration ultérieure , que cette aâion n'auroit pas pu lui donner ^ il fe fait par-là une aflîmilation des parties crues de ces fiics encore étrangers , ils fè convertiflént en bonnes humeurs , d'oîi peuvent être for- més le ikng & les autres liqueurs animales : ce changement étant opéré , la fièvre ceiTe fans aucune évacuation fènfible de la matière qui avoit caufé la fièvre. Mais un tel effet ne peut être produit que dans le cas oîi la matière crue ne diffère guère des matières, fufceptibles d'être converties en bons fucs , ou des humeurs iàines ^ & lorique les efforts extraordinaires que la natisre doit fgire pour Tomt yjlh produire ce changement ne font pas bien confidérables , ou durent fi peu qu'il n'eu puilfe pas réfulter une altération pernicieufe dans les humeurs faines j laquelle ayant lieu, rendroit néceffaire une évacuation fènfible de celles qui {croient viciées. C'eft ce qui arrive dans tous les cas oii fo fait la c^ion de la féconde efpece , qui eft auffi toujours l'effet de la fièvre, c'eft- à-dire de l'adèion de la vie plus forte que dans l'état de fanté \ dans cette dernière coâion les fui- tes ne font pas aufîî falutaires que dans la précédente ^ le changement en quoi elle con- iîfte eft borné à donner à la caufè matérielle de la maladie des qualités moins nuifibles à l'économie animale , en détruifànt celles qui lui étoient plus contraires ^ mais il ne rend jamais cette matière alfez différente d'elle- même pour qu'elle puifTe devenir utile : toute la perfcdion dont elle eft fufceptible ne fait que la rendre difpofëe à être évacuée hors de la cavité des vaiffeaux de la partie dont elle trouble les fondions. C'eft ainfi , par exemple , que dans les maladies inflammatoires de la poitrine , les molécules des fluides qui engorgent les extré- mités àQS vaiffeaux artériels des poumons , éprouvent un tel changement par l'aétion de la fièvre , qu'elles font feparées de la mafl!e des humeurs faines avec la portion des foli- des , qui les contient par l'effort de la colonne des liquides qui eft pouffée contre la matière engorgée , & par la force de prefïïon col- latérale des vaiffeaux voifins j il fe forme de ce mélange de fluides & de parties con- fiftantes broyées , corrompues par l'effet de toutes ces puiflhnces combinées , une matière qui ne tient plus rien de celle dont elle eft compofée ^ qui eft blanche , homogène , ondtueufe , qui venant à fè répandre dans les cellules pulmonaires & à fè mêler avec la matière des crachats , eft évacuée avec elle par l'expedoratiou , qui eft fi fouvcnt le moyen par lequel la nature termine heu- reufèmeut les maladies de la partie dont i|, s'agit. Il réfulte de tout ce qui vient d'être dit ,' que c'eft toujours la fièvre , ou l'adion de la vie rendue plus forte en général ou en particulier , qui produit la cccîion de quel- que efpece qu'elle f bit ^ c'ç^c elle qui eft l'info tmmçnt dont ig naturç fc fert , comme djj^ Y y 354 COC Sydenham ^ feâ. i , cap. iv , pour féparer dans les humeurs les parties impures des pures , pour évacuer les matières hétérogè- nes nuifibîes à l'économie animale. C'eft de ce principe qu'il infère avec les plus grands médecins , que la principale chofe que l'on doit faire dans la cure des maladies , eft de régler l'aâiion de la vie , les agitations de la fièvre , de les tenir dans une jufte modéra- tion , pour empêcher que par de trop grands efforts les vaiffeaux du cerveau & des pou- mons , qui font les plus délicats , ou ceux de toute autre partie importante aifoiblie par quelque caufe que ce foit , ne fe rompent ou ne s'engorgent d'une manière irréfoluble ^ ou qu'au contraire par trop peu d'efforts , la matière morbifique ne fbit mal digérée , & ià coclion imparfaite : 8c dans le cas où l'ac- tion de la vie eft convenablement animée & excitée , l'agitation fébrile fufîifant pour opérer une bonne coclion , fans que Ton ait rien à craindre de {&% effets , de laifTer à la nature le foin de la guérifon. Hippocrate a donné l'exemple d'une pa- reille conduite dans le traitement de plufîeurs maladies , à l'égard defquelles il lui arrivoit fouvent de fe tenir dans î'inaélion , & d'être lpeâ:ateur des opérations de la nature lorf- qu'elle n'avoit pas belbin d'être aidée. Un des plus fidèles & des plus prudens imitateurs du père de la médecine ;, Sydenham , avoue ingénument s'être auffi bien trouvé d'avoir pris le parti de ne rien faire dans certains cas , pour fe conformer aux préceptes de fon maître , qui dit expreifément ^ dans fbn traité de aniculis : Interdum enim optima medicina tjî medicinam non facere. C'eft auffi iiir ce fondement que Galien , de dieb.. crit. Mb. I , s'élève contre les médecins, qui ne croyoient pas exercer leur art félon les règles , s'ils ne prefcrivoient toujours quelques remèdes à leurs malades , tels que la faignée , les ven- toufes , ou quelques lavemens , purgations , &c. & il dit que de pareils médecins ne j^' 'approchent des malades que pour com- mztu^ des fauf^s aufîi répétées que leurs tifites • .^"'^^ ^ft conféquemment irapofîible que la mi^^^^^ ^ lô>uvent interrompue & ircublée dan^^ fon ouvjage , puiffe corriger la matière mortl^ifique, .^ parvenir à la gué- rifoiv de la maladK" : rhun-\eur viciée dont il ism que la coaionikbiSsi^^^ la pfocurer;, COC demande plus ou moins d'action fébrile ,, félon qu'elle eft d'une natiu-e plus ou moins^ tenace , rebelle. Ainfî dans les fièvres éphémères, & autres? maladies légères , la nature n'a fouvent pas* befoin de procurer lepepafme , comme dans l'exemple allégué ci-deflus , où le vice ne confifte que dans une trop grande abondance de chyle ; la coclion qui s'en fait eft fembla- ble à celle de la digeftion ordinaire dans les fécondes voies f, elle n'eft qu'un peu plus la- borieufe f, c'eft le vraipep/is; ou s'il faut quel- que chofè de plus ., & que la coâion doive: procurer quelque élaboration , elle eft très- peu confîdérable j ce n'eft qu'une tranfpira- tion plus forte , une petite fueur , ou tout au. plus un léger cours de ventre. Dans les fièvres putrides, dans les inflammatoires, la coclion demande plus de travail j la nature a fouvent befoin d'être aidée , pour qu'elle puiffe venir à bout de préparer la matière morbifique , & la difpoiér à l'évacuation , qui fouvent doit être très-copieufe & à plufieurs reprifes : c'eft le cas où l'on emploie avec fuccès les moyens qui peuvent détremper , divifer , atténuer les humeurs viciées , relâcher les folides , afin qu'ils cèdent plus aifement ^ ou leur donner du relfort s'ils en manquent ,, afin que les voies foient plus libres pour fa- vorifer'l'évacuation. Tels font fur-tout les lavages en boiffon , en lavement , qui étant adminilirés avec prudence, félon les indi- cations qui fè préfentent , peuvent fatisfaire- à ce que recommande Hippocrate , lorfqu'il dit , aphor, ix , [tel. i , Corpora cîim quis: pur gare volucrit ^ ca jluxilia faciat oportet '.. c'elï de cette manière qu'il convient de fa- ciliter la coSion, & la cri/è qui doit toujours, en être précédée. Dans les fièvres qu'on appelle malignes ,, il y a une fi grande léfion de fonétions , & un vice fi difficile à corriger dans la matierer morbifique , que la nature fuccombe bien- tôt fi e\[Q n'eft puiffam.ment fecourue , parce^ qu'il ne faut pas moins que la coâion la plus forte pour détruire la caufe du maL Dans les fièvres peftilentielles &lapefte, les. fecours les plus appropriés & les plus grands leffortsdela nature fbot le plus fouvent infuf- fifans pour opérer la coclion , parce que les forces de la vie font trop peu actives à pro- \ portion de la réiiftance. des délétères , & c o c que les mauvais effets de ceux-ci font fi prompts , qu'ils ne laiiTent ni à la nature ni à l'art le temps d'y apporter remède , ou au moins d'en tenter quelqu'un. Il réfulte de ce qui a été dit jufqu'ici de la coclion dans les maladies , qu'elle ne peut avoir lieu proprement que dans celles qui font avec matière , félon le langage de l'école, c'eft-à-dire qui font caufées par un vice dans les hum.eurs \ dans toute autre il ne peut y avoir ni coclion ni crife. V. Crise , Fièvre. Cet article $fi de M. d'AumONT , premier profejjeurde médecine entuniverfité deValence. COCTION , (Pharmac.) mot générique exprimant l'altération opérée fur un corps folide par i'aftion d'un liquide , excitée ou augmentée par le feu. Dans la coclion on n'a en vue que le chan- gement opéré fur le corps qui en eft le fujet , fans s'embarraffer de ce que le liquide qu'on lui applique en peut extraire ^& c'eftencela précifëment que la coclion pharmaceutique diifere de la décodion , dans laquelle c'eft cette feule extraction qu'on fe propofe. V. Pécoction. On fait la coclion des racines ^tnulacam- pana , pour les ramollir & les rendre propres à être réduites en pulpe, afin d'en former en- fuite une conferve \ ôcon fait la décoftion des mêmes racines pour charger l'eau qu'on y emploie de leurs parties extradives , qu'on rapproche enfuite ou qu'on réduit en con- fiftance d'extrait. V. Extrait. Les oignons de lis , de fcylles , & quelques autres corps très-aqueux qu'on fait ramollir fous la cendre chaude , doivent être rangés parmi les fujets de la coclion pharmaceu- tique \ Us ne diffèrent des autres dont nous venons de parler , qu'en ce qu'ils portent avec eux-mêmes le liquide qu'on eft obligé d'appliquer aux corps qui font plus durs & plus fecs. Le mot cuite n'eft pas fynonyme en phar- macie au mot coclion. V. CuiTE. {b) CoCTiON , {Alch,') ce mot eft employé communément dans le langage à^i alchy- miftes , pour exprinjer la longue digeftion à laquelle ils expofent la précieufe matière du grand œuvre , dans le deffein de lui faire «prouver cette altération graduée & infenfi- l)le qui doit la conduire enfin à la matura- lion ou à la perfeâ:ion. {f) CGC 3H COCYTE , f. m, {MytkC) un At% quatre fleuves des enfers ^ fleuve d'Épyre , ou plu- tôt de la Thelprotie qui en étoit une partie: il tomboit avec le Pyriphlégeton dans le marais Achérufia. Son étymologie & fon voifinage de l'Achéron , l'ont fait mettre par \qs poètes grecs au nombre des fleuves des enfers. En effet cocyte veut dire pleurs , gé~ mijjemens , de kokvhv , ge'mir. Il a donné Ibii nom aux fêtes cocytienues qu'on célébroit ea l'honneur de Proferpine. Je crois que le Cocyte des poètes latins étoit le ruifl'eau de ce nom qui couloit en Italie près du lac d'Averne , & iè déchargeoit dans le lac Lucrin , lequel fut enfin preique comblé par une nouvelle montagne de cen- dres qu'on vit s'élever du fond de ce lac dans un tremblement de terre arrivé le 29 feptembre 1538. Ce n'eft donc pas feulement de l'Epyrç que les poètes ont tiré l'idée des fleuves de l'enfer ^ le lac d'Averne d'Italie , & les fon- taines d'eaux chaudes qui étoient aux env-i- rons , y ont également donné lieu. Tous ces endroits étoient fi couverts de bois depuis Bayes & Pouzzol , que les eaux y croupifi'ant, palfoient pour être des plus mal faines ^ outre que la vapeur qui fortoit des mines dç foufre &: de bitume qui y font en grand nombre , ne pouvoit pas s'exhaler aifément. Agrippa favori d'Augufte , & rempli d'amour du bien public , fit couper ces bois & nettoyer fi bien les lieux voifins , que depuis les eaux devinrent claires & nettes , au rapport de Strabon. Mais c'eft pour cela même que les poètes ornèrent leurs écrits des anciennes idées qu'on avoit du Cocyte. Horace, o<^f xiv , liv. II , v. 18 , & Virgile , Enéidy liv. VI y v. 313 , n'y manquèrent pas. Le premier , dans cette ode àPofthume , où la morale eft fi bien cachée , où laverfifi- cation eft fi belle , rappelle poétiquement à fbn ami la néceflité de mourir : Vi fendus ater fiuminc languido Cocytus errans. ( M. le chevalier DE Javcovrt) § CQDAGA PALA, f. m. ( Hijl. nat. botani^. ) arbrilfeau du Malabar , très-bien gravé , avec la plupart de fes détails , par Van-Rheede , au volume I de fon Hortuf Yy2 •35« . COD 'Malabaricus , imprime en lojd^page Z$ , 'z?/. XLVIII. Les Brames l'appellent ^r^^o €itdo , & Jean Commelin dsns lès notes , arbor Malaharica laâefcens jafmini flore odo- ro ^jiliquis oblongis. C'eft le nerium Indicum fiUquis anguffis ereclis longis geminis , gravé par M. Btirmann , dans fon Thefaurus Zd- ianicus , imprimé en 1737 , page 167, pi. ZXXVII : le co/z^i des ades d'Edimbourg, vol. 111 , page 3 z ; & le nerium 3 antidyfen- tericum , foliis ovatis acuminatis petiolatis , ide M. Linné , dans fon Syfiema naturœ , édition in-iz , page 190. C'eft un arbriffeau qui s'élève à la hau- teur de fix à dix pies : fon tronc eft haut de trois à quatre pies fur un pié de diamètre , & couronné par une tête Iphérique, compo- fée de nombre de branches alternes , courtes, épaiffes, ouvertes fous un angle de quarante- cinq degrés , à bois blanc , recouvert d'une ccorce d'abord rouile ou brune , enfùite cen- drée comme celle du tronc. Sa racine eft fort longue , peu enfoncée fous terre , & traçante prefque horizontale- snent , recouverte d'une écorce brun-rouge. Les feitilles font oppofées deux à deux , au nombre de deux à quatre paires fur cha- que branche , non pas en croix , mais fiir un îBcme plan , de manière que le feuillage en eft applati. Elles font elliptiques , pointues aux deux extrémités , longues de quatre à iix pouces , une fois &: deinie moins larges , relevées en deffous d'une côte longitudinale , ramifiée de fix à douze paires de nervures alternes , & portées horizontalement for un pédicule cylindrique , extrêmement court à des diftances de deux pouces les uns des au- tres. L'extrémité de chaque rameau eft term.i- ïiée par un corymbe une fois plus court que îes feuilles , compofé de dix à vingt fleurs tîlanches , longues d'un pouce & demi , por- tées fiir un pédicule cylindrique , trois à qua- tre fois plus court qu'elles. Chaque fleur eil hermaphrodite , mono- |)étale , régulière , pofée au-deffous de l'o- vaire. EUe confîfte en un calice d'une feule pièce , à cinq dents perfiftantes \ en une co- rolle monopétaîe à tube €ylindrique!^4>artagé en cinq divifions aufti longues, que lui , ellip- tiques , obtiilès , une fois plus longues que laiges j ouvertes en étoile , tournées obliquc- C O D ment de coté , épaiffes. Le fommet du tube eft orné intérieurement de cinq étamiiies petites qui ne le débordent pas. Du fond du calice s'élève un diique jaune , court , por- tant deiax ovaires cylindriques y appliqués l'un contre l'autre , réunis à leur extrémité par un ftyle cylindrique, couronné"par deux ftigmates hémifphériques veloutés. Ces deux ovaires , en mûriffant , deviennent deux filiques ovoïdes , pointues aux deux bouts,de fix à fept pouces, c'eft-à-dire comme les feuilles , douze à quinze fois moins larges , vertes, aune loge-, s'ouvrant longitudinale- ment for leur face intérieure , en une valve ou battant , qui porte for fes bords un pla • centa longitudinal cylindrique , couvert par une cinquantaine de graines elliptiques, verd- brunes , longues de trois lignes,une fois moins larges , attachées , pendantes , & couronnées par un faifoeau de poils argentins , feflîles , une fois plus longs qu'elles. Culture. Le codaga croît au Malabar dans des terres fablonneufes. (Qualités. Toute la plante blefféc rend ua foc laiteux. Elle a une laveur amere & peu forte : i&% fleurs répandent une odeur forte & très-agréable. Ufages. L'écorce de cette plante , fiir-tout de îa racine , eft un fpécinque renommé dans riude pour toute forte de flux de ven- tre , foit dyfléntérique , foitlientérique, fort hém.orrhoïdal. Pour cela , il foffit de la piler & de la boire dans du lait aigre. Sa décoc- tion dans l'eau fe boit auffi dans les contu- fions avec épanchement de fang. La même- décoôion dans l'eau de riz s'emploie en li- niment au cou dans la fquinancie , pour les tumeurs & les douleurs de la goutte. Engar- garifme , elle appaife les douleurs des dents y en faifant périr les vers qui y féjournent. La décoôion de fes graines fe donne dans les fièvres ardentes , dans les chaleurs du foie , dans la goutte , & pour tuer les vers^. Remarques. Quelques rapports que îe Walidda de Ceylan , gravé par M. Bnrmann , à Va pi. LXXVU de fon Thefaurus Zejlani- cus , fous le nom de nerium fîliquis angufiis erutis longis geminis , fomble avoir au pre- mier abord avec le codaga ^nou^ ne pouvons penièr , comme M. Burmann , que ces deux pKantesfoient de k même efpece & du même ^ genre. U en diffère non feulement par fes C O D feuilles , dont le pédicule eft plus long , par fes fleurs qui ont dix petites lames rappro- cKées en cône au haut du tube comme le nerium , par (es filiques qui font élevées droites , non pendantes , plus longues que les feuilles , & par fon écorce qui eft noirâ- tre. Ainfi le codaga eft un genre particulier^ & M. Linné , qui s'en eft rapporté à M. Burraann , a induit en erreur tous les au- teurs qui font venus après lui , & qui ont rangé le codaga dans le genre du laurier-rofe , fous le nom de nerium antidyfentericum. Le codaga vient naturellement dans la famille Aqs apocins où nous l'avons placé. Voye:^ nos Familles des plantes ^ volume II ^ page 172. ( M, Adanson. ) CODAGEN, f. m. {Hiji. nat. botan.) iefpece d'écuelle d'eau , hydrocotyle , alfez bien gravée , mais avec peu de détails , par Van-Rheede , dans Con Honus Malabaricus , vol. X^ pi. XLVI , page 91. Rumphe en a donné auflî une figure plus complète dans {on Herbarium Amboinicum^ vol. ^,/».455, pi. CLXIX , n^. 1 y fous le nom de pes equi- nus pancflgaafHermann y dans fon Paradifus Batavus , page 238, en a donné auflî une figure palfable , fous la dénomination de va lerianella Zeylanica palujlris , repens , hederœ - terrefiris folio , ad radicemflorida. Plukenet Ta fait aufîî graver , pi. CVÎ , /z°. 5 de fa Thytographie^ fous la défignation âera/iun- culo , ajfinis umbelliferis accedens chelidonii minoris folio Zeylanica minor. C'eft le hydro- cotyle 4 Afiatica ffoliis reniformibus œqualiter crenatis de M. Linné , dans fon Syjiema na- ïurx , édition in-ii^ page 202. Les Brames l'appellent rcûr/Jû/;/ èiundiri:\es Mal^ys pan- caga : les Hollandois , paarde voetjes : les Porrugaisyo//^o rabaffb : les habitans de Ter- nate cloditi manoora , ou cloditi mafru; c'eft- à-dire poudre contre les vers : ceux d'Am- boine aJfotdijM laun ; c'eft-à-dire feuille en oreille de chien , ou alaun ribute ; c'eft-à- dire feuille en entonnoir : ceux de Loehoe cylaun capepuli : ceux de Banda y bijji mattan : ceux de Baleya , paydeh. C'eft une plante vivace à tige cylindrique d'une ligne un quart de diamètre, rampante iiir la terre à la longueur de deux à quatre ;! pies 5 verte , & en partie rouflatre , char- nue , aqueufe , fomée de quelques poils , je- tant par iiàtervalles de quatre à ftx pouces un falfceau de cinq à dix racines blanchâtres , longues d'un pouce & demi au plus , & aa defliis de ce faifceau une feuille en demi* lune , comparable à celle du lierre terreftre. Ckamaclema , échancrée d'un quart à {oi\ origine , d'un pouce à un pouce & demi de largeur, d'un quart moins large, verd-claire , mince , lifte , relevée en defibus de fept ner- vures rayonnantes , fomée de quelques poils , marquée de fon contour de vingt-quatre dents , triangulaires , inégales , & portées fur un pédicule cylindrique , fîllonné en deftiis , long de cinq à fix pouces , relevé en haut verticalement. De l'aift^elle de chaque feuille fort un bourgeon de trois ou quatre autres feuilles fèmblables , mais plus petites , & une om- belle feflile à deux étages , dont chacun eft accompagné d'une enveloppe à quatre feuil- les affez larges : l'ombelle univerfelle a trois ou quatre branches , & chaque ombelle par- tielle eft d'une à trois fleurs fèftiles , rouges , violettes , d'une ligne & demie de diamètre , ouverte horizontalement. Chaque fleur eft hermaphrodite , polipé- tale , pofée fur l'ovaire. Elle confifte en un calice à cinq denticules, en cinq pétales en cœur , violets , & en cinq étamines de même longueur , pofëes fiir l'ovaire qui eft en cœur comprimé , couronné par deux ftyles cy- lindriques , divergens , tronqués , terminés par un ftigmate formé de petits poils, épais, coniques. L'ovaire en mûriflant devient une capfiile orbiculaire , ou en cœur très-comprimé , d'une ligne & demie de longueur , pointue en bas , non diftin. loo. {M. Ad an son.) CODDAM PULLI , f. m. ( Hiji. nat. bo- îaniq. ) nom que les Malabares donnent à un grand arbre , très-bien gravé , par Van- Rheede, dans fon Hortus Malabaricus^ vo- lume I , page 41 , planche XXIV. Les Ma- labares l'appellent encore otapulli , & \ç.s Brames darambo, C'eft le ghoraka ghokatu de Ceylan \ le carcapuli d'Acofta , & le cam- bogia 1 guua de M. Linné , Syjiema naturœ , édition II, page 361. Cet arbre s'élève à la hauteur de 60 à 70 piés^fon tronc eft droit, cylindrique , élevé de douze à quinze pies , fur trois à quatre pies de diamètre , & couronné par une cime iphéroïde épaifle , compofée de bran- ches oppofées , deux à deux , en croix , cy- lindriques , écartées d'abord fous un angle de trente degrés, enfuite horizontalement , à bois blanc , recouvert d'une écorcc noirâ- -tre extérieurement , rouge au delFous , & blanc-jaune au dedans. Sa racine eft grolTe , piquant droit fous terre , 8c ramifiée eu nombre de groftes bran- C O D ches qui s'étendent horizontalement à une grande diftance. Les feuilles font au nombre de deux à quatre fur chaque branche , oppofées , eu croix , elliptiques , pointues aux deux extré- mités, longues de quatre à fix pouces, une fois à une fois &: demie moins larges , entiè- res, épaiilcs, fermes , luifantes , verd-brunes delliis , claires delfous , relevées en delîbus d'une côte fans nervures , & portées hori- zontalement fur un pédicule cylindrique, fix à huit fois plus court qu'elles. Les branches /ont terminées chacune par une fleur incarnate , felîîle , ouverte en étoile , de quatre à cinq lignes de diamètre. Chaque fleur eft hermaphrodite , polypé- tale , complète, pofée au delfous de l'ovaire & caduque ^ elle confifl^ en un calice à qua- tre feuilles elliptiques , concaves , une fois plus longues que larges , épaift'es , verd-jau- nes ;, en une corolle à quatre pétales fembla- bles , rouge-jaunâtres , & en huit à dix et, - mines blanches à anthères rouges , placées au deifous d'un difque , fur lequel eft élevé un ovaire Iphéroïde à huit oy dix angles , couronné par quatre ou cinq ftigmates en rayons ratupans , ou plutôt par un ftigmate hémilphérique , marqué de 4 à 5 filions. L'ovaire en mûrilîant devient une baie fphéroïde de trois pouces de diamètre , d'a- bord verte , enfuite jaune plus blanchâtre , relevée de huit à dix côtes arrondies & mar- quées d'autant de filions correfpondans à autant de loges & de cloifons membraneu- fès , à chair blanche , contenant chacune une graine en fève elliptique , comprimée , bleu- noire , longue d'un pouce, une fois & demie moins large , & attachée verticalement par le milieu de fà longueur au placenta qui se' levé comme un axe au centre du fruit. Culture. Le coddam pulli croît au Malabar dans les terres fablonneufes \ il fleurit & fruftifie une fois l'an en mars. Qualités. Toutes fès parties ont uriefaveur acide afTez douce \ fès fleurs font iàns odeur. Lorfqu'on fait une incifion à l'écorce de ie^ racines & de fbn tronc , il ea coule une li- queur blanche très-vifqueufe , fans odeur , qui en féchant forme cette gomme réfine , appellée gomme-gutte , jaune-fafran , opa- que , fans odeur , laifi'ant une légère âcreté dans le gofier. C O D Ufages. Son fruit fe mange crud , & les Malabares l'emploient fec en poudre dans leurs alimens , comme un aftringent favora- ble dans les flux de ventre bilieux. La gomme-gutte eft un purgatif que les Indiens prenirent dillbus dans 1 huile de lin , En buvant l'eau dans laquelle ils en ont fait infufer dix à feize grains pendant une nuit. Cette gomme-rélîne leur fert encore plus pour la peinture en miniature & pour les lavis. Remarques. Si l'on en croit J. Commelin dans fes notes , il ne faut pas confondre la gomme-gutte du coddam pulli ^ avec la gomme-gutte commune , que Bontius , cha- pitre 58 de fon Hijîoire des Indes , dit que l'on retire d'une plante , appellée par les In- diens lonam cambodja , parce qu'elle croît dans la province de Cambodja , voifine de la Chine , plante que le même Bontius dit être très-approchante du tithymale. En effet , la qualité purgative que l'on attribue à la gomme-gutte , doit appartenir à un tithy- male , & conféquemment au lonam cam- bodja ; & il eft probable que le coddam pulli n'eft pas une efpece de gomme-gutte , ou au moins la craie gomme-gutte, puifque Van- Rheede n'en dit mot, & que Hermann , en écrivant en 1677 de Columbo , dans l'île de Ceylan, à J. Commelin, lui mande que le ghoraka de Ceylan, qui eft le coddam pulli du Malabar , ou le carcapuli d'Acofta , & le kanna ghoraka ^ c'eft-à-dire, le ghoraka doux & non acide , qui eft le carcapuli de Linf- eot, font deux plantes très-différentes , quoi- que Gafpar Bauhin les ait confondues , & que toutes deux rendent une gomme-gutte , mais que celle du kanna- ghoraka eft iûpé- rieure à celle du ghoraka ou du coddam pulli. Voici comment cet auteur & Grimm décri- vent cette féconde efpece. Det0eme efpece. KannA-GHORAKA. Le kanna-ghoraka , appelle encore par les habitans de Ceylan kanna-koraka^^kanna- kurka , kanna-wakoraka , kœpnaykoraka &. gœthagoraka , c'eft-à-dire, goraka doux, dif- fère du ghoraka ou du coddam pulli par les caractères fuivans \ 1°. c'eft un arbre de moyenne grandeur, d'un afpedt très-agréa fele \ 2°. fes feuilles font rondes ou crbicu- laiies y vertes &: grailes j 3°. fes fleufs ji'oût C O D > f ^ ' que quatre étamines V4°. ^^^ fruits font fphéu riques, de la forme & groffeur d'une cerife , à quatre loges & quatre graines , & à chair douce non acide. Cet arbre croît communément autour de la ville de Columbo , dans l'île de Ceylan. Il rend , par les bleffures qu'on fait à fon écorce, un feic jaune qui fe condenfe en une gomme d'une qualité fupérieure à celle de la première eipece. Remarques. Van-Rheede eft le fèul au- teur qui ait décrit en botanifte & deffmé le ♦ coddam pulli , & on ne voit pas trop fur quelle autorité M. Linné attribue à cette plante plus de douze étamines , des fleurs verticillées , & par conféquent pourquoi il la place dans fa claffe treizième de la polyan-- drie. Pour nous , en examinant attentive- ment fes dirers caraâ:eres , nous la jugeons faire un genre particulier , voiiin de la Ca- rambole , dans la famille des jujubiers. Voye-{^ nos Familles des plantes , volume 2 , page 304. {M. Adanson.) CODDA PANA, f. m. (Hijî. nat. bota^ /2/^. ) palmier des plus finguliers du Malabar,, dont Van-Rheede a fait graver une figure affez complète , au volume 111 de fon Kor- tus Malabaricus ^ planches 1 a Xll. Les Ma- labares l'appellent encore tenga panna ^ les Brames kare tcla ; les Cingalois de Ceylan tala talagas , talagaijo & tallipot ; & les Portugais arvore dos fombreiros, J. Comme- lin dans fès notes l'appelle , palma montana Malabarica folio magno complicato acute flore albo racemofo , fruâu rotundo. M. Linné , dans fon Syjiema naturac , édition 12, page 729 , lui donne le nom de corypka i umbra- culofa J frondibus pinnatopalmatis ,, plicatis j filoque interjeâis , & le confond avec \q fa- rt bus , gravé par Rumphe , au volume 1 de fon Herbarium Amboinicum ^ planche Vlll. C'eft un arbre dont le tronc s'âleve droit à la hauteur de foixante à foixaate-dix pies j fous la forme d'un cylindre égal de deux pies environ de diamètre , lifîe , luifànt , couronné par un faifceau de huit à dix feuil- les en parafai qui lui foraient une tête iphé- rique de quarante pies de diamètre. Ces feuilles ne font dans toute leur gran- deur , que lorfque l'arbre a acquis toute fa. hauteur de foixaiite à foixante - dix pies ^ c'eftrà-dircjt à treiite-çiiiq,outreute-fixau&^ 3^o C O D alors elles forment chacune un éventail de quinze pies environ de largeur , fur vingt pies de longueur , compofé de cinquante à {bixaiite plis féparés à fon milieu en deux rangs chacun de vingt-cinq à trente par une côte fort mince , le long de laquel'e elles font comme ailées , étant fëparées les unes des autres feulementà leur extrémité jufqu'au quart de leur longueur , où elles laiiîcnt échapper un filet qui faifoit leur union. Le pédicule qui porte chaque feuille eft égal à leur longueur , creufé en demi-cylindre , convexe en dehors , concave en dedans , dentelé fur fes bords de dents montantes , plus large à fon extrémité fupérieure , qui eft triangulaire pointue , & formant à fon origine une gaine non pas entière , mais fen- due entièrement d'un côté. Les feuilles qui précèdent cet accroiffement entierde l'arbre , & celles qui le fuivent font beaucoup plus petites ^ celles-ci commencent même à tom- ber fuccefiîvement , fans être remplacées par de nouvelles. Ce n'cft que dans ce temps , vers l'âge de trente-cinq à trente-fix ans , que cet arbre commence à porter fleurs & fruits. Il n'en porte qu'une ièule fois , & dépérit enfuite peu-à-peu , alors il produit (es fleurs, mais d'une manière des plus fingulieres. Du fom- met de fon tronc au milieu de {es feuilles , s'élève à la hauteur de trente pies comme une autre tige droite , conique , couverte en- tièrement par une trentaine djécailles imbri- quées très-ferrées , dont chacune renferme une gaînc elliptique comprimée , obtufè , prefque deux fois plus longue que large, en- tière comme une gaine de couteau , percée par le dos vers fon extrémité d'un trou par où fort un épi de vingt pies de longueur , écarté fous un angle de 6© à 70 degrés d'ou- verture , entièrement couvert de iîx à quinze écailles cylindriques , engaînées les unes dans les autres ^ fendues d'un feul côté fur toute leur longueur , contenant chacune un régime en panicule , de deux à trois pies de longueur , compofé d'une cinquantaine d'é- pis pédunculés cylindriques , pendaus , longs de fîx à neuf pouces , portant chacun deux cents fleurs feflilles , blanchâtres , rappro- chées quatre à quatre par petits paquets. Chaque gaine contient donc environ quinze régimes & plus de 15000 fleurs. CDD Chaz-4°. Code du droit des gens, codex Juris gentium difplomaticus , eft un traité du droit des gens, imprimé à Hanovre en 1693 , vol. in- fol. Code des Eaux et Forets ^ on entend fous ce nom l'ordonnance de 1669 for le fait des eaux & forêts. Voy. Code Louis XIV. Code de téglife Gallicane ,\ Cade de téglife Greque , / Code de téglife d Occident y\foy. ci- den Code de téglife (f Orient , yCoDE canon. Code de téglife Romaine A Code de téglife Univerfelle ,j Code des donations pieu fe s , qui eft im- primé en latin fous le titre de codex donatio- numpiarum, eft un recueil fait par Aubertle Mire , de Bruxelles , de tous les teftamens , codicilles , lettres de fondation , donations , immunités , privilèges , & autres monumens de libéralités pieufes faites par les papes , empereurs , rois , ducs & comtes , en faveur de différentes églifes , & principale ment des églifès de Flandre. Code d'Evarix ou d'Euric , eft un corps de loix qui fut rédigé fous Evarix roi des Vifigoths , qui commença en 466 : ces loix furent faites tant pour les Vifigoths qui occu- poient l'Efpagne , que pour ceux qui s'étoient établis dans la Gaule Narbonnoife & dans l'Aquitaine. Alaric II , fils d'Evarix , fit un autre code pour les Romains ou Gaulois , qu'il tira des loix romaines. Voye[ ci-devant Code Alaric. Leuvigildc corrigea le çcde Evarix , en fopprima quelques loix , & en ajouta d'autres. Les rois fuivans eu firent de même , & particulièrement Chindofuinde qui fitdivifer ce code en douze livres , comme celui de Juftinien , fans néanmoins qu'il y ait aucun rapport entre ces deux codes pour l'ordre des matières , & il ordonna que ce recueil fèroit l'unique loi de tous ceux qui étoient fujets des rois Goths , de quelque nation qu'ils fuffenr: ce recueil s'appelloit le livre de la loi gothique, Exgica qui régna jufqu'en 701 , commit l'examen & la corr re(âion des loix gothiques aux évêqugjs d'Ef- Zz 2 3^4 C O D pagne , mais à condition qu'ils ne déroge- roient point aux loix établies par Chindo- fuinde , & il le fit confirmer par les évêques au fèizieme concile de Tolède , l'an 693. Ce code d'Euric étoit encore obfervé dans la Gaule Narbonnoife du temps du pape Jean VIII , vers l'an 880 : on y voit les noms de plufieurs rois '^ mais tous ibnt depuis Reca- rede , qui fut le premier entre les rois Goths catholiques. Les loix antérieures ibnt inti- tulées antiques , ians qu'on y ait mis aucun nom de rois, non pas même celui d'Erarix ^ ce qui fans doute a été fait en haine de rarianifme dont ces rois faifoient profeiTion. Voy. tkijl, du droit fran^ois de M. l'abbé Fleury. Code FaVRE , ou Fabre , ou Fabrien , (odex Fabrianus definitionum forcnfium in fenatu Sabaudice traâarum , eft un traité fait par Antoine Favre, connu fous le nom d'-^/z- tonius Faber , contenant les définitions ou décifions arrangées fiiivant l'ordre du code de Juftinien. Il avoit été long- temps juge- mage , c'eft-à-dire lieutenant civil & crimi- nel de la Breffe & du Bugey. Après l'échange s de droit compofé par ordre de Charles Frédéric , au- jourd'hui roi de Pruffe, électeur de Brande- bourg , pour fervir de principale loi dans tous fes états. Ce qui a porté ce prince à faire cette loi nouvelle , eft l'incertitude & la confiifion du droit que l'on fuit dans l'Allemagne en géné- ral, & en particulier de celui que l'oafuivoit dans les états de Pruffe., Jufqu'au treizième fiede , chaque peuple d'Allemagne avoit fes lo^ propres , qui ont été recueillies par Lindenbrog , Goldaft , Baluze , &c. mais elles étoient fort concifes , êc ne décidoient qu'un petit nombre de cas. lie droit romain fut introduit en Allema- COD gne vers la fin du treizième fiecle , & au com* mencement du quatorzième. On reçut aufli dans le treizième fiecle les décrets de Grégoire IX ^appelles aujourd'hui le droit canon. L'Allemagne eut donc depuis ce temps trois fortes de loix , qui s'obfervoient con- curremment j & dans certains cas on étoit en doute lequel devoit prévaloir du droit allemand , du droit romain , ou du droit canon. Toutes ces différentes loix ne décident la plupart que des cas particuliers , au lieu qu'il auroit fallu les réduire en forme de iyftême y. fuivant les divers objets du droit , comme Juftinien a fait dans fes injiitutes. Ces inconvéniens engagèrent l'empereur Frédéric III , en 144 1 , à abréger en quel- que forte le droit romain en Allemagne par la réfolution de l'Empire ^ & pour cet eifet il ne permit qu'à certains doéîeurs de don- ner des réponfes iur le drsit , leur ordonnant aufiî de rendre leurs réponfes conformes aux: loix reçues & approuvées. Il défendit à tous autres doâieurs de prendre féance dans les jullices , & de donner des inftruéiions aux parties j & il fupprima tous les avocats. Cette réfolution de l'empire ne mit guère plus de certitude dans la jurifprudence d'Al- lemagne i & Maximilien fils de Frédéric y. en établilTant la chambre de juftice de l'Em- pire , y introduifit eu même temps le droit romani , & voulut qu'il fût encore obfervé comme un droit impérial & commun : ce qui fut réfolu dans les diètes de, l'Empire des années 1495 Se 1500, L'étude des loix eft encore devenue plu* difficile par la multimde de commentateurs; qui ont paru en Italie , en France , en Ef- pagne , & fur-tout en Allemagne ^ au lieu de s'attacher à la loi, on fuivit l'opinion commune des dodeurs , chacun prétendit avoir pour foi l'opinion commune ^ & l'a- bus alla fi loin , que dès qu'un avocat pou- voit rapporter en fa faveur l'opinion de quel- que doâ:eur , ni lui ni fa partie ne pouvoient être condamnés aux dépens*. Jel eft encore l'état de la jurisprudence; dans la plus grande partie de l'Allemagne. Plufieurs iàvans ont fait des vœux pour- la réformation de la juftice dans l'Allema'- gne j quelques-uns, ont donné des projets^ C O D d'un nouveau code ; les empereurs mêmes ont propofé pluiîeurs fois dans les dictes la réfiormation de la juftice : mais toutes les délibérations qui ont été faites , n'ont abouti qu'à mieux régler la procédure , & l'on n'a point formé de corps de droit général &; certain. Quelques états de l'empire ont à la vérité fait dreiler des corps de droit , entre lef- quels ceux de Saxe , de Magdebourg , de Lunebourg , de PrufTe , du Palatinat , & de Wirtemberg, méritent des éloges ^ mais au- cun de ces codes n'cft univerfël , & ne ren- ferme toutes les matières de droit : ils ne font point réduits en forme de fyftême , ils ne contiennent point de principes généraux fiir chaque matière , la plupart ne règlent que la procédure & quelques cas douteux j c'eft pourquoi on y laiffe fubfifter le recours aux ïoix romaines. La juriiprudence n'étoit pas moins incer- taine dans les états du roi de Pruffe, avant la publication du nouveau code dont il s'agit ici. Outre le droit romain qu'on y avoit reçu , le droit canon y avoit aufTi une grande au- torité avant que les états de Pruffe fè fîii- fcnt féparés de communion d'avec l'églifè romaine j les dofèeurs mêloient encore à ces loix un prétendu droit allemand qui n'é- toit qu'imaginaire, puifqu'on ne fait rien de certain de fon origine , & que la plupart de ces loix germaniques ne convenant plus à rétat préfent du gouv^ernemcnt y font de- puis long-temps hors d'ufage. La confufîon étoit encore plus grande dans quelques provinces , par l'introduâion du droit mxon qui diffère en bien des cas du droit commun , & que l'on fiiivoit prin- cipalement pour la procédure. Chaque province & prefque chaque ville alléguoit des ftatuts particuliers , inconnus pour la plupart aux habitans. Le grand nombre d'édits particuliers , fou- vent contradiâoires entre eux , augmen- toient encore l'incertitude de la jurispru- dence & la difficulté de l'étudier. Il s'étoit auffi introduit dans chaque pro- vince un ftyle particulier de procéder ^ & cette diveriité de ftyles donnoit lieu à tant d'incidens , qu'on étoit obligé d'évoquer au confeil la plupart des affaires. Pour remédier à tous ces inconvénient ,. C O D 3a/û///zj. Les adoptions font admifes par ce nouveau code , à-pefj-près comme elles avoieut lieu chez les Romains. On y règle auffî les effets de la puifl!ance paternelle. Il eft permis au père de châtier fes enfans modérément , même de les enfer- mer dans Ça. maifon ; mais non pas de les battre jufqu'à les faire tomber malades , ni de les faire enfermer dans une maifon de corredion , fans que la juftice eu ait pris couttoifïâflce. 3^8 C O D Par rapport aux mariages , ils doivent être précédés de trois annonces ou bancs pendant trois dimanches confécutifs. Le roi feui pourra difpenfèr des trois annonces , ou même de deux : mais les confiftoires pourront difpenfèr d'une ^ & ie roi confirme VuCage obiervé à l'égard des annonces des nobles , de les faire publier fans qu'ils y foient nom- més On ne conçoit pas quelle publicité cela peut donner à leurs mariages. Entre les caufes pour lefquelles un m.ariage légitime peut être diflbus , il eft permis aux conjoints de le faire d'un mutuel confente- ment , après néanmoins qu'on aura elTayé pendant un an de les réunir. Un des conjoints peut demander la dilTo- lution du mariage , pour cauiè d'adultère commis par l'autre conjoint. Il fuffit même au mari que fa femme ait un commerce fiifpect avec des hommes , comme fi elle leur écrit des billets doux, &c. Ces galanteries ne font pas punies par-tout il févérement. Le mariage eft encore dilTous , lorfqu'un des époux abandonne l'autre malicieufe- ment , ou lorfque l'un des deux conçoit contre l'autre une inimitié irréconciliable , ou contraéfe le mal vénérien , &c. ou lori- qu'il devient furieux ou imbécille ^ & de- meure en cet état. V article 3 du titre iij , livre II , diftingue deux fortes de concubinages : le premier , qu'on appelle mariage à la morganatique ou de la main gauche , lequel n'eft pas permis félon les loix \ le prince fe réfen'e néanmoins la faculté de le permettre aux gens de qua- lité ou de condition éminente , lorlqu'ils ne veulent pas s'engager dans un fécond ma- riage 5 & que néanmoins ils n'ont pas le don de contiaeiice \ l'autre forte de concubinage , qui n'eft point accompagné de la bénédiâiion nuptiale, eft abfolument défendu comme par le palTé. Les titres fliivans règlent ce qui concerne la dot , les paraphernaux , les biens de la femme appelles res receptitiœ , la donation à caufe de noces , le douaire y dotalitium , ac- cordé aux veuves parmi la nobleffe, le préibnt appelle morgengabe , que le mari fait à fa femme le lendemain des noces , la fuc- ceflion réciproque du mari & de la femme lorfque cela eft ftipulé dans le coatrat , & la C O D » portion sç^t'Aèt Jiatutaire , que le iiirvivant gagne en quelques provinces , & qui eft d* la moitié des biens du prédécédé. Le furplus de cette première partie eft employé à régler les tutelles. La ièconde partie eft divifée en huit livres, qui forment deux volumes : cette partie traite du droit réel que les perfonnes ont fur les choies , de la diftindion des biens , des différentes manières de les acquérir & de \q$ perdre^ ce qui embrafîë les prefcript ions , les fervitudes , ks gages &. hypothèques , les fuccelîions , les teliamens ik. codicdles : tout y eft alTez conforme au droit romain , excepté que l'on en a retranciié beaucoup de chofes qui ne conviennent plus au temps ni au lieu j & pour les teftamens , il eft or- donné qu'à l'avenir ils ne pourront être faits qu'en juftice en préfence de trois officiers de la jurifdidion : l'ufage des teftamens devant notaires & témoins elè aboli. La troiiieme partie , dont la traduéiion ne paroît pas encore en France , eft celle qui traite des obligations de la perlbnne &dela procédure. C'eft dans cette dernière partie que le roi s'attache principalement à réformer l'ordre judiciaire. Il diftingue trois degrés de jurifdiéèion j favoir , les juftices inférieures , les juftices iiipérieures où relfortit l'appel des premiè- res , & les tribunaux où reiibrtit l'appel des juftices fupérieures. Il règle de quels officiers chaque ^icgc doit être compofé , & le devoir de chaque officier en particulier. Les rapports doivent être expédiés en huit ou quinze jours , à moins qu'il n'y ait une néceffitéindifpenfàble de prolonger ce délai. Tout procès doit être terminé en trois inf- tances ou degrés de jurifdiâion dans i'efpace d'une année. Les avocats qui n'ont ni les fentimens d'honneur ni les talens que demande leur profeffion , doivent être caftes \ le nombre en doit être fixé à l'avenir dans chaque tri- bunal j les candidats feront examinés à fond ftir le droit & les ordonnances ^ l'honoraire des avocats fera fixé par le jugement feloii leur travail , & ils ne pourront rien prendre des parties que le procès ne foit terminé j leur minifterc ne fera employé que dans les grandes c o b grandes villes ocdms des tribunaux ccnCtàé- rablss , dc à Tavenir ils font féuls chargés de faire les procédures qui font fort fimplifiées, ôc le miniftcre des procureurs eft iupprimc. Tel eft en fubftance le fyftême de ce nou- veau code y par lequel on peut juger de la forme du gouvernement & des mœurs du pays par rapport à l'adminiftration de la j u£~ tice ; il feroit à fouhaiter que Ton fit la même chofe dans les autres états où les loix ne font point réduites en un corps de droit. Code des Gabelles , eft Un titre que Ton met quelquefois à l'ordonnance de Louis XIV , du mois de mai 1680, fur le fait des aides & gabelles. Fbje:^ ce qui eft dit ci-de(lUsrt« /norCoDE des Aides , & ci- après Gabelles , Ordonnance des Ga- belles. Code Gillet ou code des procureurs , eft un recueil d edits & déclarations, arrêts Se réglemens concernant les fonâiions des pro- cureurs , tiers référendaires du parlement de Paris : le véritable titre de ce recueil eft ar- rêts & réglemens concernant les fcnclicns des procureurs y &c. ce n'eft quedansTufagc vul- gaire qu*on lui a donné les furnoms de code Gillet ou code des procureurs ; 8c quoiq ue le titre n'annonce d'abord que des arrêts 5c réglemens , il contient cependant au ili pîu- fieurs édits & déclarations, & plufieurs dé- libérations de la corïmaunâuté des avocats ôc procureurs ; le tout eft accompagné de différentes inftrudtions conformes à Tordre judiciaire. Ce recueil a été (urnommé le code Gillet , du nom de M« Pierre Gillet , l'un des procureurs de communauté qui en fut Tauteur Se le donna au public en 1 7 1 4 : on en a fiit une nouvelle édition en 1 7 1 7 , qui a été augmentée. Ce recueil eft divifé eh trois parties : la première contient les édits 6c déclarations concernant' la création des procureurs au parlement; la féconde partie traite du devoir &c des qualités néceftairesau procureur pour bien exercer fa profefTion , dont Pauteur du code Gillet donnoit l'exem- ple au iTi bien que les t)réceptes; il y traire auffi très-fommairemenr de la communauté des avocats & procureurs par rapport à l'o- bligation & à l'utilité qu'il y a pour les pro- cureurs de s'y trouver : mais il n'a point ex- pliqué aflèz amplement ce que l'on entend par cette communauté des avocats ôc procu- Tome FUI, C 0 t) 5^^ feurs ; on pourra le voir ci-àprês au mot Communauté : la "troineme partie eft di- vifée en plufieurs titres; favoir jdela décharge des pièces , procès Ôc inftances , ôc du temps pendant lequel on peut les demander , du défaveu , de la confîgnation que les procu- reurs doivent faire des amendes , de la poftu- lation , des frais ôc falaires des procureurs , de la fonction ôc inftru<£tion des ticrs-taxa- teurs de dépens. Ce recueil, quoique fait principalement pourTufage des procureurs, peut auiïî fervir à tous ceux qui concou- rent à l'adminiftration de la juftice : mais il y auroit beaucoup de nouveaux réglemens à y ajouter, qui font furvenus depuis le décès de Tauteur. Code des Grecs , v. Code canonique. Code Grégorien, codejc Gregorianus, eft une compilation des conftitutions des empereurs romains, depuis ôc compris Tem- pire d" Adrien juiques Se compris celui de Dioclétien Ôc de Maximien. Ce code eft fur- nommé Grégorien du nom de celui qui a fait cczzs compilation. On tient communé- ment qu'elle a précédé une autre coUedion des mêmes conftîtucions, connue fous le titre de code hermogênieny dont nous parlerons ci- après ; cependant Pancirole en (on traité de clar. kg. interpret. cap. txv & fxvj , croit au, contraire que le code Grégorien a été rédigé depuis le code hermogênien. Il prétend que \é code Grégorien fut Compilé par Grégorius , préfet, de TËfpagne ôc proconful d* Afrique fous les empereurs Valens Ôc Gratien qui ont régné depuis Conftantin-le- grand : la loi i $' au code Théodofien , depijlorihus^ fait men- tion de ce Grégorius. Jacques Codefroi eu fes prolégomènes du coJeThéodofien , attri- bue la compilatioji du code Grégorien, à un autre Grégorius qui fut préfet du, prétoire fous l'empire de Conftantin. Il eft parlé de ce Grégorius dans pluiîeurs loix du code Théodofien , ôc il eft encore douteux lequel de ces deux Grégorius a compilé le code Grégorien. Qiielqaes auteurs, (Scnotammcnç celui de la conférence des loix inoiaïques6c romaines qui vivoit peu de temps après , le nomme io\i]OW[s Qregcrianus , ce qui fait croire que c'étoit fon véritable nom , ôc non pas Grégorius, Quant au temps où il a vécu , il paroit quec'eft fous Conftantin , fa com- pilation finrftaiit aux coilfticutions de Dio- Aaa 370 ^ ^ ^ , , clctien & de Maximien , qui ont régné avant Gonftantin , lequel pofTédoit déjà une partie de Tempire avant Maximien. Grégorien ayant fait de Ton chef cette compilation , il ne paroit pas qu'elle ait eu par elle -même aucune autorité fous Conftantin ni lous Tes fucceiTèurs , non plus que le code hermcgé- nien; Juftinien cite , à la vérité , ces deux codes au comm.encem.ent , ^ les fait aller de pair avec le code Théodcfien , en parlant du grand nombre de conftitutions que ces trois codes contenoient : mais tout ce que Ton peut induire de là par rapport aux codes Grégorien & Hermogénien , eft que l'on con- fultoit ces colledlions comme une indruétion tz comme un recueil contenant des confti- tutions qui avoient force de loi. M. Terraf- ion , en ion h,J}. de la jurifprud, romaine , penfe que probablement on ne voulut pas revêtir ces deux codes de Tau torité publique à caufeque leurs auteurs étoient païens, comme il paroit en ce qu'ils ont alfedé de j:e rapporter que les conftitutions des em- pereurs païens. On croit cependant que Jufti- jnien n'a pas laiflé de fe fervir de ces deux codes pour former le fîen ; on fonde cette conjeÂure fur ce qu'il fe trouve dans fon code des conftitutions qui n'étoicnt point dans celui de l'empereur ThéodoTe , parce qu'elles font plus anciennes , & qu'elles ont probablement été tirées des deux codes Gré- gorien 8c Hermogénien. Après que Juftinien eut tiré de ces deux codes ce qu'il crut nécellaire , on les négli - gea tellement qu''ils ont été perdus, à Pex- ception de quelques fragmens qu'Anien, jurifconfuke d'Alaric , nous en a confervé depuis ; Jacques Sichard les a compris dans ion édition du code Thécdcficn , imprimé à Bâle en 1518 j Grégorius, Tholofanus & Cujas les ont enfuite donnés avec des cor- redlicnsj enfin Antoine Schulting en ^ donné une édition plus complète avec des notes , dans fon ouvrage intitulé jurifpriidentia veius ante-jujîinianea , imprimé à Leyde en l'année 1717. Voye'^lajurifprudence romaine de M. Terra flbn, page z8^ , Se ci -après Code Hermogénien & Gode Justinien. Code Henri ou code d'Henri III, eft une compilation faite par ordre d'Henri lil, des ordonnances des rois fes prédécefteurs ^ dçs iiemies. Ce prince crut qu'il étoit à C O D propos , pour le bien de fon royaume , de faire , à l'imitation de Juftinien , un abrégé de toutes les ordonnances. Il annonça ce def!èin dans l'ordonnance de Elois, faite tn ^579 i ^ regiftrée en ifSo, dont l'article 207 porte quil avoit avifé de commettre certains perfonnages pour recueillir ôz arrêter les ordonnances , de réduire par ordre , tn un volume, celles qui fe trou veroicnt utiles ôc néceflaires , & aufïî pour rédiger les coutumes de chaque province. Il chargea de la compilation des ordon- nances Barnabe Crifton , lequel avoit d'a- bord paru avec éclat au bureau du parle- ment de Paris. Henri ÏII charmé de (on éru- dition &: de fon éloquence , le fit fon avocat- général , puis confeilk r d'état , de enfin pré- fidcnt à mortier en ij-So. Il s'en fervit en différentes négociations, &: l'envoya am- baflàdeur en Angleterre. Ce fut au retour de cette am^baftade qu'il fut chargé de tra- vailler au code Henri , ce qu'il exécuta avec beaucoup de foin & de diligence. Il mit au jour cet ouvrage fous le titre de code Henri ôc dehafJiques, ôc comptoit le faire autorifer ôc publier en 1585; en effet, comme il avoit obiervé de marquer en marge de cha- que difpofition d'ordonnance le nom du prince dont elle étoit émanée , &. la date de l'année 8c du mois , lorf qu'il a ajouté de nouvelles difpofitions , il les a toutes mar- quées fous le nom d'Henri III , 25% , fans date de miois j c'eft à quoi l'on doit faire at- tention, pour ne pas confondre les vérita- bles ordonnances qu'il a rapportées , avec les articles qui ne font q uc de iimples projets de loix. Loyfeau & Carondas ont dit de lui qu'il tribonianifoit , parce qu'à l'exemple de Tribonien il avoit ajouté dans fa com.piîa- tion de nouvelles difpofitions pour fuppléer à ce quin'étoit pas prévu dans les anciennes ordonnances. M. de Lauriere , en fa préface du recueil des ordonnances de la troijïeme race , dit que M. ErifTon fit imprimer fon ouvr:?ge en 1587 , fous le titre à.t k JiUques 8c de code Henri. Dès que cet ouvrage parut, Henri III en fit envoyer des exemplaires à tous les parle- mens pour l'examiner , l'augmenter ou le diminuer comme il leur pr.roitroit ccn^ e- nable, fcn intention étant de lui dci;ncr CDD force de loi , après qu'il aaroit été revu èc ' corrigé fur les obfervations des parlemens ; mais rexécution de ce projet fut arrêtée par les guerres civiles qui défolerent Pétat , par la mort fuiiefte d'Henri III , arrivée le i août 1589 , & parla fin tragique du préfident, indigne d'un homme de (i grande confidé- ration & de Ton mérite. Ce magiftrat ayant été choifî par la ligue pour occuper la place du premier préfîdent de Harlay, quiétoit alors prifonnier à la Baftille , fut arrêté le i y novembre 1591 par la fadiou des feize, ik conduit au petit châtelet , où il fut pendu à une poutre de la chambre du confeil , non- obftant toutes les prières qu'il fit que l'on l'enfermât entre quatre murailles , afin qu'il pût achever l'ouvrage qu'il avoir commencé, dont le public dévoie recevoir de grands avantages. Cette circonftance eft rapportée ' par Simon en fa bibliothèque , hijl. des auteurs de droit. Quelque temps après la mort de l'auteur , M. le chancelier de Chiverny (décédé en 1599) engagea Carondas à revoir le code Henri & aie perfeârionner, & Carondas en donna deux éditions : la première en 1 60 1 , qu'il dédia au roi Henri IV ; & dans l'épître dédicatoire , il parle du code Henri comme d'un ouvrage que le préfident Briflon fepro- pofoit de mettre au jour. Il dit que M. le chancelier de Chiverny lui avoir commandé, pour le roi , de revoir ce code , & d'y em- ployer le fruit de Tes études ; qu'il y avoit ajouté plufieurs ordonnances mémorables des anciens , & les édits & conftitutions d'Henri IV ; il y joignit aufîi , par forme de notes , une conférence des ordonnances, des anciens codes de Théodofe &: de Jufti- nien, & des bafiliquesdesloix des Vifigoths, des conciles , des arrêts , & de plufieurs an- tiquités & faits hiftoriques. • La féconde édition fut donnée par Caron- das en 1605 , & augmentée de plufieurs édits &c ordonnances , & notes qui man- quoient dans la précédente. Nicolas Frérot , avocat au parlement , en donna en 161 5 une édition fur les manuf- crits même du préfident BrilTon, & y joignit aulTi de nouvelles notes. Louis Vrevin donna en iCij un volume //2-8°. intitulé obfervations fur le code Henri. En 16 XI p:rut une quatrième édition de C O D 371 ce code , augmentée par Jean Tourner & par Michel de la Rochemaillet. Ce code ell divifé en vingt livres , &: ciia- que livre en plufieurs titres qui embraflènt toutes les matières du droit. Le premier livre traire de l'état eccléfiaf- tique & des matières bénéficiales : le fécond traire des parlemens , de leurs officiers , & des procédures qui s'y obferventde troifieme des juges ordinaires Se autres miniftres de juftice: le quatrième, des préfidiaux : le cinquieme,de la procédure civilede fixieme, de diverfes matières décidées par les ordon- narxces , telles que les dots , mariages , dona- tions, teftamens, fubftitutions, fuccellions, delà nobîeife, des rentes conftituées, des fervitudes , retrait lignager , de robligatioii de déclarer dans les contrats de quel feigneur relèvent les héritages , de l'exécution des oiïligations & cédules , des tranfports , des mineurs , tuteurs , curateurs , des refcifions, répits , péremptions ; que tous ades de juf- tice feront en langue vulgaire, & que l'année fera comptée du premier janvier : le fep- tieme livre traite des procès criminels : le huitième , des crimes & de leur punition : le neuvième , traite de l'exécution des juge- mens , & des moyens de fe pourvoir contre: le dixième , de la police : le onzième , des univerfités&de leurs fuppôts : le douzième, de la chambre des comptes : le treizième , de la cour des aides & des officiers qui lui font fournis : le quatorzième , des traites , impofitions foraines & douanes : le quin- zième , des monnoies & de leurs officiers : le feizieme , des eaux & forêts &: de leurs officiers : le dix-feptieme , du domaine & droits de la couronne : le dix-huitieme , du roi èc de fa cour , le dix-neuvieme , des chancelleries de France : le vingtième , des états, offices, & autres charges militaires, & de la police des gens de guerre. Ce code confidéré comme loi nouvelle efl fortbon; mais étant demeuré dans les termes d'un fimple projet , il n'a aucune autorité que celle des ordonnances qui y font rapportées , & on ne le cite guère que quand on y trouva quelque ordonnance quin'efl pas rapportée ailleurs. Voye-^ ce qui en efl dit par Pafquier dans fes lettres , liv. IX , lett. première , adreflée au préfident Briflon ; Loifeau , tr. des offices, liv. /, ch. viij ,n.^?.y Bornier en^/i A aa 1 372 C O D préface , journal des a&dieiices , arrêt du % juillet lycS. Code du Roi Henri IV , eft une com- gUâcit>n du droit: romain &: dia droit Fran- çois , ou pîutôr du droit coiuumicr de la province de Normandie , qui éroit familier à Fauteur de cet ouvrage : ce fut Thomas Cormier , confeiUer à Téchiquier de Rouen èc au confeil d'Aknçon , qui donna au pu- bfic cerre compilation en i6iy. Elle fut d'abord imprimée en un volume //z-/o/. Fran- çois & latiï>. En 1(^15" on le réimprima feu- lement en François en un volamt; in--4^°. On croisoir , au titre de cet ouvrage , qu'il ren- ferme une colkébion ou compilation des ordonnances d'Henri IV. Cependant on n'y trouve aucun texte d''ordonnance , c'eft feu- lement un mélange du droit romain avec d«s dirpotïtions d'ordonnances. Voyei la préfûccie Bornier. Simon qui en fait men.tion en Cil h-bUotheijue des- auieurs de droit rap- porte fur celui-ci unefmgularitc , favoir qu'il s^'étoitiî fort appliqué à Pétude que la femme avoir obtenu contre lui une ientence de diflolutioiidans les formes , & s'étoit mariée d'un autre côté \ que néanmoins Cormier ayant aeliievé fôn ouvrage , le repos d'efprit 1-ui fit recouvrer la- fanté qu'il avoit per^ro-e , qu'il fe marix avec une autre Femme donc il tLu: des enfanSjCe qui donna Heu à un graiid" procès dont parle Berauk. On peur citer ace iujet l'exemple de Tiraqu^au , quidonnoit, dit-on , disque awnée au public un eaifanc & un volume ; ce qui fait voir que les pro!- cUiAioiTS de l'el^r.it n'empêchent pas celles de la narure. Code H er moge niem- , eft- mie oolb jurifconfuke , qui vivoit fou-s l'empire de Conftantiii & fous les enfans de ce prince. Jacquet Godefroy , dans Ces prolégomènes du Code T/iéodcJien, chap.j , lemble croire quekcovij Hérmogénien corhprenoit les conf^ titutions des mênies empereurs que le code Gréàcrieiî : il ne prétend pas néanmoins que œ fullent prcciiément toutes les mêmes conf- tittitions , ni qu'elles fuilènt rapportées dans les mêmes termes ; il obferve au contraire que plu (leurs de ces coiiftitutions qui font rapportées dans Pun & l'autre code , différent entr*elks en plufieurs diofes. Et en effet l'au- teur de la conférence des loix mofaïques ù romaines y après avoir rapporté un paflage d'HerrïiOgén'ien contenant une conftitutiort cks empereurs Dioelétien èc Maximien , remarque qu€ Grégorien a aufli rapporté cette conftitution , mais fous une dcite diffé- reiîte. Ni. Terraftbn , eh fon lùfîoire de la jurif- pmdeitce romaine , p. %8^ , regarde comme douteux qu^Hennogériifen eût compris dans fa compiktiôft des conftitutions des empe- reurs qui ont régné depuis Adrien; il fe fonde fur ce que' dans ks fragmens qui nous ref^ teftt du code Hcrmcgénien , on ne trouve que des conftitutions- de Dioelétien & Maxi- mieh'. Les trois premières à la vérité font attribuées à un erripereur nommé Aurelius'y mais il n'y €n a' aucun qui ait porté fim- pJemeftt ce n'oift*; & M. Terra (l'on rapporte la preuve qu'Aurdius éroit un prénom qui fut àonné aux empereursDioclétien & Maxi- mien. Il n'étoit pasnatlîrel d 'ailleurs q u'Her- mogénien eût compilé préciiémentksmêmcs ordonnances que Grégorien; il eft^ plutôt à préliirAei* que le code Hérmcgénien né fut autre chofè qu'une fuite' & un (upplément dupïétédeniT, &;que fi l'auteur y comprit quelques conftirutiGns du nombre de celles que Grégorien-avoir déjampportées , ce fut apparemment pouries donner d'une manière plus côrfedre, foit pour le x.c pluCieurs autres édits & décla- rations. Voye-^^cz qui eft dit au mot Code Louis 5caumot Code des Aides. Code marchaî^d , eft un furnom que l'on donne vulgairement à l'ordonnance ou cdit de Louis XIV , furie fait du commerce, du mois de mars 1673; mais en citant cette Tome VIII, COD 377 ordonnance à l'audience , on ne diroît point le code marchand y on diroit ['ordonnance du commerce , qui eft fon véritable titre. Ce code eft divifé en douze titres : le premier traite des apprentis négocians «Se marchands , tant en gros qu'en détail ; le fécond , des agens de banque & courtier» ; le troifieme , des li- vres & regiftres des négocians , marchands de banquiers ; le quatrième titre traite des fociétés ; le cinquième, des lettres & billets dechange,&promeflesd'enfournir;lefixie- me traite des intérêts de change & rechange (les deux derniers articles de ce titre concer- nent les formalités que l'on doit obferver dans le prêt fur gages ) le feptiemc titre traite des contraintes par corps ; le huitième , des féparations de biens ; le neuvième , des dé,- fenfes& lettres de répi;le dixième, des celfions de biens; le onzième, des faillites &: banqueroutes ; & le douzième &: dernier , de la j urifdiclion des coniuls. Qtioique cette ordonnance ibit principalement fur le fait du commerce , elle forme néanmoins une loi générale qui s'obferve entre toutes fortes de perfonnes, lorfqu*elles fe trouvent dans les cas prévus par cette ordonnance : par exemple , ce qui eft ordonné pour le prêt fur gages par les deux articles dont on a parlé ci-devant , n'a pas liea feulement entre marchands , mais entre tous ceux qui fc trouvent dans les cas prévenus par ces arti- cles , ainiî qu'il a été jugé plufieurs fois en- tre des perfonnes non marchands. Bornier a fait une conférence de l'ordonnance du commerce avec les anciennes èc nouvelles ordonnances , édits , déclarations , & autres réglemens qui y ont rapport. Code Marillacow Code MicHAULT, Voye'^ ci-après Code Michault. Code de la marine , eft un titre que l'on donne quelquefois à l'ordonnance de Louis XIV , du mois d'août 1681, tou- chant la marine. Elle eft divifée en cinq livres , qui font divifës chacun en plufieitrs titres & articles. Le premier livre traite des officiers de l'amirauté &c de leur jurifdic- tion ; il traite aufti des interprètes 6c des courtiers conduéteurs des maîtres de navi- re; du profefteur d'hydrographie; des con- fuls de la nation françoife dans les pays étran- gers ; des congés & rapport de la procédure çtuife fait dans les amirautés i des prefcrip-» Bbb 378 C O D tions qui ont lieu dans les affaires mariti- mes , &: de la fàifie & vente des vaifleaux. Le fécond livre règle ce qui concerne les gens &c bâtimens de mer ; lavoir , le capi- taine , maître ou patron , l'aumonier , Técri- vain , le pilote , le contre-maître ou nocher , le chirurgien, les matelots, les propriétaires des navires, les chapcntiers & calfateurs, les navires ôc autres bâtimens de mer. Le troi- lieme livre contient tout ce qui concerne les charte-parties , affrettcmens ou nolifl'e- mens , les connoifîemens ou polices de char- gement , le fret ou nolis , l'engagement & les loyers des matelots, les contrats à grofle aventure ou à retour de voyage , les aflu- rances , les avaries , le jet & la contribu- jion , les prifes , lettres de marque ou de repréfailles , les tcftamens & la lucceiïîon de ceux qui meurent en mer. Le quatrième livre traite de la police des ports &c havres, côtes , rades & rivages de la mer : des maî- tres de quai , des pilotes , lamaneursou loc- mans , du leftage & déleftage , des capitai- nes garde-cotes , des pcrfbnnes fujettes au guet de la mer,des naufrages, bris de échoue- mens , & de la coupe du varech ou vraicq. Enfin le cinquième livre traite de la pêche qui iè fait en mer , de la liberté de cette pè- che 5 des pêcheurs , de leurs filets , des parcs ôc pêcheurs , des poifïons royaux , &c. Le commentaire qui a été fait en 1 7 1 4 fur cette ordonnance eft peu eflimé. Il y a encore une autre ordonnance pour la marine du i j avril 1 689; mais elle ne concerne que la difciplinc des armées navales , & la première efl la feule que Ion appelle code , comme conte- nant un règlement général pour la police de la marine. Voye[ Marine ù Ordon- nance DE LA Marine. Code Michault , qu^on appelle aufîi code Marillac , eft un furnom que Ton donne vulgairement à une ordonnance pu- bliée fous Louis XIII , au mois de janvier 1 62.9 : elle a été ainii appellée de Michel de Marillac, garde des fceaux de France, qui en fut l'auteur. Mais en la citant à l'audien- ce , on ne la défigne point autrement que fous le titre d'ordonnance de i6x^. Elle fut tirée des principales ordonnances & principalement de celle de Blois. Louis XIII fit travailler à fa rédaction furlesplaiiites & doléances faites par les dé- COD pûtes des états de fon royaume , convoqués & aflemblés en la ville de Paris , en 1614, bc fur les avis donnés à S. ]VI. par les allèm- blées des notables tenues à Rouen en 1617, & à Paris en 1626. Elle ne fut publiée & enrégîftrée à Paris que le i f janvier 1 629. Le roi féant en fon lit de juftice, en fit faire lui-même la pu- blication & cnrégiftrement. Elle ne fut en- régiftrée au parlement de Bordeaux que le 6 mars fuivant; dans celui de Touloulè , le 5 juillet j à Dijon , le 19 feptembre de la même année : elle fut aufli enrégiftrée au parlement de Grenoble & ailleurs dans la même année. Les parlemensde Touloufe, Bordeaux & Dijon , par leurs arrêts d'enré- giftrementjy apportèrent chacundifférentes modifications fur plufieurs de fes articles. Cesmodilîcacions, qu'il eft efïentiel de voir pourconnoitre l'ufagede chaque province, font rapportées à la fuite de cette ordon- nance avec les arrêts d'enrégiftrement , dans le recueil des ordonnances par^éion , torne /. Cette ordonnance eft une des plus amples ôc des plus fages que nous ayons ; elle con- tient 461 articles , dont les premiers règlent ce qui concerne les eccléflaftiques : les au- tres concernent les hôpitaux , les univerfi- tés , Padminiftration de la juftice , la no- bleflè ôc les gens de guerre , les tailles , les levées qui fe font fur le peuple , les finan- ces , la police , le négoce ôc la marine. Le mérite de fon auteur , les foins qu'il prit pour la rédaélion de cette ordonnance , ôc la fagelfe de fes dilpofitions , la firent d'abord recevoir avec beaucoup d'applau- diflement dans tout le royaume j ôc c'eft à tort que les continuateurs du didionnaire de Moreri ont avancé le contraire à l'article du garde des fceaux de Marillac. Ils ont fans doute voulu parler du difcrédit où cette or- donnance tomba quelque temps après la difgrace du maréchal de Marillac , qui re- tomba fur fon frère. Le maréchal de Maril- lac avoir été de ceux qui opinèrent con- tre le cardinal de Richelieu , dans une af- femblée qu'on nomma depuis la journée des dupes; ÔC le cardinal en ayant gardé contre lui un reflentiment fecret , le fit arrêter le. 30 oâx)bre 1630 en Piémont , oti il com- mandoit les troupes de France. Il fut con- , damné par des commiifaircs à perdre la tête : C O D ce qui fut exécuté le i o mai 16^1. Quant a Michel de Marillac , on lui ôca les fceaux le Il novembre 1750; on l'arrêta en même temps f & on le conduifit au château de Caen , eniuite en celui de Châteaudun , où il mourut de chagrin le 7 août 163Z. Ainfi ladifgrace de Michel de Marillac ayant fuivi de près la publication de ^ordonnance de 1 62.9 , cette ordonnance tomba en même temps dans un difcrédit prefque général. Il y eut néanmoins quelques endroits dans kfquelson continua toujours de Pobferver , comme au parlement de Dijon , où elle eft encore fuivie ponctuellement. M. le prési- dent Bouhier, en (on ccmmenîairefur la coût. deBourgogne ycixe fouvent cette ordonnance. Il a été un temps que les avocats au par- lement de Paris & de plufieurs autres par- lemens , n'ofoient pas la citer dans leurs plaidoyers. Cependant la {ageffe de cette ordonnance l'a emporté peu à peu fur fa mauvaife for- tune ; ôc nous voyons que depuis environ fbixante années , on a commencé à la citer comme une loi (âge & qui méritoit d'être obfervée : les magiftrats n'ont pas fait non plus de difficulté de la reconnoitre. On voit dans un arrêt du 30 juillet 1 693 , rapporté au journal des audiences, que M. Daguef- feau , alors avocat-général ôc depuis chance- lier de France, cita cette ordonnance comme une loi qui de voit être fuivie. Elle eft pareil- lement citée par plufieurs auteurs , notam- ment par M, Bretonnier en divers endroits de fon recueil de quefiions , & par Fromental en fes décifions de droit. Et préfentement il paraît que l'on ne fait plus aucune difficulté de la citer ni de s'y conformer. On peut voir ce que dit à ce fujet M. Raflicod , dans le traité des fiefs de Dumoulin , p. i.^6, in fine. Il faut même obferver que depuis cette ordonnance il en eft furvenu d'autres qui ont adopté plufieurs de fes difpofitions j telle que celle de V article cxxiv , qui or- donne que dans les fubftitutions graduelles & perpétuelles , les degrés feront comptés par perfonnes & par têtes , & non par fou- ches & par générations ; ce qui (è pratiquo^ ainfi au parlement de Dijon en conféquence de cet article. L'ordonnance des fubftitu- tions du mois d'août 1 747 , ordonne la même chofe , article xxxiij. c o D -37, Il y a auffi quelques difpofitions de l'or- donnance de i(ji9i introdudives d'un droit nouveau , qui n'ont pasété reçues par- tout ; comme l'<2rr. cx-a-î^ , qui veut que lestefta- mens olographes foient valables par tout le royaume : ce qui a été modifié par l'ordon- nance desteftamens , article xix , qui porte feulement que l'ufage des teftamens , codi- cilles , &c autres difpofitions olographes , continuera d'avoir lieu dans les pays & dans les cas où ils ont été admis jufqu'à préfent. Gode militaire , eft une compilation des ordonnances & réglemens faits pour les gens de guerre, depuis i6f i jufqu'à préfent. Cet ouvrage eft de M. le baron de Sparre. Il eft divifé en onze livres , dont les dix premiers regardent la difcipline militaire ; le onzième concerne les jeux défendus dans les garnifons , les mariages des officiers , fergens ôc foldats , & les congés abfolus. L'auteur y a joint les réglemens faits contre les duels , ceux faits par MM. les maréchaux de France pour les réparations d'honneur , la déclaration du 1 3 décembre 1 701 pour les lettres d'état , & l'édit de 1 69 3 portant inf- titution de l'ordre de S. Louis. Il y a aufli un code militaire des Pays-bas , imprimé à Maftricht en 1711 , vol. in 5®. Code Néron : on a quelquefois donné ce nom , mais improprement, à un recueil d'ordonnances , édits , déclarations , fait par Pierre Néron & Girard , avocats au parle- ment. La plus ancienne ordonnance de ce recueil eft du mois de mai 173 z , & les der- niers réglemens font de 1 7 1 9 : mais ce re- cueil eft imparfait en ce qu'il ne comprend qu'une partie des ordonnances rendues de- puis le temps auquel il remonte. On y a inféré plufieurs édits , (ans mettre les décla- rations qui les ont modifiés ou révoqués; & au contraire on y a mis plufieurs déclara- tions (ans y comprendre les édits en inter- prétation defquels elles ont été données. Nous n'avons cependant point de recueil moderne plus ample , en attendant que l'ex- cellent recueil des ordonnances de la troi- ficme race , auquel M. SecouflTe travaille parordreduroi/oitparv'enujufqu'autemps préfent : mais il n'eft encore ( en 1 7 5 j ) qu'à Tannée 1403. On peut (eulcment (uppléer une partie des édits & arrêts qui manquent dans le recueil de Néroo , par le recueil des Bbb 2 )»o C O D édits Se déclarations enrégiftrés^ au parle- ment de Dijon , qui a été imprimé en onze volumes //z-4°. & comprend les principaux édits & déclarationsintcrvenus depuis 1 666 jufqu'en 1710. Code NOIR ,eft le furnomquel'on donne vulgairement à Tcdit de Louis XIV , du mois de mars 1685, pour la police des îles françoifesdePAmérique. On lappelle ainli code noir, parce qu'il traite principalement des nègres ou efclavcs noirs que Pon tire de la côte d'Afrique , & dont on Te fert aux îles pour Pexploitation des habitations. On tient que le célèbre M, de Fourcroy, avocat au parlement, fut celui qui eutle plusdeparr à la rédadtion de cet édit. Il ell divifé en foixante articles , dont le plus grand nom- bre regarde la police des nègres. H y en a cependant plufieurs qui ont d'autres objets ; tel que l'article j , qui ordonne de chaflèr les juifs j Yarî. iij ,qm interdit tout exercice Fublic d'autre religion que la catholique ; article v , qui défend à ceux delà R. P. R. de troubler les catholiques ; V article vj , qui prefcritl'obrervation des dimanches & fêtes; les arîicbs viij & x , qui règlent les forma- lités des mariages en général : les autres arti- cles concernent les efclaves ou nègres , & règlent ce qui doit être oblervé pour leur inftrud:ion en matière de religion , les de- voirs reij7e(5tifs de ces efclaves & de leurs maîtres , les mariages de ces efclaves ; Tétat de leurs enfans , leur pécule , leur affran- chiflement , de divers autres objets. Il faut joindre à cet édit celui du mois d'odl. 1716, Se la déclaration du 15 décembre 172.1 ^ qui forment un fupplémentau code noir. CoEE Papyrien , ou droit civil Papy- rien ,Jus civile Papyrianum , eft un recueil des loix royales , c'eft-à-dire faites par les rois de Rome. Ce code a été ainfi nommé de Sextus Papyrius qui en fut l'auteur. Les loix faites par les rois de Rome jufqu'au temps de Tarquin le fuperbe , le feptieme &le dernier de ces rois , n'éroienr point écri- tes : Tarquin le fuperbe commença même par les abolir. On fe plaignit de l'inobferva- tion des loix , & l'on penfa que ce défordre venoit de ce qu'elles n'étoient point écrites. Le fénat & le peuple arrêtèrent de concert qu'on les rafïcmbleroit en un feul volume ; ^ ce foin fut confié à Publias Sextus Papy- COD ' rius , qui éroit de race patricienne. Qiieî- ques-uns des auteurs qui ont parlé de ce Pa- pyrius & de fa colleftion , ont cru qu'elle avoir été faite du temps de Tarquin l'ancien, cinquième roi de Rome : ce q ui les a induits dans cette erreur , eft que le jurifconlulte Pomponius en parlant de Papirius dans la loi ij , au digefte de origine juris , femble fuppofcr que Tarquin le luperbe fous lequel vivoit Papyrius , étoit fils de Demarate le corinthien ; quoique de Paveu de tous les hiftoriens , ce Demarate fut père de Tar- quin l'ancien , & non de Tarquin le fuperbe : mais Pomponius lui-même convient que Papyrius vivoit du temps de Tarquin le lu- perbe ; & s'il a dit que ce dernier étoit De- marati filius , il eft évident que par ce terme filius il a entendu petit-fils ou arrière-petit- fils : ce qui eft conforme à plulîeurs loix qui nous apprennent que fous le zevmçfilii font auiîî compris les petits enfans & autres def- cendans.D'ailleurSjPomponiusncditpasquc Papyrius rallèmbla les loix de quelques-uns des rois , mais qu'il les radembla toutes; Se s'il le nomme en un endroit avec le prénom de Publias , ôc en un autre avec celui de Sextus, cela prouve feulement qu'il pouvoit avoir plusieurs noms , étant certain qu'en l'un ôc l'autre endroit il parle du mêm.e in- dividu. Les loix royales furent donc raf- femblées en un volume par Publius ou Sex- tus Papyrius , fous le règne de Tarquin le fuperbe ; & le peuple , par reconnoiffance pour celui qui étoit l'auteur de cette collec- tion , voulut qu'elle portât le nom de fou auteur: d'où elle fut appellée le codepapyrien. Les rois ayant été expulfés de Rome peu de temps après cette colledion , les loix royales cefterent encore d'être en ufage : ce qui demeura dans cet état pendant environ vingt années , &c jufqu'à ce qu'un autre Papyrius furnommé Ca'ius , ^ quiétoit fou- verain pontife , remit en vigueur les loix que Nu ma Pompilius avoit;^aires au fujet des fàcrifices & de la religion. C'eft ce qui a fait croire à Guillaume Grotius & à quelques autres auteurs , que le codepapyrien n'avoit été fait qu'après l'expulfion des rois. Mais de ce que CaïusPapyrius remit en vigueur quel- ques loix de Numa , il ne s'enfuit pas qu'il ait été l'auteur du code papirien , qui étoic fait diuis le temps de Tarquin, le fuperbe. C OD Il ne nous relie plus du codepapyrien que quelques fragnriens répandus dans divers au- teurs : ceux qui ont eHayc de les rairenibler font Guillaume Forfter, Fulvius Urlinus, Antoine-Auguftin , Juftclipfe, Pardulphus Prateius , François Modius, EtienneVinant, Pighius , Antoine Sylvius , Paul Meruîe, François Baudoin & Vincent Gravina. François Baudoin nous a tranimis dix-huit loix , qu'il dit avoir copiées fur une table fort ancienne trouvée dans lecapitole, & que Jean-Barchelemi Marlianus lui avoit communiquée. Paul Manuce fait mention de ces dix-Huit loix ; Pardulphus Prateius y en a ajouté fix autres. Mais Cujas a démon- tré que ces loix ne fonc pas à beaucoup près il anciennes : on n'y reconiîoît point en cflet cette ancienne latinité de la loi des douze tables, qui efl: même poftérieure au code papyrien; ainfitous ces prétendus fragmens du code papyrien n'ont évidemment été fa- briqués que fur des paflàges de Cicéron , de Denis d'Halycarnailè . Tire-Live , Plutar- que , Aulugelle , Feftus Varron ; lefquels en citant les loix papyriennes , n'en ont pas rap- porté les propres termes , mais feulement le fèns. Un certain Granius avoit compofé un commentaire fur le code papyrien , mais ce commentaire n^eft pas parvenu jufqu'à nous. M. Terraflon , dans fon hijîoire de laju- rifprudence romaine y a'raflemblé les frag- mens du code papyrien , qu'il a recherchés dans les anciens auteurs avec plus d'atten- tion & de critique que les autres jurii- confultes n'avoientfiit ju (qu'ici. Il a eu foin de diftinguer les loix dont l'ancien texte nous a été confervé, de celles dont les hiftoriens ne nous ont tranfmis que le fois. Il rapporte quinze textes de loi , & vingt-une autres loix dont on n'a que le fens : ce qui fait en tout trente-lixloix. lia divifé ces trente-iix loix en quatre parties : la première en con- tient treize , qui concernent la religion , les fêtes & les facrifices. Ces loix portent en fubftance , qu'on ne fera aucune ftatue ni aucune image de quelque forme qu'elle puif- fe être , pour reprélenter la divinité , & que ce fera un crime de croire que Dieu ait la figure foit d'une bête , (bit d'un homme ; qu'on adorera les dieux de fes ancêtres , & qu'on n'adoptera aucune fable ni fuperflition desautrespeuplcs3 qit*oa n'entreprendra rien C O D 3gr d'important fans avoir confulté les dieux; que le roi préiîdera aux facrifices , & en ré- glera les cércm.onies \ que les veftales entre- tiendront le i^v. iacvé -, que fi elles manquent à la chafteté , elles feront punies de mort , & que celui qui les aura (cduites , expirera feus le bâton : que les procès & les travaux des eiclaves feront fufpendus pendant les fêtes, lefquelles feront décrites dans des ca- lendriers \ qu'on ne s'aflemblera point la nuit foit pour prières ou pour facrifices; qu'en fuppliant les dieux de détourner les malheurs dont Pétat eft menacé , on leur préfènrera quelques fruits & un gâteau filé, qu'on n'emploiera point dans les libations de vin d''une vigne non taillée ; que dans les facrifi- ces on n^ottrira point de poillons fansécaillesi que tous poillons fans écailles pourront être offerts , excepté le fcarre. La loi treizième règle les facrifices & offrandes qui dévoient être faits après une vidloire remportée fur les ennemis de Pétat. La féconde partie con- tient fept loix qui ont rapport au droit public & à la police : elles règlent les devoirs des praticiens envers les plébéiens , & des pa- trons envers leurs cliens; le droit de luffrnge que le peuple avoit dans lesallemblées de fc choifir des magiftrats , de faire des plébif- cites, &: d'empêcher qu'on ne conclut la guerre eu la paix contre fon avis ; la jurif- didtiondesduumvirs par rapport aux meur- tres, la punition des homicides, l'obligation de refpe6ter les murailles de Rome comme facrées & inviolables ; que celui qui en labou- rant la terre auroit déraciné les ftatues des dieux qui fervoient de bornes aux héritages , feroit dévoué aux dieux Mânes lui &: fes bœufs de labour ; & la défenfè d'exercer tous les arts fédentaires propres à introduire ou entretenir le luxe & la mollefîè. Latroi- f leme partie contient douze loix qui concer- nent les mariages & la puiflance paternelle ; favoir , qu'une femme légitimement lice avec unhommeparlaconferréation, parti- cipe à fes dieux & à fes biens; qu'une con- cubine ne contrade point de mariage folem- nel ; que fi elle fe marie , elle n'approchera point de l'autel de Junon qu'elle n'ait coupé fescheveux & immolé une jeune brebis ; que la femme étant coupable d'adultère ou autre libertinage, fon mari fera fon juge & pourra la puiair lui-même , après en avoir délibéré 38z C O D avec Tes parens; qu'an mari pourra tuer fa femme lorfqu'elle aura bu du vin , fur quoi Pline Se Aulugelle remarquent que les fem- mes étoient embraflees par leurs proches , pour feiitir à leur haleine fi elles avoienc bu du vin : il eft dit auflî qu'un mari pourra faire divorce avec fa femme , fi eUe a empoilon- né les enfans , fabriqué de faufles clés , ou commis adultère; que s'il la répudie fans qu'elle foit coupable , il lera privé de Tes biens , doiit moitié fera pour la femme , Pau- rre moitié à la déefle Cér^s ;que lemriri lera aufli dévoué aux dieuxinfernauxj que le père peut tuer un enfant monftrueux auffi-fct qu'il eft né ; qu'il a droit de vie Ôi de mort fur fes enfans légitimes ; qu'ila auffi droit de les vendre, excepté lorfqu'il leur a permis de fe marier ; que le fils vendu trois fois , celle d'être fous la puiflance du père ; que le fils quia battu Ion père , fera dévoué aux dieux infernaux , quoiqu'il ait demandé pardon à Con père ; qu'il en fera de même de la bru envers Ion beau-pere ; qu'une femme mou- rant enceinte ne lera point inhumée qu'on n'ait tiré fon firuit , qu'autrement fon mari fera puni comme ayant nui à la naiflance d'un citoyen; que ceux qui auront trois enfans mâles vivans , pourront les faire éle- ver aux dépens de la république jufqu'à l'âge de puberté. La quatrième partie contient quatre loix qui concernent les contrats , la procédure, & les funérailles; favoîr,que la bonne foi doit être la bafe des contrats ; que s'il y a un jour indiqué pour un juge- ment, &c que le juge ou le défendeur ait quelque empêchement , l'affaire fera remife ; qu'aux facritices des funérailles on ne ver- iera point de vin fur les tombeaux ; enfin que fi un homme eft frappé du feu du ciel, on n'ira point à fon fecours pour le relever ; que fi la foudre le rue , on ne lui fera point de funérailles , mais qu'on l'enterrera fur le champ dans le même lieu. Telle eft en fubftance la teneur de ces fragmens du code Papyrieru M. Terrafïbna accompagné ces trente-fix loix dénotes très- favantes pour en faciliter l'intelligence ; & comme pour l'ordre des matières il a été obligé d'entrc-mêler les loix , dont on a con- fèrvé le texte , avec celles dont les auteurs n'ont rapporté que le fens , il a rapporté de fuite à la fin de cet article , le texte des CO D quinze loix dont le texte act-é confervé. Ces loix font en langue ofque , que l'on fait erre la langue des peuples de la Campanie , que l'on parloir à Rome du temps de Papyrius , & lune de celles qui ont contribué à former la langue latine ; mais l'erthographe & la prononciation ont tellement changé depuis , &: le texte de ces loix paroit aujourd'hui fl barbarequeM.Terraflon a mis à coté du tex- te o 'que une verfîon latine pour faciliter l'in- telligence de ces loix ; ce qu'il a accompagné d'une diflertation très - curieufe fur la lan- gue ofque. Code pénal , eft un traité des peines qui doivent être infligées pour chaque crime ou délit. Ce traité donné au public en 1752 par un auteur anonyme , forme un volume /Vz- 12. Il eft mûxxûé code pénal , ou recueil des principales ordonnances , édits , &; déclara- tions fur les crimes & délits , &: précis des loix ou des difpofitions des ordonnances , édits , & déclarations. Il eft divifé en cin - quante titres ; les loix pénales y font rangées fuivant l'ordre de nos devoirs. Les fept pre- miers titres regardent Dieu & la religion v les titres huit & neuf jufqu'au treizième concernent l'état &c la patrie ; les autres titres regardent les crimes oppofés à ce que nous devons aux autres & à nous-mêmes. Cet ouvrage eft divifé en deux parties , l'une eft le texte même des loix pénales , l'autre ren- ferme les maximes ou l'auteur a exprimé la fubftance de ces mêmes loix. Le code cri- minel qui eft l'ordonnance de 1 670 , con- tient les procédures qui doivent être faites contre les accufés. Uart. i ^ du titre xxv , indique l'ordre des peines entr'elles; mais il n'en fait pas l'application aux différentes efpcces de crimes : c'eft l'objet du code pénal, où l'on a refîèmblé les loix pénales qui font éparfès dans une infinité de volumes. Code PoNTCHARTR AIN , eft un titre que quelques-uns mettent au volume ou recueil de réglemcns concernant la juftice, interve- nus du temps de M. le chancelier Pontchar- train, &: imprimé par fon ordre en 1712 en deux volumes //2- 22.. Code des Privilégies , eft un volume in-8P. imprimé à Paris en 16 $6 , dans lequel Louis Vrevein a reffemblé tout ce qui con- cerne les difïerens privilégiés. Code DES Procureurs^ Q\xcod6 C O D Giiïet , voyez ci- devant Coce Gillet. Code rural j eft un recueil de maximes 8c de réglemens concernant les biens de cam- pagne. Ce petit ouvrage , dont je fuis Tau- teur j a paru en 1 749 ; il forme deux volumes in-ii ôc eft diviiè en deux parties ; la pre- mière contient les maximes j la féconde con- tient lesréglemens & pièces juftificativ es de ce qui eft avancé dans les maximes. Il con- tient en abrégé les principes des fiefs , des francs-aleux , cenlives, droits de juftice, droits feigneurîaux & honorifiques , ce qui concerne la chafle & la pêche , les bannali- tés, les corvées , la taille royale 6c leigneu- riale , les dîmes eccléfiaftiques & inféodées , les baux à loyer & à ferme , les baux à chep- tel , baux à rente , baux emphytéotiques , les troupeaux & beftiaux , Texploitation des ter- res labourables, bois, vignes Ôc prés, & plufieurs autres matières propres aux biens de campagne. Code Sav ary , furnom que quelques- uns ont donné dans les commencemens au code marchand, ou ordonnance de 1673 pour le commerce. L'origine de ce furnom vint de ce que M. Colbert qui avoit inipiré au roi le delïèin de faire un règlement géné- ral pour le commerce, fit choix en 1670 de Jacques Savary , fameux négociant de Paris , pour travailler à l'ordonnance qui parut en 1675. Bornier , dans fa préface , dit que Sa- vary rédigea les articles de cette ordonnance, Ôc que par cette raifon M. Puflbrt , confeil- 1er d'état , avoit coutume de la nommer le code Savary ; mais on l'appelle communé- ment/e co^e marchand^ & plus régulière- ment l'ordonnance du commerce, Voye';^ ce qui eft dit ci-devant au mot Code mak- CH AtiT y & au mot CoDi. des Aides. Code du tabac , eft un titre que l'on donne quelquefoisau volume ou recueil des réglemens concernant la ferme du tabac j il eft imprimé à la fin du code des tailles. Code des Tailles , eft un recueil des ordonnances, édits, déclarations^ réglemens ôc arrêts de la cour des aides fur le fait des tail- les. Cet ouvrage eft en deux volumes in-ii. Code LE tellier , furnom que quel- ques-uns ont donné à un recueil de régle- mens concernant la juftice , intervenus du temps de M, le chancelUer le Tellier , de im- primé en 1 687 , en deux volumes in-^°. C O D . 383 Code Theodosien, ainli nommé de l'em- Çereur 1 hfodofc le jeune par ordre duqueljil tut rédigé , eft une coUeéfcion des conftitu- tions des empereurs chrétiens depuis Conf- tantin juiqu^àThécdofe le jeune. Il ne nous eft rien relté des loix faites par les empereurs jufqu'au temps d'Adrien. Les conftitutions de ce prince ôc celles de fes fuccefleurs juf- qu'au temps de Dioclétien ôc de Maximien , hrentl 'objet de deux compilations différen- tes que l'on nomma code Grégorien & Hermô- génien , du nom deleurs auteurs : mais ceux- ci ayant fait de leur chef ces compilations , elles n'eurent d'autre autorité que celle qu'el- les tiroient des conftitutions qui y étoient rapportées. Le premier code qui fut fiit par ordre du prince fut le code Théodofien. Indépendamment des conftitutions faites par les empereurs depuis Adrien , qui çtoient en très-grand nombre , Thc'odofe le jeune en avoit fait lui-même plufieurs , d'abord conjointement avec Honorius empereur d'Occident , ôc avec Arcadius Ion père ^ lorfque ce dernier Peut aflbcié à l'empire d'Orient. Après la mort d' Arcadius il en fit encore plufieurs , conjointement avec Ho- norius. Juftinien en a confervé dans fon code environ trente des premières , ôc environ cent vingt des fécondes. Théodofe en fit encore d'autres , depuis qu'il fut demeuré feul maître de tout l'empire d'Orient ôc d'Occident par la mort d'Honorius. Six années après , en 141 5 , il partagea fon auto- rité avec Pulchérie fa fœur , qu^il fit créer Augufte i ôc en 424 il céda l'empire d'Oc- cident à ValentinienlII âgé de fept ans feu- lement. Théodofe étoit fort pieux , mais peu éclairé ; de forte que ce fut Pulchérie la fœur qui eut le plus de part au gouver- nement. L'événement le plus remarquable de l'empire deThéodofe , fut la rédadlion ôc la publication du cod'e qui porte fonnom.Les motifs qui y donnèrent lieu font exprimés dans le premier titre de fes novelles , où il ie plaint d'abord de ce que malgré les récom- penles propofées de fon temps aux gens de lettres , peu de perfbnnes s'empreftbient d'acquérir une parfaite connoiflànce du droit , ce qu-*il attribue à la multitude d'ou- vrages des) urifconfultes Ôc des conftitutions des empereurs , capable de rebuter les lec- teurs ^ & de mettre la confufion dans les ef«. 3^4 C O D prirs. Pour remédier à cet inconvénient , il titraire un choix des confticucions les plus la- ges de les plus convenables au tempspréfent , pour en former un code ou loi générale, ôc chargea huit juriiconfultes , dont il marque les noms à la fin de la première novelle ; la- voir, Anticchus , Maximni, Martyrius , Spérantius, AppoUodore, Théodore, Epi- genius , & Procope; leurs titres ôc qualités font exprimes dans la même novellej ce qui nous apprend qu'ils avoient polîédé ou pof- ■fé^oient alors les premières dignitésde rem- pire. On ne fait pas le temps qui tut employé à la rédaction de ce code; on voit feulement qu'il fut divilé en fèize livres. Le premier traite des différentes fortes de loix dont le droit eflcompofé : le fécond traite delà jurif- divfbion des dilférens juges; des procédures que Ton obfervoit pour parvenir à un juge- ment ; des perfonnes que Pon pouvoir cirer devantlc juge jdesreftitutionsen entier ; des jugemens ; des actions qui ont rapport à ce que l'on peut poiîéder à titre univerfel ou particulier , & des trois fortes d'adtions qui procèdent de la nature des chofes réelles , perfonnelles , & mixtes : le troiiieme livre com.prenbit ce qui concerne les ventes , les mariages , & les tutelles ■■, le quatrième ,tout ce qui regarde les fucceffions a5 intejiat ôc teftamentaires , les chofeslitigieufes , les dif- férentes conditions des perfonnes , les impo- rtions publiques , ôc ceux qui étoient pré- po fés pour les recevoir , lesprelcriptions , les chofes jugées, les cédions de biens , les in- terdits, quorum bonorum , undevi, utruhi , ÔC les édifices particuliers : le cinquième livre comprenoit ce qui concerne les (uccefïions légitimes , les changemens qui peuvent arri- ver dans Pétat des perfonnes par différentes caufes, & les anciens ufages autoriféspar une longue pofleiïion : le fixieme livre concer- noit toutes les dignités qui avoient lieu dans Pcmpire d'Orient ôc d'Occident , ôc toutes les charges quis^exerçoient dans le palais des empereurs : dans le feptieme livre on raflem- bla ce qui concernoit les emplois ôc la difci- pline militaire : dans le huitième , ce qui re- gardoit les officiers fubordonnés aux j uges , les voitures Ôc poftes publiques , les dona- tions , les droits des gens mariés , ôc ceux des enfms ôc des parens fur les biens & {\\z- celTîons auxquels ils pouvoient prétendre : le COD neuvième livre traitoit des crimes ôc de la procédure criminelle : le dixième , des droits du fifc : le onzième, des tributs ôc autres charges publiques , des confulutions faitesrpar le prince pour lever les doutes , ôc des appellations ôc des témoins : le douzième traitoit des dccurions, ôc des droits ôc devoirs des officiers municipaux : dans le treiziè- me on ralTemble ce qui concernoit les diffé- rentes profe liions , les marchands , les négo- cians fur mer , profellèurs des fciences , mé- decins , artifans , le cens ou capitation : le quatorziemerenfermoittoutcequiivoit rap- port aux villes de Rome, de Conftanrino- ple , d''Alexandrie , ôc autres principales vil- les de l'empire j& ce qui concernoit les corps de métiers & collèges , la police , les privilè- ges : le quinzième contenoit les réglemens pour les places , théâtres , bains , ôc autres édifices publics \ enfin le feizieme livre ran- fermoit tout ce qui pouvoit avoir rapport aux perfonnes ôc aux matières eccléfîaftiques. Qtcode , ainfi rédigé, fut publié Pan 43 8. Théodofe par fa première novelle lui donna force de loi dans tout Pcmpire : il abrogea toutes les autres loix , ôc ordonna qu'il n'en pourroit être fait aucune autre à l'avenir , même parValentinien III , fon gendre. Mais il dérogea lui-même à cette dernière difpo- fîtion 5 ayant fait dans les dix années luivan- tesplufieurs novelles, qu'il confirma par une novelle donnée à cet effet , Ôc qu'il adreiîa à Valcntinien. Il eft probable que ce dernier confirma de fôn côté le code Théo- dojien , ayant par une novelle confirmé celles de Théodofe. Ces différentes circonftances font rappor- tées dans les prolégomènes de Go Jefroy fur ce code , où il remarque pluiîeurs défauts dansParrnvngement , ôc même quelques con- tradidions : mais il eft difficile d'en bien ju- ger , attendu que ce code n'eft point parvenu dans fon entier jufqu'à nous. En eftct, on trouve dans celui de Juftinien trois cents vingt conftitutions de Théodofe le jeune ou de les prédécefleurs , que Pon ne retrouve plus dans le code Théodofien ^ quoiqu'elles n*y euflcnt fans doute point étéomifes. Le code Théodojlen futobfervé fous les em- pereurs ValentinienIII,Marcien, Iviajorien, Léon , ôc Anthemius , comme il paroit par leurs conftitutions dans lefquelles ils en font mention. C O D mention. L'auteur de la conférence des loix mofaïques & romaines , qui vivoit peu de temps avant Juftinien , cite en pluiieurs en- droits le code de Théodore. Aman , chance- lier d'Alaric II , roi des Viiigoths , publia en 506 , à Aire en Gafcogne , un abrégé de ce même code ; &; Juftinien dans Ton code , qui ne fut publié qu'en 518 , parle de celui deXhéodole comme d'un ouvrage quiéroit fubliftant , & dont il s^éioit iervi pour com- poler le (len. Il paroit donc certain que le code Théodo- Jîen s'étoit répandu par toute l'Europe , & qu'il y étoit encore en vigueur dans le iixie- me fiecle ; c'eft pourquoi il eft étonnant que cet ouvrage fe Ibit tout à coup çerdu en Oc- cident , fans qu'on en ait conîervé aucune cop'e. Quelques auteurs modernes imputent à Juftinien d'avoir fupprimé cet ouvrage, de même que ceux des anciens jurifconful- tes : en effet , il n'en eft plus parlé nulle part depuis la publication du code de Juftinien; & ce qui en eft dit dans quelques auteurs , ne doit s'entendre que de l'abrégé qu'en avoir fait Anian. Pour rétablir le code Théodojien dans (on entier, on s'eft fervi, outre l'abrégé d' Anian, de plufieurs anciens manulcrits , dans Icf- quels on a recouvré différentes portions de ce code. Jean Sichard en donna d'abord à Bâlc , en 1518, une édition conforme à l'a- brégé d' Anian: en 1549, JeanTilly ou du Teil donna à Paris une autre édition //z-8°. des huit derniers livres qu'il venoit de recou- vrer, dont le dernier feulement étoit impar- fait. On rechercha encore dans la conférence des loix mofaïques & romaines , & dans les fragmens des codes Grégorien &c Hermogé- nien , dans celui de Jullinien , & dans les loix des Goths & des Viiigoths, ce qui man- quoit du code Théodojien. Cujas , après un travail de trente années , en donna à Paris, en i ^66 , une édition in- fol. avec des commentaires; il augmenta cette édition des fixieme , fejjtieme «Se hui- tième livres entiers , & d'un lupplément de ce qui manquoit au feizicme dans l'édition précédente ; & il nous apprend qu'il étoit redevable de ce travail à Etienne Charpin. Pierre Pithou ajouta à l'édition de Cujas les conftitutions des empereurs fur le fénatuf- confulte Claudien. Enfin Jacques Godefroy Tome VIII. C O D 5S5 parvint à rétablir les cinq premiers livres & le commencement du fixieme , &: à difpofer une édition complète du code Thtodofien :^ mais étant mort avant de la mettre au jour, Antoine Mar ville , profe fleur en Droit à Va- lence , en prit foin , & la donna à Lyon en 1 66 y en lix volumes //2-/c/. Jean Ritter, pro- feflcur à Leiplic, en adonné, en 1756, dans la même ville une édition auflî en (ix volu- mes, revue & corrigée fur d'anciens manuf- crits , & enrichie de nouvelles notes. Il n'eft pas douteux que le code Théodojien a été autrefois obiervé en France , & que les ordonnances de Clovis , de Clotaire ion fils , & de Gondcbaut roi de Bourgogne , qui portent que les Gaulois ou Romains feront jugés fuivanc le droic romain , ne doivent s'entendre que du code Théodojien , pairque le code Juftinien n'étoit pas encore fait. C'eft ce qu'obferve M. Bignon dans fes notes fur Marcul. ch. lij. Godefroy, dans fes ;jro- lég. du code Théod. ch. v y à la fin , & le P. Sirmond, dans (on append. du code Théod. Les Viiigoths qui occupoient les provinces voifînes de l'Eipagne , avoient auffi reçu le môme code ; mais il paroit qu'il perdit toute fon autorité en France aufli-bien que dans l'empire romain , lorlque le code Juftinien parut en y z8 , Juftinien ayant abrogé toutes les autres loix qui n'y étoient pas com- priles. Cependant M. Eretonnicr , avocat, dans des mémoires imprimés qu'il fît en 1714 pour la dame d'Elpinay , au fujet d'un tef- tament olographe fait en Beaujolois , pré- tendit que le code Théodojien avoit toujours continué, d'être obfervé en France , &c que c'ctoit encore la loi des pays de droit écrie. Il fe fondoit fur ce qu'avant la publication du code de Juftinien on oblervoit en France le code Théodojien ; que Juftinipn n'a voit ja- mais eu aucune autorité enFrance; queChar- lemagne fit faire unenouvelle édition duco^e Théodojien j &: ordonna de l'enfeigner dans tous fes états , & notamment à Lyon , où il établit pour cela des profefleurs : il obfervoit que l'édit des fécondes noces paroît fait en conformité des loix des empereurs Théodofc Se Valentinien ; que le chancelier de l'Hô- pital, du temps duquel fut fait cet édit, n'ofà citer une loi de Juftinien fans en demander excufe au roi , d'où il concluoit que c'étoic Ccc 38^ G O D le code Thêodojîen que Ton obfervoir en Fran- ce ; & que fi l'on citoit celui de Juftinien , «ce n'étôit qu'à caufe qu'il rcnfermdit les loix qui étoient compiles dans le code Théddcflen doù ces loix tiroient, félon lui, route leur autorité : il allcgùoit encore le témoigna'ge de Dutillet, qui vivoit fous Charles IX, lequel auteur , en fbn 'recueil dés rois de France , dit qiie le code Tkcodojicn ayant été "reçu par les Viiigoths, étoit demeuré pour coutume aux pays de droit écrit. Ce paradoxe avancé par M. Bretonnier , quoique appuyé de quelques ràifons fpé- Cieufes, révolta contre lui tout le palais,& ne jfic pas fortune , étant contraire à Pufage no- toire des pays de droit écrit , à celui des uni- verfitésoù l''on n'enfeigne que les loix de Juf- tinien, & àk pratique de tous les tribunaux, où les affaires du pays de droit écrit font ju- gées fuivant ces mêmes loix. M. Terrai'ïbn le )pere qui répoîndit aux mémoires de M . Bre- tonnier , ne ftiiinqua pas de relever cette pro- pofitîon , & lit voir qUele code de Juftinien avoit abrogé celui deThéodofc : que de tous les auteurs qui avoient écrit fur le droit ro- main dep'uis que Ifc code de Juftinien avoir eu cours dans le royaume , il n'y en avoir pas un feul qui eut jamais prétendu que le code Théodcjie/i duz prévaloir fur Pautre ,quc VincentiusGravina quia fait un traité de ori-\ gine juris , ne parle du code Tnéodojicn quei comme d'un droit hors d^ifage, quipou'voi' j fèrvir tout au plus à éclaiïcir les endroits obf * curs du code de Juftinien , mais qui ne fait' pas loi par lui-même ; & c'eften effet le feu!' ufage qu'on peut faire du code Thêodojîen, {\ ce n'eft qu'il fert aulTi à faire connoïtre les: progrès delà jurifprudence romaine , 5c qu'il nousinftruit des mœurs & de l'hiftoire du temps. F'oye:ici-deyantX2oT)E d'Alaric. Code di là Ville', eft le titre qu'on /iionnc quelquefois à une ordonnance de Louis XIV, du mois de décembre 'i6jz , tonrenant Un règlement général pour la ju • rildidion des prcvot des marchands & éche- Vins de la ville de Paris. Code voiYurin, eft 'un fecueildesédits, âéclafatiôns,' lettrés-patentes, arrêts Se ré- •jlerhens Concernant les fondions , droits , ■privilèges, ifïiïïl unités, franchifes, libertés, ^ 'e^em'ptidns , tant des meffagers royaux ^lïe "de àcih "de 'l^UniVerOtéxîe Pa'i'is j "& au- C O D très voituriers publics. Cet ouvrage , qui eft fans nom d'auteur, forme i vol. in-^°, il a été imprimé en 1748 : il contient les prin- cipaux réglemens intervenus kn cette ma- tière , depuis l'an iioo jufqu'au ï6 déc. Î747 ; l'auteur y a mis en quelques éndrbits des notes pour en faciliter l'intelligence. Code de la Voierie , eft un recueil des ordonnances , édits , déclarations , arrêts ôc réglemens fur le fait de la voierie, c'eft-à-dirc de la police des chemins , rues ôc places pu- bliques.Cet ouvrage forme un volume in-^°, CODÉBITEURS , f. m. pi. (Jurifp.) font ceUx qui font obligés à une même dette, loit par un même titre ou par des acbes féparés. Les codébiteurs , quoiqu'obligés conjointe- ment & par le même adte, ne font pas obli- gés folidairement , à moins que la folidité né foit exprimée dans l'a6te \ fans cela, l'obliga- tion fe divife de droit entre eux par égales portions, à moins qu'il n'y ait quelque claule exprelfe qui en oblige un à payer plus que l'autre. LescodéBitéurs lont appelles en droit, correi debmdi five promittcndi ; il en eft parle- en diflférens textes du droit , qui font indi- qués dans Brederode au mot rei. Voye';^auj]l aux injlit. le titre de duobus reis Jiipulandi & prornitîendi. {A) CODÉCLMATEUR , f. m. {Jurifpr.) eft celui qui a part dans des dîmes , foit ecclé- haftiques ou inféodées , auxquelles un ou plulîeurs autres décirnateurs ont aufïi droit chacun félon leur pirt & portion. Les cod'e- cimateurs qui jouilîènt des groftes d'âmes , font tenus chacun folidairement de fournir la portion congrue,ou le fupplément d'icelle, au curé qui n'a point de gros , fauf à celui qui a payé la totalité , à exercer ion recours contre chacun des autres codécimateurs pour leur part & portion. F'oje:^D£CiMATEURS S- Dîmes. {A) CÔDÉTENTEURS , f. m. pi. {Jurifp^ font ceux qui font conjointement déten- teurs d'un même héritage , foit par indivis- ou divifément , chacun pour telle part djc portion qu'ils y ont droit. Les codétenîeurs font tous obligés folidai- rement au paiement des charges foncières j oc celui qui a payé pour tous n'a pas un re- cours folidaire contre les au très ccdétentcursy ^ mais feulement contre chacun pour telle part &: "portion dont ils font détenteurs. C O D En matière de rente conftituée , l'un des codkeatturs de l'héritage hypothéqué étant pourfuivi par action perfonneile , (uivant la coutume de Paris , pour payer la rente , n^a pas de recours de fon cher contre Tes coff/re/z- teurs , à moins que le créancier ne Tait fu- brogé en Tes droits & a<5bions. Cette matière ert rrès-bien expliquée par Loyfeau , en Ion traité du déguerpijf. liv. II, ch. viij. {A) CODI AV ANACU , f. m. ( Hijîoire na- turelle. Botanique.) plante du Malabar , af- fez bien gravée , quoique fans détails , par Van-Rheede, dans Ton Hortus Malabaricus, vol. II, p. ^3, pi. XXXIV, fous ce nom , & Ibus celui de cadi avanacu. Les Brames Tap- pellent boin erando ôc boi erando. C'eft le tra- gia ^ chamcelœa , foliis lanceolato-obtufis in- tegerrimis de M. Linné , dans Ton Syflema naturœ , imprimé en 1 767 , page Gig, qui le confond avec le chameolœa foliis linearibus , Jlofculis ,fpicatis , echinato rudu , gravé par M. Burmann , dans fon Thefaurus Zeylani- eus , planche XXV , page 5^. C''eft un fous-arbridèau qui croit fous la forme d'un buiflbn ovoïde de deux à trois pies de longueur , fur une largeur une fois moindre, à racine fibreufe , brune, portant une tige très-courte , cylindrique, de trois lignes de diamètre , partagée dès fon origine en quatre à cinq branches cylindriques, écartées fous un angle de 10 à 30 degrés , verd-claires , menues , à bois blanc , ayant un cœur rendre , verd , charnu au centre. Les feuilles font alternes elliptiques, étroi- tes, pointues aux deux bouts, longues de deux pouces , cinq à fix fois moins larges , molles , unies , vertes de(Tus, pâles deflous , marquées fur chacun de leurs bords d'une centaine de dentelures aiguës , fcmblables à des crenelures très-ferrées , relevées en def- (bus d'une cote longitudinale , & attachées fous un angle de 45 degrés d'ouverture, ians pédicule aux tiges , à des intervalles égaux , à-peu-près à la moitié de leur longueur. Les fleurs mâles font féparées des femel- les fur le même pie , de manière que les mâles forment un épi dansl'aiflelle des feuil- les fupérieures, pendant queles femelles font folitaires à l'aillèlle des feuilles inférieures. L'épi des fleurs mâles efl: citiq à iix fois plus court que les feuilles, c'eft-à-dire, long de trois à quatre lignes , couvert daiis fa moitié COD 3»7 fupéneure par dix à douze flenrs feffîles , verd-jaunâtres, contiguës. Chaque fleur mâle cft caduque ; & coniifle en un calice verd-j aune à trois feuilles, & en trois éta- mines courtes diftindes; & les fleurs femelles n'ont qu'un calice à cinq feuilles perfiRantes,. & un ovaire fphéroïde, porté fur un difque orbiculaire aflèz court, & terminé par trois fliigmates cylindriques ,, marqué d'un iillou cylindrique fur leur face intérieure. L'ovaire, en mûriflànt , devient une cap- fule fphéroïde de quatre lignes de diamètre, femblable en petit à celle du ricin , c'eft-à- dire , à trois angles arrondis, portant chacun trois rangs longitudinaux de petites épines molles , à trois loges , s'ouvrant en trois valves , àc contenant chacune une graine ovoïde, cendré-brune , longue de deux lignes, preique une fois moins large, à amande blanche. Culture. Le coài avanacu croît au Malab.fr, dans les terrains labionneux & pierreux. Il fleurit toute Pannée , mais plus abondam- ment dans les temps pluvieux. Vfages. Son fuc fe boit dans le vin pour arrêter le flux de ventre ;& cuit dans l'huile, pour réparer les forces. On en rire une huile dont on frotte la tête pour dilîiper les verti- ges & fortifier le cerveau. Remarques. Qtielque refîemblance appa- rente que la plante gravée par M. Burmann, fous le nom de chamcelœa , ait avec le codi avanacu, il y a tant de différences réelles qui ne peuvent s'attribuer à une négligence , que nous ne pouvons guère les confondre enfem- ble. Voici les différences qui fe remarquent dans l'efpece de l'ilc deCeylan ; 1°. fa ra- cine eft noirâtre j 2°. la plante n^a pas un pié de hauteur ; 5°. fa tige n'efl: pas rami- fiée dès fon origine ; 4°. les feuilles font plus étroites , huit à dix fois moins larges que longues, dentelées plus finement enco- re , plus obtufes , attachées horizontalement: fur un pédicule cylindrique égal à leur lar- geur \ 5". lescapfulesont à peine trois lignes de diamètre. Si tant de différences peuvent s'attribuer à une négligence de la part des auteurs, il ne faut plus compter fur la moindre certi- tude dans nos connoiflànces j mais iî on rend jufl:ice à l'exadlitude du travail de Van- Rheede & de M. Burmann 5 fi d'ailleurs on Ceci 388 C O D coniidere que ces deux plantes font de deux climats dilFcrens , on ne pourra guère les confondre , comme a fuit M. Linné : on les diftinguera au contraire en deux efpeces , qui paroillènc appartenir au genre du Tc/^o- rigenam du Malabar , qui vient naturelle- ment dans la famille des tithymales , où nous l'avons placé. Voye^^ nos Familles d, s plantes , vol. II, p, ^6^. ( M. Adanson.) CODI-AVANAM , f. m. {Botan.) ar- brifleau qui croit dans les lieux fablonneux des Indes orientales. Voilà tout ce qu'on fait de Tes catciûeres , ce qui nous diipenfe de l'énumération de Tes propriétés. CODiCILLAlRE , adj. {Jurifpr.) ce terme efl toujours joint avec celui de claufe. Voye■;^ci~(le^ ara Clause cocîcillaire. CODICILLANT, adj. pris fubfl. {Ju- rifpr. ) le dit , en pays de droit écrit , pour exprimer celui qui tait un codicille , comme on appelle tejîateur celui qui k^ii un tefta- ment. Voye-;^ le traité des tejlamens de M. Furgole , tome IV, ch. Xij,page^^^ ; & ci- aprh Codicille. {A) CODICILLE , f. m. ( Jurifpr. ) eft une difpofition de dernitre volonté, qui diffère en certaines chofes des teftamens. Dans les pays de droit écrit , le codicille eft un a6te m.oins lolcmnel que le teftament, &z par lequel on ne peut faire que des difpofi- tions particulières , ëc non pas dilpofcr de toute la lucceilion. En pays coutumier , les codicilles ne dif- férent point des teilamens quant à la forme ni quant aux effets 5 ce il: pourquoi Ton dit orvlmairemtnt dans ces pays , que les tefca- mens ne ionr que des codicilles. Il y a néanmoins quelques coutumes qui requièrent plus de formalités pour un tefîa- mentj proprement dit , que pour un iimple codicille , com.me celle de t'erry , qui diftin- gue les teftamens des autres difpolitions de dernière volonté. On diftinguc aufTi en pays coutumier les ccdiciiU& des teftameri5 : on appelle premier^ iecond , ou autres ceftamens , la dirpoiitîon principale que le teflateur fait de fa fuccef- iîon ; &c ious le nom de ccdt:ille, on entend certaines di'pofîdons particulières mifes, foit à la fuite du teftament ou par quelque aéte féparépar lelquellesle teftateurr.joutCjchan- ge ou modilie quelque choie à fon teftament. ^ C O D Expliquons d'abord les règles que Vnn fuit pour les codicilles en pays de droit écrit. Vefembée en fes paratnles fur le titre de ccdicillis ,n,Z, dit que le terme de codicille eft un diminutif de co^ex, c'eft-à-dire, un petit écrit moindre que le tefbment. - On appelle ccdicillaiit , en pays de droit écrit , celui qui feit un codicille. L'ufage des ctdicilles étoit moins ancien chez les Romains que celui des teftamens ; la loi des douze tables ne parloir que des teftamens , & les codicilles ne furent intro- duits que fous le règne d'Augufte. Les codicilles ne furent d'abord autorifés. que pour les fîdéi-commis ou fubftitutions ^ lefquels éroient confirmés quoique faits par un codicille : mais il n'étoit pas encore per- mis de faire ainfi des legs j c'eft ce que dé-- note la loi ^6 , Jf'. de légat. ;î° , où il eft dit que la fille de Lentulus paya des legs f-iits par un codic //e , quoiqu'elle n'y fat pas obligée ; il y a aufïi plufîeurs textes de droit qui indi- quent que les legs , pour être valables , dé- voient être faits par teftament. Dans la fuite on confirma les legs loit univerfels ou parti- culiers , quoique faits par un codicille; mais le ccdic.lL ne iaifit point le légataire; il doit demander la délivrance à Théritier inftitué , s'il y en a un , ou à l'héritier abinteftat. Le droit romain ne permet point d'infti- tuer un héritier par un codicille , ni d'y infti- tuer ou exhérécler fes enfans & autres qui ont droit de légitime; cela ne fe peut faire que par teftament , ce qui a été ainfi ordon- né , dit Juftinien , afin que le droit des tef- tamens. & des codicilles ne fût pas confondu. Les codicilles ^tXxytxK concourir avec un. teftament , ou fubfifter fans qu'il y ait de teftiiment ; ils peuvent aufTî précéder ou fui- vre le teftament , & n'ont plus befoin d'ctre confirmés par le teftament , comme cela fe pratiquo-it autrefois loîfqu'ils étoicnt anté- rieurs. Lorfqu'il y a un teftament, les codicilles antcritnrs ou poftérieurs font cenfes en ftiire partie , &; s'y rapportent tellement , que fl le teftament eft nul dans (on principe par quel- que défaut de focmahté , ou que l'héritier inftitué répudie la fuccefTion , les codicilles- fuivent le même fort que le teftament. On diftingue dans le droit romain trois forces de co J/a7/e^,.fayoir» 1°. ceux qui foat C O D miftiques ou fecrecs , comme les teftamens ainh appelles , c'eft-à-dire , qui font écrits ôc clos ou cachetés j mais pour faire un tel co- dicilb il faut du moins pouvoir lire , comme il réiulte de l'art, xj dr l'ordonnance des tej- tamens : i". les codicilles nuncupadfsxjui pou- voient être faits verbalement & fans écrit en prtience de témoins , comme les teftamens nuncupatifs ; mais ces fortes de codicilles font abrogés par l'ordonnance des teftamens , qui veut que toutes difpoiitions à caufe de mort loient rédigées par écrit y. à peine de nullité : 3°. les caa/c/V/e^. olographes, qui font admis par le droit romain en faveur des en- fans & autres defcendans ; ces fortes de co- dicilles font confirmés par l'ordonnance des teftamens , qui veut qu'ils foient entièrement écrits, datés 'ie partagé en trois ftigmates cylindri- ques iîmples & veloutés à leur extrémité,* qui eft tronquée. L'ovaire , en m.iariflant , devient une cap- -fuîe ovoïde , longue de près de deux lignes, . frefque une fois moins large, verd-blanchâ- "tre , à une loge, s^'ouvrant eh "trois valves '& contenant plulieurs pérîtes graines ovoï- des , noirâtres , attachées autour d'un.pla- 'cêiita en colonne centrale. cor) 39t Culture. Le codivi eft vivace j il croît au Malabar dans les fables. Qualités. Toutes fes parties ont une (àveut amere. Ufages. Son fuc tiré par expreflîon , fè •boit avec le gingembre , le poivre te le Tel 'Contre les douleurs du bas-ventre. Kemarques. Jean Commelin n'a pas ren- contré fort jufte en comparant cette plante aux rubiacées ou aparines. On voit qu'elle forme un genre particulier voifm du p/^^r/z^- ceuTTi dans la famille des efpargnetes , fper- gulœ , qui eft notre 38®. Fbje:(_ nos Familles des plantes , vol. II , page ÇLJX. {M. Adan- SON.) CODON , ( Mujîque injlrumentale des anciens. ) Ce mot , qui dans le fens propre (igniîie une cloche , iîgnifie auffi la partie inférieure des flûtes des anciens. Cette partie étoit ordinairement de corne de veau ; &; on la nommoit codon , à caufe de fa reflem- blance à une cloche. Vcye^F l\j te y {Mujiq. injlr. des anciens^ { F. D. C.) CO-DON AT AIRES , f, m. pi. (Jurif- prud. ) font ceux qui font donataires con- jointement d'un même effet : le donateur peut les aflocier ainfi , Ibit en leur donnant à tous par un même adle, ou en leur donnant à chacun par un a6te féparé. Il peut aufïi leur donner à tous la même chofe par indivis ou par portions diftinguées , égales ou iné- gales. F. Don ATAiPvEs 6' Donation. {A) CÔDONOPHORES , f. m. pi. ( Kiji. c.) c'éfoit l^'ufàge chez les anciens de faire anc. accompagner le cadavre à fon enterrement par un porteur de fonnette, C'eft cet homme qu'on appelle codonophcre. CODUVO , f. m. {Hiffoire naturelle. Botanique,) Les Bram^es appellent de ce nom, & de celui coduvo nani & rana nimba , un arbre du Malabar , fort bien gravé , avec la plupart de fes détails , par Van-Rheede , dans fon Hortus Malab ricus , volume IF, planche XIII , pageçtg. Les Portugais l'ap- pellent///tt/jo coroaJo ; (3<:les Hollandois, wilde litnoencn. . Il s'élève à la hauteur de foixante-dix à quatre-vingt pies. Son tronc eft cylindri- que, haut de quiiîze à vingt pics , fur deux à trois pies de diamètre , couronné par une cime ovoïde , une fois plus longue que large, formée par nombre de branches alternes , 39i C O D cylindriques , médiocrement longues , écar- tées fous un angle de 45 degrés d'ouverture , à bois jaune , plein de moelie fongueulè , & recouverte d'une écorce épaifl'e , cendrée. Sa racine eft jaune , à écorce brune. Ses feuilles font oppofées deux à deux en croix & alternes , elliptiques , pointues aux deux extrémités , longues de deux pouces à deux pouces &: demi, une fois moins larges, entières, ondées , comme crépues, relevées "endefl'us d'une côte longitudinale, ramifiée en cinq à fept' paires de groiles nervures , &c portées horizontalement fur un pédicule demi-cylindrique , trois à quatre fois plus court qu'elles , à des diftances égales à leur longueur. Au defibus de chaque feuille on voit fortir une petite épine conique , droite ,^ brune ; luifanre , fimple , quelquefois ramifiée , ho- rizontale , longue de deux à quatre lignes. Chaque branche ell terminée par un co- rymbe de deux à fix fleurs feffiles , verd-jau- ties , ouvertes en étoile de fept lignes de dia- mètre. Chaque fleur eft: hermaphrodite , polypé- tf le , complète , régulière , pofée fur l'o- vaire. Elle confirte en un calice verd , à cinq petites dents triangulaires , en cinq pétales verd-jaunes, triangulaires, ou en cœur, épanouis horizontalement , deux à trois fois plus long que le calice , & en huit à dix éta- mines blanches , une fois plus courtes , rele- vées en cône. Au delî'us de cette fleur eft l'ovaire ovoïde , obtus , long de trois lignes, de moitié moins large , terminé^en deflus par un ftyle blanc, cylindrique, couronné par un ftigmate fiihple , cylindrique , tron- qué & velouté. L'ovaire , en mûriffant , devient une baie ovoïde , obtufe , comme arrondie , longue d'un pouce & demi , d'un tiers moins large , couronnée par fon calice , verd-noire d'a- bord, piquetée deblanc , enfuite jaune d'or, citron , marquée extérieurement de huit à dix côtes à chair blanche , aqueufe , parta- gée intérieurement en deux loges qui con- tiennent chacune quinze à vingt pépins el- liptiques , obtus, blasichatres,luifans, longs d'une ligne & demie , de moitié moins lar- ges, enveloppés dans une membrane comme ceux du grenadieroude la fleur de palfion, Les faifons & les années reviennent , mais » le jour ne revient pas pour moi \ Içs rian- >j tes couleurs du loir éc du matin ne me " confolent point : je ne vois plus les bbu- » tons du printemps , ni les rofes de l'été : » la beauté du vifage de l'homme où le créa- '> teur a imprimé les traits divins de fa ref^ » femblance, ne frappe plus ma vue : je » fuis entouré d'épais nuages , une nuit làns » fin m'envisonne. " I Telles font les triftes réflexions que fait M il ton C O E Milton fur la perte de fa vue. Il n^eroît pas •dans le cas des aveugles-nés : il regrettoit des biens qu'il connoifl'oit , &C qui ne rou- ' rhent point les autres. Combien d'accidens diffcrens peuvent nous jeter dans le même malheur pendant le cours de la vie ♦ Je ne me propoiè point de faire avec exa6titude 'la trifte énumération de ces accidens, je me conter.terai de généralités; le déraille trouvera dans ce didiomiaire fous chaque article. Les caufes nombreufes , qui produifent la c^^aVe font internes ou externes. Les caufes internes , font toutes les ma- ladies de quelque efpece qu'elles foient , qui attafjuant violemment le globe de l'œil , dé- truiient là figure , fes tuniques , feshumeurs, fes vailïèaux &c les nerfs ; ainfi des tumeurs inflammatoires , des abcès , des apoftumes, des skirrhes , des cancers , &c. feront au- tant de caufes de l'aveuglement. La vifion eft encore abolie par de gra- res maladies fur la cornée & la conjondive , telles que leur obfcurciiîement , leur épaif- -iîrfement, leur fuppuratiôn , & les cicatri- ces de ces tuniques fur Taxe de la vue. Si Phumeuraqueufe vient à manquer, ou ■à s'écouler dans la cornée tranfparente, Tctil s-'éteint -, fi elle rtoupit , elle détruit la fabri- que de cet organe par fi putréfaftion ; fi elle s'épaiiTît entre les parties internes de l'uvée & le cryftallin , ce font des fuffufions , des cataradtes , 8c par conféquent la ccecité. Si Puvée fe relferre & devient immobi- le , l'aveuglement de jour en eft PefTet ; fi • elle fuppure, c'eft l'aveuglement de jour & de nuit. L'opacité, la corruption , la fonte , l'a- trophie du cryftallin , produifent la cata- racte ou le glocome , & en même temps la - perte de la vue : l'humeur vitrée expofée aux • mêmes maux , a la même fuite. La choroïde , la tunique de Ruy fch , étant fu jettes par leur ftruéture & leur délicatefle ■ à 1 inflammation &à la fupuration , feront afft^iftées de nuages & de vifions confules , qui fe terminent par la privation de la ' ûimiere. La prunelle , la rétine & les nerfs optiques ■ attaqués de paralyfie , d'érofion , de corrup- tion , d'obftrudbion , en forte que la com- = BQUiîîcation libre entre ces paçties daais leur Tome VJIl C O E 5^3 origine &la moelle du cerveau foit abolie, la ccpcifé doit en réfulter inévitablement. Les caufes externes font ou communes à tous les pays, ou particulières à certains lieux & à certains hommes. Les caufes externes communes à tous les pays feront les coups violens , les chûtes fur l'œil, les piquures ,les bîeflures, les plaies , les exhalaifons vénéneufes , qui picorant , déchirant , rompant & féparant entièrement par leur violence les parties intérieures de l'œil , le font Ibrtir hors de fon orbite ; on confondantintérieurement fonorganifation, ' produifent la c^^aVe douloureufe qui fuit né- ceflàirement de ce ravage. Les caufes particulières de la cûecîré chez certains peuples & à certaines perfbnnes,font la trop grande quantité de lumière qui blefïe perpétuellement leur vue , on en a des exem- ples fréquens dans le feptentrion.Les Samoje- des , les habitans de la nouvelle Zemble , les Borandiens , les Lapons , les Groënlan- dois , & les Sauvages du nord , continuelle- ment éblouis par l'éclat de la neige pen- dant l'hiver , le printemps & l'automne , & toujours étouffes par la fumée pendant Tété , deviennent la plupart aveugles en avançant en âge. La neige éclairée par le foleil dans ces pays du nord , éblouit les yeux des voyageurs au pointqu'ils font obligés de fe couvrir d'un crêpe pour n'être pas aveu- glés. Il en eft de même des plaines fablon- neules de l'Afrilque; la réflexion de la lu- mière y eft fi vive qu'il n'eft pas poftîblc d'en foutenir l'éclat fans courir le rifque de perdre la vue. Les brodeurs , les ta'piftîers , les cifeleurs, les graveurs , & tous ceux qui parmi nous ont des métiers de cette efpece , fatiguent confidérablement leur vue , Se la perdent à la fin ; parce que l'éclat de l'or , de l'argent , & des autres couleurs , fait une impreffion trop vive fur leurs yeux , ce qui les affoiblit & les ruine , les rayons de lumière n'étant plus fuffifamment modifiés par la rétine. Lesaftronomes par l'ufage du télefcope , les naturaliftes par celui du micro (cope , 6c les gens de lettres par leurs travaux perpé- tuels, fe préparent un aveuglement préma- turé. Milton , le célèbre Milton , ne devint aveugle que parce que dès l'âge de 1 1 ans U ne xjuittoit fes études qu'après minuit ; k Pdd 354 C O E foibleflè de fa vue ne put jamais le corriger de cette habitude. Comment abandonner «ne occupation délicieufe , confoknte dans radverilté , propre à rehauiîcr le luftre de la fortune dans la profpérité , répandant en tous temps d'innocens plaiiirs., fans em- barras , fans foucis & fans regrets ? Le feul bon avis qu'on puifl'e donner aux gens qui lifcnt & qui écrivent long-temps de fuite, c'eft du moins d éviter de travail- ler à une lumière trop forte ; il vaut beau-^ coup mieux , à choix égal , faire ufage d'une lumière trop foible, Pœil s'y accoutume bientôt j on ne peut tout au plus que le fatiguer en diminuant la quantité de lu- mière , & on ne peut manquer de le blelîer •en la multipliant : l'on doit ce confeil & -les faits fur la trop grande lumière comme caufe de la ccecité , à l'ingénieux phyficien qui a décoré Ion hiftoire naturelle d'une charmante phyf ologie. La caecité , apanage de la vieillelîè ou de la décrépitude, naît du re tréciflemeni de Pu- vée , de la conjonctive , de la cornée , de la diminution du cryftallin , de la coalclcence des vaifïèaux , du manque d'efprits ; &c pour le dire en un mot , de f'ufement de la ma- chine qui n'eft fufceptible d'aucun remède. Mais n'y en a-t-il point pour la cûecité pro- duite par les autres caufes dont nous avons parlé î La médecine & la chirurgie n'y peu- vent-elles rien? Faut-il toujours défefpérer de la cure de cette maladie? D'heureufes expériences ont quelquefois prouvé le con- traire , & l'arc nous apprend à diftinguer les efpeces de cadîé qui Ibnt incurables , d'avec celles dont on peut tenter ôc opérer la gué- lifon. La caché fymptomatique , quelle qu'elle ioit , ne doit point alarmer, elle finit avec le mal dont elle émane. Celle par exem- ple , qui provient de pituite , de lymphe épaiflîe dans le cerveau , ôc qui accompagne les maladies foporeufes & apoplectiques , celle avec la maladie par les remèdes réfo- lutifs, épifpaftiques , volatils, cathardiques, & par les fternutatoires. La CiTC/Ve produite par la fupprelïîon d'un ulcère ou de toute matière morbifique , por- tée par la circulation dans le cerveau , fê icrablitpar la cure ordinaire delà métaftafe. La catff/e caufée par l'akératiou du cryf- C OE tallin fe guérît , comme on {air , par Pope- ration , mais la catarade adhérente à l'iris eft fans remède. La C(*d/e fubite occafîonée par des va- peurs de lieux fouterrains , eft encore gué- riflable : nous en avons un exemple dans Phiftoire de l'académie des fciences , ûnn, ïjii ,pag. z6. Des exhalaifons d'une vieille folfe produiiîrent un aveuglement réel fur deux manœuvres ; ils recouvrèrent la vue en vingt-quatre heures par des comprefles imbibées d'une liqueur fpiritueufe tirées des plantes aromatiques mifes fur les yeux , qui reportèrent les efprits dans cet organe. Mais, je le dis avec douleur , l'atrophie de l'œil, la fortie entière de l'orbite par quel- que coup ou inftrument , en forte qu'il ne tient plus qu'à quelques fibres nerveu'es charnues , ou membraneufes i l'abcès de la cornée , les cicatrices de cette partie qui cou- vrent la prunelle , le delféehement entier du cryft»llin , la fonte du corps vitré , la def- truûion de la choroïde , la flétriflhre des nerfs optiques , leur paralyfie , Sfc. forment tout autant d'efpeces de cœcité qui fonc abfolument incurables. Je ne parlerai point ici de la cœcité de naillance , ni des aveugles-nés. V^oy. Aveu- gle & Aveuglement. Art. de M, le che- valier DE JaU COURT, C(SCUM ,C. m. (Anat.) le premier des gros inreftins ; on le nomme cœcum , c'eft-à-dire aveugle , parce qu'il n'a qu'une ouverture qui lui fert d'entrée & de fortie. Les modernes ayant divifé les gros intef- tins , quoiqu'ils ne fillent qu'un canal con- tinu en trois portions ; la première , qui eft faite en forme de poche , s'appelle le cœcum. Rufus d'Epheiè le nommoit ap- pendicula cœci. Ce n'eft qu'un bout d*înteftin comme une efpece de fac arrondi , court & large , dont le fond eft en bas, & l'ouverture ou lar- geur en haut. Il eft fitué fous le rein droit , èc caché par la dernière circonvolution de l'inteftin ileum. Sa longueur eft environ de trois travers de doigt , plus ou moins ; fon diamètre a plus que le double de celui des inteftins grêles ; on voit au travers de fa tu- nique charnue trois bandes ligamenteufes adhérentes à cette tunique , & qui fe réunif^ fent fui l'appendice vermiforme, dont elles C O E couvrent la convexité. La tunique interne ' du cacum porte une efpece de velouté ras , parfemé d'efpacc en efpace de follicules glanduleufes ou glandes fblitaires , plus lar- ges que celles des inreftins grêles. L^ufage du ccecum ell de contenir pour un temps les excrémens , jufqu à ce qu'ils entrent dans le colon. Sur le côté du fond du caecum , fe trouve un apendice comme un petit inteftin, pref- que de la même longueur que le ccecum , mais extrêmement grêle, on lappelle û^^/^e/z- dice vermiculaire ou vermiforme, à caufe qu'il a quelques entortillemens à-peu-près comme ceux d'un ver quand on le touche. Il rcflem- ble aulïi en quelque façon à la pendeloque charnue de la tête d'un coq-d'inde. Son dia- mètre n'excède guère trois lignes pour l'or- dinaire. Il s'ouvre par une de Tes extrémités latéralement dans le fond du cœcum \ l'autre extrémité qui eft fermée, eft quelquefois plus étroite , & quelquefois plus ample que le refte de fa longueur. Cette extrémité fer- mée n'eft point attachée au méfentcre , mais au rein droit , par le moyen du péritoine. L'appendice vermiculaire eft tout parfemé de follicules qui répandent continuellement dans (à cavité une efpece de liqueur onc- tueufe , lubrifiante. On ne connoit point encore l'ufage de cette partie ; mais entre plufieurs fèntimens qu'il lèroit inutile de rapporter, leplusvrai- (èmblable femble être celui des phyficiens qui prétendent qu'elle fert à fournir une cenaine quantité de liqueur mucilagineufè propre à lubrifier la furfice interne du fac du colon , & à ramollir les excrémens qui y font contenus. Le grand nombre de folli- cules glanduleufes qu'on trouve danscet ap- pendice , & la conformité de ftruéture du cœcum dans les brutes, femble juftifier cet ufage , non-feulement dans les adultes , mais encore dans les fœtus humains. On objeélera fans doute que ctt appen- dice étant à proportion beaucoup plus grand dans l'enfant nouveau né que dans l'adulte , il paroît qu'il doit avoir dans le premier quel- que autre ufage qui nous eft inconnu : mais il eft vraifemblable que la petitefte de cet il teftin d ns l'adulte , dépend de la com- preflion qu'il fouftxe , & de ce qu'il fe dé- charge iûuventdcs matières qu'il contient j COE ,95 au lieu que dans le fœtus il n'y a point de refpiration , niparconféqucntde compref- fion qui puiflc en exprimer les matières qui y font contenues , d'ailleurs le meconium qui fe trouve dans le fac du colon , l'empêche de fe vuider , de forte que les liqueurs fépa- rées par fes glandes en relâchent les fibres , & les diftendent par le long féjour que les matières y font. Pour connoître la ftruârure de Tappendice vermiculaire & de fon embouchure dans le caecum , il faut s'en inftruire fur le cadavre ; les planches anatomiques ne fufïîfent point, & les préparations feches en donnent une fauftc idée. Cette partie n'eft pas exempte des jeux delà nature : car Riolan dit avoir vu trois appendices fort éloignés les uns des au- tres , Rattachés à X'ileum. Job Vanmekecren rapporte qu'il a une fois trouvé une balle de plomb dans ce petit inteftin. Quelquefois aulTi des noyaux de cerife reftent des mois entiers dans le cxcum , fans cauier d'incom- modité ; & il y en a divers exemples dans les auteurs. Mais pour finir par une obfer- vation plus fingulierc , Riolan afture avoir trouvé le caecum placé dans le pli de l'aînc à l'ouverture du corps d'un apothicaire. (3£, le chevalier DE Jau COURT.) COEFFE , f. i. terme de marchand de modes ^ ajuftement de femme ; c'eft un morceau de taffetas noir taillé quarrément parde- vant, & en biais par deftbus , &dont le der- rière , qui forme le derrière de la tête , eft plifle. Les femmes fê fervent de cet ajufte- ment pour fe couvrir la tête ; elles placent la coëffe fur la coëfFurc , la nouent ou l'attachent fous le menton avec un ruban noir. Celles qu'elles portent en été font de gaze ou de dentelle. Autrefois les coeffes étoient compoféesde deux aunes de taffetas , & pendoient fur l'eftomac: elles ont été diminuées petit à petit , de font devenues ce qu'elles font aujourd'hui. Elles ont une infinité de noms difterenr. Il n'y a rien qui reflemble tant à l'abus de la nomenclature en hiftoirc na- turelle, que celle des marchandes de modes; la moindre petite différence de formes dans un individu , fait imaginer aux naturaliftes un nouveau nom ou une nouvelle phrafe \ la moindre petite différence dans un ajufte- ment, altère ou change , chez les marchaar Ddd 1 3^«: C O E des de modes , la dénomination d^unajulle- ment : une coëffe eft-elle grande Se prife dans toute la largeur du taffetas , a-t-elle les Îians à peine échancrés, fe noue-t-elle fous e menton , & le termine -t -elle en bavoir étendu fur la poitrme; c'eflunecoë^é^/iz bonne femme: differe-t-elle des autres coëfès par l'es pans , ces pans font-ils aflez longs , fe nouent-ils d'un nœud à quatre devant ou derrière , & font-ils terminés par tm gland , c^eft une ccëjfe a la diichcjfe : eft-elle prife dans la moitié de la largeur du taffetas , n'a- t-elle que des pans fort courts, eft-cUe bordée d'une dentelle tout autour devant & der- rière , & fe noue-t-elle fous le menton avec deux rubans paflés en fens contraire dans une couliflè faite fur le derrière , c'eft une coëjf'e a la miramione : n'a-t-elle pas plus de pro- fondeur que le premier bonnet , & eft-elle bordée devant & derrière d'un ruban bou- chonné , n'a-t-elle que des pans fort courts, & s'attrxhe-t-ellé en devant par une agraffe couverte, d'un nœud de dentelle à quatre , c'eft une cc'éjf'e au rhinocéros , &:c. Sec. bce. COEFFE A PERRUQUF , cft UUC fortC de réfeautifïu de façon qu'il s'aj ufte exaélement à la grolleur d'une tête": on applique fur ce réfeau des trèfles de cheveux pour en fibri- qiier une perruque, il y a de ces coëjfes qui lont de foie ou de filof elle , & d'autres de fïl. " CoEFFK , en Anatomie , eft une petite membrane qu on trouve à quelques enfans , qui enveloppe leur tête quand ils naJient. Drelincourt penfe que ce n'eft qu'un lam- beau des tuniques du fœ^tus , qui ordinaire- ment fc crevé à la naifïance de l'enfant. Voye-^^ Fœtus. Lampridius dit que de fon temps des fages-femmes vendoient ces coëjfes à desavo- cats qui les payoicnt bien cher , perfaadés qu'en les portant , ils auroient une vertu perfuafive de laquelle leurs juges ne pour- roient pas, fe défendra. Les canons en ont dé- fendu l'ufage -, parce qu'il y a eu , dit-on , des magiciens Se deS; forciers qui en ont abufé pour faire des ^aléfîces. Dià. de Trév. (Z) COEFFÉ , Bien ccëfé, ( Chajfe. ) fe dit d'un chien courant qui efl bien avalé , & à qui les oreilles pafTent le nez de quatre doigts. ■Diclion. de Trév.\ GoîFFÉ , adj. {praperie^ Il fe dit en bien ■& en mal y félon que la lifiere efl bien ou c ô E mal faîte : Ci cette partie efl bien travaillée 5^ relativement à la largeur , à l'ourdiffag;^ , à la couleur , &; à la matière , on dit que le drap ejl bien coëjfé ; Ç\ elle pèche par le défaut de quelqu'une de ces qualités , on dit qu'// eft mal coëffé. CoEFFE bien ou mal , ( Maréch. & Man. ) Bien , fe dit d'un cheval qui a les oreilles petites &;bien placées au haut de la tête ; & mal y de celui qui les a placées trop à côté de la tête , Se longues Se pendantes. Voye-;^ Oreille 6' Cheval. COEFFER ( SE ) , Marine, fe dit des voi- les , lorfqu'abandonnées à elles-mêmes Sc dénuées de bras , de bouline Se d'efcoutes , elles s'appliquent aux mâts , Se ne fervent plus à la conduite du vaifleau. CoEFFER un livre ; les relieurs appellent coëffer un livre , lorfque le volume étant cou- vert , ils arrangent la tranchefile avec la pointe , Se retirent un peu de veau pour" recouvrir la tranchefile , ce qui fe fait avec un poinçon légèrement , pour ne pas déchi- rer la peau , en obfervant de ne pas'trop cacher la tranchefile. On fait cette façon eix couvrant le livre , lorfque les peaux font en- core mouillées. Fby. Couvrir & Relier.1 Co.",FFER {fer à , ) t'arme de m.archand de /Tzocfe.f;. anciennement ctsfcrs à coëjf'cr étoienc de différentes figures ; ils avoient trois , quatre , cinq , Se fîx branches de chaque" coté j ils étoient faits de fild''archal reploye, & fbrmoient une e'pecede peigne dont les^ deux premières branches , c'eft-à-dire celles de defïus la tête , étoient plus longues , Se ley- autres alloient par étages Se en diminuant >. éloignées d'un bon doigt lesunes des autres j' chaque branche faifoit faire à la coëffure uit gros pli, ce qui reflembloit à des tuyaux^' d'orgue. Les fers du temps préfent font environ, longs de trois ou quatre doigts , n'ont qu'une- branche de chaque côté , Se font couverts. de petits rub ms fort étroits de foie blanche : : ils fervent pour former & foutenir le gros pli du milieu d'une coëffure. Voy. Coeffure., COÎ.FFEU ^E , f. f. femme (lont leméties efl d'aller dans les maifons pour frifer &? coëffer , elle monte aulH les bonnets Se les. coëffures. COEFFICIENT , f m. ( Algèbre.) em langage algébrique , eu. le nombie. ou. lai. C O E quancîté quelconque placée devant un terme; &: qui , en fe multipliant avec les quantités du même terme qui la fuivent, lert à for- mer ce terme. Voye^^ Terme. Ainfî dans 3 a , bx ^ C XX , 3 eft le coefficient du terme ^ a y b celui dt bx ^ C celui de C xx. Lorfqu'une lettre n eft précédée d''aucun nombre, elle eft toujours cenfée avoir i pour coefficient , parce qu'il n'y a rien qu'on ne puiire regarder comme multiplié par l'unité. Ainiî a , bcfonx abfolument la même chofe que I a , i ^c. Il ne faut pas confondre les coefficiens avec les expofans. Dans la quantité 3 û , le coefficient 5 indique que a eft pris trois fois, ou que ^ eft ajouté deux fois à lui-même. Au contraire dans la quantité ^^ , Pexpofant 3 indique que a eft multiplié deux fois de fuite par lui-même. Par exemple , fuppofons que a foit 4, 3 ^ fera 3 fois 4 , c'eft-à-dire , iz , & a^ lera 4 X4X4,c'eft-à-dire64. Voy. Caractère. Dans une équation ordonnée /le coefficient du fécond terme eft la fomme de toutes les racines ( ^'^oye'^ Racine ) ; en forte que fi la fomme des racines pofitives eft égale à celle des racines négatives , & que par conféq'uent la fomme totale des racines foit zéro , il n'y aura point de fécond terme dans l'équation. Le coefficient du troifieme terme dans la même équation ordonnée , eft la fomme de tous les produits des racines prifes deux à deux'de toutes les manières pollibles. Le coefficient du quatrième terme eft la fomme de tous les produits des racines prifes trois à trois , de toutes les manières poiTibles, ëc ainfi des autres termes à Tinfîni. La méthode des coefficiens indéterminés eft une des plus importantes découvertes que l'on doive à Defcartes. Cette méthode très- en ufage dans la théorie des équations , dans le calcul intégral , & en général dans un très-'grand nombre de"problêmes mathéma- tiques , confifte à fuppofer l'inconnue égale à une quantité dans laquelle il entre des coeffi.ciens qu'on fuppofe connus , & qu'on défigne par des lettres ; on fubftitue enfuite cette valeur de l'inconni# dans l'équation ; & métrant les uns fous les autres les termes homogènes , on fait chaque coefficient = o , èc on détermine par ce moyen les coefficiens indéterminés. Par exemple , foit propofée €sn& équaxion difféieucielle ,,. ^ C O E 35)7 f dy\-b y à x^axzdx~]r cxdx "^-fd a" = o- , on fuppofera y =■ A-{- B x -\- C xx,ô<: on j aura dy = Bdx -{-iCxdx -{' b y d x=b Ad x-^-b B X d x+ b Cxxdx -^ax' dx= a x^ d X --{-c x d x= '{'Cxdx + fdx = ~{-fdx Enfuite on fera B -{-B A +/= o ,zC ^bB-hc=OybC'ha=o ; &c téCoU vantces équations à l'ordinaire (yoy. Equa- tion ) , on aura les inconnues A, B, C. (O) COEFFURE , f. f. en terme de marchand de modes , eft proprement tout ce qui ferc à couvrir la tire des femmes , dans le négligé, demi -négligé & dans l'ajufté. Ce terme fera bientôt au nombre de ceux auxquels on n'attache plus d'idées ; déjà la moitié des dames ont trouvé le moyen de fe coëfFer (ans co'éjj'ure. Cette partie de- l'ajuftement des femmes a été. de tout temps fujette à bien des révo- lutions , tant chez les Grecs que chez les Romains , & les autres nations , il eft impof- iible d'en fiire mention. Les modes chan- geoient alors comme aujourd'hui ; en dix- neuf ans du règne de Marc Aurele, fa f^m^ me paroît avec trois- ou quatre coeffures différentes. Chacune de ces modes avoit ibiï nom. Loiirde connoitre celui des pièces de toutes (xscoëffiir es ^noxxs n'avons feulement pas ceux de la coeffure entière : il y en a en» cheveux , d'autres en perles &c pierres pré- cieufes , ùc. Les co'èffures font faites le plus ordinaire- ment de belles dentelles , de gaze , de blon-^ de , ùc. Les veuves en portent de moufle- hne unie , ourlée tout autour d'un grand ourlet large & plat. Les femmes d'artifans en portent de mouffeline & de batifte; &3 les femmes au-deflus du commun fè fervent- de ces co'éffures pour la nuit. / Les co'éffures à quatre barbes font de deux: pièces , dont celle de deflous eft plus large que celle de delFus \ il y faut près de (v^ aunes de dentelle, car pour les barbes on coud deux dentelles de la même façon à côtéPune de l'autre , ce qui forme la largeur de la. barbe , qui peut avoir demi-aune de long , & eft tout en plein de dentelle , le bas former une coquille pliflee : le deflus de tête eft aufîî de la niême dentelle , & tientaux bar-^ be5 j.il peut avoir un quart ôc demi de long^ 30 8 C O E de eft attaché ou monte fur un morceau de moullèline unie , ou rayce , ou brodée : en la cou faut à ce morceau , on plifl'e cette den- telle de pluiieurs plis. C'eft fur la féconde pièce que Ton monte le fer qui forme le gros pli du milieu , qui fe pofe fur la première pièce. Les pièces s'accolent Tune fur l'autre j elles fe montent enfuite fur un bonnet piqué , & s'y attachent avec de petites épingles. IlyaaufTî descoè^re^appellées j/^m-o/e/ , parce que la féconde pièce, qui n'eft à pro- prement parler qu'un deflus de tête fans barbe , s'appelle bavolet ; mais il fait le même effet que les coëffures à deux pièces. L'on garnit toutes ces coëffures en deflus de rubans de différentes couleurs , &: qui y font affujettisavecde petites épingles. La façon de les pofer diffère fuivant les modes. Autrefois , c'eft-à-dire il y a quarante ou quarante-cinq ans , les coë^'ures de femmes étoient beaucoup plus larges , & montées fur des fers à trois , quatre , cinq , ou lix bran- ches de chaque coté, qui étoient pluscourtes les unes que les autres , qui formoient de gros plis tout autour du vifàge qui repré- fentoient des tuyaux d'orgue. Aujourd'hui les femm^es ne font coè'ffées qu'avec de petites coëffures qui , quand elles font montées , ne font pas plus larges que la paume de la main j les cheveux qui font frifés font le refte de la coëffure. On appelle cette façon de coëffure , en -arrière. L'on faitaufïî des coëffures de geai m.ontées fur du fîl de laiton , que l'on appelle coëf- ftres en comète. Ce feroit encore ici une longue affaire de nomenclature , que de rapporter toutes les variétés que les coëffures ont eu , & tous les noms qu'on leur a donnés félon ces variétés. CO-EGALITÉ, f. f ( Thêol.)iGïmt qui exprime le rapport qui fe rencontre entre plufieurs chofes égales. Voye-^^ Égalité. La dodtrine de l'églife catholique tou- chant la trinité , eft que le fîîs & le S. Efprit font co-égaux au père. Les ariens nioient la co-égalité des perlonnes divines. Voye"^ Arieks & Trinité. ( G) C(ELESîRIE ou C(ffiLÉ , ( Géog. anc. ) contrée de Syrie qui comprenoir , félon les uns , la vallée qui s'étend entre le Liban & l'anti-Liban ; lelon d'autres, le mêmeefpace, avec le pays de Damas , ^ ce qui eft entre C O E la Syrie propre , la Phcnicie , & la Pat. ieftine. Il y en a qui ne la bornent qu'à l'Arabie & à l'Egypte. Elle fe nomme aujourd'hui Bocaibalbec. §C(SLIAQy E, {Anaiomie. Thyfrologie.) nom d'une artère très-coniidérable du bas-ventre, & qu'il eft nécellaire de bien connoitre. C'eft une des preraieresbranchesde l'aorte abdominale ; elle naît dans le paflàge même de cette grande artère entre les piliers du diaphragme , un peu à gauche , èc elle def- cend en avant & à droite. Il eft très-rare qu'elle ait une origine commune avec l'ar- tère méfèntériquefupérieurei mais ileft afîcz commun que la phréniq^ue gauche, & même la phrénique droite en fortent prefque à fa naiflànce. Son tronc eft très-court ; elle fc partage après avoir fait un chemin de peu de lignes, en trois branches , dont la première, c'eft la coronaire , fort quelquefois du tronc avant fes compagnes. Mais il eft plus com- mun que la cceliaque fe partage en même temps en trois troncs principaux , la coro- naire , la fplénique & l'hépatique. D'autres fois les trois troncs font deux hépatiques & la fplénique. La coronaire , qui provient quelquefois de l'aorte , joint à l'extrémité gauche de la petite courbure de l'eftomac , & defcend vers la partie antérieure du bas ventre. Elle donne quelquefois la phrénique gauche , ou les deux phréniques , & une pancréatique , qui fait une anaftomofe avec la méfentéri- que ; mais elle donne plus conftamment une œfbphagienne , qui remonte dans la poitrine & communique avec les œfophagiennes thorachiques. Elle donne au même endroit une coro- naire j qui fait véritablement une couronne imparfaite autour de l'œfophage , à l'endroit où il s'unit à l'eftomac. Cette branche donne des artères à l'œfophage , & d'autres au cul- de-làc de l'eftomac j & ces dernières s'uilif^ fènt au fplénique. Elle fournit des artères aux deux plans de ce réfervoir ;1ile fe partage , & forme deux & même trois branches afl'ez fcmbla- bles entre elles , une antérieure , une pofté- rieure, & une moyenne. - Chacune de ces branches fait dans k petite courbure de l'eftomac une arcade ayec C O E les branches de rhépatique j de4)enres bran- ches vont aux deux plans Se s'unillcncavec les arceres gaftroépiploïques Se fpléniqucs. Le refte de la coronaire fe ré fléchit autour du petit lobe du foie , entre dans la fofTe du conduit veineux , Se fe partage entre le diaphragme Se le foie. Cette branche eft ordinairement peu confidérable , Se d'autres fois, elle égale la grande hépatique. La rplcnique naît rarement de l'aorte , & le plus fouvent de la cœliaque^ après qu'elle a donné la coronaire. Elle fe porte à gauche en fuivant le bord fupérieur du pancréas : en ferpentant avec des courbures répétées , elle atteint la face cave de la rate , remonte avec l'épiploon gaftrohépatique, Se s'enfonce par de nombreufes branches dans ce vifcere. Elle donne cependant ou dans le pancréas, ou de la plus inférieure des branches fplé- niques , une artère qui s'attache à la grande arcade de Peftomac, Se fe porte à droite dans Tépiploon , un peu fous fon attache , c'eft la gaftroépiploïque gauche; fes branches remontent d'un côté dans les deux plans de Teftomac , Se defcendent de l'autre dans les deux feuillets de l'épiploon. Les premières de ces branches vont s'unir à celles de la coronaire , Se les dewiieres font des réfeaux d'une grande beauté entre les lobes de l'épi- ploon Se s'uniflent avec les épiploïques du côté droit. Le tronc de la gaftroépiploïque s'ouvre diredement dans le tronc de l'artère droite du même nom. La même artère donne quelques filets au pancréas , au méfo- colon , à la rate. Dans la face concave de la rate même , il naît des artères fpléniques quatre ou cinq branches qui vont au cul-de-fac de l'efto- mac , Se communiquent avec les coronaires Se les branches des gaftroépiploïques gau- ches. Ce font les vaifleaux courts. Ôuelques- uns de leurs rameaux vont à l'cciophage , à fon ligament gauche , au diaphragme , au pancréas Se au méfocolon. Il eft aflez ordinaire à la fplénique de donner depuis le milieu du pancréas une Se même deux artères confidérables au plan poftérieur de l'eftomac fous Pœfophage. On les nomme gajîriques pujlérieures. Mais il naît conftamment piulieurs bran- ches pancréatiques de louEe la longueur du C O E 3^^ tronc fplcn'qu3. Une de ces branches , pro- duite quelquefois par l'aorte , pafiè aflez fré- quemment derrière le pilore , Se fe diftribue au pancréas Se au duodénum en faifant des arcades avec les pyloriques. Se les branches de la méfantérique. On. a vu la fplénique donner une branche confidérable au mélo- colon tranfverfal , Se cetré branche commu- nique avec les artères méfentériques. L'artère hépatique eft le véritable tronc de la cxliaque , elle s'avance à droite , Se contre la partie antérieure du bas-ventre , par un filion du lobule de fpigel. Se le long de la petite arcade de rcftomac. Arrivée au pylore , elle y donne l'artère pancréatico-duodénale , qui eft confidéra- ble. Cette artère donne près de fon origine une branche à l'eftomac , qu'on nomme la coronaire droite , qui fait une arcade avec la coronaire gauche. En remontant à droite le long de la petite courbure de Peftomac , elle donne des rameaux au petit épiploon Se aux deux plans de l'eftomac. Le tronc de la pancréatico-duodénale pafle derrière le pylore , elle donne les deux pyloriques, la fupérieure Se antérieure, unie à la gaftroépiploïque & à la pylorique infé- rieure, qui nait bientôt après. Se qui donne également des branches à l'eftomac Se au duodénum. La branche de la pancréatico- duodénale , qui mérite principalement ce fait un arc autour du duodénum. nom elle donne une branche aflez confidérable au pancréas, qui fait des anaftomofes avec la îplénique , la coronaire Se la méfentérique , Se fournit quelques petites branches à l'épi- ploon Se au méfocolon tranfverial ; mais le tronc fait une arcade avec la duodénalc fupérieure Se plufieurs autres communica- tions ; elle donne quelques filets au péritoine près des reins. Le refte du tronc de l'artère , dont nous parlons , porte le nom de gajîroépiploïque droite , Se fuit l'épiploon à quelque diftance de la grande arcade de l'eftomac ; fes bran- ches montent d'un coté aux deux plans de l'eftomac , Se font des réfeaux avec la coro- naire ; & de l'autre, ils fe répandent aux deux feuillets du grand épiploon Se à l'épiploon cohque , où elles font d'autres réfeaux Se entre eux-mêmes , Se avec les braiiches de la gaftroépiploïque gauche. Quelques autres 400 CO E branches vont à l'épiploon gaftrohépatique ^ aux conduits biliaires. Lagaftroépiploïque droite s'ouvre à la fin dans là compagne du coté gauche , née de la liénale. Cette anaftomofe efc quelquefois très-conlidérable , ellel'eft moins dans d'au- tres fujets. L''hépatique fe divife bientôt après avoir donné cette branche. La branche hépatique gauche eft attachée à la veine-porte , vers Ion bord gauche ôc devant elle : elle donne allez fouvent une coronaire gauche , elle .envoie au même endroit une petite branche à l'épiploon hépatogaftrique & à la folîè du conduit veineux , 8c bientôt après elle pro- duit la duodénale fupérieure , qui fe con- tourne autour du duodénum par fa face poftérieure, qui traverfe le canal cholédoque qui donne des branches à ce conduit , au duodénum &c au pancréas , Ôc finit par une double arcade , qu elle fait en remontant avec la duodénale gauche dont nous venons de parler, & en defcendant avec la méfèn- térique. r • i i Le tronc de l'hépatique fuit la branche gauche de la veine-porte dans lafodè tranf- verfale , 5c finit par trois branches qui vont avec quelques variétés au lobe de fpigel , au lobe anonyme , & au lobe gauche. Quel- ques branches fuperficielles communiquent avec celles de l^épigaftrique ôc de la mam- maire dans le Hgament fufpenfoire ôc avec la phrénique. Quelques petits filets vont au ligament gauche & à la rate. L'artère hépatique droite arrivée au valon , que l'on nomme les portes , remonte en ie portant à droite & fe plonge dans le -foie. Elle donne quelques branches aux vaifleaux biliaires & quelquefois une pylo- rique ■■, elle fe partage une féconde fois , ôc fa brancheantérieuredonnelacyftique, dont le tronc eft le plus fouvent l'origine com- mune de deux artères cyftiques. Il y en a -une fupérieure , peu vifible , qui fe rend au foie & à la partie de la véficule du fiel , qui tft attachée à ce vifcere : cette artère a de nombreufes communications avec les bran- • ches de l'hépatique. L'autre branche de la cyftique eft inférieure, elle fe -partage - comme la précédente dans le foie ôc dans Ja véficule. l^ç rf fte dç la l^anche antérieure de l'ar- C O E fera hépatique fe rend au lobe droit 5c à l'anonyme. La branche poftérieure eft prefque tou- jours cou v(?rte par la veine-porte : elle donne uiie branche au lobe de fpigel , une autre au lobe anonyme, plufieurs petites branches qui font fur la furface du foie des réfeaux plus confidérables que dans aucun autre vifcere. Les gros troncs fe perdent dans le foie. Cette branche droite eft très-petite dans les fujets dans lefquels l'hépatique droite que fournit laméfentérique eft confidérable. {H.D.G.) C (E L I A Q^u E , f. f. ( Médec. ) la cœlia- que ou pour mieux parler , Vaffeâioncalia- que , la pajfion cœliaque , eft une efpece de flux de ventre copieux ôc fréquent , dans lequel ^'on rend par l'anus les alimens digé- rés , mais avec du chyle qui s'y trouve confondu. Hyppocrate ne fait aucune mention de cette maladie. Aretée eft le premier parmi les Grecs qui en ait donné la delcription , & très-exaûement , /. //, ch. vij, il appelle ceux qui en font affligés ;>;;o/\/iVIT LYWLPHATIQJJE, % 40 <î C O E L'ufage du cceur eft de poufïcrle fàng dans routes les parties du corps , à quoi contribue principalement Ton mouvement alternatif de contradion & de dilatation. Par la dilata- tion , appelléc dîajiole , Tes cavités s'ouvrent & fe dilitent pour recevoir le iang que les veines y apportent ; & par leur contraélion appellée^j^o/e , Tes cavités fe reflerrent &c fe conrradtent pour repoulTer de nouveau le fàng dans les artères. Fbye^ Oreillette, Systole, & Diastole. Ajoutez à cela, que ces mouvemens al- ternatifs du cceur &c de Tes oreillettes font oppofés; car les oreillettes fe dilatent pendant que les ventricules fe reflerrent , &: récipro- quement. Au moyen du ventricule droit, le (àng eft pouflë dans l'artère pulmonaire , d'où il paflè dans la veine pulmonaire qui le rapporte dans le ventricule gauche, d'où il fe diftribue par le moyen de l'aorte dans toutes les parties du corps; il retourne enfuite par la veine-cave dans le ventricule droit du cceur , ce qui ache- vé fa circulation. J^oyeij^CiRCULATiON. Schenkius parle d'un homme qui n'avoit point de cceur , ce que Molinetti traite de fable j il nie mêm.e qu'il puifl'e y avoir deux cceur s dans un même homme , quoique cela foit fort ordinaire dans divers infedlesqui en ont naturellement plulieursjtémoinsles vers- à-(biequiont une chaîne de cœurs qui s'é- tend depuis une extrémité de leur corps juf- qu*à l'autre.Maisnous avons des preuves in- conteftables qu'on a trouvé deux cœurs dans la même perlonne ; on a même trouvé des c^z/r^ que des vers avoient rongé & dévoré. Muret a ouvert le cœur de quelques ban- dits , & l'a trouvé entièrement velu , ou du moins revêtu d'une efpece de duvet. Ce qu'il y a encore de plus extraordinaire , eft qu'on a vu des perfonnes dont le cœur étoit renverfé ou tourné du haut en bas ; témoin une femme qu'on pendit il a quelque temps en Saxe , & un homme qui fouffrit le même fupplice à Paris. Journ. des Sav. Les animaux timides ont toujours le Cirwr plus grand que ceux qui font courageux ; comme cela fe voit dans le daim , le lièvre , l'âne , ùc. On trouve un os dans la bafe du cœur de certains animaux, fur-tout du daim, ui paroît n'être autre chofe que les tendons brcux du c» 4cS C O E S'il eft vrai , comme Lower le prétend , que la contra6lion (bit la feule a61:ion de ces fibres , comment fe peut-il faire que leur diflenlîon , qu'on appelle communément, quoique mal à propos , leur relâchement , foit un mouvement de reftitution ? caria na- ture & la difpofition de ces fibres prouvé clairement que le coeur eft fait en forme de cône, & qu'il efl dans un état violent pen- dant fa dilatation. Il s'enfuit donc que la contradion eft le vrai mouvement de refli- tution , & le feul état dans lequel il retourne de lui-même lorfquel'aâiiona celîéj de forte que nous fommes toujours obligés de cher- cher la véritable caufe de la diaftole , qui paroît le phénomène le plus difficile qu on remarque dans le cceur. M. Cowper , dans l'introduâ:ion à fbn anatomie , augmente la part que M. Lower donne au fang dans cette a6tion , & le re- garde comme le principal inftrument de la dilatation du cœz/r; M. Drake, fon fe6ta- teur , ne s'accorde cependant pas avec lui fur la manière & la caufe de cette dilatation. " Le cœur de l'animal , dit M. Cowper, a beaucoup de rapport avec les pendules des automates artificiels, des horloges &c des montres portatives , en ce que fon mouve- ment fefaitcomme celui des autres mufcles, par le moyen du fmg qui fait Toffice d'un poids». Suppofé que cet auteur ait voulu dire que le iang en retournant dans les oreil- lettes & les ventricules du cœur, les oblige à fe dilater en pefant fur eux , en agiflànt comme un contre-poids à fa contraction, entant que mufcle , il eft dommage qu'il n'ait pas donné une plus ample explication d'un phénomène aum difficile de aulTi im- portant j la pefanteur fpécifique du fang ne paroît pas une caufe adéquate de l'effet qu'on fuppofe qu'il produit dans cette occaiion : car, fuppofé que le fanç n'agifte ici que comme un poids par une limple gravitation, il ne peut employer dans cette addon , en defcendant de la partie fupérieure du cœur , qu'une force équivalente à cinq livres au plus , quoiqu'il ait à furmonter , fuivant la lupputation de Borelli, une réfiftance de I 35000 livres. Quelle que foit la force qui dilate le cœur , ôc la caufe de fa diaftole , elle doit être égale à celle du cœur , des muf- cles intercoftaux 6c du diaphragme , contre COÊ laquelle il agit comme un antagonifte; Il eft peut-être difficile ôc même impof- fible de trouver une telle puiflance dans la machine du corps animal j & cependant , fans le fecours d'un pareil antagonifte , il efl impoffible que la circulation du fang puiflc continuer. Tous les reilbrts qu'on a décou- verts jufqu'aujourd'hui dans le corps humain concourent à la contra6tion du cœur, qui eft un état de repos auquel il tend naturelle- ment ; cependant nous le trouvons alterna- tivement dans un état de violence ou de di- latation ; ôc c'eft cependant de cette alterna- tive que dépend la vie de l'animal. Il eft donc nécefï'aire de trouver quelque caufe extérieure capable de produire ce phé- nomène , foit dans la qualitéde l'air ou dans la preffion'dc l'atmofphere , puii(|ue nous n'avons point de commerce conftant &c im- médiat avec d'autres miHeux. Quelques phyfîciens ayant obfervé que nous ne pouvons fubfifter dès que la com- munication que nous avons avec Pair exté- rieur eft interrompue , ont imaginé qu'il (è mêle pendant l'infpiration certaines parties de l'air extrêmement pures avec le fang qui eft dans les poumons, lefquelles paftentavec lui dans le cceur , où elles entretiennent une efpece de flamme vitale , qui eft la caufe du mouvement réciproque de cette partie. D'autres ontniéPexiftence de cette flamme aétuelle , Ôc prétendu que les parties les plus fubtiles de Pair venant à fe mêler avec le Iang dans les ventricules du ca?ur, produifent une effervefcence quiPobligeà fe dilater. Mais on a rejeté tous ces différens fenti- mens, ôc l'on eft encore aujourd'hui dans le doute s'il fe mêle quelques particules d'air avec le fang dans les poumons, ou non. F'oye:^'? ou MOUS , Air , f/c. En fuppofant même qu'il s'infinue quelque portion d'air dans la veine pulmonaire , il ne peut autrement dilater le cceur que par une effervefcence dans le ventricule gauche , qui ne feroit point fuffifante pour dilater le droit: mais ladiftedionanatomique de la partie ne fuffit-elle point pour détruire ce fentiment, quia été fuffifamment réfuté par un grand nombre d*excellens auteurs? Voye^ Respi- ration. Qtioi qu'il en foit , la maffe de Patmof- phere paroît être le véritable antagonifte de tous C O E tous les mufcles qui fervent à l1n(pîration ordinaire & à la contraction du cœur ; ôc cela fe trouve confirmé non feulement par fa puiflànce , mais encore par lanéceflité de fon action fur les corps animaux. Voye:^ AtMOSPHEPvE. L.e ca?ur y comme nous lavons déjà oblervé , eft un mufcle folitaire d'une force extraordinaire*) qui eft encore augmentée par les mufcles intercoftaux & le diaphrag- me, qui n'ont point d'antagoniftes ; de forte qu'elle a befoin d'être contrebalancée par quelque force équivalente quelle qu'elle puifle être : car quoique l'aéVion des mufcles intercoftaux foit volontaire , ils ne font pas pour cela exempts de la condition des autres mufcles qui fervent aux mouvemens volon- taires , lefquelsferoient dans une contraftion perpétuelle , nonobftant l'influence de la volonté , fans le balancement des mufcles antagoniftes. Les poids de Patmofphere qui preflè lur la poitrine ôc fur toutes les autres parties du corps , fuppléeà ce balance- ment qui fe trouve entre les autres mufcles; ôc comme dans tous les autres mouvemens volontaires l'influence de la volonté ne fait qu'augmenter l'adion de l'unedesdeux puif- lances qui étoient auparavant en équilibre; de même elle ne fert ici qu'à donner à ces muf- cles aftez de force pour foutenirun poids qui furmonteroit leurs forces, s'ils n'étoient point fécondés de la manière que je viens de le dire. Auffi-tôt que ce fecours vient à manquer , les côtes s'abaiflent de nouveau par la feule pe- fanteur de Patmofphere ; ce qu'elles ne fe- roient point fans cela , malgré le penchant naturel qu'ont ces mufcles à fe contracter. Cela eft fuflSfamment prouvé par les ex- périences de Torricelli , &c par celles qu'on a faites fur des animaux dans le vuide , où dès que la preflion de l'air eft ôtée , les muf- cles intercoftaux ôc le diaphragme font con- tractés , les côtes s'élèvent dans le moment, & la volonté ne peut plus les obliger à s'a- baifler , à moins que l'air ne vienne à fon fecours & ne les y force par fa preffion. Comme dans l'élévation des côtes le fang eft en quelque forte obligé d'entrer dans les poumons par le pafllage qu'il trouve ouvert j de même lorfqu'elles viennent à s'abaiftèr , il eft forcé , par l'affaiftement des poumons & par la contraction des vaifleaux fanguins , Tome FJIl C O E 43^ de palTer par la veine pulmonaire dans le ventricule gauche du coeur : cela joint au poids de l'atmofphere qui prefle fur toute la furface du corps qu'il entoure de tous côtés ,. eft cette puilfance qui oblige le fang à mon- ter dans les veines , après. que la force que le cceur lui avoit imprimée a ce fle ; & elle fuffit même pour obliger le cceur à fortir de fon état naturel , & à fe dilater. Lorfqu'on vient à fupputer la pefànteur d'une colonne d'air égale à la furface du corps , oji s'appcrçoit qu'elle fuffit pour pro- duire les effets qu'on lui attribue. Si l'on con- sidère outre cela que les corps des animaux (ont des machines capables de céder à la prelTion , on connoitra fans peine qu'elle doit agir fur eux de la manière que nous l'avons dit. Cependant quoique nos corps foient entièrement compofés de petits tubes ou vaifleaux remplis de fluides , cette pref- fion, quelque grande qu'elle foit, étant la même par-tout , ne pourroit les affecter , à moins que les dimenfions fuperfîcielles ne variafl'ent également ; à caufe qu'étant éga- lement preflés par-tout avec le même degré de force , les fluides qu'ils contiennent ne pourroient fe retirer dans aucun endroit, ôc taire place à ceux qui les fuivent , mais de- meureroient aufïi fixes ôc aufîi immobiles que s'ils étoient actuellement folides. Voye:(^ Fluide Ê'Air. Mais la dilatation de la poitrine fournit afîez d'efpaceaux fluides pour fè mouvoir , ôc fon reflèrrement leur imprim.e un nouveau- mouvement ; ce qui eft le principe de la circulation continuelle du fang. Cette dilatation ôc cette contraction réci- proque des dimenfions fuperficiellesdu corpt paroifléntfînécefîàiresà la vie de l'animal , qu'il n'y en a aucun, quelque imparfait qu'il Ibit , dans lequel elles ne fe trouvent ; pour le moins on n'en a encore découvert aucun dans lequel elles n'aient exiflé. Quoique les côtes ôc les poumons d'un grand nombre de poiflbns ôc d'infeCtes n'aient aucun mouvement , ôc que leur poi- trine , par une fuite néccfl'aire , ne puiflè point fe dilater, ce défaut efl: cependant réparé par un méchanifme analogue qui fup- plée autant qu'il fùut aux belbins de la vie. Les poiflbns , par exemple , qui n'ont point de poumons , ont des ouies qui font Içs 410 C O E mêmes fondions qu'eux -, car elles reçoivent & rejertcnt l'eau alternativement , de forte que les vailTeaux fanguins fouffrent la même altération dans leurs dimenlions, que dans les poumons des animaux les plus parfaits. y^oye^^ Ouïes. Qiioique les poumons des infedes diffé- rent autant que ceux des poillbns de ceux des animaux parfaits, ils ont cependant la même adion & le même ufage qu^'eux , c'eft- à-dire qu'ils fervent à challèr l'air & à varier les dimenfions 8c la capacité des vaifleaux fanguins. Comme ils n'ont point de poitrine ou de cavité feparéc pour le drur 3c les vaif- leaux qui reçoivent l'air , ces derniers fe dif- tribuent dans tout le tronc , par le moyxn duquel ils communiquent avec l'air extérieur '^arditférensfoupiraux ;, auxquels font adap- tés différens (iftletsqui envoient des rameaux dans tous les mufcles Se dans tous les vifce- res , Se paroiflènt accompagner les vaifleaux fanguins pnr tout le corps, de même qvie dans les poumons des animaux parfiits. Par cette difpodtion , le corps s'enfle dans chaque infpiration, Se fe reflerre dans chaque expi- ration ; ce qui doit caufer dans les vaifleaux fanguins une viciffitude d'extenfion Se de contradion. Se imprimer un plus grand mouvement dans les fluides qu'ils contien- nent , que ne le feroit le cœur qui ne paroit point mufculcux dans ces animaux. Le fœtus eft le feul animal qui foir exempt de la nécefFiré de recevoir Se dechafler alter- nativement quelque ffuide j mais pendant qu'il efl; enfermé dans la matrice , il ne pa- roit avoir tout au plus qu'une vie végétative , êc ne mérire point d'être mis au nombre des animaux ; Se fans cette petite portion de mouvement mufculaire qu^il exerce dans la matrice , on pourroit fans abfurdité le regar- der comme une greffe ou une branche de la mère. Vo^reiVffiTxjs , Embryon, &€. On peut objeder contre la dodrine que nous venons d'établir , que le drur de plu- fieurs animaux ne bat pas avec moins de ré- gularité Se moins de force dans le vuide que dans l'air , comme M. Bcyle l'a expérimenté avec ceux des grenouilles. Tranf. philofoph. d\ 6%. Efiimation de la force du coeur. La quantité de la force du cœur a été différemment eftri- inée 3 8c fur divers principes , par placeurs C O E auteurs ; mais particulièrement par Borellî , Morland , Keiîl , Jurin , &c. On peut déterminer la force du cœur par le mouvement avec lequel il fe contrade , ou par le mouvement d'un poids qui étant oppoié au fang tel qu'il exifl:e hors du cœur , foit cap?.ble de le balancer Se d'en arrêter le cours. Nous n'avons aucun moyen de pouvoir en venir à bout à priori , à caufe que nous ne connoiflons qu'imparfaitement la fl^ruéture interne de cette partie , Se la nature Se la force de la caufe d'où dépend la contradion ; de forte que le feul moyen qui nous rcfl:e efl de l'apprécier par les effets. Toute l'adion du cœur confifte dims la contradion de fes ventricules; à mefure que ceu> -ci fe contradent , ils preflènt le langs Se lui communiquent une partie de leur mouvement , ils le pouflent avec vio- lence dans les paflagcs quM trouve ouverts. Le fang ainli pouflé dans l'aorte Se dans l'ar- tère pulmonaire , fait effort de toutes parts , en partie contre les tuniques des artères qui étoicnt devenues flafques dans la dernière diallole , Se en partie contre le fang qui le précède , Se dqnt le mouvement eft trop lent. Par ce moyen les nmiques des artères fe tendent peu à peu , le mouvement du fang dont nous venons de parler, devient plus rapide. Il eft bon d'obferver en piflant . que plus les artères iont flafques , moins elles font de réiiftance au fang qui veut les dilater; Se que plus elles font tendues , plus aufli s'op- pofent-elles avec force à une plus grande dilatation ; de forte que route la force du lang au [omr dn cœur eft d'abord plutôt em- ployée à dilater les artères , qu'à pouHèr le fang qui le précède; au lieu que dansla fuite il agit moins fur les artères, que fur le fang qui s'oppofe à fon cours. Borelli, comme nous l'avons déjà obfèr- vé , dans fbn éconcm. anim. fuppofe les obf- taclesqui s'oppofent au mouvement du fang dans les artères, équivalens à iSoooc liv. Se la force du cœur à 30C0; ce qui n'e-ft qu'un -A de la réiiftance qu'il rencontre. Si l'on déduit 4yooo liv. pour le fecours fortuit qu'il reçoit de la tunique mufculaire élafti- que des artères , il refte pour le cœur une force de 3000 livres , avec laquelle il doit furmonter mic réiiftance de 13 5000 livres. ^ C O E c*efl:-à-<îire écarter avec une livre de force un obfraclc de quarante-cinq livres ; ce qu'il fait , à ce que liippole cet auteur , par la force Je percuiTion. S'ileût pouflé Ion calcul ju(qu*aux veines, qu'il prétend contenir quatre fois plus de 1 mg que les artères , ôc dans lefquelles cette f jrcc de percuiïion ne Te fait point fentir du tout, ou du moins que très-foiblement, il n'eût pas eu de peine à reconnoître l'infuffi- fance du fyftême de percuiïion. On accuie même Ton calcul de fiufTeté , & l*on prétend que la force qu'il attribue au cœur eft infiniment trop grande. Ledo(5teur Jurin fait voir que fi Borelline fe fût point trompé dans fon calcul , il eût trouvé la réfiftance que le cœur eft obligé de furmonter beaucoup plus grande, même fui- vant Tes principes , 6c qu'elle eût été de 1076000 , au lieu de 1 55000; ce qui pafle toute vraifcmblanc^e. Le plus grand défaut de la folution con- fifte , fuivantle docbeur Jufin , en ce qu'il a apprécié la force motrice du cœur par un poids en repos ; en ce qu'il a fuppofé dans une de fes expériences que le poids que fon- dent un mufcle eft entièrement foutenupar fa force de coniraâ:ion ; que les mufcles qui ont la même pefanteur font également forts ; enfin que la force du cœur augmente à cha- que fyftole , &c. Le dodceur Keill , dans Çts ejfaisfur Vécon. an m. a le premier abandonné le calcul de Borelli , auquel il en a fubftitué un autre infiniment plus petit. Voici comment il cftime la force du cœur. Suppolant que l'on con- noiflè la vîtefle d'un fluide, & faifmtabf- tradtion de la réfiftance qu'il rencontre de la pare d'un autre fluide, on détermine la force qui le met en mouvement comme il fuit. Soit la ligne a la hauteur de laquelle doit tomber un corps pour avoir une viteUe égale à celle du fluide , la force qui met ce fluide en mouvement fera égale au poids d'une colonne du même fluide , dont la bafe feroit égale à l'orifice, &: la pefanteur à 1 ^. CorolL 2. , prop.^&y lib. /J,des principes de Newton. Maintenant le fang qui fort du cœur trouve une réfiftance qui retarde fon mouvement de la part de celui qui circule dans les veines &c les artères ; ce qui l'empêche de couler avec toute la vîtefïè que X^cœur lui imprime. C O E 41! une partie de cette force étant employée à furmonter la réfiftance de la maflè du fiing.. Suppofé donc que Pon connoide de com- bien la vîtefl'e dufingeft diminuée par cette réfiftance, ou quelle eft la proportion entre la vîtefle du fang qui rencontre cette réfiftan- ce , & celle du fang qui n'en trouve aucune; il ne fera pas diflficile , après avoir détermine la première , de trouver la féconde , & par- conléquent la force abfolue du cœur. L'au- teur s'eft fèrvi , pour la découvrir , de l'ex- périence fuivante. Après avoir découvert l'artère & la veine iliaque dans la cuifle d-'un chien près du tronc, & y avoir fait les ligatures convena- bles , il coupa les vaiftèaux &c reçut pendant dix fécondes le fang qui en fbrtit. Il fit la même chofe fur l'artère pendant le mê- me efpace de temps , & il pela avec foin la quantité de fang qui fortit de ces deux difïérens vaifTeaux : il réitéra la même expé- rience , ik. il trouva enfin que la quantité de fang qui étoit fôrtie de l'artère , étoit à.cellc qu'avoit donnée la veine dans le même ef- pace de temps , à-peu-près comme 7 i à 3 . La vîtefle du fang dans l'artère iliaque Ci près de l'aorte , doit être à-peu-près la mêni« que dans l'aorte ; d'où il fuit que la vîtefle avec laqu ;lle il fort par l'artère iliaque après qu'on l'a coupée , eft égale à celle qu'il au- roit au fortir àwcœur lorfqu'il ne trouve au- cune réfiftance ; ou , ce qui revient au même, le fang fart par l'ouverture de l'artère iliaque avec toute la vîtefle q^u'il a reçue du cœur. Tout le fang qui pafle dans l'artère iliaque , y revient de nouveau par la veine iliaque , & par conféquent la quantité de fang qui paflè dans toutes les deux dans le même temps doit être égale. Il s'enfuit donc que la quan- tité de fang qui fort par l'ouverture de la veiné iliaque , eft égale à celle qui a paflé dans l'ar- tère iliaque avant qu'on l'ait coupée , dans le même espace de temps. Puis donc que nousconnoiflbns laquantit\4 de fangqui paflè dans Tartere iliaque lorfqu'elle eft coupée & avant qu'elle le foit , il s'enfuit que nous avons leur viteflè ; car la vîteffed'un fluide qui coule dans le même tuyau dans un ef- pice de temps égal , eft diredement comme f.i quantité : mais la vîtelLe du fang lorfque l'artcre eft coupée , eft égale à celle qu il re- çoit du cœur ; ôc la vîtelïe lorfqu'elle n'eft Fff 2 411 C O E point coupée , eft celle avec laquelle le fang coule dans l'aorte, dans laquelle il trouve de la rélîfknce ■-, d'où Ton voit que ces deux vîteires font l'une à l'autre comme 7 î à 3 . Si l''on fuppofe maintenant que le caur jette deux onces de fang à chaque fyftole , ce qui eft affez vraifemblable , le fang doit parcourir dans l'aorte 156 pies en une mi- nute; de forte que la vîtelîê abfolue avec laquelle il eft poufl'é dans l'aorte , eft ca- pable de lui faire courir 590 pies en une minute, ou ^ pies \ en une féconde, s'il ne trouvoit aucune réliftance. Recherchons maintenant de quelle hau- teur doit tomber un corps pour acquérir la vîteil'e que nous lui avons donnée; car cette hauteur étant doublée, donne la hauteur d*lin cylindre dont la bafe eft égale à 1 o- rifice de l'aorte , & la pefànteur à la force abfolue du caur. L'on fait par expérience que la force de gravité fait parcourir à un corps 5 o pies en une féconde , ce qui eft la vitefle qu'il ac- quiert en tombant de la hauteur de 1 5 pies ; d'où il fuit que cette vîteftè eft a celle du (ang qui^coule lans trouver de la réfiftance dans l'aorte , comme jo à 65. Mais comme les efpaces qui font acquérir aux corps les vitefles que nous leur avons données, font comme les quarrés de ces mêmes vitefles , c'eft-à- dire, comme 900 à 42.25, il s'enfuit qu'il y a même rapport de 900 à 42.15, que de 15 à o 74, Cette hauteur étant doublée , donne 148 ou i77 7 1 1 8 Kn fuçant for En fuçant. 5 i 7 II 10 Pc!U«i cutiç I 6s9 3 31S IZ y I 8j 9 z Coup l'aorte 1 fang l'aorte par minutes. I 171 I ^S I I lyzl Lei tubes axés à Tartere crurale. Il étoit très-vieux {le mourut prompiement. Les tubes iîxét latéralem. à la carotide gauche le tuyau 3S ^^^î^^^^^^^^^s;gJSsi^Si--^^&'^^feï^s-^o^^^^I^^'^^^^^3^^^^^^^^^^^^^&5i€ :=^=;r=g^^^ ANIM-\UX. Homme. :heval. Bœuf. IMouron. chien. Il palfe une quantité de lang égale au po ds d? l'aniraal. : «-<'y!'~'— ^y->— »-^>— ^«^ip»— — <3|7>~ — gip~ —^e>— •«^jp»— ■>--ff^>r — •gf»~ ^^ Minutes. 36 18 (^O 88 10 1 1 6 7 6 9 48 8 Co!T:biendf fang par mi- nute pafl'e par le cœur Livres. 57 74 M 75 18 14 4 595 34 7 3 8; si. A— ^9._ Poids fouce- nu j)at l'cf- jNo.T.bre de foitdu ven- tricule gau' che. Lignes. 51 5 113 zz 3; J3 33 19 II 61 8 I P'.ilfations par minute 73 36 ^S 97 Coupes d; l'aorte defccn dance. douces quar. . 0 <^77 0 91Z 0 0 094 383 Coupes de l'aorte afcendante. Vi:uces qu.irrés. O 369 O 85 106 lOZ 07 061 119 i^y 109 Droite. O 07 O Gauche. O OIZ 1^6 O O O o o o o 041 C3I ozz 015 007 o6i on o o o o o o o 034 009 009 007 OJl 031 031 tS ^=^ • "r^TÎfs" — ratV— .7F^F^r-tj{&r— s^feg siTîjfei — ii-ife-^ ^^ii^i^mt I^iwi^iS5siTiit^-*iùj*«-i«aSt-^ST€ 41 < C O E On voir par ces tables , qukà coînp?.rant les poids des animaux , &c les quantités correl pondante s de iang qui paCent dans leurs cœurs dans un temps donné, on n'en peut rien tirer de fixe. Que ces quantités dans les grands ani- maux font fort dii'proportionnées à leurs corps , en comparaiion de ce qu'elles font dans les petits animaux. Que le fang ayant dans les grands ani- maux une plus grande courfe à faire & plus de réfiftaiice à vaincre , en cornpa- rant les hauteurs perpendiculaires du Iang dans les tubes fixés aux artères , la force du fang artériel efl particulièrement plus grande dans les animaux les plus grands. Qu'en fuppofant les vaifleaux fanguins de l'homme ôc du cheval diftribués éga- lement dans toutes leurs parties homolo- gues, alors le fmg fc devroir mouvoir dans ces animaux avec des vîtefles réciproques aux temps durant Icfquels des quantités de fang égales à leurs poids relatifs paflent dans leur cœury &c par conléqucnt dans le rapport de 60 à 1 8, i y minutes. Et que , quoique le fang artériel du che- val foit poulie avec une plus grande force qi]e celui de Phomme , cependant il fe meut plus lentement dans le cheval , à raifon du plus grand iwmbre de ramifications &: de la longueur des vaiiléaux plus grande dans les plus grands anim.aux, ùc. Le favant phyficien que nous citons, a fait les mêmes expériences fur les vaiflTeaux des mufcles &c fur ceux des poumons. V. d^ais fon ouvrage le détail de ces expé- riences , des expériences précédentes , & des induftions qu'il en tire fur la force du cœur. Une des principales différences entre l'homme &: les bêtes , conf.fte en ce qu'il y a beaucoup plus de correfpondance entre la tête & le cœur de l'homme que dans les autres animaux. Or , cette correfpondance cfl: produite par le grand nombre de nerfs que le cerveau envoie au coeur &c aux par- ties circonvoiiînes : dans les bêtes, il ne vient des nerfs du cerveau aux parties cir- convoifines du cœur que par les branches de la paire vaguer au lieu que dans l'homme il en vient encore par la paire intercoftale. La raifon de cette différence , félon le «loueur Willis, c'efl que les brutes n'ayant C O E point de difcernerrent & peu de pafïîons, elles n'ont pas befoin, comme 1 homme, d'un double palïàge pour les efpritsj l'un pour l'ufage des fonctions vitales , l'autre pour rimprefïîon réciproque des afFedions, F'oye';^ Nerf, Esprit, Cerveau, ôc. C(E.UR ( MALADIES DU ). On ne peut nen ajouter à Pexaélitude & à la précifion avec laquelle M. de Sen?.c a expoicles ma- ladies du cœur, dans fon favant traité fur la ftrudure de cette partie. Nous allons donner un extrait de fa doébrine fur cette matière. L'auteur commence par faire un détail des caufes qui augmentent ou qui diminuent l'aétion du cœur : il entre à cet égard dans des examens fort importans, 3c qu'il eft trcs- néceflaire que ceux qui fuivent les théories les plus répandues , & qui en font les fonde- mens de leur pratique , lilent avec attention. Nous expoferons l aétion générale de toutes ces caufes aux articles Epaississement des HUMEURS, Obstruction, Pléthore, Spasme , Irritation. M. de Senac donne enfuite une idée gé- nérale àcs maladies propres du cœur, pour conduire à un détail particulier fur chacune de ces maladies. Les mouvemens du Cœur, dit-il, fi ftruéxure, la délicateflè de fes oreillettes, celle des valvules artérielles &c vemeufes , les frottemens du cœur, ôc le nombre Se l'adlion continuelle de fes nerf^ , font autant de caufes apparentes de la poffi- bihré des maladies propres du cœur; fans oublier les efforts des pafTions, les obftacles que le fang peut trouver dans le poumon , l'aéVion des corps externes , ôc les écoule- mens des matières acres dont le fang lui- même eft fi fouvent chargé : mais , ajoute l'auteur, la nature trompe fcuvent nos craintes comme nos efpérances. On peut dire en gé- néral que les maladies du cœur font rares. Mais quelque rares qu'elles foient, elles ne font que trop firéquentes, ne fik-ce que parce qu'elles font difficiles à connoître. En efifèt , il n'eft pas aifé de donner, dans des recherches fi épincules, des règles fixes pour diflinguer ces maladies d'avec celles qui ont quelques fymptomes communs avec elles j tels font les mouvemens irréguliers des nerfs, l'affcdlion hypocojidriaque , l'aifeétion hyf^ térique, ôc les différentes maladies de la poi- trine qui porterJ:finguliércment fur le cœur^ COE & qui caufènt des palpitations & des varia- tions dans le pouls : or les palpitations Se les changemens du pouls font les premiers fîgnes auxquels on doit s'attacher pour s'o- rienter fur les maladies du coeur. Il y a pourtant des indices qui peuvent feire diftinguer les cas où ces fympromes dépendent eflentiellement de cet organe ; car il les accidens cefl'cnt en divers temps , ou dans de longs intervalles; fi tous les raou- vemens du cceur rentrent enfuite dans l'or- dre naturel , on peut aflurer qu'en tous ces cas difFérens les maladies ne font que des maladies fympathiques ou qui n'appartien- nent pas , à proprement parler , au coeur. Au contraire , ii le pouls eft conftamment irrégulier & variable, s'il change ainfi que le mouvement du caur au plus léger exer- cice , on peut prononcer en général qu'il y a, quelque vice ou quelque obftacîe dans le coeur ; mais ces vices ou ces obllacles étant quelquefois compliqués avec des dérange- mens à-peu-prcs femblabîes de la bafe de l'aorte ; & les dérangcmens de Tartere , lorf- qu'ils font feuls, étant très-difficiles à dif- tinguer d'avec ceux du coeur , ileft fort heu- reux que le danger où l'on eft de fe tromper dans CCS cas- là , ne foit pas de grande coîv féquence. Telles font les règles néce(Taires pour ne pas confondre les maladies propres du coeur avec les maladies fympathiques. Il n'eft pas moins eftèntiel de diftinguer ces maladies propres les unes des autres. Premièrement, les dilatations des divcrfcs cavités du coeur peuvent être difcernées par les figncs fuivans; €n général , les battemens du caur ne font pas violens , dit M. deSenac;quandle ven- tricule droit ou le fac de ce ventricule font extrêmement dilatés, à peine les dilatations produifent-cllesdes palpitations; dans beau- coup de cas les malades fentent feulement un grand poids dans la région du coeur , ils font lujets à des fyncopes , à des érouife- mens , autre figne confiant, lèlon Lancifi : outre cela , les dilatations du venrricule droit & de (on oreillette , produifent tou- jours des battemens dans les veines du cou. L'abfence de ces battemens , lor (qu'une dilatation eft d'ailleurs fôupçonnée , indique que cette dilatation , fi elle exifte , eft dans le ventricule gauche. Cette dilatation a Tomt VIIL COE 417 er.core d'autres fignes ; les battetnens des artères font très-violens , fi ces artères font libres ; c'eft ce que M. de Senac a cbfervé dans plufieurs maladies : l'auteur ne parle pas delà dilatation feule de l'oreillette gau- che ; elle eft rare , & les /ignés diftindife de cette maladie nous manquent. Pour ce qui eft des autres vices du cœur ^ tels que le rerréciflèment , les corps étran- gers, les tumeurs , les oftilications , il faut n'en former qu'une claflè , & les réduire en général aux obftacles qui s'oppofent à l'entrée ou à la fortie du fang. Il eft des principes généraux qui doivent régler la cure des maladies du cœur : en gé- néral , l'ignorance crédule peut efpérer de certains luccès qu'elle ^n'a jamais vus ; & dans les dilatations du ctpz/r, dans les oftîfi- cations , & lorfqu'il contient des polypes qui réfiftent à tous les diflblvans , les reflburces de l'art font plutôt entre les mains des ma- lades , que dans les pharmacies. Il faut fe borner à arrêter les progrès de ces maladies , à modérer leurs accidens , à prévenir ou à éloigner leurs fuites , à moins qu'on ne puifle faifir ces maladies dans leur commencement , car alors il y en auroit plufieurs qui peut-être ne réfifteroicnc pas aux remèdes. Quoi qu'il en foit , il fiut dans la cure palliative que nous venons de propofer, di- minuer le volume du fang par les faignées , à laquelle la petitellè du pouls ne doit pas empêcher d'avoir recours, à moins qu'il n'y eut des fyncopes a(5tuelîes : l'exercice , les efforts , les mouvemens violens doivent être interdits , parce qu'ils s'oppofent même aux bons effets des faignées ; non que les mouve- mens doux , dans des voitures ou à cheval j ne foient des remèdes utiles , puifque le fang croupit fur-tout dans le bas-ventre dans la vie fédentaire. ^^ . . La diète , ôc même l'ufage du lait, oit^' celui des alimens doux Se faciles à digérer, font auftî utiles que les faignées ; & il ne faut pas oublier d'avoir recours aux lave- mcns , aux laxatifs doux , &; aux eaux mi- nérales ferrngineufes ; ainfi qu'à l'efprit ano- din minéral de Hoffman , la poudre tempé- rante de Stahl , l'eau de fleur d'orange , de tilleul , &c. Telle eft l'idée générale que l'on peut ren- GgS 4i8 C O E dre des maladies propres du cœur , riûvant M. de Senac. On trouvera des connoillan- ces de détail fur les cas particuliers , aux /Tjor^ PÉRICARDE, PoLiPE, Palpitation, Syncoi*£. Voye-^^ ces différens articles. Outre les maladies propres du cceur dont nous venons de parler , cette panie eft cx- poféc à des maladies générales , c'eft-à-dire qui peuvent attaquei^ toutes les diverfes par- ties du corps. Nous obferverons d'abord en deux mots , à propos de Tes bleflures, qu'el- les ne font pas toutes & toujours mortelles Î)ar elles-mêmes j leur cours eft (buvent au (Ti ong que le cours des bleilures des autres parties ; elles fuppurent quelquefois , fur- tout fi elles font petites. C'eft ce que M. de Senac démontre par un grand nombre d'au- torités» . Il y a des plaies ou des déchirures d u c^eur- faites par l'effort du fing ,>^u qui font la fuite des contufions du cœur , qui font audi dangereufes , quoique plus rares , que les plaies par caufc externe &: récente. Quant au diagnoftic des plaies du Civur , la place fur Laquelle Tinflrument perçant a ponc, la profondeur jufqu'à laquelle il a été enfoncé , peuvent donner des loupçons fur Texifteiice des plaies du cceur •■, mais ces (bup- çons ne pey vent erre confirmés que par des accidens : telles font les défaillances , la pe- riteil^è & Pinégalitédu pouls, les fueurs froi- des , les anxiétés , la douleur vers le fternum. Pour ce qui eft de la fièvre , c'eft un acci- dent général dans les blefl'ures 5 il n'eft pas douteux qu'elle ne s'allume lorfque le cceur eft blsilc. Les lavages , les faignées lorsqu'il n^y a point une hémorrhagie conf dérable, Peau de Rabel ou i'efprit de fel , les acides végé- taux qui ont quelque auftérité , & une diète très-févere , font les feulsremcdes aux- quels on doive avoir recours dans les plaies du cceur ; obfervanr qu'il eft important de ne pas fermer l'ouverture extérieure de la plaie , & qu'il convient même quelquefois de l'agrandir, fuivantquelesaccidenspour- ront iaire foupconner un épanchcmcnt. Le cœur eft fujet , comme les autres par- ties du corps , à l'inflammation , aux abcès , èi, aax ulcères. Voye-; Inflammation, Abcès , Ulcère. Les fièvres violentes font quelquefois la caufe ou l'effet de la première CO E de ces maladies. Les obfervations înconteT^ tables de plufieurs auteurs , dcmontrtnr que le cxur c ft 1 uj et à des abcès & à des ulct tes j la douleur , les fyncopes , les palpitations , ne doivent donner que des loupçons au fu- jet de l'inflammation. Pour ce qui eft àts fignes des abcès & des ulcères , ils font à- peu-près les mêmes que ceux des plaies. Mais fi la nature no<.is permet quelquefois d'appercevoirfesdémarches, ellenouscache les lecours qui pourroient les arrêter ou les corriger. L'art ne peut dans les inflamma- tions du cœur , s'il n'y eft pas entièrement inuiile ,- que hâter les remèdes que deman- dent les autres inflammations. Pour ce qui eft des abcès & des ulcères du caur , les médecins ne peuvent fe conduire dans ces cas que par l'analogie, puiique l'expérience ii'^a nen appris là-deflus. Le volume du cœur peut fe reflerrer ou s'étendre. Le cœur fe concentre ; on l'a trouvéflétri, defléché, durci , 5: pourainfi dire skirrheux, à la fuite de quelques ma- ladies chroniques , & même dans un hom- me qui périt de la rage : s'il en faut croire Pline , les rois d'Egypte avoient obfervé la phthilie du cœur. La concentration du caur ne peut être appliquée à l'abfence de la H-. queur péricardine , félon M. de Senac. Le cœur peur fe dilater beaucoup , tant à la fuite des pleuréfies &: des fièvres violen- tes, que par les efforts du fang caufés par des mouvemens violens , ou par les paf- fions , par la pré'ence des polypes , les ané- vryfmes des groffes artères. Il n'arrive pas toujours que les parois du cœur qui fe dilate, s'épailliflcnt; cette dilatation apparticntaufïî fouvent , au moins , aux oreillettes qu'aux ventricules : elle a des fignes fort équivo- ques , elle eft quelquefois mortelle ; & tous les remèdes auxquels on puifle avoir re- cours , font la faignée , la diète & les caï- mans. On ne connoît aucun remède pour le retréciflement ou la diminution du cœur , dont les fîgnes foilt aufli fort obfcurs. Quelque bornées que (oient nos coiinoif^ (ances à Pégard des maladies du cœur dont nous venons de parler, il en eft d'autres qu'on nefauroitmême fe flatter de conno;trc par aucun ligne -, tels font les cœurs velus , & ceux dans lefquels il fe forme des couches d'une matière qui fe condenfe , ôc qui n eft G O E autre chofe que la lymphe. On a aufli trouvé dans le cœur , des pierres , & fouvent des concrétions ofîculès aux artères, aux valvu- les &c aux parois ; on y a trouvé des vers , quelques obfervateurs le prétendent au moins : mais M. de Senac ne reçoit pas de telles oblervations (ans (ôupçons ; & il faut porter le même jugement des poux , qu'on dit avoir trouvés dans le cœur y &c peut-être de (on hydropifie venteufe. Enfin le cœur change quelquefois de place, &c. Telle ejl , dit M. de Senac , Vhijîoire des faits répandus dans divers ouvrages : fi on ne fe propofoit que la guérifon des maladies aux- quelles ce vifc reejifujcty on pourrait négliger ces obfervations ; mais on ne conçoit ce qui ejl fournis à la médecine , qu^en connoijfanz ce qui lui réfijîe ; on ne peut dijlinguer les maux fi on les ignore. Quelque bon que foit l'article qu*on vient de lire y M. le baron de Haller a cru devoir faire des additions a la partie anatomique ù à la partie phyfiologique. Tous les animaux doués de vai(Tèaux des deux ei'peces , ont un cœur , une cavité muf- culaire dans laquelle les veines répandent leur fang , & qui poudè ce (ang dans les artères. Il n'eft pas décidé que les autres animaux aient un cœur : on trouve dans la chenille , la mouche , le fcarabée , & dans la plus grande partie des infedies, un vailïèau cylindrique, mais que des brides relïerrenr d^'ePpace en efpace : le fang fe porte dans ce vaiflèau de la queue à la tête dans la chryfa- lide, & de la tête à laqueue dans le papillon. Mais comme les animaux expofésau micro f- cope & à l'induftrie de M. Lyonnet , n'ont j)oint paru avoir des vaifleaux , & que bien . lùrement il n'en (brt pas de ce cœur ; il ne paroît pas mériter unnom que nous (bmmes accoutumés de donner uniquement à l'or- gane moteur des humeurs animales. Pour le polype , & plu(îeurs autres animaux de la clalTe marine, même confidérablement plus grands que les petits poiflbns , comme Pho- lothurium , il paroit allez décidé qu'ils n'ont rien d'analogue au cœur. Le cœur n'eft donc pas le caractère diftinftif de l'animal \ c'eft l'inteftin quiconftitue l'cdènce de cette cladè d'êtres vivans. La (îtuation du cœur de l'homme diffère de celle du. cœur de tous les quadrupèdes : C O E 419 & cette différence tient cxadcment à fa dé- marche droite. La pointe du caur touche le cartilage de la cinquième cote à gauche , ou la fixieme aux confins de fa partie oflèufc 5c du cartilage. Il change de place avec la refpi- ration ; il defcend confidérablement avec le diaphragme dans l'infpiration , & s'élève dans Icxpiration. C'eft en vain qu'on a cru que ce déplacement n'avoit pas lieu , il cft évident dans les animaux j on a vu le cœur varier & porter fa pointe à droite ; nous avons vu le cœur remplir prcfque toute la poitrine : & il eft arrivé que des enfans l'ont apporté au monde entièrement à découvert , fuipendu devant la poitrine comme une mé- daille. Il eft à obferver que l'oreillette droite ne diffère du finus , que comme une partie peur différer d'une autre partie du même tout. La partie de ce vcftibule du cœur , la plus à droite & la plus poftérieure , eftiHÂTei le reftc eft travcrfé comme le cœur de ban- des mufculaires ; c'eft ce qui fait la diver- iîté du finus &; de l'oreillette. Cette obfèr- vation eft néceftaire , pour qu'on n'ajoute pas aux époques du mouvement du fang une époque luperflue. Le fang , dit-on , vient des veines dans le finus, du finus dans l'oreillette , de celle-ci dans le ventricule : mais dans le fait il vient des veines , & dans le finus , & dans l'oreillette en même temps i ^c du finus & de l'oreillette , en même temps dans le ventricule. On n'eft pas d'accord fur la capacité des ventriculesdu cœ^/r. Voilàce que l'expérience nous a appris : le ventricule droit cft très-^ petit dans le commencement du fœtus ; fa formation eft poftérieure à celle du ventri- cule gauche ; il égale ce ventricule vers la -fin de la groftcffe. Après que les canaux particu- liers du fœtus ont été fermés , le ventricule droit cède peu à peu au fang des veines ca- ves -, il devient plus mince & plus grand j & nous l'avons vu conftamment plus ample dans l'adulte. Peut-être la rffiftance du pou- mon y contribue-t -elle : dans l'homme adulteplufieurscaufès, les travaux de toute efpece , les efforts , le mouvement même de la promenade , &: fur-tout la montée rend le paffage du (ang par le poumon plus diffi- cile, & le fang arrêté dans le ventricule & dans l'oreillette droite, dilate ces cavités. Il - Cggi 41C C O E cfft affez diSîi^ S'sfîigner iapropoTtion pré- cifed'on vcHtricoh: à i'airrre ; mais elle eft bien de cin^ à Trois. ïit'ft "s'fc comiQ deTfos'jotrrs , qne les vaiviilés Yeineafcs^cles'veiïtricales ne loiir en effet qu'un anne^fu îriCrKbrnneux , dont les extrémités -fioTtanres font aicernativement p'ius ioïiga«s & plus courtes. Ce n'eft qu^à Paide deTimagination qu*on a fait trois val- vules , & qu'on lesâ appeil<:es à trois pointes. La pointe de ces valvules eft rrès-obtufe , & elles font inégales. La portion antérieure & fupérieare del'anneau valv ulus , eft de beau- coup hplus grande: c'eft elle qui fépare 1 em- bralure du Teittricule ,-qui mené à l'artère pulmonaire de l'embrauire qui reçoit lo- reillette. Elle ne fert pas uniquement à em- pc!cher le retour du fàng veineux qui vou- droirre^uer du venrriculeal'oreiliette : elle ùouvre l'entrée de l'arcere pulmonaire , lorf- qu-'elle a été épanouie par le iang de l^oreil- lette, 6w elle enferme le. paflage dans la dila- tation du cciur. Dans le ventricule gauche , la plus grande àcs deux valvules fait la Tnéme fon(5tionpar rapport à l'aorte. La fecoadc valvule du ventricule droit eft beaucoup plus étroite ; elle occupe le tranchant du c^ur. La troifieme répond à la clqifon mitoyenne ; elle eft fou vent fans mufcle papillairc. Les quatre tendons des orifices du cœur ne reffemblent à des tendons que par leur j couleur bleuâtre •■, ce ne font que des cellu- ; 'lofîtéscalleufes. Les deux grandes arteïes fofit efffeftive- menrunîpeu plus amples , àrendroit où elles viennent d'être entièrement dégagées des, chairs du cœur. ^J(h]ex. cependant n'eft .pas 'confîdérable , & paroît dépendre de l'im- ■pulfion obliqué du fang ; car ces .finus , •comme on a bien voiflu fesappeïler , ii^exîf- \ent ni danslefeus , ni dans le nouveau 'rié. Lesner fs ^Mcœur ibnt^ex t^e memenrnom- lîî'eux : prerque tous 'font d'une mdlléffè "5c 'd'une rougeur particulière , & à leur origi- ne , '&: à leur paflàge autouT des grandes aïteresdu cizur , & daïls lé iocur tdtmiz. 'Nous tenterons d'en donner une defcrip- tion qui ék vraie , mais qui peut-êitfc ïi'cft pas complétte encore. Le -nerf Tupétieur du cteur naît 'au 'côté droit du gr^nd^anglioncervicâ ftïpéristfr , COE dans lequel fe réunit le nerf intcrcoftal , né de la branche ptérygoïdienne de la cin- quième paire & de la'fmeme , avec laquelle le premier , le fécond & le rrorfeeme cervi- cal ;, le neuvième & le huitième du cerveau fe réunifient. Le nerf que ce ganglion pro- duit, fe joint à d'autresbrancheslinguliérc- mcnt molles du même ganglion mêlées avec desbranchesdu tronc pharyngien & du tronc laryngien, de la huitième paire Le nerf fu- périeur du cœur formé de cette manière , & quelquefois, mais moins fouvent , par d'au- tres branches , defccnd le long de la grande thyroïdienne , donne plulieurs branches aux mufcles inférieurs du pharynx & du larynx ; il communique avec le nerf récurrent ; il reçoit quelques filets du ganglion cervical moyen , pkcé fur le mufcle droit antérieur de la tête , &C formé par Pintercoftal , le phrénique &: quelques nerfs cervicaux ; il fait avec ces filets un plexus , onié quelque- fois d'un ganglion -, les 'branches de ce ple- xus paflènt devant l'aorte , donnent des hlets au grand nerf cardiaque , & fe terminent avec les branches de l'artère coronaire droi- te , après avoir reçu des filets de la huitième paire. D'autres branches du ganglion ccrvicîil moyen s'uniflent avec des filets conildérables du ganglion cervical inférieur, gros ganglion partagé prcfque toujours en deux , & qui avec les propres filets embrafte l'artère fous- claviere droite , en formant plufieurs anfes autour d'elle. L^es nerfs cardiaques moyens provenus de ces deux ganglions , paflènt entre l'artère pulmonaitc droite & Taorte , &: fe ponent à l'oreillette droite & au cœur avec l'arterc coronaire droite. Des branches de ce tronc (è portent devant la branche gauche de la trachée-artere : ils forment le plexus cardiaque avec leurs pa- reils du côté gauche. De ces nerfs , les uns fuivertt l'artère coronaire &lefinus gauche j d'autres , plus profondsencore , vont au fi- nus gaudie , à k'veine-cave , & à la face plane àn^cœtsr. Latroifieme claflê dèsnei'fs du cceur , naît du ganglion cervical inférieur & du troncjn- lercdftal. ïl en pïn quelques filets qui , s'u- niflant avec des branches du récurrent &: du huitième , vont au poumon jmais le plus ■grand nombre fe 'pune au biont^he droit. CO E s'unit avec les nerfs moyens an cceur , fait un plexus à la droite du coHduit artériel , & finit au cixur , comme nous venons de le dire en parlant des nerfs moyens 5 nous ap- pellerons ces nerfs inférieurs. Du coté gauche , le nerf fupérieur du cœur a la même origine que nous avons dé- crite en parlant 'du cote droit. Les branches de cenerf fuivent l'artère coronaire gauche , à la droite ( où ils fè mêlent avec leurs pareils du coté droit ) & à la cloifon mitoyenne. D'autres filets fe réunilîcntau plexuscardia- que placé devant le bronche. Les nerfs moyens , nés des trois ganglions cervicaux , compofent le grand plexus car- diaque , placé devant la brandie gauche de la trachée. De ceplcxus, une partie des bran- ches paflè devant l'artcre pulmonaire & derrière elle , &: fe rend au cœur avecTar- tere coronaire droite & au ventricule de ce côté j d'autres paflent derrière l'aorte ,s'u- niflent avec des branches ducôté droit c celle-ci fait quelque chemin pour '"e rapprocher de la pointe. En même temps !es parois extérieures du ven- tricule fe rapprochent de la clcifon : il fe ré- trécit donc dans toutes fes dimeniîons , & il poulîè fon (àng dans l'artère pulmonaire. Les quatre veines pulmonaires battent dans le même moment que les deux caves ; elles rempliflent le (înus & l'oreillette gau- che , qui Ce contractent à leur tour pareille- ment dans le même temps que l'oreillette droite j & le ventricule gauche fè contradte au même moment que celui du coré droit. Dans un animal vigoureux dont le cceur eft alTez tranfparent pour laifler diftinguer fonde de fang dont il eft rempli , dans lé poulet enfermé dans l'œuf, & dans la gre- nouille , la veine cave , l'oreillette & le ven- tricule fe défempliflent entièrement , & de- viennent blancs dans leur fyftole. Dans l'a- nimal à {âng chaud , le cceur ne fe vuide pas avec la même perfection : comme leur fang eft viiqueox , îesobftacles que lui oppofe le C o E ' poumon , & le froid qui le faifit , le privent de fa fluidité , ôc très-fouvent il refte dans les ventricules, un peu de fang caillé. La diaftole de la veine , de l'oreillette Sc du ventricule , fuit l'évacuation de ces cavi- tés. Dans cet état , toutes ces parties fe relâ- chent , & le moment après font remplies de nouveau par le f tng que leur fourniflènt les branches des veines , la veine cave & l'oreil- lette. Cette alternative de contraction & de dé- tention fuit un ordre conftant dans ces trois cavités. Dans le premier moment la veine cave & la veine pulmonaire le vuident en même temps dans chaque oreillette. Le mo- ment enfuite , les deux oreillettes fe contrac- tent &c (è vuident. La contraction du ventri- cule tombe dans le même moment , dans le- quel les veines cave & pulmonaire fe contrac- tent, Sc la contraction des oreillettes tombe dans le moment où les veines fe rempUlIent. Cet ordre s'obferve très-exaCtement dans l'animal bien conftitué ; dans le poulet en- fermé dans l'œuf. Dans les quadrupèdes à fang froid , le ipcCtacle eft plus net , parce qu'il n'y a qu'une veine , une oreillette ôc un ventricule , ôc que toutes cescavités ont des membranes tranlparentes. Dans les animaux à (àng chaud , on a fbuvent plus de peine à découvrir cet ordre. C'eft cependant lui quî règne , tant que le mouvement du cûeur eft dans fon ordre naturel. Les approches de la mort troublent cet or- dre de plulîeurs manières. L'oreillette droite reçoit le fang de toutes les parties du corps , que lereflèrrement univerlel des vaifleaux , caufé par le froid , effet de la mort , renvoie dans les parties intérieures , où la chj»leur fe confèrve plus long-temps. C'eft donc l'o- reillette droite qui eft irritée , même après la mort; aulïi eft-cc la veine cave & cette orcilletue qui confcrvent le plus long-temps le mouvement dans l'anim d prêta mourir. Mais comme l'oreillette eft irritée par chaque ondée de fang , & qu'elle a de la peine à fe vuider dans le ventricule du cjeur afFai(ïc , qui n'eft plus en état de fe défemplir dans le poumon , devenu incapable de tranfmettrê le fàng de fes artères à fes veines , cette oreil- lette bat pluficurs fois avant qu'elle puiiïc pouflcr dans fon ventricule une quantité de làng fufEfaitte pour y exciter une fyftole. C O E Une feule contradion du ventricule droit fuccede par conséquent à plu (leurs contrac- tions de roreillette. Pour l'oreillette gauche & Ton ventricule , leur mouvement cefl'c avant celui des cavités droites du ccBz/r Jparce que le peu mon affailîe ne tranfmct plus de làng , & n^'en pouflè plus dans Toreillette gauche. DanS l'ordre naturel , la veine cave conlerve donc le plus conftamment le mou- vement , enfuite l'oreillette droite , puis le ventricule, & le mouvement des cavités gauches ceflc le premier. Dans les derniers momcns de la vie , la confuiion Ce met dans le mouvement du tœur. On a vu la contraélion de Toreillettc droite Ce faire dans le même moment avec celle du ventricule : on a vu les ventricules fe contracter fans les oreillettes ; mais tous ces défordres ne prouvent rien contre l'ordre de la nature , dans lequel le mouvement des oreillettes précède immédiatement celui des ventricules. Dans le poulet enfermé dans l'œuf , cette fuccefllon eft très-viiible. Tous les mouvemens du cœur Ce font avec une promptitude ôc une vivacité extraordinaires dans un homme qui fe porte bien. Sans entrer dans des calculs tels que ceux de Keill , de Jurin ou de Haies , il eft aifé de Ce convaincre de la force étonnante de cet organe. A tcares les pulfations du ccpur , toutes les artères du corps humain s'élèvent , elles dilatent chaque partie , ôc tout le corps fans exception. Le cœur eft le feul moteur de ce (ang j car en liant l'aorte, ou en arrachant lecorz/r, on fupprime tout d'un coup le mouvement du fang dans tous fes vifceres. Le cœur furmonre donc le poids de Patmofphere , qui prefle fur toute la furface du corps , & dont le poids qui pefe fur quinze pies de furface , ne peut êcre de moins que de quinze fois trente-trois pies d'eau , ou de trente & quelques mille livres. Ce n'eft pas tout , qu on pLce une perfbnne fur un genou, ce poids , îouvent fortagréa- bîe a eft élevé àch?.que pulfation ôc delcend de même : ce font cent livres & au delà d'élevées par une feule artère , qui ne reçoit qu'une petite partie de fang forti du cœur , & dont la dilatation n'eft u Ii qu'une petite portie de l'effort que£ut le cœur , puifque dans le même moment qu'il dilate l'arrert crurale , il dilate aufïi toutes les autres artères COE 42.5 du corps humain. Ileft étonnant , qu'un aullî petit organe produifc un mouvement de cette force j mais on doit s'accoutumer à ces merveilles , quand on a vu les mufcles de la mâchoire inférieure cafter des noyaux, qui demandent trois cents livres pour être écrafés j & qu'on fe rappelle la force prodi- gieufedes convulfions. Nous avons vu plus d'une fois plufieurs perfonnes robuftes hors d'état de contenir la force des mufcles irrités, quicourboient le corps en arc , & retiroienc d'un coté la tête , ôc de l'autre les pies. En- un mot , le cœur produit des mouvemens d'une force infiniment fupérieure à ce que lonpourroit attendre du poids de fes fibres. Cette force eft l'effet de l'irritation , qui, paroit mettre en mouvement un fluide moteur *, ôc l'on fait de quoi eft capable le fluide éledrique , l'air enfermé dans le nirre échauffé , &c la chaux fulminante de l'or. Les effets de l'irritation font comme ceux de la poudre à canon , hors de toute propor- tion aux caufes vifibles , dont elles paroif- fent être les effets. La prérogative de produire avec conftance un mouvement très-vif , étoit bien nécefTàire dans le cœur. Il eft (ans contredit le grand moteur de la machine animale. On a voulu lui agréger des aflociés , la force contrac- rive des artères , l'ofcillation des petits vaifl faux capillaires, l'air, la chaleur. Aucune de ces puiflances ne foulage le cxj/r dans Ca. fonction. La force contradive des artères eft réelle ; elle eft mufculaire dans les grandes artères. On a même quelque preuve de leur irritabi- lité : on les a vu fe contrader par l'irritation de l'étincelle éleétrique. Les petites artères ne paroifïèni pas irritables j il eft fur qu'elles ne le font abfolument pas dans les animaux à fing froid, à peiney pourroit-on démon- trer la force commune à toutes les membra- nes deJ'animal, Mais la force des artères n'aide pas le cœur; quind elle feroit toute mufculaire : elle réfifîe effectivement à l'im- pulfion du cœur j elle abfbrbe la prefïîori. latérale , ôc ne rend au fing que ce que cette prciîion a enlevé au cœur fans y ajouter la moindre chofe. Quels que foient les doutes des auteurs ^ur la nature du pouls , ôc quelles que foient les objedions qu'on a faites contre la dik- 414 C Ô E ration des artères dans la diaftole du pouls , il eft fur que les artères rentrent parlafyftole dans l'état dont elles font forties par la diaf- tole , & que par conféquent la perte du mou- vement du cctur y employé à les dilater, ik répare exaârement par leur contra<5tion , & que ces deux mouvemensfe détruifant mutuellement , le fang conferve la vîteflè qu'il autoit dans un canal immobile. Nous parlerons au refte à fa {^ace de ces objec- tions que Inexpérience ne nous permet pas de trouver fotides. Nous favons bien qu'il n'eft pas toujours facile de rcconnoitre k dilata- ' tion de l'artère -, c'eft de cette claflè qu^ont été les ebfervations de l'auteur, dont nous différons ; mais dans d'autres animaux & dans les brebis fur-tout , nous avons vu bien certainement & la dilatation de l'artère & la contradion. Elle eft très-vifible encore dans k bulbe de l'aorte des poiiTbns àc des gre- nouilles, & dans l'artcre liée. L'ofcillatioii des vaifleaux capillaires fe- roit abfoîumcnt le même effet que celle des artères. La dilatation du vaiflèau feroit per- dre au mouvement du fang ce que la con- tradion lui raidroit. Mais cette ofcillation n'eft qu'une hypothefe , que les faits ne nous permettent pas d'admettre. Aucun microf- cope n'a appcr^u encore ce mouvement ; &: dans les animaux à fang froid , les artères încifées ne montrent pas même une force contradive , puifque k fente faite avec la lancette , ne s'augmente pas par le retire- îTient des lèvres de la bleflure. La chaleur, en raréfiant le fang, lui donne- toit une efpece de mouvement i mais comme la chaleur agit également dans toutes les directions , elle rctardcroit autant le fàng qu'elle l'accéléreroit , parce qu'elle repouf- feroitle fang vers le cœur avec la même force qu'elle le feroit avancer vers les extrémités. Nous nedifconvtnonspas cependant qu'elle ne ferve de ftimulus au cœur , en y faifànt parvenir avec plus de vîteifcle fang des oreil- lettes, & fur-tout en accélérant la refpiration, vraie force motrice , qui eft excitée par la chaleur. Mais les animaux à fang froid , ces terribles requins, ces dangereux croco- diles , vivent avec un fang dont la chaleur \ ne diffère que très-peu de celle de l'eau , & le cœur dans cette chaleur modique , fuffit à entretenir la circulation. Là chaleur eft {a) Spallanzani, Leder, MuUer. C O E d'ailleurs l^efFet du mouvement du fang & non la caufe. Un homme tiré de l'eau eft fans chaleur, fans pouls ; on irrite fon cœur par des fridions , des remèdes acres , des lavemcns, qui rappellent le mouvement périftaltique de l'air même , que l on fait pafïèr dajis (on poumon : le cœur recom- mence à battre , le fang fc remet en mou- vement , & bientôt il a rétabli une chaleur égale à ^6 degrés de Fahrenheit dans un air plus froid de 60 degrés , & fans le fecours de la chaleur. La refpiration a fans doute de l'influence fur le mouvement du fang. L'infpiration ouvre un accès facile au fang du ventricule droit j l'expiration exprime le fang du pou- mon & le renvoie au ventricule gauche : le fang veineux eft d'ailleurs ou accéléré ou retardé , félon la diverfité des périodes de la refpiration ; attiré en quelque manière dans l'infpiration, repoufïé dans l'expiration. Mais ces cas particuliers n'infîuent pas furk généralité du mouvement du fang. On ne s'apperçoit point au pouls que l'infpiration accélère le fang, pi que l'expiration le retarde. Les quatre pull'ations qui répondent à une refpiration complète , font égales entr 'elles quoique les deux premières répondent à l'infpiration , & les deux autres à l'expira- tion j & les animaux à fang froid vivent , Se leur fang circule fans aucune refpiration. Le diaphr.igme eft encore moins le moteur de la machine animale : il n'eft charnu que dans les quadrupèdes, & n'a point de mouvement à lui dans les oifeaux & dans les poifîons ; il agit même très-foiblement dans les femmes. Le mouvement du cœz/r s'apperçoit d'ail- leurs avec évidence dans les artères & même dans les veines de l'animal. Tant que l'ani- mal eft vigoureux , le mouvement paroît uniforme. Mais quand l'aaimal a perdu de fes forces , on apperçoit aifément dans cha- que diaftole du cœur , que le fàng n'avance pas , qu'il recule même : & dans fa fy ftole , cette petite onde de fàng , qui étoit fufpert- due , fait un pas & s'avance vers les vaiffcaux capillaires. Dans les veines cette accélération du fàng qui répond à la contraction du cœur y eft moins manifefte. Nousl'avons'vu cepen- dant , & de très-bons auteurs {a) l'ont vu. Et quelle autre caufe pourroit donner du mouvement au fang veineux des animaux à fang C O E fang froid , puifque les artères y (ont immo- biles. & que ces animaux ne refpirent point? Les vaille lUX des genres inférieurs font difficiles à appercevoir , &c le microlcope même ne les découvre que rarement. Il eft cependant avéré fur d'autres fondemens , que le ca^ur cl\ le moteur des humeurs invi- fiblcs de ces vaifleaux , de ceux de la franf- piration infenfible , de ceux qui féparent les humeurs cranfparentes de l'œil, ou qui com- pofent avec le tiflu cellulaire les vifceres. Une féconde preuve que tous ces vaifleaux învifibles tirent leurs humeurs Se leur mou- vement du cceur , c'eft Tinjeclion. Cette manœuvre n'cft autre cho e qu'un cceur artificiel, quifupplieàrimpuiflance de celui que la nature a fourni. C'eft un moteur qui pouile dans Tartere une liqueur dont lui ieul produit le mouvement. L'injedtion remplit une bonne partie des vaifleaux invifîbles, dont les humeurs font plus fines que le fang : elle fait pafler l'huile de térébenthine dans l'humeur aqueufe : ellerempUt les vaifleaux de la capfule du cryftallin &C de la lame vaiculeufe de la rétine : elle ouvre à l'eau un paflage dans les uretères , dans les canaux de la bile. Il nous piro.t bien naturel que dans l'animal vivant le dvur faflc ce que le flphon fait dans le cadavre , & que lui , & lui feul , poufle le fang par ces petits canaux, comme le fiphon feul les y fait pafler. Il y a cependant des liqueurs dont le mou- vement ne paroit pas dépendre du cxur. Tel efl: le mouvement par lequel la graifle fait du chemin par le tilfu cellulaire , & qu'elle rentre dans le fang : que la lymphe atténuée &c épanchée dans le même tlifu rentre dans les vaifleaux lymphatiques : que le lait fe rend de la graiflle du contour de la mamelle jufqu'au mamelon : que le chyle efl: pompé : en un mot , les mouvemens vei- neux des matières contenues dans des cavi- tés grandes ôc petites , ik le mouvement des corps & des humeurs qui font du che- min dans le tiflu cellulaire. L'un Ôc l'autre paroît en partie Peffet de la force contrac- tive des lames & des filets cellulaires , ou des mufcles voiflns ; & en partie tenir à Tartradion des vaifl[èaux capillaires , qui attirent les humeurs , comme le font les tuyaux de verre du même nom. Les caufes du mouvement du cœur ne Tome VIII. COE 415 font pas entièrement connues ; on approche cependant du vrai ; on a travaillé à écarter les opinions erronées & les expériences mal faites. La caufe immédiate du mouvement du cœur n'efl: point obfcure ; ce font les fibres charnues du cceur. Qiielque obfcure que foie leur direction , elle eft en général oblique , & elles deicendent de la bafe à la pointe. Leur mouvement approche donc ces deux extrémités en raifon inverfe de leur réfif- tance. Le raccourciflement du cceur ôc une légère courbure de la pointe en eft l'effet. Mais comme ces fibres forment avec la cloifon du cœur deux ventricules, ôc que la cloifon eft la partie la plus folide du ca^ury elle fert de point fixe à les fibres , qui , pour former l'un Ôc l'autre ventricule , forment des arcs , dont la corde eft la cloifon. Elles abaifient ces arcs en agiflant , elles fè rap- prochent de la hgne droite , ôc en s'ap- platiflant , elles réduifent exactement à rien chaque feélion du ventricule : c'eft elles qui ont la principale part au vuide parfait , qui fuccede dans l'état naturel au fang exprimé par les forces que nous venons de nommer. Les oreillettes ont de même ôc des arca- des charnues , qui en s'applaniflant rétréci!^ fent la cavité , ôc des fibres droites , qui de la bafe de l'oreillette s'élèvent à fa pointe , ôc qui la raccourciflent en même temps. Nous avons vu ôc les fibres ôc leur jeu. Ce n'eft pas la partie difficile du pro- blême , que nous venons de propofer. Il refte à découvrir la fburce de ce mouve- ment fi violent , ôc en même temps Ci conftant ôc fi répété , qui eft exécuté par les fibres charnues du cœur. Les phyflologiftes répondoient autrefois bien vite à cette queftion. Les uns trou- voicnt dans l'âme une fource inépuifàble de mouvement , qui en communiquoit à la nature immobile par elle-même , la portion néceffaire pour fes delTeins , ôc la force fuffifante pour faire paf^r le fang dans les artères. Cette hypothcfe n'explique rien. Nous cherchons la caufe phyfique dont les fibres du cceur font animées. Mais il y a contre la pui fiance de l'ame des témoignages dire<5ts. Plufîeurs animaux ont été foumii; à l'expérience y on leur a arraché le cûeur^ Hhh 4i^ C O E Ceux dont le fang efl: froid , ont vécu & iong-remps vccii après cette cruelle opéra- tion. Ils ont regardé , ils ont fauté , marché & donné toutes les marques de volonté dont ils étoient capables. L'amede Thomme même continue fes fondions, aprts qu^on lui a arraché le cœur. Un des malheureux qui avoient trempé dans la confpiracion des poudres a continué de prier j un autre a contemplé ; un autre encore a proféré quel- ques paroles , &: a regardé fon cœur que le lîourreau lui avoit arraché , àc qu'il rcnoit à la main. On ne voit point que les maladies du cœur affedent l'ame. Nous avons va un jeune homme avoir le cœur rongé par des ulcères & couvert de pétrifications : le pouls ctoit irrégulier , la circulation fouffroit; mais l'ame n'étoit point gênée dans fes fondions. Il y a plus , le cœur 6.\\Yi animal à fàng froid , fou (Irait à Tempire de lame , arraché à l'animal , bat pendant plufieurs heures d'un mouvement régulier de iyftoie & de diaftole. Il y a donc dans le cœur une Iburce de mouvement qu'il ne tient pas de lame 6c que même le corps de l'animal ne lui fournit pas. Cette expérience prévient contre l'hypo- thefe commune. Prcfque tous les auteurs attribuent aux nerfs cette force avec laquelle le cœur fe meut. C'eft un mufcle , difent- ils , & le mouvement mufculaire vient des nerfs. Il y a même des auteurs qui ont cru voir que l'irritation des nerfs cardiaques accélère & rétablit le mouvement du cœur ; que l'irritation du cerveau ou de la moelle de l^épine a le même pouvoir , & que la liga- ture de la huitième paire tue fur le champ un animal & fupprime le mouvement de fon cœur. Quoic^ue l'analogie nous mené à cette hypotheie, l'expérience nous en éloigne, Non-feulem.ent le cœur arraché continue de fe mouvoir , mais la ligature des nerfs de la huitième paire ^ celle des nerfs intercoftaux, celle même des uns te des autres de ces nerfs & leur entière deftrudion n'affedent point le mouvement du cœur. La deftruc- ticn totale du cerveau , celle du cervelet , celle de la moelle de l'épine ne iuppriment pas non plus ce mouvement i l'irritation 'C O E des nerfs de la huitième paire , celle de intercoftaux , de la moelle de l'épine & de nerfs cardiaques même , n'altère pas le rnouvement du cœur, ne Paccélere &: ne le rétablit pas , quand il a été interrompu : le cœur continue de batcre , & le point fautillarit fe meut avec la même régularité, quand on détruit la bulle du cerveau. Nous n'abuferons point de ces expérien- ces ; nous nous fouviendrons également que des nerfs nombreux ne font pas donnés au cœur fans utilité 5 nous n'exclurons pas ces nerfs du rang des caufes du mouvement du cœur ; mais nous croyons conclure avec équité, de ces expériences, qu'outre la force nerveufe , il y a dans le cœur une fource de mouvement qui ne dépend pas du cerveau , & qui n'arrive pas au cœur par les nerfs. Les faits ont découvert dans les mu fc les & dans le cœur une puiflance qu'on appelle irritabilité . qui ne dépend pas des nerfs , qui règne dans les animaux dépourvus de cer- veau , de tête & de nerfs , &: qui paroit ré- fider dans la fibre mufculaire elle- même ;, cette force mouvante eft excitée par prefque tous les ftimulus , la chaleur , Pair , le feu » l'étincelle éledrique j le mufcle & le cœur rentrent en mouvement après un plein re- pos, lorfqu'on y poufle Pair, l'eau chaude ou du fang chaud ; car c'eft la furface inté- rieure du cœur qui fent le plus vivement la. force des ftimulus , & ce font des fluides fans âcreté qui l'irritent le mieux. L'avantage que le cœur a fur tous les au- tres mufcles , c'eft la force de l'irritabilité , & la conftance de cette force. Le cœur furvit de beaucoup aux inteftins & aux muf- cles dans les animaux à lang froid ; nous l'a- vons vu battre pendant vingt-quatre heures dans la grenouille après qu'aucun autre muf- cle ne fe contradoit , quelque irritation qu'on employât; dans le poulet enfermé dans l'œuf , le cœur bat malgré le froid mor- tel de l'animal , malgré celui de l'eau qui environne l'œuf j dans les premiers jours de Pincubation , le cœur eft animé d'une force très-vive , & les autres mufcles font ab/blu- mcnt fans irritabilité , les inteftins & l'efto- mac n-'en donnent même aucune marque. Dans l'animal à lang chaud, k fupérioriré du cœur n'eft pas tout à fait la même , la graific dont il eft couvert fe fige par le frûid * C O E ôc le cceur lui-même fe durcit Se perd Ton Ir- ritabilité ; il lui faut pour conferver cette qualité, de la chaleur & de l'humidité, ies interdns confcrvent quelquefois leur irri- tabilité auffi long-temps que le cirur , ôc nous les avons vu la conferver plus long- temps ; parce qu'on les a découverts plus tard que le caur , ôc qu'ils ont confervé plus ' de chaleur ; mais en général dans ces ani- maux même le cceur relie irritable quand tout autre mufcle ne l'eft plus. Nous avons vu battre l'oreillette droite d'un chien , cinq heures entières après la mort abfolue de l'ani- mal ; le coeur arraché furpaffè de beaucoup les autres' mu fcles dans la confiance de Tes mouvemens ; les inteftins arrachés s'agitent pendant quelques minutes, les mufcles pal- pitent de loin en loin , fans aucun mouve- ment régulier qui fubfifte uniquement dans le cccur ; dans le poulet le mouvement eft revenu au cœur irrité vingt-fîx heures après la mort de l'animal. Les morceaux même du cœur di vifc en petites parties , continuent de le mouvoir ; le cœur des jeunes animaux eft; plus irritable , & le cœur du poulet l'eft au luprême d»gré. D'où vient cette fupériorité dans le mou- vement du cœur? Elle ne dépend pas de fa fenfîbihté , il en a peu , fes nerfs font nom- breux fans être grands. Penferoit-on aux ré- feaux que forment les fibres & les mufcles du cœur , & par leiquels cet organe dilTere des autres mufcles dont les fibres ne s-'unif- fent jamais entre elles? On ne voit pas dans cette ftruélure une caufe fuftifanted'uneplus forte irritabilité. La figure cave du cœur donne au langqui l'irrite , la facilité d'en toucher une grande furface ; la membrane qui revêt cette cavité eft extrêmement mince , &: le fing touche prefque à nu les fibres mufculaires. Il eft pof- lible que les nerfs plus à découvert fentent plus vivement l'imprellion du lang ; les muf- cles creux ont un avantage dont ne jouiflent pas les mufcles longs ; ceux-ci ne font irrités que par les efprits animaux , & ceux-là ont pour ftimulus les liquides qui rempliftènt leur cavité ; il eft fur du moins que le cœur arraché du corps d'une grenouille , & qui a perdu prefque tout fon mouvement , le re- prend lorfqu'on le remplit d'air, & que dans cet étafcil continue pendant plufieurs heures C O E 427 de poufîèr alternativement le fang dans l'oreillette & de l'en recevoir. Il eft fàr en- core queleacwr bienvuidé perd le mouve-« ment, c'eft une expérience que nous avons faite bien des fois, & variée de bien des ma- nières. Ayant remarquéque le cœ ur de l'oreil- lette du côté droit confervent plus long- temps le mouvement , que le cœur ôc l'oreil- lette du côté gauche , nous avons tenté de renverfer l'ordre de la nature , & nous y avons réulïî , en ôtant aux cavités du côté droit le fang qui les irritoit ; l'expérience n^'eft pas bien aifée à faire , elle nous a réuil! cependant ; il faut pour ôter le mouvement au ventricule droit & à l'oreillette , ouvrir l'artcre pulmonaire Se lier la veine cave , Se de l'autre côté Her l'aorte , ouvrir la veine pulmonaire ; dès-lors les cavités du côté droit reftant parfaitement vuides, ce font celles du côté gauche dont le mouvement continue le plus long-temps -, on a ouvert la ligature de la veine cave , Se rendu du fang au ventri- cule : il ne battoit plus pendant qu'il étoit vuide , rempli de fang il a recomunencé de battre. Se avec plus de force à mefure que le fang le remplilloit plus parfaitement. L'air pouffé dans le canal thorachique ou bien dans un des grands troncs veineux du cœur , rappelle le mouvement que le fâng a perdu. La faignée affoiblit le cœur. Se le faut du fang d'une artère s'abaifle , à mefure que Panimal a perdu de Ion fang. En fuivant ces expériences Se en les com- parant avec les phénomènes du cœur dans l'animal vivant, il paroit que cette conftancc à fe mouvoir , ii admirée dans le cœur , a. pour caufe principale l'application perpé- tuelle du ftimulus ; en effet , on voit dans le poulet la veine battre Se fe vuider , le fang pafler dans le ventricule encore unique , celui-ci fe contracter auffi-tôt , fe vuider Se donner fon lang au bulbe de l'aorte , qui te contracte de même à l'attouchement da fang -y dans la grenouille , cette fuite de mou- vement eft la même , Se par~touc la partie du cœur ou de l'oreillette qui eft rempHe de fang, fe contraéle , Se celle qui s'eft vuidéeperdle m.ouvement; de-là cette fupériorité dans la durée des battemens de la veine cave , de l'oreillette droite , Se du ventricule droit ; 1' phénomène que nous ne rappelions pas. Le mouvement fubfifte le mieux dans les pâ> Hhh.2 4iS C O E ties qui reçoivent le plus long-temps du fang. Nous avons parlé du mouvement dncaeur, parlons de (on repos ; tout muicle qui a été irrité, fe contracte, mais après un certain remps^rimprertion de l irritation ayant ceflé, le muicle fe relâche , s'amollit & s'allonge , le ca-ur en fait de même ■■, dès qu^il eft vuide, il perd le mouvement, s'allonge , fe flétrit &: relie immobile , juiqu'à ce qu'une onde de fangrucceflivement accumulée foit devenue fufhlante pour le contradcr; de-là les longs intervalles entre les pulfations de lanimal qui le meurt. Comme le cceur refte irritable dins le corps de l'animal qui fe porte bien , il ne lui faut qu'Hun nouvel aiguillon pour rentrer en mouvement , &c ion adtion eft une alterna- tive r;;gke de mouvemens produits par Tir- litation , ôc de relâche mens qui fui vent Ton inanition. Dans un animal mourant, l'irritabilité di- minue peu à peu , il ne fufiit plus de 1 irri- ter j cette irritation ne produit plus ion eftet qu'après un intervalle de temps , parce que l'irritabilité aflfoiblie ne fe réveille que par la durée de l'application du ftimulus. Bientôt après , le asur durcit , la graifle fe prend, & les irritations ne produilent plus quedes mouvemens imparfaits. Nous regar- c:ons la deliruécion de l'irritabilité du ccear comme le véritable terme de la vie , ôc com- me la mort complète; cet état naît beaucoup plus Vite dans l'animal à fàng chaud, &: plus tard dans l'animal à fang froid. (H. D. G.) Cœur , {Gramm.) La poiition du coeur , fa fonâ::on dans le corps humain , l'impor- tance de ce viictre , &c. ont fort multiplié les acceptions figurées de ce mot, tant au moral qu'au phyiique. Voye'^^lesart.fuiv. C(EUR , ( GéoTuéirie. ) Qiiclques géomè- tres , entre autres M. Vangnon , dans les Tném. de l'acad. desfc. an. i6q% , ont donné ce nom au foUde que forme roit une demi- ellipfe en tournant non autour de Ton axe , mais autour d'un de les diamètres ; & en effet un tel (olide auroit afiez la figure d'un cczur pointu p ir le bas , & enfonce par le haut. M. Varignon a cherché la dimenlion de ce folide ; mais il s'tft trompé , comme il feroit aifé de le faire voir. On peut trouver facilement la dimenlion du ccci/r par la mé- ^.lode fuivante. C O E Soit imaginée une demi-ellipfè: dont les deux axes foient égaux diamètres de l'cllip'e donnée; chaque ordonnée Itra auiïi égaie de paît &: dauire , excepté que dansl ellip'e formatrice duccEi/rlesordonncesleiont obli- ques à l'axe , & que dans l autre elles lui le- ront perpendiculaires ; celles-ci dans la rota- tion formeront des cercles , & les autres for- meront des furfaces coniques qui ieront aux cercles dans le rapport du imus de l'angle des deux diamètres à l'angle droit : rien n cil plus facile à démontrer. De plus , dans le c(£ur les furfaces coniques feront oblique- ment pofées par rapport à l'axe \ au lieu que dans le folide forme par 1 autre elliple , les cercles feront perpendiculaires à Taxe : don.c l'élément du caur eft encore à lY'lémer.t de l'autre lolide , envifagé fous ce point de vue,^ comme le finus de l'angle des deux diamè- tres eft au (mus total. Donc , puifque ce rappoit encre deux fois dans le rapport total des deux élémens , il s'enkiit que l'élément du cctur eft à l'élément de l'autre folide , comme le quarré du finus de l'angle des dia- mètres eft au quarré du finus total : donc les deux folides font aufli entre eux dans ce rap- port. En voilà allez pour mettre fur la voie ceux qui voudroient aller plus loin , faire de cette propcfîiion une démonftration en form.e , & reconnoître en quoi^eche celle de M. Varignon. (O) Cœur du Vao^ouRbgulu s^ {AJîron.^ étoile de la première grandeur, dans la conf^ tellationdu Lion. Voyeihioa. (O) § Cœur de Charles , {AJîron,) c'eft le nom d'une petite conftellation boréale ; elle eft marquée fous ce nom dans le planif^ phere en deux feuilles, gravé en Angleterre, & appelle communément plcnijphtre de Se- nex , quoiqu'on y voie le nom de Harris comme rédaûeur , & celui de Eowles comme marchand. Cette conflellation fe trouve aufTi marquée fous le même nom dans le planifphere gravé à Paris par les foins de M. Robert de Vaugondy. Elle n'eft remar- quable que par une étoile de féconde gran- deur , f ituée fous la queue de In grande our- le , du coté de la chevelure de Bérécine & de la queue du lion. Cette étoile appel- Ice dans le catalogue de Ticho-Brahé , i/ifor- mis iiiur caudam hu us & leonis. Dans le ca- talogue bhtannque^ publié en 1 7 1 1 , par M. C O E Halî^y , fur les cbfervarions de Flamdeed , eî!e eft appellée clara fub caudâ infvrmis , en force qu'on n'avoir pas encore donné à cetre étoile le nom qu'on lui donne aduelle- menten Angleterre. Dans l'édition de lyij", donnée par Flamfteed lui-même elleeft com- prife dans la conftellation des chiens de chât- ie , Introduite par Hevelius in annulo armil- Lr charx infcrmis fub caudâ urjî. Dans les grandes carres cékfies de Flamfteed , elle eft en effet (ituée fur le collier d'un des chiens, fans aucune figure de ca^ur. Cette dénomi- nation de CiVur de Charles , a probable- ment été introduite par Halley,ainli que le chêne de Charles II , par refped pour la mémoire d'un prince fondateur de l'acadé- mie ik de l'obi'ervatoire d'Angleterre. La principnle étoile avoit en 1690 , ç*, i^, 15', 1 2." de longitude , ôc 40^, 7', 1 8" de latitu- de boréale, { M. n b la Lande. ) Cœur de l'Hydre, e/2^,?ro/zo//2/e, étoile de la féconde grandeur dans le ccrwr de la conftellation de l'Hydre , la douzième dans le catalogue de Ptolomée , la onzième dans celui de lycho, & la vingc-cinquicme dans celui d'Angleterre F.Etoile & Hydre/. O) Cœur , en termes de Blafoti. Parti en cct.ir , lignifie une ligne courbe de partition en pal ou centre de l'écufl'on , qui ne s'étend que fort peu , très-courte du haut &; du bas , & qui eft rencontrée par d'autres lignes qui forment une partition irréguliere de l'écu : c'eft aulTî un meuble de l'écu , qui repréfente le cœur de l'homme. Il eft le fymbole de la force & du courage. Lacour de Bafleroi , de Miltot , diocefe de Bayeux , d'azur à trois cœurs d'or. Cœur , ( Horlogerie. ) pièce qui en a la f )rme , qui eft placée fur la leconde roue d'une horloge,&dont la fonction eft de déga- ger le pié de biche de la détente de la fonnerie. CiRUKyCheyaldedeuvcjeurs y en termes de manège , eft celui qui ne manie que par con- trainte , & n'obéit pas volontairement aux aides du cavaUer. Ces chevaux tiennent quel- que chofe des ramingaes. V. Ramingue. Cœur dt^ bœuf, i. m. {Hifl.nat.botan.) efpece d'anone , nommée au (Ti /je^// coro/o/ à Cayenne. Les habitans de la Guiane l'ap- pellent alakaiona , & les ^ oriu^ûs guanabo pintavo. C'eft le guana anus fruclu turbinaîo minori luteo , de Barrere. C O E 429 Cet arbre difFcre beaucoup du cvur ds. bœuf des iles des Antilles , dont le fruit a jufqu'à fix pouces de diamètre, &: pefe juiqu'àfept ou huit Uvres, Le (iena pareil- lement la forme d'un cœur , mais feulement de trois à quatre pouces de diamètre. Il eft jaune dehors & dedans , compofé de l'alfem- blage d'un grand nombre d'ovaires rappro- chés dont les extrémités forment des tuber- cules qui lui donnent l'air d'une pomme de pin. Ses pépins font châtain-clair. Culture. Cet arbre eft nain comme un arbrifleau , & fe plante en forme de haie avec le médecinier , curcas , autour des plantations. Il fructifie deux fois l'r.n. Qualités. Son fruit a un goût légèrement acide &c parfumé. Ufages. Les habitans de Cayenne man- gent ce fruit. Il eft rafraichiflknt en appa- rence , mais très-échauffant enfuite & af- cringent -, il excite l'appétit oC arrête le cours de venrre. Sa racine eft aromatique , elle fe prend en poudre par le nez comme du tabac , ou par la bouche dans l'épilepfie. Remarques. îl eft dit danslediiftlonnaire intitulé , Diclionnaire d'hijloire naturelle , à l'article cœur de bœuf: 1°. que cet arbre a caufé beaucoupde controverfeschez les au- teurs botaniques ; 2°. que fon fruit eft gros comme un melon médiocre, 5**. qu'il a la chair fort blanche ; 4°. que les femences font noirâtres ; 5*^. que les Malaïens (on veut dire les Malays ) s'en fervent en place de légumes. Ces cinq aftèrtions font également làutivcs. L'anone eft , comme Pon fait , un genre de plante aromatique qui fe range mturelle- ment dans la f imille qui porte fon nom , &: qui eft notre quarante-lixieme. Voye^ nos familles des pla/ues , volume II, page ^6^. {M. Adanson.) Cœur de bœuf , f. m. ( Hift, nat. con- chyliolog. ) nom que quelques écrivains ont auffi donné à une efpece de coquillage bivalve , qu'ils nomment en latin , bucar- dium ; parce que les deux bittans font iî renflés , fi bombés qu'ils imitent un cœur. ( M. Adanson. ) Cœur de saint Thomas, f. m. (iï{/?. nntur. botan. ) cor fancli Thomœ , ou cor divi Thomœ ; c'eft la fève d'une gouiTe arti- 430 C O F culée d^une plante rampante quiclroît àl*île de Saint Thomas fur la côte d'Afrique. Cette plante n''eft pas une efpece d'acacia comme il efl: dit dans le diélionnaire intitulé , Dic^ tionnaire d'hijfoire naturelle ; m^^unt efpece d^cntada , dont les feuilles font pinnées fur deux r^.ngs, par paires & terminées par une vrille à tkux branches , les fleurs en épi ter- minal , le calice de la fleur à tube évaié à cinqdcnrs , la corolle à cinq pétales menus longs, les étamines au nombre de dix. L'entada forme un genre particulier de plante voillne delà fcniizlve mimofa , dans la première feclion de la famille des plantes iégumineules, où nous l'avons placée. Voy. ïjOS familles des plantes, volume II, page Zî8. (M. Adanson.) Cœur de Vénus , f. m. ( Hijl. nat. con- chyl. ) coquillage bivalve des Indes , à bat- tans parfaitement égaux , fermant très-exac- tement , comprimés ou applatis , non pas par le dos , mais par leurs côtés , au con- traire de la plupart des autres coquillages bi- valves , de manière qu'ils repréfentent un cceur de deux pouces & demi de longueur des fommets à l'extrémité oppofée , un peu moins large, relevée fur chaque face de quin- ze à feize cannelures , relevées de dentelures , dont celles du bord qui eft Taillant & tran- chant , font plus grandes. Cette coquille efl: entièrement blanche, mince & afifez tranfparente. ( M. Adan- son. ) COEU VRES , ( Géog. mod. ) petite ville de France dans le Soifïbnnois, avec titre de duché-pairie. COEX , f. m. ( Jurifprud. ) on appelle ainfi aux environs de la Rochelle un tuyau de bois que l'on met fous une chaulTee, pour conduire l'eau des marais falans. {A) COFFER DE NASSELAW , f. m. { Hijîoire nat. Ichthyolog. ) poiflon des îles Moluques, allez bien gravé & enluminé fous ce nom , par Coyett, au n°. 75 de la féconde partie de fon Recueil des poijfons d*Amboine. Son corps eft elliptique très-comprimé par les côtés , pointu vers la queue , arrondi vers la tcte , une fois plus long que profond ; il a la tête grofîè & courte , la bouche gran- de , les yeux petits. Ses nageoires font au nombre de fept :, C O F favoir , deux ventrales au deflous des deux pedorales qui font petites , arrondies , une dorfale fort longue , plus baflè devant que derrière , une derrière l'anus fort peu plus longue que profonde , &c une à la queue échancrée en croiflànt. La couleur de fon corps eft brune , celle de (es nageoires verte; fa tête eft jaune bordée de bleu derrière , à deux taches bleues fur le front , la prunelle des yeux eft noire bordée d'un iris rougeâtre. Remarque. Ce poillôn eft , comme l'on voit, une efpece de fpare. (M. Adanson.) CoFFER-viscH, f.m. (i///?. nat. Icfithyo- log. ) on nomme encore de ce nom aux îles Moluques , une autre efpece de fpare , aftèz bien gravée de enluminée par Coyett , au n°. Il'/ de h féconde partie de fon Recueit des poijfons d'Amboine. Il ne diffère du coffer de nalîèlaw que par les caraderes fuivans : 1°. Sa nageoire dorfale a dans fa partie antérieure deux rayons épineux , èc celles de l'anus un rayon pareil. i°. Son corps eft brun-noir ; fa tête a trois taches bleues fur le front , &: dix taches rondes bleues fur chaque face ; fa queue eft jaune , avec fept taches bleues de chaque côté , les rayons épineux de fes nageoires iont bleus , & la membrane qui unit ces rayons épineux eft rougeâtre. {M. Adanson.) COFFILA , f m. ( Co/Tzm. ) poids d'ufagc à Mokajil pefe ,UoOu lô^k de livres. Voyer le dicl. de Trév. & le dicl. de Comm. COFFINER, V. n. {Jard.) fc dit des œillets lorfque les feuilles fe frifent au lieu de demeurer étendues ; c'eft un défaut qui fe défigne par le verbe coffiner. Il fedit auflî des fruits , lorfqu'ils changent & devien- nent mous, Coffiner , v. n. (ynonyme , en menui^ ferie , & charpenterie , à fe cambrer , fe déjetter , s*envoiler : il fe dit d'une pièce ou planche de bois qui s'eft déformée ou par le fec , ou par l'humidité , ou par la charge. COFFRE , f. m. (HiJI. nat. Ichthyol.) poifîon qwi fe trouve vers les Antilles , qui eft couvert d'une écaille mince , mais dure & feche, dont on le tire quand il eft cuit comme un limaçon de fa coque, ou comme une tortue de fon écaille , dont la forme eft depuis la tête jufqu'à la queue en pyrami- de , à trois faces , qui a Ja tête jointe au C O F refte du corps , fans qu'on y diilingue aucune fëpai. tion, &c dont la chair eft blan- che & fucculei-te, aa ienriment du père Labat qui en fait mention au tome II de fes voyages. Remarques. Ce poiflbn eft du genre de ceux qu'on nomme, en latin or bis ; on lit dans le didionnairc quia pour titre Diclion- naire d'hijloire naturelle , à l'article poijfon- coffi-e y que cet animal eft couvert depuis la tête jufqu'à la queue d'une écaille alfez mince , feche & très-dure ; mais cette pré- tendue écaille n'eft qu'une peau coriace & prefque cartilagineufe , grenue & chagrinée par des tubercules en compartimens qui tien- nent lieu d'écaillés. {M. An an son.) ^ Coffre, {Layetier & Gainier.) efpece de caifte de bois ordinairement couverte de cuir , fermant à clé , & fervant à ferrer les hardes , linge , &c. Il y a des coffres-forts faits de bois , mais fonifiés de plulleurs bandes & liens de fer. Ce font les layetiers qui font les coffres de bois fimples, qu'on appelle plus exadement caiffes. Ce font les gainiers qui font les coffres couverts. Ce font les lerruriers qui font ou qui garnif- fent les coffres-forts. Le mot coffre s'emploie de différentes manières , tant au fimple qu'au figuré. On dit de la cavité du corps la plus grande qui contient le cœur , les poumons , le foie, les inreftins , ùc. le coffre du corps humain. On dit aulïi , les coffres du roi ^ le coffre d'un clavecin , &c. Coffre, {Jurifprud. ) Le don de coffre , hardes , troufleau , & joyaux , eft un gain nuptial & de furvie, que Ton ftipule ordi- nairement en Provence dans les contrats de mariage , en faveur du furvivant des futurs conjoints. La femme fe fait reconnoitre par le contrat fes coffres , hardes , &c. que l'on apprécie à une certaine fomme , par exemple i ooo liv. Après cette reconnoiftance & la conftitution de dot , dans laquelle on comprend ces coffres , 6c après la donation de furvie en argent que Pon ftipule en fa- teur du furvivant , on ajoute queles(7o^/er, hardes , ùc. enfemble le prix & reconnu d'i- ceux , appartiendront au furvivant. Cette claufe , enfemble le prix ù reconnu d'ic^ux , opcrc que la femme , en cas de furvie» re- prend en entier fa dot & fes coffres en nature. C O F 43 & encore ï ooo livres en argent pour i^ coffres : au contraire , ii c'elt le mari qui furvit , il garde les coffres ôc hardes en na- ture ; il eft difpenfé de payer ux héritiers de fa femme les i ooo livres qu''elle s'étoit fait reconnoitre pour les co^e^, ôc ne leur rend que le furplusde la dot. V.le traité des gains nuptiaux & de furvie , ch. viij. page Su. {A) Coffre , terme de fortification , logement creufé d^ms un fofte fec , de 1 5 ou 20 pies de large & de 6 à 8 pies de profondeur 3 cou- vert de foliveaux , qui font élevés de deux pies au deflhs du plan du fofte j cette petite élévation fert de parapet ; elle a des embra- fures pour y placer des pièces d^irtillerie , qu i défendent la place du baftionoppofé & em- pêchent le paftàge du fofte. Foje^jj^ Fossé. Le coffre diffère encore de la traverfe & de la galerie , en ce que celle-ci fert aux afiîégeans & l'autre aux aiïîégés. Voye-;^ Galerie & Traverse. Les affiégés fe fervoient autrefois de ces fortes de coffres pour repoufler lesafîiégeans au partage du fofté ; mais ils he foni plus en ufags à prcfent : la caponiere du foflfé répond exactement à l'obj et de ccS fortes de travaux, qui le plaçoient ordinairement non vers le milieu de la courtine comme la caponiere , mais à peu de diftance des flancs. Voyi\ Caponiere. Qn appelle quelquefois coffre , dans l'ar- tillerie , la chambre ou le fourneau de la mine. Voye^CuAuisKE & Fourneau. (Q) Coffre de bord ,( Marine.) c'cd ut\ coffre de bois dont l'affiette ou le fond eft plus large que le haut , & où les gens de marine mettent ce qu'ils portent à la mer pour leur ufage. Coffres a gargouffes , ce font des retran- chemens de planche faits dans les fou tes aux poudres , où l'on met les gargouiîes après qu''on les a remplies. Coffres à feu ; ce font des coffres que- l'on remplit de feu d'artifice &: de matières combuftibles , qu'on tient en quelque en- droit , & dont on fait uf:ige lorfque les ennemis ont fîiuté à l'abordaj^e , pour les repoufler & faire périr ceux qui font expofé^ à leur effet, Dicl.dc Trévoux. {Z) Coffre , en terme de blanchifferie de cire ^ c'eft une machine de cuivre longue de quatre j^iés j f lus large en liiut qu'en bas ^ cquvcite 431 C O F d'une paflbire au milieu , &: de deux portes ou plateaux de fer-blanc à chaque bout ; le devant &c le derrière font garnis de deux ré- chaux pofl:iches,& fur un des bouts du cqf're eft un robinet d''où la cire tombe dans des éculons pour être verfée fur des planches à pain. Fbjei^PLANCHE A pain &" Lculons. Le cc^'re fcrt à contenir la matière fondue pour la troifieme fois dans uneclialcur con- venable pour être coulée en pains. Coffres , ( Hydr. ) font faits de bois , de tôle ou de fer en forme de boites quarrées pour renfermer les foupapes. yo^e^CRA- PAUDINES. (K) Coffre , fe dit quelquefois en parlant du ventre du cheval : on dit ce cheval a un grand coffre y pour dire qu'il a bien du ventre, ou qu'il mange beaucoup : on dit d'un cheval qui a peu de force , que c'eft un vrai ccffre a avoine. Lecq^e àavoine dans une écurie , efl: un ccffre de bois qui ferme à clé , & qui efl: or- dinairement féparé en dedans par une cloi- fon , afin de mettre l'avoine d'un coté & le Ton de l'autre. Le dé'.ivreur a la clé du coffre à avoine. Fbjc:[ Del IVR eu R. COFFRET , diminutif de coffre. Voyeii^ Coffre. Les confifcurs donnent ce nom à des boîtes de bois de différentes grandeurs, dans le'quelles ils ferrent leurs confitures : les cordonniers , à un rond de bois fur lequel ils coupent les empeignes. Fbye^SouLiERs. Il en eft dcscq^e^^ainiî que des coffres; l'ufage en eft prodigieux , & il y a peu d'artiftes ou même de maifons où l'on ne s'en ferve à ferrer différentes chofes qu'on ne veut pas laifler expofées fous la main du premier venu . COFFRETIER , f. m. {An méch) on donne ce nom à deux fortes d^arti'ans ; les malletiers àc les bahutiers. Les ccjfreriers- malletiers , ce font ceux qui en qualité de membres d'une communauté de ce nom ont droit de faire &: de vendre des coffres d'ar- mée , malles , valifes , ùc. Les bahutiers font ceux qui en qualité de membres d'une communauté de ce nom , font autorifés à faire & vendre bahuts , caifîès , caffettes , coffres de ménage , ùc. Voye^tart. Bahu- TiER. Les premiers ne paroiftent pointavoir form.é de communauté avant 1 596. Ils ont quatre jurés, dont deux fbrtcnt de charge rous les ans. Il faut avoir cinq ans d'appren- C Ô F tiffagc , ôc cinq de compagnonage pour parvenir à la maîtrife. On ne peut faire qu'un apprenti à la fois. Ces artifans font iî bruyans , que la police , qui veille au repos descitoyens,a voulu qu'ils n'ouvriflent qu'à cinq heures & qu'ils rermaflènt à huit. COFIDÉJUSSEUR , f. m. {Jurifprud.) eft celui qui a répondu folidairement avec quelqu'autre de la dette du princip il obligé. Suivant le droit romain, un des cofidé^ jujfeurs qui a payé feul toute la dette au créancier , fans prendre de lui ccflîon de (cs droits & adions , ne peut agir contre (es cofidéjujfeurs , quoiqu'il n'ait pas befoin de fubrogation pour répéter du principal oblige ce qu'il a paye pour lui. Injî. l. IIl^ t. xxj, §.4. Cette maxime du droit romain s'obfervc encore en quelques provinces du droit écrit , comme Pob'ervc Catelan , liv. V, ch. lix. Mais Pufage comm.un eft que celui des cofidéjujjeurs qui a payé fans s'cire fait lubro- ger par le créancier , peut néanmoins agir contre les cofidéjuffeurs pour répéter de cha- cun d'eux leur part & portion. Vu^ ci^Cau-» TION Ù FiDÉjUSSEUR. {A) COGMORIA, f. f. mouffeline que les Anglois apportent des Iwdes orientales. Voy* le diclionn. du Comm. § COGNAC , ( Géogr. ) Campiniacum , Copriniacum ou Conniacum , la féconde ville de l'Angoumois du diocefe de Saintes ; Gérard , archevêque de Bordeaux , y tint ua concile en 1 2 5 8. Long. 2 7, z^, 54 ; lat. 45, La lituation en eft charmante & rien n'efl plus riant que le payfage dont elle eft envi- ronnée. Elle eft célèbre par la naiflànce de François I , & par fes eaux-de-vie. C'eft la patrie de Pabbé de Villiers, auteur des poè- mes/z/r V amitié ôcfur l'art de prêcher. Cognac eft fur la Charente, à quatre lieues de Saintes , à fept d'Angoulême , & à deux de Jarnac. (C) § COIGNASSIER , (Sotaniq.) en latin, cydonia , en anglois , quince-tree ; en alle- mand, quittenbaum. CaracJere générique. Le calice de la fleur eft permanent , d'une feule pièce & divifé en cinq par les bords : il foutient cinq grands pétales arrondis , creufés en cuilleron & difpofés en rofe ; il renferme Pembryon qui fupporte cinq flyles déliés C O I déliés & environ une vingtaine d'étamines dont les fommets font divilés en quatre par- ties : cet embryon devient un fruit charnu & velu , tantôt pyramidal , tantôt arrondi , félon les efpeces; ce fruit eft diviié en cinq cellules , dans lelquelles il ie trouve un ou deux pépins figurés en larmes : il eft: terminé par un ombilic formé des veft:iges du calice. Efpeces. 1. CoignaJJier à feuilles oblongues, ve- lues par-deilous, à fruit oblong, allongé vers la bafe. Coin-poire. Coignajjlcr ordi- naire à feuilles moyennes. Cydonia foliis ovato-cbLngis , fubius to- me nîojîs , pvmis oblongis , bafî produâis. Qjiince-trec wkh oblong oral leaves , &CC. Peur quince. 2. Coignajfier à fruit oblong &: imberbe; en Provence , coudounier. Cydonia fruclu oblongo , Iceviori, Injt. rei herb. Il ne fe trouve pas dans Miller. 3 . Coignajfier à feuilles ovales , velues pardeflbus , à fruit rond , ou coignier. Cydonia foliis ovatis , fubtus tomentojîs , pomis rotundioribus; cydonia fruclu breviore & rctundiore. Injl. rei herb. Apple -quince. 4. CoignaJJier à feuilles ovales renverfées, très -larges Ôc à gros fruit; coignajfier de Portugal. Cydonia foliis obvers} ovatis , latijfimis , fruclu maximo. Hort. Col. Cydonia latifolia lufitanica. Inji. rei herb. La vertu ftomachique & aftrlngcnte des coins 5 le mucilage de leurs pépins li propre à garantir les malades long-temps alités des effets du frottement , la forme agréable de ces fruits , le duvet doré dvnt ils (ont cou- verts , fur-tout leur grolTeur prodigieufe &: leur parfrim fi gracieux dans les confitures & les ratafias , alfurent aux coignajfiers une place diftinguée parmi les fruitiers ; mais ce qui rend ces arbres plus eftimables encore , c'efl: leur proche parenté avec la famille des poiriers; peut-être ne fommes-nous rede- vables de nos plus belles efpeces de poires qu'aux alliances contraétées entre les deux genres; le volume , la figure de ces fruits, le jaune dont ils fe peignent , font du moins foupçonner qu'ils tirent en partie leur ori- gine du coignajfier ; & ce n'cft pas encore Tome FUI. COI 433 tout ce que nous lui devons; qu*on lui confie les greffes des meilleurs poiriers , la fève rnodérée va réfréner les faillies de la leur , ils en deviendront plus dociles à la taille & au paliflàge; par-là, on les réduit à une ftiature médiocre , on en fbrme des demi-vents, desefpallers, des quenouilles, des buiftbns, &z fous toutes ces formes ils font d'un plus prompt & plus grand rapport que ceux grcliés fur franc ; le fruit en eft aufïl plus gros 6c d une pâte plus douce. C^eft dommage que tous les poiriers ne s'accommodent pas également de ce fujet qui ne convient guère qu^aux poires fon- dantes , & ne réulïit parfaitement que dans les terres fraîches. Plufieurs poires d'hiver, celles qui ont des difpolitions à fe crevaifer n y font que peu de progrés. Il eft des efpeces qui ne peuvent fubiifter de fa fève : de ce- nombre font entre autres quelques-unes de celles connues fous le nom de bergamotte; leur forme arrondie donne Leu de penier qu'elles tiennent de très-près aux poiriers lauvages & aux nefïliers ( Voye^ ci-après Fructification) , & qu'elles nont que très-peu d'analogie avec le coignajjîer ; il eft cependant un moyen de tromper leur aver- fîon pour cet arbre; il faut d abord modi- fier fa fève , en y greffant du beurré , ou de la virgouleufe , qui y reprennent très-aifé- ment; c'eft fur le bois provenu de ces greffes qu'on pofera les écuflbns ou les iUoins de ces poiriers infociables ; par cette médiation on les réconciliera avec le coi- gnajfier ; ce fujet intermédiaire ell: en jar- dinage ce que les intermèdes font en chy- mie. Eh! quelle chymie plus belle que celle de la végétation î N'oubUons pas de prévenir qu'un autre moyen de tenir nains ces poiriers , ceft de les greffer fur épines , fur nefflier &: fur azérolier. Mais il eft d'autres efpeces dont la fevc impétueufe ne peut fympathifer avec la len- teur de la plupart des co/^/z^7/7?erj; d'après cette obfervation , je ne doute nullement que ceux-là ne puiilent réufTir fur celui de Portugal ; fa fupériorité de vigueur fur les autres efpeces de fon genre , fe fut aflez remarquer dans l'excès des dimenfions de toutes fes parties. On trouveroit encore un grand avantage dans l'alliance de ces poi- riers avec aet iibre, c'eft que leurs poires lii 434- COI participant cîe la grofleur de Ton fruit , exce- deroient de beaucoup leur volume naturel. En général il faut choilir prcférablement les coignûjjiers à feuilles larges , pour y pla- cer les greffes des poiriers, c'cft k moyen cîe grofïir les fruits. On doit de même donner la préférence aux poiriers, neffliers, azéroliers à gros fruit, dans les cas indiqués pour le choix de ces fujets; fi l'on avoir cepcndûMt pour objet d'avoir des arbres très-bas , il conviendroit de préférer le coi- gnajjîer à feuilles étroites , qui eft le moins élevé & le moins vigoureux de tous, & Tcpine blanche ou quelqu'autre efpece plus bafle de ce genre , dans le cas où l'on ;iuroir des raiions pour y avoir recours. De favoir fi en greffant un arbre fur lui-même, on abonnit fon fruit, & jufqu'à ^uel point ces opérations multipliées pro- «îuiroient de bons efïcts , c'eft: ce que nous examinerons à Vartick Greffe. On fe fert ordinairement des /z°. i & 3 dans les pépinières, pour y greffer les poiriers deftinés à former des bafîes-tiges ou des demi -vents. L'efpcce n°. 5 ne nous efl pas connue, le nous ne garanriflbns pas fon exiftence. Le coignajfier fleurit à la fin de mai ; fcs larges fleurs d'un blanc animé , naiflènt fbli- taires fur les rameaux & relTortent merveil- leufement fur les touffes verdoyantes où elles font comme parfemées ; elles le fuccedcnt encore quelquefois dans le commencement de juin ; cet arbre peut donc fervir à l'orne- ment des bofquets du printemps ; comme il a une habitude de mal porter lès branches, qui met l'art en défaut, il convient de le jeter en madè dans les fonds des parties les plus négligées & les plus agreftes. Donnons encore quelque attention au coi- gnajpccr de Portugal , nous n'avons parlé que du fecours qu'il prête au poirier, occupons- nous des avantages qu'il nous procure par lui-même. Qu'on le greffe fur quelque ef- pece de poirier à gros fruit , le lien en fera plus gros èi. meilleur; il prend très-bien fur les autres efpeces de fon genre , & en géné- ral il cfl d'autant plus utile de le multiplier par Li greffe , que par ce moyeu ©n obtient plutôt & en plus grande quantité fes fuper- bes fruits , dont le parfum eft plus gracieux que celui des CAitiss cpiiis , & qui par la C O I cuilîbn fe colorent du plus beau pourpre ; on peut auifi multiplier cet arbre de marcottes & de boutures; ce font les voies qu'il fiut choifir pour fe procurer des fujecs propres à porter les greffes des poiriers : les marcottes ne s'enracinent pas aufïi aifément que celles des autres efpeces ; il convient de les coucher en automne , d'y faire «ne coche Se de les couvrir d'un peu de litière; fes boutures font auffi un peu rebelles , & il faut les traiter avec une partie des ménagemens indiqués à {'article Bouture ; trop d'om- bre & d'humidité leur nuifent infiniment. On multiplie ordinairement les coignaf- fiers, en en formant des mères, c'eft~à-dire, qu'on recoupe de jeunes (ujets près de terre, & qu'on élevé un petit monticule autour des branches qu'ils ont pouflécs d'une automne à l'autre : ces efpeces de marcottes prennent fuffifamment de racines. Qu'on plante en automne les boutures des coignajjiers ordi-^ naires dans une terre fraîche , couverte de litière à lexpofition du levant, elles réuf- f iront très-bien. Les fujets obtenus par ce moyen , font préférables à ceux qu'on tire des mères , en ce qu'ils font pourvus de racines tout autour de l'aire de la coupure î au lieu que ceux-là n'en ont que d'un côté. J'ai femé avec fuccès des pépins de coin ; mais outre qu'il eft difficile d'en rallembler en alfez grande quantité pour fubvenir aux befbins d'une pépinière, cette voie eft longue & ne procure pas des arbres plus droits que ceux provenus des boutures. ' On plante les jeunes coignajfier s en pépi- nière depuis la fin d'od:obre jufqu'à la fia de mars dans une terre fraîche & effrondée , où on les efpace d'un pié èc demi ou deux pics dans des rangées diftantes de deux ou trois. La féconde année» on les élague 611 juin, on les écuffonne tout le mois d'août & partie de feptembre , fe réfervant d'enter au mois d'avril fuivant les fujets où i'écuflba a manqué. Les poiriers greffés fur coignaffîers ne d^ mandent pas un fol auffi profond que le& poiriers fur franc ; ils réuflifîent allez biea par-tout, pourvu qu'on varie leur taille lujvant les différentes qualités du terroir. A l'égarddes cw^^tf^er^non-greÉTésqu'on élevé pour leurs fruits , fi on les plante près, des eaux, ils en donneront davantage & C O G tîe plus gros ; dans une terre fechc les fruirs feront plus précoces ôc plus parfumés. La taille que demandent ces arbres, confifte uniquement à les délivrer des branches gour- mandes, fur-tour des plus ambitieufes qui s'élèvent au-deflus de la touffe i il faut auiïi les décharger du trop de bois qui les rendroit confus 5 ce qui leur eft commun avec tous les fruitiers. {M. le baron de Tschoudi. ) COGNAT, {Jurifpr.) fignifie en géné- ral celui qui eft joint à quelqu'un par les liens de parenté ; quelquefois il fignifie îni- guhérement celui qui eft parent du côte des femmes. Voye-^^ ci-aprh Cognation. {A) COGNA nON , f. f. {Jurifpr. ) iignifie en général la parenté qui eft entre deux perfonnes unies , foit par les liens du fang , ou par quelque lien de famille , ou par Pun ôc 1 auire de ces difFérens liens. On diftingue trois fortes de cognations ; la naturelle , la civile & la mixte. La cognation naturelle eft celle qui eft formée par les feuls hens du fang; telle éft la parenté de ceux qui font procréés de quelque conjondion illégitime , foit relativement à leurs père & mère & autres afcendans , foit relativement à leurs frères 5c fœurs de autres collatéraux, La cognation civile eft celle qui procède des feuls liens^e famille, telle que la pa- renté qui eft établie entre le père adoptif & l'enfant adopté. La cognation mixte eft celle qui réunir à la fois les liens du fang &: les liens de famille ; telle eft celle qui fe trouve entre deux frères procréés d'un légitime mariage. On diftingue dans la cognation deux chofes principales; favoir, la ligne & le degré. Voye^^ Degré. La ligne eft directe ou collatérale. V. Ligne. Dans la ligne collatérale on diftingue les parens en agnats & cognats ; les agnats font ceux qui font parens du coté des mâles , les cognats font ceux qui font parens par les femmes. On dit communément que tous les cognats font agnats , mais que tous les agnats ne font pas cognats, parce qu'en effet la cognation eft le genre qui com- prend en loi l'agnation , qui n'en eft que la différence. Voye'^^ les injfit. au titre de COG 435 nuptiis y ÔC au tit. de grad. cognât. Se ci- aprh Consanguinité ù Parenté. La cognation ou affinité fpirituelle, eft celle qui fe contracte par le baptême entre les père &c mère & Penfant avec les parrains Se marraines. V. Alliance & Affinité {A) COGNATIQUE, fucceflfion linéale , C Droit polit. ) forte de fuccelTion à la couronne. Il y a deux principales fortes de fuccefl fions linéales à la couronne , favoir , la cognât ique Se X'agnatique; ces noms viennent des mots latins cognati Se agnati , qui dans le droit romain fîgnifient , le premier , lès parens du côté des femmes ; l'autre ^ ceux qui font du côté des mâles. La fucceffion linéale cognatique eft cell,e <^ui n'exclut point les femmes de la Çucc^Ç- fion à la couronne , mais qui les appelle feulement après les mâles dans la même ligne ; enforte que lorfqu'il ne refte que des femmes, on ne pafle pas pour cette raifon à une autre ligne; mais on retourne à elle , lorfque les mâles les pkis proches ou d'ailleurs égaux , viennent à manquer avec toute leur defcendance. H réfulte de-là que la fille du fils du dernier roi eft préférée au fils de la fille du même prince , & la fille d'un de fès frères au fils d'une de fès fœurs. On appelle aufïî cette forte de fuccef- fion , cajîillanne , parce qu'elle avoir lieu dans le royaume de Caftille. Pour favoir fi on doit fuivre cette forte de fuccefïion au défaut de loi Se d'exemple , on peut voir quel ordre s'obferve dans la fucccffion des corps ou confeils publics dont les places font héréditaires. Le fondement de cette fuccefïion, en tant qu'elle eft différente de la fuccefTion purement héréditaire, c'eft que les peuples ont cru que ceux qui efperent le plus juftement de parvenir à la couronne, tels que font les enfans dont les pères au- roient fuccédé s'ils eufîènt vécu , feront les mieux élevés. La fuccelTion linéale agnatique, eft celle dans laquelle il n'y a que des mâles ifTus des mâles qui fuccedent, en forte que les femmes , Se tous ceux qui fortent déciles , font exclus à perpétuité. Elle s'appelle âximfrancoife , parce qu'elle eft en ufage dans notre royaume. Cette lii 2 43<^ C O G exclufion des femmes &c de leurs defcen- dans a été établie principalement pour empêcher que la couronne ne parvienne à une race étrangère ^ par les mariages des princefles du lang royal. Ainii lelon ce principe , n"eût-il pas été plus avantageux dans la dernière révolu- tion des Provinces - Unies , de borner la luccelTîon du ftathouderat à la ligne agna- tique ? Et n'eft~il pas à craindre que la république Payant étendue à la ligne cogna- tique , le gouvernement ne puifiè tomber dans la fuite à une race étrangère , dont les intérêts feroient bien différens de ceux qui conviennent au bien de cet état ? Je renvoie le led:eur aux ouvrages des célèbres jurilconfultes, d'Hottoman, deTi- raqueau, de Grotius, 6'c, pour la décilion d'un grand nombre de queftions qu'on peut faire liar cette importante matière , & je me contenterai de ne traiter ici que la pr Jicipale. On demande li dans un royaume indivi- fible, un fils né avant que fon père parvienne à la couronne, doit être préféré à celui qui eft né depuis, quelle que foit la fuccellion établie , cognatique ou agnatique. Grotius décide avec rai(on pour Taffirmatlve , parce que, dit-il, du moment que quelqu'un a acquis la couronne dans la 1 uccelTion lincale, les enfms nés auparavant ont quelque elpé- rance d"y parvenir; car fuppoié qu'il ne na- quît plus ci'enfiins à leur père , perfonne n'o- feroit dire que ceux qui étoient nés déjà doivent êcre exclus delà fucceffion. Or, dans ce cas , pour avoir droit de fuccéder, il fufiit qu'on en ait eu l'efpérance, & ce droit ne ic perd point par quelque cho: e arrivée de- puis; tout ce qu''il y a , c'eft cjue dans la fuc- cefîion cognatique , Pacquifition prochaine en eft lufpendue par le-privikge du fexe , ou en ce qu'il peut naître des enfans maies. Par la même raifon, dans la fucceffion cognatique le 61s de l'ainé doit Remporter fans aucun égard à l'âge , & la fille même d"e l'ainé a la préférence, parce que l'âge ni le fexe n'autorifeiit pas à pailèr d'une ligne à l'autre. Ainfi en Angleterre, où la fucceffion eft linéale cognatique, Richard ÎI, petit-fils d'Edouard^ III, monta fur le trône âgé de ii ans, en 1377, & l'emporta fur fes trois oiîcks. Convenons cependant que la fucceffion CO G ! linéale, tantct)^,7^//'i^z/equ'"agnatîque, afbuf- fert dans pluiicurs états les changemens cC les viciffitudes de ce monde : & pour n'en citer qu'un exemple; en Efpagne , où la fuc- ceffion linéale cognatique a lieu,- les rois , qui plus d'un fiecle avant Richard H, roi d'An- gleterre , avoient poflédé la couronne de Caftille,étoientdexendusd'un princequi Pa- voit obtenue au préjudice de fes neveux, fils de fon frère aine. {M. lec. de Jai/couet.) "^ COGNÉE , f. f. inftrument tranchant deftiné à couper du gros bois, ôc à l'u'age de piuiîeurs ouvriers ; la forme en varie peu. Les charrons , les bûcherons, les charpen- tiers, les jardiniers, &'c. ont \tuis cognées, La cognée du charron eft un outil fait commue une hache, d'un morceau de fer forgé à-peu-près comme une équerre; le côté tranchant en eft large , plat & fore affilé ; l'autre branche eft creufe & en douille : on Pemmanche par cette douille d'un morceau de bois loj:g d'environ deux pies , plus gros du côté de la poignée qua du coté qui entre dans la douille. Les char- rons fe fervent de cette cognée pour char- penter ôc ôter le fuperflu des genres ôc des pièces de bois qu'ils ont à tailler. Les mêmes artifans ont une féconde co- gnée : c^eft un morceau de fer de la lon- gueur de huit pouces, doii^ un des bouts eft plat , large ôc tranchant ; l'autre coté eft quatre ôc percé d''un gros œil fait en cœur, dans lequel fe met un manche de deux à trois pies de longueur. Cet outil fert aux charrons pour fendre le bois. La cognée des bûcherons ne diffère point de celle-ci. Les Cognées des charpentiers font de dif- férentes façons : ils ont une cog ée à deux bi- feaux , qui a une douille au bout pour rece- voir îe manche; elle fcrt à dreflèr les bois 3, ôc ne diffère pas de la première cofnée des charrons : une cognée à deux bileaux , ôc qui- n^a pas de douille pour recevoir le manche ,. mais un œil ; elle fert à abattre les arbres & à équarrir, ôc ne diffère pas de celle du. bûcheron ou de la féconde du charron. Les jardimers ont deux cognées, Vunc. grande , l'autre petite ou à main. La grande cognée Çtn à fendre le bois^ ôc à couper les racines ÔC les fouches des aibres qu'on arrachç. COG La petite fer: au jardinier à couper à la main de grolles branches , & à refaire proprement, quoique monté à l'éclielle , les grandes plaies , lorfque la branche eft (eparée du corps de Parbre. Cognée , ( Ruban. ) eft un outil de cuivre ou de fer, mais mieux de cuivre : il a la forme d'un couteau qui ne fe plie point j le dos en eft fort épais, pour lui donner plus de poids; Tautre côté eft aigu, m.ais fans être tranchant; il fert au lieu du doigtiér pour frapper les ouvrages extrême- ment forts, &: où le doigtiér feroit trop" foible : l'ouvrier le tient en plein par fon manche dans la main droite , &: frappe avec chaque fois qu'il a paflé la trame. COGNER, V. ad. n eft guère d'ufage qu'au fimilier , ou dans les boutiques des ar- tiftes. Il eft fynonyme à frapper. Ainiî les chapeliers difent cogner un chapeau fur le bil- lot, TpouT frapper le dejfus de la tête , afin que la forme ea foit mieux marquée; façon qui fe donne avant la teinture. V. Chapeau. Les relieurs difent cogner les coins , pour fr.îppcr un ou deux coups fur chaque coin du caiton d'un livre après qu'il eft poli, ahn que fi un de ces coins fe trouve re- broufié , il foit remis en état. COGNET, f. m. (^Fabrique de tabac.') rôles de tabac faits en cônes, dont on fe fert pour affermir & ferrer ceux qu'on met en boutes &; futailles , de peur qu'ils ne fe brifent dans le tranfport , & ne s'éventent dans le féjour. COGNEUX , f. m. ( Fond, en fable. ) forte de petit bâton dont les fondeurs en fable fe fervent pour frapper le fable dont ils forment les moules. Ils le fervent de cet outil lorfque le maillet ne fauroit atteindre. Voye^ Fondeur en sable. COGNl , ( Gécgr. mod. ) grande ville d'Alie en Turquie, dans la Caramanie. Long. 52, ^o ; lat. 37, 56'. COGNIER , f. m. ( Hifl. bot. ) plante qui doit fe rapporter au genre appelle coignajfier. Voye-^^ Coignassier. (/) QOGUOlhou COGNIÇL, f m. (H"//?. nat. Ichîhyl. ) colias ,, poiflon de mer qui reftèmbleroit en tout au maquereau s'il étoit aulfi gros. On falc ordinairement ce poiflbn. C'eft à Marfeille qu'on lui a donné k nom de coguoil ou cogmoL Willughby^ COH 437 hifl. pifc. V. AIaquereau, Poisson. (/) COHABITATION, f. f. {Junfpr.) fe prend en général pour la demeure commune que quelqu'un a avec une autre perfonne. C'eft en ce fens qu'il eft défendu aux clercs de cohabiter avec les cerfomies du fe.e. Décrétai, lib. III , tit. ij. La cohabitât on ou demeure commune entre le pcre &c les enfans ou entre autres perfonnes , emporte dans certaines cou- tumes une focicté tacite ; telles ibnt les coutumes de Poitou , Troye & autres. Le terme de cohabitation entre perionnes conjointes par mariage , fignifie quelquefois la demeure commune des conjoints : c'eft en ce fens que l'ordonnance de 1 6 3 9 demande, pour Thonneur ôc la validité du mariage , une cohabitation publique : le défaut de telle cohabitation eft une marque de clandeftinitéj au contraii e la cohabitation publique aflure la validité du mariage , l'état des conjoints , ôc celui des enf.:ns. Mais h. cohabitation feule n'eft pas capable de faire préfumer le maria- ge, à moins que les conjoints n'aient encore d'autres preuves de pofiefïion d'états. Voy. Hcnris, tome IF, liv. VI, qu:Jl. G; Duperier^ tome II, p. 4^4; Augeard, tome II, ch. xxviij. On entend aulîî quelquefois par le terme de cohabitation entre conjoints , la confom- mation du mariage : il n'eft pas nécefifaire qu'il y ait eu coh ibitation entre les conjoints pour que la femm.e gagne fon douaire, finon dans le^ coutumes qui portent que la femme gagne (on douaire au coucher , comme celle de Normandie. Quand on fépare les- conjoints d'habitation, on n'entend pas feu- lement qu'ils auroiU chacun leiu: demeure {eparée,mais au ffi qu'ils feront féparés a /oro.. La cohabitation entre autres perfonnes- que les conjoints par le mariage légitime , fe prend ordinairement pour le commerce charnel qu'un homme a eu avec une fille ou femme autre que (a femme légitime.. Comme on a rarement des preuves de la cohabitation^ même lorlqu'une fille (è trouve enceinte, & qu'elle déclare celui des faits duquel elle l'cft, cette déclaration, jointe aux preuves de firéquentation & de fcmilia- rite , fufrifent pour obUger le père à payer les frais de géfine &: dommages & intérêts de la mère , s'il 7 a lieu de lui en adjuger, & à fe charger de l'eii£int> 45S COH Suivant Panciennc jurifprudence , dès qu'il y avoir preuve de cohabitation, on condamnoit le garçon à époufer la fille qu'il avoit rendue enceinte , fînon à être pendu : mais préfcntement cela ne s'ob- Terve plus , du moins dans la plupart des tribunaux. Voyei^ Mariage. {A) 1- COHEN , ( Hijî. facr. ) facrificateur. Les Juifs fe fervent encore de ce mot,, quoiqu'ils n'aient plus de temples. Leurs tribus fe (ont confondues , & il n'y a plus perfonne parmi eux qui le puifle dire de race févitique fans des prétentions imaginaires. Auiïi ceux d'entre eux qui aflurent la vérité de leur généalogie , & allèguent des titres confervés malgré les troubles des tranfrni- grations & l'état de mifere 6c de difperfion adtucUe de la nation , font-ils peu crus & ne jouilTènt pour toute prééminence , que d'un petit tribut fur les nouveaux-nés j pré- ,TOgative proportionnée à l'authenticité de la nobleflè de leur origine. On leur accorde encore de lire les premiers le Pentateuque dans les fynagogues, & de bénir le peuple dans les fêtes folemnelles. COHÉRENCE , voye;^ Cohésion. COHÉRITIERS, f. m. ^\,{Jurifpr.) font pluficurs héritiers d'un défunt , qui viennent conjointement à fa fuccefïion. Il y a des cohéritiers qui fuccedent également à tous les biens du défunt ; il y en a d'autres qui ne fuccedent qu'à certains biens , com- me aux meubles & acquêts, ou aux propres d'une certaine ligne, ou aux biens fitués dans certaines coutumes. Ceux qui fucce- dent aux mêmes biens font cohéritiers entre eux ; ils ne laiflent pas aufTi , par rapport , à la contribution aux dettes , d'être conlidé- rés comme cohéritiers de ceux qui prennent d'autres biens auxquels ils ne fuccedent pas. Vûye[ci~aprh Contribution, Dette, HÉRITIER , Succession. (A) ' COHÉSION, f. f. en termes de Phyfiq. cft la force par laquelle les particules pri- mitives qui conftituent tous les corps font attachées les unes aux autres , pour former les parties fenfibles de ces corps, S>c par laquelle au 111 ces parties fenfibles font unies & compofent le corps entier. Voye^^ Par- ticules , Corps. De tout temps la caufe de la cohéjîon a embarraflë les philofophes dans tous les COH lyftemes de phyfique. La matière doit être fuppofée originairement compofée de par- ticules ou atomes indivifîbles, c'eft- à-dire, qu'aucune force ne peut divifer. Voye:^ Matière & Dureté. Quant à la manière dont ces particules fe joignent les unes aux autres, & forment de petits fyftêmes ou allemblages particuliers , & aux caufes qui les font perlévérer dans leur état d'union , c'eft une difficulté des plus embarralTantes qu'ait la phylique, &: c'en eft en même temps une des plus importantes. Une des opinions les plus anciennes eft celle qui a été foutenuc par M. Jacques Bernoulli , de gravitate œtheris : cet auteur rapporte la cohéjîon des parties de la matière à la preffion uniforme de notre atmofpherc ; ôc il appuie fa théorie fur l'expérience des marbres polis qui tiennent fi fortement l'un à l'autre dans l'air libre , & qui font , dit-il , aifément féparés dans le vuide. Le fait eft faux. x? Mais quand cette théorie feroit (àtisfai- uinte pour expliquer la cohéjîon des parties de grande étendue, elle n'eft d'aucun fe- cours dans la cohéjîon des atomes ou par- ticules des corps. M. Newton parle ainfi fur la cohéjîon : " Les parties de tous les corps durs homo- » gènes qui fe touchent pleinement , tien- » nent fortement enfemble. Pour expliquer " la caufe de cette cohéjîon , quelques - uns "Ont inventé des atomes crochus j mais " c'eft fuppofer ce qui eft en queftion : d'au- » très nous difent que les particules des " corps font jointes enfemble par le repos , » c'eft -à -dire par une quaHré occulte, ou " plutôt par un pur néants & d'autres, » qu'elles font jointes enfemble par des " mouvemens confpirans , c'eft-à-dire , par » un repos relatif entr'eux. Pour moi j'aime ^ » mieux conclure de la cohéjîon des corps , » que les particules s'attirent mutuellement » par une force qui dans le contact immé- » diat eft extrêmement puiflante , qui à de » petites diftances eft encore fenfible , mais " qui à de fort grandes diftances ne fe fait » plus appercevoir. Voye:^ Attraction. >i Or , fi les corps compofés font fi durs » que l'expérience nous le fait voir à l'égard » de quelques-uns , ôc que cependant ils » aient beaucoup de pores ôc foient corn- C O H 3, pofés de parties qui foient fimplementpla- ,, cées Tune auprès de l'autre -, les particules „ fimples qui font fans pores , Se qui n ont j, jamais été divifées, doivent être bcau- 5, coup plus dures : car ces fortes de parties „ dures entaflees enfemble , ne peuvent j, guère fe toucher que par très-peu de pointsj ,, 6c parconféquentiifaut beaucoup moins 5, de force pour les féparer , que pour rom- ,, pre une particule folide dont les parties fe ,, touchent dans tout 1 efpacc qui eft en- „ tr'elles, fans qu'il y ait ni pores niinterf- ,, ticcsqui affoibliflent leur cohéfion. Mais „ comment des particules d'une iî grande j, dureté qui font leulement entaflees enlem- y, ble, fans fe toucher que par un très-petit ,, nombre de points , peuvent-elles tenir en- ,, femble & li fortement qu'elles fout, fans ,, l'adion d'une caufe^ qui fallè qu'elles „ foient attirées ou preflées l'une vers l'au- „ tre? C'eft ce qui cfttrès - difficile à com- 55 prendre. j. Les plus petites particules de matière „ peuvent être unies enfemble par les plus _,, fortes attrapions , & compolcr de plus ,, grofles particules dont la vertu attradtivc j, Ibitmouis forte; & pluiieurs de ces der- ,, nieres peuvent tenir enfemble & composer ,, des particules encore plusgroiles, dont la 5, vertu attradive foit encore moins forte , ,, & ainfi de fuite , iufqu'à ce que la pro- 5, grelTion finiflè par les plus groflesparticu- ,, les , d'où dépendent les opérations chymi- j, ques , les couleurs des corps naturels, & 5 5 qui jointes enlemble composent des corps 5, d'une grandeur feniible. /^ojeij^DuRETï, 5, Fluidité.,, Les différens degrés de cohéfion conlli- tucnt les différentes formes S>c propriétés des corps. Suivant l'illuftrc auteur que nous ve- nons de citer , les particules des fluides qui n^ontque peu de cohéfion, &c qui font aflez petites pour être fui ceptibles des agitations qui entretiennent la fluidité , font très-aifé- ment ieparées & réduites en vapeur ; elles forment ce que les chymiftes appellent corps volatils ; elles fe raréfient par la moindre cha- leur , & (e condenfent de même par un froid modéré. Fbyc:(_ Volatil. Les corps dont les particules font plus grotles,ou font cohérentes entre elles avec une attri(^on plus forte 3 font moins fufcep- .„ , . . c o H 439 tibles d'agitation , & ne fauroient être fépa- rés les uns des autres que par un degré beau- coup plus confidérable de chaleur; quel- ques-uns d'eux ne fauroient même fe fépa- rer fans fermentation ; & ce font ceux-là que les chymiftes appellent des corps fixes. Chambers. M. Muflchenbroek, dans (onejfai dephy- fiujue y nous a donné plufieurs recherches iur la cohé/ïonou adhérence des corps. En voici la fubflance ; c'eft M. MufTchenbroek qui parle. Les lurfaces de tous les grands corps font fort raboteufes , ce qui eft caufe qu'ils ne le touchent que dans un petit nombre de points lorfqu'ils font pofcs les uns for les au- tres 5 & qu'ils fe trouvent féparés en d'autres endroits où l'attraAion cft par confcquent beaucoup moindre. Moins les corps font raboteux , plus ils fe touchent; auiïi volr-cn que ceux qui ontunefurface fort unie s'atti- rent davantage , & tiennent plus fortement les uns aux autres que ceux qui font raboteur- . Mais pour rendre les furfaccs encore plus unies , il faut les enduire de quelque liquide dont les parties foient fort fines , & qui puif- fent boucher les pores. La chymie nous apprend que les parties terreftres des plantes tiennent enfemble par le moyen d'une huile cpaille, qui n'en peut être fcparée , foit qu'on les faflè fecher on bouillir dans l'eau , mais feulement lorfqu'on les brûle au grand air. En effet elles fe con- verriflent en cendres , qui n'ont plus aucune iiaifonauilî-rôt que cette huile eft conCu - mée ; fi l'on incorpore ces cendres avec de l'huile de de l'eau , les parties fe lieront de s'uniront enfem.ble. Les os des animaux qu'on fait bouillir long-temps avec de l'e^ii dans le pot de l'invention de M. Papiii (i'oye;{_DiGESTOiPvE) , deviennent fort fra- giles , & fo caftent aufïitot qu'on vient à les frotter ; mais on ne les plonge pas plutôt àiw.s Phuile , qu'ils redeviennent durs 5 & ne fe caficnt pas facilement. J'ai pris différens corps , continue M. Muflchenbroek, dont le diamètre etojt de I !î pouce du Rhin ; les furfacesaveclefqucl- les ils fe touchoient , é:oient prefque parfai- tement plates & unies : je les fis chauffer da n s de l'eau bouillante ; ôc après avoir enduit ieu#s furfaces de fuif de choiidelle^ je les mis 440 C O H d'abord les uns furies autres; je les fis en fuite refroidir, après quoi je trouvai que leur adhérence s'étoit faite en même temps de la manière que voici. tb Lescorpsde verre, 1 3 o decuivre jaune, 150 de cuivre rouge, 200 3 oc 100 tfe debifmuth, 100 demarcaiTited'or, 1 30 de plomb , Z75 de marbre blanc ,225" de marbre noir , 230 d'ivoire , ig8 Q argent, d'acier trempé , de fer flexible , d'étain , La chaleur de l'eau bouillante n'eft pas confidérable ; ce qui fiit que les parties foli- des peuvent à peine être écartées les unes des autres , & que les pores ne s^ouvrent que peu; de forte que la graiflè ne fauroit y pénétrer profondément , ni faire par con- féquent la fbndrion d'un aimant qui agit avec force : ain/i afin que la graille pût alors mieux remplir les pores , on rendit ces corps beaucoup plus chauds en les frottant de graille dansle temps qu'elle étoit comme bouillante ; & après qu'ils furent refroidis , ils s^ittirerent réciproquement avec beau- coup plus de force , comme on le peut voir par ce qui fuit : de verre , 5 00 decuivre jaune, 800 de marbre blanc, 600 tfe de fer, 950 de cuivre rouge, Sjo d'argent, 250 On met quelquefois entre deux corps folides un enduit à demi liquide , qui fait que ces corps tiennent enfemble dans la fuite avec beaucoup de force , & qu'ils femblent ne former qu'un feul corps folide ; cela fe remarque lorfqu'on détrempe de la chaux avec du fable de de l'eau. Il arrive quelquefois que deux liquides font compofés de parties qui s'attirent mu- tuellement avec beaucoup de force , de forte qu'ils fe changent en un corps folide après leur mélange. C'eft ainfi que l'huile de tar- tre par défaillance incorporée avec l'huile de vitriol , fe convertit en un corps folide auquel on donne le nom de tartre vitriole. Le froid durcit certains corps dont les parties étoient auparavant moUafles : le feu produit auffi le même effet fur d'autres corps. Le froid réduit en maffe folide tous les métaux , les demi-métaux , les réfines leiieftres & végétales , dé même que le C O H verre , après que ces corps ont été fondus par la chaleur. L'acier rougi au feu Se plongé enfuira fubitement dans l'eau froide , devient aufTi- tôt dur. Le feu durcit encore d'autres corps , par- mi lefquels on peut compter la terre glaife mollalTè, que le feu rend auffi dure qu'une pierre, tant à caufe que l'eau s'éva- porc , que parce que le feu fubtilife en même temps toutes les parties terreftres , ôc qu^il fait fondre les fels , lefquels pénètrent enfuite- & s'infinuent dans ces parties; ce qui fait qu'elles s'attirent mutuellem.ent avec force , parce qu'elles fe touchent en^îlufieurs points de leurs furfaces , & doivent former par con- féquent un corps fort folide. Tout celaeli tiré de M. Muflchenbroek effhi dephyfiq. art. 655 ùfuiv. Nous n'avons fait que l'abréger ; ceux qui voudront recou- rir à l'ouvrage même de ce grand phyficien, - y trouveront un plus grand détail. ( O) Cohésion , ( Méd.) Quelle que foit la caufe de la force plusou moins coniidérable, par laquelle deux parties fluides ou folides fe- touchent & adhèrent, la médecine doit con- fidérer attentivement cet effet dans les fluides & les folides du corps humain. ' Nos fluides peuvent être viciés à cet égard de différentes manières ; & en général leur cohéjion peut être trop forte ou trop foible. L'union trop forte ou trop tenace de leurs molécules , empêche qu'il ne fe fépare de petites particules des grandes : production fi néceflàire pour l'intégrité de la vie ! Leur divifion trop facile ne nuit pas moins en ce qu'elle eft un obftaclc à la eonftance de la fanté. Tous les médecins favent que cette ténacité & cette difiblution des humeurs dérruifant également leur cohéjion naturelle, font la fource d'une infiwité de maladies particulières. Les folides peuvent pécher pareillement en manque ou en excès de cohéfion ; car la cohéfion trop foible ou trop forte , foit desfimples fibres folides, foit des vaifleaux ou des vifceres qui en font formés , donnent naiflànce à une infinité de défbrdres, que le» jnéthodiques nommoient très-bien ma/^-^ dies de relâchement ÔC de rejferrement. Voici comme on doit concevoir ces vérités. Dec[uelquc caufe que procède la cohéfion mutuelle C O H mutuelle de tous les vaiflèaux , il efl: cer- tain qu'ils peuvent fe prêter à Timpulfion du fluide , & en être diftendus ; mais ils ne le peuvent que jufqu'à un certain point fans accident. Il eft d'ailleurs certain que cette cohéfion ed différente dans les divers âges de la vie : de plus » on ne peut s'empê- cher d'imaginer difFérens degrés de cohéfion dans les ditTérens folides. Par exemple , il femble qu'il y a bien moins de cohéfion dans la pulpe molle du nerf auditif, que dans le fiiiceau nerveux qui conftitue le dur tendon d'Achille : ajoutons aullî , qu'il faut que la cohéfion des folides foit capable de fupporter non feulement le mouvement modelé des fluides dans les vaiflèaux , tel qu'il a lieu en bonne fanté , mais encore la vélocité de leur circulation dans l'état mala- dif, fans que cette cohéfion foit détruite ; & c'eft effedivement ce qui arrive d'ordinaire ; car il efl communément befbin de longs &c de violens efforts pour produire la rupture. La débilité des parties iblides eft donc excelTive , lorfqu'elles ne peuvent , fans que leur cohéfion celfe , foutenir l'effort des adtions d'un corps en fanté , Se même d'un mouvement de circulation plus impétueux que de coutume. On reconnoît que le relâchement eft trop grand , quand les fibres iàns fe rompre s'allongent au moindre effort du mouvement vital. De cette facile dila- tation des fibres & des vaiflèaux , naiffent la ftagnation des liqueurs , La crudité des humeurs, la corruption fpontanée, l'ina- nition , la cachexie, h cacochimie , & plu- fieurs autres maux qu'on regarde mal à propos comme des maladies de tempéra- ment. Si on laifïè trop augmenter l'affoiblifle- ment , pour lors il eft encore à craindre que Pimpétuofité violente du liquide , pouffé continuellement par la force du cœur , n'occafione la rupture. On voit plufieurs exemples de ce fâcheux accident , lorfque de jeunes gens délicats étant dans l'âge où finit leur croiflance , fe rompent unvaiflèau dans le poumon pour avoir crié , chanté , ou couru. Puis donc que la cohéfion trop foible des folides caufe de fi grands défordres , il £iut y obvier par des remèdes qui procurent une cohéfix)n^\\is forte , par des alimens fubf- tantiels , les acides aufteres, entre autres le TomeVlIl C O H 44c ferdiflous dans des acides doux ; Pexercicc, les fTiâ;ions , &c. Mais s'il y a des maladies qui ont pour principe la foibleflè de la cohéfion dans les lolides , il y en a beaucoup aufïï qui procè- dent néceflairement de l'excès de cette coAe- fion : de-là le manque des fecrétions , la roi- deur, Pimmobihté, la féchereflè , la coali- tion des vaiflèaux avec leurs liquides, les concrétions de tour genre , l'offincation , la vieilielTe , &c. les remèdes même contre ces maux , ne font prefque que des palliatifs. Il eft cependant néceflàire de les mettre en ufage , de diminuer la violence , la denfité, la prefTion du fang ; d'employer les humec- tans , les émolliens , les délayans de toute efpece , en boiflbns , en vapeurs , en fomen- tations , en bains , ùc. On comprend maintenant les divers effets qui réfultent tant de la force que de la foi- bleflè de la cohéfion. On conçoit en confé- quence la nature & la cure d'un grand nom- bre de maladies , l'utiUté qu'on peut retirer de la dodtrine du reflèrrement & du relâ- chement des folides \ & cette matière fi im- portante en pratique , fi curieufe en théorie , étoit inconnue avant Boerhaave , &: n'a été développée que par ce grand homme. {M. le chevalier DE jAlf COURT.) COHI , f. m. {Comm) mefure de grains, en ufage à Siam. Un cohi pefe environ jooo Evres. Voy. les Diclion. de Trév. & du Corn. COHOB ATION , f. f. (Chymie.) La co-^ hobadon eft une opération chymique , qui confifte à reporter les produits volatils d'une diftillation , ou fur Iç réfidudont ils ont été féparés , ou fur de la nouvelle matière fem- blable à ceUe qui les a fournis , & à diftiller de nouveau. 'L^iCohobatione.Çi une efpece de diftillation, i^oye:^ Distillation. (3) COHORT AL , f m. ( Hijl. anc. ) c'eft le nom qu'on donnoit aux lèrviteurs du pré- fet du prétoire. ^ COHORTE , f. f. ( Hifi. anc) c'étoit , chez les Romains , un corps d'infanterie de la dixième partie d'une légion. Il contenoic trois manipules , &c chaque manipule deux centuries ; d'où l'on voit que chaque légion itoit de foixante centuries , de trente mani- pules ôc de dix cohortes. Il y avoir dans la cohorte les quatre fortes Kkk 44* C O H de fantaffins des armées romaines ; les velites, les haftati , \ts principes & les triarir. Quand elle croit complète , les velites y étoient au nombre de cent vingt ; les hajîati au même nombre , les principe: pareillement , & les îriarii au nombre de ioixante , ce qui fait quatre cents vingt foldats. Au rcfte , ce nom- bre augmentoit ou diminuoit , félon que la légion étoit plus ou moins forte. La première cohorte étoit la plusconfidé- rée ; elle étoit compofée des principaux cen- turions & des meilleurs foldats. Dans un ordre de bataille , elie avoir la droite de la première ligne , comme les grenadiers de nos régimcns i les autres fuivoient dans l'or- dre naturel : enforce que la troifieme étoit au centre de la première ligne de la légion ; la cinquième à la gauche , la féconde entre la première & la troifieme , la quatrième entre la troilieme & la cinquième -, les cinq autres cohortes formoient la féconde ligne dans leur ordre naturel. On croit que Ma- rius fut le premier qui diviia la légion en co- hortes. Voye^hiGio-a. La première coAcr/e devint aufn dans la fuite la plus nombreufe ; elle fut quelquefois de i loy hommes, tandis que les autres n étoient que de $$$. Cohortes auxiliaire.'; ; c'étoient cel'es qu'en- voyoient les alliés \ elles portoient le nom de leur nation ou de leur chef ; elles écoient aulTi diftinguées par première, deuxième, troifieme , quatrième , ùc. Cohorte dite equitata ; elle étoit compofée d'infanterie & de cavalerie; elle étoit de mille hommes, fept cents fbixantefanrafïins, deux cents qu?.rante cavaliers. On l'appelîoit aulTi cohorte milliaire. Cohorte dite peditata ; elle n'étoit que de fantafïins. Cohorte prétorienne ; troupe de foldats choiiîs qui fervoit de garde au préteur ou au général. Elle étoit compofée,re!onquelques- uiis , de fantafïins & de cavaliers , & félon d'autres , de fantafïins feulement. Elle flir jnftituée par Publius Poilrluimius. diélareur. P. Scip-on Ppara dans la fuite de fon armée les meiileurestroupes pour la former; il aug- menta fa paie , & Tcxempta de tous les tra- vaux milirfires. Augufle forma, fous le nom de cohorte préîcrieune y un corps de neuf co- Tiortjs plus fortes du double que celles de la légion 3 enforte que les prétoriennes furent C O H de neuf mille hommes : d'autres difenr de dix mille , divifés en dix cohortes. Septime îévere augmenta encore ce corps. Il étoit uniquement deftiné à la garde des empe- reurs 8c de leur m.ufon , de commandé par le préfet du prétoire , qui avoit (ôus lui des tribuns & des centurions. Il étoit prefque tout infanterie ; d'abord on n'y admit que des Romains ; on y introduifît avec le temps des étrangers , des Germains , des Batavcs , des Thraces , 6'c. Il avoit la paie double , ôc fe tenoit dans un camp retranché proche de Rome ; il avoit des lignes militaires , &c des boucliers parricuHers. Il excita dans la fuite beaucoup de troubles. Conflantin décruifit fon camp & le cafla. Les prétoriens s'étoient rendus redoutables à pluiieurs de fès prédé- cefîeurs ; ils éHfoient ou dépofbient les em- pereurs de leur propre autorité ; ils forçoient queîquefoisle fénac àreconno^tre celui qu'ils avoient clioili. Dans ces révolutions , ceux qui prétendoient à l'empire étoient obligés de s'attacher cette milice redoutable qui dif^ pofoit du diadème. Cohorte dite togata ; c'étoit celle qui fai- foit la garde des rues à Rome ; c'étoit la milice de la police ; elie marchoit avec la toge, n'ayant d'armes que la lance & l'épée. Cthortes dites vigilum ; elles furent infli- tuées par Augufle ; elles fervoient dans les incendies. Il y en avoit fept, une pour deux régions de la ville; chacune avoit à fa tête un tribun , 8c rouies étoient commandées par un officier appelle le. préfet des vigilum. Elles étoient diftribuées en quatorze corps de gardes. Il y a des auteurs qui font monter le nomibre de ces cohortes jufqu'à treftte-un ; mais il y a lieu de croire qu'ils fe trompent, & qu'ils prennent pour des cohortes ce qui n'en étoit que des divifîons. Ces cohortes n'étoient point cenfées troupes ; elles étoient prefque entièrement d'affranchis , qcfon ap- pelloit par déûiion fparteoli. Cohortes dites urbanœ ; on appelloit ainfî Cîx mille hommes partagés en quatreco/zorrej, chacune de quinze cents. Augufle les infli- tua pour la defcnfe de la ville : elles avoient des cafernes. On les nommoir encore milites urhanitiani , troupes de ville. Elles étoient commandées par le préteur :i'^^t\\étutelaris ; ce qui leur fit donner aufTi quelquefois le nom de cohortes j^rétoricnnes. C O î GOHUAGE, r. m. {Jurifpr.) eft ua droit qui fe levé en certains lieux fur les mar- chandifes que l'on apporte au marché. Ce terme vient de celui de cohue , qui ancienne- ment iîgnifioit ajfemblée ou marché. Suivant un arrêt de la Saint-Michel , de Pan 1278, les templiers en Normandie prétendoient que leurs hommes ou fujets dévoient être exempts du paiement de cohuage ; par leur charte , il fut accordé que s'ils vouloient entrer au marché en cohue , ils paieroient le cohuage. Ce droit eft différent de celui d^en- trée & du droit de coutume , comme il pa- roît par un ancien aveu rendu en 1473 , au comte d'Anjou par le fieur de laTrimouille, où il cft dit : que Comme de beurre venant de Bretagne , doit deux deniers d'entrée , maille de coutume , 6' un denier de cohuage ; que fi elle n'ejî toute vendue à iceluijour , & il arrive que le marchand la rapporte à huitaine , il ne payera que le cohuage. Glojf. de Lauriere , au mot cohue ge. {A) COHUE ,' f. f. ( Jurifpr. ) en quelques lieux iignifioic zncïtrm&TD£ni ajfemblée ^halle, ou marché. Ce mot paroît venir du latin co- hœrcre. Dans les ordonnances de l'échiquier de Normandie , de l'an 1585, cohue lignifie Y ajfemblée des officiers de juftice qui fe fait en l'auditpire ou autre lieu accoutumé, pour juger les caufes & procès. Il eft auffi parlé de la halle & cohue de Quintin en Bretagne , en laquelle fe font les bannies & contrats , livre III du recueil des arrêts de Bretagne. Koyc:^^ ci-devant Cohuage. (A) COHYNE , f. m. ( HiJÏ. nat. bot.) arbre de l'Amérique , qui a la feuille du laurier & le fruit eUiptique tk. delagrolleur du melon. Les Indiens font des vailleaux de ion écorce. On attribue à ia pulpe quelque propriété médicinale. Le cehyno eft aufïl une plante exotique mal connue. QOl , faire coi j terme de rivière ; c'eft s'arrêter un moment. Il y a des pas difficiles où les chevaux remontent difficilement un bateau, un coche ; alors on dit c^n ils font coi. COIANG , f. m. (Commerce.) poids &c mefure d'ufage à Cambaye, aux Indes orien- tales : c'eft les quatre cinquièmes d'un lart. Voye^^hAKT. Diclion. de Comm. COIAUX , f. m. pi. ( Charp.) pièces de bois quarrées d'un bout &: délardées de l'au- tre, qui fe placent au pié des chevrons d'un COI 44, omble, pour racheter la faillie de l'enta- blement. COIER, f. m. {Charp.) pièce de bois qui va du poinçon ou du gouflet à l'arbalétrier. V. Arbalétrier , Poinçon & Gousset. COIGNAGES , f. m. pi. nom que Ton donne dans les groffes forges à certaines portions de la maçonnerie du fourneau. V. Grosses forges. ^COIGNIERS, f. m, pi. c'eft ainfi qu'on appelle dans les fours à verrerie , les quatre coins des fieges du dedans du four , corref. pondans aux lunettes Aqs arches à pots. COIMBRE, {Gécg.mod.) grande vilîc du royaume de Portugal , capitale de la pro- vince de Beira , fur le Mondcgo , fameufe par fon univerfité. Long. g, 40;lat.^o, lo, COIN , f. m. ( Méchan. ) eft la dernière des cinq puiiTances ou machines fimples. V. Puissances mechaniques. La forme du coin eft celle d'un prifme triangulaire \ on en voit la forme dans la^^. 59 de la méch. L'angle que forment en D la face ^ G du. coin &C celle qui lui eft oppofée , s'appelle la pointe ouïe tranchant du coin : le plan C s'ap- pelle la bafe ou la tête ; ôc la hauteur , qu'on appelle auffi axe du coin , eft la diftance de l'angle D au plan C; ^ Z> eft la longueur. Les anciens auteurs font partagés fur le principe de la force du coin. Ariftote le re- garde comme deux leviers de la première efpecc inclinés l'un à l'autre, & agilîant dans des direétions oppofées. Guido-Ubaldus , Merfenne , veulent que ce foit un levier de la féconde efpece : mais d'autres prétendent que le coin ne fauroic en aucune manière fe réduire au levier : d'au- tres rapportent l'adion du coin au plan in- cliné , & il y a des auteurs qui n'attribuent prefque aucune force au coin, ôc croient qu'il n'agit guère que proportionnellement à la force appliquée fur le mailler qui le poufle. On verra, par les propofitions fuivantes, que ces derniers auteurs fe trompent j ôc à l'égard de l'analogie prétendue du coin avec le plan incliné , ou le levier , ou la vis, &c. cette analogie n'eft capable que d'in- duire en erreur fur fes propriétés ; ôc la meil- leure manière d'en déterminer les effets , eft de les examiner d'une manière directe, fans rapporter le coin à aucune des autres machi- nes finiples. Kkk z 444 COI La théorie du coin eft contenue dans cette propcficion : " la puiflàncc appliquée au co//z y, dans la direcVicn C D {planche de la mè- ^, chanique,fig. 53), perpendiculaire à AB, >, doit être à la réfiftance dans la raifon de j, ABaBD y afin qu il y ait équilibre : „ ou bien encore : " ii la force appliquée fur 3, la tête du coin eft à la réiiftance à fur- 3, monter comme répailfeur du coin eft à ,j fa longueur , la force fera égale à la ré- 3, iiftance , & la vaincra pour peu qu on 5, l'augmente. „ Cela eft très-aifé à prou- ver par le raifonnement fuivant ; imaginons la force fuivant CD décompofée en deux autres perpendiculaires aux cotés DA , DB du coin , & qui doivent être égales à la réfiftance du bois , puifque c'eft par ces deux forces que la puilTance qui agit fuivant CD tend à écarter les cotés du bois. Or for- mant un parallélogramme fur ces trois for- ces , on verra qu'il eft divifé par la ligne CD en deux triangles ifoceles femblables à BAD; d'où il s'enfuit que la diagonale de ce paral- lélogramme qui repréfente la force fuivant CD, fera au coté du même parallélo- gramme qui repréfente la force perpendi- culaire à ^Z> ou la réfiftance comme AB eft à 51?. Donc la force fera plus petite ou pkis grande , ou égale à la réfiftance , félon que Z4 B fera plus petite ou égale y ou plus grande que A B. Au rerte , nous fuppofons ici que les côtés BD 3 AD du coin s'appliquent exadement C 0 ï aux côtés de la fente ; s'ils ne s'y appliquoienr pas, il faudroit décompofer la force fuivant CD en deux autres perpendiculaires aux côtés de la fente , &c le rapport de la diago- nale aux cotés indiqucroit le rapport de la force fuivant CD à la réfiftance. Voyez la méchaniqiie de Varignon. On rapporte au coin tous les inftrumens à pointe 6i. à tranchant, comme couteaux, haches , épées , poinçons , ùc. En effet , tous ces inftrumens ont au moins deux furfaces inclinées l'une à l'autre, & qui forment tou- jours un angle plus ou moins aigu entre elles. De plus , comme c^eft l'angle qui eft la par- tie eflentielle du coin , il n'eft pas nécelTaire qu''il foit formé par le concours de deux plans iculs. Les clous qui ont quatre faces qui aboutiflent à une même pointe , les épin- gles , les aiguilles , dont la furface peut être regardée comme un aflemblage de plans in- finiment petits qui fe réuni lient à un angle commun , font auffi l'office du coin^ ôc doi vent être confidérés comme tels. Enfin, parmi ces fortes d'inftrumens qui agifTent comme des ceins ,{1 y en a aufïi qui agiflent comime des leviers. Tels font les couteaux, qui font à la fois des coins ôc des leviers de la première efpece , dont le point d'appui eft entre la réiiftance &c la puiflance. Noll. lecî.phyf, (O) {a) Coin {le) la tête de roRc cii l'em- BOLON ; c'étoit , félon M. le chevalier de Folard, une certaine difpofition de troupes dont les anciens fe fervoientdansles armées. (^) Coin , (Art milit.) Les Grecs avoient deux fortes de crinsi l'un dont on fiifoit ufige dans la cavalerie, & l'autre dans Pinfantcrie. Les Scythes & les Thraces rangeoienc leurs efcadrons en forme àe coi.'t. Les Macédoniens fuivoient aufîi la même méthode : ils la tenoient de Philippe, qui paffe pour en être l'inventeur. Le coin étoic proprement la moitié du lofange C Voy. ce mot & la^^. lo de nos pi. milit. taHtque^ des Créa dans lefuppl. des pi. ) & formoit une efpece de triangle. On cbfervoit , en le formant , la même proportion que dans le lofange ; il n'y a voit qu'un feul cavalier .i la tête , trois au premier rang, cinq au fuivant, c^r. ainfi fucceflîvemeni jufqu'au dernier. A cette difpolition, on en oppofcit une aBt;e qu'on appellcit la tennille^ parce que fa figure reflemble à la lettre/^ relie fe formoit d'un corps de foldais bien feirés, qui recevoient le coin , & l'enfermoient de deux côtés. Aguthias rapporte que , dans la bataille du Cafilin , toute l'armée des francs étoit ordonnée ert manière de coin. tl!e formoit , dit-il , une mafle épaifTe , condenft'e , toute cosverte de boucliers , & qui diminuant infenfiblement depuis fa ba(e , ne préfentoit plus enfin, par ù partie antérieure, qu'un front afTez étroit. Ses ailes qui s'allongeoient en arrière , comme deux jambes , étoient coinpo- iées de files étroites, unies & ferrées dans toute leur profondeur; & s'écartant peu à peu l'unede l'au- tre , finilToienr par lailler entr'elles un fort long intervalle ; de forte qu'on y voyait à découvert les épaules oppofées des foidats i car ceux des deux ailes fe tournoient mutuellement le dos en combat- tant ; parce que , n'ayant point d'armure qui les couvrît dans cette partie , elle fe iiouvoit <û quelque façon défendue par leux double oppolùion. (^^ COI Quelques auteurs prétendent que l'embo- lon étoit un arrangement difféient du coin, cuneus , ou de la tête de porc , caputporci- num : mais M. de Folard , comme dit un iournalifte , démontre que perfonne de ceux qui ont parlé de Tembolon , du cuneus &c de la tête de porc, n'a fu ce que c'étoit ; & il fait voir allez probablement que ces diver- fes ordonnances dont on a dit tant de mer- veilles , n'étoient autres que la colonne. Bi- èlioth. raifon. torrn VI. Voyei^ Colonne. Vegece définit le coin une certaine difpo- fîtion de foldats qui fe terminoit en pointe par le front , & qui s'élarglifoit à la baie ou à la queue. Son ufage étoit , dit cet auteur , de romipre la ligne des ennemis , en faifant qu'un grand nombre d'hommes lançaflerr leurs traits vers un même endroit. Il dit aufli que les ioldats appelloient cette difpofition de troupes tête, de porc , caputporcinum. Sui- vant cette définition le coin n'étoit qu'un triangle ; m.ais M. de Folard prétend qu'il n'en avoit pas la figure , & qu'on donnoit ce nom à un corps de troupes de beaucoup de profondeur & de peu de front, c'ef t-à-dire à des troupes rangées en colonne. Il prouve aufïi que chez les anciens le terme de cuneus ne fignifie pas toujours une figure triangu- laire , mais une cohorte , cohors. Voye^^ Co- horte. " Tacite, mœurs des Germ. dit que les Al- lemands s'arrangent enferme de coin : mais on voit bien que par ce terme (dit M. de Folard; il ent nd une cohorte , parce qu^il l'oppofe à turma , c'eft-à-dire, à l'efcadron. J'ai remarqué , continue le commentateur de Polybe , que les Grecs qui ont écrit des guerres des Romains, fe fontfervis du terme à'imbclon ; lorfque les latins ont employé celui de cchcrs dans le détail des mêmes opérations. Tite-Live qui a copié Pclybe prelque par-tout , a pris (ouveiit l'embolon pour un triangle , lorfque por ce mot Thii- torien grec entendoit cohorte. " Elien, dans fcn /ivre de la d/fcipli ne mili- taire des Grecs , prétend , ainiî que Vegece, que le cuin étoit un triangle j M. de Folard infirmée fon tém.oignage de cette manière : « fi Frontin , dit cet auteur , qui étoit un la- vant homme de guerre , me diloit que le coin étoit un triangle , je le croirois plutôt qu Elien, Vegece éc tant d'autres, il ne faut C O I 44.T pas douter que le terme de cuneus n'ait trom- pé ces auteurs. Ehen ne dit-il pas qu'Epa- minondas avoit comibattu en ordre trian- gulaire à Leudres ; ce qui eft manifcfte- ment faux. Je parierois qu'Elien n'avoit ja- mais lervi ; & s'il étoit vrai qu'il eût fait la guerre , il en railbnnoit très-mal. »» " Je ne laiflèrai pas , dit M. de Folard, la :ête de porc , que je ne la voie coupée ôc féparée de fon corps. Ammien Marcellin , qui eft bien de ce temps-là , & qui en parle, me fournira le couteau. Bien loin de dire que ce fut un triangle , il fait voir au contraire que c'eft un corps fur beaucoup de hauteur &: peu de front. Dans la guerre de l'empe- reur Conftantius contre les Lim.igsntes , qui étoient une race d'anciens efclaves qui avoient chaflé leurs maîtres ( les Sarmates ) de leur pays 5 ces efclaves ayant été attaqués & enveloppés par Parm.ée romaine , fe fer- rèrent en un gros bataillon , s^ouvrircnt un paflage à travers les légions , & pénétrèrent jufqu^à Pendroit où étoit l'empereur, tant le choc de cette mafiTe d'infanterie , unie & ierrée, étoit redoutable. Les foldats, dit Ammien , appellent cç\:à faire la tcte de porc ^ Ce n'eftdonc pas un triangle , mais un corps rangé fur une extrême profondeur & peu de front. » Traité de la colonne par M. le che- valier de Folard. ( Q) Coin de mire , eft , e/z terme d'artillerie y un coin dont on fe fert pour élever la culalîe du canon & pour le pointer. Voye^^ de ces coins , pi. Vide l'art militaire ,fig. 6. (Q) Coin , C Architeclure. ) eft une elpece de dé coupé diagonalement fuivant le rampant d'un efcalier , qui fert à porter par en bas des colonnes de niveru , & à racheter par en haut la pente de l'entablem-ent qui fou- tient un berceau rnmpant,commeàl'efca- lier pontifical du Vatican, Ces coins font aufiTi le même effet aux bail! lires ronds qui ne font point inclinés iuivant une rampe , comme à l'efcalier du palais royal. On peut aullî donner ce nom aux deux portions d'un tympan renfoncé , qui portent les corniches rampantes d'un fronton , comme on en voit au fronton cintré du por- tail de S. Gervais à Paris. (P) Coins , en terme de diamantaire , ce font des faces angulaires qui féparent les bifeaux. 44^ C ^ ^ de font du brillant quatre par Tes quatre bi- feaux , un quarré arrondi. V. Biseau & Brillant. Coin , en terme de boutonnier , c elt 1 en- droit par où Ton commence un bouton aux pointes ; &: comme il y a quatre pointes , il eft clair qu'il doit y avoir quatre coins dans un bouton. Les premiers tours de ces points ne font pas ondes. Voye:j^ Ondes. Dans un bouton de trait ou glacé , ils font toujours de file, & lont comme autant d'attaches pour coudre le bouton fans l'en- dommager. . ^r A- A 1 Coin , {Fauconnerie. ) le dit des plumes qui forment les côtés de la queue de loi- feau ; il y a les deux premières , les deux fécondes , ùc. de chaque coin ; cette déno- mination ne cefle qu aux deux du milieu qu'on appelle les couvertes. Coin ou couteau de bois , (Jardinage.) cet Inftrument fert à détaler le peuple au pié de fleurs qui en ont trop , & dans la greffe à ouvrir la fente que le couteau n'a fait que commencer. Coins : on nomme ainfi, dans l'Impri- merie , nombre de petites pièces de bois de chêne , taillées de fept à huit lignes d'épaii- feur , de façon que l'un des bouts foit plus large que l'autre de quelques lignes. Ces coins iont de grandeur différente , & fer- vent , avec le (ecours d'un marteau , à ferrer' la forme dans le chaiTis , de façon qu'on peut la lever de defliis le marbre , la defcendre , la tranfporter ou la laifler fur champ , mais adoffée à quelque chofe de Coin , (Lutherie) on appelle ainli , dans la fadture des orgues , un petit morceau de bois , de forme conique , tronqué & coupé en deux par un plan qui pafle par l'axe , dont on le fert pour boucher le trou que l'anche & la languette des jeux d^anches laiffent dans la noix. Ce coin doit entrer dans la noix après que l'anche & fa lan- guette font placées. La face plate du coin tournée vers la languette , on le chaffe à force pour qu'il affermiffe l'anche & fa languette dans la noix , & qu'il achevé de boucher entièrement fon ouverture. Voyei;^ Trompette. s /. , , Coins, (Maréchallerie.) fe dit des quatre dents du cheval fituécs entre les mitoyennes C O I Se les crocs , deux deflus 5c deux dclTous , qui poullènt lorique le cheval a quatre ans 6c demi. Voye:(^ Croc. Coins, fe dit aulïi des quatre angles, extré- mités ou lignes de la volte , lorfque le che- val travaille en quarré. Ce cheval a fait les quatre coins, a travaillé fur les quatre coins. Voye:(_ Travailler , Volte. Entrer dans les coins , terme de manège. Voye^ Entrer. CoiNS^e chantier , {Marine.) ce font des coins que l'on met entre les tins ëc la quille , lorlqu'on la pofe lur le chantier : quand on veut lancer le vaiffeau à l'eau , on chalTe ces coins à coups de bélier •■, on les met ordinai- rement à cinq ou ilx pies de diftance les uns des autres. {Z) Comsd'arrimage, {Marine.) ce fontceux qu'on met entre les futailles en les arrimant, afin de les empêcher de rouler. {Z) Coins de mat , {Marine.) ce font de certains coins de bois qu'on fait de bouts de jumelles ; ils tiennent de leur rondeur ôs: de leur concavité , &c fervent à reflerrer le mit lorfqu'ii eft trop au large dans l'étambraie du pont : ces coins font traverfés de che- villes de fer. (Z) Coin y {à la monnoie. ) Les coins s'appel- lent aujourd'hui matrices ou quarrés. Voye:^ Matrice. On fe fervoit de ce terme dans l'ancien monnoyage. Coins de cheveux, terme de perruquier; ce font des trèfles de faux cheveux , dont les hommes fe fervent pour augmenter l'épaif- feur ôc la longueur de leurs cheveux natu- rels , en les ajuftant au deflus des oreilles au moyen d'un fil. Coins , {Relieurs.) outils de relieurs- doreurs , ornemens de livres ; les outils fon- dus font de cuivre &c figurés en triangle ; la queue en eft un peu longue , afin de fer- vir à des volumes de différente grolîèur ; on en a deux , l'un grand &c l'autre petit : on poufl'e les coins à quatre fois , fur le dos des livres , dans les entre-nerfs , pour garnir les côtés des bouquets. Fbje:(_ Dorer. Coins , terme de rivière. V. Voussoirs. ■* Coins , ( Tablett. ) fe dit d'efpeces de petites armoires ou tablettes qui fe placent Idans les angles des appartcmens. Ceux qui fe fufpendent en tablettes , font d'une mc- nuiferie ou d'un bois de marqueterie léger; CO I l'angle que forment les côtés eft: égal à celui que forment les murs ; la face antérieure en eft cintrée ; la partie inférieure fe ferme à porte & à ferrure ; la fupérieure eft ouverte & iert à placer des morceaux de porcelaine. Ceux qui fe placent à terre & font à pie comme les commodes , font aflez fbuvent couverts de marbres & décorés d'ornemens en cuivre doré , la partie antérieure en eft aulTî cintrée, elle eft divifée en deux ou trois parties , fermée à ^extérieur par autant de ferrures & de portes. Ces meubles font de nouvelle invention. Coin, au tricîrac ; qui dit fimplement le coin j entend le coin de repus ; ainii nommé parce que le joueur eft moins expofé quand il s'eft emparé de ce coin ; c'eft toujours la onzième café , non compris celle du tas des dames. Une des règles les plus fûres , c'eft de le prendre le plutôt qu'on peut , &: d'avoir pour cela des dames fur les cafés de quine éc de fonnez. Voye-;^ Coin Bourgeois. Le coin de repos fe prend par puiflanceou par effet ; dans le premier cas , lorfque celui contre qui l'on joue n'a pas le iien , & que du dé que vous am.enez vous pouvez mettre deux dames dans fon coin , ce qui ne fe iàit point : on n'empêche point fon adver- faire de faire fon grand jan, quoiqu'on en ait la puiflance , il eft plus avantageux de prendre fon coin. On le prend par effet lorsque de fon dé on a deux dames qui battent fon propre coin. Comme on ne peut ie laifir de fon coin qu'avec deux dames , les règles du jeu ne permettent pas au fïi qu'on le quitte fans les lever toutes deux enfemble. Qui s'empire de Ton coin par effet , n'eft plus en droit de le reprendre par puifîance ; il celui co'itre qui l'on joue s'eft faiiidu fien , cette pui (Tance eft. ctée. Coin bourgeois , nu trictrac y fe dit encore de la café de quine & de fonnez, Vi-ye^^ Quine & Sonnez. Coin , fè dit encore en un grand nombre d'autres circorift.mces , dont nous ferons mention lorfque l'occafion s'en préfentera. Il y a chez les tabl-etiers àt%coins. Il y en a de gros , de petits & de moyens dans les grofî'es forges. Les ferruriers ont des coins fimples & à talon , £'c. mais tous ces inftru- me;îs font aiiifi nommés de leur forme fem- C O 1 447 blablc à celle du coin machine de mécha- nique , &: de leur ufage qui n'en diffère pas. coïncidence , f. f. en Géométrie , fe dit des figures , lignes , ^c. dont toutes les parties fe répondent exadement lorfqu^elles font pofées l'une lur l'autre , ayantlesmcmes termes ou les mêmes limites. La coin'idence défigne donc une égalité parfaite , c'eft-à-dire que les figures ou lignes entre lefquelles il y a coincidence , font égales &c fembiables, V. Égalité & Semblable. Euclyde , & prefque tous les auteurs géo- mètres à fon exemple , démontrent un grand nombre depropofîtions élémentaires , par le feul principe de la coincidence , ou fuper- pofition K Superposition. (O) coïncident, adj. ( Phyf. & Méch. ) fe dit des corps qui tombent à la fois & en même temps fur une furfacc quelconque : ainfi on dit les rayons de lumière coi acide ns , pour défigner les rayons qui tombent à la fois fur une furface. On dit aufli coincident , de lignes , ou fur- faces qui coïncident. V. Coïncider. ( O) coïncider , terme de géométrie : on dit que deux lignes ou furfaces coincident , lorfqu'étant appliquées l'une fur l'autre elles s'ajuftent & fe confondent parfaitement. V. Coïncidence. (O) COINC Y , ( Géog. mod. ) petite ville de France dans le Soiitoinois. COING, {Pharm. & diète.) fruit du coignafîier. ^oje^ Coîgnassier. Le fuc de coing eft d'un goût acerbe , aftringent , ôc d'une odeur agréable ; ilpour- roit être employé comme cordial , ftoma- chique Se tonique : peut-être même feroir- il plus efficace que pluiieurs préparations ou mélanges que nous employons tous les jours au même titre , 5c même que le fyrop de coing , qui n'eft autre chofe que ce fuc cpaiffi avec une fufïifante quantité de fucre. , Quoi qu'il en foit, ce fuc eft peu ufîté dans les prefcriptions magiftrales : il fe conferve pourtant fort bien des années entières fous 1 huile , &c dans un lieu frais. K Suc & Conservation. Le fyrop de coir^, dont l'ufàge a prévalu fans doute àcaufe de fon goût agré;-!ble fur celui du fucquin'avoit pasbefbin pour être Icoi^ervé d'être affaifonné avec le fucn;. 448 COI comme nous le venons d'obferver , fe pré- pare de la façon fuivante. Prenez du fucde co/'/i^épuré&bien clair , une livre ; fucre blanc , deux livres : faites fondre le fucre à petit feu , & le fyrop aura la confiftance rcquife. Le cotignac ou gelée de coing , 6c les différentes confitures qu'on prépare avec ce fruit , ont paflé de la pharmacie aux confi- feurs. Ces différentes confitures font de bons analeptiques , dont l'ufage eft très-falutaire pour les convalefcens , & pour réveiller dou- cement le jeu de l'eftomac& des organes de la digeftion , en fourniflant en même temps une nourriture légère. On prépare quelquefois dans les bouti- ques une efpcce de gelée de coing qu^on appelle myva cydoniorum : elle fe fait avec douze livres de lue de coing, & trois livres de fucre blanc, que Ton fait évaporer jufqu'en confîftanced'un extrait mou. Ce myva ou rob de coing eft peu en ufage ; les gelées ou marmelades de coings dans lelquellesil entre beaucoup plus de fucre , lui ont été préfé- rées, pirce qu'elles flattent davantage le goût. Le mucilage desfemencesdeco/Vz^extrait à froid , ou à un léger degré de chaleur , avec Peau commune ou quelqueeauophthal- mique, comme celle de rofe , de fenouil , fournit un excellent remède contre lesoph- thalmies. Le fuc de coing entre dans le fyrop d'ab- /ynthe compofé , le fyrop émétique , & le fyrop de jujubes ; fa chair confite entre dans les tablettes diacarthami. ( /5 ) COIPA , f. m. ( Hifi. nat. bot. ) nom Brame d'une plante du Malabar , fort bien gravée , avec la plupart de fes détails , par Van-Rheede, dafts fbn Hortus Malabari- cusy volume X, planche ZXVII , page Zjj , fous le nom de pee-coi^a. C''cfl; une herbe à racine vivace , blan- châtre , ligneufe & fibreufe , longue defix pouces fur trois lignes de diamètre , couron- née par fix à huit tiges cyHndriques, Uflès , étendues fur la terre comme autant de rayons , rougeâtres , d'une ligne au plus de diamètre. Les feuilles font oppofées deux à deux , non pas en croix , mais fur un même plan , elliptiques , pointues aux deux extrémités , COÎ longues d'un pouce , deux à trois fois moins larges , entières , épaiiles , un peu ondées , communément vertes , quelquefois rougeâ- tres , hfles , luifantes , relevées en deflbus d'aune cote longitudinale , fans nervures , Se attachées horizontalement aux branches, fans aucun pédicule : les deux feuilles ter- minales font fouvent alternes , ou au moins y en a-t-il quelquefois une alterne dans celles qui doivent porter une tête de fleurs. Chaque branche eft terminée par unetcte fphérique , quelquefois fefTile entre deux feuilles oppofées ; mais pour Pordinaire por- tée fur un péduncule cylindrique , égal à fà longueur , qui eft de cinq à fix lignes , com- polee de quinze à vingt fleurs , blanc-rou- geâtres , feiïiles , contiguës , liftes , luifantes, longues de trois hgnes au plus, ouvertes fous un angle de quarante-cinq degrés. Chaque fleur eft hermaphrodite incom- plète, pofée autour de l'ovaire. Elleconiîfte en un calice à huit feuilles , roux-pâles donc deux extérieures font pliées ; en cinq éta- mines droites réuniesen cylindre par le bas de leurs filets , à anthères rouges entourant un ovaire fphérique, verd-blanchâtre, termi- né par un ftyle blanchâtre , à deux ou trois ftigmates. L'ovaire en mûriflant devient une capfule fphéroïde , membraneufe , blanche, longue d'une hgne, à une loge ne s'ouvrant point , & contenant une graine lenticulaire , noire , luifante , attachée verticalement à fa partie inférieure. Culture. Le coipa croît au Malabar dans les fables. Qualités. Son goût eft herbacé. Ufages. Les Malabares l'emploient feulc-i ment pilé dans le lait de vache , avec le beurre & le (àntal , pour en frotter les tem- pes dans les délires. Remarque. Il eft facile de voir par ces caractères , que cette plante , qui n'a encore été déterminée ni clauée par aucun botanif. te , appartient au genre du coluppa , qui fe range naturellement dans la famille des ama- ranthes , où nous l'avons placée. Voye^rios Familles , volume II , page %68. ( M. Ad AN SON.) COIRE , ( Géog. mod. ) grande ville de Suifle , capitale du pays des Grifbns , près du Rhin. Long. 2.7, 8 ; lat, 46* , ^o. COÏT, CO I COIT,r.m.(Py^yM & Hygiène.) ex- prefTîon dont les médecins fe lervent allez communément comme fynonyme à ces au- tres façons de parler honnêtes , acie vénérien, copulation charnelle , acIe de la génération. Fbye:^; GÉNÉRATION, Mariage (iWeV.) , & Virginité {Médecine. ) COITADE,r. m. {Hijî. nat. Ichifiyo- log. ) poiflTon des iltrs Moluqucs , très-bien gravé & enluminé fous ce nom , par Coyett, au n°. J^ de la première partie de Ton Re- cueil des pojfonsd'Amboine. Il a le corps extrêmement court , très- comprimé par les cotés , pointu vers la tête, à peine de moitié plus long que large, la tête, la bouche & les yeux petits. Ses nageoires font au nombre de fept; fàvoir deux ventrales très-petites , menues , placées au-defïbus des deux pectorales , qui font quarrées , médiocrement longues , une dorfale fort longue , plus balle devant que derrière , & une derrière l'anus , un peu plus longue que profonde : celle de la queue cil tronquée comme quarrée : de ces nageoires deux font épineufes ; favoir la dorfale , dont les huit rayons antérieurs font fîmples, pi- quans , & Tanale qui en a deux pareillement piquans. La couleur de Ton corps cfl: jaune , mar- qué de deux bandes rouges , longitudinales fur chaque côté , & trois bandes vertes , dont une fur le dos , une fous le ventre , & une fur le milieu de chaque côté : la tête eft bru- ne , les nageoires pectorales font vertes, celles du ventre & de la queue iaunes , celles du dos & de l'anus rouges , excepté les rayons épineux, qui font réunis par une membrane verte & rouge : la prunelle des yeux noire , entourée d*un iris rouge. Moeurs. Le coitade fe pêche communément dans la mer d'Amboine , autour des rochers. Remarque. Ce poilîon eft une efpecc du dou wing qui forme un genre particulier dans la famille des fpares. (M. Adanson.) COITTES , COITES , f f. pi. {Mar. ) ce font deux longues pièces de bois qu'on met parallèles (bus un vailîeau , pour le por- ter & le foutenir quand on veut le tirer du chantier pour le lancer à l'eau. V. Colom- biers. ( Z) CoiTTEs DU guindas , {Marine.^ ce font deux pièces de bois épaiil'cs, ou deux Tome VIIL .} COI 449 billots frappés fur le pont , qui fervent à- appuyer les bouts du guindas, & fur lef- quelles il tourne horizontalement. Quelque- fois on emploie pour cet ufage deux gros madriers qui fe joigiaent aux bordagcs du vaillèau. ( Z ) COJER, f m. {Hiji. nat. Ichthyolog.) nom que les habitans des Moluques donnem: à un poiflon qui a été fort bien gravé & en- luminé par Coyett , fous le nom de cojer laudt y au /2^.54 de la féconde partie de fon Recueil des poijfons d'Amboine. Il a le corps elliptique , alfez court , très- comprimé par les cotés, pointu vers la queue, obtus vers la tête , &c prefqu'une fois plus long que profond ; la tête grande j la bouche & les yeux petits. Ses nageoires font au nombre de fept ; favoir deux ventrales petites au delïbus des pedtorales qui font triangulaires,une dorfale allez longue,alï^iîégale en hauteur devant S>c derriere,une derrière l'anus, un peu plus lon- gue que profonde , & une à la queue , four-; chue jufques vers le milieu de fa longueur. La couleur de fon corps eft bleue fous le ventre , jaune fur le dos , & les côtés qui ont chacun deux lignes bleues obliques , & neuf autres lignes qui s'étendent comme autant de rayons autour des yeux : fes nageoires font jaunes-, la prunelle des yeux eft blan- che , entourée d'un iris rouge. Moeurs. Le coj'er eft commun autour des rochers dans la mer d'Amboine. Remarque. Ce poilïbn forme un genre particulier dans la famille des fpares. ( M. Adanson. ) CO JUSTICIERS , C m. pi. {Jurifp. ) font plufieurs feigneursqui ont un droit de juftice commun cntr'eux. Ce droit en lui- même ne peut fe partager quant à l'exercice, mais les profits peuvent fe partager entre les co~JuJiiciers. Voye[ Haute-Justice & Justice. (A) COKENH AUSEN , ( Gécg. mod. ) ville forte de Suéde en Livonie , fut la Dwina. Long. /^2 y 2-^y ^^^' 5^i 40. COL , voyei^ Cou. Col , ( Géog. ) c'eft le nom qu'on donne en géographie à plufieurs palfages étroits, entre des montagnes. Col, f. m. partie de notre ajuftement ; c'eft un morceau de toile très-fine , garnie 45© COL par Tes deux bouts de deux autres morceaux de toile plus grofle , à l'aide deiquels &c d'une boucle ou d^une agrafe , on fixe cet ajufte- ment autour du cou fur celui de la chemifc. Si Ton Te Tert d'une boucle , il ne faut des boutonnières qu'à un des bouts du co/; mais l'autre bout doit être plus long, afin depou- voir boucler commodément. Si c'eft une agrafe, il faut des boutonnières aux deux bouts , où les attaches des deux parties de l'agrafe foient reçues. Col , ( Géog. mcd. ) île d'EcofTè , l'une des Wefternes , dans l'Océan. Long, ii ; lat.^j. COLA , f. m. {Bifl. nat. bot.) Lemery dit que c'eft un fruit de Guinée delà grofleur d'une pomme de pin , contenant lous Ion écorcedes fruits femblables à des châtaignes, où font renfermées quatre petites noifettes rouges ou rougeâtres, 6^roduit par un arbre. V. dans cet auteur fjpdétail des pro- priétés, fur lefquelles il ne faut compter qu'à proportion de la connoiflance des carafteres de la plante ; ce doit être une loi générale pour tout article de botanique. COLAERISME, fub. m. {Hifi. anc.) danfe des Grecs, qu^ils avoient priie des Thraces. C'eft tout ce qu'on en fa't. * COLACHON , f. m. inftrument de înufique qui n'eft plus d'ufage': il n'a que trois cordes , quelquefois deux ; il a quatre à cinq pies de long 5 l'accord à vuide en cft d'o6bave en quinte , quoiqu'il y ait d''autres manières de l'accorder : il a la forme du luth : fon manche eft & doit être fort long : car il faut compenfer par la longueur des cordes , ce qu'on n'a pas du coté du nom- bre : ceux qui n'ont que deux cordes , les accordent à la quitte. Il y en a qui font la table du colackon m.oitié de bois , moitié de parchemin \ le P, Merfenne ajoute qu'on la pourroit faire de verre & d'autres matières, mais qu'il vaut mieux qu'elle foitae fapin. Le colachon a été inventé en ItaUe. V. le P. Merfenne, Uv. II ^ page 100. coLAGE ou (Collage , f. f. {Jurifp:) 4ans la coutume de Châteauneuf en Berri , A, iij , arï. 5 , eft un droit que le feigneur levé fur fes habitans qui ont des bœufe avec Içlquels ils labourent la terre. Ce droit eft de ^fbus parifis par couple de bœuf. M. de iauriete en ion glcjfaire 3 prétend que ce COL terme vient de cokre , qui iîgnifie cultiver; qu'ainli on doit dire feulement calage , &c non collage : mais ne peut-on pas dire aufti qu'il vient de colla boum , & qu'il a été ainii nommé parce qu'on le paie pour les bœufs qui font Ibus le joug. C'eft la même chofe que le droit de carnage. V. Corhage. {A) § COLANGÈS ou COULANGES-LES - VIN^EUSES , ( Géog.) Colonice-vmofiS , petite ville de l'Auxerrois, une des meilleures terres du comté d'Auxerre. Dès le douzième fie- cle , la nomination de la cureapparcenoir à l'abbefie de S. Julien. Au comm^encemenc du treizième iîecle , les comtes de Joigny en étoient feigneurs. Le comte Jean expli- qua les privilèges des habitans en 12.79. Philippe de Sainte-Croix , évêque de Ma- çon , qui en étoit feigneur en 1 377 , y fondai un hôpital. Le roi y unit la maladrerie de S. Cyr , de Mailly-la-ville en 1 697. Le château quatre fut bâti en 1 571 : c'é- toit un bel ouvrage , qui depuis a été rafé , il y a un peu plus d'un fiecle. L'égUiè paroiiTiale, tombée en 173 1 , a été rebâtie à neuf: elle eft belle , vafte & très-claire; elle fut confacrée par M. de Caylus en 1741 , fous le vocable de Saint Pclegrin , l'apotre de PAuxerrois. Deux écoles gratuites, Pune pour les gar- çons , & l'autre pour les filles, & une fila- ture de coton , ont été établies par le zèle bienfaifant du curé aduel. Le territoire ne produit pas du blé pour fix femaines ; mais il eft très - abondant en vm ; Henri IV en faifoit ufàge ; il y a 1 1 1 0 arpens de vignes qui peuvent don- ner par an , communément 7 a Soco feuil- lettes : on y compte 340 feux, & environ I OGO communians. Le défaut d'eau a été caufe que cette ville a été brûlée plufieurs fois, entre autres le 1 1 mai 1676. Dès 1 5 1 6 , on avoit tâché d'y faire venir l'eau , mais inutilement : enfin , en 1705, M. d'Aguefleau , procureur - général , depuis chancelier , qui en étoit feigneur , y envoya Couplet , ingénieur , qui a trouvé le fecret de fcuirnir cette ville d'une eau qui coule continuellement : en reconnoiflànce , on fit graver cette iirfcription ; Non erat ant} fiuens populis jitientibus unda : Afi dédit œternas arie Cupktus aquas. La devife reprélenue un COL MoiTe , qui rire de l'eau d'un roclier , entouré de ceps de vigne , avec ces mots , utib dulci. Coulanges a donné deux évêques à l'églife de Nevers , tous les deux Jacobins , Mau- rice de Coulanges en 1 581 , & Philippe Fro- ment Ton neveu , en i ;94.C'cfl:àirançois Rou(Teau, né à Coulanges, que nous devons l'invention de la cire d^bfpagne. Il vivoit fous Louis XIII & i ,ouis XiV. Romual le muet, provincial des frères de la chanté, habile mathématicien , mort en 1 7 j 9 , étoit auflî de Coulantes. ( C) COLAO , Cm. ( Hifl. mod. ) ce font des officiers qui ont à la cour de Pempcreur chi- nois les fondions qu'ont ici les miniftres d'état. COL ARBASIENS , f. m. ( H/yf. eccUf, ) hérétiques ainii nommés de leur chef Colar- ^~'" qui vivoit dans le ij fieclede l'églife )aie & étoit lui-même difciple de l'héré/iarque Valentin. Aux dogmes éc aux rêveries de 'on maître, Colarbaie avoir ajouté que la gêné ration & la vie des hommes dépendoient des fept planètes; que toute la perfection & la plénitude de la vérité étoit dans l'alphabet grec j & que pour cela Jefus-Chrift étoit nommé alpha & oméga. Baronius& Philaftre ont confondu ce Colarbafe avec un autre hérétique appelle Bajfus ; mais S. Auguftin, Théodoret , ùc. les regardent comme deux personnages diffirens. Les Colarbafiens croient une branche des valentiniens. V'oye-;^^ Valentiniens. s. Irenée, TertuUien , ont auifi parlé de Colarbafe & de Tes difciples. Dupin biblioth. des aut. eccléf. M. Fleury, ecclé^. hijl, tome I. (G) COLARIN, r.CciNTURE & GORGERIN. COLASSO , f. m. ( HiJÎ. nat. Botan. ) plante du Malabar , ainfi nommée par les Brames , & très-bien gravée avec la plupart de fes détails , par Van-Rheede , dans fon Hortus Malabaricus y volume II, planche LXVy page 8j , fous le nom de bahelfchulli qui lui eft commun avec une autre plante qui a été décrite fous ce nom. J. Cemraelin dans fes noces l'appelle genijla , fpinofa ma- jor y longioribus aculeis ; & M. Linné , baleria i longifolra , fpinis verîicillorum fe- nis , f^liis enjiformibus longijfimis fcabris ; Syfîema naturœ , édition i z , imprimé en COL 45 £ C'eft un ^us- arbrifleau , dont la racine ligneufe , blanchâtre y longue de cinq à (rt pouces, fur cinq à fix lignes de diamètre, tres-ramifiée à fon origine , jette une tige ramifiée dès fon origine , en deux à trois branches alternes , longues d'un pié & demi à deux pies , fur trois lignes de diamètre, écartées fous un angle de 30 à 40 degrés aii plus , quarrées , comprimées & (iilonnées alternativement de deux cotés oppo'es fur chaque articulation , vertes & rougeâtrcs , femées de poils longs , blanchâtres, à bois^ blanc j à centre charnu , verdâtre. Les feuilles font oppofées deux à deux en croix , elliptiques , pointues aux deux extré- mités , longues d'un pouce & demi à deux pouces , quatre ou cinq fois moins larges , ondées lur leurs bords , légèrement rudes par les poils longs , blanchâtres , dont elle* i'ont femées , verd-rougeâtres , relevées en deflous d une cote longitudinale , blanchâ- tre , ramifiée de quelques nervures peu ^t\\^ fîbles , & attachées fans pédicule aux tiges horizontalement ou pendantes , & courbées en bas en demi-cercle. De l'aiiTelle de chaque paire de feuilles, il fort quelquefois deux ou quatre autres feuilles, qui font les bourgeons ou commen- cement d'autres petites branches, & tou- jours iix épines oppofées trois à trois, co- niques , fort peu plus courtes qu'elles , bru- nes, ligneufes, très-dures, un peu courbées en bas. De la même aiffelle de chaque feuille Ibr- tent encore huit fleurs felliles , violet-bleuâ- tres ou purpurines , égales aux épines. Chaque fleur eft hermaphrodite , mono- pétale , complète, irréguliere, po^éc au- tour d'un disque un peu au dellous de l'oraire. Elle conlîfte en un calice, periiftant à quatre feuilles triangulaires, étroites poin- tues , verd-rougeâtres ; quatre à cinq fois plus longues que larges , une fois plus cour- tes que la corolle qui eft monopétale, à tube court , partage en deux lèvres écartées preC- qu'horizontalement , dont la fupérieure a deux divifions, ôcl'inf'^ricure trois divisions: quatre écamines blanchâtres, épaiftès, rap- prochées deux à deux , & à anthères bleues , s'élèvent du haut du tube , & vont fè cacher , fous la lèvre fupérieure de la corolle .-l'o- vaire s'élève dadeflusd'undifquejaunâtrc> LlU 451 C O L qui fait corps avec lui : il cft ovoïde , verd- clair , & porte un flylc blanchâtre , aulli long que les étamines , terminé par deux ftigmates hémifphériques. L'ovaire en mûriilànc devient une capfule ovoïde , pointue à l'extrémité , longue de iix lignes, deux àtrois fois moins large, d'abord Verte , enfuite roufsâtre , enveloppée par le calicequieftun peu plus long , à deux loges s'ouvrant élaftiquement en deux valves par- tagées par leur milieu , en une cloifon longi- tudinale : chaque loge contient trois, à quatre graines , elliptiques , brunes, longues d^une ligne , d'un tiers moins larges , attachées ver- ticalement par leur partie inférieure. Culture. Le colajfo croît au Malabar dans les terres fablonneufes , mais argilleufes en même temps , qui retiennent l'eau. Variétés. Il y en a une variété , que Van- Rheede dit être une autre efpece , dont les tiges & les feuilles font verd-claires , &c non rougeâtres. Se les fleurs blanches tirant fur le bleu. Ufages. La décoélion de fa racine fe boit dans la rétention d'urine , la pierre & l'hy- drepifie : pilée avec l'eau , elle fert à baflî- «er le corps, lorfqu'il eft plein d'humeurs,: fes feuilles en décoéVion & marinées au vi- tiaigre, font auffi un puiflTant diurétique : la poudre de fes feuilles fe boit avec l'huile ex- primée des fleurs du figuier d'enfer , pour diflîper les tumeurs des parties génitales. Remarques. 'LtcolaJJo eft donc différent du harleria , qui a cinq feuilles au calice , & fci corolle a cinq divifionsprefque égales fans fevres : il fut avec le coktta un genre de plante particulier , qui fe range naturelle- ment auprès de la ruellia & de l'acanthe , dans la troifieme fe^tion de la famille des perfonnées , où nous l^avons placé. Voye^^ nos Familles des plantes , volume II, p. Zio. { M. Adanson. ) COLATURE, f. iî.(P.harmac.) la cola- ïure eft proprement une efpece de filtration imparfaite , ou la féparation d'une liqueur d'avec les fèces ou les parties les plus grof- fieres, par Le moyen d'un filtre peu ferré, comme un tarais, une toile, un blanchet une étamine , ér. Cette efpece de filtration ' qui ne feroit pas affez exade pour les vueg ehymiques , fuffit pour la plupart des prépa _ tations pharmaceutinues \ elle eft même îeule COL praticable dans quelques cas , comme k>rf- que les liqueurs qu'on fe propoic de purifier par ce moyen , (ont trop épailîes pour pou- voir palier à travers des filtres plus ferrés. Le nom de colaiure eft auffi donné en pharmacieà touresliqueurspafléesou filtrées^ & c'eft même dans ce fens-là qu'on l'em^ ploie le plus communément j le nom de co- lature étant prelque hors d^ufage pour expri- mer l'opération même ou la manœuvre par laquelle ou on coule ou on pafle une liqueur trouble ; ainfi on dit , dans le langage ordi- naire pharmaceutique, dans la prefcription d'une médecine , par exemple , y du iené , de la rhubarbe concaflée , 6'c. fâites-en l'in- fuiion ou la décoébion ; paflez & diflolvez dans la colature du fyrop de chycorée , du fel d'epfom , Ê'c. (^) COLBERG , ( Géog. mod.) ville forte d'Allemagne dans la Poméranie ultérieure , à l'embouchure du Perlant , dans la mer Baltique. Long. 39 , qo ; lat.^^y l8. COLCAQUAHÙITL , f: m. plante de l'Amérique. Voilà le nom; k refte eft à connoître , excepté les propriétés , fur lef- quelles Ray s'eft fort étendu. COLCHESTER, (Céogr. mod.) ville d'Angleterre dans la province d'Eftex , fur le Cohi. long. i8 ,zz ; lat. ^î , 52-. COLCHIDE, f. ^.{Géogr. anc.) L'an- ciemie Colckide y aujourd'hui la Mingrelie, eft au fond de la mer Noire , entre la Cii- cafïie, la Géorgie, &l'Aladulie. Ce pays paflbit autrefois pour être fertile en poifbns ; de-là vient qu'Horace parle fou- vent des poifons de la Colchide, venenacolcha ou coichica. Médée , fi fameufe par fes vé- néfices, éroit de la Colchide : en falloit-il davantage pour donner Heu aux fiétions de lapoéfie? Mais ce qui n'eft point une fidiôn poéti- que , c'eft l'étrange & réelle différence qu'il y a entre la Colchide de nos jours , & cette Colchide d'autrefois ii riche & fi peuplée ; différence qui n'a point échappé à l'auteur de Te/prit des loix. " A voir , dit-il , Hv, XXI, ch. V. aujourd'hui la Colchide, qui. n'eft plus qu'une vafte forêt , oii le peuple qui diminue tous les jours ne défend fa li- berté que pour fe vendre en détail aux Turcs. & aux Perfàns; on ne diroit jamais que cette contrée eût été du temps des Romains COL pleine de villes où le commerce appelloit toutes les nations du monde : on n'en trouve aucun monument dans le pays , il n^y en a de traces que dans Pline ôc Strabon. » ( M. le chevalier DE J AU COURT. ) COLCHIQJJE, adj. { HiJÎ. nat. bot.) colchicum , genre de plante à fleur liliacée , monopétale , Tortant de la racine fous la forme d'un petit tuyau , qui s'évafe peu à peu 3c fe divife en fix parties. Le piftil fort du fond de la fleur , fe termine en petits filamens , & devient dans la fuite un fruit oblong , triangulaire & partagé en trois loges dans lefquelles il y a des femences arrondies. Ajoutez aux caradleres de ce genre , qu^il y a deux racines tu- berculeufes , dont Tune eft: charnue ôc l'autre fibreufe; elles font toutes les deux enveloppées par une membrane. Tourne- fort , injî. rei herb. Voye^^ Plante. (/) Colchique , ( Mat. méd. ) tous les mé- decins s'accordent aflez unanimement à regarder toutes les parties du colchique comme un poifon. On doit remédier aux accidens qu'il caufe à ceux qui en ont avalé , d'abord par les émétiques , fi^ on eft appelle d'aflez bonne heure, & enluite par les adoucillans , comme les mucilages , les émuhîons , les huileux , le lait , ùc. donnés' tant en lavement que par la bouche. Le bulb;î ou la racine de colchique ap- pliquée extérieurement , peut avoir quel - que ucilité , à titre de cauftique , contre les j)oreaux , les verrues , certaines dartres , pc. Sa décoction fait mourir les morpions, félon Jean Bauhin. Le célèbre VVedelius rapporte une vertu bien plus excellente de cerce racine, dans une dilfertation faite exprès fous ce titre : €xperimentum curiofum de colohico veneno , 6' alexipharmaco jimplici &" compcfito , dont M. Geoffroy a donné un extrait aflez étendu dans fa mat. méd. Wedelius raconte qu'il a toujours porté depuis l'année 1668 jufqu'en 1718, de même que plufieurs autres per- fonnes, cette racine en amulette pendue à fon cou avec un heureux fuccés , non -feuk ment dans la pefte , mais encore dajÉboutes fortes de maladies épidémiques ; K qu'il ^oit trouvé ce fecret dans une diflertation mr la peft:e univerfelle qui avoir régné en 1.637, 9,^i lui écoic tombée par luzard entre COL 453 les mains , lorfqu'il étoit chargé (en 1668;, dans une ville de la bafl'e Siléiie , où régnoic une dyflenterie cruelle, de quatre cents ma- lades attaqués de fymptomej de malignité. W cdclius & fes compagnons attachèrent à leur cou une racine de colchique en amu- lette , & aucun d'eux ne fut attaqué de la dyflenterie peftilentielle dont nous venons de parler. Cet auteur confirme l'efficacité de fon remède par plufieurs obfervations qu'il rapporte , & entre autres par l'hiftoire de deux médecins qui ayant été appelles à Hambourg pendant la pefte qui y régnoit , partirent pour cette ville après s'être mis fous la protedtion de Dieu, & s'être munis de cet amulette. Ces deux médecins réuf- firent très- bien; & la pefte étant ceflee, ils s'en retournèrent l'un & l'autre en bonne fanté. Enfin Wedelius après avoir éprouve pendant cinquante ans fon remède, qu'il diftribuoit fous le nom à'arcanum dupU^ catum catholicum , n'a pas héfité à le rendre public, comme étant un alexipharmaque contre la pefte , les fièvres ardentes , les fièvres malignes, la petite vérole, la rou- geole , le pourpre , la dyflenterie , ùc. Il faut obferver que Wedelius ordonnoit, outre ce remeder» une diète exadte , qu'il recommandoit d'éviter tout ce qui eft nui- iible , & de garder la modération dans les iix chofes que l'on appelle non- naturelle s ; ce que bien des gens regarderoient aujour- d'hui comme une aulîi bonne recette contre les maladies épidémiques, que Varcanum duplicatum catholicum TVidelii. M. Geoffroy finit cet extrait par l'explication très-judi- cieufe que Quirius Rivinus a donnée de l'opération de cet amulette , qu'il croit être fort propre à encourager le peuple & à l'empêcher de craindre la contagion : car il y a long-temps que l'on a obfervé que dans les maladies épidémiques , ifn des plus fouverains alexipharmaques étoit le cou- rage ou l'infenfibilité. (^) COLDING , ( Géog. mod. ) petite ville de Danemarck , dans le Nortjutland. Long. ÇLJ ; lat. 55 , 55. COLDINGHAM, (GfV.) petite ville de l'Ecofle méridionale, dans la province de Berwick ou de Merfe : elle avoit autrefois une abbaye fameufe , dont le domaine s'étcndoit fur toute la plaine 454 COL voi/înc , que l'on appelle Cvldingham Moor, & qui a huit milles d'Angleterre de lon- gueur. Proche de-là fe trouve fur la mer du . nord le cap Stint-Ebbe , vulgairement nom- mé par corruption faint Tabbes. (D. G.) COLDITZ , ( Géog. mod. ) petite ville d'Allemagne dans la haute Saxe, en Milhie, fur la Mulda. COLDSTREAM , ( Gêogr. ) ville de TEcoflè méridionale, dans la province de Berwick ou de Merfe : elle n'eft remar- quable que pour avoir eu un grand mo- naftere avant la réformation , & en ce qu^outre le droit de tenir marché , elle a Thonneur de donner fon nom à l'un des corps militaires qui compofent la garde du roi de la Grande-Bretagne. {D. G.) COLEOPTERES, f. m. pi. {Hijl. net. Infccîol. ) colecptera. On donne ce nom à l'une des diviiions de la clafle des inre(5tes qui comprend ceux qu'on déiîgnoit autre- fois par le nom commun de fcarabéesy le- quel eft propre à un genre. Les in{ed:es de cette famille ont dans leur état parfait le corps couvert par deux étuis, èlyira , Toit féparés, ce qui eft le plus ordinaire, foit réunis, fous lefquels iont cachées deux ailes membraneulcs; & leur bouche eft armée de deux ferres ou mâchoires pofées dans un m-me plan horizontal & mobile. Tune contre l'auire lareialement. Le corps de ces infedcs (e diyife en trois parties principales , la tête , le corceler , & le ventre ou la partie poftérieure : la tête porte des antennes, outre lefquelles on oblerve deux antennulesou barbillons pofés près de la bouche ; il n'y a que les deux grands yeux à réfeau , excepté dans quelques infe(5tes que M. Geoffroi joint à cette feftion : les jambes font ordinairement au nombre de fix , deux attachées au corceler , ôc les autres à la partie antérieure du ventre , qu'on pourroit regar- der comme un fécond corcelet ; elles font formées de quatre parties, la cuiflè, la jambe &r le pié ou tarfc formé de quelques articula- tions & terminé par des crochets. Les ailes Se les lélytres font attachés fur le dos à la m ^me partie qui porte les quatre dernières jambes, les ailes font mernbraneufes , plus grandes que les étuis fous lefquels elles fe rangent en fe repliant d^^ns leur milieu ; elles manquent à quelques efpeces : les étuis mo- 1 COL biles dans la plupart comme des ailes, font pour l"'ordinaire de confiftance éca.lleufè : dans quelques e'peces, ils font réunis en un feul, fur lequel s'obferve une future fembla- bie à celle que forment en fe touchant ceux qui font féparés. On a donné le nom décuf- Jon , fcutelLm , à une pièce triangulaire qui fe voit fur quelques cûcop-eres , placée entre les étuis, dont la bafe touche le corcelet. M. Linné borne cette fection aux inftéles à étuis cruftacés , & en fiit trente genres. M. GeolF.oi la divi'e en trois articles, dont le premier comprend ceux qui ont des étuis durs qui couvrent tout le corps j le fécond dont les étuis , aufTî cruftacés , ne couvrent le corps qu'à moitié , & le troifieme ceux dont les étuis (ont mous & flexibles , peu difFérens des ailes : le nombre des pièces des tar es lui fournit les fubdivifions de ces ar- ticles; il fubdivife les deux premiers chacun en quatre ordres, félon que les infeétes qu'il y rapporte ont , i°. cinq pièces aux tarfes de toutes les jambes; i°. quatre articulations à tous les tarfes; 3°. trois articles à tous les tarfes; 4°. cinq articles aux tarfes des deux premières paires & quatre à la dernière. Les infedes à étuis mous font ranges en trois ordres , de cinq , deux & trois pièces aux tarfes. Il nous paroit que cette méthode a des avantages fur celle de M. Linné. iMais nous obferverons que les infedîres que M. Geoffroi range dans le dernier article; fa- voir , les blattes , le grillon , la matite , la fauterelle , différent à bien des égards des autres coléoptères , & tiennent aux autres fa- milles d'infedtes, fur-tout aux hémiptères, par plus de cara6leres : outre la fouplefle des étuis & les petits yeux Hfles, leurs méta- morphofes incomplètes de la reftèmblance prefqu'entiere de la brve & de la nymphe avec Tinfeéte parfait, femblent leur afîigncr place parmi les hémiptères , dont ils ne dif- férent que par la bouche; peut-être aufÏÏ vaudroit-il mieux en faire un ordre moyen entre celui des cokupteres Se les hémiptères. Quoi qu'il en foit , ce qui nous refte à dire ne rcg^de que les col aptères de M. Linné, ou leswux premières divifîons de Geoffroi. Ces infeÂes pafîènt par trois états , & fubifïènt des métamorphofes aflèz com^ pietés. Tous naifïènt d'un œuf; &: dans leur premier état , ils ont la forme d'un vec à C O L ^ fix jambes Se à tête écailleufe , munie de fortes mâchoires latérales , & chargée de deux gros yeux : leur corps eft oblong & cylindrique j blanc ou de couleur laie, di- vifé ordinairement en treize anneaux , fur leiquels on voit dix- huit ftigmates^ la plu- part font lourds & vivent dans la terre ou dans le bois , d'autres dans Teau ; ils chan- gent plulieurs fois de peau dans ce premier état : leurs nymphes font de celles dans lef- quelles on apperçoit diftindement toutes les parties de l'animal, parfait , nues , déHcates, preiqu'immobiles & fans coque : elles font au commencement blanchâtres , elles pren- nent enfuite une couleur plus foncée , & quand l'infedle parfait a acquis toute fa confiftance , il fe dépouille de Tenveloppe de nymphe, en tirant toutes fes parties de la pellicule mince qui les couvroit, comme la main fort d'un gant. (Z)) COLERAIN, (Géog.) ville d'Irlande, avec titre de baronnie , dans la province d'Ulfter & dans le comté de Londonderry, fur la rivière de Bann qui fait communiquer le lac Lough Neagh avec TOcéan fepten- trional. Cette ville eft allez grande &c aflèz bien lituée pour faire un commerce coniîdé- rable ; on ne la dit cependant pas riche : elle envoie deux députés au parlement d^Ir- lande. Long. îo, ^£ ; lat. ^£ ^ îo. (D. G.) COLERE , ( Gramm. ) le courroux eft la marque extérietire de la colère , Pem- porrem.ent en eft l'excès. ( O ) Colère, f. f. {Morale.) c'eft, fuivant la définition de Locke, cette inquiétude ou ce détordre de Tame que nous reflentons après avoir reçu quelque in] ure,& qui eft accompagné d'un delir preflant de nous venger : paiîîon qui nous jette hors de nous- mêmes, & qui cherchant le moyen de repoufler le mal qui nous menace ou qui nous a déjà atteints, nous aveugle & nous fait courir à la vengeance : maùrefieimpé- rieufe & ingrate , qui récompenfe mal le lervice qu'on lui a rendu , ôô qui vend chè- rement les pernicieux confeils qu'elle donne. Je parle ici de la colère couverte , durable , jointe à la haine : celle qui eft ouverte,ingé- nue , femblable à un feu de paille , fans mauvaife intention , eft un fimple effet de la pétulence du tempérament , qui peut quel- quefois être louable j ou du moiins qui ne COL 4n feroit repréhenfible que par rindifcrétion ou le tort qui en réfulteroit. Mais cette vivacité eft bien différente d'une violence qui fur- monte toute affeûion , nous enlace & nous entrave, pour me fervir d'un terme expreflfif de fauconnerie. Telle étoit la colère de Co- riolan, qupnd il vint fe rendre à Tullus pour fe venger de Rome & acheter les effets de fon relîentiment aux dépens même de fa vie. Les caufes qui produifent ce défordre font, une humeur atrabilaire, une foiblefle, mollefïè & maladie d'efprit, une fauffe délicatefte , une feniibilité blâmable , l'a- mour propre, Pamour des petites chofes, une vaine curiolîté, la légèreté à croire, le chagrin d'être méprifé & injurié; d'oii vient que la colère de la femme eft fî vive & fî pléniere : elle naît auflî dans le refus de la violence du defîr. Cette paffion a fouvent des effets lamen- tables, fuivant la remarque de Charron : elle nous pouffe à l'injuftice ; elle nous jette dans de grands maux par fon inconfîdéra- tion; elle nous fait dire & faire des chofes melTéantes, honteufes, indignes , quelque- fois funeftes & irréparables , dont s'enfui- vent de cruels remords ; l'hiftoire ancienne & moderne n'en fourniilent que trop d'exemples. Horace a bien raifon de dire : Qui non moderabitur irœ ^ &c. Epift. ij , lib. I , ver. 60 — GG. Les remèdes, dit Charron , dont je vais emprunter le langage , font plufîeurs & divers, lefquels Peiprit doit être avant la main armé & bien muni , comme ceux qui craignent d'être afïiégés j car après il n^'eft pas temps. Ils fe peuvent réduire à trois chefs : le premier eft de couper chemin à la colère , &: lui fermer toutes les avenues j il faut donc fe délivrer de toutes les caufes & occafions de colère ci-devant énoncées : le fécond chef eft de ceux qu'il faut em- ployer lorfque les occalions de colère fe pré- lentent, qui font, 1°. arrêter & tenir fon corps en paix & en -repos , fans mouvement & agitation; 2°. dilation à croire & prendre réfolution , donner loilîr au jugement de confidérer; 3°. fe craindre foi-même, re- courir à de vrais amis & mûrir nos colères entre leur^ difcours \ 4°. y faire diverfîon par tout ce qui peut calmer , adoucir , 45^ COL égayer : le troifieme chef efl: aux belles conlidérations donc H faut abreuver & nourrir notre efprit de longue main , des fidtionsfuneftes ôc mouvemensqui réfultent de la colère; des avantages de la modéra- tion; de l'eftime que nous devons porter à la fagefie, laquelle fc montre principa- lement à fe retenir &c fe commander. Il ne faut pas cependant confidérer la colère comme une paflion toujours mau- vaife de fa nature; elle ne Teft pas, ni ne déshonore perfonne, pourvu que Tes émo- tions foient proportionnées au fujet qu'on a de s'émouvoir. Par conféquent elle peur être légitime , quand elle n efl: portée qu'à un certain point; mais d'un autre coté , elle n'efl: jamais néceflàire : on peut toujours , ôc c'efl: même le plus fur, foutenir dans les occafions fa dignité ôc fes droits fans fe courroucer. Si le dcfir de la vengeance . effet naturel de cette pafïîon , s'y trouve joint; alors comme cet effet eft vicieux par lui-même, il lâche la colère, l'empêche de demeurer dans de juftes bornes. Donner à la vengeance émanée de la colère , la cor- reéVion de l'ofFenfe, feroit corriger le vice par lui-même : " La raifon qui doit com- mander en nous , dit encore Charron , auteur admirable fur ce fujet , ne veut point de ces officiers-là qui font de leur tête fans attendre fon ordounance : elle veut tout faire par compas ; ôc pour ce , la violence ne lui eft pas propre. « Ceux donc qui prétendent qu'un meurtre commis dans la colère ne doit pas propre- ment être mis au nombre des injuftices punifTables , n'ont pas une idée jufte du droit naturel ; car il eft certain que l'injuf- tice ne confifte eflentiellcment qu'à violer les droits d'autrui. Il n'importe qu'on le falTè par un mouvement de colère, par avarice, par fcnfualité, par ambition, &c, qui font les fources d'où proviennent ordi- nairement les plus grandes injuftices : c'eft le propre au contraire de la jufiice de réfîfter à toutes les tentations , par le feul motif de ne faire aucune brèche aux loix de la fbciété humaine. Il eft pourtant y rai que les actions auxquelles on eft porté par la colère , font moins odieu(es que celles qui naifTent du defîr des plaifîrs , U quel n'eft pas fî brufque , & qui peut trouver plus. COL facilement de quoi fe fatisfaire ailleurs fans injuftice; fur quoi Ariftote remarque très- bien que la colère eft plus naturelle que le defir des chofes qui vont dans l'excès, ôc qui ne font pas nécefTaires. Mais lorfque ce philofophe prétend que cette pafTion fert parfois d'armes à la vertu & à la vaillance , il fc trompe beaucoup : quant à la vertu, cela n'eft pas vrai; ôc quant à la vaillance , on a répondu allez plailam- ment qu'en tout cas c'eft une arme de nou- vel ufage; car, dit Montagne , " nous re- muons les autres armes , ôc celle-ci nous re- mue ; notre main ne la guide pas , c'eft elle qui guide notre main ; nous ne la tenoHS pas. '» (M. le chevalier DE Jaucourt.) Colère , ( Médecine. ) cette paffion irritante nous jette dans des mouvemens violens, en caufant un grand défordre dans notre machine. Nous venons de parler de cette pafTîon en moralifte, nous allons la confîdérer en médecin. Telle eft fà nature , qu'elle met fubite- ment , quelle qu'en foit la caule , tout le lyftême nerveux dans une agitation extraor- dinaire par la conftridlion violente qu'elle produit dans les parties mufculaires, ôc qu'elle augmente "prodigieufement , non feulement la fyftole du cœur ôc de fes vaifTeaux contigus , mais encore le ton des parties fibreufes de tout le corps. Ce mouvement impétueux du fang ÔC de l'altération du fluide nerveux dans les perfbnnes en qui la colère eft poulTée à fon dernier période, fe manifefte évidemment par l'augmentation du pouls, la prompti- tude de la refpiration, la foif, la chaleur, le gonflement ôc la rougeur du vifage , la pulfation des artères de h tête plus forte, plus élevée , fur-tout aux environs des tem- pes , l'éclat des yeux , le bégaiement , la voix enrouée , le parler précipité , la fup- preflîon de l'urine , le tremblement des par- ties extérieures; enfin une certaine précipi- tation remarquable dans les fonébions de l'efprit. Ces fymptomes le trouvent plus ou ' moins raflèmblés , fuivant le tempérament ôc la force de la paflfîon > & la phyfiologie les explique fans peine par la conftri6tior^ fpafmodique de tout le fyftême nerveux. En conféquence , les obfèrvations de t pratique COL pratique ont appris que des fièvres bilieufes, infkmmaroires , la jaunifle , les obflruc- tions du foie , des liémorrhagies , des diar- rhées , des pierres dans la véiicule du fiel ou dans les conduits biliaires , en ctoient quel- quefois la luite. La confpiration finguliere de tous les nerfs en donne la raifon. D'abord la conftriâ:ion violente qui fe fait ici dans le genre nerveux produit la fupprelîion de Turine , Pobftrudion ôc l'embarras dans 1 écoulement de la bile , d"*©!! refaite la for- mation des pierres de la véiicule du fiel. Ccft de cette conftriârion que provient la jaunifle ; d'un autre coté , les conduits bi- liaires formés de tuniques mufculaires Ôc nerveufes , (è trouvant excelîivement com- primés par l'influx rapide du liquide fpiri- tucux contenu dans les nerfs , fe reflèrrent , font couler la bile qu'ils contiennent ; Se cate bile paflè dans le duodénum & dans le ven- tricule. De-là les envies de yomir , la déjec- tion de matière bilieufe , ôc la diarrhée. L'abondance Se l'âcreté de cette bile caulè- ront la chaleur , la foif , des fièvres lentes , bilieufes , inflammatoires , &c. La cokre produifant des rpafmes , Se aug- mentant le mouvement des fluides , il efi: néceflaire qu'il fè porte avec impétuofité, ou qu'il s'arrête dans les parties fupérieures une trop grande quantité de fang ; d'où il arri- vera que ces parties feront trop diftendues, & en coniéquence le viiage s'enflammera , toutes les veines de la téïc , celles du front , des tempes , feront gonflées , ô'c. Il en pour- ra donc rclulter des liémorrhagies , loit par le nez , foit par une rupture de la veine pul- monaire , (oit par les veines de l'anus , foit par la matrice. En un mot , dans les parties dont les vaifleaux fe trouveront les plus foi- bles ou les plus diftendus , l'influx rapide déréglé du liquide fpiritueux contenu dans les nerfs , rendra la langue bégayante , la voix enrouée, le parler précipité , le tremble- ment , la précipitation dans les fondions de l'efprit. Enfin quelques obfervations nous appren- nent qu'il y a des perfbnnes qui , à la fuite d'une grande colère , ont perdu tour-à-toui l'ouie , la vue Se la parole , Se d'autres qu font tombées pendant plufieurs jours dan; un état d'infenfibilité. Ces divers acciden; dépendent entièrement oude la compreflTion Tome FUI, COt 457 des nerfs du cerveau , ou du flux arrêté des efprits , tantôt fur un organe des fens , tan- tôt fur Pautre. C'efl: pourquoi le médecin travaillera à calmer ces fpafmes , cette agitation de tout le fyftémc nerveux j à remettre le fang & les humeurs dans un mouvement uniforme Se corriger l'acrimonie des fluides. Ainlilesré- frigérans , tels que la liqueur minérale ano- dine d'Hoflînan , l'efprit de nitre ou l'efprit de vitriol dulcifiés , délayés dans un liquide convenable, deviendront de vrais caïmans. Si la bile s'efl: jetée dans les intcfl:ins , il faut l'évacuer doucement par des lénitifs , tels que la magnéfie blanche , la poudre de rhu- barbe mêlée avec le nitre , les déco6lions de tamarins , Se autres de cette efpece . On cor- rigera l'acrimonie des fluides par des boif- fons oppofées à cette acrimonie. S'il s'efl: rompu quelque vaiflèau dansletiflu pulmo- naire , on diminuera l'impétuolité du fang parla faignée , la dérivation , les derai-bains, les rafraîchiflàns. Mais Pon évitera dans la méthode curative les cathartiques Se les émé- tiques qui (ont funeftes dans cet état ; car comme ils n^'agiflènt qu'en irritant les fibres délicates de refl:omac Se des inteftins. Se que ces fibres font déjà attaquées de conftricbions Ipafmodiques par la colère , de tels remèdes ne feroient qu'augmenter le mal. Ce feroit bien pis dans les perfonnes fujettes à des fpaf- mes hypocondriaques , hyftiriques, &dans celles qui (ont déjà tourmentées de cardial- gie. Ce n'efl: point ici que la difficulté pour déterminer des remèdes fait une des parties délicates du jugement du médecin , un peu de bon fens lui i'uflit. Art. de M. le chevalier DE JaU COURT. COLERET , f. m. terme de pkhe ; le filet qui forme le coleret efl: étroit par les deux bouts , où il n'a au plus que deux pies Se demi de haut ; il s'élargir enfuite , de forte qu'il a quelquefois trois à quatre brafles de chatte dans le milieu. La grandeur des mail- les efl à la diîcfetion des pêcheurs , qui fe fer- vent de cet engin défendu notamment par l'ordonnance de 1584 , tit. Ixxxiv , Se par celle de ic les tempêtes ne régnent point. Qiiand le pêcheur veut tendre fes filets pour faire pêche à la colerctte , il emibarque avec lui dans fa chaloupe de petits pieux ôc des rets pour former l'enceinte ; il dif pofe en- fuite fes pieux ou petits piquets qui ont en- viron quatre pies au plus de haut ; les deux rangées en font placées en long , ôc de ma- nière qu'étant un peu couchées , le haut du rets qui y eft amarré par un tour m.ort , ne fe trouve élevé au plus que de la hauteur d'un pié au deftus du terrain ; ainfi le filec n'a ni flottes , ni plomb •■, il eft feulement ar- rêté par de petits fourcillons ou crochets de bois , de quatre pies en quatre pies de dif- tance. Les deux rangées de petits pieux font auilî placées de manière qu'ils s'cnrretou- chent par les bouts pour former Centrée. Les pêcheurs mettent encore dans le fond de la pêcherie , une efpece de fac qui eft un verveux fimple , fans goulet & fans cercle j il peut avoir une bralle Le colibri hupé a le bec mince , aigu par la pointe , mais pas ii long que dans la plu- part des oifeaux de fon genre , de couleur noire & très-peu courbé en bas. Le haut dé la tête depuis le bec jufqu'au derrière de la tête qui fe termine en une hupe , eft d'abord verd , & furie derrière bleu-foncé: ces deux couleurs brillent avec un luftre qui furpafîè de beaucoup les métaux les plus poHs éc les COL 4^î plus éclatans ; fur-tout la partie verte qui eft la plus claire en certains j ours,fc change de verd en couleur d'or d'une fî grande beauté,qu'on ne fauroit l'exprimer par des couleurs , ni même la concevoir dans l'abfence de l'objet. Lesplumes de la partie fupérieure du corps &c des ailes , font d'un verd foncé entremêlé de couleurd'or. Précifémentau defîbus du bec, il y a une tache d'un blanc terni. La poitrine & le ventre font d'une couleur grifâtre , ou mêlée de gris fombre & terni. Les grandes plumies font de couleur cie pourpre. La queue eft d'un noir bleuâtre , un peu luftré pardef- fus ; mais le deftbus eft encore plus brillant que le dcflus , ce qui n'eft pas ordinaire. Les jambes & les pies font très-petits & noirs. Le nid eft compofé d'une fubfîance de coton ou de foie très-belle ôc très-douce , jencfaurois dire prccifément ce que c'eft ; c'eft un com- pofé de deux matières, l'une rouge , & l'au- tre d'un blanc-jaunâtre. Voye^ Oise au. ( /) COLICOLLESoz/CAULÏCOLES,ff. pi. (Arc/lit.) du latin cûulis : ce font de peti- tes tiges d'où prennent naiflàtice les volutes ou hélices du chapiteau corinthien. Ces co- cclks partent de dedans des culots , compo- fés de feuilles d'ornement qui pofent elles- mêmes fur des tigettes. (F) COLIM A , {Gécg. mod.) ville confîdéra- ble de l'Amérique feptentrionale , au Mexi- que. Long. 2-7 f ^3 ; lat. î8 , ^o. CO LIMBE , f. m. colymbus maximus cau- datus 5 {Hijl. nat. Ornith. ) oifeau de rivière qui eft à-peu-près de la grofteur d'une oie. Il a le corps allongé , la queue arrondie , &c la tête petite. La partie fupérieure du cou eft recouverte de plumes fi touffues . qu'elle pa- roît plus grofle que la tête. Lesplumes du cou, des épaules èc du dos , & les petites plumes du delfus des ailes , enfin lesplumes de toute la face fupérieure de cet oifeau , font brunes ou plutôt d'une couleur cendrée noirâtre , avec des taches blanches qui fe trouvent en petit nombre furie cou , & qui font fort fré- quentes fur le dos : chaque plume en a deux près de fon extrémité , une de chaque côté ; ces taches font plus grandes fur les petites plumes des ailes & fur les grandes plumes des épaules, que fur celles du dos. La gorge & la face inférieure du cou font blanchâtres. Le deflus du cou , la poitrine , & le ventre font blancs;on a v u à l'endroit de l'anus une bande 4^1 COL tranrverfale noirâtre. Il s'eft trouvé auflfî un de ces oifeaux dans i'ile de Jerfey qui avoit h tête noire , Se un collier formé par de petits points blancs. Il y a trente grandes plumes à chaque aile ; elles (ont courtes à proportion de la grolfeur de l'oileau j leur couleur eft riioire ou d'un brun obicur. La queue ref- femble à celle des canards ; elle ell très- courte, «Se compofée de vingt plumes au moins. Le bec eft droit , pointu , & long de près de trois pouces. La pièce fupérieure eft noirâtre ou livide •■, elle eft creufée en forme . de gouttière , & garnie ju (qu'aux narines de plumesquifontun peu replicesendeflus. La pièce du defious eft blanchâtre. Il y;a au nii- îieu de chaque narine une pellicule qui tient au bord fupérienr. Cet oifèau a les doigts joints enfemble par une membrane , ceux de devant Ibnt Fort longs , Rir-tout le doigt ex- térieur i celui de derrière eft le plus court & le plus petit. La longueur des pattes eft mé- diocre } elles font applaties Se larges ; la f\ice extérieure eft brune , Se Tintérieure eft de couleur plombée , ou d'un bleu pâle. Les ongles font larges , & (emblables à ceux de l'homme. Les pattes font dirigées en arrière de façon qu'ellestouchent prelque à la queue Se qu'il paroît que l'oifeau ne peut marcher qu'en dreflant perpendiculairement fon corps. Les couleurs des oifeaux de cette ef- pece varient j il y en a qui ont des colliers , Se dont le dos , le cou Se la tête font de couleur noire avec de petites lignes blanches j d'au- tres n'ont point de collier. La couleur de toute la face fupérieure du corps tire plus fur le cendré ; Se au lieu de petites bandes, il n'y a que des points blancs ; peut-être que ceux- ci iont les femelles , Se les autres les mâles. Willughby , Ornhh. Voye[ Oiseau. (/) . COLIN, f. m.CANIART, oz/ GRI- S AIvT , larus velgravia major , ( HijL nat. Ornhh.) oifeau de mer qui fe trouve plus fréquemment fur les côtes de l'Océan que l'ur celles de la Méditerranée : il eft de la taille d'une oie de médiocre grandeur \ fes plumes font renflées Se le font paroître gros, quoiqu'il n'ait pas plus de chair qu'un petit morillon. Il eft de couleur grife , c'eft pour- quoi o'ci l'a wowLmk.grifart. Ses pies reflem- bient à ceux d'une cane ; il nage , mais il nç plonge jamais. Sa tête eft aufTi groflfe que celle d'un aigle royal , Sç le bec aulTi grand COL que celui du plongeon de mer. L'ouverture du goiier pft lî large qu'il avale de fort gros poiftbns ; il prend ceux qui font rejetés fur le rivage. Sa queue eft ronde. Se ne s'é- tend pas au-delà du bout des ailes ; il vole pendant long-remps fans fè repoier , Se il pa- roît en Pair aufïî grand qu'un aigle ; il court aftèz rapidement fur terre. Se fon cri fe fait entendre de bien loin. Sa peau eft auili dure que celle d'un chevreau ; quoiqu'il mange beaucoup , il eft toujours fort maigre : ià chaireft de mauvais goût , Se difficile à digé- rer. Belon , liv. III, de la nature des oifeaux. Foje^ Oiseau. (/) CO'LINIL , f. m. {Hiji. nat. Botaniq.) plante du Malabar , affez bien gravée ious ce nom avec la plupart de fes détails , par Van-Rheede , dans fon Hortus Malabar i^ eus , volume I , planche L V, pag2 l oj ; les Brames ['appélentfchera-punca, Se J.Com- melin dans fes notes , polygala Indica minor Jîliquis recurvis. *C'eft uii fous-arbriftèau qui s'élève fous la forme d'un buiflbn fphéroïde , de 2 à 5 pies de diamètre , à racine blanchâtre , li- gneuie , ramifiée ,' à écorce jaunâtre , por- tant une fouche cylindrique de deux à trois pouces de diamètre , fort courte , ramifiée dès fon origine en plufieurs branclitfs cylir^ driques, menueS;, d'une à deux lignes de dia- metrç , écartées fous un angle de 45 degrés, à bois blanc , dur , recouvert d'une écorce verte intérieurement , cendrée au dehors. Les feuilles font alternes compofées , pin- nées fur un double rang , longues de deux pouces à deux pouces Se demi ; une fois moins larges , compofées des trois à cinq paires avec une impaire , de folioles ellip- tiques, plus longues à leur extrémité anté- rieure qui a une pointe , longues de 8 à 9 lignes , deux fois moins Larges, ternes , veç- tes deflus, bleuâtres deflous, relevées d'une côte longitudinale. Se rangées horizontale- ment fur un pédicule commun , une fois plus coun qu'elles,& accompagné à fon ori- gine de deux ftipules caduques. Chaque branche eft terminée par un épi une à deux fois plus court que les feuilles , compofé dans fa moitié fupérieure de quatre à fept fleurs feiïiles , rouge-pâles , de trois lignes de diamètre , accompagnées d'une petite écaille triangulaire. COL Chaque fleUr eft Hermaphrodite , poly- pétale , complète , ir régulière , difpofce au dcflous de l'ovaire ; elle confifte en un ca- lice verdj hémifphériquc, petit, à cinq dents periiflnntcs j en une corolle quatre ou cinq fois plus longue , auffi longue que large , & en une corolle à quatre pétales , dont le fu- ^érieur qui forme Tétendard , & les deux ailes latérales font rouge-pâles & l'inférieur qui forme la nacelle eft verd- blanchâtre ; les érr.mincs font au nombre de dix réunies en deux faifceaux , dont un de neuf filets for- mant un tuyau fendu en deflhs dans toute f t longueur , & le dixième couché fur cette fente ; de ces filets, cinq font alternativement plus courts , &c tous portent une anthère jaune ; du centre du calice s'élève un dif- quc en pédicule cylindrique loin des éta- mines , qui porte un ovaire applati , allongé, terminé par un (lyle cylindrique blanc, avec un ftigmate ovoïde , velu , jaunâtre , placé fur fon côté fupérieur. L'ovaire en mûriflant devient un légume en labre , très-com.primé par les côtés , long d'un pouce & demi à deux pouces , iîx à huit fois moins profond , courbé en haut vers l'extrémité lupérieure 8c en bas à l'ex- trémité inférieure , vert d'abord , enfuite rouge-brun, partagé intérieurement en fix à huit loges , & s-'ouvrant par l'extrémité fupérieureen deux valves élaftiques ; chaque loge contient une graine ovoïde-oblongue , taillée en rein , longue de deux lignes ôc demie, une fois à une fois & demie moins large , verte d'abord , enfuite noirâtre , atta- chée horizontalement , pendante aux bords fupérieurs des valves. Culture. Le co/i/?// croît au Malabar dans les terres fablonneufes : il fleurit deux fois J'an ; favoir dans la faifon de la féchereflè & dans celle des pluies. Qualités. Toutes fes parties ont une faveur légèrement acre & amerc j fcs gou(Ies , lorf- qu'elles font encore jeunes ou vertes, lont lu jettes à être piquées par des infedes du genre du coflon. Vf âge. Le lue qu'on en tire par expref- fion , s'unit avec le miel pour en frotter les puftules de la bouche. Remarque. Le colinil forme un genre de plante particulier qui fe range naturellement auprès du fesban Ôc du fecuridaca dans la COL 4<Î3 quatrième feAion de la famille des légumi- neuies où nous Pavons placé. Voye^nosfa- wiiks des plantes y volume II, page^'Xj , & il diffère innnim.ent du polygala auquel J. Commelin l'a comparé. ( M. Adanson. ) COLIN-MAILLARL) , i\ m. jeu d'en- fans ; on bouche les yeux à un d'entre eux ^ il pourfuit ainii les autres à tâton jufqu'à ce qu'il en ait attrapé un autre qu'il eft obligé de nommer , & qui prend ^qui Ibnt en très-grand nombre fe peuvent rédiger fous quarre chefs généraux : i°. des matières inhérentes dans lesinteftins ; 2°. des matières nées d'ailleurs «Se portées dans les entrailles : 3°. la correipondance des nerfs affcétés : 4°. des maladies propres aux in- teftins Se au méfentere , produiient les di- verfes douleurs de colique. I. J'ai dit : i °. des matières inhérentes dans les intejlins ; telles font leschofes acres , mor- dicantes , de quelque nature qu'elles foient , bilieufes, rancides, putrides, acides, muria- tiques', échauffantes, fpiritueufes, aroma- tiques, ftimulantes ; les vomitifs , les pur- gatifs , les poifons , ùc. Il faut les délayer , les faire fortir par haut ou par bas , endom- ter la nature par des boifibns aqueufes , & toujours oppofées au genre d'acrimonie. Toute fermentation d'alimens qui trouble le mouvement des inteftins, & par la diften- lion excite des douleurs de colique , doit être appaifée après les remèdes généraux , par des carminatifs ^ des anodins , des caï- mans. Lorfque la douleur caufe une tenfîon con- vulfîve , &c qu'elle paroît produite par des vents ou par la conftipation, l'indication nous conduit à l'ufage des clyfteres émoi- liens , réfblutifs , répétés coup fur coup ; à des linimens carminatifs, nervins, appliqués fur la partie afFedée ; aux pillules balfami- ques , ôc à des infufions ou dé^odtions de manne. Dans ces douleurs flatueufes des in- teftins , le bas- ventre s'enfle , les vents ont de la peine à fortir ; le mal aigu efl fui vi d'anxiété ou d'opprefïion j fi les vents paflent par haut & par bas , le malade fenr du foulagement ; il cette colique venteufe procède de l'atonie du ventricule Se des intetlins, elle demande des carminatifs plus chauds qu'à l'ordinaire : quelquefois la liatuofité des inteftins a fa fource dans cette foiblefTe du ton Se du peu COL de force de ces vifceres , fur-tout dans les perfonnes âgées , Se dans celles qui ont fait un ufage immodéré d'alimens flatueux , de boiflons fpiritueufes , dans celles dont le corps a été affoibli par les maladies ou les remèdes. Pour lors , on n'a de fecours que la cure palliative Se préfervative. Si la colique vient des vers logés dans les en- trailles , on y remédiera par les vermifuges convenables. Les enfans font fujets à cette efpece de colique accompagnée quelquefois d'une douleur poignante dans le bis-ventre, & de iyncopes ; ils éprouvent auiTi des tran- chées occ.iiionées par une ftagnition d'un lait aigri Se rendu corrofif , ce qui les jette quelquefois dans des convulfîons épilcpti- ques. Le iiiop de chicorée avec la rhubarbe eft le meilleur retnede. La colique biligufe fera un petit article particulier dans lequel on indiquera Tes lymptomes Se fa cure. Pour la colique qui naît de l'endurciilement des matières fécales dans les gros inteftins , elle fe termine par la guérilbn de- la conftipation. Fore:^ ce mot. IL Les humeurs viciées du corps entier ou de quelque partie , étant portées aux in- teftins , y caufent de vives douleur^ de coli- que , & requièrent des fecours oppofés à la nature du vice. Telle eft l'humeur de Li goutte , le catharre , la cachexie , le fcorbut , la galle , l'évacuation fupprimée de la fueur, de l'urine , de la falive , des excrémens , d'un ulcère , d'un abcès , des hémorrhoï- des , ott commue il arrive dans les maladies aiguës , inflammatoires, épidémiques, con- tagieufes , dans lefquelles maladies les ma- tières acres fe jettent de toutes parts dans les inteftins. Il eft néceflaire de détruire la ma- ladie même , Se en attendant de lubrifier le canal inteftinal par des boiffons & des in- jeéïions onélucufes , détergentes , adoucif- fantes. Lorfque la fuppreflionduflux hémor- rhoïdal Se menftruel eft l'origine de la coli- que, il faut employer la faignée du pie , les laverncns émolliens , les demi-bains , les anti - fpafmodiques , les eaux minérales , l'exercice convenable Se le régime , qui dans toutes les douleurs d'entrailles eft d'une ab- folue nécelTité. III. Souvent les inteftins fbuffrent par fympathie des autres parties inalades,comme de COL poignante , brûlante , fixe ou vague \ ils font plein de mal-aife & d'inquiétudes ; ils ne ;geuvent dormir \ ils s'agitent , fè couchent îur le ventre , fur l'un ou l'autre coté pour trouverunepofturequilesfoalage.Queîque- fois les vents & les boiborigmes fe joignckit; Nnn 4.66 COL à cec état , de même que la conftîpation , le renefme , le pouls ferré , la fièvre , la fup- preilîon d'urine, la difficulté de refpirer ^ le dégoût , la cardialgie , les naufées, les vo- milîèmens : mais voici d'autres fymptornes encore plus dangereux , le hoquet , le frilîon, le tremblement , l'abattement de toutes les forces , les fyncopes , la Tueur froide , le dé- lire , & quelquefois des convulfions épilep- tiques , dont les fuites font la deftrudion de la machine. Qiielquefois ces fymptomes fe terminent par d'autres maladies , la fuppu- xation , la jaunifle,la diarrhée , la dyflenterie &■ pluficurs autres maux , fuivant les caufes & la violence des accès de colique. Pronojîics. Les pronoftics fe tirent de la durée du mal, du nombre & de la nature des fymptomes ; ainfic'eftunbonpronoftic lorfque les divers fymptomes qu'on vient de détailler manquent j que la douleur eft inter- mittente , tolérablc , & qu'elle diminue : les vents foulagent le malade quand ils peuvent paflèr par haut ou par bas. La colique ac- compagnée de cardialgies , de naufées , de vomiflèmens , devient déjà dangercufe ; elle l'eft beaucoup lorfqu'elle faifit le malade avec violence en même temps que le friflbn , &: que cet état fubfifte y car c'eft un figne d''une inflammation qui dégénère en ipha- cele, fî on néglige d'y apporter un prompt jemede. Elle Peft encore davantage , fi con- jointement à ces fymptomes , fe trouvent réunis la conftipation , la fupprelTîon d'uri- Jie , la fièvre & la difficulté de refpirer. Elle l'eft beaucoup plus , fî la fbiblelîe , le délire & le hoquet îurviennent : mais c'eft un pro- nofticfunefte , fi les forces s'épuifent, Ci les convulfions fuccedent , le froid , la fueur coUiquative, une vraie ou fauflè paralyfie des extrémités , & finalement la ftupeur des pies &: des mains j pour lors le malade eft fans cfpérance. Curegénérale. Nous avons vu que la cure devoir toujours être adaptée à la caufe , & variée en conformité : mais quand cette caufe eft inconnue , que doit-on faire ? Il faut toujours employer les remèdes géné- . laux j la faignée , pour peu que l'inflamma- tion foit à craindre , les fomentations chau- des ou émollientes perpétuellement répétées, leslavemensrelâchans, délayans , antiphlo- gifUqu^ , les laxatifs ^ les boitTons humec- C O L tantes , 6c perfifler danscet ufage jufqu'à ce que le mal foit appaifé , ce qui arrive d'or- dinaire fans que la caufe ait été découverte par le médecin. La colique fe guérit naturel- lement par une fueur abondante , par un fai- gnementde nez , par un flux hémorrhoïdal , par un cours de ventre , par une diarrhée , par un écoulement d'urine, ùc. mais les re- mèdes généraux qu'on vient d'indiquer ne tendent qu'à avancer la guérifon , & à la déterminer plus sûrement. Cure préfervative. Ceux qui font fujets à des coliques ou de vives douleurs dans les inteftins , ce qui eft afléz ordinaire aux per- fonnes affligées de la goutte , du fcorbut , deshémorrhoïdes, de i'afFeâ:ion hypocon- driaque , hiftérique , &c. doivent obferver un régime f évere , éviter les pafïîons violen- tes, s'abftenir des alimens de difficile digef- tion, gras èc falés, entretenir la tranfpi- ration , fur-tout dans le bas-ventre & la ré- gion des reins , tenir les pies chauds , mettre en pratique les friélions , l'exercice de quel- queefpece qu'il foit , éviter les vins fufpeéts , les liqueurs ipiritueufes , les fruits d'été qui ne font pas mûrs , &c. Obfervations cliniques. Comme la plupart des coliques font accompagnées d'inflamma- tion , ou que l'inflammation ne manque guère de furvcnir , il faut tout mettre en ufage pour domter cette inflammation ou pour la prévenir. Dans les douleurs fpafmo- diques des inteftins , on doit s'abftenir des vomitifs , des cathartiques , des lavemem d'une qualité acrimoiiieufe. Si la conftipa- tion eft jointe à la colique , & qu'elle foit in- vétérée , il eft befoin de répéter les clyfteres plufieurs fois de fuite , d'y joindre les fup- pofitoires & les fomentations émollientes fur le bas-ventre. La fumée de' tabac , que quel- ques-uns recommandent d'injeéter dans le fondement par le moyen d'une feringue con- venable, doit être abandonnée aux maré- chaux pour les chevaux. On s'abftiendra des carminatifs , des échauffans , des fudorifi- ques dans toutes les coliques convulflves & inflammatoires. Enfin l'on évitera de tom- ber dans l'erreur des praticiens , qui , tant que la colique eft encore renfermée dans les bornes de l'inflammation , l'artribuent mal à propos au froid , au flatuoiités , aux vents\^ & la traitent par des remèdes chauds^ COL carminatifs, dont les fuites font très-funeftes. H faut efpérer que cette mauvaife pratique , contraire à tous les principes , tombera dans notre pays avec les livres qui la recomman- dent ; c^eft ici où la bonne théorie doit fervir de guide , & c'efl: dans le traité d'HofFman fur cette matière qu'on la trouvera. Toutes les obfervations qu'on lit dans tant d'ouvra- ges fur la colique guérie par tels ôc tels remè- des , par les noix de Bicuibas , ki/i. del'Acad. des Sciences , îjio, page z 6", par la Pareira- brava , ib.page^j ^ par des teintures chymi- ques , 1753, Mém. page %6x, dcc. tous ces remèdes, dis-je , & autres les plus vantés, ne fervent qu'à jeter dans l'erreur. Antiquité delà maladie. Sipréfentementà la diverlité prodigieufe descaufes de Xicolique on joint la connoilTance de la ftruéture de notre machine , de en particulier des intef- tins , qui font le (îege de cette maladie , on ne pourra douter que fon exiftence ne foit un apanage inféparable de l'humanité. Jeiai bien que le nom de cette maladie eft du nombre de ceux qui ne fe trouvent point dans HippoGrate ; mais il ne s'enfuit pas de- là que la maladie n'eût pas lieu de fon temps. Elle eft certainement comprife fous le nom de tranchées ou de douleurs de ventre , dont il parle en pluiieurs endroits ; & en effet la colique eft-elle autre chofe? S'il en faut croire Pline , le nom n'étoit pas feulement nouveau du temps de Tibère , mais la maladie elle-même étoit toute nou- velle, èc perfonne n'en avoir été attaqué avant cet empereur , enforte qu'il ne fut pas entendu à Rome lorfqu'il fit mention de ce mal dans un édit où il parloir de l'état de fa fanté. Il fe peut que le nom de colique eût été inconnu jufqu'à ce temps-là, mais la confëquence du nom à la choie eft pitoyable. Les médecins inventèrent un nouveau mot , foit pour flatter l'empereur , foit pour fe faire plus d'honneur dans la guérifon de la mala- die , foit pour fe fingularifer dans cette con- jonéburc : cette efpece de charlatanerie n'eft pas fans exemple. Quand Mademoifelle eut , il y a quelques années , une petite vérole qui heureufement fut légère, M. Sylva fon médecin , dont la pratique condftoit en néologifme & en tour- nures gentilles de ces bulletins modernes qu'on compofe fans réflexion pour le public , COL 4^7 & qu'il lit fans intérêt ou fansetre mkux inC. truit de l'état du malade; M. Sylva, dis-je, quahfia pour lors le premier du nom de dif crête la petite vérole de S. A. S. Le terme bien imaginé prit faveur ; mais l'efpece de ' petite vérole en queftion n'étoit pas plus nouvelle dans le monde que la colique l'étoit du temps de Tibère. Si la petite vérole dif- crête devient plus rare parmi les grands , la colique y devient plus commune ; & n'eût- elle pour caufe que la feule intempérance , on peut préfumer, fans crainte de fe trom- per , que ce mal fubfiftera jufqu'à la fin du monde. ( M. le chevalier de Jau court.) Colique bilieuse, (Médec) efpece de coliq^eqni procède d'un débord de bile âcrc dans les inteftins. Cette efpece de colique e(\: très-commune ,' & règne fur-tout en été & au commence- ment de l'automne; elle attaque principa- lement les jeunes gens d'un tempérament chaud ôc bilieux , les perfonnes qui vivent d'alimens gras , huileux, alkalins & pour- riftans , les gens riches , qui ont ce qu'on nomme les meilleures tables, fervies des plus rares poiflbns & du gibier le plus dé- licat par fa chair & fon fumet. Les fymptomes de cette maladie font des douleurs vagues 6c violentes dans le ventri- cule , les inteftiiis , les hypocondres , le dé- goût, les naufées , le vomilTement, la conf- tipation , des tiraillemens , des agitations , des fueurs froides, des fyncopes, l'abatte- ment des forces , la déjeétion d'une matière jaune , verte , poracée , acre & corrofive. L'indication curative confifte à évacuer cette humeur , à la mitiger ôc à appaifer les douleurs. - On ne peut trop tôt employer la fiignée , les boiflbns aqueufes, fimples , légères, diluentes , en quantité; les purgatifs doux, liquides , fouvent répétés , Ôc fuivis des nar- cotiques après leur effet; les clyfteres, les fomentations adoucilTantes fur le bas-ventre, les bains chauds faits avec les plantes émol- hentes , Ôc joints avec foin à tous ces remè- des. Pour confirmer la guérifon & empêcher la rechute , la diète févere eft abfolument néceffaire , la boiffon de crème de riz, d'or- ge , de gruau , les panades, le lait coupé, la promenade^ en voiture ôc enfuite à cheval. Enfin on rétablira peu à peu prudemment N n n z 4^ C.OL^ par les {lomachiqucs le ton des vi fcercs afroi- blis : je renvoie le ktbeur à Sydcnham, qui a cîoriné une defcriprion fi complète & ii fsge de cette efpcce de cd/que ,ftâ. iv , ch. rij, qu'elle ne lai iTe rien à dcfn-er. {M. le charalier DE Jau COURT.) \. CotiQUE DF Poitou , ( Médec. ) efpcce particulière de cdiçuequï provient des exha- iriifons , des préparations de plomb , & de lufage des vins iophiftiqués avec des prépa- rations de ce métal ; en latin colica Piâonum. Eu I yji 5 dit M. de Thou , urne VI, ynge f^-i,! , la France fut affligée d'une mala- die julqu'alors inconnue, qu'on nomma colique de Poitou , parce qu'elle commença à fe faire fentir dans cette province. Dès qu'un homme en eft attaqué , ?joute-t-il, fon corps devient comme paralytique ; il a le vifage pale , l'efprit inquiet j des maux de cœur, des vomiffemens , un hoquet continuel , ime foif ardente, une difficulté d'uriner, luie douleur violente dans l'eflomac , les inteflins , les hypocondres , les reins ; il y en a même dont les pies , les jambes , & les mains, deviennent paralytiques , après avoir été attaqués de convulfions cpileptiques , ùc. Ce trait hiftorique efl d'autant plus fin- gulier , que d^un coté il renferme une def- cription exadte des fymptomes de la coli- que des plombiers , autrement dite colique des peintres , colique convuljlve faturnine ; &c que de l'autre on ne comprend guère com- ment elle efc refiée inconnue dans ce royau- me jufqu'au temps où M. de Thou en rapporte la naiflànce. Quoi qu'il en foit , c'efl une colique nerveufe , qui depuis n'a fait que trop de progrès dans l'Europe , ôc dont voici la caufe & les fymptomes. Elle provientdes vapeursqui s'élèvent des fourneaux oii l'on fond le plomb , que l'on 1 efpire & que Ton avale avec là falive. Elle eft très-frcquente parmi les ouvriers qui s'occupent à fondre , à purifier ce métal , ou à le féparer de l'argent dans àts four- neaux d'affinages , comme le pratiquent ceux qui travaillent dans les mines de la forêt Noire en Allemagne , dans celles d'Angle- terre en Derbishire , de ailleurs , où malgré l'attention que l'on a de ne drefïer les four neaux que iur des lieux élevés , & de les cxpcfer aux vents , les exhalaifons en font fatales aux ouvriers^ aux habitans, 6c même COL en Angleterre aux animaux qui pafîtnt près des minerais de plomb. Les poititrs de terre , qui fe (crvent delalquifoux, efpece de plomb minéral difficile à fondre , eu de plomb en poudre , peur vernir leurs ouvrages , font fort lujets à cette efpece de colique. Les pein- tres qui emploient la cérufe , n'y font pas moins expofés , de même que les fcmir^es qui mettent du blanc, compoiition perni- cieufe pnr la cérufe qui en Cm la bafe , dont le moindre effet eft celui de defiécher li peau , &c d'avancer par les rides la vieilleflè qu'elles fe propofent d\-loigner. On eft encore convaincu par plufîeurs expériences, que les médicamens dans la compofîtion ciefquels il entre du plomb, com-ine la teinture antiphtifique, le fuc, fel magiftere ou vitriol de Saturne, que les charlatans prefcrivent intérieurement contre le crachement de fang , le piflèment de fang > la gonorrhée , les fleurs blanches , & autres maladies femblables, produifent enfin cette malheureufe colique. Mais l'ufage que plufieurs marchands de vin font aujourd'hui de la cérufe ou de la litharge pour éclaircir , corriger , édulcorer leurs vins , a fi fort répandu cette cruelle maladie dans toute l'Europe , que les fouve- rains font intéreffés à chercher les moyens les plus convenables pour en arrêter le couis. Perlbnne n'eft à l'abri des triftes efî^ts qui réfultent de cette fophiftication de vins , &c , particulièrement des vins acides , comme par exemple , des vins du Rhin , que l'on édulcore de cette manière en Suabe de ail- leurs avant de les envoyer en Hollande , Se dans les autres pays où ces fortes de vins adoucis font recherchés. Il eft donc certain que toutes les parties, du plomb , fes exhalaifons , fa poudre , ôc Ces préparations, produifent principalement la colique de Poitou , dont voici les fymp« tomes. - Le malade eft attaqué de douleurs aiguës. & infupportables dans le bas- ventre, qui fbnc vagues ou fixes : il relient une douleur lanci- nante & poignante , dans l'eftomac , dans ie non.brill, dans les hypocondres , une :onftipation opiniâtre , qui cède à peine aux lavemens ôc aux laxatifs ; des agitations con- tinuelles, le dégoût, des naufées , la pâleur, ia frigidité , des fueurs , des fyncopes. COL friquentes , Pabattemenr de toutes les for- ces , le troubk dans toutes les fecrétions,Ie tremblement , la parnlyiie qui en eft une fuite, ou un afthme fpafmodique incura- ble i fymptomes qui ne fe manifeftent dans route leur étendue que lorfqu''ii n'y a plus de remède. Pour guérir cette maladie , quand elle n'eft pas parvenue à fon dernier excès , il faut employer les apéritifs , les fondans , les favonneux , les défobftruans , les lénitifs doux &dcterf:fs en forme liquide , médio- crement chauds & en petite dofe. Dans le temps des convulfions fpafmodiques , on donnera les caïmans , les opiates avec le fa- von tart.ireux , ou Topium mêlé avec le cûjtoreum , les clyfteres avec le baume de Copahu. On appliquera fur le bas-ventre des flanelles trempées dans une décodion de fleurs de camomille , de baies de genièvre, & de femences carminatives ; des demi-bains faits avec les plantes chaudes &c nervines. On frottera tout le corps , &: en particulier les vertèbres &: le bas-ventre , avec les fpiri- tueux , les huiles de romarin & autres de cette efpece. Si la paralyfie commence à fe former , il faut recourir à l'ufàge des eaux minérales fulfureufes. Un médecin françois a donné il y a plus d\m fîecle un traité latin in-/f. decolicâ Pic- tonum , qui eft inutile aujourd'hui j mais on trouvera de bonnes obfervations fur cette maladie dans la bibliothèque raifiinnée. ( M. le chevalier DE JaucoUET.) Colique , adj. en ariatomie , fe dit de quelques vaifl'eaux qui fe diftribuent au co- lon. V^oye^CoLO^. COUR, f. m. {Hift. mod.) officier de l'empire de la Chine , dont la fondion eft d'avoir' Pinfpedion fur ce quife pafle dans chaque cour ou tribunal , & qui , fans ctre membre de ces tribunaux , aiïiftc à toutes la afîemblées , de reçoit la communication de toutes les procédures. C'eft proprement ce que nous appelions un infjpecleur ou con- trôleur. Il a des intelligences fecretes avec la cour j & dans Poccafion il attaque ouvertement les mandarins , & cela non- feulement fur les fautes qu'ils peuvent commettre dans leurs fondions , mais même dans leur vie particu- lière & privée. O Q) 11^ 4^^v Pourqu'ilfoitjn3tpai'.ttal,.o»lcrèndencié-, rement indépendant , 6c fà. charge eft per- pétuelle. Les colirs font redoutibics-., njêmc- aux princes du fang. ( G ) COLIS , f. m. terme de négoce- en ufàge à Lyon ; il eft fynonyme à ballot , balle , caijfe y &c, y^o^'e:^ le diclionn. du Commerce, COLISÉE , f. m. ( Hifl. nat. ) On fait que chez les Romains c'étoit un amphithéâtre ovale que bâtit l'empereur Vefpaiîcn , près du ballin de la maifon dorée de Néron. On y ^'oyoitdesftatuesquirepréfentoient toutes les provinces de l'empire, & dans le milieu étoit celle de Rome tenant une pomme d'or dans fa main. On donnoit en- core le nom de colifée à un autre amphithéâ- tre bâti par l'empereur Sévère. On répréfentoit dans le cclifée des jeux dc des combats de gladiateurs & de bêtes fau- vages. Ce qui refte aujourd'hui de ces édi- fices eft tcès-peu de chofe , le temps Se la guerre les ayant réduits en ruines, f^cye:^ ' Amphithéâtre. Diâ. de Trév. & de Me réri. ( G ) ^COLISSE , f. m. ( M^nuf. en fhie. ) forte de mailles entre lefquelies on prend les fils de la chaîne ou du poil , pour les faire.lc- ver & baifter àdifcrétion. Il y a les mailles à grand coVjJe ; ôc les mailles h. colijfe fimpk. F'oye:^^ l'article Y ELOVKS. COLL, {Gécgr.) île dépendante de l'Éco{l / fe, du nombre des Werternes, jadis lesAV- brides : elle n'eft féparée de celle de Tyre-Y qui eft à fon midi , que par un canal aflèz étroit : & l'on obfervc que la nature fit ces deux îles particulièrement l'une pour Pau- tre , en ce qu'il naît plus de filles que de garçons dans Tyre-Y , de plus de garçons que de filles dans Coll. Cette dernière, un peu plus grande que la première , a dix mil- les du pays en longueur , 6c deux en lar- geur : elle eft généralemeiu fertile , & Tes cotes abondent en ftockfish. Des proteftans feulsPhabitent, & elle appartient à l'une des branches delà familie.de Maclean. {D. G.) COLLADI , f. m. ( H"//?, nat. Botaniq. ) . les Brames nomment ainfi & tambidc-baio , . lesPortugais/âv/7.f-orc/^e/>eco//ar/o/2, c'eft-à-dire, fauf à vérifier fi les productions font complètes,. &C fi toutes les pièces énoncées en l'iiivencaire de production font jointes. Les commis greffiers qui expédient les j ugemens fur la minute , mettent au bas de la copie ou expédition , collationné, pour dire qu'ils ont fait la collation de la copie on expédition avec l'original. L'ordonnance de Charles V^ du ly janvier zj6y, portant réglemeiit pour le châtclet,. dit que les avocats ne plaideront aucune, caufe, s'ils n'en ont fait auparavant co/Zû/zo/z,. & qu'ils n'e^feront point collation en juge- ment; que swla veulent faire, ils fortironc de l'auditoire, & la feront à part. Mais M. Sccoufîè penfe que le terme de collation fignifie en cet endroit la communication des pièces qwe fo font réciproquement les. avocats : c'eft en effet une efpece de vé- rification qu'ils font des. faits, fur les pièces* COL Les lecretaîres du roi ont un droit de collation, qui leur a été accordé pour la fignaiure des lettres de chancellerie , qu'ils iont préfumés ne ligner qu'après les avoir cbllationnées ; il en ell: fait mention dans le fciendum de la chance^ilerie , que quelques- uns croient avoir été rédigé en 1 3 3 9 , d'au- tres en 141 5". Il y eft dit que la collation des lettres doit fe faire en papier, & le droit de collation que Ton doit payer pour chaque forte de lettre y eft expliqué. L'ordonnance de Charles F7, du H/f mai 2g8^ , portant confirmation d'un règlement fait par les fecretaires du roi , pour la diftri- burion des droits à eux appartenans pour les lettres qu'ils fignent, porte que le droit de collation qui appartient aux fecretaires du roi , fe partagera entre eux ; que ce droit fera reçu par deux fearetaires du roi députés par la compagnie, & diftribué comme il eft dit par cette ordonnance. Les fecretaires du roi ont aulïî le droit de délivrer des copies collationnées de toutes lettres de chancellerie , contrats & jugemens. Les notaires peuvent aufTî délivrer des copies collationnées , tant des adles qu'ils reçoivent que de tous autres a6tes, lettres &: jugemens qui leur font reprcfentésj ils dif- tinguent la copie collationnée fur la minute de celle qui n'a été collationnée que fur la grollè ou fur une autre expédition ou copie. La collation a plus ou moins de force félon le plus ou moins d'authenticité de l'original fur lequel elle eft faite; ainfi la collation faite fur la minute fait plus de foi que fur la groflè ou expédition. On diftingue auili deux fortes de colla- tions; favoir , la judiciaire de l'extrajudi- ciaire : la première eft celle qui fe fait en vertu d'ordonnance de juftice, les parties intéreirées préfentes ou ducment appellées ; l'autre eft celle qu'une partie fait faire de fon propre mouvement , & fans y appeller ceux contre qui elle veut fe fervir de la copie collationnée. L'ordonnance de i6€j, tit. xij. traite de compulfoires & collations de pièces ; le com- ' pulfoire précède ordinairement la collation. L'ordonnance veut que les afiîgnations pour afiiftcr aux compulfoires , extraits & colla- tions de pièces, ne fbient plus données aux COL >47î portes des églifes ou autres lieux publics , pour de-là fe tranfporter ailleurs , mais qu'elles foient données à comparoir au do- micile d'un greffier ou notaire, & que les afiîgnatfons données aux perfonnes ou do- miciles des procureurs aient le même effet pour les compulfoires , extraits ou colla- tions de pièces, que fî elles avoient été faites au domicile des parties. Le procès-verbal de compuhoire &c de collation ne peut être commencé qu'une heure après Téchéance de l'afïignation ; & il doit en être fait mention dans le procès- verbal. Voye-;^ Compulsoire. Ces Collations judiciaires fe font par le miniftere du greffier ou huiffier, au do- micile duquel l'afïignation eft donnée. Les pièces ainfi collationnées font la même foi que l'original contre ceux qui ont été préièns ou appelles à la collation ^ pourvu que les formalités néceflaires y aient été obfervées. Les collations extraj udiciaires fe font par les fecretaires du roi ou par les notaires ; on leur remet entre les mains la pièce que l'on veut faire collationner; ils en font faire une copie au bas de laquelle ils mettent : Cslla^ tionné à l'original (ou autre copie ) , par nous ..,.,.. Ù à l'injlant remis l'origitwl (ou autre copie.) -F^/V ^ .... ce ... . Les copies collationnées fur le requtfitoire d'une partie , ne font foi qu'autant qu'on veut bien 7 en ajouter. Dumoulin , fur {'article § delà coutume de Paris y /z. 6j, au mot dénombrement , dit que quand quatre notaires auroient collationné une copie fur l'original , & qu'ils ccrtifie- roient que c'eft le véritable original pour l'avoir bien vu & examiné , néanmoins leur copie collationnée ne fait pas une pleine foi fans la repréfentation de cet original; car, dit-il, les notaires ne peuvent dépofèr que de ce qu'ils voient ; & n'ayant pas vu faire l'o- riginal , ils n'en peuvent pas auflî avoir de certitude , ni rendre témoignage que la pièce qu'on leur a mife entre les mains fût l'origi- nal. Il en feroit autrement fi le notaire avoit lui-même reçu la minute de l'adte ou s'il en eft dépofîtaire ; d'ailleurs Dumoulin ne parle que d'une collation extraj udiciairc faite fans partie préfénte ni appellée. {A) CoiLATiON , ( Jurifpr. ) en matière Ooo i binéficiale, fe prend taiicot pour le droit de C3nférer un bénéfice vacant de fait ou de droit , ou de fait & de droit , ou pour l'ade par lequel le collateur confère le bénéfice , c'eft-à-dire , donne titre & provifion par écrit à quclqu^un pour le pallèder. Le droit de collation ne doit pas être confondu avec celui de nomination ou préfentation , ni avec celui d'inflitution. Par le terme de Jimple nomination ou préfentation, on entend le droit qui appar- tient aux patrons laïques ou eccléliaftiques de préfcnter quelqu'un à Tévêque pour erre pourvu du bénéfice. Une telle nomi- nation ou préfentation eft fort différente des provifions mêmes ; car Pévêque peut refuier le préfenté , li celui-ci n'a pas les qualités & capacité requifes pour polTéder le bénéfice ; & s'il le trouve capable, il lui donne des proviiions , fans leiquelles le préfenté ne peut jouir du bénéfice. On fe fert néanmoins quelquefois, mais improprement , du terme de nomination pour exprimer le droit de collation , ce droit étant fort différent, comme on voit, de la fimple nomination ou préfentation. Pour ce qui eft du terme inJUtution, il a trois li£;ni(ications différentes; car il le prend quelquefois pour la provilion que Pévcque ou autre collateur donne fur la pré- itntation du patron , ou pour Tautorifarion que 1 evêquc donne fur des provifions pro- prement dites, mais d'un collateur qui lui eft inférieur en dignité &c en puillance ; enfin, il lignifie aulTi la confirmation que le col- lateur fait d'une éledion à un bénéfice qui eft fujette à confirmation. La collation des bénéfices appartient de droit commun à chaque évêque ou aiche- vêque dans ion diocefè j^ &: au pape par prévention. Il y a cependant quelques abbés , des cbapitres, & autres ecclciiaftiques , qui ont droit de ctllation fur certains bénéfices, pour Icfquels le pourvu eft feulement obligé de jreudre le vifa ou inûitution canonique de ï'évêque , lorlqu'ii s'agit d un bénéfice à charge d'ames. F. înstitutiok, Nomi- l^AllON , PRÉSENTATION, PROVISION. Ondiftinguedeux fortes de coUativas; fa- \eir, la collation libre ou volontaire, ik la êuUatiii ucceflaiiei foicée ou involontaire. COL La collation eft libre & volontaire , lorf^ que Ï'évêque ou autre collateur , eft le maître de la faire à qui bon lui femble , fans être aftreint à donner le bénéfice à une perfonnc plutôt qu'à une autre , à caufe de quelque grâce expedative, telle que celle de l'induit ou à&s gradués , des brevetaires de joyeux avènement & de ferment de fidélité. On appelle collation nêcejfaire , forcée ou involontaire , celle dans laquelle le collateur eft obligé de conférer le bénéfice à celui à qui il eft affedté par quelque expeélative , par exemple , à un gradué, foit que le col- lateur ait le choix entre plufieurs gradués hrnples , ou qu'il foit dans le cas de con- férer au plus ancien gradué , qu'on appelle gradué nommé. Le collateur, pour établir fbn droit de col- lation ^ n'a pas befoin de rapporter de précé- dentes provifions du même bénéfice , don- nées par lui ou par quelqu'un de les prédé- celleurs; il lui fuffit de prouver par des ades &c titres anciens que le bénéfice dépend de lui, & qu'aucun autre collateur n'en réclame la collation. Voye:^ de la Combe , jurifprud.. canoniq. au mot collât, fecl. j , n. J. En fait de collation^ trois ades difFérens, joints à une poflcfiion de quarante ans, ac- quièrent le droit à celui qui fe prétend col- lareur. La Rochefl. liv. /, tit. xxxiv, art. z« La collation m.ême forcée étant toujours un ade de jurifdiéfion volontaire ou gra- cieuie, peut être faite en tous lieux par le collateur , même hors de fon territoire. Ceux qui ont à leur collation des béné- fices fitués hors le royaume , font obligés de les confier conformément aux loix qui s'obfervent dans le lieu de la firuation de ces bénéfices; & par une fuite du même principe , les collateurs étrangers font obli- gés de le conformer aux loix du royaume pour les bénéfices qui y font litués. Du- mouUn, de infirm. refign. n. 2.8z. Ainfr ils ne peuvent conférer qu à des regnicoles^ Déclarât, de janvier iGSî. La collation du bénéfice peut être faite à un abfenr , & zeWe collation empêche la prt^ vcntion ; ilfuftit que le pourvu accepte dans les trois ans , auquel cas Ion acceptation a un effet rétroadif au jour, des provifions. Dumoulia, ibid. & Louet, n. JX & JJ.. Uu collateur ne peut pas fe conférer à lui- COL msme le bé-îiélîce q ui cft à fa collation , quand même il en feroit auffi patron & préfenta- teur ;il ne peut pas non plus le le faire donner par ion grand-vicaire, s'il en a un. Capital. per nojîras ext. de jure patron, Voye^ ci-de- vant au mot Collateur. Dans les colLt ions qui fe font paréleétion, les électeurs doivent donner leur voix à un autre qu'eux , il y a néanmoins des exemples que des cardinaux Ce donnent leur voix à eux-mêmes , & qu^un cardinal auquel les autres s'en étoient rapportés , s'eft nommé lui-même pape , ce qui eut (on effet. Deux collations ou provifions de cour de Rome , faites le même jour Se d'un même bénéfice à deux perfonnes différentes, fe détruifent mutuellement par leur concours, cap. duohus de refcriptis , in fexto ; ce qui a lieu quand même l'une des deux collations oa provisions ie trouveroit nulle. En cas de concours de deux provifions du même jour , dont l'une eft: émanée du pape, l'autre du collateur ordinaire , foit l'évêquc ou autre collateur fupérieur ou inférieur , celle du collateur ordinaire eft préférée, quand même celle de cour de Rome mar- querait Pheure. Lebret , //v, /^, drcijîon I. Journal des aud. arrêt du 1 6 mars iGGi. Lorlque l cvêque ou archevêque & leur grand-vicaire ont conféré le même jour , le pourvu par Tévêque ou archevêque eft pré- féré , à moins que le pourvu par leur grand "vicaire n'eût pris pofleiïlon le premier. Re- buffe , tracl. de benef. tit. de refcrip. ad bemf. y ce. Kuzé i privil. ^G, n. lo. Dans le cas où deux grands- vicaires ont donné le même jour des provifions , autre- fois on donnoit la préférence à celle qui mar- quoit l'heure; mais fuivant la déclaration du 10 novembre 1748 , la feule date du jour eft utile. Vcye:^ Date. Un collateur eccléfiaftique ne peut varier ; sll confère à une perionne indigne ou inca- pable , il perd pour cette fois la collation du bénéfice ; mais le collateur même eccléfiafti- que quiconferc fur une démiftion ou permu- tation nulle , peU'Ptonférer le même bénéfice comme vacant par mort à la mêroeperfbn- ne ; cette nouvelle cu//,(7?/o^ n'eft piÉj^fidé- rée comme une variation de la p;M, étant faite yî/3 diverfo refpeclu. L"s coilateurs biques , foit les patrons que COL 477 l'on comprend quelquefois fous ce terme , foit les coilateurs proprement dits , peuvent varier dans leur collation ; ce qui ne lignifie pas qu'ils puiflentenlever au pourvu le droit qui lui eft acquis , mais qu'ayant fait une pre- mière collation qui eft nulle, ils en peuvent faire une féconde ou autre fubféquente , pourvu qu'ils foient encore dans le temps de nommer. l^lus charger le pourvu de récompenfer quel- qu'un ; ce feroir une claufe fimoniaque. • Toutes provifions doivent être fignées de deux témoins connus, domiciliés, non pa- rcns ni alliés , julques & compris le degré du. coufin-^ermain , foit du collateur > foit du 478 COL pourvu , à peine de nullité. Rebufte ^fur te concordat de collât. Voyez audî l'art, ix de ledit de 1 646. L'édit de 1691 ordonne, ardclev, que tous coUateurs autres que les évêques , don- neront leurs proviilons devant deux notaires royaux &C apoftoliques , ou devant un tel notaire &c deux témoins. Mais l edit ne pro- nonce pas la peine de nullité ; 8c c'cft appa- remment par ce motif qu'une collation Elite fous feing privé en préfence de deux térnoins, fut confirmée par arrêt du grand-confeil du iç) juillet 171 1. Il n'eft pas néceflaire que le collateur garde minute des provihons qu'il donne ; cela fut ainfi jugé par arrêt du grand-confeil du 6 mars 1727. Jurifp. can. de de la Combe , p. 148 , col. %. Pour la validité de Pade de collation ou provision , il faut que cet adte contienne Ta- drefle du collateur à celui à qui il confère le bénéfice , le droit en vertu duquel il confère ; & fi c'ell: fur la préfèntation du patron , les provifions doivent en faire mention , & de même fi c'eft à un gradué , indultaire , ou autre expedtant , ou ii c'eft par droit de dé- volution. Il faut pareillement exprimer dans les provi- fions lesqualitésde celui que le collateur pour- voit du bénéfice , le genre de la vacance , la qualité du bénéfice , la collation en faveur de celui auquel le collateur veut donner le béné- fice,la date de l'aâ:e,la fignaturedu collateur & des notaires &: témoins fur la minute ou original de l'ade , & le fceau du collateur. Le collateur ordinaire n'eft cependant pas absolument obligé d'exprimer précifément le genre de vacance du bénéfice \ de s'il n'en exprime point , tous y font ccnfés compris. Dumoulin , de public, n. zoo.Fbje^j^CoLLA- TEUR 6* Provisions. ( ^ ) Collation , ( Économie domejlique. ) re- pas très-frugal qu'on fait le foir les jours de jeûne, &; d'où lepoiflbn & même les légu- mes cuits font profcrif s. Le même terme défigne un repas très-dif- COL nairement en vifite , ou à la fuite de quelque fête , comme daniès , bal , afl'emblée , &c. COLLATIONNEPv,veib. ad. terme de Librairie; quand on imprime un livre , &C que les feuilles en ont été aflèmblées ainii qu'il a été dit au mot ajfemblage , on les col- lationne , c'eft-à-dire qu'on les levé par des coins pour voir fi elles (c fuivent bien régu- lièrement, s'il n'y a point de feuilles de trop ou de moins. On collationne pareillement un livre entier quand on veut s'afiurer s'il eft complet, ce qui fe voit par la fuite non in- - terrompue des lettres de l'alphabet qui fc trouvent au bas de chaque feuille. CoLLATiONNER , termed' imprimerie yCt^ voir Se vérifier iur une féconde épreuve , Ci toutes les fautes marquées fur la première ont été corrigées exactement par le compoiiteur ; la même vérification fe fait enfuite fur la troisième épreuve , & quelquefois fur une quatrième , avant d'imprimer. ^ COLLE , r. f. {Art méchan. & Comm.) matière fadice & tenace qui fert , quand elle eft molle ou liquide , à joindre pluiîeurs chofes , de manière qu'on ne puiflfe point leS" féparer du tout , ou qu'on ne les fépare qu'a- vec peine quand elle eft fechc. Il y a diffé- rentes fortes de colle , dont nous allons faire mention , aprèsavoir remarqué que M. Muf- fchenbroek dit que la raifon pour laquelle la colle unit deux corps entre lefquels elle eft étendue , c'eft qu'elle s'infinue dans les ca- vités de leurs furfaces ; d'où il arrive que ces furfacesfe touchent alors par un plus grand nombre de points ; fyftême où Fauteur ne fiiit point entrer la delTication, conditioir fans laquelle toutefois les corps collés ne ré- fiftent point à leur féparation , quoique leurs furfaces fe touchent , félon toute apparence, par un nombre de points plus grand avant la dedîcation qu'après. CoLLE d'Angleterre owColle-forte; c'eft une dillblution des parties animales membrancufes , cartilagineufes & tendineu- fes qui (e fait dans l'eau. On defteche enfuite cette difiblution , pour en faire des tablettes férent du précédent j car on eft quelquefoiÉBfcui fe confervent fans (t corrompre. Les fervi en viandes froides , en confitures , eir jpiés , les peaux , les nerfs , les oreilles de pâtifl'erie , en fruits & en vins de toute efpe.- ce. La collation prife dans ce dernier fens peut être moins fo|nptueufe , mais ellç n'a point d'heure prefcrite. Elle fe pread ordi- peaux bœuJ^ÉjÉj^eaux , de moutons font d'excel- lente cZ^P^r/e. On fe fert le plus commu- nément des rognures de cuirs, ou de peaux de ces mêmes animaux , que l'on mêle COL or(3inairemcnt avec moitié d'oreiiioiis de bœuf, & ce mélange préparé de la manière que nous Vallons dire , fournit environ un tiers de Ton poids de bonne colle-forte. Par exemple , mille livres de rognures avec cinq cents livres d'oreillons, doivent donner entre cinq & fix cents livres de colle ; 8c en variant les doles de ce mélange , on donne une diffé- rente qualité à la colle. On met tremper féparément chaque ma- tière dans de grands cuveaux remplis d'eau, vingt-quatre heures fuffiroient pour des peaux fraîches : il en faut davantage pour les peaux feches , &c beaucoup plus encore pour les vieux cuirs, ayant foin de les remuer de temps en temps , foit avec une fourche ou avec une pelle. Qiiandcesmatieres font bien pénétrées d'eau , on les retire des cuveaux & on en charge des civières grillées, plus étroites par le fond que par le haut : ces civières font faites avec les barreaux ou pau- melles qui font reçues dans un fort bâtis de charonnage ou de menuiferic. Ces cuirs s'égouttent dans ces civières , enfuite on les lave à la rivière , ou dans un grand réfervoir d'eau , aux bords duquel on établit des ca- ges à Jour , que Ton plonge dans l'eau & qu'on en retire à volonté au moyen d'un chafïis qui forme une bafcuiC. Tandis que la cage où l'on met les morceaux de cu:rs , trempe dans l'eau , on les remue fortem.ent avec un bouloir , ou un barateau. De temps en temps , on abaiife la queue delà bafcule , pour faire forrir la cage de l'eau , afin que les cuirs s'égouttent,& que l'eau fale en forte. Puis , on les replonge de nouveau & on les remue, répétant cette manœuvre jufqu'à ce qu'ils foient bien nettoyés, ce que l'on reconnoît lorfque l'eau qui en fort eft claire. Les oreilles fur-tout qui confervent ordinai- rement plus de faletés, ont befoin d'un lavage multiplié. Après le lavage , on porte les cuirs dans des cuveaux cerclés de fer , pour les y faire tremper dans une eau de chaux plus ou moins foible. On fe fert toujours des civiè- res grillées pour porter les cuirs 5 Se pour les manier , Pon fe fert du barateau ou d'une fourche. Les cuirs ordinaires trempent dans une eau de chaux allez foible , qu'on renou- velle tous les quinze jours avec un feau ou deux de nouvelle eau de chaux j de l'on COL 47P retourne de temps en temps les cuirs qui font en trempe. Mais pour les peaux qui ont été pafTées à l'alun ôc au fuif , ainfî que les ma- tières qui contiennent de la graifïe , du fang , de la f uiovie , des parties charnues ôc du poil, il faut les mettre dans une forte eau de chaux , &; les y tenir plus long-temps que les autres ; Se pour que la chaux puiilè plus commodément difloudre les parties char- nues Se fanguinolentes , lorfqu'on les retire des cuveaux , toutes blanches de chaux , on les conferve à fec dans des folles , ou en tas fous des hangars , fouvent pendant un hiver entier , parce que dans cet état elles ne font pas fluettes à s'altérer ; puis, on les retrempe dans des cuveaux pleins d'eau, où on les remue fortement. On les lave à la rivière Se elles font en état d'être niifes dans la chaudière. Jufqu'ici on a lavé, trempé, brafle les diverles matières féparément : il efl temps de les afiàrtir. On les mêle en dofes convena- bles , puis on leur donne un dernier lavage ; on les pallè même fous la prefl'e , iî Ton croit à propos d'exprimer une panie de Peau dont elles le font imbibées , de peur qu'elle ne rendit la colle trop claire , ou trop difficile à s'épaiiTir. Alors on les met dans une chau- dière de cuivre , montée fur un fourneau de m.açonnerie. On la rempUt jufqu'au- defîus dc3 bords , Se l'on met au fond de la chau- dière une grille de bois for:e , pour empê- cher que les matières ne s"y attachent Se ne brûlent. Il y a des faifeurs de colle qui n'a- joutent point d'eau dans la chaudière à celle que les matières ont prife dans la trempe , prétendant qu'elles en ont allez pris. D'autres y en mettent un peu, fur-tout files matières (ont dures Se feches , parce que la trempe ne leur en a pas donné une quantité fuffifante : c'eft à rintclligenCe du fabricant à régler la quantité d'eau néceflàire pour obtenir la meilleure colle. On allume fous la chaudière d'abord un petit feu pour fondre les matières peu à peu Se fans les brûler ; on augmente ce feu par degrés jufqu'à faire bouillir la colle : les u^ diminuent le feu à mefure que la colle fe fait & la laiflèntfe faire fans remuer; d'autres » quand une partie des peaux efl fondue , bra(- fent Se remuent vigoureufement avec le palon ou bouloir, cequ'ilsrépe:cent de temps 48o COL en temps jufqu'à ce que la, cvV.e ioit faire : on reconnok qu'elle Peft , lorfcjue étant refroidie elle forme une gelée paflablement épaifle ; alors il cil temps de la retirer. Cette opéra- tion dure de douze à quinze heures , félon le degré de feu \ mais il eft à propos d'aller len- tement , & il vaut mieux diminuer le feu à mefure que les matières fondent , ou qu'il y en a une partie de fondue , que d'en préci- piter la fufion par un feu violent. Il eft temps Se dans une autre ordonnance du mcm.e roi, du mois de juillet 1 3 5 y, on voit qu'une partie des habitans du Limohn & des pays voifins, ayant accordé à Jehan de Clermont , maréchal de Frcnce, qui étoit lieutenant pour le roi dans les pays d'entre les rivières de Loire & de Dordogne , une aide ou fub- fide d'argent pour l'engager à demeurer dans le pays &c le mettre mieux en état de le défendre , ils arrêtèrent que cette aide feroit levée & cueiUie par bonnes gens fol- vables, établis ôc nommés parles commis & jufticiers de chaque lieu ; ce qui fut confirmé pair le roi Jean. Ordonnance de lu troifieme race. (A) Collecte impope par une ville: Philippe VI en confidération de ce que les bourgeois de Mâcon lui avoient fourni un certain nombre de gendarmes , ou de quoi les fol- der , leur accorda entr'autres chofes , par des lettres du mois de février 1 346 , que les confeillers de cette ville pourroient faire ù impofer des col k 3e s j tant fur* les perfonnes que fur les pofleffions & héritages de leur yille , en la manière accoutumée ; les recou- Trer , lever , ou faire lever , cueillir & con- vertir au profit commun de cette ville , & à ce qui feroit néceflaire. Ces lettres furent confirmées par le roi Jean , au mois d'o6bo- bre 1362. Voyc':^ le recueil des ordonnances de la troifieme race. (A) Collecte du Sel ou de l'impôt du fel , cft le recouvrement qui fe fait de Timpofi- tion due au roi par chaque contribuable pour fa cote de fel , dans les pays où le fel fe diftribue par impôt. L'ordonnance des gabelles diftingue les greniers à fel d'irnpôt, .& ceux de vente volontaire : elle fait l'énu- mération des lieux où le fel fe diftribue par impôt; 6c dans le titre viij, il eft dit que les ailéeurs de colledeurs du fel feront nom- més pas les habitans afi'emblés en la ma- nière^ accoutumée au Ton de la cloche s àuiîue de la mefle paroiiTiale ou de vêpres , G O L dans le m.ois d'oclobre de chaque année ; favoir deux d?ns les paroUles où le priPiCi- j^al de rim.pct: eft au delfous d''un muid de fel , quatre dans celles qui font impofces à un muid de fel ôc au deflùs, &c îîx dans celles qui portent deux muids de fel & au- delîùs; que les habitans les plus riches Se les médiocres feront nommés colLcîcurs à leur tour, en nombre égal; que les habitans doivent mettre au greffe du grenier à fel de leur relfort , une expédition en bonne forme de la nomination des collecfteurs , avant le premier novembre de chaque année, iinon , aprcs ce tem^s pafte , fans autre fommatioii ni diligence , les collecteurs doivent être nommés d'office par les officiers du grenier à iel, fuivantl'ordre quia été expliqué. On ne doit point nommer pour aftceurs & collec- teurs de l'impôt, ceux qui exercent des oftî- ces dejudicaturedansles juftices royales, les mineurs, les leptuagénaires, ceux qui font \x cclkcle des tailles , ceux qui l'ont faite tant du fel que de la taille dans les années précé- dentes, les maires , échevins & fyndics des paroiflés dans le temps de leur charge , les regratiers , ceux qui font dans la première année de leur mariage , & généralement ceux qui font exempts en vertu d'édits regif- trés à la cour des aides. Il eft défendu aux cours des aides de recevoir Pappel des nomi- nations de colleéleurs de fel , fauf l'oppolî- tion devant les premiers juges , & enfuite Pappel à la cour des aides, & le tout doit être jugé fommairement de manière qu'il y ait des colledleurs nommés avant le premier dé- cembre. Perfonne ne peut affifter à la nomi- nation des collecteurs avec les habitans , ni à l'afïîette de l'impôt avec les colledeurs, excepté le notaire ou fergenr qu'ils voudront choifir , pour rédiger par écrit l'aCte de no- mination ou le rôle , fans que le greffier du grenier à fel, fes clercs 6c comrnis y puilfcnr vaquerdireélementou indired:emenL. Il eft enjoint aux colledeurs d'inférer au rôle qu'ils feront de l'impôt, le nombre , qualité & con- Ht'on des perfonnes de chaque maifon qui y eft fujette ; de marquer à la fin les noms, îunioms , & nombre des eccléfiaftiques > nobles , & autres exempts, 6c de mettre deux copies lignées de cesrôles, l'une au greffe du grenier à fei.. l'autre entre les mains du fer- , mier des gabelles ou de fes commis. Les col- G O L çolIe£teursTie doivent faire qu'uii feul rôle pour chaque année, lequel ell vérifié par les officiers du grenier à Tel, qui ne peuvent augmenter ni diminuer les cotes, ni ordon- ner que le rôle fera refait. Après la vérification du rôle , les collcdeurs doivent lever le Tel de l'impôt dans les premiers huit jours du quart-er de janvier, &: continuer de le lever dans les premiers huit jours de chaque quar- tier , 6c le diftribucr aux contribuables dans la huitaine fuivante. Ils font obligés de por- ter entièrement le fel dans leur paroifle le même jour qu'ils le prennent au grenier. Les deniers provenans de l'impôt du fel , doivent être payés par les colledeurs entre les mains du commis des gabelles , favoir moitié dans les lîx premières femaines , ôc l'au- rre moitié à la fin de chaque quartier ; finon ils y font contraints folidairement pour em- f)rifonnement. Ils font autorifésà retenir fur e dernier paiement de Pimpôt du fel une certaine remife fixée par l'ordonnance. Le fel d'impôt que les colledeurs ont négligé de lever ne leur eft point délivré fix femaines sprès l'année expirée , on leur diminue feu- lement le prix du marchand. Les principaux h^^bitans des paroifîes peuvent être contraints fc H lairem.cnt par emprifonncment pour 1 impôt , lorfque tous les colledeurs ont été difcurés en leurs perfonnes & biens. La dif- cufTion des colledeurs en leur perfonne eft fuffifantc , quand ils ont gardé prifon pen- dant un mois , ou lorfqu'il y a eu perquifition de leur perfonne. Les colledeurs emprifonnés pour le paiement de l'impôt ne peuvent être élargis ; même fous prétexte de la révérence des quatre bonnes fêtes de l'année, ou autres réjouitLmces publiques, qu'en payant du moins la moitié des fommes pour lefquell-es ils font détenus. Voye:^ l'ordonnance des ga- belles , titre riij , qui détaille plus au long les règles qui doivent être obfervées pour celte colkcle Ôc pour les colledeurs. Voye-;^ ûujfi la déclaration de il2. mai i jo8 , portant règlement pour la punition des colledeurs de l'impôt du fel qui divertirent les deniers de leur colkâe ; de la déclaration du l^ janvier îjî8 , portant règlement pour la nomination des colledeurs de l'impôt du fel : le recueil du fieur Bellet, page 8Sy de aux mots G a- PELLE , Grenier a sel. Sel. ( ^ ) Collecte pes Tailles, eft le recouvre- C O L 485 ment que les colledeurs font de la raille fur chaque taillable. L'ufige de cette collecic doit être fort ancien , étant certain que dès avant S. Louis on payoit des tailles en France pour les befoins de l'état. Se que S. Louis ne fit que régler la manière de les im.pofer. Le terme de collecle ôc celui de taille étoient lynonymes au commencement , foit que par le terme de collecte on entendit la taille qui fe levoit fur le peuple , foit que le recou- vrement de l'impôt fe pr:t quelquefois pour l'impôt même : c'eft ce que l'on voit dans Matthieu Paris, ainfi que nous l'avons déjà remarqué ci-devant fur le mot collecle en général. Il eft parlé des colledeurs des paroi fies dans un règlement fait par la chambre des comptes en 1 3 04 ; mais ces colledeurs étoient prèpofés pour la perception des fouages. Une ordonnance de Philippe VI , de l'an 1329 , fait mention des colledeurs députés pour le recouvrement d'une imposition fur les nouveaux acquêts : ce qui fait voir que le nom de colledeurs n'ètoit pas propre unique- ment à ceux qui Icvoient la taille ; qu'il fe donnoit anciennement à tous ceux qui étoient chargés de la levée & recouvrement de quel- que fubfide ou impofition. Dans des lettres du roi Jean , du moisd'odobre 1 362. , qui per- mettent aux habitans de Soiflôns d'élire leurs gouverneurs , tréforiers & colledeurs; ces derniers font nommés colkcîores feu taillia^ tores : ce qui fait connoitre que les collec- teurs faifoient dès-lors l'afliette de la taille. Il y a pluiîeurs chofes à obferver par rap- port à la collecle &c aux colledeurs des tailles. Age. Les feptuagènaires ne pouvant plus être contraints par corps , ne peuvent plus être forcés d'être colledeurs : néanmoins d un feptuagénaire acceptoit la charge , il fe- roit contraignable par corps pour le fait de fa commiflion. Apothicaires, ne font excn^pts de la collecle, Voye^ le mémoire alphahéiiqm. Afféeurs , eft un premier titre que l'on donne aux colledeurs , parce qu'ils font d'abord l'afTîette des tailles fur chaque contribuable. Les afteeurs étoient autre- fois desperfonnes différentes des colledeurs ; ils furent fubftitués aux premiers élus qui impofoient la taille ; on lés choififtbit prami les gens du lieu. Les fondions d'alTèeurs i & de colledeurs fuient féparées jufqu'au 4S^ cet temps â'ilenri III , qu'elles furent réunî(!S ; i'afleeur ne faifoit auparavant que raffieite. Se le coUeéleur la recette , mais comme les afl'éeurs étoient garaiis de la non-valeur des afïîettes envers les colled:eurs, ce qui cau(bic continuellement des procès entre eux, on trouva plus convenable d^établir que ceux qui feroient TafTiette, f croient auffi la collecîe. h* article ij du règlement de r 600 , & le xxx\'iij du règlement de 1634 , por- tent que les afleeurs feront collecleurs en la même année de leur charge. Depuis ce temps, on joint prefque toujours le titre à'r.Jfécurs à celui de collecleurs ; mais dans l'ulage on dit amplement collecleurs. Avocats , font exempts de faire la collecîe : mais ce privilège neft pas accordé à tous ceux qui ont le titre d'avocat; on le reftreint à ceux qui exercent aduellement la pro- fefïion. Chirurgiens , ne font point exempts de la collecîe , à moins que ce ne foit par privi- lège particulier; tels que les chirurgiens du roi. ClaJfesoM échelles : il eft permis aux habi- tans des paroifles d'établir , fi bon leur fem- ble , deux clafles ou échelles compofées Pune des plus riches habitans , & Pautre des mé- diocres ; afin que chaque contribuable vienne à fon tour à la charge de collecteur : & quand les habitans fe font une fois foumis à cet arrangement , il n'eft plus en leur pou- voir de le changer, DéclarationdemarsiCj^y article 5. Colleâeurs, voye^^ce qui efi: dit ci-devant , & ce qui fuit, & au mot Collecteur. Déch d'un collecteur arrivant avant la confection des rôles , ou avant qu^il ait été rien reçu ,on en peut nommer un autre pour remplir fa place : mais s'il décedt avant l'exécution du rôle , ceux qui relient font feuls la collecîe. Décharge; ceux qui font nommés collec- teurs , & qu? prétendent avoir des raifons pour fe fiire décharger delà collecîe , doivent , fuivant la déclaration du 18 août 1685 , fe pourvoir dans la quinzaine du jour de leur nomination pardevant les officiers des élec- tions ; autrement la quinzaine paflee , ils n'y font plus recevables , & il eft défendu aux cours des aides de recevoir directement les appellations des nominations des collecteurs ■■, faufaux parties , après le jugement des op^o- c oc firîon<; ; a {è pourvoir par appel de ces juge- mens à la cour des aides. Les colleCteurs nommés ne peuvent obtenir leur décharce qu'elle ne ibit ordonnée avec le procureur- lyndic de la paroiflè. Les élus doivent être au nombre de trois pour juger ces oppo- litions , & les colleCteurs font tenus de faire PafTiette & levée des deniers , jufqu^à ce qu'il y ait d^autres colleCteurs nommés. Rè- glement de îGoo , art. i^ , confirmé par plu- fieurs autres réglemens poftérieurs. Diminution , voyez Taxe. Domicile : iuivant le règlement de février 1(^63 , un habitant qui transfère (on domi- cile après fa nomination à la collecîe , ne peut être déchargé. Echelles , \'oyez Clûjfes & Tableau. Etpprifonnemens , voyez Prifonniers. Exemptions de la collecîe , voyez Age , Avocats y Médecins. Par arrêt du confeil du premier décembre 1645 , les exemptions de la collecte des tailles Se fublîftances accordées jufqu'alors furent révoquées , à l'exception de celle des colleCteurs de l'impôt du fel , & pour l'année feulement qu'ils feroient collec- reurs du fcl. M f: la die incurahle , tel que le mal caduc ou autre qui fait perdre la raifon & empêche d^agir , exempte de la collecîe. Marguilliers en charge , ne font exempts de la collecîe que pendant l'année de leur charge. Règlement de février i6G^. Mém. alphab. Médecins , font ordinairement déchargés de la collecîe , pour la dignité & nécefïité de leur emploi. "Nombre desajféeurs 6' collecleurs. Le règle- ment de 1600 , article îz, dit qu'ils feront misjufqu'au nombre de quatre chacun an, pour les grandes paroifles taxées à 30oècus de grande taille & au-deflus ; & pour les moindres paroîlïes deux , qui feront enfem- ble la recette , ou la fépareront entre eux , s'ils veulent , par quartier ou demi-année. U article ^8 du règlement de 1654 , or- donne qu'au lieu de quatre colleCteurs pour les paroifles taxées à 1 500 livres &: au-deflus , il en fera nommé huit , & pour les moindres paroifles , quatre , afin qu'ils puiflent fe fou- lager l'un l'autre , & lever plus facilement les deniers de la taille , & qu'ils feront en- ^ lèmblc cette levée par quartier & demi- COL année , ainfi qu ils conviendront entre eux. La déclaration du 24 mai 17 17 , pour préve- nir toute difficulté en cas de partage d'avis entre les colledleurs , ordonne que dans les paroifïes où il eft d'uTaged^'avoirplusde trois colledeurs , le nombre foit à l'avenir de cinq ou fept. Nomination des collecteurs ; elle doit être faite par les habitans des paroilles duement ailèmblées à l^ifl'ue de la grand'mefle , à jour de dimanche ou fête , & Paflèmblée qui fe fait pour cette nomination^ doit être publiée au prône des grand'mefles par deux diman- ches confécutifs. Ces publications faites , le procureur-fyndicdoit faire fonner les cloches ou battre le tambour, fuivant Tufàge des lieux , &c fe trouver devant Péglife à l^ifllie de la mefle paroilïia[e on des vêpres , affillié d''un notaire ou aut^e perfonne publique , lequel rédige l'adte, 6^ fait mention de tout ce qui a précédé : on doib ^(^nommer par nom 6c furnom les habitans qui fe trouvent à Tafiemblée , & faire mention qu'un tel a nommé un tel , &: faire ligner chaque habi- tant , ou s'il ne lait pas figner , en faire mention. La nomination des colleéleurs xloit être faite dans le courant de feptembre , de lignifiée aux colledeurs avant le premier c6iobre. Déclaration du %8 août 1 68^. La déclaration du 1 août 1 7 1 6 , ôc celle du 9 août 1723 , ont ordomié de faire dans chaque paroiflè un tableau des habitans , fuivant lequel ils viendront à la collecle cha- cun à leur tour d'année en année : mais ces réglemens n'ont pas encore eu par-tout une pleine & entière exécution. Suivant la déclaration du 28 août i68y , faute par les habitans de faire les nomina- tions des colledeurs , & de les avoir fait regiftrer en l'éleétion dans le dernier feptem- bre , il efl: dit qu'il fera procédé d'office à la nomination des colledeurs par les commif- laires départis dans les provinces , & par les officiers des éleélions, fans néanmoins que le > officiers des éledions en puiflènt nommer feuls. Ceux qui ont déjà fait la fondion de col- ledeurs 5 ne peuvent être nommés de nou- veau qu'après trois années , èc pour les villes murées , qu'après cinq années. Règlement de février îG6^. D'office j voyez ci-devant Nomination» COL 487 Oppojîtion , voyez ci-devant Décharge. Prifonniers : les colledeurs emprifonnés faute de paiement , ne peuvent être élargis fans appeller les receveurs des tailles ou leurs commis qui les ont fait emprifonner. Règle- ment de 264^ , article ij. Si tous étoient empriionnés , on en élargiroit un pour ache- ver le recouvrement. Ces élargiflemens fè demandent ordinairement aux féances que la cour des aides tient à la conciergerie à Noël & à Pâque : mais il faut pour en obtenir l'élargiilement , que le colledeur paie au moins un quart de la fomme pour laquelle il eft cmprifonné. Rôle ou affiette des tailles , doit être faite par les colledeurs en lieu de liberté \ per- sonne ne doit y affifter que le notaire , fer- gent , ou autre perfonne choifie par les col- ledeurs pour écrire les taxes. Ils doivent y procéder dans la quinzaine du jour de la réception du mandement pour l'impofition de la taille. Déclarât, du mois d'août 1683. Ils doivent marquer fur le rôle le nom & la {^rofcflion de chaque taillable , Tefpecc de Ion commerce ou induftrie , la quantité de terres qu'il exploite , le nom du propriétaire , le nombre de charrues ou paires de bœufs , fervant au labourage. Arrêt du confeil du J juillet ly^J. Voyei plus bas Taxe. Solidité. Les colledeurs font refponfabîes folidairement du fait les uns des autres. Règle- ment de îGoo , art. Zii , & de 2%-^ , art. ^8. Taxe : les colledeurs ne peuvent le taxer ou cotifer ni leurs parens & alliés , à moins jqu'ils l'étoient l'année précédente, ou fur le pié de leurs cotes , au cas que la taille eut augmenté ou diminué , li ce n'eft qu'ils eulîènt fouffert quelque notable perte ou. dommage en leurs biens & facultés , ôc que pour raifonde ce , les élus au nombre de trois euflent jugé qu'il y eût lieu à un rabais. Edit de iGoo , article zo , & de z6?4 , article ^o. Ils ne peuvent pas non plus être augmentés en fortant de charge , qu'à proportion de . l'augmentation fur la taille , s'il y en a. Régi. de l6j2 , art. G. Voyez le mémoire alphab. des tailles , aux mots ajféeurs , collecle , collec- teurs y rôle y tailles , &;c. ( ^ ) Collecte , ( WJi. eccléf. Lithurg. ) dans la mefle de l'églife romaine , & même dans la lichurgie anglicane, lignifie une prière £rojpr£ à certains jours defâesj que le prêtre 488 COL récite immédiatement avant 1 epître. Voy. LiTHURGiE & Messe. Eli général toutes les oraifons de chaque office peuvent être appellées colleâes , parce que le prêtre y parle toujours au nom de toute lallèmblée , dont il réfume les ienti- mens^' les deiirs par le mot oremus , prions , ainfi que l'obferve le pape innocent ïll , ou parce que les prières lont offertes lorfque le peuple^eft: ailemblé , ce qui eft lopinion de Pamelius dans les remarques fur TertuUien. Qiielques-uns attribuent f origine de ces collèges aux papes Gélafe & S. Grégoire le grand. Claude Defpenfe , dodeur de la faculté de Paris , a fait un traité particulier des colkâes , où il parle de leur origine ; de leur ancienneté , de leurs auteurs , ùc. Dans quelques auteurs anciens on trouve le nom de collecle appliqué à Taflèmblée ou congrégation des fidèles. Colleâ2 fignifie auifi les quêtes qu'on fai- foit dans la primitive ' églife dans certaines provinces , pour en foulager les befoins des pauvres & du clergé d'une autre province, il en eft fait mention dans les ades & dans les épîtres des apôtres. V. Trév. & Chambers. COLLECTEUR , f. m. {Jurifprud. ) eft le nom que l'on donne à ceux qui font chargés du recouvrement de quelque impofi- tion : comme les collecteurs des tailles , ceux de Timpôt du fel \ on donnoit aufti autrefois le nom de colleâeurs à ceux qui étoient pré- pofés pour la levée de diverfes autres impofi- tions, comme enverra dans les fubdiviiions iuivantes. Chez les Romains , les importions ordinaires furent appellées canonica , & les collecîcurs canonicarii , comme on voit en Vauth. de collatorïbus ,^^hoc cujîodiri. Voy. ci -devant Collecte & ci-après Collec- teurs DU Sel & DES Tailles. (A) Collecteurs de l'Aide, voje:(^ Col- lecte d'une aide , Collecteurs dï L''ÀssisE, Collecteurs des Impositions & Subsides. {A) Collecteurs des amendes , voye:^ ci- devant Collecte des Amendes. {A) Collecteurs de l'Assise ou Aide fur les marchandifes ù denrées qui fc vendent à Taris ; il en eft parlé dans des lettres de Philippe VI , du 17 février i:545>, portant qu'il feralevé pendant un an une impolition , qui eft qualifiée à' aide ou ajjifc , fur toutes COL ' les marchandifes & denrées qui feront ven- dues dans la ville ik fauxbourgs de Paris j que s'ilavenoir'âucuns débats ou difcuiïions entre les collecteurs députés à la levée de ladite impo- fiîion de les bonnes gens de ladite ville de Paris , les prévôt 6c échevins en pourront ordonner , ô'c. {A ) Collecteurs du droit d*Aubaine. Il y en avoir du temps du roi Jean , comme il paroît par des lettres de Charles V , alors régent du royaume , du 16 février 1361, qui défend à tous officiers ^ commiflaires-co//ec- teurs, de autres, d'inquiéter les aubams qui étoient membres du chapitre de Rheims. Ordonnance de la troijiemc race. {A) Collecteurs des Dlcimes. Il en eft parlé dans les lettres du roi Jean , du 1 2 janvier 1 3 j i , portant commifTion au prieur de S. Martin des champs de Paris , envoyé par le roi dans le Languedoc pour y régler toutes les affaires quiregarderoienr la finance ; le roi lui donne pouvoir de pourfuivre tous receveurs , collecteurs 5c fous-collecteurs des décimes , pour les obliger de rendre compte : ces Colleâeurs des décimes faifoient alors la fonétion que font aujourd'hui les receveurs particuhers des décimes dans les diocefcs. Ko jc^ ci -après Décimes. (^) Collecteurs députés a lever Vimpofition , &c. voy. Collecteurs de l'imposition fur les marchandifes. Collecteurs députés fur les finances des nouveaux acquêts , étoient ceux qui étoient prépofés pour le recouvrement des droits dûs par les gens de main-morte pour les nou- velles acquifitions par eux faites ; il en eft parlé dans des lettres de Philippe VI , du 19 janvier 152,9, qui font adrelîces au bailli de ville _, & collecloribus deputatis fuper finan- dis acquejîuum in bailliviâ antediclâ. {A) Collecteurs des Fouages , étoient ceux qui faifoient la levée de l'impofition ou aide appellée fouage , qui fe levoit fur cha- que feu ou ménage ; Charles V ordonna , le Il novembre 1379, que ces collecteurs nt feroient plus nommés par les élus ni par les autres officiers , mais qu'ils feroient choifis par les habitans des lieux fujets à cette im- pofition j que les habitans feroient garans de leur geftion &: recette ; que les afleeurs & collecteurs prêteroient ferment , que les afleeurs feroient l'alïiette & donneroient sux colleâeurs COL collecteurs le rôle d'impofidon un mois avant le commencement de Tannée; que les collecleurs pourroient recevoir un mois avant le terme du paiement, & quijize jours après contraindre ceux qui n'auroient pas payé ; qu'un des collecleurs apporteroit au receveur les deniers de Pimpofîtion quatre jours au plus tard après l'échéance du terme : il eft dit par cette même ordonnance , que les afleeurs & colleâeurs feront réputés offi- ciers royaux , & qu'on leur obéira comme à des fergens royaux ; qu^ils pourront prendre des commiiTions des élus du dioceiej que Il les contribuables ne paient pas, les collec- teurs en feront refponfables en cas qu'ils n'aient pas fait les pourfuites néceffaires pour les faire payer ; enfin , que les colleâeurs qui iront porter au receveur l'argent de Timpo- fition 5 auront pour le temps de leur voyage quatre (ous par jour s'ils font à cheval , & deux fous par jo^ir s'ils font à pié; 5c que pour récompenfe de la peine qu'ils auront de lever Timpofition , ils en feront exempts , à moins que les habitans ne conviennent avec eux d^un autre falaire. On voit par ce détail que Ton obfervoit alors à-peu-près le mêm.e ordre pour les collecleurs y que Ton oblerve aujourd'hui pour ceux des tailles qui ont f)ris la place du droit de fouage , fi ce n'eft que les colleâeurs des tailles ne ibnt pas exempts de Timpofition , comme Té- roient les colleâeurs des fouages. Cette or- donnance contient auffi un règlement pour la gabelle , à la fuite duquel il eft dit que les élus & les grenetiers feront jurer tous les ans aux colleâeurs des fouages , qu'ils leur dé- nonceront ceux qui contreviendront à cette ordonnance dans leurs paroiflès ; & que lorfqu'ils le feront , ils auront la récompenfe alîîgnée aux dénonciateurs , qui eft la moitié des confifcations &: amendes. V.le recueil des ordonn. de la troijîeme race, 5c Fou Age. (A) Collecteurs d'Impositions, Ce nom étoit commun autrefois à tous les prépofés établis pour la levée de diverfes impoiitions ; c'eft en ce fens qu'il fe trouve employé dans des lettres de Philippe VI, du 3 juin 13 48, adreftees à tous nos jufticiers, fénéchaux , baillis, receveurs, fermiers, colleâeurs des impositions , & autres qui ces préfentes lettres verront; il leur eft défendu de con- traindre aucun changeur à payer impoiîtion Tome VIII, COL 48c> du billon d'or Ou d'argent , qu'ils auront vendu ou acheté dorénavant pour porter aux moDIiioies. ordonnance de la troiJieme race, tomz. II Q A) Collecteurs de l'Imposition yî/r /e^ marcfiandifes ù denrées vendues à Paris. Voye^ Collecteurs de l'assise. {A) Collecteurs de l'impôt du Sel, v. Collecte du Sel. (A) Collecteur du Pape en France; il y a eu quelques papes qui , du confentement de nos rois, ont levé de temps en temps en France une imposition fur le clergé pour la Terre -fainte ôc autres objets de piété. .Par exemple, Alexandre IV impofa, du confentement du roi, un centième fur le clergé de France pour la Terre-fainte. Les papes levoient auflî des procurations , dixièmes , & d'autres droits fur les béné- fices; 6c pour cet eftet ils avoient des col- leâeurs & fous-coUeâeurs : il en eft parlé dans des lettres de Charles V, du 4 fep- tembre"i37j; ôc plus amplement encore dans des lettres de Charles VI, du 3 oc- tobre 138J, par lefqueiles il en révoque d'autres qui avoient ordonné de pourfuivrc les eccléiîaftiques qui n'avoient pas payé au pape les redevaiices qu'il exigeoit d^eux. Le même prince , dans une Inftrud-ion qu'il donna le 1 1 mars 1388 aux généraux des aides fur la levée des aides, djt que le pape avoit envoyé une bulle portant que les colleâeurs & fous-colleâeurs & autres officiers, étoient francs & exempts des aides qui étoient alors établies ; que cela porteroft un grand préjudice au roi , vu que tous ces officiers avoient coutume de payer les aides ; pourquoi il ordonne aux généraux d'avifer le remède convenable & d'y pourvoir. Il en eft encore parlé dans d'autres lettres du même prince, du 28 feptembre 1390; & enfin par d'autres lettres du 17 juillet 1398, il défendit à tous fes fujets, de quelqu'état qu'ils fuflcnt, de rien payer aux colleâeurs du pape des revenus éc émolumens qu'il avoit coutume de prendre dans le royaume & dans le Dauphiné : la même défenfe fut par lui renouvellée le 19 décembre 1403 . V. le recueil des ordonn. de la troifieme race. (A) Collecteurs du Sel , voye:^ ci-devant. Collecteur du Sel. {A) Collecteurs des Subsides , étoient" aqq 490 COL ceux qui feifoient la levée <3es impofîtions ' extraordinaires que Ton mettoit en temps de guerre j il en eft parlé dans dé^ lettres df Philippe VI, du j8 juin 1319, adref- lees au Bailli de Bourges , où il dit que pour cïiufe de la guerre qu'il devoir avoir en Gai cogne, pluiieurs commiflàires, col- hcîeurs , fergens & autres , avoient levé fur les fujets de ce bailliage pluiieurs fommes d'argent & pluiieurs gages. {A) Collecteurs de Subventions, étoient les mêmes que ceux qui faifoient la levée des aides, & autres impofîtions j ils font nommés fubventionïwi co/kâcres dans des lettres du roi Jean du 16 février 1 361. Ordonnance de la troijieme race. {A) COLLECTIF, adj. {Gram.) Ce mot vient du hûncoUigere^ recueillir, rafièm- bler. Cet adjeélif le dit de certains noms fubftantifs qui préfentent à l'efprit l''idée d'un tout , d'un enfemble formé par l'af- ièmblage de plufieurs individus de même elpece ; par exemple , armée eft un nom collectif y il nous préfente l'idée finguliere d'un enfemble , d'un tout formé par l'af- femblage ou réunion de pluiieurs ioldats : peuple eft aulTi un terme colleclifi parce qu'il excite dans Pefprit l'idée d'une col- lection de pluiieurs perfonnes raflemblées en uh corps politique , vivant en fociété fous les mêmes loix : foret eft encore un nom coUeclif; car ce mot , fous une e^xpref- ^on finguliere , excite l'idée de pluiieurs arbres qui font l'un auprès de l'autre; ainfi le nom colle3if nous donne l'idée d'unité par une pluralité aifemblée. Mais obfervez que pour faire qu'un nom ibit collecîify il ne fuftit pas que le tout fait compofé de parties divifiblesj il faut que ces parties foient aduellement féparées , & qu'elles aient chacune leur être à part , autrement les noms de chaque corps par- ticulier feroient autant de noms coUcclifsi car tout corps eft divifible : ainfi homme n'eft pas un nom collecîify quoique l'homme foit compofé dç différentes parties; mais ville cil un nom collecîify foit qu'on prenne ce mot pour un affemblage de différentes maifons , ou pour une fociété de divers citoyens : il en eft de même d« multitude, quantité, régiment y troupe ^ la plupart ^ ÔCC. JUl Élut obfeiver ici vuie maxime impor- COL tante de grammaire , c'eft que le fens eft K principale règle de la conitrudion : ainfi quand on dit qu'une infinité de perfonnes Jbuîiennent y le xcrhc fou tiennent eil au plu- riel , parce qu'en effet , félon le fens , ce lont plufieurs perlonnes qui iouriennent : finfinité n'eft que pour marquer la plu- ralité des perfonnes qui foutiennent : ainfi il n'y a rien contre la grammaire dans ces fortes de conftrudions. C'eft ainfi que Virgile a dit : Fars merfi tenuere ra:em ; &c dans Salufte , pars in carcerem acli , pars bef~ tiis objecli. On rapporte ces conftructions à une figure qu'on appelle fyllepfe; d'autres la nomment fyntheje : mais le nom ne fait rien à la chofe; cette figure confifte à faire la conftruélion félon le fens plutôt que félon- ies mots. Voye:^ Construction. {F) COLLÉG AT AIRES , C m. pi. {Jurif^ prud. ) font ceux auxquels une même chofc. a été léguée conjointement. . Pluiieurs légataires d'une même chofe peuvent être conjoints en trois manières dif- férentes , (avoir, re , verbis , aut re & verbis^ Ils font conjoints feulement re , c'eft- à-dire par la chofe , lorfque la même chofe leur eft léguée à chacun par une difpofi- tion particulière : par exemple , je lègue à Titius ma maifon de Tufculum , je lègue à Mcevius ma maifon de Tufculum. Ils f(?nt conjoints de paroles feulement, verbis , lorfque la même difpofition les appelle au legs d'une certaine chofe , mais néanmoins en leur afîgnant à chacun la part qu'ils doivent y avoir : par exemple > je lègue à Titius &c à Mœvius ma maifon de Tufculum par égales portions. On les appelle conjoints re & verbis , lorfqu'ils font appelles enfemble & à la. même chofè fans diftinârion , comme quand le teftateur dit : je lègue à Titius & à Mœvius^ ma maifon de Tufculum. Le droit d'accroillèment n'a pas lieu entre toutes fortes de collégataires , mais feulement entre ceux qui font conjoints re y ou qui le font tout enfemble re & verbis. Voye[ injî. lib. II y tit. xx ; voye^ Légataire & Accroissement. {A) COLLEGE, f. m. corps ou compagnie de perfonnes occupées des mêmes fonc- tions. Collegium chez les Rojnains avoit le même fens; on s'en fendit indifféremmeat COL pour ceux qui vaquoient aux affaires de la religion , à celles de l'état , ai*x arts libé- raux, aux arts mécha niques, au commerce, ùc. Ce mot ne fignifieit proprement qu'une compagnie^ une focié té. Voye:^ Société, Ainfi parmi eux, outre le collège des au- gures Se celui des capitolins , c'eft-à-dire, la compagnie qui avoir la furintendance des jeux capitolins, on comptoit encore le collée des artificiers , celui des charpentiers , des potiers, des fondeurs, des ferruriers, des ouvriers pour les machines de guerre , des bouchers, des dendrophores , des ra- vaudcurs, des tailleurs d'habits militaires, des faiseurs détentes, des boulangers , des muficiens, &c. Voye'{^ Augure. Plïitarquc prétend que cette divifîon du peuple en collèges y étoit un effet de la po- litique de Numa, qui voulut que les dif- férens intérêts de ceux qui compofoient ces divers collèges les tenant toujours défunis, les empêchaient de penfer à aucune conC piraiion générale. Ces collèges étoient dif- tingués des autres fbciétés formées fans laveu de Tautorité publique, en ce que ceux qui compofoient ces collèges traitoient pour les intérêts communs de leur corps , & qu'ils étoient autant de membres de l état : ils avoient une bourfe commune, & un agent pour folliciter leurs affaires : ils en- voyoient des députés aux magiflrats quand ils ne pouvoient y aller en perlonne; enfin, ils avoient droit de faire des ftatuts &: des réglemens pour l'adminiftration de leurs affaires , à - peu - près comme font parmi nous les corps de métiers par leurs (yndics , jurés, gardes & autres officiers. Il y a parmi les modernes quelques col- lèges , mais d'un ordre bien fupérieur à ces collèges des Romains , tels que les trois collèges de Pempire. Voye-^ ci-dejfous Col- lèges DE l'Empjre , & le Collège des Cardinaux , ùc. Collège des Avocats. Les avocats, confidérés tous enfemble , forment un or- dre , Ôc c'efl ainfi qu'on les qualifie ordi- nairement; néanmoins dans quelques prp- vinces, comme à Rouen, à Lyon, &c. on dit le collège des avocats. Voye-^ Avo- cats , Ordre des Avocats. Collège des Avocats au Conseil, eft la compagnie des avocats qui /ont COL 491 chacun pourvus d^un office d'avocat es conieils du roi , en vertu duquel ils peuvent feuls occuper dans toutes les iiîflances qui ie portent au oonfeil. Fcrye;^ Avocats au Conseil & Conseil. Collège, fignifie auflî quelquefois un corps d'eccléfiafliques. C'efl en ce Çtns que l 'on dit collège des cardinaux ou lefacré collège. Il y a auffi des collèges de chanoines & des collèges de chapelains. On ne donne communément le titre de collège ou de collégiale aux chanoines féculiers ou réguliers , que dans les égUfes autres que la cathédrale. Pour ce qui eft des chapelains , il y a des cgliies , même cathédrales , où ils forment un corps que Pon appelle collège , comme dans l'églife cathédrale de Rouen , où il y a cinq ou fîx collèges différcns de chape- lains, qu'on appelfe collégiaux^ à la diffé- rence d'autres chapelains de la même églifè , qui ne forment point de corps entre eux, & qu'on appelle non -collégiaux. Le Collège des Cardinaux ou Iq facré collège , eft le corps des cardinaux qui font divilés en trois différens ordres; les cardinaux évêques, les cardinaux prêtres & les cardinaux diacres. V. Cardinal. Chaque ordre a fon doyen ou chef; celui des cardinaux évêques eft toujours l'évêque d'Oftie. Collège des Secrétaires du Roi» eft la compagnie des fecretaires du roi : il y a le grand & le petit collège. Le grand collège eft la compagnie des fecretaires du roi , maifon couronne de France & de fes finances, qui font attachés à la grande chancellerie de France. Cette compagnie étoit autrefois compo- fce de fix collèges différens. Le premier, qu'on appelloit le collège ancien y ne fut d'abord compofe que de foixante perfonnes; favoir, le roi & cin- quante-neuf fecretaires. Ce collège fut de- puis augmenté de foixante fecretaires ap- pelles ^^^3i à la requête du docteur Withe , en qualité de préiident des membres du col- lège de Sion , & d'un hôpital fondé pour dix pauvres hommes & autant de femmes. Les officiers de cçcdlegeCom le préfîdent, deux doyens , & quatre aiTèfîèurs ; ils font élus tous les ans parmi les curés 3c vicaires de Londres , & font fujets à la vifite de l'cvéque. Ils ont une belle bibliothèque fon- dée par M. Simfon : elle eft principalement deftinée à Tufage du clergé de Londres, fans en excepter cependant les autres étudians. Ils ont aullî une claftè avec des chambres pour les étudians ; mais elles font occupées communément par les miniftres des paroiffes voifines. Chambers. Collège des Docteurs en Droit de Londres , ordinairement appelles doclors commons , a été îovÂi parle dodeur Ilarvey, doyen de la cour des Arches , en faveur des profeileurs de droit civil établis à Londres , auffi-bien que pour le juge de la cour des Arches de Cantorbéry, le juge de l'ami- rauté , de la cour de la prérogative , ùc. ôc autres do6beurs en droit. Ils vivent tous, tant pour le logement que pour lanouiiiturej à COL 45)5 la manière des collèges, c'eft-à-dire en com- mun , ce qui fait qu'on les appelle doclors commons. Leur maifon ayant été brûlée dans le grand incendie de 1 661 , ils demeu- rèrent à Exeter-houfe-in the Strand, jufqu'à ce que leur ccZ/eoe fut rebâti à leurs dépens, -&.ayec magnificence. Ce Collège a trente procureurs qui fc char- gent de toutes les caufes des étudians. Voye-^ Procureur. Collège des Hérauts d'armes jc'eft un» compagnie établie par des patentes du roi Richard IIÏ , qui leur a donné pluiieurs privilèges , comme d'être exempts de fublî- des , de péages , d^offices , ùc. Voyc:^ HÉRAUT. Ils ont eu- une féconde patente fous le roî Edouard VI ; & une maifon proche celle des docteurs communs, que le comte de Derby avoit fait bâtir fous le règne d'Henri VII , leur fut donnée par le duc de Norfolk fous le règne de la reine Marie. Cette maifon a été nouvellement rebâtie. Cette compagnie a trois officiers appelles rois d'armes , reges armorum anglicorum ; fix hérauts & quatre pourfuivans. Voye^^^, Roi d'armes, HÉRAUT d'aRMES &PoUR- suivANS d'armes. Chambers. (G) Collège des Marchands j c^eft ainfî que l'on nomme dans prefquc toutes les vil- les anféatiques un lieu ou place publique , où s'aflemblent ordinairement les marchands & négocians pour traiter des affaires de leur commerce. C'eft ce' qu'on appelle ailleurs bourfe , à Lyon place du change. Voyer Bourse , Place du change & A:;séati- ques. On appelle auffi à Londres collège, un endroit où s^aflèmblcnt ceux qui font de la fociété royale. Les Anglois ont joint à ce mot de collège celui de Gresham , nom de ce fameux marchand anglois , que la reine Elifabeth employa en qualité de réfidenc dans les pays-bas , & fur-tout à Anvers , pour les affaires du négoce , auquel on érigea des ftarues en i f 64 & en i ;66 dans la place de la bourfe & dans ce collège , qui atoujours^é appelle depuis Gresham col- %£ , en coniillfration de ce que Gresham avoit fait fleurir en Angleterre le commerce Se les manufactures. Dicl. du Cornm. Foye:^ Collège de Gresham, 45)4 COL Collège fignîlîe aulTI en quelques endroits la même chofe que communauté ^ c'e(l-à- dire un corps d'artifans de certains métiers, unis enfemole fous une même difcipline &: fous les mêmes officiers. Nous avons emprunté ce terme des La- tins, chez qui collegium avoir la même figni- fication dans les arts &: métiers qu'a parmi nous le mot de communauté, comme il paroît par plufieurs anciennes infcriprions , où Ton trouve le collège des marchands . le Collège des forgerons , le collège des boulan- gers , le collège des bateliers. Voyez tanti- fuiîé expliquée du P. Montfaucon. Les Hollandois nomment aufïî collèges les différentes chambres de leur amirauté, établies dans q^uelques- unes de leurs princi- pales villes j (avoir , à Amfterdam , Rot- terdam , Hoorn , Middelbourg & Har- lingen. Voye-;^ Amirauté , & Dicl. du Comm. (G) Collège , terme d'Arckiteâure , grand bâtiment établi pour enfeigner la religion , les huraanités , ôc les belles-lettres , com- pofé de plufieurs chapelles, clallès , ôc loge- ■ftiens , tant poiu: les prpfefl'eurs , que pour les penfionnaires ôc bouriiers. Ces édifices doivent être bâtis avec fi^lidité & fimplicité, iîtués , en bon air , tenus peu élevés , & être munis de grandes cours ôc de jardins fpacieux. Celui des pères Jéfiiites à Rome , appelle le collège romain, eft un des pluscon- dérables pour la beauté de (on archireârure. On peut encore nommer celui des Quatre- iiations à Paris , èc celui de la Flèche en Anjou. Il faut un a(îemblage de plufieurs coU legcs pour former une univerfité. Voye'^ Université. L'univerfité d'Oxford eft compofée de dix-neuf collèges. Se de fix halls , ou lieux deftinés à loger &c à nourrir en commun de pauvres écoliers.* Celle de Cambridge compte douze collèges 5c quatre halls. Urxnï- verfité de Paris a onze collèges de plein exer- cice , & plus de quarante autres fondés pour un certain nombre de bourfiers, & aflèz vaftes pour contenir encore un f rand nom- bre d'étudians qui y logent î^qui de-là vont écouter les profelleurs dans les collèges de plein exercice. LMredion des collèges ne fe peut faire en COL » Angleterre que par le confentement èc l'au- torité du roi , & en France que par lettres- patentes. Chez les Grecs les collèges les plus célèbres étoicnt le lycée & l'académie : ce dernier a donné le nom à nos univerfités , qu'on appelle en latin académies ; mais plus pro- prement encore à ces fociétés littéraires qui depuis un fiecle fe font formées en Europe. Outre ces deux fameux collèges dans l'anti- quité greque , la maifbn ou l'appartement de chaque philofbphe ou rhéteur pouvoic être regardé comme un collège particulier. Voye^LycÉE ù Académie. On prétend que les Romains ne firent de pareils établiflemens que fur la fin de leur empire : quoi qu'il en foir, il y avoit plu- fieurs collèges fondés par leurs empereurs & principalement dans les Gaules , tels que ceux de Marfeille, de Lyon, de Befançon, de Bordeaux , &c. Les Juifs ôc les Egyptiens avoient aulTî leurs collèges. Les principaux de ceux des Juifs étoient établis à Jérufalem, àTibériade, à Babylone : on prétend que ce dernier avoit été inftitué par Ézéchiel , & qu'il a fubfifté jufqu'au temps de Mahomet. La plupart de ces établiflemens deftinés à. l'inftrudion de la jeunefle , ont toujours été confiés aux perfonnes confacrées à la reli- gion : les mages dans la Perfe , les gymnofb- phiftes dans les Indes , les druides dans les Gaules ôc dans la Bretagne , étoient ceux à qui l'on avoit donné le foin des écoles pu- bliques. Fbj^^ Druide, M agh, &c. • Après l'établi (îement du chriftianifme il y eut autant de collèges que de monafteres. Charlemagne, dans fes capitulaires , enjoint aux moines d'élever les jeunes gens , ôc de leur enfeigner la mufique , la grammaire & Tarithmérique : inais foit que cette occupa- tion détournât trop les moines de la contem- plation , ôc leur enlevât trop de temps , fbit dégoût pour l'honorable , mais pénible fonc- tion d'inftruire les autres , ils la négligèrent -, ôc le foin des collèges qui furent alors fondés fut confié à des pcrfonnes uniquement oc- cupées de cet emploi. Trév. Moréry , & Chambers. ( G ) Nous n'entrerons point ici dans le détail hiftorique de i'établilfement des différens coHeges de Paris > ce détail «eft point de COL l'objet de notre ouvrage , & d^ailleurs inté- relîèroit aflez peu le public : il eft un autre objet bien plus important dont nous vouions ici nous occuper; c'eft celui de l'éducation qu'on y donne à la jeunellè. Qiiintilien , un des hommes de l'antiquité qui ont eu le plus de lens&: le plus de goût, examine, dans Tes înflitutions oratoires y {\ l'éducation publique doit être préférée à l'éducation privée ; & il conclut en faveur de la première. Prefque tous les modernes qui Qfit traité le même fujet depuis ce grand homme , ont été de Ton avis. Je n'examinerai point fi la plupart d'entre eu*ïi*étoient point intérelîés par leur état à défendre cette opi- nion, ou déterminés à la fuivre par une admiration trop fouvent aveugle pour ce que les anciens ont penfé ; il s'agit ici de raifon , & non pas d'autorité , & la queftion vaut bien la peine d'être examinée en elle-même. J'obferve d'abord que nous avons alTèz peu de connoiflances de la manière dont fe raifoit chez les anciens l'éducation, tant pu- blique que privée , & qu'ainfi ne pouvant à cet égard comparer la méthode des anciens à la nôtre, l'opinion de Quintilien, quoique peut-être bien fondée , ne fauroit être ici d'un grand poids. Il eft donc néceflàire de voir en quoi confifte l'éducation de nos collèges, &c de la comparer à l'éducation domeftique > c'eft d'après ces faits que nous devons prononcer. Mais avant que de traiter un fujet fî im- portant, je dois prévenir les lecteurs délîn- terelTés , que cet article pourra choquer quel- ques perfonnes , quoique ce ne foit pas mon intention : je n'ai pas plus de fujet de haïr ceux dont je vais parler , que de les crain- dre ; il en eft même plufieurs que j'eftime , & quelques-uns que j'aime & que je refpec- te : ce n'eft point aux hommes que je fais la guerre , c'eft aux abus , à des abus qui cho- quent & qui affligent comme moi la plupart même de ceux qui contribuent à les entrete- nir , parce qu'ils craignent de s'oppoier au torrent. La iliatiere dont je vais parler inté- refle le gouvernement & la religion , & mé- rite bien qu'on en parle avec liberté , fans que cela puifle ofFenfer perfonne: après cette précaution , j'entre en matière. On peur réduire à cinq chefs l'éducation publique 3 leSt humanités x la rhétorique , COL 45) j j la philofbphie, les mœurs de la religion. Humanités. On appelle ainfi Ittempsqu'on emploie dans les collèges à s'inftruire des pré- ceptes de la langue latine. Ce temps eft d'en- viron fix ans : on y joint vers la Hn quelque connoiflànce très-fuperhcielle du grec ; on y explique , tant bien que mal , les auteurs de Pantiquité les plus faciles à entendre ; on y apprend aulîi , tant bien que mal, àcom- poièr enlatin; jenefache pas qu'on y èn- leigne autre choie. Il faut pourtant conve- nir que dans Funiverfité de Paris , oij ciia- que profefleur eft attaché à une clallc parti- culière , les humanités font plus fortes que dans les collèges àtiégwYiQis, où les profef- feurs montent de claflè en clafle , & s'inf- truifent avec leurs difciples , en apprenant avec eux ce qu'ils devroient leur enieigner. Ce n'eft point la faute des maîtres, c'eft, encore une fois , la faute de l'ufage. Rhétorique. Quand on fait ou qu'on croit favoir allez de latin , on pafle en rhétorique: c'eft alors qu'on commence à produire quel- que chofe de loi-même; car jufqu'aiors on n'a fait que traduire , foit de latin en fran- çois , foit de françois en latin. En rhétori- que on apprend d'abord à étendre une pen- fée , à circonduire Se allonger des périodes ^ & peu à peu. l'on en vient enfin à des dif- cours en forme , toujours ou prefque tou- jours , en langue latine. On donne à ces dif- CQurslenom d'amplifications ; nom très-con- venable en effet , puifqu'ils conliftcnt pour l'ordinaire à noyer dans deux feuilles de ver- biage, ce qu'on pourroit & ce qu'on dcvroit dire en deux lignes. Je ne parle point de ces figures de rhétorique fi chères à quelques pédans modernes , 8c dont le nom même eft devenu fi ridicule , que les profefîeurs^ les plus fenfés les ont entièrement bannies de leurs leçons. Il en eft pourtant encore qui en font grand cas , & il eft afïèz ordinaire d'interroger fur ce fujet important ceux qui afpirent à la maîtrife es arts. Philofophie. Après avoir pafTé fept ou hu* ans à apprendre des mots , ou à parler fans rien dire , on commence enfin , ou on croit commencer l'étude des ciiofes ; car c'eft la vraie définition de la philofophie. Mais il s'en faut bien que celle des collèges mérite ce nom î elle ouvre pour l'ordiiiaire par um compendium , qui eft , fi on peut parler ainE^ 49(f COL le rendez-vous d'une infinité de queftions inutiles fur Pexifcence de la philofophie .fur la philofophie d'Adam , ùc. On pafle ae-là en logique : celle qu'on enfeigne, du moins dans un grand nombre de collèges , eft à- peu-près celle que le maître de Philofophie le propofe d'apprendre au bourgeois gentil- homme : on y enfeigne à bien concevoir par le moyen des univerfaux, à bien juger par lemoyendescathégories^&àbicnconftruirc un fyllogifme par le moyen des figures, bar- hara y celarenî , dûrii , ferio , baralipton , &c. On y demande fi la logique eft un art ou une fcience , fi la conclufion eft de l'elTence du fyiîogifme , ùc. &€. &c : toutes queftions qu'on ne trouvera point dans l'art de penfer; ouvrage excellent , mais auquel on a peut- être reproché avec quelque raifon d'avoir fait des règles de la logique un trop gros vo- lume. Là métaphyfique eft à-peu-près dans le même goûtj on y mêle aux plus impor- tantes véritQS les difcuflions les plus futiles: avant & après avoir démontré l'exiftence de Dieu , on traite avec le même foin les gran- des queftions de la diftindion formelle ou virtuelle , de l'univeriel de la part de la chofc, ôc une infinité d'autres ; n'eft-ce pas outra- ger 6c blafphémer en quelque iorte la plus grande des vérités , que de lui donner un.fi ridicule & ii miférable voifinage î Enfin dans la phyfique on bâtit à fa mode un fyf. tême du monde ; on y explique tout ou pref- que tout ; on y fuit ou on y réfute à tort &z à travers Ariftote , Defcarrcs Se Newton. On termine ce cours de deux années par quel- ques pages fur la morale , qu'on rejette pour l'ordinaJre à la fin , fans doute comme la partie la moins importante. Mœurs & Religion. Nous rendroffî fur le premier de ces deux articles la juftice qiii eft due aux foins de la plupart des maîtres ; mais nous en appelions en même temps à leur témoignage i & nous gémirons d'autant plus volontiers avec eux fur la corruption do:nt on ne peut juftiner la jeunefle des co/- legiis , que cette corruption ne fauroit kur être imputée. A l'égard de la religion , on tombe fur ce point dans deux excès égale- ment à craindre : le premier & le plus com- mun , eft de réduire tout en pratiques exté- rle ures , & d^attacher à ces pratiqtjes une vejftu qu'elles n'ont apurement pas ; le fe- COL cond eft au contraire de vouloir obliger les enfans à s'occuper uniquement de cet objet j & de leur faire négliger pour cela leurs autres études , par lefquelles ils doi- vent un jour fe rendre utiles à leur patrie. Sous prétexte que Jefus-Chrift a dit qu'il faut toujours prier, quelques maîtres, ôc fur-tout ceux qui font dans certains prin- cipes de rigorifme , voudroient que prefque tout le temps deftiné à Pétudc fe pafsât en méditations & en catéchifmes; comme fi le travail & Pexadtitude à remplir les de- voirs de fon état, n'étoient pas la prière la jîlus agréable à f)ieu. Auffi les difciples qui , loit par tempérament, foit par pareflè, foit par docilité, fe conforment fur ce point aux idées de leurs maîtres, fortent pour l'ordinaire du collège avec un degré d'im- bécillité & d'ignorance de plus. Il réfulte de ce détail qu'un jeune homme après avoir pafle dans un collège dix années , qu'on doit mettre au nombre des plus pré- cieufes de fa vie , en fort lorfqu'il a le mieux employé fon temps, avec la connoiftance très-imparfaite d'une langue morte, avec des préceptes de rhétorique ^ des principes de philolbphie qu-'il doit tâcher d'oublier; fou vent avec une corruption de mœurs dont ^altération de la fanté eft la moindre fuite ; quelquefois avec des principes d'une dévotion mal entendue ; mais plus ordinai- rement avec une connoiftance de la religion a fuperficielle , qu'elle fuccombe à la pre- mière converfation impie , ou à la première ledure dangercufe. V. Classe. Je fais quQ les maîtres les plus fenfés déplo- rent ces abus avec encore plus de force que nous ne faifons ici; prefque tous défirent paf- fionnément qu'on donne à l'éducation des collèges une autre forme : nous ne faifons qu'*expofer ici ce qu'ils penfent, &: ce que perfonne d'entre eux nofe écrire; mais le train une fois établi a fur eux un pouvoir dont ils ne fàuroient s'affranchir; & en ma- tière d'ufage, ce font Içs gens d'efprit qui reçoivent la loi des fots. Je n'ai donc garde dans ces réflexions fur l'éducation publique , de faire la fatire de ceux qui enfèignent, ces fentimens feroient bien éloignés de la recon- noiftance dont je fais profeftion pour mes maîtres : je conviens avec eux que l'autorité fupérieure du gouvernement eft feule capable d'arrêter COL C CTL 45^7 d'arr*ter les progrès d'un fî grand mal ; T r'ifme , déclarent une guerre mortelle. Nous je dois même avouer que plusieurs profef- Tcurs de l^univerfîté de Paris s'y oppofent autant qu'il leureft pofïîble , & qu'ils ofcnt s'écarter en quelque cliolè de la ^routine ordinaire , au rifque d'être blâmés par le plus grand nombre. S'ils ofoient encore davan- tage , & Cl leur exemple étoit fuivi , no^is verrions peut-être enfin les études changer de face" parmi nous : mais c*efl: un avantage qu'il ne faut attendre que du temps , fi même le temps eft capable de nous le procu- rer. La vraie philofophie a beau fc répandre en France de jour en jour , il lui eft bien plus difficile de pénétrer chez les corps que chez les particuliers y ici elle ne trouve qu'une tête à forcer , fi on peut parler ainlî , là elle en trouve mille. L'univerfité de Paris , compo- fée de particuliers qui ne forment d^'ailleum entre eux aucun corps régulier ni eccléfiafti- que , aura moins de peine à fecouer le joug des préjugés dont les écoles font encore pleines. Parmi les différentes inutilités qu'on ap- prend aux enfans dans les collèges , j'ai né- gligé de faire mention des tragédies , parce qu'il me femble que l'univerfité de Paris commence à les prefcrire prefque entière- ment : on en a l'obligation à feu M. Rollin, un des hommes qui ont travaillé le plus utilement pour Péducationde la jeunefu; : à ces déclamations de vers il a fubftitué les exer- cices , qui font au moins beaucoup plus uti- les , quoiqu'ils puiffent l'être encore davan- tage. On convient aujourd'hui afïez géné- ralement que ces tragédies font une perte de temps pour lesécoliers d<. pour les maîtres: c'eft pis encore quand on les multiplie au point d'en repréfentcrplufieurs pendant Pan- née , &: quand on y joint d'autres appen- dices encore plus ridicules , comme des ex- plications d'énigmes , des ballets , & des comédies triftement ou ridiculement plai- fantes. Nous avons fous les yeux un ouvrage de cette dernière efpece ^intitule la défaite du Solécifme par Defpautere , repréfentée plu- lîeurs fois dans un collège de Paris ; le cheva- lier Prétérit , Le chevalier Supin , le marquis des Conjugaifons , & d'autres perfonnages de la même trempe , font les licutenans généraux de Defpautere, auquel deux , _ _ . ... grands princes , ^^ppcWésSolécrfmeScSarùa- i parlent encore quelques profelîe'irs célèbres ' Tome Fin, K* faifons grâce à nos lecteurs d'un plus grand détail , & nous ne doutons point que ceux qui préfîdent aujourd'hui à ce collège y -ne fiflent main-bafïè , s'ils en étoient les maî- tres , fur des puérilités fî pédantefques & de fi mauvais goût : ils font trop éclairés pour ne pas fcntir que le précieux temps de U- jeunefTe ne doit point être employé à de pa- reilles inepties. Je ne parle point ici des bal- lets où la religion peut être intérefTée ; je fais que cet inconvénient eft rare , grâce à la vigilance des fupérieurs; mais je faisaufïi que malgré toute cette vigilance , il ne laifle pas de fe fûire fentir quelquefois. Foye;^ dans le journ. de Trév. nouv. Uttér.fept. ij^o, la cri- tique d'un de ces ballets , très-édifiante à tous égards. Je conclus du moins de toot ce détail , qu'il n'y a rien de bon à gagner dans ces fortes d'exercices , & beaucoup de mal à en craindre. Il me femble qu'il ne feroit pas impofïî- ble de donner une autre forme à l'éducation des Collèges : pourquoi pafïèr fix ans à ap- prendre , tant bien que mal , une langue morte ? Je fuis bien éloigné de défapprou- ver l'étude d'une langue dans laquelle les Horaces & les Tacites ont écrit ; cette étude eftabfolument nécefïàirepour connoî- tre leurs admirables ouvrages : mais je crois qu'on devroit fe borner à les entendre , Sc que le temps qu'on emploie à compofèr en latin eft un temps perdu. Ce temps feroit bien mieux employé à apprendre par prin- cipes fa propre langue, qu'on ignore toujours au for tir du collège , Se qu'on ignore au point delà parler très-mal. Une bonne grammaire françoife feroit tout à la fois une excellente logique , Se une excellente métaphyfîque, & vaudroit bien les rapfodies qu'on lui fubf^ titue. D'ailleurs , quel latin que celui de cer- tains collèges ! nous en appelions au j uge- mentdes connoifleurs. Un rhéteur moderne , le P. Porée très- refpe6bable d'ailleurs par les qualités perfon- nclles , mais à qui nous ne devons que la vérité , puifqu'il n'eft plus, eft le premier qui ait ofé fe faire un jargon bien différent delà langue que parloient autrefois lesHer- fans , les Mawns , les Grenans > les Commi- lelPCoftarts Se les Jouvencis, & que res 49^ COL de runiverflté. Les fuccefieurs du rhéteur dont je parle ne fauroicnt trop s'éloigner de fes traces. Fojc:{_ Latinité , Eloquence , ù Rhétorique. Je Tais que le latin érantune langue morte , dontprefque toutes les fînefles nous échap- pent , ceux qui paflént aujourd'hui pour •écrire le mieux en cette langue , écrivent peut-être fort mal; niais du moins les vices de leur didion nous échappent aulTi; & combien doit être ridicule une latinité qui nous fait rire ? Certainement un étranger peu verfé dans la langue françoiie , s'apper- cevroit facilement que la didion de Monta- gne , c'eft-à-dire du feizieme liecle , appro- che plus de celle des bons écrivains du fîecle de Louis XIV , que celle de Geoffroy de Villehardoin , qui écrrvoit dans le treizième iîecle. Aurefte , quelque eilime que j'aie pour quelques-uns de nos humaniftes modernes , je les plains d'être forcés à fe donner tant de peine pour parler fort élégamment une autre langue que la leur. Ils fe trompent s'ils s'imaginent en cela avoir le mérite de la dif- culté vaincue : il eft plus difficile décrire & de parler bien fa langue , que de parler & d'écrire bien une langue m-orte ; la preuve en eft frappante. Je vois que les Grecs & les Romains, dans le temps que leur langue ctoit vivante, n'ont pas eu plus de bons écrivains que nous n'en avons dans la nôtre; je vois qu'ils n'ont eu , ainfi que nous , qu'un très-petit nombre d'excellens poètes , & qu'il en eft de même de toutes les nations. Jevois au contraire que le renouvellement des lettres a produit une quantité prodigieufè de poètes latins, que nous avons la bonté d'admirer: d'où peut venir corst différence? & fî Virgile ou Horace revenoient au monde pour juger ces héros modernes du Parnafîe latin , ne devrions-nous pas avoir grand'peur pour eux î Pourquoi , comme l'a remarqué un auteur moderne , telle compagnie-, fort eftimable d'ailleurs , quiapiroduit une nuée de verlificateurs latins , n'a-t-elle pas un feul Jîoëte françois qu'on puiffe lire ? Pourquoi es recueils des vers françois qui s'échappent , par malheur de nos collèges ont-ils fi peu de. fiiccès 5 tandis que plufieurs gens de lettres eftiment les vers latinsqui en fortenft Jedois au refte avouer ici que runiverlîcé de Paris COL eft trcs-cîrconfpede , & trcs-réfervée fur la verfifîcation françoife , & je ne faurois Ten blâmer ; mais nous en parleronsplus au long à l'article LatinitÉ. Concluons de ces réflexions , que Icscom- pofitions latines font fu jettes à de grands in- convéniens,& qu'on feroitbeaucoup mieux d'y fubftituer des compofitions françoifes ; c'cft^ ce qu'on commence à faire dans l'uni- verfîté de Paris : on y tient cependant encore au latin par préférence , mais enfin on com- mence à y enfeigner le françois. J'ai entendu quelquefois regretter les the- fes qu'on foutenoit autrefois en grec ; j'ai bien plus de regret qu'on ne les loutienne pas en firançois ; on fèroit obligé d'y parler raifon , ou de fe taire. Les langues étrangères dans lefquelles nous pns un grand nombre de bons auteurs , mme l'anglois &c l'Italien , & peut-être l'allemand Ik. l'efpagnol , devroient auffi entrer dans l'éducation des collèges ; la plu- part fcroient plus utiles à favoir que des langues mortes , dont les favans feuls font à portée de faire ufage. J'en dis autant de Thiftoire & de toutes les fciences qui s'y rapportent , comme la . chronologie & la géographie. Malgré le peu de cas que l'on paroit faire dans \ts cclkges de l'étude de Thiftoire , c'eft peut- être l'enfance qui eft le temps le plus propre à l'apprendre. L'hiftoire , aftèz inutile au commun des hommes , eft fort utile aux en- fans, par les exemples qu'elle leur préfèntc , & les leçons vivantes de vertu qu'elle peut leur donner , dans un âge où ils n'ont point encore de principes fixes , ni bons ni mau- vais. Ce n'eft pas à trente ans qu'il faut com- mencer à l'apprendre, à moins, que ce ne foit pour la fimple curiofité , parce qu'à trente ans l'efprit & le cœur font ce qu'ils feront pour toute la vie. Aurefte, un homme d'ef- prir de ma connoifïànce voudroit qu'on étu- diât & qu'on enfeignât l'hiftoire à rebours , c'eft-à-dire en commençant par notre temps, & remontant de-là aux fiectcs paffés. Cette, idée me paroît très- jufte, & très- philofbphi- ■ que : à quoi bon ennuyer d'abord un enfant de l'hiftoire de Pharamond , de Clovis , de Charlemagne , de Céfar & d'Alexandre , & lui lai fier ignorer celle de fon temps , comme il arrive prefque toujours , par le COL dégoût que les commencemens lui infpirent ? A Pégard de la rhétorique , on voudroit qu'elle confiftât beaucoup plus en exemples qu'en préceptes , qu^on ne fe bornât pas à lire des auteurs anciens , & à les faire admi- rer quelquefois aflèz mal-à-propos ; qu'on eût le courage de les critiquer fouvent , les comparer avec les auteurs modernes , & de faire voir en quoi nous avons de l'avantage ou du déiavantage fur les Romains & fur les Grecs. Peut-être même devroit-on faire précéder la rhétorique par la philolophie , car enfin, il faut apprendre à penfèr avant d'écrire. Dans la philofophie , on borneroit la lo- gique à quelques lignes i la métaphyhque , à un abrégé de Locke ; la morale pure- ment philofophique , aux ouvrages de Sé- neque & d'Epictete ; la morale chrétienne, au fermonde Jefus-Chrift fur la montagne; la phyiîque , aux expériences & à la géomé- trie , qui eft de toutes les logiques ôc phyiî- quesla meilleure. On voudroit enfin qu^on joignît à ces différentes études , celle des beaux arts, ôi fur-tout de la mufique , étude fi propre pour former le goût , & pour adoucir les mœurs , & dont on peut bien dire avec Cicéron : Hcec Jîudia adclefcentiam alunt , feneclutem obleclant y jucundas res ornant , adverfisperfu- gium & folatium prœbcnt. Ce plan d'études iroit, je l'avoue, à mul- tiplier les maîtres & le temps de l'éducation. Mais 1°. il me femble que les jeunes gens en fortant plus tard du collège , y gagneroient de toutes manières , s'ils en forcoient.plus inf- truits . 2°. Les enfans font plusQipables d'ap- plication & d'intelligence qu'on ne le croit communément; j'en appelle à l'expérience ; & fi , par exemple , on leur apprenoit de bonne heure la géométrie , je ne doute point que les prodiges & les taltns précoces en ce genre ne fuflènt beaucoup plus fréquens ; il n'eft guère de fcience donton ne puiîle inf- truire fefprit le plus borné , avec beaucoup d'ordre^ de méthode ; .mais c'eft-là pour l'ordinaire par où l'on pèche. 3°. il ne feroit pas néceUaire d'appliquer tous les enfans à tous ces objets à la fois , on pourroit ne les montrer que fucceilîvement ; quelques-uns pourroient fe borner à un certain genre , & c'cft le nom d'une cer- taine fede ou parti , qui s'eft formé des ar- miniens Se des anabaptiftes dans la Hollan- de. Ils ont été ainii appelles parce qu'ils s'af- femblent en particulier tous les premiers di- manches de chaque mois , & que chacun a la liberté dans ces aflemblées de parler , d'ex- pliquer l'écriture , de prier Se de chanter. Tous ces collégiens font ibciniens ou arieiis. Ils ne communient jamais dans leur collège ; mais ils s'aftemblent deux fois l'an de toute la Hollande à Rinsbçurg , qui eft un village environ à deux lieues de Leyde , où ils font la communion. Ils n'ont point de miniftres particuliers pour la donner ; mais celui qui fe met le premier à la table , la donne , Se l'on y reçoit indifféremment tout le monde, fans examiner de quelle fedte on eft. Ils ne donnent le baptême qu'en plon- geant tout le corps dans l'eau. Dicîionnaires de Trévoux , Moréri , & Chambers. ( G ) COLLEGUE , f. m. compagnon en mê- me magiftrature , ou emploi quelconque : c'eftdansle premier fensque les confuls ro- mains s'appelloient collègues ; Se ce n'eft que dans le fécond que les miniftres dans la mê- me églife , les profefteurs dans la même uni- verfité , s'appellent collègues. On appelle collègues généraux dans l'ordre des minimes , ceux qui compofent le con- feil du général Se qui l'afliftenr dans le gou«- vernement de ion ordre. Il y a aufïi des col- lègues provinciaux qui font auprès des pro- vinciaux j ce que les collègues généraux font auprès du général. (+) COLLER , V. ad. c'eft unir des corps par l'interpofîtion de la colle. Voyci^J' article Colle. Coller eft (ynonym^^. apprêter. ^Voyei^ Apprêt. Coller le vin , c'eft l'éclaircir ; cette opéra- tion le fait en mars & en avril , huit jours ou environ avant que de mettre en bouteilles. Pour cet effet prenez de la colle de poilîon la plus blandie , à-peu-près foixante-trois grains par pièce ; faites-la difïbudre dans de Teau ou'^dans du vin , ou dans de l'efprit de- vin, ou dans de l'eau-de-vie ; maniez-la afin de la bien divifer ; pafïez ce qu'il y en aura de délayé j remaniez Se paffe^ ; q^uand ella 502 COL fera toute délayée , filtrez-la encore \ travers un linge ; prenez autant de pintes de cette folution que vous aurez de tonneaux à col- ler; jetez-la dans cette quantité dans le ton- neau ; remuez le vin avec un bâton pendant trois ou quatre minutes après Py avoir jetée, & votre vin fera éclairci au bout de trois jours au plus tard. Il y en a qui font tremper la colle de poiflbn dans de leau , la fondent fur le feu , & en forment une boulette qu'ils jettent dans le tonneau. La colle agit plus ou moins promptement , félon qu'il fait plus ou m.oins froid ; fi elle manque fon effet , on en rajoute une demi- dofe. CoLL'EK^aujeudeMl/ardjCeiïùire tou- cher la bille à la bande , de façon qu^on ne puiife pas la jouer aifément. Voy. Billard. COLLERAGE , f m. {Jurifpr. ) étoit un droit que fpn payoit anciennem.ent pour mettre le vin en coule , c'eft-à-dire en perce. Il eft parlé du droit de tirage & coller âge à\x pour le vin , au livre de Péchevinage de Pa- ris, chap.iv. {A) COLLET , f. m. ce terme a un grand nombre d'acceptions différentes, prifes,pour la plupart , de la partie de notre corps qu'on appelle le col , de fa forme , de fa pofition , ùc. Ainii on appelle. Collet , en architeciure ,1a. ^amclz plus étroite , par laquelle une marche tournante tient au noyau d'un efcalier. (P) * Collet, ( Art/Il. & Fond. ) la partie du canon comprife entre l'aftragale & le bour- relet. Voye[l' article CAtios. Collet , en botanique , la liaifon , ou la couronne , ou l'endroit de l'arbre où finit la racine , & où commence la tige. Il fe dit auifi de l'endroit le plus élevé de la tige d'une fleur. Collet, {Bottier.) la partie de la botte qui correfpond au talon. Collet de veau , ( Boucherie. ) morceau qui contient le quarré , le bout làigneux , $ç la poitrine. Collet , che7J.es chandeliers ùlesciriers , la partie de coton qui paroît à l'extrémité à^is flambeaux , des bougies , des chandelles , S'c. Collet , ( Charr. ) fe dit de la partie antérieure d'un tombereau, qui s'élève au- dellus des gifans. Voye-i^ks dicl, de Comm. ù de TrévQU3i, COL Collet , en terme de chajfe , un petit filet de corde ou de fil de laiton , tendu dans des haies ou palTàges étroits, avec un nœud cou- lant , dans lequel les lièvres , les lapins , &c autre gibier , fe tprennent &: s'étranglent quand ils y paflent. Ou un filet compofé de trois crins de cheval en nœud coulant, que Pon tend dans les haies aux pallées , ou dans la campagne , dans lequel les oileaux en paiîant le prennent par le cou ou par les pattes. Ou un nœud coulant de grofle corde ou de gros fil de fer , qu'on tend fur la paflee d'un cerf, d'un loup , d'un fanglier , ou tel autre animal. Le bout delHné à (errer ce nœud coulant , eft attaché à l'extrémité d'un arbrifleauvigoureuxxetarbrilleau eft courbé de force , de manière que fon extrémité eft ramenée dans une encoche faite au corps d'un autre arbriftèau voifin , où elle tient iî légèrement, quePanîmal ne peut pail'er fans l'en faire échapper , en heurtant quelque corps qui correfpond à l'encoche & à l'extré- mité de l'arbriflcau courbé , & dont le dépla- cement rend fa liberté à l'arbriflèau , qui en fe reftituant avec violence , ferre le nœud coulant f ir l'animal. ColletomColletin de bujle , (Manège.) eft une peau de bufle préparée , formant une efpece de jufte-au-corps îans manches: c'eft un vêtement pour les cavaliers , qui leur fert d'ornement & de défenfe. D/cl. de Trév. Collet d'étai , ( Marine. ) c'eft ainfî qu'on appelle un tour que fait l'étai fur le ton du mât. Le collet d'étai fe place au def- fus de tous les haubans , & il pafle entre les deux barres de hune d'avant. {Z) Collet , en terme d'Orfèvre en grojferie , c'eft une petite partie ronde & concave , qui eft au deflùs & au delfous du nœud d'une éguiere , ou telle autre pièce d'orfévierie. Collet , en termes d' Orfèvre ^ c'eft un cercle creux en forme de collet , qui orne un chandelier ou telleautre pièce, foit dans fon balîînet , foit dans la monture & dans fon pié. Fbje:^^ Bassinet, Monture & Pli. Collet , ( Serrurier. ) l'endroit d'une penture le plus voifiii du repli où le gond eft reçu. Ce terme a encore dans le même art d'au- tres acceptions ; il fe donne dans certaines occaiions à des morceaux de fer en viroles COL ou anneaux, deftinés à embraiïèr d'autres pièces , & à les fortifier. Collets oi/ Tir ANS , {Manufacî.enfoie.) Voye:^ l'article Petite-tire. Collets , ( Tailleur. ) dans un habille- ment , tel qu'un manteau , une redingote , un furtout /une chemifc , ùc. c'eft la partie la plus haute , celle qui embrailè le cou : cette partie eft plus ou moins large , félon la nature de l'habillement. Collets , (, Tourneur.) on appelle ainfi les deux pièces de cuivre ou d'étain , entre lefquelles les tourillons; d'un axe tournent. Fbje;(_ Tour a lunette. Collet de hotte , ( Vannier. ) c'eft la par- tie fupéricure du dos , qui couvre le cou & la tête de celui qui la porte. Collets , ( Verrerie. ) c'eft ainii qu^on appelle les portions de verre qui relient atta- chées aux cannes, après qu'on a travaillé.! COLLET AGE , f. m. ( Jurifpr. ) étoit un nom que Ton donnoit anciennement aux tailles , aides , & fubfides que 1 on levé fur le peuple. Voyc-{^ Monftrelet , vol. I^^ap. Ixxviij. {A) ^w" COLLETÉ 5 adj. en termes de Blafon , fe dit des animaux qui ont un collier. Thierri , d'azur , à trois têtes de lévrier d'argent , colletées de gueules. COLLETER , ( Chandelier, ) Colleter les chandelles , c'eft à la dernière fois qu'on les plonge , les defcendre dans le fuif jufqu^à qu'il foit parvenu à l'endroit de la boucle que la mèche torme à l'extrémité delà chan- delle, & laiflèr prendre lefuiffur une par- tie de cette boucle , pour qu'elle refte ouver- te , & qu'étant enfuifée , elle prenne facile- ment la première fois qu'on l'allumera ; ce qui ne réulïîtpas ordinairement, la flamme du coton feul ne fufïîfantpas pour fondre le fuif. Fr;je;^CHANDELLE. ^ COLLETEUR,f.m.(a^/e.)celuiqui s'entend à tendre les collets. Feyei^^CoLLET. COLLÉTIQUES, adj. en médecine , ce font des remèdes qui réunifient ou qui col- lent enferrible les parties iéparées , ou les lèvres d'une plaie , ou d'un ulcère , & qui les rétabliflènt par ce moyen dans leur union na- turelle, ^oje:^ Agglutinant , Plaie, ùc. Ce mot vient du grec, Ko}^ntK0i , ce qui a la vertu de coller enfembk ; de xo>A* , colle. Les coUétiques font plus delTicatifs que les COL 503 larcotiques , & moins que les épulotiques. Ori met au nombre des collétiques la lithar- ge , l'aloès , la mirrhe, ùc. Ce mot eft très- peu d'ufage. Chambers. COLLEUR 5 f. m. on donnoit autrefois ce nom^ aux cartonniers. Voye-^^ Varticlt Carton. Ileft encore d'ufage dans quelques atteliers. Le's différentes manœuvres font diftribuées à différens ouvriers, &:oùl'a6ti©n de coller eft une de ces manœuvres. Ainfi dans la fabrique du papier , il y a les colleurs^ Il en eft de même de plufieurs autres. Colleur, {Manuf. d'ourdijfage. ) c'eft ainfi qu'on appelle celui qui donne l'apprêt aux chaînes , quand elles en ont befoin. COLLIER 5 i. m. ornement que les fem- mes portent au cou , qui confifte en un ou plufieurs rangs de perles ou pierres précieufes percées &c enfilées. Ce font les lapidaires & les j oailliers qui vendent les colliers de perles ^ & autres perles fines ; & les patenôtriers qui font & vendent ceux de pierres faufles. Outre les colliers de pierres fines , les da- mes en portent auffi de perles fauflès , qui pour leur éclat & leur eau , imitent parfai- tement les perles fines. Voye';^ Perles FAUSSES. L'ufage des colliers chez les Grecs &: chez les Remains , eft de la première antiquité : on en m^ettoit au cou des déeflès , les fem- mes enportoient en ornement j on en ofFroit aux dieux ; c'étoit unerécompenle militaire , il y en avoit d'or , d'argent , de pierreries j les peuples de la Grande-Bretagne en por- toient d'ivoire; on en mettoit aux efclaves avec une infcription , pour qu'on les arrêtât s'ils s'enfuyoient. Nos marchandes de modes donnentle nom de collier , à un autre ornement de cou , compofé quelquefois <^un feul ruban , ou d'un tiftu de crin garni de ruban , de blon- de , de fbuci d'hanneton , ùc. Tout collier , comme les autres pièces d'une parure , doit lui être aflorti par la façon & par la matière. Les colliers ont des noms dépendans de leurs formes , & le moindre changement dans la forme fuffit pour changer le nom. Ainfi il y aie Collier à la dauphinç ; c'eft un tour de cou noué par derrière avec un ruban , garni par devant d'un nœud de ruban à quatre , d'un demi-cercle attaché fous le menton ^ & de 504 C O L deux pendans , dont deux bouts s'attachent autour , à côté de ceux du demi-cercle , & les deux autres tombent dans la gorge en fe croifant au-deflous de ce demi-cercle. Ces colliers font de blonde, de rùbati , de guir- lande , ùc. Le collier en efclavage; ileftcompofé d'un tour de cou & d€ deux ronds par devant , Pun au-deflous de l'autre , qui tombent & couvrent la gorge en partie : au milieu de ces ronds fur le tour de cou , eft un nœud à quatre. Le collier d^homme , eft un ruban noir & i^ns façon ni pli , nï)ué quelquefois d'un nccud ?. quatre fous le menton, quelquefois d'un nœud fini pie , les pendans retombant & fe cachant dans la chemife: ce qu'on nom- me alors cellier a béquille. Le collier d'homme aux amours , eft une rub'.n no.rnoué par derrière aux deux coins de la bourfe , orné d'une rofe iîmple , dont le§ deux bouts découpés font froncés à un doigt de leur extrémité , & forment un feuille de la rofe fimple. h^ collier d'un feul rang y eft un tour de cou à l'ulàge des d.'^mes, compofé de ruban bouillonné , & en chou , & orné fur le de- vant d'un nœud à quatre. Voilà un échan- tillon de la folie de nos modes. Collier , ( Hijl. mod. ) cet ornement , dans le fens que nous lui donnons ici , ne fert que pour les ordres mihtaires, auxquels on Paccorde comme une marque de diftinc- tion & de l'honneur qu'ils ont d'être admis dans leur ordre. C'cft fouvent une chaîne d'or émaillée avec plufieurs chiffres, au bour de laquelle pend une croix ou une autre liiarque de leur ordre. Le collier de l'ordre de la jarretière confifte en plufieurs 5'5' entremêlées de rofesémail- lées de rouge , fur une jarretière bleue , au bout de laquelle pend un S. George. Voyc^^ Jarretière. Le collier du Saint-Efprit eft compofë de trophées d'armes cfpacées de fleurs de lys d'or cantonnées de flammes & de la terre jFlcouronnéejparc^quec'eft la lettre initiale du nom de Henri lîl , inftituteur de cet ordre -, & au bas une croix à huit pointes , fur laquelle eft une colombe ou faint-Efprit. Fbjr^ORDnE DU Saint-Esprit. Le collier de l'ordre de S' Michel eft £brmé COL î>ar des coquilles d'or , liées d'aiguîîlettes de foie à bouts ferrés d'or. Le roi François I changea ces aigu 1 ttes en cordelières ou chaînettes d'or : au bas de ce collier eu. repré- fenté l'i'rchange S. Michel. Maximilien a été le premier empereur qui ait mis un collier d'ordre autour de fesarmes , étant devenu chef de celui de la toifon : ufage que pratiquent maintenant ceux qui font décorés de quelque ordre de chevalerie, à l'exception des prélats commandeurs dans l'ordre du S. Efprit , qui ne mettent autour de leurs armes , qu'un cordon ou ruban bleu d'où pend la croix de l'ordre , & n'arborent pas la marque de l'ordre de S. Michel ; auffi ne prennent-ils pas le titre de commandeurs des ordres du roi , au lieu que les chevaliers fe qualifient du titre de chevaliers des ordres du roi. Ordre du collier. Chevaliers du collier ou de S. Marc , ou de la médaille ; ordre de chevalerie dans la république de Venife. Mais ces chevaliers n'ont point d'habit parti- culia||& comme c'eft le doge & le fénat qui i^conferent , ils portent feulement par diftinéiion la chaîne que le doge leur a donnée : elle leur pend au cou , & fe trouve terminée par une médaille où eft repré fente le lion volant de la république , qu'ils ont tiré du fymbole de l'évangélifte S. Marc , qu'ils ont pris pour patron. (G) {a) Collier d'ét ai , ( Mar. ) c'eft un bout de groflè corde femblable à l'étai. L'ufàgc du collier d'étai eft d'embrafler U haut de l'étrave , & d'aller fe joindre au grand étai , ojj il eft tenu par une ride. ( Z) Colliers de défense , {Marine.) ce font plufieurs cordes tortillées en rond com- me un collier , qu'on a à l'avant , & fur le côté des chalounes , ou autres petits bâti- mens, pourleurfervirde défenfe & les garan- tir du choc contre les autres bâtimens. Voye':^ planche XXV ^ Marine ,fig. 5 , lett. r , ^jig. 4 , lett. n. o^ r.{Z) Collier du ton , (Marine.) collier de chouquet , c'eft un lien de fer fait en demi- cercle , qui conjointement avec le ton & le chouquet , fert à tenir les mâts de perroquet & de hune : quelquefois ce lien eft fait d'une pièce de boisi alors on lui donne d'épaiffeur de haut en bas , les trois cinquièmes de l'épaiffeur du chouquet. ( Z ) Collier COL CoLLTER dehcsuf, (i?o//c//. ) morceau qui contient le premier & le (ècond travers avec la joue. 4ÉL' Collier de chevaT^Bourrel. & Sell. ) hernois de .bois couvert de cuir & rem-- iDOurré , qu'on met au cou des chevaux de tirage , afin que les cordes des traits qui s'y attachent , ne les blelîent point. Collier a i^a keiî^e , termedeBourferie; c'eft un collier de fer couvert de velours , qui embraflè le cou desenfans. Il eft garni d'une branche de fer &c couverte, qui defcend fous le m.enton , & vient fe fixer fur le bord de leur corps : ce collier leur tient la tête droite. Collier , (Pèche ) c'eft ainfi qu'on ap- pelle fur les rivières , la corde qui part du bout du filet appelle verv?ux , & qu'on atta- che à l'extrémité d'un pieu qui, enfoncé dans la vafe , tient cette partie du verveuxau fond delà rivière. Ainfi pour placer un verveux , on a deux pieux , l'un pour la tête , l'autre pour la queue. J^oye:^ Verveux. On fup- plée quelquefois au pieu de la queue & au collier par le poids d'une pierre. Collier de limier ou Botte, ( Vénerie. ) c'eft l'attache de cuir qu'on lui pafleau cou , quand on le mené au bois. COLLIERES , f. f. ( Commerce de bois.) ce font des chantiers qui fervent de fonde- ment aux trains ; ils ont à leur extrémité des coches dans lefquelles on pafle les couplie- res. Fcjc:(^CoùPLiEREs & Trains. * COLLIMATION , ligne de collimation , {Ajîron:) efl: celle"par laquelle on vile à un objet , par les deux pinnules d'un graphome- tre. Dans une lunette c'eft la ligne qui pafie par le centre des verres , ou l'axe optique de la lunette. La ligne de collimation doit être parallèle à la ligne de foi , c'eft-à-dire , à la ligne qui pafle par le centre de l'inftrument ôc par le point de l'index qui marque la divifion. On dit la ligne de foi pour dire la ■ligne de collimation , parce que ces deux lignes «tant parallèles entr'elles & peu diftantes l'une de l'autre , elles fe dirigent au même point du ciel. (M. de la Lande.) COLLINA ou COLLATINA , f. m. ( Mytholvg. ) déefTe qui prélîdoit aux mon- tagnes ; c'eft de Ton culte qu'on fait venir le verbe colère. * COLLINE , f. f. (H//?, anc, ) une des Tome VIIL COL J05 quatre parties de Rome. Elle étoit ainfi ap- pellée , parce que des fept collines renfer- mées dans cette ville , il y en avoit cinq dans cette partie ; fa voir la viminale , la qyirinale , lafalutaire , lamutiale & lalatiale. Il y avoit auffi la tribu colline. La porte fitùée au pie de la quirinale , s'appelloit h porte colline ou la porte dufel, parce que les fabins qui ap- portoient le fel à Rome entroient par cette porte : c'étoit-là qu'on enterroit les veftales. La colline des jardins fut une petite mon- tagne , renfermée dans Rome par Aurélien. Ceux qui afpiroient aux charges fe mon- troient là à la vue du peuple , avant que de defcendre dans le champ de Mars. COLLIQUATIF, adj. {Médecine.) fe dit des maladies , des poifons de toute ef- pece , dont l'effet dans le corps humain eft de faire perdreaux humeurs leur coniiftancc naturelle , en y produifant une grande diflb- lution , une décomposition de leurs parties intégrantes, d'où réfulte une forte d'altéra- tion appellée colUquation. Ainii on dit d'une fièvre dont l'effet eft de jeter en fonte les humeurs , qu'elle eft colli- quative: ainiî le venin du ferpent des Indes appelle /tiFTOorroz/^, dont l'effet eft le même , peut être dit colliquatif: de même les fubf- tances alkalines , le mercure , &c. pris inté- rieurement , au point de produire la difè)- lution du fang , doivent être regardés comme des poifons colliquatifs. On applique auffi ce terme aux fympto- mes de maladies , produits par la colliqua- tion ; ainfî on ditde la diarrhée , de la fueur, 6'c. qu'elles font colliquatives y lorfqu'clleK font des évacuations d'humeurs qui fè font par une fuite de diflolution générale de leur mafle. J^ojpî^Colliquation. COLLIQUATION, f. f. iKic^^i^colUqua^ tio , ( Médecine. ) ce terme eft employé pour fîgnifier l'efpece d'intempérie des humeurs animales , quiconfifte dans une grande diflb- lution & une décompofition prefque totale de leurs parties intégrantes ; enfôrte que la maflè qu'elles compofent paroit avoir entiè- rement perdu la confiftance & la ténacité qui lui eft néceflaire , pour être retenue dans le corps, & n'être mife en mouvement que conformément aux loix de l'économie de la vie faine. La colliquationçù. difTércnte , félon la dif- Sss 5©^ COL férenre nature du vice dominantdcs humeurs ' qui tombent en fonte : ainli on appelle colli- quation acide , celle dans laquelle il fe fait un mélange informe de quelques grumeaux de fcng , avec une lymphe devenue aqueufe & alkalefccnte : on nommtccWquationalkalef- ceiitepwride, celle qui eft le produit de cer- tanîes fièvres malignes ; colliquation acre, muriatique , celle qui s'obfèrve dans l'hydro- pifie , le fcorbut, coWquarionâcre, huileufe, f>ilieufe,ct\\ç, quiréfulte des fièvres ardentes. Les caufes diverfcs de la colliquation des humeurs font , i°. le mouvement animal ex- ceilif , les exercices violais , qui ne font pas immédiatement fuivis de fueurs : i°. Teiret trop long-temps continué des remèdes apé- litifs i. fondans , tels que les martiaux , les mercuriels: 5°..Iespoi!Gns qui ont une qua- lité puiflàmment dilîblvante, tels que la morfure du ferpent des Indes, appelle hce- morrous , le virus fcorbut ique , la putréfac- tion produite par le fphacele , & par cer- taines mala4ies malignes , peflilentielles. Sauvage, pathologia meihodica. La colliquation des humeurs produit les effets fuivans. Si les forces de la vie font en- core aflezconfidérables , elle rend très-abon- dante & exceffiye l'excrétion de la tranf- piration de la fueur , des urines , & de tous les excrémens Hquides , d'où fuivcnt la foi- blefle , la fbif , la fécherelle de tout le corps, la maigreur^le marafme : fi les forces de la vie font çonfidérablement diminuées dans le temps que; fe fait la fonte dès humeurs , tou- tes ces évacuations ne peuvent pas avoir lieu j la matière refle. dans le corps , il s'en, forme des amas , des extravafions, dès hydropifies de toutes les e/peces. Aiijfi la colliquation peut être fuivie de cachexie feche. &: de.çachexie humide. La confomption fi commune parmi les Anglois , dit lA.M afwieten , eft l'effet d une véritable colliquation caufée par la nature de l'air & des alimens dont ils ufent , Ôc par le tempérament ; d'où réfultent de5 humeurs trop fluides , difToutes, fufceptibles de fortir aifément de leurs conduits ; des organes ren- dus délicats ,.foibles qui , s'ils ne s'afFermif- fent pas par l'exercice , (e fondent entière- ment en fueurs nodurnes fur-tout , ou feré- iôlvent en falivation ôc encxAcliats. Ces uia-i CO L lades ne peuvent pas être guéris , que leur fang ne ibit condenfé : ce qui ne peut être fait que par le mqu|cment du corps , c'eft- à-dire , par l'exerce réglé ; fans ce moyen , l'ufage du lait , la diète blanche incrafTante , ne produifent aucun bon effet : mais c'efl. le comble de l'erreur q^ue d'employer dans ce cas des remèdes difiolvans^ Lorfqu'il fe filtre une grande quantité de bile qui eft pertée & fe mêle dans le fang , ou qu^elle y reflue du foie comme dans k jau- nifle , fi la maladie dur^ long-temps,. il en rélulte unedifiblution totale , une vraieco///* quaiion des humeurs par l'effet de ce récré- ment , q^ui en eft le diilblvant naturel & né- ceflaire , en tant qu'il s'oppofe feulement à , leur cohéfion par fa qualité pénétrante , mais qui divife& diflout leurs molécules, les difî. pofe à la putrifaélion , comme un poifon^ dès qu'il eft trop abondant ou qu'il devient trop adjtif : l'iétcre eft prefque toujours fuivi de l^hydropifie. . Dans le fcorbut putride-, le fang eft auiïî tellement difibus par l'effet de l'acrimonie muriatique dominante, 'qu^il ne peut pas être retenu dansles vailfeaux qui lui lont pro- pres; en. forte qu'il s'extravafe aifément», paflè dans d'autres vaiflèaux d'un genre dif- férent , produit des taches , des ecchy mofes , ou des hémorrhagies confidérables. Le fang de ceux qui étoientinfeélés de la pefte qui régjioit dans la ville de Breda , pendant qu'elle étoit affiégée , paroiftbit lir vide., étoit de mauvaife odeur , & n'avoir point de- CQnfiftance. Vande.rmye , de morbis bredanis. La diflblution du fang étoit auffi très-marquée dans la pefte de Marfeille y par les évacuations fréquentes & abondantes qui fe faifoient de ce fluide par toutes les voies naturelles , & par l'ouverture des bu- bons, ùc. que l'on avoir peine à arrêter». Recueil des mémoires fur cette pejle , imprimé en 1744; à la tête duquel eft un favant dil^ cours de M. Senac , premier médecindu roi; Voy. fur \2i colliquation , fes différentes ef- peces, leurs fignesdiagnof tics & prognofticsj & leurs caractères ; le nouveau traité des fie-r vres continues de M . Qu efiiay , premier méde- cin ordinaire du roi en furvivance. V. Hu- . MEUR, SAiiGy BiLÇ, ViEVKEhecIique y colli^ quative i maligne j Pf.ste , Diarrhée, ^UEUR jDiAB.f TES , Consomption ^^ H y- ,C O L DR»PIS1E , ùc. Ces deux articles foni de M. d' Au MONT, COLLISION en michanique , eft la même chofe que choc. Voye'^QvLOC. COLLITIG ANS, adj . pris fub. {Jurifp. ) font ceux qui plaident l'un contre l'autre. On dit communément que inter duos liti- gantes tertius saudet , c'eft-à-dire , que fou- vent un tiers (urvient de les met d accord , en obtenant l'héritage ou bénéfice que les deux autres fe conteftoient réciproquement. (A) COLLO , ( Géog. mod. ) village d'Afri- qae , fur les côtes de Barbarie , au royaume de Tunis. COLLOBIS, {Mufiq. des anc.) nome des Grecs pour la cythare. ( F. D. C. ) COLLOCATI0N ,C.f.{ Jurifp. ) eft le rang que Ton donne aux créanciers dans l'or- dre du prix d'un bien vendu par décret. Pour être colloque dans*un ordre , il faut rappor- ter la groflè de l'obligation y iî l'on ne rapporte qu'une féconde grolîe , on n'eft colloque que du jour de cette groflTeil'ufage eft néanmoins contraire au parlement de Normandie. F. Grosse, En Artois , où il n'y a point d'ordre pro- prement dit , les collocations fe font dans le cahier de diftribution. On colloque au premier rang les créanciers privilégiés , chacun fuivant l'ordre de leur privilège ; enfuite les hypothécaires , chacun félon l'ordre de leur hypothèque ; & enfin les chirographaires,^ ces derniers viennent par contribution entre eux au fou la livre, lorf- que le fonds n'eft pas fuffifant pour les payer. On diftingue les collocations utiles ou en ordre Hitile , de celles qui ne le font pas : les premières font celles qui procurent au créan- cier colloque fon paiement ; les autres font celles fur lefquelles le fonds manque. On diftingue aurtî la coîlocation en ordre , de celle qui fe fait feulement en fous-ordre ; la première fe fait au profit du créancier de la partie faifie ; la féconde fe fait au profit d'un créancier de celui qui eft oppofant dans l'ordre. Les collocations en fous-ordre fe font entre elles dans le même rang que celles de l'ordre. V. Ordre & Sous-ordre, Oppo- SANS. Quelquefois par le terme de coîlocation , on entend le montant des fommes que le créancier colloque a droit de toucher , fiûvant le rang de fa coîlocation* COL 507 Quand l'ordre eft fait , les créanciers pre- miers colloques , dont les collocations ne font pas conteftées , peuvent demander à en toucher le montant , (ans prendre aucune part aux conteftations d'entre les autres oppofàns. Maisaucun créancier , quoique utilement colloque &: pour fommes non conteftées , ne peut demander à toucher les deniers de fa Coîlocation , qu'il n'ait afîirmé devant le juge que la fomme pour laquelle il a été col- loque , tant en principal, intérêts que frais , lui eft bien & légitimement due , qu'il n'en arien touché, & qu'il ne prête fon nom directement ni indiredement , à celui dont le bien a été vendu par décret. Il y a plufieurscasoù l'on ne peut toucher le montant des collocations , lans avoir donné caution : favoir 1°. lorfque c'eft dans Pordre du prix d'un office fait avant le fceau des pro vif ions; déclaration du ZJ juillet t'/o^ : 1°. lorfque le juge ordonne le paiement de la coîlocation p^i provifîon ; 3°, lorfque l'or- dre eft fait par une fentence qui n'eft exécu- toire qu'en donnant caution. Suivant l'ufàge commun , il fkut que Por- dre foit achevé avant que les créanciers , utilement colloques , puiflènt fe faire payer de leurs collocations : cependant en quelques endroits , comme en Normandie , les créan- ciers peuvent fe fliire payer à mefure qu'ils font colloques. Voye^^le traité de la rente des immeubles par décret , de M. d'Héricourt , p. i^G , X4J y z8z & z8^. (A) CoLLOCATioN , ( Jurifprud. ) eft aufïî une voie de pourfuite ufitée en Provence au lieu des faifies réelles & décret que l'on n'y pratique point. Les créanciers qui veulent fe faire payer fur les biens de leurs débiteurs , viennent par coîlocation fur ces biens , c'eft- à-dire, qu'on leur en adjuge pour la valeur des fommes qui leur font dues fur le pié de Peftimation faite par des officiers qu'on ap- pelle ejlimateurs. Cet ufage a été confirmé pour la Provence par Louis XIII, lequela or- donnél'exécution du ftatut de cette province, qui défend de procéder par décret fur les biens qui y font fîtués , quand même on procé- deroit en vertu de j ugemens & arrêts éma- nés des tribunaux de quelqu'autre province où les décrets font en ufage. La déclaration du 10 mars 170(3 , porte auflî quelesexécu- S ss z 5oS COL t!ons fur les biens immeubles de Provence ne pourront être faites que par la voie ordi- naire de la coîlocation. Voyez le traité de la vente des immeubles par décret de M. d'Hé- ricourt , ck.j , n.îo.{A) COLLURION, Voyei^^PlE-GRIECHE. COLLUSION, r. f. {Jurifprud.) eft une intelligence fecrete qui règne entre deux 'parties au préjudice d'un tiers \ cette intelli- gence eft une véritable fraude qui n'cft ja- mais permife , & que Ton ne manque jamais de réprimer lorfquelle eft prouvée. Ainfî dans un r.cTce, foit authentique ou privé, il y a collufion lorfque les parties font quelque vente ou autre convention fimuléc. Dans les ad:es judiciaires il y a cclhifion ^ lor(que deux parties qui feignent d'être oppofées , paflènt des jugemens de concert , ce qui eft prohibé fur-tout en matière criminelle à caufe de Tintérêt public , qui demande que les délits ne demeurent point im.punis. Il y à au code un titre , de collujione detcgendâ, qui eft le titre xx du liv. Vil. {A) ^^COLLUTHIENS, f. m. pi. (Jf//?. eccléf. ) hérétiques qui parurent dans legîife •au quatrième (iecle ; ils furent ainfi appelles de CoUuthus prêtre d'Alexandrie , qui , fcan- dalifé de la condefccndancc que faint Alexandre patriarche de cette ville eut dans les commencemens pour Arius qu'il efpéroit ramener par la douceur , fit rchifme , tint des aflèmblés féparées , & ofa même or- donner des prêtres fous prétexte que ce pouvoir lui étoit néceflàire pour s'oppofer avec fuccès au progrès de l'arianifme : il ne s'en tint pas là , & Pirré gularité paflà bientôt de fa conduite dans fes fenti- mais j il prétendit que Dieu n'avoic point créé les méchans , & qu'il n'étoit pomt l'au- teur des maux qui nous affligent. Ofius le fit condamner dans un concile qu'il convo- qua à Alexandrie en 319: COLLYRE, f. m terme de Médecine, remède externe deftiné particulièrement pour les maladies des yeux. Voye-^ (Sil. Il y en a de liquides & de fecs. Les co/- lyes liquides , vyfonM^ioc , font compo- lés d'eaux & de poudres ophrhalmiques, comme les eaux de rofe , de plantain , de fenouil , d'eufraife , dans lefquelles oh dif- foutou on mêle de la tuthic préparée , du •ïitriol blanc , ou telle autre poudre con- COL ^ vcnable. Voye'^^ O p h t h à l m i q_tt E. Les fecs, ^t\çoKo>htpt^^ , font les trochif- ques de rhafis , le fucre candi, l'iris, la ruthie préparée , ^^c. qu'on fouftle dans l'œil avec un petit chalumeau. On donne le même nom à des ongucns employés pour le même effet , comme Ton- guent de tuthie , & plufîeurs autres. On le donne aulli , mais improprement , à quelques remèdes liquides dont on fe lert pour les ulcères vénériens. Dicîionn. deTrév. & Charniers. Tel eft le collyre de Lanfrac , dont voici k compofition. V du vin blanc , une livre ; eaux de plantain , de rofe, de chaque trois onces ; orpiment , deux gros; verd-de-gris, un gros; myrrhe , aloës , de chaque deux fcrupules : faites du tout un collyre feioii l'art, (h) * COLLYRroiENS , fub. m. pi. (Hiff. eccléf. ) anciens hérétiques qui portoient à la vierge un hommage outré ôc (uperfti- tieux i faint Epiphane qui en fait mention , dit que des fem.mes d'Arabie entêtées du collyridianifme s'aftèmbloient un jour de l'année pour rendre à la Vierge leur culte impertinent , qui confiftoit principalement dans l'of&ande d'un gâteau , qu'elles man- geoient enfuite en fon nom. Le nom colly^ ridien vient du mot grec collyre , petit pain. . ou gâteau. ^ COLM AR , ( Géogr. m.od. ) ville con- /îdér bîe de France dans, la haute Alface,. dont elle eft capitale près de la rivière: d'Ill. Lcng. 2.5 , 2. , Il ; lat. 48 , 4 , 44. COLM ARS , ( Gécg. mod. ) petite ville de France en Provence , proche des* Alpes.. Long. 2.4 , 50; lat. 44 , îo. COLMOGOROT, ( Géog. med.) ville de Pem.pire rulTien , dans une île ktrmée par la Dwina. Long. ^8 , 25 , lat. 64,, ÎO. COLMOND, (G/o^r.) très-ancien châ- teau d^Allemagne, dans le cercle de Weft- phalie, & dans l'évêché de Liège , au pays, de Tongres : il eft connu par les dévafta- -t'ons qu'il efluya l'an 1170 & l'an 1489.. {D.G.) COLN , ( Gécgr. ) ville d'Angleterre , au bord oriental de la province de Lancaftre : elle fait un grand trafic des grains & d'au- tres provifions de bouche 5 &: on déterra > COL ïî y a quelques années , dans ces environs , nombre de médailles romaines , tant d'ar- gent que de cuivre. Long, l^ , 55 ; lat. 53 , § COLNE , ( Gécg. ) rivière d'Angleterre qui coule dans les provinces de Hert-ibrd & du Buckingham , & tombe dans la Tamife entre Wind(or&: Hampton-Courc.(D. G.) * COLOBI^vl , ( HiJ}. anc. ) habit (ena- torial ; c'étoit une efpece de tunique dont on ne connok pas bien la forme , & dont il cft allez rarement parlé dans les auteurs. COLOCASIE , ( Botan. exot. ) plante étrangère , efpece d'arum ou depié-de-veau. Peu de fciences o4it plus de befoin de ie prêter un fecours mutuel que l'hiftoire an- cienne & la botanique , lorlque pour Tintel- ligence de quantité d'ufages ou myftérieux eu économiques que les Eg^^ptiens fiiifoient des plantes de leur pays , il s'agit de difcer- ner cellesqui fc trou vent repréfencéesiur les monumens qui nous en reftent. Les antiquaires qui fe font flattés d'y réuf- {ïr,enconfuitant Théophrafte,Diofcoride de Pline , n'en ont pas pu juger fùrcment ; parce qu'aucun de ces naturaliftes n'avoit vu ces plantesdans leur lieu natal, &quelesdefcrip- tions qu'ils nous en ont laiiîees étant très- courtes , très-imparfaites & fans figures , on n'a pas pu en faire une jufte application aux parties détachées des plantes que les fabrica- reurs de ces monumens ont voulu reprc- îenter. C'efl: donc au fol de l'Egypte même & au lit du Nil 5 qu'il faut avoir recours pour en rirer les pièces de comparaifon qui leur ont fervi de types. C'eft fur la vue de ces plantes, ou rapportées feches de ce pays-là, ou tranf- plantées dwins celui-ci , ou très-exa6tement décrites par ceux de nos meilleurs boranif- tes , qui les ont deflînées d'apt'^s le naturel , comme l'a fait Profper Alpin , que Pon çeut qualifier raifonnablement cellesqui ontiervi d'attributs aux dieux , & de fymbole aux rois & aux villes d'Egypte , des noms qui leur conviennent fuivant les genres auxquels elles ont du rapport. C'eft de cette manière que s'y font pris d'habiles gens pour découvrir la co/or^y7e des anciens , & être en état de la ranger fous le genre de plante auquel elle doit appartenir. Gomme fa principale qualité it trouvoit COL 50^ dans la racine dont on fil Q)it du pain, 5c que de cette racine de laquelle les Arabes font encore commerce , il nair une fleur & des feuilles d'un genre à'a-um , on ne doute plus que ce n'en (oit une efpece , & tousles bora- niftes modernes depuis Fabius Coîomna , & l'ouvrage de Profper Alpin fur les plantes d'Egypte , fontconftammentde cet avis. Le nom V ulgaire de culcas ou colcas qu'elle fem- ble avoir retenu de l'ancien colocafia, doit encore contribuer à confirmer cette opinion. Sesfcuiilesfontauflîlargesque celles d'un ^chou. Satigeefl: haute de trois à quatre pies , & grofle comme le pouce. Ses feuilles font grandes , rondes , nerveufes endeflbus , at- tachées à des queues longues &: groflès , rem- plies d'un fucaqueux & vifqueux. Les fleurs- font grandes, amples comme celles de l'a-- rum , de couleur purpurine , monopétales , de figure irréguliere , en forme d'oreille d'â- ne. Il s'élève de chaque calice unpiftil qui de- vient enfuite un fruit prefque rond , qui con- tient quelques graines. La racine eft charnue, bonne à manger. Cette plante naît dans l'ile de Candie en Egypte , & près d'Alexandrie, - Les antiquaires reconnoîrront donc au- jourd'hui la fleur de cette plante fur la tk(t dequeiques harpocrates,&de quelquesfigu- res panthées par fa forme d'oreille d'âne ou- de cornet , dans laquelle efl: placé le fruit ; & il y a toute apparence qu'elle étoit un fym- bole de fécondité. Voyelles mémoires des Inf- - criptions , tome II. ; Les curieux de nos pays cultivent la colo- cafie avec beaucoup de peine. Ils la plantent dans des pots pleins de la meilleure terre qu'il ■ eft poflible d'avoir , & la tiennent toujours ■ dans des ferres fans prefque l'expofer à Tair , qui endommage promptement fes feuilles : rarement on la voit produire des fleurs. Sa racine cuite a le goût approchant de celui de la noifette. J'ignore où Bontius a pris qu'elle eft^d'une qualité vénéneuse , &qu'avantque' (d être mangeable , il faut la macérer quelques - jours dans l'eau. Il eft certain qu^en Egypte , en Syrie , en '■ Candie , & autres régions orientales, on eni mange lansaucune macération , comme on •• fait des navets en Allemagne. Elle a , étant: crue , un peu d'amertume & d'âcreté vif-'- queufe; mais tout cela s'adoucit entiéremenft: parlacuilibn,. 5 lo C O L Du refte cette plante n'a point de verrtis médicinales. Le chou karaïbe des Américains répond prefque parfaitement à la coiccafie d'Egypte j car c'eft aufii une efpece d'Arum d'Améri- que , dont le? racines font grofles, de cou- leur de chair par dehors , jaunes par dedans, d'une odeur douce ; Tes feuilles reflèmblent h. la grande ferpentine. On fait du potage de Tes feuilles 5c de fes racines. ( M. le che- valier DE JaU COURT.) COLOCHINA , {Géog. mod.)v\\\c de la Turquie en Europe , dans la Morée, fur \.m golfe de même nom. Long. 40 , ^^ ; ht. CÔLOCZA , {Gécg. mcd.) ville de la haute Hongrie , capitale du comté de Bath fur le Danube. Long. 36 ^ a^ ; lat. 46" , 57. ^COLOENA, furnom^de Diane, ainfi appellée d'un temple qu'elle avoit dans TAiie mineure , près du marais Coloé jadis le ma- rais Gygée, à quarante ftades de la ville de Sardes en Lydie \ on lui célébroit des fêtes , dans lefquellcs on faifoit danfer des finges. * COLCENIS , ( Mythol. ) furnom de Diane : elle étoit adorée fous ce nom parles habitans de Myrrhinunte en Attique. Ow prétend qu'il lui venoit de Colcenus , que quelques-uns prétendent avoir régné à Athè- nes avant Cécrops. COLOGNE , ( G4og. mo^.) grande ville d'Allemagne fort commerçante , capitale de l'éledtorat de même nom. Elle eft libre & impériale , fituée fur le Rhin. Long. 2.4 , 45 ; lat. ^o ,^0. Cologne ( Elecloratde) , pays afiez grand d'Allemagne , borné au nord par les duchés de Cleves &; deGueldres, à l'orient par celui de Berg & l'éledorat de Trêves , au couchant par le duché de Juliers. LeRhinquiarrofe ce pays, le rend très-commerçant. L'éledeur de Cologne eft archichancelier de l'empereur pour l'Italie ; mais ce n'eft qu'un titre qui n'entraîne aucune fondtion ; un titre plus réel pour lui , c'eft celui de duc de VVeft- phalie. COLOMAY, {Gêog. mod.) petite ville de Pologne dans la Rufïie rouge > fur la Pruth. Lo/ig. 44 ; lat. ^8 , 45. COLOMB (Saint-), G^^r. ville d'An- gleterre dans la province de Cornouailles , au fommec d'uiic collme peu éloignée de la C O C mer. L'on n*y compte que 1 5 o maifons, 6i la plupart aflèz mal bâties j mais ks rues en font larges Se bien pavées , & il y a foires & marchés pour gros & menu bétail , Ôc pour étoffes de laine. L'on trouve dans Con voilinage les veftiges d'un ancien camp Da- nois, io/?^. iz, îZy lat. ^0,30. {D.G.) CoLOMB.C Saint- ) , Géogr. petite île, du nombre des anciennes Hébrjdes, à la pointe méridionale de celle de Mull , dans la mer occidentale d'Ecofle. On lui donne deux milles du pays en longueur , & un en lar- geur j les Irlandois PappcUcnt VColm'- Kill; elle a auiTi porté le nom de Jona. C'eft dans cette île , qu'au vi® fiecle CoLmb ou Colomban , faint homme Irlandois , célè- bre par l'auftérité de fes mœurs , & par la pureté de fa doctrine, fit un certain féjour , & jeta les fondemens d'un féminaire qui s'eft long-temps foutenu , &c qui fourniflbit les îles britanniques d'une multitude de reli- gieux & de prêtres , d'autant plus refpedes qu^ils étoient moins connus \ car cette île fut de tout temps par fa fituation une patrie de folitaires qui ne pouvoientfbrtirdelàfans apporter avec eux un air de nouveauté , très- équivalent à celui qu'eux-mêmes dévoient trouver dans le monde. Sodor, dont les évêques de Man portent le titre , eft le nom du diocefe moderne de cette île. La reli- gion proteftante eft celle qu'on y profeflè. {D. G.) COLOMB , ou COLM , ou COLMKIS , (Congrégation DE S.) HiJl.eccléf.c'dWc nom d'une congrégation de chanoines régu- liers qui étoit d'une grande étendue , &c com- pose de cent monafteres répandus dans les îles d'Angleterre. Elle avoir été établie par S. Colomb , Colm , ouColmkis , irlandois de nation , qui vivoit dans le vj* fiecle , ôc qu'on appelle au fïî S. Colomban ; mais qu'il ne faut pas confondre avec un autre S. Co- lomban fon compatriote ôc fon contempo- rain , fondateur 8c premier abbé de Luxeuil en Franche-Comté. Le principal monaftere ou chef de l'ordre dont nous parlons , étoit félon quelques-uns à Armagh, fuivant d'autres à Londondery; d'autres enfin prétendent qu'il étoit dans l'île de Hi ou Lon , qu'on appelle maintenant Ycolmkil., au nord de l'Irlande j à quelque diftaiîce de l'.EcolIè. COL On voit encore une règle en vers , qu'on croit avoir été di<5bée par faint Colomb à Tes chanoines. Foje:^^ Règle. (G) COLOMBAYE, en architeciure. Voye^ Pan de Bois & Colombe. COLOMBE, r. f. Voyei Pigeon. Ily a quelques oifèaux qui portent le nom de co- lombe , qui font la colombe de la Chine , la colombe de Portugal , k colombe de Groen- land , ùc. celle-ci eft cependant abfolument différente des pigeons , car c^fl: un oifeau aquatique. Koye-^^ l'hijhire naturelle des oi- feaux , gravée par Albin , & V ornithologie de Willughby.(/) '^ Colombe , {Mythol.)ct{\. Toifeau de Vénus ; elle le portoit à la main , elle Tatta- choit à Ton char, elle prenoitfa forme. Ju- piter fut nourri par àtsxolombes : fable dont l'origine reflèmbleà celle de beaucoup d'au- tres j elle vient de ce qu'en phénicien le mot colombe fignifie ;'r//re ou cureté. Leshabitans d'Arcalonrerpc6loientcetoi(èauaupointde n^ofer ni le tuer ni le manger. Les Aflyriens croyoient que Sémiramis s^étoit envolée au ciel en colombe. Il eft fait mention de deux colombes fameufes ; Tune fe rendit à Dodone ,. où elle donna la vertu de rendre des oracles à un chêne de prédile6lion } Tautre s'en alla en Lybie , où elle fe plaça ejitre les cornes d'un bélier d'où elle publia Tes prophéties. Celle-ci étoit blanche, l'autre étoit d'or. La Colombe à'ox., qui donnoit le.don de prophé- tie aux arbres , ne le perdit pas pour cela ; elle étoit perchée fur un chêne; on lui facrifioit ; on la confultoit , & Tes prêtres vivoient dans Ifabondance. Ce fut elle qui annonça à Her- cule fa. fin malheureufe. On fait d'ailleurs par Hérodote & parles mythologues que ces colombes étoient de vieilles femmes. La co- lombe éioix. le feul oifeaU'qu'on laiflat. vivre aux environs du temple de Delphes. Colombe , {'Ajlror?. ) conftellation mé- ridionale,, fituéeau-délîbus du lièvre &du grand chien , introduite vers le commence- ment du xvii^liecle , lorfque les navigateurs commencèrent à obferver les étoiles au ftra- lès & à leur donner des noms : on prétendit placer la colombe de Noé à côté du vaifleau que l'on confîdéra comme l'arche de Noé. Elle eft repréfentée dans les cartes de Bayer avec neuf étoiles j fans autre explication que celle-ci; reçentiçribas columba^ Danilci:affl- C O L yt logue de Flamfteed , elle contient dix étoiles ; dans celui de M. de la Caille , elle en ren- ferme un bien plus grand nombre. La priii- cipale appellée « avoit en 1750, 81° 59, 15" d'afceniion droite , & 54° 1 5' 2 1'' de décîi- naifon , d'où il iuit qu'on peut très-bien la voir en Europe , puisqu'elle paflè au méri- dien près de 7 degrés au-dellus de l'horizon de Paris. {M. de la Lande.) Colombe {Ordre de la) , Jean deCaftille, premierdunomjrinftituaàSégovieeni 3 195 ou félon 'd'autres , Henri III Ton fils , en 13.99. Lês chevaliers poruoient une chamc d'or avec une colombe cmaillée de blanc , les. yeux & le bec de gueules :cec ordre dura peu» Colombe , en architecture , eft un vieu)C motqui fignifioit autrefois toute folive poféa debout dans les pans de bois Se cloifons y d'où l'on a fait celui de colombage. Colombe , che-^ leslayeùers , eft un mÇ-' trument en forme de banc , percé à joue comme le rabot , & garni d'un fer tranchant deftiné à drefier le bois, yàye-^ Dr es sep. Colombe , outil de gainier en gros ou- vrages. Cette colombe eft faite comme la colombe des layetiers , & ferr aux gainiers en gros ouvrages pour unir- & raboter- les bords des planches dont ils font descaifl'es. Voye^^V ar- ticle précédent.. Colombe , ( Tonnelier.) efpece de grande vadope renverfée dont le fer- a trois pouces de large , & le bois quatre pies de long ; elle eft fou tenue fur trois pies de bois. Les tonne- liers s'en fervent pour pratiquer; des joints ,au bois qu'ils emploient. Colombe (Sainte-) , G/ogr./no^. petite , villedeFrance dans leLyonnois, furie R hone. * COLOMBIER, f. m. ( Économ. rufî,q. ) •endroit où l'on tient des pigeons ; c'eft un .pavillon rond quarrégarni de boulins. Il faut le placcrau milieu ou dans un angle déballe^ cour; le plancher &: le plafond doivent en être bien joints ,,pour en écarter les rats de autres animaux ; il faut qu'il foit blanc en dedans , parce que les pigeons aiment cette couleur-; que la fenêtre foit à coulille , pour l'ouvrir & la fermer d'en-bas foir & matin, par le moyen d'une corde & d'une poulie., & qu'elle foit tournée au midi ; les boulins feront ou despotsoudes fépararions faites de f^tufè.oudetoxchis 3 on les fera grands j le der*. 511 COL nier rang d'en -bas fera à quatre pies de terre ou environ.; le dernier d'en-haut à trois pies du hiite ; on pratiquera au bas de chaque boulin une avance fur laquelle le pigeon puifiè le repofer. Colombiers, (/i.r//i^r.) Les loix ro- maines n'ont point dedifpolition au fujet des colombiers , ni pour fixer le nombre de pi- geons; il étoit libre à chacun d'avoir un ou pluiieurs colombiers en telle forme qu-*il ju- geoit à propos , &: d'y avoir aufïi tel nombre de pigeons que bon lui fembloit. Les loix ro- mainesavoient feulement décidé par rapport aux pigeons , que leur naturel eft fauvage , & qu'ils appartiennent à celui qui en eftproprié- ■taire tant qu'ils ont confervé l'habitude de revenir à la maifon ; que s'ils perdent cette habitude , alors ils appartiennent au premier occi^pant. Il étoit néanmoins défendu de les tuer îorfqui'sfontau champ pour y chercher leur nourriture , ou de les prendre par des em.bùches , &: ceux qui y contrevenoient ctoient coupables de voX.ff. i o^tit. z; 1.8. § z . En France on a pouflé beaucoup plus loin Tattention fur les colombier sSc fur les pigeons; c'efl: pourquoi il faut examiner à quelles per- fonnes il eft permis d'avoir des co/o/7z^/'er5& en quelle forme ; quelle quantité de pigeons il eft permis d'avoir ; (i les pigeons renfermés dans un colombier (ont meubles ou immeu- bles ; enfin les peines dont doivent être pu- nis ceux qui prennent ou tuent les pigeons. Il eft défendu d'abord dans toutes les villes d'avoir des pigeons foit privésou fuyards , & cela pour la falubrité de l'air ; c'eft évidem- ment par ce m.otifque la coutume de Melun, art. :?40 , dit que nul ne peut nourrir pigeons pâtés & non-pâtés dedans la ville de Melun. Celle d'Etampcs ^art. i<^2, , défend de nour- Tir dans cette ville des pigeons privés, à peine de cent fous pariiis d'amende. Quelques au- tres coutumes , comme celle de Nivernois , ch. X. art. z8 , défendent de nourrir dans lesvilles difFérensanimaux qu'ellesnorament; Se quoiqu'elles ne parlent pas des pigeons , la prohibition a été étendueàcesanim.aux.Ch-^r- îes V par deslettres patentes du 19 août 1368, défendit expreftement à toutes personnes de nourrir des pigeonsdanslavilîe&faux bourgs <îc Paris : &:la même défenfe fur renouvellce tpar une ordonnance du prévôt de Paris , du ^ ayi;U i joz ^ fur le requifitoire des ayocâtsi COL ôc procureurs du roi , à peine de confîlca- tion & d'am^ende arbitraire. Irait, de la pol.-ce , tome I, p. J^l. Dans les campagnes , il eft'pcrmis à toutes fortes de perionncs d'avoir des pigeons pri- vés , pourvu qu'on les tienne enfcrmésdans une chambre ou volet , & qu'ils n'aillent point aux champs ; car de cette manière ils ne caufent aucun dommage à personne. A l'égard des pigeons bizets ou fuyards qui vont aux champs , quelques-uns ont pré- tendu que fuivant le droit naturel , qui per- met à chacun de faire dans fon fonds ce qu'il lui plaît , il étoit libre auftl d'y faire édifier tel colom^'ier que l'on juge à propoj ; que la nourriture des pigeons ne fait point de tort aux biens de la terre , riclus columbarum inno - cuusexrjlimatur ,can. fanclus Augujl. j , ca- non, non omnis ; qu'en tous cas c'eft unefer- vitude aulîl ancienne que néceflaire pour la campagne ; que le dommage qu'ils peuvent apporter par la nourriture qu'ils prennent aux champs eft compenfé par l'utUité de leur fiente qui réchaufteles terres. Il eft néanmoins conftant que malgré cet avantage , la nourriture que les pigeonspren* nent aux champs eft une charge , fur-tout pour ceux qui n'en ont point , &c pour lef- quels le bénéfice que l'on tire des pigeons n'eft pas réciproque. C'eft principalement dans le temps des femences qu'ils font le plus de tort , parce qu'ils enlèvent &l arra- chent même le grain quicommence} pou iîèr. Auffi voyons- nous q\ie chez les Romains même , où la liberté d'avoir des colombiers n'étoit pas reftrcinte , on fentoit bien que la nourriture des pigeons prifeaux champs, pouvoir être à charge au public. Lampride, en la vie d'Alexandre Sévère , dit qu'il met- toit Ton plaifir à nourrir des pigeons dans fon palais, qu^il en avoir jusqu'à vingt mille; mrîis de peur qu'ils ne fuft-ènt à charge, il les faifoit nourrir à fes dépens : Avia injlitue.- rat maxime columbarum quos haburjfe dicitur ad viginti milha ; Ù ne eorum pafn/s grava- ret annonam ,fervos habuit vecîi gales qui eos ex oris , ac pullicnis Ù pipionibus akrent. Cette confidération eft principalement ce qui a fait reftreindre parmi nous la liberté des colombiers; on enafaitaulîî un droit feigneu- rial. Pour (avoir donc à quelles perfonnes il eft permis d'en avoif & en quel nombre , 8c en COL en quelle forme peut être le coîomhîer y volet ou fuie, il faut d^abord diftinguer les pays de droit écrit des pays coutumiers. . Dans les pays dt droit écrit Ton fe fert plus communément du terme de pigeonier que de celui de colombier; on Te lert aufli du terme de/z//e pour exprimer un colombier à'pié , au lieu que dans les pays coutumiers on n'entend ordinairement par le terme de fuie , qu'un fimple volet à pigeons qui ne prend point du rez-de-chaullèe. Sous le terme de colombier à pie on entend communément un édifice ifolé , foit rond ou quarré , qui ne fèrt qu'à contenir des pigeons , oc où les pots & boulins deftinés à loger des pigeons vont jufqu'au rez-de- chauflée; car (1 dans un colombier à pié la partie inférieure du bâtiment eft employée à quelqu'autre ufage , le colombierncù. plus ré- puté colombier à pié ni marque de iêigneuric. Les colombiers ou pigeoniers fur piliers , les (impies volets , fiiiesou volières , font tous colombiers qui ne commencent point depuis le rez-de-chau(îee. La liberté des colombiers eft beaucoup moins reftreinte en pays de droit écrit , que dans les pays coutumiers ; ce qui eft une fuite de la liberté infinie que l'on avoit à cet égard chez les Romains : on y a cepen- dant apporté quelques reftriélions , & l'ufàge des diftérens parlemens de droit écrit n eft pas uniforme à ce fujet. Salvaing , de l' ufage des fiefs , ck. xliij , pofe pour principe général , que chacun a droit de bâtir des colombiers dans Ion fonds fans la permidion du haut-jufticier , s'il n'y a coutume ou convention au contraire ; plu- fîeurs autres auteurs, tant des pays de droit écrit que des pays coutumiers , s'expliquent à-peu-près de mêm^. Cependant il ne faut pas croire que , même en pays de droit écrit , il foit permis à toutes fortes de perfonnes indiftinctement d'avoir des colombiers à pié , cette liberté ne pourroit concerner (^ue les firaples volets. En Dauphinéondiftingue entre les nobles & les roturiers ; les nobles ont le droit de faire bâtir colombier a pié ou fur piliers , com- me bon leur femble , fans la permifïîon du haut-jufticier. Les roturiers au contraire , quelque étendue de, terres labourables qu'ils aient, ne peuvent avoir un colombier à pié ^ Tome FUI. COL 513 ou fur follves, fans le congé du haut-jufti- cier , qui peut les obliger de les démolir ou de détruire les trous & boulins , ôc de faire noircir la cage pour s'en fervir à tout autre ufage. En Provence au contraire , on tient que il le feigneur n'eft point fondé en droit ou pdflelTion deprohibjr à fes habitans de conf- truire des colombiers de toute efpece , que dans le pays on appelle colombiers à pié ou à cy^ei'^/ , c'eft-à-dire , fur piliers ou fur (oli- ves, ou garennes cloies, les habitàns peu- vent en faire conftruire fans fon con(ente- ment; pourvu que ces colombi^ n'aient nicrénaux ni meurtrières , qui font des mar- ques denoblelTe. Boniface , tit. i , ùv. III , tit. ^ , ch. iij. On obferve la même chofe au parlement 4e Touloufe ôc pays de Languedoc , fuivant la remarque de M. d'Olive , liv. II, ch. ij ; de la Rocheflav. des droits feign. ch. xxij ^ art. z; 5c l'explication que faitGraverol (uc cet article. Au Parlement de Bordeaux on diftingue : chacun peut ybkir librement des pigeoniers élevés fur quatre piliers j mais on ne peut , fans le conl'entement du feigneur , y bâtir des colombiers à pié , que dans ce pays on appelle fuies. Voye^ La Peyrere , édit de 2727 , lett. S;n.^,Ôcla note , ibid. Tel eft audi l'ufage du Lyonnois & au- tres pays de droit écrit du reftb t du Parle- ment de Paris. Salvaing , loco cit. Aîn(î dans ces pays & dans le pays borde- lois , la liberté d'avoir un colombier fur piliers , volet ou volière , ne dépend point de la quan- tité de terres que l'on a , comme à Paris ; il n'y a que les colombiers à pié qui (ont une marque de juftice. . On obferve auflî la même chjfe à cet égard , dans la principauté de Dombes. Pour ce qui eft des pays coutumiers , plu- (leurs coutumes ont des dilpofîtions fur cette matière ; mais elles ne font pas uniformes en certains points; d'autres (ont abfolument muettes lur cette matière , & l'on y fuit le droit commun du pays coutumier. L'ufage le plus commun 8c le plus général, eft que Ton diftingue trois lortes de perfonnes qui peuvent avoir des colombiers , mais diffé- rens & fous différentes conditions ; (avoir les feigneurs hauts- jufticiers , les feigneurs féo- Ttt ^ 514 COL daux qui n*ont pas la feigneurie foncière , & les particuliers projTriétaires de terres en ccn/îve. Dans la coutume de Paris & dans celle d'Orléans , le feigncur haut- j ufticier qui a des ceniives j, peut avoir un cclombicr à pie ^ quand même il n'auroit aucune terre en domaine ; Se la raifon qu^en rendent nos au- teurs , eit qu'il ne feroit pas naturel que l'on conteftât le droit de colombier à celui qui a ieul droit de les permettre aux autres; que d'ailleurs le feigneur haut-jufticier ayant cenfîves, efl: toujours réputé le propriétaire primordi|l de toutes les terres de ces tenan- ciers , & qu'il n'eft pas à préiumer qu'en leur abandonnant la propriété ou feigneurie uti- le, moyennant une modique redevance, il ait entendu s'interdire la liberté d'avoir un colombier , ni les décharger de l'obligation de iouffrir que Tes pigeons aillent fur leurs ter- res. Ces coutumes ne fixent point la quantité de ceniîves, néceflaires pour attribuer le droit de colombier âpié?.u. (èigneur haut-juf- îicier , qui n'a que juftice 6c cenlîve. Paris , itrt. Ixix. Orléans , clxviij. Le droit de colombier à pie eft regardé comme un droit de haute- juftice dans plu- iîeurs coutumes ; telles que Nivernois. iit. des Colomb. Bourgogne, c. xiv. Bar, art. xlvij. Tours, art. xxxvij ; & de Château-neuf, crt. clij. Le feigneur de fiefnon haut-jufticier ayant cenlive , peut auilî., fuivant les mêmes con- clûmes, avoir un colombier à pié , pourvu qu'outre le fief & Çts cenfivesil ait, dans la coutume de Paris , cinquanrc arpens de terre endom.aine , & dans celle d'Orléans , cent arpens. Paris , Ixx. Orléans , clxxvilj. La coutume de Tours ne donne au fei- gneur féodal que le droit d'avoir une fuie ou volière à pigeons. Celle du Boulonnois dit qu'il peut avoir un colombier , fans expliquer ii c'eft à pié ou autrement. Celle de Bretagne, art. ccclxxxix^ dit qu'au- cun ne peut avoir de colombier , foit à pié ou fur piliers , s'il n'en eft en poflèlîion de temps immémorial , ou qu'il n'ait trois cents jour- nauxde terre en fief ou domaine noble aux en- virons du lieu où il veut faire bâtirle colombier.. La coutume de Blois porte , qu^aucun ne peut avoir de colombier âpié , s'A n'en a le dtoic ou une ancieSne poflèlTion^ COL On ne trouve aucune coutume qui ait interdit aux feigneurs la liberté de faire bâtir pluiieurs colombiers dans une même feigneu- rie 5 & dans Pufage on voit nombre d'exem- ples de feigneurs qui en ont pîufieurs dans le même lieu ; il n'y a que la coutume de Nor- mandie qui femible avoir reftreint ce droit par l'article cxxxvij , qui porte qu'en cas de divifionde fief , le droit de co/o^n^/er doit de- meurer à l'un des héritiers , fans que les autres le puiflen: avoir , encore quechacune part prenne titre & qualité de fief avec les autres droits appartenans à fief noble par la. coutume ; que néanmoins fi les paragers ont bâti un colombier tnlcur portion de lief, 6c joui-d'icelui par quarante ans paiiible- ment , ils ne pourront être contraints de le démolir. Le nombre des pigeons n'eft point non plus limité par rapport au feigneur , on préfume qu'il n'abuie point de fon droit. Les colombiers à pié ont communément deux mille boulins; mais on en voit de plus con- fidérables. Il y a à Château vilain en Cham- pagne un colombier qui eft double, c'eft- à-dire , dans l'intérieur duquel il y a une autre tour, garnie des deux côtés de bou- hns ; (k letouc en contient , dit-on , près de I lOOO. A l'égard des particuliers qui n'ont ni juftice , ni feigneurie , ni cenlîve ; ils ne pen- ventavoir que de fimples volets. La coutume de Nivernois dit qu'on en peut bâiir fans congé de juftice. Celle d'Orléans permet à celui qui a cent arpens de terre , d'avoir un volet de deux cents boulins ; & Lalande , fur cet article , dit qu'on ne peyt avoir qu'une paire de pigeons pour trois bouHns. Celle de Calais demande pour un colombier , qu'on ait la permifïion du roi & cent cinquante mefures de terres en domaine ; mais pour une volière de cinquante boulins, elle ne demande que cinquante mefdres de terres. Torifand/ fur la coutume de Bourgogne , dir que les volets ne peifvent avoir que quatre cents pots ou boulins. Dans les autres coutumes qui n'ont point de difpofition fur cette matière, lajurifpru- , deuce a établi que ceux qui n'ont aucun fief, peuvent avoir une volière, pourvu qu'ils aient au moins cinquante arpens de terre în , domaine dans le Ûeu. Par un anct da- 2. COL Teptembrc 1759, repdu en la quatrième chambre des enquêtes , trois gentilshommes qui avoient des co/oOT3/er5 àpié , furent con- damne's à n'avoir que de fîmples volières contenant deux boulins par arpenf , Les curés ne peuvent avoir de colombier ni de volet , fous prétexte qu'ils ont la dime. dans leur paroifl'e. Les particuliers qui ont droit d'avoir un volet, ne font point tenus communément de renfermer leurs pigeons dans aucun temps de l'année. J'ai cependant vu une ordon- nance de M. l'intendant de Champagne, rendue en 175 z à l'occa/Ion de la dilette de 1751 , qui porte quetous particuliers , autres que. les feigneurs ^ ceux qui ont droit de colombier à vie y tant dans les villes que dans les bourgs & paroiflès de la généralité de Châlons , feront tenus de renfermer les pi- geons chaque année , depuis le 10 mars j uf- qu'au 20 mai, depuis le Z4Juin jusqu'après la récolte des navettes , & depuis le temps de la moilTon desfeigles jufqu'au 20 novem- bre fuivant ; il leur efl: défendu de les laifler fortir pendant ce temps ,. à peine de cent livres d^imende applicable aux befoins les plus preflàns des communautés où ils demeu- reront. Celaferoit près de fept ou huit mois que l'on feroit obligé de tenir les pigeons renfermés. Quant à la qualité des pigeons / ceux des colombiers à pié font réputés immeubjes, comme faifant en quelque forte partie du colombier : mais les pigeons de volière font meubles. Voye:(^ le tr. de la police , tome I.p-Jjo.^ Il elt défendu de dérober les pigeons d'au- trui foit en les attirant par des odeurs qu'ils aiment & autres appâts , foit eh les pre- nant avec des filets ou autrement. Ccut. d'Ehmpes , art cxciij. Bretagne , cccxc. Bor- deaux, cxij. Il n'eil pas non plus permis de tirer fur les pigeons d'autrui , ni même fur fes propres terres ; parce que ce^ animaux ne font qu'à moitié fauvages , & que fous prétexte de tirer fur fes pigeons , qu'il eft fort difficile de re- connoître , on tireroit fur les pigeons d'au- trui. Ordonnance de Henri IV , du mois de juillet iGoj, (A) Colombiers, {Mar.)ce font deux lon- gues pièces de bois endentées , qui fervent COL 5iy à foutenîr un bâtiment lorfqu'on veut le lan- cer à Peau. Ces pièces différent des coites en ce que les colombiers fuivent à Peau avec le bâtiment , &c que quand il vient à flot , les colombiers qui y font attadiés avec descor- des flottantaufti , on les retire ;mai« lescoites demeurent en leur place, & le vaillcau ghdè delfus &c s'en va ieul. Les Hollandois fe fer- vent de coites , & les François de colombiers. Voyei^ Coites. ( Z ) Colombier , dans la pratique de l'impri- merie ^ fe dit par allufîonj c'efl: le trop grand efpacé quife trouve entre les mots. Ce défaut répété dans une fuite de lignes , pro- duit dans une page d'imprefîîon un blanc confidéxable , qui devient un des défauts efîentiels. Les petites formes en gros caradVe- res , & celles à deux colonnes , font fujettes à cet incident : mais un ouvrier qui a de la propreté dans fon ouvrage, ou n'y tombe pas , ou fait y remédier en renianiant la compofition. COLOMBINE , forte de couleur violet- te , appelléeauffi^or^e Jep/ff"eo/2. Fbye^Cou- LEUR 6" Teinture. CoLOMBiNE, f. Ç {Jardinage.) n'efl au- tre chofe que du fumier ou de la fiente de pigeon , qui eft h remplie de parties vola- tiles , fi fort en mouvement , que fî on ne les laifïbit modérer â l'air on courroit rifque , en les répandant trop promptement , d'altérer les grains femés & de détruire les premiers principes. Ce fumier efl peu propre aux terres labou- rables; 11 convient aux prés trop ufés, aux chenevieres & aux potagers, pourvu qu'il foit mêlé avec d'autres engrais, & qu'il foit répandu à claire-voie. ( iC ) COLOMBO , ( Géog. mod.) ville forte & confidérable des Indes , dans l'ile de Cey- lan , en Afie, avec une citadelle. Elle eft aux HoUandois. Lonçr. g8 . lat. 7. COLOMMIÈP.S , ( Géog, mqd. ) ville de francedans la Brie, fur le Morin. Long, çlo , 4q; lat. 48, 48. COLON , f. m. ( Co/72OT.) celui qui habite une colonie , qui y défriche , plante & cul- tive les terres. Les colons s'appellent encore en France habitans Se concejjionnaires. Dans les colonies angloifes on leur donne le nom de planteurs , pour les diftinguer des aven- ' turiers. Voye:^ Aventuriers & Plan- Ttt 1 ^i6 COL TEURS j yoye^ Colonie. Diâ. du Comm. Colon , ( Jurifp. ) du latin colonus , Te dit en quelques provinces ^om fermier d'un bien de campagne. Colon paritaire y eft celui qui , au lieu de fermage en argent , rend au propriétaire une certaine jjartie des fruits en nature. On l'appelle aulîî quelquefois mé- tayer; mais ce nom ne lui convient que quand la convention eft de rendre la moitié des fruits. Quelques-uns ne rendent que le tiers franc , plus ou moins ; ce qui dépend del'ufage du lieu &c delà convention. (A) Colon , {Anatom. ) le fécond &: le plus ample des gros boyaux, autrement nommé loyau culier. Quelques-uns dérivent ce mot de KoùKimv , retarder y parce que c'eft dans Tes replis que s'arrêtent les excrémens : d^autres le tirent de koIk^v , creux , à caufe de la gran- de cavité de cet inteftin; & c'eft de lui, diient-ils^quelacoliqueapris fon nom. Quoi qu'il en ioit , il commence lous le rein droit , à la fin du cœcum , dont il n'eft réellement que la continuation : il monte devant ce même rein , auquel il s'attache , pafle fous la véiicule du fiel , qui lui com- munique là une teinture jaune , &: il con- tinue fa route devant la première coupure du duodénum , laquelle il cache en partie , & y eft adhérent, Ainli il y a dans cet en- droit une connexion très-digne d'attention, entre le colon , le duodénum , le rein droit , & la véficule du fiel. De-là l'arc du colon Te porte devant la grande convexité de l'eftomac , quelguefois plus bas , après quoi il fè tourne en arrière fous la rate , ^ dans l'hypocondre gauche , & dcfcend devant le rein gauche , auquel il eft plus ou moins attaché , & fous lequel il s'incline enfuite vers les vertèbres , en (e terminant au reâ:um par un double contour , ou deux circonvolutions à contre-fens , qui repréfentent en quelque façon une S romaine renverfée. Ces derniers contours du colon (ont quel- quefois multipliés , & s'avancent même dans le côté droit du balTin : il règne le long de ces contours une efpece de franges adipeufes, nommées appendices graijfeufes du colon. Toute l'étendue de la convexité du colon eft diviféeen trois parties longitudinal es par trois bandes ligamenteufes , qui ne font que la continuation de celles du cœcum , &: qui COL ont la même ftrudure -ÀÏ eft alternativement enfoncé entre ces trois bandes par des plis tranfverfes , & alternativement élevé en grofles boftès qui forment des loges qu'on appelle cellules du colon. Les tuniques de cet inceftin concourent également à la formation de fes duplicatures & de fes cellules. Ses cellules qui font nombreufes , fervent à retenir quelque temps les excrémens grof- fiers qui doivent fortir par l'anus \ car il auroit été également incommode & défa- gréable à l'homme de rendrecontinuellement les fèces inteftinales: auiTi le colon a-t-il plufieurs contours , outre une ample capa- cité , afin de contenir davantage ; èc à l'ex- ception du cœcum , il eft le plus large &: le plus ample de tous les inteftins. Leco/o/z aaulTi plufieurs valvules qui vien- nent destrois bandes ligamenteufes, le fquel- les en retréciflant cet inteftin , rendent fa ftruc- ture épailfe & forte. On obferve entr'autres valvules , celle qui fe trouve au commence- ment de cet inteftin : elle empêche que ce qui eft entré dans les gros boyaux ne retourne dans l'iléum ; ce qui fait encore que les lave- mens ne peuvent palier des gros inteftins dans les grêles. C'eft par rapport à cette valvule que l'iléum eft placé à coté du colon ; car s'il eût été continu à ce dernier inteftin en ligne droite, cette valvule auroit fouffert tout le poids de la matière ç[ui tendroit à retourner; au lieu qu'elle pafle facilement au deflus de la valvule , & s'amafle dans le cœcum. On peut voir cette valvule , après avoir lavé &: retourné le boyau culier. Il paroît par ce qu'on vient de dire, que les matières fécales doivent s'accumuler dans le colon y y féjourner , fe deftecher , & feputréfier de nouveau; la membrane mufculeuie venant enfuite à fe contracter , pouflè par l'aétioij de Çqs fibresles excrémens j ufque dans le red:um. Je voudrois que ces détails puflent donner au leéleur quelque idé.e de la conformation du colon, de fon cours, de fes ligamens mufculeux , de fes cellules , & de fes val- vules : mais c'eft ce que je ne pus efpérer ; il faut voir tout cela fur des cadavres ; même les préparations feches de cette partie en donnent une très-faufle idée. Il fiut au(Tî confulter les tables d^Euftachi , Véfale , Ruyfch, Peyer , Morgagni, Winflow. N'oublions pas de remarquer que le coton COL a dans quelques fujets descontours différens te tout à fait iînguirers. Palfin dit avoir une fois trouvé ce boyau fitué au milieu du bas- ventre , au deflus des autres inteftins. On lit dans les mém. d*Edimb. une obfervation fur le pafl'age de la valvule du colon entière- ment couché. OnlitaufIidansl7/(/?. de l'aca- dém. desfciences y ann. if^J , Pobfervation d'une rumeur confidérable caufée par le boyau culier rentré en lui-même , en confé- quence d^un effort , &: ce boyau formoit un long appendice intérieur. M. Winflow prétend que la (kuation du colon nous inftruit que pour retenir plus long-temps les lavemens , on doit fe tenir couché fur le coté droit i & que pour les rendre promptement , on doit fe tenir fur le coté gauche. V. Valvule du Colon. Art. de M. le chev. DE Jau COURT. Colon , {Gramm.) Ce mot eft purement grec , K'JùKcùv membre , & par extenfîon ou métaphore , membre de période : enfuite par une autre extenfion quelques auteurs étran- gers fe font iuervis de ce mot pour déligner le tigne de ponduation qu'on appelle les deux points. îsdais nos grammairiens françois di- fent fimplement les deux points , & ne fe fer- vent de colon que lorfqu ils citent en même temps le grec. C'eft ainfi que Cicéron en a. ufé : Inmembra quœdam quçe y.wKa. Grœci vocantydifpertiebatorationem. {Cic. Brut. cap, xliv.) Et dans Orator. cap. Ixijy il dit : Nefcio cur, cum Graci Ko^{/.(fTit, & Kahu, nominent , nos , non reâ^, incifa & membra dicamus. {F) COLONADE, f. f. {terme d'architecl.) fuite de colonnes dilpofées circulairement , comme on les voit au bofquct de Proferpine du Parc de Verfailles , nommé la colonade. Celles qui font rangées fur une ligne droite s'appellent communément périjlyle. Voye:^ Plristyle. Périjlyle eft le terme d'art pour les colo- nades droites ; & colonade eft le mot dont on fe fert vulgairement pour ces mêmes colona- des ; ainfi on emploie ce terme en parlant du magnifique périftyle du vieux Louvre , monument de la grandeur de* Louis XIV , du génie de Perrault & du zèle de Colbert j ouvrage que le cavalier Beinin admira en arrivant à Paris , &: qu'on a mafqué d'une manière barbare par les bâtimens gothiques dont on l'a environné 3 jufque-là que plu- COL 517 fleurs habitans de Paris ne connoifTent pas ce morceau d'architedure, l'un des plus beaux qu'il y ait au monde. Une colonade paliflyh eft celle dont le nombre de colonnes eft fi grand , qu'on ne fauroit toutes les appercevoir d'un même coup d'œil : de ce genre ç.Çi\iL colonade de la place de S. Pierre de Rome , qui tonfifte en deux cents quatre-vingt-quatre colonnes de l'ordre dorique , toutes ayant plus de quatre pies & demi de diamètre , & de marbre tiburtin. (P) CoLONADES v%RTES, {Jardin^ font des ornemens extrêmement curieux dans les jar- dins , mais d'une exécution très-difficile : nous n'en voyons prefque que dans les j ardins de Marly. L'orme mâle & le charme y font plus propres que tous les autres arbres. (iC) COLON AILLES, f. f. {Vannerie.) ce font des brins d'ofier ou d'autre bois plus gros que ceux dont le refte de l'ouvrage eft travaillé. Ils font diftribués à quelque dif- tance les uns des autres , & fortifient Pou- vrage de la bafe duquel ils s'élèvent parallèles les uns aux autres jufqu'à fes bords fupé- rieurs. COLONAISON , f. f. terme d'architec^ ture dont plufieurs anciens architectes fe font fervis pour fignifier une ordonnance de co- lonnes. COLON ATE, {Myth:) furnom de Bac- chus 3 ainfi appelle du temple qu'il avoit fur une éminence appelléc Colonna auprès de Lacédémone en Laconie dans lePéloponef^. COLONEL , f. m. {Art^ milit.) oflScier qui commande en chef un régiment , foitde cavalerie , foit de dragons. Skinner tire ce nom de colonie , préten- dant que les chefs de colonie , appelles co/o- niales , pouvoient bien avoir donné le nom aux chefs militaires. Voye-^^ Colonie. Dans les armées de France & d'Efpagne, le nom de co/o/ze/eft particulièrement aftedé àl'inflmterie & aux dragons , ceux qui com- mandent la cavalerie étant appelles mejîres de camp. Le titre de colonel eft donné à celui qui commande un régiment de dragons , parce que les dragons font réputés du corps de l'in- fanterie. On le donne aufïî à celui qui com- mande un régiment de cavalerie étrangère. Il eft pareillement donné à celui qui eills 5i8 COL chef d'un régiment de la milice bourgeoijfe ' ouvoir de nommer généralement à toutes es charges qui vaqueroient dans Pinfanterie françoife , lans excepter même celle de mei^ tre de camp du régiment des gardes. Il lui donna aufli une juftice particulière pour juger de la vie & de l'honneur des gens de guerre , fans être obligé d'y appeller d'autres o^ciers que les fiens. Ilaugmenta les appoin- COL temenè de fa charge , 5c il y attacha de pîuf une groffe penfîon. Il tiroit outre cela 6 den. pour livre fur tous les paicmensdu régiment des gardes, ce qui montoit à une grolle fom- me. Les honneurs qu'on lui rendoit étoicnt extraordinaires: lagardeécoit montée devant fon logis par deux compagnies avec le dra- peau , '& le tambour battoit toutes les fois qu'il entroit ou fcitoit. Toutes les prérogati- ves attribuées à cette place, qui rendoient cet officier trop puitlant & maître, pour ainfî dire, de toute l'infantericdonnerent lieu à la fuppreffion.de cette charge. Cette fuppref. fion arriva à la mort du fécond duc d'Epcr- non , eni 66 1 . Feu M. le duc d'Orléans , ré- gent du royaume, la fit rétablir en faveur de M. le duc d'Orléans fon fils , en i yi i ; mais ce prince ayant prié S. M. d'accepter fa dé- miffion de cet office , il fut de nouveau fup- primé par l'ordonnance du 8 déc. 1 730 , & S. M. a ordonné que les meftres de camp de fes régimens d'infanterie françoife & étran- gère porteroient à l'avenir le titre de colonels. Il y a en France trois colonels généraux , qui font celui des Suilfes & Grifons, celui de la cavalerie, & celui des dragons : mais outre que ces corps ne font pas aulli confîdérables que celui de l'infanterie , ces colonels n'ont pas le même pouvoir fur leur corps que celui de l'infanteri; en avoit fur l'infanterie, C'eft le roi qui nomme à toutes les charges ; les officiers font feulement obligés de prendre l'attache du colonel général. Dans les corps où il y ann colonel général , les commandans des régimens portent le titre de mefîres de camp. Fôye:[MESTRE de camp. (Q) Colonel-lieutenant, c'eft en France, dans les régimens des princes , l'officier qui aie régiment pour le commander en fon ab- fence. ( Q ^ COLONIA , ( Jurifpr. ) dans le for ou coutume de Bearn, rubrique depenasy art. z, fîgnifie dommages & intérêts. {A) COLONIE , f f. {HiJÎ. anc. mod. & Comm. ) on entend par ce mot le tranfport d'un peuple , du d'une partie d'un peuple , d'un pays à un autre. Ces migrations ont été fréquentes fur la terre , mais elles ont eu (buvent 4es caufes & des effets différens ; c'eft pour les diftingucr que nous les rangerons dans fix claftès que nous allons caradtérifer. COL ï. Environ 350 ans après le déluge, le genre humain ne formoit encore qu'une feule famille : à la mort de Noé , fcs defcendans , déjà trop multipliés pour habiter eniemble fe réparèrent. La poftérité de chacun des fils de ce patriarche , Japhet , Sem 8>c Cham , partagée en différentes tribus , partit des plaines 'de Sennaar pour chercher de ncu - velles habitations , &c chaque tribu devint une nation particulière : ainfi Ce peuplèrent de proche en proche les diverles contrées de la terre , à mefure que l'une ne pouvoir plus nourrir Tes habitans. Telle eft la première efpece de colonies , le befbin l'occafiona j fon effet particulier fut la fubdivKîon des tribus ou des nations. II. Lors même que les hommes furent répandus fur toute la furface de la terre , cha- que contrée n'étoit point allez occupée pour que de nouveaux habitans ne puflent la par- tager avec les anciens. A mefure que les terres s'éloignoient du ecntre commun d'où toutes les nations étoient parties , chique famille féparée erroit au gré de fon caprice , fans avoir d'habita- tion fixe : mais dans les pays où il étoit rcfté un plus grand nombre d'hommes , lefenti- ment naturel qui les porte à s'unir , & la connoifïànce de leurs befoins réciproques , y avoient fiarmé des fociétés. L'ambition , la violence, la guerre , te même la multiplicité, obligèrent dans la fuite des membres de ces fociétés de chercher de nouvelles demeures. C'eft ainfi qu'Inachus , phénicien d'ori- gine , vint fonder en Grèce le royaume d' Ar- gosj dont fa poftérité fut depuis dépouillée parDanaiis,autre aventurier forti de l'Egypte. Cadmus n'ofant reparoître devant Agenor fon père , roi de Tyr, aborda fur les confins de la Phocide , & y jeta les fondemens de la ville de Thebes. Cécrops , à la tête d'une colonie égyptienne , bâtit cette ville , qui de- puis, fous le nom à' Athènes, devint le temple des arts & des fciences. L'Afrique vit fans inquiétude s'élever les murs de Carthage , qui la rendit bientôt tributaire. L'Italie re- çut les Troyens échappés à la ruine de leur patrie. Ces nouveaux habitans apportèrent îeursloix & la connoillance deleurs arts dans les régions où le hazard les conduifit ; mais -' ils ne formèrent que de petites fociétés , qui prei<^ue toutes s'érigèrent en répubiiqiies. COL 515) La multiplicité des citoyens dans un. terri- toire borné ou peu fertile , alarrcoit la li- berté : la politique y remédia par l'écablifl'e- ment des colonies. La perte même de la li- berté , les révolutions , les fadions enga- geoient quelquefois une partie du peuple à quitter fa patrie pour former une nouvelle fociété plus conforme à fon génie. Telle eft entre autres l'origine de la plu- part des colonies des Grecs en Afie , en Sicile, en Italie , dans les Gaules. Les vues de con- quête & d'agrandiflement n'entrèrent point dans leur plan : quoiqu'aflez ordinairement chaque colonie confervât les loix , la religion , & le langage de la métropole , elle étoit li- bre , 5c ne dépendoit de fes fondateurs que par les liens de la reconnoifîance 'y ou par le befoin d'une défenfe commune : on les a même vues dans quelques occaiîons , aiïèz. rares il eft vrai , armées l'une contre Pautre. Cette féconde efpece de colonies eut divers motifs ; mais l'effet qui la caractérife , ce fut de multiplier les fociétés indépendantes par- mi les nations , d'augmenter la communi- cation entre elles , & de les polir, III. Dès que la terre eut allez d'habirans pour qu'il leur devînt nécefîàire d'avoir des propriétés diftinétes , cette propriété occa- liona des différens entre eux. Ces diffé- rens jugés par les loix entre les membres d'une fociété ', ne pouvoient l'être de même entre les fociétés indépendantes ; la force en décida : la foibleffe du vaincu fut le titre d'une féconde ufurpation , & |^ gage du fuccès 5 Pefprit de conquête s'empara des hommes. Le vainqueur, pour afïurcr fcs frontières, difperfoit les vaincus dans les terres de foii obéiflance , &; d'iftribuoit les leurs à fes pro- pres fujets, ou bien il fe contentoir d'y bâtir &c d'y fortifier des villes nouvelles, qu^il peu- ploit de fes foldats & des citoyens de fon état.. Telle eft la troilieme dpece de colonies , dont prefque toutes les hiftoires anciennes nous fourniffent des exemples,fur-tout celle des grands états. C'eft par ces colonies qu'A- lexandre contint une multitude de peuples vaincus fi rapidement. Les Romains, des l'enfance de leur république , scn fervirent pour ^accroître ; &: dans le temps de leur vafte domination , ce furent les barrières q^i la déiendirenrlong- temps îoiitre IcjàPartÊês 510 COL & les peuples du Nord. Cette efpece de co- lonie étoit une fuite de la conquête , &c elle en t^ï la^^fùreté. IV. Les excurfions des Gaulois en Italie , desGoths & des Vandales dans toute TEu- rope èc en Afrique , des Tartares dans la Chine , forment une quatrième efpece de colonies. Ces peuples chalfés de leur pays par d'autres peuples plus puilfins , ou par la mi- fère , Gu attirés par la connoiflance d'un cli- mat plus doux &C d'une campagne plus fer- tile , conquirent pour partager les terres avec les vaincus , & n'y faire qu'une nation avec eux : bien differens en cela des autres con- quérans qui fembloient ne chercher que d'au- tres ennemis , comme les' Scythes en Afie , ou à étendre leurs frontières, comme les fon- dateurs des quatre grands empires. » L'effet de ces colonies de barbares fut d^ef- faroucher les arts , & de répandre l'igno- rance dans les contrées où elles s'établirent : en même temps elles y augmentèrent la popu- lation,& fonderentde {)uiffantes monarchies. V. La cinquième elpece de colonies efl: de celles qu'a fondées Pefprit de commerce, & qui èmichiflent la métropole. Tyr , Cartilage & Marleille , les feules villes de l'antiquité qui aient fondé leur puif- fànce fur le commerce, font aulli les feules qui aient fuivi ce plan dans quelques-unes de leurs co/o/z/e^.Utique bâtie par les Ty riens près de zoo ans avant la fuite d'Elilïa , plus connue fous le nom de Didon , ne prétendit jamais à aucun empire fur les terres de l'A- frique : eïle fervoit de retraite aux vaifleaux des Ty riens , ainii que les colonies établies à Malte & le long des côtes fréquentées par les Phéniciens. Cadix , l'une de leurs plus anciennes & de leurs plus fameufes colonies , ne prétendit j amais q u'au commerce de l'Ei - pagne , fans entreprendre de lui donner des loix. La fondation de Lilybée en Sicile ne donna aux Tyriens aucune idée de conquête fur cette île. Le commerce ne fut point l'objet de l'éca- bliflement deCarthage , mais elle chercha à s'agrandir par le commerce. C'eft pour l'é- tendre ou le conferver exclufîvement,qu'elle fut guernere,& qu'on la vitdifputer à Rome la Sicile , la Sardaigne. , PEfpagne , l'Italie , «& même fes remparts. Ses co^o/z/'ej le long des côtes de l'Afrique , fur l'une de gueules ,àla colonne d'argent , le chapiteau , i.a bafe & lefocle d'or. ( G.D. L.T.) N Colonnes du Chatelet, (Jîirifpr.) ne font autre choie que des diviiions ou dif- tributionsque l'on fait de cinquante-fix con- ieillersau châtelet de Paris en pluiieurs fer- vices difïerens , que chaque colonne ou divi- fion remplit alternativement. Se. fucceilive- ment de mois en mois.. Ce terme de cohnnesvltnx. {ans doute de œ ç[ue le. tableau o.u. lifte qui marque cet COL J3J arrangement eft divifé en autant de colonnes qu'il y a de fervices différens. La diftind:ion de ces colonnes eft fort an- cienne 5 mais elle n'a pas toujours été faite de la même manière : pour mieux faire entendre les changemens qu'il y a eu à cet égard , il faut expliquer féparément d'abord la diftinc- tion des différens fervices , enfuite le nom- bre des confeillers qui y eft employé, & en- fin la durée de chaque fervice. Premièrement pour ce qui eft de la diffé- rence des fervices , anciennement il n'y en avoir que deux au châtelet , favoir le civil- Se le criminel., La confervation des privilèges royaux de Puniverfîté qui avoit été démembrée du: châtelet 5 y fut réunie^ar édin de 15.16 ,. regiftré au parlement en 1 5 5.2 : mais non- obftant cette réunion , Se quoique les juges, de la confervation fuflent transférés au châ- telet , ils continuèrent à connoître feuls des; caufes de l'univerlité , &les juges de la pré- voté continuèrent à connoître feuls des ma- tières de la prévoté i ce ne fut qu'en 1543 qu'on ordonna le mélange des confeillers des deux iieges , Se qu'à cet eftet ils feroient tous infcrits dans un.même tableau paror-- dre de réception; Au moyen de ce mélange il y eut alors, trois fervices au châtelet; favoir celui de la prévôté pour le civil ordinaire , celui de la confervation pour les caufesdel'univeriité. Se le fervice de la chambre criminelle. Les chofes demeurèrent en cet état j u fq u^'à rétabliflèmentdespréfidiaux.en 15 5,1 ; alors le châtelet. étant érigé en préfidial , il coiir tinua d'y avoir trois feivices, celui du pré- fidial ayant pris la place de. celui de la conr fervation qui fut fupprimé rSe il eft à pré- fumer que la chambre, du confeil fut alops. étabhe , Se forma un quatrième fervice pour juger ; comme il paroît par une délibération^ de 1678 , qui porte que fuivant ràncieiii ufàge , les confeillers demeureront divifés em quatre colonnes. Au mois d'avril i6ij y. if y eut un édir portant augmentation de quelques officiers; en chaque préfidial , pour être avec les an*-- ciens divifés en deux fervices femeftres; ^: fuivant un autre édit du mois de février 1643 , onavoitcréé plufîeurs nouveaux of- ficiers au châcelerde Paris , gouL avec. les. 53(^ COL anciens former deux femeftrcs ; mais ces deux édits ne furent point vérifiés. En 1 674 le chârelet fut divifé en deux fieges , fous le nom à'ancien & de nouveau châtelet : on obferva dans chaque tribunal la diftindion des quatre fervices; les affaires de rapport , tant de la prévoté & du pré- (idial , que de la police , ce qui vraiièmbla- blement n avoit point encore eu beu ; le fer- vice^ civil de la prévôté ayant pu , avant 1153,) uger tes affaires d-*audicnce & de rap- port de la prévoté , comme celui de la con- /èrvation depuis 1543 pouvoit juger les affaires d'audience & de rapport de la con- fervation , en fuppofant que ce fut à des jours différens omà des heures différentes j & les deux châtelets ayant été réunis en 1 684 , leshuit fervices furent réduits à qua- tre , comme ils étoient avant la divifion du châtelet ; 6c tel eft encore le dernier état con- firmé par Pédit du mois de janvier 1685. 2°. Pour le nombre des conseils employés à chaque fervice, il a dû néceflairement va- rier à proportion que le nombre total des confeillers a été augmenté. On ignore de quelle manière les confeil- lers étoient diftribucs , du temps qu'il n'y avoit que le fervice du civil &;.du criminel^ il y a néanmoins apparence qu'ils étoient diftribués également pour ces deux fervices. Quand la confervation eut été réunie à la prévôté , & que l'on eut fait le mélange des confeillers des deux fieges , ce qui n'arriva , comme on l'a déjà dit , qu'en 1 543 , il n^y avoit plus qi* vingt confeillers , dont dix fervoient à la prévoté , & dix à la conferva- tion ; on en prenoit alternativement un cer- tain nombre de ceux qui fervoient à la pré- vôté , & enfuite de ceux de la confervation , pour faire le fervice du criminel. Le nombre des confeillers n'étant plus que de dix -neuf , lorfque le châtelet fut érige en préiîdial en i j 5 1 , on en ajouta ^lors cinq , pour faire le nombre de vingt-quatre porté par l'édit , dont il y en avoit quatre feule- ment pour le fervice du criminel , & les vingt autres étoient diftribués pour les trois autres fervices : ils avoient néanmoins la liberté d'alTîfter &c d'opiner au criminel. Il y a apparence que de ces vingt confeillers m fervoient à laudience de la prévoté , fix CO L à celle du préfidial , &c les huit autres en k chambre du conleil. Il fut arrêté en 1668 qu'il y auroit à l'a- venir huit confeillers au criminel : il y avoit alors en tout trente-quatre confeillers. En 1 67 1 on arrêta qu'il y en auroit pareil nombre de huit à ^audience , ce qui (e doit entendre du parc civil & autant pour le pré- fidial , ôc que le furplus des conseillers qui n^étoient point de fervice à l'audience ni au criminel , lerviroit es chambres du confeil ôc de la police. Il n'y avoit toujours que trente-quatre confeillers ; ainfî il y en avoit dix à la chambre du confeil , de huit pour chacun des trois autres fervices. il eft bon de remarquer à cette occafion que la chambre de la police n'a jamais formé une Cvlunae particulière pour les confeillers , mais qu^ils rapportent en la chambre du confeil toutes les affaires criminelles qui font du rellort de la police. Le nouveau châtelet qui fut établi en 1 674 étant compofé du même nombre d^ofïiciers que Tancien , & les fervices divifés de mê- me dans les deux fieges, il y a lieu de croire aufli que le nombre de confeillers employé à chaque fervice étoit aufli le même dans les deux fieges , fi ce n^eft que la chambre du conleil de chaque fîège devoir être compoféc de onze confeillers , attendu qu'ils étoient Éors en touttrenie-cinq. ; En 1 678 il fut arrêté dans l'un des deux châtelets , qu'au heu de huit confeillers au criminel il y en auroit dix, &c que les deux d'augmentation feroient pris de la chambre du confeil j ce qui dut néceflàirement ré- duire le fervice de la chambre du confeil de OHze à neuf: ainfi de trente-cinq confeillers il y en avoit huit à Paudience du parc civil , huit à celle du préfidial , dix au criminel , & neuf à la chambre du confeil. il y a lieu de croire que le même arrange- ment fut (ibfervé dans l'autre châtelet. Depuis la réunion du nouveau châtelet à l'ancien , faite en 1684 , le nombre des confeillers ayant été réduit de foixante & dix à cinquante-fix , chacune des quatre co/0/2- nes ou fervices a été fixée à quatorze con- feillers , fuivant l'édit du mois de jan- vier 1685. 3°. Quant à la durée du temps pendant le de^ la première partie de fon Recueil d'hijîoire naturelle. Il a le corps elliptique , court , extrême- ment comprimé par les côtés, pointu vers la queue , arrondi vers la tête , couvert de petites écailles ; la tête , la bouche & les yeux petits. Ses nageoires font au nombre de fopr} favoir , deux ventrales , petites , fous le milieu du ventre , loin derrière les pedorales , qui font triangulaires \ une dorfale triangulaire , plus longue que profonde . à rayons anté- rieurs, plus courts ; une derrière l'anus , de même forme & grandeur; enfin une arron- die à la queue. La moitié antérieure du corps eft rouge ,, avec une tache bleue fur la tête ; la moitié pof. , téiieuie noire , à q.U€LUC rouge i les nageoires COL pedorales &: ventrales font jaunes; celle du QOci & ce '.e de lanus font bleues. La pru- nelle de Toeil eft blanche, entourée d'un iris jaune. Mœurs. Le coîor ell: commun dans la mer d'Amboine , autour des rochers. Remarques. Ce poilïon forme , avec ce- lui qu'on nomme ekor dans le même pays, un genre particulier , qui fe range natu- rellement dans la famille des carpes, où nous l'avons placé dans notre Ichthyologie. {M. AnANSON.) COLORATION , f. f. COLORER , ( Pharmaeie. ) On colore , ea pharmacie , diiFérentes préparations. Toit pour leur don- ner de l'élégance , foit pour les dcguifer ou cacher leur compoiltionj c'eft dans la première vue qu'on colore plufieurs ratafias , 6c fur -tout ceux qu'on ne fauroit avoir parfaitement limpides {voye-^ PvAtafia) ; pluiieurs remèdes extérieurs , comme huiles, onguens , & fur-tout ceux qui font deftinés à i'embeUiflèment du corps, comme la pommade pour les lèvres qu'ion colore avec Torcanette , la poudre dentrifique qu'on colore avec la cochenille ou le carmin. Le peu de cinnabre qui entre dans la poudre tempérante de Stalh , & dans quel- ques autres poudres rougies par ce minéral , ne paroît pas avoir été employé dans leur compofition dans la vue d'en augmenter la vertu, mais plutôt dans celle de maf- quer les ingrédiens. C'eft apparemment parce que quelques médecins ou le public ont imaginé que l'huile ou l'onguent rofat devoit avoir la couleur des roies avec lefquelles on les pré- pare, & qu'il a été facile de les contenter à cet égard, que les apothicaires fe font mis dans l'ufage de colorer avec l'orcanette ces préparations dans lefquelles il ne paflè prefque rien de la partie colorante des rofes. La coloration des matières fèches , comme des poudres, fe fait pas un iimple mélange; mais celle des préparations liquides ou molles (è fait par la diflblution de différentes parties colorantes ; c'eft aind que la partie colorante de l'orcanette foluble dans toutes les fubftances huileufès parte dans l'onguent ©u dans l'huile rofat dont nous venons de parler ; que la fécule ou partie colorante i^£ce des plantes > colore ceitaius emplâtxes COL 54.r &c onguens , tels que l'emplâtre de ciguë, Ponguent martiatum , &c. • La coloration fe fait au (Il quelquefois par cette adion des acides &; des alkalis , par laquelle ils exaltent certaines couleurs végétales , ou les changent rnême entière- ment ; c'eft ainii qu'on exalte la couleur de la conferve de rofes rouges par quelques gouttes d'acide vitriolique , celle de Pinfa- iion de rhubarbe par l'addition, d'une très- petite quantité d'alkali fixe ; qu'on pourroit donner un julep rouge préparé avec le fyrop de violettes rougi par deux ou trois- goutres d'acide, ùc. {b) COLORBASIENS, v. Colarbasiens. _ COLORÉ , adj. {Jurifp. ) fe dit d'un titre qui paroît valable , Ôc qui néanmoins par l'événement ne l'eft pas ; conîme quand un particulier a acquis de celui qu'il croyoit être propriétaire , il n'a qu'un titre coloré : mais ce titre, joint à une poflèfîion de dix ans entre préfens &c vingt ans entre abfens , fuffit pour prefcrire. Fbje:(^ Prescription: &" TITRE. (A) . COLORER , terme de Marqueterie ù de Menuijerie de placage ; c'eft donner de la couleur aux pierres &: aux bois qu'on emploie dans ces fortes d'ouvrages , fuivant les teintes dont l'ouvrier a befoin , ou pour fes clairs ou pour Çts ombres. V. Mar- queterie & Pièces D8 rapport. Voyer aujfi Vernis. Diâ. de Trév. COLORIS , f. m. {Peinture.) Le terme coloris eft diftingué du mot de couleur : la. couleur eft ce qui rend les objets fcnfîbles à la vue , 6c le coloris eft l'art d'imiter les- couleurs des objets naturels , relativement à. leur pofition. Par relativement à leur pofition , j'entends la façon dont ils font frappés par la lumière , C(i qu'ils paroi fient perdre ou acquérir de leur couleur locale , par l'effet que produit fur eux l'aârion de l'air qui les entoure 6c la réflexion des corps qui les. environnent , 6c enfin , Péloignement dans- lequel ils font de l'œil; car l'air qui eft entre nous ôc les objets , nous les fait paroître' . de couleur moins entière , à proportion, -qu'ils font éloignés de nous. Les lumières. è>c les ombres font beaucoup moins fenfibles- '.dans les objets éloignes que dans ceux quï i font proches. I^ partie du c l'une dans l'efpece de lumière que les objets lui renvoient , & l'autre dans la manière que ces objets la reçoivent. La plus grande beauté de la lumière réfide dans la fource même d'où la lumière émane j mais les organes de notre œil font trop foibles pour foutenir l'éclat de cette beauté ; fenv- blable aux divinités , elle éblouiroit les mor- tels, fi elle fe préfentoit fans voile. Quand l'air eft trop pur , les rayons, du foieil répan- dent une lumière trop fijrte fur les objets , 6c les ombres en deviennent trop tranchantes. D'un autre côté , quand toute l'atmofphere eft enveloppée d'un épais nuage, l'éclat de I^ lumière en eft totalement éteint , & les cou* leurs naturelles perdent toute leur force. Une contrée n'eft jamais plus riante à la vue , que lor 'qu'elle eft im.médiatement éclairée par les rayons du foieil modérément amortis dans les va|)eurs de l'air, & que l'obfcurité des ombres eft adoucie parles rayons que l'azur du ciel y réfléchit. Cette obfervationenfeigne au peintre qu'une des principales caufes de la beauté du coloris, eft le ton gracieux d'une lumière adoucie. Elle lui en feigne encore que le tableau entier de la fcene qui s'offre à les regards, & chaque grande partie de cette fcene tire la beauté de fon coloris de deux jours principaux , l'un qui eft la lumière im- ^ médiate du fbleil, mais bien tempérée; & l'autre le reflet d'un ciel ferein qui répand fur les ombres une douceur agréable ôc variée. Notre obfervateur découvrirarune féconde caufe principale de la beauté du coloris dans la direction des rayons qui éclairent les ob- jets de la fcene; telle contrée qui, à certaine heure du jour, fe repréfente à l'œil comm.e k tableau le plus riant , paroît fans beauté quelques heures après, bien que le ciel con- ferve la même férénité. Un petit nombre d'obfervations fur ce phénomène , feront connoitre au peinrje différentes fources du' beau dans le coloris. Il apprendra qu'un objet {wroit dans fa plus grande beauté , lorfque la lumière incidente le divMe en deux grandes maflès bien proportionnées , l'une claire , ÔC l'autre obfcure. Il fentira que l'œil ne fe re- pofe avec plaifir.fur une contrée, que lorfquê. 544 COL - les diverfes couleurs qu'il y apperçoît , en tant qu'elles font claires & obicures , ne font pas cparlès au hafard ôc fans ordre , mais qu'elles font diftinguées en deux grouppes principaux , enforte que le clair foit oppoié à loblcur. Cette remarque le conduira à la connoiilance générale des effets du clair- obfcur Se des malTes ( F. les articles Clair- obscur , &c.) , d'où il parviendra à recon- noîrre des myfteres plus profondément ca- chés fur la beauté du coloris. En comparant ces deux mafïes oppofées , il s'appercevra qu'elles difputent entre elles de la préférence, tant fur la beauté que fur la variété. Le clair le charmera par le riant & le gracieux de fesielles couleurs, & par l'harmonie de leur dmriburion ; l'obfcur le .touchera par une beauté plus mâle , par la variété des couleurs 8^ par leur feu ; il admi- rera le fingulier mélange des parties brillantes avec des parxies fombres. Au milieu d'une infinité de couleurs fans nom , diverfiliées ôc multipliées encore par mille reflets difFé- rens, il fera vivement frappé deséclaits qui contraftent çà &c là'flvec l obfcurité du fond d'où ils femblent partir ; il fentira que c'eft là ce qui donne de la vie à Tenlemble , &: qui f n rend l'effet allure. Muni de ces notions fur la beauté du cc/o- i'arti/te pafle de la contemplation de la ns nature à celle de l'art. Il obferve comment les grands maîtres des écoles vénitiennes & flamandes, ont lu tranfporter fur le bois & 1a "toile les beautés de la nature par un heureux choix de. couleurs bien afîbrties ; il admire chez l'une la vérité portée au ^lus •haut degré, & chez l'autre la beauté du coloris élevée même au-delà du vrai jufqu'à l'idéal. Il commence alors à rechercher par quels moyens ces peintres font parvenus à produire cet effet magiq^ue. C'eft alors qu-'il reconnoît qu'un coloris parfait demande un aufii grand génie qu'en fuppofe le delTin correét des formes; que la peinture efl bien moins Pouvrage d'une main exercée, qu^elle n'eft la production d'un jaeureux génie, d'un efprit éclairé par des obfervations fines & des recherches profondes, & d'un goût épuré qui faifit toujours le bon & choiiit toujours le meilleur. Après que le peintre aura formé fbn goût à regardée la vérité 6c de la beauté du COL co/orh, par l'obfervation de la nature & des ouvrages de l'art; il fe fervira encore de ce double fecours pour apprendre l'art difficile de colorier. A Pimitation de Léonard de Vinci , il obfcrvera d'un œil éclairé par le génie &c la fagacité , chaque effet particulier des couleurs dans la nature ; ôc ce qui après les obfervations reftera encore douteux ou indécis , il s'en aflurera par des elfais ôc des expériences faites à delfein. D^abord il recherche avec attention com- ment ce qu'on nomme l'effet eft produit uniquement au moyen des jours ôc des om- bres ; il confidere enfuite comment , à l'aide des couleurs claires ôc obicures , on produit un effet analogue au premier , qui réfultoic de la lumière ôc de Pombre. Il ié forme un recueil des obfervations que la nature lui fournit là - defllis ;, & il l'augmente de fes propres e liais; enfuite il remarque les cas où il arrive qu'un corps éclairé, oppofé à un fond obfcur, ou un corps obfcur placé fur un fond clair , produit l'effet fingulier , ôc prefquc magique , d'éloigner les objets ôc de les repoufler en arrière. Enfin , il obferve en général les modifica- tions ôc la dégradation des couleurs à mefure quePccil s'en éloigne davantage; comment chaque corps dans fon cloignement fucceilif reçoit de plus en plus la teinte de la couleur de l'air ; ôc comment enfin des corps de cou- leurs tout-à-fait différentes , vus à des gran- des diftances, prennent tous la couleur com- mune d'une perfpeétive aérienne. C'eft un phénomène pittorefque elTentiel à obferver. La recherche des caufes qui produifenc ^harmonie de couleurs, n'exige pas une étude moins longue ni moins profonde. Notre peintre apprendra ^ les découvrir , s'il ob- 'ferve bien comment un objet , à l'aide de fa liimiere ou de fa couleur, femble s'avancer hors du refte de la mafïe , ôc s'en détache de manière à ne pouvoir être confondu ni réuni avec les autres objets : dès-là il commencera à fentir comment par un effet contraire, di- vers objets peuvent fe perdre dans une feule mafle ; ôc il comprendra pourquoi il faut en tel endroit un jour ou une couleuFplus vive, ôc en tel autre une lumière ou une couleur plus tempérée. La plus grande difficulté fera d'acquérir une connoifïànce exade de l'afFoibliflèment fucceffif COL fuccelTif des couleurs propres de chaque objet, depuis le point le plus éclairé jufqu'à Tombre la plus forte. La fcience des demi- teintes ( Fbye^ Demi -teintes) eft peur- être ce que l'art du coloris a de plus difficile. Ce n eft qu'à force d^obferver avec de bons yeux la nature & les ouvrages des maîtres de lart qu'on peut fe flatter d'y réuflir. A ces études fe joint enfin celle des reflets. Ce font les reflets qui produifent le plus haut degré de vérité , accompagné de la plus grande variété. Cette partie , au refte , n'a dans la théorie que peu de difficultés 5 mais elle eft d'un détail pénible dans l'exécution. L'homme étant l'objet le plus intérefîànt, les perfonnages font aulïi le fujet principal de la peinture j &: la partie du coloris qui les concerne , exige une étude particulière de la part du peintre. ( Voye':^ci-devantQAK- NATioN. ) Heureufement on a dans cette partie les plus excellcns modèles. Le Titien a porté l'art des carnations au plus haut degré de beauté, même de la beauté idéale, bc Pon peut dire fans exagérer , qu'il a (ur- pafle en cela la nature elle - même. Van- Dyck s'eft contenté de la repréfenter dans toute fa perfection. Ces deux grands maîtres font en ce genre des oracles que le colorifl:c ne fàuroit trop confulter. Quand on réfléchit qu'à toutes ces con- noiflances que le co/om exige, il faut en- core y ajouter celle des couleurs matérielles, de leur manipulation, de leurs mélanges, de leur conftance ou de leur altération fuc- ceffive; chofe qui, de même que le manie- ment du pinceau , ne s'apprennent que par un long ufage , on ne fera plus furpris qu'il foit fi rare de voir un peintre excellent dans le coloris. ( Voye^ ci-aprh Couleurs. ) C'cft ici où la maxime d'Apelle , nulla dies fine linea , eft plus indifpcnfable que par- tout ailleurs , & où l'art eft le plus inépui- sable. Le célèbre Pefne , l'un des meilleurs coloriftes de nos jours , bien que feptuagé- naire , s'appliquoit très- fou vent encore avec tout l'empreflement & l'étude d'un com- mençant , pour acquérir un plus haut degré de perfedtion dans la partie du coloris. Les caradleres d'un coloris parfait ne (t rcflemblent pas néceflàirement. Le Titien , le Correge & le Giorgion, ont porté le coloris jufqu'au beau idéal. Van-Dyck, & Tome Vni, COL 54J divers peintres flamands aflèz connus , ont un cojoris de la plus grande vérité. Rubens a même prêté encore à la nature quelque cho e du feu de fon génie i il y a dans Çqs meilleurs tableaux un coloris qui étonne Claude Gillot , Nicolas Eerghem , Cornélius Poelembourg & divers autres peintres de payfages , fe font diftingués pour le gracieux de leur coloris. Celui de Rembrand eft en- chanteur :^ & bien qu'on n'ait point de nom pour le défigner , il fait cependant un genre à part, digne d'être remarqué. Il y a encore un coloris févere & férieux , qu'on poûrroic nommer le coloris folide : il n'a prefque point de couleurs claires j c'eft un brun-clair, avec un agréable mélange de bleu, de verdâtre & de beau rouge : à en juger fur une fimple copie , le meilleur modèle en ce genre de Coloris y ed un tableau du Titien dans l'églife de Santa-Maria délia Salute à Venife, dont le fujet eft la defcente du Saint-Efprit fur les apôtres. Il feroit à fouhaiter qu'on pût donner une clafnfication plus complète des divers genres de coloris. Les noms font d'une grande ref- fource , lorfqu'on ne peut pas mettre l'objet même fous les yeux. On voudroit fouvent indiquer au peintre le genre de coloris qui convient à tel fujet; mais ce genre n;a point de nom fixe : la fimple dénomination ne ren- droit pas fans doute l'artifte plus habile ; mais elle ferviroit à diriger fon habileté du coté le plus avantageux. {Cet article ejl tiré delà théo- rie générale des beaux-arts de M. SULZER.) • Coloris , (Jardinage. ) il fe dit des fruits qui mûriflènt &c qui prennent de la couleur , tels que les pêches, les prunes, les poires & les abricots : même pour la leur faire prendre, fouvent on d%arnit les feuilles autour da fruit, qu'alors le foleil frappe plus vivement Ôc dore mieux. Il y a des curieux qui, avec un pinceau trempé dans l'eau, le mouillent plufieurs fois dans la plus grande ardeur du foleil. (K) * COLORITE, f. m. ( Hi/f. eccléf.) congrégation d'auguftins, ainfi àppellée de Colorito , petite montagne voifine du village de Morano y au diocefe de Caflàno, dans la Calabre citérieure : ce fut dans une cabane proche d'une églife dédiée à la Vierge lur le Colorito , que fe retira eil 1530 Bernard de Rogliano, & qu'il com* Zzz 54^ COL mença l'inftitution de la congrégation des ' Colorites. COLORNO , {Géog. mod.) petite ville d'Italie , dans le duché de Parme près du V6. Long. 2,7, ^o; lat, 44, 54. COLOSSE, terme dArchiteclure^ du grec Kohoffooi , compofé de koKo? , grand , & israoi y œil , c'eft-à-dire , grand à la vue. On entend foub ce nom un bâtiment d'une grandeur conndérable , tels qu^étoient les pyramides en Egypte , les amphithéâtres en Grèce & en Italie. Colojfei fe dit aulïï d une iîgure dont la proportion eft fort au-deflus de la naturelle , telle qu'étoit celle du foleil à Rhodes & les ftatues des empereurs Né- ron & Commode , dont il refte encore quel- ques fragmens dans la cour du capifole à Rome. On dit auffi qu'une colonne eft co- loflàle, lorfqu^elle furpalTe deux ou trois pies de diamètre. Fbye:(_ Colonne. (P) Colosse de Rhodes , {Hijl. anc.) ftatue d'airain'd'une grandeur prodigieufe, lîtuée à l'entrée du port de Rhodes, & qui paf- ioit pour une des lept merveilles du monde. En voici l'hiftoire tirée principalement de M. Prideaux , part. II, liv. II. Cette ftatue étoit dédiée au foleil; elle avoit 70 coudées ou 105 pies de haut, & le refte à proportion j peu de gens pou- \oient embrallèr Ton pouce ; les navires paflbient à pleines voiles entre fes jambes. Démétrius , après avoir affiégé vivement la ville de Rhodes pendaiit un an fans pou- voir h prendre , las d'un fi long fiege, fit la paix avec les Rhodiens , & en s'en retour- nant il leur donna en préfent toutes les machines de guerre qu'il avoit envoyées à ce fiege. Ils les^endirent dans la fuite pour 300 talens C^n million loo mille liv. ou environ), dont ils fe fervirent, avec l'argent qu'on y ajouta , pour faire ce colojfe. Ce fut l'ouvrage de Charès de Lindo , dif- ciple du fameux Lyfippe , qui y employa 1 2 ans. Mais 6G ans après l'exécution de fon entreprife, le colojfe fut abattu par un grand tremblement de terre qui fe fit fentir en Orient & qui caufa des défolations prodi- gieufes, fur-tout dans la Carie "& dans Pile de Rhodes. On commença à travailler à ce fameux colojfe Vzn 300 avant Jefus-Chriftj il fut achevé l'an 188 , & renverfé l'an 122. ' Les Rhodiens i pour réparer le dommage c ot. que cet accident leur avoit caufé, quêtèrent chez tous les princes & les états grecs de nom ou d'origine , & exagérèrent telle- ment leurs pertes , que la collecte qui Ce fit pour eux , fur-tout chez les rois d'Egypte, de Macédoine, de Syrie, du Pont Se de Bithynie , alla pour le moins à cinq fois autant que la véritable fomme à laquelle ces pertes fe montoient. En effet , Pémulation qui régna entre les princes pour foulager cette ville défolée , eft fans exemple dans l'hiftoire : Ptolémée , roi d'Egypte, fournit feul 3 00 talens,que nous n'évaluerons ici que 350000 écus, un mil- lion de mefures de froment , des matériaux pour bâtir vingt galères , tant à cinq rames qu'à trois rames , une quantité infinie de bois pour d'autres bâtimens, & en parti- culier pour rétablir le colojfe, 30CO talens, t'eft-à-dire, 9000000 fuivant.M. Rollin, & plus de 1 0000000 fuivant le doâreur Bernard. Outre les rois, toutes les villes fignalerent leurs libéralités : les particuliers voulurent auffi entrer en part de cette gloirej & l'on cite une dame appellée Chryféis , véritablement digne de fon nom , qui four- nit feule looGoo mefures de froment. Qiie les princes d'à préfent., dit Polybe , & nous pouvons dire 2000 ans après lui , que les princes de nos jours comprennent combien ils font éloignés de ceux dont on vient de parler. En aftèz peu d'années , Rhodes fut rétablie dans un état plus magnifique qu'elle n'a voit jamais été, à l'exception du colojfe; car les Rhodiens au lieu d'employer une partie de cet argent , comme c'étoit la principale intention de ceux qui l'avoient donné , à relever le coloffe , prétendirent fort fàgement que l'oracle de Delphes le leur avoit défendu, & gardèrent toutes ces fommes , dont ils s'enrichirent. Le colojfe demeura abattu comme il étoit fans qu'on y touchât pendant 894 ans, au bou,t defquels, l'an de Jefus-Chrift 672 ,. Moawias, le fixieme caHfe ou empereur des Sarraiins, ayant pris Rhodes, le vendit: à un marchand juif qui en eut la charge de 900 chameaux ,» c'eft - à - dire , qu'eri comptant huit quintaux pour une charge , Pairain de cette ftatue , après le déchet de \ tant d'années par la rouille , ùc. & ce qui vraifemblablement en avoit été volé, fè COL ^ontoît encore à 720000 liv. ou à 7100 guintauf. Ces faits prefque tous rapportés par M. Prideaux , font appuyés des témoignages d'Eufebe, ckron. d'Orofe, lib. IV^ cap. xiij; de Polybe, lib. V; de Pline, Ub. XXXIV, cap. vij; de Strabon, lib. XVI; de Zonare, annal, fub rcgno Confiant, imper. Heraclii. nepot. de Ccdrenus, annal, 6c de Scaliger, animadv. in Eufeb. chron. n. IJS4. Le coloffe de Rhodes n'eft pas le feul dont il ioit fait mention dans les antiquités. Il y avoit à Memphis en Egypte plufieurs ftatucs .coloflales de Séioftris & de fa famille^ à Apol- lonie dans le Pont , une ftatue d'Apollon de trente coudées , que LucuUus fit tranfporter à Rome \ dans cette ville , fept colojfes, deux d'Apollon , deux de Jupiter, un de Néron , un de Domitien, un du Soleil. Article de M. le Chevalier de Jaucourt. COLOSTRE, colojlrum, {Phyfrologie.) premier lait qui fè trouve dans le fein des femmes après leur délivrance. V. Lait. COLOSTRUM, {Pharmacie.) quelques auteurs ont donné ce nom à une efpece d'émulfion créparée avec la térébenthine & le jaune d'oeuf. Blancard. V. Emulsion. . COLOURI , {Géog. mod.) île de la Grèce dans le golfe d'Angia. Lon(r. 42, 40; lat.^8. COLPORTAGE, f. m. {Comm.) em- ploi ou fonction de celui qui eft colpor- teur. V, Colporteur. COLPORTER, porter des marchan- difes dans les rues ou de maifon en mai- fon; il fîgnifie auffi porter pendues à (on cou dans une manne , de petites & me- nues merceries, comme couteaux , peignes , cileaux , ùc. Colporter , en termes de Librairie , c'eft porter des livres dans les maifons pour les y vendre ; c'eft auiïî vendre dans les rues des feuilles volantes ou papiers publics , comme arrêts > fentences , gazettes, loterie, €'c. V. Colporteurs. COLPORTEURS , f. m. c'éroient an- ciennement des gens de mauvaife foi, qui rodoient de ville en villc^ vendant & ache- tant de la vaiflèlle de cuivre , d'étain & autres femblables marchandifes , qu'on ne doit vendre qu'en plein marché. C'eft en ce fens que ce mot eft employé dans des réglemens de la z;®. année de Henri VIII, COL 547 ckap. vjy Se par d'autres de la 53^^ année du règne du mcme prince , chap. iv. C'efl: ce qu'on appelle en Vxznce. perte -balles , coureurs y mercelots ou brocanteurs. . Nous nommons aujourd'hui colporteurs, des gens qui font métier de porter dans les maifons des marchandifes , comm.e étoffes , pommades , linge , ùc. Ou de petits marchands qui les crient dans les rues ; on les appelle ain/i , parce qu'ils portent & étalent ce qu'ils ont à vendre dans une petite manne ou caflètre pendue à leur cou avec une large courroie de cu*r, ou une fangle. Ou des gens qui font métier de porter à^s livres dans les maifons ou de vendre des papiers pubHcs dans les rues. Comme ce font pour l'ordinaire ces fortes de gens qui font le commerce des livres ou papiers volans non autorifés , leur état à Paris a attiré l'attention du gouvernement : leur nombre eft fixé ; leurs noms doivent être ciî- régiftrés à la chambre royale & fyndicale de la librairie. V. Colporteurs {Jurifpr.) _ Colporteurs, {Jurifpr.) dans les an- ciennes ordonnances font nommes compor- teurs , quia fecum portant les chofes qu'ils vendent par la ville. On trouve pluficurs ordonnances qui les mettent dans la même clafle que les menus feneftriers , c'eft-à-dire , les petits marchands qui expofent des den- rées à vendre feulement fur une fenêtre. Le commerce des uns & des autres étant peu confidérable , ils étoient exempts de certaines impofitions. Les lettres de Ph'ilipe VI, du 17 février 1349, difent que menus feneftriers, petits conujorteurs aval la ville de Paris, ne feront tenus de rien payer de l'impo/ition qui étoit établie fur les marchandifes & den- rées qui fe vendent à Paris, s'ils ne vendent en un jour dix (buS de denrées; que s'ils les vendent, ils feront tenus de payer; & que s'ils vendent au-de(Ious , ils ne feront tenus de rien payer. Les lettres du roi , du 3 mai 175 1 , portent la même chofe , à Poccafion d'une nouvelle aide ou impofition accordée ,au roi par la ville de Paris. Les revendeufes , petits-merciers & autres qui portent dans les rues des marchandifes vieilles ou neuves à vendre , étoient autrefois tous compris fous ce terme de colporteurs. En temps de contagion, les colporteurs &c Zzz 1 54» C O L revendeufes ne peuvent vendre ni porter pai- la ville aucunes hardes . habits , linges , ni autres meubles , fur peine de la hart. Il eft défendu à routes perfonnes , même aux fripiers d'en acheter, fur peine d'amende 'de de punition corporelle. Ordonnance de police du ^0 oclobre IS9^' Traité de la po- lice , tome I, page 6^^. Les colporteurs qui vendent des livres dans les maifons, & les imprimés qui fe crient dans les rues, tels que les ordon- nances , édits , déclarations , arrêts de ré- glemens , fentences de police , condamna- tions à mort , & autres chofes qui doivent être rendues publiques , vendent aulTi d'au- tres imprimés qui ne font faits que pour amufer le peuple : ceux qui s'adonnent à ce métier, ont pour cet effet une attache de la police , & portent à leur habit une pièce de cuivre qui annonce leur état. L'arrêt du confcil du 4 mai 1669, fait défenfe à tous colporteurs de vendre ni colporter ou afficher aucunes feuilles & placards, fans peî-mifTîon du lieutenant de police j & l'or- donnance de police, du 17 mai 1680, leur réitère les mêmes défenfes par rapport aux affiches. Voye^ le tr. de la police , tom. /, pag. %S2 à ^84 On permet quelquefois aux colporteurs de vendre certaines pièces , qu'on leur défend néanmoins de crier, pour éviter le grand éclat qu'elles pourroient faire parmi le bas peuple. Il ne leur eft pas permis d'annoncer les pièces qu'ils vendent. fous un autre titre que celui qu'elles portent , ou de la manière qui leur eft prefcrite 5 Se ils doivent fe con- former en tout aux ordres de la police. {j4) COLRAINE, {Géog. mo^.) ville d'Ir- lande dans la province d'Ulfter, au comté de Londondery , fur la rivière de Banne. ^ COLSAT, f. m. {^agriculture.) efpece de chou fauvagc qui ne pomme point, 6c dont la graine fournit de l'huile. La plus nojre , la plus féche, la plus pleine Se qui paroît la plus ondueufe en l'écra- fant , efl là nieilleure pour le moulin ; elle peut être feméc avec de moindres qualités. Elle eft fouvent mêlée par le défaut de maturité égale , & l'on diftingue la moins mûre à fa couleur un peu rouge. On attribue cette inégalité aux vers qui fc jettent dans les racines des jeunes plantes i COL il faut y regarder quand on les tranfplante/ & rebuter celles qui en font attaquées i le ver doit fe trouver dans le nœud. Son prix varie félon l'abondance ou la difette j il dépend aufli des recherches que l'on en fait plus ou moins grandes, félon la réufïite des huiles de noix Se autres , dans les pays qui en tirent. On pourroit l'apprécier à 7 liv. lo f. la rafîere , année commune, depuis dix ans : elle en vaut aujourd'hui iz : elle pourroit monter jufqu'à 16 llv. par extraordinaire. La rafiere eft une mefure qui doit contenir à-peu-près cent livres poids de marc, la grai- ne étant bien feche , deux rafieres font un fac de ce pays , & fix avots font une rafiere. Il en faut une livre pour femer un cent de terre, qui fait zi toifes 4 pies 8 pouces quarrés. C'eft fur cette mefure que l'on fe déterminera, & fur laquelle on peut em- ployer les plus grands terrains. La terre légère eft la meilleure , pourvu qu'elle n'ait pas moins d'un pié de bon fonds , & qu'elle ne fbit pas pierreufe. Celle où l'on fème n'eft pas celle oii Ton plante. ' , On doit préparer la première en la fumant; quatre charretées de fumier fuffiront : cha- cune peut pefer environ 1400 livres. Le fumier bien étendu , on y paflè la herfe pour faire prendre nourriture à la terre; on laboure peu après deux ou trois fois, félon qu'elle eft chargée d'ordures; enfin , on l'applanit en y ramenant de nou- veau la herfe pour recevoir la femence > dont une livre fur un cent de terre pro- duira dequoi planter une pièce de 300. Si-tôt après la moiflbn , on fume & on prépare, comme nous avons dit, la terre deftinée à planter. Au furplus, tout le monde fait que l'on fume plus ou moins, félon la chaleur des terres. Il faut que la terre foit repofée. On feme vers le io de juillet , vieille ou nouvelle femence , pourvu qu'elle foit afïez bonne , & l'on plante au commen- cement d'oÂobre. Qiiand la terre eft enfèmencée , il n'eft plus queftion que de laiffer croître les, plantes , qui doivent être fuffifamment montées à la fin de feptembre. COL On les déplante pour lors par un beau îour ; on rebute les véreufes ôc les langui (Tan- tes , & on les tranfporte fur Tautre terre pré- parée comme il a été dit : on y fait des trous avec un plantoir , à ladiftance de^ demi-pié en ligne perpendiculaire, Ôcd'unpié en ligne horizontale : chaque trou reçoit ia plante , qu'un homme reflèrre avec le pié à mefure qu'un enfant la place. Tousles huit pies, on fait une rigole en talur d'un pié d'ouverture, & autant de pro- fondeur ; on en jette la terre à droite & à gauche , fur la diftance d'un pié qu'on a laide pour cela entre chaque plante: c'eftce qu'on appelle recouvrir. Cela fe fait pour l'é- coulement des eaux, ôc pour garantir de la gelée. Il n'y a plus d'autre façon à donner , à moins que d'arracher les mauvaifes herbes , s'il en poulloitaflez pour étouffer. Il n'y a que des événemens extraordinai- res qui puiiiènt nuire zucolfat dans toutes les faifonsitous les temps lui font propres, fi l'on en excepte les gelées trop fortes & tar- dives , les grands orages , la grêle , & les grands brouillards , dans le temps de fa ma- turité. •* On fait la récolte à la fin de juin , quand la graine eft prête à épiler j & pour éviter cet accident , on fè garde de la laiflèr trop mûrir pour recueillir. On fcie avec la faucille , & Ton couche les tiges fur terre comme le blé , on les y lailïè pendant deux beaux jours 5 fi la pluie ne permet pas de les relever après ce temps , il faut attendre. On les relevé dans un drap, ôc on les porte au lieu préparé -pour faire la meule fur la même pièce de terre , afin de ne pas perdre la graine j on y fait autant de meu- les que la dépouille en demande : celle de huit cents déterre doit fufïire pourune meu- le ;& pour la faire , on forme une terraflè bien feche Se bien battue, de vingt pies quarrés ; on y met un lit de paille , fur lequel on arrange les tiges la tête en dedans -, on ar- rondit cette meule dès le pié jufqu'à la hau- teur de trois toifes plus ou moins , en termi- nant en pain de fucrc , & l'on couvre le def- fus pour être à l'abri de la pluie. Quand les grands venrJa mettent en dan- ger de culbuter , on a foin de l'étayer. COL 549 Le colfût repofe ainfi juiqu'apres la moif^ fon , à moins que l'on n'ait lieu de crain- dre l'échauffement de la graine ; ce qui pour- ^ roit arriver par des temps fort plufieux , ou pour l'avoir recueillie trop verte. Il efl efTentiel de choifir un beau jour pour défaire la meule ; mais avant tout on prépare au pié une plate-forme battue , auflî dure que les battines de grange i & c'eft U-Jcdus que l'on bat à mefure que la meule fe défiic avec la précaution de n'en lever les tiges que dans un drap. Dès qu'on en a battu une certaine quan- tité , il feut retirer avec un râteau la paille écrafée ; cela aide à bien battre le refte , &c fait perdre moins de graine. Qiiand tout efl battu , on la nettoie par le moyen d''un puroir. îl y en a de deux fortes. L'un eft un grand tambour troué en rond , pour y faire pafler la graine : c'eft le premier dont on feferr, & on jette au rebut ce qui refte dans le tambour. Le fécond eft aufîi un tambour dont les trous font en long , pour y fiire pafler la poufliere , en y mettant ce qui a pafle par .♦ le premier. En tamifant , on a foin de retirer vers les bords ce qui peut reft'er de gros marc , & l'on fait toujours la même chofe jufqu'à la fin. La graine ainfi purifiée , on la porte dans des facs au grenier , Se on l'y garde comme le blé , jufqu'à ce qu'on la vende. Si 1 on y trouvoit un peu d'humidité , il faudroit la remuer. Le plancher du grenier doic être d'autant moins ouvert , que la graine eft petite. Bien des gens y étendent une grande toile pour l'y renverfer. Il eft bon d'obferver qu'elle ne profite pas dansle grenier ; c'eft pourquoi l'on s'en défait le plutôt que l'on en trouve i^i prix. Tout ce- qui refte de paille courte ou ha- chée , on le donne aux pauvres , ou bien on le brûle fur les lieux : c'eft un engrais. Les tiges battuesferventàéchaufferle four, ou pour le feu des pauvres. Les fermiers qui n'en font pas cet ufage , les vendent afTez ordinairement. Il ne faut à la* graine aucune façon , après quelle eft recueillie : pour la porter au mou- lin , tous les temps font: propres quand il y 5P COL a du vent , excepté par les gelées fortes. Vingt rafieres de graine rendent année commune quatre tonnes d'huile , chaque tonne pefant ico livres poids de marc, ians y comprendre la futaille. ■ Il faut encore oblerver que le marc de rhuile fe met à profit : on en fait des tour- teaux qui entretiennent le lait des vaches pendant l'hiver, en les délayant^ dans le boire. On s'en fert aulTi à fumer les terres , en les réduifant en poufTiere. C'eft un engrais un peu cher. Ces tourteaux font de la figure d'une gauffre de quatorze pouces de long ôc huit de large , fur demi - pouce d'épail^èur : ils doivent pe.'er chacun huit livres & demie poids de marc, félon les ordonnances de la province. Ils fe font à la preflè, que Le vent fait agir dans le moulin. Vingt raiieres de co//i? rapportent ordinai- rement 550 tourteaux. Dans un pays où l'on ne feroit point cas des tourteaux , la dimi- nution du profit feroit bien grande. * § COLTIS , f. m. ( Architecl, navale. ) Le ccltis eft le premier couple de l'avant du vailîeau ; il porte ordinairement fur le haut du brion , & plus fouvent il eft avancé fur l'élancement de l'étrave , afin qu'il donne plus d'appui aux alonges d'écubiers ; cepen- dant la pofition &c la coupe du coltis font foumifesau travail duconftrudeur : car on ne pourroit prétnter que des principes trop généraux pour la coupe des façons de l'avant du vaillèau , flans lefquels eft comprife & influe eflêntiellement la coupe du coltis Se même fa pofition. Le couple du coltis n'eft pas établi per- pendiculairement comme les autres couples, fa fituation eft oblique , en forte qu'il fait avec la quille un angle d'environ vingt degrés. Ce dévoiement lui procurc plus de ftabilité ôc diminue l'équerfage des couples de cette partie du vaifteau. La grande fortie de l'alonge de revers du coltis donne plus de faillie & de folidité aux bofioirs, plus de facilité pour Pabordage dans un combat, plus d'aifènce rour la manœuvre du gaillard - d'avant , &z (ert enfin à rejeter en dehors leslam>esqui., fins cette réfiftance, fe brifcroiçnt fur le gaillard -d'avant. Les COL couples de rempliflage placé en arrière du col:is y participent beaucoup de fes contours. Inpruclicn élémentaire 6 raijonnéejar la ccnf- rruclion praàquj des vmjfeauxy par M. Du- ranti de Lironcourt. COLOMBO , C m.iHiJÏ. nat. Tchthyo^ log.) nom que les habitansd'Amboine don- nent à un poiflbn qui a été paflablement gravé par Ruyich, darsfa Colàâion nouvelle des poijjuns a'Amboiney pt. XIX; n°. XO ^ P^g^ SS- II a le corps cylindr-que , pointu aux deux extrémités , trois fois pius long que large , la tête médiocrement longue , les yeux petits , le mufeau alongé en cylindre , de manière que la mâchoire fupérieureeft beaucoup plus longue q;!e l'inférieure. Ses nageoires font au nombre de fept ; (avoir , deux ventrales petites , placées fous le milieu du ventre , loin derrière les pedo- rales qui iont quarréesjune dorfale étendue de la tête à la queue , un peu plus haute de- vant que derrière; une derrière l'anus aflèz longue, enfin une à la queue creufée en arc jufqu'au quart de fa longueur. Son corps eft jaune marqué de neuf an- neaux noirs; fa queue a de chaque côté quatre lignes longitudinales noires ; fa mâ- choire fupérieurea aufifi deux anneaux noirs. Mœurs. Le Colombo eft commun aux îles Moluques, fur-tout autour deCeram fur les cotes couvertes de vafos. Qualités. Il a la chair in/îpide , ^ fî molle qu'elle tombe en putréfaction , fans pouvoir * lécher, comme il arrive aux autres poiftbns lorfqu'on les expofe au foleil. Remarque. Ce poiflbn forme un genre particulier dans la famille des carpes. ( M. Ad AN SON.) COLUG A , ( Géog, moà. ) viUe de Pem- jDire rufïien aux confins du duché de Rezan, Fur la rivière d'Occa. /^COLUMBARIA, {Wjl. anc.) c'eïï ainfi qu'on appelloit des trous pratiqués aux flancs des vaiflcaux vers leurs Bords , par où paflbient les rames : ce nom leur venoit de leur reflemblance avec l'entrée des boulins ronds des colombiers. On donnoit encore le même nom à des maufoléesde familles de diftindion, ou l'on avoit pratiqué des cellules , & dans ces cellu-* les des rangées dt iiiches, placées les unes COL COL 551 fur les autres, comme les boulins dans un | aux riges, fans aucun pédicule, à des dif- colombier. Ces niches renfermoienc des tances égales à le^jr longueur. urnes rondes , offce ; il y en avoit auiïi de quarrées. Un columbaria contenoit fouvent pluiieurs urnes. V. l'antiq. expliq. COLUMNA , ( Géogr. mod. ) ville de r^mpire ruiïien fur la rivière d^Occa. Long. 55, çl; lat. 54, 50. COLUiMNEA, {Wjî.nat. hot.) genre de plante , dont le nom a été dérivé de ce- ' lui de Fabius Colomne. La fleur des plantes de ce genre eft monopétalc, & faite en forme de mafque , dont la lèvre fupérieure eft un peu voiitée &: concave , & l'inférieure eft diviféc en trois parties. Il fort du calice un piftil qui eft attaché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur, & qui devient dans la fuite un fruit globuleux , mou & rempli de petites femences oblon- gues. Plumier , nova plant. Americ. gêner. Voyei Plante. (J) COLUPPA* f m. {Hfjf. nat. Satan.) plante du Malabar , alTez bien gravée fous ce nom par Van-Rheede dans fon Hortus Malabaricus , volume X , planche XI, page %i ; J. Commelin dans fes Notes fur cet ouvrage , l'appelle perjîcarico folio , repens Malabar ica , flore globofo albefcente. M. Linné , dans fon Species plantarum , impri- mé en 1 7 5" 3 , page zz^, Pappelle gromphrena jfeJfHis^ caule repente, folii s lanceolatis fejji- libus, capitulis oblongis fejfilibus aphyllis ; & il le confond avec X'amaranthus humilis foliis cppojitis , fiofculis in aliis glomeratis, Bur- . niann. Thef. Zeyl. tab. iP^ fig. z. C'eft une plante vivace à tige cylindrique longue de 3 à 4 pies , fur 3 à 4 lignes de diamètre, rampaïite, ramifiée de quelques branches alternes , élevées d'un dcmi-pié , vertes , jetant de chaque noeud un faifceau de 15 à 20 racines capillaires, "blanches d'abord, enfuite rougeâtres, longues d'un pouce. • La racine principale eft cylindrique lon- gue de 3 à 6 pouces, fur 5 à 6 lignes de diamètre. Les feuilles font oppofées deux à deux, difpofées parallèlement fur le même plan, elliptiques , pointues aux deux extrémités , longues de 1 pouCes à x pouces & demi, trois à quatre fois moins larges, entières, ifpallfes, molles, attachées horizontalement Des aillclles alternes de chaque paire de feuilles , fort une tête fphérique feffile , de 4 lighes de diamètre, compofée de 20 à 30 fleurs fefliies contiguës, imbriquées, très-ferrées , blanchâtres , à centre verd , longues d'une Hgne , ouvertes Ibus un an- gle de 45 degrés. Chaque" flçur eft hermaphrodite , polypé- tale incomplète , pofée autour de l'ovaire : elle coniîfte en un caHce à 8 feuilles , dont cinq intérieures aflez égales , triangulaires , concaves, pointues, une à deux fois plus longues que Irftges , blanchkres , perfif- tantes, en trois étamines à anthères jaunes, réunies en bas par leurs filets , en une mem- brane courte; du centre du calice s'élève un ovaire fphérique, terminé par un ftyle cylindrique , couronné par un ftigmate cy- lindrique, tronqué, velu. L'ovaire en mûrilîant devient une caplule lenticulaire comprim.ée en forme de cœur, membraneufe, blanc- jaunâtre, à une loge, ne «'ouvrant point & contenant une graine lenticulaire dune demi-ligne de diamètre, d^abord roufle , enfuite bleue-terne , ayant fur fes bords un petit tubercule Uanchâtre , tranfparent, par lequel elle eft attachée droite , élevée au fond de la capfule.- ; * Culture. Le coluppa croit au Malabar dans les terres humides & aqueufes , où elle rampe au fond de l'eau, en élevant fes branches un peu au deftus de la furface. Qualités. Cette plante n'a ni faveur , ni odeur , à moins qu'elle ne croifle fur des terrains faHns de la côte maritime j alors elle prend un goût de fel. Vfages. Les Malabares la pilent ôc Pap- pliquent en cataplafme fur la tête pour dif- fiper la migraine ; fon fuc exprimé fe boit dans l'eau tiède , dans les coliques venteufes > fa racine pilée &c mêlée avec le cumin Se le fucre , fe prend avec le lait ou Peau de coco pour réparer les forces. Renu^ques. Le coluppa du Malabar n'efè donc jPl la même plante que le mugunu- venna de Ceylan , figurée par M. Burmann , dans fon Thefaurus Zeylanicus , planche IV, fig. Z, fous le nom à'amaranthus , dcc. qui a cinq étamines &c cinq denticules entre elles. Ce n'eft pas non plus une efpece der 551 COL grompkrena, c'eft-à-dire, du wadapu, comme la penfé M. Linné , mais un genre parti- culier qui vient naturellement dans la fa- mille des amaranthes où nous l'avons placé. Voy e'^nos Familles des plantes y volume II, page %6q. ( M. Adanson. ) COLURE , f. m. fe dit , en terme de Géographie & d'ajironomie , de deux grands cercles, que Pon fuppofe s'entrecouper à angles droits aux pôles du monde. Voyei^ Cercle. L'un paflè par les points folfticiaux , c'eft- à-dire par les points où l'écliptique touche les deux tropiques ;* de l'autre par les points équinoxiaux, c'cft-à-dire^^par les points où l'écliptique coupe l'équateur ; ce qui a fait donner au premier le nom de colure des folftices , &: au fécond celui de colure des équinoxes. V. Solstice ù Equinoxe. Les colures en coupant ainii l-'équateur, marquent les quatre làifons de l'année ; car ils divifent l'écliptique en quatre parties égales , à commencer par le point de î'équi- noxe du printemps. Comme ces cercles pafïènt par les pôles du monde , il eft évi- dent qu'ils font l'un ôc l'autre au nombre des méridiens. F". Saisons. Au rcfte , ces cercles étoient plus d-'ufàge dans Paftronomie ancienne qu'ils ne font . aujourd'hui. Ce n'eft prefque plus que par habitude qu'on en fait mention dans les ouvrages fur la fphere. ( O ) COLUTEA, {Jard.) plante de Pefpece du baguenaudier : elle s'élève peu, & donne des fleurs de couleur pourpre très-agréablesj fa feuille petite , d'un verd pâle , & faite en ombelle , ne tombe point pendant l'hiver^ fon bois eft mélangé de verd & de rouge , & fa forme eft pyramidale; fà graine eft renfermée dans de groftes gonfles. On a foin de le ferrer pendant l'hiver avec les autres arbres qui craignent le froid. (K) COLYBES, f m. pi. {Hijl. eccléf.) nom que les Grecs , dans leur lithurgie , ont donné à une offrande de froment 8c de légumes cuits , qu'ils font en l'honneur des faints & en mémoire des mortag| Balfamon , le P. Goar & Léon mlatius , ont écrit fur cette matière. Voici ce qu'ils en difent en fubftance : les Grecs font bouillir une certaine quantité de froment , & la mettent en petits morceaux fur une affiette j C O M ils y ajoutent des pois piles, des noîx coupées en fort petits morceaux , & des pépins de raiiîns : ilsdivilèntle tout en pluficurs com- partimens féparés par des feuilles de perfil ; & c'eft à cette compoiition qu'ils donnent le nom de Ko\iCcc. Ils ont pour la bénédivtlon des colybes une formule particulière , dans laquelle ils font des vœux pour que Dieu béniflè ces fruits & ceux qui en mangeront \ parce qu'ils font offerts à la gloire en mémoire de tel ou tel faint , & de quelques fidèles décédés. Balfamon attribue à S. Athanafe l'inftitu- tion de cette cérémonie : mais le fînaxaire , qui eft un abrégé de la vie des faints , en fixe l'origine au tempsde Julien l'Apoftat , & dit que ce prince ayant fait profaner le pain & les autres denrées qui fe vendoient aux mar- chés de Conftantinople au commencement du carême , par le fang des viandes immo- lées , le patriarche Eudoxe ordonna aux chrétiens de ne manger que des colybes ou du froment cuit , & que c'eft en mémoire de cet événement qu'on a coutume de bénir & de diftribuer les colybes aux fidèles le premier fàmedi de carême. Au refte , les Grecs donnent encore à cet ufage des in- terprétations myftiques , difaiit que les coly^ bes font des fymboles d'une réfurredion générale , & les divers ingrédiens qu'on y mêle avec le froment, des figures d'autant de différentes vertus. C'eft ce qu'on peut voir dans un petit traité des colybes écrit par Gabriel de Philadelphie, pour ré- pondre aux imputations de quelques écri- vains de l'églife latine , qui défapprouvoient cet ufàge, & que M. Simon a fait impri- mer à Paris en grec &; en latin , avec des remarques. ( G ) COMA, {Méd. pratiq.) efpece d'affec- tion foporeufè , que les anciens ont fubdi- vifee en coma vigd, & en coma fomnolen- tum, Le# autres affeétions du même genre , que l'exadtitude de l'école a érigées en au- tant de maladies diftin6tes, & dont on nous a donné des hiftoires & des traitemens par- ticuliers , font le larus , la léthargie , l'apo- plexie : mais il vaut beaucoup mieux, avec les médecins exaâs, ne les regarder que com- me les différens degrés d'une même maladie du fommeil contre nature. Voy, Soporeuse (Affection). (^ ) Coma C O M Coma aurea , f. f. {Hifî. nat^ bot.) genre de plante qui porte des têtes écail- leufes &: inégales , qui contiennent des fleurs monopétaies en fleurons proprement dits. Les embryons deviennent des lemences, qui font terminées par des écailles ou de petites membranes : ces lemences mûriflent entre les écailles qui font fur la couche. Pontedera , dijf. oB. Foje:(^ Plante. ( J) COMACHIO , ( Géog. mod. ) petite ville d'Italie au Ferrarois , dans Técat de l'Eglife. Long: zg , 45 ; lût. 44 , 4f . COMAGENE , f. f. ( Géog. anc.) con- trée delà Syrie, volilne de TEuphrate: ce qui l'a fait appeller Euphrateufe. Elle étoit bor- née d'un coté par le mont Amman , de l'au- tre par l'Euphratc , & reflerrce par derrière parle mont Taurus : au refte , ces limites ne font pas bien certaines. La capitale de cette contrée ou de ce royaume portoit le même nom , lelon quelques autres : d'autres difent que c'écoit Samofate^aujourd'huiSiemprat, patrie de Lucien. COMANA , {Géog. mod.) ville de l'Amé- rique méridionale fur la côte des Caraques ^ dans la Terre-Ferme. COMANE , f f. ( Géog. anc. ù mod. ) nom propre de ville : il y avoir une Comane dans les vallées de l'anti-Taurus : une dans l'Arménie mineure , ou Ç^Xon d'autres dans la Cappadocc : on l'appelloit Comane la Pon- tique ; unetroifieme dans la Taprobane ; une quatrième en Phrygie ; une cinquième en Pyiidie. Celle de l'anti-Taurus s'appelle au- jourd'hui Corn on Tubachi^an; celle de l'Ar- ménie mineure eft au confluent du Jar 6c de Firis, & s'appelle Arminiacha. Voye'^le DiB. de Trév. iic la Martiniere. COMANIE , {Géog. mod.) pays d'Afie borné par la mer Cafpiennc , la Circaflîe , la Mofcovie , &; la Géorgie. Les habitans en font mahométans , &; fous la protedion du roi de Perfe. COMARCIOS, {Mufiq. des anc.) air ou nome dejlûte des Grecs. T'^oye^ Flute. COMAROIDES , {HiJI. nat. bot. ) genre de plante dont les fleurs îont compofées de cinq pétales difpofées en rofc , & loutenues par un calice découpé : cette fleur a des éra- mines & des fommets ; fa partie intérieure eft garnie de plufieurs embryons, dont cha- cun a une trompe , & devient une femence Tome VJIL COM 555 nue.P'onteder3,^^/^r/l/?^. ///. F^Plânte-CJ) COM ARQUE, f. f. ju (lices fubalternes de Portugal , qui y font au nombre de vingt- quatre, & qui ont beaucoup de rapport avec nos bailliages de France. Voy. ledicl. de Trév. ÔC le Quien de J^euville. ^ COMASQUE , {Géogr.) leComafyuê qui tire fon nom de la ville de Côme , Co- menfîsager, efl: entouré du Bergamafque, des montagnes des Gri(ons,& de celles delà Val- teline. Le lac appelle par les Romains larius lacus , z dans fà longueur qui eft: du nord aw fud , environ quinze Heues ; mais il n'a pas plus de deux ou trois lieues de largeur. COMATEUX , adj. en Médecine , fe dît de ce qui prpduit ou annonce le Coma. Voyc^ Coma. COM ATI, f. m. {HiJ}. nat. BoranJgue.) nom Brame d'un arbre du MaUbnr , allez bien gravé , avec la plupart de (es détails par Van-R heede, dans (on Hortus Malabaricus, volume V ipage ffj , planche XXXI l , fous le nom de watta-tali ; les Portugais l'appel- \Qnx.folhas da minta , 6<: les HoUandois loog" boom. Cet arbre s'élève à la hauteur de vingt-cinq pies environ; fon tronc en a flx à huit , (ur un pié à deux pies de diamètre , & eft cou- ronné par une cime Iphérique compofée de branches peu nombreufes , alterne», épaifles, courtes , cylindriques , écartées d'abord fous un angle de 45 degrés , en fuite horizontale- ment , dont le bois eft blanc , denlè , moel- leux au centre , à moelle jaune , recouverte d'une écorce épaifle , brune. Sa racine eft brune. Ses feuilles font alternes , raflemblées au nombre de dix à douz;e, fort ferrées vers le bout des branches, taillées à-peu-près comme celles du peuplier blanc en forme dfc cœur arrondi , un peu échancré à leur ori* gine, avec une petite pointe à l'extrémité bp- pofée , de trois à quatre pouces de longueur, fort peu moins larges , marquées de fept à huit ondes ou dentelures obtufes de chaque coté de leurs bords , lilfes , luifantes , verd- claires deflus , plus foncées deflous où elles font velues, relevées de trois côtes principales & portées d'abord , relevées fous un angle de 45 degrés , enl uite horizontalement , 6c pendantes fur un péduncule cylindrique de moitié plus court qu'elles. Aaaa 554 C O M De l'aififèlle de chaque feuille fort un épi une fois plus court qu'elle ,, compofé d'une vingtaine de fleurs fefiiiesairez ferrées, verd- jaunes , ouvertes en étoile , de quatre à cinq lignes de diamètre. Chaque fleur eft hermaphrodite , polypé- tale incomplète, régulière , difpofée autour de Povaire ; elle conlifte en un calice perfif- lant à deux feuilles , fans corolle , en vingt à trente étamines à anthères jaunes , &c en un ovaire fphérique d'une ligne de diamètre, couronné par deux fligraates cylindriques , longs, épanouis horizontalement, blanchâ- tres , veloutés , ou liériflés en aigrette en defl'us. L'ovaire en mûriflànt devient une baie fphériq ue de quatre lignes de diamètre, verd- jaune, à chair épaifie, d'une demi-ligne au plus , à une loge , ne s'ouvrant point , con- tenant un oflelet de même forme de trois lignes de diamètre , verdâire ; cet ovaire eft communément accompagné furie côté d'un appendice en tubercule velouté , qui a l'air ■d'une féconde loge avortée. Culture. Cet arbre croît en plufieurs en- droits de la côte du Malabar, fur-tout auprès de Cranganor ; il eîl toujours verd ; il fleurit & fructifie une fois Tan ; fes fruits font mûrs en janvier & février. Qualités. Toutes les parties de cet arbre font fans faveur & fans odeur ; fes racines feules ont une faveur faline & mucilagineufe. Ufages. Ses feuilles pilées avec le tabac verd & Pinfu/îon de riz , s'appliquent avec fuccès fur les ulcères invétérés & vermi- neux ; la décoétion de ces mêmes feuilles dans l'eau fe prend en bain dans les fièvres froides j fes fleurs & fes fruits piles mis en nouet , & cuits dans le lait de femme , fbur- nifîènt un fternutatoire qui guérit, dit -on, les fièvres froides. Remarque. Le comati fait donc un genre .particulier de plante , voifindu micacoulier, xTe/z/^sdans la famille des châtaigniers où nous l'avons placé. Voye':^ nos Familles des plantes y volume II, p. -^jj. {M. Adanson.) : § COMBAT, {Art militaire.) on dif- .tingue deux fortes de combats : les uns géné- raux , qu'on nomme batailles , où les troupes dedeux armées qui fè choquent agilîent tou- tes, ou en grande partie de part oc d''autre j les , autres particuliers , où Taclion fepafle , tan- C OM tôt entre les avant-gardes de deux armées, tantôt entre l'avant-ga rde de l'une & l'arriere- garde de Pautre , tantôt entre leurs détache- mens ; tels font les efcarmouches, Pattaque ou la dcfcnfe d'un pofte , d un retranclie- mentj d'un pont, d'un fourrage, d'un con- voi , les embuicades , les furpnfes , les ren- contres imprévues : mais ces deux fortes de combats ne différent que par le nombre des troupes qu'on y emploie, ou qui s'y trou- vent j & les règles générales à obferver dans Pune' comme dans l'autre font les mêmes» Nous renvcrronsdonc les lecteursauxar//c/ej Bataille ù Ordre de bataille , dont les détails font également relatifs à l'article Combat. Voye:^ aujjî Escarmouche , Embuscade, Surprise, Fourrage , Convoi j Retraite. " Ungénéral, dit le marquis de Feuquiercs, peut avoir différentes vues pour engager un comb-it particulier ; mais il ne doit jamais en venir là malgré lui , ni fans favoir bien pré- cifément quelle eft la force du corps ennemi qu'il veut combattre , afin de le faire attaquet par un corps fi fupérieur , que l'événement n'en puifle point être balancé \ » car , ajoute cet auteur , " fa réputation , & la confiance des troupes en fa conduite , dépendent tou* jours de la manière dont il les engage dans des affaires particulières, qui coûtent fbuvent beaucoup,quand elles ne font pas entrepriiès avec prudence & connoiflance. »> Cette maxime eft,on ne peut pasplus fage ; mais il faut avouer qu'un commandant en chef d'une armée , qui ne fauroit pas stn écarter quelquefois , çourroit rifque de ne pas faire grand'chofe : nous avons quantité d'exemples où à nombre égal & même infé- rieur , un général a attaqué & battu un corps d'ennemis , foit parce qu'il en avoir bien examiné la pofition , qu'il a fu profiter des défauts qu'il y avoit remarqués , ou de la né- gligence de ion adverfaire à occuper certains poftes eflèntiels pour fa fureté , foit parce qu'il connoiflôit le caraâere timide de ce dernier , ou le peu d'expérience ou de fer- meté de fes troupes , foit par fes talens fupé- rieurs & la confiance que les troupes avoient en lui , foit enfin parce qu'avec une capacité ordinaire , il étoit entreprenant , hardi , & qu'ilvoyoit des moyensderéufTiroù un autre n'eût trouvé que des obftades. Le maféchal C O M oe Villars difbit qu'il falloir quelquefois fup- plcer au manque de force parla hardiefTè. " Un corps peu confidérable , dit l'auteur que j''ai cité ci-devant , quoiqu'il fe croie à porte'e de Tarmée de laquelle il a été détaché, ne doit jamais s'opiniatrer à fe tenir trop près dé Tennemi , qui eft en plaine & qui marche avec toute Ton armée , à moins que ce corps n'ait un bon défilé devant Iri ■■, fans quoi cette préfomption le fait toujours battre. » Voye:^ dans les mémoires de cet autcurles réflexions qu'il fait fur les combats particuliers donnés par des armées entières , à deflèin d'engager des affaires générales j tome II ^ chap, LXIII. (M.D.L.R.) Combat naval , (Jlf^r//?^.) c'efl: la ren- contre d'un ou plufieurs vaifleaux ennemis qui fe canonent & fe batient. On le dit éga- lement desarmées navales & des efcadres qui fe livrent un co/ni^û/'. Fbje:^ Ordre de ba- taille. (Z) Combat , {Hijï. mod.) ou combat jiiigu- lier , (îgnifie une épreuve formelle entre deux champions , qui le faifoit par l'épée ou par le bâton pour décider quelque caufe ou quel- que différent douteux. Cette manière de procéder étoit autrefois fort ordinaire , &: avoit lieu non feulement en matière criminelle , mais encore dans les eau Tes civiles : elle étoit fondée fur cette pré- fomption, que Dieu n'accorderoit la victoire qu'à celui qui auroit le meilleur droit. Voye^ Duel. On trouve que cette efpece de ^rom^^rn'eft pas moins ancien que le règne d'Othon. Le dernier que l'on ait admis en Angleterre , fe pafîa la fixieme année du règne de Charles I , entre Danald lord Rhée ou Rey , & David Ramfey , écuyer dans la chambre peinte. On peut voir ce qui fe trouve à ce fujet dans le coutumicr de Normandie , ou la cé- rémonie de ce combat eft décrite. L'accufa- teur étoit obligé de protefter avec ferment de la vérité de fon accufation : l'accufie lui don- noit le démenti , alors chacun jetoit fbn gage du combat, 8c l'on conftituoit les parties pri- fonnieres jufqu'au jour du combat. Voye^ Champion, Les hiftoricns nous apprennent qu'Al- phonfe , roi de Caflille , defirant abolir la lithurgie mofarabique & introduire l'office romain 3" comme le peuple s'y ôppofoit , il fut COM îjj convenu de terminer le différent par la voie (\\x combat y & d'en remettre la caufe à la dé- cifîon du ciel. Philippe le Bel , en 1 505 , avoit défendu ces combats : malgré cette défenfe , le roi Henri II permit en fa préfence le combat de Jarnac & la Chateigneraye ; mais depuis ces duels ont été totalement prohibes , parce qu'il étoit très-poffibli; que k coupable de- meurât vainqueur. Ce terme de combat exprime aufîî les jeujJ fblemnels des anciens Grecs &: Romains, tels étoient les jeux olympiques,les jeux pythiens/ iflhmiens & néméens , ludi aâiaci Circen/es , &c. Voye:ç^z\ix articles qui leur font propres, comme aux mOtsOLYMPIQUESjIsTHMIENS, &c. Les combats que l'on y célébroit étoient la courfc , la lutte , le combat à coups de poing , le cefte. Les combattans , que Pon appelloit athlètes , faifoient une profellîon particulière mais fervile ; & dès leur jeunefle, ilss'accou- tumoicnt à une nourriture groiïïere , à un régime fort févere ; ils ne buv oient point de vin , & fe privoient du commerce des fem- mes. Leur travail , comme tout le rcfte de leur vie , fe faifoit régulièrement. F". Ath- lète, Gladiateur, 6'c. Chambers 6* Trév, (G) ^ Combat du pont de Pisb, (HiJl. mod.f à la Saint Antoine , un quartier du côté du pont défie un quartier de l'autre côté j Les combattans s'appellent les Guelfes & les Gi- belins ; ils font divifés comme une armée , en troupe qui a fes officiers ; chaque fbldàt eft armé de cuirafle & de cafque , avec une maffue de bois en forme de palette. Le pont efl fcparé en deux par une barricade ; les troupes s'avancent vers le pont étendards dé- ployés ; on donne le fignal ; la barrière s'ou- vre : alors les combattans s'avancent & fe frappent avec leurs maflues , &c tâchent à gagner le terrain les uns fur les autres. Il y en a d'armés de crocs , avec lefquels ils accro- chent leurs antagonifles & les tirent de leur côté ; celui qui eft accroché & tiré eft fait prifbnnier : d'autres s'élancent ; d'autres montent fur les parapets , d'où ils font préci- pités dans la rivière : le combat dure jufqu'à ce quel'un des partis fbit chafTe hors du pont. Le parti vaincu met bas les armes & fe ca- che ; l'autre marche triomphant. Ce combat ne finit guère fans accident. Les vainqueurs Aaaa t 5 5^ COM font maîrres du quartier vaincu. Il fe fait beaucoup de paris. Combat -A -PLAISANCE, {Hijî.mod.) Les combats -à- pLiifance étoient des tour- nois qui fe faifoient autrefois dans les occa- fions d'une réjouillance publique, ou à Thon- neur des fouverains , ou pour foutenir la beauté Se le mérite d'une maîtrellè, de fur- tout , au rapport de la Colombiere ( Théat. d'honneur & de c/ievnkrie , ch.j.) , " pour fe 'j garantir de Toiliveté , laquelle nos ancêtres « avoient en fi grande horreur , que nous *» lifonstoujoursau commencement des def- " criptions de leurs entreprises , que c'ctoit >' principalement pour la fuir de toute leur " puiflànce , comme la principale ennemie »> de leurs cœurs généreux. » Article de M. le chevalier de Jaucourt. Combat de fief , {Juri/prud.) eft la conteftation qui fe meut entre deux leigneurs de fief, qui prétendent refpedivement la mouvance d'un même héritage , foit en fief ou en cenlive. Vo^ e^ Fief. {-A) COMBATTANT , f. m, c'eft un terme héraldique c\m fe dit de deux animaux , lions ou fanglicrs , que l^on porte fur un écullbn d^armoiries , dans l'attitude de combatians , dreflés fur les pies de derrière Se affrontés , ou les faces tournées l'une contre l'autre. ( V) COMBINAISON , f. f. {Mathémat) ne dcvroit fe dire proprement que de l'afifem- blagede pluiieurs cKofesdeux à deux ; mais on l'applique dans les mathématiques à toutes Içs manières poOTihles de pjendie unnombre de quantités données. Le P. Merfènne a donné les combina- fons de toutes le^ notes & fons de la mufique au nombre de 64 \ la fomme qui en vient ne peut s'exprimer, félon lui,qu'avec non dans les diffcrcns caraderes , mais dans les fituations. îlefi; très-elfentieldans ic> pic- ces de ce genre , qu'il n'y ait qu'un feul ca- radere principal , auquel toîit le relie foit fubordonné , c'eft là ce qui conftitue l'unité du fjjet, qui eft beaucoup plus elfentielîe que celle du temps ou du.lieu. Le plan d'iuic telle comédie fèroit , de placer un homme dans une fituation qui fût exadement en conflit avec (on caradere dominant ^ dès- lors il faut ou que le caradere plie fous l'ef- fort des circonftances , ou qu-i#par des ac- tions conformes au caradere , ks circonf- tances prennent une tournure qui fc prête au caradere ; en un inot, ou la fituation ou le caradere doivent enfin avoir le deffus. Il eft aifé de voir qu'un tel plan bien con- duit doit iutérefler pendant toute la ô-wriQ de Fadion , & que les perfonnages fiîbr.îrernes peuvent encore y répandre une grande va.- C c c c 570 C O M riété d'idées. Le Tartufe de Molière tient un peu de ceplauçinais fon Avare (mt un plan tout dilîerent, auffi eft-iifort inférieur au Tartuffe. Car d'amener à chaque inftant une nouvelle fituation , qui ne réfulte point de l'aâiion principale , uniquement pour la mettre en oppofition avec le caradlere , c'eft caudre des fcenes détachées pour en former une comédie. Le poëte pèche toujours contre l'unité d'aâ:ion, dès qu'il fuppofe des événe- mens qui ne font pas une fuite naturelle de la pofition des chofes dans l'aéïion principale , quoique ces événemens répondent exafte- mcnt au caraftere de fes perifonnages ;, car c'eft écarter le fpeélateur de l'adiion qui feule doit l'occ^iper. Ain»idans rJ5'z//;z/^//fde Térence, la première fcene du troifieme ad:e a ce dé- faut ; elle eft très-propre à bien caraâ:ériièr Thrafon , mais elle ne tient point à l'acSèion. Le but des comédies de caraélere peut être , ou fîmplement d'amufcrpar la bizarrerie du jcaraciere , ou d'infpirer du mépris & de l'a- verfion pour les caractères hailfables , ou de jnonîrer ceux qui font bons & nobles , fous un jour propre à \qs faire aimer. Il eft donc iiifé de voir que cette première efpece de comédie eft ilifceptible d'une grande variété. L9 féconde efpece eft la comédie des mœurs. Elle a pour objet de mettre fous \&s yeux du fpeèiateur un tableau frappant & vrai des iifagesoudugenre dévie particulier, que les hommes d'un certain état ou condition ont généralement adoptés. Ce fera , par exem- ple , le tableau de la cour , celui des mœurs ties gens opulens , celui d'une nation entière. Les comédies de toutes les efpeces repréfen- tent à la vérité des mœurs ;, mais cette efpece particulière fait fon objet principal de tracer les mœurs d'un genre de vie déterminé. C'eft ainli que Gay , dans fon opéra des Bcggars , ou des Gueux , qui a eu tant de fiiccès en Angleterre , donne le tableau des mœurs de l'état le plus vil dans la fociété , celui des mendians. uLes fpeètacles fatyriques des Grecs étoient des comédies de ce genre : on y repréfontoit \&5 mœurs des fatyres. Cette efpece de cow.édie admet une grande variété de caraderes , & elle eft fiifceptible de beaucoup d'agrémens. Les mœurs à^s diverfes nations &. des diiïerens états de la vie civile font un à^^ plus agréables & des plus intéreilàns objets de nos réflexions. Il y C O M â à^^ fnœurs ridicules , il y en a de déteftables^ mais il y en a auln d'ingénues &d'aim.ables : il y en a même dont la defcription enchante. On peut , fans faire de grands efforts d'efprit , imaginer une aétion propre à bien peindre les mœurs qu'on fe propofë de repréfenter. Il n'eft pas befoin de détailler ici l'avantage que de pareils tableaux peuvent produire , indépendamment du plaifîr qu'ils donnent. Chacun font , pour ne citer que ce feul exem- ple , de quelle utilité il feroit de repréfenter fiir la fcene \^s mœurs & le fort de cette clafTe de perfbnnes perdues , que Hogarth a il bien dcilinées dans fes eftampes , connues fous le nom de Harlofs-Progreff. Térence avoit déjà fonti cet avantage, & l'a admi- rablement bien exprimé dans les vers que nous croyons devoir rappeller ici. Id vero efi^ quodego mihi putopalmarium Me reperiife , quomodo adolefccntulus Meretricum ingénia & mores pcj/et notare : Mature ut eam cognorit ^ perpetuh oderit Quœ dumforisfunt , nihil videtur mundius , liée magis compofitum quidquam , nec ma^ gis elegans , Quœ cum amatore fuo cum cœnant , li- guriunt. Harum videre ingluviem ^fardes , inopiam , Quam inhonefix folœ Jlnt demi , atque avidœ cibi ; Quo pacîo ex jure hejierno , panera atrum verrent : NofTe omnia hase , falus eft adoîefcentulis. Eu nue A. aci. V , je. 4. Mais pour retirer cet important avantage de la comédie , il faudroit fans doute que le poète & les adeurs excellalFent égale m.ent dans l'art de peindre ^ dans cette fuppoii- tion , on croit pouvoir dire que de tous hs ipeâacles dramatiques , la comédie àcs mœurs foroit la plus utile. Une troifieme efpece de comédie foroit celle qui s'attacheroit à repréfenter une fîtuatioH particulière & intérefTante. Celle d'un pcre malheureux , d'un homme ré- duit à l'indigence, ou aufîi la fituation plus particulière à laquelle peut conduire telle ou telle aélion bonne ou mauvaife. Il ne fomble pas difficile d'inventer une aâion qui donne lieu au poète de mettre daas tout fon jour la iituatiou c^u'ii aura C G M eTioI/îe. Des comédies daus ce goût forftie- roient un tableau vivant des bieiis & des maux de la vie humaine. La moindre efpace de toutes , c'eft la co- médie d'intrigue ^ laâion n'en eft établie ni iùr le caraitere , ni fur la fituatioii des psr- fonnao^es ; elle n'intérelTe que par la fingula- rité àzî événcmen'j j & le merveilleux de l'intrigue, & des incidens , une fuite variée d'aventures extraordinaires , inattendues , fouvent romanefquc3,quife fuccedent coup fur coup , 8c qui font croître l'embarras , font très-propres à foutenir l'attention an lpeâ:a^èur jusqu'au moment où • l'adHon fe termiae par un dénouement imprévu. Ce genre eft le plus facile de tous ^ il exige jîlus d'imagination que de jugement. Il ne faut mêïîje qu'un degré d'imagination aifez mé- diocre , pour trouver une foule d'incidens , qui en fe croifant réciproquem.ent , mettent obftacle à des delîeins prêts à s'accomplir , donnent lieu à des intrigues bizarres, &c re- tardent ainfil'a^èion pendant quelques aâes. Les comédies de cette efpece ne font néan- moins pas à rebuter '^ elles fervent à l'amu- fement Stàladiverlité ;, elles font d'ailleurs propres à fournir de très-jolies fcenes à tiroir. Ce petit nombre de remarques peut fuf- fire , pour montrer quel vafte champ eil ou- vert au poète comique , & quels font les avantages & les pîailirs variés qu'on peut retirer de cette ièule branche des beaux arts. Toutes ces remarques ne roulent encore que fur le fujet général de la comédie. En examinant la chofe de plus près , il fe trou- vera peut-être que le prix de la comédie dé- pend moins du fiijet , que de la manière de le traiter. De la meilleure pièce qui ait ja- mais été mife fur la fcene , on pourroit aifé- ment faire une pièce déteftable fans rien changer , ni au fujet , ni même à l'ordon- nance , & à la plupart des fituations. Tout comme un traduâeur mal-adroit feroit de Y Iliade une maulfade épopée j ou comme un mauvais peintre feroit d'un des meilleurs ta- bleaux de Raphaël , une copie infupporta- ble aux yeux des connoilTeurs. Il réfulte delà que l'invention , le plan & l'ordonnance du fujet ne font encore que la moindre partie de l'ouvrage ^ ce n'eft que la charpente d'une comédie. Il lui faut fans doute im corps , & ce corps doit avoir une forme C O M . 571 agréable , Se i}f-B membres bien proportioîi- nés. Mais il lui faut principalement de la vie, une ame qui penfe , & qui ait du icntiment. Or cette vie fe manifefte par le dialogue , par la manière dont les perfonnages expri- ment ce quifepaife en eux, par des impreP lions exadfement conformes à la nature des circonliances. Un ipe£l:ateur intelligent fré- quente le fpeôacle, bien moins pour y voir des événemens remarquables , ou des fitua- tions fingulieret' qu'il imagiueroit lui-même en cent manières tout aufîi amufantes , que pour oblèrver l'effet que ces événemens ou ces lîtuations font fur des hommes d'un cer- tain génie , ou d'un certain caraé-tere. Il fè plaît à rembarquer l'attitude , les geftes , la phyfionomie , les diicours & la contenance entière d'inie perfonne dont l'ame doit être agitée par telle ou telle paillon. Delà naifiènt les principales règles que le poè'te comique doit fuivre dans fon travail. La première , &: la plus importante , c'eil que ces perfonnages fuivent exactement la nature dans leurs difcours & dans leurs actions. Il faut que dans tout fpeftacle dramatique , le ipeâateur puilfe oublier que ce n'ell qu'une produdion de l'art qu'il a fous les yeux \ il ne goûte parfaitement le plaifir du fpectacie qu'autant qu'il ne voit ni le poète , ni l'ac- teur. Aulîi-tôt qu'il apperçoit quelque chofe qui n'eft pas dans l'ordre de la nature , il fort de fon agréable illufion , il fe retrouve au théâtre j le ijjeâacle fait place à la critique ^ toutes les imprelTions fe diflîpent à l'inftant , parce que le lped:ateur fent que d'un monde réel qu'il penfoit obferver , il a paflé dans un monde imaginaire. Si le fimple doute iùr la réalité de ce que le Ipeâacle nous montre , fiiffit déjà pour produire un fi mauvais effet , que lèra-ce lorfqu'on y remarquera des chofes qui font manifeftementoppofées à la nature? Le fpec- tateur en fera indigné , & il n'aura pas tort. Voilà pourquoi on n'aime point à voir àzs perfonnages affe£èer de la gaieté , lorsqu'ils n'ont aucun fujet de rire : & qu'on fe dépite contre le poète qui veut emporter de force ce que nous ne pouvons accorder qu'à l'adreffe. Qu'un auteur ait eu en certaines rencontres une heureufe faillie, une penfée ingénieufe, unfentiment vif & délicat , cela eft très bien j mais pourquoi faut-il qu'il mette ces belles Cccc 2 57^ , C O M eholcs dans h boi'.ehe d'un de Ces perfbnna- gcs , q'.îi par fon caraftere , ou par fa fîtuation lî^liueile , ne dcvroit poiîit les dire ? Qu'y a-t-il. par exemple^ de plus iiifipide que cette froide plaifanterie que Plaute met dans 4a bouche d'un amant affligé de la perte de ia maîtrefle ? Ira miki in pcclore & in corde facit amor incendium Ni lacrumjc os défendant y^m ardeat credo cap ut. Chaque difcours , chaque mot qui n'a pas wn rapport fenfibîe & naturel aucaraâere & n la.vîtuation de la perfonne qui parle , bielFe un auditeur intelligent. Il ne TufTit pas même que les Y)Qn[éQs , les fentimcns . les actions foicnt naturelles , la manière de les exprimer doit l'être encore ç, il faut que l'acceur , fur la fccne - s'exprime précifément comme celui qu'il rcpréfente a i\i\ s'énonctr. Un feul terme trop haut, trop recherché, ou qui aiibrtit mal au caractère erfonnes même, dans les convcrfations or- dinaires , favent rendre le dialogue intéref- £lnt. La plupart manquent dans leur manière de s'énoncer, ou de brié l'été ou de précilîon y ou d'énergie j leur difcours efllanguiffant , ou vague , ou fans force. Le poète qui fènt ces défauts , & qui voudroit mieux faire , tombe fouvent dans l'excès oppofé ^ il donne dans le fablime , le précieux , le méthodique , & s'écarte du vrai. Horace a raffemblé dans les vers que nous allons citer , tout ce qu'on peut pi-cfcrire d'efîéntiei fiir le ftyle & k ton de la cotnédit. Eft brevitate opusy ut cur rat fente ntia neuf Impediat vcrbis laffas cnerantibus aures. Etfermone opus tfi modo trifti , fœpe }ocofo. Dcfendente viccm modo rhetoris y ctque Foi ta? , Interdum urbaniy parcentis viribus j aîquc E'xtenuantisi- eas ccnfulto. Sermon. /. XX. ■- Si fa comédie exige qiie tout y ibit naturel , elle ne demande pas moins que tout y foit feiérejûknt* Maliieur au poëte comiqijc ^ui C O M fera bâiller une feule fois les fpe£îatcurs. lî n'efl cependant pas pofTible que l'action fbit dans tous les momens de fa durée également vi\'e & également digne d'attention. Il y a néceifairement des fcenes peu importantes ^ des perfonnages fubalternes , de petits inci- dens qui n'influeiît que foiblement fiir l'ac- tion principale. Tous ces acceiîbires néan- moins doivent iutéreffer chacun d'eux à fa manière. On fait comment s'y prennent les poètes médiocres , les bons même , lorfque quelque- fois ilî s'oublient, pour répandre de l'intérêt fjr CC3 petits détails. Ils imaginent quelques fcenes épifcdiqucs qui ne tiennent point au iujef, ils donnent aux perfonnages fiîbalternes des caraîlsres burlefques , pour amufer le- fïîe£^ateur par leurs faillies pendant que l'ac- tion languit. Delà la plupart de ces fcenes toujours au fond trcs-infipides , entre les valets &iles fuivantes qui s'épuifènt en plai- fanteries. Delà les carafteres d'arlequin , de fcaraîiîouche , fi'c. qu'on retrouve dans tant de comédies , quoique leurs habits n'y pa- roiiient pas. Il ne fiiflit pas peur excufer le poète de dire que ces fcenes détachées font dans la nature , que les domefliques en ont fouvent de telles , ta:*dis que leurs maîtres s'occupent des plus grands intérêts , & que ceux-ci au inilicu de l'aétion principale font quelquefois interrompus par des afîâires étrangères. L'auteur n'efl pas plus nutorifé à faire entrer ces épifodes dans fon plan y on ne lui demande pas de nous montrer les, vhofès de la manière commune dont elles arrivent tous les jours , aycc tout faccom- pagnement qui peut s'y trouver ^ mais on exige de lui qu'il les repréfcntc de la manière qu'elles ont pu fe paffer, & qu'elles ont dii-. le faire pour produire furunfpeélateur intel- ligent & de bon goût le plailîr le plus vif Se la fatisfaâicnla plus complète. Ces défauts de recourir aux fcen-es épifb- diques , ou à dés reinj^liluiges languiffans », pour cacher le vuide de l'aétion , font pour l'ordinaire la fuite d'un manf}uc de juge- ment ou de talent comique dans l'auteur de- la pièce. Pour réuffir dans ce genre , il faut plus qu'en tout autre un grand fonds d'idée» & d'imagination. SI en développant l'aélioii dans l'ordre naturel, il ne s'offre rien à l'ef- prit du pocte ^ue te cjiii fc ]^)rérçiit^Qit a C O M feiprit de tout le monde , fi fon intelligence ne pénètre pas plus avant dans l'intérieur de fou fujet ^ que juiqu'où le iiinple bon fens peut aller fans effort j (Iles objets ne font fur fon imagination & Rir fon cœur , que des impreflions ordinaires & communes , il peut en épargner le détail aux Ipeôateurs. Ceux- ci s'attendent à voir fur la icene des perfon- iiages qui dans toutes les conjon61:ures , les iituations , les circonitanccs iè diftinguent du commun des hommes par leur raifon , leur elprit, ou leurs fëntimens , &qui par ce moyen paroiifent dignes de nous intéref- fêr. De tels perfonnages font toujours fûrs rie plaire , on les voit , on les écoute avec fatisfaâiion ; & bien que leurs occupations actuelles n'aient rien d'intérefiànt , leur ma- nière de penfer &. de fentir répand ds l'in- térêt fiir la fcene la moins importante. L'intel- Vigence, l'efjjrit, l'humeur joviale, le carac- tère font des chofcs qui excitent notre atten- tion , même dans les événem.cns de la vie les plus comm.uns. Les moindres actions d'un homme fingulier amulent , & chaque m.ot d'un homme diftingué par fon efprit ou par fcs lumières , fait une imprcïïion agréable. Ainfi les fcenes accelToircs , pourvu qu'elles tiennent réellement à l'ad^ion, peuvent très- bien foutenir l'attention des ipeélateurs. Il efî; même poffiblede donner de l'importance à des fcenes qui au fond ne font placées que pour remplir le vuide de l'aéticii , loriquc' celle-ci eft arrêtée par quelque caufè inévi- table. On peut employer ces fcenes à faire raifonner im ou plusieurs perfonnages fur ce qui a précédé , fiir la pofition actuelle des chofes, fur ce qui va fuivre , ou fur le carac- tère des autres aêleurs.C'eft-là le lieu propre à placer des réflexions lumineufesfur ce que la pièce contient de moral & d'inftruétif;, mais il faut que le poète foit affez judicieux pour mettre âsins la bouche de fis perfon- nages , au lieu de penfées triviales & com- munes , des remarques fines , & d'une appli cation bien jufie qui , répandant un nouveau jour fur les vérités morales & philofophiqucs, & leur donnant un plus haut degré d'énergie, puilfent les graver dans l'efprit & le cœur d'une manière forte 8c ineffaçable. C'eft dans ces fcencs-là que les belles maximes , fes fentences mémorables , que les bons Fges regardent winme l'obiet ic plus iutércf- C O M 575 faut de la poéfie , font véritablement à leur place. Il y a en effet très-peu de ces vérités pratiques , qu'il importe tant à l'homme d'avoir conftamment préfentes à l'efprit , qu'un poète comique ne puiffc développer d'une manière également frappante & con- vaincante , dans des fcenes de l'efpece dont nous parlons. Quoique peu vives , ces fcenes deviennent très-intcrefiantcs pour des fpec- tateurs qui cherchent quelque chofè de plus que le fimple amufemcnt des yeux bc de rim.agination. Ce n'efl que dans le bas co- mique où l'on ne fauroitfupportcrdesfaenes vuides d'aftion. La comédie eft beaucoup plus propre que la tragédie à donner des fcenes inftruélives. Les événemens tragiques font hors du cours ordinaire de la nature , au lieu qu'il fe pré- fente tous les jours des cas où l'heureux flic- cès dépend du bon ièns , de la prudence , de la modération , de la connoilTance du monde , de la droiture ou de quelque vertu particulière , & où l'oppofé de ces qualités produit le défbrdre oC l'embarras, il n y a point d'homme qui , par fès liaifons civiles & morales , ne puiffe à tout luom.ent fe trouver dans des conjonélures où fon pro- cédé envers les autres , & fa façon de penfer en général , aient une influence fcnfible fur fon fort. Si notre corps eft chaque jour cxpofé à divers accidens , notre état moral ne l'eft pas moins. Pouvons-nous un fèul mo- ment nous promettre de n'avoir ni procès , ni infultes , ni difjnites , de ne nous point faire d'ennemis , ou de n'être pas la dupe d'autrui ? Tantôt pour nous épargner des embarras & des chagrins , la priidenceexiga que nous fâchions plier , tantôt que nous ayons une fermeté convenable, &: que nous fâchions même contre-quarrer des pcrfbnnes c[ue nous n'ofbns ni ne voulons offenfcr. 'l'antôt il s'agit de nous calmer nous-mêmes, tantôt de calmer les autres ^ ici c'eft à nous à fi^Jre entendre raifon à une perfbnne préoc- civ^ée , là c'eft à nous à écouter les avis d'autnii , & à les pelé* avec impartialité :, un jour nous fommes appelles à pacifier les que- relles des autres j le lendemjain nous dei eus. nous îaiffer réconcilier. Veniam dare fctere- que vicijfim , c'eft la plus fréquente occupa- tion de la vie focialc. Q.ui feront i'bainine aiîcz. dépourvu de 57+ C O U^ r.iilaii j on pDiirroit dire rôTcz brutal , pour ne pas defirer d'avoir fous les yeux des mo- dèles e>:a/i/e enim concludere verfum Dixeris ejje fatis Le génie poétique dénué d'autres fecours , feroit d'une foible reflburce , fi l'auteur ne fait pas embrafier d'un coup d'œil l'enfem- ble de la vie civile , s'il n'a pas afîéz appro- fondi la nature humaiue , s'il ne connoît pas tous les replis du cœur de l'homme, s'il n'a pas le don d'apprécier la fageffe , la vertu , l'honnêteté, fous quelque forme qu'elles pa- roiflent \ & s'il n'a pas encore démêlé les fources morales & psychologiques d'où dé- coulent les travers , les folies & les fottifes ; C O M des hoîriir.es , ii ni; lera jamais un eîrceîîent poëte comique. Faut-il s'étomier après cela que ce X^Q.\\t foit fi rare ? Il n'y a qusi les meilleures xkxzs de la nation qui puiiîènt exceller dans ce genre. Nous ne parlons pas ici du génie 5 car le génie feul, fans une grande expé- rience du monde , ne fauroit donner tout ce que !c théâtre comique exige , il demande des connoilîances qu'on n'acquiert point dmis la retraite d'un cabinet. Pour \^% acqué- rir , il faut avoir vu \qs hommes fous leurs diverfes relations mutuelles , avoir cblèrvé leurs aélions & leurs mouvemens en mille rencontres , & avoir été foi-même aéleur avec eux. Sans cette connoiifance pratique, on auroiî étudié toute la vie les règles du théâtre , qu'on nepourroitpas compolërune iccne vraiment bpnne. Les règles ne font utiles qu'à celui qui a fa provjlion de maté- riaux , Se qui n'eft plus occupé qu!à leur donner une forme régulière. Après ce que nous avons dit jufqu'ici fur la nature de la comédie , il feroit très-fuperflu de traiter au long de fbn utilité. Il eft évident qu'elle ne le cède en importance à aucun autre genre de poéfie. Si la comédie n'efi: en- core nullepart tout ce qu'elle devroit être , on ne peut l'attribuer qu'à la négligence de ceux qui ont en leur main le fort des beaux arts , & qui nefentent pas alfez l'importance de celte heureufe invention pour égayer & infiruire leshonunes. On envifage le théâtre comme un aiilufcment : c'en eft un , la chofo cft hors de doute ;, mais puifque fans rien diminuer de l'amuîénient qu'il procure , il pourroit iwq'xx une puiflante influence for les m.œurs , qu'il ferviroit à étendre l'empire de la raifon , & les fentimicns de l'honnêteté , à réprimer les folies , & à corriger \t% vices des hommes \ ne pas en tirer un parti fi utile, c'eft imiter cet empereur romain , qui menoit à grands frais une belle armée dans les Gau- les , pour ne l'occuper qu'à ramaifer des co- quillages. Quant à l'origine de la comédie , on n'a pas de relations bien fûres du lieu & du temps de cette invention. Les Athéniens fe l'attri- buoient \ mais Ariftote a déjà obfervé qu'on n'avoit pas di.Q% mémoires auflî certains for l'origine de la comédie , qu'on en avoit à l'égard de la tragédie.Il nous apprend qu'Epi- CO M charme & Phormys , tous deux Siciliens , avoient été les premiers à introduire dans la comédie une aftion fuivie & déterminée. C eft à leur imitation que Cratès , athénien , qui n'a précédé Ariftophane que de quel- ques années , corapofà des pièces comiques d'une forme régulière. Jufqu'alors ce n'avoit été apparemment qu'un fimpie divertifTe- ment de fêtes bacchanales , comme prefqiie tous les peuples libres en ont eu dans tous \es temps. Il eft vraifèmblable que ces diver- tiffemens dans lefquels on fe permettoit , comme on le fait encore aujourd'hui en divers lieux , d'attaquer par des brocards & des injures tous les pafl'ans , ont donné la première idée de la comédie. C'eft au moins la plus ancienne forme fous laquelle elle pa- rut à Athènes \ Ariftophane reproche aux poètes comiques qui l'avoient précédé , & même à fes contemporains de faire conliiter leurs comédies' en pures bouffonneries , & en farces propres à faire rire les enfans. Il fe peut encore que la comédie tire fa première origine des îètes que le peuple faifoit apr^s la récolte de la moilîbn ^ & des fatires per- fonnelles qu'on, y toléroit , pour lailîèr un cours libre à la gaieté grofliere des moif- fonneurs qui fouvent n'épargnoient par leurs propres rxiaîtres. La comédie proprement dite eut £ucce^\- vement trois formes différentes à Athènes. L'ajicienne comédie s'y introduifît vers la quatre-vingt-deuxième olympiade. Horace ne nous nomime que trois poètes qui fe ibient diflingués dans ce genre : Eupolis,Cratinus , 8c Ariftophane. Il ne nous refte que des pièces de ce dernier , & en petit nombre f, mais elles fufBfent pour donner une idée de ce premier genre. L'adion y roule fur des événemens réels , arrivés dans le temps même , les peribnnages y font défîgnés par leur véritable nom , & les mafques imitoient iîiême leurs traits , aufîî exaâ:ement que la chofe pouvoit fe faire. On y jouoit des per- fonnes ad:uellement vivantes , & qui fou- vent étoient préfentes au fpcs^cle. La pièce entière n'étoit qu'une latire continuelle. Quiconque avoit fait une fottife mémorable , ibit dans le maniment de la chofè publique , foit dans les affaires particulières , ou qui avoit le malheur de déplaire au poète , étoit bafoué eu plein diéatr^ , Se expofé à la rifée C O M J7J "de la populace. Le gouvernement , les ins- titutions politiques , la religion mêmie n'e- toient point épargnés. Horace nous a traCé le caradere de l'ancienne comédie dans les vers fuivans : Eupolis atque Cratinus^AriJîophanefquepoétce Atque alii quorum comœdiaprifca virorum efl , Si quis trat dignus defcribi^quod malus autfur^ Quod mœchus foret , autficarius aut alioqui Famcfus , multa cum libertate notabant. Serm. 1. VI. Ainfi le fond de cette comédie rouloit flir des railleries mordantes du caraâere & de la conduite des Athéniens , ou ne s'y atta- choit à aucune forme régulière dans l'ordon- ' nance du fujet. Souvent celui-ci étoit allé- gorique : on y intrcduifbit en fonr.e de per- fonnages des nuées, des grenouilles , des oiièaux, des guêpes , &c. On a de la peine à concevoir aujourd'hui qu'une licence fi effrénée ait jamais pu être tolérée ^ mal en prendroit dans notre fiecle au poète dramatique qui auroit l'iniblence de traduire fiir la fcene le moindre des ci- toyens. Il eft fur-tout difSciie de compren- dre qu'Ariftophanc ait ofé impunément in- (ulxei la nation entière par les railleries les plus ameres , & ofTenlèr par coniéquent tous les fpeâateurs. On a cru que cette impunité étoit due au penchant décidé des Athéniens pour les railleries ingénieufes , penchant qui les portoit à tout pardonner pourvu qu'on •les lit rire. Le père Brumoi a penfé que c'é- toit par politique qu'on accordoit cette li- cence aux poètes , & que les principaux chefs de la république aimoient bien que le peuple plaifantât fur leur adminiflration , pour l'empêcher de l'examiner trop férieufe- ment» Mais ces explications ne fèmiblent pas affez fàtisfaifantes , & elles font en partie faulTes ^ car fi le peuple d'Athènes avoit ap- prouvé les fatires perfonnelles , il ne les auroit pas réprimées par un édit public ^ &: l'on voit à quel point il étoit lènfible à la li- cence des poètes qui attaquoient le gouver- nement , puifqu'il fit condamner à mort ■ Anaximandride pour un feul vers fatirique , moins offenfant que ce qu'Ariftophanc avoit dit en mille endroits de £es comédies impu- nément. Anaximandride n'avoit fait que parodier ce vers d'Euripide ; c.(; c o M Tout&n cHme étoit d'avoir fubftitiic dans et vers 'Ts'oKii à ma-ts , le g-ou\'ernement po- litique à la nature , ck: d'avoir dit par-là : Le magijîrat ta voulu , il ne fe fouc'u point des loix. Si Ariftophane a eu plus de li}3erté , c'eft que de fou temps la comédie jouiiîbit encore du droit attaché à fa première forme. Cette licence faifoit alors partie de la fête pour la- quelle la comédie étoit compofée ^ hors de .C3 tetr.ps-Ià , & loin du théaTe , Ariilo- pliane n'eût pas ofc faire le plaifant : c'eli parce qu'il étoit autorifé ou par la loi , ou du moins par un anci2n ufagc , qu'il fallut dans la fiiite un édit exprès pour prohiber de pareille? licences fur la fccne. L'édit dont nous venons de parler intro- (luifit à Athènes la comédie moyenne. Le goiiverncm.ent devenu ariltocratique défendit de traduire fur la fcene des perfonnes aéhiel- Icment vivantes. Ainfî on donnoit des cvé- Ecmens vrais fous des noms déguifés ou iiip- pofés , à cela près cette comédie n'étoit pas moins mordante que l'ancienne -, on y reprc- fentoit les adfions 3c les perfonnes avec tant de vérité , qu'on ne pcuvoit guère s'y trom- per. Ariilrophane ck a autres qui continuèrent à compofer après la publicarion de l'cdit , furent l'éhider par cette rufe , & n'en furent pas moins licencieux 3 il fallut un fécond cdit pour réformer ce nouvel abus. La comédie prit alors ia troiflcmc formé chez les Grecs : c'efc celle qu'on nomma la nouvîlh comédie. Elle n'ofa plus prendre fon fujet dans un événement véritable & récent. L'aétion Se les perfbnnages dévoient être d'invention , comme ils le font aujourd'hui \ &c parce que la fiftion a beaucoup moins d'attraits que la réalité , les poètes durent fup- pléer au défaut d'intérêt , par des intrigues ingénieuiês , & une exécution plus travail- lée 5 ce n'eft qu'alors que la comédie devint véritablement un ouvrage de l'art , cftreint à un plan , & à des règles fixes. Ménandre , parmi les Grecs , fut celui qui acquit la plus grande gloire dans ce nouveau genre , &qui , à ce qu'on a lieu de croire , donna en effet d'excellentes pièces au théâtre : les fragmens qui nous en reftent augmentent nos regrets, ôc inlpirent la plus haute idée pour l'auteur. Il paroît qvc dans la Crccc prcprô , Atî:c« ' res feule a eu ia véïivodernc • il eft probable que du- rant les fieclcs du moyen âge il fs conferva toujours en Italie quelque relie de la comédie romaine , qui fe rapprocha petit à petit de l'ancienne fonre,lorfque le goût commença à renaître. Il n'eft pas impofTible néanmoins que la comédie ait pri » naiifance chez quelques nationi cou ques nations modernes , de la même manière qu'autrefois chez les Grecs , fans aucune imi- tation ^ quoi qu'il en foit , ce n'eft pas la peine de faire de longues recherches fur l'o- rigine & les progrès de la comédie moderne avant le feizieme iîecle , puifqu'on fait que ce fiecle-làn'avoit que de mifcrables farces , fans goût ni régularité. Il faut cependant ob- ferverque déjà fous le pontificat de Léon X , le célèbre Machiavel compofa quelques co- médies où l'on retrouve des vertiges de l'ef- prit de Tcrence. Une pièce françoife de plus ancienne date encore , dans le genre du bas- comique , c'eft Yavocat Patelin . qu'ondonne encore aujourd'hui au théâtre françois. Ce n'eft qu'au fiecle palfé que la cemédie reprit une forme fupportable ^ ce ne fut d'abord que par des tours d'intrigues , des incidens bizarres, des traveftiiremcns, des reconnoif fances , & des aventures noéiurnes qu'elle plut : les poètes e^agnols brillèrent fur-tout dans ce genres, mais vers le milieu du dernier fiecle la comédie parut fous une meilleure forme , & avec la dignité qui lui convient. Molière en France mit des pièces fur la fcene, qui s'y foutiendront aufîi -loijfc- temps que le fpeâracle comique fubfifterWF Notre liecle a produit les comédies du genre férieux, touchant , & qui donne dans le tragique \ mais il femble que même dans ce haut co- mique , on n'eft pas encore revenu du pré- jugé qui regarde la comédie comme un {pec- tacle burlefque , puifque dans les pièces les plus férieufes on retrouve des valets bouffons , & des fuivantes qui les agacent. C Cet article eji tiré de la théorie générale des beaux-arts de M. SvLZEJi. ) Comédie sainte , {Hift- mod. Théat.) Les comédies faintes étoient des cfpeces de farces fur des fujets de piété , qu'on re- préfentoit publiquement dans le quinzième & le feizieme fiecle. Tous les hiftoriens en parlent. C//f{ nos dévots a'ieux le théâtre abhorré Fut long- temps dans la F ronce unplaifir ignoré. De pèlerins , dit-on , une troupe grojfierc En public a Paris y monta la première , Et fottement "{élée tn fa [implicite Joua les Saints , la Vierge , & Dieu par piété. Art poétiq. Tome FUI, CO M 577 La fin du règne de Charles V , ayant vu naître le chant royal , genre de poéfie de même conftruôion que la ballade , & qui iè' faifoit en l'honneur de Dieu ou de la Vierge , il fe forma des fociétés , qui , fous Charles VI , en compoferent des pièces dif- tribuées en aftes, en fcenes , & en autant de différens perfonnages qu'il étoit nécelTaire pour la repréfentation. Le premier effai fe fit au bourg Saint-Maur , ils prh-ent powr fujct la paflion de notre-Seigneur. Le prévôt de Paris en fut averti., & leur défendit de continuer : mais ils fe pourvurent à la cour ^ & pour fè la rendre plus favorable , ils érigè- rent leur fociété en confrérie , fous le titre des confrères de la pajfion de notre-Seigneur. Le roi Charles VI voulut voir quelques- unes de leurs pièces : elles lui plurent , & ils obtinrent des lettres patentes du 4 décembre 1402 , pour leur établilTement à Paris. M. de la Mare les rapporte dans fon tr. de pol. l. III. tom. III ^ ch. iv. Charles \l lelir ac- corda par ces lettres patentes , la liberté de continuer publiquement les repréfentstions de leurs comédies pieufes^ en y appellant quel- ques-uns de fès officiers ^ il leur perm.it même d'aller & de venir par la ville habillés fuivant le fujet & la qualité des myfteres qu'ils dévoient repréfènter. Après cette permifiion , la fociété de la pafi^ion fonda dans la chapelle de la Sainte Trinité le fèrvice de la confrérie, La maifon dont dépendoit cette chapelle avoit été bâtie hors la porte de Paris du côté de Saint-De- nis , par deux gentilshommes allemands , frères utérins , pour recevoir les pékrins & les pauvres voyageurs qui arrivoient trop tard pour entrer dans la ville , dont les por- tes fe fermoient alors. Dans cette maifon il y avoit une grande falle que les confrères de la. pafîîon louèrent : ils y conftxuifirent un théâtre & y repréfènterent leurs jeux , qu'ils nommèrent d'abord moralités , & enfuite myjleres , comme le myftere de la paflion , le myftere des adles des apôtres , le myftere de l'apocalypfè , Çic. Ces fortes de comédies prirent tant de faveur , que bientôt elles fu- rent jouées en plufieurs endroits du royaume fur des théâtres publics \ & la Fétc-Dieu d'Aix en Provence en eft encore de nos jours un refte ridicule. Alain Chartier , dans îon hijîoire de Charles. Dddd J78 C O M /-"// , parlant de l'entrée de ce roi à Paris en l'année 1437, pag. 109, dit que , « tout au lon,^ de la grande rue Saint-Denis , au- près d'un jeâ: de pierre l'wn de l'autre , étoient des échafîaulds bien & richement tendus , où eftoient fait par perfonnages l'annonciation Notre - Dame , la nativité Notre-Seigneur , fa pafilon , fa réfurrec- tion. la pentecofte , & le jugement qui féoit très-bien :'car il fè jouoit devant le chaftelet où eft la juftice du roi. Et emmy la ville , y avoit pluficurs autres jeux de divers myf- teres , qui (broient très-longs à racompter. Et là venoient gens de toutes parts criant Noei , & les autres pleuroient de joie. » En l'ann-ée i486 , le chapitre de l'églife de Lyon ordonna fbixante livres à ceux qui avoient jouélemyfterede la pafllon de Jefus- Chrift, /iv. XXFIII j des actes capitulaires , fol. 153. De Rubis , dans fon hiftoire de la même ville , liv. lll., chap. liij , fait mention d'un théâtre public drelië à Lyon en 1 540. « Et là 5 dit-il , par l'efpace de trois ou quatre ans , les jours de dimanches & les fctes après le difiier , furent repréfentée? la plupart des hiftoires du vieil & nouveau tcftament , avec la farce au bout , pour re- créer les afllftans. » Le peuple nommoit ce théâtre le paradis. François I , qui prenoit grand pîaifir à la représentation de ces fortes de comédies faintes , confirma les privilèges des confrères de la paiïion par lettres patentes du mots de janvier 1518. Voici le titre de deux de ces pièces , par où le leâieur pourra s'en former quelque idée. S'enfuit hmyjiere de lapaffion de Notre- Seigneur Jefus-Chriji , nouvellement reveu & corrige' outre les précédentes im- preffîons , avec les additions faites par très- éloquent &Jcientifique maifire Jean Michel \ lequel myjiere fut joué à Angiers moult trium- phamment , 6» dernièrement à Paris j avec le nombre des perfonnages qui font a la fin dudit livre ^ & font en nombre cxlj. 1541 j in-^. L'autre pièce contient le myftere des aôes des apôtres : il fut imprimé à Paris en 15A0 , in-é^. & on marqua dans le titre qu'il étoit joué a Bourges. L'année fiiivante il fut réimprimé in- fol. à Paris , où il iè jouoit. Cette comédie eft divifée en deux parties \ la première cil intitulée : Le premier volume des €atkoliqMes œuvres & acies des apôtres^ rédige^ CO M en efcrip par faint Luc évangélifle ^ 6» hyfl»- rio graphe^ député par le faint-Efprit ^ icellui faint Luc efcripvant a Théophile^ avec pluficurs hipoires en icellui inférées des geftes des Ce fars. Le tout veu & corrigé bien &du€went félon la vraie vérité , & joué par perfonnages à Paris en thofîel de Flandres , fan mil cinq cents XLI , avec privilège du roi. On les vend à la grand-falle du palais par Arnould & Charles les Angeliers . frères , tenons leurs boutiques au premier & deuxième pilier , devant la cha- pelle des mejfeigneurs lespréfdens ; in-fol. La féconde partie a pour titre : Le fécond volume du magnifique myjiere des aâes des apôtres , continuant la narration de leurs faits & gefes félon tEfcripiure faincle , avecques pluficurs hi foires en icellui inférées desgefies des Ce far s, Veu & corrigé bien& duementfelonla vraie vé- rité^ & ainfique le myflere efijouéa Paris cette préfente année mil cinq cents quarante-ung. Cet ouvrage fut commencé vers le milieu du xv^ fiecle par Arnoul Greban, chanoine du Mans , & continué par Simon Greban fon frère , fecrétaire de Charles d'Anjou comte du Maine ; il fiit enfiiite revu , cor- rigé , âc imprimé par les foins de Pierre Cuevr^ou Curet , chanoine du Mans , qui vivoit au commencement du xvj^ fiecle. V, la bibliothèque de la Croix du Maine , pag, 24, 391 6' 456. Quelques particuliers entreprirent de faire jouer de cette manière en 1542 , à Paris ^ le myftere de l'ancien teftament , & Fran- çois I avoit approuvé leur deffein ^ mais le parlement s'y oppofa par afte du 9 décem- bre 1541 , & ce morceau des regiftres du parlement eft très-curieux y au jugement de M. du Montcil. La repréfentation de ces pièces férieufès dura près d'un fiecls & demi ^ mais infenfî- blement les joueurs y mêlèrent quelques far- ces tirées de fujcts burlefques , quiamufoient beaucoup le peuple , & qu'on nomina lei jeux des poils piles , apparemment par allu- fion à quelque fcene d'une des pièces. Ce mélange de religion & de bouftbn- nerie déplut aux gens fages. En 1 545 la mai- fon de la Trinité fut de nouveau convertie en hôpital , fuivant fa fondation : ce qui fut ordonné par un arrêt du parlement. Alors les confrères de la paflîon, obligés de quitter ■ leur falle , choifîrent un autre lieu pour leitf C O M théâtre ^ & comme ils avoient fait des gains conficlérablcs , ils achetèrent en 1548 la place & les mafiires de l'hôtel de Bourgogne , où ils bâtirent un nouveau théâtre. Le parle- ment leur permit de s'y établir par arrêt du 19 novembre 1548 , à condition de n'y jouer que des fujets profanes, licites, & honnêtes , & leur fit de très-expreffes défen- fes d'y repréfenter aucun myftere de la paf- fion , ni autre myftere facré ; il les confirma néanmoins dans tous leurs privilèges , & fit défenfes à tous autres , qu'aux confrères de la pafllon , de jouer , ni repréfenter aucuns jeux , tant dans la ville , fauxbourgs , que banlieue de Paris , finon fous le nom & au profit de la confrérie : ce qui fut confirmé par lettres patentes d'Henri II , du mois de mars 1559. Les confrères de la pafllon qui avoient feuls le privilège , cefTerent de monter eux- mêmes fiir le théâtre ^ ils trouvèrent que les pièces profanes ne con\'enoient plus au titre religieux qui caradlérifbit leur compagnie. Une troupe d'autres comédiens fe forma pour la première fois , & prit d'eux à loyer le privilège , & l'hôtel de Bourgogne. Les bailleurs s'y réferverent feulement deux lo- ges pour eux & pour leurs amis : c'étoient les plus proches du théâtre , diftinguées par des barreaux , & ou les nommoit les loges des maîtres. La farce de Patelin y fut jouée : mais le premier plan de comédie profane eft dû à Etienne Jodelle , qui compofa la pièce intitulé la rencontre , qui plut fort à Henri II , devant lequel elle fut repréfentée. Cléo- patre & Didon font deux tragédies du même auteur, qui parurent des premières fur le théâtre au lieu & place des tragédies faintes. Dès qu'Henri III fut monté fur le trône , il infefta le royaume de farceurs 3 il fit venir de Venife les comédiens italiens fùrnommés //' Gelofi , lefquels au rapport de M. de l'E- toile ( que je vais copier ici ) , commencè- rent le dimanche 29 mai 1577 leurs comé- dies en l'hôtel de Bourbon à Paris ^ ils pre- noient quatre fous de falaire par tête de tous ies françois . & il y avoit tel concours , que \cs quatre meilleurs prédicateurs de Paris n'en avoient pas tous enfemble autant quand ils prêchoient.... Le mercredi 2,6 juin, la cour affeinblée aux Mercuriales , fit défenfcs ai:x Gélofi de plus jouer leurs comédies , pour ce C O M 579 qu'elles n'enfeignoient que paillardifes.... Le famedi 27 juillet , // Geloji^ après avoir pré- (ènté à la cour les lettres patentes , par eux obtenues du roi , afin qu'il leur ft'it permis de jouer leurs comédies , nonobftant les dé- fenfes de la cour , furent renvoyés par fin de non-recevoir , & défenfes à eux faites de plus obtenir & préfènter à la cour de telles lettres , fbus peine de dix mille livres parifis d'amende , applicables à la boîte des pau- vres ^ nonobftant lefquelles défenfes , au com- mencement de feptembre fuivant, ils recom- mencèrent à jouer leurs comédies en l'hôtel de Bourbon , comme auparavant , par la jufllou exprefle du roi : la corruption de ce temps étant telle , que les farceurs , bouf- fons , put.... & magnons , avoient tout crédit auprès du roi. Journal d'Henri III , par Pierre de l'Etoile, à la Haye , 1744 , //z-8°. tome /, page 106 , 209 6' 211. La licence s'étant également gliftee dans toutes les autres troupes de comédiens , le parlement refufe pendant long-temps d'enré- giftrer leurs lettres patentes , &: il permit feulement en 1 596 aux comédiens de pro- vince , de jouer à la foire Saint-Germain , à la charge de payer par chacune année qu'ils joueroient , deux écus aux adminiftrateurs de la confrérie de la paflion. En 1609, une ordonnance de police défendit à tous comé- diens de repréfenter aucunes comédies ou farces , qu'ils ne les euifent communiquées au procureur du roi. Enfin on réunit le re- venu de la confrérie de la paflion à l'hôpital général. Voye^ fur tout ceci Pafquier , rech. liv VII. ch, V. De la Mare , traité de pol. liv. III , tome III. ouvres de Defpréaux , 1747^ m- 8°. &c. Les accroiiîèmens de Paris ayant obligé les comédiens à fe féparer en deux bandes ^ les uns reftcrent à l'hôtel de Bourgogne , &c les autres allèrent à l'hôtel d'argent au Ma- rais. On y jouoit encore \z% pièces de Jo- delle, de Garnier , & de leurs fèmblables , quand Corneille vint à donner fa Méliie , qui fut fiiivie du Menteur , pièce de carac- tère & d'intrigue. Alors parut Molière , le plus parfait des poètes comiques , & qui a remporté le prix de fonart malgré ^qs jaloux Se ÏQ% contem.porains. Le comique né d'une dévotion ignorante, paiTa dans uuc bouffonnerie ridicule 3 eii- Dddd 2 580 C O M £iite tomba dans une licence groiTiere , & demeura tel , ou baibouilié de lie , jufqu'aii coinmencement du iïecle de Louis XIV. Le cardinal de Richelieu , par ics libéralités , l'habilla cVun mafqne plus honnête ^ Molière en le chauiîant de brodequins , jufqu'uicrs inconnus , l'éleva au plus haut point de gloire ;, & à fa mort , la nature l'enievelit avec lui. Article de M. le chevalier de J au court. Comédie ballet: on donne ce nom au théâtre François , aux comédies qui ont des intermedes'comme Pfyché , la princelîe d'E- lide , &c. Voyei Intermède. Autrefois , & dans fa nouveauté , Georges Dandin cC le Malade imaginaire étoient appelles de ce nom , parce qu'ils avoient des intermèdes. Au théâtre lyrique , la comédie ballet eft une eipece de comédie en trois ou quatre aôes , précédés d'un prologue. Le Carnaval de Venife de Renard , mis en muiique par Campra , eft la première come'- die ballet , qu'on ait repréfentée fur le théâtre de l'opéra: elle le fut en 1699. Nous n'avons dans ce^enre que le Carnaval & la Folie , ouvrage de la Mothe , fort ingénieux & très- bien écrit, donné en 1704 , qui Ibit refté au théâtre. La mufique eft deDeftouchés. Cet ouvrage n'eft point copie d'un genre trouvé. La Mothe a manié fon ftijet d'une manière originale. L'allégorie eft le fond de fa pièce , & c'eft prefque un genre neuf qu'il a créé. C'eft dans ces fortes d'ouvrages qu'il a imaginés , où il a été excellent. Il étoit foibje quand il marchoit ftir les pas d^au- trui , ôc prelque toujours parfait , quelque- fois même fublime y loriqu'il fuivoit le feu de {es propres idées. Voye^ PASTORALE & Ballet. (B) COMEDIEN, f. m. i Belles-lettres. ) perfonne qui fait profeflion de repréfènter des pièces de théâtre , compofées pour l'inf- truâion & l'amufement du public. On donne ce nom , en général , aux ac- teurs & actrices qui montent fur le théâtre , & jouent des rôles tant dans le comique que dans le tragique , dans les fpeétacles où l'on déclame : car à l'opéra on ne leuf donne que le nom à'aâeurs ou d'aârices , danfeurs ^ filles des choeurs , &c. Nos premiers comédiens ont été les Trou- badours , connus aufti fous le nom de Trou- reurs & Jongleurs , ils étoiçnt tout à la. fois CO M auteurs & a£lcurs , comme on a vu Molière , Dancour , Montfleury , le Grand, &c. Aux Jongleurs fuccéderent les confrères de la paillon , qui repréfentoient les pièces ap- pellées myjleres , dont il a été parlé plus haut. F"oje;{ Comédie sainte. A ces confrères ont fuccédé les troupes de comédiens , qui font ou fédentiures comme les comédiens françois j les comédiens italiens établis à Paris , & plulîeurs autres troupes qui ont des théâtres fixes dans plufieurs grandes villes du royaume , comme Stras- bourg , Lille , ùc. & les comédiens qui cou- rent les provinces , & vont de ville en ville y & qu'on nomme comédiens de campagne. La profeifion de comédien eft honorée en Angleterre j on n'y a point fait difticultc d'accorder à M"« Olfilds un tombeau à Weft- minfter à côté de Newton & des rois. En France , elle eft moins honorée. L'églifè romaine les excommunie , & leiu* refuiè la fépulture chrétienne , s'ils n'ont pas renoncé au théâtre avant leur mort. Voyei^ k Quoique ce paffage fait un peu long ,j ai cru devoir le rapporter dans un ou- vrage delliîîé pri'.icipalement à l'hiftoiredes Sciences & de refprit. Je l'ai tiré des inji. aji. de M. le Monnisr. La prédiction de Séneque aété accomplie de nos jours par M. Newton, dont la doc- trine eft celle-ci. Les comcus font des corps foîides , fixes & durables \ en un mot c'eft une efpsce par- ticulière de planètes qui fe ineiivent librement & vers toutes les parties du ciel dans d&^ or- bites très-excentriques , & faiîanî de fort grands angles avec l'éclipîique. Les comètes pcrféverent dans leur mouvement, aufli-bien quand elles vont contre le cours des planètes ordinaires , que lorfqu'elies fe meuvent du même côté ^ & leurs queues font des vapeurs fortfubtilcs qui s'exhalent delà tôteau noyau de la comète échauffée par la chaleur du foleil. Ce faitune fois étabii,explique tous les phéno- mènes. Car 1°. nous avons déjà fait voir que les irrégularicés dans la vîtcfïe apparente des co/;2i?/^.f, viennent de ce qu'elles ne font point dans les régions des fixes, mais au contraire dans celles des planètes, ou fuivant qu'elles ont i\Qs mouvemeiis confpirans avec celui de la terre , ou de dircâ:ionoppofce , elles doi- vent avoir les apparences d'accélération & de rétrogradation que l'on remarque dans les planètes. F. RétrogRx\DATION , &c. 2?. Si les comètes paroiffent fe mouvoir le plus vite lorfque leur courfe eji reclilignc , &c. ia raifon en eft qu'à la Ç\\\ de leur courfe, lorf qu'elles s'éloignent directement du foleil , la partie du mouvement apparent qui vient de la parallaxe , a dans ces cas une plus grande proportion à la totalité du mouvement appa- rent j c'cft-à-dire cette partie de leur mouve- ment apparent qui vient de la parallaxe de l'orbe annuel , devient trop confidérable par rapport au mouvement propre de la comète , ou au mouvement qu'elle paroîtroit avoir fi Tome VllU C O M 5^5 îa terre demcuroitau mêine point de fonorbe : alors ces aflres paroiffent fe détourner de leur route ordinaire , ou s'écarter de la circonfé- rence d'un grand cercle \ enforte que fi la terre fe meut d'un côté, elles femblent au con- traire être emî^ortées fuivant une direction oppofée. Les différences des parallaxes qui font caufces chaque jour par le mouvement de la terre for fon orbe étant donc très-fenfi- bles, l'obfervation quien aété faite plufieurs fois aenfin faitconclure que vers le commen- cement ou la fin de l'apparition des comètes , leur diO:ancen'étoitpas fi exceffive que quel- ques philofophes l'avoient fiippofé , mais qu'elles fo trouvoient alors bien au dellous de l'orbite de Jupiter. De-îà on eft bientôt parvenu à conclure qu'au temps de leur péri- gée ou de leur périhélie , les comct\es paroiffanî alors fous un bien plus grand angle , parce qu'elles font beaucoup plus proch.es de la terre , elles dévoient deicendre au deffous des orbites de Mars & de la terre ^ quelques-unes aufli ont defoendu au-delfous^ des platietes inférieures. Inff.af}. 3^. Les comètes , fuivantles obfer/aîlons , fe meuvent dans des ellipfes qui ont le foleil à un de leurs foyers , &c. cela fait bien voir que ce ne font pas des aftres errans de tour- billons en tourbillons , mais qu'elles font par- tie du fyftême folaire , & qu'elles reviennent fans celfe dans leurs mêmes orbes. V. Orbe. Comme leurs orbites font tjès- allongées & très-centriques-, elles deviennent invifibles lorfqu'elies font dans ia partie la plus éloi- gnée du foleil. 4°. La lumière de leur tête augmente en s approchant du foleil , &c. cela s'accorde avec les phénomènes des autres planètes. Par les obfervations de la comète de i68o., M. Newton a trouvé que la vapeur qui étoît à l'extrémité de la queue le 25 janvier , avoit commencé à s'élever du corps a\'cint le 11 décembre précédent , & qu'anifi t.\\Q avoit employé plus de quarante-cinq jours à s'é- lever •, mais que toute ia queue qui avoit paru le 10 décembre , s'étoit élevée dans i'efpace de deux jours écoulés depuis le péri- hélie. Ainfi dans le commencement , lorfque la conute étoit proche du foleil , la vapeur ?'élevoit prodigieufoment vite , & continuant eiiihite de iiionter en fouffrant du retarde* F ese \ 58^ C O M ment dans fon mouvement par la gravité de {es particules , elle augmentoit la longueur de la qneue : Si cette queue, malgré l'im- m.enfité de fon étendue , n'étoit autre chofe qu'une Cmple vapeur exhalée pendant le temps du périhélie ^ la vapeur qui s'étoit éle- vée la première , &; qui compofoit l'extrémité de la queue ,ne s'évanouit que lorlqu'eile fut trop loin dufoleil pour réfléchir une lumière lénlîble- On voit aufll que les queues des comètes qui font plus courtes , ne s'élèvent pas d'un mouvement prompt & continuel pour dif- paroître tout de liiite ;, mais que ce font des colonnes permanentes de vapeurs qui fbrtent de la tête avec un mouvement très-modéré pendant un grand eipace de temps , & qui en participant du mouvement qu'elles ont d'abord reçu de la tcte , continuent à fe mouvoir avec facilité dans les efpaces célef- les 5 d'où l'on peut aifémeut inférer le vuide de ces efpaces. J^. VuiDE. 5°. Les queues pcroijjent les plus grandes & les plus brillantes immédiatement après quel- les ont pajfé près dufoleil. Cela foit de ce que le corps central étant alors le plus échaufté , doit exlialer le plus de vapeurs. La lumière du noyau ou étoile apparente de la comète , fait conclure que ces aftres font dans notre fyflême, & qu'ils ne font en au- cune manière dans la région des fixes, puif- que dans ce cas leurs têtes ne feroient pas plus éclairées par le foleil , que les planètes ne le font par les étoiles fixes. 6". Les queues déclinent un peu delà ligne ■ tirée par le foleil & par la comète ^enfe rap- prochant vers le coté que la comète vient de quitter ; parce que toute fumée ou vapeur poufTée par un corps en mouvement s'élève obliquement, en s'éloignanî un peu du côté vers lequel va le corps fumant. 7°. Cette déviation ejl plus petite auprès du corps de la comète que vers l'extrémité de la queue y & ejl la moindre lorfque la comète eft dans fa plus petite difîancc 3U foleil ; parce que la vapeur monte avec plus de vîtefle au- près du corps de la comète qu'à l'extrémité de la queue , & qu'elle s'élève aufîi avec plus de vîtelTe lorfque la comète eil plus pro- che du foleil. 8°. La queue eft plus brillante & mieux îfrminée dans fa partie convexe que dans fa G O M partie concave; parce que la vapeur qui efl dans la partie convexe s'étant élevée la pre- mière , eit un peu plus denfe & plus propre à réfléchir la lumière. 9°. Zû queue paroit plus large vers t extré- mité qu auprès de la tête ; parce que la vapeur qui eft dans un efpace libre fe raréfie & fo dilate continuellement. io°. Les queues font tranfparentes y parce qu'elles ne font que des vapeurs très- déliées , &c. On voit donc que cette hypothefe fur les queues des comètes s'accorde avec tous IcjS phénomènes. Phafes des comètes. Le noyau qu'on ap- pelle auffi corps ou tête de la comète , étant regardé au travers d'un télefcope , paroît d'une forme diftcrente de celle des étoiles, fixes ou des planètes. Sturmius rapporte qu'en obfèrvant la co- mete de i68o avec un télefcope, il la trouva; moins liirriineufe vers les bords que dans le- centre, & qu'elle lui parut plutôt refferabler. à un charbon enflammé d'un feu obfcur^ou à une m.afiè informée de matière éclairée parr une lumière accompagnée de fumée , qu'à-; une étoile ronde & d'une lumière vive. Hévéiius obfèrvant la comète de i66i y, trouva que le corps étoit d'une lumière jau-- nâtre , brillante , & terminée , mais fans étin- celer , ayant dans le milieu un noyau rou-- geâtre delà grofTcur de Jupiter , & environné d'une matière beaucoup plus rare. Le 5 fé-- vrier fa tête étoit un peu plus foncée & plus.. brillante que la couleur d'or , mais d'une lu- mière plus fbmibre que le refle des étoiles :, de plus le noyau lui parut divifé en pîufieura parties. Le 6 le difque étoit dimJnué , le noyau toujours exiflant, mais moindre qu'au- paravant : une de ces parties dont on vient: de parler , celle qui étoit au bas de la comète & fur la gauche , fembloit plus denfe & plus lumincufè que le reile : le corps entier étoit rond, & repréfentoit une étoile très peu lu- mineufè, & le noyau paroiHoit toujours en- \'ironné d'une matière clifîérente de la iienncé Le lo la tête de la comète étoit m\ peu obf- cure , & le noyau moins term.ir.é , mais-, plus brillant vers le haut que vers le bas. Le' i3latête étoit fort diminuée , tant en gran- deur qu'en lumière. Le i miars fa rondeur étoit altérée 5 & fcs bords dentelés , &ci Lo; C O M 2.8 mars elle étoit très-pâle , & extrêmement rare , fa matière fort diiperfée , & faiis noyau diftingué du reftc. Weigelius qui en obfervant la comète de 1664, vit dans le même moment la lune & m\ petit nuage éclairé par le foleil , trouva ({iiQ. la comète , au lieu d'être d'une lumière continue comme la lune , reffembloit au con- traire à une efpece de nuage : c'eil ce qui lui avoit fait conclure que les comètes étoient , ainfi que les taches du foleil , des exhalaifons de cet aftre. La longueur de la queue des comètes eft variable j celle de 1680 , fuivant Sturmius , n'avoit guère le 20 décembre que vingt degrés de longueur : en peu de temps elle s'accrut jufqu'à foixante degrés j enfuite elle diminua très-fenfîblement. Wolf. Formation des queues des comètes. M. Newton a fait voir que l'atmofphere àQS co- mètes ^entïounÙY une vapeur fuffifante pour former leurs queues j il fe fonde fur l'extrême dilatation de l'air à une certaine diftance de la terre ^ un pouce cube d'air commun cievé à la diftance d'un demi-diametre de la terre , feroit fuffifant pour remplir un efpace aufii grand que toute la région des étoiles , c'eft ce qu'a démontré M. Gregory dans fon af- tronomie phyfique. Puis donc que la cheve- lure ou l'atmoiphere de la comcte eft dix fois plus haute que la furface du noyau , qWq doit être prodigieufement rare , & il eft tout fîm- ple qu'on voie les étoiles au travers. Quant à l'afcenfion à^s vapeurs qui for- ment la queue des comètes , Newton la fup; pofë occafionée par la raréfaâion de l'at- inofphere au temps du périhélie. La fumée comme tout le monde fut , s'élève par l'im- pulfion de l'air dans lequel elle nage ^ l'air le plus raréfié monte par la diminution de fa pefanteur fpccifîque , & enlevé avec lui la ftimée. Pourquoi ne fuppoferoit-on pas que la queue d'une comète fèroit élevée de la même manière par la chaleur du fokil? Les queues étant ainfi produites , la force qu'elles ont po"ur conferver leur mouvement & celle qui les pouffe vers le foleil, les oblige à décrire des ellipses ainfi que la comète même , & à l'accompagner dans toute fon orbite. En effet , la gravitation des vapeurs vers le foleil , n'eft pas plus propre à déta- cher la queue d'une comète de fa tête & à la f^ire tomber fur le foleil, qu'à détachcM" la C O M 5^7 terre de ion atmosphère ^ mais leur gravita- tion commune cik caufe qu'elles fè m.euvent également , & qu'elles font pouffées de la miêmc manière. Par ce moyen les queues des comètes pro- duites pendant le temps de leurs périhélies, peuvent être entraînées avec ces aftres dans les régions du ciel les plus reculées , & reve- nir enfuite avec les comètes au bout à'm\ grand nombre d'années : mais il eft plus naturel qu'elles iè détruifent peu à peu en- tièrement, & qu'en fè rapprochant du foleil les comètes Qw reprennent de nouvelles, d'a- bord très-peu fenfibles , enfuit&pîus gran- des par degrés jufqu'au périhélie , temps auquel elles reprennent toute leur grandeur , la comète étant alors le plus échauffée qu'il eft pofîîble. Les vapeurs dont zç.% queues font compo- iô.QS^ fe dilatant & fe répandant dans toutes \qs régions céleftes , font vraifèmbîablement , ainfi que M. Newton l'obferve, attirées par les planètes , & mêlées avec leurs atmofphe- res. Il ajoute que les comètes femblent nécef- faires pour l'entretien des liquides qui fbïit fur \c^ planètes , le/quels s'évaporent conti- nuellement par les végétations & \(^s putré- factions , & fè convertiffent en terre feche. Car comme tous \^.% végétaux fë nourriffent & s'accroifiënt par \^s fluides, & qu'ils re- deviennent terre pour la plus grande partie par la putréfaftion ( comme on le peut voir par le limon que \zs liqueurs putréfiantes dé- pofènt continuellement ) , il s'enfuitque pen- dant que la terre s'accroît fans ceffe , reali diminueroit en même proportion, fila perte n'en étoit pas rétablie par d'autres matières. M. Newton foupçonne que cette partie , la plus fubtile & la meilleure de notre air ,' la- quelle eft abfolument néceffaire pour la vie & l'entretien de tous les êtres , vient princi- palement des comètes. D'après ce principe , il y auroit quelque fondement aux opinions populaires des pré- fages des comètes , puifque \qs queues des comètes (c mêlant ainfi avec notre atmofphe- re , pourroient avoir des influences fenfibles fur les corps animaux & végétaux. Il y a beaucoup de variétés dans la gran- deur des comètes. Quelques-unes , indépen- damment de leur queue , paroilfent fiirpaf- ièi" daiis certaines circonftances favorables E e e e 2 V 588 C O M cie leur apparition 5 les étoiles de la première & de la féconde grandeur. Enfin , fi on coii- iiilte les hiftoriens qui en ont parlé , il fëm- ble qu'aucune comète n'ait jamais paru aufll grande que celle qui fut obfervée du temps de Néron : cette comète , félon Séneque , égaloit le foleil en groflcur. Hévélius en a cependant obfervé une autre en 1651 pref- qu'aufîi grande que la lune , mais elle étoit bien inférieure en lumière à cette planète , étant extraordinairement pâle & comme en- veloppée de fumées , qui , loin de lui lailîèr quelque éclat , rendoient fon afpe6è allez trille & peu agréable aux yeux. M. Fatio remarque que quelques-unes des comètes ayant leurs nœuds proche de l'or- bite de la terre , il pourroit arriver que la terre fe trouveroit dans la partie de fon or- bite , qui feroit voifîne de ce nœud au temps où la coOTf re viendroit àypaficr^ & comme le mouvement apparent de la comète fèroit alors fi prom.pt , que fa parallaxe feroit très- fènfible, & que la proportion de cette paral- laxe à celle du foleil leroit donnée, on pour- roit avoir en ce cas la parallaxe du Ibleil déterminée plusexad^ement que par aucune méthode. La comète de 1472. , par exemple , avoit une parallaxe qui furpalfoit plus de vingt fois celle du foleil j & celle de 1 5 1 3 en auroit eu une beaucoup plus fènfible , fi elle fût arrivée à fon nceud au commencement de niars. Quoi qu'il en foit , aucune n'a plus menacé la terre de fon voifinage que celle de 1680^ car M. Halley a trouvé par le cal- cul , que le 1 1 novembre cette comète avoit paifé au nord de l'orbite de la terre à envi- ron 60 derai-diametres de la terre , enforte que H dans ce temps la terre avoit été dans cette partie de fon orbite , la parallaxe de la comète auroit égalé celle de la lune j & il feroit peut-être réiiilté de ce voifinage un conta£^ ou un choc des deux planètes : fui- vant M. Whifton il en feroit rcfulté mi dé- luge. Voye[ plus bas. Mouvement des comètes. Le mouvement propre de chaque comète ne iê fait pas , à beaucoup près , dans le même fens , puifqu'il eft varié à l'infini , les unes s'avançant d'oc- cident en orient , lorfqu'au contraire les au- tres fe trouvent emportées contre l'ordre des iignes^ c'ej8:-à-dirc dans unfeûs oppofé à ce- C O M lui des planètes. Bien plus , depuis que l'em obièr^'e le cours des comètes avec quelque at- tention , on s'efi: apperçu qu'il le dirigeoit tantôt vers le nord , & tantôt vers le midi , & cela avec des iiiclinaifons fi différentes , qu'il n'a pas été poffible de les renfermer dans un zodiaque de la même manière que les pla- nètes j car fi elles fe trouvent une fois dans ce zodiaque , elles en fortent bientôt avec plus on moins de vîtefie & par différens côtés.. Regiom.ontanus en a obfervé une qui paroif- foit avoir une vîteffe bien extraordinaire , puisqu'elle parcourut en un jour 40 degrés. Enfin j il y a des comètes dont le mouvement efc plus rapide au commencement qu'à la fin de leur cours \ d'autres au contraire fe meu- vent très-rapidement au milieu , & très-len - temeut , foit au commencement , foit à la fin de leur apparition. Toutes ces variétés, dans le mouvement des comètes , fiir-tout la diverfité de l'iuclinaifon de leurs orbites , 6c la direûion fi variée de leurs mouvemens , prouvent bien qu'elles ne font point empor- tées par un fluide en tourbillon , qui devroit les diriger toutes dans le m,ênie fens , & à peu-près dans le même plan ^ aulTi eft-ce une des objei^ions des plus fortes contre le fyf- tême des Cartéfiens , & à laquelle ils n'ont jamais répondu. Si on fùppofe avec quelques auteurs que les comètes parcourent des lignes exactement paraboliques , elles doivent venir d'une dif- tance infiniment éloignée , en s'apprcchant continuellement du foleil par la force centri- pète , & acquérir par ce moyen affez de vî- tefie pour remonter l'autre branche de la pa- rabole en s'éloignant du foleil jufqu'à l'infi- ni , & de cette manière ne revenir jamais. Mais la fréquence de leur apparition fembie mettre hors de doute qu'elles fe meuvent comme les planètes dans des orbites ellipti- ques fort excentriques, & qu'elles reviennent dans des périodes fixes quoique très-longues» Voyei Orbite & Planète. Les aftronomes font partagés £m leur re- tour : Newton , Flamfteed , Halley & tous les afironomes anglois font pour le retour de ces aflres j Caffini & plufieurs autres aftro- nomes de France l'ont regardé auffi comme très -probable^ la Hire s'y oppofe avec quel- ques aflronomes , &c. Ceux qui fon-t pour le retQur veulent que les comctcs décrivent des C O M orbes fort excentriques : félon eux ce n'eft que dans une très -petite partie de leur révo- lution que nous les pouvons appercevoir j au delà de cette partie on ne fauroit plus les découvrir , ni à la vue fimple , ni avec les meilleurs télefcopes. La queftion du retour des comètes cft du nombre de celles que no- tre poftérité feule pourra réfoudre. Cepen- dant l'opinion de Newton eft la plus vrai- ièmblable. En voici les preuves. On ne fauroit regarder comme deux diffé- rentes planètes , celles dont les orbites cou- pent leeliptique fous le même angle, & dont la vîtefîé eft la même dans le périhélie ^ il faut donc aufll que deux comètes vues dans diffé- rens temps , mais qui s'accordent à l'égard de ces trois circonftances , ne puillént être autre chofe que la même comète ; c'eit ce qu'on a obfervé , fuivant quelques auteurs , pour différentes comètes , comme on le verra dans la fuite de cet article ^ cependant il n'eft pas néceffaire que l'accord foit ft exad pour conclure que deux comètes font la même. La lune qui eft fi irréguliere dans toutes ces cir- conftances , fait penfer à M. CaiTini qu'il en pourroitêtre de même dss comètes , & qu'on en a pris pour de différentes plulieurs qui li'éroient que les mêmes. La grande objedlion qu'on fait contre le retour des comètes , c'eft la rareté de leurs apparitions par rapport au nsmbre de révo- lutions qu'on leur fuppofe. En 1702 on vit à Rome une comète , ou plutôt la queue d'une comète, que M.Caftîni prit pour la même que celle qui fut obfervée par Ariftote , & qui avoit reparu depuis en 166'i , enibrte que fa révolution feroit de 34 ans ^ mais il paroît bien étrange qu'une comète qui a une révolution II courte , & qui revient par conféquent fî fouvent , fe«montre cependant fi rarement. Dans le mois d'avril de la même année 1702 , MM. Bianchini & Maraldi cbfer- verentune comète , qu'ils regardèrent comme la même que celle de 1664 , tant par rap- port à fon mouvement qu'à fa vîteiTe & à fe direction. M. de la Hire voulut que cette comète eût quelque relation à une autre qu'il avoit obfervée en 1698 , tk que M. Caflîni rapporte à celle de i<552. Dans cette /fiip- pofition la période de cette comète feroit de 43 mois j &le nombre des révolutions qu'elle C O M 5S5 auroit euesdel'année 1652 à l'année 1698 , feroit de quatorze. Mais on ne peut fuppofer que dans un temps où le ciel eft obfervé fi foigneufement, un aftre fît quatorze révolutions fans qu'on s'en apperçût , & fur-tout un aftre dont les apparitions feroieut de plus d'un mois , & fouvent dégagées des crépufcules. C'eft pour cette raifon que M. Caflîni eft très-réfervé dans l'affertion du retour des comètes ; il regarde ces aftres comme des planètes , à la vérité , mais fujettes à beau- coup d'irrégularités. M. de la Hire fait une objeâ:ion géné- rale contre le fyftême entier des comètes , qui ièmbleroit retrancher ces aftres du nom- bre des planètes \ c'eft que par la diipofition donnée néceffairement à leur cours , elles devroient paroître auffi petites au com.men- cement qu'à la fin , & augmenter jufqu'à ce qu'elles arrivent à leur plus grande proxi- mité de la terre ^ ou du moins que s il ne leur arrive d'être obfervées que lorfqu'clles font d'une certaine grandeur, faute d'y avoir fait attention auparavant , il faudroit au moins qu'on les apperçût fouvent avant qu'el- les fuffent arrivées à leur plus grand éclat ; cependant, ajoute-t-il, aucune n'a été ob- fervée avant d'être arrivée à ce point. Mais la comète que l'on a vue dans le mois d'oâiobre 1723 , à une fi grande dif- tance qu'elle étoit trop petite & trop obfcure pour être apperçue fans télefcope , peut fer- vir à réfuter cette objeftion & à rétablir les comètes au rang des planètes. Le dofteur Halley a donné une table des élémens aftronomiques de toutes les comètes qui ont été observées avec quelque foin , par le fecours de laquelle on pourra toujours re- connoître fi quelque comète qu'on viendra à obferver nepourroit pas être quelqu'une de celles qu'il a calculées , & favoir par con- séquent & la période &: la pofition de l'axe de fon orbite. La comète obfervée en 1532 a plufieurs circonftances qui la doivent faire croire la même que celle qui a été obfervée en 1607, par Kepler & par Longomoutan , &: que celle que le doâ:eur Hailey a obfervée en- fuite en 1682. Tous les élémens s'accordent y & rien ne s'oppofe à cette opinion que l'iné- I galité des temps des révolutions : mais fiiv; 55-3 C O M vaut le cîodleur Halley on pourrolt expîiqi:er' par des caiifes phyfiqaes cette inégalité 3 & l'on en a un exemple clans Saturne , dont le mouvement eft tellement troublé par les au- tres planètes , & principalement par Jupiter , que fa période varie de plufieurs jours. Pour- quoi donc ne fuppoferoit-on pas de pareil- les altérations dans les comètes , qui font beau- coup plus éloignées que Saturne , & dont la Vi telle , avec la plus petite augmicntation , pourroit donner au lieu d'un orbe ellipti- que un orbe parabolique ? Ce qui confirme le plus cette identité , c'eft l'apparition d'une autre co;;:^/^ dans l'été de 1456 , qui à la vérité n'a pas été obfervée a\"ec préciiîcn , mais fe rencontre tellement avec les trois autres par rapport à la période & aux circonftances de fa route , que Hal- ley ne fait point de difficulté de les regar- der toutes comme la même comète , & il s'eft avancé jufqu'à prédire le retour de cette co//'2£'i'e pour Tannée 1758. La période de cette comète , félon M. Halley , eft de 75 ans 1 , & il en a déjà eompté quatre révolutions , fa période fe fai- fanî en beaucoup moins de temps que celle des comètes. M. Machin croit que celle de 1737 a une période d'environ 180 ans , parce qu'elle lui paroît la même que celle qui a paru en 1556. Voye^ les Tranfaâions philofophiqiies ^ rP.â^G. M. Halley a remar- qué de plus qu'il avoit paru quatre fois de fuite une comète dans l'intervalle de 575 ans ^ favoir au mois de Icptembre , im.mé- diatement après la mort de Juîes-Céfar , enfuite l'an de Jefus-Chift 531 fous le con- fulat de Lampadius & d'Oreftes , puis au mois de février 1106, & en dernier lieu fur la fin de l'année 1680 j ce favant af- tronome conje£iure de- là que la période de la fameufe comète de 1680 pourroit bien ^tre de 575 ans \ c'eft ce que nos defcen- dans pourront vérifier. Il y a une chofe finguliere fur cette période , c'eft qu'en re- montant de 575 ans en 575 depuis l'année de la mort de Jules-Céfar , où on croit que cette comète a paru , on tombe dans l'année du déluge ^ c'eft ce qui a fait pen- fer à Whifton que le déluge univerfel pour- roit bien avoir été occafioné par la rencon- tre ou l'approche de la comète , qui fe trouva apparemment alors fort près de la terre j C O M & cette opinion qui au fond ne doit être regardée que comme une conjecture aflèz légère , n'a rien en foi de contraire ni à la faine philofophie qui nous apprend ( quel- que fyftême que l'on fuive ) que l'appro- che d'une telle comète cft capable de bou- leverfer le globe que nous habitons : ni à la foi 5 qui nous apprend que Dieu fe fer- vit du déluge pour punir les crimes des hommes. Car Dieu qui avoit prévu de toute éternité cette punition , avoit pu diipofer le mouvement de "cette comète de manière que par fon approche elle fervît à fa ven- geance. Whifton croit cependant que cette queue de comète auroit fait courir à l'arche un grand péril ^ mais Dieu qui avoit fait conftruire l'arche veilloit à fa confervation. Voyei^ le fjjlême folaire de Whifton où les orbites des différentes comètes font tracées , & où l'on trouve les périodes de plufieurs qui font connues. Déterminer le lieu 6* le cours dtune comète» Obfervez la diftance d'une comète à deux étoiles fixes dont \q.s longitudes &: \&z lati- tudes font connues. Par le moyen de ces diftances ainfi trouvées , calculez le lieu de la comète par la trigonométrie , en fuivant la nîéthode enfeignée à Vanicle Planete^ Répétant enfiiite ces obfèrvations & ces opérations pendant pluiîeurs jours confécu- tifs , le cours de la comète fera déterminé. Déterminer le cours d'une Comète mécha- niquement 6» fans les injirumens ordinaires, L'ingénieufe méthode que nous allons expliquer , eft due à Longcmontan : elle confîfte à obfcrver , par le fecours d'un fil la comète dans l'interfediion des deux lignes qui pallént par deux étoiles : ce qui eft fort facile dans la pratique. Suppofons,par exemple , que le lieu de la comète foit en A X P. aftron. fig. 2^.^, entre les quatre étoiles B j C , D , E , dans l'interfeâiioii de la ligne qui pafteroit par B & par D , & de celle qui pafîeroit par C & par E, Ayant pris un globe où ces quatre étoi- les foient marquées, on tendra un fil qui paflé par B & par D , & un autre par D & par E : le point d'interfeftion fera le lieu de la comète. Répétant cette opération pendant phifieurs jours, on aura fur le globe le cours de la comète , qui fè trouvera un grand cercle , par deux points duquel CO M on trouvera aîfément rincliiialfon à 1 eclip- tique , & ie lien des nœuds , en obicrvant limplement le lieu où un fil tendu fur ces deux points coupe 1 ecliptique. Pour déterminer la parallaxe d'une comcte^ voye^ PAR.ALLAXE. Voilà à-peu-près tout ce que nous pou- vons dire fur les ccmetes , dans un ouvrage de la nature de celui-ci. Tout ce que nous avons dit fur la nature des orbites que ces corps décrivent , & fur leurs mouvemcns , peut être regardé comme vrai géométrique- ment. Il n'en eft pas de même de leurs queues , & de la nature des particules qui les compofent : nous n'avons fait qu'expo- fer fur cela les conjeftures les plus proba- bles. Les obfervations nous apprendront dans la fuite ce qu'on doit penièr de leur retour. Ce qu'on peut au moins aiTurer , c'eft qu'il réiiilte des obfervations que les comètes décrivent des orbites à-peu-près pa- raboliques , c'efl-à-dire qui peuvent être traitées comme paraboliques dans la par- tie de l'orbite de la comète que nous pou- vons appercevoir. Si ces orbites font des ellipfes , le retour de la comète eft certain f, fi ce font des paraboles ou des hyperboles , le retour eft impoflible. Le célèbre M. Newton nous a donné la méthode de cal- culer leurs mouvemens ^ 8c ce problême , Win des plus difficiles de l'aftronomie , eft expliqué fort au long à la fin du troifieme livre de ks principes. M. le Monnier , de l'académie royale des fciences , nous a auiîî donné, en 1743 , un ouvrage intitulé la théorie des comètes ^ in-%^: Cet ouvrage peut être conçu com.me divifé en cinq par- ties. Dans la première , qui a pour titre difcours fur la théorie des comètes^ M. le Monnier expofc les principaux phénomènes du mouvement des comètes , & les plus in> portans préceptes de l'aftronomie qui leur eft propre. Il donne enfuite un précis de la doftrine de M. Newton fur les comètes-^ & il termiine ce difcours par le calcul de l'orbite de la comète de 1742 , d'après la méthode de M. Newton , à laquelle il a fait quelques changemens. La ^zovAq partie contient l'abrégé de Faftronomie cométique , ou la cométogra- phie de M. Halley , qui eft imprimée en latin à la fin de l'allronomie de Grégori , §c dpiit M, le Moiuiier nous douue. la G O M ^^ p tradudion a\'ec les notes de M. Whiftoii hiférées dans le texte , & accompagnées chs remarques & des explications'du tra- dudeur. La troifieme partie eft un fupplém.cnt qui contient une hiftoire abrégée de ce qu'on a fait depuis le commencement de ce fiecle , pour perfedionner la théorie des comètes. Les deux autres parties contiennent ^es recherches iîir les pofitions de différentes étoiles , & fur les tables du foleil , qui n'ont qu'un rapport indired au fond de l'ouvrage, mais qui n'en font pas moins, utiles ni moins importantes. Cet ouvrage eft encore orné du planifphere de Whiftoii où font repréièntées les trajeâ:oires ou or- bites de toutes les comètes les mieux con- nues , & les deux planifpheres céleftes de- Flamfteed , réduits en petit avec beaucoup- d'art & de propreté. Ainfi on peut afiurer qu'il eft peu de livres qui dans un fi petit volume , contiennent tant de choies eu- rieufes & utiles fur la fcience qui en fait, l'objet. Auflî l'académie a-t-elle jugé ,. comme on le voit par l'extrait de fes re- giftres , imprimé au commencement de ce- livre , qu'un ouvrage fi utile à l'avancement de l'aftronomie & au progrès de la vraie- phyfique célefte , ne pouvoit que faire hon- neur à fon auteur , & étoit très - digne de . i'imprefllon. Ceux qui voudront fe contenter d'une ■ expofition plus générale & plus fimple de la théorie des comètes , pourront avoir re- cours au petit ouvrage de M. de Mauper- tuis , intitulé lettre fur la comète qui parut en 1742 ,. à l'occafion de la comète de cette année. L'auteur y explique avec beaucoup- d'élégance & de clarté , le fyftême de M;. Newton fur \qs comètes <, ^ y met ce lyf-"- tême à la portée du commun des leâreurs,. M. Euler, géomètre £ célèbre aujour- d'hui dans toute l'Europe , aauftî fait im- primer à Berlin , en 1744, un ouvrage in- tixulé theoria plane/arum & cometarum , dans- lequel il donne une méthode nouvelle & différente de celle de M. Newton, poun- déterminer le mouvement des comètes^ Il a paru ^depuis le commencement de ce fiecle un affez grand nombre de come-^ jes ^ks principales Qnt clé celle, de rji-J.^; 55)1 C O M do-At M. Bradloy a donné le calcul dans les Tranfaclions pkilofophiques de la fbcicté royale de Londres^ celle de 172.9, celle de 1737 , & celle de 1744. La première a éré calcules par M. Deliile, la féconde pir M. Bradley , la troideme par M. le Mon- iiier , &: plufrjurs autres altronomes. Celic de 1723 a été rétrograde , les autres ont été directes ^ celle de 1744 cft la plus brillante & la plus remarquable qu'on ait vue depuii; 1060. Fininbds cG long- article par une obfer- varion bien propre à humilier les philofo phcs. En 1596, dans un temps où l'on étoit fort ignorant fiir les comètes , parut un traité des cotr.cres du fîeur Jean-Bernard Lo!it^ae, pliilofophe & médecin, où font réiiités hs abus & témérités des vains afîro- log-ues qui prédilent ordinairement mal- heurs à l'apparition d'icellcs , traduit par Charles Ne[)vcu chirurgien du roi ^ cepen- dant en 1680,' les philofbphes étoient en- core tellement dans l'erreur fur ce ftîjet , que le fameux Jacques Bernoulli dit dans fbn ouvrage far les comètes , que lî le corps de la comète n'eft pas un fîgne vifible de la colère du ciel, la queue en pourroit bien être un. Dans ce même traité , il prédit le retour de la comète de 1680 pour le 17 mai 1710 , dans le figue de la balance. Au- cun agronome . dit M. de Voltaire , ne {c coucha cette nuit j mais la comète ne pa- rut point. ( O ) ce Si cet article lailfoit encore quelque chofe à délirer, on peut voir dans ce qui fuit ,00 que M. de la Lande a écrit fur cette matière. » Le retour de la comète de 1682 , obfervée en 1759 , a donné le dernier degré de certi- tude & d'évidence à la théorie que Fon vient d'expliquer:/a période s'eft trouvée à la vérité plus longue que la précédente d'environ 600 jours j mais il eft prouvé que \es attractions ièules de Jupiter & de Saturne pouvoient pro- duire une aulTi grande diiîerence. Je propofai en 1757 à iVl. Clairauî de lui calculer une table des diftances de la comète à Jupiter & à Saturne depuis I53iju{qu"'à 1759 avec les angles de commutation & les forces attrad:i- ves de ces deux planètes fur la comète , afin qu'il y appliquât fa théorie du problême des trois corps, & que nous puffions voir fi cette atîradion devoit accélérer ou retarder le C O M retour de hicomcte qu'on attendoJt pour 1757 ou 1759. Ce travail immenfè eut tout le ii;c- cèsquc nous enefpérioas, comme je l'ai ex- pliqué fort au long dans Xhifloive & dans les mémoires de l'académie pour 1769. M. Clai- rauî trouva que la révolution de la comète devoit être de 6r r jours plus grande que celle de 1607 à 1682, dont 100 jours pourl'aétion de Saturne , & 511 pour l'elfet de Jupiter. Suivant ces premiers calculs, elle devoit palfer dans fbn périhélie au milieu d'avril. [Voye-^^ tna Théorie des comètes , à la fuite des Telles de Halky , 17 59 , page 1 10. ) Elle y paiia le 13 mars : & malgré rimmenfilé des calculs que nous fîmes, M. Cîairauttk moi, les quan- tités négligées produifircnt un mois d'erreur dans la prédidtion ^ mais M. Clairaut l'avoit prévu , ôc il a fait voir enfuite que l'erreur le réduifoit à 22 jours , &: qu'il y auroit des moyens de pouflèr l'approximation allez loin, pour rendre l'erreur encore moindre , à moins que d'autres attradionsnefè joignent à celles de Jupiter & de Saturne. Les recherches de M. Clairaut fur cette matière , fe trouvent en abrégé dans une pièce qui a remiporté le prix de l'académie à Pétersbc» irgen 1762 , & plus en détail dans fa Théorie du mouvement des comètes \, C/>z-8°, 1760, 1^1 pag. A Paris, chez Lam.bert. ) On trouvera aufli de très- belles recherches de M. d'Alembert , fur le même liijeî , dans le iècond volume de fes Opufcules mathématiques ^pag. 97 &fuivantes & dans la pièce de M. Albert Euler, qui a remporté en 1762 le prix propofé par l'aca- démie de Pétersbourg , concurremment avec M. Clairaut. Il y a encore deux comètes dont la période pa- raît connue , & dont o'i efpere le retour -^ celle de 153 1 & 1661 qu'on attend pour 1789 ou 1790^ celle de 1264 &de 15 56 qu'on attend pour 1 848. Au fujeî de cette dernière , on peut voir les Mém. detacad. 1760 , pag. 192. La grande comète de 1680, fuivant M. Halley , devroitreparoître en 2254. Il croit quec'eft celle qui parut du temps de Céfar ; dans ce cas-là ce feroit aufii celle dont parle Hom.ere ( lliad.lV ^ 75. ) & cWq. auroit paru 619 ans avant J. C. Si cette comète de 1680 achevé lèpt révolutions en 4028 ans , elle a dû palfer près de nous 2349 ans avant J. C. , & peut ferviràceux qui veulent expliquer phyfique- mcnt le déluge, comme M. Whifton , {t^ew theory COM theory ofthe tarth , page i8(5. ) Mais il y a 1 des doutes fur celle-ci. Voye^ à ce fujet ma Théorie des comptes , page 92. Quoi qu'il en foit de cette dernière , il eft évident par le retour de la comète de 1682 , que les comètes font périodiques , que leurs orbites font elliptiques , de même quecelles des planètes. Àinli les comètes ^eiivQnt fe calculer par les mêmes règles que les planètes, en cherchant leurs anomalies , leurs excentricités , leurs rayons vefteurs , & leurs longitudes géocen- triques. Mais comme \qs ellipfes des comètes font très-alongées, & que nous n'en voyons que la partie inférieure qui approche de beau- coup d'un iègment de parabole , tous les artro- nonies fe fervent de la parabole , dont le calcul eft beaucoup plus (impie , & qui donne à-peii-près les mômes réfultats. Nous allons expliquer les principales règles du mouve- ment parabolique des comètes , eu ren- voyant feulement pour les démonftrations à notre Aflronomie , liv. XIX. Suppofbns une comète qui tourne dans une jîarabolc , dont le foyer ou le centre d'attrac- tion foit au centre S du foleil , {Suppl, des planches ajiron.fig. 8. ) & que cette parabole P D ait une diftance périhélie S P^ égale à la diftance moyenne du foleil à la terre , ou au rayon du cercle PA , que la terre eft fup- pofée décrire quand on néglige l'excentricité de fon orbite. La vîteife de la comète en P eft à celle de la terre dans fon cercle , à pa- reille diftance , comme la racine de deux eft à l'unité , environ comme fept eft à cinq ^ tel eft le rapport des aires ou des furfaces dé- crites qui ont lieu perpétuellement dans la parabol* & dans le cercle. Les aires étant proportionnelles au temps , liiivant la loi générale & univerfelle des mouvemens planétaires , on a toujours pour un temps donné l'aire parabolique PSD, aufti~tôt qu'on fait le temps que la comète a employé à aller du périhélie P au point D de fa parabole. Connoiflant le temps qui répond à 90^^ d'anomalie vraie, ou à l'angle droit P S R, on trouve le temps qui répond à une autre anomalie quelconque , ou à un autre angle P S Dj car nommant t la tangente de la moitié de l'anomalie vraie , il fuffit de mul- tiplier le quart de r^ -|- 3 ^ par le temps qui répond à 90 , pour avoir le temps qui répond à l'angle propofé. Par ce moyen qui eft fort Tome FUI, COM ^9i fimple , on conftruit des tables , où pour cha- ' que jour on marque l'anomalie vraie corref- pondante , & l'on diviiè en jours de grandes figures , où l'on marque la fituation d'une comète fur fon orbite , comme on le voit fur la parabole PUD, pour 10 jours, 20, 30, &c, de diftance au périhélie. Par conféquent on trouve le palTage d'une comète à fon périhélie , lorfqu'on connoît le jour où elle étoit en un point D de fa para- bole, & l'angle PSD, d'anomalie vraie ; ainfi dès qu'on connoît l'anomalie d'une co- mète pour un jour donné , il eft aifé d'en con- clure quel jour elle a paffé par fon périhélie , & nous en ferons bientôt ufage dans la dé- termination de ces orbites. Le rayon veôeur de la comète au foleil. Si l'intervalle de temps trouvé par le moyen de ces deux anomidies n'cil pas d'accord avec Fintervalie donné des deux qbfervations , c'cft une preuve qu'une des deux diilancesau foleil , qui ont été fuppo- féss , doit être changée : on en confervera une , & l'on fera varier l'autre par diverfes fuppoiitions , jufqu'à ce qu'a la fin du calcu! on trouve un intervalle de tempségal à celui des deux obfervationsj alors on aura une pa- rabole qui fatisfait à tontes deux dans la pre- mière hypothefe faite fur la diftance de la comète au foleil. Mais il ne fuffit pas d'avoir une parabole qui fatisfalîë à l'intervalle de deux obfèrva- tions , car il y en a une infinité", & à chaque hypothefe qu'on aura faite fur la première diftance SD de la comète au foleil , on trou- vera par les diverfes fuppofitions de la fecont^ diftance , ou de la diftance au foleil , dans ra féconde obfervation , une parabole qui fatis- fçra aux deux mêmes obfervations. La diffi- cplté qui refte eft de fe déterminer par une troiiîeme obfervation , c'eft-à-dire ^ de faire C O M un choix tntte toutes ces paraboles qui repré- ientcntles deux premières oblèrvations, mais: dont une feule s'accorde avec la troiiieme. Quand on a trois obfervations d'une co- mète , on peut déterminer fon orbite avi moyen des théorèmes préccdens, car Ton eft en état de trouver quelle eft la parabole qui fatisfait à trois obfervations , quand on en a plufieurs qui fatisfont à deux de ces obferva- tions. On choiiit d'abord deux longitudes & deux latitudes géocentriques obicrvécs. On cherche des paraboles qui puiflènt fetisfaire à ces deu^K cbfervations : quand on a deux ou trois paraboles ,c'eft- à-dire, deux ou trois hypothefès qui s'accordent égalem.ent bien avec les deux obfenations , on calcule dans chacune de ces trois hypothefès le lieu de la comète au temps de la troifieme obfor\'ation , en cherchant le lieu du périhélie , la diftance aphélie , le rayon veâeur , la longitude hélio- centrique & enfin la longitude géocentri- que au temps de la troifieme obfervation , comme pour les planètes. Celle des différen- tes hypothefès , qui s'accorde le mieux avec la longitude de la troifieme obfervation, eft la m.eilleure , &c une fimple proportion fuftiî , quelquefois pour trouver une autre hypothefe qui fatisfalîë exaéteiricnt à toutes les trois obfervations. Cette méthode indirefte & de faulîè pofiticn, me paroît plus fimpîe & plus commode que les méthodes plus directes & plus élégantes , données par MM. Euler ^ Fontaine , &c. me elle l'eft tous les jours par le foleil & par la lune,& qu'une partie delà terre pourroit en être fubmergéc : c'eft l'objet d'un mémoire que j'ai publié cette année , & qui a pour titre : Réflexions furies comètes qui peuvent approcher de la terre ^ à Paris , chez Gibcrt. Ces calculs qui avoient été annoncés dans quelques converfations , occafionerent dans Paris la terreur & ks bruits les plus étranges ^ on prétendoit que j'avois prédit la fin du monde , & il a fallu que mon mémoire fût publié pour diffper les bruits populaires. J'ai fait voir dans cet écrit que , quoique ces rencontres de planètes foicnt très-poffibles , elles fiippofont tant de circonftances réirnies , qu'on ne fauroit en faire un objet de terreur. J'ai d'ailleurs obièrvé que la terre parcou- rant fix cents mille lieues par jour dans feu orbite , elle ne pouvoit être au plus qu'une heure de temps expofée à l'attraciiion d'une comète , & qu'il étoit difficile qu'en fi peu de remips les eaux puffent s'élever à une bien gramle hauteur. Cependant , il me paraît Ffffi ^c^6 C O M que (î Ton cherche une caufc phyfîque & na- turelle des révolutions anciennes de notre globe , dont on trouve des traces dans le fein de la terre comme au fommet des monta- gnes , on la peut trouver dans les approches de quelques-unes de ces comètes. On a vu précédemment , que ces corps font des planètes qui tendent à décrire au- tour du folsil des ellipfes fort alongées , qu'on peut même regarder la partie de leurs orbites où nous les pouvons obferver , comme une partie de parabole , & déterminer dans cette hypothcfe le lieu de fon périhélie , fadiftance du foleii à ce lieu & la pofîtion de l'orbite. Le temps d'une révolution périodique eft le feul élé'ment qu'on ne puifTe déduire d'une feule apparition , parce que rellipfe décrite par la com^/f, ne diffère d'une parabole , dans toute la partie oii l'on peut l'obferver , que d'une quantité qui échappe aux obfervateursi, ainfi , tout ce qu'on peut déterminer dans ce cas, c'eft un temps en-deçà duquel il eft im- pçffible que la comète reparoiffe. Ainfi , le premier problême qu'on fe doive propofer , c'eft de déterminer par les obfer- vations l'orbite d'une comète , fuppofce para- bolique ^ & le fécond eft de s'alfurer ii une foule apparition ne peut point faire détermi- ner l'orbite elliptique |, ou du moins forvir à en déterminer les limites. Comme la parabole , dont le foyer eft au foleii 5 n'a que quatre élémens -4 déterminer, favoir , fon ^paramètre , l'angle qiie fait avec l'écliptique le plan delà parabole ^l'interfec- tion de ce plan avec une ligne prife fur l'éclip- tique, & l'angle que fait l'axe de la parabole avec cette interfèâ:ion ou toute autre ligne donnée de pofition ;, fi on rapporte l'équation d'une parabole quelconque fur un plan quel- conque à l'écliptique & à une ligne donnée for î ecliptique , il fuffira de fubftituer dans cette équation trois valeurs obforvées des coordonnées , ce qui donne trois équations pour déterminer les quatre inconnues ^ en- foite fe fervant de l'équation qui fournit la proportionnalité des aires & des temps , on aura , en fubftltuant les valeurs obfervées , quatre équations pour déterminer les quatre inconnues. Si on cherchoit ainfi à réfoudre direéle- rnent le problême , on trouveroit bientôt que les quatre inconnues dépendent d'équations trop élevées pour que cette méthode puiffe C O M être employée f, aufli les géomètres fe font-ils occupés d'en chercher de plus commodes. r-Iewton a propofé de regarder d'abord l'or- bite comme rediligne , ce qui eft aflez exa£l: lorfque les obfervations fontvoifînes ^ Cafilni même , guidé par l'obfervation feule , avoit cru trouver que les comètes fe mouvoient en ligne droite ^ on fe fort enfuite de cette pre- mière approximation pour trouver les autres. Halley aperfeâiionné la méthode de fon maî- tre j le père Bofcovitz a publié deux difl'erta- tions, dont l'objet eft de rendre cette mé- thode plus ufuelle &. plus fûre. M. Fontaine &:M. Eulerontauffi travaillé forcettematie- re , & M. Laixell , digne élevé de cet homme illuftre , vient , d'après fes idées & fes vues , de donner un ouvrage particulier &: très-' étendu fur ce fujet. Il feroit étranger au but de cet ouvrage d'entrer ici dans des difcufîîons for le mérite de ces différentes méthodes^ toutes font très- ingénievffes , mais leur principal mérite doit être leur utilité pratique , & il n'y a que le tem^ps qui puiffe en décider f, je dis le temps , parce que les aftronomes , accoutumés à cer- taines méthodes, fe déterminent difficilement à en adopter d'autres;, en effet, il n'y a qu'une longue habitude qui rende praticables des opérations auffi longues & aufii compliquées que celles qu'exige maintenant l'aftronomie. Le focond problème a été examiné par plu- fieurs géomètres italiens, & ils ont prétendu avoir trouvé que lapparition qu'ils avoient calculée, fuffifoit feule pour déterminer l'or- bite elliptique : il eft aifé de voir qu'alors il faut quatre obforvations. Lorfque la même comète a paru deux fors , & qu'on connoît la diftance de temps qui s'eft écoulé entre fes deux partages au péri- hélie 5 on peut en déduire l'excenn-icité de fon orbite elliptique & la calculer. Il peut arriver que ces planètes foient dé- rangées dans leurs cours par TattradHoii d'une planète ou par celle d'une Siutre ccmete^ Halley , en calculant dans une cllipfe le mouvement de la comète de 1682 , avoit remarqué que le temps de fon retour pou- voit être retardé par l'aârion de Jupiter &. par celle de Saturne. Il calcula l'altération qui pouvoit être produite par Jupiter, l'évalua à un an environ , & annonça par conféquent que la demi- période foroit à-peu-près de 76 ^ ans environ 3 il laiffcit quelque latitude, foit C O M à ca-iife de Taftion de Saturne , à laquelle il n'avoit point eu égard, foit à caufe de l'ine- xaétitude de fon calcul pour celle de Jupiter ^ & cette inexaétitude qu'il attribua au peu de foin avec lequel il a fait lès calculs , venoit en grande partie de l'infuffifance de fa méthode. M. Clairault , en étendant aux comètes la méthode qu'il a donnée pour les équations de l'orbite lunaire , l'a appliquée à cette inêine comète de 1682 ^ il s'eft trouvé trente- trois jours d'crrejir entre le retour au péri- hélie , & le temps que fa théorie donnoit \, cette erreur , quieft d'undix-huitieme, puif- que la quantité qu'on cherche eftla différence des deux périodes , vient en partie de la na- ture du problême qui eft telle qu'on ne peut calculer cette différence , qu'en calculant les deux révolutions , enforte qu'une petite er- reur répandue fur tout cet eipace , en pro- duit une très-fenfible. Les théories que M. d'Alembert & M. Albert Euler ont auffi données des perturba- tions de comètes , n'ont été appliquées en dé- tail à aucune comète ; ainli on ne peut en ju- ger encore que comme de méthodes ana- lytiques , dignes du nom de ceux qui les ont propofées. Nous verrons à Yarticle PROBLEME des trois corps , que pourvu que nous ayons une quantité incomparablement plus petite qu'une autre , tant que cette incomparabilité aura lieu , le rapport de ces deux qualités pourra être regardé commue très-petit , & fes puiffauces négligées en comparaifbn du temps ou de l'arc parcouru. Pour appliquer cela aux comètes , nous dif- tinguerons plufieufs cas dans leurs perturba- tions j le premier où la force perturbatrice fera incomparablement plus petite que la forme principale ^ alors on emploiera la fup- pofition de l'orbite à-peu- près elliptique par toute la partie de fbn orbite où la comète eft dans ce cas. 2^. Le cas où Ve&et de la force perturba- trice d'iine planète fur une comète , eft beau- coup plus grand que celui de la planette prin- cipale ^ & ce cas , comme l'a obfervé M. d'Alembert , eft celui d'un fatellite ^ on fup- pofera donc que l'orbite de la comète , rap- portée à la planète , eft à-peu-près elliptique. Le troifieme cas eft celui qui échappe aux deux autres ^ dans le dernier cas , fi la planète ©u la comète perturbatrice font d'une piaiTe COM 557 incomparablement plus petite que le foleil , elles retomberont dans le premier cas, tant que leur diftance ne fera pas incomparable avec celle du foleil ç, donc lorfqu'elles ne fe- ront plus dans ce cas , leurs diftances au fo- leil pourront être regardées comme égales à très-peu-près ^ & par conféquent la folu- tion du problême des trois corps pourra en- core s'appliquer à ce cas. Il ne refte plus qu'à obferver que les arbi- traires néceffaires à la folution du problême des trois corps , devant varier ici par chaque partie de l'orbite qui exige une méthode dif^ férenteç,& toutes ces parties ne pouvant pas être obfèrvées, il en rcfiilte,que la détermi- nation de ces arbitraires devient très-difficile & très-incertaine ^ dans ce cas , il faut déter- miner les arbitraires de la partie où ces ob- fêrvations ne peuvent fè faire par les valeurs approchées que donne la folution de la par- tie précédente , & cette comparaifbn doit fè faire dans la partie qu'on peut regarder comme commiune aux deux foîutions. ( 0 ) Comète , ( Artificier. ) Les artificiers appellent ainfî les fiifées volantes dont la tête eft lumineufe aufli-bien que la queue , à l'imitation des comètes : quelques-uns les appellent Jlaml^oyantes.V. FusÉE VOLANTE. Comète ou de Manille , {Jeu de la ) jeu de cartes qui fe joue de la manière fuivante : l'enjeu ordinaire eft de neuf fi- ches , qui valent dix jetons chacmie , & de dix jetons l'on peut , comme l'on voit , perdre au jeu deux ou trois m.ille j«tons dans une féance. On fè fert de toutes les cartes , c'eft-à-dire des cinquante- deux : & l'on peut y jouer depuis deux perfonnes jufqu'à cinq \ le jeu à deux n eft cependant pas fi beau qu'à trois & au deffus. Il y a de l'avantagera faife au jeu de la comète. Les cartes battues , coupées à l'ordinaire , fe partagent aux joueurs trois à trois , ou quatre à quatre , & de cette manière \ vingt- fix à chacun , ii on joue deux perfonnes \ dix-fept , fi c'eft à trois , & il en refte une qu'on ne peut pas voir -% à quatre , treize ^ & à cinq , dix , & il en reftêra encore deux qu'on ne pourra point voir non phis. Toutes les cartes étant données , on les arrange félon l'ordre naturel en commen- çant par Tas , qui dans ce jeu , ne vaut qu'un, par le deux , le trois , ainfî du refte juf- qu'au roi. On coïnmence à jouer par telle yjî C O M carte qu'on veut , mais il efl plus avanta- geux cle jouer d'abord celle dont il y a le plus de cartes de faite : ainfi en fuppofant qu'il y ait depuis le fix des cartes qui fè fuivent jnfqu'au roi , on les jettera toutes l'une après l'autre , en difaiit fix , fept , huit, neuf, dix, valet, dame, & roi j mais s'il manquoit une de ces cartes , on nommeroit celle qui efè immédiatement devant , & on diroit y2z/z5 tel/e cane , qui fe- roit celle qui devroit fliivre celle qu'on dé- clare ^ il c'étoit le huit , par exemple , qui manquât dans ûi féquence , on diroit fept fans huit , &c. le joueur fliivant qui auroit \ù. carte dont l'autre manqueroit , continue- roit en la jetant , & diroit comme le pre- mier jufqu'à ce qu'il lui manquât quelque nombre dans fa fuite ^ auquel cas un au- tre qui auroit ce nombre , rccommenccroit de la même manière \ s'il avoit poulfc juf- qu'au roi , il continueroit de jouer p.ir telle carte qu'il voudroit. La différence des cou- leurs ne fait rien à ce jeu , pourvu que les cartes que l'on a forment une fuite jufte. Le joueur qui vient après celui qui dit huit fans neuf ^ ou toute autre carte , reprend le jeu s'il a le nombre manquant ^ fi ni lui , ni les autres ne l'ont , le premier qui a dit huit fans neuf ^ continue à jouer le refte de fou ]su par telle carte qu'il lui plaît , & fe fait donner un jeton de chaque joueur. Il faut , autant qu'on le peut , fe défaire de ^zs cartes les plus hautes en point , parce que l'on paie autant de jetons que l'on a de points dans toutes les cartes quireftcnt dans la main à la fin du coup. Ceux qui jouent petit jeu , ne donnent qu'autant de jetons qu'il leur refte de cartes. Il n'eft pas moins avantageux de fe défaire des as , parce que fi l'on attend trop tard à les jouer , on ne fe remet dedans qu'avec peine , à moins qu'on n'ait un roi pour rentrer. On doit don- ner une fiche ou mohis , félon la convention à celui qui joue la comète ; il n'eil plus reçu à la demander dès qu'elle eft couverte de quelque carte , Se elle efl perdue pour lui. Celui qui gagne la partie fe fait donner une fiche & neuf jetons , qui font la valeur de la comète de celui qui l'ayant dans fbn jeu , ne s'en efi: point défait dans le tour. Celui qui jette fur la table des rois qu'il a dans ihn jeu, gagne un jeton de chaque joueur pour chacun de £qs rois ; au lieu qu'il paie C O M un jeton à chaque joueur , & dix au ga- gnant , pour chacun des rois qui lui reftcnt : fi l'on paie par point , c'eft celui qui a plu- tôt joué {es cartes qui gagne la partie & les fiches que chaque joueur a mifes au jeu , fans parler des marques qu'il fë fait payer de chacun , félon qu'il a plus ou moins de car- tes ou de points dans fa main. Il n'eft pas permis de voir les cartes qu'on a déjà jouées , pour conduire fbn jeu & jouer plus avantageufement pour foi , à peine de donner un jeton à chaque joueur ; à moins qu'on ne lait décidé autreiiîent avant de commencer. Voilà les principales &: premières règles du Jeu de la comète ; elles ont beaucoup changé , & vraifemblablem.ent elles change- ront encore beaucoup , fi ce jeu continue d'être à la mode. On paiera plus ou moins , quand on fera opéra : faire opéra , c'cil jouer toutes fes cartes fans interruption j oi\ char- gera de conditions l'em.ploi de la comète ; on fera payer plus ou moins félon la carte pour laquelle on la mettra : à préiènt on peut la mettre pour toute carte : on fera perdre plus ou moins à celui dans la main de qui on la fera gorger , ou refter , c'eft la même chofe , &c. Nous ne nous piquons guère d'exadiitude fur ces chofes , elles en valent peu la peine ', d'ailleurs ce qui feroitcxadt dans le moment où nous écrivons , ceflèroit bientôt de l'être par le caprice des joueurs , qui ajoutent , ôtent des conditions au jeu , ou les altèrent. * COMETE , {terme de Blafon. ) Voyei Meubles d'armoiries. COMETE 5 adj. terme de Blafon : on dit face cometée , pour dire qu'elle a un rayon ondoyant , tel que celui delà comète caudée. Les pals comètes différent des flaniboyans ^ en ce que les comètes font mouvans du chef, & les flamboyans de la pointe en haut. {V) * COMEUS , ( Myth. ) fiirnom d'Apol- lon fous lequel il étoit adoré à Seîeucie , d'où fa ftafue fut portée à Rome , & placée dans le temple d'Apollon-Palatin. On dit que les fol- dats qui prirent Seîeucie s'étant mis à chercher dans le temple d'Apollon Comeus àzs tréfors qu'ils y fuppofoient cachés , il fortit par une ouverture qu'ils avoient faite , une vapeur empoifonnée qui répandit la pefte depuis cette ville jufques fur \q^ bords du Rhin \ c'efl- à-dire , que ce pillage & cette pefte (fi elle efl vraie ) arrivèrent en même temps , & que C O M le peuple toujours {uperftitieux & r aifonnant | à fa manière ordinaire , regarda 1 un de ces événemens comme la caufe de l'autre. Apollon-Comeus , c'eft-à-dirc Apollon a belU chevelure : l'idée poétique de donner à Apollon une belle chevelure blonde , vient , félon toute apparence, de la manière éparfe dont on vpit fes rayons lorfqu'ils tombent obliquement fur une forêt épaiffe , & qu'ils pallènt entre les feuilles des arbres comme de longs filets lumineux & blonds. Les Nau- cratiens célcbroient fa fête en habit blanc. COMICES, f. m. plur. (H/y?. anc. ) c'eft ainfi qu'on appelloit les aifemblées du peuple romain , qui avoient pour objet les affaires de l'état , comiîia. Elles étoicnt convoquées & dirigées ou par un des deux confuls , ou dans la vacance du confulat ,* par l'interrex , par un préteur , un didateur , un tribun du peuple , un fouverain pontife , ce qui n'étoit pas ordinaire , un décemvir , ou un édile. Les comices Çk tenoientou pourlekclion (d'un magiilratjOU pour quelque innovation dans les loix, ou pour une réfolution de guerre , l'addition d'un gouvernement , la dépofition d'un général , le jugement d'im citoyen. On s'afTcmbloit ou dans le champ de Mars , ou dans le marché , ou au capi- role. Les citoyens h^itans de Rome & les étrangers y étoient in(liftin£l:ement admis : il n'y avoit point de comices les jours de fétcs , les jours de foires , ni les jours malheureux. On ne comptoit dans l'année que 184 jours de comices. Ils étoicnt rem.is quand il tonnoit ou faifoit mauvais temps ;, lorfque les augu- res ne pouvoient ou commencer ou conti- nuer leurs obfervations. La liberté des aifem- blées romaines fut très- gênée fous Jules Céfàr , mioins fous Augufle , plus ou moins dans la fu ite ,{èlon le caradere des empereurs. La diftinftion des comices fuivit la diflribu- tion du peuple romain. Le peuple rom.ain étoit divifé en centuries , en curies & en tribus : il y eut donc , fur-tout dans les commencemens , les comices appelles comitia tributa , les cu- riata , & les centuriata. Ils prirent auffi des nom.s différeiis, fuivant les magiflratures auxquelles il falloit pourvoir ^ & il y eut les comices dits confularia , les prœtoria , les œdiiuia , cenforia ^ pontificia ^proconfularia , proprceîoria , & tribunitia , fans compter d'autres comices dont l'objet étant particu- lier j le nom l'étoit auITi; tels ^ue ks (:aiata% C O M 599 Comices dits cediliria , afï'emblées où l'on élifoit les édiles curules & plébéiens j elles étoient quelquefois convoquées par les tri- buns , quelquefois par les édiles j le peuple y éîoit diflribué par tribus. Comices dits calata ; le peuple y étoit dif^ tribué par curies ou par centuries. C'étoit un Iiâ:eur qui appelloit les curies :, c'étoit un cor- nicen qui appelloit les centuries \ elles étoient demandées par le collège des prêtres ; on y élifoit dans les centuries un rex facrificulus , & dans les curies un flamine ; on n'appelloit que dix-fept tribus : ce n'étoit donc pas pro- prem.entdes affemblées qu'on pût appeller comitia , mais conftlia ; on y faifoit X'zz a£les appelles adrogations , ou adoptions de ceux qui étoient leurs maîtres , fui juris ; on y paf foit les teftamens appelles de ce nom , tejla- menta calata ; on y agitoit de la cérémonie appellée detefiatio facrorum , ou de l'accom- pliffement des legs delHnés aux choies fa- crées , félon quelques-uns, ou de la confë- cration des édifices , félon d'autres. Comùces dits cenforia , aifemblées où l'on élifoit les cenfèurs : le peuple y étoit diflri- bué par centuries ^ un des confols y préfî- doit j le cenfeur élu entrcit en charge ini - médiatement après l'élecèion , à m.oins qu'il n'y eût quelque caufe de nullité. Comices dits centuriata , affemblées où le peuple étoit diftribué en 193 centuries :^ on y décidoit les affaires à la pluralité des voix des centuries j on en fait remonter l'infti- tutioii jufques fous le roi Servius Jullius 5 on y élifoit , au temps de la république , \qs confuls , les préteurs , les cenfèurs , les proconfiils , le rex facrorum 3 on y délibéroit des loix , des traités de paix , des déclara- tions de guerre , du jugement d'un citoyen in crimine perduellionis. Les coniîils y pré fi- doient ^ en leur abfence c'étoient \^s diéta- teurs, les tribuns militaires qui avoient puif^ fance confulaire , les décemvirs appelles le- gibus fcribendis , l'interrex ^ on les annonçoit au peuple par des crieurs, eu par des afî^ehes ou publications faites dans trois marchés con- fécutifs^ on ne lestenoit point dans la ville , parce qu'une partie du peuple s'y trouvoiten annes ^ c'étoit au champ de Mars j quand les quefleurs ou tribuns du peuple préfî- doient, il ne s'agifîbit que du jugement d'un citoyen : cependant il falloit que le çomiçç fût ^îv^ifé par le cozifentement d'im ^00 C O M cônfiil. Lorfque l'objet de raiTemblée étoit ou la publication d'une loi , ou le juge- ment d'un citoyen , elle n'avoit point de jour £xe j s'il s'agilloit de l'éleftion d'un magif- trat , elle fe faifbit néceflairement avant que le temps de la fonâion de cette magiftra- ture fût expiré. Il n'y eut cependant de jour fixe qu'en 600 \ on prit le premier janvier. Il falloir toujours l'agrément du fcnat , & il dépendoit de lui d'infirmer ou de con- firmer la délibération du comice. Ces aftes de defpotifme déplaifoient au peuple j & Quintus Pubiius Philo parvint , pour les ré- primer, à faire propofer au peuple les fujets de délibération , & les fentimens du fénat , par le fénat même ;, ce qu'on appelloit au- torcsfieii. Le peuple devint aufli juge des délibérations du fénat , au lieu que le fénat avoit été jufqu'alors juge des fiennes. Quand le fénat vouloit Aqs comices , on les publioit comme nous avons dit j le jour venu , on confultoit les augures , on facrifioit^ & s'il ne furvenoit aucun obftacle , le préfident conduifoit le peuple au champ de Mars ; là il propofoit le fujet de la délibération , & l'avis du fénat , & difoit au peuple : rogo rosy quirites , velitis ^ jubeatis ^ &c. Aufli- tôt chaque citoyen fe rangeoit dans fa claiTe & dans fa centurie ;, on commènçoit à pren- dre les voix par la première claife , & dans cette clafle par les dix-huit centuries des chevaliers j on paiToit enfuite aux quatre- xîingt centuries reftantes. Quand le confen- tement étoit unanime , l'alFaire étoit pref- que terminée. Si les fentimens étoient par- tagés, on prenoit les voix de la féconde claffe j en cas de partage des voix , on pre- noit celle de la troifiem.e ^ & ainfî de fuite jufqu'à la quatre- vingt- dix-fept. En cas d'é- galité de voix dans les cinq premières claf- fes ou dans les 192 centuries qui les com- pofoient , la fixieme claife décidoit. On al- îoit rarement jufqu'à la quatrième ou cin- quième clafle. Sous la république, on mettoit tous les noms des centuries dans un vaiifeau , & l'on en tiroit au fort le rang de voter. La première centurie tirée , s'appelloit centuria prcerogativa. Les autres centuries adhéroient ordinairement à fon avis , & cette centu- rie à l'avis de celui qui votoit le premier. Les candidats ne négligeoient donc pas de «'affurer de cette première voix. Les cen- C O M turies qui donnoient leurs voix après la pre- mière , félon que le fort en avoit ordonné , s'appelloient jure vocatce. Il importoit en- core beaucoup de s'aifurer de la voix du pre- mier de chaque jure vocata. Ces comices par curies repréfenterent dans la fuite les comices par tribus ^ au lieu qu'an- ciennement on n'enfroit point en charge , fans avoir été élu par les comices appelles trihutaria èc centuriata. Alors le peuple vq- toit à haute voix \ comme cela n'étoit pas ^ài\s inconvénient , il fut arrêté en 61 1 , fur les repréfentations du tribun Gabinius , que les voix fe prendroient autrement. On em- ploya des tablettes. S'il s'agiflbit des loix , il y avoit defliis la tablette les lettres V, R. uîi rogas , ou la lettre A antiquo. Pour l'é- leéiion d'un magiftrat , on mettoit fur la tablette la première lettre de fon no m. On diftribuoit de ces tablettes au peuple , par \qs diribiteurs ^ puis lacenturiediteT^/'^roij^- tiva , appellée par un crieur , approchoit 8c entroit dans une enceinte \ on en recevoit les tables fur le pont à mefure qu'elle paf- foit \, on les jetoit dans des urnes gardées par les cujîodes , pour empêcher la fraude : quand \qs tablettes étoient toutes reçues , les cujîodes ou gardiens les tiroient des urnes, & féparoient celles qui étoient pour & con- tre 5 ce qui s appelloit dirimere fujfragia ; ils marquoient les fuffrages par différence , par le moyen de points j d'où l'on a fait omne tulit punâum. On annonçoit au peuple le côté pour lequel étoit la différence , & de combien qWq étoit de points ^ & ainfi des autres centuries : quand il y avoit égalité de voix pour & contre , & que par conféquent la différence étoit nulle , on n'annonçoit point cette centurie , on la paffoit fans mot dire , excepté dans les affaires capitales, ou quand il s'agiffoit d'emploi ^ alors on faifoit tirer au fort les candidats. Pour le confulat, il falloit avoir non feulement l'avantage des fuffrages fur fes compétiteurs , mais réunir plus de la moitié des fuffrages de chaque centurie. Quand l'éledion étoit valable , celui qui tenoit les comices difoit : quod mihi , //la- gijiratuique meo , populo , plebique romance bene atque féliciter eveniat^ L. Murcenamcon- fulem renuntio. Cela fait , les cow/Vm fè fépa« roient \ on accompagnoit l'élu jufques chez lui avec des acclamations , & l'on rendoit les mêmes honneurs à celui qui fortuit décharge. CQmicis C O M Comices confalaires : le peuple y ^toit diftri- hxxé par centuries ; ony elifokies confuls. Les premiers fe tinrent en 245 par Sp. Lucretius , interrex pour lors, & on y nomma confuls M. Jun. Brutus & Tarquinius Collatinus. On créa fouvent un interrex pour préfider à ces cornlcesy quand l'éledion des confuls ne fe pouvoir taire au temps marqué. L'interrex fous lequel l'éleflion des confuls fe commençoit, n'en voyoit pas ordinairement la concluiion , fon règne n'étant que de cinq jours. On en créoit un fécond. Ce fut dans la fuite â un exconful à tenir les comices confulaires. Au défaut d'exconful , on faifoit un didateur. Ils fe tenoient à la fin du mois de juillet , ou au commencement d'août. Lorfque les féances étoient interrompues, l'éleélion duroit juf- qu'au mois d'odobre. Cependaat les candi- dats au confulat s'appelloientcc/z/u/j defignésy confules defignati ; & la fondion des dida- teurs ne fîniflbit qu'au premier janvier ; & avant qu'on eut fixé le premier janvier , qu'au commencement de mars. Alors les confuls défignés entroient en exercice. Comices dits cwiata y aflèmblées où le peuple étoit diflriftlié dans fes trente curies , & où l'on terminoit les affaires félon le plus grand nombre de voix des curies. On en fait remonter l'origine jufques fous Romulus. On dit qu'à la mort d'un roi , on en élifoit un autre par curies : c'étoit alors un interrex qui tenoit les comices ^ dans la fuite ce furent les confuls, les préteurs, les didateurs, les in- terrex, les fouverains pontifes, auxquels ce- pendant les hifloriens n'attribuent pas ce droit unanimement. On délibéra dans ces comices des loix & des affaires capitales des citoyens ; on y procéda à l'éledion des pre- miers magiftrats , jufqu'à ce que Servius Tul- lius inflitua les comices dits centuriata , & y transféra les aifaires les plus importantes. Les augures y étoient appelles, parce qu'ils ne fe tenoient jamais fans les avoir confultés. On y décidoit de ce qui concerne le commande- ment des armées , les forces des arrflées , des légions qu'on accordcroit aux confuls , du gouvernement des provinces , & autres affai- res relatives à la police & à la guerre. C'étoit encore dans ces alfemblées que fe faifoient les adoptions , les teftamens , l'éledion des fiamines y &c. elles n'étoient compofées que des habitans de Rome , parce qu'il n'y avoic Tome VIIL C q M ^01 qu*eux qui fufTent divifés en curies : le marche romain en étoit le lieu. On y étoit convoqué par des crieurs. Celui qui y préfidoit , propo- foit l'affaire ; puis il ajoutoit : fi ita vobis vi- detury Quintes y difcedite in carias ^ fuffra~ gLum imie : chacun fe rangeoit dans fa curie ; on tiroit au fort le rang des curies ; elles don- noient leurs fufîrages , qu'on ne prenoit que jufqu'à ce qu'il y eût feize curies d'un mémo avis. Les délibérations étoient précédées par des augures , & elles n'avoient lieu qu'en cas qu'il ne s'opposât rien de leur part. Lorfqu'on eut inftitué les comices dits tributia, les droits des comices dits curiata fe réduisirent à fi peu de chofe , que les trente lideurs des curies s'aiîemblerent feuls , & décidèrent des affaires pour lefquelles on avoir auparavant convoqué les curies. Au refle ils ne fe tinrent jamais qu'aux jours comitiaux , fans égard pour la faifon. Comices dits pontificia : le peuple y étoic par tribus; on élifoit un fouverain pontife; on tiroit le rang des tribus au fort; l'unanimit» de dix-fept tribus fufhfoit pour l'éledion. Ce fut un pontife qui les convoqua , & qui les tint jufqu'à ce que ce droit eût été transféré aux confuls par la loi domitienne. Comices dits prcetoria : le peuple y étoit par centurie ; on y élifoit les préteurs : ils étoient tenus par un conful. Comme il y avoit quelquefois jufqu'à dix préteurs à nommer, & que le nombre des candidats étoit grand , les féances duroient fi long-temps qu'on divifoic l'éledion , & qu'on difîeroit celle de quelques préteurs. Ces comices fe tenoient un , deux, trois jours ,.& rarement plus tard, après les comices confulaires. Comices dits proconfularia & proprtxtoria : le peuple y étoit par tribus ; on y élifoit les proconfuls& les propréteurs, lorfque les cas? î'exigeoient, comme pîufieurs gouvernemens de provinces à remplir , pîufietirs guerres à conduire , une feule guerre ou un (eul gou- vernement, auquel les deux confuls ou pré- teurs prétendoient en même temps. Quant**^ la manière de les tenir , voye\ les comices dits centuriata. Comices dits quœjîoria : le peuplé y fut paf curies; on *y élut les quefleurs jufqu'à ce que ce droit fut transféré aux comices par tribus. Ils étoient tenus par un conful ; on y procé- doit par curies dans le marché romain ; & par tribus dans le champ de Mars. 6oi C O M Comices àksfacerdotu/n : le peuple y étoit par tribus ; on y elifoit les prêtres ; le conful y préiidoit. Comices dits tribunitia : i!s fe tenoient par tribus; on y elifoit les tribuns militaires. Ils commencèrent en 393 ; les uns étoient au choix du peuple , les autres au choix du géné- ral , & on les diftinguoic des premiers par le Rom de trihuni rafuli. Il ne faut pas confondre ces comices ni avec ceux où l'on elifoit les tribuns militaires confulari potefiaie , ceux-ci étoient par centuries ; n; avec ceux où l'on créoit les tribuns du peuple. Quoique le peuple y fût par tribus , ils n'étoient point tenus par un conful , mais par un tribun. Comices dits tiibuta : afîèmblées où le . peuple éroit divife^ en fes trente- cin; tribus; ils commencèrent en 2^3, dans l'cifFaire de Marcius Coriolan , & la loi publilia les auto- rifa en 18:. Dans les comices par centuries, tout dépendoit, comme on a vu, de la pre- : miere clafTe ; dans ceux-ci , au contraire , ! c'étoir le peuple entier qui décidoit. Les capi- . tecenfi ou pwletarii y ou ceux de la fixieme . clafle , pouvoient autant que ceux de la pre- i iniere. On y elifoit tous les magiftrats compris ' fous la dénomination de magifiratus urbani \ minores ordinani ; favoir les édiles curules I & plébéiens , les tribuns du peuple, les quef- ! teurs , les triumvirs dits capitales , les trium- i virs noâurnes , les triumvirs dits monetales ; ; les magiftrats dits urbani minores extraordi' j narii , comme les préfets des vivres , les duumvirs dits navales ^ les quefteurs du parri- I cide ,' les infpeâeurs des rues & chemins , les quinquevirs mûris turribufque reficiendis y \ les triumvirs ou quinquevirs dits menfarii^ \ les magiftrats dits provinciales ordinarii y \ comme les proconfuïs , propréteurs , & prù- quefteurs ; les magiftrats dits provinciales ex- traordinarii ,' comme les triumvirs , les quin- quevirs ou feptemvirs colonice deducendce aut cgris dividiindis _, quelques-uns des tribuns r^itaires qu'on appelloit par cette raifon tri- huni comitiati , & les prêtres des collèges. On y faifoic auiTi les loix SippelUes plébifcites j on y jugeoit les citoyens , mais non pour caufe capitale; ils pouvoient y être cdndamnés à l'amende ou à l'exil: on y décernoit le triom- phe ; on y traitoit des privilèges des citoyens , des alliances , de l'exemption de la loi , éc Ils étoient tenus par les dièateurs , les confuls , C O M les tribuns militaires confulari poteftate , les préteurs , & les tribuns du peuple , avec cette différence que ces derniers ne pouvoient que décider des affaires , & qu'il appartenoit aux premiers à pourvoir aux dignités. Ces afîèra- blées fe pouvoient faire fans le confentement du fénat, & les augures ne pouvoient ni les empêcher, ni les retarder. On y elifoit les magiftrats dans le champ de Mars ; on y expé- dioit les autres affaires , ou au capitole , ou dans le marché romain. Ils fe tenoient les jours comitiaux ; on n'afîèmbloit que dix-fept tribus pour l'éledion d'un prêtre ; & celui qui en a'voit neuf pour lui, étoit nommé. Ces comices par tribus ne méritoient , à propre- ment parler , que le nom de concilia plebis ; aucun patricien n'y affiftoit, n'étant point formés du peuple en entitr, mais feulement du commun du peuple , plebsy Hed. lex. * Comice , {Hijî. ancj endroit de Rome dans la vii)*^ région, au pié du mont Palatin , vers le capitole , proche le marché romain , où fe tenoient ordinairement les comices par cu- ries ; il n'étoit, félon toute apparence , fermé que d'un mur percé de deux portes , par une defquelles une curie fortoit, tandis que la curie fuivante entroit par fautre, félon l'ordre gardé dans les ovilia ou fepta au champ de Mars. Il ne fut couvert qu'en 545. On y fit aufîi des portiques ; on y éleva des ftatues : c'étoit-là qu'éroit le puteal libonis y ou l'autel où les. magiftrats prêroient ferment; le figuier fau- vage fous lequel la louve avoir alaité Remus & Romulus ; la grande pierre noire que Ro- mulus choifit de fon vivant pour fa tombe , Ùc^ On y puniffoit les malfaiteurs ; on y fouettoit à mort ceux qui avoient corrompu des vefîa- les : il fe voit aujourd'hui entre les églifes de fainte Marie la Libératrice & de faint Théo- dore. Les anciens y jouoient à la paume ; & Caton s'y exerçoit quelquefois. COMILLAN, (GéogJ V. Comittan. COMIQUE , adj. plaifam, qui excite à rire , qui appartient à la comédie ; aventure- comique y propos comique y figure comique y flyle comique. Comique, fubft. un comique y c'eft-à-dire, un acteur comique y un poète comique. Le- comique y c'eft-à-dire, le genre de la co-^ médie. C'eft le comique de la troupe. Mo- lière eft le modèle des comiques. Le comique corrige les mœurs* C O M Comique , pris pour le genre de la comé- die ei\ un terme relatif. Ce qui eil comique '■ pour tel peuple , pour telle fociété , pour tel j homme , peut ne pas l'être pour tel autre. 1 L'effet du comique réfulte de la comparaifon { qu'on fait , même fans s'en appercevoir , de fes mœurs avec les mœurs qu'on voit tourner en ridicule , & fuppofe entre le fpedateur & le perfonnage repréfenté une différence avanta- geufe pour le premier. Ce n'efl pas que le même homme ne puifTe cire de fa propre image , lors même qu'il s'y reconnoît ; cela vient d'une duplicité de caractère qui s'obferve encore plus fenlîblement dans le combat des pafîions , où l'homme eft fans cefTe en oppofl- tion avec lui-même. On fe juge , on fe con- damne , on fe plaifante , comme.un tiers, & l'amour-propre y trouve fon compte. ï^oye\ Raison, Sentiment, Identité. Le comique n'étant qu'une relation , il doit perdre à être tranfplanté ; mais il perd plus ou moins en raifon de fa bonté eflèntielle. S'il efl peint avec force & vérité, il aura toujours , comme les portraits de Vandeyk & de Latour, le mérite de la peinture , lors même qu'on ne fera plus en état de juger de la refTemblance ; & les connoifTeurs y appercevront cette ame & cette vie , qu'on ne rend jamais qu'en imi- tant la nature. D'ailleurs fî le comique porte fur* des caraderes généraux & fur quelque vice radical de Thumanicé , il ne fera que trop ref- femblant dans tous les pays & dans tous les iîecles. L'avocat patelin femble peint de nos jours. L'avare de Plante a fes originaux à Paris. Le mifanthrope de Molière eût trouvé les fiens à Rome. Tels font malheureufement chez tous les hommes le contrafte & le mé- lange de l'amour-propre & de la raifon , que la théorie des bonnes mœurs & la pratique des mauvaifes , font prefque toujours & par- tout les mêmes. L'avarice, cette avidité infatiable qui fait qu'on fe prive de tout pour ne manquer de rien ; l'envie , ce mélange d'eflime & de haine pour les avantages qu'on n'a pas ; l'hy- pocrilie , ce mafque du vice déguifé en vertu ; la fîatrerie , ce commerce infâme entre la baf- feffe & la vanité: tous ces vices & une infinité d'autres, exifleront par-tout où il y aura des hommes, & par-tout ils feront regardés comme | des vices. Chaque homme méprifera dans fon j femblable ceux dont il fe croira exempt , & { prendra un plaifir malin à les voir humilier ; ' C O M 605 ce qui afTure à jamais le fuccés du comique qui attaque les mœurs générales. Il n'en eft pas ainfi du comique local & momentané. Il efî borné pour les lieux & pour les temps , au cercle du ridicule qu'il attaque j mais il n'en efl fouvent que plus louable , at- tendu que c'efl lui qui empêche le ridicule de fe perpétuer & de fe répandre , en détruifant fes propres modèles ; & que s'il ne refTemble plus à perfonne , c'efl que perfonne n'ofe plus lui reffembler. Ménage qui a dit tant de mots , & qui en a dit fi peu de bons , avoit pourtant raifon de s'écrier à la première repréftn ration des précieufes ridicules : courage , Mol ère , voilà le bon comique. Obfervons , à propos de cette pièce , qu'il y a quelquefois un grand art à charger les portraits. La méprife des deux provinciales, leur emprefTement, pour deux valets traveftis , les coups de barons qui font le dénouement , exagèrent fans doute le mépris attaché aux airs & au ton précieux ; mais Mo- lière , pour arrêter la contagion , a ufé du plus violent remède. C'eft ainfi que dans un dénoue- ment qui a efTuyé tant de critiques, & qui mérite les plus grands éloges , il a ofé envoyer l'hypocrite à la grève. Son exemple doit ap- prendre à fes imitateurs à ne pas ménager le vice , & à traiter un méchant homme fur le théâtre comme il doit l'être dans la fociété. Par exemple , il n'y a qu'une façon de ren- voyer de deffus la fcene un fcélérat qui faic gloire de féduire une femine pour la désho- norer : ceux qui lui refîèmblent trouveront mauvais le dénouement; tant mieux pour l'auteur & pour l'ouvrage. Le genre comique françois , le feul dont nous traiterons ici , comme étant le plus parfait de tous ( voyei CoMÉDIE ) , fe divife en comi" que noble, comique bourgeois y & bas comi- que. Comme on n'a fait qu'indiquer cette di- vifion dans Vanicle CoMÉDiE, on va la dé- velopper dans celui-ci. C'efl d'une connoif- fance profonde de leurs objets, que les arts tirent leurs règles, & les auteurs leur fécondité. Le comique noble peint les mœurs des grands, & celles-ci différent àcs mœurs du peuple & de la bourgeoifie, moins par le fond que par la forme. Les vices des grands font moins groJÏîers, leurs ridicules moins cho- quans ; ils font même, pour la plupart, fi bien colorés par la polirefïè , qu'ils entrent dans le caractère de l'homme aimable : ce font de« Gggg 2 6o4 COU poifons aflaifonnés que le fpe'culateur d^com- pofe ; mais peu de perfonnes font à portée de les étudier, moins encore en état de les faifir.. On s'amufe à recopier le /)^r/r/;2tz/rre fur lequel tous les traits du ridicule fontépuifés, &dont la peinture n'eft plus qu'une école pour les jeunes gens qui ont quelque difpofition à le devenir ; cependant on laiflè en paix V intri- gante, le bas orgueilleux , le preneur de lui- même , & une infinité d'autres dont le monde eft rempli : il eft vrai qu'il ne faut pas moins de courage que de talent pour toucher à ces caraderes; & les auteurs du/it:/2:-/TrtC(?nf& du glorkux ont eu befoin de l'un & de Tautre : mais aulFi ce n'eil: pas fans efFort qu'on peut marcher fur les pas de l'intrépide auteur du tartufe. Boileau racontoit que Molière , après lui avoir lu le mifamhrope , luiavoit dit: vous j-'errei bien autre chofe. Qu'auroit-il donc fait fî la mort ne Tavoit furpris , cet homme qui voyojt: quelque chofe au delà du mifamhrope ? Ce problème qui confondoit Boileau , devroit être pour les auteurs comiques un objet conti- nuel d'émulation & de recherches ; & ne fût-ce pour eux que la pierre philofophale , ils fe- roient du moins en la cherchant inutilement , mille autres découvertes utiles. Indépendamment de l'étude réfléchie des mœurs du grand monde , fans laquelle on ne fauroit faire un pas dans la carrière du haut comique, ce genre préfente un obflacle qui lui eft propre, & dont un auteur eft d'abord effrayé. La plupart des ridicules des grands fontfi bien compofés, qu'ils font à peine vifibles. Leurs vices fur-tout ont je ne fais quoi d'impofant qui refufe à la plaifanterie : mais les firuations les mettent en jeu. Quoi de plusférieuxen foi que le mifanthrope? Molière le rend amoureux d'une coquette ; il efl comique. Le tartufe eft un chef-d'œuvre plus furprenant encore dans .l'art des contraftes : dans cette intrigue fî co- mique y aucun àes principaux perfonnages ne le feroit , pris féparément ; ils le deviennent tous par leur oppofition. En général , les carac- tères ne fe développent que par leurs mélanges. Les prétentions déplacées & les faux airs font l'objet principal du comique bourgeois. Le. progrès de la politefTe & du luxe l'ont rap- proché du comique noble, mais ne les ont point confondus. La vanité qui a pris dans la bour- geoifie uii ton plus haut qu'autrefois , traite de grofîier tout ce qui n'a pas l'air du beau monde. C O M C'eft un ridicule de plus , qui ne doit pas em- pêcher un auteur de peindre les bourgeois avec les mœurs bourgeoifes. Qu'il lailTe mettre au rang des farces Georges iandin, le malade imaginaire, \qs fourberies de fcapin, le bour- geois gemilnomme , & qu'il tâche de les imiter. La farce eft l'infipide exagération , ou l'imita- tion groffiere d'une nature indigne d'être pré- fentée aux yeux des honnêtes gens.^ Le choix àts objets & la vérité de la peinture caradéri- fent la bonne comédie. Le malade imaginaire, auquel les médecins doivent plus qu'ils ne pen- fent, eft un tableau aufti frappant & aulïï moral qu'il y en ait au théâtre. Georges dan- din , où font peintes avec tant de fagefTe les mœurs les plus licencieufes , eft un chef- d'œuvre de naturel & d'intrigue; & ce n'eft pas la faute de Molière 11 le fot orgueil plus fort que fes leçons , perpétue encore l'alliance des dandins avec les foteni'illes. Si dans ces modèles on trouve quelques traits qui ne peu- vent amufer que le peuple , en revanche com- bien de fcencs dignes des connoifieurs les plus déHcars ? Boileau a eu tort, s'il n'a pas reconnu l'auteur du Mifanthrope dans l'éloquence de Scapiii avec le père de fon maître ; dans l'avarice de ce vieillard ; dans la fcene des deux pères ; dans l'amour des deux fils, tableaux dignes de Térence ; dans la confeftion de Scapm qui fe croit convaincu ; dans fon infolence dès qu'il fent que fon maître a befoin de lui, Ùc Boi- leau a eu raifon , s'il n'a regardé comme in- ' digne de Molière que le fac oij le vieillard eft : enveloppé : encore eût-il mieux fait d'en faire la critique à fon ami vivant , que d'attendre ! qu'il fût mort pour lui en faire le reproche. 1 Pourceaugnac eft la feule pièce de Molière I qu'on puifTe mettre au rang des farces ; & dans ' cette farce même on trouve des caraâeres ; ; tel que celui de Sbiigani , &c des fîtuations telles que celle de Pourceaugnac entre les deux i médecins , qui décèlent le grand maître.^ j Le com-qae 'bas, ainfi nom.mé parce qu'il i imite les mœurs du bas peuple, peut avoir, comme les tableaux flamands, le mérite du coloris , de la vérité & de la gaieté. Il a auffi fa finefTe & fes grâces ; & il ne faut pas le 1 confondre avec le comique groffier : celui-ci j confîfîe dan:, la manere; ce n'eft point un ; genre à part , c'eft nn défaut de tous les genres. : Les amours d'une bourgeoife & l'ivreflè d'un C O M marquis, peuvent être du comique grojjîer ^ comme coût ce qui bleffs le goût & les mœurs. Le comique bas au concraire eil: fufceptible de délicatefTe & d'honnêteté ; il donne même une nouvelle force au comique bourgeois & au comique noble, lorfqu'ii contrafte avec eux. Molière en fournit mille exemples. Voye:^ d^ns le dépit amoureux , la brouillerie & la réconciliation entre Mat/iurine & gros.-René, où font peints dans la {implicite villageoife les mêmes mouvemens de dépit & les mêmes retours de tendrefîè , qui viennent de fe pafTer dans la fcene des deux amans. Molière , à la vérité , mêle quelquefois le comique grojjler avec le bas comique. Dans la fcene que nous avons citée , voua ton demi-cent d'épingles de Paris, eft du comique bas. Je poudrois bien aujjl te rendre ton potage, eft du comique grojjier. hz paille rompue yt^ un trait de^énie. Ces fortes de fcenes font comme des miroirs où la nature, ailleurs peinte avec le coloris de l'art, fe répète dans toute fa {implicite. Le fecret de ces miroirs feroit-il perdu depuis Molière ? Il a tiré des contraftes encore plus forts du mélange des comiques. C'eft ainfi que dans \efefiin- de -Pierre , il nous peint la cré- dulité de deux petites villageoifes , & leur facilité à fe laifTer féduire par un fcélérat dont la magnificence les éblouit. C'eft ain{i que dans le bourgeois gentilhomme , la groffiéreté de Nicole jette un nouveau ridicule fur les prétentions impertinentes & l'éducation for- cée de M. Jourdain. C'eft ain{i que dans V école des femmes l'imbécillité d'Alain & de Georgette {i bien nuancée avec l'ingénuité d'Agnès , concourt à faire réufîir les entre- prifes de l'amant , & à faire échouer les pré- cautions du jaloux. Qu'on nous pardonne de tirer tous nos exemples de Molière ; fi Ménandre & Térence revenoientau monde, ils étudieroient ce grand maîcre , & n'étudieroient que lui. Cet article ejî de M. de Marmontel. COMIRS, f.m.pl. (Littér.) farceurs la plupart provençaux, fâchant mufique , jouant des inftrumens , & débitant les ouvrages des troubadours : ils fuccéderent en France aux hiftrions , où on leur donna encore les noms de conteurs , jongleurs , mufars , plaifan- tins y pantomimes , &c. COMITE, f m. C^^^firie.) officier de galère qui commande la chiourme, & qui a le C O M 605 j foin de faire ramer les forçats. V. Marine y PL II y lett. Z y \e comité en fondion fur une galère à la rame. (Z) COxMITÉ du Parlement y ( Jurijp.) eft l'afTemblée des commifîaires nommés par le parlement pour examiner d'abord entr'eux quelqu'afFaire publique ou de la compagnie , & en rendre compte enfuite à tout le parle- ment affemblé. Kqye:^ Commissaires dit Parlement ù Parlement. (A) ^ COMITTAN, (Geogr. mod.) ville de TAmérique feptentrionale dans la nouvelle Efpagne, province de Chiapa. Cette ville eft appeîlée Comillan par M. de Lille. COMMA , f m. terme de Gram. ù d'Impr. Ce mot eft grec, ««'«,««, fegmen y incifum. Quintilien , vers le commencement du ch. iv du liv. IX y fait mention des incifes & des membres de la période , incifa quce KÎfiuurx , membra quce KuXtu. Les incifes font un fens partiel qui entre dans la compofition du fens total de la période , ou d'un membre de pé- riode. V. Construction & Période. On donne aufti le nom d'incife aux divers fens particuliers du ftyle coupé : Turenne eJî mort; la vicloire s'arrête; la fortune chan^ celé; c'eft ce que Cicéron appelle incifim dicere. Cic. orat. cap. Ixij ^ Ixvij. On appelle auflî comma une forte de ponc- tuation qui fe marque avec les deux points: c'eft de toutes les ponduations celles qui après le point indique une plus forte féparation. Le {leurLcroi, ce fameux protede Poitiers, dans fon traité de l'orthographe qui vient d'avoir l'honneur d'être augmenté par M. Reftaut; le' fieur Leroi , dis-je , foutient que la ponâua- tîon des deux points doit être appeliée comma, & que ceux qui' donnent ce nom au point- virgule Çont dans l'erreur. Apparemment l'ufage a varié; car Martin Fertel , Richeîet, & le didionnaîredeTrevoux, édition de 1721, difent que le comma eft la ponâuation qui fe marque avec un point & une virgule: le fîeur Leroi foutient au contraire que malgré le fentiment de ces auteurs, la ponduation du point- virgule eft aip^eWée petit que par tous les imprimeurs ; parce qu'en effet ce fîgne fert à abréger la particule latine que , quand à la fuite d'un mot elle fignifie Ù : par exemple illaq; hominefq; deofq; au lieu de illaque hominefque, deofque. Icx'û ne s'agit que d'un fait y on n'a qu'à confulter les imprimeurs ' 6o6 C O M ainfi le prote de Poitiers pourroit bien avoir raifon.Noiis verrons Hl » ^'^• de même on pourroit dire que le rapport de la diagonale au côté du quarré^, eft 7 , j , 77 , ±1 ^ il ^ &c. quoique dans le fait il ne foitque V"T~. D'après cette réflexion , M. de Boifge- !ou , confeiller au grand confeil de Paris , & habile géomètre , mort en 17154,3 imaginé que le rapport d'un intervalle devoit être in- commenfurable , lorfque les mufîciens lui aftîgnoient plufieurs expreflions , dont la diffé- rence eft ce qu'on appelle un comma. En effet , pour déterminer les rapports de tous les inter- valles , on part de la fuppofîtion , que ceux de la cierce majeure & de la quinte font connus par expérience , & dans chaque calcul , on combine ces deux rapports concurremment: cependant chacun des deux doit dépendre de l'autre : il ne faut recourir à l'expérience que pour en connoître un , & le fécond doit être tiré du premier par le calcul : de même que quand on a mefuré le diamètre d'un cercle , on connoît fuffifamment fa circonférence , Jont la mefure aduelie ne donneroit qu'une approximation. Je prends donc pour connu le rapport de la tierce majeure , dont la jufteffe eft la moins douteufe , & je nomme celui de la quinte : : /z ; z. Je parcours toutes les notes par ordre de quinte, & je forme la table fuivante : b b b b b h \) fa> ut>M> re, la y mi, fi y fa y ut, fol y % >K X % XK ^ M Te y la, mi, fi, fa, ut, fol, re, la, mi, fi, dont les notes auront refpedivement pour va- 876543 210 leurs numériques n, n, n, 11, n, n, n, n, n, i^-a— 3 — 4 — î — 6 — 7 — 8 — 9 — 10— II — Il n , n , n , n , n , n , n , n , n , n, n, n; enfuite pour ramener tous ces fons à une fnême oûave , je confîdere que ut , par exem- pie, dont la valeur eft /z, eft à la quatrième C O M oftava de Vat qui fuit immédiatement Vut na- , j 1 , , 3ié 4-7 turel , donc la valeur de cet ut eft 2. n. Pat cette méthode, je conftruis la table fui v^nta: ut, ut, re, re, re, mi, mi, mi, fa, fa, fa^ t m ^ K b n b fol} fol, fol, la, la, la, fi, fi, fi, ut, ut, dont les notes ont refpedivement pour va- 00 4—7 35 1—25—9 leurs numériques xn, zn, zn, zn, zn, 23 2— 46 II — 58 — 113 — 6 — 46014—8 zn, Zn, zn, zn, Zn, Zn, zn,zn, zn, -341—3 5—10—222—56 — 12^—57 — 10 zn , Zn , zn , zn , zn , zn , z n, zn. Il ne faut donc plus que déterminer n : pour y parvenir je fais : : 5 : 4 le rapport de la tierce o o 2—4 4 majeure , & j'ai zn: zn:: 5 : 4 ; donc n = 4— 4 — 5 & n = V 5. Or V 5 a dû naturellement être confondue avec | qui en eft une ap- proximation très- forte. Il eft aifé maintenant d'avoir le rapport numérique d'un inter- valle quelconque : fî dans fon exprefîîon Tex- pofant de n eft une puifîànce de 4 , le rap- port eft jufte & commenfurable ; li l'expofant eft tout autre nombre , le rapport eft incom- menfurable, & il faut fubftituer 7 à /i comme approximation. Ainfi le rapport de la tierce 3 4 mineure eft : : 4 : « ou : : 4 /z .- n , c'eft-à- dire : : 4 /z ; 5. Si on fubftitue 7 à n, le pre- mier rapport devient : : 32 : 27, & le fé- cond : : 6 : 5 ; ce font ces deux approxima- tions qui ont été prifes pour des valeurs réel- les. Le rapport de la féconde mineure eft : : 3 5 3 3 3 833 2:/i;:2:5/2::2/z;7z::2/z : 25. L'ap- 3 proximation du rapport : ; 2 : 5 ra eft : : 16: 3 3 15 , & celle de : : 2 n; 25 eft : : 27 : 25. Ce font ces deux rapports qui ont été donnés pour vrais. Le rapport de la féconde majeure 2 4 z 2 eft : : /Z : 2 : : n : 2 /i : : 5 : 2 /i. Par la fubfti- 2 2 tution de I à /z le rapport : : n : z devient : : 9 ; 8 , & le rapport : : 5 : 2 n devient : : 10 : 9 qu'on reconnoît pour les deux qui ont été trouvés.M.deBoifgelou appuyoit cette théorie C O M fur une foule d'autres preuves qu'il feroit trop long d'inférer ici. Remarquons qu'un inter- valle eft diatonique, fi dans fon exprefîion l'ex- pofant de n eft depuis o jufqu'à 6 ; chromati- que , fi rexpofant eft depuis 6 jufqu'à 12; en- harmonique, depuis 1 2 jufqu'à 1 8. Si l'expofant de n eft pre'cifcment 6 , l'intervalle eft à la fois diatonique & chromatique ; c'eft le pafTage de l'un à l'autre : fi l'expofant eft 12 , l'intervalle eft à la fois chromatique & enharmonique. Voyei Tempérament. (G. C.J COMMAND , f. m. (Jurifp.J ce terme (jgnifie quelquefois celui qui , foit dans un contrat d'acquifition volontaire , foit dans une adjudication par décret , déclare qu'il acheté pour lui ou pour un ami élu ou à élire, & qu'il nommera dans la fuite. Ce même terme co/72- mand fignifie plus fouvent celui qui a donné charge à un autre d'acquérir pour lui. Cette manière d'acquérir eft fort commune en Anjou & au Maine. Les coutumes de Peronne , Cambrai , & Artois , en parlent nommément ; & elle eft permife dans toutes les autres coutumes qui ne la prohibent pas expreftement. La déclaration de ce que l'on acheté pour foi ou pour un autre , doit être faite dans le contrat même , fi c'eft une vente volontaire. A l'égard des ventes par décret , comme l'adjudicataire n'eft pas tenu de figner l'adjudi- cation avec fon procureur , on tient que s'il ne l'a pas fignée , il peut , en confignant dans les délais portés par les réglemens , c'eft-à-dire , dans la huitaine , ou quinzaine au plus, faire fa déclaration de command , c'eft-à-dire , que l'adjudication eft pour lui ou pour fon ami i\u ou à élire ; ce que la coutume d'Auvergne appelle ^cAer^r pour foi ou pour fon mieux : ce mieux fignifie le droit que l'acquéreur fc réferve de chôifir un command ou ami pour acquéreur à fa place. A l'égard du temps dans lequel l'acquéreur ou adjudicataire doit nommer le command , c'eft-à-dire , l'ami pour lequel il a fait l'acquifi- tion, les coutumes ne font pas uniformes ; quel- ques-unes veulent que cette déclaration foit faite dans quarante jours , telle que Peronne, art. 88, celle d'Amiens accorde un an , art. 3 j & 34y celle d'Artois ne fixe point le temps: dans celle de Cambrai il n'y a que quarante )ours pour les fiefs , & un an pour les autres héritages : le délai de quarante jours paroît le plus convenable. C O M 607 Il eft indiffèrent que l'acquéreur ou adjudi- cataire ait configné de fes deniers ou de ceux de fon ami , pourvia qu'en confignant il ait fait la déclaration de command. La nomination du command doit être faite pour le même prix, charges, claufes, & condi- tions : autrement ce feroit une revente qui pro- duiroit de nouveaux droits feigneuriaux. Il faut auffi que lors de la nomination les chofes foient entières, c'eft-à-dire, que l'acqué- reur n'ait pas fait ade de propriétaire en fon nom , par exemple , qu'il ne fe foit pas fait re- cevoir en foi & hommage , & payé les droits. Si le command ou ami nomme n'ayant pas donné de pouvoir pour acquérir , reflifoit d'accepter l'acquifition , le premier acqué- reur demeureroit propriétaire , fans que pour cela il fût dû doubles droits. Voye\ le tr. des fiefs de Guyot , tome III , ch. ii> y fecl. 3 , Ù la pratique des terriers de M. de Freminville , tome I y p. ii$o. (AJ COMMANDS , (grandsy hauts, ou petits^ Jurifpr, font les injondions ou commande- mens que les fecretaires & fergens font de l'ordonnance de juftice & par fon mande- ment , pour faire déhvrer la poifelfion. Il en eft parlé au ftyle de Liège , & en la coutume de Namur, art. z&, &: dans les coutum.es des fiefs de ce comté. ("AJ COMMANDANT , f . m. fHiJi. mod. ù Art, milit.J Ce nom pris en général , fignifie un officier militaire qui a autorité fur une armée , un corps de troupes , & tant fur les officiers que fur les foldats. En le reftreignant à un fens plus particulier, il fignifie dans les troupes de France un officier qui commande en chef à tout un bataillon. Qia- que bataillon a un commandant, qui eft ordi- nairement le plus ancien capitaine ou le capitai- ne des grenadiers de ce même bataillon-. fO ) COMMx\NDATAIRE ou COMMEN- DATAIRE , fubft. mafc. Cette dernière orthographe eft plus ordinaire. On appelle v'e ce nom en Jurifprudence un eccléfiaftique féculier qui eft pourvu par le pape à titre de commende d'un bénéfice régulier , tel qu'une abbaye ou un prieuré , avec le droit de pro- fiter des fruits du bénéfice tant qu'il en fera polTeflëur. La qualité de commendataire eft oppofée à celle de titulaire. Le bénéficiée titulaire eft celui qui eft pourvu en titre du bénéfice ; le commendataire eft celui qui en eft pourvu en commende feulement. Il ^ a 6o8 C O M des abbés & des prieurs commendataires. A l'égard des évéchés & cures , on ne peut pas les conférer en commende. Le concile d'Aix tena en 158^ , veut que les bénéficiers commendataires tiennent un milieu entre la vie des réguliers & celle des eccléfiaftiques féculiers , tant dajis leur vête- ment que dans leur nourriture &: leurs meu- bles : il veut qu'ils portent la tonfure plus grande que les féculiers ; qu'ils fallènt atten- tion que l'adminiftration des biens des monaf- teres ne leur a pas été confiée pour vivre dans le luxe , dans la prodigalité, ni pour enrichir leurs familles ; mais pour en faire un pieux ufage , comme d'un bien dont ils n'ont pas la propriété , & dont ils doivent rendre compte à Dieu. Biblioth. canàn. au mot abbé. Les abbés commendataires font confidérés dans réglife corpme conftitués en dignité, & comme de vrais prélacs ; ils prennent pof- feiîïon de leurs églifes abbatiales , baii'ent l'autel , touchent les livres & ornemens , prennent féance au chœur en leur première place; ils peuvent être juges délégués , & ont féance dans les conciles & autres affemblées. Dans les abbayes qui ont territoire & jurif- didion , ils exercent la jurifdiûion fpiri- tuelle : ils jouiflent des mêmes honneurs que les abbés titulaires, excepté qu'ils ne portant point la croix pedorale. Ils ont rang au ïief- fus de tous les prélats inférieurs , même tiru- laires ; & lorfqu'ils décèdent , leur églile eil j dite vacante. 1 Suivant la difpoficion de plufieurs conciles j depuis le concile de Trente , les abbés com- mendataires font tenus de fe faire promou- voir à l'ordre de prétrife dans l'an de hurs provifions , faute de quoi au bout de deux ans leurs bénéfices font déclarés vacans & împétfables. Mais plufieurs obtiennenn en cour de Rome des difpenfes de non promo- vendo j' ces difpenfes ne font que pour un temps , mais elles fe réitèrent plufieurs fois. Les abbés commendataires y quand même ils feroient cardinaux , n'ont point le droit de vifîte ni de correûion fur les religieux de leur abbaye : ils peuvent néanmoins difpofer des places m.onacliales dans les monalleres qui ne font pas en congrégation , à moins que les religieux ne juftifient d'un ufage & pofTefïion contraire ; & dans les monafteres même où les abbés commendataires ont cédé C O M aux religieux le droit de nommer aux places monachales , ils peuvent obliger les fupé- rieuts d'y mettre un certain nombre de re- ligieux. Ils peuvent aufïï nommer aux béné- fices dépendans de leur abbaye , & aux of- fices de juftice, pourvu que la juftice foit dans leur lot. Il faut appliquer tout ce qui vient d'être I dit des abbés aux prieurs commendataires y qui font fujets aux mêmes règles , & jouif- fent àes mêmes droits en tant qu'ils peuvent appartenir à la qualité de prieur. Les religieux ont leur menfe conventuelle féparée de cdle de l'abbé ou prieur commen- dataire : fi leur part confiile en une penfion , ils font toujours reçus à demander un partage en nature. »• Lqs commendataires ne peuvent , en faveur des religieux, diminuer les droits de leur bé- néfice , au préjudice de leurs fucceffeurs. Voye\ le traité des matières bénéf. de Fuet , liv. ly ch. des abb. & liv. II y Ù ch. ij y de la divif. des bénéf. & le tr. de F abbé commendat, par de Bois- franc. (A) COMMANDE ou COMMENDE, (Mat, hénéfic.J fignifie garde-dépôt. Donner un béné- fice en commende, c'eft donner en garde à un féculier un bénéfice régulier , lequel ne peut être conféré en titre qu'à un régulier, fuivant la règle fecularia fecularibus ) regularia regu- laribus , qui étoit la difcipline obfervée dans les premiers fîecles de l'églife. Quelques-uns rapportent l'établifTement des commendes à Urbain II , d'autres à Clé- ment V, d'autres encore à Léon IV, mais i'ulàge en.paroît encore plus ancien. En efïèt, on voit que dès le temps du troi- fieme concile d'Orléans , tenu fous Childe- bert en 53S , l^^'^ évêques donnoient à des clercs féculiers les monafîeres qui étoient dans leurs diocefes , de même qu'ils leur don- noient des cures & des chapelles , & que l'é- vêque avoir le pouvoir de conferver au clerc qu'il avoit mis à la tête d'un monafiere , la part qu'il avoit dans les revenus de l'églife féculiere à laquelle il étoit attaché , ou de l'obliger à fe contenter de ce qu'il pourroit avoir du monaftere. S. Grégoire le grand qui fiégeoit fur la fin du fixieme fiecle , admettoit qu'il y a des cas où la charité , qui eft au defîus des règles , autorife l'ufage de donner des monafteres en conimendt C O M commende â des clercs féculiers : Paulin évê- que de Tour en Sicile , s'étant retiré en Sicile, ce S. pontife lui donna la conduite d'un mo- naftere , comme le defiroit levêque du lieu. Du temps de Clotaire , S. Léger étant ar- chidiacre de Poitiers , eut par Tordre de fon évêque l'adminiftration de l'abbaye de S. Maixent , qu'il gouverna pendant fix ans. On voit par-là que le pape n'étoit pas le lèul qui conférât des bénéfices réguliers en commende , que les évêques en conféroient aufli fous le même titre. Les princes donnèrent même àes abbayes à des laïques : Charles Martel maire du palais fut le premier qui dilpofa ainfi des abbayes , de même que des dîmes , en faveur des prin- ces & fèigneurs , pour les récompenfer de la dépeniè qu'ils avoient faite dans la guerre contre les Sarrafins. C'eft de-là que vinrent les noms âHabbates milites ou abbi-comitts : ceux-ci établiffoient un doyen ou prieur pour gouverner des moines. Ces e^eces de com- mendes laïques continuèrent fous les rois , leurs enfans , & fous leurs fucceffeurs , juf- qu'à Hugues Capet, qui rétablit les élcftions dans les églifes & monafteres , & reftitua autant qu'il fut poflîble les revenus qui avoient été pris par les derniers rois de la race carlo- vingienne. Pour ce qui eft des commendes eccléfiafti- ques , elles n'ont jamais été pratiquées parmi nous pour les évêchés ni pour les cures , mais feulement pour les abbayes & prieu- rés, tant fimples que conventuels. Les commendes eccléfiaftiques ne furent introduites que pour l'utilité de l'églife, c'eft pourquoi le commendataire n'avoit pas la jouiffance , mais feulement l'adminiftration des fruits : d'abord la commende ne duroit que jufqu'à la provilîon ^ enfuite on la donna pour un temps limité , quelquefois aiTez long. Le pape défendit aux évêques de donner un bénéfice en commende pour plus de fix mois : mais la loi ne fut point pour le légiflateur j les papes donnoient en commende jufqu'à ce que le commendataire eût acquis les qualités nécefTaires. Enfin en 1350 les papes , fans permettre aux évêques de donner en com- mende pour plus de fix mois , en donnèrent à vie. Difcip. de Frapaolo , ». 148. Tant que les papes & les évêques , en con- férant des bénéfices réguliers en commende , n'ont eu eu vue que le biea de l'égtife & ce- Tome nu. C O M ^op lui des monafteres , les pères & les conciles n'ont point condamné cet ufàge : mais vers les viij & ixe fiecles elles dégénérèrent en abus \ & lorfqu'on vit que ces commendaCai- reslaifToient tomber en ruine les monafteres , que le fèrvice divin étoit abandonné , les re- ligieux fans chef, & manquant du nécefTaire, l'églife s'eft élevée fortement contre les com- mendes, par rapport au mauvais ufàge que les commendataires en faifoient, & a or- donné en différentes occafions que les ab- bayes ne fèroient plus conférées qu'à des ré- guliers : c'eft ce que l'on trouve dans le conb- cile de Thionville , tenu en 844. Jean VIII , préfident au concile de Troyes fous le règne de Louis le Bègue , y fit rece- voir une conftitution , qui en conformité d'un précédent concile de Rome , portoit que les abbayes , terres, & fonds de l'églife , -ne fèroient plus donnés qu'à ceux qui fèroient capables de les pofléder fuivant les canons. Le concile de Troley tenu fous Charles le Simple , s'expliqua encore plus clairement fur ce point : après s'être élevé fortement contre l'abus que l'on avoit fait des commen- des , il ordonna que l'on obfèrveroit exac- tement la règle de S. Benoît , qui veut que les religieux choifîffent un d'entre eux pour gouverner le monaftere en qualité d'abbé. L'ufàge des commendes laïques cefîa y comme nous l'avons dit , du temps de Hu- gues Capet, mais l'abus des commendes con- tinua encore par rapport aux eccléfiaftiques : les évêques , foit de leur autorité ou de celle du pape , retenoient encore les abbayes fbus le titre de commende ; & il arriva fi-équem- ment dans les xij & xiije fiecles que les évê- ques titulaires en la Terre-fainte en étant chaf les par les infidèles , le pape leur donnoit d'autres évêchés ou des monafteres en com- mende perpétuelle. Des cardinaux & autres prélats demandè- rent ces monafteres en commende , fous pré- texte d'y mettre la réforme j ce qu'ils ne fi- rent point. Les commendes devinrent très-communes dans le xive fiecle , tandis que le faint-fiege étoit à Avignon : Clément V les avoit telle- ment multipliées , qu'il crut ne pouvoir répa- rer le tort que fa trop grande facilité avoit fait à l'églife , qu'en révoquant lui-même toutes les commendes qu'il avoit accordées. Benoît XII révoqua celles de Jean XXII - H h h h éio C O M fon prédéceiTeur ) & Innocent VI celles de ) Benoît XII. Elles fuient néanmoins rétablies 1 par Urbain VI , & par Boniface IX , mais ïculement pour un temps. Paul II , eu 1462 , les rendit perpétuelles. Le cinquième concile de I.atran tenu en 1512 , défendit que les monafteres qui n'é- toient point en commende y fulfent donnés à l'avenir ; mais le pape s'étant réfervé la fa- culté d'y déroger 5 l'uiage des commendes con- tinua comme auparavant : il fembloit encore abrogé , du moins pour la France , par le concordat fait en 15 16 entre Léon X & François I , cependant les chofes font ref- tées iur le même pié. Le concile de Trente & les conciles pro- vinciaux qui ont été tenus depuis , notam- ment celui de Rouen en 1581 , & celui de Rkeims en 1583 , fe font contentés de faire des vœux pour le rétablillément de l'ancienne di£'ipline. II y a préfentement en France deux fortes de commendes , qui ne font plus pour un temps comme autrefois , mais à vie. Les premières font celles des abbayes & des prieurés conventuels , auxquels le roi nomme en vertu du concordat. Les autres font des prieurés fimples ou conventuels , qui font à la nomination des princes , cardinaux , abbés , & autres qui ont des induits du pape enrégiflrés & recon- nus au parlement pour les donner en corfi- mende. Mais comme les provifions en com- mende ibnt contre la difpoiîtion du droit ca- nonique 5 & que le pape fèul peut diipenfer de l'inhabilité des perfonnes , Q n'y a que lui qui puiflé conférer en commende avec lapleine diipofîtion des fruits. Au refte la commende ne change point le bénéfice de nature , quelque temps qu'il ait été polTédé en commende. Un bénéfice autrefois en commende , qui eft depuis retourné en règle , c'eft-à-dire qui a été conféré à un régulier , ne peut plus être pofTédé en commende (ans obtenir une nouvelle difpeufe du pape. On diftingue encore deux fortes de co/72- mendes , fàvoir la commende libre , & la com- mende décrétée. La commende libre eft celle à laquelle le pape n'a appofé aucune reHriâion , de ma- nière que le bénéfice peut palfer d'un béné- ficier à un autre à titre de commende fùns nou- C o M velle difpenfè du pape , lequel en ce cas ne peut refufer de le conférer en commende. La commende décrétée eft lorfque dans les provifions données par le pape d'un bénéfice régulier , il y a le décret irritant ou claufe que le bénéfice retournera en règle par la démifiion , réfignation , ou décès du titu- laire , cedente vel decedente. Celui qui poflède un bénéfice en commende décrétée , ne peut le réfigner en commende li- bre ; cependant s'il y a voit eu trois titulaires qui euffent fiicceflivement poflédé en com- mende y le quatrième ne fèroit pas obligé de faire mention du décret irritant. Quand un bénéfice pofledé en commende vient à vaquer , le collateur ordinaire peut y pourvoir en titre , c'eft-à-dire le conférer à un régulier. Un féculier pourvu en commende fe faifant religieux , fon bénéfice vaque par fa profef- fion. Voye^la bib. can. t. II. , p. 1 59. Duper- ray , moyens can. t. Il , ckap. xj ^ P^g' 328. Dumoulin , de public, rejlg. n. 302. Loiiet y. ibid. Fuet 5 liv. Ill , ch. ij. le diclionn. de Brillon , au mot bénéfice , §. commend. le tr, des loix eccléfiaji. de M. d'Héricourt , aux différensendroits indiqués dans la table , aux articles abbayes & abbés commendataires ; & la jurifpr. cajion. au mot commende. [A) Commande ou Commende , (Jurifpr.) • en la coutume de Bayonne , titre iij , article I , Çignï^Q dépôt. Commande , en quelques coutumes , eft un droit qui fe levé fur les ferfs affranchis par leur fèigneur. Coût, de Chateauneuf^art. 22 y. la charte de tan 1278 , ch. Ixviij , des coût*, locales de Berry. Commande , eft auffî en quelques lieux la taille due par des hommes de condition fer- vile \ elle eft ainfi nommée dans t article 2^ des coutumes locales de Château- Mellian en Berry , dans la charte d! afi'ranchijfement des habitons de Gournay , de fan 1278 , publiée par la Thaumaftîere entre fès anciennes cou- tumes , part. I , ch. Ixxiv , p. 109. Droit de commande , en l'ancienne cou- tume de Mehun en Berry , art. 2 , tit. ij , eft le droit que le fèigneur prend chacun an fur les veuves de condition ièrvile , durant leur viduité , pour connoifiance bc confervation de fon droit de fèrvitude ^ il eft de deux de- niers parifîspar an. Dans la coutume de Châ- tcauneuf iQcale de Eerry y titre ij , art. 22 , C O M ce droit fè levé furies femmes fèrves mariées à autres qu'à ceux de la condition & fervi- tude du feigneur ^ ce droit y eft de quatre deniers par an. F'oyei Lauriere , ghjàire , au mot Commande. Commande , en matière bénéficiai e, voye^ Commande. Commande de bejiiaux , eft un contrat par lequel ou donne à un laboureur ou à un paf- teur une certaine quantité de bétail , tels que bœufs , vaches & moutons , à la charge que le preneur les nourrira & en jouira comme un bon père de famille , & qu'au bout d'un cer- tain temps il le repréfèntera afin que le bail- leur prélevé defiusl'eftimation, &:quelefiir- plus ou le croît fe partage entre lui &: le pre- neur. Quelques-uns confidcrent ce contrat comme une vente , d'autres comme une fo- ciété , d'autres enfin comme un louage. Cette queftion eft amplement traitée par RevelyLrr lesjiatuts de Bugey. Voyei ChePTEL. (A) Commande , ( Commerce. ) ordre , com- mifîîon qu'un marchand donne à fbn com- miflîonnaire de lui acheter , vendre ou négo- cier des marchandifes. DiSionn. de Comm. de tacad. franc. & Trév. Commande , fè dit aufll des ouvrages que les manufaéiuriers , marchands ou arti- isiws font ou font faire par ordre exprès j ce qui \ts diftingue des ouvrages fabriqués pour la boutique ou le magafin , qui fe vendent au premier venu. On dit une étoffe de com- mande , &c. Diâionn. de Comm. ù de Trév. Commande , (Marine. ) ce mot eft crié par l'équipage pour répondre au maître , qui a appelle de la voix ou du fifflet pour quel- que commandement qu'il va faire. ( Z ) Commande , (Marine. >c'eft ainfî qu'on appelle de petites cordes de merlin , dont les garçons de navire font toujours munis à la ceinture afin de s'en pouvoir fervir au befoin ^ elles fervent à ferrer les voiles , & à renforcer les autres manœuvres. Elles font faites de deux fils à la main dans le bond. On les appelle autrement rabans. Il y a des commandes de palans. ( Z ) COMMANDEMENT , f. m. ( Gram- maire. ) il fe dit , & de l'aftion de celui qui commande, comme dans cette phrafe , // eft abfolu dans fon commandement ; & de la chofe commandée , comme dans celle-ci , voici les commandemens de Dieu ; & du di'oit de commander ôc de fe faire obéir, comme C O M êit \ dans celle-ci, le roi lui a confié le commande- ment defes armées. Voye[^ quant à cette der- nière acception, l'article COMMANDANT. Commandement , en terme defortifica^ tion, c'eft une éminence ou une élévation de terre qui a la vue fur quelque pofte ou fur quelque place forte. On diftingue trois fortes de commande- mens : 1°. le commandement de front ^ c'eft une hauteur oppofée à la face du pofte ^ qu'elle bat par le front , voye[ FRONT : 2°. le commandement de revers , qui peut battre un pofte ou une place par derrière : 3°. le commandement d'enfilade , ou le com- mandement de courtine ; c'eft une hauteur qui peut battre d'un feul coup toute la lon- gueur d'une ligne droite. V. Enfilade. Le commandement e& fimple lorfque la hau- teur qui commande eft élevée de 9 pies plus que le terrain commandé. Il eft double lorf- qu'elle eft élevée de 1 8 pies \ triple quand elle l'eft de 27 , & ainfi de fuite en prenant toujours 9 pies pour un commandement. Comme les commandemens dans les envi- rons des places , pourroient fervir très-avan- tageufement à l'ennemi pour en foudroyer les ouvrages , on unit autant qu'il eft poflible le terrain autour des places à la diftance de 1000 ou 12000 toifes , qu'on peut confidérer comme la portée ordinaire du canon. On ne foufFre dans cet efpace ni arbres , ni hauteurs , nicheminscreuxoù l'ennemi puiflefe cacher j lorfqu'il s'en trouve on \qs fait combler. On rafe les hauteurs , finon on s'en faifit parjquel- que ouvrage ou quelque pièce de fortification, ou bien l'on couvre les endroits commandés par des traverfes. Voye^ TRAVERSES. (Q) Commandement , ( Jurifpr. ) fignifie en général une injonétion faite à quelqu'un de la part du roi ou de la juftice. Arrêt en commandement , eft un arrêt du confeil d'en haut , qui eft figné en comman^ dément par un fecretaire d'état. Il y a aufti d'autres dépêches que les fe- cretaires d'état fignent en commandement , telles que les lettres patentes portant règle- ment général , les lettres de cachet , les bre- vets & dons du roi , & les provifions \ les princes ont des fecretaires des commandemens dont les fondions font de contre-figner & de feeller leurs ordonnances, mandemens, commiflions , provifions d'offices & de bé- néfices. Hhhh 1 €ii C O M Commandement , en terme de pratique^ eft un adte extrajudiciaire fait par un huif- fîer ou fergent , en vertu d'un jugement ou d'une obligation en forme exécutoire , par lequel CQt officier interpelle quelqu'un de faire , donner ou payer quelque chofe. Le commandement diffère d'une fimple fomma- tion en ce que celle-ci peut être faite , iàns titre exécutoire , & même fans titre , au lieu que le commandement ne peut être fait qu'en vertu d'un titre paré , dont l'huiflier doit être porteur. Quoique ce commandement fe faffe à la requête d'une partie , il eft toujours dit que c'eft de par le roi & jujiice ^ parce qu'il n'y a que le roi &: la juftice au nom defquels on puifle ufer de contrainte. Toute exécution que l'on veut faire fur la perfonne ou iiir les biens d'un débiteur doit être précédée d'un commandement de payer à peine de nullité ^ il faut qu'il y ait du moins un jçnir d'intervalle entre le commandement & la faifie , ou l'emprifonnement. Dans l'ufage commun un fimple comman- dement , non fuivi d'afîîgnation , interrompt la prefcription pendant 30-ans^ parce que ce n'eft qu'un ade extrajudiciaire qui ne tombe point en péremption^ mais au parlement de Bordeaux le commandement eft fujet à lapé- remption de même que les autres procédu- res, c'eft pourquoi on le renouvelle tous les trois ans ,& il n'interrompt point la prefcrip- tion trentenaire. Lapeyrere , lett.. P , n. 87. C'eft aufîi une jurifprudence particulière à ce parlement, qu'un fimple commandement fait courir les intérêts , au lieu qu'ailleurs il faut une demande judiciaire. V, Bretonnier en fon recueil de quejiions , au mot intérêt, ' Itératif commandement , eft celui qui a été précédé d'un autre commandement; c'eft or- dinairement celui qui précède immédiate- ment la faifîe-exécution , faifîe-réelle ou em- prifonnement : on fait néanmoins quelque- fois plufieurs itératifs commandemens , mais deux commandemens fiifîifènt pour en venir aux contraintes ^ favoir le premier qui doit précéder de 14 heures , & Vïtéï2^.\ï comman- dement qui fe fait lors des contraintes. Commandement recordé , eft celui pour le- quel l'huifTier ou fergent eft afTifîé de deux records ou témoins qui fignent avec lui le commandement. Cette formalité qui s'obfer- voit autrefois dans tous les exploits , a été abrogée par l'ordonnance de 1667 3 mais elle C O M a été confèrvée pour certains exploits , du nombre defquels font les commandemens qui précèdent une faifîe-réelle. Voye^déclaration du zi mars l6ji ^ & tacle de notoriété du châtelet , du 1^ mai 1699. (A) COMMANDER, {Gramm.) v. aa. qui a plufieurs acceptions difTérentes , qu'on peut voir aux articles COMMANDEMENS. Commander a la route 3 {Marine.) c'eft donner la route , & prefcrire celle que doivent tenir les vaifTeaux. Dans une armée navale c'eft l'amiral qui commande la route qu'il faut faire j dans une efcadre c'eft le commandant j dans un vaif- fèau de guerre c'efè le capitaine '■, dans un vaiflèau marchand c'eft le pilote. (2) COMMANDERIE ,. f. f. {Hifi.mod.) efpece de bénéfice deftiné pour récompen- fer les fervices de quelque membre d'ua ordre militaire. Voyei CHEVALIER. Il y a des commanderies régulières obte- nues par l'ancienneté & par le mérite , il y en a d'autres de grâce accordées par la vo- lonté du grand-maître. Voye\ Comman- de rie. [Jurifprud.) Il y en a aufîi pour les religieux des or-- dres de S. Bernard & de S. Antoine. Les rois de France ont converti plufieurs hôpi- taux de lépreux en commanderies de l'ordre; de S. Lazare. V. Lépreux ^ S.Lazare. Je ne com.pare point les commanderies avec les prieurés , parce que ces derniers fe peuvent réfigner , à moins que ce ne foient des prieurés de nomination royale , mais de quelque nature que foit une commanderie j elle ne fauroit être réfîgnée. Ce font donc des biens afïeftés pour l'entretien du che- valier & pour le fèrvice de l'ordre. Il y a des commanderies dans l'ordre de Malte de différentes efpeces j les unes pour les chevaliers , les autres pour \ç^% chape- lains , d'autres enfin pour les frères fervans» Le nom de commandeur donné à ceux qui pollèdent les bénéfices appelles comman- deries , répond affez bien au nom de prœpo^ fitus , donné à ceux qui avoient infpeftion fur les moines des lieux éloignés du monaf- tere principal , & dont l'adminiftration étoit appellée obedientia , parce qu'elles dépen- doient entièrement de l'abbé qui leur avoit donné \à.Q,ovi\m\^\ox\.\-.Q% commanderies fîm- ples deMalte font de même plutôt des fermes de l'ordre que des bénéfices. Ik paient une CO M tehte ou tribut appelle refponfion , au tréfor commun de l'ordre. Dans l'ordre du S. Ef- prit , les prélats qui en font revêtus font nommés commandeurs de tordre du S. Ef- prit , & les grands officiers font qualifiés de commandeurs des ordres du roi , comme les chevaliers font nommés Amplement c/ieva- liers des ordres du roi : mais ce titre de com- mandeur n'emporte avec foi nul bénéfice. Henri III avoit delTein d'affigner un titre de bénéfice ou commanderie à chaque cheva- lier ^ mais les affaires dont il fut accablé après l'inititution de cet ordre , & fa mort fatale arrivée en 1 589 , empêchèrent la réuf fite de ce deffein. Par provifion il affeda une fomme pour chaque chevalier ou com- mandeur , & aujourd'hui l'on taxe aufli a quelque fomme la plupart des charges du royaume pour le même fujct, &cesfommes particulières fe portent chez les tréforiers du Hiarc d'or , qui font les fonâ:ions de tréfo- riers pour les ordres du roi. Il n'en eft pas de même dans les ordres militaires en Efpa- gne , où les commandeurs jouiifent réelle- inent d'un revenu plus ou moins fort , atta- ché aux commanderies dont le roi en qualité dp grand- maître les a gratifiés. Les commanderies des trois ordres d'Efpa- gne font des conquêtes que les chevaliers de ces ordres ont faites fur les infidelles , & ces commanderies font différentes félon la nature &la valeur du terrain qui fut conquis par ces chevaliers. (G) [a) Commanderie , (/z/r(//jr.) dans l'origine n'étoit qu'une fimple adminiftration des re- venus d'un bénéfice que l'on donnoitenco/7z- mende , en dépôt. Préfentement il y en a de deux fortes^ les unes qu'on appelle régulières ; d'autres, qu'on ^Y>pe\\Qfécu/ieres. Les commanderies réguliè- res font celles qui font établies dans certains ordres religieux en faveur y pour être confé- rées à des religieux du même ordre. Il y en a dans l'ordre régulier & hofpitalier du S. Efprit de Montpellier ^ ces commanderiesÇont de vrais titres de bénéfices perpétuels & non révocables par le grand-maître ni par les autres fupérieurs majeurs, elles ne peuvent être conférées en commende , c'eft-à-dire à des fécuiiers , pas même à des cardinaux , mais doivent être remplies par les religieux profès du même ordre. Arrêt du grand-con- fdl y du 14 mai 1710, Ces bénéfices exi- C O M ^15 gent une adminiftration perfonnelle , une réfidence a<^uelle & un vœu particulier dans la perfonne du pourvu , qu'on appelle le vcpu d' hofpitalité y & qui eft le quatrième que les religieux de cet ordre font obligés de pro- feffer. Ceux qui font pour^'us de ces comman- deries font obligés de faire \&^ fondions curia- les dans leurs hôpitaux , & d'adminiftrer le fpirituel comme le temporel : ils ne gagnent point tous les fruits comme les autres com- mandeurs & commendataires , mais ne pren- nent que viclum & vejiitum , 8c appliquent lé furplus au foulagement des pauvres. Il y a aufli des commanderies régulières dans l'ordre de S. Antoine de Viennois, qui. font éleâiives , confirmatives , & ne font pas fujettes à 'la nomination du roi. Arrêt du confeil du ^ feptembre 1585, Les commanderies feculieres font celles qui fout établies en faveur de certains ordres mi- litaires , dont quelques-uns font en même temps réguliers & hofpitaliers , tels que celui de S. Lazare , celui de Malte , & autres^ ces commanderies ne font point de vrais bé- néfices , mais feulement le droit de jouir des revenus d'un bénéfice que l'on confère à des laïques qui font chevaliers profès du même ordre. Il y a des commanderies de ri- gueur que les plus anciens chevaliers obtien- nent à leur rang ^ & d'autres de grâce , que le grand- maître confrère. Dans l'ordre de Malte il y a plufîeurs fortes de co/Tz/Tza/z^er/w ; il y en a d'aiîêâées à des religieux du même ordre , d'autres aux chapelains , d'autres aux chevaliers , d'autres aux frères fèrvans. Dans Xqs ordres du S. Efprit & de S. Louis , les grands ofîiciers appelles commandeurs ne ;le font que de nom , n'y ayant aucune com- manderie attachée à leur dignité , mais feu- lement des penfions. {A) COMMANDEUR , f. m. {Kift. mod.) on donne ce nom à celui qui a été pourvu d'une commanderie. Commandeur, (Comm.) nom que les Holîandois donnent ordinairement aux chefs des comptoirs qu'ils ont dans les Indes , en 'Perfe , & autres lieux de l'Orient où ils ont porté leur commerce. Diâ. de Com. & T'rév, Commandeur, (Cbw/n.) eft aufîi le nom qu'on donne dans les îles françoifes de l'A- mérique , à celui qui a infpeéèionfiir le détail d'une habitation en général, ou d'une fucrerie en particulier. V. JIabitatjon ^ Sucre. 6i4- C O M Quelques habltans veulent que leur corn- ' mandeurfoh un blanc , d'autres le choifilTcnt parmi les noirs. Les fonctions du commandeur font d'être toujours avec les nègres fans les abandonner jamais ^ de preiFer le travail & d'avoir l'oeil à ce qu'il foit bien fait j d'empêcher le dé- fordre & les querelles très fréquentes , fur- tout parmi les négreflcs ^ de vifiter ceux qui travaillent dans les boisj d'éveiller les nègres, de les faire affifter à la prière foir &: matin & au catéchifme qui s'y fait, de les conduire à la mefTe fêtes & dimanches j de voir fi leurs maifons font propres & leurs jardins bien entretenus ;, d'appaifer les différens qui naif- fent dans les ménages j de faire conduire les malades à l'infirmerie : d'empêcher les nègres étrangers de Ce retirer dans les cafés de l'ha- bitation ^ enfin de donner avis au maître de tout ce qui fe pafle. Diâ. du Corn. COMMANDITE , f. f. (Comm.) c'eft une fociété de commerce , dans laquelle une partie des intéreffés n'étant point dénommés dans laraifonou fignature , n'eft engagée & folidaire avec les autres intéreffés que jufqu'à la fomme portée par l'aé^e de fociété. C'eft proprement cette reftridèion qui forme la commandite ;C2X un particulier peut faire avec un autre une fociété générale de pertes & de profits , fans que fon nom paroifTe , vo jeç So- ciété jcela ne fe pratique pas ordinairement, mais aucune loi ne le défend. Il eft du bon ordre que cette eipece de fo- ciété foit enrégiftrée au greffe du confulat comme la fociété collective j tédit de 1673 , art. iv , le prefcrit ^ cependant l'inexécution de cette formalité n'annullc point l'aûe en lui-même , relativement aux affociés ou à leurs ayans caufe. Il feroit fans doute à fou- haiter pour la confiance publique , que toutes les fociétés quelconques fuffent enrégiftrées^ mais le moyeu de nullité feroit trop violent & rendroit les propriétés trop incertaines. Cette fociété non plus que les autres , n'eft point cenfée continuée fi elle ne l'eft par écrit. Cette forme eft fortufitée en Italie & dans les pays abondans en argent j c'eft commu- nément celle dont on fe fert pour établir des faveurs dans un pays étranger. \]n. négociant prudent s'informe exafte- ment des changemens qui furviennent dans les afTociations de Ces correfpondans ^ car il arrive fouvent qu'un riche commanditaire C O M retire fès fonds tout-à-coup , & qu'il eft fuivi d'un autre qui n'eft pas en état de foutenir les mêmes enXve^riÇes.V. le parfait négociant y & le dicl. du Corn. Art. de M. V. D. F. COMMANDO, {Comm.) terme origi- nairement italien, mais ufité dans les provin- ces de France les plus voifines de l'Italie. On s'en fèrt dans les écritures mercantiles pour fignifier ordre ou commande , c'eft-à-dire la commifTion qu'un négociant donne à fon commifîîonnàire. V, Ordre, Commande, Commission , ^c. dicl. de Comm. COMMANI , {Géog. mod.) petit royaume d'Afrique , fur la côte de Guinée. COMMASSE , f. m. ( Commerce. ) petite monnoie qui fè fabrique , & qui a cours à Mocha. Elle vaut environ trois fous deux deniers , argent de France. * COMMEAT , f. m..( HiJI. anc.) per- mifTion à un foldat de s'abfenter de fa légion pendant un certain temps.Elle étoit accordée parle tribun ou fon vice- gèrent , ou par l'em- pereur. On donnoit aufti le même nom de comméat , commeatus ou de cataplus , aux vi- vres de l'armée , à la flotte qui les portoit , fur-tout d'Egypte & d'Afrique j il défignoit aufîi une compagnie de voyageurs. COMMELINA , ( Hiji. nat. bot. ) genre de plante dont le nom a été dérivé de celui de Jean Commelin , fénateur d'Amfterdam , & de Gafpar Commelin médecin de la même ville. La fleur des plantes de ce genre eft com- pofée de deux pétales fitués du même côte , ' & pofés fur un calice à quatre feuilles ^ il s'é- lève du milieu de ce calice un piftil qui de- vient dans la fiiite un fruit membraneux à trois coques , ou divifé en trois loges qui renferment chacune une fèmence ronde. On peut ajouter aux caraéteres de ce genre , que plufieurs fleurs font rafiémblées dans un même endroit en forme de conque. Plumier, nova plant, amer, gêner. K. PlanTE. (/) COMMÉMORAISON , eft le nom d'une fête que nous appelions le jour des morts , & qui fe célèbre le 2 novembre en mémoire de tous les fidèles trcpaftes. Elle futinftituée dans le onzième fiecle par S. Odilon abbé de Ciuny. V. Fête. (G) COMMEMORATIF (figne), adj. {Méd.) Les fignes cow.mémoratifs ou anamneftiques nous apprennent ce qui s'eft paffé avant la maladie,, & fe tirent de tout ce qui l'a pré- 1 cédée : favoir de la manière de vivre du ma- c o M ; lade , du pays qu'il a habité , de la conftitu- tiou de Tes père & mère , des maladies auK- qiielles il a été iujet , ou de celles qu'il a con- traftées ^ &: s'il s'agit d'une plaie , de la pofi- tion du bleHé au temps de fa bleiture , de la Situation de la perfonne ou de la chofe qui l'a bleffée , de la grolTeur & de la figure de rinilruraent qui a fait la plaie , qu'on a foin de comparer avec la plaie méuie , &c. Ces lignes conduifent a une connoiflance plus fûre de la maladie , de {qs caufes , de l'if- fue qu'elle peut avoir , & nous indiquent conjointement avec les diagnoftics à em- ployer les remèdes convenables. Les lignes £ommémoratifs en iriédecine reviennent à ce qu'on nomme indices en matière de droit ^ mais avec cette différence qu'ils ne peuvent jamais que porter la lum.iere dans l'efprit du médecin , bc que les indices peuvent cruelle- ment égarer le juge : témoin en France la trifte affaire du ïieur d'Anglade & de fa femme ^ témoin celle du pauvre Lebrun. Art. de M. U chevalier DE Javcourt. COMMÉMORATION, f. f. {Hijfoire eccl, & théol. ) fouvenir que l'on a de quel- qu'un , ce qu'on fait en l'honneur de fa mé- moire. Voyei^ Monument. C'eft une coutume parmi les catholiques romains , que ceux qui meurent font quel- quefois des legs à l'églifè , à la charge de dire tant de meffes , "& de faire commémo- ration d'eux dans les prières. Voye^ Obit , Anniversaire. Commémoration fe dit encore particulière- ment de la mémoire qu'on fait dans la récita- tion du bréviaire , d'un faiut ou quelquefois de la férié , par une antienne , un verfet , une oraifon aux premières vêpres , aux laudes , & aux fécondes vêpres ^ 8c par une colleâ:c , & une poft-communion à la meffe. Koye^ Bré- viaire, Férie , Antienne , Verset , ê'c. COMMENCEMENT, (Beaux-Arts.) Ariftote a fait la rei»arque qu'en tout objet qui forme un beau tout , il y a un commence- ment & une fin : le commencement , ielon lui , eft ce qui dans l'objet précède tout le refte , & que rien ne doit précéder ^ ainfi le com- mencement des événemens qui forment l'ac- tion de l'Iliade, c'eft la dilpute entre Achille & Agamemnon ^ car tous les événemens qui vont fuivre , font une fuite de cette difpute : tout ce qui l'a précédé , au contraire , n'ap- partient point à l'adHon : elle eft parfaite - C O M 6i^ ment intelligible, quand on ignoreroit tout ce qui s'eft paffé avant ce commencement. C'eft donc le commencement qui fert à don- ner aux chofes une liaifon , & qui rend rai- fon de leur exiftence. Un ouvrage de goût , pour être parfait , doit avoir un commence- me/2/ bien marqué. Si Homère nous eût chanté les événemens de l'Iliade , fans nousinftruire du fujet qui avoit engagé Achille à quitter l'armée ù. à s'irriter contre les Atrides , une partie principale de l'aftion nous manque - roit^ mais cq commencement pofé nous expli- que tout le refte : nous avons une notion complète du fujet que le poète a voulu chan- ter j nous en voyons le commencement , le progrès & la fin , & ce coup d'œil nous fa- tisfait. Il réfult-e de là que le poète épique qui met en récit , ou le dramatique , qui met en ac- tion un événement complet, doit être atten- tif à mettre diftinâiement fous nos yeux le commencement de l'aâiion ^ mais la manière de le faire n'eft pas indifférente , pour que l'effet ioit le meilleur poffible , la chofe mé- rite d'être développée avec quelque détail. Le commencement étant ce qu'il y a de pre- mier dans un ftijet , l'adion ne doit pas dé- buter par des choies qui l'ont précédé , ce fèroit une abondance vicieufè, l'imagination fèroit occupée mal-à-propos par des hors- d'ceuvres : c'eft une faute dans laquelle Euri- pide eft tombé quelquefois. Jlécube , dans la tragédie qui porte ion nom , ouvre la icene par des lamentations auxquelles le ipeâiateur ne comprend rien , parce qu'il ignore encore quel eft précifément le malheur qui menace cette reine , & qui doit faire le iùjet de la pièce. lL.Qvént3h\s,commencem€ntdQ. l'aftion, c'eft la réfblution que les Grecs ont formée d'immoler la fille de la reine fur le tombeay d'Achille. C'étoit par-là que le poète devoit débuter : toutes les plaintes d'Hécube fur iès malheurs précédens ne font rien au iiijet. On remarque le même défaut dans l'Iphigé- nie en Tauride : la princeffe paroit fur le théâtre avant d'avoir appris l'arrivée de Py- lade & d'Orefte , & cependant l'adion ne commence que par l'arrivée de ces deux prin- ces. De tels débuts font réellement détachés de l'aftion &détruifent l'unité de l'enièmble. Un autre défaut à éviter dans le poème épique 8c dans le dramatique , c'eft de faire remonter le commencement de l'action trc^ €ië CO M haut. Il feroit ridicule 5 dit Horace, départir de l'œuf d'où Hélène étoit fortie pour racon- ter la guerre de Troie. Ce n'eft pas là la caufe immédiate de cette guerre : le poète doit fè hâter de venir au fait , & débuter par ce qui • eft le commencement prochain de l'action ^ de longs détours ennuient le lecteur judicieux , & rendent l'ouvrage imparfait. Tous les événemens de l'univers tiennent fans doute les uns aux autres ; & dans la ri- gueur métaphyfîque , aucun événement dé- taché de l'hilloire générale , ne forme un tout abfolu ouifoié; mais c'eft à l'art du poète à arranger fon plan de manière que l'aéHon paroiite être un tout complet ^ pour cet effet , il doit choifir un commencement qui contente notre curiofité , enforte que nous n'ayons rien à demander au-delà. Quand le poète fe défie de la fécondité de fbn imagination , il prend l'aâion de plus loin , afin que la mul- titude des événemens fijpplée au défaut de l'invention. Peut-être Homère auroit com- mencé Y Enéide par l'arrivée de fon héros en Italie. Virgile a cru avoir befoin de placer le commencement plus haut. Un poète moins fertile en relfources que Klopftock , n'eût ofé commencer la Mejfiade par la dernière entrée du Mefîie dans Jérufalem. Le poète a donc la liberté de placer le commencement plus ou moins loin du dé- nouement de l'action : mais ce commencement doit toujours être bien marqué, complet, & indiffolublement lié à l'aition ^ plus il fera proche de la fin, plus l'aftion eft concentrée, & mieux on en découvre l'cnfemble'd'unfeul coupd'œil. Si au contraire , le commencement eft fort éloigné de la fin , l'ouvrage en acquiert trop d'étendue , ou bien il fe forme des vui- des dans l'action , elle languit , & l'effet qu'elle devoit produire , perd de fa vivacité. • Le drame exige nécefTairement que le commencement ne foit pas éloigné de la fin de. l'aftion. Si le poète manque à cette règle , il eft réduit ou à ne donner que le fquelettc d'une action décharnée & fans fuc , ou à placer la meilleure partie des événemens der- rière la fcene ^ dans l'un & l'autre cas , il ne lui eft pas poiîîble de bien développer le ca- raétere de fès perfonnages. Les anciens ont été pour l'ordinaire très-exadts à fuivre ce précepte : delà vient que les caractères font îî bien exprimés dans leurs pièces dramati- ques. Nlus pouvons aufli les propofer aux C O M dramatiques modernes , comme des modè- les dans l'art de marquer avec précifion le commencement delà pièce. Lapremiere icene chez les anciens , expofe ordinairement avec tant de netteté le commencement del'adtion, que l'on eft inllruit dès l'entrée du fujet qui fera l'aétion , & du carad:ere des principaux aéteurs : c'eft ce qui manque fouvent aux pièces modernes \ on eft long-temps à fa- voir fur quoi l'action doit précifément rou- ler. Pour fentir cette diftérence , on n'a qu'à comparer le début de Y(Ëdipe de Sophocle , avec le commencement de VCEdipe de M. de Voltaire. En mufique , chaque pièce doit commen- cer de manière que foreille fente que rien n'a dû précéder : l'harmonie doit être com- plète , & la marche fans interruption : au- tant qu'il eft poffible , il faut que la première période annonce déjà le caractère de toute la pièce. Il y a néanmoins des cas où cette règle fouffre des exceptions : quand par exemple une ariette fuccede à un récitatif , il peut arriver très- fouvent que le même fentiment continue j & alors l'ariette n'a point de commencement décidé. La danfè exige de même un commence- ment fixe. Il n'eft pas agréable de penfèr qu'on ne voit que la fuite d'un moux'ement qui a dû précéder. Nos ballets pèchent fou- vent contre cette règle : les danfèurs fautent hors des couliffes de manière à nous faire croire que les pas qu'ils vont faire , tiennent à une aâ:ion commencée hors de la portée de notre vue. En général , tout ouvrage de goût doit avoir un commencement qui prévienne en nous l'inquiétude de favoir ce qui a pu précéder ce que nous voyons ou ce que nous enten- dons. Lorfque cette queftiou s'élève naturel- lement dans notre e^^rit , c'eft une preuve évidente qu'on ne nous a pas préfenté un tout , mais feulement le fragment d'un' tout. Hermogene , à^nsYowTfûité de t invention ( liv. II , càap. I ) obfèrve , à la vérité , qu'il y a de la groffiéreté & de la mal-adreffe d'en- trer de plein faut en matière dans une pièce d'éloquence : mais il faut remarquer que dans un difcours d'apparat , où l'on va trai- ter un fujet avec quelque étendue , ce n'eft pas l'exorde , mais la propofition, qui conf titue levéritahlecommencement de l'ouvrage. Dans les productions des arts du defîin COM Sf de la fciîîpture , où l'ouvrage entier fe prë- fente à la fois, il fembîe qu'on n'y fauroit diftinguer ni commencement ni fin. Il faut cependant de toute nécefïité y concevoir * quelque chofe d'analogue à ces deux notions, pour que ces ouvrages foient des touts ifoiés & entièrement déterminés. ÇCet article efl tiré Je La théorie gcnéraîe des b^aux ans di M.SULZER.) COMMENCER un Cheval, {Maneg.) c'eft lui apprendre fes premières leçons de , manège. Pourco/n/7/e/zçeAuncheval fougueux il faut lui mettre un caveçon Oc le mettre au- tour du pilier. V. Caveçon, Pilier. On attache le cheval avec une grande corde ou longe qu'on tient autour du pilier, pour le dénouer , le dégourdir , &c lui affouplir le corps. V. Assouplir. Il faut le troter à r«ntour fans perfonne deiTus , pour lui ap- prendre à fuir la chambrière , & à ne pas ga- lopper à faux ni défuni. y. CHAMBRIE- RE, Galopper. On peut le monter enfuite autour du pilier & le faire marcher en avant, fans qu'il puifle fe cabrer ni s'arrêter pour faire des contretemps; car la peur de la cham- brière préviendra tous lesdéfordres, & l'em- pêchera de s'arrêter. Dans les manèges qui n'ont point de pilier, un homme tientlebout delà longe , & fe met au milieu du terrain. On d:t cheval commencé^ acheminé^ achevé^ pour marquer un cheval qu'on commence à dreffer, celui quieft déjà monté, rompu &f dégourdi , & celui quieftdreflé ôc confirmé dans le manège. ÇV) COMMENSAL, adj. c'eft ainfi qu'on défigne ceux des officiers du roi qui font de Service, & qui ont bouche en cour pendant ce temps. COMMENSAUX df. la Maison pu Roi,delaReine,desEnfans&cPetits- ENFANS DE FRANCE, {Jurifpr.) & autres pi inces qui ont une maifen couchée fur l'état du roi , jouiiTent de plufieurs privilèges. i*^. Par l'édit de juillet 1653 , leurs char- ges ont été exemptées de tous privilèges &: hypothèques, &;de tous partages & rapports dans les fucceffions , ce qui a été confiimé par éditdu mois de janvier 1678, & par deux arrêts duconféil du 13 août 1665 & 1706I0- bre 1679, ^"^ déclarent en outre que les gages & émolumens de ces charges ne font pas faifilfables. Tome niL COM 61^ 2*. Cqs officiers , &: leurs veuves durant leur viduité, font exempts de toutes contri- butions pour vivres, munitions, Recondui- tes de gens de gverre; tailles, aides, gros quatrième, huitième, dixième, ôcappétif- fement de vin ; de guet, gardes àts portes & murailles , ponts, paffages, travers, détroits, fournitures, & contributions; d'étapes, loge- ment de gens de guerre; charrois & chevaux d'artillerie, ban & arriere-ban, fouchet, traites foraines , péages, paffages, & de tou- tes chofes de leur crû; francs- fiefs, & atitres fubfides, contributions & fubventions quel- conques. Mais par un arrêt de la cour des aides du 10 mai 1607, leur exemption a été reftreinte aux impofitions qui exifloient lors de la con- ceflion; on les a déclarés fujets aux répara- tions des chemins, fortifications des villes, ponts, chauffées, Vautres ouvrages publics; au droit d'appétiffement de pinte , traites &c impofitions foraines pour marchandifes qui ne font de leur crû , & à toutes criées & lev^s de deniers auxquelles leurs prédécef- feun ont contribué. 3^. Ils font exempts de tutelle. 4*^. Ils peuvent faire valoir par leurs mains une ferme de deux charrues , fans payer de taille. 5^. Pour jouir des exemptions de taille, il faut que les commenfaux aient au moins 60 liv. de gages, & qu'ils fervent aduelle- ment ; néanmoins les officiers des fept offices de la maifon du roi en jouiflent , quoique leurs gages foient moindres de 60 Hv. Ceux qui n'ont point de dignité attachée à leur office , peuvent même faire trafic de mar- chandife , mais non pas tenir ferme d'autrui. 6^. Les commenfaux ne peuvent être dif- penfés du fervice que pour caule de mala- die certifiée par les médecins & par le juge &: procureur du roi de leur demeure, par a(5te figné du greffier, qui fera fignifié aux habitans du litu de leur domicile , à l'iffue de la grand'meffe un jour de fête ou diman- che, ôc à leur procureur fyndic,& encore au fubftitut du procureur général en l'éleêlion. 7°. Ceux qui, au bout de vingt-cinq ans de fervice, obtiennent des lettres de vété-. rance duem.ent regiftrées , continuent à jouir de tous les privilèges. 8°. Les commenfaux titulaires ou vétérans ne jouiffent de l'exemption des tailles qu'au I i i i • éi8 C'O M nombre de huit , dans les paroiïïes où le principal de la taille eft de 900 liv. &; au deffus , & quatre feulement dans les lieux où la taille eft moindre. Ceux qui font établis les premiers jouifTent des privilèges; les fur- numéraires en jouiffent à leur tour; les veu- ves ne font pas comprifes dans ce nombre de huit ou quatre. 9°. Faute de payer leur capitation , ils font déchus de tous leurs privilèges. 10°. Ceux qui ont des bénéfices font dif- penfés d'y réfider pendant qu'ils fervent au- près du prince. 1 1 °.Les commenfaux ont la préféance dans les cérémonies fur tous les officiers même royaux , & autres perf bnnes dont l'état efl: inférieur à celui des commenfaux : par exem- ple, les écuyers ordinaires du roiontrang après les confëillers des bailliages royaux, & avant les officiers des élevions & greniers à fel, & autres inférieurs en ordre. V. le code des privilèges ; le mémorial alphabétique des tailles, aux mots Commenfaux ; le diclionn. des arrêts , au même article; le traité des ma- tières bénéfic. de Fuet , liv. ///, ch. iv. (A) COMMENSAUX^^J évêques y {Jurifpr.) fuivant la difpofition du droit canonique, font exemptsde la réfîdence à leurs bénéfices, & gagnent les gros fruits; mais ce privilège ne s'étend qu'à deux chanoines , foit de la cathédrale ou d'une collégiale. Cap. adaud. tS , X' de cleric. non refîd. Fuet , des mat. bénéf. liv. III, ch. iv. (A) COMMENSURABLE, adj. Les quanti- tés commenfurahleSytn mathémat. font celles qui ont quelque partie aliquote commune, ou qui peuvent être mefurées par quelque mefure commune fans laiflTer aucun refte dans l'une ni dans l'autre. V, MESURE & Incommensurable. Ainfi unpié & un autre font commenfura- hles, parce qu'il y a une troifieme quantité qui peut les mefurerfun & l'autre exarocuroit l'équivalent des fecours qu'il attenooit d 'au- trui. Mais dans ces années d'innocence & de paix , on fongeoit moins à évaluer la matière des échanges, qu'à s'en aider réciproquement. Avant & après le déluge les échanges durent fe multiplier avec la population ; alors l'abondance ou la rareté de certaines produc- tions , foit de l'art , foit de la nature , en augmenta ou en diminua l'équivalent ; l'échange en nature devint enibarrafîanr. L'inconvénient s'accrut encore avec le corn- merce^ c'eft-à-dire lorfque la formation des fo- ciétés eut diftingué les propriétés , & apporté des modifications à l'égalité ab'oluequi rég- noit entre les hommes. La fuh^ivifion inégale des propriétés par le partage des enfans, les différences dans le terroir, dans les forces & dansl'induftrie, occafionerent unfuperfiude befoin chez les uns deplusquechezles autres: ce fupeiftudurêtre payé par le travail de ceux quienavoient befoin, ou par de nouvelles commodités inventées par l'art; fon ufage fut borné cependant tant que les hommes fe contentèrent de ce qui étoit jimple. Sujets à l'injuftice, ils avoient eu befoin de i^iflateurs : la confiance établit des juges, le refpeélles diftingua , & bientôt la crainte les fépara en quelque façon de leurs fembla- bkï. L'appareil & la pompe furent un des; C O M apanages de ces hommespuiiïans ; leschofes rares furent deftinée*; à leur ufa^ie, & le luxe fut connu; il devint Tobjet de l'ambition "des inférieurs , parce que chacun aime à fe diftinguer. La cupidité anima Tinduftrie : pour fe procurer quelques fuperfluités, on en ima- gina de nouvelles, on parcourut la terre pour en découvrir: l'extrême inégalité qui fe trou- voit: entre les hommes pafTa jufque dans leurs befoins. Les échanges en nature devinrent réelle- ment impoiîibles : l'on convint de donner aux marchandifes une mefure commune. L'or^ l'argent, & le cuivre furent choifis pour les repréfenter. Alors il y eut deux fortes de richelîes ; les ricbeffes naturelles, c'eft-à-dlre les produftions de l'agriculture &: de l'in- duftrie ; les richeffes de convention ou les métaux. Ce changement n'altéra point la nature du commerce ^c[\.\\ confifta toujours dans l'échan- ge d'une denrée , foit pour une autre , foit pour des métaux. On peut le regarder com- me une féconde époque du commerce. L'Afie qui avoir été le berceau du genre humain , fe vit peup'ée bien avant que les autres parties du monde fuffent connues ; elle futaufïîle premier théatredu commerce^ des grands empires, & d'un luxe dont le nôtre eft effrayé. Les vaftes conquêtes des Any riens dans ces riches contrées , le luxe de leurs rois , Se les merveilles de Babylone , nous font garans d'une grande perfedion dans les arts, & par conféquent d'un grand commerce : mais il paroît qu'il étoit borné à l'intérieur de ces états & à leurs produclions. Les Phéniciens habitans d'une petite con- trée de la Syrie, oferent les premiers franchir la barrière que les mers oppofoient à leur cupidité, & s'approprier les denrées de tous les peuples , afin d'acquérir ce qui en faifoit la mefure. Les richefTes de l'Orienr, de PAfrique, & de l'Europe, feraiïemblerentàTyr&àSydon, d'où leurs vaifTeaux répandoient dans chaque contrée du monde le fupcrflu des autres. Ce commerce^ dont les Phéniciens n'étcient en quelque façon que les commiflîonnaires, puif- qu'ils n'y fourniffoient que très-peu de pro- duftions de leur cru , doit être diftingué de celui '\qs nations qui trafiquent de leurs pro- pres denrées \ ainli il a été appelle commtrcc COU 6ii d'économie', c'a été celui de prefque tous les anciens navigateurs. Les Phéniciens s'ouvrirent parles ports d'Elath & d'Efiongaber fur la mer Rouge , le commerce d.ts côtes orientales de l'Afrique, abondantes en or, &: celui de l'Arabie (1 renommée par fes parfums. Leur colonie de Tyle , dans un île du golfe Per{k|ue, nous indique qu'ils avoient étendu leur trafic fur ces cotes. Par la navigation de la Méditerranée ils établirent des colonies (voy.CoLONiE) dans toutes ces îles , en Grèce , le long des côtes de l'Afrique , en Efpagne. La découverte de ce dernier pays fut la principale fource de leurs richefles; outre les cotons, les laines, les fruits, le fer & le plomb qu'ils en retiroient, les mines d'or &: d'argent de l'Andaloufie les rendoient maîtres du prix 8sC de la préférence des denrées de tous les pays. Ils pénétrèrent dans l'Océan le long des côtes, & allèrent chercher fétain dans les îles Cafïiterides, aujourd'hui connues fous le nom delà Grande-Bretagne : ils remontè- rent même jufqu'à Thule, que Ton croit communément être l'Irlande, Tyr effaça par (di fplendeur ik par fon com- merce toutes les autres villas des Phénicien?. Enorgueillie de fa longue profpérité , elle ofa faliguer contre ié^ anciens maîrres : toutes les forces de Nabuchodonofor roi deB.'.by- lone fuffirent à peine à la foumettre, après un fiege de treize ans. Le vairiqueur ne détrui- fir que fe» murailles & {q% édifices ; les effets les plus précieux avoient été tranfportés dans une île à tme demi-lieue de la côte. Les Tyriens y fondèrent une nouvelle ville , à laquelle ra<5i:ivité du fow/Tî^rcf donna bientôt plus de réputation que l'ancienne n'en avoit eu. Carthage, colonie desTyriens,fui vit-à-peu près le même plan, & s'étendit le long de» côtes occidentales de l'Af-ique. Pour accroî- tre même fon commerce général, &: n€ le partager qu'avec fa métropole, elle devint conquérante. La Grèce cependant par fon indùf^rie & fa population , vint à figurer parmi les puii- fances rl'invafion des Perfes lui apprit à con- noître fesYorces & fes avsntag-es; fa marine la rendit redoutable à fon tour aux maîtres de l'Afie ; mais remplie de djvilîons ou de ^li C O M projets de gloire, elle ne fongea point à éten- dre Ton commerce. Celui d'Athènes , la plus puiflfante des villes maritimes de la Grèce, fe bornoit preCqu'à fa iiibfiftance qu'elle tiroit delà Grèce même ôc du Pont-Euxin. Corinthe , par fa fitua- tion, fut l'entrepôt des marchandifes deTAiie oc de l'Italie; mais fes marchands ne tentè- rent aucune navigation éloignée : elle s'en- richit cependant par l'indifférence des autres Grecs pour le commerce , & par les commo- dités qu elle lui offroit , beaucoup plus que par fon induftrie. Les habitans de Phocée , colonie d'Athè- nes , chaffés de leur pays , fondèrent Mar- feille lur les côtes méridionales des Gaules. Cette nouvelle république, forcée par la fté- rilité de fon territoire de s'adonner à la pêche &; au commerce, y réufîit ; elle donna même falarme à Carthage , dont elle repoulTa yigoureufementles attaques. . Alexandre parut; il aima mieux être le chef des Grecs que leur maître : à leur tête il fonda un nouvel empire fur la ruine de celui des Perfes. Les fuites de fa conquête forment la troifieme époque du commmerce. Quatre grands événemens contribuèrent à la révolution qu'éprouva le commerce fous le règne de ce pri:.ce. Il détruiiit la ville de Tyr, & la navigation de la Syrie fut anéantie avec elle. , . L'Egypte qui jufqu'alors ennemie des étrangers s'étoit fuffi à e'ie-même, commu- niqua avec les autres peuples après fa con- quête. La découverte des Indes & celle de la mer qui eft au midi de ce pays en ouvrirent le commerce. Alexandrie bâtie à l'entrée de l'Egypte , devint la clé An commerce àts Inàes , & le centre de celui de l'Occident. . Après la mort d'Alexandre, \qs Ptolémées fes fuccelTeursen Egypte fui virent afîidument les vues de ce prince ; ils s'en affurerent le fuccès parleurs flottes fur la mer Rouge & fur la méditerranée. Pendant ces révolutions, Rome jetoitîes fondemcns d'une domination encore plus vafte. . Les petites républiques commerçantes s'ap- puyerent de fon alliance contre les Cartha- ginois, dont elles minoient fourdemenr l'em- pire maritime. L'intérêt comjnun les uniiToit. CO M Rhodes déjà célcbre par fon commerce,' & plus encore par la fageffe de fes loix pour les gens de m.er, fut de ce nombre, Marfeille, l'ancienne alliée des romains , leur rendit de grands fervices par fes colonies d'Efpagne: réciproquement foutenue par eux, elle accrut toujours fa richeffe &. fon crédit, jufqu'aux temps où forcée de prendreparti dans leurs guerres civiles , elle fe vit leur fujette. Lors de fon abaiffement, Arles, Narbonne, & les autres colonies romaines dans les Gaules, démembrèrent fon commerce. Enfin le génie de Rome prévalut: le com- merce de Carthage fut enfeveli fous {qs ruines. Bientôt l'TLfpagne, la Grèce, l'Afie , & l'Egypte à fon tour, furent des provinces romaines. Mais la maîtreiTe de l'univers dé- daigna de s'enrichir autrement que par les tributs qu'elle impofoit aux nations vaincues; elle fe contenta de favorifer le commerce des peuples qui le faifoient fous fa protedion, La navigation qu'elle entretenoit pour tirer des grains de l'Afrique, ne peut être regardée que comme un objet de police. Le fiege de l'empire transféré à Bizance , n'apporta par conféquent prefque aucun changement zn commerce de Rome : mais la fituaîion de cette vil!e rebâtie par Conftantin fur le détroit de l'Hellefpont , y en établir un coniidérable. Il fe foutint long-temps de- puis fous les empereurs grecs , Se même il trouva grâce devant la politique deftruélive des Turcs. La chute de Tempire d'Occident par l'inondation des peuples du Nord , & les in- vafionsdes Sarrafins, forment une quatrième époque pour le commerce. Il s'anéantit comme les autres arts fous le joug de la barbarie ; réduit prefque par- tout à la circulation intérieure néceffaire dans un pays où il y a des hommes , il fe réfugia en Italie. Ce pays conferva une navigation , 6c fit feul le commeiceào. l'Europe. Venife, Gènes, Florence, Pife,fedifpu- terent l'empire de la mer , & la fupériorité dans les manufactures. Elles firent long- temps en concurrence le commerce de la Mo- rée , du Levant, de la mer Noire ; celui de l'Inde & de l'Arabie par Alexandrie. Les cahfes d Egypte entreprirent en vain de dé- tourner le commerce de cette dernière ville en faveur du Caire , ils ne firent que le gêner: elle rentra fous les Mammeius en pofleifion âe fes droits, & elle en jouit encore aujour- d'hui. L'Occixient étoit toujours tributaire des marchands italiens ; chaque pays recevoir d'eux les étoffes même dont il leur fournifToit la matière : mais ils perdirent une partie de ce commerce , pour n'avoir pas eu le courage de l'augmenter. Ils avoient confervé le fyftê- medes Egyptiens & àts Romains, de finir leurs voyages da^ une même année. A me- fure que leur navigation s'étendit dans le Nord , il leur fut impoffible de revenir auffi fouvent dans leurs ports ; ils firent de la Flan- dre l'entrepôt de leurs marchandifes: elle de- vint par conféquent celui déroutes les matiè- res que lesltaliens avoient coutume d'enlever. Les foires de Flandre furent lemagafin géné- ral du Nord, de l'Allemagne, de l'Angleterre, de la France. La néceffiié établit entre ces pays une petite navigation qui s'accrut d'elle- même. Les Flamands , peuple nombreux &; déjà riche par des produclions naturelles de fes terres , entreprirent l'emploi des laines d'Angleterre , de leurs lins & de leurs chan- vres , à l'exemple de l'Italie. Vers l'an 960 on y fabriqua des draps & àes toiles. Les franchifes que Baudouin le jeune comte de Flandre accorda à l'induftrie, l'encourageren* aupointque ces nouvelles manufaftures don- nèrent Texclufion à toutes les autres dans l'Occident. L'Italie fe confolade cette perte parla récolte des foies qu'elle entreprit, avec iuccès, de fairedans fes terres dès l'an 1 1 30, par la confervation du commerce de Cafa, du Levant, & d'Alexandrie, qui entretinrent fa navigation. Mais la Flandre devint le centre des échanges de l'Europe. A mefure ^ue la communication augmentoit entre ces divers états, les vues s'étendoient, le co.tz- 7;j^rce prenoit par- tout de nouveHts forces. En 11641a ville de Bremen s'afTocia avec quelques autres, pour fe foutenir mutuelle- ment dans le commerce qu'elles faifoient en Livonie. La forme & les premiers fuccès de cette aifociation promirent tant d'avan- tages , que toutes les villes de l'Allemagne qui faifoient quelque commerce voulurent y être agrégées. En 1106 on en comptoir foixante-deux , depuis Nerva en Livonie juf- qu'au Rhm, fous le nom de villes anféatlques. V. Hanse. Plufieurs villes des Pays-Bas, de France, d'Angleterre, de Portugal, d'Eipagne, & C O M ^25 d'Italie , s'y incorporèrent. La Hanfe teuto- nique fit alors prefque tout le commerce ^•aX^k'^ rieur de l'Europe. Celui de l'intérieur dans la plupart àt% états avoit été jufque-là entre les mains d'un peuple errant, pour qui l'on pouiïbit la haine jufqu'à l'inhumanité. Les Juift tour-à-tour bannis & rappelles , fuivant les befoins des princes, eurent recours à l'invention des lettres de change , dès 1 181 , pour fouftraire leurs rurhefTes à la cupidité & aux recherches* V, Lettre de change. Cette nouvelle repéfentation de la me-* fure commune des marchandifes, en fa- cilita les échanges ; depuis elle forma une nouvelle branche de Commerce, Voye-^ Change. Tandis que la Hanfe fe rendoit formida-' ble aux princes mêmes, les comtes de Flan- dre, en 130 1 ,effarouchoient l'induftrie par la révocation de fes franchifes. Les ducs de Brabant l'attirèrent par les moyens qu'y avoit employés Baudouin le jeune en Flandre, & là perdirent par la même imprudence dont les f ucce/Teurs de ce comte avoient donnél'exem- ple. En 1404 , après la fédition de Louvain , les ouvriers fe répandirent en Hollande & en Angleterre ; d'autres ouvriers de Flandre les y fuivirent; tels furent les commmence-* mens des célèbres manufaâ:ures de la Grande-» Bretagne. La manière de faler les harengs , inventée en 1400 , foutint encore quelque temps à Bruges & à l'Eclnfe le commerce & les ma- nufa fes colonies font dans l'inaétion , fa popu- lation diminue, jufqu'à ce que par des efforts dont les progrès font toujours lents & incertains , elle reprenne un commerce paflif. La différence qui réfulte de la compenf i- tion des exportations & des importations-, pendant un certain efpace de temps , s'ap- pelle la balance du commerce. Elle eft toujours, payée ou reçue en argent ; puifque l'échange des denrées contre les métaux qui en font la mefure , eft indifpenfable lorfque l'on n'a plus d'autre équivalent à donner. Les états; foldent entr'cux comme les particuliers. Ainfi lorfque la balance du. commerce d'une nation lui eft avantageufe , fon fonds- capital des richeffes de convention eft aug- menté du. montant de cette balance: fi elle eft défavantageufe, le fonds capital eft diminué de toute la fomme qui a été payée. Cette balance doit être envifagée comme particulière & comme générale. La balance paniculiere eft celle du com-^ . merce entre deux états : elle eft l'objet des traités qu'ils fonrentr'eux , pburrétablirau- tant qu'il fepeut l'égalité dvLCommercc. Ces traités règlent la nature des denrées qu'ils pourront fe communiquer l'un à l'autre ; les facihtés qu'ils apporteront réciproquement à leur introdudion ; les droits que les mar- chandifes paieront aux douanes foit d'cn-^ trée , foit de l'intérieur. Si deux nations n'avoicnt queles tnêmes- efpeces de produdions à. fe communiquer , elles n'auroient point de traités entre elles que celui de l'humanité & du bon traitemeat desperfonnes ; parce que celle des deux qui auroit l'avantage fur l'autre , envahiroit enfin fon commerce intérieur & extérieur :. alors: le commerce eftréduiit entre ces deux nations à celui qu'une troifieme leur occafione par la, réexportation dont nous avons parlé. L'égalité parfaite du commarce entre deux peuples eft celle des valeurs, & du nombre- d'hommes néceffairement occupés de part & d'autre. Il eft prefqu'impoffible qu'elle fe rencontre ,.& l!on ne. calcule ordinairemenr que l'égahté des valeurs.. Quoiquel'on n'évalue pas le nombre des> hommes , il lemble qu'il devroit être confir déré fuivant la néceffité réciproque de l'e— cl"iange..Si la balance n'eft. pas ég^le ,ladifr^ I férenc£:du aornbiaï. des-liommes réd^mqueç- 6^1 COU mcnr employés , ne doit point être conÇ- * déréc par celui qui la gagne : car ileft certain que la fomme payée en argent augmentera chez lui la circulation intérieure , & par con- féquent procurera une {ubfiftancc aifëe à un plus grand nombre d'hommes. Lorfqu'un pays cfl dans la diiette abfolue <3'une denrée , la facilité que l'on apporte pour le rapprocher de l'égalité du commerce dépend du point de concurrence où eft cette denrée : car fi d'autres peuples la poflfedent également , &: qu'ils offrent de meilleures conditions , on perdra l'occalion de vendre la fienne. 5i cet état n'a d'échange à offrir que des marchandifes de même genre & de même efpece, il convient d'abord de com- parer le produit & les avantages de la vente que l'on peut y faire de fa propre denrée, avec la perte qui pourroit réfuker de Fintro- dudion des denrées étrangères ; enfuite les moyens que l'on a pour foutenir leur concur- rence, & la rendre nulle. Enfin la confeâion d'un pareil traité exige une profonde connoiffance du commerce des deux nations contradantes, de leurs reflbur- ces réciproques, de leur population , du prix & de la qualité des matières premières , du prix àts vivres & de la main-d'œuvre , du genre d'induftrie , des beloins réciproques, des balances particulières & générales , des ■finances , du taux de l'intérêt , qui étant bas chez une nation & haut chez l'autre , fait que celle-ci perd où la première gagne : il peut arriver que la balance du co/;7;nerf^ avec un pays foit défavantageufe , & que le com- merce en foit utile, c'elt-à-dire qu'il loit l'oc- cafion ou le moyen cécefîaire d'un commerce qui dédommage avec profit de cette perte. La balance générale du commerce d'une nation efl la perte ou le gain qui réfulte de la compcnfation des balances particulières. Quand même le montant des exportations générales auroit diminué , fi celui des impor- tations l'eft dans la même proportion, l'état n'a point perdu de fon commerce utile; parce ^uec'eft ordinairement une preuve que fon commerce intérieur aura occupe un plus grand nombre d'hommes. Par la même raifon , quoique les expor- tations générales foient moindres , fi les im- portations ont diminué dans une plus grande proportion, le (TomOT^rce utile s'eft accru. Il eft évident qu'entre divers peupks , C O M celui dont la balance générale efl conflam- ment la plus avanragcufe , deviendra le plus pui{îî\nt ; il aura plus de richefîés de convention , & ces richefles en circulant dans l'intérieur , procureront une fubfif- tance ailée à un plus grand nombre de ci- toyens. Tel eft l'effet du commerce^ quand il eft porté à fa pcrfedion dans un corps poli- tique : c'ell à les lui procurer que tendent les foins de l'adminiltration ; c'eft par une grande fupériorité de vues , par une vigi- lance afCdue fur les démarches , les régle- mens , & les motifs des peuples en concur- rence, enfin par la combinailon des richefles réelles & relatives , qu'elle y parvient. Les circonllances varient à l'infini, mais les prin- cipes font toujours les mêmes; leur applica- tion eft le fruit du génie qui en embraflè tou- tes les faces. Les reftridionsque l'intérêt politique ap- porte au commerce , ne peuvent être appcl- lées une gêne ; cette liberté fi fou vent citée & fi rarement entendue, confifte feulement à faire facilement le commerce qvie permet l'intérêt général de la fociété bien entendu. Le fuperflu eft une licence deftrudive du commerce même. J'ai parlé de V intérêt gêné' rai bien entendu^ parce que l'apparence d'un bien n'en eft pas toujours un. Lestraudes & la mauvaiie foi ne peuvent êtreprofcrites trop févérement ; l'examen de ces points exige des formalités : leur excès détruit la liberté, leur oubli total introduit la hcence : on ne doit donc pas les retrancher tout-à-fait ces formalités , mais les reftrein- dre , & pourvoir à l'extrême facilité de leur exécution. Nous avons déjà prouvé la néceflité de la concurrence ; elle eftl'amWela hberté bien entendue. Cette partie de l'adminiftration eft une des plus délicates : mais fes principes rentrent toujours dans le plan qui procure à l'état une balance générale plus avantageufe qu'à fes voifins. Nous nous fommes propofé d'examiner le commerce comme l'occupation d'un ci- toyen. Nous n'en parlerons que relativement au corps politique. Puifque le commerce en eft l'ame, Toccu- pation qu'un citoyen s'en fait eft honnête , comme toutes celles qui font utiles : mais k mefure que les dtoyens rcndeo: de plus grands C O M grands fervîces , ils doivent être plus dif- tingués ; &c le commerce ne fera point en- couragé dans les pays qui ne favent point faire ces différences. On peut s'occuper perfonnellement du commerce de trois manières. Le premier objet eft d'acheter les pro- du<5lions de la terre & de l'jnduftrie , pour les revendre par petites parties aux autres citoyens. Ceux qui exercent cefte profef- iion font appelles dkailLeurs, Voye-{ DÉ- TAILLEURS. Cette occupation plus commode que né- ceffiire pour la fociété , concourt à la cir- culation intérieure. Le fécond objet du commerce eft celui d'an citoyen dont i'induftrie entreprend de guider le travail d*un nombre d'autres ci- toyens, pour donner des formes aux ma- tières premières. Ceux qui s'y appliquent s'appeRent manufacturiers, Voje:^ Manu- facturiers. Cette induftrie eft très-nécefîkire , parce qu'elle augmente les richeffes réelles & re- latives. La troifieme efpece de commerce eft l*oc- cnpation d'un citoyen qui fait paftèr chez l'étranger les productions de fa patrie, pour les échanger contre d'autres produélions né- cefîaires , ou contre de l'argent. Soit que ce commerce fe faffe par terre ou par mer, «n Europe , ou dans d'autres parties du monde, on le diftingue fous le nom de commerce en gros. Celui qui s'y applique eft appelle négociant. Voye^ NÉGOCIANT. Cette profelfion eft très-néceflfaire, parce qu'elle eft l'aœe de la navigation , & qu'die augmente les richeftes relatives à l'état. Ces trois manières d'exercer le commerce ont un devoir com:Tiun qui en fait l'adivité; c'eft une bonne- foi fcrupuleufe : leur objet eft également commun, c'eft le gain: leur «ffet eft différent en ce qu'il contribue plus ou moins à l'effet général du commerce dans un corps politique. C'eft cet effet qui doit les diftinguer aux yeux de la patrie , & qui rend plus recominandable chaque particu- lier, à mefure qu'il y coopère davantage. Ce n'eft pas que le plan immédiat du légiflateur foit d'avoir des négocians très- puiftans , ils lui font précieux , parce qu'ils ont beaucoup concouru à ifis vues : mais il Tonu FUI, CO M 635 feroît encore plus utile , dans le cas où le commerce (exonhoméy d'en avoir beaucoup de riches , qu'un moindre nombre de très- riches. Vingr négocians qui ont chacun cent mille écus, font plus d'affaires & ont entre eux une plus grande femme de crédit que (ix millionnaires. D'ailleurs, les fortunes partagées font d'une reftource infiniment plus grande pour la circulation & pour les richeftés réelles : cependant la grande dif- p-oportion des fortunes par le commerce n'eft pas onéreufe à l'état , en ce qu'elle circule ordinairement toute entière au pro- fit des arts utiles ; il ferolt même à fouhai- ter qu'elles reftaffent dans le commerce , parce qu'elles établiflent beaucoup : lui faire p;.endre un ca- ra«51êrededi'j:5ité,,d horrrrecr & ds^religiern-^ ils y ajouioient i'épithete (\(î f.icmtus ^ qui rapp'clloit au loldar fon fermenî.Ccux qji au- ront jeté les yeux !ur TouvragL' original que M. le Maréclîal de Sa;Le a laiifé fous le ti:re de mes rci'eries^ femiront tou:erimpo' tance de ces relfources fi petites en apparence. COMMINATOIRE, ad). [Juripr.) {k dît de certaiiU'S peines ou claufes pép;a!es appoiécs dans Ijssaiclcs &coi\'rats , dans les lettres de chancellerie , dan^ les jugemens , contre ceux qui contreviendront à quelque claufe ou di'pofifion , lefquelles peines ne font pas néanmoins encourues de plein droit, & ne s'exécutenx pas toujours à la rigueur». Les claufes pénales appolees dans les aens en matière de pol:ce,font auffi or- dmairement xépwtéts comminatoires^ c'eft-à- dire qu'e'.ies nefojir pas encourues de plein, droit : le règlement prononce ordinairement h peine la plus rigoureufe, dansla vue d'arrê- ter la licence , mais lorfiqu'il s'agit de favc;r d eî'e t([ encourue, on peut la remetîrc ou la modérer, cela dépendde la prudence du juge. Dans les jugemen.s rendus, foit en maàtre civile ou criminelle, lorsqu'il y a queiquedif- pofirion qui ordonne à une parrie de faire (^ueique chcfe dans un certain temps à peina: de déchéance deq'JclquedrcrityCC'tiedi,p<-fi- tion n'cfl réputée que com.iùjiutoite^ c tll-à- dire que celiîiqiù n'a pas exécuté le jugement d^ns le temps y porté, n'ed pas pour cela déchu d'vi Icti droit, à moins qu'à l'échéance î'au-re: partie n'ait obtenu un ji:gement qui roicKdime; iî.ii , ou que le premier jugement Me portât la claufe qu'«^/7 vertu du prîferit> j Hument ^ & fans qu i' en futbefoind'autrej, la partie dL^me'jreroit déchue , 6-c. ÇA^ COMMINGE , f. f. {Artillerie.^ efpece de mortier phis gros que les mortiers ordi- naires , oc qui jette 6fùs bombes efent le poids va jufqu'à 500 livres.. CQ.J COMMLNGES, (G^^^.) petite con- trit de la Gafcogjie , de dix-huit lieues de long, fur fix de large. Convennce de conve- nire , parce que les peuples qui Thabitoiene tiroient leur origine de plufieurs brigands Ef- pagnolsque Pompée ât deicendre des Pyré- nées&obligeadedenïeurerenfembie,& for- mèrent une ville qui fut nommée Convennce^, (Hadrien de Vallois, Mi numenta GalL) La fituatlon de cette ville fur une hauteur- la fit appeller par les Gaulois Lugdununh Convennarum. Strabon & P toi ornée la nomment Conve-^ narum urbs Lugdunum , & la mettent au. pié des Pyrénées. L'itinéraire d'Antonln la place enue Acqs &; Seiches, à quarante-^ C OM deyx milles de Lefcar, & 69 de Touloufe : à la fin cette ville a pris le nom du pays dont elle étoit la capitale : les Notices lui donnèrent le quatrième rang parmi les douze villes de la Novempopulanie : elle tut brû- lée en 582 par l'armée du roi Contran; ce qui fit que les évcques Te retirèrent à Saint Bertrand , bâtie par l'évéque de ce nom. Le fiege épifcopal de la métropole d'Auch eft ancien, puiCqu'on voit Tévéque Suavis foufcrire au concile d'Agde en 506 ; & Profidius au deuxième concile d'Orléans , & Amelius au cinquième. Ce comté fut réuni à la couronne en 1 548. Le principal commerce du pays eft en beftiaux & en mulets. Lq haut-Commi^gcs jouit du privilège de lies ai paj/c/ies a\'qc les Espagnols. Le bas-Comminges eft Fer- tile en blés & autres grains , qu'on fait def- cendre à Touloufe. C^J COMMIS, f. m. (Gramm. & Jurifpr.J fe prend en général pour celui qui eft prépofé par un autre pour faire en fon lieu & place quelque chofe; il eft parlé de ces fortes de commis ou prépofés dans les loix romaines : le commis à\-\ propriétaire d'un navire eft ap- pelle exercitor, le commis ou fafteur d'un marchand fur terre eft appelle infticor, de injiitorid & exercitoriâ aclione. Voyez an code Liv, IV^ tit. xxv^ ^'^fi- li^- Xly'. tit. ïij ^ 6* aux inft. liv. IV^ tit. vii ^ S 3* ^• Mandat, Mandataire, Procura- tion. {A) CoM MIS , ( Comm, ) ce terme eft d'un grand ufage chez les financiers, dans les bu- reaux des douanes, dans ceux des entrées & lorties, ik chez les marchands, négocians, banquiers, agens de change, &: autres per- fonnes qui fe mêlent du commerce ou d'af- faires qui y ont rapport; mais ces commis font amovibles , auifi-bien que ceux qui tra- vaillent danslesbureauxdesfecreîairesd'état. Les principaux commis des douanes , & particulièrement de celle de Paris , font , le leceveur général & le receveur particulier, trois direfteurs généraux des comptes , un contrô'eur, les vifiteurs, & un infpeâieur général, Voj^e^ tous ces noms fur leurs titres particuliers. Commis AMBULANT, eft un commis dont l'emploi <;onfifte à parcourir certain nombre de bureaux, à y v»ir 6c examiner COM (^37 les regiftre*; des receveurs & contrôleurs , pour en cas de malverfation en faire fon pro- cès-verbal ou fon rapport, fuivant l'exigence & l'importance de ce qu'il a remarqué. Commis aux portes; ce font ceux qui font chargés de veiller aux portes &L bar- rières des villes où fe paient des entrées pour certaines fortes de marchandifes , dont ils reçoivent les droits & donnent des acquits. V'oyei Droit & Acquit. Commis aux descentes ; ce font certaines perfonnes prépofées par les fer- miers des gabelles , pour affifter à la defcente des fels lorfqu*on les fort des bateaux pour les porter aux greniers. Commis aux recherches; on nom- me ainfi en Hollande, dan les bureaux du^ convoi & Licenten , ce qu'à la douane de Paris on nomme vijiteurs, C'eft à ces corn-' mis que les marchands qui veulent charger ou décharger des marchandifes doivent re- mettre la déclaration qu'ils en ant faie , afin que ces commis en faflent la vlfice & jufti- fient fi elles font conformes à la déclaration. CoM MIS , en terme de commerce de mer^ fignifie fur les vaifteaux marchan.is, celui qui a la direftion de la vente des marchan- difes qui en font Ist cargaifon. Les comrrûs àts marchands , négocians , banquiers, agens de change , font ceux qui ' tiennent ou leur caiile, ou leurs livres , ou qui ont foin de leursafFarres. On les nomme autrement caijjiers , teneurs de livres, 6* facteurs. Voyez ces noms fous leurs titrer particuliers. Sous-commis ., eft cehfi qui fait îa fonction du commis en cas de mort , de maladre , oa autres empéchemens.. Z)/t7iV/z/2. du Comm. Coisï MIS aux aides , font ceux que les fermiers & fous-fermiers des aides prépofent fous euxjpour la perception desdroiûsd'aides. L'ordonnance des aides du mois de juin 1680, tit. V, veut que les commis auxaides^ ■ foiert âgés au moins de 20 ans , non parens ni alliés du fermier,, ni inréreftes dans la ferme ; qu'ils prêtent ferment à réle<5lion dans le reffort de laquelle ils feront employés ou devant un autre juge des droits du roi, le tout fans information de vie & mœurs. Si fans conclufions du miniftere public. Ils- peuvent auffi prêter ferment à la cour des aiV . . des , auquel cas ii fuflit qu'ils faffent enfuite <^38 COU enrégiflfer leur fe: nient c-îtis i'éleifiion de liiir exercice. Les it'rmiL\-r:; ou fous-fermiers qui les nom- ment, demeurent civilement reiponlables de leur adminiftration. Les commis aux ai^es dovent être deux enfemble lorfqu'ils font leurs exercices, vifî- tes ^ procès-verbaux, & tous deux doi- vent fur leiirs re^iftres & procès-verbaux, les affirmer véritables dans le délai prefcrir par l'ordonnance. Néanmoins , un procès-verbal fait par un feul commis qH valable , pourvu qu'il foit afiifté d'un huiffier. Les vendaiis vins font obligés à la première fommation de leurouvrir leurs caves, cell'ers & autres lieux de leur maifon pour y faire h vifi;e. lis jouiffent de tous les privilèges accor- dés aux commis des fermes en général. J^. ci-après COMMIS DES FERMES; & le eiicl. des Aides , au mot Commis, {A) Commis des Fermes; on comprend fous ce nom tous les direéfeurs , receveurs, caiffiers, contrôleurs & autres (impies com- mis ou prépofés par les fermiers & fous-fer- miers des droits du roi , tels que les commis aux aides , les commis à la recette du con- trôle, des infinuations , &c. L'ordonnance de 1681 , titre commun pour toutes les fermes , ordonne que les fer- miers & fous-fermiers auront contre leurs commis les mêmes aftions, privilèges, hy- pothèque & droits de contrainte que le roi a contre (es fermiers , & que ceux-ci ont contre leurs fous-fermiers. Chaque fermier ou fous-fermier efl: tqÇ- ponfable civilement du fait de (qs commis. Il efl: permis aux commis des fermes^ ayant ferment à juftice, de porter des épées &c autres armes ; ils font fous la fauve-garde du roi & des juges , maires & échevins ; tous juges royaux , officiers des maréchauffées , prévôts & autres , font obligés de leurprê- ter main-forte en cas de befoin. Il efl: défendu par une déclaration de lyi 4 à tous juges de faire aucunes pourfuites contre les commis qui auroient tué des fraudeurs ou leurs complices , en leur fai- fant violence ou rébellion. Ils font exempts de tutelle & curatelle, collège, logement de gens de guerre , de C O M guet &: de garde ; i!s ne peuvent être impo- (és i:i augnicnîés à Ki uiilie pour raifon de leurcommiliion, ik jouilTent généralcn:.nt de tous les autres privilèges & exemptions accordées aux fermiers & fous-fermiers par les baux, réfultatsdu confcîl, ordonnances & réglemens. ^ Le fermier peut décerner des cotitrainte.î contre fes commis , qui font en detneiire de compter ou de payer, en vertu defquelles ils peuvent être conflltués prifonniers, & ils ne font point reçus au bénéfice de ceflion. Les gages dus commis des fermes ne peu- vent être failis à la requête de leurs créan- ciers, fauf à ceux-ci à fe pourvoir fur leurs autres biens. Ils doivent délivrer gratis les congés , ac- quits , pafia vans, certificats, billets d'envoi , vu des lettres de voitures, (k autres nEies de pareille qualité : il leur efl défendu de rien exiger ni recevoir que ce qui leur efl permis par les réglemens , à peine de concuflion ; ils peuvent feulement fe faire rembourfer des frais pour le timbre du papier. Les marques & démarques doivent être fai- tes par eux fans frais furies vailTeaux & fu- tailles,fous peine pareillement de concuflîon. Les commis des fermes doivent être âgés au moins de 20 ans; ils doivent prêter fer^ ment comme on l'a dit ci-devant pour L^s commis des aides ; ils n'ont pas befoin de juftiher qu'ils font de la religion catholique, apoftolique & romaine ; ils peuvent fe faire affifler de tels huifliiers que bon leur femble ; ils peuvent même , fans aucun miniftere d'huiflier , dénoncer leurs procès-verbaux , &: afïigner aux fins d'iceux , mais ils ne peuvent faire aucuns autres exploits. Leurs procès-verbaux , bien &:duement faits & affirmés en juftice, font crus jufqu'à infcription de faux. V^oj, ci-devant COM- MIS AUX AIDES. L'ordonnance veut que ceux qui auront fabriqué ou fait fabriquer de faux regiftres , ou qui en auront délivré de faux extraits fignés d'eux , ou contrefait les figatures des juges , foient punis de mort. La même peine eft prononcée contre ceux qui ayant en maniement des deniers des fermes , feront convaincus de les avoir emportés, lorfque la fomme fera de 300a livres & au-deffus ; & fi la fomme eft C O M moindre, ils feront punis de peine affliâ:l\«e telle que les juges l'arbitreront. Les commis ayant ferment à juftlce , ne peuvent être décrétés pour quelque délit que ce foit par eux commis ààns l'exercice de leur emploi , iinon par les officiers des éleâ:ions , greniers à fel, juges des traites & autres de pareille qualité , chacun pour ce qui le concerne. Il eft enjoint aux commis de mettre au dihors fur la porte du bureau ou en autre lieu apparent , un tableau contenant les droits de la ferme pour lefquels le bureau eft établi , &: un tarif exaâ: de fes droits, f^oy. ci-dei'ûnt au mot COMMIS AUX AIDES; V ordonnance, des gabelles , celle des aides & des fermes , le dictionnaire des aides , au mot commis', & le diclionn, des arrêts ^ au mot commis des fermes. ÇA) (31^ M MIS (droit de) , Jurifpr. efl une efpece de confifcation qui a lieu en certains pays, tant coutumiers que de droit écrit, & en vertu duquel le fief, cens , bourdelage , ou héritage de main-mo;te , eft acquis..^ çonfifqué au feigneur pour le forfait ou dé- faveu du va0al ou emphytéote. Il en eft parlé dans les coutumes des duché & comté de Bourgogne, Rheims , Nivernois & Bor- deaux ; & en l'ancienne coutume d'Auxerre quelquefois on dit commifc pour commis. Au parlement de Touloufe , le droit de com- mis n'a pas lieu pour les peines ftipulées par les fcigneurs dans les baux &: reconnoiftan- ces du paiement du double de la rente, taute par l'emphytéote de la payer , & même de la perte du fonds emphytéoàquej, s'illaifte pafter trois années fans payer; mais le droit de commis y a lieu pour la félonie de l'em- phytéote;ce qui s'obfervepréfentement dans la ville, gardiage & viguerie de louloufe, de même que dans le refte du parlement. Fbye^ Geraud, des droits feign. liv. II , xh. 8 y n.jy f p. ji^. Maynard,/iv. Vl, ch. 60. Larochetî. arrêt du 6 mai i6^C) ; .& la coutume de Paris , art. 43 . )A) Commis eft dans la congrégation de Saint Maur, ce qu'on appelle dans d'autres ' ordrGS frère donné; & qu'on appelloit an- ciennement, o^^/a/ , un laïque qui fe donne au couvent fans faire des vœux ni prendre l'habit , fous la cotidition de rendre quelque ^fervice à la maifou 6c quelquefois d'y payer C O M 639 penfion. C'eft ainfi qu'étoit un desmefîieurs Bulteau dans la congrégation de faint Maur, qui nous a donné une hiftoire abrégée de l'ordre de faint Benoît , l'hiftoire monaftique d'Orient, &. quelques autres ouvrages de littérature eccléfiaftique. (1GJ {a) COMMISE,/, m. (Jurifpr.) en général lignifie confifcation d^une chofe au profit de quelqaun\ ce terme vient du latin commif- fum., qui fignifie confifcation. Il y a au ff. /. XXXIX ^ le tit. iv , de public andis vec- tigalibus & commijjîs : la loi ij parle de marcbandifesconfifquées , merces commiffœ. Voyez aufti la loi 1 ^ & la loi /6^, §. 8 , & au code , liy. /K, ///. Ixj ; l. j. Parmi nous le terme de commife ne fe dit que pour la confifcation d'un héritage : cette peine eft encourue de différentes manières, félon la nature des héritages : c'eft pourquoi on diftingue différentes fortes de commifesy que nous allons expliquer dans les fubdivi- (ions fuivantes. Commise active , eft le droit que le feigneur a d'ufer de commife fur l'héritage de celui qui a encouru cette peine. La commife paffwe eft la peine de la confifcation de l'hé- ritage , encourue par le vaffal ou tenancier qui fe trouve dans le cas de la commife. Commise bordeliere, ou d'un hé- ritage tenu en bordelage ou bourdelage , eft la confifcation de l'héritage tenu à ce titre , au profit du feigneur contre le propriétaire, faute parce dernier de payer pendant trois ans la redevance due au feigneur pour le bordelage. Cette commife a lieu dans quel- ques coutumes où le bordelage eft ufité,telles que celle de Nivernois , titre des bordela- ges , art. S ., & celle de Bourbonnois , titre XXX , des tailles réelles , art. 5 02 , où le dé- faut de paiement du bordelage pendant trois ans eonfécutifs , emporte commife : dans la première, la commife a lieu parle feul défaut du paiement , fans que le feigneur foit obligé d'interpeller le débiteur de payer; celle de Bourbonnois eft plus mitigée , 6>c veut que le feigneur, avant de commettre , mette le débiteur en demeure de payer. Si deux particuherspofTedentun héritage en bordelage, il ne devroit, fuivant l'é- quité, y avoir que la part de celui qui eft en demeure de payer qui tombât en com- mife ; néanmoins ft le feigneur n'a pas 640 C O M confenti à la divifion de l'héritage , la com' inij'i eft folidaire , c'eft-à-dire emporte la totalité de l'héritage. Le feigneur ne peut rentrer dans l'héri- tage par droit de commlfc , faute de paie- ment pendant trois ans , qu'en le faifant ordonner par juftice ; & le tenancier de- meure en pofleifion jufqu*au jugement. Si le feigneur ne le plaint^pas, ou qu'il remette la commifc , ce ne fera pas pour cela un nouveau bail de bordelage ; c'eft toujours le même qui continue. Le tenancier peut purger fa contumace ou demeure de payer , en offrant de payer les arrérages au feigneur, pourvu que ce foit avant la demande formée en juftice par le feigneur à fin de commifc. Pour empêcher la commifc , il faut payer en entier les arrérages qui Ibnt dûs : le paie- ment d'une partie ne fuffiroir pas. Si le tenancier eft créancier du feigneur bordelier, il doit, pour éviter la commifc , demander la compenfation ; car en ce cas elle ne fe fait pas de plein droit, à caufe de la nature de la dette, & que le tenan- cier doit reconnoître le bordelage envers le feigneur. Au cas que celui-ci refusât le paiement pour ufer de commifc ^ le tenancier doit lui faire des offres réelles , S: le faire affigner pour voir ordonner la confignation ; & lorfqu'elle eft ordonnée, Teffedluer &c la Signifier au (éigneur. Les amélioraiioçs faites fur l'héritage qui tombe en commifc , fui vent le fonds, ^fans que le feigneur foit tenu d'en faire raifon au tenancier. VoyciQo<\\i^.Q fur le Niver- nais , loc. cit. & Defpommiers , art. S02 de celle de Bourbonnois. Commise censuelle ou en censi- ^ VE , eft la confifcation qui fe fait au profit du feigneur direft d'un héritage roturier tenu de lui encenfive , pour caufe de défaveu ou félonie du cenfitaire : cette forte de com- mifc n'a pas lieu dans le droit commun , Suivant lequel il n'y a que les fiefs qui font fujets à tomber en commifc , au profit du feigneur ; elle eft feulement reçue dans quel- ques coutumes, comme celle de Norman- die ; voye^ BiinsLgQ^fur l''art. cxxv de cette coutume : & dans celle d'Anjou & Maine , ffoyci Poquet de Livoniere, des fiefs ^ liv. C O M //, ch, ij , fccl. 4 ; Guyot , des fiefs , tr. de la commifc ,p. ^oG\ elle fe règle en tout comme la commifc fcodale\ voyez M. de Boutaric, en fon tr. des dr.feign. part. III y ch. V ^ de la commifc des cenfpcs. Commise emphytéotique ou en EMPHYTÉOSE, qu'on appelle 2M^\ commis ou droit de commis , eft le droit que le bail- leur a de rentrer dans l'héritage par lui donné à titre d'emphyîéofe , faute de paiement de la redevance pendant un certain temps. Cette commifc eft fondée fur les loix fé- conde & troifieme, au code de jure empliy- teutico. La loi ij ouvre la commifc par le défaut de paiement du canon ou redevance emphytéotique pendant trois années con- fécuiives , quand même la condition de payer, & la peine du défaut de p:iiement ne feroient pas écrites au contrat. Godefroy , fur cette loi, obiérve qu'il falloir un juge- ment qui déclarât la commifc ouverte. La loi iij marque un fécond cas , dans lequel il y avoit ouverture à la commifc ; favoir, lorfque l'emphytéote vendoit l'hé- ritage à un autre fans le confentement du bailleur: mais l'emphytéote avoit un moyen pour éviter cette commife\ c'étoit lorfqu'il vouîoit vendre, & qu'il avoit fait lepiix, d'aller trouver le bailleur & de lui offrir aux mêmes conditions. Le bailleur avoit deux mois pour délibérer & demander la préla- tion ou préférence ; fi le bailleur laiftbit écouler les deux mois fans ufer de fon droit, l'emphytéote pouvoit vendre librement, & le bailleur ne pouvoit refufer d'admettre le nouvel emphyîéote. L'ufage de la commifc ou commis em- phytéotique appartient plus aux pays de droit écrit qu'aux pays coutumiers , attendu que dans ceux-ci les baux emphytéotiqites ne font ordinairement que de 99 ans , au lieu que la vraie emphytéofe des pays de droit écrit eft perpétuelle. Cependant les parlemens de droit écrit n'ont pas tous également adopté la difpo- fition des loix dont on vient de parier fur la commifc emphytéotique. MM. Salvaing &c Expiliy difent qu'elle n'a plus lieu en Dauphiné , même pour les fiefs , foit faute de paiement de la re- devance , foit pour la vente du fonds faite fans le conièncement du bailleur. Il cou Il en eft de même au parlement de Tou- loufe : mais Defpeiiïes dit , que fi Temphy- téote s'obilinoit à ne vouloir point payer le ' cens , il feroit évincé de l'héritage après quel- ques condamnations comminatoires. Le même auteur dit que la commife n'a pas lieu à Montpellier , &: que dans le refte du royaume elle ne s'obferve pas non plus à la rigueur. Cependant en Bourgogne la commife n*a lieu , faute de paiement de la redevance , que quand cela eft ainfi ftipulé dans le bail emphytéotique , auquel cas il n'efl: pas befoin d'interpellation de payer : elle y a pareille- ment lieu en cas de vente , fans le confen- tement du feigneur , lorfque le bail le porte expreffément. Voye^^ Us cahiers d& réforma- tion de La coutume. Dans l'emphytéofe d'un bien d'églife , la commife a lieu par le défaut de paiement des arrérages pendant deux années. Novclle vijy CA. J.§ 2. La commife a àufli lieu lorfque l'emphy- téote détériore le fonds, de manière que la rente ne foit plus affurée :cela s'obferve aux parlemens de Touloufe & de Dijon. L'emphytéotequieft évincé perd fes amé- liorations. VoycT^ Defpeifîes , tome III ^ des droits feigneuriaux , article v ; Guyot , des fiefs , tome //^, titre du droit de commife en émphythèote. Commise féodale , eft laconfifcation du fief du vaflal au profit du feigneur , au- quel il appartient comme réuni à fa table. Suivant l'ufage le plus général , cette com- mife a lieu en deux cas ; favoir , pour caufe de défaveu formel, & pour caufe de félonie. Le droit de commife féodale paroi t avoir été établi à l'inftar de la commife emphytéo- tique , dont il eft parlé dans les loix ij &: iij , au code de jure emphyteutico. Si ce que l'on dit de la commife encourue par Clotaire II , eft vrai , l'ufage de ce droit feroit fort ancien en France. V^oye'^ ci-après Commise PASSIVE. • Ce qui eft de certain eft qu'elle avoit déjà lieu , fuivant l'ancien droit des fiefs qui le trouve dans les livres des fiefs, compilés par Obert de Ofto & Gerad le Noir , tous deux jurifconfultes milanois , du temps de l'em- pereur Frédéric qui régnoit vers l'an 1160. Suivant ces loix dei fiefs, la commife féo- Tome VIII. C O M 64Ï da/e avoit lieu en plufieurs cas, dont quel- ques-uns font conformes à notre ufage : les autres font encore ufités en Allemagne & en Flandre. La commife avoit lieiT , lorfque le nou- veau vafîal négligeoit d'aller demander l'in- veftiture dans l'an Ôc jour; ce qui doit s'en- tendre de l'héritier du vafîal , &: non de l'acquéreur : car il n'étoit pas permis alors de vendre le fief fans le confentement du fu- gueur dominanr. La prefcription de 30 ans mettoit feulement à couvert de cette com- mife, 2°. Celui qui aliénoit fon fief invito vel irrequifùo domino , perdoit fon fief; & l'ac- quéreur de fa part perdoit le prix qu'il en avoit payé , lequel tournoit au profit du fifc : ce qui a encore lieu en Bourgogne où les fiefsfont en danger, non pas àla vérité pour la vente , mais pour la prife de polTeflion. ^°. Si dans le combat , le vaflal abandon- noit lâchement fon feigneur. 4'*. S'il avoit fu quelques attentats contre fon feigrf^ur , & ne l'eut pas averti. 5°. S'il avoit été le délateur de fon fei- gneur. 6'^. S'il manquoit à quelqu'un des fervices auxquels ilétoit obligé , comme fervices de plaids, auquel cas il falloir que le vaflal fût contumace pour encourir la commife : ce fervice de plaids eft encore ufité en Picardie : le vaflal eft appelle /^er^ du fief dominant ; mais s'il manque à ce fervice , il ne perd pas pour cela fon fief. j^. Si le vaflal entroit en religion ou fe faiibit prêtre , il perdoit fon fief , parce qu'il ne pouvoir plus en faire le fervice; mais en cecaslefiefalloita^^_g'/z^W5. Ilyavoitmême des fiefs affeftésà des eccléfiaftiques. 8". Lorfque le vaflal détérioroit confidé- rablement fon fief, 6>c fur-tout s'il abufoit du droit de juftice. 9*^. Le défaveu fait fciemmentemportoit auffi perte de fief; mais la commife n'avoit pas lieu lorfqu'il avouoit un autre feigneur. lo*^. La commife avoit lieu pour feion.c , & ce crime fe commetîoit de plufieurs fa- çons, par exemple, fl le valTal avoit vécu en concubinage avec la femme de fon feigneur, ouqu il eût pris avec elle quelques familiarités déshonnêtes; s'il av^t débauché la fille ou la petite-fille de fon feigneur : la même peine Mm m m ^41 C O M avoit lieu par rapport à la Cœur du Teigneur non mariée, lorfqu'elle demeuroit avec fon frère ; il y avoit nuffi félonie , lorfque le vafTal attaquoit fon feigneur , ou le château de fon feigneur , fâchant que le feigneur ou la dame du lieu y étoient. Le meurtre du frère du feigneur n'étoit pas feul une caufe de commife , m.iis elle avoit lieu lorfque le vaiTal avoit tué le frère ou le neveu du fei- gneur , pour avoir feul une hérédité qui leur étoit commune. Koye^ Félonie. La commifi n'étoit point encourue de plein droit, il falloitun jvigement qui la pro- nonçât , & le vaffal pouvoit s'en défendre par pliifieurs circonftances , comme pour caufe de maladie , abfence, erreur de fait, &c. iefquelles excufes recevoient leur appli- cation félon les différens cas. Il y avoit réciprocité de commife entre le . feigneur & le valîal ; c'eft-à-dire , que la plu- part des cas qui faifoient perdre au vaflal ion fief, faifoient auffi perdre au feigneur la mouvance, lorfqu'il manquoit à quelqu'un ^Q'i devoirs dont il étoit tenu envers fon vaffal. En France on ne connoît, comme nous l'avons déjà dit , que deux caufes qui donnent lieu à la commife , favoir , le défa- veu &: la félonie. Dans les pays de droit écrit , & dans la coutume d'Angoumois qui les avoifine, le défaveu ne fait pas encourir la commife; il n'y a que la félonie. En pays coutumier , le défaveu & la félo- nie font ouvertes à la commife. Dans quelques coutumes , comme Niver- nois , Melun , Bourbonnois &: Bretagne, il y a \\n troifieme cas où la commife a lieu ; favoir, lorfque le vaffal , fciemment & par dol, recelé quelque héritage ou droit qu'il ne comprend pas dans fon aveu ôc dénom- brement. La commife n'a pas lieu lorfque le vaffal foutient que fon fief relevé du roi , parce que ce n'eff pas faire injure au feigneur que de lui préférer le roi. Mais fi le procureur du roi abandonne la mouvance , &: que le vaffal perfifte dans fon défaveu, il encourt la commife. La coutume d'Orléans, art. Ixxxj ^ dit que fi le feigneur prouve fa mouvance par des titres qui remonttînt à plus de cent ans , CO M il n'y a point de commife , parce que le vaffal a pu ignorer ces titres. Lorfque le vaffal dénie que l'héritage foit tenu en fief, & prétend qu'il eft en roture , fi mieux n'aime le feigneur prouver qu'il eft en fief, il n'y a point lieu à la commife. Elle n'a pas lieu non plus lorfque le fei- gneur prétend les droits extraordinaires, & que le vaffal refufe de les payer, le feigneur étant obligé d'inftruire fon vaffal. La confifcation du fief ne fe fait pas de plein droit , il faut qu'il y ait un jugement qui l'ordonne. Si le feigneur ne l'a point demandé pen- dant la vie du vaffal, la peine eft cenfée remife. Il en eft de même lorfque le feigneur ne Ta point demandé de fon vivant, (&s héritiers ne font pas recevabies à la demander. Le fief confifqué, & tout ce qui y a été réuni, demeure acquis au fief dominant, fans qu'il en foit dû aucune récompenfe à la communauté. Il demeure chargé des dettes hypothécai- res du vaffal. Un bénéficier ne peut pas commettre la propriété du fief attaché à fon bénéfice , parce qu'il n'en eft qu'ufufruitier \ il ne perd que les fruits. Le mari peut par fon fait commettre feul les conquéts de la communauté , mais il ne peut pas par Ion fait perfonnel commettre la propriété des propres de fa femme , à moins qu'elle n'ait eu part au défaveu ou félonie ; il encourt feulement la confifcation des fruits. La femme peut commettre Ces propres, mais elle n'engage point les iruits au préju- dice de fon mari. Le baillifte ou gardien ne commet que les fruits. La commife n'eft point folidaire, c'eft-à- dire , que fi le fief fervant appartient à plu- fieurs vaffaux , il n'y a que celui qui, défa- voue qui'^commet fa portion. Le feigneur qui commet félonie envers fon vaffal, perd la mouvance dufieffervanr. V^oye^^ les livres des fiefs ; Struvius , dans fon Syntagma juris feudaUs ^xh. xv , de amijjionefiudi ; GudeYmus &i Zoezius, fur les mêmes titres ; Julius Clarus , quœft. xlvi/. § feudum, Poquet de Livonniere 3 Guyot C O M & Biilecoq, en leurs Traites des fufs ; & Us art. DÉSAVEU & FËLONIE. Co xM M I3E (Tun hériiagc tailUibh , eft la confiscation d'un héritage fujet au droit de taille feigneuwale qui a lieu au profit du fei- gaeur , lorfque le propriétaire de l'héritage dirpole delà propriété fans le confentement du feigneur. Cette commifc a lieu dans la coutume de Bourbonnois, art, ccccxc y & dans celle de la Marche , an, cxli'ii/.p3ins ces coutumes , le tenancier d'un héritage taillable ne le peut vendre en tout ni en par- tie , ni le donner ou tranfporter , échanger , ou autrement aliéner, ou en difpoler Toit entre-vifs ou par teftament , fans'le confen- tement du feigneur taillablier , quand même ce feroit pour fournir à la fubfiftance ôc aux alimens du propriétaire. On excepte néanmoins la donation en avancement d'hoirie faite àundesenfans du tenancier , laquelle ne tombe pas en com- mife. Il fautauffi excepter les taillabl es qui tien- nent un héritage par indivis ; ils ne peuvent à la vérité le démembrer , foit au profit de l'un d'eux ou d'un étranger , fans le confen- tement du feigneur ; mais chacun des co- perfonniers peut céder fa part indivife à un de ks co-perfonniers fans le confentement du feigneur , parce que chacun d'eux avoit déjà un droit indivis dans la totalité , &que c'eft moins une nouvelle acquilition, que Jure non decrefceridi. Les co - perfonniers taillables peuvent aufli, fans le confentement du feigneur, faire entr'eux desarrangemenspourlajouif- fance, mais non pas pour la propriété. Au refte la prohibition d'aliéner l'héritage taillable fans le confentement du feigneur , ne regarde que la propriété; car le tenancier peut librement difpofer des fruits , &: (es créanciers s'y venger , tant qu'il en eft pof- fefTeur. Quelques-uns tiennent que fi une maifon menace ruine , Se que le tenancier ne foit pas en état d'y faire les réparations , il peut l'of- frir en vente au feigneur ; & que fi celui-ci refufe de l'acheter , le tenancier peut la vendre à un autre : ce qui paroît fondé fur équité. Lorfque le tenancier n'a difpofé fans le confentement du feigneur que d'une partie CO M 643 de î'Iiéritage , il n'y a que C'^tte portion qui tombe en commife. Il ne tljfnc pas pour prévenir h commife de fiipuîer dans la vente ou autre difpofition , qu'elle n'eft faire que fous le bon plaifir & confentement du feigneur ; fi le vendeur s'en deiTaifit , & que l'acquéreur en prenne pof- fefiion réelle avant d'avoir obtenu l'agré- ment du feigneur, la commife efi: encourue à fon profit. Mais la vente ou difpofition ne fait pas feule etîcourir la commife^ , quand même l'acle contiendroit une réferved'ufufruitau profit du vendeur, & que l'acquéreur auroit par ce moyen une poirefiion fidive, parce que le vendeur , à cet égard , n'eft cenfé dé- pouillé que par la prife de poffefiion réelle &: adluefle de l'acqnéreur : jiiique-là les par- ties peuvent fe rétra(fter. Celui qui a vendu ou autrement aliéné un héritage taillable, fans le confentement du feigneur , n'eft pas tenu de livrer l'héritage fi le feigneur n'y confent ; attendu que l'hé- ritage tomberoit en commife , & que par con- féquent l'acquéreur n'enprofireroit pas : mais fi l'acquéreur a pu ignorer & ignoroit effec- tivement que l'héritage fût taillable , il peut agir endommages & intérêts contre le ven- deur pour l'inexécution du contrat. Quoique quelques coutumes fuppofentla commife encourue ipfo facto , néanmoins l'ufage eft que le feigneur fafte prononcer en juftice la commife; s'il n'en forme pas la demande , fon fiîence pafie pour un confen- tement tacite , tellement que l'acquéreur n'eft tenu de rendre les fruits que du jour de la demande , & non du jour que la commife eft ouverte. Lorfque le feigneur reçoit les droits , oti approuve de quelqu'autre manière la vente, la commife n'a pas lieu ; on tient même que le confentement du mari fuffit pour les héri- tages taillables qui font de la cenfive de fa femme ; ce qui eft fondé fur ce que ces droits font infriiclu , & appartiennent au mari. Par une fuite du même principe , quand le feigneur ufe de la commife , l'ufufruitier ou fermier de la feigneurie jouit pendant le temps de fa ferme de l'ufufruit de l'héri- tage tombé en commife , parce que la com^ mife eft confidérée comme ufufruit. Le droit de c-ommife étant de pure faculté^ M m mm 2 ^44 C O M ne ie prefcrit point pour n'en avoir pàsufé dans certains cas ; la prefcription ne com- mence à courir que du jour de la contradic- tion faite par l'acquéreur ; mais l'exercice de la commife qui eft ouverte , fe prefcrit par trente ans comme toutes les allions perfon- lîclles. Le roi ni ceux qui le repréfentent , n'ufent pas du droit de ccmmifc pour les héritages taillables qui font tenus de lui -, mais ils ont auffi un droit de lods éventes plus fort. Pour ce qui eft de l'églife, elle n'ufe de commife fur fes héritages taillables que dans les lieux où elle eft en pofteftion de ie faire. ^.Defpommiers fur les art. ccccxc & ccccxcj de la coutume de Bourbonnois , & Jabely fur Vart. cxlv'ùj de celle de la Marche , & Cart. Taille seigneuriale. Commise passive eft oppofé à com- mife aclive.N. ci'dev. COMMISE ACTIVE. La commife paffive peut auffi s'entendre de la confifcation qui a lieu contre le feigneur pour la mouvance d'un fief, lorfqu'il s'eft rendu coupable de félonie envers fon vaftal , c'eft-à-dire, lorfqu'il a commis contre lui quelque forfait & déloyauté notable. On trouve dans quelques-uns de nos hiftorie*ns •un exemple fameux de cette forte de commife faffîve ; favoir , celui de Clotaire II , qui Sui- vant quelques-uns de nos hiftoriens, perdit la mouvance de la feigneurie d'Yvetot dans le pays de Caux , pour le meurtre par lui commis en la perfonne de Gautier , feigneur d'Yvetot. Le fait à la vérité paroît juftement ■contefté ; mais ce qui en eft dit prouve tou- jours qu'on étoit dès-lors dans l'opinion que la commife auroit lieu contre le feigneur en pareil cas. Commise TAILLABLIERE, voyei ci- devant Commise d'un héritage taillablc Co M M ISE du feigneur contre le vafjal & cenfitaire. V. ci-devant COMMISE FÉO- DALE & Commise censuelle. Commise j qu'elle foit feulement émanée de quelque juge. La première ordonnance où l'on trouve le terme de commifjaire employé, commiffarii^ eft celle de S. Louis en 1254; depuis ce temps il eft devenu d'un ufage fréquent ; nous expliquerons dans les fubdivifions fuivantes les fondions des différentes fortes de com^ mifjaires qui ont rapport à la juftice. {A) Commissaires AuCHATELET,(yi/- rifprud. ) qu'on appelle auffi commijfaires- enquêteurs-examinateurs , font des officiers de robe longue établis pour faire certaines inftruftions ou fondions de juftice & police , à la décharge des magiftrats du châtelet. Le commiffaire de la Mare qui étoit fort zélé pour l'honneur de fa compagnie , pré- tend dans foîi Tr. de la police , tom. 1 , 1. 1 ^ tit. a:i/,que les enquêteurs-examinateurs font plus anciens que les confeillers au châtelet. Mais il eft certain , comme nous le prou- verons ci-après au mot CONSEILLERS au châtelet , que ceux-ci font plus anciens ; que c'étoient eux qui faifoient autrefois les en- quêtes, informations, partages,& toute l'inf- trudion; que ce qui eft dit dans les anciens au- teurs & dans les regiftres publics jufque vers l'an 1300 au fujet des auditeurs & enquê- teurs , ne doit point s'entendre d'officiers qui fuffent en titre pour ces fondions , mais de confeillers ou avocats qui étoient délégués à cet t^et par le prévôt de Paris , & autres ju- ges ; il n'eft donc pas étonnant qu'il foit dit en plufieurs endroits que lesauditeurs & enquê- teurs avoient féance & voix délibérative au châtelet, puifque c'étoient ordinairement des confeillers qui faifoient cette fondion , 5c c'étoit comme confeillers qu'ils avoient cette féance. On ne trouve point de preuve certaine qu'avant l'an 1300, il y eût au châtelet des enquêteurs ou examinateurs en titre , &: dont la fondion fur permanente & féparée de celle des confeillers. {A) Les examinateur?, appelles depuis com- miffaires au châtelet , ont eux-mêmes re- connu dans deux arrêts que les confeillers du châtelet étoient plus anciens qu'eux. CO M On voltdans le [,re:nier de ces arrêts , qui cft du 5 août 1434, qu'il fut dit par Chauvin & conforts , examinateurs au châtelet , qu'^^ amiquo il n'y avoit nombre d'examinateurs qui fût ordinaire ; mais que les confeillers du châtelet , qui font douze , étoient comme les confeillers de la cour; qu'eux-mêmes faifoient les enquêtes , oc ne poftuloient point en manière d'avocats ; & que depuis fut mis certain nombre d'examinateurs. Le fécond arrêt , qui eft du 10 mai 1 502 , fut rendu entre lesfeize examinateurs d'une part , & les lieutenans civil & criminel , & les confeillers au châtelet d'autre part. Les examinateurs reconnurent , du moins taci- tement , que leur éreâiion ne remontoit pas plus haut que vers l'an 1 300. En effet , à l'audience du 2 mai 1 502 , leur avocat parla feulement de l'ordonnance qui avoit établi les feize examinateurs ^ fans la dater : l'avo- cat des confeillers au châtelet dit qu'on avoit d'abord érigé au châtelet le prévôt de Paris & douze confeillers ; que depuis flirent com- mis deux lieutenans, l'un civil, l'autre cri- minel : & l'avocat du lieutenant criminel dit que de tout temps &; d'ancienneté ,plus de deux cents ans, & long-temps avant l'érec- tion des examinateurs , les lieutenans civil & criminel de la prévôté avoient accoutumé de faire jles enquêtes ; qu'il n'y avoit qu'eux qui les fiffent , n'étoient les confeillers ou avocats auxquels ils les cammettoient ; que depuis pour le foulagement àes lieutenans , qui ne pouvoient bonnement entendre à faire les enquêtes & expéditions des procès pen- dans au châtelet, pour la grande multitude des caufes & affluence du peuple , il fut or- donné par le roi qu'il y auroit feize examina- teurs dans cette ville es feize quartiers, fous lefdits lieutenans , pour eux s'enquérir des va- gabonds & maléfices , & le rapporter au châ- telet , & aufîi pour faire nettoyer les rues , vifiter les boulangers , & entendre furie fait de la police ; qu'il fut aufli dit qu'Us feroient les enquêtes des procès pendans au châtelet. Tels font les faits énoncés dans cet arrêt, qui ne paroiffent point avoir été contredits par les examinateurs ; ce qui confirme que les confeillers ont été établis avant les exa- minateurs en titre , & que ces derniers l'ont eux-mêmes reconnu. li paf oît par des lettres de Philippe-Ie-Bel, C O M du mois d'avril 1301 , que les notaires du châtelet fe plaignirent de ce que le prévôt, les auditeurs , 6»^ les enquêteurs ou exami- nateurs faifoient écrire leurs expéditions par d'autres perfonnes qu'eux ; & Philippe-!e- Bel leur ordonne de fe fervir du miniftere des notaires. Au mois de mai 1313 , ce même prince trouvant que les examinateurs qui éroient alors en place avoient abufé de l|airs char- ges , les fupprima , & ordonna que les en- quêtes feroient faites par les notaires , ou par d'autres perfonnes qui feroient nommées par les auditeurs ou par le prévôt. Philippe V , au mois de février 1310, or- donna que les notaires du châtelet pour- roient examiner témoins en toutes les caufes mues & à mouvoir au châtelet, félon ce que le prévôt & les auditeurs du châtelet leur com- mettroient, & fpécialement ceux que les parties requéreroient & nommeroient de commun accord. Il ordonna cependant en même temps qu'il y auroit au châtelet huit examinateurs feulement , qui feroient loyaux & difcretes perfonnes choifiespar les gens de comptes; que ces examinateurs pourroient examiner les témoins en toutes caufes, ayant chacun pcHjr adjoint un notaire. Leur falaire eft auffi réglé par la même ordonnance. Celle de Philippe de Valois , du mois de février 1 3 2.7 ? fixa le nombre des examina- teurs du châtelet à douze , qui étoient diftri- bués deux à deux en fix chambres , où l'un interrogeoit les témoins, & l'autre écrivoit les dépofitipns.Cette ordonnance défend aux examinateurs de fe mettre au rang du fiege du prévôt de Paris : elle leur défend auili d'être avocats , notaires , penfionnaires , ni procu- reurs, &c détenir aucun autre office au châ- telet. Elle règle aufii leurs falaires , & la ma- nière de leur donner les faits & articles. llfe trouva quelques années après jufqu'à vingt- deux, examinateurs pourvus par le roi; c'eft pourquoi Philippe de Valois, par des lettres du 24 avril 1337, eniixa le nom- bre à feize , qu'il choifit parmi ceux qui exerçoient alors , & ordonna que les fix furnuméraires rempliroient \qs places qui deviendroient vacantes. Ce nombre de feize fut confirmé par des lettres du roi Jean, du premier juin 1353 ; 6^G C G M de Charles V , du mois àz juin 1366 ;& de Charles VI , du mois de juin 1 3 80. Ces charges étoient recherchées avec tant d'empreiTeinent , que Louis XI en attendant qu'il y en eût de vacantes , en créa quatre extraordinaires , par édit du mois de janvier 1 464 : il en donna deux aux nommés AJfailly & Chauvin , pour récompenfe des lervices qu'ils lui avoient rendus. Mais les feize ordi- naires s'é^ant oppofés à leur réception , cela donna lieu à une longue conteftation;ce qui engagea Louis XI à fupprimer les quatre nouveaux offices , par un édit du mois de mars 1473. AfTaiîly eut cependant le crédit de faire ré- tablir pour lui un de ces offices , & y fut reçu. Comme il s'éleva encore à ce fujet des difficultés; LouisXI,au mois de juin 1374, créa quatre offices d'examinateurs ordinai- res, & en donna un à ce nouveau pourvu. Il y eut oppofition à l'enrégiftrement , & cette nouvelle création n'eut pas lieu. Au mois de décembre 1477, Louis XI créa encore deux nouvelles charges d'exa- minateurs , & au'mois de février fuivant un office d'examinateur extraordinaire. Mais Charles VIII, par des lettres du 27 feptembre 1393 , rétablit l'ancien nombre de feize , & fupprima les furnuméraires : & Louis XII au mois d'oftobre 1 507 , ordonna que ce nombre demeureroit fixe , fans pou- voir être augmenté. Cependant François I, pas fon édit du mois de février i^ii , en créa feize nou- veaux , & leur donna à tous le titre de cnm- mijfaires ^qm renferme tous les autres titres qu'ils portoient autrefois. Il y eut plufieurs conteftations entre les anciens & les nou- veaux , qui furent terminées par farrêt du grand-confeil , du premier août' 1 534 , por- tant que les uns & les autres jouiroient des mêmes droits & prérogatives. Il fut créé le 7 feptembre i«;70,untrente- troifieme office de commijfaire au châteîet, & au mois de juin 1586 huit autres ,qui par une déclaration du même mois furent réduits àfept; ce qui fit en tout le nombre de 40. Dans la fuite ce nombre ayant paru excef- {îf, eu égard à l'état où étoit alors la ville de Paris , il fut ordonné par un édit d'oélobre 1603 , que ceux qui vaqueroient feroient fupprimés , jufqu'à c& qu'Us fuffent réduits à ( C O M trente-deux; mais il n'y en eut qu'un qui fut rembourfé. Au mois de décembre 1635 , Louis XIII créa vingt-un offices de comm'ijjairc au châ- teîet , pour faire avec les trente-neuf qui fubfiftoient , le nombre de foixante. Par des lettres du mois de juillet 1638, les vingt-un nouveaux offices fiirent réduits à neuf, au moyen de quoi il y avoit alors quarante- huit commiffaires. Ils prennent tous le titre de maîtres ; Se depuis 1668 ils prennent auffile titre de con- fciUcrs du roi , en vertu de lettres-patentes du mois de juin de ladite année , qui leur ont donné le titre de confeiUers du roi , commif- faires enquêteurs examinateurs au châteîet de Paris. Ces lettres leur accordent auffi le droit de parler couverts aux audiences ; le droit de vétérance au bout de vingt années d'exer- cice , la confirmation de leur franc-falé , & l'extenfion de leurs privilèges à leurs veuves. Le roi accorda auffi une penfion à la compa- gnie , &c en fit efpérer de particulières à ceux qui fe diftingueroient dans leur emploi. En 1674, lorfque l'on créa le nouveau châteîet , on créa en même temps dix-neuf commijfaires qui furent incorporés aux an- ciens, pour fervir en l'un & l'autre iiege. Par une déclaration du 23 d'avril de la même année , les dix-neuf nouveaux offices fu- rent réduits à fept , pour ne compofer qu'un même corps avec les quarante-huit anciens. Enfin par fucceffion de temps , le nombre des charges a été réduit à cinquante , dont deux ont été acquifes par la compagnie, enforte qu'il ne refle que quarante-huit titu- laires. La foncflion àes commiffaires en matière civile, confifte à appofer & lever les fcellés dans la ville , fauxbourgs & banlieue de Paris , & par fuite dans toute l'étendue du royaume. Ils font les enquêtes & interroga- toires fur faits & articles , entendent les comptes de tutelle , de commufiauté , d'exé- cution teflamentaire ; font les partages entre héritiers, les ordres & contributions, les liquidations dédommages & intérêts, &les taxes des dépens. Par rapporta la police , ils font diftribués dans les vingt-un quartiers difFérens de la ville , pour veiller au bon ordre 6c à la fureté C O M publique. Il y en a communément deux ou trois dans chaque quartier. Ils fontauffi pré- pofés pour tenir la main à l'exécution des réglemens de police , &: peuvent faire affi- gner les contrevenans à la police pour être condamnés en l'apnende , & en telle autre peine qu'il y échet. En matière criminelle ils ont auffi plu- fieurs fondions, qui confiftent entre autres à recevoir les plaintes qui leur font portées , à faire d'office les informations , interroga- toires , &: procès-verbaux préparatoires ; lorfque l'accufé eft pris en flagrant délit, ils peuvent même le faire conduire en prifon, mais ils ne peuvent pas le faire écrouer. Ils font aufli en vertu d'ordonnance du lieute- nant criminel , toutes informations , procès- verbaux , interrogatoires de ceux qui font décrétés d'ajournement perfonnel. Ils ren- dent des ordonnances pour faire affigner les témoins en vertu d'ordonnance du juge qui permet d'informer , & pour affigner à com- paroître au tribunal dans certains cas , comme pour répondre au rapport d'une plainte , foit au civil ou au criminel , & pour affigner en leur hôtel dans les matières de comptes , partages , ordres , &c. Enfin ils font prépofés pour exécuter tous les ordres , mandemens , & commiffions des iieutenans civil, de police & criminel. Ils jouiffient de plufieurs prérogatives & privilèges , tels que le droit d'avoir une féance marquée aux audiences aux pies des juges, & à toutes les affi^mblées générales de police ; &c ils peuvent fe couvrir en fai- fant leur rapport. Ils ont auffi le droit de garde-gardienne , committimus aux requêtes de l'hôtel & du palais, le franc-falé, exemptions du droit d'aides & autres impofîtionspour les vins & grains de leur crû; exemptions de tailles, emprunts , & autres fubiicfes ordinaires &: extraordinaires; exemption de logement de gens de guerre & de fuite de la cour, de toutes charges de ville & publiques, de tu- telle & curatelle. Le roi les difpenfe de payer leur paulette, au moyen d'un acquit patent qui leur eft délivré, ainfi qu'à plufieurs auires officiers du châtelet. Ils jouiflTeat auffi du droit de vétérance , &: de plufieurs autres. Oii trouvera un plus ample détail de ce qui concerne l'établiflement, les fondions ÔC COU 647 privilèges des commijfairesau chdtelct\ dans le Tr. de la police , tome I , liv. /, lit. xij. Commissaires du conseil, voye^^ ci-après CoNSEiL DU ROI , à l'article Com- miJJ aires. • X^OMMISS AIRES conferi-'aeeurs gériéraux des décrets volontaires , étoient des officiers établis parédit du mois de janvieriyoS, dans toutes les juftices royales, pour avoir inf- peclion fur tous les décrets volontaires qui fe feroient dans leur reflort, confcrver les droits des vendeurs & acquéreurs des hérita- ges Vautres immeubles décrétés volontaire- ment, & empêcher que par dol , fraude, collufion , ni autrement. Ces décrets volon- taires ne devinrent forcés. L'acquéreur qui pourfuivoir un décret volontaire, étoit obligé de faire enrégiftrer fa faifie réelle & fon con- trat d'acquifition au bureau de ces commif- faires , avant de faire procéder aux criées. Onleur donna des contrôleurs, & on attribua aux uns & aux autres des droits fur les dé- crets , & différens privilèges. Mais les con- trôleurs furent réunis aux commijjaires pour toutes les jufiices de la ville , fauxbourgs & généralité de Paris, par une déclaration di\ 19 février 1709; & par une autre déclaration du 9 avril îliivanf, il fut ordonné que les offices de commijfaires des décrets volon- taires anciens , alternatifs & triennaux , dans les cours & jurifdidions de la ville, faux- bourgs &: généralité de Paris, & ceux de leurs contrôleurs , feroient exercés fous les titres à^ anciens mi-triennaux , & ai alterna- tifs mi-triennaux. Ces offices àe commijfaires furent fuppri- méspour la Bourgogne , par un éditdu mois de mai 1708 ; & par un autre édit du mois d'août 171 8 , ils forent fupprimés dans tout le refte du royaume. Cet édit a feulement réfervé la moitié du droit qui fe payoit pour les décrets volontaires. Voye:^ ce qui eft dit de ces offices , dans le Traité de la vente des immeubles par décret de M. d'Héricourt, pan, I , ckap. dernier , n. S. Commissaires DES dé ci mes, furent créés par édit de novembre 1703 » pour faire dans chaque diocefe le recouvrement des décimes : mais par déclaration du 4 mars 1704 , ils furent réunis aux offices de rece- veurs généraux & particuliers. Commissaires aux décrets yo- ^45 C O M LONTArnES, V. ci-dcv. Commissaires confevatèurs généraux des décrets volon- taires. Co M MISS AiRïS départis par le roi dans les provinces. ^^07^:5; IntENDANS. Commissaires enquêteurs exa- minateurs, (Jwifp.J font des officiers de robe longue, établis pour faire certaines inftruftions & fonctions de juftice & poli- ce, à la décharge des juges tant civils que criminels , & de police. De la Mare , en fon Tr. delà police , tom, /, liv. ly tit. xij , fait remonter l'origine dt ces officiers jurqu'aux temps les plus reculés. Il y avoit , feloniui , de femblables officiers chez les Hébreux , chez les Grecs Se chez les Romains. Il prétend que chez tous ces peu- ples , & en particulier chez les Romains , il y avoit deux fortes d'officiers principaux établis auprès des magiftrats , & qui en- troient en participation de foins & de leurs tondions; que les uns, qui font toujours nommés ûjfejfores magiftratuum , étoient établis pour affifter le magiftrat au tribunal, & lui donner avis & confeil dans le juge- ment & la décifion des affaires les plus im- portantes; & que c'eft de-là que le nom de confdlUr tire fon origine ; que les autres étoient deftinés à veiller fur le peuple , à faire une partie des inftruftions néceffaires , &: à décharger les magiftrats de certaines fonc- tions auxquelles ils ne pouvoient fuffire ; que ces officiers étoient prépofés pour faire les enquêtes & entendre les témoins , & en gé- néral pour la recherche des preuves ; que c e- \.6\QT\\^\ix(\\x^^ on-à^^z'X6\iadjutores magif- tratuum , fervatores loci^ curatores urbis , vicarii magiflratuum , defcnfores civitatis , quœJîtoreSy inquijltores ^ auditores y difcuf- fores. 11 ajoute que les Romains ayant conquis les Gaules , & y ayant établi le même ordre que dans l'empire pour l'adminiftrationdelajuf- tice , y inftituerent des enquêteurs examina- teurs ", & que nos rois ayant trouvé cet ufage établi dans les Gaules, le conferverent. Il cite un édit de Clotaire II , de l'an 615, & plufieurs autres ordonnances rendues en différens temps , &qui font rapportées dans les capitulaires, où il eft parlé de ces offi- ciers , appelles mijjl^ difcujfores , inqui/ùo- 1 Tes y adjutores , A« vicarii comitum , &c. C O M De-là il pafTe au détail des différentes fonc- tions de police qui étoient remplies par ces officiers , dont les principales étoient , dit-il , de recevoir les loix & les ordonnances par les mains des comtes , pour les faire enfuite entendre &: oblerver aux citoyens ; de veil-^ 1er à ce que rien ne fût entrepris , ni aucuns difcours tenus contre le fervice du roi ou le bien public ; de maintenir le bon ordre 6>:la difcipline en toutes chofes , enforte que les gens de mauvaife volonté fuftent contenus dans leur devoir, les vagabonds chaffés , les pauvres protégés, & que les gens de bien vécufTent en lûreté &c en paix; de recher- cher tous les abus , malve! fations & crimes qui fecommettoientdans le public; de faire arrêter les coupables, en informer & faire les autres inftruclions pour parvenir à les faire corriger ou punir, d'interroger les mal- faiteurs qui étoient arrêtés , Se dévoient d'abord être conduits devant eux ; d'empê- cher le port des armes défendues ; & qu'on n'en tranfportât aux étrangers fans ordre du roi: de veiller fur les étrangers qui arrivoient dans leurs départemens, en- tenir regiftre, ai. ne les y foufFrir demeurer que le temps permis par les loix; d'avoir l'infpedion fur e commerce , les arts &: métiers , pour y faire obferver l'ordre établi par les réglemens ; vifiter les marchés , y procurer l'abondance des vivres & autres denrées néceffaires à la fubfiftance des citoyens,empêcher qu'il nefe commît aucune fraude , fait en la qualité ou au prix , foit au poids ou en la mefure , & fur-tout pour les grains , le pain , le vin èf la viande ; pour faire entretenir le pavé , net- toyer les rues, réparer les grands chemins. Enfin félon lui, ces comrriijffaires avoient toute l'autorité des comtes en leur abfence , & les repréfentoient dans toutes leurs fonc- tions, Ilstenoientmême,à ce qu'il dit , leurs audiences; mansilsne connoiffoientquedes caufes pures , perfonnelles i & jufqu'à une certaine fomme. M, de la Mare convient que dans ce même temps les comtes avoient des confeillers qui affiftoient au jugement des affaires , au nombre de fept ou de douze , félon l'impor- tance de la matière ; que ceux-ci furent nommés en certains l'ieux/cabini^ & end'au- t:es ruckimburgi , noms dérivés de la langue allemande : mais, feion lui , les commiJJ'aires ou CO M C O M ^49 èhï enquêteurs étoicnt des officiers differensT refit encore long-temps unies ; enfin que fi i_^ r-ii .^ I' !^ I 1- : r-:.._ i__ -.. des confeillers Depuis l'an 922 , temps auquel finiflent les capitulaires , jufqu'au règne de Philippe- Auguftc , l'état fut 11 agité de troubles domefliques ou de guerres étrangères , que l'adminiltration de la juftice fut fort négli- gée : les juges établis par les feigneurs en changèrent la forme ; & M. de la Mare tient que ce ne fut plus que dans les villes royaks ^ ou dans celles que nos rois don- noient en partage aux princes de leur fang que l'ufage des commijjaires examinateurs & àQs confeillers des magiflrats fut confervé. Pour preuve de ce qu'il avance , il cite deux auteurs ; favoir Ughellus contempo- rain de Henri I , qui écrivoit l'an 1033 , & Baldricus fous Philippe I , l'an 1039 ; lefquels rapportent que de leur temps il y avoit des officiers établis pour aider les juges dans la recherche & la découverte de la vérité ; que les affaires leur étoient renvoyées pour les inftruire ; qu'ils entendoient les témoins , en référoient aux juges, affifloient enfuite avec eux au jugement ; & que par rapport à leurs fondions , ils étoient nommés inquijitores & auditores. M. de la Mare {îippofe donc comme cer- tain , que dès le commencement de la mo- narchie il y avoit à Paris des auditeurs ou enquêteurs examinateurs , & que la fonc- tion de cts officiers étoit diftinde & féparée de celle des confeillers , qu'il prétend n'avoir été établis qu'en 13^7* Mais nous avons déjà obfervé ci-devant au /720i COMMISSAIRES AU Chatelet , qu'il n'y a point de preuve certaine qu'il y eût des commijjaires en titre avant l'an 1 300 , & l'on étabhra ci-après au mot Conseillers au Chatelet , que ceux-ci font beaucoup plus anciens que les enquêteurs examinateurs. Il y a donc heu de croire que tout ce qui efl dit dans les anciens auteurs des enquê- teurs & examinateurs , ne doit s'entendre que des afïèfleurs ou confeillers des juges , qui réunilToient alors les fondions de con- jfeillers &: celles de commijjaires enquêteurs examinateurs ; & que ce ne fut que vers l'an 1300 que la fondion de ces derniers com- mença -1 être féparée à Paris , à caufe de la grande affluence des affaires ; que dans les jproviiices cts diverfes fondions demeure-» Tome VIIL l'on nommoit quelquefois pour faire les en- quêtes d'autres perfonnes que des confeillers, la fondion de ces commijjaires n'étoit que momentanée , & que ce n'étoienr point des officiers ordinaires ni en titre. Voye:[ ce qui eil dit ci-devant au mot CoMMTSSAIE.ES. Nous ne nous étendrons pas davantage ici fur ce qui concerne les commijjaires enquê- teurs examinateurs de Paris , ayant déjà traité cet objet au mot COMMISSAIRES AU Chatelet. A l'égard des autres commijjaires enquê- teurs examinateurs ^ les différentes créations de ces offices font marquées dans le didion- naire des arrêts , au mot commijjaires , «. 13. Leurs fondions font à-peu-près les mêmes que celles des commijjaires au chatelet. Les réglemens intervenus à ce (u jet font rapporté» par Joly , tome II y liv. III y tit. xvj. Il y a eu des commijjaires examinateiirs créés pour les éledions , & d'autres pour les greniers à fel ; mais ces offices ont été fup- primés. {A) Commissaires envoyés par le Roi, royf:^ Intend ans. Commissaires-experts : on donne quelquefois aux experts la qualité de commij- jaires y parce qu'en effet ils font commis par jnffice pour faire leur rapport liir quelque chofe. Vojei la pratique d'Imbert , iiy. I y ch. Ixj y & aux notes. {A) Commissaires DES foires, omdes Gardes des Foires de Champagne ET DE Brie , étoient des officiers députés par le roi aux foires de Champagne & de Brie , pour la confervation des privilèges de> CCS foires. Ils avoient à leur tête un maître ou garde des foires, comme on voit par des lettres de Philippe VI, du mois de décembre 133 1. Ils étoient chargés de faire exécuter les man* démens du maître des foires ; comme il eff dit dans une ordonnance du même roi , da mois de juillet 1344, art, xvj. {A) Commissaires {Grands) , voyei Par- lement ù Commissaires. {A) Commissaires AUX Inventaires, étoient des officiers créés pour la confedion des inventaires qui fe font des biens des dé- funts. Par édits des mois de mai 1622 , &; décembre 1639 , il enfiJt créé dans les re(^ l forts des parleoaens de Touloufe , Bordeaiu^ Nnnft ^50 C O M & Aix , & des greffiers pour écrire fous eux ces inventaires. Il n'y eut qu'un très-petit nombre de ces offices qui furent levés , & cette création n'eut point lieu dans le reffort àes autres parlemens. Ces premiers offices de 4:ommîJJaires aux inventaires & leurs gref- fiers furent fupprimés par édit du mois de mars 172.0 ; lequel au lieu de ces offices, en créa d'autres fous le titre de confeiilers du roi eommijfaires aux inventaires , dans tous les îieux où la juftice appartient au roi , à l'ex- ception de la ville de Paris , où îes notaires furent confirmés dans la pofïeffion où ils font de faire (èuls les inventaires. On créa quatre de ces nouveaux commijj aires dans les villes où il y a cour fupérieure , deux dans chacune des autres villes où il y a préfidial , bailliage ou fénéchauffée rcffornfTant es cours y & un dans chaque ville & bourg où il y a jurif- didion royale ordinaire, pour procéder feuls, à l'exclufion de tous autres officiers, lorfqu'ils €n feroient requis , à l'appofition & levée des fceilés & aux inventaires des biens meubles & immeubles , titres , papiers & enfeigne- ftiens des défunts, même aux inventaires qui feroient ordonnés par }.uffice lors des banqueroutes & faillites des marchands ,. né- gocians , ou autres cas femblables ,j à l'effet de quoi ils dévoient avoir chacun leur fceau pour i'appofirion des fceilés. On créa par le même édit pareil nombre de greffiers dans chaque ville pour écrire les inventaires. Cet ^ditne fut pas exécuté dans quelques provin- ces , comme en Artois ; & les inconvéniens que l'on reconnut par la fuite dans cts offi- ces , déterminererM: à les fupprimer par une déclaration du "j décembre 1714.. (^) Commissaires aux Main-mises, font ceux ét.iblis aux failles féodales qui fe font en Flandre & dans le Hainaut , que l'on appelle main-mifes au lieu de faijîe Jéodale. Par l'éditde février 1692 , on créa des eom- mijfaires receveurs des faiiies réelles en Flan- dre & Hainaut ; & par une déclaration du 2 janvier 1694 , il fut ordonné que ce^ mêmes eommijfaires feroient établis à toutes \e^ main-mifes qui fe feroient tant en Hainaut qu'en Flandre. {A) Commissaires JURÉS de la Marée, font ceux qui ont infpedion & jurifdidiort fur èies vendeurs de marée. 11 en eiî parlé 4ans une ordonnance du roi Jean , du moi& C O M de févfîcr i3^o,.amWe ^5).. Foyq CHAM- BRE DE LA Marée., (yi) Commissaires députés sur le. FAIT des MoNNOIES, V. MONNOIES»- Commissaires nommés par le Roi , font des magifîrats commis par S. M. pour- certaines afiaires , comme pour la vente , échange ou autre aliénation de quelques do- maines, de rentes affignées fur les revenus, du roi , ou pour connoitre d'une affaire par- culiere , fbit civile ou criminelle , ou de toutes les affaires d'une certaine nature. Voy^ c/-a/rrrdonnance de 1351 , en difant que s^il y a quelque chofè à y ajouter ^ changer ou interpréter j, cela fe fa*a par des co/:^/72/^^Vej' qu'il députera à cet efièt , &: qui en délibéreront avec les gens dti parle- ment. Ordonnance de la. troijieme race ^ tome- II y pagejSo. {A) Commissaires nu parlement ; V. âVart^ Parlement , le §. Commijfaires^ [A) Commissaires^!? partes , font ceux: que l'on choifit dans le lieu mêm.e cù fe doir remplir la commiffion , à la difiérence de ceux qui fe tranfportent à ctt effet fur les Heux,. On. nomme autant que l'on peut des eommijfaires ad partes , pour éviter aux parties les frais dtt tranlport. Cela le pratique en- plufieurs cas y. comme lorfqu'il s'agit de faire une enquête ou* une information , un interrogatoire fur faits & articles ,%n procès-verbal. L'ordonnance- de Philippe V , du mois de février 13 18 , art^. s, y dit qu'au cas que les parties feront d'ac- cord en parlement de prendre àes commif-^ faire s en leur pays, il leur en fera odroyé , afin que chacun puiffe pourfuivre fa cauiê à moins de frais , Ùc. Voye-^ la pratique d'Ln- bert , liv. I , ch. xxxix. {A) Commissaires {Petits)^ voy. Parle^ MENT au §. Çommijfaires^ (A) Commissaires de Police , font dé» officiers de robe établis dans certaines villes pour aider le juge dé police dans fes fonc- tions ; commç pour faire la police dans. le$ C O M Tues & marchés , faire des vifites & procès- verbaux. Les commijfaires au châtelet de Paris & les CGmmiJJaires enquêteurs & exa- minareurs établis dans plufieurs autres villes , font des commijfaires de police qui ont des titres plus ou moins étendus , lèlon les édits de création de leurs charges. Voye\ ce qui eft dit ci-devant awarmofj- COMMISSAIRES AU Chatelet , &:aî/x/7zorj Commissaires ENQUÊTEURS EXAMINATEURS. {A) COMM,ISSAIRES RECEVEURS ET GAR- DES DÉPOSITAIRES DANS LES SiEGES d'Amirauté , furent fupprimés par l'édit du mois d'odobre 17 16. (^A) Commissaires réformateurs, K. Réformateurs. [A) Commissaires aux Requêtes du Palais , voye-{ Parlement & Requè-- tes du palais, {a) Commissaires aux Saisies réel- les , voye\ Saisies réelles. {A) Commissaires séquestres , voye\ Séquestres. [A) Commissaires du Roi contre les ufu- res y étoient ceux à qui le roi donnoit com- mifîîon de réprimer les ufures des Lombards , Italiens & autres qui prêtoient à un intérêt plus fort que celui qui étoit permis par les ordonnances. On trouve dans le fécond vo- lume des ordonnances de la troifieme race , un mandement du roi Jean , du mois d'avril 13 50 , adrefTé à l'abbé de Saint-Pierre d'Au- xerre , commijfaire fur le fait des Lombards & Italiens ufuricrs. {A) Commissaires des Tailles , furent créés par édit du mois de Juin 1702, pour faire dans chaque éleâion l'exécution de toutes les contraintes décernées par les receveurs des tailles & leurs commis pour le recouvre- îiicnt des tailles , crues y jointes & autres impoiîtions. Ces commijfaires furent fubfti- îués aux huiffiers des tailles, pour la faculté que ceux-ci avoient de faire tous exploits en matière de tailles : ils ont depuis été iuppri- més. i^A) Commissaire vérificateur des RÔLES des tailles ; ce titre étoit attaché à l'office de confèiller lieutenant-criminel , créé dans chaque éledion par édit du mois d'août 1693. Sa fondion , en qualité de <:»/7Z- mijffaire pe'rificateur , étoit de faire la vérifi- cation & fignaturc des rôles des tailles , tail- C O M ^51 Ion , fubfides , Ùc. faites par les afTécurs &: coUedleurs ; mais ces offices de lieutenans- criminels commiffaives-^vérificateurs , ont été fupprimés par un édit du mois d'août 17M. {A) Commissaires provinciaux , dans l artillerie^ font des officiers qui commandent: les équipages de l'artillerie en Tabfence des lieutenans, 6c qui doivent être préfens k tous les raouvemens qui fe font dans les arfenaux. Leurs principaux foins font : Devoir fi les armes de guerre font bien claires & bien entretenues; Si Its magafms font bien fermés de portes & de fenêtres ; S'il ne manque rien aux afïuts des pièces ; & fi l'on pourroit s'en iervir en cas de befoin; Si les armes pour les pièces font en bon état; Si les pièces ne font point engorgées ou chambrées ; S'il y a fuffifamment de poudre dans la place pour fa défenfe en cas d'attaque , enfin il doit examiner fi toutes les chofês qui con- cernent l'artillerie font en bon état & en quantité fuffifantc. Il doit avoir une clé du magafin ; le gou- verneur une autre ; le contrôleur , s'il y en a un dans la place , la troifieme ; & le garde-. magafin la quatrième. Ils ne doivent pas en- trer dans le magafm les uns fans les autres. Après les commijjaires proi'inciaux ij y a \ei commijfaires ordinaires , qui ont les mê-- mes fondions , & qu'on répand indifFérem-. ment dans les places & dans les équipages. Il y aaufli àts commijfaire s extraordinaires qui fervent de même. (Ç) Commissaire général des Fontes, eft un titre qui , dans X artillerie , efl ordinai- rement la récompenfe àts anciens & habiles fondeurs. Il dépend , aufG-bien que les appoin- remens & les privilèges qui s'y attachent , de la pure volonté du grand-maître. (O) Commissaire général de la Ca- valerie"", efl un officier , qui cft le troifie- me de la cavalerie n'ayant au-defîîis de lui .■ que le meflre-de-camp général & le colonel général. La principale fondion du commif^ faire général efl de tenir un état de la cava- lerie , d'en taire la revue lorfqu'il lui plaît ; de rendre compte au- roi de la force des rcgi- mens & de la conduire des officiers. Il com- mande ordinairement la cavalerie dans l'ai- N n n n 2 €^1 C O M mée , où il fert avec la même autorité que le colonel général & le mefîre-cie-camp général ; il a les mêmes honneurs &. les mêmes appoin- temens de campagne. Cette charge vaut fix mille liv. par an fans le cafuel. Il a un régi- ment qui lui eft affeâé fous le nom de régiment iie commijpiire général, {Q) Commissaire des Guerres, font des officiers chargés de la conduite , police & difcipline des troupes , & de leur faire obfer- ver les ordonnances militaires. Ils peuvent procéder contre ceux qui contreviennent aux ■ordonnances , par interdiction d'officiers , arrêts d'appointemens & même àcs pcrfon- nes , fuivant l'exigence des cas : ces interdic- tions & arrêfs des perfonnes , ne peuvent être levées fans ordre de fa majcflé. Ils marchent en toute occaiion à la gauche du commandant de la troupe, dont ils ont la conduite & police. Dans une place de guerre ils marchent après le lieutenant de roi ; & en fon abfence , après celui qui commande dans la place-. Ceux qui font employés dans les armées ont le détail des hôpitaux y. du pain y de la viande , &<;. fous les ordres de l'intendant. Ils font les inventaires du grain qui fe trouve dans les lieux voifms de l'armée , & ils ont la conduite des convois qui fe font par voi- ture. M. d'Héricourt , élém. de Van. milit. Commissaire GÉNÉRAL DES Vivres, c'eft à l'armée celui qui eft chargé de tout ce qui concerne la fubfiftance des troupes. Il doit faire les magafms dans les lieux les plus convenables , pour erre prêt à faire fes four-, nitures lors de l'ouverture de la campagne, il prend l'ordre du général pour la marche des convois ; il fait faire la difîribution du pain de munition par àts commis qui Çonz il la fuite des caifTons , ou dans les villes ; lefquels commis tiennent des regifires de ce qu*ils délivrent aux majors ou aux aides-ma- jors des régimens , fuivant la revue des com~ mijjaires. Le pain de munition-doit pefer trois livres; il fert pour deux jours. Il y a deux tiers de froment & un tiers de feigle , dont on tire trois livres de fon & quinze livres de farine qu'on pétrit avec dix livres d'eau. (Q) Commissaire des Montres , ( Ma- rine. ) officier dont la fondion ttt de faire 4«s revue» (ur les vaiHèaux hgliaEKioi^ ^ C O M nu défaut d'un confeiller de ramiratuef. On appelle encore en Hollande commif- faires des ports , ceux qui ont l'infpedion fur tout ce qui entre ou fort ^qs ports des Pays- bas ; & commijj'aires des ventes , ceux qui ont foin d'annoncer les ventes des choies confifquées, & d'y veiller. Chamhers. Commissaire général des Re- vues , ( Art militaire. ) eft en Angleterre , celui qui fe tait rendre un compte exad de l'état de chaque régiment , les pafîë en revue , prend foin que les cavaliers foient bien mon- tés , & que toutes les troupes foient bien ar- mées & bien équipées. Ibid. Nous n'avons point en France de pareil officier ; il n'y a que le commiflaire général de la cavalerie qui a bien les mêmes fonc- tions , mais pour la cavalerie feulement. V. Revue. {Q) Commissaires de la Chambre des Assurances ; on nomme ainfi en Hollande à^s juges commis pour régler les affaires de la chambre des afîurances , établie à Arafter.* dam en 159^- ^^s juges font au nombre de- trois , qui doivent juger conformément aux réglemens flatués touchant le fait des aflu— rances , particulièrement fur ce qui regarde It^ avaries , dont ils ne peuvent charger les aflureurs au-delà de ce qui eft porté dans ces r-églemens. Ils ont néanmoins le pouvoir de condamner aux dépens. !>/(?. ^f Comm. V^, Chambre des Assurances. Commissaires des Manufactu- res ;, ce font ceux qui fontcommis de la pare du roi à Paris & dans les provinces, pour, tenir la main à l'exécufion dès réglemens con- cernant la fabrique des étoffes & des toiles,. Ils font plus connus fous le nom à^infpecleurs- des manufactures. Voye-\ INSPECTEURS; Id. ibid. Commissaire des Pauvres , (Hifl:. rnod. ) bourgeois chargé de recueillir les de- niers de la taxe pour les pauvres. Cette taxe le fait tous les ans à un bureau général. Cha- que paroifl'e a fon commijjaire. Il efl le diftri-- buteur d'une partie des aumônes de cette pa- roilfe; il a foin quand un pauvre meurt , dé- faire vendre les meubles , & d'en porter les deniers au bureau. On donne le titre de com- rrtijfaires du grand bureau des pauvres , à ceux qui ont la voix adive & paffive à ce bu- reau* le commiiTarkc des {>auvres cp&duifi- C O M au tîrre de rcargu illier, & le commîflariat du grand bureau conduit à la direction d'hô- pital. * COMMISSION , C f. ( Gram. ) fe dit 1°. d'un ordre qu'un fupérieur dans une mai- fbn donne à un inférieur , pour être exécuté au dehors ; 20. de la charge de quelque achat, ou d'une autre affaire légère , & de pareille nature , donnée à quelqu'un qui veut bien la prendre ; 3**. d'un emploi ou conilant ou palîàger , auquel on a attaché des devoirs & «les éraolumens. Voyei COMMIS , & ks ar- ticles fuip ans. * Commission , ( Ilifl. anc ) d'où nous avons fait notre verbe commettre ; c'étoit chez les anciens l'adion de naettre publique- ment aux prifes deux gladiateurs , deux lut- teurs , deux poètes., Ùc. pour difputer le prix de l'habileté. Commission ^ {Jurifpr. ) efl un mande- ment par lequel le roi ou quelqu'un de (qs officiers de julHce commet un juge ou autre officier de juffice, pour faire quelque fonc- tion qui a rapport à, i'adminillration de la juffice. Quelquefois, le terme de commijjion fe prend pour la fonélion même qui ell, délé- guée à remplir. Toute commijjion en général doit être par écrit ; autrement celui qui l'a donnée, pour- roit la défavouer. Le coramifîaire > c'efl-à-dire celui qui efl commis pour le fait dont il s'agit , doit ayant d'y procéder faire apparoir de fa commijjion, & en faire mention, dans l'ade».. Lorfqu'une commijjion eft adreflee au lieu- tenant-général d'un liège-, ou au lieutenant particulier & premier des confeillers fur ce requis, l'exécution. de la i:o/n/72i//?o« appar- tient d'abord au premier officier , & à fon défaut au fécond ; & ainli fucceifivement aux autres , fuivant l'ordre du tableau. Si \iiCommiJJion eft adreflee au premiei»huif- fierou fergent royal fur ce requis,, tout huif- lier ou fergent de cetçe quaUté peut la mettre à exécution. Mais lorfqu'elle ejft adreflee à un juge nom-^ niément , il ne peut déléguer ni en commet- tre un autre à fa place : un autre officier du fiege ne peut fe charger pour lui de l'exécu- tion fi ce n'efl en cas d'abfence ou. autre lé- gitime, çmi^ê.cheiTieat , . C O M ^f^ Il y a plufieurs fortes àc commijjions , qui font la plupart diflinguées par quelque épithete particulière : nous allons expliquer les prin- cipales dans les fubdivifions fuivantes. Commission attributive de jurifdiclion , eft celle qui renvoie le jugement d'une con- tellation devant quelqu'un , foit qu'il n'eût en aucune façon le caradere de juge , ou qu'il ne fût pas le juge naturel de l'affaire. Le roi peut donner de telles commijjîons 2 qui bon lui femble. Pour ce qui eft des juges , ils ne peuvent intervertir l'ordre des jurifdidions , fi ce n'eiî que le juge fupérieur ait quelque caufe légiti- me pour commettre un juge inférieur autre que le juge naturel. Voye'^ ci-après Com- mission EXCITATIVE. Commission de la Chancellerie » font des lettres royaux qu'on obtient en clian- cellerie , portant perraiffion d'aflïgner, de> mettre un jugement à exécution , ou de faire quel qu'autre exploit. Lorfqu'on veut faire aflîgner quelqu'un diieâement au parlement, on ne peut le faire qu'en vectu d'ordonnance ou arrêt de la cGur , ou en vertu d'une commijjion de Ix chancellerie. De même lorfqu'on veut mettre un arrêt à exécution dans le reffort du parlement , on obtient une commijjion en chancellerie , por- tant pouvoir au premier buiflier ou fergent royal lur ce requis de le mettre à exécution , n'y ayant que les huiflîers de la cour qui puif- fent les mettre en exécution dans tout le reflôrt fans commijjion.. On obtient aufli en chancellerie des com-^ mijjions pour divers autres objets, comme pour le parachèvement d'un terrier , pour an- ticiper fur un appel , Ùc, Il y a deux Çontsàt commijjîons de-chan- cellerie ; les unes que l'on obtient dans les chancelleries-établies près les cours fùpérieu- rçs ou près des préfidiaux , fuivant que la ma- tière eft de leur reffort ; les autres que l'on ob- tient en la grande chancellerie de France ; l'effet de celles-ci- eft qu'elles peuvent être mifes à exécution dan« tout le royaume, fans aucun l'ija mpareatis.._ Commission en comm-andeMent , ou par lettre de commandement efl celle qu'un juge donne à un autre juge qui lui efl l^fubordooaé, pour Éaii'equelqu'iiâte de jullice; ^54 C O M comme une enquête , information , interfo- gatoire , procès-verbal , ôv. Ces fortes de commijjlons font oppofées à celles que l'on appelle rogaioires. Commission de dettes des communautés de Bourgogne y ell une jurifdidion établie à Dijon par commiffion du confeil , & exercée par k gouverneur du duché de Bourgogne & par l'intendant de la même province pour la vérification des dettes & affaires des commu- nautés Ats, villes , bourgs , & paroifles du du- ché de Bourgogne , & des comtés de Charo- lois , Mâcon , Auxerr^ , & Bar-fur-feine. On y porte aufli les infiances qui concernent la levée des odrois des villes & bourgs , de même que ceile des odrois de la province de Bourgogne fur la rivière de Saône , & îes comptes par état des oétrois des villes & i)0urgs du duché , & àts quatre comtés ad- jaccns. VoycT^^ la. defcription de Bourgogne par Carreau. Commission ^«c-o/z/è//;, ou Commis- sions extraordinaires du confeil y voyez ci- après au mot Conseil du Roi , à l'article commijjlons. Commission e:r^/f^«Vf de ]urif diction y efl celle qui ne contient point ^'attribution de jurifdidion & ne fait que provoquer le juge auquel elle efl adreffé^ à taire ce qui lui efl indiqué par la commijjion. C'efl ainfi que Loy'èau , en ion tr. des off. liv, IV y ch. v yn. yo y qualifie toutes les co/nmi^o/zj- -expédiées dans les petites chancelleries. Commission en fom.mation , c'eft une commijjion de chancellerie pour fair« affigner quelqu'un en fommation ou garantie. Commission de pacijicis pojjejforihus y font des lettres obtenues en chancellerie adreffantes à un juge royal ; par lefquelles il lui cfi mandé , que fi le bénéficier qui a im- pétré ces lettres efl pofTefTeur triennal du bénéfice contentieux , il ait à le mainte- nir & garder en la pofTeffion de ce béné- fice , fans préjudice du droit des parties au ' |).rincipàl. Commission rogatoire, eil celle qui efl donnée & adreffée par un juge à un autre juge fur lequel il n'a point de pouvoir , par laquelle il le prie de mettre à exécution quel- que jugement, ordonnance, ou autre man- dement , décret ou appointemcnt de juf- itice dans l'étendue de fa jurifdiâion , ou C O M d'informer de quelque fait , d'interroger quelqu'un fur faits & articles , d'enrégiflrer quelqu'aftc , ou faire quelqu'autre chofe. (A) Commission dans le commerce y ou droit de commijjion , c'efi le droit qu'un commif- fionnaire reçoit pour fon faiaire ; & ce droit efl plus ou moins fort , fuivant le prix àts marchandifes , ou félon la convention que le marchand a faite avec fon commiflîonnaire de lui donner tant pour cent , ou telle fora- me fixée pour telle affaire. En fait de banque , on fc fert plus or- dinairement du terme de proi'ijion y que de celui de commijjion , cp\ ne fe dit guère que pour les marchandifes. Ainfi l'on dit , il m'en coûte demi pour cent de commijjion des marchandifes que je fais venir de Lyon ; & pour affaires de banque , on dit : je donne un demi pour cent de provijion à celui à que je fais mes remifes à Venife y & qui me re- met ici l'argent qu'il refoit pour moi. Voye\ Commissionnaire. Diâionn.de Com- merce & de Trévoux. Commission , emploi qu'exerce un com- mis. Voye\ Commis. Commission fe dit auflï des lettres , pro- vifions , ou pouvoir que les fùpérieurs don- nent à leurs commis pour qu'ils foient reçus h leur emploi , & qu'ils aient droit de l'exer- cer. On dit en ce fens , je lui ai fait ea> pédierja commijfion. Diclionn. de Comm. Commission fignifie auffi la charge ou X ordre qu'on donne à quelqu'un , pour l'a- chat ou la vente de quelque marchandife , ou pour quelque négociation . )v9yeiL0l coMMissoiRE , & Pacte de la Loi COMMISSOIRE. * COMMISSURE , f. f. terme peu ufité , mais qui étant le figne d'une idée trés-réelle , mériteroit d'être adopté : c'eft la ligne fé- lon laquelle deux corps appliqués font unis enfemble. Commissure , ( Anatem. & Chirur.) Ce mot lignifie le lieu où s'abouchent certai- nes parties du corps , comme les lèvres. Les commijjures des lèvres font les endroits où elles fe joignent enfemble du côté des joues. Les endroits où les ailes de la vulve s'unif^ fent en haut & en bas , fe nomment auffi commijjures. Le lieu où les paupières (è joi- gnent porte encore le même nom. Immé- diatement au deffous de la bafe du pilier antérieur du cerveau , on apperçoit un gros cordon médullaire très-blanc , court , & pofé tranfverfalement d'un hémiiphere à l'autre : onï ap^WecommiJfure antérieure du cerveau. Sur' quoi je n£ puis m'empêcher de . remarquer que quand on eft contraint d'a- grandir l'ouverture de la fiftule lacrymale , ou d'y faire une incifion , on doit avoir pour principe de ménager cette commijfure des paupières > parce que fa deûrudioacaule C O M ^5î l'éraiîlement de l'œil , bien plutôt que k lèdion du mufcle orbiculaire , qu'il ne faut pas craindre de couper s'ileiî néceffaire; ce que je remarque en pafTant , contre l'opinion commune. Le mot commijjure efl une très-bonne ex- preilion , dont la chirurgie moderne a enrichi notre langue : les termes à^ articulation & de jointure, s'emploient pour l'emboîtement àts os. ( M. le chev. DE Ja uco urt. ) COMMITTIMUS , f. m. {Jurijp. > Ce mot latin , qui fignifie nous commettons , eft confacré dans le lîyle de la chancellerie & du palais , pour exprimer Un droit ou pri- vilège que le roi accorde aux officiers de fa maifon & à quelques autres perfonnes ,•; & à certaines communautés , de plaider en première infiance aux requêtes du palais ou del'hôtel , dans les matières pures per- fonnelles , poiîèffoires , ou mixtes , & d'y^ faire retivoyer ou évoquer celles où ils ont intérêt , qui feroient commencées devant d'autres juges , pourvu que la caufe foit en- core entière , &: non conteflée à l'égard du privilégié. On entend quelquefois par le ter- me de committimus y les lettres de chanceU lerie qui autorifent à ufer de ce dr»it , & que Loyfeau ,dans fbn traité des offices y appelle Vorijîamme de la pratique. Le droit de committimus a beaucoup de rapport avec ce que les jurifconfultes ap- pt^entprii'ilegium/oris , autjus revocandi. domum : ce privilège conliftoit à plaider de- vant un juge plus relevé que le juge ordinaire y ou devant un jugeauquel la connoiiîance de^ certaines matiei-es-étoit attribuée. Ainfi chezr les Romains les foîdats avoient leurs caufes commifes devant l'olficier appelle magijîer militum. Il y avoit un préteur particulier pour les étrangers ; un autre qui ne connoif^ foit que du crime de faux , un autre qui ne" connoiiîbit que des fidéi-corarais. Les empereurs romains avoient auflî pour les matières civiles un magiftrat appeUé/jro curator C régla que dans la fuite on ne pourroit plus afligner de parties devant les maîtres des requêtes de l'hôtel , fi ce n'étoit de la'certaine fcience du roi , ou dans lescaufes des offices donnés par le roi, , ou dans les caufes purement perfonnelles qui s'éléveroient entre des officiers de l'hôtel du roi ; ou enfin lorfque quelques autres per- fonnes intenteroient contre les officiers de l'hôtel du roi des adions purement perfon- nelles , & qui regarderoient leurs offices ; ce •qu'il prefcrivit de nouveau en 134'). La chambre des requêtes du palais ne fiit établie que fous Philippe-le-Long , vers Tan 132.0, pour connoître des requêtes préfen- tées au parlement , comme les maîtres Aqs requêtes de l'hôtel du roi connoiffoient àç.s requêtes pré Tentées au roi. Les officiers commenfaux de la maifon du roi penfant avoir plus prompte expédi- tion aux requêtes du palais , obtinrent en chancellerie des commiilîons pour intenter aux requêtes du palais leurs caufes perfon- nelles , tant en demandant qu'en défendant , Tnême pour y faire renvoyer celles qui étoient intentées devant les maîtres des requêtes de l'hôtel. Ces commiffions furent dès leur naifîance iappellées committimus ; & par fucceffion de temps on en étendit I'ufage aux matières pef- ièffoires & mixtes : on en accordoit déjà fré- quemment dès 13^4 , fuivant une ordon- nance de Charles V , du mois de novem- bre de cette année , qui porte que les requê- tes du palais étoient déjà fijrchargées de cau- ses touchant fes officiers, & autres qu'il leur commettoit journellement par fes lettres ; & les fecrctaires du roi y avoient déjà leurs caufes commifes dès l'an 1365. Ces committimus étoient d'abord tous au grand fceau , attendu qu'il n'y avoit encore qu'une feule chancellerie. . COM On donna même aux requêtes du paîaîf m le droit d'être juges de leur propre compé- ^ tcnce , par rapport à ceux qui y viennent plaider en vertu de committimus ; ce qui fut ainfi ju^é par arrêt du 8 juillet 1367. Les maîtres des requêtes de l'hôtel ne vou- lant pas endurer que leur jurifdidion fût ainfi divifée , Charles VII , en 1453 > évo- qua aux requêtes du palais toutes les caufes de la nature dont on a parlé , qui étoient pendantes & indécifes devant les maîtres des requêtes de l'hôtel. Néanmoins dans I'ufage , il eft au choix de ceux qui ont committimus de fe pourvoir aux requêtes de l'hôtel ou aux requêtes, du palais , excepté que les officiers des requêtes du palais de Paris doivent fe pourvoir aux requêtes de l'hôtel ; & pareillement ceux Aq's requêtes de l'hôtel ont leur committimus aux requêtes du palais. Les officiers des requê- tes du palais des autres parlemens ont pour juge de leur privilège le principal fiege de leur refTort. Les requêtes de l'hôtel connoiflent auffi privativement aux requêtes du palais de ce qui concerne les offices. Charles VI , voyant que chacun ufurpoit le privilège du committimus , ordonna que dorénavant nul n'en jouiroit plus qu'il n'eût aduellement des gages du roi. Le chancelier Briçonnet déclara auffi en plein parlement , le i<5 février 1497 , qu'il ne délivreroit plus de committimus qu'aux do- mefiiques du roi ; cependant il y a encore plufieurs autres perfonnes qui en jouifTent. L'édit de Moulins de l'an 1566 , faitl'é- numération de ceux qui avoient alors droit de committimus ; ce qui a reçu plufieurs ex- tenfions , tant par l'ordonnance de i66<) ap- pellée des committimus , qui contient un titre exprès fur cette matière , que par divers édits & déclarations poftérieurs. Depuis l'établifîèment des petites chan- celleries on a diffingué deux fortes de com» mittimus , fàvoir au grand fceau & au petit fceau. Le committimus au grand fceau efl celui qui le délivre en la grande chancellerie J il s'exécute par tout le royaume , & attire auffi de tout le royaume aux requêtes de l'hôtel ou aux requêtes du palais à Paris, au choix du privilégié. On ne peut en ufer iorfqu'il '' s'agit C O M s'agit de dl{lradion d'un parlement , que I pour la ibmme de mille livres & au de(îus. On ne l'accordoit autrefois qu'aux comraen- faux du roi ; mais il a été étendu à plufieurs autres perfcmnes. Ceux qui en jouiflent font les princes du fang , & autres princes reconnus en France , les ducs & pairs , & autres officiers de la cou- ronne ; les chevaliers & officiers de l'ordre du S. Efprit ; les deux plus anciens cheva- liers de l'ordre de S. Michel ; les confeillers d'état qui fervent aâuellement au confeil ; ceux qui font employés dans les ambaflades ; les maîtres des requêtes , les préfidens , con- feillers , avocats & procureurs généraux de fa majefîé ; le greffier en chef , & prjeffîier huiffier du parlement & du grand confeil ; le grand prévôt de l'hôtel , fes lieutenans , avocats & procureurs de fa majefté , & greffier ; les lécretaires , audienciers , & con- trôleurs du roi de la grande chancellerie ; les avocats au confeil ; les agens généraux du clergé pendant leur agence ; les doyen , dignitaires , & chanoines de Notre-Dame de Paris , les quarante de l'académie fran- çoife , les officiers , commifTaires , fergent major & fon aide , les prévôt & maréchal des logis du régiment des gardes ; les offi- ciers , domefHques , & commenfaux de la maifon du roi , de celles de reines , enfans de France , & premier prince du fang , dont les états font portés à la cour des aides , & qui fervent ordinairement ou par quartier aux gages de 60 liv. au moins. Tous ces officiers & domeffiques font tenus faire ap- pari^ir par certificat en bonne forme qu'ils font employés dans ces états. Ceux qui jouifïènt du commitùmus au petit fceau ; font les officiers des parlemens autres que celui de Paris ; favoir les préfidens , con- seillers , avocats & procureurs généraux , greffier en chef civil & criminel , & des préfentations , fecretaires & premier huiffier ; les commis & clercs du greffe ; l'avocat & ' le procureur général , & le greffier en chef Ats requêtes de l'hôtel , & le greffier en chef des requêtes du palais ; les officiers des cham- bres des comptes , favoir les préfidens , maî- tres , correcteurs & auditeurs ; les avocat & procureur généraux , greffier en chef , & premier huiffier ; les officiers des cours des aides , lavoir les préfidens , confeillers , avo- Tome VIII, C O M ^J7 cats & procureurs généraux , gi'effier en chef & premier huiffier ; les officiers de la cour desmonnoiesde Pari^ , favoir les préfidens , confeillers , avocat & procureur généraux , greffier en chef & premier huiffier ; les tri- Ibriers de France de Paris ; les quatre anciens? de chaque autre généralité , entre lefquels pourront être compris le premier avocat &c procureur du roi , iliivant l'ordre de leur ré- - ception ; les fecretaires du roi près des par- lemens , chambres des comptes , cour des aides ; le prévôt de Paris , fes lieutenans gé- néraux , civil , de police , criminel & parti- culier , & le procureur du roi au châtelet ; le bailli , le lieutenant & le procureur du rot du bailliage du palais à Paris ; les préfidens & confeillers de l'éledion de Paris , les offi- ciers vétérans de la qualité ci-deffiis , pourvu qu'ils en aient obtenu des lettres du roi; le col- lège de Navarre , pour les affaires communes; & les diredeurs de l'hôpital général de Paris. Le prévôt des marchands & les échevins de Paris pendant leurs charges , les confeil- lers de ville , le procureur du roi , le rece- veur & greffier, le colonel des trois cents archers de ville , jouifïènt auffi du commit- timus au petit fceau. Les douze anciens avocats du parlement de Paris , & fix de chacun des autres parle- mens de ceux qui font fur le tableau , jouif^ fènt du même droit. Il y a encore quelques officiers & commu- nautés qui jouilfent du droit de committi" mus , en vertu de titres particuhers. Les maris ne peuvent pas ufer du droit de committimus appartenant à leurs femmes fer- vant dans les maifons royales , & employées dans lis états envoyés à la cour des aides ; mais les femmes féparées jouiffent du com- mittimus de leur mari : il efl en de même des veuves , tant qu'elles demeurent en viduité. Les privilégiés peuvent ufer de leur com" mittimus , foit en demandant , foit en défen- dant , pour renvoyer la demande formée contre eux dans un autre fiege , foit pour in- tervenir & renvoyer pareillement la caufb ; lequel renvoi le fait par l'exploit même en vertu du committimus , fans qu'il foit befoia d'ordonnance du juge. > Les lettres de committimus ne font plus valables après l'année , & l'exploit fait en vertu des lettres furannées feroit nul. O 000 ^5S C O M Il y a certains cas dans lefquels îcs privilé- giés ne peuvent ufer de leur committimus. 1°. Pour tranfports à eux faits , fi ce n'eft pour dettes véritables & par ades palTés de- vant notaires , & lignifiés trois ans avant l'aâion intentée ; & les privilégiés font tenus de donner copie de ces tranfports avec l'af- iignation , & même'd'en affirmer la vérité en jugement , en cas de déciinatoire & s'ils en font requis , à peine de 500 livres d'a- mende contre ceux qui auront abufé de leur privilège. On excepte néanmoins de la règle précé- dente , pour la date des tranfports , ceux qui ièroïent faits par contrat de mariage , par des partages , ou à titre de donations bien & duement infmuées , à l'égard defquels les privilégiés peuvent u fer de leur committimus quand bon leur femble. 2®. Les privilégiés ne peuvent pas fè fcr- vir de leur committimus pour alîîgner aux fcquêres de i'hôiel ou du palais les débiteurs de leurs débiteurs , pour affirmer ce qu'ils doivent , 11 la créance n'efî: établie par pièces authentiques paHees trois années avant l'af- iignation donnée ; & ils font de plus tenus d'afBrmer , s'ils en font requis , que leur créance eft véritable , & qu'ils ne prêtent point leur nom , le tout fous les peines c\- cclTus expliquées. 3°. Les committimus n ont point lieu aux «îemandes pour palier déclaration ou titre nouvel de cenlives ou rentes foncières , ni peur paiement des arrérages qui en font dus , à quelque fomme qu'ils puilTent monter , ni £iux fins de quitter la polleifion d'héritages ou immeubles , ni pour les élevions , tutel- les , curatelles , fcellés & inventaires , accep- tation de garde-noble , ou pour matières réelles , quand même la demande feroit aulii à fin de relHtution des fruits. 4°. Les affiiires concernant le domaine , ^ celles où le procureur du roi eft feul par- lie , ne peuvent auffiêtre évoquées des fieges ordinaires en vertu des committimus. 5°. Il en eft de même à l'égard du grand confeil , des chambres des comptes , cours des aides , cours des monnoies , éledions , greniers à fel , juges extraordinaires , pour les affaires qui y font pendantes , & dont la connoiffànce leur appartient par le titre de kur établilTement ou par attribution. C O M S'^. Les tuteurs honoraires ou onéraires , & les curateurs , ne peu vent fe fervir de leur committimus pour les affaires de ceux dont ils ont l'adminiftration. 7®. Les committimus r\ ont pas lieu en ma- tière criminelle & de pohce. 8®. Ils n'ont pas lieu en Bretagne ni en Artois. 9°. On ne peut pas s'en fervir fur les de- mandes formées aux confuls , ou en la con- fervation de Lyon , ou en la connétabhe. À io<*. Enfin les bénéficiers qui ont droit de 1 committimus ne peuvent s'en fervir que pour ce qui concerne leur bénéfice ; il faut néan- moins excepter les chanoines de Notre-Dame de Paris , qui peuvent s'en fervir dans toutes leurs affaires ; ce qui eft apparemment fondé fur quelque titre particulier. Voye^ Pordon- nance de i 66 q , tit. iv y des committimus \ <& Bornier , ibid. Pafquier , recherches de la. France y liv. IV ^ ch. i:j ; dictionnaire des arrêts , au mot committimus. {A) ■ COMMITTlTUR,{Jurifpr.) QÛimQ ordonnance de celui qui préfide à un tribu- nal , appofée au bas d'une requête , par la- quelle il commet un confeiller du fiege pour faire quelque inftrudion dans une affaire , foit civile ou criminelle , comme pour faire une enquête ou une information , un inter- rogatoire fur faits & articles , un procès- verbal. Dans les petites jurifdiâions où il n'y a qu'un feul juge , ou lorfque les autres .font retenus par quelque empêchement , le jugé qui répond la requête fe commet lui-même pourl'aire Pinftrucl:ion , c'eft-à-dire qu'il or- donne qu'il procédera à l'audition des té- moins , ou qu'il fe tranfportera , ^c. (A) COMMODAT , f. m. {Junfpr.) amiï nommé du latin commodatum ^ eft un con- trat par lequel on prête à quelqu'un un corps certain gratuitement &: pour un certain temps , à condition qu'après ce temps ex- piré la chofe fera rendue en elpece à celui qui l'a prêtée. Le commodat eft , comme on voit , une efpece de prêt ; & dans le langage ordinaire on le confond communément avec le prêt\f mais en droit on diftingue trois fortes de prêts ; favoir , le précaire , le prêt propre^- ment dit , & le commodat. Dans le contrat appelle^ refaire , on pref& C OM une chofe à conditioii de la rendre en eC- pcce , mais fans limiter le temps pour lequel .rufagc en eft cédé ; enforte que celui qui l'a confiée , peut la redemander quand bon lui fcmble. Le prêt proprement dit , appelle chez les Homa'msmumum y eu un contrat par lequel- quclqu'un prête à un autre une chofe qui fe coniume par l'ulage , mais que l'on peut rem- placer par une autre de même qualité ; pour quoi on l'appelle chofe fiingible , comme de l'iirgent , du blé , du vin , de l'huile. Le commodat , au contraire , n'a lieu que pour les chofes qui ne fe confument point par l'ulage , & que l'on doit rendre en ef^ pece , comme une tapilTerie , un cl:eval , & autres femblablcs ; & la chofe ne peut être répétée avant l'expiration du temps conve- nu , à moins que le commodataire n'en abufe. . Ce contrat eu fynnallagmatique , c'efî-à- dire obligatoire des deux cotés ; en effet il produit de part & d'autre une aciion , favoir l'adion appellée . XIII , tit. pj y & aux injlît, lii'.ni,tit.xv.{A) COMMODATAIRE , ( Jmifp.^ ) efî celui qui emprunte quelque chofe à titre de commodat. Voy.\ ci-devant COMMO- DAT. ( A) COMiMODAU , ( Gcog. mod.) ville de Bohême , dans le cercle de Satz , remarqua- ble parfes mines. Long, jz , lat. £o , ^o, COMMODE , ( Hifioire Romaine. ) Lu- cius-Aurelius Co^nmode , après la mort dé fon père Antonin le philofophe , fut proclamé empereur l'an 161 de Jefus-Chrift. Son édu- cation confiée à des maîtres fagcs & éclairés , là phyfionomic intérefîànte, là taille majcfr lueufe , annonçoient qu'il étoitné pour com- mander aux hommes. Cet efpcir fut bientôt évanoui : le nouvel empereur eut tous les vices de Caligula , de Néron & de Domitien^ , dont il furpalîa les atrocités. Laperver|jii O 0 o o i ' ■ é6o COU de fes pencbans fît croire qu'il ne pouvoit être le fils d'Amonin , & que d'une fource aufll pure il ne pouvoit fortir des eaux em- poifonn^es. La vieîlicencieufe de fa mère ac- crédita tous ces bruits , & quand on repré- fentoit fes débordemens à l'empereur , il avoit coutume de répondre : " Je ne puis faire di- vorce avec elle fans lui rendre fa dot. » Le facrifice eût été pénible , puifque l'empire avoit fait fa dot. C'efl dans le choix de leurs miniflres , que les maîtres de la terre mani- fellent leurs penchans & leur difcernement : Commode les tira de la claife des efclaves , complices de fes débauches. La comparaifon qu'on faifoit de fes vices avec les vertus de fon père, le fit rougir de fanaifïance ; & dans l'ivreiTe de fon orgueil infenfé , il prit le nom A' Hercule , fils de Jupiter. Il fe monrroit dans les rues & les places de Rome , vêtu d'une peau de lion , s'élançantfur les paffans , qu'il frappoit avec fa maffue , fous prétexte de dé- truire les monftres. Il fe faifoit un amufe- ment barbare de faire afTembler les malades &leseftropiés dans la place publique , où , après leur avoir fait lier les jambes , il leur donnoit àts éponges pour les lui jeter à la tête : enfuite il fe précipitoit fur eux & les exterminoit à coups de maifue , pour les pu- nir d'avoir ofFenfé la majel^é de l'empire dans fa perfonne. Tandis qu'il abandonnoit les foins de l'em pire à Perennis , efclave Pannonien , qu'il avoit fait préfet du prétoire , il fe tpontroit iur l'arène , confondu avec les gladiateurs : c'étoit iiir-tout à tirer de l'arc qu'il faifoit éclater fon adrefle. Un jour il fit lâcher cent lions qu'il tua tous de cent flèches , qu'il avoit jprifes pour donner au peuple le fpedacle de fon talent : une autre rois il fit lâcher cent autruches , à qui il coupa la tête avec des ilechcs faites en forme de croiffant. Cette adrefTe devint fouvent fatale aux fpedateurs dont il fit fouvent un grand carnage dans l'amphithéâtre. Il oublioit quelquefois qu'il ^toit Hercule > & alors il fe montroir avec tous les attributs de Mercure ou d'Apollon. On le vit plufieurs fois combattre nu l'épée à la main contre des gladiateurs ; & comme ils av oient foin de l'épargner, il fc conten- toit de les blelTer fans les tuer : c'étoit la feule cfpece d'hommes qui excitât fa pitié. Un jeaa^ romain de diitiudion , le rencontrant C O M dans un lieu obfcur ,lui montra un poignard , en lui difant : « voilà ce que le fénat icn-^ voie. » Tout tyran efl: fans courage. Corn- mode efïi-ayé, conçut contre les fénateurs une haine qui fe convertit en fureur : il fuppofa des conjurations pour avoir droit de les pu- nir. Rome devint une arène arrofée du fang des plus vertueux citoyens. Ce monflre en- touré de vidimes , s'abandonnoit encore à toutes les brutahtés de l'amour ; trois cents femmes & autant de jeunes garçons, furent defîinés à fervir à l'infamie de (ts débau- ches ; & (qs propres fœurs ne fe dérobèrent à la mort que par une incefhieulè proflitu- tion. Il avoit commis trop d'atrocités pour fe diflimuler qu'il étoit haï : il regarda tous les hommes comme fes ennemis ; & n'ofant plus fe fier à perfonne pour fe faire rafer , il fe brûloit lui-même la barbe. C'étoit une ancienne coutume que le fé- nat , au renouvellement de l'année , accom- pagnât l'empereur dans la piaco publique où il haranguoit le peuple Ce prince , qui pré- féroit le plaifir barbare de torraficr les lions & les tigres à la gloire de régir un empire , fe rendit la veille à l'amphithéâtre des gladia- teurs , où s'étant retiré dans fa chambre , il écrivit la lifle des cenfeurs de fon adminil^ tration, dont il prononça l'arrêt de mort. Il s'ouvrit de fon deffein à Martia fa concn- bine , qui avoit un empire abfolu fur lui ; il exigeoit même qu'on lui rendît les mêmes honneurs qu'à l'impératrice , excepté qu'on ne portoit point devant elle le feu (àcré. Cette femme , qui avoit partagé l'opprobre de^ fon lit , ne voulut point être a fociée à i'çs afîaflinats : elle forma une conjuration avec L^tus & Eledus , qui préfenterent au tyran un breuvage empoifonné ; & voyant que la mort étoit trop lente , ils l'étranglèrent à l'âge de trente-deux ans , dont il en avoit régné treize. Sa mémoire inipira tant d'hor- reur , qu'après fa mort il fut déclaré ennemi du genre humain. ( T-N. ) COMMODEVES , f. f. plur. ( Myth. ) furnom de quelques divinités champêtres. COMMODITES , f. f. pi. en bâtiment , efî un petit endroit dégagé des autres pie- ces d'un appartement , ordinairement au deflus d'un efcaher ou au bas , dans lequel efl un fiege d'aifance , dont le haut du tuyau ou conduit de poterie , efl garni d'une C O M planche percée en rond ; il fe nomme aufîî lieux. Foxf;^LATRiNEè Aisance. {P) COMMODU , f. m. ( Hijh nat. botan. ) Les Brames appellent de ce nom une plante du Malabar que Van-Rlieede a fort bien gravée , avec la plupart de Tes dérails , dans fbn Hortus Malabaricus^ volume II, planche JCXVlTIypage ^ ^ , fous le nom de nedel amhel. C'eil le nymphœx minons affinis In- dicUy flore albo pilofo de Jean Commelin ; & le menyanthes z Indica,foLiis cordatis fub- crenatis petiolis florïferis , corollis interne pilojis de M. Linné , dans fon Syflema na~ turce , édit. I2, imprimé en 1767 , p. z £2,. D'une racine en tubercule rond , accom- pagnée d'un autre petit tubercule deltiné à la propagation , & environné en defî'us d'un faifceau de vingt à quarante fibres capillai- res , cylindriques , fiituleufes , blanches , longues de deux pouces , s'élève un faifceau de huit à dix pédicules cyhndriques , long d'un pié , de trois lignes de diamètre , fiftu- leux , terminés chacun par une feuille orbi- culaire de trois à fix pouces de diamètre , en- tière , verd-claire , entaillée à ion origine juf- qu'au quart de fa longueur , légèrement pa- voifée , c'eft-à-dire , attachée au pédicule un peu au-delà de l'échancrure , HÂc , lui- fan te , mince , relevée en defîbus de fix côtes rayonnantes & flottantes (ùr l'eau. Au fommet du pédicule , à un pouce en- viron de la feuille , on voit une petite fente d'où fort une ombelle de neuf à dix fleurs blanches , longues d'un pouce un quart , ouvertes en cloche d'un pouce un quart de diamètre , portées chacune fur un pédicule cylindrique , trois ou quatre fois plus -court , & une fois plus court que les feuilles. Chaque fleur efl hermaphrodite , com- plète , monopétale , régulière , difpofée au- tour d'un difque un peu au deffous de l'o- vaire. Elle confifte en un calice verd-clair , a cinq feuilles perfiftantes triangulaires , trois à quatre fois plus courtes que la corolIe,dont le tube efl très-court , blanc , partagé en cinq diviflons triangulaires , deux à trois fois plus longues que larges , très-velues , arquées en demi-cercle. Du bas du tube de la corolle s'élèvent dix étamines dont cinq alternes avec fes divifions font au niveau du bord du tube , & cinq oppofeés à elles font une fois plus courtes. Au fond du calice on apjpçrçoit un C O M 66î pedt difque , portant un ovaire conique verd couronné par un ftyle à quatre ftigraates fphériques. L'ovaire , en mûrifïant , devient une cap- flile conique , longue de quatre lignes , une fois moins large , à une loge , s'ouvrant par le haut en deux valves , & contenant une vingtaine de graines ovoïdes , longues de deux tiers de ligne , de moitié moins larges , blanches d'abord , enfuite jaunes , luifantes. Culture. Le commodu croît au Malabar dans les mares des terres fablonneufes & argilleufes. Qualités. Toute la plante a une faveur amere. Vf âges. Pilée & cuite avec le beurre , elle fe donne intérieurement contre les morfures du ferpent appelle co^raca/îf //a. Remarques. Cette plante a beaucoup d& rapports avec le menyante ; elle en diffère cependant en ce que i®. le menyante a les feuilles digitées ; 2,°. fes fleurs font en épi \ 3**. le tube de la corolle elt plus long à pro- portion ; 4''. fes étamines font au nombre de cinq feulement ; 5°. enfin fes ffigmatcs font au nombre de deux lames feulement. D'où il fuit qu'elle doit former un genre particuHer , & que M. Linné , au lieu de la confondre avec le menyante qui efl dans fa claffe de la pentandrie , c'elf-à-dire , des plantes à cinq étamines , auroit dû , fjivant (&s principes , la placer dans la claflê de la décandrie , c'efl-à-dire des plantes qui ont dix étamines. Le commodu doit donc être placé auprès du menyante dans la féconde lèéfion de la famille des apocins. Voye:^ nos Familles des plantes _, volume II , pages iji ^ £Oî , (M. Adanson.) * COMMOTACULUM ou COM^ MENTACULUM ou COMMET A- C UL UM , ( Hifl. anc. ) petit bâton que les flamines avoient à la mai n , & avec lequel ils écartoient le peuple dans leurs facrifices. *COMMOTIy€ ^{.f.pl{Myth.}nom des nymphes qui habitoient le lac Cutdienfisi comme il y avoir dans ce lac une île flottan- te , on donna à ces déeflês l'épithete ou le flirnom de commotije. COMMOTION , fubfl. f. ( Gramm. & Chir. ) fecoufle ou ébranlement de quelque objet ou partie. La commotion du cerveau t6i C O M produit des accidens auxquels un chi- rurgien doit être très- attentif. Lorfque le crâne cfl frappé par quelque corps dur , il communique nu cerveau une partie du mouvement qu'il a reçu. Plus le crâne réfifîe, plus l'ébranlement du cerveau eft confidé- rable , ainfi la commotion eft proportionnée à la violence du coup , & à la réfiffance du crâne : on a remarqué que les coups avec grand fracas d'os , ne cauient ordinairement û:c\}nccommotio7i. V. Ame Ê'CerVEAU. - La commotion du cerveau produit la rup- ture; d'une infinité de petits vaifleaux qui arrofcnt le cerveau & Tes membranes ; il en ré'-ulte une perte de connoilîànce & unaflou- pificment léthargique. Ces accidens n'indi- quent point l'opération du trépan lorfqu'ils arrivent dans finflant du coup , parce qu'ils font l'eiTet de la commotion. Le iaignemcnt du nez , des yeux , de la boucbe , & è^zs, oreilles ; le vomiilèment bilieux , l'ilTue invo- lontaire des déjeélions^ font les efFets de cet accident primitif. Dans ce cas on n'a de ref- fource que dans les faignées ; on les a fouvent faites avec (uccès de deux heures en deux heures , peur procurer la réfolution du fang épanché. Lorfque la perte de connoifTance & l'aflbupinèment font des accidens confé- •cutifs , ils indiquent l'opération du trépan , quand même il n'y auroit point de fradure , parce qu'ils font l'effet d'un épanchement qui s'eft tait à la longue , ou le produit d une ifuppuration qui n'a pu erre un fymptome primitif. On a vu des personnes frappées lé- gèrement à la x.Lt.t , étourdies feulement par le coup ; on a vu , dis-je ces perfonnes mourir plufieurs mois après par des acci- -dcns furvenus peu de jours avant leur mort. On a trouvé à l'ouverture un épanchement de fang ou i;n abcès dans quelque coin • du cerveau. Il y a apparence que cela n'ar- rive que parce que les vailTeaux qui ont foufrert du coup étoient fi fins , qu'il a fallu un temps affez long pour qu'il pût s'échap- per une quantité de liqueur fuffifante pour produire des accidens & caufer la mort. De pareils exemples doivent faire recourir à la (aignée & aux remèdes généraux dans les plus petits coups qu'on reçoit à la tête , pour prévenit les accidens funcftes , qui ne iont que trop fouvent la fuite de la négli- ^gcncc de ces moyens. Voyei^ TréPAN. C O M On trouve dans le premier volume des mémoires de l'académie royale de chirurgie un précis des obfervations envoyées à cette aca ^émie , fur lelquelles M. Queliiay a fondé plufieurs dogmes qui regardent l'applica- tion du trépan dans les cas douteux. Les égards dus à la commotion y Iont expoiés dans tout leur jour ; & on tâche de décou- vrir les cas où il faut prendre fon parti pour ou contre l'opération du trépan , d'après les bons & mauvais fuccès déterminés par les circonflances ou les particularités qui pa- roilTent en faire di/hnguer la caufe. ( J^) Addition à V article précédent. L'expé- rience, adoptée pour expliquer l'effet de la commotion au cerveau , a répandu beaucoup de confufion en chirurgie fur cette matière ; car il efî certain que les praticiens qui ont écrit fur les léfions de la tête , ont toujours confondu xlans Fhiflolre de leurs obferva- tions , la comm.otion , avec le contre-coup. Cependant la diiîérence en efl bien cer- taine par rapport à leurs effets ; étoient-ils inilruirs éralem,ent de l'événement mecha- nique du choc des corps , ou ne l'étoient-ils pas ? cela ne fait rien à la queflion ; mais il efl certain que l'expérience qu'ils avoient adoptée pour expliquer cette aûion , n'elt point celle-là. M. de la Faye ( Opérât, de chirurgie , p. 43^) ^ pour faire concevoir l'idée qu'on doit s'en former , dit , " il l'on prend par un bout une planche mince , comme celle dont l'on fait les tonnçaux , & qu'on frappe avec force quelque corps dur , li elle ne fe caffe point , une bonne partie du mouve- ment palTe dans les mains qui la tiennent &. y caufe un engourdifiement fort doulou- reux ; mais fi elle fe caflè , les mains ne refTèntent point le coup , ou ne le reffentent qu'à proportion qu'elle eil plus ou moins brifée ; » de-là , il en conclut , que plus le crâne réfifie à l'effort du coup , plus la corn'- motion eft grande , 6' vice versa. Mais en fai- faut l'application de cette expérience à la matière qu'on trftite , on fentira aifément qu'elle ne produit qu'un contre- coup. Par exemple , qu'une planche égale en force ou folidité dans tous fes points A , tombe ou foit frappée violemment fur une maffe plus dure B , elle doit néceffairement fe réfléchir dans rinllant de la percufiion , comme o» { C O M le voit dunsh figure z , planche II de phy- jique , Suppl. des planches , fuivant la ponc- tuation -E", qui décrit une courbe vers C ; parce que dans un corps également folide , ce mouvement ne fauroit arriver , que Tex- trémité jD , y^f , qui regarde vers D , ne dé- crive une courbe de réflexion parallèle , fi la planche ne fe cafie pas dans l'inilant ^u choc ; c'eft donc la furface du corps A , par fa courbure de réflexion , qui frappe pour produire le contre-coup dans la main ; le coup confond , rompt ou déchire , c'eft-là fon propre ; la commotion au contraire fe- coue , ébranle & produit des vibrations in- déterminées , qui (ont auiîî le propre ou le figne caraâérifl:ique de la commotion. C'ell ce qu'il falloit démontrer pour faire fentir qu'il ne s'agit dans l'expérience de M. de la Faye que d'un contre-coup , puifqu'il refaite un engourdiiîement tort douloureux imprimé aux mains qui tiennent la planche , fur-tout dans l'idée où nous fommes que par ce mot , l'on ne conçoit d'autre adion qu'un choc à la partie oppofée où fe termine la per- cuffion , ou bien dans une partie où les fibres ne/ont point capables de le prêter au chan- gement de figure qu'exige l'adion du choc. L'on doit entendre par commotion , un ébranlement avec une agitaiion confufe & indéterminée, produite par la continuité d'un mouvement quelconque , jufqu'aux plus pe- tites parties d'un corps qui en eff frappé , fans néanmoins le contondre , le divifer ou le rompre. La conflifion & l'indétermination d'éy- branlement font fon caraftere diilindif , toujours en raifon de l'homogénéité des par- ties dures & molles qui la reçoivent ; elles n'arrivent donc au cerveau que par la tranf- miflion du mouvement jufqu'aux plus peti- tes ramifications des nerfs qui adhèrent à ce vilcere , parcequc l'inertie de la capacité of- fenfée ne fauroit s'oppofer d'une manière vidorieufe à i'impreflion du mouvement qu'elle a reçu , à moins que la force avec laquelle elle réfifteroit au choc ne fût pro- portionnée à fa mafle ; c'efl ce qu'on pour- roit apprécier & donner à entendre par un fait bien naturel & aifé à concevoir : par exemple , fi quelqu'un jetoit une pierre con- tre un arbre de médiocre groffeur , il cff certain qu'elle cauferoit une émotion par fon C O M 6^^ choc , qui pafîèroit fenfiblement jufqu'aux plus petites branches de l'arbre , parce que fi réliflance trop foible n'ayant pu s'oppo- fer à la force qui l'a follicité à fe mouvoir , le coup a déterminé plus ou moins d'émo- tion ou de vibrations confécutives , jufqu'» ce que le mouvement fe foit réellement con- fbmmé pour laiffer l'arbre dans fon premier état de repos. Il en arriveroit de même par rapport aux fluides expofés à nos fens; car fi un corps étoit poufl!e dans un volumt d'eau déterminé , la percuffion de ce corps produiroit un dépla- cement des particules du fluide , de manière que toutes en feroient fuccelîîvement agi- tées ; & il eff confiant que cette agitation , déterminée par l'effet de la percuifion , ne reprendroit qu'après un certain temps fon premier état de repos ; que cette confufion de mouvement ne cefl'eroit aufii qu'à pro- portion qu'il le perdroit , pour lai fier le fluide- dans fon premier état de tranquillité. Si nous comparions maintenant la tête & l'épine vertébrale au tronc d'un arbre , dont les extrémités du corps feroient comm.e Iqs branches , nous pourrions rendre fenfible l'explication dts effets que pourroit produire la percuffion fur l'économie animale , c'efl- à-dire , jufqu'où elle produiroit quelque dé- rangement dans l'ordre de la circulation. Il efi donc évident que lorfque i'impref^ fion d'un corps arrive fur une partie fèniible ,. elle la tend ou elle la rompt , d'où il réfulte une fenfation qui n'efi plus fimple , mais compliquée & doulourcufe ; alors \qs orga- nes àts fens qui font frappés par ce corps >. étant irrités fuivant les divers degrés de la flexibilité de la partie frappée , il doit ré-^ fulter que les chocs impriment un mouve- ment proportionné à la force qui les fait agir , & à la nature foible ou forte de forgane qui le reçoit. L'on voit par-là qLte l'aétion que nous rapportons à la commotion , efi tout-à- fait différente du contre-coup , parce que le propre de ce dernier eff de contondre , de rompre ou de divifer ; -au lieu que dcins la commotion iln'y a ni fradure ni contre-coup. Lorfque la percuffion fe fait fentir fur une étendue peu élafiique , elle rompt la partie- qui la reçoit , ou bien.fi la partie réfifie trop^ le coup efi intérieur & fe porte quelquefois- fort avant ;, mais fi le corps choquant agit 6^4- C O M fur une large furiace , cettQ imprefîion ne trouble réellement nos folides que par une impuHîon lèmblable à une agitation confufe & indéterminée , laquelle eliauffi Tpécifique- ment le propre de la commotion. Ainli, ces principes pofés , examinons ce que doit pro- duire un coup appliqué fur la tête , afin de concevoir ta révolution qu'éprouvent nos fluides dans leurs diamètres- Toute la tête eft ébranlée à l'inflant du coup , les liqueurs fouffrenc auiii un mouve- ment invcrfe , qui co«|tinue tant qu'elles trou- vent des vaifTeaux de communication ; la commotion qui arrive à l'inftant au cerveau , l'oblige à s'abaifîèr en quelque forte , & à s'éloigner de la dure-mere ; les vaiflêaux qui l'unifToient ( pour ainfi dire) , avec ceux de la pie-mere , le gorgent plus ou moins , mais ne fe rompent pas, fans cela ily auroit contre- coup ; il s'enfuit non-feulement la ftagnation des liqueurs dans ces vaiflêaux , mais même dans ceux du cerveau , qui produit engorge- ment ; cette comprellïon alors eft accom- pagnée de fymptomes qui ne font plus équi- voques ; le malade fans connoifîance & fans mouvement , touche bientôt à fa fin , s'il n'efl fecouru promptement. L'on fent très-bien que les caufes qui peu- vent déterminer de femblables maladies , ne manqueroient pas d'arriver , d'après la pref- fion fubite & violente de l'air contre nos foli- des , foit que cela fût occafioné par l'explolion de la poudre ou du tonnerre , foit encore que cela arrivât par la chute d'une botte de paille ou de foin , d'un matelas ou d'un lit de plume , ou bien encore^par la réfiftance d'un volume d'eau aflez coniidérable qui ofFriroit une furface plane , dans laquelle l'on fe précipi- teroit d'aflez haut la tête la première-; car c'eft pour s'en garantir que les nageurs ont l'attention de joindre les mains au-deflus de la tête pour fendre la colonne d'eau. Il n'ar- riveroit pas non plus d'accident à celui qui feroit tombé fur fes pies , fur fes genoux ou fur fes fefles , fi la colonne vertébrale n'eût point frappé l'occipital , & déterminé l'é- branlement fur une large (iirface du crâne. Il n'y a point de doute que ce ne foit à l'impreflionde femblables mouvemens qu'on doive attribuer l'effet de la commotion , parce que les folides n'ayant pu être divifés , il s'efl engendré ( pour ainfi dire ) des mouve- , C a) Mem. de l'acad. des Se. de Berlin ,(ow?. ^ , ^. C 0 M rnens ifochrones , qui ont fuccefllvcmcnt ébranlé tous les organes des lènlations , pour produire les dérangemens que nous avons expliqués précédemment. De plus , les nerfs qui fortent par les trous fymmétriques de la bafe du crâne , ne recevant pas moins les mêmes impreiiîons & fcnfations qui , comme nous l'avons remarqué , pafl'cnt jufqu'aux plus petites extrémités de l'arbre frappé , il doit coniécutivement en réfulter que l'ébran- lement que les nerfs ont foufièrt , ainfi que les ganglions fphéno-palatins, découverts par M. Meckel ( u), d'où iortent les rameaux de la cinquième paire , pour former l'inter- coflal avec fès communications , peuvent nous fournir matière à l'explication des ac- cidens les plus urgens qui arrivent par l'effet de la commotion : nous devons donc confi- dérerles nerfs , lorfqu'ils Ibrtcntdu cerveau , ainfi que leurs ganglions , comme autant de divifions de branches de ramifications ou de filets de nerfs qui partent d'un même tronc , afin que nous rendions raifon des mouvemens fj'mpathiques qui arrivent à fé- conoraie animale , dans l'inffant où quelque partie eff afFedée par la percufllon de quel- que corps , lorf qu'elle ell capable de produire des dérangemens. Nous voyons d'après tous ces raifonne- mens , que les exemples que nous fourniflènt tous les efFets de la percufiion , nous font juger , avec beaucoup de certitude , qu'ils ne fauroient arriver dans aucunes parties de la tète , que le jeu de l'hydrauhque , qui s'exerçoit auparavant , n'en foit dérangé ; car tous les fluides , pour ainfi dire , refoulés dans leurs diamètres , n'ayant pas le temps de céder librement à fébranlement déter- miné , & de vuider les lieux du cerveau com- primé , une partie du fluide par fon reflux précipité , s'infiltre & s'extravafe dans la fubf- tance des parties , pour produire par la flag- nation des liqueurs , le coma , le carus , fa- poplexie , la paralyjie , l'opprefîion , les fiè- vres irrégulieres , les lyncopes , les douleurs fixes & poignantes dans les parties où cet ébranlement fe fait feniir. Lorlque dans l'inftant du choc il arrive le^ fîiignement du nez , des yeux, delà bouche & des oreilles , avec le vomiflèment ou l'iffue involontaire des déjeâions ; ces accidens font les effets de i'efFervefcence ou du mou- 44» vement C O M verhent inverfe , & pour ainfi dire tumul- tueux de nos liqueurs ; c'eft pourquoi , dans ces fymptomes , les faignées font d'une gran- de reflburce , puifque fou vent , d'après la complexion du malade , l'on tire du fang de deux en deux heures , pour arrêter & s'op- pofer à l'effet du mouvement inverfe du fang: c'efl auffi dans ce cas , que confécutivement l'on amis en ufage l'application des ventou- fes , des fêtons , des véficatoires , des topi- ques , des douches , des bains & des purga- tifs , pour débarraffer le cerveau d'un relte d'engorgemens que les faignées n'avoient pu obtenir dans la cure de la commotion. Mais s'il arrive , malgré ces moyens , que le dérangement de l'économie animale per- fifîe avec perte de connoifTance , délire , afîbupifTement , agitation involontaire , dou- leur fixe & poignante , & une irrégularité confiante dans le pouls, on peut prononcer avec certitude que ces accidens confécutifs font des fymptomes certains d'une maladie par contre-coup, parce que fûrementles par- ties qui auront reçu l'effet de la percuiïîon auront fouffert , dans l'inflant du choc , une contufion violente, qui aura occafioné la rupture des parties folides , ou la diviiion de quelques vailîeaux qui aura produit un épan- chement de fang , ou un -abcès dans quel- que endroit du cerveau; auquel cas il faudroit très-promptement avoir recours à l'opération du trépan. V T RÉF Aii^ (cet article eji de M. Chabrol , ancien chirurgien-aide-major des camps & armées du roiychirurgien-major du corps de Génie, aj/bcie' correfpondant du collège royal de chirurgie de Nancy , détaché à Vécoleroyale du corps deGénie àMe\ieres.) Commotion, (Phy/iq.) ce mot s'em- ploie auflî aujourd'hui , en parlant de ce .que l'on reffent , ou que l'on éprouve en faifant une expérience de l'éledricîté , qui de-là même a pris le nom ^expérience de la com- motion ; elle s'appelle encore le coup fou- droyant. V. ce mot , & Van, ÉLECTRI- CITÉ, (r) COMMOTE , f. f. {Hifl. mod.) étoit un terme anciennementulité dans la province de Galles, qui lignifie un demi-hundred, c'efl-à- dire cinquante villages ; car hundred fignifie cent. Autrefois la province de Galles étoit di- vifée en trois provinces , chacune defquel- Tome VIJL , C O M €€^ les étoit divifée en cautreds ou hundreds , ce qui efl la même cl ofe , & chaque hun- dred ou caudred en deux commotes. Sylvtflre Girard dit cependant dans fon itinéraire ^ que la commote v^e^ qu'un quart de hundred. Chamb. COMMUER , [Jurifp.) fignifie chan^ ger une peine en une autre , ce que le prince lèul peut faire. Voye^ ci-après CohlMU TA" TION DE PEINE. (A) COMMUN , ad). ( Gram. ) fe dit du genre par rapport aux noms , & fe dit de la lignification à l'égard des verbes. Pour bien entendre ce que les grammai- riens appeilentg'^/2reco/72;7ZM/2,il faut obferver que les individus de chaque efpece d'animal font divifés en deux ordres; l'ordre des mâles, & l'ordre des feraelles.Un nom efl dit être du genre mafculin dans les animaux, quand il efl dit de l'individu de l'ordre des mâles ; au contraire il efl du genre féminin quand il efl de l'ordre des femelles ; ainfi coq efl du genre mafculin , & poule efl du féminin. A l'égard des noms d'êtres inanimés , tels que foleil , lune , terre , &c. ces fortes de noms n'ont point de genre proprement dit. Cependant on dit que foleil efl du genre mafcuhn , & que lune efl du féminin , ce qui ne veut dire autre chofe , finon que lorf- qu'on voudra joindre un adjedif à foleil , l'ufàge veut en France que des deux termi- naifons de l'adjedif on choififîè celle qui efl déjà confacrée aux noms fubflantifs des mâles dans l'ordre des animaux ; ainfi on dira beau foleil j comme on dit beau coq, 6c l'on dira belle lune comme on dit belle poule. J'ai dit en France , car en Allemagne , par exemple ,foleil eu du genre féminin ; ce qui fait voir que cette forte de genre efl pure- ment arbitraire , & dépend uniquement du choix aveugle que l'ufage a fait de la ter- minaifon mafcuhne de l'adjeâif ou de la féminine ; en adoptant l'une plutôt que l'au- tre à tel ou tel nom. A l'égard du genre commun, on dit qu'ua nom efl de ce genre , c'efl-à-dire de cette clalTe ou forte , lorfqu'il y a une terminaifon qui convient également au mâle & à la fe- melle: ainfï auteur efl du genre commun ; on dit d'une dame qu'elle efl auteur d'un tel ou- vrage : notre qui efl du genre commun ; on diit un homme qui, &c. une femme qui , ôcc. Pppp €6$ C O M Fideîe , fage , font des adjedifs du genre .commun\un amant fidèle^ une femme fidelle. En latin , civis fe dit également d'un ci- toyen & d'une cito5^enne. Conjux , fe dit du mari & aufli de la femme. Parens , fe dit du père & fe dit auffi de la raere. Bos y fe ilit également du bœuf & de la vache. Canis du chien ou de la chienne. Fêles ^ fe dit d'un ^haf ou d'une chatte. Ainii Ton dit.de tous ces noms4à , qu'ils font du genre commun. Obfervez que homo cfl un nom commun quant à la lignification , c'eft-à-dire , qu'il fignifie également l'/ioz/zme ou lafemme-^mAis on ne dira pas en latin mala homo, pour dire une méchante femme\3^mÇi homo qW. du genre mafculin par rapport à la conflrudion gram- maticale. C'eft ainfi qu'en françois perfonne eft du genre féminin en confliudion , quoi- que par rapport à la fignification ce mot défigoe également un homme ou une femme. A l'égard àts verbes , on appelle verbes communs ceux qui, fous une même termi- naifon , ont la fignificarion adive & la paf- live , ce qui fe connoît par les adjoints. V. la quatrième Ufie de la méthode de P. R. p. ^SZy des déponens qui fe prennent palîl- vement. Il y a apparence que ces verbes ont eu autrefois la terminaifon adive & paflive : en effet on trouve criminare , crimino y & criminari y criminor y blâmer. En grec ; les verbes qui fous une même terminaifon ont la fignification adive & la paflive , font appelles verbes moyens ou ver- bes de la voix moyenne. (F) Commun (le) , Beaux-Arts. C'eft ce qui ne fe diflingue par aucun degré fènfible de beauté ou de perfeâion des autres objets du même genre , ou ce qui n*k que le degré médiocre de perfedion , qui eft commun à la plupart des chofes de la même efpece. Le commun c{\ par conféquent, en toutes chofes, ce qu'on voit le plus ordinairement ; par cette raifon il nous touche peu , & n'a point d'énergie efthétique. Des pen(ées communes, des peintures ordinaires de la nature ou des mœurs , des événemens de tous les jours , ne font pas des fujets propres aux ouvrages de l'art. Auflî les critiques recommandent- ils à l'artifle de choilir unfujet noble , grand , & s'il fe peut neuf , & d'éviter le trivial & k commun» C O M Mais une chofc peut être commune en demt manières , ou par fa nature , ou par Ces de- hors, c'efl-à-dire, en faits d'arts, par la façon dont elle efl repréfentée. Une penfée relevée peut être exprimée d'une manière commune ; & une penlée commune peut être relevée paf la noblefîe de l'expreffion. On ne doit pas exclure des arts tout fujec commun; il eft fouvent néceffaire à complé- ter l'enfemble. Dans un tableau hiflorique , dans une tragédie , dans une épopée ,' tous les objets ne peuvent pas être également no- bles. Il fufïît que le commun n'y entre qu'au- tant qu'il gÛ néceffaire , qu'il n'y domine jamais , & qu'on l'évite le plus qu'on pourra, puifqu'il ne contribue point- au plàifir. Il y a des ouvrages qui, par le choix du. fujet , font communs y mais qui deviennent- grands & excellens par la manière de le trai-- ter. Tels font les tableaux hifloriques d'un Rcmbrant , d'un Tenieres , d'un Gérard: Dou , & de plufieurs peintres Hollandois ,, dont on fait néanmoins un grand cas. Tel efl encore le Therfite d'Horriere , fujet bas , & commun y mais qu'on tolère entre tant de héros , parce que le poëte a fu le peindre de main de maître.. Dans tous ces cas , ce n'eft pas l'objet qui plaît , c'efl l'habileté de l'artifte qui donne- dû plailir ; mais comme cette habileté n'cfli pas précifément le but dired des beaux-arts , , le plaifir qu'on trouve à, de pareils ouvrages- n'empêche pas que le commun ne fbit blâma- ble. On regrette avec raifon , àla vuedeces. produdions , que l'artifle n'ait pas confacré. fes précieux talens à des objets plus dignes, d'être perpétués. Le défaut oppofé , c'efl d'être trop fcru-» pul^ux à admettre le commun y lorfqu'il fert à là liaifbn de l'enfemble. S'imaginer qu'il n'efl: jamais permis de baiffer le ton dans ce qui n'efl qu'accefibire , c'efl le moyen d'être fouvent guindé , gêné & enflée Lorfqu'il faut employer des ô\oits-communes , le plus sûr eft de les repréfènter dans leur air natu- rel. Il efl plus ridicule d'étaler avec pompe un objet commun, que d'exprimer baffement unfujet relevé. La meilleure règle à fuivre ici , c'efl de ne placer l'objet commun que dans un jour médiocre , & de ne le préfenter que fous des couleurs peu vives ; qu'il ne foit que foiblement apperçu , & qu'il n'ait riea C O M qui puîflè trop long-temps fixer l'attention. Un limple particulier peut aifément fe glifler à la (ùite d'un grand , en fe mêlant dans la foule ; mais Ça. préfence choqueroit s'il mar- choit de front au milieu des principaux fei- gneurs , ou qu'il fe diflinguât dans la foule par la richeffè de fes habits. {Cet article efl tiré de la théorie générale des beaux-arts de M. SULZER, ) Commun, en Géométrie , s'entend d'un angle , d'une ligne , d'une furface , ou de quelque chofe de femblable qui appartient également à deux figures , & qui fait une partie néceflaire de l'une & de l'autre. Fby. Figure. Les parties communes à deux figures fer- vent à trouver fouvent l'égalité entre deux figures différentes , comme dans le théorème des parallélogrammes fur même bafe & de même hauteur , dans celui de la quadrature Acs lunules d'Hippocrate , &c. V. PARAL- LÉLOGRAMME , Lunule , àc (O) Commun , (Jurifprud.) fe dit des cho- fes dont la propriété ou l'ufage , & quel- quefois l'un & l'autre , appartiennent à plu- fieurs perfonnes. F". CHOSES COMMUNES. Etre commun en biens avec quelqu'un , fignifie être & avoir des biens en commun avec lui , comme cela efl fréquent entre mari & femme dans les pays coutumiers; ces for- tes de fociétés ont auffi lieu entre d'autres perfonnes dans certaines coutumes. Voye-{ ci-après COMMUNAUTÉS & SOCIÉTÉS TACITES. Délit commun , voye\ DÉLIT. Droit commun y voye'{ Y) KOIT. Commun de paix, {Jurifprud.) eft un droit qui appartient au roi comme comte de Rhodez , au pays de Rouergue , en vertu duquel il levé annuellement 6 deniers fur chaque homme ayant atteint l'âge de 14 ans; lur chaque homme marié , 12 deniers ; fur chaque paire tJe bœufs labourans , 2, fous ; fur chaque vache ou bœuf non labourant , 6 deniers ; fur chaque âne , 12. deniers ; fur chaque brebis ou mouton y i denier ; fur chaque chèvre ou pourceau , i denier ; & fur chaque moulin , 2 fous. M. Dolive , qui traite au long de ce droit en fes quefl. not. liv. II , ch. ix^ prétend que ce droit a été ainfi appelle , parce que les habitans du Rouergue s'obligèrent de le payer C O M €6f au foi , en reconnoifTance de ce qu'en les défendant del'invafion des Anglois, il main- tenoit leur communauté en paix. Mais M. de Lauriere enfon glojjaire , a» mot commun de paix , foutient que ce droit n'a été établi dans le Rouergue que pour y abolir entièrement les guerres privées , ou pour y rendre continuelle cette fufpenfioti d'armes que l'on appelloit la Trêve de Dieu, qui ne duroit que depuis le mercredi au foir de chaque femaine , jufqu'au lundi matin delà femaine fuivante ; c'ell en effet ce que prouve une décrétale d'Alexandre III , pu- bliée par M. de Marca dans Çts notes fur le premier canon du concile de Clermom , pag* S.8 1 /elle eff rapportée par M. de Lauriere, loco cit. {A) * Commun , adj. {Myth.) épithete que l'on donnoit à plufieurs divinités , mais fur- tout à Mars , à Bèlionne & à la Vidoire ; parce que fans aucun égard pour le culte qu'on leur rendoit , elles protégeoient indif- tindement & l'ami & l'ennemi. Les latins appelloient encore dii communes ; ceux que les Grecs nommoient a^eavoi ; ils n'avoient aucun département particulier au ciel ; on, les honoroit toutefois fur la terre d'un culte qui leur étoit propre ; telle étoit Cybele. On donnoit auffi l'épithete de corûmuns y aux dieux reconnus de toutes les nations, comme le Soleil , la Lune , Pluton , Mars , ^c. Commun , en Architecl^ure^ eft un corps de bâtiment avec cuifines & offices , où l'oa apprête les viandes pour la bouche du roi & les offices de (à majefté. Dans un hôtel c'eft une ou plufieurs pièces où mangent les officiers & les gens de livrée. V. Salle. Dans une maifbn religieufe on appelle commun^ le lieu où mangent les domeftiques. Il y a chez le roi le grand commun & le petit commun. Commun, {Hifi. mod.) chez le roi & les grands feigneurs. Le grand commun eft un vafte corps de bâtiment ifolé , & élevé fur la gauche du château de Verfaiiles ; & ce bâ- timent fert de demeure à un grand nombre d'officiers deftinés pour la perfonne de nos rois. Le petit commun eft une autre cuifine ou table , établie en 1664. > différente de celle qu'on appelle le grand commun.Le petit com^ mun ne regarde dcnc queles tables du grand- Pppp 2 é62 C O M maître & du grand-chambellan , aiïtrefois lupprimées , & depuis rétablies par le roi Louis XIV; & ce petit commun ^ dont les dé- penfes font réglées par ordc>nnance du roi en 1726 , a comme 1-e grand-commun tous les officiers néceflaires pour le fervice de leurs tables. {G) (a) COMMUNAGES owCOxMMUNAUX, {Jurifp.) Voyei COMMUNAL. COMxMUNAL, \jurifpr.) fe dit d'un héritage qui efl commun à tous les habitans d'un même lieu , tel qu'un pré ou un bois. On appelle cependant plus ordinairement le prés de cette qualité , des communes. Voyei ci-aprês COMMUNAUX & COM- MUNES. (A) COMMUNAUTÉ , f. f. {Junfp.) en tant que ce terme fe prend pour corps poli- tique , cfi l'aflèmblée de plufieurs perfonnes unies en un corps , formé par la permiiiion dés puiiîîincesqui ont droit d'en autoriîer ou empêcher l'établiflement. On ne donne pas le nom de communauté aune nation entière , ni même aux habitans de toute une pro- vince , mais à '.'eux d'une ville , bourg , ou paroifle, & à d'autres corps particuliers , qui font membres d'une ville ou paroifle , & qui font diftingués des autres particuliers & corps du même lieu. Les communaute's ont été établies pour le l)ien commun de ceux qui en font membres ; elles ont auflî ordinairement quelque rapport au bien public: c'eit pourquoi elles font de leur nature perpétuelles, à la différence des fociétés qui ibnt bien une efpece de com- munauté tntrt plufieurs perfonnes , mais feu- lement pour un temps. Il y avoit chez les Romains grand nom- bre de communautés ou confréries , que l'on appelloitco/Zé'gej ou unii'erjités. On tient que ce fut Numa qui divifa ainfi le peuple en différens corps ou communaute's , afin de les divifer auili d'intérêts , & d'empêcher qu'ils ne s'uniflent tous enlèmble pour troubler le repos public. Les gens d'un même état ou profeflion formoient entre eux un collège , tel que le collège des augures , celui des arti- fans de chaque efpece , 6*c. Ces collèges ou iro/72/72w/2awrfVpouvQientavoir leurs juges pro- pres; & lorfqu'ils en avoient , ceux qui en ctoient membres ne pouvoient pas décliner la juriiliiâion* Le collège fuccédoit à ^ts mem- I C O M bres décédés inteflati ; il pouvoit aufK être- inftitué héritier & légataire : mais les collèges prohibés , tels que ceux des juifs & des héré- tiques , étoient incapables de fucceffion. On ne pouvoit en établir fans l'autorité de l'em- pereur , ni. au préjudice des loix & fénatuf^ confultes quiledéfendoient. Cescommunau- tés ou collèges fe mettoient chacune fous la proteâion de quelque famille patricienne. Le devoir des patrons étoit de veiller aux intérêts de la communauté y d'en foutenir ou augmenter les privilèges. A l'égard des communaute's , elles étoient perpétuelles, & pouvoient pofféder des biens;, avoir un coffre commun pour y mettre leurs deniers ; agir par les fyndics ; députer auprès des magiflrats , même de faire des Ifatuts & réglemens , pourvu qu'ils ne fuf^ fent pas contraires aux loix. En France , il y a deux fortes de commu-m naute's , favoir eccléfiafliques & laïques. ^, ci-après COMMUNAUTÉS ECCLÉSIASTI- QUES Ê? Communautés laïques. hcscommunautés eccléjiaftiques fc divifenf en féculieres & réguheres. l^ oyei^ au mot Communautés ecclésiastiques. Il n'y a point de communauté quiioit véri- tablement mixte , c'efl-à-dire partie eccléliaf^ tiçue & parne laïque; car les univerfités, que r n dit quelquefois être mixtes , parce qu'elles font compofées d'eccléfiafliques & de laïques, font néanmoins des corps laïques, de même que les compagnies de Jullice où il y a des confeillers-clercs. L'objet que l'on fe propofe dans Fétablif- fement àts^communautés , efl de pourvoir à quelque bien utile au public , par le con- cours de plufieurs perfonnes unies en un. même corps. - L'établifîèmenr de certaines communautés fe rapporte à la religion ; tels que les chapi- tres des égiifes cathédrales & collégiales , \qs monafleres , & autres communautés ecclé- fiafliques ;, les contréries & congrégations , . qui font des communautés laïques , ont aufli le même objet. La plupart des autres^OT/TZi/naz/fe'j laïques, ont rapport ^ la police temporelle ; telles que: les communautés de marcliands & artilàns , , les corps de ville , les compagnies de juf^ tice , ^c. Il y à néanmoins quelques communautés^. C O M. laïques qui ont pour objet & la religion & la police temporelle ; telles que les univerfi- tés dans lefquelles , outre la théologie , on enfeigne aufll les fciences humaines. Aucune communauté y foit laïque ou eccléliaflique, ne peut être établie fans l'^ttres patentes du prince , duement enregistrées ; &li c'efl une communauté tcc\èï\i^^\(\\it , ou une co/72/7zw/2awf/ laïque qui ait rapport à la religion , comme une confrérie , il faut aufli la permiffion de l'évêque diocéfain. Quoique l'état foit compofé de plufieurs membres qui forment tous enfemble une nation , cependant cette nation n'eft point confidérée comme une communauté ; mais dans les provinces qu'on appellepoyi- d'états^ les habitans forment un corps oucommunauté pour ce q\ii regarde l'intérêt commun de la province. II y a dans l'état certains ordres compofés de plufieurs membres , qui ne forment point un corps , tels que le clergé & la noblelTe ; c'efl pourquoi le clergé ne peut s'afTembler fans permiilion du roi. Les avocats font aufli un ordre & non une communauté. V. ce qui en efl dit au mot COMMUNAUTÉ DES Avocats ê? Procureurs. Les communautés font perpétuelles, telle- ment que quand tou.v ceux qui compofent une communauté viendroient à mourir en même temps , par une pefte ou dans une guerre , on rctabliroit la communauté en y mettant d'autres perlbnnes de la qualité requife. Chaque communauté a {çs biens ,. {ts droits, & fes flatuts. Il ne leur efl pas permis d'acquérir à quel- que titre que ce foit aucuns immeubles, fans y ê'^re autorifés par lettres patentes du roi duement enregiflrées, & fans payer au roi un droit d'amortifîement.. Voy. AMORTIS- SEMENT 6" Main.- MORTE ,. & \Udit dlaoût 1^4-9' Les biens & droits appartiennent à toute la communauté y & non. à chaque, membre qpi n'en a que Tufage.. Les flatuts des communautés- ^omv ttrc valables, doivent être revêtus de lettres patentes du roi duement enregiflrées. . Il efl d'ufage dans chaque commiinautéàQ npramer certains officiers ou prépofés , pour gérer les atfaires communes confoirmément C O M ^9 auxfîatufs &délibérationsdeIa^om;nj//7aMre';: & ces délibérations pour être valables , doi- vent être faites en la forme portée par les réglemens généraux, & par l:s flatuts parti- culiers de la communauté. Vojr^ ci-après Communautés d'habitans. Fqyqaa d'igeûe quod cujufq. unii^erf. nom. Domat^ loix cii^iles , part. II , lip. I , tit. xv. Communauté d'anifans, ou d'ans &' métiers, voyez ci-ap,ès COMMUNAUTÉ- (Commerce.) Communauté des Avocats et Procureurs de lacour, c'efl-à-dire du parlement , eft une jurifdiûion économique déléguée par la cour aux avocats & procu- reurs , pour avoir entr'eux l'infpeftion fur ce qu ils doivent obferver par rapport à l'ordre judiciaire , pour maintenir les règles qui leur font prefcrites , recevoir les plaintes qui leur font portées contre ceux qui y contrevien- nent, & donner leur avis fur ces plaintes.- Ces avis font donnés fous le bon plaifir de la cour ; & pour les mettra à exécution , on Iqs- fait homologuer en la cour. Sous le nom de communauté des avocats &^ . procureurs , on entend quelquefois la cham-- bre où fe tient cette jurifdidion , quelque-- fois la jurifdiélion même, & quelquefois ceux qui la compofent. Beaucoup de perfonnes entendant parler delà communauté des avocats Ù procureurs, s'imaginent que ce terme communauté figni--. fie que les avocats & procureurs ne forment qu'une même communauté ou corn], agnie: ce qui eii une erreur manifelle ; les avocats ne' formant point un corps même entr'eux, mais . feulement un ordre plus ancien que l'état des procureurs , dont il a toujours été féparé au- parlement ; les procureurs au contra-re for--, mant entr'eux un corps ou compagnie qui n'a* rien de commun avec les avocats, que cenç^- jurildidion appellée la communauté, qu'ils-, exercent conjoi; tement pour In manutentioniç d'une bonne dilclphne dans ie~ palais , par- rapport à 1 exercice deleur<; fondions. Pour bien entendre ce que c'efl que cette ' jurifd'dion, & de quelle manière elle s'efl ' établie , il faur obferver qu'il y avoir en^. France des avocats dès le commencement- de la monarchie, qui alloient plnjder au^ parleinent dans les di'féren-s endroits où ill I tenoit lès léauces ; & depuis quePiiilipp.e-le-«f-; 1 ^7© C O M Bel eut en 1310 rendu le parlement féden- taire à Paris , il y eut des avocats qui s'y atta- chèrent ; & ce fut le commencement de l'ordre des avocats au parlement. L'inftitution des procureurs ad Utes n'efl pas 11 ancienne.Les établifî'emens de S. Louis, faits en 1270 , font la première ordonnance qui en parle ; encore falloit-il alors une dif- penfe pour plaider par procureur. L'ordon- nance des états tenus à Tours en 1484 , fut la première qui permit à toutes fortes de per- fonnes d'eller en jugement par procureur. Il paroît néanmoins que dès 1341 les pro- cureurs au parlement , au nombre de vingt- fept , paflèrent un contrat avec le curé de Sainte-Croix en la cité , pour établir entr'eux une confrérie dans fon églife. Cette confrérie fut confirmée par des let- tres de Philippe VI, du mois d'avril 1342.. Les avocats n'étoient point de cette con- frérie. Cette confrérie de procureurs fut le pre- mier commencement de leur communauté , de même que la plupart des autres corps & communautés ^Q^\ ont commencé par de fem- blables confréries. Celle-ci ayant dans la fuite été transférée en la chapelle de S. Nicolas du palais , les avocats fe mirent de la confrérie , où ils ont toujours tenu le premier rang ; & depuis ce temps , il a toujours été d'ufage de choifir un des anciens avocats pour être le premier marguillier de la confrérie ; & on lui a donné le nom de bâtonnier y à caufe que c'étoit lui autrefois qui portoit le bâton de S.Nicolas, Jufqu'alors les avocats & les procureurs n'avoient encore de commun entr'eux que cette confrérie. Les procureurs étoient déjà unis plus par- ticulièrement entr'eux , & formoient une efpece de corps , au moyen du contrat qu'ils avoient paiTé enfemble , & des lettres paten- tes de Philippe VI, confirmatives de ce con- trat & de leur première confrérie. Ils s'afTembloient en une chambre du pa- lais pour délibérer entr'eux , tant des afiàires de la confrérie dont ils étoient principale- ment chargés , que de ce qui concernoit leur difcipline entr'eux dans l'exercice de leurs fondions ; & cette aflemblée fut appellée la commwiAiUd des procureurs, La compagnie C O M elifoîf un de fes membres , pour veiller aux intérêts communs ; & le procureur charge de ce foin, fut appelle \q procureur de lacom-> munauté. Il paroît même que l'on en nommoit plu- fleurs pour faire la même fondion. M. Boyer, procureur au parlement , dans Ufiyle du parlement qu'il a donné au public, fait mention d'un arrêt du 18 mars 1508 , rendu fur les remontrances faites à la CQur par le procureur général du roi , qui enjoint aux procureurs de la communauté de faire afîèmblée entre les avocats & procureurs , pour entendre les plaintes , chicaneries de ceux qui ne fuivent les formes anciennes , & contreviennent au flyle & ordonnances de la cour; & de faire regiftre, le communiquer au procureur général pour en faire rapport à la cour. Les avocats ayant été appelles à cette afïemblée avec les procureurs , elle a été nommée la communauté des avocats Ù pro- cureurs. Cette alTemblee fè tient dans la chambre de S. Louis , & non dans la cham- bre dite de la comwMnamé y où les procu- reurs délibèrent entr'eux des affaires qui intéreflent feulement leur compagnie. Le bâtonnier des avocats préfide à la com" munauté des avocats Ù procureurs ^ & s'y fait affifler , quand il le juge à propos , d'un cer- tain nombre d'anciens bâtonniers & autres anciens avocats , en nombre égal à celui des procureurs de communauté :c^ti\ ce qui ré- fulte d'un arrêt de règlement du 9 janvier 1710, par lequel, en conformité d'une déli- bération de la comrnunauté des avocats Ù procureurs de la cour, du 9 defdits mois & an, homologuée par ledit arrêt, il a été arrêté que l'état de diflribution des aumônes feroit arrêté dans la chambre de la communauté, en préfence & de l'avis tant du bâtonnier des avocats & de l'ancien procureur de commu- nauté, que de quatre anciens avocats qui y feront invités par le bâtonnier , dont il y en aura deux au moins anciens bâtonniers, & de quatre procureurs de communauté^ que fi le procureur de communauté fe fait aflifler d'autres procureurs, le bâtonnier fe fera pa- reillement afCfter d'avocats en nombre égal à celui des procureurs : que s'ils fe trouvent partagés d'opinions , ils fe retireront au par- quet des gens du roi , pour y être réglés. C O M Le bâtonnier des avocats & les anciens |)âtonniers & autres avocats qu'il appelle avec lui, vont, quand ils le jugent à propos , à la communauté y pour y juger les plaintes , conjointement avec les procureurs de com- munauté : mais comme il eft rare qu'il y ait quelque chofe qui inrérefîê les fondions d'avocat,ils laifîènt ordinairement ce foin aux procureurs de communauté^ c'eft pourquoi le plus ancien d'entre eux fe qualifie de préfî- dent de fa communauté'^ ce qui ne doit néan- moins s'entendre c^uQàtlQwx communauté ou compagnie particulière , & non de la com- munauté des avocats Ù procureurs y où ces derniers ne préfident qu'en l'abfence des avocats. Communauté de hiens entre conjoints^ ell une fociété. établie entr'eux par la loi ou par le contrat de mariage , en conféquence de laquelle tous les meubles qu'ils ont de part & d'autre , & les meubles &; immeubles qu'ils acquièrent pendant le mariage , font communs entr'eux. Il y a même des co/72- inunautés de tous biens indiftin(3ement:.ce qui dépend de la convention. La communauté de hiens entre conjoints n'étoit point abfolument inconnue aux Ro- mains ; on en trouve des vertiges dans une loi attribuée àRomulus,oii la femme efl appellée focia fortunarum.* Mulier viro fecundum facratas leges conluncià ^fortunarum Ù fa^ crorum focia illi ejio, utque domus ille domi- . nus , ita hçec. domino y filia. ut patris y ita defuncfo marito y hceres efto. Voye^ Càtal: kg. antiq. pag. Q, Comme la femme étoit en la puiflânce de fon» mari, il étoit le maître de la fociété ou communauté.. Il faut néanmoins convenir que ce qui eft dit dans les loix romaines de la fociété du mari & de la femme , doit s'entendre feule- ment de la vie commune qui eft l'objet du mariage, plutôt- que d'une communauté de biens proprement dite; au moins n'y avoit-il point parmi eux de communauté légale^. On pouvoir à la vérité en établir par con- vention. Il y en a une preuve en la loi ali- menta^ au digeftei^e a/z;;2e7z^ qui parle d'un mari & d'une fename qui avoient été en com^ munauté de tous biens. Cette communauté contradée pendant le mariage , ne fut fans doute^ approuvée qu'à caufe qu'il y avoir ^^alité de biens ; car il n'étoit pas permis .aux C O M ^71 conjoints de fe faire aucun avantage entre- vifs , même fous prétexte de s'aflocier. lib. JCXXJIj § de donat. intervir. & ux.Ainii la communauté ne pouvoit régulièrement être fîipulée que par contrat de mariage ; mais la donation faite entre conjoints par forme de fociété , étoit confirmée comme donatioa par la mort d'un des conjoints. IJ n'y a pas d'apparence cependant que la communauté de biens ufitée entre conjoints, dans la plupart des pays coutumiers , ait été empruntée des Romains , d'autant qu'elle n'a point lieu fans une convention expreiîe dans les pays de droit écrit qui avoifinent le- plus l'Italie , &. où l'on obferve les loixr: romaines. Quelques-uns prétendent tirer l'origine- Je h communauté y de ce qui fe pratiquoit chez les Gaulois : ils fe fondent fur ce que:- Céfar , en (es commentaires, de bello gallicoy^ hv. VI ., n. 4 , dit en parlant des mœurs des.; Gaulois, que le mari en fe mariant étoitr obligé de donner à fa femme autant qu'elle lui apportoit en, dot , & que le tout apparre— noit au furvivant , avec le profit qui en étoit- furvenu: Quantas pecunias ab uxoribus dotis nomine acceperunt^ tantas exhis bonis ûs/h- matione facfâ cum dotibus communicant». Hujus omnis pecunice conjunciim ratio ha-»- beturfrucfufquefervamur. . Uter eorum vitâ ' fuperai-'itj ad eum pars utriufque cumfrucli- - bus fuperiorum temporum pervenit. Mais il eft aifé d'appcrcevoir que ce don réciproque de furvie eit tout différent de notre, «rom- munauté. Il y a plutôt lieu de croire que lès pays coutumiers , qui font plus voifins de l'Alle- magne que les pays de droit écrit, ont em- prunté cet ufage des anciens Germains, chez • lefquels le tiers ou la moitié des acquêts faits pendant le mariage, appartenoit à la femme, fuivantlewVre ï-'i// dé la loi des Saxons: De eo quod vir Ù mulierfimul acquijierim^ mu- lie r mediam partem accipiat ; & lé- f/V., xxix de la loi ripuaire : Mulier tertiam partem de omni re quam conjuges Jîmul. collahoraverint y fiudeat revindicare. ', Sous la première &• là féconde race dé nos rois , la femme n'avoit que le tiers des biens acquis pendant le mariage; ce qui étoit conforme à la loi des ripuaires. La com- .munautényoïthm alors pour les reines ; ; e^. ^7* C O M ^fFeton lit daps Aimion, que lors du partage qui fut fait de lafucceflion de Dagobert entre i'esenfans, on réfervale tiers des acquihtions ■qu'il avoir faites pour la reine fa veuve ; ce •qui confirme que l'ufage étoit alors de donner aux femmes le tiers de la communauté. Louis le ]3éboni.iaire & Lothaire Ion fils , en firent une loi générale: l^olumus iitiixores defunc- torum paji obitum maritorum tertiam par- tem collaboradonis ^ quam fimul in benefi- icio collaboraverunt , accipiant. Cette loi fut encore obfervée pour les veu- ves des rois iubféquens, comme Flodoard le fait connoître en parlant de Raoul roi de France , lequel aumônant une partie de fes biens à diverfes églifes , réferva la part de la reine fon-époulè; mais il ne dit pas quelle étoit la quotité de cette part. Ce paflage juf- tifie auffi qu'il n'étoit pas au pouvoir du mari çie difpolèr des biens de \^ communauté y au préjudice de fa femme. Préfentement il n'y a plus de communauté entre les rois & les reines ; elles partagent feulement L s conquêts faits avant l'avéne- ment du roi à la couronne. Le mari peut diipofer àes biens dq la com' munauùépar ade entre-vifs , pourvu que ce foit à perlonne capable & fans fraude ; mais par teflament il ne peut difpofer que de fa xnoitié. Les coutumes de Bourgogne , rédigées en 1459 1 ^cmf l^s premières où il foit parlé de la communauté de biens j dont elles donnent à la femme moitié ; ce qui eft conforme à la loi des Saxons. Cet ufage nouveau par tapport à la part de la femme , adopté dans ces coutumes & dans la plupart de celles qui ont été rédigées dans la fuite , pourroit bien avoir été introduit en France par les Anglois, qui , comme l'on fait , font Saxons d'origi- ne ; & fous k règne dp Charles VI, s'étoient emparés d'une partie du;-oyaume. Le droit de communauté eft accordé à la femme , en coinfidération de la commune collaboration qu'elle fait , ou eft préfumée faire, foit en aidant réellement fon mari dans fon compierce , s'il en a , foit par fon induf- irieperfonnelle, ou par fes foins & fon éco- nomie dans le ménage. La plupart àes coutumes étaKlifîênt de f)lein droit la communauté entre conjoints : il ^ ,#.n .j^ néanmoins quelques-unes , comme C O M Normandie & Rheims , qui excluent cètTt communauté', mais elles ont pourvu autre- ment à la fubfiftance de la femme en cas de viduité. Les contrats de mariage étant (ufceptibles de toutes fortes de claulés qui ne font pas contre les bonnes mœurs , il eft permis aux futurs conjoints de ftipuler la communauté de biens entr'eux, même dans les pays de droit , & dans les coutumes où elle n'a pas lieu de plein droit. Il leur eft pareillement permis de l'admet- tre ou de l'exclure dans les coutumes où elle a lieu ; fi la femme eft exclue de la commu- nauté ^ fes enfans & autres héritiers le font auffi. Lorfque le contrat de mariage ne règle rien à ce fujet : pour favoir s'il y a commu~ nautéy on doit fuivre la loi du lieu du domi- cile du mari au temps de la célébration du mariage , ou de celui où il avoit intention d'établir fon domicile en fe mariant , \ts conjoints étant préfumés avoir voulu fc régler fuivânt la loi de ce lieu. Quoique de Aro\tcommMn.\2i communauté fe partage par moitié entre le furvivant & les héritiers du prédécédé , il eft permis aux futurs conjoints , par contrat de mariage , de régler autrement la part de chacun 6es conjoints. On peut ftipuler que la femme n'aura que le tiers, ou autre moindre por- tion; ou que le furvivant jouira feul de toute la communauté y foit en ufufruir ou en pro- priété , & autres claufes femblables. J^a communauté \ega\c ou conventionnelle a lieu du moment de la bénédiftion nup- tiale , & non du jour du contrat. Il y a néan- moins quelques coutumes , comme Anjou & Bretagne , où elle n'a lieu qu'après l'an & jour; c'eft-à-dire , que fi l'un des Conjoints décède pendant ce temps , la communauté n'a point lieu : mais s'il ne décède qu'après l'année , la communauté a lieu , & a eftèt rétroadif au jour du mariage. Les claufes les plus ordinaires que Kon in- fère dans les contrats de mariage par rapport à \n communauté f font: Que les futurs époux feront uns & com- muns en tous biens , meubles & conquêts immeubles, fuivant ]a coufume de leur domicile. Qu'ils ne feront néanmoins tenus des dette* C O M tes l'un de l'autre créées avant le mariage , lefquelles feront acquittées par celui qui les aura faites , & fur fcs biens. Que de la dot de la future il entrera une telle fomme tn communauté ^ & que le fur- plus lui demeurera propre à elle & aux fiens de fon côté & ligne. Que le furvivant prendra par préciput , & avant partage de la communauté , des meu- bles pour une certaine fomme , fuivant la prifce de l'inventaire & fans crue , ou ladite fomme en deniers à fon choix. Que s'il eft vendu ou aliéné quelque pro- pre pendant le mariage , le remploi en fera fait fur la communauté ; & s'ils ne fuffifent pas à l'égai'd de la femme , fur les autres biens du mari : que l'adion de ce remploi lera propre aux conjoints & à leurs enfans , & à ceux de leur côté & ligne. Qu'il fera permis à la future & à fes en- fans qui naîtront de ce mariage , de renon- cer à la communauté ; Ù en ce faifant , de reprendre franchement & quittement tout ce qu'elle y aura apporté , & ce qui lui fera échu pendant le mariage , en meubles & immeubles , parfùcceffion , donation, legs , ou autrement : même la future , fi elle fur- vit , fcs douaire & préciput , le tout franc & quitte de toutes dettes , encore qu'elle y eût parlé ou y eût été condamnée ; dont audit cas elle & Ces enfans feront indemnifés far les biens du mari , pour raifon de quoi il y aura hypothèque du jour du contrat. Il eft aufli d'ufage que le mari fixe la por- tion de fon mobilier qu'il veut mettre en communauté , & il flipule que le furplus lui demeurera propre , & aux fiens de fon côté & ligne. Le mariage une fois célébré , les conjoints ne peuvent plus faire aucune convention pour changer leurs droits par rapport à la communauté. Un mariage nul , ou qui ne produit pas d'effets civils , ne produit pas non plus de communauté. Quant au^iens qui entrent en la commu- nauté , il faut diflinguer. 'Lîi communauté légale , c'efî-à-dire' celle qui a lieu en vertu de la coutume feule , & celle qui efl flipulée conformément à la cou- tume , comprend tous les meubles préfens &i à venir des conjoints , & tous les con- Tome VUL C O M Cy^ quêts immeubles , c'efl-à-dire ceux qu'ils acquièrent pendant le mariage , à quelque titre que cefoit , lorfqu'ils ne leur font pas propres. La communauté conventionnelle , c'efî-à- dire celle qui n'efl fondée que fur la conven- tion , & qui n'eft point établie par la cou- tume du lieu , ne corapread point les meu- bles préfens , mais feulement les meubles à venir , & les conquéts immeubles. Il efl d'ufage que les conjoints en fe ma- riant mettent chacun une certaine fomme en communauté ; cette mife peut être iné- gale. Celui des conjoints qui n'a point de meubles à mettre en communauté ^ ameublit ordinairement par fidion une portion de fes immeubles , & cette portion ainfi ameu- blie efl réputée meuble à l'égard de la com- munauté. Quand au contraire les conjoints n'ont que des meubles , ils peuvent en réaHfer par fidion une partie pour l'empêchej* d'entrer en communauté ; cette réalifa- tion fe peut faire , ou par une claufè ex- preffe de réalifation , ou par une fimple flipulation d'emploi , ou par une claufe que les deniers ou autres meubles que l'on- vdut excepter de la communauté demeu- reront propres a-ux conjoints. La flipulation de propre fimplement, ne conferveroit le miobilier flipulé propre qu'aii conjoint feulement : pour tranfmcttre lé même droit à fes enfans , il faut ajouterpro- pre à lui ù aux fiens ; & fi on veut étendre l'efïèt de la claufe aux collatéraux du con- joint, il faut encore a]ouzer de fon c6t/& li^né. La pratique d'un office entre en lacommu" nauté comme , les autres meubles ; & les offices comme les autres immeubles , excepté néanmoins les offices de la maifon du roi & des gouvernemens , qui n'entrent point en communauté , fuivant l'édif du mois de janvier 2678. Les rentes foncières entrent pareillement' en la communauté comme les autres im- meubles ; à l'égard des rentes conflituées , elles y entrent comme meubles ou immeu- bles , fuivant que la coutume du domicile du créancier leur donne l'une ou l'autre qualité. Les immeubles , foit propres ou acquêts , que les conjoints pofîldoient au temps du Qqqq ^74 C O M mariage , & ceux qui leur font <^chus depuis par fucceflion direde ou coliarérale , même par legs ou donation direélc , qui font tous biens propres , n'entrent point en commu- nauté , à moins qu'il'n'y eût claufe contraire dans le contrat de mariage : il en efl de même des biens qui ont été échangés contre des propres , & de ceux qui font échus à un des conjoints par licitation , les uns & les autres étant propres. Pc«ir ce qui eft des fruits des propres & acquêts , ils entrent de droit en la commu- nauté , auffi-bien que les fruits des con- quêts immeubles. Tous biens meubles ou immeubles ac- quis pendant le mariage font cenfés acquis éQs deniers de la communauté , &: com- muns entre les conjoints , (bit que l'ac- quifition (bit faite par eux conjointement ©u pour eux deux , loit qu'elle ait été faite au nom d'un des conjoints feulement. Le mari Cil le maître delà communauté , c'efl pourquoi la femme ne peut pafl'er au- cun ade , même en fa prélence , ni efter en jugement , fans être autorifée dé lui , ou par juOice au refus du mari , s'il y a lieu de le faire. . En qualité de maître de la communauté' , le mari peut non-feulement faire feul tous ades d'adminiilration , comme recevoir & •donner quittance , faire des baux ; mais il peut auffi difpofer feul entre-vifs des meu- bles & immeubles de la communauté , foit par obligation , aliénation , ou donation , & autrement , etiam perdendo , pourvu que ce foit à perfonne capable &: fans fraude. La femme , pendant la vie de fon mari , n'a qu'un droit éventuel fur la communauté, pour partager ce qui fe trouvera au jour de la diflblution ; ainfi elle ne peut dilpofer d'aucun des effets de la communauté , & fi elle le fait conjointement avec fon mari , c'ell: proprement lui feul qui difpofe , puif- qu'il eft feul maître de la communauté. Elle ne peut , par la même raifon , em- pêcher fon mari de vendre ou aliéner les bins de la communauté ; mais feulement , s'il y a dilfipation de la part du mari , de- mander en juftiçc fa féparation de biens , dont l'eifet eft de difibudrc la communauté pour l'avenir. La femrae ne peut pas non plus obliger C O M la communauté par aucune emplette ou emprunt , fi ce n'eft lorfqu'elle ell fac- trice de fon mari , ou qu'au vu & au fti de fon mari elle fait un commerce féparé , auquel cas elle oblige fon mari & la com- munauté. Autrefois les réparations civiles ou confif- cations prononcées contre le mari , fe pre- noient fur toute la com/rzz/waiif f' indifîinde- ment ; mais fuivant des /f frrf j- du z6 dé- cembre z^^z y données par Henri VI , roi d'Angleterre , & foi dilant roi France , il fut accordé en faveur des bourgeois de Paris , que la moitié de la fem-me en la communauté ne feroit pas flijette aux con- lifcations prononcées contre le mari. Quelques coutumes , comme celle de Bretagne , donnoient feulement une provi- fion à la femme fur les biens confiiqués : DHmoulin s'éleva fort contre cet abus ; & c'elf peut-être ce qui a donné lieu à far- rêt de 1532 , qui a jugé que la confifcation du mari ne préjudicie pas aux conventions de la femme , ni même à fon droit en la communauté. La confifcation prononcée contre la fem- me ne comprend qite (es propres , & non fa part en la communauté , qui demeure au mari par non décroifîément : à l'égard des amendes & réparations civiles & des dépens prononcés contre la femme , même en ma- tière civile , lorfqu'elle n'a point été auto- rifée par fon mari ^ ces condamnations ne peuvent s'exécuter fur la part de la femme en la communauté qu'après la diffolurion. Pour ce qui eff des charges de la commu- nauté , il faut diflinguer les dettes créées avant le mariage , de celles qui font créées depuis. Les dettes immobiliaires créées avant le mariage ^ ne font point une charge de com- munauté ; chacun des conjoints efl tenu d'acquitter celles qui le concernent. A l'égard des dettes mobiliaires , auflî créées avant le mariage , elles (ç^t à la charge de la communauté , à moins qu'on n'ait IH- pulé le contraire ; cette claufe n'empêche pas néanmoins le créancier de fe pourvoir con- tre le mari , & fur les biens de la communau- té, quand même ce feroit une dette perfon- nelle de la femme ; fon effet efl feulement d'obliger celui des conjoints dont la dette a C O M été payée des deniers de la communauté , d'en taire raifon à l'autre ou k ies héritiers lors àc la diffolution de la communauté. Quant aux dettes contradées depuis le mariage , foit mobiliaires ou immobiliaires , elles font toutes à la charge de la commu- nauté : Il la femme n'y a pas parlé , elle n'y eft obligée qu'en cas d'acceptation à la communauté , & elle ne peut être tenue que jufqu'à concurrence de ce qu'elle ou fes héri- tiers amendent de la communauté , pourvu qu'après le décès du premier mourant il foit fait loyal inventaire ; à la diiiérencedu mari qui eft toujours tenu folidairementdes dettes de communauté envers les créanciers , fauf fon recours contre les héritiers de (a femme , pour la part dqint ils en font tenus. Si la femme s'efl: obhgée avec fon mari , elle n'a plus le privilège de n'être tenu qu'//z- fra rires ,' elle doit remplir fon obligation , fauf fon recours contre les héritiers de fon raari , pour ce qu'elle a été obligée de payer au-delà de la part qu'elle devoit fupporter des dettes. Les frais de la dernière maladie du prédé- cédé font une dette de communauté ; mais les frais funéraires ne fe prennent que fur la part du prédécédé & fur fes biens perion- nels : le deuil delà veuve efî aufli à la charge delà communauté y foit qu'elle accepte ou qu'elle renonce. Les dettes immobiliaires des fucceffions échues aux conjoints pendant le mariage , ne font point à la charge de la communauté j & à l'égaid des dettes mobiliaires , la com- munauté nçn eft tenue qu'à proportion des meubles dont elle amende de la même fuc- celîion. La communauté finit par la mort natu- relle ou civile d'un des conjoints , & par la iéparation. La mort civile du mafi difTout tellement la communauté, que le partage en peut être ?-uiîi-tôt demandé par la femme ; au lieu que la mort civile de la femme difTout bien la communauté , mais la totalité en demeure au mari. Pour que laféparation opère la diffolution de lacommunauté , il faut qu'elle foit ordon- née en juftice après une enquête; car les le- parations volontaires font réprouvées. Après la difïblution de lu' communauté y C O M 7Î la femme ou fes héritiers ont la libe-rté de l'accepter ou d'y renoncer ; au lieu que le mari n'a pas la liberté d'y renoncer , attendu que tout eft cenië de fon fait. Lorfque la femme ou fes héritiers accep- tent lacommunauté , chacun commence par reprendre Ces propres réels en nature ; enfuite on reprend fur la maffe de la communauté le remploi des propres aliénés , les deniers ftipu- lés propres , les récompenfes que les con- joints fe doivent pour leurs dettes perfonnel- les qui ont été acquittées fur la communauté y ou pour les impenfes faites fur leurs propres des deniers de la communauté. Sur le furplus de la communauté le furvî- vant prélevé fon préciput en meubles ou en argent , félon ce qui a été ftipulé , fans être tenu de payer plus grande part des dettes pour raifbn de ce préciput. Dans la coutume de Paris , entre nobles , lefurvivant a de plus le droit de prendre le préciput légal , qui comprend tous les meu- bles étant hors la ville & fauxbourgs de Paris , à la charge de payer les dettes mobiliaires & frais funéraires du défunt ^ • pourvu qu'il n'y ait point d'enfans ; & s'il y a enfans , ils partagent par moitié. Après tous ces prélevemens , le reftant de la communauté Ce partage entre le furvivanc & les héritiers du prédécédé , fuivant ce quî a été convenu par le contrat. La faculté de renoncer à la communauté , ne fut d'abord accordée qu'en faveur des no- bles , des gentilshommes qui le croifoient contre les Infidèles , lefquels étant obligés à d'excefiives dépenfes ^ engageoient fouvent tous leurs biens , ou la plus grande partie. Cet ufage ne commença par conféquent au plutôt que vers la fin du xj^ fiecle ; Monflre- kt , la'. /, ch. ocviij de fon hifl. dit que Phi- hppe I , duc de Bourgogne , étant mort cri 1363 , la veuve renonça à (es biens-meubles , craignant fes dettes , en métrant fur la repré- fentation , l'a ceinture avec la bourfe & fes clés comme il étoit de coutume , & qu'elle en demanda acle à un notaire public. Bonne , veuve de Valeran comte de S. Poî , fit la mêmechofe, au rapport du même auteur,' ch. cxxxix. La veuve jetoit fa bourfe & fes clés fur la fofîe ou fur la repréfcntntion de fon mari , pour marquer qu'elle ne retenoit rien de fa maifon. Il eft fait mention de cette Qqqqi ^7^ G O M formalité dnnsplufieurs coutumes , telles que Meaux , Chaumont , Vkry , Laon , Châ- lons , & autres , ce qui ne fe pratique plus depuis long-temps. La forme nécefïaire pour ]a validité de la renonciation , efl qu'elle i'oit faite au greffe ou devant notaire , qu'il yen ait minute , & qu'elle foit inlinuée. Ce privilège , qui n'étoit accordé qu'aux veuves des nobles , a été étendu par la nou- velle coutume de Paris aux veuves des rotu- riers , & cela ell aujourd'hui de droit com- mun. La renonciation pour être valable , doit être précédée d'un inventaire fait avec un légitime contradideur. Si la femme ou les héritiers renoncent à la communauté , en ce cas ils reprennent , tant fur \ts biens de la communauté , que fur tous les autres biens du mari indillindement , les deniers dotaux de la femme ftipulés propres , fon apport mobilier quand il y a claulé de reprife , (ts remplois de propres , les répara- tions qui font à faire fur ^qs propres exiftans , fon douaire préfix ou coutumier fi elle furvit , & même fon préciput au cas que cela ait été flipulé ; elle reprend aufli fur ces mêmes biens les dons qui lui ont été faits par fon mari par contrat de mariage , & elle a fur ces mêmes biens une indemnité contre fon mari ou fes héritiers , pour les dettes auxquelles il l'a fait obliger durant lacommunautéy avec hy- pothèque pour cette indemnité du jour du contrat de mariage. La femme peut être privée de fon droit en la communauté ^our caufe d'adultère , & dans le cas où elle a abandonné fon mari , & a perfiflé à vivre éloignée de lui , nonobllant les fomraations qu'il lui a faites de revenir dans fa maifon ; mais le défaut de paiement de la dot n'eil: pas une raifon pour la priver ^e la iommunauté, Lorfqu'au jour de la diflolution de la com- munauté'A y a des enfans mineurs nés du fiir- vivant & du prédécédé , & que le furvivant néglige de faire inventaire , il eft au choix àes mineurs de prendre la corn/;? w/za^f/ en Fétat qu'elle étoitau^jour de la dilîblution , ou de demander la continuation de commu- nauté jufqu'au jour de l'inventaire , s'il en a été fait un depuis ; ou jufqu'au jour du par- tage , Vil n'y a point eu d'inventaire. La oaaiorité fur venue anK mineurs depuis C O M la difïblution de la communauté , n'empêche pas qu'elle ne continue jufqu'à ce qu'il iit fait inventaire valable. .ji Quand les mineurs optent la continuation àe communauté , les enfans majeurs peuvent aulil faire la même option. Pour empêcher la continuation de co/tz- munauté, il faut que le furvivant fafîê faire un inventaire folemnelavec un légitime con- tradideur ; il faut même , à Paris & dans quelques autres coutumes , que cet inventaire foit clos en jufîice. La communauté commuée efl compofée de tous les meubles de la première communauté y des fruits des conquêts , & des fruits des pro- preij du prédécédé ; tout ce qui échoit au furvivant , qui efl de nature A entrer en com-- munauté ^ entre aufli dans cette continuation , mais ce qui échoit aux enfans , ou qu'ils ac- quièrent de leur chef depuis la difTolution de la communauté^ n'entre point dans la conti- nuation ni pour le fonds ni pour les fruits. - Le fécond mariage du furvivant n'opère point la difïblution àe\^ communauté conti- nuée ; en ce cas fi les enfans mineurs optent la continuation de communauté , elle fe par- tage par tiers entr'eux avec le iur vivant & fon fécond conjoint. Après la diffolutionde la communauté , le furvivant des conjoints doit rendre compte delaco/n/;zw/2aMrf'auxhéritiersdu prédécédé ; quand le furvivant a été tuteur de fes enfans , ce compte fe confond avec celui de la tutelle; enfin après le compte on procède au par- tage. On peut voir fur cette matière les traités de la communauté par de Renulfon & Le- brun , &: les commentateurs des coutumes fur le titre de la communauté ; Pafquier en- fes recherches , liv. IV y ch. ocxj ; de Lau- riere en fon glojf. au mot communauté de biens , au mot ceinture , au mot clé. {A) Communauté conjugale , efl hcom^ munauté àe biens qui a heu entre conjoints , en vertu de la coutume ou du contrat de ma- riage. F". c/Wf^'.CoMMUNAUTÉDEBlENS. Communauté continuée , J-'oye^ Communauté de biens. Communauté conventionelle ^ eu celle qui eff flipulée entre conjoints par le contrat de mariage. Fbjf;^CoMMUNAUTÉ. DE BIENS. C O M Communauté coutumiëre oulé- GALE , eH celle qui a lieu de plein droit en vertu de la coutume , & qui n'a point été réglée par le contrat de mariage. Voye\ ci-devant COMMUNAUTÉ DE BIENS , 6" ci-après COMMUNAUTÉ LÉGALE. (^ ) Communautés Ecclésiastiques , {Wifi. eccl. & mod.) corps politiques compo- lës de perfonnes eccléliaftique.s qui ont des intérêts communs. Ces communautés font de deux fortes ; favoir régulières , & féculieres. Les communautés régulières font les collèges ou chapitres de chanoines réguliers , les mai- fons conventuelles de religieux , les couvents de religieufes : ceux qui compofent ces com- munautés régulières vivent enfemble & en commun ; ils ne pofledent rien en propre. Voyei Chanoines réguliers , Cou- vent , Monastère , Religieux , Religieuses. Les communautés ecclé/iaJliquesCécuWeres font les chapitres des égliies cachédrales & collégiales , les féminaires & autres maiions compofées d'cccléfiaftiquei. qui ne font point de vœux & ne font ailreinrs à aucune règle particulière. On ne peut établir aucune communauté eccléjiafiique fans le concours des deux puil- fànces : il faut la permiflion de l'évêque dio- célain pour le fpiricuel , & des lettres pa- tentes du roi duemcnt enregiilirées , pourau- torifer l'établiflément quant au temporel. Les univerfités font des corp<; mixtes , en ce qu'ils font compofés de laïques & d'ecclé- liafHques ; mais confidérés en général , ce font des corps laïques. V. UNIVERSITÉS. On attribue à S. Auguflin l'origine & f inf- titution descommunaucé eccléjiafiiques fé- culieres. Il eft certain qu'il en forma une des clercs près de fa ville épifcopale , où ils man- geoient & logeoicnt avec leur évêque , étant tous nourris & vêtus aux dépens de la com- munauté ^ ufant des habits & des meubles ordinaires fans fe faire remarquer par aucune fmgul^rité. Ils renonçoient à tout ce qu'ils avoienten propre , mais ne faifoient vœu de continence que quand ils recevoient les or- dres auxquels il étoit attaché. On trouve beaucoup d exemples de ces communautés eccléjiafiiques dans l'Occident depuis le temps de S. Auguflin ; & l'on croit qu'elles ont fervi de modèle aux chanûioes C O M Cjy * réguliers , qui fe font aujourd'hui honneur de porter le nom de S. Auguflin; mais on n'en trouve qu'un dans Thifloire de l'églife grc- que. Il efl vrai qu'en Orient le grand nom- bre de monafleres fuppléoit à ces commu^ nautés. Julien dé Pomere dit qu'il y avoît des com" munautés compofées de trois fortes de clercs: \&s uns n'avoient jamais eu de patrimoine , \qs autres avoient abandonné celui qui leur appartenoit , d'autres l'avoient confervé & en faifoient part à la communauté. En Efpa- gne il y avoir plufieurs communautés ecclé- jiafiiques , où l'on formoit les jeunes clercs aux lettres & à la piété , comme il paroît par le II concile de Tolède. C'étoient ce que font aujourd'hui nos féminaires. L'hiltoire eccléfiaflique fait aufïi mention de communautés eccléjiafiiques & monajli- ques tout enfemble ; tels étoient les monaf^ teres de S. Fulgence , évêque de Rufpe en Afrique , & celui de S. Grégoire le grand. Nous appelions aujourd'hui communautés eccléjiafiiques , toutes celles qui ne tiennent à aucun ordre ou congrégation étabhe par lettres patentes. Il y a aufli plufieurs commu- nautés religieuiés de l'un & de l'autre fexe ,. qui forment àe^ maifons particulières ; & d'autres de lilles ou veuves qui ne font point de vœux , ou au moins de vœux folemnels^ & qui font en très-grand nombre. Thoraafîl difcip, eccléf. part. I , lip'. I y ch. xxxix y Xl £ Xlj y pan. II y //>. I y cIl. XXX. (G) Communauté d'Habitans : c'elHe corps des habitans d une ville , bourg , ou fimple paroiffe , confidérés colledivemenc pour leurs intérêts communs. Quoiqu'il ne foit pas permis d'établir dans le royaume au- cune communauté fans lettres patentes , ce— P'?ndanr les habitans de chaque ville , bourg , • ou paroiffe , formeni entre eux une commu- nauté ^ quand même ils n'auroient point de chart re de commune : Fobjet de cette commit^ naitté con{\^Q feulemem à pouvoir s'afîèmbler pour délibérer de leurs aflàires communes , & avoir un lieu dcffiné à cet eftèt ; à nommer des maire & échevins , confuls & fyndics ^ ou autres ofîiciers , félon l'ufage du lieu y pour adminiiîrer les aŒiires communes ; de» afîéeurs & colledeurs dans les heux tailla* blés , pour Tafliette & recouvrement de la taille , des nieiiiers , & autres prépofcspoujr €;S C O M la garde des moiiTons , des vignes , & autres fruits. Les aflignations que l'on donne aux com- munautés dliabitans doivent être données un jour de dimanche ou fête , à l'ifîbe de la mefîè paroiffiale ou des vêpres , en parlant au lyndic , ou en l'on ablence au marguil- iier , en préfence de deux habitans au moins que le fergent doit nommer dans l'exploit , il peine de nullité ; & à l'égard des villes où il y a maire & échevins , les aflîgnarions doi- vent être données à leurs peribnnesou do- miciles. Les communautés d'hahltans ne peuvent jntenDer aucun procès fans y être autorifées par le commiflaire départi dans la province; & en général ils ne peuvent entreprendre au- cune affaire , foit en demandant ou défen- dant , ni faire aucune députation ou autre chofe concernant la communauté, fans que cela ait été arrêté par une délibération en bonne forme , & du confentemcnt de la majeure partie des habitans. Ces délibérations doivent être faites dans une aflemblée convoquée régulièrement , c'eft-à-dire que l'affemblée loit convoquée au fon de la cloche ou du tambour , lelon l'ufage du lieu , à Tiflue de la méfié paroif- fiale , un jour de dimanche ou iète , &: que Tade d'aflemblée & délibération (bit rédigé par un notaire , & (igné ats habitans qui étoient préfens & qui lavoient figner ; & pour ceux qui ne le. favoient pas , qu'on en fafîe mention. La manière dont ils doivent nommer les afféeurs & colleâeurs, eflexphquée ci-devant au mot Collecteur ; & ce qui concerne les furtaux & la taille , fera dit aux mots Surtaux & taille. Les communautés cT habitans poflèdent en certains lieux des biens communaux , tels que des maifons , terres , bois , prés , pâturages, dont la propriété appartient à route la communauté , & l'ufage à chacun des ha- bitans , à moins qu'ils ne Ibient loués au pro- fit de la communauté , comme celafe prati- que ordinairement pour les maiions & les terres : les revenus communs qu'ils en re- tirent font ce que l'on appelle Us deniers patrimoniaux. Dans la plupart des villes les habitans pof- (êde;it des odrois , c'ell-à-dire certains C O M droits qui leur ont été concédés par le roi à prendre fur marchandifes & denrées qui entrent ou iortent de ces villes , ou qui s'y débitent. L'édit de 16S3 , & k déclaration du 2 août 1687 , détendent aux communautés cThabitansde faire aucunes ventes ni aliéna- tions de leurs biens patrimoniaux , commu- naux , & d'oclroi , ni d'emprunter aucuns deniers pour quelque caufe que ce foit , fi- non en cas de perte , ou pour logement & ufleniiles des troupes , & réédificarion des nefs des éghfes tombées par vêtu fié ou in- cendie , & dont ils peuvent être tenus ; & dans ces cas mêmes il faut une affemblée en la manière accoutumée , que l'affaire pafle à la piurahîé des voix , &c que le greffier de la ville , s'il y en a un , fmon un notaire , rédige l'ade , & qu'on y falîê mention de ce qui doit erre fait. Cet aâ:e doit être en- fuite porté à l'intendant , pour être par lui autorifé , s'il le juge à-propos ; & s'il s'agit d'un emprunt , il en donne avis au roi , pour être par lui pourvu au rembourfement. La forme en laquelle on doit faire le pro- cès aux communautés d' habitans & autres , lorfqu'il y a lieu , efl prefcrice par l'ordon- nance de 1670 , tit. xxj. Il faut que la com- munauté nomme un lyndic ou député , fui- vant ce qui fera ordonné , finon on nomme d'office un curateur. Le fyndic député , ou curateur , iubit interrogatoire , & la con- froBi^non àz^ témoins ; il elf employé dans toutes les procédures en la même qualité : maisledifpofitif du jugement ell rendu con- tre la communauté même. Les condamna- tions ne peuvent être que de réparation ci- vile , dommages & intérêts envers la partie , d'amende envers le roi , privation de leur privilège, & autres punitions qui marquent publiquement la peine que la communauté a encourue par ion crime. On fait aufli en par- ticulier le procès aux principaux auteurs du crime & à leurs complices ; & s'ils fbnt con- damnés à quelques peines pécuniaires , ils ne font pas tenus de celles qui ont été pronon- cées contre la communauté. Communautés laïques , qu'on ap- pelle auSî communautés féculieres y font des corps & compagnies compofees deperfbnnes laïques unies pour leurs intérêts communs \ , telles font 'les corps de ville &.les commua C OM nantis dl-iabitans ; les compagnies de jufîice compofées des magiftrats d'un même tribunal ; les autres compagnies d'officiers , telles que celles des procureurs , notaires , huiffiers , & autres femblables ; le collège des fecretaires du roi , les univerfités , & même chaque collège qui en dépend , les hôpitaux , & autres corps femblables. Communauté légale de biens , eft celle qui a lieu de plein droit entre conjoints , en vertu de la loi ou de la coutume , fans qu'elle ait été flipulée par le contrat de mariage. Communauté de Marchands , voye^ ci F article COMMUNAUTÉ ( Com- merce , <& ci-après MARCHAND. Communauté des Procureurs , eft l'allemblée de ceux des procureurs au parlement qui font prépofés pour adminiftrer les alîliires de la com.pagnie , & qu'on appelle par cette raifon />/'c»an"£'£/rj de communauté. Cette afîèmblée fe tient dans une chambre du palais qui eft près de la chapelle de S. Ni- colas , & qu'on appelle la communauté. On ne doit pas confondre cette afîèmblée avec la communauté des avocats & procureurs. Voyei ci-devant COMMUNAUTÉ DES Avocats , ùc. COMMUliAVTÈ (Procureurs de ) , poye:[ ci-devant au mot COMMUNAUTÉ DES Avocats & Procureurs , & ci-après au woz^Procureurs. Communautés régulières , font des maifons compolées de pcrfonnes unies en un même corps , qui_ vivent félon une règle canonique ou monaftique ; tels font les chapitres de chanoines réguliers , les cou- vens de chanoineffes régulières , & tous les couvens & monafteres de religieux & de re- ligieufes en général Communautés séculières. On comprend (ous ce nom deux fortes de commu- nautés ; favoir les communautés laïques & les communautés eccléjiafiiques féculieres , (jue l'on appelle ainfi. par oppofition aux communautés régulières. Communautés tacites , font des fociétés qui lé forment fans contrat par écrit dans certaines coutumes & entre certaines perfonnes , par la demeure & vie commune pendant un an & jour , avec intention de vivre en communauté. Ces fociétés ou communautés tacites avoient C O M ^75) j lieu autrefois dans tout le pays coutumier ; mais lors de la rédadion des coutumes par écrit l'ulage n'en a été retenu que dans un petit nombre de coutumes , où il fè pratique mêmediverfement. Ces coutumes font An- goumois , Saintonge , Poitou , Berri , Bour-' bonnois , Nivernois , Auxerre , Sens , Mon- targis , Chartres , Chateau-neuf , Dreux , Chaum.ont , & Troyes. Quelques-unes de ces coutumes n'admet- tent de communauté tacite qu'entre frères demeuransenfemble , comme celles de Bour- bonnois. D'autres les'admettent entre tous parens & lignagers , comme Montargis , Chartres ,. Dreux , Ùc. La plupart les reçoivent entre toutes fortes de perlonnes , parens ou autres. A Troyes elles ont lieu entre nobles & roturiers ; en Angoumois , Saintonge , & Poitou , entre roturiers feulement ; & d^ns ces dernières coutumes , les eccléfiaftiques, roturiers qui demeurent avec des perfonnes de même condition , deviennent communs de même que les féculiers. Ceux entre lefquels fè forment cçscommu- nautés tacites , font appelles communs y communiers , coperfonniers ou comparfon- niers ^ & perfonniers y conforts y &c. Lorfqu'un des communiers fe marie , f^i femme n'entre point en chef dans la commu- nauté générÛQ ; elle ne fait qu'une tête avec fon mari. Les mineurs n'entrent point dans ces com- munautés tacites , à moins que leur père n'eût été de la communauté ; auquel cas , s'il n'y a tpoint eu d'inventaire , les enfans mineurs ont la facuké de demander la continuation de la communauté. Les conditions requifes par les coutumes pour que la communauté ait lieu , font : i*^. Que les parens ou autres afîbciés foienc majeurs. 2°. Qu'ils foientufans de leurs droits : ainfî un fils de famille ne peut être en communauté avec fon père , en la puifîance duquel il eft , fi ce n'eft, qu'il mette fon pécule caflrenfe y ou quqfi-cafirenfe , en communauté. 3^^. Les afTociés doivent avoir une même demeure , & vivre en commun ; ce que les coutumes appellent vivre à commun pot y ffl 0 dépenfe. Quelques coutumes veulent 6^0 C O M qu'outre la vie commune , il y ait auffi mé- lange de biens , & communication de gains & de pertes. 4°. Il faut avoir vécu enfemble de cette manière pendant an & jour. Enfin pour que la communauté tacite ait lieu , il faut que ceux qui demeurent enfemble n'aient point tait d'acte qui annonce une in- tention de leur part d'exclure la co/;7;7îw/2ai^/'^'; qu'au contraire il paroifTe que leur intention eft d'être en fociété , & qu€ les a<5tes qu'ils paflent , foitnt faits au nom commun. Quant aux biens qui entrent dans ces communautés tacites , ce lont tous les meubles préfens & à venir , & les conquêts immeubles ; les propres n'y font pas compris, à moins qu'il n'y eût quelqu'ade qui marquât une intention des coperfonniers de mettre en communauté tous leurs biens. On établit ordinairement un maître ou chef de la communauté tacite , lequel a le pouvoir d'en régir les biens , & d'engager la communauté : mais fi elle efl: de tous biens , on reilreint fon pouvoir à la libre difpofition des meubles & conquêts immeubles ; il ne peut même en aucun cas aliéner les immeu- bles à titre gratuit. Le fiîdeur ou agent de la communauté &. le même droit que celui qui en eft le chef , pour l'adminiflration & la difpofition des biens ; il oblige pareillement les affociés. S'il ni a n'y chef ni fadeur établi, cha- cun âss perfonniers peut agir pour la com- munauté. La mort naturelle d'un aflbclé fait finir la communauté , même à l'égard des autres aiTociés , à moins qu'il n'y eût convention %u contraire. ^ Elle finit auffi par la condarmation d'un des afîbclés à une peine qui emporte mort civile. Elle fe difTout encore par l'inexécution de la condition fous laquelle elle s'étoit formée. Un des afl'ociés peut renoncer h la commu- nauté , pourvu que ce ne foit pas en fraude de ces aflbciés ; & dans le cas où la renon- ciation eft valable , elle opère la difTolution de la communauté^ tant à fon égard que pour les autres affociés. La difcuffion générale des biens d'un aflb- cié opère auffi le même efFet. Celui qui gère les biens & affaires de la Ç O M communauté peut être contraint d'en rendre compte chaque année. En cas de diffolution delà communauté y chaque aflbcié peut demander partage des biens qui font de nature à pouvoir être par- tagés. Voje:^ le traité des communautés oufo- ciétés tacites <^e Lebrun ;Boucheul , fur Van. Z'^î delà coutume de Poitou ; Ù ci-dei'ant ûi/a-/72ofjCoMMUNAUx , Communauté DHABITANS,&i:/-apr^jCOMMUNES.(^), Communauté , ( Commerce. ) On en- tend par ce mot la réunion des particuliers qui exercent un même art ou un même métier , fous certaines règles communes qui en for- ment un corps politique. Les Romains font le feul peuple qui nous fournifTe dans l'antiquité l'exemple de ces fortes de corporations : l'origine en étoit due à la fage poh tique de Numa. Il les imagina , ditPlutarque , pour multiplier les intérêts particuliers dans une fociété compofée de deux nations , & pour détourner les efprits d'une partialité qui féparoit trop entr'eux les defcendans des Romains & des Sabins , de- venus citoyens de la ville. Ces communautés étoient connues à Piome fous le nom de col- lèges. Ce mot s'eil long-temps confervé dans les villes anféatiques , pour lignifier l'o//^/;?- blée des marchands , & enfin le lieu où ils s* ajjemblent pour négocier entr'eux. Il eflaflez difficile de décider quelle a été l'origine du renouvellement des communautés dans les empires fondés par les Barbares fur les ruines de celui des Romains : il efi vrai- femblable que la tradition confcrva le fou- venir de cet ufage des Romains , & que les feigneurs particuliers le firent revivre dans leurs diflrièls par un motif différent. D'a- bord ce fut fans doute pour honorer les arts , & les encourager par àes privilèges ou des diffindions. On en voit m.cme encore quel- ques traces dans l'efprit aftuel de ces diverfes communautés , qui fe difputent fans cefîc de prééminence, d'ancienneté, & qui cher- chent à s'ifoler ; à moins que ce ne foit l'idée générale de tout ce qui forme une fociété par- ticulière. Ces corps politiques n'entrèrent pas tou- jours dans les vues des légiflateurs , & dans les temps de troubles ils facilitèrent quel- quefois la rébellion. On les a vu ii Gand s'armer contre leurs maîtres en 1301. Jacques d'Artevel j C O M d'Ârtevel , et)J^^6, de brafTeur de bière , devint le chef des Flamands par fon crédit parmi les communautés ; en 1404, les ouvriers de Louvain égorgèrent leurs magifirats. Chez des peuples plus fidèles , les fouve- rams en ont retiré d'aflez grands fecours. En Angleterre cqs privilèges forment une partie de la liberté politique. Ces corporations s'y appellent mijîery , nom qui convient aflez à leur efprit. Par-tout il s'y eft introduit des abus. En effet ces communautés ont des loix particulières, qui font prefque toutes oppo- {éts au bien général & aux vues du légifla- teur. La première & la plus dangereufe , efl celle qui oppofe des barrières a l'induftrie , en multipliant les frais & les formalités des réceptions. Dans quek^ues communautés même où le nombre des membres eft limité, & dans celles où la faculté d'en être mem- bre eft reftreinte aux fils des maîtres , on ne voit qu'un monopole contraire aux loix de la raifon & de l'état , une occafion prochaine de manquer à celles de la confcience & de la religion. Le premier principe du commerce efl la concurrence ; c'eil par elle feule que les arts fe pertedionnent , que les denrées abondent , que l'étift fe procure un grand fuperflu à ex- porter , qu'il obtient la préférence parle bon marché, enfin qu'il remplit fon objet im- médiat d'occuper & de nourrir le plus grand nombre d'hommes qu'il lui eft poflible. Il n'eft aucune exception à cette règle, pas même dans les communautés où ilfe pré- fènte de grandes entreprilès. Dans ces cir- conllances , les petites fortunes fe réunilTent pour former un capital confidérable , les in- térêts de la fociéxé en font plus mêlés : le cré- dit de CCS fortunes divifées eft plus grand que s'il étoic réuni fur deux ou trois têtes ; & dans le cas même où elles ne fe rcuniroient pas , àhs qu'il y a beaucoup d'argent dans une nation , il eft conftant qu'aucune entreprife lucrative ne manquera d'adionnaires. Les profits àcs particuhers diminueront , mais la maTe générale du gain fera augmen- tée ; c'eft le but de l'état. On ne peut citer dans ces matières une autorité plus refpedable que celle du célèbre Jean de Wit : voici ce qu'il dit au ch. x de la première partie de fes mémoires. <* Le gain afîuré des corps de métiers ou 1 Tome VIIL C O M C%\ de marchands y les rend indoîens & paref- feux , pendant qu'ils excluent des gens fort habiles , à qui la néceffité donneront de Tin- duftrie : car il eft conftant que la Hollande qui eft fi chargée , et peur conferver l'avan- tage de tenir les autres peuples hors du com- merce , que par le travail , l'induftrie , la hardiefïè , le bon ménage , & la fobriété des habitaris Il eft certain que les Hollan- dois n'ont jamais perdu aucun commerce en Europe par le trop grand tranfport de mar- chandifes , tant que le trafic a été fibre à chacun. » Ce qu'a dit ce grand homme pour le com- merce àts manufactures de fa patrie , peut être appliqué à tous \ts pays. L'expérience feule peut ajouter à l'évidence de fon prin- cipe : comme de voir àts communautés dont les apprentis ne peuvent être mariés ; règle- ment deftruftif de la population d'un état : des métiers où il faut paiîêr ièpt années de fa vie en apprentiffage ; ftatut qui décourage l'induftrie, qui diminue le nombre èits ar- tiftes , ou qui les fait pafter chez des peuples qui ne leur refufent pas un droit que mérite leur habileté. Si les communautés Ats marchands ou àizs artiftes veulent fe diftinguer , ce doit être en concourant de tout leur pouvoir au bien général de la grande fociété : elles deman- deront la fupprelîion de ceux de leurs ftatuts qui ferment la porte à l'induftrie : elles di- minueront leurs frais , leurs dettes , leurs revenus ; revenus prefque toujours confom- més en mauvais procès , en repas entre les jurés, ou en autres dépenfès inuriles ; elles conferveront ceux qu'emploient les occafions néceflltées , ou quelque chofe de plus , pour récompenfer d'une main équit;ible , foit les découvertes utiles relatives à leur art , foit les ouvriers qui fe feront le plus diftingués cha- que année pi4 , /f^ auteurs de la préface de la bibliothèque des coutumes^ le recueil des ordonnances de la troijieme rdce ; hifi. eccle'f. de Fleury, tome XIV, in-iz , liv. LXVI , p. t ^J (i i ^8 ; le preJidentBouKier , en/es obferi>. fur la coutume de Bourgogne , ch. Ij, p. ^ z , & le préfident Hénault , à la fin defon abrégé de Vhifioire de France. {A) Commune , ( Jurifprud. ) en tant que ce terme s'applique à quelque pâturage , lignifie tout pâturage appartenant à une communauté d'iiabitans , foit que ce pâturage foit un bas pré , ou que ce foit quelque autre lieu de pafcage , tel que les landes & bruyères ; foit en plaine ou fur les montagnes & coteaux. En quelques endroits on les nomme ufelles , quaji ufalia ; en d'autres ujines : ce qui vient toujours du mot ufage. • La propriété des communes appartient à toute la communauté enfemble , de manière <|ue chaque habitant en particulier ne peut dif- pofer feuldu droit qu'il a dans la propriété : la Communauté même nepeut en général aliéner fes communes ; & s'il fe trouve des cas où elle cfl autorifée en juftice à le faire , ce n'eft qu'a- vec toutes les formalités étabhes pour l'a-lié- ûation des biens des gens de main-morte. C O M ^^5 On rient aufîî pour maxime , que les coz/z- munes ne peuvent être faifies réellement , ni vendues par décret , même pour dettes de la communauté; que l'on peut feulement impofer la dette commune (ùr les habitans , pour être par eux acquittée aux portions & dettes convenables. Voye\ci- devant COM- MUNAUTÉ d'Habitans. Quant â l'ufage des communes , il appar- tient à chaque habitant , tellement que cha- curi peut y faire paître tel nombre de beftiaux qu'il veut , niême un troupeau étranger , pourvu qu'il foit hébergé dans le lieu dont dépend la com.mune , en quoi il y a une dif- férence eflenticlle entre les communes & les terres des particuliers fujettes à la vaine pâ- ture : car dans ces dernières auxquelles on n'a droit de pafcage que par une fociété tacite , l'ufàge de ce droit doit être propor- tionné aux terres que chacun pofîede dans le lieu ; enforte que ceux qui n'y ont point de terres , ne peuvent faire pâturer leurs bet tiaux fur celles des autres ; & ceux qui ont des terres , ne peuvent envoyer des beltiaux dans les vaines pâtures , qu'à proportion de la quantité de terres qu'ils polTedent dans la paroifîe : ils ne peuvent avoir qu'aune bête à laine par arpent de terre en labour ; & à l'égard des autres Sefiiaux, ils ne peuvent y envoyer que ceux qui font nécefîàires pour leur ufage , & qu'ils font en état de nourrir pendant l'hiver du produit de leur récolte : au lieu que dans les communes , chaque ha- bitant a la liberté d'envoyer tant de befliaux que bon lui femble , pourvu néanmoins que le pâturage y puiffe fuffire ; autrement cha-^ cun ne pourroit en ufcr qu'à proportion de ce qu'il lùpporte de charges dans la paroiiTe. Le féigneur du lieu participe à l'ufage des communes , comme premier habitant ; il peut même demander qu'il lui en foit fait un tria- ge , c'efl-à-dire qu'on en diftingue un tiers qui ne foit que pour fon ufage : mais pour favoir en quel cas il peut demander ce tria- ge , il faitt dilHnguer : . Si la commune a été cédée aux habitans A la charge de la tenir du féigneur , moyen- nant un cens ou autre redevance , foit en argent, grain, corvées, ou autrement; en ce cas la conceffion eft préfumée faite à titre onéreux, quand même le titre primitif n'en feroit pas rapporté par les habitans ; & comme Rrrr 2 6^4 C O M il y a eu aliénation de la propriété utile de h part du feigneur au profit des habitans , le fei- gneur ne peut pas rentrer dans cette propriété entout ni en partie; & par une fuite du même principe , il ne peut demander partage ou triage pour jouir de Ton tiers féparément. Mais fi la conceffion deh commune a été fliite gratuitement par le feigneur ou par fes auteurs , qu'ils n'aient donné aux habitans que l'ufage de la commune , & non la pro- priété ; en ce cas le feigneur eft toujours ré- puté propriétaire de la commune ; il peut en tout temps demander un partage ou triage pour avoir fon tiers à part & divis , pourvu que les deux autres tiers fuffifent pour l'ufage des habitans , finon le partage n'auroit pas lieu , ou du moins on le régleroit autrement. Ce partage ou triage neil admis que pour les communes de grande étendue, parce qu'on .ne préfume pas qu'il foit préjudiciable : mais pour les petites communes , par exemple au- deflous de cinquante arpens , on ne reçoit pas le feigneur à en demander le triage. Quand il y a plulieurs feigneurs , il faut qu'ils demandent tous conjointement à faire le triage. Les feigneurs qui ont leur tiers à part , nî peuvent plus ni eux , ni leurs fermiers , ufer du furplus des communes. ^ Lorfqu'une même commune fèrt pour plu- lieurs paroifles , villages , hameaux , les ha- bitans de ces difFérens lieux peuvent aufli demander qu'il foit fait un triage ou parta- ge, pourvu qu'il foit fait avec toutes les par- ties inîéreiïees , préfentes ou duement appel- lées au moyen du partage qui cft fait cntr'cux: chaque paroifîe , chaque village ou hameau , & même quelquefois chaque canton de vil- lage , a fon triage diflind & féparé ; auquel cas , le terme de triage ne fignifie pas tou- jours un tiers de la commune : car les parts que l'on afïigne aux habitans de chaque lieu , font plus ou moins fortes , félon le nombre des lieux & des habitans qui les compofènt. L'ordonnance de 1669 , tit. xxij/ , art. 7 , porte que li dans les pâtures , marais , prés , & pâtis échus au triage des habitans , ou tenus en commun fans partage , il fe trou- voit quelques endroits inutiles & fuperflus dont la communauté pût profiter fans in- commoder le pâturage , ils pourront être donnés à ferme , après un rcfultat d'afTena- C O M blée faite dans les formes , pouf une , deuir," ou trois années par adjudication des offi- ciers des heux , fans frais ; & le prix employa aux réparations des paroifTes dont les habi- tans font tenus , ou autres urgentes affaire» de la communauté. Chaque habitant en particulier ne peut de- mander qu'on lui affigne fà part de la co/tï- mune ; ce feroit contrevenir diredement à l'objet que l'on a eu lors de la conceilion delà commune y & anéantir l'avantage que la cornmunauté en doit retirer à perpétuité. Mais chaque habitant peut céder ou louer fondroitindivisdepâturagedanslaco/7z/ni//ie à un étranger , pourvu que celui-ci en ufe comme auroit fait fon cédant , & n'y mette pas plus de befliaux qu'il en auroit mis. V. lejourn. des aud. arrêt du z fept. lyo ^, En 1^67 le roi fit remifè aux communau- tés d'habitans du tiers ou triage , qu'il étoit en droit de leur demander dans les commu^ nés relevantes de lui. La même chofe fut or- donnée pour les droits de tiers ou triage , que \qs feigneurs particuliers pouvoient s'être t'ait faire depuis l'an 1630. Les triages plus an- ciens furent confervés aux feigneurs , en rap- portant leur titre. Voy, le Journal des aud. aux arrêts des 2. 5 avril z G ^ z , & z/f. mai z G £8 j DefpeifTes , tom. I , pag. z z^.; Bzfmge p fur Tanicle Ixxxij delà coût, de Normandie ; Ù le die}, des arrêts ^ au mot communes & ufages. Les amendes & confifcations qui s'adju- gent pour les prés & pâtis communs contre \ts particuliers , appartiennent au feigneur haut-juflicicr , excepté en cas de réformation où elles appartiennent au roi ; mais les refli- tutions & dommages & intérêts appartien- nent toujours à la paroifîe , & doivent être mis es mains d'un fyndic ou d'un notable habitant , nommé à cet effet à la pluraUté des iufïrages , pour être employés aux répa- rations & nécefîités pubHques. Ordonn. de zGGq y tit. xxii> , art. zz & zz. On comprend auflî quelquefois les bois àts communautés fous le titre de communes ; mais on les appelle plus ordinairement hois communs , ou bois communaux. V^oye^ Por- donn. de z GGg , tit. xxiv. Commune , Çfurifpr.) femme commune ou commune en biens , eft celle qui efl en communauté de biens avec fon mari , ou C O M en continuation de communauté avec les en- fans de ion mari décédé. Femme non commune , ed celle qui a été mariée dans un pays où la communauté n'a pas lieu , ou qui a llipulé en le manant qu'il n'y auroit point de communauté. Il ne faut pas confondre la femme fépa- rée de biens , avec la femme non commune. Une femme peut être féparée de biens par contrat de mariage , ou depuis ; & dans l'un & l'autre cas , elle a l'adminilhation de fon bien : au lieu que la femme qui efl ample- ment non commune , ne peut devenir telle que par le contrat exprès ou tacite du ma- riage ; & elle n'a pas pour ce l'adminifira- tion de (es biens , li ce n'ed de fes parapher- naux. Voyei ci-devant COMMUNAUTÉ, 6" ci-après PaRAPHERNAUX. {A) Commune renommée j/i/r/Tp^. voy. Vreuye par commune renommée. {A) Communes , ( Nijh mod. ) nom qu'on donne en Angleterre à la féconde chambre du parlement , ou à la chambre baffe , com- pofée des députés des provinces ou comtés des villes , & des bourgs. V. PARLEMENT , Chambre haute , Député. Tout le peuple donnoit anciennement fa voix aux éledions de ces députés. Mais , dans le xv^ liecle , le roi Henri VI pour évi- ter le tumulte trop ordinaire dans les grandes aflemblées tenues à ce fujet , ordonna le pre- mier , que perfonne ne pourroit voter pour la nomination des députés de la province , que les ycomans ou les pofîèfleurs de francsr fiefs au moins de 40 fchelins de revenu an- nuel , & qui habitoient dans la même pro- vince ; que les perfonnes élues pour les pro- vinces, (eroient de condition noble; & au mo'ns écuyers ou gentilshommes , qualifiés pour être chevaliers , anglois de naiflance , ou au moins naturalifés , de l'âge de vingt-un ans & non au-deflbus , & que perfonne ne pourroit prendre féance dans la chambre des communes , s'il étoit juge ou prévôt d'un comté , ou eccléfiafiique. Pendant la féance du parlement , tous les membres de la chambre baffe jouiiTent des mêmes privilèges que ceux de la chambre haute ; c'eft-à-dire qu'eux , & tous les fer- viteurs & domefiiques , font exempts de toutes pouriuites , arrêts , & emprifcnne- mcns , à moins qu'ils ne foient accufés de C O M (?8j trahifon , de meurtre , ou de rupture de paix. Tous les meubles néceffaires qu'ils tranfpor- tent avec eux pendant la féance, font aufîi exernpts de faifie. Ce privilège s'étendoit au- trefois depuis le moment de leur départ de chez eux, jufqu'à celui de leur retour : mais par un ade du parlement , paffé de nos jours fous le règne de Georges I , il fut ordonné qu'aufiî-tôt que le parlement feroit diflbus ou prorogé , les créanciers feroient en droit de pourluivre tous les membres qui auroient contradé des dettes. Les membres de la chambre des corn" munes n'ont ni robes de cérémonie comme les pairs , ni rang & places marquées dans leur chambre ; ils y fiegent tous confufément :^ il n'y a que l'orateur qui ait un fauteuil ou une efpece de fiege à bras , fitué vers le haut bout de la chambre ; fon clerc & fon affif^ tant font aflis à coté de Ini. Ces trois oificiers font auffi les feuls qui aient des robes , aulll- bien que les députés pour la ville de Londres , & quelquefois les profeflèurs en droit pen- dant le temps de la plaidoirie. Le premier jour que s'afTemble un nou- veau parlement , avant qu'on entame aucune affaire , tous les membres des communes prêtent ferment entre les mains du grand- maître de la maifon du roi , & dans la cour des pupiles. Enfuite ils procèdent à l'éledion d'un orateur ; & après cette éledion , &; que l'orateur a été agréé par le roi , ils prêtent ferment une féconde fois. V. ORATEUR. Les principaux privilèges de la chambre des communes font , que tou? les bils pour lever de l'argent fur les fujets , fortent immé- diatement de la chambre des communes ; parce que c'efl fur eux que fc levé la plus grande partie des impofitions : ils ne fouf- trent pas même que les feigneurs fafTent au- cun changement à ces fortes de bils. Les communes Çom {^oprement les grandes en- quêtes du royaume ; elles ont le privilège de propofer des loix , de repréfenter les cala- mités publiques , d'accufer les criminels d'état , même les plus grands officiers du royaume , & de les pourfuivre comme partie publique à la chambre des feigneurs , qui efl la fùprême chambre de jufiice de la nation ; mais elles n'ont pas droit de juger , comme elles l'ont elles-mêmes reconnu en i68QfQus le roi Charles U. €U COU Autrefois on accordoit aux membres àQS communes , des fomroes pour leurs dépenfes pendant la leance du parlement ; radonabiles expenfas : ce font les termes des lettres circu- laires ; c'cfl-à-dire tels appointemens que le roi, en coniidérant le prix des chofes , ju- gera à propos d'impoler au peuple , que ces députés repréfentent , &; aux dépens duquel ceux-ci dévoient être défrayés. Ti^ns^ article xvij du règlement d'Edouard II , ces appoin- temens étoient alors de dix groats pour cha- que député de la province, & de cinq pour ceux des bourgs , fomme modique relative- ment au taux préfent des monnoies , & au prix Acs choies ; mais qui étoit alors fuffifante , & même conlidérable. Depuis ils montèrent jurqu'à4 fchelins par jour pour ceux qui étoient chevaliers, & 2- fchelins pour les autres. Aujourd'hui \qs communes ne reçoi- vent plus d'appointemens ; l'impôt ne laifîe pas que de le lever : mais ces fonds font employés à d'autres dépenfes. On a cru que de bons citoyens étoient afTez indemnifés par l'honneur qu'ils reçoivent de foutenir les inté- rêts de la nation , fans vendre leurs fervices pour une modique rétribution. Les communes , ou plutôt le tiers ctat , en Angleterre ^ fe dit par oppofition aux nobles & aux pairs , c'efl-à-dire de toures fortes de perfonnes au-delîbus du rang de baron ; car dans ce royaume il n'y a de nobles , fuivant la loi , que les barons ou les feigneurs mem- bres de la chambre haute : tout le refîe, comme les chevaliers , écuyers , &<:. ne font pas nobles ; on les regarde feulement comme étant d'une bonne famille. Ainii un gentil- homme n'eft autre chofe qu'un homme ilTu d'une famillehonnête , qui porte des armes , & qui a un certain revenu. Le tiers état com- prend donc, les chevaliers , les écuyers , les gentilshommes , les fils de la noblelîè qui ne font pas titrés , & les vcomans. Voye\ ÉcuYER, Gentilhomme , YcoMAN çu Yeman. [G] COMMUNJBUS LOCIS , terme latin aflèz fréquemment en ufagc chez les phydciens , & fignifiant une efpcce de mi- lieu , ou un rapport moyen qui rcfulte de la Combinaifon de plufieurs rapports. Ainli on ht dans quelques auteurs anglois , que l'Océan efl un quart de mille de pro- â)ndeur , communibus locis , dans les lieux , C O M moyens ou communs , en prenant un milieu entre \ts profondeurs de dillérens endroits de l'Océan. Le mille d'Angleterre eft le tiers d'une heue commune de France ; de forte qu'un quart de mille répond à environ un douzierne de nos lieues , ou à peu près deux cents toifes. Nous dout ons que la profondeur moyenne de l'Océan ne foit pas plus grande. (O) COMMUNICANS , f. m. pi. ( Hifl. eccUf. ) fede d'anabaptifles dans le feizieme fiecle : ils furent ainfi nommes de la commu- nauté de femmes & d'enfans qu'ils avoient établie entre eux , à l'exemple des Nicolaïtes. Prateole , 5 comm. Sanderus ^ /zer. 1^8, Gautier, dans fa chron, xvj* fiecle. (G) * COMMUNICATION , ( Gram. ) ce terme a un grand nombre d'acceptions , qu'on trouvera ci-après. Il déligne quelque- fois Vidée départage y ou de cejfion , comme dans communication du mouvement ; celle de contiguïté , de communauté ., & de conti- nuité ^ comme dans communication de deux canaux , portes de communication ; celle à' exhibition par une perfonne d une autre , comme dans communication de pièces y &c. Communication du mouvement, eff l'adion par laquelle un corps qui en frappe un autre , met en mouvement le corps qu'il frappe. L'expérience nous fait voir tous les jours , que les corps fe communiquent du mouve- m.ent les uns aux autres. Les philofophes ont enfin découvert les loix fuivant lelquelles fe fait cette communication y après avoir long-temps ignoré qu'il y en eût, & après s'être long-temps trompé fur les véritables. Ces loix confirmées par l'expérience & par le raiibnnement , ne font plus révoquées en doute de la plus faine partie àç.s phyficiens. Mais la raifbn métaphyfique, & le principe primitif de làcommunication dumouvement^ ïbntfujets à beaucoup de difficultés. Le P. Mallebranche prétend que la commu- nication du moui'ement ridï point nécefllùrc-' ment dépendante de principes phyfiques , ou d'aucune propriété des corps , mais qu'elle procède de la volonté & de l'adion immé- diate de Dieu. Selon lui , il n'y a pas plus de connexion entre le mouvement ou le repos d'un corps , & le mouvement ou le repos d'un autre , qu'il n'y en a entre la forme , la C OM couleur , la grandeur , Ùc, d'un corps & celle d'un autre ; & ce phiiorophe conclut de-là , que le mouvement du corps choquant n'ell: point la caufe phyfique du mouvement du corps choqué. Il n'y a point de doute que la volonté du Créateur nefoit la caufe primitive & immé- diate de la communication du mouvement , comme de tous les autres effets de la nature. Mais s'il nous efl: permis d'entrer dans les vues de l'Être fuprême^ nous devons croire que les loix de la communication du mouve- ment qu'il a établies , font celles qui conve- noient le mieux à la fagefle & à la fimplicité defes defleins. Ce principe du P. Mallebran- che , qu'// n^y a pas plus de connexion entre le mouvement d'un corps & celui d'un autre, qu'entre la figure & la couleur de ces corps , ne paroît pas exadement vrai : car il eft certain que la figure & la couleur d'un corpsn'infîuent point fur celles d'un autre; au lieu que quand un corps A en choque un au tre B , il fautné- celîîiirement qu'il arrive quelque changement • dans l'état aduel de l'un de ces corps , ou dans l'état de tous les deux ; car le corps B étant impénétrable, le corps ^ ne peut con- tinuer fon chemin fuivant la direction qu'il avoit , à moins que le corps B ne foit dé- placé ; ou fi le corps 54 perd tout fon mou- vement , en ce cas ce corps A change par la rencontre du corps B fon état de mouvement en celui de repos. C'efl: pourquoi il faut né- cefl'airement que l'état du corps B change , ou que l'état du corps A change. De-là on peut tirer une autre conféquence; c'ell: que l'impénétrabilité des corps , qui efl une^de leurs propriétés efTentielles , deman- dant nécelTairement que le choc de deux corps produife du changement dans leur état, il a été nécefTaire au Créateur d'établir & en auroit gardé 27, puifque ces 5** auroient été luHifans par rap- port à l'inégalité de ces corps , pour \çs faire continuer à fe mouvoir avec la même vîtefîè. En effet dans le premier cas , les mouvemens après le choc étant 8 & 24 , & les mafîes i & 3 , les vîtefîés feront 8 & 8 , c'efl-a-dire égales ;& dans le fécond cas, on trouvera de même que les vîtefTes feront 9 & 9. On peut déterminer de la même manière les autres loix de la communication du mou- vement y pour les corps parfaitement durs & deffitués de toute élaflicité. Mais tous \ts corps durs que nous connoilTons étant en même temps élafliques , cette propriété rend XtsXdxs. àt\â.communication du mouvement fort différentes , & beaucoup plus compli- quées. F. ÉLASTICITÉ & Percussion. Tout corps qui en rencontre un autre, perdnécefTairement une partie plus ou moing. C O M car , difent les théologiens , les dériommâ- tioiis qui fignificnt les natures ou les pro- priétés de nature , font des dénominations de fuppofita y c'eft-à-dirc , de perfonnes. Or comme il n'y a en Jefus-Chrift qu une feule perfbnne , qui eft celle du Verbe , c'eft à cette perfonne qu'il faut attribuer les dé- nominations des deux natures , & de leurs propriétés. Mais on ne {àuroit par la commu- nication d'idiomes attribuer à J. C. ce qui feroit fuppofer qu'il ne feroit pas Dieu; car ce feroit détruite l'union hypoftatique , qui eft le fondement de la communication d'i- diomes. Ainii Ton ne fauroit dire que Jefus- Chrift foit un pur homme, qu'il loit fàiUi- ble j ùc. . Les Neftoriens rejetoient cette communi- cation d'idiomes , ne pouvant fouffrir qu'on dî.que Dieu aroitfoujff'ert y qu'il étoit mort: autTi admettoient-ils dans Jefus-Chrift deux perfonnes. Fbje:(_NESTORiENS. 0 Les Luthériens font tombés dans l'excès oppofé , en pouflant la communication d'i- diomes , &c en prétendant que Jefus-Chrift , non-feulement en tant qu'il eft une des trois perfonnes divines , &: à raifon de fa divi- nité , mais encore en tant qu'homme , ôc à raiion de fon humanité , eft immortel , immenfe. Fbje:^^ Ubiquistes & Ufiicyji- .TÉ.(G) Communication, {Belles-lett.) figure de rhétorique par laquelle l'orateur, fur de la bonté de fa caufe ou affectant de l'être , s'en rapporte fur quelque point à la déci- fion des juges , des auditeurs , même à celle de fon adverfaire. Cicéron l'emploie fouvent ainfi dans l'oraifon pour Ligarius : Qu'en penfe^-vous , dit-il à Céfar , croye:(- vous que je fois fort emharrajfé à défendre Li- garius ? Vousfemble-t-il que je fois unique- ment occupe de fa jujîificaîion ? Ce qu'il dit "après avoir poufte vivement fon accufateur Tuberon. Et dans celle pour Caius Rabî- rius , il s'adrefle ainfi à Labienus fon ad verfaire : Q^u euiJie';^vous fait dans une occajlor^ aujfi délicate , vous gui prîtes la fuite par lâ- cheté, tandis que la fureur ù la méchanceté de Saturnin vous appzlloient d'un coté au ca- pitale y Ù que d'un autre les confuls implo- COM 6%^ Ù dé ïa Hier té ? Quelle autorité aurie'^vcus refpeâée ? Quelle voix aur ejj-vous écoutée ? Quel parti aurieT^vous embr.a£e? Aux ordres de qui vousferie[-ve partie demande à voir une pièce ori- -ginale , & qu'on ne veut pas la lui commu- niquer lous le récépiflé de (on procureur : on met la pièce au greffe , dont le greffier drefle un a été que l'on fignifie, afin que ce- lui qui a demandé la pièce l'aille voir entre les mains du greffier. CoîvlMUNICATION DU JuCEMENT , cft la connoilïànce que le greffier donne aux par- ties de la teneur du jugement qui eft inter- venu entre les parties. \J ordonnance de î 66q , titre des épices ù vacations , art. vj , veut que Ton donne cette communication aux parties , quoique les épices n'aient pas été payées. . avocats ne leur communiquent point leurs pièces en aucune façon : lorfqu'un procureur veut avoir communication des pièces qui font entre les mains de l'avocat de fa partie ad- verfe , l'avocat remet les pièces au procureur de fa partie , & celui-ci les communique à fon confrère fous fon récépiflé ou par la voie du greft'e. Communication au Parquet, rojc^^. ci~dev. Communication aux Gens du Roi. Communication d^une Production 9 Instance ou Procès ; ce font les procureurs qui prennent en communication les inftances &c procès , & les productions nouvelles &'. autres , pour les examiner & débattre , &. fournir de leur part des réponfes , contre- dits , falvations Vautres écritures néceflaires. Suivant V ordonnance de îGGj , titre xiv , art. Q , la communication de pièces produites par une partie , ne doit être donnée à l'autre I qu'après que celle qui la demande a produit de (a part ou renoncé de produire , par un . „ ., ç. . , ade ifgné de fon procureur & lignifié. MAIN , elt celle qui le fait en conhant des pièces pour les examiiner , fans en exiger de récépiflé ou reconnoiflance de celui auquel on les remet ; comme cette confiance eft Vo- lontaire , la juftice n'ordonne point que les psrtics ni leurs procureurs fe communiquè- rent de la main à la main , mais par la voie du greffe ou fous le récépiffé du procureur. Il n'eft pas non plus d'ufage entre les procu- reurs , de fe communiquer leurs pièces de la main à la main \ ils ne le font que par l'une des deux voies que l'on vient de dire. Pour ce qui eft des avocats , ils fe communiquent entr'eux de la m^ain à la main toutes les pie- ces même les plus importantes de leurs cliens , ce qui fe fait aveo tant d'honneur ôc de fidé- iigné de fon procureur & iigi 1J article 10 du même titre , ordonne que cette communication fe fera par les mains du rapporteur, & non pas fous un fîmpk récé- piflé de procureur à procureur. Lorfqu'un procureur qui a pris des pieceS' en communication les retient trop long-temps pour éloigner le jugement , on obtient con- tre lui une contrainte pour lui faire rendre les pièces ; ce qui s'exécute contre lui-même, par corps. Les procureurs au parlement prennent auflft quelquefois entr'eux lavoiede rendre plainte à la communauté des avocats & procureurs contre celui qui retient les pièces : on rend COM jufqu'à trois plaintes: fur la première, la compagnie ordonne que le procureur vien- dra répandre àla plainte \ fur la féconde , on ordonne que le procureur rendra les pièces dans tel temps & fous telle peine \ Se fur la troifieme plainte, la peine eft déclarée en- courue. Voyeii le recueilles réglemens concer- nant les procureurs y pag. zzA , zyz £>' 130 3 où il y a pluiieurs délibérations de la com- munauté à ce fujet. Communication des sacs , eft celle qui fe fût entre les avocats des différentes puties , qui fe confient ^mutuellement leurs facs de la main à la maîn pour les examiner avant la plaidoierie delà caufe. Voye^Cou- MUNICATION DE LA MAIN A LA MAIN. Communication, en terme de Fortifi- cation , eft louverture fai^te pour aller à un fort , un baftlon ou lieu femblable , ou un partage pour y aller & pour en venir Voy. Fort , Bastion , Fortification , û'c. On appelle communication , dans Tatraque des places, des chemins en forme de tran- chées ou de parallèles qu'on conftruit pour joindre les différentes parties des attaques & deslogemens. On f^it aufïi de ces communi- cations pour joindre les batteries aux places d'armes , c'eft-à-dire pour aller à couvert de ces places ou parallèles aux batteries. Ces communications fervent à lier enfembletous les travaux de l'attaque; elles fervent auffi à donner plus defûrctc aux affiégeans pour aller d'un endroit à un autre. Voyei{^ Batte- ries ; voye[auJJî les articles Tranchée, Parallèle , ùc. {Q) COMMUNION , f. f. ( Théol. ) créance uniforme de plufieurs perfonnes , qui les unit fous un même chef dans une même égïiCe. Foye;{^ Unité, Eglise. C'eft dans ce fens que l'on dit çue les Luthériens & les Calvinifîes ont été retranchés de la communion de Véglife romaine. Dès les premiers temps le mot de communion eft pris en ce fens , comme il paroit par les canons du concile d'Elvire. Le pape eft le chef de la communion catholique , & Péglife ou le fiege de Rome en eft le centre : on ne peut s'en féparer fans être fchifniatiquc. Voy. Unité & Schisme, C O M ^5)3 Coii£MUNioN DES SAîNTS,c'eft l'union, la communication qu'ont en rr 'elles Tcglifè triomphante , l eglife militante , Se Pégliie fouffrants , c'cft-à- dire les fainrsqui regiienr dans le ciel , les r^mes qui font daiis lepurga-' toire , & les fidèles qui viven: lur la terre : ces trois parties d'une feule & même églife forment un corps do]it Jefus-Chrift eft le chef inviUble le pape , vicaire de Tefus-Chrift , le chef vifible , & dont les membres fcjnt unis entre eux par les liens de la charité, & par une correfpondance mutuelle d'interceiïiou & de prières. De-là l'invocation des fiims, la prière pour les défunts , Se la confiance au pouvoir des bienheureux auprès" du trône de Dieu. La communion des faints eft uil dogme de foi , un des articles du fymbole des apôtres. Credo fanclorum commu- nionem. Elle fe trouve afïèz clairement ex- primée au Jlliv. des Macchab.ch.xij\rerf, ^A&fuiv. & elle a a été conftamment recon- ntre par toute la tradition. Communion eft auflîl'adion par laquelle on reçoit le corps Se lefang de Jefus-Chrift au très-faint facrementdePeuchariftie. Cette action , la plus auguftcdc notre religion, eft ainfî décrite par faint Paul , prem. aux Cor, ch.x: Calix benediâionis cui benedicimus ^ nonne communicatio fanguinis Chrijii efi ? & panis quemfrangimus , nonne par ticipatiocor- poris Domini ejî ? L'apôtre au même endroit explique refprit de cette cérémonie religieu- fe : Unus panis & unum corpus multi fumus _, omnes qui de unopane Ù de uno calice parti- cipamus. On peut voir dans l'apologétique de TertuUien , Se dans la féconde apologie de S. Juftin , avec quelle ferveur Se quelle pureté les premiers fidèles célébroient cette adion , à l'occafion de laquelle les païens lesnoircifToientdes plus horribles calomnies. Foye;(^EucHARiSTiE & Présence réelleI Communion sous les deux espèces > c'eft-à-direfousl'efpece dupain& fous l'ef- pece du vin. Il eft conftant par plufieurs mo- numens des premiers fiecles, quePéglife n'a pas jugé la communion fous les deux efpeces nccefl'aire , Se qu'elle a cru que Jefus-Chrift étant touft entier fous chaque efpece , on le recevoir également fous chaque efpece fcpa^» rée, comme fous les deux efpeces réunies. ^^4 C G M Mais ia difcipline a varié fur ctt article, qoioique fa foi ai: toujours été la même. Dans le ixe iiecle on donnoit la communion fous les deux efpeces , ou plutôt on donnoit i'eipece du pain trempée dans celle du vin. jiâa SS. Bencd.fcec, iij. M. de Marca dans Ton hiftoire de Béarn , liv. V, ch. :r, §. 3 , ob- fervc aulTi qu'on la recevoir dans la main ; & il croit que la communion fous une feule cfpece a commencé en Occident fous le pape Urbain II , l'an 1096 , au temps de b con- ^ête de la Terre-fainte. Le vingt-huiticme Canon du concile de Clermont auquel ce pape préiida , ordonne quel on communie fous les deux espèces fé- parémenc : mais il ajoute cependant deux exceptions, l'une de nécelTiré , & Tautre de précaution , nifiper necejfuatemaut cautelam ; la première pour les malades, &la féconde en faveur des abftemes , ou de ceux qui au- roient horreur du vin. ♦ Cette obfervation prouve combien étoicnt mal fondées les inftances qu'ont faites par la fuite les Huffites , les Calixtins , & après eux Carlofrad , pour faire rétablir l'ufage de la Communion fous les deux efpeces. Le retran- chement de la coupe étoit une difcipline de- puis long-temps établie pour remédier à mille abus, & fur-tout au dangerde la profanation du fang de Jefus-Chrift. L'indulgence qu'eût l'églife de s'en relâcher parle compaclatum du concile de Confiance en faveur des Huflîtes, ne produiiît aucun des bons effets qu'on s'en étoit promis : ces hérétiques perlevérerent dans leur révolte contre Péglifc , & n'en fu- rent pas moins acharnés à inonder de fàng leur patrie. La même quefiion fut agitée depuis au concile de Trente , où Pempereur Ferdinand & le roi de France Charles IX , demandoient qu'on rendît au peuple Pufàge de là coupe. Le fentiment contraire prévalut d'abord , maisà la fin de la vingt-deuxième feflîon les pères laifîerent à la prudence du pape à décider s'il étoit expédient ou non d'accorder cette grâce. En conféquence Pie IV , à la prière de l'empereur Ferdinand, l'accorda à quelques peu pies d^ Allemagne , qui n'ufbienr pas mieux de cette condefcen- dance que n'avoient fait les Bohémiens. Une foule de monumens d'antiquité eccléiîafti- quc , qu'on peut voir dans les théolo- C O M gienà Catholiques , prouvent que la cow- munio.'ifous les deux efpec s n'ç,ik wéc^Çùht ni de précepte divin ni de précepte eccli- iiaftique , &c par coniéquent qu il n'y a nulle nccefîité de changer la dirciyline pré- sente de l'cglife romaine , qUc les Procef- tans n'attaquent d'ailleurs que par de mau- vaifes railons. Communion fréquentf.. La commu- nion eft de précepte diviii pour les adultes , félon ces paroles de Jefus-Chr.ft , en S. Jean , ch. vj, verf. ^5. Nifi manducaveritis carnem Filii hominis , Ù hibcriiis fanguinem , non habebitis vitam'in vobis. Mais Jefus- Chrift n'ayant fixé ni le temps ni les cir- conftances où ce précepte oblige, c'eft à l'églife leule à les déterminer. Dans les pre- miers lîecles de l'églife la ferveur & la piété des fidèles étoient fi grandes , qu'ils parti- cipoient fréquemment à l'euchariflie. Onf voit dans les ades des apôtres que les fidè- les de Jcrufàiem perfcvéïoient dans la prière Se dans la fra6bion du pain ; ce que les interprètes entendent de l'euchariflie. Lorf- que la perfécution étoit allumée , les chré- tiens fe munilloient tous les jours de ce pain des fores, pour réfîfler à la fureur deS tyrans ; confiderantes ideirco , dit S. Cyprien , épir. $6 jje quotidie calicem fanguinis Chrifrt bibere , utpo{jïnt 6' ipfipr opter Chrijîum fan- guinem fundere. Mais quand la paix eut été rendue à l'églife , cette ferveur fe ralentit , l'éghfe même fut obligée défaire des loix pour fixer le temps de la communion. Le dix- huitieme canon du concile d'Agdc enjoint aux clercs de communier toutes les fois qu'ils ferviront au f^crifice de la mefle , tomz TV, concil. p. Î^ê6. Mais, il ne paro't pas qu'il y en eût encore de bien prccife pour obliger les bïques à la communion fréquente. S. Am* broife en exhortîtnt les fidèles à s'approcher louvent de la fainte table , remarque qu'en Orient il y en avoir beaucoup qui ne com- munioient qu'une fois l'année: Siquotidia- dus efîpanis, cur pofl annumfumis , quemad* moàum Grcecifacere in Oriente Con\'ue\'erunt? Ib. V y defacram. c. iv. Et S. Chryfbftcir.tf rapporte que de fon temps les uns ne com- munioient qu'une fois l'année , les autres deux fois , ^ d'autres enfin plus fouvent : Muli hujus facrifîcii fcmel intoto annofunt participes , alii autem bis y alii fcep}. HvmiL C O M tf . tit fptfi, (iâ Hebr. Et le jugement qu'en porte ce père eft très-remarquable: Quid crgo, ajouie-r-jl , tjuinamerunt mbismagis aceepti? an qui femd? an qui fcepè ? an qui rnro ? nec hi , me illi ,-fed qui cum munda ccnfciai- tia , qui cum mundo corde , qui cum vita qux miUi ejl af^nis reprehenjîuni. Genade prêtre de Mirfeille , qui vivoit au \^ fiecle, dans Ion livre des dogmesecclé- fîaftiques qu'on aautrefoisatrribué à S. Au- guftin , T fidetes ^toit encore devenge plus grande , cq> qui obligea le quatrième concile de Latran à ordonner de recevoir au moins à Pâque le facrement de Teuchariftie, fous les peines portées par le canon fuivant ; Omnis utriufi que jexus fidelis , pof.quam ad annQS difcretio^ nis pcrvenerit , omnia fua peecata , faltem. feinel in anno , conjiteatur proprio facerdoti , & injunêam fibi pcsnitentiamfiudeat pro viiÀ bus adimplere ,fufcipiens reverem'er ad minus inpafcha cucharifiicc facrameritum , nifi for it de confilio proprii f ccrdvtis vb nliquc n ra- tionabilem caufam , ad tempus ab eji:?percep~ tione duxerit abfiimndum ; alioquin iV vivens abingrcjfuçcclefice arceatur , ù moricns chrif- îianâ careat fepuliurâ. Il eft bon de re- marquer daiis ce canon , que parle mot ad minusle concile moucre o^u'il fou h ai le que les fidèles ne fe bornent point à commu- nier à p/.que , mais qu'ils le faficnt plus, iouvent , pour ramener la pratique des pre- miers fiecles où l'on communioit plus fré- quemment ; 2*. que le concile lailfe à la prudence du corifcllèur à décider il dana certaines occalions il n'eft pas expédient de différer la communion même pafchale , eu égard aux difpofirions du pénitent ; ce qui prouve que le concile n'a pas eu moins d'attention que les pères à la néceflîté de ces difpofitions. Le concile de Trente a renouvcBé le même canon , fejf. z^ , ck. xix. Mais pour ce qui regarde la communion fréquente , voici comme il s'exprime dans !a mémefelTîon , ch. viij t Paterno aJfcBM. admonet fiancfa fynodus per vifcera mifertcordiœ Dei nofiri :i/ panem illum fuperfuhfianliahm fréquenter fi~ deles percipere pojjint. Ht dans laTefllon 22 » chap. vj ; Op:aret quidemfanâa fynodus ut in fingalis mijfis fi.detes adfianies , f^n folum. fpirituali ajjïctu , fcd facramenîaii eiiam eu^ charifiiiV perceptions ccmmunicarent , quo cd eos fanclijjimi hujus facrificii fruftus uberior perveniret. Tel eft le vœu de l'églife fur la. fréquente communion ; mais cen'eft ni une or- donnance ni un décret formel Quant aux difpofirionsà la communion en général , outre que le, concile exige l'état de grâce ou l'exemption de pkhé moitel pour ne pas recevoir indignement l'euchariftie , qui , félon le langage de Técole , eft un facrement des viviins Se Don des morts, il exige eijcoat ôc^ô C O M pour comn|i||ier avec fruît , on :c des que aoprocheavecaes ailpGÛtior.s pius émmea- ZtiSi(kqu:iiïi à h.co:rtmunionfré.^ucnt.e^\Oiâ. ce qu ii enfeigne , fcjf. 13 , ch. viij : îLxc facra myfieria corpcris Ù fanguinis Dcmini 'cmaes ùfinguli , ea fidci confiantia ùfir/ru- taie , ea aiumi dévouons ac pi et aie & cuUu a-edanî & venereatur , ut pansm lUumfupzr- tlantiakm frequenw fufcipere pcffi^f . îl en- rne encore dans la même (eiîîon , qu'un chrétien ne doit pas s'approcher de i^eucha riftie fans un grand reiped ôc une grande lainteté. Nous verrons bientôt ce que les pères &c les maîtres de la vie fpirituelle en- tendent par cette fainreté La nécelTîté ou la lumiance des dnpo- fitionsrequiies pour la communiQU fréquente , ont jeté divers théologiens modernes dans des excès & des erreurs bien oppofées à la dodrine des pères & à Pefprit de réglilè. Lesuns uniquement occupés de la grandeur & de la dignité du facrement , & de la diftance infinie qu'il y a entre la m.ajefté de Dieu & la baflellè de Thomme, ont exigé des difpofitions (i fublimes^que non feulement lesiuftes, mais les plus grands faints, ne pour- roiént communier même à pâque. Te'.le eft la pernicieufe dodrine condarnnée dans ces deux propolitions par le pape Alexandre Vilî. Sacrikgi judicandi funt , qui jus ad commu- nicttcm pcrcipiendam prxîendunt , antequam condignam de déliais fuis pœnitentiam ege- rint .... Similiter arccndi funt à facra communione quitus nondum itieji amor Dci purijjimus , 6r ornais mixtionis expers. Les autres, oubliant le refpeddù à J.C. préfent dans l'euchariftie , &c uniquement attentifs aux avantages qu'on retire ou qu'on peut retirer de la communion fréquente ik même journalière , n'ont cherché qu'à faciliter la pratique, en négligeant d'infifter ou d'ap- puyer fur les diipoiitions que demande un facrement fiaugufte. Ils ont donc en feigne nue la feule exemption du péché mortel fufïît pour communier fouvent , très-fou- vcnt , & même tous les jours ; que les difpofi- tions aduelles de refped, d'attention, de defir, 8c la pureté d'intention, ne fonr que de confeil ; qu'il eft meilleur de plus falutaire de recevoir la comm-inion , & même tous les jours , fans ces difpofitions , que de la difï"> C o M en ^ ' rîr : que jamais , & dans aucune occaiîon , il n elc permis à un jufte de s'éloigner de la communion "ÇQcc re'peél: que touç pécheur coupable même de crimes énormes & mul- lipliés , doit communier aufïi-tot après Pab- ■olution reçue : qu'il ne faut ni plus de difpo- iition ni plus de perfection pourcommunier tous les jours que pour communier rare- ment : que les confelleurs ne doivent ja- mais impofer pour pénitence le délai de la communion , quelque court qu'il puiflè être ; que les pénitcns (ont Iculs juges par rapport \ eux dans cette matière : que pour commu- nier plus ou moins fouvent , ils ne doivent ni demander confeil à leurs direéteurs , ni %ivre leur avis , (ur-rout s'il tend à les éloi- gner de la lainte t^sbie , ne fut-ce que pour quelque temps ; cn^w ils taxent d'impru- dence les règles des communautés religieu- ses qui fixent le nombre des communions , quoique ces règles loient approuvées par les iouverains pontifes , &: autorifées par l'uiage conrtant*de tous les ordres religieux. Comme on a accufé M. Arnauld d''a- voir établi le rigorifme dans fon livre de la fréquente cotnmunion & qu'on taxe le père Pichon jéfuite de favorifer ouverte- ment le relâchement dans fon ouvrage indtulé l'efprit de Jefus^Ckrijî (j deVéglife fur la fréquente communion , nous allons donner au ledteur une idée de ces deux fameux écrits. Le livre de la fréquente communion fut compofé par M. Arnauld à cette occafion. Le père de Saifmaifons jéfuite , ayant vu par le moyen d'une de fes pénitentes , une inf- trudionque M. de S. Cyran avoir drelîee pour la diredion de madame la princefle de Guimené quife conduifoit par les avis , crut y trouver des maximes dangereufes , & en- treprit aufïi-ror de le réfuter par un écrit intitulé, queflion , s^il efi meilleur de commu" nier fouvent que rarement. Cette réfutation étant tombée ertrre les mains de M. Ar- nauld, il fe crut obligé d'y répondre. Cet ouvrage eft divifé en trois parties. Dans la première , M. Arnauld traite de la vérita- ble intelligence de l'écTÎture & des pères , que le pcre de Saifmaifons allègue pour la fréquente communion \ z°. des conditions d'un îer pendant quelque temps pour les acqué-1 bon diredeur pour régler les communions j 3 2 C O M 5**. fi l'on doit porter îndifrcremment tou- tes fortes de perionnes à commun er tous les huit jours; 4°. de Imdi policion que les péchés véniels peuvent apporcer à la/re- quente communion. Dans les vingt-fept premiers cliapitres ce dodeur difcute les partages de l'écriture èc des perc» allégués par le jéfuite. Depuis le chapitre xxviij jufqu'au xxxiv incluliYement , on expofe les qualités prefcrites par le père de Saif- maifons mûme pour un ban direéleur. Le troiiieme objet remplit les chapitres XXXV, xxxvj , xxxvij & xxxviij , où Ion combat encore des raifons allez légères que le père de Saifmaifons avoit alléguées pour prouver qu'on peut permettre indif- fc:remment la communion à toutes lortes de perfonnes tous les huit jours. Les deux chapitres fuivans font deftincs à prouver , par des témoignages des pères & par des exemples des faints , qu on a eu égard aux péchés véniels pour régler les communions. Daiis la féconde partie M. Arnauld examine cette queftioii , s'il eft meilleur 6i. plus utile aux âmes qui fe fentent coupables de péchés mortels de commu- nier aulTi-tot qu'elles fe font confelfees , ou de prendre quelque temps pour fe purifier par la pénitence avant que de le préfenter au fàint autel. Il divife fa réponlè en trois points : 1°. il examine les auto- rités de l écriture , des pères , & des conciles , dont le P. de Saifmaifons ap- puyoit fon fentiment : z°. il examine ii ce n'a jamais été la pratique de l'églife de faire pénitence plulîeurs jours avant que de communier ; & fur ce point il conclut de la difcipline de Téglife primitive fur la pé- nitence , à l'ufage préfent de l'églife j & c'eft fans doute ce quia donné occafion à cerigo- rifme introduit dans la fpéculation & dans la pratique , & qui a fait dire fans diftinc- tion , que c'eft une conduite pleine defagejfe , de lumière ù de charité , de donner aux âmes le temps de porter oi'ec humilité 6' de fentir Vétat du péché , de demander Vef- prit de pénitence & de contrition ^ & de com- mencer au moins à fatisfaire à la jujîice de Dieu avant que de les réconcilier ; c'eft la quatre - vingt -(eptieme proportion du P. Qiicfnel condamnée par la bulle , & évidemment faulîe dans fa généralité : 3°. Tome VI IL C O M Ccf-j M. Arnauld s'efforce de prouver que c'eft à tort qu'on condamne de témérité ceux qui s'efforcent de fléchir la miféricorde de Dieu par la mortification de leur cliair & Pexercice des bonnes œuvres avant que de s'approcher du fancStuaire : & il le prouve allez bien par différentes autorités qui concernent les péchés mortels public» ou d'habitude. Mais on fait allez juf- qu'où les rigoriftes ont porté les confé- e|uences de ce principe , qui eft vrai 8û inconteftable à quelques égards. La troiiieme partie roule fur quelques difpofitions plus particulières pour com- munier avec fruit ; M. Arnauld y exami- ne il l'on doit s'approcher de l'euchariftie fans aucune crainte , dans quelque froi- deur , indévotion , inapplication aux cho- fes de Dieu , privation de g race, plénitude de Pamour de foi-même , & prodigieux attachement au monde que l'on fe trouve, & fi le délai ne peut point fèrvir à com* munier avec plus de révérence & meil- leure difpoiition : il montre qu'au moins pour la communion fréquence on doit avoir beaucoup d'égards à toutes ces indiipoiitions. Il rélulte de cet ouvrage que M. Ar- nauld , & tous ceux qui penfent comme lui , exigent pour la fréquente communion des dilpofltions bien fublimes , & par con- féquent rares dans la plupart des chrétiens r auiïî leurs adverfaires les ont-ils accufés de retirer d'une main la communiomxyyi fidèles, tandis qu'ils la leur préfentoient de l'autre. Quoi qu'il en puillè être des intentions & de la conduite de M. Arnauld & de fes partifans , dans la pratique , le livre de la fréquente Communion parut imprimé en 1 643 ^ muni des approbations de feize archevê- ques & évêques de Frajice , & de vingt- quatre dodleurs de Sorbonne : on peut les voir à la tête de Pouvrage. A ces premiers prélats fe joignit deux ans après , la pro- vince eccléiiaftique d'Aufch , compofée de fon archevêque & de dix évêques fuffra- gans , qui avec quantité d'eccléfiaftiques du fécond ordre , approuvèrent le livre tout d'une voix dans une alTemblée provin- ciale tenue en i64j'. Cet ouvrage dès là nai (Tance excita des plaintes très - vives. Il fut dénoncé à Rome. Les feize évêques premiers appro*- *Ssss ^5>g C O M Kîtcurs. en écrivirent , en 1 644 , au pape Urbain Vlll , une longue lercre , où ils font l'éloge du livre , &c s'en déclarent les défenfeurs. Les mêmes évêques , excep- té trois qui écoient morts , écrivirent Tan- née d'^après , fur le même fujet , au pape Innocent X , qui avoit fuccédé à Urbain VIII. Ces deux lettres furent rendues au pape par M. Bourgeois , l'un des vingt- quatre dofteurs de Sorbonne qui avoient approuvé le livre ; & il lui prcfenta de- puis une procuration fignée de quatre ar- chevêques ôc de feize évêques , qui lui donnoit le pouvoir de comparoitre pour eux ôc en leur nom devant le pape , pour y défendre le livre de la fréquente communion. Ce doéheur fut reçu par la congrégation en qualité de contradicteur , on lui communiqua les plaintes & accu- fations : il y répondit par des mémoires : il inftruilît les cardinaux , les officiers j& les théologiens de la congrégation ; 6c enfin Taffaire ayant été rapportée & mife en délibération , tous les cardinaux con- clurent d^une voix à laifler le livre fans atteinte ; & jamais depuis le livre de la fréquente communion n'a été condamné à Rome. Les lettres des évêques approba- teurs aux papes Urbain VIÎI 6c Inno- cent X , fe trouvent à la fin des nouvelles éditions de cet ouvrage. Cependant le père Nouet , jéfuite , avoit prêché publiquement dans Paris con- tre le livre de .Li fréquente communion^ fans ménager Tauteur ni les évêques appro- bateurs. D'un autre côté le fameux père Petau entra en lice , tant par une lettre qu'il adrelïà . à la reine régente Marie- Anne d'Autriche , que par un autre écrit plus étendu , où il combattit méthodique- ment le livre de M. Arnauld : celui-ci répondit à l'un & à l'autre \ 1°. par un avertiflement fur quelques fermons prê- ches à Paris ", z°. p^jr une lettre à la reine , ôc par une préface qu'on trouve à la tête de la tradition de l'églife , fur le fujet delà pénitence ôc de la communion. Le livre du père Pichon , jéfuite , dont nous avons déjà rapporté le titre , parut en 1745 j muni des approbations ordi- naire? , ôc annoncé avec éloge par le iour- ^iiUfte de T/évoux , oâo^re ij^^ , art» C O M îxxxn'ij. Il fut depuis approuvé formelle- m.ent par M. l'archevêque de Befançon , par M. Têvêque de Marfeille ôc par M. Pévêque & prince de Bâle. Les archevêques de Paris , de Sens , de Tours, de Rouen j les évêques d'Evreux,dc Lodeve,de Saint- Pons, 6'c. n'en portèrent pas le même jugement. Ces prélats furent donc cboquçs d'en- tendre le père Pichon enfeigner , 1°. que lorfque l'apôtre dit , probet autem fe ipfum homo , c'eft comme s'il difoit ; " avant de communier tous les jours , à quoi il exhorte , examinez bien iî vous êtes exempt de péché mortel i ôc fî vous Pêtes , communiez \ fi vous ne Têtes pas , purihez-vous au plutôt , afin de ne pas manquer à la communion quotidienne. » Entrct. II, page ÇLîZ. 1°. " Que la coutume de Téglife déclare que cette épreuve confifte en ce que nulle perfonne tentant là confcience fouillée d\m péché mortel , quelque contrition qu'il lui lemble en avoir , ne doit s'ap- procher de la fainte euchariftie fans avoir fait précéder Pabfolution facramentelle ; ce que le iaint concile de Trente ordonne devoir être obfervé par tous les chré- tiens , ôc même par . les prêtres q.ui fe trouvent obligés de célébrer par le devoir de leur emploi. » Les évêques déclarent que le père Pichon a pui^ cette maxi- me dans le livre de Molinos fur la fré- quente communion, ÔC ils la condamnent, aulïi-bien que le commentaire fuivant qu'en fait le jéfuite à la pj^e z5j de fon ouvrage. » Le concile ne demande point en ri- gueur d'autre difpofition , parce qu'il n'en connoît point d'autre qui foit abfolument nécelTàire : autrement il n'auroit pas man- qué un point d'une aufïî grande confé- quence , fur-tout pour les prêtres qui communient tous les jours. L'exemption du péché mortel , ou l'état de grâce , eft donc la feule difpofition néceflaire : elle eft donc une difpofition fuffifante pour bien communier. Bien plus , le concile exhorte à .la communion de tous les jours , fans dire un mot d'une plus grande dif- pofition : il le pouvoit , ôc s'il eût été néceflaire, il le devoir ; cependant il fe tient ferme à dire , que les prêtres obli- gés par office de célébrer tous les jours. C O M font obligés feulement , s'ils font coupa- bles d'un péché mortel , de s'en confeflèr , fans quoi ils ne peuvent pas célébrer. Avec cette dilpolition ils peuvent donc le faire. Cette difpolition eft donc fuffi- fante , ôc feule commandée. Une com- paraifbn , ajoute le père Pichon , ren- dra la chofe fenfible. Vous voulez ache- ter une charge , on exige dix mille livres ; ce n'eft qu^\ ce prix que vous la poficderez : ne fuflît-il pas de donner ce qu'on exige ? Ell-il néceflàire de donner quelque chofe de plus , puifqu'on n'exige rien au-delà ? Concluons : les PP. aflem- blés au concile de Trente , ne deman- dent point d'autre difpofition que l'exemp- tion du péché mortel La fain- teté commandée par Jefus-Chrift , par l'apôtre , & par l'églife , pour recevoir dignement l'euchariftie conlifte donc pré- cifement à être en état de grâce , & exempt de péché mortel. Voilà l'oracle qui a parlé , qui ofera dire le con- traire ? >î 3". De la diftinction de fainteté com- mandée &c de fainteté xonfeillée ou de bienféance , qui eft la clé de tout l'ou- vrage & la bafe du fyftême du P. Pi- chon. Il eft néceflàire de rapporter ici le texte de l'auteur , quoique fort éten- du. Il fe trouve aux pages %6^ , 2.% 6* fuiv. de fon Hvre. " L'abbé. Il faut être faint pour com- munier dignement j les facrés myfteres ne ie donnent qu'aux faints , fancîa fanais , difoit autrefois le diacre à ceux qui dé- voient communier. " Le doâeur. Je le dis aufli-bien que vous ^ aufli-bien que l'égUfe par la bou- che du diacre j mais de quelle fainteté eft-il ici queftion : Diftinguons-en de deux fortes ; fainteté de précepte , ou fainteté confeillée : la fainteté de précepte eft ab- folument néceflàire , & fans elle on com- munie indignement & facrilégement : elle confifte dans l'aduelle exemption du péché mortel , & à être par une foi ani- mée de la charité en état de grâce. La fainteté du confeil eft l'aéluelle exemp- tion de péchés véniels , dans une actuelle difpofition de ferveur , de dévotion pro- portionnée aux grâces prcfentes. On a la C O M ^09 fainteté commandée quand on eft en état de grâce : alors on eft jufte, on eft (àint, on eft féparé des pécheurs : c'eft en ce fens que les apôtres ont appelle les fidè- les des faints. . L'abbé. Quoi , la feule néceflàire & indifpenfable difpofition pour recevoir di- gnement Jefus-Chrift , c'eft l'exemption de tout péché mortel , enforte qu'étant en état de grâce , & poflédant I>ieu par la charité, je puis communier & efpérer que ma communion fera bonne , chré- tienne , qu'elle plaira à Dieu , qu'elle augmentera la grâce en moi ? cela fup- pofe , tout jufte peut donc approcher' de ce facrement ; c'eft-là votre fentiment ? " Le doâeur. C'eft mon fentiment , parce que c'eft celui de Jefus-Chrift & celui de l'églife , ni l'un ni l'autre ne demandent rien davantage : c'eft-là une vérité catholique qu'on ne peut combattre fans errer dans la foi. Concevez bien ma penfée. » " L'abbé. Je la conçois bien : vous ne parlez que de la fainteté commandée , & vous dites que l'état de grâce fufïît, & qu'il eft néceflàirement requis pour com- munier dignement ; & vous ajoutez que c'eft-là une vérité catholique que l'on ne peut combattre fans errer dans la foi : vos idées font nettes , & faute de cela je vois bien maintenant que l'on confond tout , que l'on brouille tout ; c'eft la reflburce des novateurs, que j'ai trop écoutés pour mon malheur « L'abbé. Cela eftpofîtif , j'en conviens : mais ne déguifons rien ; les faints pères font bien contraires à cette décifion j que d'années de pénitence n'exigeoient-ils pas avant que d'admettre à la communion ? >» " Le docteur. Errez-vous toujours avec vos novateurs ? 1°. Il n'eft queftion ici que des juftes , que des âmes exemptes de péché , que des chrétiens en état de grâce. i°. Tous les pères ont toujours penfé que félon J. C. l'exemption du péché mortel étoit une difpofition indif- penfable pour la fréquente communion , mais ils ont aufli penfe que cette difpofi- tion étott fuffifànte •* S s s s z 700 C O M Voici donc la véricé catholique décidée par réglife : l'exemption de tout péchi mortel dont on a obtenu la rémillion dans le facrement de pénitence , c'eft la grande faintcté qui nous rend dignes de commu- nier ; tout le refte eft confeillé , tout lé refte eft une fainteté qui n'eft pas com- mandée pour pouvoir communier. Je me fixe là avec l'églife , &c je conclus : dès- lors que ma confcience ne me reproche aucun péché mortel , foit à caufe de l'in- jiocence de ma vie , foit à caufe d'une bonne tonfcffion où je me fuis purifié , j'ai la grande fainteté commandée , la fain- teté néceflàire 6c fuffifante pour commu- nier de bien communier : je ne profane- rai donc pas le facrement ; je n'y rece- vrai donc pas ma mort , ma condamna- tion , mon jugement; ma communion no: fera donc pas indigne ni facrilege. Si je luis donc aflez heureux pour être iou- yent exempt de fautes mortelles par la denieure du S. Efprit en moi _, je puis ibuvent communier , & communier digne- ment. Et fi par un bonheur encore plus digne d'envie , je fuis toujours exempt de feutes mortelles , je puis toujours com- munier , & j'aurai la confol.ition d'appor- ter à la communion la grande fainteté commandée par l'égli'e. Voilà ma religion, [ c'eft réglife qui me l'enfeigne. »> " L abbé. Excluez- vous la fainteté con- leillée j & pourvu que l'on foit . fans péché mortel , ne demanderiez- vous rien autre chofe ? Si cela eft , n'eft-ce pas donner dans un autre excès , & permettre les communions imparfaites , & même celles que l'on feroit avec des péchés ycniels î »j " Xe docteur. La fainteté confeillée , ou rexemption du péché véniel , & d'afFedion au péché véniel ou à des imperfections, ■Je les confeillé auffi , autant ^ue la fragi- lité humaine en eft capable. « « Vûbbé. S. François de Sales ordonne "que pour communier fouvenr, Se même tous les huit jours , on foit exempt de tout ■péché véniel , & même de toute affedion au péché vén;el. » " Le docieur. Jefus-Chrift ni l'églife ne r ordonnant p: s , ce faint n'avoit garde de le "faire 3 ^ ctoittrop habile théologien pour C o M cela ; inais il le confeillé. Cette affedic-n eft une volonté délibérée de perfévérer dans fes fautes : or quel chrétien communiant en chtétien , ne tâche pas de fe purifier de tout ce qui peut en lui déplaire à Dieu. » » Vabbé. Dieu me parle par votre bou- che , & je me fens animé de plus en plus à communier fouvent. Vous exigez avec l'églife une préparation fage , digne de Dieu , qui ne défefpere point , qui ote toute inquiétude : vous fixez pour tous une fainteté commandée , une fiinteté que tous peuvent aifément avoir : car qui voudroit communier en haïftànt Dieu? Vous conleillez toujours une fainteté plus parRiite ; vous y exhortez , & vous en donnez le moyen dans là fréquente communion : c'eft le vrai efprit de Jeius- Chrift & de l'églife. » 4°. On a été révolté d'entendre dire au père Pichon, "qu'on peut donner pour pénitence de communier fouvent , puifque félon les (zintsconcA&sX^ fréquente commu^ /2.'o/2 eft le moyen le plus efficace & le plus abrégé de converfion & de fandlification j qu'un pénitent , jquand il eft aiîèz heureux pour trouver un directeur qui lui impofe pa- reille pénitence , eft fur d'être conduit par l'efprit de Jefus-Chrift & de l'églife ; qu'il n'y a que l'enfer , les libertins , les mauvais chrétiens , les novateurs , qui blâment cette pratique. Pag. 4S)6 ^ 4^7. » En conféquence d'avoir fubftitué ^a. fré- quente communion aux œuvres fatisfadtoires , voici fes paroles, pages ^^6, "Vous ne comp- tez pour pénitence que de vivre dans un dé ert , de coucher fur la dure , de porter leciiice : ah , meffieurs , ce n'eft-là quePex- térieur de la pénitence ! » Et aux pages 47^ & 474. « Pour la plupart des chrétiens il n'y a guère , moralement parlant, d'autre moyen de fàluz queh fréçuentecommunion . Venons à la preuve. Combien ne peuvent pas jeûner., combien ne peuvent pas faire de longues prières ? l'aumône eft impofTible à tous les pauvres : la folitude ôc la fui-e du monde ne conviennertpas à ceux qui font mariés y & à ceux qui font en place. Pour fe fauver , ajoute-t-il , il faudroit une prière fervente &: con. nuelle , les gens du monde font trop occupés, trop difîipés : il faudroit faire l'au- mône j une nombre ufe fifniUe met hors CO M d'crat delà faîrc : il faudroir jeûner , Homptef la chair rebelle ; un tempérament: délicat & infirme s y oppofe : il faudroit par un tra- vail affidu fe tirer d'une dangercufe oifive- té y les riclielïès donnent un funefte repos : votre lalut demanderoitla fuicc du monde , une profonde iblitude ; une époufe , des en- tans retiennent dans le tracas du fiecle. Que faire donc ? Comparons dit-il , page 36^ , Jes moyens de iàlut marqués dans revangile : auquel de ces moyens vous déterraincrez- vous ? eft-ce à une prière continuelle , à un jeune continuel , à une folitude profonde , à la diftribution de tout votre bien aux pau- vres , aux exercices les plus humilians de la charité dans les hôpitaux , dans les prifons , à la pratique d'une pureté virginale? chacun de ces moyens alarme l'amour - propre , effraie les fens , & défefpcre une foible vo- lonté comme la notre : mais communier fouvent , fouvent nous unir h. Jelus-Clirift , eft une voie bien plus aifée. Et à la p. ^j% , le pauvre & le riche , l'homme d'épée & l'homme de robe , Partilan & le marchand , ' tout le monde enfin peut aifément partici- per à ce facrement adorable , fans ruiner fa iànté j ians abandonner fa famille , fon com- merce , fbn emploi ; on ne peut y oppofer i^aifonnablement aucune impof libilité ; di- fbns-mieux , on a pour communier fouvent , toutes les facilités imaginables. D'où cet au- teur conclut , p/7(g^e 471, que c'efl un grand ; mal que de ne pas employer un remède qui eft , pour ainfî dire , àla main , qui nous efl C O M 701 <>*'. D'avoir parlé avec peu de décence de la pénitence publique autrefois en ufage dans l'égliie i en l'appellant , page J3.J , une perd-' tence de cérémonie. 7°. D^'avoir tronqué , altéré , falfifié des partages des pères , des papes , des conciles , pour en tirer des preuves ai faveur de Ion lèntiment. 8°. D'avoir imaginé ou allégué des hif^ toires apocryphes , pour i'appiiyer & eu tirer des conféquences favorables à (f^s opi- nions. Ce livre fit tant de bruit , que l'auteur fe crut obligé de fe rétrader : &: c'eft ce qu'il fit par une lettre datée de Strasbourg , le 24 de janvier 1748 , & adrefTée à M. l'arche- vêque de Paris , qui la rendit publique. Cette rétraélation mit à couvert la perfonlÉl de l'auteur ; mais elle ne garantit pas fon livre de la condamnation qu'en portèrent vingt évoques de France , les uns par des remarques , les autres par des mandemens ou inftru6bions paftorales , par lefquels ils interdirent la ledure de ce livre dans leurs dioceies. M. l'archevêque de Befançon & M. l'évêque de Marfeille rétraélerent les approbations qu'ils avoient d'abord données à Touvrage j & les évêques fe crurent d'autant plus en droit de le con- damner , malgré la foumifîion de l'au- teur , que 5 comme dit l'un d'entre ces ; prélats , " un auteur qui condamne de bonne foi fbn ouvrage , qui fe répent fi porportionne & qui peut fuppleer a tons^^^^^,^^^,,, devant Di?u de l'avoir domié les autres remèdes. Or il avoir dit de ce re- ■ mede , page ^yo , qu'il corrige nos défauts fans amertume \ qu'il guérit nos plaies fans douleurs •■, qu'il purifie notre cœur fans vio- lence ; qu'il fanétifie fans alarme , & pref- que fans combat \ qu'il nous détache & fé- f are de nous-mêmes, fans nous donner les' convulfions de la mort ; & qu'il nous arra- che aux créatures & nous unit à Dieu fans agonie. N'eft-ce pasenfeigner allez claire- ment qu'il n'y a guère pour les gens du monde de pénitence plus facile !k plusabré- gée que Xs. fréquente communion ? " 5°. On lui a reproché d'avoir dit , page 355 ) 9.^ i^ C" ^^ de l'eu char iflie comme du baptême , qui agit fur les enfans & donne la ^race fans aucune autre difpoiîtion. au public j defire fîncirement qu'il ne fbit point épargné : plein d'indignation contre les mallieureufès produdions , qui ont alarmé tous les gens de bien , il les livre à l'autorité de la juftice la plus refpediable : plus il détefte toutes les erreurs qui lui ont échappé y plus il fouhaite qu'il n'y en ait au- cune qui foit exempte de condamnation. >> Avis de M. l'archevêque de Tours aux fidèles de fon diocefe. Les principales autorités qu'on a oppo- fées au père Pichon , font, outre lespafîiges de S. Chryfoftome Se deGennade, que nous avons rapportés au commencement de cet article , 1°. cet endroit de la dix-feptieme homélie de S. Chryfoilome fur l'épître aux 701 C O M Hébreux : " Les chofes faintes font pour les faints , fancia fanBis : le cri plein de majeftc que le diacre , élevant fa main & fe tenant debout , fait retentir au milieu du iîlence qui règne dans la célébration des faints myfteres , eft comme une main inviiible qui repouffe les uns , pendant qu'elle appelle & feit approcher les au- tres : comme fi le miniftre facré difoit , fi quelqu'un neji pas faint , qu'il fe reti- re. Il ne dit pas , fi quelqu'un n*ejl pas purifié de fes péchés , mais fi quelqu'un n'efi pas faint ; car c*eft la leule habita- tion du faint-Efprit , & l'abondance des bonnes œuvres , & non la feule exemp- tion du péché , qui fait les faints. Ce n'efl: donc pas affez que vous foye^ lavés de la boue , j'exige encore que vous foyez écla- 4^ns par la blancheur & par la beauté de votre ame. Que ceux-là donc appro- chent , & touchent avec refped à la coupe facrée du roi. » Cet endroit de faint Thomas , /« 4 , difl-^ ix , art. 4 : Non effet confukndum alicui quod flatim pqft veccatum mortale , etiam contritus & confef- fus , ad eucharifliam accederet ; fed debe- ret , nifi magna necejfitas urgeret , per ali- quod tempus propter reverentiam abflinere. Autorités qui paroiflent bien diamétra- lement oppofées à ce qu'a avancé le P. Pichon , que Vexemption du péché mor- tel étoit la feule difpofition néceffaire Ù fuf- fifante pour communier fréquemment. i°. Qu'outre cette exemption de pé- ché mortel , le concile de Trente exige , du moins pour \d. communion fréquente , d autres difpofitions de ferveur : Si non de- cet ad facras ullas funâiones quempiam ac- cedere nifi fanâè ; certè quo magis fanc- titas & divinitas caeleftis hujus facramenti viro chrifiano comperta eft , diligentiùs ca- vcre débet , ne abfque magna reverentiâ & fanâitate ad id percipiendum accédât. Seff. l^ ych. vij. 5°. A fa diftindion de fainteté cotn- mandée & de fainteté confeillée , on a op- pofé ce paflàge de Salazar jéfuite , dans ion traité de la pratique & de l'ufage de la communion , ch. viij , où à l'exemption du péché m.ortel il ajoute la droiture d'in- tention , l'attention » la révérence &c la dévotion ou defir. " Prétendre , ccftnme C O M le difent quelques-uns , que le défaut d'attention n'eft pas contraire à la fainte communion , eft une dodtrine fàufle , con- traire à la raifbn , à la dodrine des faints pcrcs , & de S. Thomas en particulier. " Et à la fin du même chapitre : ". Il fe collige clairement de tout ce qui a été dit jufqu'ici : Combien fe trompent lourdement ceux qui difent que toutes ces difpofitions font feulement de confeil , & précifément volon-- ta ires , excepté Vétat de grâce & la con- feffion facramentelle , fuppofé quelque péché mortel. Car cela eft grandement éloigne de la vérité , & ce font doctrines qui n'ont jamais été ouies en l'églifc de Dieu , qui font contraires à ce que nous ont enfeigné les SS, pères & les doâeurs fcholaftiques.» A ce que le P. Pichon avoir répondu à fon interlocuteur , que S. François de Sales étoit trop habile théologien pour avoir exigé l'exemption de toute affedion au péché véniel , comme une difpofition néceflàirc à la fréquente communion , mais qu'il la confeilloit feulement , on lui a oppofé ce texte du faint évêque de Genève , qui n'a pas befoinde commentaire. " De recevoir la communion de l'euchariftie tous les jours, ni je ne loue , ni je ne blâme : mais de com- munier tous les jours de dimanche, je \<^ confeille, & y exhorte un chacun, pourvu que l'efprit foit fans aucune affecîion de pé- cher .... Pour communier tous les huit jours , il eft requis de n'avoir ni péché mor- tel y ni aucune affecîion au péché véniel , Ô€ d'avoir un grand defir de communier : mais pour communier tous les jours , il faut avoir furmonté la plupart des mau- vaifes inclinations , & que ce foit par l'avis du père fpirituel ». Ces mots , // ejft requis, ne peuvent jamais s'entendre d'une fain- teté de confeil & de bien/eance. 4°. On a fait voir par une foule de pafîà- ges de l'écriture , des pères ôc des conciles, que la pénitence étant un baptême laborieux -, qui demande des combats , des efforts , qui coûte à la nature, on ne pouvoir regarder comme une pénitence l'euchariftie, qui eft le prix de ces combats & de ces efforts , ni afiigner comme un moyen de cônverfion , un facrement qui fuppofe la cônverfion ; & l'on a fait voir que tant par la communion en général,que pour la communion fréquente. CO M il falloic avoir égard aux dirpofitions des pé- lairens ; qu'il étoit quelquefois à propos de leur différer la communion , fuivant Tef- prit du concile de Trente fur la péniten- ce , & les règles prefcrites par S. Char- les Borromée aux confclfeurs 5 règles adop- tées par le clergé de France en 1700 , Se renouvellées par les évêques dans leurs mandemens , qu'on peut confulter à cet égard : on y verra qu'ils ont aurti pris la iage précaution de ne pas faire dégénérer cette épreuve en une févérité outrée , pro- pre à déiefpércr le pécheur j Se dans quel fens Taflemblée de 17 14 a condamné la quatre - vingt - feptieme propofition du P. Quefnel. 5°. On n'a pas eu de peine à faire fentir le faux de la comparaifon entre le baptême & l'cuchariftie: c'eft une des premières no- tions du catéchifme , que Pun agit fur les enfans fans aucune dilpofition , & que l'autre en demande de très-grandes dans les adultes. 6°. On a cru que le P. Pichbn en appel- ant l'ancienne pénitence publique une péni- tence de cérémonie , approchoit beaucoup de ces exprelTions de Mclanchton : Sckoîajîici viderunt in ecclejia ejfc fatisfacliones , fed non animadverterunt illa fpeâacula inftituta e(fe , tàm exempli caufa , îûm ad probandos hos qui petebant recipi ab ecclejia : infumma non viderunt ejfe difciplinam h rem prorfus politicaw.. Apolog. confcjf. Auguji. art. de con- M.&fatisf ^ Quant au ieptieme & au huitième article, on peut confulter les remarques de M. l'ar- chevêque de Sens , ôc les mandemens des autres prélats. (G) Communion laïque : c'étoit autrefois une efpece de châtiment pour les clercs qui • avoienr commis quelque faute , que d'ê- tre réduits à la communion des laïques , c'eft-à-dire à la communion fous une ieule efpece. Communion étrangère , étoit auffi un châtiment de même nature , quoique fous un nom différent , auquel les canons con- damnoient fouvent les évêques & les clercs. Cette peine n*étoit ni une excommunication, ni une dépofition , mais une efpece de fuf- penfe de fondions de Pordre , avec la perte du rang que l'on tenoit. Ce nom de commu- C O M ' 70J nion étrangère vient de ce qu'on n'accordoit la communion à ces clercs , que comme on la donnoit aux clercs étran^rs. Si un prê- tre étoit réduit à la communion étrangère , il avoit le dernier rang parmi les prêtres , & avant les diacres , comme l'auroit eu un prêtre étranger ; & ainfi des diacres & dos fous-diacres. Le fécond concile d'Agde veut qu'un clerc qui refufe de fréquenter l'églife 5 foit réduit à la communion étran- gère. Communion, dans la Litkurgie ,e([h partie de la mciTe où le prêtre prend &con- fume le corps Se le ikng de N. S. J. C. con- facré fous les efpeces du pain Se du vin. Ce terme fe prend auffi pour le moment où l'on adminiure aux fidèles le facrement de l'euchariilie. On dit en ce fens , la mejfe ejî à la Communion. Communion fe dit auffi de l'antienne que récite le prêtre après avoir pris les ablu- tions ,'Sc avant les dernières oraifons qu'on nomme pojî-communicn. V, Post-commu- nion. (G) Communion, f. f. {Jurifp.) fe prend quelquefois pour fociéié de biens entre toutes fortes de perfonnes ; c'efl fous ce nom qu'elle eft le plus'connue dans les deux Bourgognes. C'eft une maxime en droit , que in commu- nione nemo invitus detinetur ; cod. lib. JJI y tit. xxxvij y /. 5. Dans quelques provinces , comme dans les deux Bourgognes , la com- munauté de biens entre mari Si femme n'eft guère connue que fous le terme de commu- nion. OnÇe (ertaulli quelquefois de ce même terme en Bourgogne , pour déiigner la por- tion de la dot qui entre en communauté : enfin c'efè le nom que l'on donne aux aiîo- ciations qui ont lieu en certaines provinces entre toutes fortes de perfonnes, &: fîngulié- rement entre main-mortables. Qe.x.ttcomnm.- nion entre main-mortables efl une efpece de fociété qui a fes règles particulières ; elle doit être de tous biens ; elle fe contracte expref- fément ou tacitement. La communion tacite eft celle qui fe contradbe par le fèul fait, par le mélange des biens Si la demeure com- mune par an Se jour. Cette communiontacite a lieu entre le père Se les enfans main-morta- bles , Se entre les enfans de l'un des commu- niers décédé Se les autres communiers fur\à- vans. Si les enfans font mineurs Se que la 704 C O M contipuation de communion leur (oit one- reufe , ils foi^ rcftiruables dans la cou- tume de Nivernois. La communion tacite a lieu entre les père &c mère & leurs en- fans mariés lorfqu'ils contiiiuent de de- meurer avec eux par an & jour , à moins qu'il n'y ait quelque ade à ce contrai- re ; en Bourgogne la communion n'a pas lieu dans ce cas. La communion par con- vention exprelle fe peut contrafter entre toutes fortes de perfonnes capables de con- tradler , foit parens entr'eux ou étrangers , foit avec une perfonne franche ou avec un main-morta'ole i ils n'ont même pas be- foin pour cet effet du confentement du fei- gneur de la main-morte. Cependant la coutume de Bourgogne veut que les com- muniers qui fe font féparés ne puiîfent fe remettre en communion fans le confente- ment du feigneur ; mais cette difpofition exorbitante du droit commun doit être renfermée dans ce cas particulier. Il faut auffi excepter les communions qui ne fe- roient contradbécs qu'en fraude du fei- gneur , & pour le fruftrer d'une fucceilion qui lui feroit échue. Le fils émancipé peut contracter une communion expjefle avec fon père , & la femme de ce fils parti- cipe à cette fociété ; mais les mineurs ne peêvent contrarier aucune nouvelle com- munion , foit exprefle ou tacite. Pour que l?s main-mortables foient en communion de biens à l'effet d'exclure le feigneur de fon droit d'échute , il ne fufifit pas qu'ils fe communiquent tous leurs revenus & le produit de leur travail , il faut de plus qu'ils demeurent enfemble , & qu'ils aient un même pain & un même feu. L'ab- fence d'un des communiers ne rompt point la Communion , tant qu'il n'a point pris aÉleurs d'établiflement pour perpétuelle de- meure. L'émancipation exprefle ou tacite ne rompt pas non plus la communion du père avec le fils , à moins qu'il n'y ait habitation féparée i & une féparation vo- lontaire , ou que le père en mariant fon fils ait fouffert que celui-ci ait ftipulc une communauté pr.rtiCuHere de biens entre lut & fa femme. L'habitation féparée rompt auflî la communion entre les héritiers , foit directs ou collatéraux : la vente & le partage produifent auifi le même cftet C O M Cette matière efc amplement traitée par M. le préfident Bouhier , en fes oi>Jerva- , tions fur la coutume de -Bourgogne , ar- ticle Ixix , où l'on trouvera encore beaucoup d'autres queftions qui y ont rapport. Voyez aujfi CoqiiWli: fur Nivernois , ch. viij , §, 7 ; Dunod 5 de la msin-morte , ch. iij ,Jecl. î , p. 77- C-^) COMMUT-ATION , fubft. f. (Ajlron.) V angle de commutation efl: la diftance entre le véritable lieu du foleil vu de la terre , & le lieu d'une planète réduit à 1 ecliptique. Voyci Lieu. Ainfi l'angle ESR( Plane. d'Aflron.fig. %€.) qui a pour bafe la diil:ance entre le vrai lieu du foleil S vu de la Terre en Q , & celui d'une planète réduit à l'écliptique en R , Q^ l'angle de commutation. C'efl pourquoi on trouve Y angle de com- mutation en foufîrayant la longitude du fb- ieil , de la longitude héliocentrlque de la planète , ou au contraire. Voy. Héliocen- T RI QUE. Harris & Chambers. ( O) Commutation de peine, {Jurifprud.) efl le changement qui fe fiit d'une peine af- fliélive à laquelle un criminel a été condam- né , en une moindre peine ; par exemple , lorfqu'au Hsu d'une peine qui emportoit la mort naturelle , on ordonne que le condamne fubira feulement la peine des galères ou du bannifleKient , foit perpétuel ou à temps , ou qu'il gardera prifon , ou enfin qu'il fubira quelque peine pécuniaire. Cette commutation £^e/7ei/zene(epeut faire que par l'autorité du prince , en obtenant de la part du condamné des lettres en la grande chancellerie , portant commutation de veine ^ & ces lettres , pour avoir leur exécution i doivent être entérinées. La Commutation de peine ne donne point atteinte au jugement de condamnation, de ' forte que le condamné ne recouvre point la vie civile , fi le jugement efl de nature à la lui faire perdre ; il n'efl pas non plus relevé de l'infamie , ce n'efl que la peine corporelle qui efl adoucie. Fojc:^ Anne robert, Uv. II y cfiap. XV ; ordonnance d'Henri II , de 25^9, art. 7 ; Louet & Brodeau , lett. Q , n. 8 ; Maynard , Uv, VIIT, chap. xlv & xlvj. Ferre- rius ifur la quellion îjg de Guypape ; Bou- chel , en fa bibliothèque , au mot commuta , tion.i^A) COMMUTATIVE , C O M C O M COMMUTATIVE, {Jurifpr.) Voyei de modération pour la refufe Justice commutative. COMNENE (IsAAc), Hift. du Sas- Empire , d'une des plus illuftres familles de PEmpire , fut placé fur le trône de Conftan- tinoplc en 1059 , par une fa<5tion qui obli- gea Michel-lc-viewx à en defecndre pour embrafïèr la vie monaftique. Le patriarche de Conftanrinople qui avoir eu le plus de parc à cette révolution , fit la trifte expé- rience que l'ambitieux qui profite de la trahifon , en punit fouvent Pauteur : au lieu de jouir de la confidération ôc du crédit ^ dont il s'étoit flatté , il fut chalïc de Ton liège ôc envoyé en exil avec toute (a fa- mille. Comnene , également fait pour la guerre & les affaires , avoir l'ame élevée & capable d'embrafl,r tous les objets. Les envieux de (a gloire ne lui conteftoient point d être le plus gra'nd capitaine de Ton ïiecle } mais l'éclat de fes vertus fut un peu obfcurci par un orgueil altier qui le fit détefter par ceux même qui étoient forcés de l'admirer. Tous les hiftoriens font Péloge de fa chafteté ; ils racontent quêtant éloigné de l'impératrice , il fut attaqué d'une maladie occafionée par fon tempé- rament trop brûlant : les médecins qu'il confulta , décidèrent qu'il ne pouvoit iau- ver fa vie que par un commerce charnel avec une femme , ou qu'en fe fbumettant à une mutilation douloureufe qui le mettroit dans l'impuiflance d'avoir des enfans. Il confentit à ceflèr d'être homme en difant : Faites Vopcration , fans la chajïeté Von ne peut entrer dans le royaume du ciel ; mais Von peut y arriver fans avoir des enfans. Ce prince politique fe rendit odieux aux moines , qu'il dépouilla de leurs riche dès Superflues , pour les réduire au nécefTaire pour vivre dans l'état de pauvreté qu'ils avoient embrafTé. Il ne fit ni rebelles , ni murmurateurs , parce que fes mœurs , con- formes aux maximes évangéliques , ne don- noient aucune prife à la cenfure. L'ambition l'avoit placé fur un trône ufurpé , il eut des remords qui empoifonnerent le refïe de fa vie. Ce fut pour expier fa faute , qu'il forma le projet d'embrafler là vie monaf- tique^ : une colique dont il fut attaqué en chafîànt , hâta l'exécution de ce projet. Il offrit la couronne à fon frère, qui eut afîez Tome VIIJ. 705 il fixa fon choix fur Conflantin Ducas, à qui il re- commanda fa famille avant de dépofer la pourpre , dont il revêtit lui-même Ion fuc- cefleur. Dès qu'il eut fait fon abdication , il fe retira dans ua.monaftere , où il donna l'exemple de routes les vertus évangéliques. Sa femme & fa fille fe firent rcligieufes. Il mourut peu de temps après. CoMNENE (Alexis) , fils de l'empereur Ifaac , étoit âgé de trente-fept ans , lorf- qu'après l'abdication forcée de Nicéphore le botoniate , il parvint à l'empire. Il fignala les premiers jours de fon règne par des vidoires fur les Turcs ; mais il ne fut pas au fil heureux contre les Normands qui , fous la conduite de Robert- Guifcard , duc de la Fouille , lui enlevèrent plufîcurs villes confidérables. Tandis qu'il étoit acharné contre cette race de conquérans , les Tar- tares & les Comans faifoient des courfes julqu'aux portes de Conftantinople. Les Turcs établifloient leur domination dans l'orient ; ôc aufïi puiflàns fur mer que fur terre , ils fe promcttoient l'empire du monde. Alexis , trop foible contre tant d'en- nemis , implora l'aflift:ancc des princes d'occident. Le pape Urbain II publia une croifade , ôc trois cents mille hommes mar- chèrent vers la Paleftinc. Des alliés fi nom- breux parurent plus redoutables à Alexi» que fes anciens ennemis. Leur conduite impérieufe fit connoîtrc qu'ils étoient ve- nus moins pour défendre les Grecs que pour les opprimer. Cette multitude fans frein ôc fans difcipline , défola tous les lieux de fon pafTage , Se quiconque ofa fe plaindre , fut traité en ennemi. Ils avoient promis de rendre aux Grecs les villes qu'ils enleveroient aux infidèles; mais ces con- quérans parjures, violèrent la faintcté de leur ferment. Les principaux fèigneurs d'occident s'érigèrent en princes indépen- dans , ôc l'empire des Grecs ne fut plus qu'un trône m-Utilé , qu'ils avoient dé- pouillé de fes rameaux. Alexis , aufïi humilié de leur hauteur infultante que de leurs parjures, employa la force ôc les artifices pour s'oppofer à leurs ufurpations. Les croifés , qui avoient tout enfreint , fe plaignirent de la perfidie des Grecs qui ne vouloient pas être leurs Tttt -joC C O M efclaves. Les Grecs , à leur tour , firent , poiur fe juftifier, un tableau affreux, mais reflemblant, des brigandages des occiden- taux qui , la croix fur leurs habits , violoient les femmes & malfacroient les enfans. Alexis accablé également par Tes alliés & par les in- fidèles , ne put être que malheureux dans la guerre 5 mais on ne put lui contefter les talens d*un prince véritablement né pour occuper le trône. Son malheur fut de naître d^ns un fiecle où il y avoir plus de férocité que de grandeur d'ame , plus de perfidie que de candeur. Il fit éclater fa bienfaifance & fon amour pour l'humanité , p;ir la fagciîè de fes établlflèmens : il fonda des hofpices où les orphelins de Tun & Tautre fexe étoient élevés aux dépens du tréfor public. Indulgent pour les coupa- bles , il eut tant d'horreur pour les fup- plices, qu'il kifla fouvent la licence impu- nie. Sa clémence fut taxée de foiblefle par un peuple familiarifé avec les empoifonne- mens & les afifaflinats. Cette humanité, qui fait plutôt l'éloge de (on cœur que de fa politique , eft la feule foiblefle que l'hiftoire puifle lui reprocher. Ce prince , ami des iavans , & favant lui-même , en eût été le prote<5teur , fi les dépenfes de la guerre n'euilènt épuifé fes tréfors. Il tomba dans une maladie de langueur qui l'emporta ^ans fa foixante & dixième année : il avoit régné trente-trois ans. CoMNENE (Calo-Jean), fils d'Alexis , lui fuccéda en m 6. Irène fa mère , qui avoit des fentimens de prédilection , em- jîloya de criminelles intrigues pour placer iur le trône fon gendre Nicéphore Briene. Cette mère dénaturée paya des aiTafifuis qui furent découverts avant d'exécuter leur crime. On prétend que ce Nicéphore prellé par fes remords , s'oppofa lui-même à cette atrocité dont il auroit retiré tout le fruit. Cette modération le fit tomber dans le rné- pris de fa femme , qui étoit plus ambitieufe que lui. Calo- Jean , héritier de la clémence de fon père , fut aflez maître de lui pour ne punir les çonfpirateurs que par la con- fifcation de leurs biens : il crut que les mé- chans étoient fuffifamment châtiés quand ils étoient réduits à l'impuilîànce de nuire. Il eut en fuite des guerres à foutenir contre les Turcs j les Pcrfes, les Servieusi &; les C O M Patzinaces , qu'il vainquit dans plufieurs combats fans pouvoir les détruire. Des ennemis plus redoutables profitèrent de fes embarras pour l'attaquer. Les François ligués avec les Vénitiens , lui enlevèrent les îles de Samos , d'Andros , de Rhodes &: de Lesbos. Ce prince, qui avoit trop d'ennemis pour faire la guerre avec gloire, avoit toute la capacité d'un grand capitaine , comme il en avoit la valeur : fa palTion pour la chaflè lui devint funefte. Un jour qu'il pourfuivoit un cerf dans une forêt de Ci- îicie , une flèche empoifonnée lui perça la main : les médeci«is furent d'avis de la couper , & affurerent que c'étoit le feul moyen de confervcr fa vie : Calo- Jean leur répondit avec une intrépidité tranquille , qu'il préférait la mort à cette mutilation , 6" qu'il ne convenait pas à un empereur de. tenir d'une main les*rénes du gouvernement. Le poifon fit de prompts ravages. Alors, fentant approcher fa fin , il fit venir les officiers , &: nomma en leur préfencc pour fon fuccefièur le plus jeune de fes fils, en difànt : que fi fes frères avaient fur lui le privi- lège d*ainejje, il leur étoit fupérieur en courage & en capacité pour les affaires. Ce choix dicté par fon amour pour fes fujets, fut généra- lement applaudi , 6c fut le dernier de Çts. bienfaits. Il mourut en 1145, âgé de foi- xante & fix ans : ce fut le plus grand em- pereur de la maifon des Comnenes. Les occidentaux , accoutumés à défigurer les traits des princes Grecs , ont refpeété la mémoire. CoMNENE (Manuel ou Emanuel), étoit le plus jeune des fils de Calo- Jean , dont quelques-uns prétendent qu'il étoit le frère. Les penchans heureux qu'il ma- nifefta dans fon enfance , déterminèrent fon père à le choifir pour foii fuccefleur. Conrad, empereur d'Allemagne, rechercha fon alliance contre Roger , roi de Sicile , leur ennemi commun. Ce prince Normand détruifoit la domination Allemande dans Pltalie, tandis que fes flottes ravageoient toutes les côtes' de la Grèce. Conrad 81C Manuel réuniient enfuitc leurs forces pour chaflèr les Mufulmnns de la Paleftine. Ils eurent d'abord quelques fuccès, mais la jalouiîe du commandement en fit d'impla- cables ennemis» Manuel qui étoit au milieu C O M de (es états , ne vouloit point avoir un maître dans Ton allié. Conrad qui avoir des forces fupérieures , ne reconnoiflbit point d'égal : il eut bientôt à fe repentir de cette hauteur imprudente. Son armée , preflée par la famine , n'avoir d'autres reflburces que dans la générolité de Manuel , il fallut fe dépouiller de Ton orgueil 8c defcendre à la prière. Le prince Grec , pour fe venger des humiliations qu'il avoit elTuyées , parut compatir au malheur de fon allié : il lui fournit des farines mêlées de plâtre , dont le foldat fe ralTafia avec avidité. Ce fecours meurtrier fît périr plus de la moitié de l'ar- mée Allemande. Cette perfidie l'a rendu odieux à tous les peuples d'occident ; mais les Grecs le juftifient par la nécelTîté de fe délivrer de fes hôtes altiers , qui le tenoient dans l'abaifiement. L^ politique luiconfeil- loit de les affoiblir pour n'être pas leur efclave. Il ufa quelque temps après de la même perfidie envers les François , qui croyoient avoir droit d'enlever les femmes , ôc de maltraiter les maris dans tous les lieux dont ils étoient les maîtres. Les'lieutenans de Roger , roi de Sicile , étendirent leurs conquêtes j ufques fous les murs de Conftan- tinople. Ils lançoient par dérifion des flèches d'or & d'argent dans les jardins de l'empe- reur. Les Vénitiens lui envoyèrent des am- baffadeurs pour régler d'anciennes préten- tions. Manuel, fans refpeét pour leur carac- tère , les fit mettre en prifon : cet attentat ne refta point impuni. Les Vénitiens portèrent le fer & la flamme dans (es états , & il n'ob- tint la paix qu'en fe foumettant à leur payer un tribut annuel. Ce prince , qu'on ne pour- roit jufl:ifier de perfidie , fi ce crime n'eût pas été celui de fon fiecle barbare , mena fur le trône la vie d'un moine auftere. Sa crédulité fuperflitieufe étouffa en lui le germe des talens & du génie. Il eut cette foi morte de fl:érile qui rétrécit Pefprit fans excirer à la vertu. Il mourut dans fon lit , après un règne de trente-huit ans. CoMNENE (Alexis), fils de Manuel, n^avoit que douze ans , lorfque la mort de fon pcre le rendit pofleffeur de l'empire. Sa tutelle fut confiée à Andronic Comnene , Ion parent , qui n'ufa de ce titre que pour dé- pouiller fon pupile. Ce prince ambitieux le fit d'abord afiocier à l'empire : ce premier C O M 707 pas l'enhardit à commettre un plus grand crime. Quelque temps après , il fit maflàcrer le jeune prince , dont le corps fut jeté dans la mer,. afin qu'il ne reftât fur la terre au- cun vertige de cette atrocité. Il ne régna que trois ans. Comnene (Andronic')» fils d'lfaac& neveu de Calo-Jean , monta fur le trône de Conftantinople après la mort du jeune Alexis , qu'il avoit fait empoifonner. Guil- laume , roi de Sicile , lui déclara la guerre fous prétexte de venger le meurtre du prince infortuné. Andronic , après un mélange de fuccès ôc de revers , fut vaincu ôc fait pri- fonnier. Le vainqueur , avant de l'envoyer au fupplice , lui fit efluyer les plus cruels outrages. Il ordonna de lui crever un œil & de lui laiffer l'autre , afin qu'il fût le fpeétateur des humiliations auxquelles il étoit condamné. Ce rafinement de cruauté déshonore fon ennemi , qui le fit promener dans les rues de Conftantinople , monté fur un âne , la tête tournée en arrière , tenant dans fa main la queue de l'animal pour lui fervir de fceptrej ôc au lieu de diadème , ou ceignit fon front d'une botte d'ail. Les fem- mes , infultant à fon malheur , vomifibient contre lui les plus horribles imprécations ; les enfans lui jetoicnt les plus fales ordures au vifagc. Son plus grand fupplice fut de n'exciter aucun fentimerit de pitié. Il fut en- fuite étranglé. Le peuple furieux mit fon cadavre en pièces. Les femmes furent les plus acharnées à lui porter des coups. Il n'étoit que dans la féconde année de fon règne, qui fut encore trop long pour le bon- heur des peuples. La famille des Comnenes fut éteinte par fà mort. ( T-N. ) COMODI, f m. {Hijl. nat. Botamq.) Les Brames nomment ainfi une plante du. Malabar que Van-Rheede a fait graver, avec la plupart de fes détails , dans fon Hor- tus Malabaricus , volume. II,plancheLlf pag. J^ , fous le nom de nir carambu ; c'efl le jujjicea repens , floribus pentapatalis decan- driSfpedunculisfoliolongioribusde M. Linné, dans fon Syjlcma naturœ , édition in~î% , imprimée en 1 767 , page i-SJ. C'eft une plante vivace , à tige cylindri- que , rampante , de trois à quatre pies de longueur , fur trois à trois lignes & demie de diamètre , ramifiée en nombre de T 1 1 1* z 7o8 C O M branches alternes , cylindriques , (impies , relevées , fongueufes , fiftuleufès , lifles , luifances , verd-blanchârres du côté expofé à l'ombre , ôc rougeâtres du côté expofé au foleil. Au delïbus de chaque branche fort un faifceau de racines fibreufes, blanchâtres & rougeâtres , aqueufes & fiftuleufès, longues d'un pouce , accompagnées de trois ou qua- tre tubercules ovoïdes , longs d'un à deux pouces , deux à iîx fois moins larges. Les feuilles font difpofées alternative- ment &c circulairemcnt le long des tiges elliptiques , obtufes à Vexrrémité , pointues à leur origine, une à deux fois plus longues que larges, entières, tendres, verd-bru- nes , luifantes , relevées en deflbus d'une côte ramifiée de trois à quatre paires de ner- vures alternes , & attachées aux tiges fans pédicule , fous un angle de quarante-cinq degrés , à des diftances égales , à-peu-près , à la moitié de leur longueur. De l'aiflelle de chacune des feuilles fupé- rieures , fort une fleur une fois plus lon- gue qu'elles , y compris le péduncule qui les porte ôc qui eft prefque égal à leur lon- gueur. Chaque fleur eft: hermaphrodite , poly- pétale, complète, régulière, pofée au delfus de l'ovaire. Elle confifte en un ovaire cy- Mndrique , long dehuit à neuf lignes, deux à. trois fois moins large i en un calice verd , à cinq feuilles triangulaires ; en une corolle trois fois plus longue , à cinq pétales orbi- culaires blancs , à racine jaune , ouverte en étoiled'^un pouce &c un quart de diamètre, & en dix étaminesaufli courtes, verd-claires , à anthères jaunes. Le ftyle de Povaire s'élève un peu plus haut que les étamines , & eft terminé par un ftigmate cubique jaune , marqué de cinq filions rayçnnans en étoile, ' L'ovaire en mûriiTant devient une capfule ovoïde, longue d'un pouce, deux fois moins large , à cinq loges , ne s'ouvrant point , & contenant un grand nombre de graines ovoïdes , longues d'une ligne , blanchâtres. Culture. Le comodi croît au Malabar , au bord des rivières , à une petite profondeur fous les eaux. Ufagcs. Les Malabares n'en font aucun ufage. Remarque. Lc comodi fait un genre parti- C O xM culier de plante , qui fe range naturellement dans la famille des onagres , où nous l'avons placé . Voye-;^ nos familles des plantes , vol. Il, pag. 8§.iM, Adanson. ) COMORE , ( Géog. mod.) grande ville de la haute Hongrie , capitale d'un comté de même nom , dans une ile formée par le Danube. Long. ^6 ; lat. 47 , 50. COMORIN ( LE Cap ) , Gêog. mod. pro- montoire de l'Inde , en deçà du Gange. COMMORES (les îles), Géog. mod. îles de la mer des Indes , dans le canal de Mozambique , entre le Zanguebar &c l'île de Madagafcar. COMPACT , iJurifpr.) on appelle ainfi un accord ou pa6Ve , compaclum , fait entre les cardinaux avant l'éleétion de Paul IV , que celui qui ieroit élu ne pour- roit déroger aux induits des cardinaux par quelques paroles & en quelque manière que ce fut. Paul IV , après fon élection , ratifia , en i ^55 , cet accord, par une bulle fameufe , appellée bulle du compaâ ; elle fut regiftrée au grand-confeil le 1 3 février 15" 5 8, en 'conféquence àts lettres patentes du roi Henri II, du 1 6 janvier précédent. Les articles principaux de ce compacî fonr 1°. que le nombre des cardinaux fera ré- duit par mort à 40 j que deux frères , ni oncle & neveu , ne pourront être cardinaux en même temps. i°. Qu'ils pour- ront difpofer de leurs biens par donation ou teftiament ; èc que s'ils meurent intef- tats , leurs biens ne feront point appliqués à la chambre apoftolique , mais appartien- dront à leurs héritiers. 3°. Qu'il fera pourvu aux cardinaux pauvres , de biens ou de penfions jufqu'à 6coo ducats de rente. 4°. Qu'ils feront exempts de toutes décimes & gabelles dans l'état eccléfiaftique (fous ce mot gabelles , on entend ici toutes fortes d'impofîtions). 5°. Qu'ils pourront con- férer librement tous bénéfices étant de leur collation , excepté la réferve continuas fami- Uaritatis du pape ; & enfin que les papes ne pourront, au préjudice de la collation des cardinaux , déroger à la règle des io jours , feu de injirmis rjjignantibus , qui eft la dix-huitieme règle de chancellerie , ni déroger à aucun des induits accordés aux cardinaux ad injlantiam regum & prin- dpum. Voyez la pratique de cour de Rome > C O M de Cartel , tome I y page ^4 ù fiiiv. Brillon , • dicî. des arrêts , au mot Bulle , n. 2^. i^A) Compact de l'alternative , eft un accord qui fut fait entre Martin V & Charles VI pour ufer en France de la règle de la chancellerie dite de \ alternative , qui avoit été faite par Innocent VII dès 1 404 , qui établit Talternative pour la collation des bénéfices entre le pape & les évc- ques, en faveur de la réiidence. Enfuite du compaâ de Martin V , il y eut une ordonnance de Charles VI en vertu de laquelle Pon commença à ufer de l'alter- native pour cinq ans. V'oyei^ le tr. des mat. bénéfic. de Fuet , liv. IV , ch. vj , p. 434' (^) Compact Breton, eft un accord fait entre le pape & le S. (iege d'une part , & tous les coliateurs & la nation bretonne d'autre part , pour la partition des mois par rapport à la collation des bénéfices. Suivant cet accord, les coliateurs ordinaires ont droit de conférer les bénéfices qui vaquent pendant quatre mois de Tannée , qui font le^ derniers de chaque quartier , favoir , mars, juin, feptembre &c décembre, & les huit autres mois appartiennent au pape , lequel eft obligé de conférer dans les 6 mois de la vacance , fuivant le concile de Latran ; & au moyen de cet accord il s'eft départi du droit de concours & de prévention. Quelques-uns ont prétendu que ce fut au concile de Conftance que fut dreflé ce compacl ; mais M. le préfident Henault tient qu'on doit rapporter cet arrange- ment à une bulle d'Eugène IV , & il eft certain que ce n'eft point en vertu de h. règle de menfibus que le pape jouit en Bretagne des mois réfervés; c'eft en vertu d'un édit de Henri II du 14 juin 2^4^, qui ordonne , entr'autres chofes , que les réferves apoftoliques ôc autres règles de chancellerie foient reçues en Bretagne ; ce qu'il confirma par différentes déclarations des ^9 juillet 1$^^^ î8 avril & %Q oSobre Les coliateurs ordmaires de Bretagne , autres que les Evêques, n'ont fuivant le compaâ que quatre mois pour conférer les bénéfices vacans per obitum , (ans pouvoir être prévenus -, les huit autres mois appartiennent au pape : mais les cvê- C O M 70^ ques qui ont les iîx mois de Falternative , ont en outre ces quatre mois , dont deux , favoir juin & décembre , font partie de leurs fix mois d'alternative; & les deux autres , qui font mars & feptembre , en vertu du compaâ; ce qui fait en tout pour eux huit mois. On tient en Bretagne que les évéques peuvent être prévenus dans les deux mois qui leur font accordés par le compaâ oa partition , outres leurs fix mois d'alternative. Lorfqu'un fiege épifcopal en Bretagne eft vacant , le chapitre ne peut pas conférer les bénéfices qui viennent à vaquer per obitum y dans les mois de l'alternative de l'évêque , & qui ne font pas fujets à la régale ; mais il peut conférer ceux dont la collation auroit appartenu à Tévêque par le compaâ OM partition des mois pendant les quatre mois. {A) COMPACTE , adj. en Fhyfique figni- fie un corps dcnfe , pefant , dont les par- ties font fort ferrées , & dont les pores font petits ou en petite quantité , au moins par rapport à un autre corps. Koje:^^ Corps , Pore , Densité , &c:. Les métaux les plus pelàns , comme Tor & le plomb , font les plus compaâes , c'eft- à-dire , font ceux qui ont le plus de mitiere propre. Le mot compaâe n'eft proprement qu'un terme relatif; car il n''y a point de corps abfolument compaâe , puifqu'il n'y en a point qui ne renferme beaucoup plus de po- res que de parties folides. Voj. Pore. ( O) COMPAGNE DE LA CYCLOIDE, ( Géom. ) voyf:^^ Trochoïde. ( O) ^COMPAGNIE, f. f. {Gram,) fe dit en général d'une aftociation libre de plu- iîcurs particuliers , qui ont un ou plusieurs objets communs. Il y a des aftociations de perfonnes religieufes, militaires , com- merçantes , ùc. ce qui forme plufieurs fortes de compagnies différentes par leur objet. Compagnie , c'eft, dsaisV Art militaire , un certain nombre de gens de guerre fous la conduite d'un chef appelle capitaine. Les régimens font compofés de compagnies. Il y à plufieurs compagnies en France qui ne font point' enrégimentées , ou qui ne compoleot poiiit de régimens; telles foot 7IO C O M C O M celles des grcnadiers-à -cheval:, des gardes- le cruel, roi de Caftille , en faveur du du-corps , des gendarmes & chevaux-légers de la garde , des moufquetaires , des gen- darmes , des compagnies d'ordonnance , ùc. Voyei^^ toutes ces compagnies aux articles qui leur conviennent , c'eft-à-dire, vojc;(;Gre- NADIERS-A-CHEVAL , GaRDE-DU-CORPS , Compagnie d^Ordonnance ; c'étoit dans Torigine quinze compagnies de gendar- ' mes créés par Charles VII de cent hommes d'armes chacune. Voye:^ Ho"mme d'armes. Ces compagnies , dont plufieurs princes & grands feigneurs croient capitaines, ont fubiiftc jufque vers le temps de la paix des Pyrénées fous le règne de Louis XIV. Cel- les des feigneurs furent alors fuppriméesj on ne confèrva que celles des princes. Le roi eft aujourd'hui capitaine de toutes les compagnies de gendarmerie , & les com- manda ns de ces compagnies n'ont ^ que le titre de capitaine-lieutenant. Elles font fort différentes des anciennes compagnies d'or- donnance ; cependant, pour diflinguer les gendarmes qui les compofent , des gendar- mes de la garde du roi , on les appelle or- dinairement gendarmes des compagnies d'or- donnance. Fbje:(^ Gendarme ù Gendar- merie. Compagnies- On a aînlî appelle autre- fois en France des efpeces de troupes de brigands , que les princes prenoient à leur fblde dans le befoin , pour s'en fervir dans les armées. Ces troupes n^étoient ni angîoifes ni fran- çoifes , mais mélée^de diverfes nations. On leur donne dans l'hiftoire divers noms , tantôt on les appelle cotteraux*^ coterelli , tantôt routiers , ruptarii , rutarii , & tantôt Brabançons , Brabantiones. Nos anciens hif^ toriens françois appelloient ces troupes les routes ou les compagnies. Cette milice, dont le P. Daniel croit que Philippe Auguftc fut le premier qui com- mença à fe fervir, fubiifta jufqu'au règne deCharles V. Ce prince furnommé le Sage, 6c dont en effet la fagcflè fut le principal caradtere , trouva le moyen de délivrer la France de ces brigands par l'entremifc de Bertrand du Guefclin. Ce feigneur engagea les compagnies ôc les routes à le fuivre en comte de Tranftamare frère bâtard de ce prince. Du Guefclin réuffit fi bien , qu'il détrôna Pierre le cruel, & mit fur Iç trône Henri de Tranftamare. Les ccm-- pagnies dans les deux expéditions d'Efpa- gne périrent prefque toutes ou fe dilTipe- rent; & le roi donna de fi bons ordres par-tout, qu'en peu d'années elles furent entièrement exterminées en France. Le P. Daniel , hijioire de la milice françoife. (Q) Compagnie , (jurifpr.) on appelle com- pagnies de jujiice , les tribunaux qui font corhpofés de plufieurs juges. Ils ne fe qua- lifient pas de compagnie dans les jugemens ; les cours fbuveraines ufent du terme de cour ^ Se les juges inférieurs du terme colleétif yzow^. Mais dans les délibérations qui regardent les affaires particulières du tribunal, de lorfqu'il s'agit de cérémonies, les tribunaux , fouverains ou inférieurs , fe qualifient de compagnie ; ils en ufent de même pour certains arrêtés concernant leur difcipline ou leur jurifprudence; ces arrê- tés portent que la compagnie a arrêté , &c. {A) Compagnies semestres , font des cours ou autres corps de juftice , dont les offi- ciers font partagés en deux colonnes , qui fervent chacune alternativement pendant fix mois de l'année. Voy. Semestres. (^) Compagnies souveraines ou Cours SUPÉRIEURES , font cellcs qui , fous le nom & l'autorité du roi, jugent fouverainement & fans appel dans tous les cas , de ma- nière qu'elles ne reconnoifiènt point de ju- ges fupérieurs auxquels elles refiortiflent . j tels font les parlemens , le grand- confèil , les chambres des comptes , cours des aides ; cours des monnoiesj les confeils fupé- rieurs , ùc. Les préfidiaux ne font pas des compas gnies fouver aines , quoiqu'ils jugent en der- nier refîort au premier chef de l'édit ; parce que leur pouvoir eft limité à certains ob- jets. Voye-^ Loifeau , des feign. chap. iij, n. Z^. (A) Compagnie de Commerce : on entend par ce mot une alïbciation formée pour entreprendre , exercer ou conduire des 0^6- Efpagne , pour aller faire la guerre à Pierre | rations quelconques de commerce» C O M Ces compagnies font de deux fortes , ou particulières , ou privilégiées. Les compagnies particulières font ordinai- rement formées entre un petit nombre d'individus, qui fourniflent chacun une portion des fonds capitiiux , ou limplement leurs confeils Ôc leur temps, c[uelquefois le tout enfemble , à des conditions dont on convient par le contrat d'ail'ociation. Ces compagnies portent plus communément la dénomination de fociétés. J^oye^ Société. L'ufage a cependant confervé le nom de compagnies , à des ailociations ou fociétés particulières , lorfque les membres font en grand nombre , les capitaux confidérables , de les entreprifes relevées , foit par leur rif- que , foit par leur importance. Ces fortes dt fociè tés-compagnies font le plus fbuvent comportes de perfonnes de diverfes pro- fcfîions , qui., peu entendues dans le com- merce , confient la direction des entrepri- fes à des aflbciés , ou à des commifïionnai- res capables , fous un plan général. Quoi- que les opérations de ces compagnies ne re- çoivent aucune préférence publique fur les opérations particulières , elles font cepen- dant toujours regardées d'un œil mécontent dans les places de commerce; parce que toute concurrence diminue les bénéfices. Mais cette raifon même doit les rendre très-agréables à Pétat, dont le commerce ne peut être étendu & perfcdionné que par la concurrence des ncgocians. Ces Compagnies font utiles aux commer- çans , même en général ; parce qu'elles étendent les lumières &: l'intérêt d'une na- tion fur cette partie toujours enviée & fouvent méprifée, quoiqu'elle foit l'unique reflbrt de toutes les autres. L'abondance de l'argent , le bas prix de fon intérêt , le bon état du crédit public , l'accroiflement du luxe , tous fignes évidens de la prolpériré publique , font l'épo- que ordinaire de»ces fortes d'établifïemens : ils contribuent à leur tour à cette proipé- ritc , en mukipliant les divers genres d'oc- cupation pour le peuple , fon aifance , fes confommations , 6c eniin les revenus de Pétat. Il eft un cas cependant où ils pourroieni être nuifibles -, c'ell lorfque les intérêts Ibnt partagés en actions , qui fe négocient 5c fe C O M 711 tranfportent fans autre formalité; par ce moyen les étrangers peuvent éluder cette loi fi fage , qui , dans les états policés, défend d'ailbcier les étrangers non-naturalifés ou njn - domicilias dans les armejien<". Les peuples qui ont Pintérêt de l'argent à meil- leur marché que leurs voifins , peuvent à la faveur des adtions s'attirer de loin tout le bénéfice du commerce de ces voifins, quelquefois même le ruiner , fi c'efl leur intérêt ; c'efl' yniquemeiit alors que les né- gocians ont droit de fc plaindre. Autre règle générale : tout ce qui peut être la. mc'.iere d'un agiotage , eft dangereux dans une nation qui paie l'intérêt de l'argent plus cher que les aurf:res. L'utilité que ces afîociations portent aux intéreflés , eft bien plus équivoque que celle qui en revient à l'état. Cependant il eft injufte de fe prévenir contre tous les projets, parce que le plus grand* nombre de ceux qu'on a vu éclore en divers temps , . a échoué. Les écueils ordinaires font le défaut d'économie , inféparable des grandes opérations ; les dépenfes faftueufes en établiflèmens , avant d'avoir afiuré les profits ; l'impatience de voir le gain ; le dégoût précipité ; enfin la méfîntelligence. La crédulité , fille de l'ignorance , eft im- prudente; mais il eft inconféquent d'a- bandonner une entreprifè qu'on favoit rif- quable , uniquement parce que fes rifques !e font déployés. La fortune femble pren- dre plaifir à faire pafïer par des épreuves ceux qui la follicitent ; fes largelfes ne font point réfervées à ceux que rebutent l'es premiers caprices. Il eft quelques règles générales , dont les gens qui ne font point au fait du com- merce , & qui veulent s'y intérefïer , peuvent fe prémunir. 1°. Dans un temps où les capitaux d'une nation fbnt augmen- tés ^sî^s toutes les claHes du peuple , quoi- qu'avec quelque difproportion entr'elles, les genres de comvnerce qui ont élevé de grandes fortunes, & qui foutiennent une grande concurrence de négocians , ne pro- curent jamais des profits bien confidéra- bles ; plus cette concurrence augmente , plus le défavantage devient fenfible. z°. Il eft imprudent d'employer dans des com- * merces éloignés 6c rifquables , les capitaux •^11 C O M dont les rerenus ne font point fuperflus à la fubfîftancei car fi les intérefles retirent annuellement ou leurs bénéfices, ou fim- plement leurs intérêts à un taux un peu confidérable , les pertes qui peuvent (ur- A'enir retombent immédiatement fur le capi- tal j ce capital lui-même fe trouve quel- quefois déjà diminué par les dépenfes ex- traordinaires des premières années ; les opé- rations languiflènt ou font timides ; le plan projeté ne peut être rempli , & les béné- fices feront certainement médiocres , même avec du bonheur. 3°. Tout projet qui ne préfente que des profits , eft drelTé par un homme ou peu fage, ou peu iincere. 4°. Une excellente opération de commerce crt celle où , fuivant le cours ordinaire des événemens , les capitaux ne courent point de rifquc. 5°. Le gain d'un commerce eft prefque toujours proportionné à Pincerti- tude du fuccès ; & Popération eft bonne , fi cette proportion eft bien claire. 6°. Le choix des lu jets qui doivent être chargés de la conduite d'une entreprife , eft le point le plus effentiel à fon fuccès. Tel eft capa- ble d'emibraller la totalité des vues , &c de diriger celles de chaque opération particu- lière à l'avantage commun , qui réullira très-mal dans les détails ; l'aptitude à ceux- ci marque du talent , mais louvent ne mar- que que cela. On peut fans lavoir le com- merce s'être enrichi par fon moyen j Ci les loix n'étoient point chargées de formalités , un habile négociant feroit fùrement un bon juge; il feroit dans tous les cas un grand financier, mais parce qu'un homme fait les loix , parce qu'il a bien adminiftré les revenus publics , ou qu'il a beaucoup gagné dans un genre de négoce , il ne s'enfuit pas que fon jugement doive prévaloir dans toutes les délibérations de commerce. On n'a jamais vu tant de plans & de projets de cette efpece , que depuis le re- nouvellement de la paix ; & il eft; remar- quable que prefque tous ont tourné leurs vues vers Cadix , la Martinique , & Saint- Domingue. Cela n'exigeoit pas une grande habileté i & pour peu qu'on eijt voulu rai- fonner ,ilétoit facile de prévoir le fort qu'ont éprouvé les intéreftés. Il ena réfulté que beau- coup plus de capitaux font fortis de ces com- merces ^ qu'il n'en étoit entré d'excédans. s C O M Si l'on s'étoit occupé à découvrir de nouvelles mines , qu'on eût établi de foli- des faélories dans des villes moins con- nues , comme à Naples , à Hambourg ; fi des compagnies avoient employé de grands ca- pitaux, fagement conduits dans le com- merce de la Louifiane ou du Nord ; fi elles avoient formé des entreprifes dans nos Antilles qui en font fufceptibles , comme à la Guadeloupe, à Cayenne , on eût bien- tôt reconnu qu'il y a encore. plus de gran- des fortunes lolides à faire dans les bran- ches de commerce qui ne font pas ouver- tes , qu'il n'en a été fait jufqu'à préfent. Les moyens de fubfiftance pour le peuple Se les reflburces des familles , euftent doublé en moins de dix ans. Ces détails ne feroiefit. peut-être pas faits pour un dictionnaire ordinaire ; mais le but de l'encyclopédie eft d'inftruire , &c il eft important de difculper le commerce des fautes de ceux qui l'ont entrepris. Les compagnies ou communautés privi- légiées , font celles qui ont reçu de l'état un droit- ou des faveurs particulières pour certaines entreprifes , à l'exclulion des au- tres fujets. Elles ont commencé dans des temps de barbarie & d'ignorance, où les mers étoient couvertes de pirates , l'art de la navigation groftfier 8c incertain , & où l'ufàge des aflurances n'étoit- pas bien con- nu. Alors il étoit néceftaire à ceux qui tenoient la fortune au milieu de tant de périls , de les diminuer en les partageant , de ie foutenir mutuellement , de de Ce réu- nir en corps politique. L'avantage que les états en retiroient , fit accorder des encou- ragemens ôc une protection fpéciale à ces corps ; enfuite les befoins de ces états & l'avidité des marchands, perpétuèrent in- fenfiblement ces privilèges , fous prétexte que le commerce ne pouvoir fe faire autre- ment. Gc préjugé ne fe diffipa point entière- ment à mefure que les peuples fe poli- çoient , &c que les connoiflànces humaines fe perfed:ionnoient ; parce qu'il eft plus commode d'imiter que de raifomier : & encore aujourd'hui bien des gens penfent que, dans certains cas, il eft utile de rcf- treindre la concurrence. Un de ces cas particuliers que l'on cite, eft C OM eft celui d'une entreprife nouvelle , rlfqui- ble ou coûteufe. Tout le monde convien- dra fans douce que celles de ce genre de- mandent des encouragemens ôc des grâces particulières de 1 état. Si ces grâces ôc ces encouragemens font des exemptions de droits, il elt clair que Tctat ne perd rien à ce qu^un plus grand nombre de fujets en profite , puifque c*t:î\: une induftrie nouvelle qu'il favorite. Si ce font des dépenfès , des gratifications , ce qui eft le plus sûr ôc même indilpenfable , on fent qu'il réfulte trois conféquences abfolues de la concurrence. La première, qu'un plus grand nombre s'enrichiflànt , les avances de l'état lui rentrent plus sûre- ■ ment , plus promptement. La féconde , que rétabliflement fera porté plutôt à la perfection , qui eft l'objet des dépenfes , à mefure que de plus grands efforts y contri- bueront. La troifieme , que ces dépenfes cefîeront plutôt. Le leâ:eur fera mieux inftruit fur cette matière , en mettant fous les yeux le fenti- ment d'un des plus habiles hommes de l'An- gleterre dans le commerce ; je parle de M. Jofias Child , au ch. iij d'un de fes traités, intitulé Trade, and intereji of money conji- dered. Perfbnne n'eft en droit de fe flatter de penfer mieux ; ^ ce que je veux dire, fou- tenu d'une pareille autorité , donnera moins de prife à la critique. Il eft bon d'obferver que l'auteur écrivoit en 1669 , ôc que plu- sieurs chofes ont changé depuis ; mais pref^ que toutes en extenfîon de Tes principes. *' Nous avons parmi nous, dit M. J. Child , deux fortes de compagnies de com- merce. Dans les unes , les capitaux font réu- nis comme dans la compagnie des indes orientales; dans celle de la Morée, qui eft une branche de celle de Turquie ; ôc dans celle de Groenland , qui eft une branche de la compagnie de Mofcovie. Dans les autres aflbciations ou compagnies de commerce , les particuliers qui en font membres trafiquent avec des capitaux féparés, mais fous une direction & des règles communes. C^eft ainfi que fe font les commerces de Hambourg , de Turquie , du Nord & de Mofcovie. » Depuis plufieurs années , on difpute beaucoup fur cette queftion , fàvoir, s'il eft Tome nu COM 713 utile au public de réunir les marchands en corps politiques. Voici mon opinion à ce fujer. 1°. Les compagnies me paroifïènt abfôlu- ment néceflàires pour faire le commerce dans les pays avec lefquels S. M. n'a point d'al- liance, ou n'en peut avoir , fbit à raifon des diftances , foit à caufe de la barbarie des peuples qui habitent ces contrées, ou du peu de communication qu'ils ont avec les princes de la chrétienté; enfin par-tout oii il eft néceflaire d'entretenir des forts ôc des gar- nifons. Tel eft le cas des commerces à la côte d'Afrique ôc aux Indes orientales. " 2°. Il me paroît évident que la plus grande partie de ces deux commerces doit être faite par une compagnie dont les fonds foient réunies. » {Depuis ce temps les Anglais ont trouvé le fecret de mettre d'accord la. liberté & la proteclion du commerce à la cotc^ d'Afrique. Voye^^ Grande-Bretagne ,foit commerce. ) " 3°. Il me paroît fort difficile de décider qu'aucune autre compagnie decommerce privi- légiée , foit utile ou dommageable au public. » 4°. Je ne laifîe pas de conclure en géné- ral , que toutes les reftridions de commerce font nuifibles ; ôc conféquemment que nulle compagnie quelconque , foit qu'elle trafique avec des capitaux réunis ou fîmplement fous des règles communes , n'eft utile au public , à moins que chaque fujet de S. M. n'ait en tout temps la faculté de s'y faire admettre à très-peu de frais. Si ces frais excédent au total la valeur de vingt Uvres fterlings , c'eft beaucoup trop , pour trois raifons. » La première , parce que les HoUandois dont le commerce eft le plus florifîànt en Europe , ôc qui ont les règles les plus fûres pour s'enrichir par fbn moyen , admettent librement ôc indifféremment , dans toutes leurs aftociations de marchands ôc même de villes, non feulement tous les fujets de l'état , mais encore les juifs Ôc toutes fortes d'étrangers. La féconde , parce que rien au monde ne peut nous mettre en état de foutenir la con- currence des HoUandois dans le commerce, que l'augmentation des commerçans ôc des capitaux ; c'eft ce que nous procurera une entrée libre dans les communautés qui s'en occupent. Le grand nombre dps V YV T 714 C O M hommes & la richefle des capitaux Tonr aufTî néceflàires pour poulfcr avantageufe- ment un commerce, que pour faire la guerre. Troifiémement , le feulbien qu'on puifle efpércr des communautés ou aiîbciiitions , c'cH: de régler & dje guider le commerce. Si Ton rend libre l'entrée à des compagnies , es membres n'en feront pas moins loumis à cet ordre qu'on veut établir; ainfi la nation en retirera tous les avantages qu'elle a pu fè promettre. Le commerce du Nord consomme , ou- tre une grande quantité de nos produdions , une infinité de denrées d'Italie , d'Efpagne, du Portugal & de France. Le nombre de nosnégocians qui font ce commerce, cft bien peu de chofe, fi nous le comparons avec le nombre des négocians qui , en Hol- lande , font le même commerce. Nos négo- cians du Nord s'occupent principalement de ce commerce au dedans & au dehors, & conféquemment ils font bien moins au fait de ces denrées étrangères ; peut-être même ne font-ils pas afTez riches pour en enirc- Çrendre *le négoce. Si d'un autre côté on iait attention que , par les chartes de cette compagnie , nos„ autres négocians qui con- lîoiflènt parfaitement bien les denrées d'I- talie , d'Èrpagne , du Portugal & de France , font exclus d'en faire commerce dans le Nord ; ou qu'au moins, s''ils reçoivent permiffion de hicompagnieà'y en envoyer, ils ne l'ont pas d'en recevoir les retours , il fera facile de concevoir que les HoUan- dois doivent fournir par préférence le Da- neiiiark , la Suéde & toutes les côtes de la mer Baltique, de ces mêmes denrées étran- gères. C'eft ce qui arrive réellement. Quoi- que les Hollandois n'aient point de com- pagnies du Nord , ils y font dix fois plus de commerce que nous. Notre commerce en Portugal , en Ef- pagne , en Italie , n'eft point en compagnies y & il eft égal à celui que la Hollande fait dans ces pays , s'il n'eft plus coniî- dérable. » ( Si , dans cette pojition des chofes , le com- merce de V Angleterre était égal à. celui de la Hollande dans les pays qu'on vient de nom- mer , /■/ ejî évident , ou que ce commerce eût €ugmsnte par la liberté de la navigation du CO M Nord , ou que l'Angleterre revendait a ta Hollande une partie de fes retours y ^ fe pri- vait ainji d'une portion confidérable de leur bénéfice. C'eji l'effet de toutes les navigations rejîreintes , parce que les grands ajfortimens procurent Jouis de grandes ventes. ) » Nous avons des compagnies pour le commerce de la Ruilie & du Groenland ; mais il eft prefque entièrement perdu pour nous , & nous n'y en faifons pas la quaran- tième partie autant que les Hollandois , qui n'ont point eu recours aux compagnies pour rétablir. De ces faits il réfulte , . 1°. Que les compagnies reftreintes & limi- tées ne font pas capables de conferver oa d'accroître une branche de commerce. 2°. Qu'il arrive que des compagnies limi- tées , quoiqu'établies & protégées par l'état, font perdre à la nation une branche de fou commerce. 3°. Qu'on peut étendre avec fuccès notre commerce dans toute la chrétienté, fans établir de com.pagnies. 4°. Que nous avons plus déchu , ou fî l'on veut, que nous avons fait moins de progrès dans les branches confiées à desco^- pagnies limitées , que dans celles où tous les fujets de S. M. indifféremment ont eu la liberté du négoce. On fait contre cette liberté divcrfes objeétions, auxquelles il eft facile de ré- pondre. '> Première objection. Si tous ceux qui veulent faire un commerce en ont la liberté , il arrivera que de jeunes gens , des détaillans , & d'autres voudront s'ériger en marchands , leur inexpérience caufera leur ruine & por- tera préjudice au commerce , parce qu'ils achèteront cher ici pour vendre à bon mar- ché dans Tétranger ; ou bien ils achèteront à haut prix les denrées étrangères , pour les. revendre à leur perte. '» A cela je réponds, que c'eft une affaire perionnelie , oii chacun doit être fon propre tuteur. Ces perfonnes, après tout, ne fe- ront dans les branches de commerce qui font aujourd'hui en compagnies ^ que ce qu'elles ont fait dans celles qui font ou- vertes à tous les fujets. Les foins des légif^ lateurs embraftènt la totalité du peuple», 5c lie s'érendenr pas aux affaires, domeftï»' C G M ques. Si ce qu^on allègue fe trouve vrai , ' que nos marchandifes fe vendront au de- hors à bon marché, & que les denrées étrangères feront données ici à bas prix , jV vois deux grands avantages pour la nation. " // objeclion. Si la liberté eft établie, les boutiquiers ou détaillans qui reven- dent les denrées que nous importent en retour les compagnies , auront un tel avan- tage dans ces commerces fur les mar- chands , qu'ils s'empareront de toutes les affaires. " Nous ne voyons rien de pareil en Hol- lande , ni dans nos commerces libres ; tels que celui de France, de Portugal, d'Ef- pagne , d'Italie , & de toutes nos colonies : de plus , cela ne peut arriver. Un bon détail exige des capitaux fouvent confidérables , &: il elt d'une grande fuiettionj le commerce en gros de fon coté revendique les mêmes foins : ain(î il eft très-difficile qu'un homme ait tout à la fois affez de temps & d'argent pour fuivre également ces deux objets. De pluiîeurs centaines de détaillans qu'on a vu entreprendre le commerce étranger , il en eft très-peu qui , au bout de deux ou trois ans d'expérience , n'aient renoncé à l'une de ces occupations pour s^adonner entièrement à l'autre. Quoi qu'il en fbit. cette coniidération eft peu touchante pour la nation , dont l'intérêt général eft d'acheter à bon marché , quel que foit le nom ou la qualité du vendeur; Ibit gentilhomme, négociant ou détaillant.» /// objeclion. Si les boutiquiers ou au- tres gens ignorans dans le commerce étran- ger , le peuvent Elire librement , ils néglige- ront l'exportation de nos produétions , & feront entrer au contraire des marchandifes étrangères , qu'ils paieront en argent pu . en lettres de change ; ce qui fera une perte évi- dente pour la nation. « Il eft clair que ces perfonnes ont comme toutes les autres , leur intérêt perfonnel pour première loi ; fi elles trouvent de l'avantage à exporter nos productions , elles le feront \ s'il leur convient mieux de remettre de l'ar- gent ou des lettres de change à l'étranger , elles n'y manqueront pas : dans toutes ces chofes^les négocians ne fuivront point d'au- tres principes. »* C O M yif IV objeclion. Si le commefce eft libre , que gagnera-t-on par l'engagement de fept années de fervices, 3c par les femmes que les parens paient à un marchand pour mettre leurs enfans en apprentiftàge i quels font ceux qui prendront un tel parti ? » Le fervice de fept années , & Targenç que donnent les apprentis , n'ont pour objet quel'inftrudion de la jeunellè qui veut ap- prendre l'art ou la fcience du commerce , ôc nonpasl'acquifition d'un monopole ruineux pour la patrie. Cela eil: fi vrai , qu'on con- tracte ces engagemens avec des négociant qui ne font incorporés dans aucune commu- nauté ou compagnie ; ôc parmi ceux qui y font incorporés , il en eft auxquels on ne vou- droit pour rien au monde confier des appren- tis ; parce que c'eft la condition du maître que l'on recherche , fuivant fa capacité, fa probité, le nombre ôc la nature des affaire» qu'il fait, fa bonne ou fa mauvaife conduite , tant perfonnelie que dans fon domcftique. y objcâion. Si le commerce eft rendu libre , ne fera- ce pas une inj uftice manifeftô à l'égard des compagnies de négocians, qui j par eux-mêmes ou par leurs prédéceflcurs ont dépenlé de grandes fommes pour obte- nir des privilèges au dehors , comme font la compagnie àt Turquie & celle de Hambourg ? „ Je n'ai jamais entendu dire qu aucune compagnie fans réunion de capitaux ait dé^ bourfe d'argent pour obtenir fes privilèges , qu'elle ait conftruit des forterefîes , ou faitla guerre à fes dépens. Je fais bien que la com- pagnie de Turquie entretient à les frais un amballadeur 6c deux confuls; que de temps en temps elle eft obligée de faire des préfens au grand-feigneur , ou à fes principaux officiers; que la compagnie de Hambourg eft également tenue à l'encrctiende fbnminiftre ou député de cette ville : auffi je penfe qu'il feroit injufte que des particuliers euftènt la liberté d'entreprendre ces négoces , fans êtra fournis à leur quote-part des charges des corn» pagnies refpedlives. Mais je ne conçois point par quelle raifon un fujet feroit privé de ces \ mêmes négoces , en fe foamettant aux régle- 1 mens & aux dépenfes communes des co/tz* ' pagnies , ni pourquoi fon aflbciation devrsiC \ lui coûter fort cher. " I Sixième objeâion. Si Pentrée des com- ' pagnies eu, libre, elles fe rempliront de boUti» V V y V X 71^ C O M quiers à un tel point , qu ils auront la plura- lité des fufFragés dans les aflemblées : par ce moyen les places de direéteurs & d'affii- taijs feront occupées par des pcrfonnes inca- pables , au préjudice des affaires communes. y> Si ceux qui font cette abjedion font né- gocians , ils lavent combien peu elle eft fon- dée : car c'eft beaucoup fi une vingtaine de détaillans entrent dans une année dans une flHbciation ; & ce nombre n aura pas l'ni- fîuence dans les éledions. S'il sVn préfente un plus grand nombre , c'eft un bonheur pour la nation , & ce n'eft point un inal pour les compagnies; car l'intérêt eft l'appât com- mun de tous les hommes ; car ce même intérêtconimun fait defirer à tous ceux qui s'engagent dans un commerce , de le voir réglé & gouverné par des gens fages & expé- rimentés. Les vœux fe réuniront toujours pour cet objet j &: la compagnie des Indes en fournit la preuve, depuis que tout An- glois a pu y entrer en achetant une adion , & en payant cinq livres pour fon aflbcia- tion. Les contradideurs fur cette matière ont dû fe convaincre que la compagnie a été appuyée fur de! meilleurs fondemens, & infiniment mieux gouvernée que dans les temps où l'affociationcoûtoit cinquante livres fterlings. Le hxcch a juftifié cet arrangement , puif- que la nouvelle compagnie étayée par des principesplus profitables, a triplé fon capi- tal ; tandis que Pancienne plus limitée , a déchu continuellement , enfin s'eft enfe- velie fous fes ruines , quoique commencée avec plus de fuccès. ,, Ce qui regarde les diverfes compagnies de PEurope, eft renvoyé au commerce decha- que état. Cet article ejl de M.\ .Y>. F. La règle Je Compagnie, en arithmétique , eft une règle dont l'ufage eft très-néccftàire pour arrêter les comptes entre les marchands Se propriétaires de vaifl'eaux ; lorfqu'un certain nombre de perfonnes ayant fait enfemble un fonds, on propofe de parta- ger le gain ou la perte proportionnellement entre eux. La règle de trois répétée plufieurs fois eft le fondement de la règle de compagnie , & Satisfait pleinement à toutes les queftions de cette efpecc ; car la mife de chaque parti- culier doit être à fa part du gain ou de h C O M perte , comme le fonds total eft à la perte , ou au gain total : donc il faut additionner les différentes fommes d'argent que les affociés ont fournies, pour en faire le premier terme ; le gain ou la perte commune fera le fécond j chaque mife particulière "fera le troifieme ; & il faudra répéter la règle de trois autant de fois qu'il y a d'aflociés. Cette règle a deux cas : il y a différens temps à obierver , oii il n'y en a point. La règle de compagnie , fans difîindtion de temps , eft celle dans laquelle on ne confî- dere que la quantité de fonds que chaque aftbcié a fourni , fans avoir égard au temps que cet argent a été employé , parce que l'on fuppofe que tous les fonds ont été mis dans le même temps. Un exemple rendra cette opération fecile. A , B , & C , ont chargé un vaiffeau de 212 tonneaux de vin^ A a fourni 1342 liv. B 1178 liv. & C 630 liv. toute la cargai- fon eft vendue à raifon de 5 2 liv. chaque tonneau. 0\\ demande combien il revient à chacun. Trouvez le produit entier du vin en mul- tipliant 212 par 32, qui revient à 6784 liv. enfuite ajoutant enfemble les mifes particu- lières 1342 liv, ,1178 & 630 liv. qui fonc 3150 liv. l'opération fera /'1342 eft à 2890. 3150:678^4 ^ 1 178 eft à 2537. ( 630 eft à 1 356. Preuve 3150 6783. Chambers. {E) La raifon pour laquelle on n'a point d'é- gard aux temps dans cette règle , c'eft qu'é- tant le même pour chaque mife , il doit in- fluer également fur le gain ou la perte que chacune doit porter. Mais il n'en eft pas de même , lorfque le temps de chaque mife clt différent. C'eft ce qu'on appelle règle de compagnie par temps , & qu'il eft bon d'expliquer avec clarté , d'autant que plufieurs de ceux qui en ont parlé y ont laiffé des difficultés. Sup- pofoHS deux particuliers que , pour plus de facilité , je diftinguerai par A èc par B , qui aient fait enfemble une lociété. L'un met au premier janvier la fomme a , & au pre- mier avril la fbnime3; le fécond mer aa premier janvier la fommc e, au premier COM juillet la fomme d ; & au bout de quinze mois , il leur vient la fomme e , qu il faut partager entre eux. On demande de quelle manière on la doit partager. Il eft évident que la mife de chacun doit être regardée comme un fonds qui travaille pendant tout le temps qui s'écoule depuis cette mife jufqu'au temps du profit j que par conféquent on peut la regarder comme de l'argent placé à un certain denier x , dont la quantité dépend de la fomme e. De plus , ce denier doit être le même pour chacun des intérelTés , il n'y aura que le plus ou moins de temps qui fera varier le profit; enforte que Cl X acù: le denier xde a pour un mois , X 5 , X c y X d y feront aufïl le denier de 3 c , ôcc. pour uij mois. Il faut favoir maintenant fur quel pié l'intérêt doit être envifagé ici , s'il eft fimple ou compofé. Fby. Intérêt. C'eft unechofe qui dépend uniquement de la convention entre les intéreflés. C'eft ce qu'on a déjà fait fentir à Vartkle Arrérages , ôc qui fera ex- pliqué plus en détail à Vartick Intérêt. On regarde ordinairement l'intérêt comme fimple dans ces fortes de calculs ; nous allons d'abord le confidércr fous ce point de vue. 1°. Suppofons que l'intérêt foit fimple , que X foit le denier de la fomme a pour un mois , il eft certain que la fomme a^ mife au 1*"^ janvier , doit , au bout des quinze mois , produire a (i-hi5A:);quela fomme b mife au i" avril , & travaillant pendant douze mois , doit , au bout des douze mois , pro- duire ( I + 12. -3^ ) j que la fomme c mife au premier janvier produira c {i-^-i^ x)\ &c que la fomme d mife au premier j uillet,& tra- vaillant pendant neuf mois , doit produire ^ ( I + 9 ;c). Or CCS quatre quantités mifes enfembie doivent être égales à la fomme re- tirée e. Donc a + 3-|-c+if+ 15 ûAT-i- iz 3^;+ 15 cx-\- <) dx'=e. e-a-b — c~ d Donc X = ,7Tr7zT+T77TM' Donc la fomme a-^i^ax-^-B-^iiBx gagnée par le premier fera a4- i + if ae - i'i a a — iK ha - i^ ae - l^ a d T. ir llf+lib+îTcTTd + TTTTTTm-TTTTTÏ ^ laquelle fera isae~-îba-6a , iiif + j abi^ bc-^jàb C O M 7^ de^z (i-f- i5.r),ilfaudraû(i4-;«:)'5, Ce, & l'on auraa ( i-hx)'' + 3 ( i -f-or)'* -h ;; (i-^-x)" -{- d(i^xy=^e. Equation beaucoup plus difficile à réfoudre que la précédente , mais dont on peut venir à bouc par approximation. Il me femble que dans les règles de com- pagnie on devroit traiter l'intérêt comme compofé ; car tout intérêt eft tel par fa na- ture, à moins qu'il n'y ait entre les inté- reflés une convention formelle du contraire i vojc:i[; Intérêt & Arrérages. Mais il fem- ble que l'ufage , fans qu'on fâche trop pour- quoi y eft de regarder l'intérêt comme fimple dans ces fortes d'aflbciations. Quand le temps des mifes eft égal y alors, foit qu'on regarde l'intérêt comme fimple ou comme compofé , il eft inutile d'avoir égard au temps. En effet , fuppofons que les deux mifes foient a &c c y on a dans le pre- mier cas û ( 1 -h 1 5 ;,:) + c ( I 4- 1 5 a:) = e; onc X == ; ÔC t= c+9 doncfl(i + i5;i:)" =f^^ :> ce qui donne encore la même analogie. Il y a cependant une obfervation à faire dans la règle de compagnie par temps , quand l'intérêt eft fimple. Je fuppofe , comme ci- deffus , que l'intéreflé A mette a au mois de janvier & 3 au mois d'avril , il eft évident qu'au premier avril û ( i -f- 3 a: ) exprimera ce que l'intéreflé A doit retirer , ou plutôt fa véritable mife ; & cette mife étant aug- mentée de by on aura a{i^3,x)'^b pour fà mife au premier avril. Or cette mife étant multipliée par ( i -f- iz :r) donnera [^(1+5 x-f-3]x(i-f-izj;) pour la mife totale de A à la fin des quinze mois , ce qui diffère àQa-\-\^ax-{~b'^iibx qu'on a trouvé ci-deifus pour la mife totale de A, puifquè cette mife eft plus petite de la quantité 3 bax x ; comment accorder tout cela î çn voici le dénouement. 7i8 C O M Tout dépend ici de la convention mu- tuelle des incérelîes ; c'eft précifémen: le même cas que nous avons touché dans Var- ticle Arrérages , cii fuppofant que le dé- biteur rembourfe au créancier une partie de Ton dii. En multipliant û ( i -4- 3 x ; par ( I + iz ;r ), l'intérêt celle .d'être limple ri- goureuiement parlant , puifque l'intérêt de a qui dcvroit être ly 3°. que fuivant l'intention du même tefta- teur , y doit être à -i^ comme c 'k d. Donc d y db X -^ , b X , dbx . 7= — == .Doac a: H Y-~~z=.A. «- c flc^ ' a ac Equation qui lervira à réibudre le problême. Plufieurs arithméticiens ont écrit fur cette queftion qui les a fort em.b.irraftés. La rai- Ibn de leur difficulté étoit qu'ils vouloient la réfoudre de manière que les deux parts du fids de de La fille fuflènt entre elles comme a eft à Pefprit; & c^eft l affo bljr que d*en retrancher ce qui en f?it la force ou la grâce. Une épreuve fùre de la bonté ou du v'ce des ccw- araifcn.y c'eft de cacher ie premier terme, & de demander à Tes ji'ges à quoi refT( mble le fécond. Si le rapport eft jufte & fenfible, il ^e préfentera naturellement. Qu'on donne à lirt n un homme intelligent Ces beaux, vers de l'ilnéide : • Çualis , vhi alrvpûs fugii prœfepia vincUs , Tandem Lber equu<;^ campoquc potitus aperto , Autilleinpnfius^ai meruaquetaditequarum; Aut cjjuctus aqaœ , pcrfundijlumine noto Emicct , ai récit [que fr mit ccrvicibiis ahe Zuxurians , ludunique jubcc per colla , per armos. ou ces beaux vers de la Henriade : Tel qu'échappé dufein d*L n riant pâturage , Au bruit de ta trempette animant Ccn courage , 'Dans les champs de la Thiace un courjicr orgueilleux , Indocile y inquiet , plein d'un feu belliqueux^ Levant les crins mouvons ce fu J.eii verbe , Impatient du frein , vok ù bondit fur l herbe, OU ceux du même poëme : - Tels aufnd des frets pr'cipitant l^urs /7 le vrai père Xxxx 2 714 C O M de mon peuple , je reflemble à cette vraie mère dans Salomon, j'aimeroisquafi mieux n'avoir point de Paris , que de Tavoir tout ruiné. ." ( M. Marmontel. ) Comparaison d'Ecritures, (Jurifp.) eft la vérification qui fe fait d'une écriture ou fignature dont on ne connoît pas l'auteur , en la comparant avec une autre écriture ou Signature reconnue pour être de la main de celui auquel on attribue Récriture ou figna- ture conteftée. C*eft une des preuves que l'on peut em- ployer pour connoître quel eft le véritable auteur d'une écriture ou lignature , car la vé- rification peut en être faite en trois manières j fàvoir, par la dépofition des témoins qui atteftent avoir vu faire en leur préfence l'é- criture dont il s'agit , ou par la dépolition de témoins qui n'ont pas à la vérité vu faire Pécrit , mais qui atteftent qu'ils connoiflent que l'écriture & fignature eft d'un tel , pour l'avoir vu écrire & figner plufieurs fois; & enfin , la dernière forte de preuve que l'on emploie en cette matière , eft la dépolition des experts , qui , après comparaifon faite de deux écritures , déclarent fi elles leur pa- roi fient de la même main ou de deux mains différentes. La compcraifon d'écritures eft ufitée , tant en matière civile qu'en criminelle. L'ufage de cette preuve en matière civile eft fort ancien ; il en eft parlé en quelques endroits du code & des novelles. Comme on admettoit pour pièces de compcraifon des écritures privées, Juftinien ordonna d'abord par la loi comparât iones, ch. de fide infirum. qu'on fe ferviroit des f)ieces authentiques , & qu'on ne pourroit ïè fervir d'écritures privées qu'elles ne fufïènt iignées de trois témoins. Par fa novelle ^g, il mit deux exceptions à cette loi pour les écritures privées , qu'il permit d'employer pour les pièces de ccm- paraifon , lorfqu'elles étoient produites par celui contre lequel on vouloir fe fervir de pièces de comparaifon, ou lorfque l'écriture privée étoit tirée d'un dépôt public. Mais par fa novelle 75, il reftreignit telle- ment l'ufage de la preuve par comparaifon d'écritures, qu'il eft vrai de dire que fon intention étoit qu'on y eût peu d'^égard , du moiiis en matière civile. C O M Dans la préface de cette novelle , il dit que quelques-uns de fes prcdécefteurs avoient admis cette preuve , que d'autres l'avoient rejetée -, que ces derniers en avoient reconnu l'abus , en ce que les fauflkires s-'exerçoient à contrefaire toutes fortes d'écritures; & qu'on ne peut bien juger de la qualité d'un ade faux par le feul rappor: qu'il a avec un ade véritable, attendu que la fauffeté n'eft autre choie que l'imitation d'une chofe vraie; qu'il avoir lui-même reconnu les inconvéniens de cette preuve , étant arrivé qu'en Arménie un contrat d'échange tenu pour faux par les experts , fut néanmoins reconnu véritable par tous les témoins qui l'avoient figné. ^ La difpof-îtion de cette novelle eft aflèz compliquée : l'empereur défend de vérifier aucune pièce par comparaifon d'écritures , fî la pièce que l'on veut faire vérifier n'eft fignée de trois témoins dignes de foi, ou d'un notaire , ou de deux témoins fans rcproclie, ou du moins fi elle n'eft pafic'e en préfence de trois témoins irréprochables. Il veuf de plus que le notaire &c les témoins qui auront i^gné avec la partie , reconnoiilent leur fignature au bas de l'acte ; que fi le nor- taire reconnoit la fienne , en ce cas c'eft un.e pièce publique , qui n'a point bc^foin d'être vérifiée par comparaifon; que h c'eft un aâe figné de trois témoins , ou ieulem.ent écrit ci^ leur préfence fans être figné d'eux , ou même s'il eft reçu par un notaire en préfence de deux témoins , mais que le notaire foît depuis décédé ou ne foit plus en état de dé- pofer ; en ce cas Juftinien veut qu'outre la vérification par comparaifon d'écritures , les témoins qui ont figné reconnoifient tous leur f eing ; & qu'en outre , fbit qu'ils aient figné ou non, ils dépofent fi l'écriture vérifiée par experts a été faite en leur préfence de Ja même main dont les experts ont jugé qu'elle étoit écrite ; que fi les témoins & le notaire ne font plus vivans , leur fignature ferait vérifiée , ainfi que celle de la partie; que fi l'ade ne fe trouve pas figné du nombre de perfonnes publiques ou de témoins qui eft ordonné , îa feule comparaifon d'écritures ne fera jamais fufl[îfante pour que l'on y ajoute foi ; ôc qu'en ce cas , après la vérification faite , le juge s'en rapportera au ferment décifoire de la partie qui veut fe fervir de la pièce coHttftée. Enfin 3 la novelle ajioiue C O M encore que fi les contrats font de peu d'im- portance , ou palTés à la campagne , on n'y délire pas ces formalités; mais qu'à Tcgard de tous les autres , la feule comparaifon d'é- critures ne fuffit pas pour y ajouter foi ; & la raifon qu'en donne la loi , c'eft que la reiîèm- blance des écritures eft trop fufpedbe; que c'eft une voie qui a Ibuvent induit en erreur, & que l 'on ne doit pas s'y rapporter tant que Ton ne voit pas de meilleure preuve. Les interprètes du droit ont tous parlé de la comparaifon d'écritures , conformé- ment à la novelle 75, & entre autres Cujas , qui tient que la (impie comparaifon d'écri- tures ne fait point de foi; qu'elle ne peut être regardée au plus que comme une femi- preuve j qui peut obliger le juge de déférer le ferment à la partie qui foufient la vérité de Pa6te ; & que pour faire preuve , il faut que le rapport des experts foit appuyé de la lignaturc des témoins &c de leur dépoiition. Il y a beaucoup de doAeurs qui penfent que , dans les cas mêmes portés par la novel'e J2 i oi"^ doit encore être fort rétervé fur la foi qu'on ajoute à la reflèmblance des écri- tures ; d'autres vont jufqu'à dire qu'elle ne fait par toujours une lemi-preuve ; & quel- ques-uns enfin nient qu'elle fafle même la plus légère préfomption. Il eil néanmoins certain , dans notre ufage , que la preuve pat comparaifon d'é- critures eft admife , tant en matière civile qu'en matière criminelle. Elle eft admile en matière civile par l'or- donnance d'Orléans, art. 245; par celle de 1539, art. ^çi; par celle de Charles IX, du mois de Janvier 1565; de enfin, par l'ordonnance de 1667, tit. xij , art. 5. La forme en eft réglée pour les matières civiles , par cette dernière ordonnance : il y eft dit que les reconnoiftîmces &: vérifi- cations d'écritures privées fe feront partie préfenre ou duement appellée, pardevant le rapporteur, ou s'il n'y en a point, par- devant l'un des juges qui fera commis fur une fimple requête, pourvu, & non au- trement , que la partie contre laquelle on prétend fe fervir des pièces, foit domiciliée ou préfente au lieu où l'affaire eft pcjidaiite , linon que la reconnoiftance ie fera devant le juge royal ordinaire du domicile de la partie,, & que s'il échet de faire quelque C O M 725 vérification , elle fera faite pardevant le j uge où le procès eft pendant. Les pièces & écritures dont on pourfuit la reconnoiflance ou vérificarion , doivent être communiquées à la partie en piéfence du juge ou commifl'aire. Faute par le défendeur de comparoir à l'alîignation , on donne défaut contre lui, pour le profit duquel , fi l'on prérend que l'écriture foit de fa main, elle eft tenue pour reconnue \ &c fi elle eft d'une autre main , on permet de la vérifier , tant par témoins que par comparaifon d'écritures pu- bliques ou authentiques. La vérification par comparaifon d'écritures fe fait par experts fur les pièces de comparai-. fon dont les parties conviennent , & à cette fin on les aiîigne au premier jour. Enfin, fi au jour de l'alîignation l'une des parties ne comparoit pas, ou ne veut pas nommer des experts, b vérification ie fait iur les pièces de comparaifon par les experts nommés par la partie prélentc , 6c par ceux qui feront nommés par le juge au lieu de la partie reftifante & défaillante. ', Telles font les formalités prefcrites par l'ordonnance de 1 667, pour les vérifications d'écritures privées par pièce de comparaifon. en matière civile. Cette preuve étoit aulTi admife en matière criminelle chez les Romains , du moins en matière de faux , comme il parok par une loi de l'empereur Conftantin , qui eft la féconde au code théodofien , ik la iz^. dans le code juftinien , ad legem corneliam de faljîs. M. le Vayer de Boutigay , célèbre avo- cat au Parlement , &: depuis maître dt"î requêtes, a fait une favaiue diflertation dans la caufe fameufe de Jean îvLaillart, où il s'attache d'abord à faire voir en général qu'il y a peu de certitude dans la comparai- fon d'écritures , &i qu'elle ne fait pas preuve feule , même en matière civile : il prétend qu'elle ne doit ix>int avoir lieu , fur-tout en matière criminelle ; qu'elle n'a point été admife par aucune loi dans ces fortes de matières; que la loi n'y admet que trois fortes de preuves ; favair , la preuve pai- titres , la preuve par témoins , & les in dices indubitables &c plus clairs que le joui*. Mais m^ilgré l'érudition qui règne daits n^ G O M cet ouvrage , il eft certain préfentement qae la preuve par camparaifon d'écritures eft admiiè en matière criminelle au (ïi- bien qu'en matière civile, a-nli qu'il relulte de l'ordonnance orimineile de 1670 , & de l'ordonnance du mois de juillet 1737, con- cernant le ftux priricipal 6c incident. La première de ces deux ordonnances, tit. ix du faux principal & incident, ne dit autre choie de la preuve par comparai/on d'écritures , finon que les moyens de faux étant trouvés perrinens ou admillibles , la preuve en fera ordonnée , tant par titres que par témoins , & par comparaijun d'écritures & iignaturcs, par experts qui feront nom- més d'office par le même jugement, fauf à les reçu fer ; que les pièces infcrites de •faux & celles de comparaifon , feront mifes entre les mains des experts, après avoir prêté ferment & leur rapport délivré au juge , fuivant qu'il eft prefcrit par l'art, tz du titre de la defcente fur les lieux ^ de l'ordonnance de 1667; que s'il y a charge, les juges pourront décréter & ordonner que les experts feront répétés féparément en leur rapport , recollés &: confrontés aind que les autres témoins. L'ordonnance du faux règle les formalités de la preuve par comparaifon d'écritures. Il eft dit , titre j du faux principal , que fur la requête ou plainte en faux , foit par 5a partie publique ou par la partie civile, il fera ordonné qu'il fera informé des £iits portés en la requête ou plainte , & ce , tant par titre que par témoins , comme aufTî par experts , enfemble par comparaifon d'é- critures ou fignatures , le tout félon que le cas le requerra; que lorfque le juge n'aura pas ordonné en même terhps ces différens genres de preuve , il pourra y être fuppléé , ^'il y échet, par une ordonnance ou un jugement. Que quand la preuve par comparaifon d'écritures aura été ordonnée, les procu reurs du roi eu ceux des hauts-jufticiers, i& la partie civile , s'il y en a , pourront feuls fournir les pièces de comparaifon y ji^ns que l'accufé puilTe être reçu à en préfi- xer de fa part , fi ce n'eft comme il fera ■dit ci-après , & ceci doit être obfervé , à .peine de nullité^ ' ïQ^ ne peut admettre pour pièces de corn- CO M paraifon , que celles qui font authentiques par elles-mêmes j & on regarde comme telles les lignaturesappoféesaux aétespafles devant notaires ou autres perfonnes publiques , tant léculieres qu'eccléliaftiques dans les cas où elles ont droit de recevoir 'des ades en cette quahté. On répute auflî authentiques à cet effet les fignatures étant aux adtes j udiciaires faits en préfence du juge & du greffier ,& auflî les pièces écrites &c fignées par celui dont il s'agit de comparer l'écriture , en qualité de juge , greffier ,- notaire , procureur , huiC fier , fergent , & en général comme faifant , à quelque titre que ce (bit , fonction de per- fbnne publique. On peut auffi admettre pour pièces de comparaifon , les écritures ou fignatures privées qui auroient été reconnues par l'ac- culé ; mais hors ce cas , ces fortes d'écritu- res &; fignatures ne peuvent être reçues pour pièces de comparaifon , quand même elles auroient été vérifiées avec l'accufé fur la dénégation qu'il en auroit faite , à peuie de nullité. L'ordonnance laifTe à la prudence du juge, fuivant l'exigence des cas, & notamment lorfque l'accufation de faux ne tombe que fur un endroit de la pièce qu'on prétend être faux ou falfifié, d'ordonner que le furplus de la pièce fervira de pièce de compas raifon. Si les pièces indiquées ^onr comparaifon. font entre les mains dedépofîtaires publics ou autres, le juge doit ordonner qu'elles ièront apportées , fuivant ce qui eft ordonné pour les pièces arguées de faux ; & les pièces admi- fes pour comparaifon doivent demeurer au greffe pour fèrvir à l'inftrudion, &: ce, quand même les dépoiîtaires d'icelles offriroient de les repréfenter toutes les fois qu'il feroit né- ceflàire , fauf aux juges à y pourvoir autre- ment , s'il y échet, pour les regiftres de bap- têmes , mariages &: fépultures , & autres dont les dépofitaiîes auroient continuelle- ment befoin. Sur la préfentation des pièces de compa- raifon par la partie publique ou civile , &; fans qu'il foit befoin de requête , il doit être dreffé procès-verbal de ces pièces au greffe ou autre lieu du fiege deftiné aux inib:u<3;ions , en préfence de la partie C O M publique ^ de la partie civile , s'il y en a , à peine de nullité. L'ace ufé ne peut être préfent à ce procès- verbal , auffi à peine de nullité. A la hn de ce procès-verbal , & fur la re- quûtionoules conclaiions de la partie pu- blique , le jugedoit ftrifiier rurl'admijGfion ou rejc: des pièces, à moins qu'il n'ordonne qu il en 'era référé ptrlu' au fiege , auquel cas il y do r être pourvu parle confeil , après que le procès verbal a et: communiqué à la partie publique & civile. Si les p-ecesdece"; ^-raifon ^nt rejetées , k partie civile s'il y en a , ou la partie pu- blique , {ont ^enues ^ en r.'pporter ou indi- qui r 'i uires dans 'e déhi qui leur a été pref- cri., Imcm il y 'era pourvu. Dans tous Itsc s oiilejpiccesdeC'C772p<7r^/- fon font admiOfS; elles doivent être paraphées, tant p-'r le juge qae par la p ;rtie publ-que & par la partie civile , s'il y en a & i\ el'e peut ligner ; (inonil faut enfa.re mention , le tout à peine de nullité. En proc'dant à l'audition des experts, ce qui Te fait toujours danscette matière parvo't d'information & non de rrpport les pièces de ctmparoifon , lorO^u'il en .i été fourni , le procès-verbal de pr^ienration de ces pièces . & ! ordonnance ou jugement qui lésa reçus doivent ^re remis à chacun (^es experts, pour les voir & examiner fcpar'^ment & en particulier 'ans déplacer ; & il faut fa^'re mention de la remife & examen de cçs pie- ces dans la dépoiition de ch; que expert fans qu'il en ioit drellé aucun procès- vetbul.. On ne doit point repréfenter les pièces de comparaifi.n lux autres témoins à moins qut: le juge en proc^-l-mt 4 l'information, ré. ' ivment ou co;- frontaron de ces té- moins , pe juge à-propos de leur représenter ces p'tc'-^s ou quelques-unes d'icelles , au- quel ci s elles doivent être piujplves par les témoins. • Les pièces âe compara- Ton on autres qui doivent être repré^ntées aux experts . ne peuvent crr repr%.*rentces aux acculés avant la confronta tion. - Ln touc crat de can'e les juges peuvent ordonner d'office ou lir la requête de la partie pub- que ou civile 5 que l'pccufé fera Gmu de faire, un corps d'écriture tel qu'il C O M 727 lui feradiébé par les experts, ce qui fera tait par procès-verbal au greffe; Se à la fin du procès- verbal le juge peur ordonner que ce corps d écriture fera reçu par pièce de campa r ai fon^ & que les experts feront en- tendus par voie de dépoiition fur ce qui peut rélulter du corps d'écriture comparé avec les pièces fa ufTès; ce qui a lieu quand même ils auroient déjà dépofé fur d'autres peces de comparai fon : le juge peut néan- moins en ce cas nommer d'autres experts, ou en adjoindre de nouveaux aux premiers , mais cela doit être fait par délibération dii iîege. Si les experts font incertains ou d'avis diffé- rens , le juge peut ordonner qu'il ^era fourni ie nouvelles pièces de comparai fon. Lors du recollement des experts 5c de la confrontation, les piecesde<;om;ûr.^//^/i doi- vent êire^ repréfentées aux experts &c aux accufés , à peine de nullité. En casque laccufe demande par requête qu'il foit remis de nouvelles pièces de com- parai fon entre les mains des experts , les ju- ges ne pourront y avoir ég-id qu'après l'inf- trudlion achevée & par délibération de con- feil fur le vu du procès, à peine de nullité. Si la requête de Paccu'e eft admife, lé- jugement doit lui être prononcé dans leS- 24 heures, & le juge l'interpellera cf'indiquer. les pièces , ce qu'il fera tenu défaire fur le- ch.imp . le juge peut néanmoins lui accorder: un d '-lai , mais ce délai ne peut être pro- rogerj & l'accuCé ne peut préfcnter dans la luiTe d'autres pièces que celles qu'il a indi- quées, ^aufà la partie publique ou civile à les conte fter. Les écritures ou /îgnaturcs privées de Tac- cufé ne peuvent être rerues ponr picces de comnarnifon ^ encore q-.i'elles euflènt été par' lui reconnuesouvérih esavec.lui . (i ce n eft du çon''entement le la partie publique & ci- vile, s'il y en a , à peine H( nullité. ■_ Le pro,rs-verb il de pr- ent:tion des pièces - 'n.fiq r es parl'^'cuf '•, "ioit erre fiiren 'a pré- sence St p r.lu: paraphé , s'il le peut ou veutr frire ;li: ->n il en 'ern frt ment-on , à peine. le nuilit- ; -t^ ii T ccufé n'eft p,is pri'onnier: & ne e pr i- 'ente p s au • procès - vcrb 4 , il i y fc'î procédé en lonabience , luiduementi appelle. En. procédant, à. l'information fur.» ces- 7i8 COM pièces , on remettra auffi les anciennes aux experts , avec les procès verbaux depréfènta- tion & les ordonnances ou jugemens de riceprion. La partie civile &: publique peuvent pro- duire de nouvelles pièces de comparaifon en tout état de caufe , quand même on n auroit pas permis à l'accufé d'en indiquer. Lorfqu^il y a des pièces indiquées de part & d'autre , le juge peut ordonner fur le tout une même information par experts. Si Paccufé demande de nouveaux experts fur les pièces de comparaifon anciennes ou nouvelles , on ne peut l'ordonner qu'après Pinftruébion achevée par délibération de con- feil , à peine de nullité. Les nouveaux experts doivent toujours être nommés d'office , à peine de nullité. La nouvelle information peut être jointe au procès. Dans le cas du faux incident , l'ordon- nance veut que fi les moyens de faux font jugés admifliblcs , il foit ordonné qu'on en informera tant par titres que par témoins , par experts & par comparaifon d'écritures ou llgnatares, fans qu'il puifle être ordonné que les experts feront leur rapport fur les pièces prétendues faufles, ou qu'il fera pro- cédé préalablement à la vérification d'icelles , à peine d*e nullité. Les pièces de comparaifon doivent être four- nies par le demandeur ; & celles que préfen- reroit le défendeur ne peuvent être reçues, il ce n'eft du confentement du demandeur & de la partie publique , à peine de nullité ; faufaux juges, après l'inftruétion achevée, à admettre le défendeur à fournir de nouvelles pièces de comparaifon , s'il y échet. On obferve au furplus dans cette matière , les mêmes règles qu'en matière de faux prin- cipal , fur la qualité des pièces de comparai- fon y & fur l'apport de ces pièces, fur larepré- fentation qui en eft faite aux témoins, & fur le paraphe des pièces. Le procès-verbal de préfèntation des pie- ces de comparaifon doit être fait en préfencc des parties , ou elles duement appellées ; les parties peuvent y comparoître par procu- reur, à moins que cela ne foit autrement ordonné : on y fait mention fi le défendeur convient ou non des pièces : fi elles ne font pas reçues, on ordonne que Iç demandeur COM en fournira d'autres dans un certain délai. Les pièces de comparaifonComTçimCes aux experts de la même manière qu'il a été die ci-devant. On obferve auflî les mêmes règles quand le défendeur ou accufé demande à four- nir de nouvelles pièces de comparaifon , ou qu'il foit entendu de nouveaux experts. Lorfqu'il s'agit de procéder à la recon- noiflance des écritures & fignatures en ma- tière criminelle , Ci l'accufé nie l'écriture , ou s'il eft en défaut ou contumace , on ordonne que l'écriture fera vérifiée fur pièces de comparaifon. Le procès verbal de préfèntation de pie- ces de comparaifon fe fait en préfence de la partie publique & civile , s'il y en a , & de l'accule , lequel pour cet effet eft ame- né des prifons par ordre du juge , pour ailîf- ter au procès-verbal fans aucune fomma- tion préalable ; on n'en fait point non plus lorfque la contumace eft inftruite contre l'accule. Qiiand il n'eft pas dans les prifons & que la contumace n'eft pas inftruite, on le fom- me de comparoître au procès-verbal , com- me en matière de faux principal i cette fom- mation fe fait en la forme prefcrite par Védit de décembre 1 68o , concernant l'inftruiSlion de la contumace ; & faute par l'accufé de comparoître , on paffe outre au procès- verbal. Si l'accufé y eft préfent, on lui repréfènte les pièces de co/np^ra/yo/z pour en convenir ou les contefter fur le champ; on ne lui accorde ni délai ni confeil. Les pièces qui (ont admi- fes doivent être par lui paraphées, s'il le peut ou veut faire , finon l'on en fait mention ; & dans tous les cas elles font auffi paraphées par le juge , par la partie publique, & par la partie civile , fi elle peut &: veut les para- pher , finon l'on doit en faire mention , à peine de nullité. Au cas que les pièces ne fbient par reçues , la partie civile , s'il y en a , ou la partie pu- blique , doivent en rapporter d'autres dans le délai qui fera prefcrit , finon il fera paffé outre. Les experts qui procèdent à la vérifica- tion , doivent être nommés d'office & en- tendus féparément par forme de.dépofition : on ne peut pas ordotiner qu'ils feront préa- lablement C O M labîement leur rapport , le tout à peine de liullicé. En procédant à l'audition des experts , on doit leur repréfenter les pièces de com- paru if on. On peut auiïî dans cette matière ordon- ner que Faccufé fera tenu de faire un corps d'écriture. Enfin , on y fuit une grande partie des règles prefcrites pour la comparaijon d'écri- tures en matière de fiux principal, ainfî que Tordonnance de 1737 l'explique , ce qu'il feroit trop long de détailler ici. De ces différentes formalités prefcrites par les ordonnances pour la preuve par com- paraifon d'écritures , il réiulte bien claire- ment que cette preuve eft admile , tant en matière civile qu'en matière criminelle , èc non feulement dans le cas du faux prin- cipal ou incident , mais auflî lorfqu'il s'agit de reconnoifl'ance d'écriture ou iignature en général. Mais il cft certain que la déposition même uniforme des experts , ne fait jamais feule une preuve complète ; elle n'eft con- iîdérée que comme une femi-preuve , à caufe de l'incertitude de leur nrt pour la vérification des écritures. Voyelle commen- taire de Boiceau , fur l'article liv de l'ordon- nance de Moulins y chap. v; Ù Danty , de la preuve par témoins , ibid. le traité de la preuve par comparaifon d'écritures , de M. Levaycr ; celui de la vérification des écritures , par M. de Blegny, 6c les ordoimances qui ont été citées. {A) COMPARANT, adj. pris fub. (.Jurifpr.) ce terme qui vient de comparoir ou com- paroitrc , a deux ufages differens en ftyle de pratique. Dans les qualités des jugemens où l on dénomme d'abord les parties litigan- tes 5 chaque partie eft dite comparante par tel & tel fes avocat & procureur , c'eft-à-dire, qu'elle eft repréfcntée par eux dans les pro- cès-verbaux qui ie font devant un juge ou devant notaire. Onappelie quelquefois com- parant la partie même qui comparoît , & non-comparant celui qui ne fe préfente pas. V. ci-après Comparoir , Déiaut faute DE COMPAROIR. {A) COMPARATIF, adj.pris fubft. terme de Grammaire. Pour bien entendre ce mot , ikfeut obferver que les objets peuvent éure Tome VI ÏL C O M 71^ qualifiés ou abfolument fans aucun rapport à d'autres objets , ou relativement , c eft-à- dire , par rapport à d'autres. 1°. Lorfque l'on qualifie un objet abfolu- ment, l'adjedif qualificatif eft dit être au pofitif. Ce premier degré eft appelle ;7q/Z/-/f, parce qu'il eft comme la première pierre qui eft pofée pour fervir de fondement aux au- tres degrés de fignification ; ces degrés font appelles communément degrés de comparai- fon : Céfar étoit vaillant , le foleil eft bril- lant ; vaillant ôc brillant lont au pofitif. En fécond lieu , quand on qualifie un objet relativement à un autre , ou à d'autres, alors il y a entre ces objets ou un rapport d'égalité , ou un rapport de fupériorité , ou enfin un rapport de prééminence. S -"il y a un rapport d'égalité , l'adj eârif qualificatif eft toujours regardé comme étant au pofitif; alors l'égalité eft marquée par des adverbes œque ac , tdm quam , ita ut , & en françois par autant que , auffi que : Céfar étoit aufiTi brave qu'Alexandre Pavoit été ; (î nous étions plus proche des étoiles , elles nous paroîtroieiit aulïî brillantes que le fo- leil ; aux folftices , les nuits font auflî lon- gues que les jours. 1°. Lorlqu'on obierve un rapport de plus ou un rapport de moins dans la qualité de deux chofes comparées , alors l'adjeéèif qui énonce ce rapport eft dit au comparatif; c'eft le fécond degré de fignification , ou, comme on dit , de comparaifon , Petrus efî doâior Paulo y Pierre eft plus (avant que Paul - le foleil eft plus brillant que la lune ; 011 vous voyez qu'en latin le comparatif ç{i dii- tingué du pofitif par une îerminaifon par- ticulière, &: qu'en françois il eft diftingué par l'addition du moi plus ou du mot moins. Enfin , le troificme degré eft appelle fu^ perlatif. Ce mot eft formé de deux mots latins fuper , au delTus , & latus , porté , ainfi le fu perlatif marque la qualité portée au fuprême degré de plus ou de moins. Il y a deux fortes de fuperlatifs en fran- çois , 1°. le fuperlatif abfolu que nous for- mons avec les mots très ou 2iv&cfort ; extrê- mement ; & quand il y a admiration , avec bien : il efl bien raifonnable ; très vient du la- tin /-er , trois fois très-grand , c'eft-à-dire, trois fois grand j fort eft un abrégé de /or- tcment, , ■ . • .. Yyyy 730 C O M C O M 2°. Nous avons encore le fuperlarif rela- \ difpnr , egertf/s, Ôcc. Qiiand on veut ex'prî- tif • /■/ efl le plus raifonnabk de fes frères. \ mer un degré de ccmparaifon , & que le Nous n'avons en françois de comparatifs en un Icul mot que meilleur , pire èc moindre. « Notre langue , dit le père Eouhours , n'a poins pris de luperlatifs du latin , elle n'en a point d'autre que généralijfimc , qui eft tout françois , & que M. le cardinal de Ri- chelieu fit de Ton autorité , allant comman- der les armées de France en Italie , il nous en croyons M. de Balzac. » Doutes fur la langue françaife , p. C'a. Nous avons emprunté des Italiens cinq ou fix termes de dignité , dont nous nous fervons en certaines form.ules , &c auxquels nous nous contentons de donner une termi- nai lon françoife , qui n'empêche pas de re- coiinoirre leur origine latine ; tels font , révérendijjime , illujlrijfime , excellentijjîmt , éminentifjime. Il y a bien de L'apparence que (1 le ccm- foraùf èc le fuperlatif des latins n'avoient pas été diftingués du poiitif par des termi- iwifons particulières , comme le rapport d'égalité ne l'efl; point \ il y a , dis-je , bien cie Pnpparence que les termes de comparât f & de Juper lai if nous feroient inconnus. Les Grammairiens ont obfervé qu'en la- tin le Comparatif &c le fuperlatif fe forment du cas en / , du pofitif en ajoumnt or pour le mafcijlin ôc pour le féminin , & us pour le genre neutre. On zioute JJimus au cas en / f our form.er le fuperlatif: ainfi l'on dit fane- tus , fancîi ; fanûior , fancîius , fancliJJ'imus ; for fis , fortis , forti ; foi'tior , fortius , for- tijfmus. Les adjectifs dont le poiitif eft terminé en er , forment aufli leur comparatif du cas en /; pulckcr , pukhri ^pulchrior ,pulchrius ; mais le iupcrlatiffc forme en ajoutant r:jnus au nominatif maiculin du Tpo{^ïf,]>uk/ier,pu! therrimus. Les adjeftifs en lis fuirent la règle géné- rale pour le comparatif j facilis , facilior , facilius ; humilis , humilior ;fimilis ,fimilior : mais au luperlatif on dit yfacillimus , humil- limus , fimillimus ; d'auires fuivent la règle générale , utilis , utilior , utilijfimus, Pluiieurs noms adjectifs n'ont ni compara- tif t ni fuperlatif , tels font , Romanus , f air lus 3 dufkx , legitimus , claudus , unicus j i de mêlUîior ^ plus doux que le miel j comipfi poiitif n^^ ni compare: if :, ni fuperlatif, on fe Tcrtde magi s ^oviï m^arquer le comparatifs ôc de valdè ou de maxime pour le fuperlatif, ainii l'on dit , magis pius , ou maxime pins. On peut auffi fe fervir des adverbes magis ôc maxime y avec les adje6i;its qui ont un comparatif ôc un fuperbtit : on dit fort bien , magis doclus , ôc valdè , ou m.axim^ doclus. Les nom.s adjectifs qui ont au pofitif une voyelle devant us , comme crduus y pius ^ n'ont point ordinairement de comparatif y ni de fuperlatif. On évite ain(i le bâillement que feroit la rencontre de plusieurs voyelles de fuite , il on difoit arduior y piior : on dit plutôt magis arduus , magis pius ; ce- pendant on dix pnjfmus , qui nVft pas ià rare que piior. Ce uioi piiffimus étoit nouveau du temps de Cicéron. Marc Antoine l'ayant iiazardé , Cicéron le lui reprocha en plein fénat {Philipp. XIII , chap. xix , n. /fz ,) : Piijfimos quœris ; & quod verbum omninh nullum. in linguâ latinâ ejî, id pr opter tuant divinam pietatem novum inducis. On trouve ce mot dans les anciennes infcriptions , ôc ^ dans les meilleurs auteurs poftérieurs à Ci- céron. Ainii ce mot qui commençoit à s^in- :roduirc dans le temçs de Cicéron , fut en- suite autorifé par l'uf'age. Il ne fera pas inutile d'obferver les quatre adjeélifs fuivans bonus y malus y magnus ^ parvus ; ils n'ont ni comparatif, ni fuperlatif qui dérivent d'eux-mêmes : on y fupplce par d'autres m.ots qui ont chacun une ori- gine parnculiere. COMPARATIF. MelicT, . . , meilleur. Fejcr, pire, plus mau- vais. Major, plus grand, & de-là majeur. Miner , plus petit , mineur. Vofïîus croit que melior vient de magis velim ou malim ; Martinius & Faber le font venir de /usaw , qui veut dire curœ c/? , gra^ tum eJî y fAiKirtt , cura. Quand une choie efl meilleure qu'une autre , on en a plus de loin , elle nous efl pius chère , mea cura j fe difoit en latin de ce cp^on oimoit. Per- rotus dit que mel/or efl une contraction POSITIF. B:nus, . . bc» Malus, mauvais. A'Iiignus, grand. Panrus, . . petit. SUPERLATIF. Optimits , fort bon. Pefùmui, très-mau- vais. Mjximus, . . très- grand. Minimus , fort pe- tit. CO M on a dit iTe^nior , plus cruel que Nér< Plaute a die Pœnior , plus Carthaginol c'eft-à-dire , plus fourbe qu'un Carthagi- nois i & c'eft ainfi que Malherbe a êài ,plus Mars que Mars de la Thrace. Ilidore le fait venir de molUor , non dur , plus tendre. M. Dacier croit qu'il vient du grec a/jcuvQv , qui fignifîe meilleur. C'efl: le fentiment de Scaliger 6c de l'auteur du N^ovitius. Optimus , vient de optaîijfirnus , maxime optatus , très-fouhaité , dciirable , & par cxtenfion, très-bon, le meilleur. A Pégard depejor , Martinius dit qu'en faxon l>eus veut dire malus ; qu'ainiî on pourroii bien avoir dit autrefois en latin p:us pour malus : ©n lait le rapport qu'il y a en- tre le è de p ; :imCipeus, génitif, pcï, com- paratif , peïor y &c pour plus de facilité pejor. Pejfimus vient de pejfum , en bas , (ous les pies , qui doit être foulé aux pies ; ou bien de pejor , on a fait poiJJImus , ôc en- (iikt pejjim us par contraction. Major vient naturellement de magnus , prononcé en mouillant le gn à la manière des Itahens , ôc comme nous le prononçons en magnifique feigneur , enfcigner , àcc, Ainfi on a dit ma-ignior , major. Maximus vient aulTî de magnus ; car le X eft une lettre double qui vaut autant que es , & fouvent^j : ainfi , au lieu de magiif- fimus y on a écrit par la lettre double maximus. Minor vient du grec fJLiwffoç , parvus. Minimus vient de minor ; on trouve même dans Arnobe miniffimus digitus , le f)lus petit doigt. Les mots qui reviennent ibuvent dans Tufage iont fujets à être abrégés. Au relie , les adverbes ont auiïi des de- grés de lignification , bien y mieux , fort bien ; ben} , melius , optimè. Les Anglois, dans la formation de la plu- part de leurs comparatifs &c de leurs fuperla- tifs , ont fait comme les Latins ; ils ajou- tent er au pofitif pour former le comparatif, & ils ajoutent e/? pour le fuperlatif Rich , riche; richer , plus riche j Me richeji, le plus riche. Ils fe fervent aulïî à notre manière de more, qui veut dire plus , & de mojl , qui C O M 75Ï fignifie très-fort , le plus ; honeff , honnête ; mcre honejî , plus honnête ; mojî honef. , très- honnête , le plus honnête. Les Italiens ajoutent au pofitif p/i , plus , ou mena, moins, félon que la chofe doit être ou élevée ou abaifiée. Ils fe fervent auffi de molto pour le fuperlatif, quoiqu'ils aient des fuperktifs à la manière des Latins : belliffimo ., très-beau \ bellrjfnna , très-belle ; buonijfîmo , très - bon ; buonijjima , très- bonne. Chaque langue a fiir ces points fès ufa- ges j qui font expliqués dans les grammaires particulières. {F) COMPARATJONE ;punc}um ex com^ paratione, c'eft ainli quAppollonius appelle l'un d^s foyers de l'ellipfe ou de l'hyperbole. ^cje:(_ Foyer. (O) COMPARER , V. ad. quî défigne racte de l'entendement , appelle comparaifon. V. Comparaison. Comparer des équations , eft une exprell fion dont on fe fert quelquefois dans Tana- lyfe pour réduire plufieurs équations en une ièule. Soit , par exemple , x-=^ ayy^ x=a a — y y , comparant enfemble les deux valeurs de x que fournifient ces équations, on a. 2 ayy=^aa — yy; équation qui nÊ ren- ferme plus qu'une inconnue. Cet exemple très-fimple fuffit pour en faire imaginer d'autres. Foye^ Evanouissement & Ré- duction. (O) COMPARES, f. f pi. {Jurifpr.) font des ufages & des redevances prétendues par les vicomtes de Narbonne contre Pévêque du même lieu. Il en eft parlé dans la vie d' Aymeri IIl , liv. IV , des mém. de Langue" doc , page £8G. {A) COMPAROIR ou COMPAROITRE, V. n. {Jurifpr.) fignifie ih préfemer devant le juge , greffier, notaire, ou autre offi- cier public , pour répondre à une fomma- tion ou affignatioH. Voye^ ci'devam Com- parant. Il y a des défauts faute de comparoir. V. au mot Défaut. Anciennement lorfqu'un bourgeois de Bourges, mandé par le prévôt ou par le voyer, n'avoit pas comparu , &; étoit con- damné à l'amende ; fi ce bourgeois vouloit être déchargé de l'amende , prétendant qu'il n'avoit pas reçu PavertilTement , il faîloic Yyyy i 75* C O M qu'il fe battît en duel , fuivant la coutume barbare de ce temps-là , où le duel paflbit pour un moyen de s'afTurcr de la vérité des laits. Louis VI abolit cette mauvaife cou- tume , ik ordonna que quand un bourgeois de Bourges aflSrmeroit qu'il n'avoit pas reçu l'avertiflèment , il feroit quitte de l'amende , ôc qu'il n'y auroit plus de duel comme aupa- ravant. Cette ordonnance de Louis VI fut confirmée par Louis VII en 1 145 , de par Louis VIII en 1224. Voye^ le recueil des vrdonnnn es de la troifîeme race. {A) COMPARTIMENT, f. f. en architec- ture , peinture , fculpture , & autres arts , eft la dépofîtion de figures régulières , for- mées de lignes droites ou courbes & pa- rallèles , & divifées avec fymmécrie p<»urles lambris, les plafonds de plâtre, de ftuc, de bois, &c. êc pour les pavemens de pierre dure , de marbre , de mofaïque , &x. Compariimens polygones , font cebx qui ibnt formés de figures régulières & répétées, ëc qui peuvent être compris dans un cercle , comme les compartimens du Val-de-Grace ^ de l'Aflom-ption à Paris, Compartimens des rues , eft la diftribution régulière des rues , îles , &: quartiers d^une ville. Compartimens de tuiles , eft l'arrangement /"ymmétrifé de tuiles blanches , rouges , de verniflees , pour la décoration des couver- tures & des combles. Compartimens de vitres ^ font les diffé- rentes figures que forment les panneaux de vitres blanches ou peintes. Compartimens de parterre , ce font les dif- férentes pièces qui donnent la forme à un parterre dans un jardin. (P) ; COMPARTITEUR, r. m. (Jz//7/^/-.) quafi partitor , eft celui des juges qui a ou- vert le premier un avis contraire à celui du rapporteur , & qui a commencé le par- tage d'opinions ; ce qui n'arrive que par partage d'opinions dans les procès par écrit ou inftances appointées en matière civile ; car en matière criminelle il n'y a jamais de partage, c'eft-à-dire, que quand les avis font partagés , le jugement pafïè à l'avis le plus doux ; & dans les affaires civiles d'audience , lorfque les avis font partagés, on ordonne un délibéré ou appointement. Au parlement ;, lorfqu'une affaire fe C O M trouve partagée , elle eft portée dans une autre chambre pour y être jugée \ le rap- porteur & le compartiteur vont dans cette chambre expofer chacun les motifs & les raifons de leurs avis. Fbjeiç^ Partage. {A) COMPARUIT, f. m. {Jurifpr.) eft un adle que le juge délivre à l'une des parties litigantes , pour certifier fa comparution , lorlque Pautre partie eft défaillante ou décédée j pour faire appeller de nouveau en caufe le défaillant ou (es héritiers i pour reprendre l'inftance , & procéder fui- vant les derniers erremens. Il en eft parlé dans la coutume de Lille , art. cxxxvij de l'ancienne i & en la nouvelle, titre de l' ac- tion ^ art. XX y & en l'ancienne coutume de Boulonnois , à la fin ; & celle de Dreux , art. Irij , où. ce terme femble fignlfier le défaut que le demandeur fait à l'alïîgnation qu'il a fait donner au défendeur. Dans l'ufage préfènt , la cédule de prélentatioii que le procureur de chaque partie doit prendre au greffe , tient lieu d'ade de com- paruit. Voyez le glojf. de M. de Lauriere à ce mot comparuit. {A) ^ COMPARUTION, f f . {Jurifpr.) t^ l'ade que fiit celui qui fe préfence en juf- tice , ou devant un notaire , ou autre ofîî- cier public. Il y a des actes de juftice où la Comparution doit être faite en perfonne : par exemple , en matière civile , lorfqu'une par- tie doit fubir interrogatoire ou prêter fer- ment en matière criminelle , lorfque l'ac- cufé eft décrété d'affigné pour être oui ,. ou d'ajournement perfonnel. Il y a d'autres a(àes de juftice où la com- parution eft néanmoins différente de la préfentation proprement dite , par laquelle on entend l'adte par lequel un procureur fo conftitue pour fa partie. La comparution peut être faite par la par- tie en perfonne , ou par le miniftere de fon avocat de de fon procureur , comme dans les matières civiles ordinaires. La comparution devant un notaire , ou autre ofïicier public , pour des a6tes extra- judiciaires , fe faitaulïi par la partie en per- fonne , ou par le miniftere de fon procu- reur ad lites ; mais elle peut aufîî être faite- par le miniftere d'un procureur ad negotia , qu'on appelle communémait un fondé d& procuration». C O M Le demandeur ou autre perfonne qui provoque le miniftere du juge ou aurre officier public , fait fa comparution de fon propre mouvement j au lieu que le défen- deur fait la lîenne en conféquence d'une fommation çu d'une allignation , & quel- quefois en conféquence d^une ordonnance ou autre jugement , qui ordonne un procès- verbal ou autre a6te extrajudiciaire , où les parties doivent comparoitre en perfonne. Dans les procès- verbaux & autres actes faits par les juges notaires, ou autres of- ficiers publics , dans lefquels les parties doivent comparoitre en perfonne ou par procureur, on donne adte refpedtivement îiux parties ou à leurs procureurs , de leurs comparutions , dires , & requilîtions , dé- fenfes au contraire ; ôc s'il y a des défaillans , on donne défaut contre eux. Voye-^ci-devant Comparant & Comparoir, ù Présen- tation. ( A ) COMPAS, f. m. inftrument de mathé- matique , dont on fe lert pour décrire des cercles & mefurer des lignes , ùc. Voye^ Cercle, & Ligne, &c. Le compas ordinaire eft compofé de deux jambes ou branches de laiton , de fer , ou de quelque autre métal , pointues par en- bas, de jointes en-haut par un rivet , fur lequel elles fe meuvent comme fur un centre. On attribue Pinvention du compas à Ta- lalis , neveu de Dédale par fà fœur. Selon les poètes. Dédale conçut une telle envie contre Talaiis , qu ij le tua. L'auteur du labyrinthe de Crète ne devoit pourtant point être jaloux d'un compas. Nous avons aujourd'hui des compas de différentes efpeces & conftruâiions , com- me des Compas a trois branches. Leur conf- tru6tion eft femblable à celle des compas or- dinaires , excepté qu'ils ont une branche de plus. Ils fervent à prendre trois points à la fois, ôc à former ainïi des triangles , à placer trois pofîtiom à la fois d'une carte que l'on veut copier, &c. Le compas a verge confîfte en une longue branche ou verge, portant deux curfeurs ou boîtes de laiton , l'une fixée à un bout , l'autre pouvant glilîer le long de k verg.e avec uiie vis , pour l'airujettij; fuiyant COM -}i le befoin. On peut viffer à (es curfeurs des pointes de toute efpece , foît d-'acier , ou de quelqu^iutre chofe femblable. On s'en ferc pour décrire de grands cercles , oa pren- dre de grandes longueurs. Le Compas D\ARTisAN€ft fort& foH- de , fon ufage ordinaire étant de fervir à couper le carton, le cuivre , &c. Il eft rra- verfé par un quart de cercle , afin qu on puilTe l'arrêter fixement à une ouverture , ^ en ferrant une vis qui appuie fur le quart de cercle. Le Compas a l'allemande a fes bran- ches un peu courbées , enforte que les poin- tes ne fe joignent que par les bouts. Compas a pointes changeantes : on appelle ainfi des compas qui onD dilfcrentes pointes , que l'on peut ôter & remettre fe- lonje befoin.^ Ils ibnr fon utiles dans les delïins d'archîtedure , où il s'agit aflèz fou- vent de faire des traits bien formés , bien dillinds , &c très-déliés. Compas a ressort : ce compas eft tout fait d'acier trempé , & fa tête eft contour- née de manière qu'il s'ouvre de lui-même gar fon refTort j la vis qui le traverfe en arc , fert à l'ouvrir ôc à. h fermer à volonié par le moyen d'un écrou. Cette forte de compas eft fort commode pour prendre de petites mefures, & faire de petites diviiîons : mais ils doivent être un peu courts , & trempés de manière qu'ils fafTent bien refïbrt , Ôc qu'ils ne cafïent pas. Compas a pointes tournantes ; c'eft une nouvelle invention de compas pour évi- ter l'embarras de changer de pointes ; fon corps eft femblable au compas ordinaire ; vers le bas ôc en-dehors , on ajoute aux pointes ordinaires deux autres pointes, dont l'une porte un crayon , & l'autre fert de plume; elles font ajuftées toutes deux de manière qu'on puifTc ks tourner au befoin. Quant à la rrempe de ces compas, les pointes des petits fe trempent par le moyen d'un chalumeau ôc d'une Limpe ; on les fait chauffer jufqu'à ce qu'ils foient rouges; on les laifîe refroidir ,. & elles font trempées , c'eft-à-dire, durcies. Les pointes plus grofîes fé trempent au feu de chaiboiï avec le chalumeau; on les chauffe jufqu'à ce qu'elles foient d'un rou^e cerife , Se oa 7U C O M les plonge enfuice dans l'eau. Voy. Trempe. Harris Ù Ckambîrs. ( E) Compas de proportion : cet inftru- menr de mathématiques que les Anglois appellent /èc7ci/r, eft d'un grand ufage pour trouver des proportions entre des quantités de même elpece , comme entre lignes & lignes , iurfiices Ôc furfaces , &c. c'eft pour- quoi on Pappelle en France , compas depro- porùor. Le grand avantage du compas de propor- tion fur les échelles communes , confîfte en ce qu'il eft fait de telle forte , qu^il convient à tous les rayons & à toutes les échelles. Par les lignes des cordes , des linus , ùc. qui iont fur le compas de proportion , on a les lignes des cordes , des linus , ùc. d'un rayon quelconque , compriles entre la lon- gueur & la largeur du /cc?ei/r ou compas de proportion , quand il eft ouvert. V. Echelle & Ligne. 'Lt compas de proportion eft fondé fur la quatrième proportion du iixieme livre d'Euclide , où il eft démontré que les trian- gles femblables ont leurs côtés homologues proportioiinels. Voici comment on peut en prendre une idée. Suppofons que les lignes AB , A C {fig. x6, Géom. ) foient les jambes du compas ^ ôc que AD , A E repréfentcnt deux ferions égales qui paflent parle centre , ou qui partent du centre ; fi alors on joint les points C5 , & Z> £ , les lignes C B ,D E feront parallèles : c'eft pourquoi les trian- gles AD E, A CB font femblables , & par conféquent les côtés A D , D E , AB , (k B C font proportionels ; c'eft-à-dire , que AD.DE :: A B.B C: donc Ci AD eft la moitié , le tiers , oa le quart de A B , D ECera. aulli k moitié, letiers, ou le quart de B C. Il en eft de même de tout le refte, C'eft pourquoi fi -^ D eft corde , finus , ou tangente d^un nombre quelconque de degrés pour le rayon A B ,D E fera la mêmcchofe pour le rayon B C. V. Corde j Sinus , ùc. Defcription du eompas de proportion. Cet inftrum.ent confifteen deux règles ou jam- bes égales, de cuivre ou d'autre matière, rivées l'une à l'autre , en forte néanmoins qu'elles peuvent tourner librement fur leur charnière. Voye':^ fa figure , Plan, géom, fig. i£. Sur les furfaces de cet inftrument font tracées plufieurs lignes, dont les principales | C O M font la ligne des parties égales , la ligne des cordes, la ligne des finus , la ligne des tan- gentes, la ligne des iecantes, ôc la ligne des polygones. La ligne des parties égales , que l'on ap- pelle aulfi ligne des lignes , marquée X , eft une ligne divifée en loo parties égales; & quand la longueur de la jambe le permet , chaque partie eft fubdivifée en moitiés & quarts. Cette ligne fe trouve fur chaque jambe du compas ^ &c du même côté, avec les diviiions marquées 1,1,3,4, &c. juf- qu'à 10 , qui eft vers l'extrémité de chaque jambe. Remarquez que dans la pratique , i eft pris pour 10, ou ico , ou 1000, ou loooo .&c. fuivant le befoin; en ce cas, 1 repréfente 20, ou 200, ou 2000 , 6'c. 8c ainfi du refte. La ligne des cordes marquée C fur chaque jambe eft divifée fuivant la manière ordinaire, & numérotée 10, 20, 50 , &c. jufqu'à 60. Voye:(^ Corde. La ligne des iînus marquée fur chaque jambe par la lettre S , eft une ligne des finus naturels , numérotée 10, 20, 30, &c. jufqu'à 90, ^cyer Sinus. La ligne des tangentes , marquée fur cha- que jambe par la lettre T, eft une ligne des tangentes naturelles, numérotée 10, 20, 30, &c. jufqu'à 45. Outre cela, il y a une petite hgne des tangentes fur chaque jambe, qui commence à 48°, ôc s'étend jufqu'à 7f°; elle eft marquée par la lettre t. Voye^ Tangente. La ligne des fécantes marquée lur chaque jambe par la lettre S , eft une ligne des fécantes naturelles numérotée , 1 o 20 , 30 , &c. juiqu'à 75 j cette ligne ne parc pas du centre de l'inftrument j fon commen- cement en eft diftant de deux pouces. Voye':^ Sécante. La Hgne des polygones marquée par la lettre P far chaque jambe, eft nu- mérotée, 4, 5, 6, ùc. jufqu'à 12; elle commence à trois pouces du centre de l'inf- trument. Voyc-;^ Polygone. Outre CQs lignes , qui font eftentielles au compas de proportion , il y en a d'autres pro- che de fes bords extérieurs fur l'une &c l'au- tre face , &: parallèles à ces bords ; elles fer- vent aufTî à des ufages particuliers , dont nous parlerons. Les lignes que l'on trouve par le moyen du compas de prcporiion font de deux elpe- ces 'y elles font latérales bu parallèles. Les C OM premières font celles que l'on trouve fur la longueur des cotés de cet inlmimcnt , comme A B , A C, ifig. Gx-,) &c les der- niereSj celles qui traver'ènt d'une jambe à l'autre , comme D P2, C ]3. P^emarquez que Tordre ou l'arrangement des lignes fur les compas de proportion les plus modernes , eft différent de celui qui eft obfervé fur les anciens; cnr la même ligne n^eft pas mifè aujourd'hui à la même diftance du bord de chaque côté ; mais la ligne des cordes , par exemple , eft la plus intérieure d^'un coté , & la ligne des tangentes fur TaUÉj^ L'avan- tage eft que, quand Tinftrument eft mis à un rayon pour les cordes , il fert auili pour les iinus & les tangentes, fans que l'on foit obligé d'en changer l'ouverture ; car la paral- lèle entre les nombres 60 & 60 des cor- des , celle qui entre les nombres 90 & 90 des iii>as , àc celle qui eft entre les nombres 45 ô^ 45 des tangentes , font toutes égales, Chafnbers. La defcription que Ton vient de donner de cet inftrument , eft conforme à la conl- rruâ:ion angloife. Les ccmpas de proportion qui composent ce que Ton appelle en France un étui de mathématiques , coniiftent aufîî en deux reglesallemblées , comme ci-deflus, dont chacune a pour Tordinaire G pouces de ' long , <3 à 7 lignes de large , & environ 1 lignes d'épaifleur. On en fait de plus petits, pour avoir la commodité de les porter dans la poche , & de plus grands pour travailler fur le terrain , dont on proportionne la lar-- geur & Tépaillcur. On a coutume d'y tracer C fortes de lignes ; favoir la Hgne des parties égale , celle des plans & celle des poly- gones d'un côté ; la ligne des cordes , celle des folides & celle des métaux de l'autre côté des jambes de cet inftrument. On m^et encore ordinairement fur le bord d'un côté une ligne divifée , qui fert à con- noltre le calibre des canons , &c de l'autre côté une ligne qui fert à connoître le diamè- tre Se le poids des boulets de fer , depuis un quart jufqu''à 64 Hvres. Ufcge de la ligne des parties égales du com- pas de proportion. Pour divifer une ligne donnée en un nombre quelconque de par- ties égales , par exemple , en fept ; prenez la ligne donnée avec votre compas ; mettez une de fcs pointes fm une divifion de la C O M 735 ligne des parties égales , enforte que cetre longueur puifle être exactement divi- fée par 7 ; mettez-la , par exemple , fur 70 , dont la (eptieme partie eft 10 ; ouvrez la iedbion ou plutôt le compas de proportion , jufqu'ài^e que l'autre pointe tombe exaéle- ment fur le nombre 70 de la même ligne des parties égales tracée fur l'autre jambe : dans cette difpoiition , fi Ton met une pointe du ccmpjs au nombre 10 de la m^ême ligne, Se qu'on lui donne une ouverture telle que fon autre pointe tombe au nombre 10 de la même ligne tracée fur l'autre jambe, cette ouverture fera la feptieme partie de la ligne donnée. Remarquez que fi la ligne à diviler eft trop longue pour être appliquée aux jambes du compas de proportion, on en divi- fera feulement une moitié ou une quatriè- me partie par 7 , & le double ou le qua- druple de cette ligne fera la feptieme partie de la ligne totale. 1°. Pour mefurer les lignes du périmètre d'un polygone , dont un des cotés contient un nombre donné de parties égales ; prenez la ligne donnée avec votre compas , & met- tez-la fur la hgne des parties égales , au nombre des parties for chaque côté qui exprime fa longueur j le compas depropcrtion reftant dans cet état , mettez la longueur de chacune des autres lignes parallèlement à la première , & les nombres où chacune d'elles tombera , exprimeront la longueur de ces lignes. 5°. Une ligne droite étant donnée & le nombre des parties qu'elle contient, par exemple 120 , pour en retrancher une plus petite qui contienne un nombre quelconque des mêmes parties égales , par exem.ple 15 , prenez la ligne donnée avec le compas ordi- naire ; ouvrez le compas de proportion jus- qu'à ce que les deux pointés tombent fur 1 20 de chaque côté ; alors la diftance de 25 à 2^ donnera la ligne demandée. 4°. Pour trouver une troifieme propor- tionnelle à deux lignes données ou une qua- trième à trois ; dans le premier cas , prenez avec votre co/tî/;^^ la longueur de la première ligne donnée , Se mettez-la fur la ligne des parties égales depuis le centre jufqu'au nom- bre oii elle fe termine ; alors ouvrez le com^ pas de proportion , jufqu'àçe que la longueur , de la féconde Hgne foit renfermée dans Tou- 73^ COM ^ ^ verrurc comprife entre les extrémités de îa première. Le compas de proportion reliant ainfi ouvert , mettez la longueur de la fé- conde ligne fur les deux jambes de l^inftru- ment , en commençant au centre , & remar- quez où elle fe termine; la diftance qui eft comprife entre ce nombre & le même qui lui répond fur l'autre jambe , donne la troi- lieme proportionnelle : dans le fécond cas, prenez la féconde ligne avec votre compas , & ouvrant le compas de proportion , appli- quez cette étendue aux extrémités delà pre- mière , que l'on a portée fur les deux jambes de rinfrrument depuis le centre. Le compas de proportion reflant ainlî ouvert , portez la troiflem.e ligne comme ci-de(ïus depuis le centre ; alors l'étendue qui eft entre le nom- bre oii elle fe termine fur les deux jambes , eft la quatrième proportionnelle. 5°. Pourdivifer une ligne en une rai{bn donnée quelconque , par exemple en deux parties qui foientTune à l'autre comme 40 eft à 70 , ajoutez enfembleles deux nombres donnés, leur fomme eft no ; alors prenez avec votre compas la ligne propofée que l'on fuppofe 165 , &: ouvrez Tinftrument juf- qu'à ce que cette diftance s'étende 1 10 à 100 fur les deux jambes; le fecleur demeurant ainli ouvert , prenez la diftance de 40 à 40 , comme aufîi celle de 70 à 70 ; la première donnera 60 , & la dernière 105 , qui feront les parties que Ton propofoit de trouver ; car 40. 70 : : 60. loy. 6°. Y'our ouvrir ]e compas de proportion de forte que les deux lignes des parties égales fadent un angle droit , trouvez trois nom- bres comme 3 , 4 & 5 , ou leurs équimul- tibles, 60, 80, 100, qui puiflent expri- mer les côtés d'un triangle redangle ; pre- nez alors avec votre compas la diftance du centre à loo , & ouvrez l'inftrument juf- qu'à ce qu'une des pointes de votre compas étant mife fur 80, l'autre pointe tombe fur le point 60 de l'autre jambe, alors les deux lignes des parties égales renferment un angle droit. 7**. Pour trouver une ligiîe droite égale à la circonférence d'un cercle ; comme le diamètre d'un cercle eft à fa circonférence à-peu-près comme yo eft à 157, prenez le diamètre avec votre compas , 6c mettez ce 4iametre fur les jambes de Pinftrument de C OM yo à |o ; en le lailTant ainil ouvert , prenez avec le compas la diftance de 1 57 à 1 57 ; elle fera la circonférence demandée. Ufage de la ligne des cordes du compas de proportion. 1°. Pour ouvrir cet inftrument enforte que les deux lignes des cordes faf- lent un angle d'un nombre quelconque de degrés , par exemple 40 ; prenez fur la ligne des cordes la diftance depuis la charnière jufqu'à 40, nombre des degrés propofés; ouvrez l'inftrument jufqu'à ce que la di(- tance de 6g à 60 fur chaque jambe foit égale à la dift^ÉJ^ufdite de 40 ; alors la ligne des cordes faSPnigle requis. 2°. L'inftrument étant ouvert , pour trou- ver les degrés de fon ouverture, prenez l'étendue de 60, à 60 ; mettez-la fur la ligne des cordes en commençant au centre , le nombre oli elle fe terminera fera voir les degrés de (on ouverture. En mettant des vifieres ou des pinnules fur la ligne des cor- des , le Compas de proportion peut fervir à prendre des angles fur le terrain , de même que réquerre «d'arpenteur, le demi-cercle ou le graphometre. 3°. Pour faire un angle d'un nombre don- né de degrés quelconque fur une ligne don- née , décrivez fur la ligne donnée un arc de cercle , dont le centre eft le point où doit être le fommet de l'angle ; mettez le rayon de 60 à 60 ; ôc l'inftrument reftant daios cette lituarion , prenez fur chaque jambe la diftance des deux nombres qui expri- ment les degrés propofés, & portez-la de la ligne donnée fur Parc qui a été décrit ; enfin , tirant une ligne du centre par l'ex- trémité de l'arc , cette ligne fera l'anale propoie. 4°. Pour trouver les degrés que contient un angle donné , autour du fommet décri- vez un arc, Ôc ouvrez le compas de propor- tion jufqu'à ce que la diftance de 60 à 60 fur chaque jambe foit égale au rayon du cercle ; prenant alors avec le compas ordi- naire la corde de l'arc , & la portant fur les jambes de cet inftrument , voyez à quel même nombre de degrés fur chaque jambe tombent les pointes du compas ; ce nom- bre eft la quantité de degfés que contient l'angle donné. 5°. Pour retrancher un arc d'une gran- deur quelconque de la circonférence d'un- cercle C OM cercle , ouvrez l'infiruraent j'ufqu'à ce que la diftance de 60 à 60 foit égale au rayon du cercle donné : prenez alors l'étendue de la corde du nombre de degrés donné fur chaque jambe de l'inllrument , & mettez-la {urla circonférence du cercle donné. Par ce moyen on peut infcrire dans un cercle donné un polygone régulier quelconque , aufli-bien que par la ligne des polygones. Ufage de la ligne des polygones du com- pas de proportion 1°. Pour infcrire un poly- gone régulier dans un cercle donné , prenez avec le compas ordinaire le rayon du cercle donné, & ajuftez-le au nombre 6 de la ligne des polygones (ùr chaque jambe de l'ini- trument ; en le laiflant ainfi ouvert , pre- nez la diftance des deux mêmes nombres qui expriment le nombre des côtés que doit avoir le polygone ; par exemple , la diflance de 5 à 5 pour un pentagone , de 7 à 7 pour un eptagone , &c. c&s diiknces portées au- tour de la circonférence du cercle, la di- viferont en un pareil nombre de parties égales. 2°. Pour décrire un polygone régulier , par exemple un pentagone , fur une ligne droite donnée , avec le compas ordinaire , prenez la longueur de la ligne , appliquez- la à l'étendue des nombres 5 » 5 ^^^ l^s li- gnes des polygones ; l'ihflrument demeu- rant ainfi ouvert, prenez fur les mêmes li- gnes l'étendue de 6 à 6 , cette diftance fera le rayon du cercle dans lequel le polygone propofé doit être infcrit ; alors, fi des extré- mités de la ligne donnée l'on décrit avec ce rayon deux arcs de cercle , leur interfedion fera le centre du cercle cherché. 3°. Pour décrire fur une ligne droite un triangle ifocele , dont les angles fur la bafe foient doubles chacun de l'angle au fommet, ouvrez l'inftrument jufqu'à ce que les extré- mités de la ligne donnée tombent (ùr les points 10 & 10 de chaque jambe ; prenez alors la diftance de 6 à 6 , elle fera la lon- gueur de chacun des deux côtés égaux du triangle cherché. Ufage de la ligne des plans du compas de proportion. On voudroit conflruire un trian- gle .^ 5 C femblable au triangle donné abc, & triple en furface {Plane, d' arpentage, fig. z J.) ; il n'y a qu';\ prendre avec un compas commun la longueur du côté ab jla. porter fur la ligne des plans à l'ouverture du p.'e- Tome VIII. COM 737 rnîer plan : le compas de proportion refiant ainfi ouvert, on prendra avec le compas com- mun l'ouverture du troifieme plan , & l'on aura la longueur du côté homologue au côté a b : on trouvera de la même matière les côtés homologues aux deux autres côtés du triangle propofé , & de ces trois côtés l'on en formera le triangle ABC, qui fera fem- blable au triangle donné a b c , &c triple en furface. Si le plan propofé a plus de trois côtés , on le réduira en triangles par une ou plu- lîeurs diagonales : (i c'ert un cercle qu'il s'agiiîè de diminuer ou d'augmenter y on fera fur fon diamètre l'opération que nous venons de décrire. Etant données deux figures planes fera- blables (/%•. 24.), trouver quel rapport elles ont entr 'elles. Prenez lequel vous voudrez des côtés de l'une de ces figures , & le portez à l'ou- verture de quelque plan; prenez enfliite le côté homologue de l'autre figure , & voyez à l'ouverture de quel plan il convient ; les deux nombres auxquels conviennent les deux côtés homologues , expriment la raifon que les plans propofés onf^ entr'eux : û le côté a b , par exemple , de la- plus petite , con-- vient au quatrième plan , & que le côté homologue A B de l'autre convienne au fixieme plan , les deux plans propofés fe- ront entr'eux comme 4 eft à 6 , ou comme 2. efl à 3. Mais fî le côté d'une figure ayant été mis à l'ouverture d'un plan , le côté homologue ne peut s'ajufler à l'ouverture d'aucun nombre entier , il faudra mettre ledit côté de la première figure à l'ouver- ture de quelque autre plarf , jufqu'à ce qu'on trouvt un nombre entier , dont l'ouver- ture convienne à la longueur du côté homo- logue de l'autre figure y afin d'éviter les fradions. Si les figures propofées font fi grandes qu'aucun de leurs côtés ne fè puilTe appli- quer à l'ouverture des jamtes du compas de proportion j prenez les moitiés , les tiers ou les quarts , &c. de chacun des deux cô~ tés homologues defdites figures , & les com- parant enfemble vous aurez la proportion des plans. Entre deux lignes droites données trou- ver une moyenne proportionnelle. Portez Z z z z 73? C O M jchacune àes deux lignes données fur la li- gne des parties égales du compas de propor- tion y afin de favoir le nombre que chacu- ne en contient ; & fuppofé , par exemple, que la moindre ligne foit de 20 parties égales , & la plus grande de 45 > portez cette plus grande à l'ouverture du quarante- cinquième plan , qui dénote le nombre de fes parties : le compas de proportion refîant ainfi ouvert , prenez l'ouverture du ving- tième plan , qui marque le nombre des par- fiei; égales de la plus petite ligne ; cette ou- verturç qui doit contenir trente des mêmes parties , donnera la moyenne proportion- nelle ; car 2.0 font à 30 comme 30 lonf ià45. Mais comme le plus grand nombre de la ligne des plans ell 64 , fi quelqu'une àcs lignes propofées contenoitun plus grand nombre de parties égales , on pourroit faire ladixe opération fur leurs moitiés , tiers ou quarts , Ùc. en cette forte : fuppofant , par exemple , que la moindre des lignes pro- pofées foit de 32 & l'autre de 72 ; portez la moitié de la grande ligne à l'ouverture du trente-fixieme plan , & prenez l'ouver- ture du feizieme ; cette ouverture étant dou- blée donnera la moyenne proportionnelle que l'on cherche. Ufagede la ligne des foUdes du compas de proportion. Augmenter ou diminuer des folides femblables quelconques félon une raifbn donnée. Soit propofé , par exemple , un cube du- quel on en demande un qui foit double en folidité : portez le côté du cube donné fur la ligne des folides à l'ouverture de tel nombre que vous voudrez , comme , par exemple , de 20 à 20 ; prenez enfuite l'ou- verture d'un nombre double , comme efl en cet exemple le nombre 40 ; cette ouver- ture efl le Qoii d'un cube double du propofé. Si l'on propofé un globe ou fphere , & qu'on veuille en faire une autre qui foit trois fois plus groffe , portez le diamètre de la fphere propofée à l'ouverture de tel nom- bre qui vous plaira , comme par exemple de 20 à 20 , & prenez l'ouverture de 60 , ce fera le diamètre d'une autre Iphere tri- ple en fofidité. Si les lignes font trop grandes pour erre .appliquées A l'ouverture du compas de pro- portion , |)iei)ç;?;-,ç9 1^ jnaoitié j le tiers ou le C O M quart \ ce qui en proviendra après l'opéra- tion , fera moitié , tiers ou quart des dimen- fions que l'on demande. Etsnt donnés deux corps femblables, trouver quel rapport ils ont entr'eux. Pre- nez lequel vous voudrez des côtés de l'uti des corps propofés ; & l'ayant porté à Tou- verture de quelque folide , prenez le côté homologue de l'autre corps , & voyez % quel nombre des folides il convient ; les nombres auxquels ces deux côtés homolo- gues conviennent , indiquent le rapport def deux corps femblables propofés. Si le premiier ayant été mis à l'ouverture de quelque folide , le côté homologue du fécond ne peut s'accommoder à l'ouverture d'aucun nombre ; portez-le du côté du pre- mier corps à l'ouverture de quclqu'autre folide , jufqu'à ce que le côté homologue du fécond corps s'accommode à l'ouverture de quelque nombre des folides. Ufage de la ligne des métaux. Etant donné le diamètre d'un globe ou boulet de quelqu'un Aqs fix métaux , trouver le dia- mètre d'un autre globe de même poids , & duquel on voudra defdits métaux. Prenez le diamètre donné & le portez à l'ouverture des deux points marqués du caradere qui dénote le métal du boulet ^ & le compas de proportion demeurant ainû ouvert , prenez l'ouverture des points cotés du caradere qui fignifie le métal dont on veut faire le boulet : cette ouverture fera fon diamètre. Si au lieu de globes on propofé des corps femblables ayant plufieurs faces , faites la même opération que ci-deffus pour trçuver chacun des côtés homologues , les uns après les autres , afin d'avoir les longueurs , lar- geurs , & épaiffeurs des corps qu'on vevit . conflruire. Ufages des lignes desjinus y des tang£n~ tes y desfecœntes y lorjqu'il y en a de tracées furie compas de proportion. Par plufieurs li- gnes qui font placées fur cet infirument, nous avons des échelles pour dijflférens rayons ; enforte qu'ayant une longueur ou un rayon donné , qui n'excède pas la plus grande étendue de l'ouverture de l'infirumcnt , op en trouve les cordes, les fmus, Ùc. Par exem- ple , fuppofons que l'on demande la cor- de , le finus , ou 1^ tangeçite de dix degrés C O M pour un rayon de trois pouces ; donnez trois pouces à l'ouverture de l'inflrument entre 60 & 60 fur les lignes des cordes des deux jambes , alors la même longueur s'étendra de 45 à 4$ fur la ligne des tangentes , & de ^oà9orur la ligne des fmusde l'autre côté de l'inflrument ; enforte que la ligne des cordes étant mife à un rayon quelconque , toutes les autres fe trouvent mifes au même rayon. C'ert pourquoi fi dans cette difpo- fition on prencT avec le compas ordinaire l'ouverture entre 10 & 10 fur [es lignes des cordes , cela donnera la corde de dix de- grés ; en prenant de la même manière l'ou- verture de 10 en 10 fur les lignes des finus, on aura le finus de dix degrés ; enfin ii l'on prend encore de Iji mêm'e manière l'ouver- ture de 10 en 10 fur les lignes des tangen- tes , cette diftance donnera la tangente de dix degrés. Si l'on veut la corde ou la tangente de 70 degrés , pour la corde on peut prendre l'ouverture de la moitié de cet arc , c'eft- à-dire 3 5 ; cette diflance prife deux fois don- ne la corde de 70^. Pour trouver la tan- gente de 70^. pour le même rayon , on doit faire ufage de la petite ligne des tangentes , l'autre s'étendant feulement jufqu'à 45^. : c'eft pourquoi donnant trois pouces à l'ou- verture entre 45 & 45 fur cette petite ligne, la diilance de 70 & 70 degnés fur la même ligne, fera la tangente de 70 degrés pour un rayon de trois pouces. Pour trouver la fecante d'un arc , faites que le rayon donné foit l'ouverture de l'inf- trument entre o & o fur la ligne des fecan- tes ; alors l'ouverture de 10 en 10 , ou de 70 entre 70 fur lefdites lignes , donnera la tan- gente de 10 ou de 70 degrés. Si l'on demande la controverfc de quel- qu'un des cas précédens , c'eft-à-dire fi l'on demande le rayon dont une ligne donnée eft le finus , la tangente ou la fecante , il n'y a qu'à f;ire que la ligne donnée , fi c'eft une corde , foit l'ouverture de la ligne des cordes entre 10 & 10 , alors l'infirument fera ouvert au rayon requis ; c'efi-à-dire que le rayon demandé eft l'ouverture entre 00 & 60 fur ladite ligne. Si la ligne donnée efi un finus , une tangente , ou une fecan- te , il n'y a qu'à faire qu'elle foit l'ouverture du nombre donné de degrés ; alors la difian- C O M 75^ ce êe 90 à 90 fur les finos , de 4^ à 4^ fur les tangentes , de oào (urjes fecantes , doa- nera le rayon. Ufage du compas de proportion entrlgo^ nomùrie. 1°. La bafe & la perpendiculaire d'un triangle redangle étant données, trou- ver l'hypothénufe. Suppofonsla bafc ^C(P/. Trigonom. fig. s..) =40 milles, & laper-» pendiculaire AB= 30; ouvrez l'infirument jufqu'à ce que les deux lignes des lignes, c'eft- à-dire les deux lignes des parties égales, faflènt un angle droit ; puis pour la bafe pre- nez 40 parties de la ligne des parties égales fur une jambe , & pour la perpendiculaire 3*^ parties de la même ligne fur l'autre jambe ; alors la diftance du nombre 40 fur l'une des jambes _, au nombre 30 {ur l'autre jambe , étant prifè avec le compas ordinaire , fera la longueur de l'hypothénufe , cette ligne (è trouvera = 50 milles. 2.0. Etant donnée la perpendiculaire A 3 d'un triangle redangle A B C = 30 , fie l'angle B C A = 37^ ; j>our trouver l'hypo- thénufe B C , prenez le côté ^4 B donné , & mettez-le de chaque côté fur le finus de l'angle donné A C B; alors la difiance pa- rallèle du rayon , ou la diftance de 9c à 90, fera l'hypothénufe B C, laquelle mefurera ÇO fur la ligne des finus. 3°. L'hypothénufe & la bafe étant don-« nées , trouver la perpendiculaire- Ouvrez l'inftrument jufqu'à ce que les deux lignes des lignes foient à angles droits ; alors met* tezJa bafe donnée fijr l'une de ces lignes depuis le centre ; prenez l'hypothénufe avec votre compas y &c mettant l'une de fes pointe? à l'extrémité de la bafe donnée , faites que l'autre pointe tombe fur la ligne des lignes de l'autre jambe ; la diftance depuis le centre jufqu'au point où le compas tombe ,fera la longueur de la perpendiculaire. 4°. L'hypothénufe étant donnée , & Tan* gle A C By trouver la perpendiculaire. Fai- tes que l'hypothénufe donnée foit un rayon parallèle , c'eft-à-dire étendez-la de 90 à 90 fur les lignes des lignes ; alors le finus pa- rallèle de l'angle A C B y fera la longueur du côté A B. 5®. La bafe & la perpendiculaire A 3 étant données , trouver l'angle B C A. Met- tez la bafe A C furies deux côtés de l'inftru- ment depuis le centre , & remarquez fon Z zzz i 740 C O M étendue ; alors prenez la perpendiculaire -donnée, ouvrez l'inilrument à l'étendue de cette perpendiculaire placée aux extrémités -de la bafe ; le rayon parallèle fera la tan- gente de l'angle 3 C A. 6®. En tout triangle reâ:iligne , deux cô- '.xàs étant donnés avec l'angle compris entre cts côtés , troiiver le troiiieme côté. Sup- .pofez le côté A C= 20 , le côté B C =30, & l'angle compris -<4 CB=iJO degrés ; .ouvrez l'inflrument jufqu'à ce que les deux lignes des lignes faflent un triangle égal à l'an- gle donné , c'efl- à-dire un angle de 110 degrés ; mettez les côtés donnés du triangle .depuis le centre de l'inflruftient fur chaque ligne des lignes ; l'étendue entre leurs ex- trémités eiHa longueur du côtéAB cherché. 7°. Les angles CAB&cACB étant don- .nés avec le côté C B , trouver la bafe A B. Prenez le côté C B donné , & regardez-le comme le linus parallèle de fon angle op- poièCAB i & le fmus parallèle de l'an- gle A C B fera la longueur de la bafe A B. S*'. Les trois angles d'un triangle étant donnés , trouver la proportion de fes côtés. Prenez lesfinus latéraux de ces difFérens an- gles, & mefurez-les fur la ligne des hgnes * hs nombres qui y répandront donneront la proportion des côtés. • 9^. Les trois côtés étant donnés trouver l'angle A .C B. Mettez les côtés AC,CB, le long de la ligne des lignes depuis le cen- tre , & placez le côté A B à leurs extré- mités; l'ouverture de ces lignes fait que l'inf- trument eft ouvert de la grandeur de l'an- gle ^C^. 10°. L'hypothénufe -^Cifig. 3.) d'un triangle redanglefphérique./4 B C donné , par exemple , de 43^ , &. l'angle C A B de 2.0^ y trouver le côté C B. La règle eu de faire cette proportion : comme le rayon eu «u fmus de l'hypothénufe donnée = 43'*; ainli le fmus de l'angle donné = 20^ , eft au flnus de la perpendiculaire C B. Prenez alors 20"^ avec votre campas fur la ligne des fmus depuis le centre , & mettez cette éten- due de 90 à. 90 fur les deux jambes del'inf- trument , le fmus parallèle de 43.^ qui eft l'hypothénufe donnée , étant meluré depuis .le centre fur la ligne des finus , donne«a 13^ 30' pour le côté cherché. II". La perpendiculaire B C &c l'hypo- C O M thénufè A C itant données , pour trouver la bafe A C faites cette proportion : com- me le finus du complément de la perpen- diculaire B C eft au rayon , ainfi le fmus du complément de l'hypothénufe eft au fmus du complément de la bafe.' C'eft pourquoi faites que le rayon (bit au fmus parallèle de la perpendiculaire donnée , par exem- ple , de yô'^ 30' ;. alors le fmus parallèle du complément de l'hypothémjfe , par exem- ple , de 47^ , étant mefurJifùr la ligne des finus, fera trouvé de 49^^ 25', qui eft le complément delà bafe cherchée ; & parcon- féquent la bafe elle-même fera de 40*1 3 5'. U/ages particuliers du compas de propor- tion en géométrie j &c. 1®. Pour faire un poly- gone régulier donri'aire doit être d'une gran- deur donnée quelconque , fuppofons que la figure cherchée foit un pentagone dont l'aire =125 pies; tirez la racine quarrée de | de 12^ que l'on trouvera == 5 : faites un quarré dont le côté ait 5 pJés , & par la ligne des polygonies, ainfi qu'on l'a déjà preA crit , faites le triangle ifocele C G D {PI, ge'omet.fig. z^.n. z.)j tel que CG étant le demi-diametre d'un cercle , C D puifTe être le côté d'un pentagone régulier infcrit à ce cercle , & abaiflez la perpendiculaire G E ,• alors continuant les lignes £ G ^E C y faites E F égal au côté du quarré que vous avez conftruit , & d|^ point F tirez la ligne droite /'-^ parallèle à G C; alors une moyenne proportionnelle entre G E &c E F y fera égale à la moitié du côté du polygone cher- ché ; en le doublant on aura donc le côté entier. Le côté du pentagone étant ainfi dé- terminé , on pourra décrire le pentagone lui-même , ainfi qu'on Ta prefcrit ci-delîùs» 2°, Un cercle étant donné , trouver un quarré qui lui foit égal. Divilèz le diamètre, en 14 parties égales , en vous fervant de la ligne des lignes , comme on l'a dit; alors 12. 4 de ces parties trouvées par la même li- gne feront le côté du quarré cherché. 3°. Un quarré étant donné , pour trou- ver le diamètre d'un cercle égal à ce quarré, divifèz le côté du quarré en 1 1 parties éga- les par le moyen de la ligne des lignes , & continuez ce côté jufqu'à, 12. 4 parties ; ce fera le d tnmetre du cercle cherché. . 4°. Pour trouver le côté d'un quarré égal à une ellipfe dont les diamètres tranP CO M verfe & conjugué font donnés , trouvez une moyenne proportionnelle entre le dia- mètre tranfverfe & le diamètre conjygué , divifez-la en 14 parties égales ; 12. t? de ces parties feront le côté du quarré cherché. ǰ. Pour décrire une ellipfe dont les dia- mètres aient un rapport quelconque , & qui foir égale en furface à un quarré donné, fuppofons que le rapport requis du dia- mètre tranfverfe au diamètre conjugu4 , foit égal au rapport de 2 à i ; divifez le coxé du quarré donné en 1 1 parties égales; nlors comme 2 efl à i , ainfi 11x14=154 efl à un quatrième nombre , dont le quarré efl: le diamètre conjugué cherché : puis comme i eil à 2 , ainfi le diamètre con- jugué eft au diamètre tranfverfe. Préfen- tement , 6^, Pour décrire une ellipfe dont les diamètres tranfverfe & conjugué font don- nés , luppofons que A B ai E D {Planche des coniq. fig. zi .) foient les diamètres don- nés : prenez A C avec votre compas , don- nez à l'inftruraent une ouverture égale à cette ligne , c'eft-à-dire ouvrez i'inflrument jufqu'à ce que la diftance de 90 à 90 fur \ts lignes des finus ', foit égale à la ligne A C : alors la ligne -«4 Cpeutêtre divifée en ligne des finus , en prenant avec le compas \ç.s étendues parallèles du finus de chaque de- gré fur les jarïibes de i'inftrument , & les mettant depuis le centre C. La ligne ainfi divifée en finus (dans la figure on peut fe contenter de la divifer de dix en dix) , de chacun de ces finus élevez des perpendicu- laires des deux côtés , alors trouvez de la manière fuivante les points par-lefquels l'el- lipfe doit pafler ; prenez entre les jambes de votre compas l'étândue du demi-diametre conjugué C E , &c ouvrez l'infirument juf- qu'à ce que fon ouverture de 90 en 90 fijr la ligne des finus foit égale à cette étendue; prenez alors les finus parallèles de chaque degré des lignes des finus au compas depro- portion , & mettez-les fur ces perpendicu- laires tirées pas leurs, compiémens dans les lignes des finus, ^ C ; par-là vous aurez deux points dans chaque perpendiculaire ^par lefquels l'ellipfe doitpaffer» Par exem- ple, le compas de proportion reftant toujours le même , prenez avec le compas ordinaire k diilance de 80 à 80 fiir les ligaes des C O M 74î finus , mettant un pié de ce compas au point 10 fur la ligne A C , avec l'autre, marquez les points a , 772 fur les perpendi- culaires qui paflent par ce point , alors a & m feront deux points dans la perpendicu- laire, par lefquels l'ellipfe doit pafTer. Si l'on joint tous les autres points trouvés de la même manière , ils donneront la derai- ellipfeX> A E. Onconftruira l'autre moitié de la même manière. Ufage du compas de proportion dans Par- pentage. Etant donnée la pofition refpeâive de trois lieues, comme A,B, C, (PI. d' ar- pent, fig. 4. jÎ. ;2..),c'efl-à-dire étant don- nés \ts trois angles AB C ,B C A^&l C A ^ , & la diftance de chacun de ces endroiis à un quatrième point D pris entr'eux , c'eft-à-dire les diftances BD,DC,AD, étant données, trouver les diftances refpec- tives des difFcrens endroits A ,B ^ C , c'eft- à-dire déterminer les longueurs des .côtés AB ,B C ^AC. Ayant fait le triangle E F G [fig. 4.n. ^.) femblable au triangle A B C, divifez le côté E G en H , de telle forte que E /f foit k HG , comme A D eft iiD C ^ ainfi qu'on l'a déjà prefcrit ; & de la même manière £ F doit être divilé en I ; tellement que E ICokàl F, comme AD eft à Z> ^. Alors continuant les côtés E G y E Fy dites : comme E H-—H G tHkH Gy ^nÇiE H-^HG eft à G i^; & comme £/— /-Peft à/i^,ainfi£'H-/i='eftà F M: ces proportions fe trouvent aifément par la ligne des parties égales fur le compas de proportion. Cela fait , coupez H K &c I M aux points L ,N , ^ de ces points y comme centres, avec les diftances L H àc I N , décrivez deux cercles qui s'entrecou- pent au point O , auquel du fommet des angles E F G ^ tirez les lignes droites E O, FO&c QGy qui auront entr'elles la même I>roportion qu€ leâ lignes A D^ B DyD C. Préfentement fi les lignes E 0,F OÔc G O, font égales aux lignes données A D^B D y D C, les diftances EF,FG,kEG, feront les diftances des lieux que l'on demande» Mais iîE O, O F,0 G y {ont plus petites que AD , D B,DC y prolongez-les fufl qu'à ce que P O, OR & O Ç, leur foient égales; alors fi l'on joint les points P, Q, R les diftances P R, R Q ëc P O , feront les , diftances des lieux cherchés» Eafia û les, 74^ C O M lignes E0,0 F ^O G, font plus grandes que A D,D B^DC^ retranchez-en des par- ties qui fuient égales aux lignes A D, B D , JD C y&c joignez les points de fedion par trois lignes droites , les longueurs de ces trois lignes droites feront les diflances des trois endroits cherchés. Remarquez que fi EH eûégékH G, ou, El à I F,ks centres Z & N feront infiniment diftans de iï& de / ,* c'eft-à-dire qu'aux points //"& I il doit y avoir des perpendiculaires élevées fur* les côtés E F , F G f SLU heu de cercles , jufqu'à ce qu'elles s'entrecoupent : mais fi E H eu plus petit que //" G , le centre L tombera fur l'autre côté de la bafe prolongée ; & l'on doit entendre la même chofe de E I &cl F. Le compas de proportion fert particulière- ment à faciliter la projedion , tant ortho- graphique que fléréographique. VoyeT^KO- jectiong-Stéréographie. (£■) Compas a coulisse ou Compas de RÉDUCTION ; ilconfifle en deux branches {Pl.de géomet. fig. j.) dont ks bouts de chacune font terminés par des pointes d'a- cier. Ces branches font évidées dans leur longueur pour admettre une boîte ou coulifle, -que l'on puifîê faire gliffer à volonté dans toute l'étendue de leur longueur ; au milieu de la coulifîé il y a une vis qui fert à afîèm- bler les branches , & à les fixer au point où l'on veut. Sur l'une àts branches du compas , il y a des divifions qui fervent à divifer les lignes dans un nombre quelconque de parties éga- les , pour réduire àes figures , 6'c. fur l'au- tre , il y a des nombres pour infcrire toute forte de polygones réguhers dans un cercle donné. L'ufage de la première branche efl: aifé. Suppofez , par exemple , qu'on veuille divifer une ligne droite en trois parties éga- les ; poufTèz la coulifîé jufqu'à ce que la vis foit diredement fur le nombre 3 ; & l'ayant fixée là, prenez la longueur de la ligne donnée yec les parties du compas les plus longues; la diftance entre les deux plus cour- tes , fera le tiers de la ligne donnée. On peut de la même manière divifer une ligne dans un nombre quelconque de parties. UJage de la brandie pour les polygones. Suppofez , par exemple , qu'on veuiUe inf- crire un pentagone régulier dans un cercle; C O M pouffez la coulifîé Jufqu'à ce que le milieu *< la vis foit vis-à-vis de 5 , nombre des côtés d'un pentagone ; prenez avec les jambes du compas les plus courtes , le rayon du cercle donné; l'ouverture des pointes des jam- bes les plus longues , fera le côté du pen- tagone qu'on vouloit infcrire dans le cer- cle. On en fera de même pour un polygone quelconque. Compas de réduction avec les lU gnesdu compas de proportion. Laconflruc- tion de ce compas, quoiqu'un peu plus par- faite que celle du compas de réduâion ordi- naire , lui efl cependant fi femblable, qu'elle n'a pas beibin d'une defcription particulière. {Fig. 4. PI. de géométrie.) VoycT^plus haut l'article CoMPAS DE PROPORTION. Sur la première face il y a la ligne des cordes , marquées cordes , qui s'étend juf^ qu'à 60 : & la ligne des hgnes , marquées lignes , qui efl divlfée en cent parties iné- gales , dont chaque dixième partie efl nu- mérotée. Sur l'autre face font tracées la ligne des finus qui va jufqu'à 90^ , & la ligne des tangentes jufqu'à 45^*. Sur le premier côté l'on trouve les tangentes dépuis 4$ jufqu'à 71*^ 34' ; fur l'autre les fecantes , depuis o'^ jufqu'à 7od 30'. Manière de fe fervir de ce compas, i**. Pour divifer une ligne dans un nombre quel- conque de parties égales , moindre que 100; divifèz ICO par le nombre des parties re- quifes : faites avancer la coulifîé jufqu'à ce que la ligne marquée fur la queue d'aronde mobile , foit parvenue vis-à-vis le quotient fur l'échelle des lignes : alors , prenant toute la ligne entre les pointes les plus éloignées du centre , l'ouverture cies autres donnera ladivifion cherchée. 2°. Une ligne droite étant donnée , que l'on fuppofe divifée en 100 parties; pour prendre un nombre quel- conque de ces parties , avancez la ligne mar- quée fur la queue d'aronde , jufqu'au nom- bre des parties requifes , & prenez la ligne entière avec les pointes du ccmpas les plus diflantes du centre , l'ouverture des deux: autres fera égale au nombre des parties de- mandées. 3°. Un rayon étant donné, trou- ver la corde de tout arc au deffous de 60^ ; amenez la ligne marquée fur la queue d'a- ronde , jufqu'au degré que l'on demande C O M fur la ligne des cordes , & prenez le rayon entre les pointes les plus éloignées du cen- tre de la coulifle , l'ouverture des autres pointes donnera la corde cherchée , pourvu que l'arc foit au deflus de 29** ; car s'ilétoit au deflfous , la différence du rayon & de cette ouverture feroit alors la corde ^imer- chée. 4°. Si la corde d'un arc au defîbus de 6od eft donnée , & qu'^pn en cherche le rayon ; faites avancer la ligne marquée fur la queue d'aronde , jufqu'au degré propofé fur la ligne des cordes , prenez enfuite la corde donnée entre les pointes les plus pro- ches du centre , l'ouverture des autres poin- tes donnera le rayon cherché. 5°. Un rayon étant donné , trouver le linus d'un arc quel- conque; amenez la ligne marquée fur la queue d'aronde , jufqu'au degré de la ligne des finus dont on veut avoir le linus; pre- nez le rayon entre les pointes les plus éloi- gées du centre, l'ouverture dos autres don- nera le finus cherché : mais fi le finus cher- ché étoit au delîbus de 30*^ , alors la diffé- rence des ouvertures des pointes oppolées donneroit le finus cherché. 6°. Un rayon étant donné , trouver la tangente d'un arc quelconque au deffous de 71^ , fi la tangente cherchée eu au defîbus de ^6^ 30' ; faites glifîêr la ligne de la* queue d'aronde julqu'au degré propofé fur la ligne des tangentes ; prenez le rayon entre les pointes les plus dillantes du centre , l'ouverture des autres donnera la tangente cherchée , fi la tangente requife efl au deffus de 26^ 30' : mais au deffous de 45^* , la ligne de la coulifîê doit être amenée jufqu'au nombre de degrés don- nés fur la ligne des tangentes; alors , en pre- nant le rayon entre les pointes les plusdiflan- tes du centre , l'ouverture des autres don- nera la tangente , &c. (E) Compas sphérique ou d'épais- seur : on fe fert de cet inftrument pour prendre les diamètres , l'épaiffeur , ou le calibre des corps ronds ou cylindriques ; tels que des canons , des tuyaux, &c. Ces fortes de compas confifîent en quatre branches affemblées en un centre , dcftit deux font cir- culaires , & deux autres plates , un peu re- courbées par les bouts. Pour s'en fervir , on fa,it entrer une des pointes plates dans le canon , & l'autre par- debors ; lefquelles ét^t Cerréf 5 3 ieç ^c\i^ cou 745 pointes oppofées marquent Pépaiffeur. Voy, Calibre. Il y a aufli des compas fphériques , qui ne différent des compas communs , qu'en ce que leurs jambes font recourbées pour prendre les diamètres des corps ronds. Cliambcrs. (F) Compas elliptiques : ils fervent à dé- crire toutes fortes d'ellipfes ou d'ovales. Oa en a imaginé de différentes fortes , dont 1« conflrudion efl fondée fur difïeren tes pro- priétés de l'ellipfe. Par exemple foient deux: droites C G _, G L {fig. z. Géom.) égales chacune à la moitié de la fomme , où de la différence de deux axes C B^ ÇA., attlêhées l'une à Tautre par leur extrémité commune G, enforte qu'elles puiffent fe mouvoir au- tour de ce point , comme les jambes d'un compas autour de fa tête. Soit le point C fixe au centre (k l'ellipfe , & foit L B = C A y le point j5 décrira l'ellipfe. Cette conflruc- tion efl démontrée article 6g desfeâ. coniq. deyi.àe l'Hôpital , & nous y renvoyons le ledeur. Au refle , cette efpece de compas , ainfi que tous les autres femblables , efl affez peu commode par toutes fortes de raifons. Ceux qui ont befoin de décrire fouvent • des ellipfes & autres fcdions coniques , dit M. le marquis* de l'Hôpital, préfèrent la méthode de les décrire par plufieurs points; parce que les méthodes de les décrire par des mouvemens continus font fautives, & peu exades dans la pratique. (O) Compas AZIMUTHAL; ce co772;jaj- revient au compas de variation , & diffère du co/n- pas de mer ordinaire de plufieurs manières : en voici la defcription. Sur la boîte qui con- tient la rofe efl adapté un large cercle A B {Plan, delà Navigat. fig. i ^.) dont une moitié eftdivifée en 90^ , & iûbdivifée dia- gonalement en minutes. Sur le cercle A B eft pofé un index b c mobile autour du cen- tre ou point b , ayant une pinule b a élevéç perpendiculairement , Sf mobile fur une charnière. Une foie fort fine a e va du mi- lieu de l'index au haut de la pinule , pour former une ombre fur la ligne du milieu de l'index. Enfin le cercle A B eu traverfé à angles droits par deux fils , des extrémités defquels quatre lignes font tirées dans l'inté- , rieur de la boîte- & 5*îl«i jojjb, il y a pareilr 744- C O M lemcnt quatre lignes tirées à angles droits. La boîte ronde , (à rofe, le cercle gradué & l'index ; tout cela efî fufpendu fur deux cer- cles de laiton B B , Se ces cercles font ajufîés dans la boîte quarrée c c. Ufage . du compas a.7J.muthal pour trou- ver L'a-{imuth dufoleily ou plutôt fon ampli- tude magnétique y pour en déduire enfuite la variation du compas. Si l'on veut, par exem- ple , obferver l'amplitude orientale du Soleil, ou fon azimuth, on fera parvenir le centre de l'index b c fur la pointe oueft delà rofe ; de forte ^ue les quatre lignes de l'extrémité de la r^ , répondent aux quatre autres qui fonrtrans l'intérieur de la boîte. Si au con- traire on veut obferver Tamplitudc occiden- tale , ou l'azimuth après midi , on tournera le centre de l'index diredement au àe^us de la pointe & de la rofe. Ceci étant fait , oiî tournera l'index b c jufqu'à Qg que l'om- bre du fil a en comptant toujours du nord ver» l'ell , on auroit eu en comptant deTefl vers le nord , l'atnplifude magnétique entre 37^ & 38^1 ^lus grande de io parce que le rembourfement doit être aduel & eft'eaif. On ne peut aufîî compenfer les arrérages de cens ni des rentes feigneuriales ou emphy- téotiques, parce que ces rede^sinces font C O M dues principalement en reconoifTance delà direde. Les penfions viagères & alimens ne fe compenlent point , à caufe de la faveur de ces fortes de dettes qui ne doivent pas foufFrir de retard ement. En matière de complainte & de réinté- grande il n'y a point de compenfadon , parce c^XQ fpoliatiis ante omnia refiituendus efi. Enfin la compenfadon n'a pas lieu en ma- tière de délits , ce qui fe doit entendre par rapport à la peine due pour lavindide pu- blique ; mais les peines pécuniaires , telles que réparations & intérêts civils , dommages & intérêts , peuvent être compenfées. VoycT^ au digefte ôc au code , le tirre de compenfa- tionibus ; Mornac ibid. Henriys , tom. II. liv. II. quejî. xv. Guypape , quefi. dxxdj. Ù dlxpij. Papon , liv. XII. dt. vj. Voye^ aujfi Defpeiflës , tom. I. part. IV. tit. iij. les arrêtés de M. le P. P. de Lamoignon ; les loix civiles , titre de la corhpenfation ;. Du- moulin , tr. de ufuris , quœfl. xlij , n. 322. Journ. des and. 1. 1. liv. l.ch. Ixxvj. [A). COMPENSER , V. ad. qui exprime î'adc de la compenfation. Voye^ COMPEN- SATION. COMPERSONNIERS , f. m. pi. ( Ju- rifpr. ) font ceux qui tiennent enfemble un même renement ou domaine , à la charge d'une redevance envers le (eigneur , pour laquelle ils font obligés folidairement. On appelle aufll comperfonniers , ceux qui vivent en commun & en fociété au même pain & au même feu , comme cela fe pra- tique fur-tout entre mainmortables dans quel- ques provinces , telles que celles de Bour- gogne , Nivernois , & Champagne. Voye\ le titre viij de la coutume de Nivernois ; & Coquille , ibid. & le gloff. du droit fran- çois , au mot perfonnier. {A) * COMPES , f. m. pi. ( Manufaa. en drap. ) efpeces de droguets croifés , dra- pés , qui fe fabriquent au Treuil-barrer , la Chafîeigneraye, ^c. qui doivent avoir \ aune de large fur 40 de long , apprêtés ,* ou | de large fur 48 de long en toile , au fortir du métier. La chaîne en eft de 48 portées au moins , & chaque portée de 16 fils. Voy. le re'glem. des Manu foc}, tom. III. pag. z £. * CoMFES f. m. ( Hifi, anc. ) efpecc C O M 749 de chauflûre des Romains. Voye\ V article Chaussure. C'étoit auffi une forte d'entraves de fer fort lourdes ; on les confacroit à Sanirne , quand oii en étoit délivré. Les efclaves qui en étoit chargés , même en travaillant à la culture des terres , s'appelloient compediti , alligati. C'étoit encore une manière de don- ner la queftion aux criminels , qui confiftoit à leur mettre les jambes dans des planches percées de trous circulaires y qu'on ferroit avec des coins. COMPETENCE, f. f. ( Junfpr.) efl le droit qui appartient à un juge de prendre connoif/ance d'une affaire. Le principe général , en matière de com- pétence , elf que aclor fequitur forum rei , c'eft-à-dire , que le défendeur doit être afll- gné devant le Juge de fon domicile. • Il y a néanmoins plufieurs caules quipeu- j \Qni rendre un autre juge compéient , pour connoître de l'afTaire ; favoir , 1°. Le privilège du demandeur ou du défendeur : par exemple , ii le défendeur eit eccléfiailique , & qu'il s'agifTe d'une matière, perfonnelle , il peut demander fon renvoi devant le Juge d'églife ; de m.ême fi le deman- deur a droit de committimus, il peut affigner devant le Ju^e de fon privilège ; ou fi c'elt le défendeur qui a ce droit , il peut demander fon renvoi. 29. L'attribution générale qui efl faite à un juge de certaines matières , le rend feul compétent pour en connoître : ainfi les élec- tions"& les cours des aides connoillent fèuls des tailles ; les Juges àzs eaux & forêts con- noifî'ent feuls Aqs matières d'eaux & forêts , iàuf l'appel au parlement. 3°. Un juge peut être compétent en vertu d'une attribution particulière qui lui eit faite d'une feule affaire , ou de certai- nes affaires qui ont rapport les unes aux autres. 4^. En vertu d'une évocation ordonne'e pour caufe de connexité ou litifpendance,' un juge peut devenir compétent , quoi- qu'il ne foit pas le juge du domicile du défendeur. 5". En matière criminelle, la connoif^ lance du délit appartient au juge du lieu où il a été commis , faufle privilège desgen- , tiishommes , & de certains oiEciers qui 75© € O M ^ peuvent demander d'être rcnvoyés^devaht le juge de leur privilège. Tous juges font compétens pour infor- mer d'un délit ; ce quia été établi pour em- pêcher le dépérifîement de la preuve. Un juge qui feroit compétent peut être prévenu par un autre juge qui a droit de pré- vention fur lui. Vqye:{ PRÉVENTION. Les prévôts des maréchaux & les licute- nans criminels ne peuvent juger en dernier reflbrt un accufé qu'ils n'aient préalable- ment fait juger leur compétence par le préfi- dial ; fi le préfidial a prévenu , il efl lui- même juge de fa compétence'^ & fil'accufé attaque le jugement de compétence par la voie de la caflàtion , c'efl au grand-confeil qu'il doit fe pourvoir. L'ordonnance criminelle , tit. j. ordonne <^Q\d.dompétence fera jugée au préfidial dans le^effort duquel la capture a été faite , dans trois jours au plus tard , encore que l'accufé n'ait point propofé de déclinatoire. Que les jugemens de compétence ne pour- ront être rendus que par fept juges au moins, qtji figneront la minute. Que la compétence ne pourra être jugée , que l'accufé n'ait été oui en la chambre en préfence de tous les juges ; qu'il en fera fait mention dans le jugement , ainfi que du motif de la compétence. Que le jugement de compétenée fera pro- noncé &fignifié fur le champ à l'accufé. Que fi le prévôt des maréchaux efî décla- ré incompétent , l'accufé fera transféré dans deux jours au plus tard es prifons du lieu du délit. Enfin , que le prévôt qui aura été déclare compétent , fera tenu de procéder inceflam- ment à la confedion du procès avec ion affefleur , finon avec un confeiller du fiege où il devra être jugé. Les appels comme de juge incompétent , tant au civil qu'au criminel , fe relèvent au parlement omijfo medio. En matière civile , tous juges font com- pétens pour reconnoîrre une promelîè ; c'cfl-à-dire , que quoiqu'il y ait lieu de renvoyer le fond devant le juge d'attribu- tion ou du privilège , néanmoins le juge qui eft faifi de l'aftàire , peut donner aûe de la reconnoilîance ou dénégation d'une promefTe. C OM Sur la compétence des juges , voyeT^-ci'apr, Incompétence , Juge d'attribu- tion , Juge d'église, Juge de privi- lège,Juge DE SEIGNEUR, 6" Justice seigneuriale. ; Prévôt des maré- chaux ,Présidiai. , Procès crimi- nel ; le DicHonncLire de droit , au mot com- pétence y ^ le traité de la compétence des juges en matière criminelle ; & aux décréta^' les y le titre deforo competenti. {A) COMPÉTENT, veyeici-depant Coyi-^ pétence. COMPIEGNE , ( Géog. mod. ) ville de France , dans l'île de France. Long. ;io^ , z^' , 4z";lat. 4sà^ ^^' ^ ^^"^ COMPILATEUR, f. m. {Belles-Let- tres. ) écrivain qui ne compofe rien de gé- nie , mais qui fe contente de recueillir & de répéter ce que les autres ont écrit. La plu- part des lexicographes ne font que des com^ pilateurs. Les qualités les plus néceftaires à ceux qui font des compilations , font Texac- titude & le difcernement , pour ne préfen- ter au ledeur que des chofes dignes de fon attention. Autrefois le nom àt compilateur fe prenoit en mauvaife part , & équivaloit ;i plagiaire. Horace a dit en ce fens a la fin de fa première fatyre : Ne me Crifpini fcrinialippi CompilaJJe putes. Quelques-uns fontvenir les mots compi. lation & compilateur du grtcjihiiv qu\ figni- fiC rejjerrer , condenfer ; parce que les vo- leurs , difent-ils , reflerrent leur larcin en plus petit volume qu'ils peuvent , afin de l'emporter plus ailément. Les anciens latins en avoient formé /?/7are , compilare ^ d'où nous avons fait compilation & compilateur, Voje^ Plagiaire. ( G ) COMPILATION , f f. ( Belles Lett. ) recueil formé de morceaux pris çà & là dans le même ou dans divers auteurs. Plu- fieurs ouvrages des modernes ne font que des compilations de ceux des anciens. Il y a des compilations efiimables : celles , par exemple , où les textes de divers auteurs dont le llyle n'ell pas uniforme , font ii bien fondus qu'ils paroificnt erre fortis de la même plume ; telle eft l'hifioire ancienne de M. Rollin : d'autres neiont que des co- pies feches ou informes de lambeaux mai confus ; on peut les comparer à un amas cou lïe matériaux bruts , & les autres à un édi- fice : celles-ci demandent du goût; les autres ne iuppoient que du temps , des recherches , & la patience infatigable de copier mot à mot. Fbyq Abrégé. ( G ) * COMPIT ALES. f. f. ( MythoL ) fêtes inftituées en l'honneur des dieux lares ou pénates. On les célébroit dans les carre- tours , per compila. Les affranchis & les efclaves en étoient les minières & les prê- tres ; c'étoit un temps de liberté pour ces derniers. Sous les rois on y iacrifioit des cnfans ; mais Brutus , après l'expuliion des Tarquins , fubilitua aux têtes humaines que lesorad.es avoient demandées , & qui dé- voient tomber dans les compitales y des têtes d'ail & de pavot. Il y avoit dans les carre- fours des poteaux élevés : on pîaçoit (ùr ces poteaux des images & des figures d'hom- mes & de femmes. Les figures repréfen- toient les dieux lares , & il y avoit autant d'images que de perfonnes hbres dans la famille. Les compitales n'étoient que pour les efclaves. Elles furent inftituées par Tar- quin le premier ou par Servius Tullius. On. voit dans Ciceron que ces têtes furent célé- brées de fon temps au mois de décembre ; mais elles fe célébroient ordinairement au mois de mai , comme le prouve le calendrier ; & c'eft fous le mois de mai qu'Ovide en fait mention dans fes fafies ; le préteur en indi- quolt le jour. On y facrinoit une truye» Les efclaves offroient une balle de laine. COMPLAIGN ANT , adj. pris du fubft. ( Jurifprud. ) fignifie la même chofe que plaignant ou accufateur en matière crimi- nelle ; il ne faut pas confondre le complai- ^nant avec le demandeuren complainte , foit profane ou bénéficiaie ; celui-ci fembleroit devoir être appelle complaignant plutôt que l'autre , à caufe qu'il intente la complainte ; ce terme efl même ufité en ce fens dans quelques provinces , mais dans l'ulàge com- mun , on n'entend par le terme de com- plaignant , que i'accufateur \ celui qui in- tente complainte efi qualifié demandeur en complainte. {A) COMPLAINTE , f. f. ( Jurifprud. ) efl une adion poiTefToire , par laquelle celui qui efi: troublé en la poiTeflîon d'un héritage ou droit réel ^ ou d'un bénéfice , fe plaint à la jujftice de ce trouble, & demanée coatre C O M 7^1 celui qui en efl l'auteur , d'être maintenu dans fa polfeilion , & que défenfes Ibient faites de l'y troubler. Le propriétaire , rufufruitier , l'ufager &: l'emphytéote peuvent intenter complainte ; mais il faut qu'ils aient pofTédé , non vi , non cldm , 710/2 precario y c'efi-à-dire publi- quement & fans violence , à autre titre que de poficfîêur précaire; c'efl pourquoi un fimple fermier ou locataire ne peut pa« ufer de complainte. Aucun fujet ne peut l'intenter contre le roi , parce qu'on ne préfume jamais que le roi ait caufé de trouble ; l'apanager jouit aufli à cet égard du même privilège que le roi. Les rafîaux & cenfitaires ne peuvent pa- reillement intenter complainte contre leur feigneur ^ Qipr raifon des héritages qui font mouvans de lui. Pouf intenter complainte , il faut avoir pofîédé an & jour , former fa demande en complainte dans l'an & jour du trouble , & que cette demande foit formée & jugée avant d'en venir au pétitoire. Elle ne peut être intentée que pour héri- tages ou droits réels; tels que des fervitudes, dîmes inféodées , droits de patronage y droits feigneuriaux & honorifiques, rentes foncières , &c. Les rentes confîituées n'é- tant point réelles , même dans les lieux où elles font réputées immeubles , ne peuvent faire la matière d'une- complainte. Elle a lieu pour des bénéfices & droits, qui y font attachés , tels que àts dîmes eccléfiafiiques. On ne peut intenter complainte pour cho>- fes mobiliaires , à moins qu'il ne s'agifïè d'iwie univerfalité de meubles. On peut être troublé de fait , ou par pa- roles , ou par quelque ade qui tend à former un trouble, & dans tous CQscâsià complainte a lieu. Chaque juge connoît des complaintes dans fon territoire , & les juges royaux n'ont à cet égard aucune préférence ai préventioa fur les juges du feigneur. Le juge d'églife ne peut connoître à^M}-- cune complainte foit profane , foit bénéficia» le , il faut fc pourvoir devant le juge laïque. La complainte s'intente par exploit , &: quelquefois par oppofuipa. Celui qui éi 7Ti C O M afligné en complainte ne peut pas intenter lui-même complainte pour le même objet , en difant qu'il prend la demande en com- plainte pour trouble. Celui qui a été dépofledé de l'héritage n'intente pas une firaple complainte , mais l'adion appellée re'integrande. voye\ Louet & Brodeau , lettre B.n. il ^ V ordonnance de z66y , tit. xv. Papon , liv. VIII , tit. iv. Loifel , lit-'' V , tit. jv. Belordeau y en fes controverfes , lett. C. art.zj. Complainte bénéficiale ou en MATIERE BÉNÉFICIALE, eft une adion pofTelToire par laquelle celui qui eft en pofïef^ 'lion d'un bénéfice , de fait ou de droit feule- ment, fe plaint du trouble qui lui efî lait 'par un autre prétendant droit au même bénéfice, & conclut à la fin d'être maintenu & gardé en fa poiTeilion y avec défenfiw à fa partie adverfe de l'y troubler ; & à ce que pour l'avoir fait , il foit condamné en lès dom- mages & intérêts & dépens. Les juges royaux connoifîent de la com- plainte en matière bénéficiale , parce que d'eu une adion poiTelToire. On voit dans une ordonnance de Philippe Augufte de l'an 12,14, que dès ce temps-là c'étoit le juge laïque qui connoilToit de ces fortes de complaintes ; & le pape Martin V , par une bulle de l'an 142.9 , a reconnu que c'étoit au roi & à fes officiers à maintenir les pol- felTeurs des bénéfices y & non au juge d'églifc. Anciennement le parlement connoilîbit -en première infiance de toutes fortes de complaintes , même en matière bénéficiale ,* mais préfentement la connoifîance en ap- partient aux juges royaux , & par appel au parlement. Les baillis & fénéchaux ctoient d'abord les feuls qui en pufîènt connoître en pre- mière infiance , fuivant un arrêt de l'an 1277 • mais fuivant l'édit de Cremieu , de* l'an 153^, & l'édit d'Henri II du mois de Juin 1559 > l^s juges royaux inférieurs en peuvent connoître chacun dans leur rei^ fort ; les baillis & fénéchaux ont feulement fur eux le droit 3e prévention pour ces •matières. Les juges des fèigneurs ne peuvent en aucun cas prendre connoifîance d'une com- ipUintc hénc'ficiale , quand même il s'agiroit C O M des bénéfices de la fondation àts fèigneurs ou de leurs auteurs , & qu'ils en auroient la préfentation ou collation. Ordonnance de i 66 j , tit. XV , art. 4. La connoiffance du pétitoire appartient de droit au juge d'églife ; mais quand la complainte eft jugée , celui des deux con- tendans qui a perdu devant le juge laïque , ne peut plus fe pourvoir devant le juge d'églife pour le pétitoire , parce que les juges laïques ne jugent pas le pofîefToire en matière bénéficiale fur les aâes de poffef^ fion feulement , mais aufli fur les titres des parties dont ils examinent la validité : de forte que le pofîefToire étant jugé par le mérite du fond , il ne feroit pas jufle de rapporter la même queflion devant le juge d'éghfe. La complainte bénéficiale diffère de la pro- fane en ce que celle-ci ne peut être intentée que par ceux qui font en pofïliiion aduelle & de fait ; au lieu que celui qui a été pourvu d'un bénéfice , trouvant la place remplie par un autre, peut prendre poffeiîion de droit feulement , & prendre pour trouble la poffef- fion de fait de fon adverfaire , & intenter complainte contre lui. Il n'y a jamais de complainte contre le roi ; c'efl pourquoi en matière de régale , l'état ou récréance efl toujours adjugé par provifion au régalifle. La complainte bénéficiale doit être intentée dans l'an & jour du trouble , de même qu'en matière profane^ Ordonnance de ZS39 , art. 6i. Le demandeur en complainte doit expri- mer dans fa demande le titre de fa provi- fion , & le genre de vacance fur lequel Jl a été pourvu ; par exemple , fi c'efl par mort , réfignation , permutation ou dé- volut , & donner avec le même exploit au défendeur copie de fes titres & capacités fignée de lui & de l'huiffier ou du fergent. Si le demandeur ignore le domicile de fon adverfaire , & ne peut le faire affigner en parlant à fa perfonne , il faut fignifier l'exploit dans le chef-lieu du bénéfice. On prenôit autrefois deux appointcmens fur une complainte ; l'une pour communiquer les titres & capacités , l'autre pour écrire par mémoires : mais ces formes inutiles ont été abrogées par l'ordonnance de 16^7. tiorfque C O M Lorfque la caufe peut fe juger à Fau- •dicnce , le juge maintient en la pofïèffion vdu bënéfice celui qui le trouve en avoir été canoniquement pourvu ; fi l'affaire ne peut pas fe juger à l'audience , on appointe les parties en droit, & cependant on adjuge la récréancé à celui qui a le droit le plus ap- parent; & Il le droit eft fort problémati- que , on ordonne le fequeftre ; le grand- confeil prend ordinairement ce parti , & accorde rarement la récréance. Pour la validité d'une lentence de main- tenue ou de récréance & de fequeftre, il faut qu'il y ait au moins cinq juges de nom- més dans la fentence ,* & fi elle eft rendue fur une inftance appointée , ils doivent tous iigner la minute de la fentence : cela n'eft cependant pas obièrvé aux requêtes de l'hôtel & du palais. La fentence de maintenue peut être exé- -cutée nonobftant l'appel, pourvu qu'elle ait été donnée par des juges refTortifîàns immé- diatement en la cour , & qu'ils fuffent au nombre de cinq , & en donnant par l'inti- Tné bonne & jufîîfante caution de rendre les fruits , s'il eft ainft ordonné fur l'appel: •telle eft la dilpoiition de l'ordonnance de JLouis XII de l'an 1498 , art. 8j. Lorfque l'appel eft d'une fentence de récréancé , elle doit être exécutée nonobf- tant l'appel à la caution juratoire de celui au profit duquel elle aura été rendue ; il étoit autrefois obligé de donner bonne & fuffi- fante caution , mais cela a été changé par l'ordonnance de i66y. La fentence de récréance doit être entiè- rement exécutée avant que l'on puifTe pro- céder fur la pleine maintenue. K. Vordonn. de l 66 j^ tit. XV. & POSSESSOIRE. (A) Complainte en matière profa- ne , eft celle qui n'a point pour objet un bé- néfice ni aucun droit annexé à un bénéfice. Complainte en cas de nouvelle- té, eft celle qui s'intente dans l'an & jour du trouble , que l'on appelloit autrefois nou- velleté; on appelle aufli complainte en cas de faijîne & de nourellete\ ou complainte fîm- plement. ^oyq COMPLAINTE. Complainte possessoire, eft la même chofe que ce qu'on appelle lim- plement complainte , cette adion n'étant ^as toujours polTeifoire. Tome VIIL C O M 753 Complainte en cas de simple sai- sine, étoit une complainte particulière, qui pouvoit autrefois être intentée par celui qui avoit joui d'une rente foncière fur un héri- tage avant & depuis dix ans ; & pendant la plus grande partie de ce temps , il pouvoit intenter le cas de fimple faifine contre celui qui l'avoit troublé, & demander d'être remis en fa pofTefîion. Cette complainte avoit lieu , lorfque celui qui pouvoit intenter l'aâioii de nouvelleté en avoit laifTé pafferle temps ou y avoit fuccombé. Dans cettQ€omplainte^ il falloit prouver une polTeflîon qui remon- tât au defius de dix ans ; la coutume de Paris, art. s^ , fait mention de cette com- plainte : mais préfèntement elle n'eft plus d'ufage ; & quand celui qui pouvoit in- tenter complainte en cas de nouvelleté en a laifîe pafferle temps ou y a fuccombé, il ne peut plus agir qu'au pétitoire &: doit rapporter un titre. Voy. Brodeau , Tron- çon, Guerin, & le Maiftre far Van. $8 de la coutume de Paris. {A} COMPLAISANCE, f f. {Morale.) La complaifance eft une condefcendance hon- nête , par laquelle nous facrlfions notre vo- lonté à celle des autres : je dis une eondef- cendance honnête ,* car déférer en tout indiftindement à la volonté d'autrui , ce feroit plutôt lâcheté ou complicité que complaifance. La complaifance confifte à ne contrarier le goût de qui que ce foit dans ce qui eft in- différent pour les mœurs , à s'y prêter mê- me autant que l'on peut , & à le prévenir lorfqu'on l'a fu deviner. Ce n'eft peut-être pas la plus excellente de toutes les vertus , mais c'en eft une du moins bien utile & bien agréable dans lafociété. (C) Complaisance , {Junfprud?) 'ho'it de complaifance aux quatre cas , eft la même chofe que les loyaux-aides que le vafïàl eft tenu de payer au feigneur dans les quatre cas, c'efl-à-dire , en cas de chevalerie du fils aine , de mariage d'enfans ^ de voyage d'outre-mer, & de rançon du feigneur. H en eft parlé dans un arrêt du 2,0 Juillet 1^2.4, dont M. de Lauriere fait mention en fon glojfairey au mot complaifance. (A) COMPLANT , f. m. {Jurifprud.) efl la conceflîon que l'on fait à quelqu'un d'un • héritage . à Id charge d'y faire quelque J3bbbb 754 C O M plantation d'arbres & fur-tout des vignes , moyennant la redevance d'une portion des fruits qui fe perçoit dans le champ , comme le terrage ou champart. Quand le compiant eu (ait par le feigneur de l'héritage , la redevance eft feigneuriale. On comprend auffi fous le terme de corn- plant y le droit même que le bailleur s\ïi aéfervé de percevoir une portion des fruits. Il eft fait mention de ce droit dans la cou- tume de Saint-Jean d'Angely , art. i 8 , &c dans celle de Poitou, art. an. (A) COMFLANTER, v. neut. [Jmifprud.) ï\gmÇie percevoir le droit de complant : il n'eft pas permis d'enlever les fruits fujets à ce droit avant que le feigneur ait comptante. V , la coutume de Poitou y art. 8z & ci-de- vant Complant. {A) COMPLANTERIE, f. f. [Jurifp.) c'eft le terroir où le feigneur a droit de percevoir le droit de complant. Il en eft parlé dans Vart. y ^y de la coutume de Poitou. Voyez ci-devant COMPLANT. COMPLÉMENT , f. m. fe dit en géné- ral d'une partie qui , ajoutée à une autre, formcroit un tout ou naturel ou artificiel. Complément arithmétique d'un loga- rithme, c'eft ce qui manque à un logarithme pour être égal à lo. coococo, en fuppo- fant les logarithmes dé neuf caraderes. î^. Logarithme. Ainfile complément arith- métique de 7.1079054 eft 2.8920946. (O) Complément de la hauteur d'une étoile, en ARronomie y fe dit de la diftance d'une étoile au zénith , ou de l'arc compris entre le lieu de l'étoile au-deflîis de l'horizon & le zénith. V. ZÉNITH. On appelle ainfi la diftance de l'étoile au zénith, parce qu'elle eft véritablement le complément à 90 degrés de la hauteur au- defllis de l'horizon, c'eft-à-dire , l'excès de 'Au M ONT. Complication, (/Mr///7r.)fedirenma- --^ere criminelle, lorfque l'accufé fe trouve '-prcvenu de plufieurs crimes : on dit auifi de la procédure ou d'une affaire en général , . c^n^ elle eji fort compliquée , lorfqu'il y a un ■grand nombre d'objets &:,de demandes, refr ^ C o m pefltives qui fe croifent mutuellement. {A) COMPLICE, f m. {Jurifpr,)e^ celui auquel on impute d'avoir eu part à quelque fraude ou à quelque délit, foit pour avoir donné confeil , ou. avoir aidé- à commettre l'aâion dont il; s'agit. Quand on ordonne quelque informatiorv contre les complices d'unaccufé, on joint ordinairement au terme de complices , ceux àe fauteurs y participes , & adhérens , pour, déiigner toutes les différentes manières dont les complices peuvent avoir eu part au délit.. Celui qui eft complice d'un délit ou de quelque fraude repréhenfible , eft fouvent autant coupable que l'auteur même du déht,, &.dolt êcre puni également ; ce qui dépend néanmoins des circonftanccs , par lefquelles on connoît le plus ou moins de part que le complice a eu à l'adion : par exemple ^, .celui qui a fu le deflein qu'un autre avoit de commettre un crime , & qui ne l'a pas empêché pouvant le faire., eft coupable au moins d'une négligence qui approche beau- coup du délit ; mais celui qui a conlèillé le défit, ou. qui a aidé aie commettre, eft encore plus coupable^. Un homme qui s'eft trouvé par. hafard en la compagnie de quelqu'un qui a com- mis un crime; , n'en eft pas pour cela réputé complice , pourvu qu'il n'y ait eu en eftèt aucune part. La déclaration ou dép.ofition des com- plices ne fait point une foi pleine & entière contre le principal accufé , ni pour un com- plice contre un. autre ; elle fert feulement ■ d'indice pour parvenir à tirer la preuve du crime par le moyen de la queftion ou tor-* ture; & fiLTaccufé-n'avoue rien, il doit être, abfousi Il faut même obferver que-la dépofition d'un feul complice , qu^nd il n'y a pas quel- que autre adminicule de preuve, n'eft pas fufîifante pour faire appliquer fes complices àJa queftion; il.faut dumoins en ce cas la . dépofition de deux ou trois complices. On excepte néannK)insde< cette règle cer- tains crimes , tels que ceux de lefe-majefté , facrilege, conjuration , fauffemonnoie , hé- réfie, & aflaflinat, oiY la dépofition d'un complice fait pleine foi contre. un autre. K. Clarus, lib. V'. fe/u. quœfl. xxj. n. 8. à feq-, T-achlnylib, JX, cap, Ixxxviij, {A) C O M COMPLICITÉ, f. f. i^Jurifpr) efllapart que quelqu'un a eue à la fraude ou au crime commis par un autre. Voye\ ci-de^'ant Complice. {A) COMPLIES , f. f. pi. {Hifl, ecdéf.)ccû dans l'églife romaine la dernière partie de l'office du jour. Elle eft compofée du Deus in adjutorium y de trois pfeaumes fous une feule antienne , d'une hymne , d'un capitule & d'un répons bref, puis du cantique de Siméon ISunc dimittis y & de quelques priè- res ou verfets, du confiteor avec l'abfolution, d'un oremus , & enfin d'une antienne à la Vierge , avec fon verfet & fon oraiforu On ne connoît pas au jufle le temps de l'inflitution dé cette partie de l'office , dans laquelle l'églife a en vue d'honorer la mé- moire de la fépulture de Jefus-Chrifl , ainfi que le porte la glofe, cap. x. de celebr. mijfar, tumulo compléta reponit. Ce qu'il y a de certain, c'efl qu'elle étoit inconnue dans la primitive églife , comme lè prouve contre Bèllarmin le cardinal Bona, de pfalmod. ch. xj. car les anciens termi- noient leur office à none ;-& il paroît mêr- me par S. Baille , major, regular. quœji. ^y. qu'ils y chantoient le pfeaume 90 que nous récitons aujourd'hui à compiles. On ne trou- ve dans Tertullien & dans les autres anciens nulle tmce des compiles: ileft vrai que l'auteur des conftitutions-apoftoliques parle de l'hymne du foir , & que Caffien décrit là pratique des moines d'Egypte pour l'of- fice du foir ; mais c'étoit ce que nous appel- ions proprement vêpres. Fbjf^j Vepres. Voyerles antiq. eccléf. de Bingham ; tome V.lib.XIII.ch.jx.^.8.{G) COMPLIMENT ,f. m. {MoraU) dl'f- cours par lequel on témoigne de vive voix ou par écrit à quelqu'un l'eflime qu'on a pour lui , ou la part que l'on prend à quel- que chofe d'intérefl'ant qui lui arrive. C'efl ordinairement , ou une fadeur , ou une inu- tilités, ou un menfonge ; ce qui n'empêche pasquecenefôit quelquefois un devoir. (O) COMPLIMENTAIRE , f. m. ttrme de commerce : on appelle quelquefois 'le compli- memaire d'une fociéte\ celui des afîociés fous le nom duquel fe fait tout le commerce de là fociété. Voyei^ SoGIÉTÉ. Diélion. du Comm. Ù de 2^réi'. ^ COMPLIQUÉ, adj. {Gramm.)\\k C O M 757 dit en général de tout ce qui contient un grand nombre de rapports , qu'il efl diffi- cile d'embrafTer & de concevoir diflinde- ment. Il y a cette différence entre une affaire délicate & une affaire compliquée y que les rapports de la première peuvent être en petit nombre , au lieu que ceux de la fé- conde font nécelfairement en grand nombre. COMPOIX , f ^ m. {Hifl. mod.) fynony- me à cadaftre : c'ell en Languecioc & eri Provence l'état des fonds de chaque com- munauté , avec leur cflimation , leur qua- lité , & les noms de ceux qui les tiennent. COMPONCTION, terme de théologie, douleur qu'on a dans l'ame d'avoir ofïenfé" Dieu. Voye\ CONTRITION. La confeflîon n'cfî bonne que quand on' a un vif repentir, une grande componclioiî de cœur. Koy^r;^ CONFESSION. Componction , dans la vie fpirituelle , ar une fignifîcation plus étendue ; elle fe prend non-feulement pour la douleur qu'on a d'à-» voir offenfé Dieu , mais aufli pour un fenti- ment pieux de douleur , de trifîelîe , de dé- goût, qui a diiïerêns ra'orifs. Les miferes de la vie, le danger où l'on efl de fe perdre dans le monde , l'aveuglement des mon- dains , font pour \ts gens de bien des fujets de componclion: Trév. Ù Chamb. [G) COMPONÉ , adj. terme de Blafon. On dit une bordure componée , de celle qui eft formée ou compofée d'un rang de parties angulaires, ou qui efl échiquetée de deux couleurs. Componé fe dit auflî généralement d'une bordure , d'un pal , ou à^Vint fafce com- pofée de deux difïerentes couleurs ou émauîè difpofés alternativement , féparés & divifés par des filets , excepté dans les coins , où les jondions ont la figure d'un pié de chèvre: Lîi bordure de Bourgogne & la bande dé Vallin font compone'es : là bordure de Sève efl contre^componéCy parce que leur écu étant fafcé d'or & de fable, & la bordure co/72- ponéeàé même, les compons d'or répon- dent aux fafces de fable , & ceux de fable awi fafces d'or. Vallin en Dauphiné, dé gueules à là bande componée d'argent & d'azur. ( V) < COMPONENDE , f. f. (Juri/prud.) efl une efpece de compofition ou taxe que l'oi^ - paie à la chambre appflolique de - Rome - 75» COM pour certains ades , tels que les dirpenfes de mariage, les unions, fuppreffions, érec- tions , coadjuroreries , penfions fans caufe , les abfolutions & nouvelles provifions , & généralement pour tour ce qui procède de fruits mal perçus par ceux qui ont joui fans titre légitime des bénéfices , & qui n'ont pu en gagner les fruits , comme font les con- fidentiaires. Mais cette prétention de la cour de Rome fur les fruits mal perçus n'eft point reconnue en France ; car le pape n'a pas le pouvoir d'appliquer à la chambre apoitoli- que les fruits des bénéfices de ce royaume , & l'on n'y foutFre point que les intrus , les confidentiaires , les fimoniaques , & autres qui ont joui des fruits fans titre légitirne , en compofent au préjudice des églifes auxquelles ils font tenus de les reftituer , pour être employés aux orneraens & aux réparations. Outre ces matières de grâce , abfolutions , ou reftitutions fujettes à la taxç des compo- nendes y la plus grande partie des abbayes confiiloriales paie la troifieme partie de la taxe qui eil dans les livres de la chambre , lorfque les parties ne peuvent ou ne veulent pas les faire paflerpar le confiftoire. Amidenius , defiylo dat. cap. xvjii , dit qu'Alexandre VI a été le premier auteur àcs componendes , & qu'il avoit vu une lettre d'Ifabelle & de Ferdinand roi d'Efpagne , où ils fe plaignoient de cette nouvelle char- ge , à laquelle ils fe font néanmoins eniuite fournis. Il y a à la daterie un office ou bureau des componendes ; c'ell le lieu où l'on compofè , c'e(l-à-dire où l'on règle \ts taxes appellées de ce nom. Celui qui exerce cet office s'ap- pelle le ^^/jo^ra/re, ou tréforier y ou préfet lies componendes: c'elKm officier dépendant du dataire , dont l'emploi eft de recevoir les fommes taxées pour les matières fujettes à componende : il avoit été créé en titre per- pétuel par le pape Pie V , mais il fiit depuis ïiipprimé pour être exercé par un officier amovible. Il eft du devoir des revifeurs de la daterie , lorfque les fuppliques qui paf- fent par leurs mains font fujettes à compo- nende y de mettre au bas de la fupplique un C y pour marquer qu'il eft dû componende , auquel cas il faut les porter à l'office des componendes. Voye-^ la pratique de cour de COM Rome de Caftel , tome lypcige 4^ Ù fuiv. & page Zj^z, {a) COMPOSÉ (ETRE), Metaphyfique'.c'cû celui qui a plufieurs parties diftindes l'une de l'autre. Le corps humain eft un compo~ fé y dont les parties font la tête , le tronc , Ùc. Chaque membre eft à fon tour un com~ pofé ; la tête des yeux , du nez , ^c. & cette analyfe peut être pouflée tant qu'il refte des parties diftindes dans celles que l'oar confiderc. Chaque être compofé eft un tout , dont l'efTênce conlifte dans la manière dont cer- taines parties données font liées entre elles. Il faut d'abord certaines parties , douées de telles ou telles qualités. On ne fauroit faire une maifon avec de l'air , de l'eau , & du feu ; il faut des pierres , des briques, & d'au- tres matériaux convenables ; mais ces maté- riaux étant donnés , pour achever de déter- miner l'eftênce d'une maifon , il s'agit de les arranger d'une certaine manière; car d'au- tres afTemblages produiroient des ouvrages différens d'une maifon. De même relTcnce du triangle confifte d'abord en trois lignes ; plus ou moins ne feroicnt pas cette figure : mais de plus ces trois lignes doivent être dilpofées d'une certaine façon qui complète l'eiî'ence du triangle; laquelle, comme toutes celles des hres compofés , confifte donc & dans la qualité des parties , & dans leur liai- fon. Ainfi ce n'eft pas aiTez pour connoître l'eflence d'un compofé y de ne favoir que Tune ou l'autre de ces chofes. Celui qui voit toutes les pièces d'une montre étalées , ignore l'eflence de la montre , s'il ne fait pas comment ces pièces s'ajuftent & influent l'une fur l'autre ; tout de même que celui qui voit la montre montée & en mouve- ' ment , en ignore l'efTence , s'il h'eft pas ins- truit des différentes parties qui la compofent. C'eft donc dans ces deux chofes , fàvoir la qualité des parties & leur combinaifon , que confifte la raifon de tout ce qui convient au compofé. C'eft par la nature des pièces d'un moulin , & par la ftrudure de cette machi- ne , qu'on explique comment le blé peut y être réduit en farine , & la farine être fé- parée du fon. C'eft de même par les par- ties du corps humain , des animaux , des plantes , & par leur ftrudure , qu'on rend C O M rairon de ce qui fe pafTe dans ces corps organifés. Les êtres compofés font femblables , lî les parties & l'arrangement àes parties fe ref- îemblcnt ; ils font diflemblables , foit que les parties différent, foit que l'arrange- ment varie. Les genres & les efpeces Ats compofés fe déterminent par les qualités des parties, & par leurliaifon. Les quadrupèdes, par exem- ple , ont les mêmes parties : mais les quali- tés de ces parties , longueur , grofîèur , cou- leur, Ùc. fervent à les diftinguer. Un être compofé eft produit , & pafle de la limple poffibilité à l'ade , fans qu'aucune création intervienne ; il cft détruit fans anéantifiement , car les compofés ne font que des affemblages de parties qui exiftent éga- lement avant la naiflance & après la deflruc- tion du compofé. Il y a une circulation per- pétuelle dans la nature, & il ne s'y perd pas le moindre atome de fubftance. Génération & corruption ne font que des variations de k fcene du monde, qui font paroîtrc les ehofes fous diverfcs apparences , mais qu: laiflent toujours fubfiiler la même quan- tité de fubftancc , réelle. Article de M. Forme Y. CÇMPOSÉ , ÉE , adj. {Mufiq.) ce mot a trois fens en mufique ; deux , rapport aux intervalles , & un , rapport à la mefure. 1°. Tout intervalle qui pafTe l'étendue de l'odave> eft un intervalle compofé , parce qu'en retranchant l'odave on fimplifie l'in- tervalle fans le changer. Ainii la neuvième , la dixième, la douzième font àt^ intervalles compofés ; le premier , de la féconde & de l'odave : le deuxième , de la tierce & de l'odave ; le troifieme de la quinte & de Todave , ^c, 2°. Tout intervalle qu'on peut divifer ïMuficalement en deux intervalles , peut en- core être confidéré comme compofé. Ainfi la quinte eft compofée de deux tierces , la tierce de deux fécondes , la féconde ma- jeure de deux ferai- tons ; mais le iemi-ton n'eft point compofé , parce qu'on ne peut plus le divifer ni ilir le ckvier , ni par notes. C'eft le fens du difcours qui , Aqs deux pré- cédentes acceptions , doit déterminer celle ielon laquelle un intervalle eft dit compcfé. 3. On appelle mefures <:ompofées ^ toutes C O M 7f de guimauve compofé, un firop dans lequel, outre la guimauve , entrent auffi plufieurs racines, feuilles , femences, &c. & qu'on le dilHngue par cette dénomination An firop de guimauve fimple , dans la préparation du- quel on n'emploie que la guimauve. On n'ajoute pas l'épithete de compofé au nom des préparations compofées , lorfqu'il n'en exifte point de fimple dans l'art ; c'efl pour cela qu'on ne dira point/rrop de karabé compofé -y quoique le firop qu'on connoît en pharmacie fous le nom defirop de karabé y foit compofé. Au refte, il faut obferver qu'on ne compte point au nombre des drogues, dont la plu- ralité conflitue la qualité dQCompoféy dis-je., celle qui fait raffaifonnement , celle à la- quelle eft due l'aromatifation ou la colo- ration dans les préparations aromatifées ou colorées ; on n'a égardqu'à la drogue qui conflitue, ou qui eft cenfée conftitiier la vertu du remède : ainfi l'on peut avoir des. firops fimples , quoiqu'on ait befoin né- ceffairemc^t d'çau &: de fucre pour mettre un médicament fous cette forme, Ùc. Les juleps , les potions , les mixtures , Us apozemes , les bouillons médicamenteux , Ùc. font des compofitions magifirales. V", la méthode générale de procéder aux com- pofitions ofiicinales , aux articles MiX-» TION {Pharmacie) , & DiSPENSATION & les règles que le médecin doit obferver en prefcrivant les compofitions magifirales , au mot Formule ( Pharmacie ), L'ufage général d'employer dans le trai- tement des maladies ,, des remèdes prefque toujours compofés , eft fans contredit un des principaux obilacles au progrès de cette par- tie de la médecine qui s'occupe de la vertu des médicamens. Il ne feroit pourtant pas fage de vouloir les abandonner abfolument pour n'employer que les remèdes fimples , puifque l'obfervation eft favorable à beau- coup de ces remèdes compofés, & que nous ne favons pas afîez comment leurs difïerens ingrédiens fe modifient entr'eux., pour çfer C O M prononcer qu'une certaine drogue fimple pouvoit produire le même effet médicinal , qu'une ctnamecompo/ition. Ainfi , quoiqu'il foit évident que c'eft A l'ignorance , au pré- jugé , à la chariatanerie , que nous devons la thériaque , le diafcordium , les potions purgatives , les apozemes compofés , &c. tant que robfervation raifonriée ne nous aura pas fourni de remèdes fimples plus effi- caces , ou au moins également efficaces , il faudra s'en tenir aux remèdes compofés que l'obfervation empyrique aura déclarés bons. (^) ^ . Composé; quantités compofées , tn Al- gèbre _, fe dit de l'aflTemblage de piuiieurs quantités liées enfemble par les fignes X & — : ainli a.y- b-c ^b b — a c y font des quanti-* tés compofées. On les appelle autrement quantités comw plexes ou multinomes ; pour les diftinguer desquantités fimples oumonomes, klquelles ne confillent que dans un terme, l^^oye^ MO- NOME &■ MULTINOME. (0) Composée , maladie ^ (méd.) en aj>- pelle maladie compofée , celle à la forma- tion de laquelle diverfes aifeflions fimples concourent enfemble , de manière qu'elles n'en font qu''une. La maladie compofée a donc , dans ce cas , autant de parties qu'il y a d'affeclions fimples qui ont concouru à fa naiiîànce ; elle prend leur nature. En les connoifîant , on la connoît elle-même , & aucune d'elles ne peut être changée ou (fftruite , fans qu'il arrive auffi change- ment dans la nature de» la maladie qu'elles compofcnt. On peut donc en général , confidérer ici trois efpeces de comportions , luivant que \ts dilférens vices ou des Iblides ou des fluides , concourent enfemble & entr'eux , ou avec les parties folides & fluides ; mais il y a .un fi grand nombre d'efpeces de l'un & l'autre genre , qu'il efl: à peine poffible de trouver la quantité des combinaiibns poiîi- bles , & d'expofer avec ordre les maladies qui naillent de chacune. De plus , on ne connoît pas aflez claire- ment les caradercs des maladies : cette matière cil: encore un grand fujet de difpute & de difcuflîon ; de Ibrte qu'on fe tireroit difficilement d'embarras , en voulant em- ployer la dodrine fynthétique. Tom VIII. C O M 7^1 Il efl donc plus fenfé de tirer l'ordre con- venable au traitement de cette qucftion , de la partie la plus évidente de l'état morbi- fique , & que les fens font découvrir. C'eft ainfi qu'on peut , par une jnéthode régu- lière , établir les caraderes certains , par lefquels les différentes maladies fe i-appor- tcnt réciproquement , oii différent les unes des autres. C'efl: ainli qu'on peut connoîrre leurs ciaflês , leurs efpeces & diflérences ; enfbrte qu'on les diflinguc plus aifément dans la pratique , & qu'on évite la confu- fion & l'occafion de difputer ; aufîi con- fidere-t-on plutôt les maladies compofées comme le concours divers d'autant de iymptomes , & on les renvoie avec raifon , à la matière des gens à fyflême , à cette par- tie ipéciale de la pathologie qui traite en particulier des fyraptomes. (G) Composées de simples , glandes compofées dejimples , en anatomie , ibnt celles dans lefquelles plufieurs conduits con- courent à la fortie de leur follicule , comme des rameaux veineux , dans un grand con- duit excréteur commun à plufieurs follicu- les. On peut rapporter à ce genre les glande.%. inteflinales , le trou borgne-. Kb>'e;j SÉCRÉ- TION. (Z) * COMPOSER , v. ad. qui défigne l'ac- tion qu'on 7i^\iç[\tcompoJition, F". COMPO- SITION. Une s'appliv^ue guère qu'aux pro- nudions êiQS arts qui fuppofent de l'inven- tion & du génie ; tels que les beaux arts y la peinture , la fculpture , la méchani- que , &c. Composer , ( Comm. ) affembler plu- fieurs parties pour faire un corps , plufieurs fommcs pour en faire un total. ^- On dit , dans le llylc marchand , compofer lacargaifon d'un vailfeau , compofer le fonds d'une boutique , ^/Tz/îo/èrunefadure ; pour défigner l'aftemblagc ou l'aflortiment des diverfes marchandifes dont on charge un vaifîeau , dont on fait le fonds d'une bou- tique ; & de même , les marchandifes que l'on comprend dans un état ou mémoire, que les marchands appellent /^c^/z/r. Compofer de fes dettes avec Ces créanciers , ou paffer avec eux un contrat , faire un ac- commodement , en obtenir une remife , ou du temps pour payer. Compofer une Ibramé totale , foit de k C c c ce -)i% G O M recette , foit de In depenfe , foit du finito (f un compte , en termes de teneur de livres , c'eft ajouter enlemble les fommes qui font toutes les, parties d un compte, les calculer , & par diverfe» opérations arithmétiques voir à quoi toutes ces choies fe montent. Dicfion. de Comm. de Trév. & de Chamh. COMPOSITE , terme d'Architea. V. Ordre. COMPOSITEUR , f. m. {Jurifpr.) amiable compojheur , efl celui quiefî choiii par les parties pour juger leur différend , ou pour le terminer à l'amiable félon l'équi- ré , fans être aflreint aux rigueurs du droit ni de la forme , à la différence de l'arbitre qui doit juger félon les loix. Voye\ ARBI- TRE ù Arbitrateur. {a) COMJPOSITE.UR ; quoique compojition fe dife dans tous les arts libéraux , compojiteur ne fe dit guère qu'en raufique & en impri- mene ; c'efl celui qui compofe ou qui- fait la Qpmpofition. V. au mot COMPOSITION , une eiquiiïè des connoiiïances néceilaires pour lavoir compofer. Ce n'efi: pa. encore allez pour faire le bon compojiteur. Toute la fcience poflible ne fufîit point , fans le génie qui la met en œuvre : quelque effort que l'on puifle faire , il faut être né pour cet art , atitremeiit on n'y fera jamais rien que . (O) Composition du Mouvement eft la rédudion de plufieurs mouvemens à un feul. La compofuion du mouvement a lieu lorfqu'un corps eft poufle ou tiré par plu- fieurs puiflances à-la-fois. Voye^ MOUVE- MENT. Ces diiîérentes puifTances peuvent GOM 7 * Se de fe fouler à l'entrée de fa cavertie , ne bannit-elle pas d'objets intéreirans de la peinture î Chaque Infîant a fes avantages &. défà- vantages dans la peinture; l'inflant une fois choifi , tout le relie cil donné. Prcxlicus fuppole qu'Hercule dans fa jeuneiTc , après la défaite du (anglier d'Erimanthe , fut ac- cueilli dans un lieu foiitaire de la forêt par la déefîe de la gloi'e & par oUe des plaifu-s , qui fe le difpjtercn': : combien d'infîansdif- férens cette fable morale n'ofFrirolt-elle pas à un peiiître qui la choifiroit pour c(Ékt ? on en co;npoferoit une galerie. Il .y a linflant où le héros efi accuedii par les déefïcs ; l'info tant où la voix du plaifir fè fait entendre ; celui où l'honneur parle à fon caur ; l'inf* tant où il balance en lui-même la raifon de l'honneur & celle à\i plaifir ; l'inflant où la glorire commence A l'emporter ; l'inflant où il efl entièrement décidé pour elle. A l'afped des déefîes il doit être faifî d'admiration & de fjrpril'e : il doit s'atten- drir à la voix du plaifir; il doit s'enfiammcr A celle de l'honneur : dans l'inllant où il ba- lance leurs avantages , il eff rêveur, incer- tain , fulpendu ; à mefure que le combat intérieur augmente , & que le moment du facrifice approche , le regret , l'agitation , \(y tjurment , les angoiffes s'en-^arent de lui : d' premitur ratione unimus y vinciquc lihorat. Le peintre qui manquerait de goût au point de prendre Ilinllant où Hercule eff en- tièrement décidé pour la gloire, abando.n- neroit tout le fubhme de cette fable , & fê- roit contraint de donner un air affligé à ki déefïe du plaifir qui auroit perdu fa caufe; ce qui efl contre fon cara61ere. Le choix d'ua inffant interdit au peintre tous les avantages des autres. Lorfque Calchas aura enfoncé le couteau i'acré dans le fein d'Iphigénie , fi mère doit s'évanouir ; les efforts qu'elle fe- roit pour arrêter le coup , font d'un infiant paâé : revenir fur cet infiant d'une minute , c'efl pécher aufîi lourdement que d'anticiper de mille ans l'ur l'avenir. Il y a pourtant des occafions où la préfence d'un infiant n'efl pas incompatible avec des traces d'un infiant pafîe : des larmes de dou- leur couvrent quelquefois un vifage dont la joie commence à s'emparer. Un peintre- Ddddd 770 C O M habile faifit un vifage dans FinHant du paf- fage de l'ame d'une pallion à une autre , & fait un chef-d'œuvre. Telle eft Marie de Médicis dans la galerie du Luxembourg ; Rubens Ta peinte de manière , que la joie d'avoir mis au monde un fils , n'a point eliàcé l'impreâîon des douleurs de l'en- fantement. De ces deux paffions contrai- res , l'une efl préiente , & l'autre n'elî pas iiblènte. Comme il efî rare que notre ame foit dans une aJÛiette ferme & déterminée , & qu'il s^pfait prefque toujours un combat de différens intérêts oppofés , ce n'clf pas afTez que de iàvoir rendre une paflion fimple ; tous les inftans délicats font perdus pour celui qui ne porte fon talent que jufque-là: il ne lor- tira de fon pinceau aucune de ces figures qu'on n'a jamais alîèz vues , & dans lel^ quelles on apperçoit fans cefîê de nouvelles finefîès à melijre qu'on les confidere , {es caractères ieront trop décidés pour donner ce plailir : ils frapperont plus au premier coup-d'ail , mais ils appelleront moins. Die Vumté d^aclion. Cette unité tient Beaucoup à celle de temps : embrafler deux îr.ifans , c'clf peindre à-la-fois un même fait lous deux points de vue différens ; faute moins fenfible , mais dans le fond plus lourde que celle de la duplicité de (ùjet. Deux ac- tions ou liées , ou même fepaiées , peuvent iè pafler en même temps , dans un même lieu ; mais la préfence de deux inffans diiîe- rens implique contradiûion dans le même f^it ; à moins qu'on ne veuille confidércr l'un & l'autre cas comme la repréfcntation de deux avions différentes fur une même toile. Ceux d'entre nos poètes qui ne fe fen- tent pas afîez de génie pour tirer cinq ades intérefîans d'un objet fimple , fondent plu- sieurs adions dans une , abondent en épifo- des , & chargent leurs pièces à proportion de leur flérilité. Les peintres tombent quel quefois dans le même défaut. On ne nie point qu'une adion principale n'en entraîne d'accidentelles ; mais il faut que celles-ci foient des circonftances cflentielles à la pré- cédente , il faut qu'il y ait entr'elles tant de liaifon & tant de fubordination , que le fpedateur ne foit jamais perplexe. Variez le maflàcre des Innocens en tant de manières qu'il vous plaira j mais qu'en quelque endroit CO M de votre toile que je jette les yeux , je ren- contre par-tout ce maffacre ; vos épifodes , ou m'attacheront au fujet , ou m'en écarte- ront ; & le dernier de ces effets eff toujours un vice. La loi d'unité d'adion efl encore plus lévere pour le peintre que pour le poëte. Un bon tableau ne fournira guère qu'un fujet, ou même qu'une fcene de drame ; & un feul dram.e peut fournir matière à cent tableaux différens. De l'unité de lieu. Cette unité eff plus fîride en un fens &: moins en un autre pour le peintre que pour le poëte. La fcene eff plus étendue en peinture, mais elle eit plus une qu'en poélie. Le poëte , qui n'efl pas rcflreint.. en un infiant indivifible comme le peintre , promené fucceflîvement l'auditeur d'un ap- partement dans un autre ; au lieu que fi le peintre s'eft établi dans un veflibule , dans une falle , fous un portique , dans une cam- pagne , il n'en fort plus. Il peut , à l'aide dé la perfpedive , agrandir Ion théâtre autant qu'il le juge à propos, mais fa décoration; reffe ; il n'en change pas. De la fubordination des figures. Il efl évi- - dent que les figures doivent fe faire remar- quer à proportion de l'intérêt que j'y dois prendre; qu'il y a des lieux relatifs aux cir- conf lances de l'adion,. qu'elles doivent oc- cuper naturellement , ou dont elles doivenf^ être plus ou. moins éloignées ; que chacune doit erre animée & de la paflion & du degré de paillon qfii convient à fon caradere ; que ' s'il y en a une qui parle , il faut que \ts au- tres écoutent ; que plufieurs interlocuteurs à-la-fois font dans un tableau un aufli mau- vais effet que dans une compagnie ; que tout étant également parfait dans la nature , dans un morceau parfait routes les parties doivent être également foignées , & ne déterminer l'attention que par le plus ou moins d'impor- • tance feulement. Si le facrifice d'Abraham- étoit préfent à vo's yeux,, le buiffon & le- bouc n'y auroient pas moins de vérité que le- facrificateur & fon fils ; qu'ils foient donc . également vrais jiir votre toile , & ne crai- gnez pas que ces objets fiibalternes faffenf négliger les objets Importans. Ils ne produi— fent point ces effets dans la nature, pour- quoi le produiroient-ils dans l'imitation que. vous en ferez? Des ornemens ^ des draperies & autres^ C O M '■objets accejfoires. On ne peut trop recom- mander la Ibbriété & la convenance dans les ornemens : il eft en peinture ainli qu'en poé- fie une fécondité malheureufe ; vous avez une crèche à peindre , à quoi bon l'uppuyer con- tre les ruines de quelque grand édifice , & m'élever des colonnes dans un endroit qii je n'en peui fuppofer que par des con- jedurcs forcées ? Combien le précepte d'em- bellir la nature a gâté de tableaux ! ne cherchez donc pas à embellir la nature. Choilliîèz avec jugement celle qui vous convient , & rendez-la avec fcrupule. Con- formez-vous dans les habits à l'hifloire an- cienne & moderne , & n'allez pas dans une paflion mettre aux Juifs des chapeaux chargés de plumets. Chaffez de votre compojîtlon toute figure oifeufe , qui ne l'échauffiint pas , la refroidi- roit; que celles que vous emploierez ne ibient point éparfes & ifolées ; rafîemblez- les par grouppes ; que vos grouppcs foient liés entr'eux ; que les figures y foient bien con- traflées , non de ce contrafte de pofitions académiques , où l'on voit l'écolier toujours attentif au modèle & jamais à la nature ; qu'elles foient projetées les unes fur les au- tres, de manière que les parties cachées n'empêchent point que l'œil de l'imagina- tion ne les voie tout entières ; que les lu- mières y foient bien entendues ; point de petites lumières éparfes qui ne formeroient point de mafîes , ou qui n'of&iroient que des formes ovales , rondes , quarrées , pa- rallèles ; CCS formes feroient auflî infuppor- tcibles à l'œil , dans l'imitation des objets qu'on ne veut point fymmétrifer , qu'il en fcroit flatté dans un arrangement fymmétri- quc. Obfervez rigoureufement les loix de J V perfpedive ; lâchez profiter du jet des draperies : fi vous les difpofez convena- blement , elles contribueront beaucoup à l'effet ; mais craignez que l'art ne s'ap- perçoive & dans cette relTource , & dans les autres que l'expérience vous iuggé- rera , &c. Telles font à-peu-près les règles géné- rales de la compojhion ; elles font prefqu'in- variables ; & celles de la pratique de la pein- ture ne doivent y apporter que peu ou point d'altération. J'obferverai feulement que , de même que l'homme de lettres raconte un C O M 771 fait en hlflorien ou en poëte , un peintre eiv fait le fujet d'un tableau hiilorique ou poé- tique. Dans le premier cas , il femble que tous les êtres imaginaires , toutes les qualités métaphyfiques perfonifiées , en doivent être bannis ; l'hifloire veut plus de vérité ; il n'y a pas un de ces écarts dans les batailles d'Alexandre ; & il femble dans le fécond cas , qu'il ne foit guère permis de perfoni- fier que celles qui l'ont tojiiours été , à moins qu'on ne veuille répandre une obfcu- rité profonde dans un lujet fort clair. Auflî je n'admire pas autant l'allégorie de Rubens dans l'accouchement de la reine , que l'apo- théofe de Henri : il m'a toujours paru que le premier de ces objets demandait toute la vé- rité de l'hifloire , & le fécond tout le mer- veilleux de la poéfie. On appelle compojitions extravagantes , celles où les figures ont des formes & des mouvemens hors de la nature ; compojitions forcées , celles où les mouvemens &: les paf^ fions pèchent par excès ; compofitions con- fiifes y celles où la multitude des objets & des incidens éclipfent le fujet principal ; com^ pofitions froides y celles où les figures man- quent de pafllons & de mouvemens ; com- pofitions maigres f celles où le peintre n'a pas iu tirer parti de fon fujet, ou dont le lujet eft ingrat ; compofitions chargées , celles où le peintre a montré trop d'objets , &c. Une compofition peut aifément être riche en figures. & pauvre d'idées ; une autre com^ pofition excitera beaucoup d'idées, ou en inculquera fortement une feule ,■ & n'aura qu'une figure. Combien la repréien cation d'un anachorète ou d'un philofophe abi'orbé dans une méditation profonde , n'ajoutcra- t-elle pas à la peinture d'une folitude? il femble qu'une fohtude ne demande perfon- ne ; cependant elle fera bien plus folirude fi vous y mettez un être penfant. Si vous faites tomber un torrent des montagnes , & que vous vouhez que j'en fois effrayé , imi- tez Homère , placez à l'écart un berger dans la' montagne , qui en écoute le bruit avec effi-oi. Nous ne pouvons trop inviter les pein- tres à la ledure des grands poètes , & réci- proquement les poètes ne peuvent trop voir les ouvrages des grands peintres ; les pre- miers y gagneront du goût , des idées , de Ddddd 2, 771 CO M iclévarion ; les ieconds , de l'exaclitudc &: de la vérité Combien de tableaux poétiques qu'on admire, & dont on (entiroir bienrot l'abfurdité fi on les exécutoit en peinture? li n'y a preCque pas un de ces poèmes ap- pelles temples ^ qui n'ait un peu ce défaut. Nous lifons CCS temples avec plailir ; mais rarchltede qui réalife dans ion imagination les objets à mcTure que le poëte les lui oiîre , n'y voit félon )Çou\e apparence qu'un édifice bien confus & bien mauflàde. Un peintre qui aime le fimple , le vrai & le grand , s'attachera particulièrement à Ho- mère & à Platon. Je ne dirai rien d'Home- re , perfonne n'ignore julqu'cù ce poëte a porté l'imitation de la nature. Platon.elî un peu moins connu de ce côté , j'olë^ pour- tant alîurer qu'il ne le cède guère à Home- r§. Pfefqut toutes les entrées de l'es dialo- gues font des chefs-d'œuvre de vérité pit- rorefque : on en rencontre même dans le cours du dialogue ; je n'ea apporterai qu'un exemple tiré du banquet. Le banquet qu'on regarde communément comme une chaîne d'hymnes à l'amour , chantés par une troupe de phiîofophcs , ert une des apologies les plus délicates de Socrate. On fait trop le reproche injulle auquel fes liaifons étroi- tes avec Aicibiadel'avoient expofé. Le crime imputé à Socrate étoit de nature que l'apo- logie d.ircde devenoit une injure ; auiîi Pla- ton n'a-t-il garde d'en faire le fujet princi- pal de fon dialogue. Il aflemble dits philo- fophes dans un banquet: il leur fait chan- ter l'amour. Le repas & l'hymne étoienr fur la fin , lorfqu'on entend un grand bruit dans le veflibule ; les portes s'ouvrent , & l'on voit Alcibiade couronné de lierre & environné d'une troupe de joueufes d'inf- trumens. Platon lui fuppolè cette pointe de vin qui ajoute à la gaieté & qui difpofe à l'indiicrétion. Alcibiade entre ; il divife fa couronne en deux autres ; il en remet une fur fa xtit , & de l'autre il ceint le front de Socraie : il s'informe du fujet de la conver- fanon ; \ts philofophes ont tous chanté le triomphe de l'amour. Alcibiade chante fa défaite- par la. lagedè , ou les efforts inutiles qu'il a faits pour corrompre Socrate.. Ce récit efl conduit avec tant d'art , qu'on n'y apperçoit par-tout quur^ jeune libertin que riyjTQiie tait parler j & qui s.^accufe fans C O M ; mcn.igcmrnr des deileins les plus corrompus j & de la débauche la plus honteufe : mais l'imprefllon qui refîe au fond de l'ame , fans qu'on le ioupçonne pour le moment , c'eft^ que Socrate ell innocent , & qu'il eft très- heureux de l'avoir été ; car Alcibiade entêté de les propres charmes , n'eût pas manque ! d'en relever encore la puifîânce , en dévoi- lant leur efRt pernicieux fur le plus fagedes Athéniens. Quel tableau , que l'entrée d'Al- c.biade & de fon cortège au milieu des phi- lofophes ! n'en ièroit-ce pas encore un bien Intéreflànt & bien digne du pinceau de Ra- phaël ou de Vanloo , que la repréfentation de cette aiîemblée d hommes vénérables enchaînés par l'éloquence & les charmes d'un jeune libertin , pendentes ab ore loquen-- tis ? Quant aux parties de la peinture dont la compofition lijppofe la connoifîlince y l'oyei Coloris , Dessin , Draperies , Perspective, Grouppes,Couleurs, Peinture , Claip.-ouscur , Ombre , Lumières , &c. Nous n'avons dû expofer dans cet article que ce qui en concernoit l'objet particuher. Composition, dans le commerce y fe dit d'un contrat pafle entre un débiteur in- (olvab}e& Çqs créanciers , par lequel ceux-ci conientent à recevoir une partie de la dette en compenfation du tout , & ea conféquence donnent une quittance générale. Compqhtion y fe dit auxii dj.ns le commer-^ ce , du bon marché gu'on donne d'une chofe ; faire bonne compojuion de fa marchandife^ c'eil fc relâcher fur le prix. Composition , ( Pharm. ) voy. Com- posé. Composition , en termes d^imprime- rie y s'entend de l'arrangement dçs lettres , qui , levées les unes après les autres , forment un nombre de lignes , de pages & de feuilles. Un ouvri.er compofiteur , interrogé pour la- voir où il en efî de la compofition , répond : il me refle à taire 6 pages 20 lignes de corn- pofcion pour parfaire ma Veuille. COMPOSTELLE , ( Géog. rnod. ) ville fameufe d'E'fpagne à caufe du pèlerinage de S. Jacques , dont on croit que les reliques y repolent , fur les rivières de Tambra & d'LHla. Long. 5) , z8 ; lat. 4.Z , ^4. CoM?OSTELLE{lanoia'elle) , Géog. mod. YÏUc de l'Amcriquie feptentriDaal.e y. dans U cou ^ cou 775 nouvelle' Efpagne , dans la province de Xa-l l'autre extrémité , on arrange les lettres à lli'co. Long. a. j 8 j 25 '' ~' -^.-' i- i . lat. zz COMPOSTEUR ,î. m. inftrumentd*im. primerie , & particulier à l'ouvrier compo- fiteur. C'ejd: un morceau de Fer ou de cui- vre , plat , poli , de neuf à dix pouces de long , fur cinq à fix lignes de large , & por- tant un rebord de deux à trois lignes de haut dans toute fa longueur; il eil terminé à ion extrémité antérieure en forme d'équerre ; l'autre extrémité en efl: arrondie : le corps eft une efpecc de lame percée de plufieurs trous de diiîance en diibnce , pour rece- voir pardelTous une vis , & pardefîus l'écrou de cette vis ; cet écrou eft échancré par les deux côtés , & defliné à ferrer ou defierrer deux petites coulilîès de trois ou quatre pouces de long pofées l'une fur l'au- tre , & fur la lame , dont elles n*excedent pas la largeur , maintenues entre la vis & l'écrou , & appuyées contre le rebord , avec lequel leurs extrémités antérieures forment une autre équerre : ces couliiTes , ou plus ou moins avancées fur la lam^e , déterminent la longueur des lignes d'une page. C'eft dans l'elpace que laiilèntentr'elles les deux équer- res , que le compofiteur tient de la main gsuche , qu'il pofe le pié de la lettre qu'il levé de la main droite , jufqu'à ce qu'il ait rempli fa ligne. Il y a une autre forte de compofieur qui fert à compofer de la note , êiçs vignettes , de l'algèbre ; il ne diffère du premier, qu'en ce que celui-ci porte un re- bord de douze à quatorze lignes géométri- ques , ce qui donne la faculté de pouvoir y faire entrer cinq à fix lignes de compolition les unes fur les autres. Il y a auili un compofieur de bois de près de deux pies de longueur , fait pour com- pofer les greffes lettres ou caraderes des af- fiches. Voyei Fanicle IMPRIMER. Composteur , ( FonderU encaracleres d'Imprimerie^ il fert à donner aux lettres les derniei^es façons ; ce font des morceaux de bois de dix-huit à vingt pouces de long , fur un de large. D'un côté , & dans toute la longueur , eft un petit rebord pour arrêter le pié de la lettre, qui eft arrêtée auflî au commencement par une petite languette de bois menu de deux pouces de long , qui eft collée fur le compofieur qui fert à le tenir. Depuis cette languette jufqu'à Un pouce de côté les unes des autres , pour pouvoir en- iiiite les faire tomber toutes à la fois dans le juftifieur , les couper & les reprendre de même à-la-fois. C'eft aulîl (lir des compof^ teurs qu'on leur donne la dernière façon, t qu'on les apprête. Voyei^ Vanicle Ca- ACTERE. '*' Composteur , manufacture en foie y petite baguette de bois, fur laquelle on pafîè les portées de la chaîne pour la plier. Le compofieur Çc place dans une cavité qu'on lui a pratiquée dans Feniuple & oiiii eft retenu. voy. les articles Chaque <& Velours. COMPOTE , f. f. en terme de confifeur y eft une forte de confiture de peu de garde , parce que les fruits dorit elle eft faite ne font pas cuits au degré nécefîaire pou» être con- îervés long-temps. Compote efî donc pro- prement une confiture dont les fruits ne font; pas affez confits. Compote , en terme de cuifme , eft une manière d'accommoder des pigeons & des- canards, en les pafTant dans du lard, du beurre , ou même du faindoux , & les em- potant enfuite avec du jus ou du bouillon afTaifonné , un bouquet de perfil , de l'écor- ce de citron , Ùc. COMPREHENSION , {.^ï. terme de théologie : ce terme marque l'état de ceux quijouiifent de lavifion béatifique, & qu'on appelle compre'henfeurs , par oppofition à ceux qui vivent fur la terre , & qu'on appelle voyageurs. V oye ■{VlSlO'ii. Compréhension, tn réthorique , trope par lequel on donne au tout le nom de la partie , ou à la partie le nom du tout , ou à une chofe un nombre déterminé pour un nombre indéterminé. Ainfi M. de Voltaire a dit de l'Angleterre , en parlant du règne d'Elifabeth: Sur ce fanglam théâtre oii cent héros pe'rirenty Sur ce thrône gliffant y dont cent rois def" cendirent j Une femme â fes pies enchaînant te s defiins , De V éclat defon règne étonnait les humains, Henriad. ch.j. Voyei Métonimie. (G) * COMPRENDRE , v. ad. terme de phi- lofophie ; c'eft appercevoir la liaifon d-es idées dans un jugement, ou la liaifon (\ts \ propofîrions dans un raifonnement. Ainli 774 <^ O M C O M cet a£le de l'entendement doit précéder l'af- ges expulfifs , & font fort utiles. L*applica- firraation ou la négation. Ce que l'on com- prend peut être vrai ou faux : s'il ei\ vrai , on en convient ; s'il eft faux , on le nie. J^. \ Juger , Raisonner. Il a , en théologie , une autre acception relative à l'étaidue de nos facultés ; ainfi comprendre Dieu , c'e connoître de cet être infini tout ce qui er peut être connu par une créature finie dans ce monde & dans l'autre. COMPRESSE , f. f. terme de chirurgie , eft un linge plié en plufieurs doubles & pofé fous le bandage , pour empêcher la plaie de faigner , ou pour y tenir les médicamens appliqués. Ce mot vient du latin comprimere y qui fjgnific prejjer avec force. Scultet , dans Ion Armam. chirurg. ob- ferve que les anciens faifoient leurs com- prejfes de lin cardé , ou de duvet de plume , couIljs entr» deux linges, & les appelloient coujjins ou coujjinets. Chambers, Les comprejfes font defîinées à être pla- cées flir une partie olFenfée , fbit pour y contenir les médicamens , y remplir les vui- des , fervir d'appui aux bandes , ' foit pour comprimer quelque partie molle ou dure. Les comprejjes doivent avoir les mêmes conditions que les bandes , c'eft-à-dire qu'il faut qu'elles foient, de linge à demi-ufé , fans ourlet ni lifiere. On divife les comprejfes en lîmples & en .compofées. Les fimpies ne font faites que d'un feul lai de linge , telles que font les premières comprejfes dont on fe lert pour les fraâiures fimpies de la jambe ou du bras. Les compofées font de deux fortes , unies ou irrégulieres. Les compofées unies font ^loyées également ; elles font de différente figure & de diverfe grandeur. Les irrégulie- res ou graduées font égales ou inégales. Les égales font celles qui , étant de diffé- rente grandeur & par degrés , s'appliquent les unes fur les autres , commençant par les plus étroites. Voye\ ce que nous en avons dit au fujet de l'anévrifme qui peut fe guérir -par compreffion. Les comprejfes gréantes inégales font faites ■d'une feule pièce de linge , qui étant pioyée -plufieurs fois fur elle-même , fe trouve plus :€paifïe d'un côté que de l'autre. Ces fortes ■à.Q comprejfes s'emploient avec les b^^da- tion méthodique àss comprejfes expulfives vuides des finus , procure le recollement de la peau dilacérée , empêche de faire plufieurs fions & contre-ouvertures , & évite par-là beaucoup de douleurs aux malades. y. Contre-ouverture & Compres- fSION. On appelle aufîi les comprejfes y contemi- ves y unifiantes y dif-'ijipes , &c. V. Plan- che II. figure z z. de chirurgie , comprejfe quarrée i figure z j. Ê? z 4- comprejfes oblon^ gués ; figure î 5? comprejfe triangulaire pour l'œil , l'aine , &c.fig, z G. comprejfe en croix de malte pour les amputations des mem- bres & les extrémités des doigts. On fe fert aufîi d'une comprejfe de cette figure pour panfer l'extrémité de la verge ; on fait alors un petit trou dans fon milieu , pour répon- dre à l'orifice de l'urètre. Figure z j . com- prejfes longuettes pour les amputations. Fi- gure z 8. comprejfe fendue ou à deux chefs. Figure I g. comprejfe à quatre chefs. Plan- che XXXI. fig. z z , comprejfe graduée iné- gale. ( r) COMPRESSIBLE , adj. fe dit d'un corps capable de compreffion. Voy. COMPRES- SION. (O) COMPRESSION , f. f. ( Phyfique. ) efl l'adion de prefîèr ou de ferrer un corps , de laquelle il réfulte qu'il occupe moins d'efpace , &: que fes parties fe trouvent plus près les unes des autres. La compreffion eft donc une preflion , dont l'effet elt une di- minution de volume dans le corps preffé ; & c'efl par-là que la comprejfion diffère de la prefîlon prife en général. Koyci PRES- SION ù Volume. La comprefiion y félon quelques auteurs, diffère de la condenfation , en ce que celle- ci eff produite par l'aSion du froid , & l'autre par celle d'une force extérieure. V^, Condensation. Mais cette difîindion paroit aifez frivole. L'eau eff incapable de compreffion : après qu'elle a été bien purgée d'air , iln'y a point de force capable d'en rapprocher les parties , ni d'en diminuer le volume. L'eau ayant été violemment preffée , dans une expérience de facadémie del cimento , elle s'ouvrit un paf^ fage à travers les pores d'une boule d'or , plur tôt que de fouffrir la compreffion. V. Eaî/. C O M La comprejjîon de l'air par fon propre poids , eft très-furprenantc. Il paroît , par le calcul , que l'air ordinaire que nous ref- pirons proche la furface de la terre , efl con- denfë par le poids de ratmofpHere jufqu'à n'occuper plus que la 11^96 partie de l'el- pace qu'il occuperoit , s'il étoit en liberté. Voyiei Atmosphère. Mais nous pouvons , par le fecours de l'art , comprimer l'air encore davantage ; & il paroît par les expériences de M. ï3oyle , que l'efpace que l'air remplit dans fa plus grande dilatation , ell: à celui qu'il occupe dans fa plus grande comprejjîon, comme cinq cent cinquante mille eit à un. Voye-{ AiR. M. Newton prétend qu'il eft impolîible d'expliquer cette grande comprejjion & di- latation de l'air , en fuppofant (es particules élafliques & branchues , ou en forme de petites aiguilles entrelacées en cercles. Cet auteur l'explique par une force répulfive', dont il Tuppolè ces parties revêtues ; & en vertu de laquelle , quand elles font en li- berté , elles fe fuient mutuellement \t^ unes les autres. V. ATTRACTION Ù RÉPUL- SION. Harris & Charniers. Au refle il ne faut point ( rigoureufement parlant ) confondre la comprejjion avec la Gondenfation , quoique dans l'ufage ces mots fe confondent afïez fouvent. Comprejjion d\ proprement l'adion d'une force qui prefîe un corps , foit qu'elle le réduife en un moin- dre volume ou non ; condenjation cft l'état d'un corps qui par l'adion de quelque force efl réduit à un moindre volume : ainfi cq.s deux mots expriment, l'un la force , l'autre FelTet qu'elle produit ou tend à produire. (O) Compression, {Méd.) maladie, & quelquefois excellent remède : c^tû ce qu'il convient d'expliquer fuccindement. La comprejjion y en tant que maladie , eft le rétrecilîèment des parois oppoiées des vaifîeaux ou des cavités , par une caufe quel- conque qui les rapproche au point de fe tou- cher, ou beaucoup plus que dans leur état naturel. Cette tnaladie peut être produite par une infinité de caufes différentes, externes ou internes. Les vaiffeaux font extérieurement com- primés par le poids du corps tranquillement couché fur une partie , par des ligatures , C O M 775 par des bandages , par des vêtemens trop étroits , par diverfes machines compriman- tes , par l'air plus pefant , par le frottement , csV. Si de ces caufes comprimantes il en ré- fulte l'interruption de la circulation des fîui- dcs , l'embarras , l'obflrudion , la mortifî- carion , il faut promptementôter la caufe qui produit ces ravages , changer fouvent la pof- ture du lit quand la comprejjion vient du poids du corps , relâcher les ligatures , Ùc. La comprejjion arrive intérieurement par quelque os , par une fradure , une luxation , une efquiile , la diflorfion , la dillradion des parties dures qui compriment des vailîèaux , une pierre , une excroiilance , une exoflofe , ùc. Le remède efl de recourir à une prompte rédudion , ou d'enlever la caufe s'il eft poffible. La comprejpcon des vaiffeaux peut encore arriver par une tumeur voiline , molle ou dure , pléthorique , inflammatoire , emphy- lémateulè , purulente , skirrheufe , chan- creufe , œdémateufe , ampoullée , variqueu- fe , ' anévrifmale , topheufe , lymphatique, pituiteufe , calculeufe , calleufe ; il faut appli- quer la méthode curative indiquée à chacune de ces efpeces de tumeurs ; diminuer la- pléthore , guérir l'inflammation , évacuer le ■ pus , la lymphe; extirper par l'art les apol^ thèmes qu'on ne peut réfoudre , ^c. La comprejjion qui naît des excrémens en- durcis, fe guérit en rendant le ventre libre ;. celle qui vient de la grofîefl!ê , s'évanouit par l'accouchement : ainfi dans quelque comprej- jion que ce foit àts vaiffeaux & des vifceres , on doit employer les remèdes propres à dé- truire la caufe comprimante connue. Mais pour entendre le mal qu'occafione une longue & trop forte comprejjion , il faut bien connoître i**. les effets qui en dérivent, 2°. la nature de la partie comprimée. Or l'on < conçoit qu'une violente comprejjion en rétre- cilîant \ts parois du vailîeau au point de fe ' toucher , procure leur cohéfion, leur con-^ folidation , interrompt par confcquenr la ' circulation des humeurs. La circulation ne peut être interrompue dans une partie , fans caufer le froid , la ifupeur , l'infenfibiiité , la fcchereffe , la parah lie , &c. Les fluides qui fe portoient continuellement dans cette ' partie , viennent à le jeter dans d'autres .vailîèaux qu'ils dilatent plus qu'ils nei'étoient: 77^ C 0 M (lins leur étrù naturel : ces vaiîlèaux ne p:ii- ' vent erre ainfi dilatés , que leur refïort ne diminue , ne fe perde , ou qu'il n'arrive unz rupture , félon que leur dilatation efl plus ou moins grande , (ubiiile plus ou moins long-temps ; ce qui produit l'embarras , l'cpanchcraent , la corruption , la corrofion , la (ùppuration , la mortificarion , le (phacele. Les eiiets de la comprej/ion font plus ou moins nuifibles , fuivant la nature , la fîruc- turc , la fituation de la partie comprimée : de-là vient le danger de la comprejjîon du cerveau , dont l'importance exige un article à part. Cependant nous avons donné la compref- fion pour un excellent remède , & cela cfl encore très-vrai : mais celle que nous van- tons ainii , doit être artificielle , générale , modérée , & mife en ufage pnr degrés ; c'eil: alors qu'elle fournit à la médecine un àts plus puifîàns fecours dans les maladies nom- breufes qui naiflent de la débilité & du re- lâchement des fibres. On a vu de telles ma- ladies qu'on regardoit comme défefpérées, guérir par la comprejfion générale de tous les yaifîeaux affaiblis , prudemment ménagée ; car en diminuant un peu de leur capacité , il arrive qu'ils acquièrent de l'élafliciré , & qu'ils ne font plus trop dillendus par les fluides qu'ils contiennent. Or par exemple , les vêtemens , les bandages & les appareils qui preffètît fur la chair , en donnant aux vaiîlèaux une efpece de foutien & de point d'appui , produifent ce que ne fauroient faire les folides trop afioiblis , c'efl-à-dire , qu'ils empêchent que les vaifTeaux ne fe di- latent à l'excès. Qui ne l'ait les avantages de cette compref- fion dans les hydropifies anafarques & al- cites ? Dans la première , dès que toute l'eau ejfl écoulée , les cuifles & les jambes relient immédiatement après , non-feulement flaf- ques & plilTées , mais elles ne -tardent guère enfuite à s'enfler de nouveau , à moins qu'el- les ne foient fortifiées & foutenues par un bandage convenable. Dans laleconde, quand les eaux ont été évacuées par la ponélion de l'abdomen , fi l'on n'a foin de comprimer le ventre auffi-tôt par des bandages , il fuc- cede quelquefois une fyncope mortelle , ou du moins l'hydropifie redevient bientôt aufll terrible qu'auparavant. C O M ^ Q':' ne connoît dans les iambes qui de- viennent variqueufes , l'utilité des bandages ou des cliauflùres étrécies , pour prévenir les accidens àzs varices , & pour empêcher les fluides de fe loger dans les vaiffeaux trop dilntés des parties ? Enfin , qui p«u ignorer les belles cures opérées par les fridions , cette elpece fimple de comprcjjion méchanique , & de relâchement alternatif des vaifièaux , qui rétablit l'ndion & la réadion àz^ folides & des fluides , d'où dépendent l'intégrité de toutes les fondions du corps. Article de M, le chevalier DE Jaucourt. Compression DU cer-Veau , (Chir.) preflion de ce viicere par quelque coup vio- lent qui a contus , enfoncé le crâne en de- dans, avec f raclure ou fans fradure. Lorfque la tête efi: frannée par quelque coup , ou que dans une chute elle rencontre quelque corps dur , il en peut réfulter deux trilles effets : i**. la commotion du cerveau, Foj. Commotion : i°. fa comprejjîon ^ dont voici les fignes & les fuites. Symptômes de la comprejfion ducen'eau. 1°. La rougeur du vifage , l'inflammation àts yeux, le faignement du nez, des oreil- les , Ùc. 2°. le friflbnnement , 3°. l'engour- diflement des fens , 4''. l'aflbupiflèment , 5°' la léthargie , 6*^. le vertige , 7°. le tintement dans les oreilles , 8°. le déhre, 9°- le vomif- ièment bilieux , 10°. les douleurs de tête , 1 1°. les convulfions , 12'*. la paralyfie , 13°. la décharge involontaire àts urines & de la matière fécale , 14°. l'apoplexie. Voilà les fymptomes de la comprejfion du cerveau , qui le trouvent plus ou moins raffemblés , &: dont nous allons tâcher de donner l'expli- cation. Explication phyjiologique de ces fymptO' mes. On apprend , en géométrie , que de tou- tes les figures d'une égale circonférence , le cercle eft celle qui comprend le plus grand efpaee : or la figure du crâne eft à-peu-prcs fphérique ; par conféquent s'il eft preffé en dedans , il faut que là capacité diminue. On fait auffi par la Phyfiologie , que la cavité du crâne eft toujours pleine dans l'état de fanté. Si donc la figure du crâne eft changée par la comprejfion , il faut néceflairement que cette comprejjîon agiife aufll fur le cer- veau qui y eft contenu. • Comme k vie de l'homme & toutes fe$ fonûiops # C O M fondions naturelles i-îépenclent de ce qui art contenu dans la capacité du crâne , & que toutQ la fubftance du cerveau , extrêmement molle , efl facile à comprimer , il eft clair que toutes les fondions qui dépendent de l'intégrité du cerveau , feront troublées par la compiejjîon ; & comme le cervelet eft plus à couvert que le cerveau , il s'enfuit que les fâcheux effets de la comprejfion ne par- viendront à détruire l'aâion du cervelet à* où dépend la vie , qu'après avoir afFedé auparavant les actions dépendantes du cerveau. Il eft fans difficulté que les effets de ce dé- (brdre varient à raifon des ditFérentes por- tions du cerveau qui font comprimées , ou félon que la caufe comprimante agit avec plus ou moins de violence , ou félon la quantité de la liqueur épanchée par la com- prejjion , ou enfin félon que les fragmens aigus de l'os pénètrent plus ou moins avant dans la fubffance du cerveau. Il ell: vrai que la plus légère comprejjlon du cerveau peut troubler fon adion ; c'eft ce que juflifie un cas fort fingulier, rapporté •dansl'/i/,^. deVacad. des Se. Une femme qui avoir la moitié du crâne enlevé , ne laiiloit pas d'aller en cet état dans les rues , mendiant de porte en porte : fi quelqu'un lui touchoit la dure-mere qu'elle avoir toute découverte, avec le bout du doigt leulemenr , & le plus légèrement qu'il îm poflible , elle faifoit un ^rand cri , & difoit qu'elle avoir vu mille chandelles. Il ne- faut donc pas être furpris que [acomprej/lon ducerreau puifïe produire tous les fymptomes rafîemblés ici. Premièrement , la rougeur du vifage , l'inflammation des yeux , le faignement^ài nez, des oreilles , &c. pourront être les ef- fets de hromprej/ion. La circulation du fang dans les vaiffeaux du cerveau étant oblfruée, les yeux deviennent rouges par la quantité de fang qu'y portent les branches de la co- ratide interne : cette quantité augmentant infenfiblement par la cTCulation , il en ré- fultera un faignement du nez , des yeux , ties oreilles , &c. d'ailleurs , le fang qui le ■décharge par ces parties , donne liçu de craindre que les vaiffeaux fanguins qui en- trent dans le cerveau , ne foient aulïi rompus. 2.°. Le f rifîbnnement ei\ un mauvais fym- ptoîue , parce qu'il défigne qu'il le décharge Tome VlIL C O M 777 I du fang de vaiffeaux rompus , fiif-tout j quand il n'efl: pas réglé , il indique encore I un dérangement dans le fiege des fenfations. j 3°« L'engourdilîement des fens efl un ' fymptome ordinaire , même de la plus lé- ' gère comprejjlon du cerveau \ parce que dès ' que la fubffance médullaire du cerveau efî affedée , les fenfations qui en émanent doi- , vent être engourdies : enforte que cet effet réfultera proportionnellement à la force de ' la comprejjlon ; & de plus il durera pendant toute la vie , fi la caufe comprimante fub- fifle toujours. Nous avons un exemple qui le prouve dans Hildanus , cent. III. obf. xxj. On obferve même cet engourdifTement dans: tous les fens , lorfque le fang trop abondant dans les pléthoriques , dillend leurs gros vaifîèaux ; ou dans les maladies aiguës , lorf- que par fa vélocité il fe raréfie au point de dilater les vaifTeaux , qui alors prefîentfur ' la fubflance médullaire du cerveau. 4*. Si la comprejjlon efl plus forte , l'af^ foupiifement fuit néceffairement ; parce que la libre circulation des efprits & du fang dans la fubffance corticale du cerveau efl alors empêchée : ce qui produit l'afroupiiîè- ment. 5°. La léthargie indique qu'il y a encore une plus grande comprejfion fur le cerveau i aufC-tôt que les caufes qui produifent l'af^ fbupifTement font augmentées , ^lles for- ment la léthargie. Il faut remarquer ici qu'elle efl plus confidérable quand la com^ prejjion vient de quelque portion d'os , ou d'un épanchement , que lorfque la dure- raere eft piquée ou déchirée par quelques efquilies ; mais dans ce dernier cas la dou- leur efl plus profonde, & la pefànteur de la tête plus confidérable. 6^. Le vertige efl un des plus légers dé- fordrcsqui arrivent au cerveau dansIacoA^z- prejjlon. Si le malade perd la vue , c'efl une marque que le mal augmente. Le cerveau étant comprimé , les efprits ne coulent plus aufC librement de l'origine de la moelle du cerveau par les nerfs du cerveau; il en ré- fulte une rotation apparente des objets. Si le mouvement impétueux du fang prefîe davantage le cerveau , & qu'il forme un obflacle dans les vaifîèaux par lefquels le fang proviciit dii cerveau > il s'enftiit Mn* Eeces 77S C O M vertige ténébreux , & à la fin le malade tombe à terre. 7°. Le tintement dans les oreilles procedç ici de la même caufe qui produit le vertige , il eft preique toujours la luite d'un violent coup à la tête , qui a comprimé le cerveau. Jl faut bien le diilinguer de ce tintement d'oreilles qu'on éprouve en fanté , qu-i ne vient que d'un léger délordre dans l'organe de l'oliie ; défordre qu'on diffipe en enfon- çant fmiplement le doigt dans l'oreille , ou en le paiîànt autour , ou en comprimant le tragus , ou en ôtant la cire des oreilles. 8^. Quant au délire , on fent bien que dans la comprejjîon du cerveau il faut nécef- fàiremcnt qu'il s'enfuive un dérangement dans les perceptions de l'ame , qui dépendent de l'adion libre & continue du cerveau , & que nous nommons délire. 9°. A l'égard du vomiliément de la bile, il naît delà commjLmication étonnante qu'il y a entre la têre & les vifceres, puiiqu'ils font àts impreffions fi réelles l'un fur l'autre. Dans l'état même de fanté, quelqu'un qui a'efl point accoutumé au mouvement d'un bateau , ou qui tourne avec force pendant quelque temps , éprouve d abord" un ver- toge qui annonce que le cerveau ell afledé , & bientôt après il vomit de la bile. Il fuit de-là que , comme le vomiffement de bile procède de caufes ii légères , il ne faut pas tirer un pronollic fatal de ce lyraptome dans les coups de i^it^ à rnoins qu'il ne ibit accompagné d'autres lymptomes dan- gereux. lo". Pour ce qui regarde les douleurs de tête, illembleque ce ibit un défordre par- ticulier au crâne & à ïts tégumen-s. Comme elles dénotent que les fondions du cerveau ne font pas détruites , ii ne faut pas les met- tre au rang des mauvais préfâges: car quand Içs fondions du cerveau font extrêmement dérangées , on ne peut pas déterminer fi l'on relient ou non , des douleurs dans cette partie. 11°. Les. convulfîons marquent claire- ment que la comprejjîon , la lefion du cer- veau , a dérangé l'égalité de l'affluence des cfprits dans les nerfs qui fervent au mou- vement mufculaire. Ii*». La paralylie arr've quand le cerveau fil teilemem bleflTd, que cette lefion a to- QOM # talefnent arrêté le cours des efprits qui affluent dans les nerfs qui donnent le mou- vement aux mulcles ; félon qu'une partie ou une autre du cerveau aura été Compri- iTÎée , la paralyfie affedera , ou tous les. mutcles , ou ceux d'un côté du corps feu- lement , ou bien fimplement quelque mulcle particulier : c'elt un trè-s-mauvais pronoflic , puil'qu'il dénote la violente comprejjîon de la llibilance médiilkire du cerveau. 13,°. La décharge involontaire d'urine & de matière fécale , eil ici un des plus fu- nefîes lymptomes ; car les nerfs qui fervenî aux mufcles iphinders de la veiiie ëc de l'anus , tirent leur origine àcs derniers, nerfs de la moelle fpinale , qui paffent par les trous de l'os facrum : d'oii il eft naturel de conclure que l'origine de la moelle fpinale dans le cerreau doit être léfëe en même temps. 14°. Pour ce qui efl de l'apoplexie & de la fièvre qui l'accompagne , elle raoritre une comprejjîon du cerveau qui a détruit toutes \q,s iènfations internes & externes , auiTi-bien que les mouvemens fpontanés^ Cet état apopledique efl prefque toujours accompagné d'un pouls fort & vif, pen- dant lequel l'aâion du cervelet continue encore ; parce qu'étant à Tabri fous la dures- mère , il eft bien plus difficilement com- primé. 15°. Enfin , quand le cervelet vient auflî a être comprimé , parce que dans la com^ prejjîon du cerveau toute la force du fang, qui devroit circuler agit prelqu'entiérement fiir le cervelet ; la flructure tiu cervelet fe détruit par une augmentation de mouve- ment , d'où la mort fuit néceffairement.. Caufe de la comprejjîon du cerveau. Ces. divers accidens que produit la comprejjîon , naifiènt dans les coups reçus à la tête , par l'enfoncement du crâne avec ou fans frac- ture. Alors ii peut arriver que du làng ou quelque autre liqueur foit épanchée fur la dure-mere , entre cette membrane & la pie- mère , entre celle-ci & le cerveau ,, ou dans la propre fùbflance du cerveau. Il peut y avoir quelque portion d'os déplacée entièrement , ou en partie ; une pointe d'os^ qui pique la dure-mere ; le corps qui a fait : la plaie s'il reile dedans ; rinûammatioa des C O M rj^inmges occafîonée par une petite divi- sion, ou par la contufion du péricrâne. Voilà les cauies immédiates de la compref- Jioii du cerveau. Cure. La cure confifle à rétablir le crâne dans Ton état naturel, & à l'y maintenir. On connoît l'enfoncement du crâne par l'attouchement , ou par la vue feule , fur -tout quand les tégumens font levés. Il faut cependant ici quelquefois de l'habileté & de la prudence pour ne pas s'y méprendre. Si l'enfoncement du crâne cft 11 fenfible qu'il ne faille que des yeux pour le voir , il efl pour lors bien avéré ; & quand , par la violence des fymptomes , on s'efl cru obligé de lever les tégumens & de mettre l'os à nu , on voit bien auiii ce qui en eft. S'il n'eft queflion que de la contufion du péricrâne , on y remédie par la faignée ; ou fi elle ne réuflit pas , par une incifion cru- ciale qu'on fait à cette partie avec un bif- touri droit , dont on porte obliquement la pointe fous la peau , afin que cette incifion s'étende plus fur le péricrâne que fur le cuir chevelu. Par ce moyen , on débride cette membrane , on donne ifîûe aux li- queurs, on fait ceiTer l'inflammation & les fymptomes qui en font les fuites. On panfe cette plaie fimplement ; on met fur l'os & fur le péricrâne , un plumaceau trempé dans une liqueur (piritueufè , telle que l'eau-de- vie ; on couvre d'un digefiif fimple la plaie des tégumens , & l'on apphque fur toute la tête des réfolutifs fpiritueux. Dans le cas d'épanchement , on a ordinai- rement recours au trépan : mais avant que de faire cette opération , il faut tâcher de connoître le lieu où ell le défordre ^ & il n'efl pas toujours aifé de le deviner ; cepen- dant Il les fymptomes menaçans , caufés par îa comprejjion du cerveau , font extrêmement urgens,il faudra appliquer le trépan à un endroit, ou à piufieurs endroits du crâne s'il efl nécefîàire , pour taire ceffer la com^ prejjion , & évacuer la matière épanchée ; car il paroît plus raifonnable, après avoir prévenu les aflifians fur l'incertitude du fuc- cès de l'opération , de tenter un remède douteux dans cette conjondure , que de n'en point tenter du tout. Lorfque quelque pointe d'os pique la , C O M 77^ dure«.mere , ou blefîe le cerveau , il faut l'ôter au plutôt ; car il en réfulte les plu» cruels lymptomes. Lorique l'os enfoncé plie ou cède fous le trépan , on doit faire un trou dans le crâne à coté de la fradure, par lequel trou on introduira l'élévatoire pour foulever l'os enfoncé. Kéflexion. Dans tous ces cas l'on ne peut qu'être cffi-ayé de la plupart des trifles fym- ptomes dont nous avons fait le détail : ce- pendant l'on ne manque pas d'obfervations d'heureufès cures arrivées dans des enfon- cemens , des tradures de crâne très-confi- dérables , dans le déchirement des ménin- ges , dans la perte même d'une partie de la , (ubfîance du cerveau. Ces faits confolans confondent notre foible raifon , & nous prouvent que le Créateur , en cachant à nos yeux le fiege de l'ame , lui a donné des rei- fources pour fa confervation qui nous fe- ront toujours inconnues. Article de M. le chevalier DE Jaucourt. Compression, terme de Chirurgie , adion de preflêr une partie par le moyen d'un appareil & d'un bandage. La comprejjion eft un des meilleurs moyens d'arrêter le fang. Fbjf ^ HÉMORRHAGIE.. Un A'pçiiYtAcompreJJifA'p'çXiQ^é avec intel- ligence fur la peau qui recouvre un finus , procure quelquefois le recollement de i'ts parois , & évite des incifions douloureufes. Fûi^. Compresse ^ Contre-ouver- TITRE. Il eft des cas où la comprejjion eft nécef^ faire pour retenir le pus dans le finus , afin de mettre le chirurgien à portée de faire plus fûrement les incifions & contre-ouver- tures nécefiliires. C'eft ainfi que M. Petit a imaginé de tamponner l'inteflin recfum dans la fifiule interne de l'anus, pour faire féjour- ner le pus dans le finus fifiuleux , & faire prononcer une tumeur à la marge du fon- dement , laquelle fert à indiquer le lieu où il faut faire l'opération. Voy. FiSTULE A l'anus. Cette méthode de comprimer l'endroit par où le pus lort , s'emploie avec iiccès. dans -{'autres parties pour faire i'o.vcrture à.:s lacs qui fourni fient les fuppura . i s. Le fé- jour du pus qu'on occaiione par ce moyen ,, procure fouvent très-t-lficace n( nr la fonte des duretés caileufe- , ce qu dit'ienie de, Eeeee i 70© C O M l'application des cathérétiques qu'il auroit fallu employer enfuite pour parrenir à une parfaite guérifon. ( 1^) COMPROMETTRE, v. n. fe rappor- ter de la décifion d'une condilration nu ju- gement de quelqu'un , prendre Ôqs arbitres pour régler Tes différends. Cette manière de finir les aflRiires cfl: affez ordinaire entre les marchands. Il y a même dans le règle- ment pour les affureurs & les polices d'af- furance un article exprès , qui oblige à com- promettre & à s'en rapporter à des arbitres fur les conteflations en fait d'aiîîiranccs. V. Assurance & Assurer ; royei aujjl COaMPROMIS. Diclionn. du Comm. COMPROMIS , {Jurifprud) eft un écrit ligné des parties , par lequel elles convien- nent d'un ou de plufieurs arbitres, à la dé- cifion defquels elles promettent de fe tenir , à peine par le contrevenant de payer la fomme ipécifiée dans le compromis. On peut par compromis ^ au lieu d'arbi- tres , nommer un ou plufieurs arbitrateurs , c'efl:-à-dire amiables compofiteurs. Voye-^ ci-devant COMPOSITEUR. Pour la validité du compromis , il faut , 1°. Que l'on y fixe le temps dans lequel lés arbitres doivent juger. 2®. Que l'on y exprime la foumiffion àt^ parties au jugement des arbitres. 3**. Que l'on y llipule une peine pécuniaire contre la partie qui refufera d'exécuternic jugement. Le pouvoir réfultanf du compromis efi borné aux objets qui y font exprimés , & ne peut être étendu au-delà. Celui qui n'eft pas content de la fentence arbitrale, peut en interjerer appel, quand même les parties y auroient renoncé par le compromis^ ; mais Tappellant , avant de pou- voir être écouté fur Ton appel, doit payer la peine portée au compromis ; & elle fe- roit toujours due , quand même il renon- ceroit dans la fuite à fon appel , ou que par l'événement la fentence feroit infirmée. Il étoit libre chez les Romains de ftipu- 1er par le compromis une peine plus forte que l'objet même du compromis ; mais parmi nous , quand la peine paroît cxceflîve , le parlement peut la modérer en jugeant l'appel. On peut compromettre fur un procès à lïiouvoir j de même que fur un procès dé]'^ C © M mu , & généralement de toutes chofes qui concernent les parties , & dont elles peu- vent diipofer. Il y a certaines chofcs dont il n'eft pas permis de compromettre , telles que les droits fpirituels d'une églife , les chofes qui intéreflcnt lepublic , ni fur àts alimens lail- fcs par teftament pour ce qui en doit écheoir dans la fuite. On ne peut pas non plus compromettre fur la punition des crimes publics ; mais on peut compromettre fur les intérêts civils ôc fur les dépens d'un procès criminel, même fur les délits que l'on ne pourfuit que civi- lement. Ceux qui ne peuvent pas s'engager , ne peuvent pas compromettre , tels qu'une femme en puiffance de mari , fi ce n'eft de fon autorité • un londé de procuration ne le peut fans un pouvoir fpécial; le prodigue ou furieux ne le peut , fans être aflifté de fon curateur. Le mineur ne peut pareillement compro- mettre; & s'il l'a fait , il eft aifément relevé de la peine portée au compromis ; mais un bénéficier mineur n'en feroit pas relevé ,. étant réputé majeur pour les droits de fon bénéfice. Les communautés , foit laïques ou ccclé~ fiaftiques , ne (ont pas non plus relevées de la peine portée au compromis , quoiqu'elles jouifient ordinairement des mêmes priviie- • ges que les mineurs. Le compromis fubfiftant & fiiivi de pour- fuites devant les arbitres , a l'effet d'empê- cher la péremption & la prefcription , le pouvoir donné aux arbitres ou arbitrateurs par le compromis , eft rélblu. I*. Par la mort d'un des arbitres ou arbi- trateurs , ou par celle d'une des parties. 2.**. Par l'expiration du temps porté par le compromis , à moins qu'il ne foit prorogé. 3*. Lorfque les parties tranfigent fur le procès qui faifoit l'objet du compromis. Anciennement , lorfque les évêques con- noiffoient de différentes matières apparte- nantes ii la jufrice lëculiere, c'étoit ieulc- ment par voie de compromis , comme on voit par àts lettres de PhiiippeJe-Bel du 15 Juin 1303. Voye-^ au digefl, l. IV, tit. piij\ Ùaucod. 2, tit. Ivji les loix civiles ^ L Jj tit. xji'jfecl. i » C O M Brodeau lùr Louet, lett. c.fomm. 4,Cîiaf fanée fur la coutume de Bourg, tït. des droits des sens mariés , §. J'fr^oenpuiiîance , n. 19. Barder , tome II , liv. V. ch. ij. Hevin fur Frain ,p 31. de/es additions aux notes ; Pa- pon , liv. VI, tit. iij ; la Peyrere, au mot arbitre ; voye^ ARBITRE & SENTENCE ARBITRALE i -A \ COMPROMISSAIRE ,{Jurifprud.) ce terme efî ufité en droit y & dans quelques pays de droit écrit , pour fignifier un arM- tre. Ceux qui pafTent un compromis font nomméscompromijfores j & les arbitres rj/;:- promijfarii. Voyez le ^/z;//brdeBrederode , au mot compromijjarius. {A) COMPS , ( Géog. ) petite ville de France en Provence, fur la rivière de Nartabre. COMPTABILITÉ , fub. f. {Junfprud.) Voye^ ci-après V article de la chambre des comptes qui eltà la fiiite du mot compte , vers la fin dudit article. . COMPTABLE , f. m. {Jurifp. ) en gé- néral eft celui qui manie des deniers dont il doit rendfie compte. Ainli un tuteur efl comptable envers fbn mineur , un héritier bénéficiaire envers les créanciers de la fuc- ceffionj un exécuteur teiiamentaire envers les héritiers-légataires & créanciers ; un fe- queflre ou gardien ell comptable des efîèts à lui confiés & des fruits par lui perçus, en- vers la partie faifie & les créanciers , & ainfi àts autres. Tout comptable efl réputé débiteur jufqu'à ce qu'il ait rendu compte & payé le reli- quat , s'il en eft dû un , & remis toutes les pièces juftificatives. Ordonnance de i66j , tit. xxj'x. art. 2 . L'article fuivant porte que le comptable peut être pourfuivi de rendre compte de- vant le juge qui l'a commis ; ou s'il n'a pas été commis par juflice , devant le juge de Ion domicile , &c. Mais fi le comptable efî privilégié , il peut demander Ton renvoi devant le juge de ion privilège. Pour ce qui concerne les comptables delà chambre des comptes , poye^ ci-après Var- ticle de cette chambre , qui ell: à la fuite du mot compte , vers la fin de l'article. (A) Comptable , ) Quittance. ) On appelle quittances comptables les quittances & dé- charges qui font en bonne forme j, &. qui C O M 7S1 •peuvent être reçues dans un compfe pour en juflifier les dépenfes. Au contraire les quittances non comptables font celles que l'oyant compte peut rejeter comme n'étant pas en forme compétente ^ & ne jufîifiant pas afTez l'emploi des deniers. (G) Comptable fign^fie aûiTi en Guiennc , particuhérement à Bordeaux , le fermier ou receveur du droit qu'on nomme comptablie, Voy. ComPTABLIE àV article fuivam. (G) COMPTABLIE DE BORDEAUX , {Jurifprud. ) Hilh & Finance ; ce terme pris flridementfignifie le bureau où l'on compte & paie les droits dûs au roi à Bordeaux ; "mais on entend par le terme de comptable , ou ce qu'on appelle droit de comptablie ou coutume de Bordeaux , le droit même qui (è paie dans ce bureau , & qui fe perçoit au profit du roi dans la fénéchaufîee de Bor- ds^aux à l'entrée & à la fortie de toutes les marchandifes , vivres & denrées contenues au tarif qui en a été drefTé , fans exception du fel. • Pour entendre ce que c'efl que ce droit de comptablie , & en quoi ildiiFere des droits qui fe paient ailleurs, il faut obferver que la> généralité de Bordeaux eft toute entière hors l'étendue des cinq greffes fermes , & par conféquent répurée étrangère à l'égard' du refle du royaume. C*ef^ pourquoi l'on a établi dans cette généralité divers droit.«i d'entrée & de fortie pour toutes les mar- chandifes. Les deux efpeces les plus géné- rales de ces droits , font ceux de coutume & de compt.blie y & ceux de convoi. Les premiers, c'efl-à-dire les droits de coutume & de comptablie , font locaux , & fe per- çoivent fpécialement dans la fénéchauf— fée de Bordeaux à l'entrée & à la fortie de toutes les marchandifes, vivres & denrées* Ce droit de comptablie qui produifoit peu de chofe dans fon origine , appartenoit au- trefois à l'abbaye de Sainre-Croix , les reli- gieux s'en défirent en faveur de la ville de Bordeaux y fur laquelle ce droit a été dans la fuite confifqué avec celui de convoi au profit du roi Louis XIV , lorfque cette ville eut le malheur de lui déplaire. Depuis ce temps , dans tous les baux des fermes générales , on comprend nommé-^ ment la ferme du convoi & comptablie de Bordeaux , de même que celles de:s douanes. 7^2 C O M de Lyon & de Valence , Patente de Lan- guedoc , &c. Pour ce qui eft des droits de convoi , j-'oyei ci-après au mot CONVOI DE BOR- DEAUX. {A ) COMPTANT , fub. m. terme qui dans le commerce a plufieurs fignifications. Il fe dit ordinairement entre négocians pour lignifier <:/e V argent réel & effectif qu on donne & qu'on reçoit fur le champ pour le prix convenu de quelque marchandife. J^ai rendu comptant , j'ai acheté comptant ; & en ce fens il eft oppofé à crédit. V^oje^ Crédit. ^ 2°. Comptant fignilie lefonds^qw fe trouve en argent monnoyé chez un banquier ou né- gociant , &c. 3°. Comptant, argent comptant , s'entend des monnoies ayant cours j ou des efpeces Tonnantes dont on llipule que certains paie- mens feront faits , par oppofirion aux bil- lets, écritures , ou papiers. Ainfi payer comp- tant, c'ell payer en argent & non en lettres de change ou promelîês. Comptant, en terme de finances ; on ap- pelle ordonnance de comptant , une ordon- nance que k roi donne pour être pa3^ce & ac- quittée au tréfor royal , où il n'efl point ex- pliqué la deflination des fommes accor- dées , & pour le paiement defquelles il n'eft befoin d'aucunes formalités. Voye\ h dictionnaire du commerce y Trévoux & Chambers. COIVIPTE , f. m. {Commerce.) eft un état calculé ou non calculé d'efîèts pofîedés , adminiflrés , acquis , reçus , dûs , ou dépen- fés. Ce terme a un grand nombre d'accep- tions différentes dans le commerce. On dit tn ce fens que trois fortes de comptes font abfolument nécefîaires pour la clôture des livres en parties doubles ; le compte de capi- tal , k compte de profits & pertes & le compte de bilan. ■ Le compte de capital eft un compte parti- culier ouvert au débit dû grand livre ; il con- tient tous les effets d'un négociant , c'eft-à- dire fon argent comptant , fes marchandi- fes , billets , promefles , obligations , parties arrêtées , meubles meublans , immeubles , & généralement tout ce qui lui appartient, franc & quitte de toutes dettes & hypo- thequcs- C o M Le compte de profits & pertes elî ouvert fur le grand livre : il efl compofé de tous les gains ou pertes qu'un négociant a pu faire dans fon négoce. Les pertes s'écrivent au crédit , & les profits fê portent au débit. V, Crédit <& DÉBIT. Le compte de bilan ne s*ouvre au grand livre que pour la clôture des livres. Quand, il s'agit de la forcie des livres , on l'appelle compte de bilan de f ortie ; & lorfqu'il ell queflion de prendre de nouveaux livres , on le nomme comptt de bilan d'entrée. Dans le premier on porte au dcbit tout ce qui efl dû , & au crédit tout ce que l'on doit. Dans le fécond on porte au débit tout ce qui efl au crédit du compte de bilan de fortie , & au crédit tout ce qui efl au débit de ce même compte de bilan de fortie. Comptes ( livres de), ce font des jour- naux , regiflres , fur lefquels les marchands , négocians , banquiers , & autres , portent leurs effets , leur recette , & leur»dépenfè., Ouvrir un compte, c\û le placer pour la première fois dans le grand livre^ ce qui fe fait en écrivant 'en gros caraderes les noms , furnoms & demeure de celui avec qui l'on- entre en compte ouvert ; enfuite on le charge àts articles , foit en débit , fbit en crédit , à mefure que les affaires fe préfentent ; & l'on fait en même temps mention de ce comptt fur le répertoire ou alphabet. J^oyf;[ ALPHA- BET & Répertoire. Apofliller un compte , c'efl mettre des no- tes & apoflilies à côté de chaque article,, aux uns pour les allouer , aux autres pour les débattre. Vérifier un compte y c'efl l'examiner. Clorrc un compte , c'efl l'arrêter , & en fixer ie reliquat. Finito de Compte y fè prend pour l'arrête même du compte. Coucher une fomme fur un compte , c'efl enrégiflrer fur un grand livre , foit en crédit ,. foit en débit , les parties dont les particuliers deviennent débiteurs ou créditeurs. Pointer les parties d'un compte , c'efl mettre un point à côté de chaque partie que, le teneur de livres vérifie , pour juflifier que la rencontre efl jufle. Contre~partie d'un compte y en termes de banque & de commis aux bureaux dss fer- mes du roi ; c'efl le regiilre que tient le, C O M contrôleur , fur lequel il enrégifîre toutes les parties dont le teneur de livres , il c'eft pour la banque , ou le receveur , li c'elt pour les fermes du roi , charge le lien. Ordre d'un compte , c'efl fe divifion en chapitre de recette , dépenfe , & reprife. Examiner un compte , c'efl: le lire exade- ment , en pointer les articles , en vérifier le calcul , pour voir s'il n'y a point d'erreur. Solder un compte , c'efl: le calculer , le régler , l'arrêter, en faire la balance. Voye^ Balance ^ Solde. Pajfer en compte , c*efl tenir compte à quelqu'un d'une îbmme qu'on a reçue de lui ou pour lui. Rendre compte , c'efl , lorfqu'on efl comp- table , fournir l'état de fa recette & de là dépenfe. Apurer un compte , c'efl en juger tous les débats , & en faire lever toutes ks foufFran- ces ou apofîilles mifes en marge. V. SOUF- FRANCE & Apostille. Bordereau de compte, c'efl l'extrait d'un compte, dans lequel on comprend toutes les fommes d'un compte tirées hors de ligne , tant de la recette que de la dépenfe. voye'^ Bordereau. Débet de compte , c'efl la fomme dont la recette excède la dépenlè. Solde de compte , c'efl la fomme dont le débit excède le crédit , ou le crédit excède ie débit , quand le compte efl bien vérifié & arrêté , & que la balance en elt faite. Ligne de compte , c'ell la lomme qu'on tire à la marge blanche qu'on lailfe à côté d'un compte lur la droite. Eiie contient en chifii-es la fomme couchée en toutes lettres dans le corps ou texte de fardcle qui y répond. Affirmer un compte , c'efl jurer & afTurer qu'il eil véritable. L«s comptables , quand ils prelentent leurs comptes y ont couiumc de mettre à la marge de la première page ces mots : préfemé 0 affirme véritable. Débattre un^compte y c'efl faire des remar- ques iiir les divers articles d'un compte , ibit cour augmenter la recette y foir pour en faire dimmu r la dépenie. Compte en banque , c'efl un fonds que les marchands négocians , banquiers , eu autres particuliers , dépofent dans la caifiè conimune d'une banque , pour s'en C O M 783 fervîr au paiement àz^ billets , lettres d« change , ùc. Compte EN PARTICIPATION, efl une efpece'de compte qui fe fait entre deux mar- chands ou négocians, pour raifon d'une Ib— ciété anonyme qu'on appelle/oc/eVe/jamape ou fociété par participation. V. SOCIÉTÉ. Compte ellauili un terme relatif qui con- cerne urie fociété , quand deux ou trois per- fonnes font des recettes ou des dépenfes les unes pour les autres. On dit en ce fens : cet homme efl de bon compte. Compte fe dit encore d'un calcul ou dé-r nombrement qui fe fait dans plufieurs cho- fes ou quantités féparées qui font d'une même efpece. Dubois de compte y efl en ce lèns une certaine quantité de bûches qui coinpolént une voie. Compte {grand), ou Compte mar- chand , & PETIT Compte , fontdes ter- mes ulités dans le Commerce , pour figni- fier un certain nombre de morues ou de poignées de morues. A Orléans & en Nor- mandie le cent de morues efl de cent trente— deux morues , ou de foixant^-fix poignées ^ c'efl ce qu'on nomme grand compte : & à. Pans il n'elt que de cent huit morues ; ce qui s'appcUe petit compte. Comptes faits, font de certaines ta- bles ou tarits où l'on trouve des réduâions toutes fiiites de poids , de mefures , de chan- ges , d'efcompres , d m ter cts , de mon noies >. &c. tels Ibnt les comptes faits de Barrême. Compte lignifie encore gain y profit , ai'antage , bon marcné. Faite fon compte ^ trouver fon compte y &c. Il fe dit encore des: dcbourles & frais volontaires qu'on ne pourra fe faire pailer en compte. S *il dépenfe au-delà de f es ordies y ce fer a fur fon compte». Compte fe dit encore de pluiieurs petites choies qui le prennent à la main , ou ^u'on jette enlembie pour compter avec plus de promptitude. Ainii un ccru de noix ell compoiè de vingt comptes , avec les quatre au cent. Vqye7^^ les dicl, de Trév. du Com^ Disk. Chambers. {G) Compte , {Jurifp. ) ilfe prend ici pour l'état de recette & de dépenfe de biens dont on a eu l'adminillrarion. Toute perlbnne qui a géré le bien d'au*- trui doit en rendre compte , lorique là gjjf^ tioû ell finie ;, & jufqu'à ce qiie ce coi7^tç> 784 C O M {bit rendu & apuré , & les pièces juflifica- tives remiiesj le comptable efl toujours ré- puté débiteur. Ainlî le mari ou lès héritiers , après la diflblurion de la communauté, doivent en rendre compte à la femme ou à fcs héritiers ; le tuteur, protuteur , curateur, doit ''un compte à Ton mineur après la tutelle finie ; l'héritier bénéficiaire doit un compte de la tucceflion aux créanâers ; celui des afîbciés qui a géré l'atFaire commune , en doit ren- dre (:o/72pre aux autres ;un marguillier comp- t-able doit pareillement compter de Ton ad- miniftration ; enfin un fondé de procura- tion, les fermiers judiciaires, fequeflres, gardiens , & généralement tous ceux qui ont adminiliré le bien d'autrui , doivent un compte. Entre majeurs on peut rendre compte à l'amiable ou en jufKce; mais on ne peut compter qu'en juiHce vis-à-vis des mineurs & autres qui jouifTent du même privilège. Quand le compte eft rendu en juftice, il eft exécutoire pour le reliquat, s'il y en a un, fans qu'il îbit befoin d'attendre le ju- gement pour cet objet , fauf en jugeant à augmenter le reliquat, s'il y a lieu. Le compte peut être rendu par bref état ou être dreffé dans toutes les formes , par recette , dépenfe , & reprife. L'intitulé du compte contient les noms & qualités du rendant compte & de l'oyant. On exphque enfui te ordinairement dans le préambule les objets du compte. On porte enfuite fuccefllvement la re- cette , la dépenfe & les reprilès , & chacun Ûq ces objets efl quelquefois divifé en plu- fieurs chapitres , félon que la matière y eil difpofée. Siie comptable a été commis par juflice, on ne peut le pourfuivre que devant le même juge pour rendre compte : mais quand il n'a pas été commis par juflice, il faut le pourfuivre devant fon juge. Si le comptable refufe de rendre compte , on le condamne à payer quelque fomme , pour tenir lieu de ce qui pourroit en revenir à l'oyant ; & fi c'ell: un dépofitaire de de- niers royaux du public , on le condamne par corps. En matière de compte , on appointe ordi- îujirement les parties à fournir débats & C O M foutenemens , parce que ces fortes cîe 3if^ enflions ne peuvent guère être ùtes à l'audience. *' Le jugement qui intervient fur un compte doit en fixer le reliquat. Le compte jugé , on ne peut point en de mander la revifion ; mais s'il y a des erreurs de calcul , omiflions de recette , faux &: doubles emplois , on peut en demander la réformation : ces fortes d'erreurs ne fe cou- vrent point , mais elles fe réforment auK frais du rendant ; excepté pour l'erreur du calcul , au cas qu'elle ne vînt pas de fon fait , mais de celui du juge. voye\ Vordoiin. de î 66 j , tit. xxjx. Compte de bénéfice d'inven- taire, j'. Bénéfice d'inventaire, ,-apporte plufieurs arrêts pour l'une & l'autre façon de compter : mais le compte par éc fie- le tte efl le plus ufité , & paroît en effet le plus équitable. Voye\ le dici, des arr. au mot compte. Compte C O M Compte des Comptables de la Chambre des Comptes, i^oy. au Tome VU l'article Chambre des Comptes. Compte de Communauté , voye^ ci-deT'ant COMMVHAVTÈ DE BIENS. Compte par échelette , eÛ celui danslequeU'imputationde ladépenfefè fait fur la recette année par année; à la différence du compte par colonnes , où la dépenfe & la recette font bien liquidées à la fin de chaque année , mais la compenfation & imputation ce s'en fait qu'à la dernière année feulement. V. ci-devant COUVT'E PAR COLONNES. Compte par livres , sous ù DENIERS : l'ufage en fut introduit àhs l'an 755- ïl fut ordonné de le pratiquer par Phi- lippe VI, le 22 Août 1343 , & encore le 26 Odobre fuivant , & en 1347 & 1348. Le roi Jean ordonna la même chofe en 135 1, I3')3&^3)4' ^oye\ le recueil des ordon- nances de la troijieme race. Cette manière de compter fut abrogée par édit de l'an 1 577; ^^i ordonna de comp- ter par écu. Mais le compte par livres y fous & deniers, fut rétabli par Henri IV , en 1602. EJ/ai polit, fur le Corn. pag. 3.^.7. Anciennement on avoit la liberté de fti- puler & de compter par livres , fous & de- niers parifis , ou en même valeur tournois ; ce qui venoit de la différence de monnoies parifis & tournois qui avoient cours en même temps , ou qui l'avoient eu précédemment. Mais l'ordonnance de 1667 , tit. xxvij ^ art. 1 5, ordonne de compter par livres, fous ti deniers tournois , & non par parifis ; ce qui s'entend pour les conventions nouvelles : car pour les anciennes redevances qui font dues en livres , fous & deniers parifis , il eft toujours permis àt les compter fuivant l'ancien ulage, conformément au titre , fauf à les évaluer & réduire en fbmmes tournois. Les HoUandois com.ptent par florins ou livres de gros ; les Anglois , par livres fler- iing; les Vénitiens par ducats, Ihid. p. ^80. Compte NUMÉRAIRE,fignifiel€cro/;7p^e d'une ou plufieurs lommes , par livres , fous & deniers. Compte de Société, roy. Société. COMPTEDETuTELLEjVqy.TUTELLE. COMPTEPAS, f m. inflrumentquiièrt imefurer le chemin qu'on a fait à pié, ou Tome VIIL C O M 7S5 même en voiture. On l'appelle aufïî Odo^ mètre. V. OdometRE. (O) COMPTER (Art de), Métaph. Logiq. faculté de famé y attent. mém. opération de l'efprit, qui joint par des noms & des fignes dittérens , plufieurs choies d'une même efpece , comme font les unités , & par ce moyen forme l'idée dilHnde d'une dixaine , d'une vingtaine, d'une centaine; é:lix, 10^ vingt , 20 ; cent , 100. La plupart des hommes favent compter y fans entendre le moins du monde cette mé- chanique , fans fe rappeller la peine & les foins qu'ils ont eus pour l'apprendre , com- ment ils y font parvenus y pourquoi ils ne confondent pas les noms & les fignes, pour- quoi cette variété de noms & de fignes ne caufe cependant pas d'erreur , quelle en efl larailbn, 6'c. Le ledeur pourra trouver ces explications dans l'ouvrage de Locke fur l'entendement humain , & dans celui de M. de Condillac fur l'origine des connoif- fances humaines. Nous nous bornerons à la fimple expofition qu'ils donnent de l'opéra- tion que l'efprit doit faire pour compter. Compter, eft joindre à l'idée que nous avons de l'unité qui efHa plus fimple , une unité de plus dont nous faifons une idée col- ledive que nous nommons deux ; enfuitc avancer en ajoutant toujours une unité de plus à la dernière idée coUedive ; enfin don- ner au lïombre total , regardé comme com- pris dans une feule idée , un nom & un ligne nouveau & diflind , par lefquels on. puifîè difcerner ce nombre de ceux qui font devant & après , & le diflinguer de chaque multitude d'unités , qui efl plus petite ou plus grande. Celui donc qui fait ajouter un à un , i à i , ce qui forme l'idée complexe de deux , 2 , & avancer de cette manière dans fon calcul , marquant toujours en lui-même les noms difliiids qui appartiennent à chaque pro- greflion , & qui d'autre part ôtant une unité de chaque colledion , pour les diminuer au- tant qu'il veut ; celui-là efl capable d'acqué- rir toutes les idées des 'nombres dont \ts noms &■ les lignes font en ufage dans fa lan- gue ; car comme les difFérens modes des nombres ne font dans notre efprit que tout autant de combinaifons d'unités qui ne chan-« gent point, & ne font capables d'aucune Fffff yî6 C O M autre différence que du plus ou du moins ; il s'enfuit que des noms & des fignes parti- culiers font plus néceflaires à chacune de ces combinaifons diftindes , qu'à aucune autre etpece d'idées. La raifon de cela efl que fans de tels noms & fignes qui les caraâérifent , nous ne pouvons faire aucun ufage des nom- bres en comptant , fur-tout lorfque la com- binaifon eu compofée d'une grande multi- tude d'unités ; car alors il feroit difficile , ou prefque impoffible , d'empêcher que de ces unités jointes enfemble fans avoir dif- tingué cette colleâion particulière par un nom & un figne précis , il ne s'en fafle un parfait chaos. C'eft-là la railon pourquoi certains peu- ples ne peuvent en iiucune manière compter au-delà de vingt , de cent , de mille ; parce que leur langue, uniquement accommodée au peu de befoins d'une pauvre & fimple rie , n'a point de mots qui fignifient vingt , cent, mille; d^ forte que, lorfqu'ils font obligés de parler de quelque grand nombre , ils montrent les cheveux de leur tête , pour marquer en général une grande multitude qu'ils ne peuvent nombrer. Jean de Léry qui a été chez les Toupi- nambes , peuple fauvage de l'Amérique mé- ridionale au Brefil , nous apprend dans fon voyage fait en la terre du Brefil , ch. xx. qu'ils n'avoient point de nombre au-defîûs de cinq ; & que lorfqu'ils vouloient expri- mer quelque nombre au-delà , ils mon- troient leurs doigts & les doigts des autres perfonnes (^i étoient avec eux. -Leur cal- cul n'alloit pas plus loin ; ce qui prouve qlie des noms diilinâs font abfolument néce*^ fàires pour compter , & que pour aller aux progrellîons les plus étendues du calcul , les langues ont befoin de dénominations propres & de fignes propres , que nous appelions chiffres , pour exprimer ces pro- grefUons. Or voici comment cela s'exécute dans notre langue, Lorfqu'il y a plufieurs chiffres fur une même ligne , pour éviter la confufion , on les coupe de trois en trois par tranche t ou feulement on laifîe un petit efpace vuide , & chaque tranche ou chaque ternaire a (on nom. Le premier ternaire s'appelle uni te ; le fécond y mille ; le troificme , million ; le quatrième , billion i le cinquième , trillion / C O M le rixiemt,qitatrillion; puis quiiitilUor.^ fex-* tillion^ feptilUon; ainfi de fuite , la dénomi- nation des nombres & des fignes peut être infinie. Les enfans commencent affcz tard à comp- ter y & ne comptent point fort avant ni d'une manière fort aifurée , que long-temps après qu'ils ont Tefprit rempli de quantité d'autres idées ; foit que d'abord il leur man- que des mots pour marquer les différentes progreffions des nombres , ou qu'ils n'aient pas encore la faculté de former des idées complexes de plufieurs idées fimples & dé- tachées les unes des autres ; de les difnofer dans un certain ordre régulier, & de les retenir ainii dans leur mémoire, comme il efl nécefiaire pour bien compter. Quoi qu'il en foit , on peut voir tous les jours des enfans qui parlent & raifonnent affez bien , & ont des notions fort claires de bien des chofes> avant que de pouvoir compter jufqu'à vingt. Il y a des perfonnes qui , faute de mémoire, ne pouvant retenir différentes combinaifons de nombres , avec les noms qu'on leur donne parnpport aux rangs diftinds qui leur font affignés , ni la dépendance d'une fi longue fuite de progreffions numérales^ dans \st relation qu'elles ont les unes avec les autres,, font incapables durant toute leur vie de compter y ou de fuivre régulièrement une affez petite fuite de nombres : car qui veut compter quatre-vingt , ou avoir une idée de ce nombre , doit favoir que foixante- dix-neuf le précède , & connoître le nom ou le figne de ces deux nombres , félon qu'ils font marqués dans leur ordre ; parce que , dès que cela vient à manquer , il fe fait une brèche , la chaîne fe rompt , & il n'y a plus aucune progreffion. Il eft donc nécefîaire , pour bien compter^ 1°. que l'efprit difiingue exactement deux idées , qui ne différent l'une de l'autre que par l'addition ou la fouf}raftion d'une unité : 2.°. qu'il conferve dans fa mémoire les noms des différentes combinaifons depuis l'unité jufqu'à ce nombre qu'il a à compter , & cela fans aucune confufion , & félon cet ordre exad dans lequel les nombres fe fuivent [es uns les autres : 3**. qu'il connoiffe fans aucune erreur chaque chifïre ou figne diftinâ , inventé pour repréfenter précifément la col- leâion des diverfes unités , qui ont auiiii C O M chacune leurs noms diftiniâs & particuliers. Il doit Cavo'ir bien que le figne 9 repréfente la colledion que nous appelions neuf\ que les deux chiffres i 9- repréfentent la col- ledion que nous appelions dix-neuf ^ tandis que les deux chiffres 91 repréfentent la col- ledion que nous appelions quatre-vingt-on\e^ & ainfi de fuite pour raiîèmblagc de toutes les colledions. Nous ne difcernons différentes collec- tions , que parce que nous avons des chif- fres qui font eux-mêmes fort diflinds. Otons ces chiffres , otons tous les fignes en ufage , & nous appercevrons qu'il nous eff impofnble d'en conferver les idées. Le progrès de nos connoifîances dans les nom- bres , vient uniquement de Texaditude avec laquelle nous avons ajouté l'unité à elle- même, en donnant à chaque pfogreffion un nom & un figne qui la fait diitinguer de celle qui la précède & de celle qui la fuit. Je fais que cent ( locj^eff fupérieur d'une unité à quatre-vingt-dix-neuf {^s) t^ in- férieur d'une unité à cent un (loi) ; parce que }e me fouviens que <)<) , ioo , loi , font les trois fignes choifis pour déligner ces trois nombres qui fe fuivent. II ne faut pas fe faire allufion , en s'ima- ginant que les idées des nombres féparées de leurs fignes foient quelque chofe de clair & de déterminé : il efl même hors de doute que , quand un homme ne voudroit compter que pour lui , il feroit autant oWigé d'in- venter des fignes , que s'il vouloit commu- niquer (ts comptes. Voilà comme s'exécute l'opération que nous nommons compter. Cette opération cfï la mefure de tout ce qui exiffe ; la méta- phyfique , la morale , la phyfique , toutes les fciences y font foumifes. Concluons avec M, l'Abbé de Condillac , que pour avoir des idées fur lefquelles nous puifïions réfléchir , nous avons befoin des fignes qui fervent de liens aux différentes coUedions d'idées {im- pies. ; & , pour le dire eji un mot , nos no- tions ne font exades qu'autant que nous avons inventé avec ordre les fignes qui doi- vent les fixer. Des geffes , des fons , des chiffres , des lettres , c'eff avec des inffru- mens auffi étrangers à nos idées , que nous les mettons en œuvre pour nous élever aux connoifîances les plus fublimcs. Les maté- C O M 787 riaux font les mêmes chez tous les hommes ; mais l'adreffe à s'en fervir les diftingue. Voy. Aritmétique , Binaire , Calcul , Caractère , Chiffre & Nombre, Art. de M. le chevalier de Ja uco ur t. Compter, {Comm?) on compte aux je- tons ou à la plume ; c'efl dans l'un & l'autre cas exécuter les différentes opérations d'aritiv métique. Il fe dit i®. des paiemens qui fe font en efpeces ou monnoies courantes ; /'/ m' a compté /^O livres : 2°. relativement aux arrêtés de paiement ou de compte que font entre eux les marchands ou négocians. Les marchands doivent compter tous les lix mois, tous les ans au moins avec les perfbnnes aux- quelles ils font crédit , pour éviter les fins de non-recevoir. * Compter par bref état ; c'eft compter fommairement fur de fimples mé- moires ou bordereaux de compte. I^oye^^ Bordereau. " Compter en forme ; c'eff lorfque le compte qu'on prélente eft en bonne forme , ou bien libellé. On le dit encore lorfqu'on examine un compte avec le légitime con- tradideur. Compter de Clerc a Maître ; c'eft lorfqu'un comptable ne compte que de ce qu'il a reçu , fans qu'on le rende refponfable d'au- tre chofe que de la recette des deniers. Compter une chofe à quelqu'un y c'eff quelquefois lui en tenir compte, & quel- quefois la mettre fur fon compte. Compter PAR PIECE, c'cû compter en détail ; ce qui eft oppofé d compter en gros, VoyeT^ les dic^ionn. de Comm. Trév. Disti» Chamb. COMPTEUR , COMPTABLE ou RE- CEVEUR , f m. ( Hifl. mod. ) eft un offi- cier de l'échiquier , dont la fondion eff d* recevoir tous les deniers qui font dûs à la couronne d'Angleterre : à mefure qu'il re- çoit y il fait paffer un billet par une pipe dans la cour des tailles , où ce billet eff ramafîc par les clercs de l'auditeur , qui fe tiennent là pour écrire les mots portés par ledit bil- let fur une taille , & pour remettre enfuite le même billet aux clercs des peaux ou à fes fubftituts. F. Echiquier , Taille , ùc. Cela fait , les deux chamberlans députes fendent la taille : ils ont chacun leur fceau ; & pendant que le plus ancien député fak Fffff2 7^8 C O xM la ledure d'une moitié à-e la taille , le plus jeune affiflé des deux autres clercs , exa- mine l'autre partie. Les compteurs font au nombre de quatre. Leurs places fe donnent par le roi ; & outre le maître clerc ou député , ils ont quatre autres clercs pour faire les expéditions. J^oy. Echiquier. Cet ufage eft fingulié- rement propre à l'Angleterre ; les autres nations ont une autre manière de recette pour les revenus de leurs états ou fouve- raineté. V. CHAMBRE DES COMPTES. Chambers. (G) Compteur , dans le commerce^ celui qui compte , qui fait àts paiemens. Compteur eft auffi le nom qu'on donne il Paris à dix officiera de police , appelles jurés compteurs Ù déchargeurs depoij^on de mer frais , fec Ù falé , dont les tondions font de compter & décharger toutes les marchandifes de cette efpece , à mefure qu'elles arrivent dans les halles & qu'elles y font vendues, moyennant un certain droit par chaque cent , millier , tonne ou baril , fomme ou panier , de ces mar- chandifes. Les jurés mefureurs de fel , étalonneurs des mefures de bois , qui font d'autres officiers de police , font aulîi qualifiés de compteurs de faline fur la rUiere ; parce qu'ils font prépoiés pour compter toutes ks marchandifes de ialines qui arrivent par bateaux , & qui font déchargées dans les ports. Die}, de Com. Trév. & Chamb. {G) * COMP 1 OIR , f m. {Com.) a deux ac- ceptions , l'une fimple , & l'autre figurée : comptoir au fimple , c'efl une table ou un bureau fur lequel un négociant expofe Çqs marchandifes , paie ou reçoit de l'argent , Ùc. Au figuré , il fe dit d'un lieu que les Européens ont fait , & qu'ils regardent comme le centre de leur commerce dans . l'Inde en Afrique , ^c, COMPTORISTE, f. m. (Com.) terme qui parmi les négocians fignifie un homme de cabinet , expert dans les comptes , ou un habile teneur de hvres. COMPULSER, ( Jurifpr, > c'efî con- traindre par autorité de ^fïice une peribnne. publique à exhiber un afte quiefl entre ^ts mains pour en tirer copie , partie préfente ou duement appcllée ^ afin que cette copie COM fafle foi contre la partie qui a été préfente ou appellée au compulfoire. Voye-{ ci-après COMPULSOIRE. {A) COMPULSEUR ,T. m. {hifl. anc.) nom d'office fous les empereurs romains. Les compulfeurs ctoient des gens envoyés par la cour dans les provinces ,• pour faire payer à l'épargne ce qui ne l'avoit pas été dans le temps prefcrit. Ces compulfeurs firent de fi grandes exac- tions , lous prétexte de remplir leur devoir ,. que l'empereur Honorius les cafîa par une loi donnée en 412. Les loix des Vifigoths font mention des compulfeurs de l'armée Les Goihs appel- loient ainfi ceux qui obligeoient les foldats d'aller au combat ou à l attaque. Caflien appelle aufii compulfeurs , ceux qui dans les monaflere.^ indiquoient les heures de l'office canonique , & qui avoient foin que les moines fe rendifTent à l'office à ces heures. C'ell ce qu'on nomme encore au- jourd'hui dans les coiriraunautés eccléfiafti- qucs , réglementaire y homme chargé de veiller à l'exécution des réglemens. Cham- bers. {G) CuMI'UlSOIRE, {Jurifpr.y au htm campe lleie , efl un mandement émané de rautorité louveraine ou de jufHce , en vertu duquel le dépofitaire d'une pièce efl tenu de la reprélenter. L ufac,e des compulfoires nous vient des Romains : on^ en trouve des vefliges dans le code théodofien , tit. de edend. L 6 & au même titre du code de Juffinien , l. z. Par cette loi, qui eft des empereurs Sé- vère & Antonin , il é^l dit que le juge de^ vant lequel la caufe eft pendante , ordon- nera que l'on repréiènte aux parties les ades publics , tant civils que criminels , afin que les parties les examinent , & puifïént s'éclair- cir de la vérité d€ ces ades. Il y a long-temps que les compulfoires font aufîi d'ufage parmi nous ; en effet il en eft parlé dans l'ordonnance de Charles VII de l'an 1446 , art. ^G. qui porte que les parties produiront dans trois jours", fans ef- pérance d'autre délai , fous ombre àt com- pulfoire ni autrement. L'ordonnance de Charles VII de 1493 > art. 5 J , ordonne qu'aucun délai & com- pulfoire ne foit accordé par la cour , outre C O M les délais ordinaires pour produire , finon que ce délai & compulfoire eût été demandé en jugement en plaidant la caufe. Le même règlement fut renouvelle par Louis XII en 1507, art. 81 , & par Fran- çois I en Odobre 153^ , ch. xv. art. z. François I par fon ordonnance de i')39 » art. z 77 , a encore prévu le cas du com- pulfoire ^ en défendant aux notaires & ta- bellions , de ne montrer & communiquer leurs regiflres , livres &: protocoles , finon aux contraâans , leurs héritiers & fuccel- feurs , ou autres auxquels le droit de ces contrats appartiendroit notoirement , ou qu'il fut ordonné par juftice. Enfin l'ordonnance de 1667 contient un titre exprès des compulfoires & collations de pièces ; c'ell: le titre xij. A l'égard des coutumes , je ne connois que celle de Bourboruiois , rédigée en 1 52.0, qui fafle mention àes compulfoires. L'article 433 dit que les notaires & tabellions font tenus & peuvent être contraints , par com- pulfoire ou autrement , d'exhiber aux li- gnagers , feigneurs féodaux & directs , la note & contrat d'aliénation par eux reçu , & leur en donner copie à leurs dépens s'ils en font requis , Ç^c. La coutume de Nivernois , ex. xxxj. art. 15. contient une difpofition à-peu-près lèm- blabie pour l'exhibition des pièces qui efl due par \ts notaires ; mais elle ne parle pas de compulfoire. Anciennement l'ordonnance du juge fuf- fifoit pour auforifer une partie à compulfer une pièce ; mais depuis que l'on a introduit l'ulage des lettres de juflice en chancellerie , il eft néceffaire d'obtenir des lettres de compulfoire. Ces lettres font adrefTécs à un huiffier ; enforte qu'il n'y a qu'un huiffier qui puilïe les mettre ii exécution. Elles contiennent l'expofé qui a été fait par l'impétrant , qu'il a intérêt d'avoir con- noiflànce de certaines pièces , dont on lui refufe ou dont on pourroit lui refufer la communication fous de vains prétextes ; qu'il délire en avoir une copie authentique , & qui puifle faire foi contre fa partie. Les lettres donnent enfuite pouvoir à Ihuiffier de faire commandement à tous Biotaires , tabellions , greffiers , curés , vi- C O M 7gp caires , gard^s-regiflres , & autres perfonnes publiques , de repréfenter tous les titres , contrats , aveux , regiftres , & autres ades qui feront requis par l'impétrant , pour en être par l'huillier fait des copies , extraits , vidimus & collations , partie préfente ou duement appellée , pour fervir à l'impé- trant au procès dont il s'agit , & par-tout ailleurs ; & en cas d'oppoiition , refus ou délai , l'huiffier eft autorifé à affigner pour en dire les caufès. On voir par-là qu'un compulfoire peut avoir deux objets. L'un d'avoir communication d'une pièce que l'on n'a pas , pour en prendre une co- pie en antier ou par extrait , ou pour vidi- mer & collationner la copie que l'ona avec- l'original , & confronter li elle efl pareille. L'autre objet que l'impétrant fe propofe en appeilant fa partie au compulfoire , eft d'avoir une copie qui puifTe faire foi à l'égard de celui contre lequel il veut s'en fervir ; c'efl pour cela que l'on alligne la partie pour être préfente, fi bon lui femble , au pro- cès-verbal de compulfoire. Autrefois on affignoit la partie à fe trou-^ ver à la porte d'une églifè ou autre lieu pu-^ blic , pour de-là le tranfporter ailleurs ; mais 1 ordonnance de i66j a abrogé un circuit inutile , & veut que l'afîîgnation foit donnée à comparoir au domicile d'un greffier ou notaire, foit que les pièces foient en leur poflefïion ou entre les mains d'autres per- lonnes. Quoique l'ordonnance ne nomme que les greffiers & notaires, l'ufage efl que l'on' peut auffi afligner au domicile des curés, vicaires & autres perfonnes publiques , pour ■les pièces dont ils font dépolitaires. Il en efl de même lorlque l'on veut com- pulfer une pièce entre les mains de l'avocat de la partie adverfe ; l'aiEgnation fe donne au domicile de l'avocat, & le compulfoire fe fait entre les mains du clerc, qui eftper- fonne publique en cette partie. Un avocat qui a en communication le fàc de fon confrère , ne fait point compulfer les pièces entre fes mains ; il commence par ' le remettre , pour ne point manquer à la* fidéhté qu'ils obfervenr dans ces communia cations : mais la partie peut faire compulfer" la pièce, comme on vient de le dire^j 75?o C O M entre les mains de ravocat adverfe , parce que la communication des facs rend les pie- ces communes , au moyen dequoi l'on ne peut empêcher le compulfoire des pièces qui Du refte on ne peut obliger un particulier de laifler compulfer des pièces qu'il a entre fes mains , mais qu'il n'a pas produites ni communiquées ; car la règle en cette ma- tière eil que nemo tenetur edere contra fe. LU'. /. § 3. & leg. 4. cod. de edendo. Ainfi , hors le cas de pièces produites ou communiquées par la partie , oa ne peut compulfer que les pièces qui font dans un dépôt public , ou qu'un tiers veut bien re- préfenter devant un officier public. Les fenrences , arrêts & autres jugemens , les ordonnances , édits , déclarations , les regifires des infinuations & autres aftes fem- blabies , qui par leur nature font deflinés à être publics , doivent être communiqués par ceux qui en font dépofitaires , à toutes fortes de perfonnes , fans qu'il foit befoin pour cet effet de lettres de compulfoire. Ces fortes de lettres ne font nécefîaires que pour les contrats , telîamens & autres ades privés ; lefquels , aux termes des or- donnances , ne doivent être communiqués qu'aux parties , leurs héritiers , fuccefîeurs ou ayans caufe. C'efl pourquoi , lorfqu'un tiers prétend avoir intérêt de les compullèr_, il faut qu'il y foit autorifé par àts lettres. Si celui qui eft dépolitaire de la pièce re- fufe de la communiquer nonobflant les lettres , en ce cas on le fait afligner pour dire les caufes de fon refus , & la juftice en dé- cide en connoiilance de caufe. Les affignations données aux perfonnes ou domiciles des procureurs des parties , ont le même effet pour les compulfoires que fi elles avoient été données au domicile des parties. Le procès-verbal de compulfoire & de collation de pièces , ne peut être commencé qu'une heure après l'échéance de l'afllgna- tion , & le procès-verbal doit en faire mention. Enfin fi la partie qui a requis le compuL foire , ne compare pas , ou fon procureur pour lui , à l'affignation qu'il a donnée , il fera condamné à payer à la partie qui aura £;oraparu , U fomme de vingt liv. pour fes C O M dépens , dommages & intérêts , & les frais de fon voyage , s'il y échet : ce qui fera payé comme frais préjudiciaux. Voye^^ le recueil des ordonnances de Néron ; la confé- rence de Guenois , liv. IlL tit. jv. des délais & défauts y Bornier , fur le titre xij de V or- donnance. {A) * COMPURGATEUR , f m. {Jurif^ prudence. ) Dans l'ancienne Jurifprudencc civile & criminelle , un accule étoit reçu à fe purger par ferment de l'imputation formée contre lui , toutes les fois que la notoriété du fait ne préfentoit pas la preuve la plus claire & la plus direde ; & s'il déclaroit par ferment fon innocence , il étoit abfous. Cet ufage étoit propre à afliirer à la fraude le fecret de l'impunité , en rendant la tentation du parjure fi puif- lante , qu'il n'étoit pas aifé d'y réfifter. On éprouva bientôt les dangereux effets d'une femblable coutume ; pour y remédier , lej loix ordonnèrent que les fermens feroient adminifirés avec un appareil impofant & propre à infpirer aux hommes une crainte falutaire de fe parjurer ; ce moyen fut d'un foible fecours , on fe familiarifa bientôt avec ces cérémonies , qui en irnpoferent d'abord à l'imagination , mais dont l'effet s'affoiblit infcnfiblement par l'habitude. Ceux qui ne craignoient pas d'outrager la vérité , ne pouvoient être" long-temps re- tenus par l'appareil d'un ferment : alors on exigea que l'accufé comparût avec un cer- tain nombre d'hommes libres , {qs voifms ou ics parcns qui , pour donner plus de poids à fon ferment , jurafîent eux-mêmes qu'ils croyoient que l'acculé difoit vrai : ces efpeces de témoins furent appelles co/n- purgateurs ; leur nombre varioir félon l'im- portance de l'objet qui étoit en litige , ou la nature du crime dont un homme étoit accufé : dans certains cas , il ne fclloit pas moins que le concours de trois cents de ces témoins auxiliaires , pour faire abfoudre l'ac- cufé. Cette nouvelle formalité d'appelier des compurgateurs , n'offrit encore qu'une ref- fource plus apparente que réelle contre le menfongc & le parjure ; dans ces ficelés d'ignorancç , où l'on n'avoit pas des idées faines de morale , un accufé trouvoit fans beaucoup de peine parmi ceux qui lui étoient attachés par les liens du fang ou de C O M ramitië , des gens prêts à le fervir contre leur confcicnce & aux dépens de k vérité. COMPUT, f. m. {ChronoL) fignifie pro- prement caleul\ mais ce mot s'applique par- ticulièrement aux calculs chronologiques , néceflaires pour conftruire le calendrier , c'eil-à-dire pour déterminer le cycle fo- laire , le nombre d'or , les épades , les fêtes mobiles , &c. Voye-{ les différens mots. (O) COMPUTISTE , r. m. {Hifi. ecdef.) efl un officier de la cour de Rome , dont la fondion efl de recevoir les revenus du facré collège. * COMTE, f. m. {Hifl. anc.) lesuns font remonter ce titre jufqu'au temps d'Augufte ; d'autres jufqu'au temps d'Adrien. Les pre- miers prétendent qu'Augufle prit plulieurs fenateurs pour l'accompagner dans Tes voyages , & lui fervir de confeil dans la décifion des affaires ; ils ajoutent que Galien fupprima ces comités ou comtes , défendit aux fenateurs d'aller à l'armée , & que fes fuccelî'eurs ne reprirent point de comités ou comtes. Les féconds difent que les comtes furent des officiers du palais , qui ne s'é- loignoient jamais de la perfonne de l'em- pereur , & qu'on en diftinguoit du premier y du fécond & du troilieme ordre , félon le degré de confidération & de faveur qu'ils avoient auprès du prince. Il y a apparence qu'en dérivant le nom de comte du cornes des Latins , comme il eft vraifemblable qu'il en vient , ce titre eft beaucoup plus ancien qu'on ne le fait. Au temps de la république , on appelloit cm/f j palatins par conceffion fpéciale du roi , adreffoient aux officiers du comté toutes les ordonnances en leur nom, & adminiftroient •îa juftice d'une manière auffi abfolue que le roi lui-même dans les autres comtés^ fi ce n'efl qu'ils le reconnoilTbient comme leur maître : mais Henri VIII modéra cette étendue de pouvoir. T^oye-{ PalATI- NAT. Chambers. ( G ) N'oublions pas d'obf^'er que le mot comté eft quelquefois féminin ; on dit la Franclie-^o;;2r^' , &c. Tout cela dépend de l'ufàge. Comtés-Pairies, (/«r//pr.) Les <:o/;2- tés-pairies font des grands fiefs de la cou- ronne , de grandes dignités de même na- ture que les duchés-pairies , & en tout fem- blables à ces d'erniers excepté par le nom, & auxquelles on a attaché une jurifdidion femblable à celle des duchés-pairies. Le privilège _ attaché à ces grands fiefs -«11 de relever immédiatement de la cou-^- rorine ; car il ne peut pas exiiler de pairie Jîui ne (oit dans la mouvance direde & immédiate de la couronAe , à U diJQTéreocQ CO N 6csco/ntésCunp\es ou du fécond ordre , mais qui ne font point pairies , & parmi lefquel- les il peut y en avoir qui ne relèvent ni du roi ni de la couronne. Il y a eu dans le royaume un grand nom- bre de comtés-pairies dont les unes ont été éteintes , d'autres érigées en duchés-pai- ries y & quelques-unes que Ton a fait re- vivre par de nouvelles lettres d'éredion. Il y en a trois que l'on peut appeller ec- clejiafiiques \ elles font att^^chées aux évê- chés de Beau vais , de Châlons , & de Noyon. Les juflices de ces grands fiefs , aînfi que celles des duchés-pairies , font toutes julH- ces royales. L'éredion d'une terre en co/n^e- paine mettant néceiïairement cette terr« dans la mouvance direde & immédiate de la couronne , il feroit abfurde que la juilice attachée à une dignité , à un fief de cette nature , fût feigneuriale. VoycT^ JUSTICE 6" Pairie. {A) * COMUS , f m. {Myth.) dieu àes feflins. Il y a tout lieu de croire que c'étoit le même que le chamos des Moabites , ou beelphegor ou baalpéor , Priape & Bacchus. On le repréfentoit fous la figure d'un jeune- homme , le vifage rouge & échauffé , la tête panchée & l'air alToupi , appuyé du côté gauche far un dard de chaflèur , te- pant de la main droite un flambeau renver- fé , & la tête couronnée de fleurs. On pla- çoit fà flatue à l'entrée de l'appartement de l'époux & de la nouvelle mariée ; (on pié- d'effal étoit jonché de fleurs. Il y en a qui font venir le mot comédie de cornus , & qui croient que no/j^iav , eft la même chofè que como digna cancre. Cette étymologie eft d'autant mieux fondée , que ce fut dans des feftins que l'on joua les premières farces y qui perfedionnées , produifirent la comé- die telle que nous l'avons, V^oy. CoMÉDIE. COMUS, {Mufiq. des anc.) nom d'un air de danfe àes anciens. (-F. D. G.) CONANI-FRANC;f m. ( Bifloire nat. Botaniq.) on konani ou konami^ nom que les Caraïbes donnent à un arbriffeau que les habitans de Cayenne appellent/eu///^ à eny-- j-'rer. Bafrere fa indiqué dans jfon catalogue des plantes de la France équinoxiales , page 50, fous la dénominaton ^eupatorium arbo-» rejccns venenatum^^orihus albis glomerati^ CON CON Cet nrbrifireau s'élève à la hautêuf de cinq à fix pies , il a les feuilles oppofées en- tières , les têtes ou enveloppes des fleurs ralTemblées aux aiflTelles des feuilles y l'en- veloppe des fleurs fimple , comporée de cinq à l'ept feuilles larges , & radiée y c'efl- â-dire , contenant au centre plufieurs fleurs hermaphrodites blanches, à fleurons de qua- tre à cinq dents & quatre à cinq étamines, & dans fon contour plufieurs fleurs femelles demi-fleuronnées , blanches , aufli à trois dents , fans étamines , toutes portées fur un ovaire couronné d'un calice à deux ou trois foies , & iéparées les unes des autres par des écailles larges , qui rempliflent le fond de l'enveloppe ou du calice commun. Culture. Le co/jani croît communément au bord des rivières à Ca} enne , d'où ia graine efl portée dans les jardins qui en font pour l'orainaire remplis. Qualités. Cette plante a une faveur pi- quante & amere , qui la rend véniraeufe pour les poillons. Vfages. Les Caraïbes profitent de cette propriété pour enivrer les poifîbns ; pour cet effet ils en pilent la feuille fur une pierre ou dans un trou , puis la jettent dans l'eau dormante; fl l'eau ^fl courante, ils font vers les bords du rivage un trou dans lequel ils agitent le marc jufqu'à ce que l'eau en devienne favonneufe. Le poiifon qui vient à nager dans cette eau efl enivré ou plutôt aftedé au point que fa veflie d'air ne pou- vant plus renouveller l'air , ni le poufler au-dehors , il furnage & meurt bientôt ^lus le même depuis l'établiflement du pré- après; cepoifon n'a d'effet que fur le poifîcj' ^5" '•-^ial. Tous les ans ils obtenoient un arrêt fans que les hommes en foient abl'olunà^ '''"^•'equête du parlement de Paris avant incommodés, & ils mangent ces poiiTons^ i»- '-^-'^^t^Âflement de celui de Rouen , &: de 197 fait de cette plante , qu'elle efl une elpece à'ukakoii dont le genre vient natnreliemcac près du bidens dans la dixième feâion d^ la famille des plantes compofées , où nous l'avons placé. Voy .ï\os familles des plantes , volume II, page i j zJftM. Adanson\) CONARDS ou cdBjARDS , fub. m, plur. nom d'une ancienne fociété qui fub- lifloit autrefois dans les villes d'Evreux & de Rouen , & qui y a fleuri pendant plus d'un fiecle. L'objet de cette compagnie étoit ridicule , & reflembloit alfez à celle des fous & de la mère folle de Dijon. Le premier but cependant étoit de cor- riger les mœurs en riant ; mais cette liberté ne demeura pas long-temps dans les bornes qu'elle s'étoit prefcrites ; & les railleries, ou* pour mieux dire les fatyres , devinrent fi lànglantes , que l'autorité royale , de con- cert avec la puiffance eccléfiaftique , détrui- fit cette compagnie. On appelloit le chef Vabbé des couards ou des cornards. Cette place , qu'on n'obtenoit qu'à la pluralité des voix , étoit fort enviée , comme on le voit par deux vers de ce temps-là : Conards font les Bufots 6'/2on /ej- Rabillis, O fonuna potens quàm variabilis ! - Les bufots & les 'Rabillis font deux fa* milles qui fubfiftent encore à Evreux ou dans le pays , & qui avoicnt fourni des ab- bés à la compagnie. Les conards avoient droit de jurifdidion pendant leur divertiflement, & ils l'exerçoient à Evreux dans le lieu où ie tenoit alors le bailliage , mais qui n'efl avec autant de délices que ceux qui font pris aux filets. Remarques. Dans le Para on trouve une autre efpece de conani , dont l'efl^t eit trois fois plus lent, & qui au Rapport de M. Préfontaine a été rapporté par les habitans du Para chez les fauvages Maillés, habi- tans des pays noyés- d' Y apoë. Le didionnaire intitulé dictionnaire d'hif- toire naturelle , confond ces diverfes fca-tes de conani. Le conani n*a encore été rapporté par aucun auteur à fa famille naturelle , & il ceiui-ci depuis le xvj. fiecle, pour exercer leurs facéties.. Taillcpied, dans (on livre des antiquités & fingularités de la ville de Rouen , dit que dans cette ville les conards avoient leur confrairie à Notre-Dame de bonnes-nouvelles , où ils avoient un bureau pourconfulter de leurs affaires : " ils ontfuc-* cédé , dit-il , aux Coque - luchiers , qui fe- préfentoient le jour des rogations en diveri»' lité d'habits ; mais parce qu'on s'amufbir pkitôr à les regarder qu'à prier Dieu , cela: fut réfcrvé pour les jours gras à ceux qui jouent àts faits vicieux qu'on appelle vul- nûUi» a paru par l'cxameo que nous avons [ gisif ement coiiardi ou coroArds j, auxqjjej* 75)§ C O N bbe' par choix & éleéHon prélîde un abbé mi- tié , crofïfi ^ ^ cnnchi die perles , quand folennellement il eft traîné en un charriot à quatre chevaux le dimanche gras & autres Jours de bachanales >> . A Evreux on le me- noit avec beaucougade pompe ; on le pro- menoit par toutes ira rues & dans tous les villages de la banlieue , monté fur un âne & habillé grotefquement. Il éfoit fuivi de fa compagnie , qui pendant la marche chan- toit des chanfons burlefques moitié latin moitié François , & la plupart du temps très- lâtyriques ; ce dernier excès fit fupprimer la compagnie des conards , dont la principale fête le célébroit à la faint Barnabe ; & à fa place Paul de Capranic nommé à l'évêché d'Evreux en 1420, établir unt confrairie dite de S. Barnabe y pour réparer , dit-il , les crimes , malfaçons ^ e^cès & autres cas inhumains commis par cette compagnie de conards , au déshonneur & irrévérence de Dieu notre créateur, de S. Barnabe y & de fainte Eglife. Voyez le gloj/aire deDucan- ge y Ù lefupplément de Moreri. Il y a dans de vieux imprimés des arrêts de l'abbé dts co- nards ou des cornards j lorfque ces pièces miférables fe trouvent , on les acheté fort chèrement. Quis leget hœc ? {G) § CONARION , C Anatomie. ) glande pinéale des modernes. Cette glande cfl corticale, elle a cependant de la ^blancheur à fa bafe ; elle eft placée obliquement de haut en bas & de derrière en devant , recouverte d'un voile vafculaire , formé par la pie-mere : elle pofe fur le^, ëminences jumelles antérieures. Les petits filets médullaires, parlefqucls cette glande tient au cerveau , ne font pas toujours aifés à voir , ils fe terminent à la ligne blanche des couches optiques , & aux couches elles-mêmes : ils font plus gros dans les quadrupèdes. Cette glande prétendue eft certainement un petit appendice du cerveau , elle eft: corticale, elle fournit de la moelle : la glande pituitaire eft une autre glande de cette efpece , la moelle qu'elle produit , eft ap- pellée entonnoir ; dans les poifîpns la der- nière de ces glandes donne des branches très-vifibles aux nerfs olfadifs, Defcartes a cru que la glande pinéale fsxÙQ , étoli impaire dans le cerveau ; la CO N pituitaire lui étoit apparemment inconnue , & il n'a pas penfé aux corps calleux , à la voûte , aux deux commifïùres. Elle ne fauroit être le fiege du principe vital , elle manque à plufieurs quadrupèdes , aux oifêaux & à une partie des poilîbns : l'homme , d'autres quadrupèdes , & d'au- tres poiflbns en font pourvus : une partie du corps animal , qui ne fe trouve que dans une partie des animaux même les plus compofés , ne fauroit être regardée comme un organe eflêntiel à la vie. La glande pinéale eft fujette à plufieurs maladies ; elle s'endurcit allez fouvent , & on y trouve de petites pierres. M. Mekel & M. Gun s'accordent à remarquer que ces concrétions font fort communes dans les fous. Elle s'abreuve auili d'eau & de- vient hydropique. ( M. le Baron DE Haller.) CONCA , ( Géog. mod. ) rivière d'Italie qui prend fà fource dans l'état de l'Eghfe , & fe jette dans le golfe de Venife. CONCARNEAUX, {Géog mod.) pçmc ville de France en Bretagne , au pays de Cornouaille. CONCASSER , V. aa. ( Pharm. ) c'eft réduire en poudre grofliere , ou même en petits fragmens , par le moyen du pilon ou du marteau , les matières affez dures & afïez caftantes pour être divifées par ces inf« trumens. La concajjation eft une de ces opérations méchaniques , que nous appellons^r^pam- toires. Celle-ci eft employée dans l'art pour 0t;''Tir certains corps, multiplier leurs furfa- ces ,. & les dilpofer ainfi à être plus facile- ment attaqués par difFérens difîblvans qu'on a deflêin de leur appliquer , foit qu'on (e propofe de les diffoudre entièrement , foit qu'on veuille en tirer des teintures ou àts extraits. C'eft ainfi qu'on concajje l'antimoine qu'on veut faire bouillir avec une leflive alkaline pour la préparation du kermès , certaines racines , femences & écorces dont on veut faire la décodion ou l'infufion , ^c. { b ) CONCAVE , adj. {Gram Géom. Phy Jiq.) fe dit de la furface intérieure d'un corps creux , particulièrement s'il eft circu- laire. Cgncare eft proprement un terme rela- C O N îlF: une ligne ou furface courbe concave vers un côté , eft convexe du côté oppofé. Voy. Surface, Convexité, &c. Concaue , fe dit particulièrement des mi- roirs & des verres optiques. Les verres <:o/2- capes font ou concaves ats deux côtés, qu'on appelle fimplemenr concaves ; ou concaves d'un côté & pjans^ de l'autre , qu'on appelle plans concaves ou concaves plans ; ou enfin concaves d'un côté & convexes de l'autre. Si dans ces derniers la convexité ell d'une moindre fphere que la concavité, on les appelle ménifques\ fi elle efl de la même fphere , fphérlques concaves ; & fi elle ell d'une fphere plus grande , convexe - conca- ves. Foy^^ Plan CONCAVE, ùc. Les verres concaves ont la propriété de courber en-dehors , & d'écarter les uns des autres les rayons qui les traversent , au lieu que les verres convexes ont celle de les courber en-dedans & de les rapprocher , & cela d'autant plus, que leur concavité ou leur convexité font des portions de moin- dres cercles. Fqy. Lentille & Miroir. D'où il s'enfuit que les rayons parallèles, comme ceux du foleil , deviennent diver- gens, c'efl-à-dire s'écartent les uns des autres après avoir pafle à-travers un verre concave, que les rayons déjà dlvergens le devien- nent encore davantage , & que les rayons convergens font rendus ou moins conver- gçns ou parallèles , ou même divergens. Fbjq Rayon. C'efî pour cette raifon que les objets vus à-travers des verres concaves, paroiiTent d'au- tant plus petits^ que les concavités des verres font des portions de plus petites fpheres. J'^oy. un plus grand détail fur ce fujet aux tfmW^j-LENTILLE, RÉFRACTION, &C.. Les miroirs concaves ont un effet con- traire aux verres concaves ; ils relié chifîent les rayons qu'ils reçoivent , de manière qu'ils les rapprochent prefque toujours les uns des autres , & qu'ils les rendent plus convergens qu'avant l'incidence : & ces rayons font d'autant plus convergens , que le miroir efl portioTi d'une plus petite fphere. Harris & Cliambers. Je dis prefque toujours ; car cette règle n'eft pas générale : quand l'objet efl entre le fommet & le centre du miroir , les rayons font rendus moins convergens par la réllec- C O N 79> tion. Mais quand les rayons viennent d'au- delà du centre , ils font rendus plus con- vergens ;& c'efl pour cela que les miroirs concaves y expofés au foleil , brûlent les ob- jets placés à leur foyer. Voye^ Varticle. Ardent. { O) CONCAVITÉ , f. f. {Gram. & Géom.) fe dit de la furface concave d'un corps, ou de l'efpace que cette furface renferme. V, Concave. ( O) CONCENTRATION , f. f. {Chymie.'^ on nomme ainfi certaines opérations chymi- ques , lorlqu'on les confidere comme em- ployées à rapprocher les parties d'un corps difibus dans une quantité de liqueur plus que fuffifante pour fa diflblution ; en enle- vant entièrement ou en partie la portion fu- rabondante du menflrue. C'efl ainfi qu'on nornme concentration , l'évaporation ou la diflillation par laquelle on fépare de l'huile de vitriol une partie de l'eau dans laquelle- l'acide y efl diflbus ; la diflillation , par la- quelle on enlevé à une teinture une partie de l'efprit-de-vin employé à la préparation de cette teinture ; la congélation , par laquelle on retire du vin ou du vinaigre une cer- taine quantité de leur eau ; l'affufion de 1'* cide vitriohque très-déllegmé dans un acide moins avide d'eau , par exemple le nitreux , auquel le premier l'enlevé félon les loix d'af- finité connues. Voy. AciDE VITRIOLI- QUE^M /TZOf Vit RI OL. Voye\ VlN, VI- NAIGRE , Teinture , Acide ni- treux au mot NITRE. {b) CONCENTRIQUE ,zà]. terme de géo- métrie & a'aflronomie. On donne ce nom à deux ou plufieurs cercles ou courbes qui ont le même centre. Voye'{ CENTRE. Ce mot efl principalement employé lorfl- qu'on parle des figures & des corps circulai- res ou elliptiques, Ùc. mais on peut s'enfer- vir aufïï pour les polygones dont les côtés font parallèles , & qui ont le même centre. Voy. Cercle , Polygone , ùc Concentrique efl oppofé à excentrique, Voyei Excentrique. Barris & Cham- bers. ( E) CONCEPTION, f. f. {Logiq. ) La conception ou la compréhenfîon , efl cette opération de l'entenderiient par laquelle il lie les idées des cb/ofes en les conlidé- rant fous certaines faces , en failit les dif* 8oo C O N férentes branches , les rapporfs , & Ten- chaînement. Elle réunifies fènfations & les perceptions qui nous font fournies par l'exercice aduel àes facultés aduelles. Mais fouvent l'efprit , faute d'avoir ces lenfations & ces percep- tions bien dilpofées , faute d'attention & de réflexion , ne faifit pas les rapports des chofes fous leur rentable point de vue; d'où il arrive qu'il ne les conçoit pas , ou les conçoit mal. Suivant la judicieufe remar- que de M. l'abbé de Condillac , une con- dition efientielle pour bien concevoir , c'efl de fe préfenter toujours les chofes fous les rapports qui leur font propres. Quand les fujets qu'on préfente à l'entendement lui font familiers , il les conçoit avec prompti- tude , il en connoj t les rapports ; il les em- bralïe tous , pour ainfi dire , en même temps ; & quand il en parle, l'efprit les par- court avec afléz de rapidité pour devancer toujours la parole , à-peu-près comme l'œil de quelqu'un qui lit haut devance la pro- nonciation. Il arrive encore que l'ame eft quelque- fois entraînée de conception en conception par la liaifon des idées qui quadrent avec fon intérêt préfent : alors il fe fait un enchaî- nement (iicceflif de proche en proche d'une étendue de compréhenlion à une autre , delà encore à une autre , & toujours par le fecours de l'intérêt , qui lui four- nit des connoiiîances félon lelquelles elle fe détermine plus ou moins convena- blement. La progreflîon de la conception eu plus ou moins étendue , félon le degré de perfec- tion du fenforium commune : plus il elî par- fait , plus l'ame peut recevoir de percep- tions diftincles à-la-fois. L'étendue & le de- gré de perfection de la conception^ règlent l'é- tendue & la promptitude du bon fens ; elle fournit même fouvent le fonds & la forme des raifonnemens , fans le fecours de la rai- Ibn : mais quand elle eft trop bornée , ou trop irréguliere , elle tait toujours naître des déciiions vicieufes. Il réfulte de ce détail , qu'il efl très - im- portant de tâcher de concevoir les chofes fous les idées qui leur font propres , de fe rendre la conception familière par l'attention , ôc de l'étftndre par l'exercice: elle ne fait pas C O N le génie , mais elle y contribue quand elle agit promptement ; & Ibrfqu'elle efl adive , elle donne l'indufîrie , mère de l'invention y Il nécelfaire dans les arts , & fi profitable à certains peuples. Art. de M, le chevalier x>E Jaucourt. Conception , {Med, Phyfiol.) Voyei^ GENERATION & GROSSESSE. Conception immaculée y{Theol.) Voj. Immaculée Conception. Conception {la) , Geogr. mod. ville de l'Amérique méridionale dans le Chili , avec un bon port, fur la mer du Sud. Long. 304 , zj , jo ; lat. mérid. ^S , 4.Z. Conception (/a), Geogr. mod. ville de l'Amérique ièptentrionale dans la nouvelle Efi>agne , dans l'audience du Guatimala. Conception, (Gfbgr. mod.) ville de l'Amérique méridionale dans le Paraguai , à l'endroit où la rivière des Limaçons fe jette dans celle de la Plata. CONCERT, f. m. {Mufique. ) affem- blée de voix & d'inflrumens qui exécutent des morceaux de mufique. On le dit auiïî pour exprimer la mufique même qu'on exécute. Les Indes galantes font gravées en concert y c'eli-à-dire qu'elles font dif^ pofées dans la gravure pour former des concerts. (B) On ne fe fert guère du mot concert que pour une affemblée d'au-moins quatre ou cinq mulîciens , & pour une mufique à plufieurs parties , tant vocale qu'inflrumen- tale. Quant aux anciens , comme il paroît qu'ils ne connoiflbient pas la mufique à plu- fieurs parties , leurs concerts ne s'exécu- toient probablement qu'à l'uniffon ou à l'odave. (6*) On fait àes concerts d'inflrumens fans voix , dans lefquels on n'exécute que des fymphonies. Dans quelques villes confidé- rables de province , plufieurs particuliers fe réunifient pour entretenir à leurs dépens des muficiens qui forment un concert. On dit le concert de Marfeille , de Touloufe , de Bordeaux, Ùc. Celui deJLyon efl étabhen forme par lettres patentes , & a le titre d'a- cadémie royale de mufique. Il efl: adminiflré par des direcleurs élus par les particu- liers alTociés , & c'efl un des meilleurs qu'il I y ait en province. Par un des fîatuts de cet 1 établiffement , chaque concert doit finir par C O N un motet à grand chœur. Il n'efl: guère de villes en Europe où l'on air autant de goût pour les artSj dont les habitans foient aulîi bons citoyens, "& où les grands principes des mœurs foient fi bien confervés : l'opu- lence ne les a point détruits , parce qu'elle n'y fleurit que par le travail & l'induitrie. Le commerce feul fait'la richefle de la ville de Lyon , & la bonne foi eft le grand reflbrt de cette utile & honnête manière d'acquérir. Le 24 août , veille de S. Louis _, on élevé auprès de la grande porte des Tuileries , du côté du jardin , une'efpece d'amphithéâtre : tous les fymphoniftes de l'opéra s'y ren- dent ; & à l'entrée de la nuit ou forme un grand concert compofé des plus belles fym- phonies des anciens maîtres françois. C'eft un hommage quç l'académie royale de mu- fiquc rend au roi. On ignore pourquoi l'ancienne muiique , beaucoup moins bril- lante que la nouvelle , & par cette raifon moins propre aujourd'hui à former un beau concert y efl pourtant la feule qu'on exécute dans cette occalion : peut-être croit-oi> de- voir la laifïêr jouir encore de cette préro- gative , dans une circonflance où perfonne n'écoute. (i5) CONCERT Spirituel , f. m. ( Belles- lettres. Poéjîe.) nous appelions ainfi un fpec-< tacle où l'on n'entend que des lymphonies & des chants religieux , & qui , dans certains jours confacrés à la piété , tient lieu des fpedacles profanes ; il répond à ce qu'on appelle en Italie oratorio ; mais il s'en faut bien que la mufique vocale y foit portée au même degré de beauté. Comme ce font les muliciens eux-mêmes qui , fervilement attachés à leur ancienne coutume , prennent comme au hazard , un dgs pfeaumes ou àes cantiques, &: , fans fe donner d'autre hberté que de l'abréger quel- quefois y le mettent en chant tout de fuite , & le divifent tant bien que mal en récitatif , en duo & en chœur , il arrive que fur les verfets qui n'ont point de caraderes , ils font obhgés de mettre un chant qui ne dit rien , ou dit tout autre chofe ; c'ell ainfi qu'après ce début Ç\ fublime cœli enarrant , vient ce verfet , nonfunt loquelœ y fur lequel Mondonville a mis précifément le babil de deux commères ; c'efi: ainfi qii'à côté de ces Tome Vni, C O N S'oi grandes im,ages, à f acte domlml mata ejlterra^ mare vidit & fugit , le même muficien a tait faurer dans une a^-ierrc les montagnes & les collines , en jouant fur les mots , exultaverumjicut arieces, Ùficut agni ovium. i'on fent combien ce faux goût eft éloigné du caraderc fimple & majeflueux d'un cantique. Quel génie àc quel art n'a-t-il pas fallu \ Pergolefe pour varier le Stabat ? Encore dans ce morceau unique tout n'ell-il pas digne d'une égale beauté : la plus belle profe de l'églife , le dies ir^e y qui devroit être l'objet de l'émulatioiujie tous les grands muliciens , auroit befoin^i-même d'être abrégé pour être mis en mufique : les deux cantiques de Moïfe , tout fubhmes qu'ils font, deman- deroient qu'oni^t un choix de leurs traits les plus analogues à l'expreflîon muficale. Dans tous les pfeaumes de David , il n'y en a peut-être pas un qui , d'un bout h l'autre , foit fufceptiblc des beautés du chant , & des contrafies qui rendent ces beautés plus fenfibles & plus frappantes. Il feroit donc k fouhaiter d'abord qu'on abandonnât l'ufage de mettre en mufique un pfeaume tel qu'il fe préiente , & qu'on le donnât la liberté de choifir , non-(eu- lement dans un même pfeaunie , mais dans tous les pfeaumes , & fi l'on vouloit même , dans tout le texte àes livres flîints , des verfets analogues à une idée principale , & aflbrtis entr'eux pour former une belle fuite de chants ; ces verfets pris çà & là •< & raccordés avec intelligence , compo- feroient un riche mélange de fentimens & d'im.ages , qui donneroient à la mufique de la couleur &: du caraôere , & le moyen de varier fes formes & de difpofer à Ion gré l'ordonnance de l'es tableaux. La difficulté fc réduit à vaincre l'habi- tude & peut-être l'opinion; mais pourquoi ne feroit-on pas dans un motet ce qu'on a fait dans les fermons , dans les prières de l'églife , où j de divers pafl'ages de l'écriture rapportés à un même objet , on a formé . un fens analogue & fuivi? Mais une difficulté plus grande poirr le muficien y c'efi: d'élever fon ame à la hau- teur de celle du prophète , de fe remplir , s'il eft poflible , du même efprit qui l'ani- I raoit , & de faire parler à la mufique un Hhhhh Soi C O N langage fubllm^ , un langage divin. Ocû \ là que tous les charmes de la mélodie , toure la pompe de la déclamation , toute la puiiîance de l'harmonie , dans les pein- tures de tous les genres , doivent fe dé- ployer avec magnificence : un beau motet doit être un ouvrage infpiré , & le mufi- cien qui compofe de jolis chants & des chœurs légers fur les paroles de David , me femble profaner fa harpe. Au lieu du moyen que je propofe , pour former des chants religieux dignes de leur objet , on a imaginé en Italie de faire de petits drames pieux , qui n'étant pas re- préfentés , mais feulement e^Butés en con- cert ^ font affranchis par-là de toutes les con- traintes de la fcene : ces drames font en petit" ce que font en grand fu4||inos théâtres , Athalie , Eder & Jephté : on les appelle oratorio ; & Métaftafe en a donné des mo- dèles admirables , dont le plus célèbre efl: , ^vec railôn , le facrifice d'Abraham. On a fait au concert fpirituel de Paris quelques foibles eflais dans ce genre ; mais â préfent que la mufique va prendre en France un plus grand elfor , & qu'on fait mieux ce qu'elle demande pour être tou- chante & fubhme , il y a tout lieu de croire qu'elle fera dans le iacré les mêjnes progrès que dans le profane. Voye^ LYRIQUE , &<:. CM. Marmontel. ) CONCERTO , mot italien francifé , en mufique > fignifie une pièce de fympho- jtie faite pour être exécutée par tout un orcheftre. Il y a des conce no iaits pour, quelque inf- trument particulier qui joae feul de temps en temps avec un (impie accompagnement , après quoi tout Porchcflre reprend , & la pièce continue toujours, ainfi alternative- ment entre le même infiniment & l'orchef^ tre. C'efl-là ce qu'on appelle proprement concerto. Quant à ceux où tout fe joue €n chœur , & où nul inflrument ne ré- cite , les Italiens les appellent aufîl. J}'m- phonies. {S) CONCERTANT , adj. parties concer- * Hontes y foat en mufique , félon l'abbé Brof- facd , celles qui ont quelque chofe à réciter dans la pièce , & ce mot fert à les dif- tiJnguer des parties qui ne font que de C O N Ce mot efî vieilli en ce fcns ; on St au- jourd'hui parties récitantes ; mais on fe ièrt de celui de concertant en parlaijt du nombre de muficiens qui exécutent dans un con- cert , & l'on dit fort bien : Nous étions vingts cinq concertans ; un concert de Jmit à dix concertans. {S) CONCESSION ; f. f. figure de rhéto- rique par laquelle l'orateur . fur de la bonté de facaufe, fèmble accoraer quelque chofe à fon advcrfaire , mais pour en tirer foi- même avantage , ou pour prévenir les inci- dens inutiles par lefquels on pourroit l'ar- rêter. Par exemple : je ne veux pas conte fter la réalité du contrat , mais je me récrie con* tre fon injufiice ; c'efi contre elle que j'im^ plore lefecours des loix .... Elle efi belle , il efi vrai y mais ne devroit-elle pas témoin gner au ciel fa reconnoijfance des faveurs^^ qiUil lui a prodiguées , par un vertueux ufage de fa beauté ? Cette figure efl très-fréquente dans les plaidoyers de Cicéron : nous n'en citerons que' ce trait de la cinquième Verrine ; Eftoy eripe hœreditatem propinquis ^ prcedare in bonis alienis y everte leges y &:c. nùm etiam amicum bonis exturbare oportuit? &c. (G) Concession , ( Jurifp. ) c'efl ou ce qui efl accordé par grâce y comme font les bre- vets & privilèges accordés^par le prince y, ou une certaine étendue de terrain que le roi accorde à quelqu'un dan s^ les colonies françoifes , à k-charge de le faire défricher ; ou un abenevis , c'efl-à-dire la faculté de prendre une certaine quantité d'eau d'un^ étang , ou d'une rivière ou ruiflfeau , pour taire tourner un moulin ou autre artifice j,. ou pour arrofer un pré ; ou la diflribution que le bureau de la ville fait aux particuliers, qui ont acheté de l'eau.. Voye^ PRIVI- LEGE. {A) Concession, (Comm.jc'efl ou toute l'étendue d'un pays où il efl permis à unC' compagnie de s'étabhr ou de faire fon né- goce privativement à toute autre ; ou le ter* rain que ces compagnies donnent aux habi- tans pour lé défricher y le cultiver , & le faire valoir , en leur rendant quelque rede- vance ou droit annuel. Dans le premier- fens X-Aconceffion doit être obtenue du prince^ qui l'accorde par les édits, déclarations, char*- tes 3, lettres patentes ^ arrêts, du. confeili.^^ C ON Dans le fécond (èns , ce font les cfireâeurs qui donnent les concejjîons , par des contrats ou arrêtés de leurs compagnies , dont ils chargent le regiftre de leurs délibérations. J^oye\ les diciionn. du Comm. de Trév. 6" Chambers. {G) CONCESSIONNAIRE , f. m. (Comm.) celui à qui appartient une conceflion. En France on las nomme autrement colons ou habitans. En Angleterre on leur donne le nom de planteurs. Voyej^ ïarticle PLAN- TEURS. (G) C'efl auflî le nom que Ton donne aux par- ticuliers qui achètent de l'eau du prévôt des marchands ^ échevins de la ville de Paris ; ce droit d'avoir de l'eau s'appellant concef- fion , comme on l'a dit. CONCESSUM UT PETITUR, ( Jurifp. ) c'efl: la fignature de cour de Ro- me , ou pour parler plus jufte , la réponfe que le préfet de la fignature met entre la fup- plique & les claufes des provifions ; il met ces mots : Concejfum m petitur , in prce- fentiâ domini nofiri papas ^ &c. & ligne: au lieu que les fignatures qui doivent être don- nées par le pape lui-même , telles que celles qui portent difpenfe , celles qui concernent les dignités d'une cathédrale ou collégiale , les prieurés conventuels , les canonicats d'une cathédrale , font par lui appofées en ces termes : Fiat ut petitur. Le chap. Jî â Jede de prœbend. in 6'® & la règle de chan- cellerie romaine de concurremibus in data y qui en elî tirée , veulent qu'en cas de con- cours de deux fignatures de cour de Rome , Vunt^pdiV concejfum y l'autre par ^ar, la der- nière foit préférée. Mais cette diftindion n'efl point reconnue en France , où l'on ne fuit m\e ôxA'^.jiàfede , ni la règle de concur- remibus. Voyez la pratique de cour de Rome de Caflel , tome I. fur la féconde partie de la fignature , aux notes. {A) * CONCETTI , f. m. ( Gramm. & rhe- toriq. ) Ce mot nous vient Ats Italiens , où il n'efi pas pris en mauvaife part comme parmi nous. Nous nous en fommes fervis pour diftinguer indiftindement toutes les pointes d'efprit recherchées que le bon goût profcrit. § CONCHES , [Géogr.) petite ville dans le pays ^Ouche. Cette ville nommée en iatin Conchœ , efl à quatre lieues d'Evreux C O N 803 & treize de Rouen ; il y a une riche abbaye de Bénédidins _ fondée au onzième fiecle , un bailliage , vicomré & éledion qui com- prend cent foixante-deux paroifîes : on y fait un commerce affez confidérabîe ea grains, en barres de fer, clous, alênes, marmites , pots , Ùc. Lono;. 1 5^, a6", 6" : lat.4S^,^Sf> 53"- ^ CONCHITE , f. m. {Hifl. nat:) efpece de pétrification ,- c'eft , félon M. Tourne- fort , une véritable pierre , dont les germes liquides fe font infinués dans les creux de la coquille appellée conque y dont ils ont pris le relief. Voye\les mém. de Vacad. p. z/^z, ann. ijox. D'autres prétendent au con- traire que cette pétrification n'cfl qu'une marne délayée qui efl entrée dans la coquille vuide , elle ^z'i\. enfuite durcie. On voit en- core dans des ruines de bâti mens à Mégare , de la pierre blanche appellée conchite ^ qu'on ne trouvoit que dans cette contrée. CONCHOIDE, Ç.î. (G^b/77.) c'efl le nom d'une courbe géométrique qui a une afymptote. V, ASYMPTOTE <& CoURBE. En voici la defcription. Ayant tiré deux lignes BD , AC ( PI, Anal.jig. i .) perpendiculaires l'une à l'autre, & placé fur la ligne AEC les trois points A^ F yC y dont les deux premiers foient à égale diflance de E , on tirera par le point C au- tant de droites CFEA , COM , CQN , CM, &c. qu'on voudra avoir de points de la courbe • on prendra enfuite fur ces lignes , tant au-defîus de BD qu'au defîbus , les parties QM , QN ^ QM, &g. toutes égales à AE. Cela fait , les deux lignes MM A MM y NFNttrm'méts par les extrémités de ces lignes droites , feront les deux par- ties d'une même courbe géométrique ap- pellée conchoide ; le point C efl appelle le pôle de cette conchoide ,• la ligne B Dt^ fon afymptote , & la partie confiante AE Ça. règle. Si EF=CE , la courbe a un point de rebroulTement en F; ÛEFr:[ Coquillage , Pourpre. ^ CONCIERGE , efl celui qui a la garde d'une maifon royale ou feigneuriale. On confond quelquefois les termes de concierge & àc geôlier ; l'ordonnance de 1670 nomma en quelques endroits , les concierges & geô- liers conjointement ; en d'au très elle nomme le geôlier avant le concierge ; en d'autres elle ne parle que de geôlier : ce qui fait voir que ces termes font fynonymes^Ét ,. en effet , le concierge d'une prilôn efl le geôlier où garde de la geôle ; ce n'ell que dans les prifons l'is plus confidérables que l'on diflingue le concierge des geôliers. Le concierge efl le premier geôlier , & les geôliers & guiche- tiers font ceux qui font prépofés ibus lui pour la garde des prifons. L'ordonnance de 1670 , tit. xiij. veut que tous concierges & geôliers exercent en per- fonne , & non par aucun commis ; qu'ils fâchent lire & écrire , & que dans les lieux, où ils ne le fauroient pas , il en foir nommé d'autres .dans flx fcmaines , à peine contre; les feîgncurs de la privation de leur droit.. Pour ce qui concerne les fondions des, concierges & geôliers , Voy. GeOLE , GEO- LIERS , Guichetiers , Prisons. (A) Concierge du Palais , ( Hijl mod.. & Jurifprud. ) étoit un juge royal auquel a fùccédé le bailli du palais. Sous la première & la féconde race de nos rois , l'a jullice éfoit rendue dans le palais par le maître ou maire du palais , auquel fuccéda le comte. En 988 , cet office fut exercé , quant à la juf^ tice dans le palais , fous le titre dz.ccnciergs C O N dupahtis y avec moyenne & bafle-juftice , dontle territoire étoit peu étendu. Phiiippe- Augufte , par des lettres de l'an 12.02 , y ajouta le fauxbourgl'aint Jacques & Notre- Dame des Champs , & le fief royal de S. André qui y ell iitué. Le concierge ou bailli du palais y avoit encore la juftice en 1^67. Les mêmes lettr-es afiignent au concierge du palais des gages , droits & privilèges. En 1286, au commencement du règne de Philippe-le-Bel , le palais que nous voj'ons aujourd'hui , fut bâti par les Ibins d'Enguer- rand de Marigny , général des finances. La conciergerie qui fért aujourd'hui de prifon , étoit le logement du concierge du palais. Par un arrêt de l'année 131^ , elle fut réunie au domaine du roi , avec (qs appartenances. En 1348 , du temps de Phili'ppe-de-Valois , le concierge fut érigé fous le titre de bailli; mais on a joint le? deux titres de concierge-bailli. En l'an 1348 , Philippe de Savoify , écuyer , (m concierge du palais royal h Paris. Joly, en fes offices de France , a donné une lille de tous ceux qui ont depuis rempli celui-ci jufqu'en 1624 , dont plufieurs étoient des perfonnes de grande confidération. Sous le roi Jean , Charles V alors régent du royaume , accorda , par àes lettres du mois de Janvier 1358 , plufieurs droits au con- cierge du palais ; ces lettres font mention qu'il a juiîice moyenne & baflè dans l'enceinte du palais ; qu'il y tient fa cour & jurifdidion par lui , fon Heutenant ou garde de fa juf- tice , & {qs officiers *, qu'il connoît entre quelques perfonnes que ce foit , de tous les cas civils , criminels , & de police ; que nul. aucre juge n'a jurifdidion temporelle dans l'enceinte du palais , fi n'ell les gens des comptes-, du parlement, des requêtes du palais , & des requêtes de l'hôtel : ces mê- mes lui attribuent ditFérens droits , entr'au- tres la juffice fur les aa vents ou petites bou- tiques adoiiees aux murs du palais , des cens &: rentes fur plufieurs mailons ; le droit de donner & ôter les places aux merciers qui vendent dans les allées de la mercerie , & en-haut & en- bas au palais , & les lettres lui permettent d en recevoir un prcfenr une fois l'an : il y efl: encore dit qu'il a k juftice moyenne & balîê , & la lèigneurie cenluelk {ur treize maifons fituées à Notre-Dame des Cliamps ; au lieu nommé les Mureaux{^ro- C O N 80J che les carmélites du fauxbourg faînt Jac- ques ) différens droits. Quand on faifoit un nouveau boucher en la boucherie du châ- telet , le concierge du palais àtwQii^von- .^ a caufe de fa conciergerie , trente livres &: demie , la moitié d'un quarteron & la moi- tié de demi -quarteron pefant de chair moi- tié bœut & moitié porc ; la moitié d'un cha- pon plumé, demi-feptier de vin , & deux gâteaux : & celui qui les alloit chercher , devoit donner deux deniers au chanteur qui étoit en la falle des bouchers. Il avoit feul le droit de faire enlever les arbres fecs qui étoient entre toutes les voiries & chemins royaux de la banlieue & vicomte de Paris. Il avoit auffi un droit de fouage dans la fo- ret d'Yveline , & quelque inff)eâion furies greniers à blé du roi. Lorfqu*il écrivoit h Gonelîe pour faire venir du blé & autre choie au grenier du roi , les écorcheurs de la boucherie de Paris étoient tenus de porter ou envoyer fes lettres à leurs frais , fous peine d'amende. Il avoit toutes les clés du palais , excepté ceiles de la porte de devant , & avoit infpeâion fur le portier & fur les fentinelles du palais. Enfin , fuivant cts let- tres , il étoit voyer dans l'étendue de Çà. jullice. En 141 3 , la reine tint ]a concier- gerie en lés mains , le roi lui en ayant fait don ; & liir l'empêchement qui lui fijt fait à ce lujet parle procureur-général , dilant qu'entre mari & femme donation n'avoit lieu , elle répondit que cette loi n'?voit pas lieu pour elle , dont il y a arrêt des 29 juillet 1412 , & 22 rnaî 1413- Juvénal chevaliei fieur de Traynel , fut lait concierge bailli di. palais : mais par arrêt du 3 Janvier 1416 , cet office tut de nouveau uni au domaine > & on ordonna qu'il n'y auroit plus au pa- lais qu'un g;irdien , qui auroit trois fous pa- nfis par jour & un muid de Wé par an. Ce- pendant ceux qui ont été pourvus de cet office depuis 146 1 , ont été qualifiés de bail- lis du palais. La jurifdidion de la conciergerie , qu'on appelle 1 relcntemcnt \e bailliage du palais, eft compolèe d'un bailli d'épée , d'un lieutenant- général , un procureur du roi , un greffier , plufieurs huiiliers. Les avocats au parlement y plaident , & les procureurs au parlement y occupent. Cette juriididion ne s'étend pré- ièntcmenx que dans l'enceinrc du paiajs..' .- So^ C O N CONCIERGERIE DU PALAIS , voj. Concierge. Conciergerie ou Geôle de la Conciergerie du palais , ainji qu^elle eft nommée par les ordonnances y eft la prifon qui eft dans l'enceinte du palais : on l'appelle ainlî , parce que le concierge du palais y logeoit anciennement, avant qu'il eût l'endroit appelle depuis l'hôtel du bail- liage ^ & qu'il y avoit fa prifon. Il y fait en- core mettre {es pnfonniers. (A) * CONCILE, f m. conciliiim, {Hift. anc. ) alTemblée publique chez les Romains , où il ne fe trouvoit aucun patricien r ^lle itoit tenue & convoquée par les tribuns du peuple ; s'il s'y trouvoit quelques patriciens l'afTemblée s'appelloit comice. Voye\ Co- MICE. Les auteurs ont fouvent confondu les .comices avec les conciles. Concile , ( Hift. ecclef. & Jurifp. cano- fiiq. ) Le concile eft une aflemblée de prélats •catholiques , convoquée pour décider les queftions de foi , ou régler ce qui concerne la difcipiine. Nous le définiflbns une ajfem- hlée de prélats , parce que , fuivant la difci- piine moderne , les {impies prêtres n'ont point féance ni droit de fuffrage dans \ts conciles. A l'égard des premiers fiecles de l'églife , quelques-uns penfent que non-feu- lement les évêques , mais même les prêtres &• les diacres y étoient admis , & il faut conve- nir que plulieurs textes leur font favorables. Nous voyons dans le concile de Jérufalem , le plus ancien de tous , & dans lequel on décida la fameufe queftion qui s'étoit élevée à Antioche fur l'obfervation des cérémonies légales ; nous voyons , dis-je , que les prêtres y prirent féance avec les apôtres , convene- runt apoftoli Ù feniores videre de l'erbohoc, jdifent les adcs des apôtres , c. xv. verf. 6*. Le jnot latin /^/ï/orej- , & le mot grec TÇiiCvrîfoi , iic fignifient point autre chofe que les prê- tres. Au v,erlet 22 du même chapitre , où l'on conclut d'envoyer à Antioche avec Paul & Barnabe , deux hommes choifis & -des premiers d'entre les frères , Barfabas & Silas , & où on les charge d'une lettre qui -contient la décifion du concile , cette réfo- iution paroît être également l'avis des pî-ê- tres comme celui des évêques ; tune placuit ■apeflolis ^ fenioribas ) &c. Suivant mên^e ^p texte grec, la lettre eft eonçu^ au nom C O N des apôtres , des prêtres , & de tous les frè- res : 01 XTÔÇ'OhOl Ketï ol TfivCvTipl ol aj'ihpOl» Il y a lieu de croire pareillement qu'au corz- cile de Nicée les prêtres & les diacres pri- rent féance avec les évêques , & que dans le nombre des trois cent dix-huit pères dont ce concile fut compofé , on ne doit compter que deux cent cinquante évêques , cnfortc que les autres étoient des prêtres & des diacres. En efibt Eufebe , rie de Confiantin, lii'. IIl. ch. viij. dit qu'il y eut à ce concile plus de deux cent cinquante évêques , & un nombre confidérable de prêtres , de diacres , d'acoiytes & autres. Le témoignage d'Euftathe rapporté par Théodoret , Up. I. de fon hifl. eccl. chap. viij. vient à l'appui de celui d'Eufcbe. Euftarhe prétend que plus: de 270 évêques fe trouvèrent au concile de Nicée. Or Eufebe de Céfarée & Euftathe d' Antioche font des témoins oculaires. L'o- pinion néanmoins la plus générale , eft que les évêques étoient au nombre de trois cent dix-huit , raflemblés de toutes les provinces de l'empire. Voye-^ Socrate , liv. I. chap. v, Théodoret , liv. I. chap. vij. Athanafe dans )a lettre à l'empereur Jovien ; Epiphane, héréfie l^cjx. Ruffin , liv. I. chap. j. Et fi dans les actes qui nous reftent de ce concile , nous ne trouvons pas ce nombre d'évêques par les foufcriptions , il faut l'attribuer à l'injure du temps. Mais quoi qu'il en foit , ceux qui veulent que les prêtres & les diacres ont eu anciennement droit de fliffrage conjointe- ment avec les évêques , fe fondent fur ce que ces dilîerens auteurs font mention qu' Athanafe , pour lors diacre d'Alexandre, patriarche d'Alexandrie , aflifta au concile &. y foutint tout le poids des affaires ; que Vite & Vincent , ftmples prêtres , y repré- fenterent le pape Sylveftre;d'où ils concluent en général que les prêtres & les diacres y prirent féance, & y foulcrivirent. Ils s'au- torifent encore d'im endroit des ades du concile d^Aquilée tenu en l'année 381. S. Vaférien d'Aquilée tenoit le premier rang dans ce concile ^ 6c S. Ambroife en étoit l'ame : celui-ci interrogeanr le prêtre Attale , lui demanda s'il avoir foufcrit au concile de Nicée-; mais Attale qui favorifoit la caufe de Pallade & des Ariens, gardant le filence y faint Ambroife iafifta en ces termes : Atta- lus pfefbyter^ lieet inter Arianosjit , tamen C O N hahetamoruatem loque ndi;p rofiteaturmrum fubfcripferit in tractam concililfub epifcopo fuo Aggrippino , an non : tome II des conci- les, p. ^7<) Ùfuii'. Ces paroles', difejit-ils, annoncent clairement que les fimples prêtres avoient droit de parler dans les conciles y & pouvoient foufcrire aux ades qp'on y drc(- foit. Ils tirent un nouvel avantage de ce qu'Eufebe , liv. VII. ch. xxjx & xxxjx dit qu'on tint à Antioche un concile contre Paul de Samofare ; que Malchion , qui de préfet de l'école d' Antioche , avoit été promu à l'or- dre de prètnfc à caufe de la pureté de fa foi , & qui d'ailleurs étoit fort favant & grand philolophe 5 convainquit l'iiéréfiar- que , découvrit fes artifices , & manifefta malgré lui (es fcntimens. Or il parott que dans ce concile , les prêtres opinèrent auflî- bien que les évêqyes , fi l'on fait attention à l'infcription de la lettre adrelfée aux autres eglifès après la condamnation dts dogmes impies de PauLEufebe nous aconfervé cette kttre , dont voici l'infcripcion : Di. I. de conciliis Ù ecclejiâ y cap. ij. fonde la néceiEté des con- ciles 1°. fur ces paroles de Jefus-Chrill , ubifunt duo vel ires , &c. qui doivent s'en- tendre des conciles f fuivanc l'interprétation <îu concile de Chalcédoine dans la lettre fynodale au pape Léon : 2°. fur ce que \ts apôtres ont pratiqué eux-mêmes : quoique chacun d'eux eût une autorité fuffifànte pour décider les contellations qui s'élevoient , ils ne voulurent pas cejpendant , fans un concile , prononcer fui^ l'oblervation des cérémonies légales , dans la crainte de paroître né- gliger une vole que Jefus-Chrill leur avoit cnieignée : 3°. fur la coutume que l'Eglife a obfervée dans tous les fiecles , de (;enir con- cile toutes les fois qu'il s'agiflbit de (ij^ueftions douteufes. C'eft donc au foin important de confèrver l'unité de la foi , c'eft à la nécef- iitè d'avoir le fentiment général de l'EgUfè , qu'il faut rapporter l'origine des conciles. Un nombre infmi de paifages àcs SS. pères , (ùr-tout l'homélie xxix. de S. Bafile , ad- verfus calumniatores fanclce Trinuatis , & (à lettre Ixxxij. nous confirment que l'ufage de les convoquer efl établi fur ces puiiîan^ motifs. Les conciles £n font d'au- tant plus refpeûables aux yeux des fidèles , puifqu'on leur doit la même vénération qu'à l'Eglife qu'ils repréfentent. On divife les conciles en généraux & par- ticuliers. Les généraux ou œcuméniques font ceux où l'on appelle les évêques de toute la chrétienté. Ces conciles y qui tiennent avec railbn le premier rang , offrent une matière P^r coniéqucnt quatre ans avant la tenue du concile qu'elle blâme. Les canons iij & iv , fur lelquels- Gratien croit pouvoir fonder fon opinion , & qu'il cite dans cette vue , ne prouvent nullement que le concile œcuménique doive être convoqué par l'autorité du pape. Dans le canon iij , on y flatue en général que perfonne n'ait la' témérité de s'arroger ce qui n'appartient qu'au fouverain pontife , fous peine d'être privé de tous les honneurs eccltfiaftiques. Cette déciiion ainfi conçue d'une façon géiiérale , ne regarde en aucune manière les conciles , fi ce n'efl en ce qu'elle eft tirée de la lettre qui pafîé pour être la quatrième de celles qui font attribuées au pape Darriafe , & adrefîees à Etienne arche- vêque d'Afrique , & aux conciles de la même province. Or , la fauflèté de cette lettre pa- roît , tant par les réferves fréquentes qu'on y fait au fàint fiege des caufes majeures ( quoiqu'elles fu fient alors inconnues de nom &: d'effet , ) que par la date du confu- lat qui rapporte la lettre à l'an 400 , quoi- que le pape Damafe fût mort dès l'année- 384. Dans le canon i'v , il eft queftion de quelques évêques qui , lorfqu'il s'élevoit des doutes fur ce qui avoit été ftajjfé par les conciles généraux y s'aflémbloient dans des conciles particuliers, & là jugeoientlei:o/2a7tf général , ce que le pape Pelage 1 condam-ne. Il défapprouve donc qu'un concile particu- lier oÇt juger un concile univerfel , dont la décifion eft celle de toute l'églife ; & il or- donne que dans le cs.s où les evêqucs auront quelques doutes fur les ftatuts des conciles généraux , ils en écrivent au plutôt aux fieges apoftoliques , c'eft-à-dire fondés par les apôtres , dans les archives defquels on gardoit les vrais ades des xonciUs y afin C O N qu'ils trouvent U furement ce qu'ils cher- l cKent. On ajoure dans ce canon , que li ces ëvêques font tellement opiniâtres qu'ils re- fusent d'être iniiruits , alors il cû nécefîaire qu'ils foient attirés au falut de quelque façon que ce loit par les fieges apofloliques , ou qu'ils foient réprimés fuivant les canons par les puifïànces féculieres. Cette addition nous ferable fufpede , en ce que nous ne voyons pas comment les fieges apoftoliques peuvent attirer au falut ceux qui retufent opiniâtre- ment d'être inflruits : ainfi nous préfumons que la fin du canon n'efl point de Pelage I ; peut-être même la lettre entière , d'où le canon efi tiré , eft-elle faufle. Ce qu'il y a de certain , c'eft qu'elle ne fe trouve pas parmi les lettres de Pelage , & qu'elle n'a paru que depuis environ un fiecle, temps auquel Luc Holfîein nous l'a |^fituée d'après pluficurs fragmens. Le canon v, efl tiré de la lettre qui porte le nom de Pelage II avec cette infcrip- tion : DilecîiJJfmis fratribus unii'erjis epifco- pisquiUlicitâ P'ocatione Joannis Confianti- nopolitani epifcopi adfynodum Conjîanti- nopolimconvenerunt y Pelagius. On recon- noît la fuppofition de cette lettre à tant de marques , que le P. Labbe , tome V. des conçues y p. 948 , afîure avec confiance dans une note marginale , que ce feroit être de mauvaife foi que de ne pas la mettre au rang des faulfes décrétales , dont Ifidore nous a infedés ; qu'à la vérité Pelage II avoit écrit à ce fujet , mais qu'on a perdu la véritable lettre , & qu'on y a fubflitué celle- ci qui a été fabriquée à ce defl'ein , comme le démontrent le ftyle, qui n'efî pas celui du temps , & plufieurs autres cliofes renfermées dans le contexte de la lettre. De-là on peut juger de quel poids efl ce canon , lorfqu'il prononce qu'on ne doit pas célébrer de con- cile faiîs l'avis du fouverain pontife ; qu'au- trement ce n'efl point un concile y mais un conciliabule. Le mot latin fententia% dont fe fert ici l'impofleur , fignific la convention dans le fens qu'il lui donne, au lieu que nous nous contentons de dire qu*il faut de- mander le confentement du faint fiege. A l'égard du canon iv , on ne peut lui impu- ter d'être falfifié ; mais c'efl mal-à-propos que Gratien le cite pour appuyer fon fyfïê- me ; il n'en peut rien conclure qui lui foit favorable. Voici en peu de mots l'hiiloire C O N 813 & re.xpofîtîcn de ce canon. Les praticiens Faullinus & Probinus intentèrent divers chefs d'accufation contre le pape Simma- que, pardevant Théodoric roi d'Italie, qui renvoya la connoifîance de cette affaire au concile de Rome. Simm.aque ayant été dé- chargé de ces accufations dans le quatrième concile de Rome , fcs ennemis écrivirent contre le concile , & donnèrent ce titre à leur ouvrage. Adverfiis fynodum abfolu- tionis incongrues. Ennodius , évoque de Pavie , entreprit l'apologie du concile y & cette apologie tut approuvée dans le cin" quieme concile. Dans cette apologie Ennodius fait tous {ts efforts pour relever l'autorité du faint fiege & du pape ; il lui arrive même très-fouvent de paflér les bornes légitimes ; par exemple , il prétend que le fucceffeur de S. Pierre ne pèche jamais ; il fonde ce privilège de ne point pécher , tant fur les mérites du chef des apôtres , que fur la pré- éminence de la dignité en laquelle le pape lui a fuccédé. C'eff de cette apologie rappor- tée , tcm. IV. des conc. p. 1 340 , jufqu'à la page 1359» qu'efl tiré je canon dont nous parlons ici. Les adverfaires d'Ennodius ob- jedoient ce qui fe lit au commencement du canon : Numqiiid ob id quod prcefentiam papœ non habuerint y inftituta ex regulis ecclejiafiicis perjingulos annos in quibufque proviîiciis concilia y eâ ratione invalida Jint^ ce qui feroit abfurde , de l'aveu même des correcteurs romains. Ennodius répond : Le- gifiis y infanijjîmi y &cc. & il fe laiffe telle- ment emporter à fon zeie , qu'il foutieçt qu'on ne trouve rien d'établi dans les conciles pro- vinciaux contre la décifion du faint fiege y & même que les caufes majeures doivent y être renvoyées ; ce qu'il faut entendre àes provinces voifines de Rome , & non des autres , où certainement on célébroit alors des conciles provinciaux fhns que le pape s'en mêlât , & qu'il y eût la moindre part. Il eu donc évident qu'il ne s'agit point dans ce canon des conciles œcuméniques ; &c d'ail- leurs l'on voit par les faits qui ont donné lieu à l'apologie d'Ennodius , combien dans ces temps-là le pape étoit peu refpedé en Italie. Nous avons démontré le peu de fôliditë ; des autorités compilées par Gratien , peur établir que le pape a le droit de convoquey 8i4 C O N les conciles généraux à l'cxclufion de toute autre puiflance. Nous fommes parvenus à ce but en arrachant le mafque de l'antiquité que por'toient la plupart de ces autorités, ou en rendant fenfible la faufleté des appli- cations. Par-là les réflexions que nous avons faites pour juftifier la conduite des empe- reurs qui ont convoqué des conciles , de- meurent dans toute leur force : s'ils ont cefle d'exercer ce droit après l'époque que nous avons marquée , c'elt-à-dire , après les huit premiers coaciUs , nous devons l'attri- buer , fans doute , aux changemens arrivés depuis dans la chrétienté. Lorfqu'elle n'o- béilToit qu'à un iluverain , il lui étoit facile d'ordonner par un éJit aux évêques de s'af- fembler dans un certain lieu pour y tenir concile ; mais depuis que l'empire a été di~ vifé , & que le monde chrétien s'eft partagé en divers royaumes , cela eft devenu , pour ainfi dire , impraticable ': car les évéques étant foumis à difFérens princes , dont l'un ell indépendant de l'autre , il faudroit au- tant de convocations qu'il y a de fouverains; qu'ils convinlïent d'abord du lieu de l'allêm- b!ée , pour y convoquer enfuite les métro- politains & les évêques de leur royaume. Les inconvéniens qui auroient réfulté de la diffi- culté de s'accorder entr'eux , ont été caufe que le droit de convoquer les conciles œcu- méniques a été déféré au pape par Tulage & du confentement des égliiès. On a jugé con- venable que celui qui occupe la chaire de S. Pierre , d'où naît l'unité l'acerdotale , fût .chargé iendroit dans la ville de Baie. Voye'^ tome XII. des conc. pag. 4ffj. où l'on rapporte le décret du concile de Sienne , qui fut lu dans la première feflion de celui de Bà!e. Le droit de ceux auxquels il appartient de convoquer les conciles , félon les diverfès circonfiances , étant folidement établi , il faut expliquer la manière dont fe fait cette convocation. Les exemples dont nous nous fommes fervis pour faire voir que les prin- ces ont été en pofieflion d'indiquer les con- ciles y prouvent en même-temps qu'ils ren- doient à ce lùjet des édits par lefqueîs ils mandoient au concile les prélats , fiir-tout févêque de Rome & ceux des principaux fieges , tels que Confiantinople , Alexan- drie , Antioche , Jérulalem. A l'égard de l'évêque de Rome ; comme il efi: de droit divin le chef de l'églife , il efi de règle qu'on ne peut tenir de concile générai., à moins qu'on ne demande en lorrae fon con- fentement , & qu'on ne l'invite d'y aflifier : auiîî CQt ufage a-t-il été confiamment pra- tiqué dans l'églife dès les premiers temps , fi nous en croyons tous les hifioriens ecclé* fiafiiques, Socrate , lip. II. chap. liij. re- proche entr'autres chofes au concile d'An- tioche , que Jules évêque de Rome n'y^t point afiîfié , ni envoyé perfonne à fa place , quoiqu'il foit , dit-il, ordonné par les canons 2iS C O N de ne fîatuer fur rien dans l'églife fans que l'évêque de Rome en ait connoilTance. Sozomene ylip. II I. chap. x. rapporte qu'a- près la condamnation d'Athanalè , le pape Jules écrivit aux évêques qui avoient tenu le concile d'Antioche , & fc plaignit amère- ment de ce que , contre les loix ecclélialH- ques , on ne i'avoit point appelle au concile. On doit pareillement inviter les évêques de l'univers entier ; car fi l'on ne convoque que ceux d'une certaine nation , ou d'une certaine province, alors le concile n'efl point CECuménique , mais fimpl.^mert national ou provincial : ainfi , pour qu'il ioit réputé uni- verfel , il efl nécefTaire d'obferver les deux règles que Bellarmin propolé, lib. I. deconc. cap. xi'ij. La première de ces règles efl que la convocation l'oit notifiée à toutes les gran- des provinces de la chrétienté. Cette no- tification ié fait par les métropolitains , qui autrefois , après avoir reçu les ordres des em- pereurs , les communiquoient aux évêques deleurs provinces, & les amenoient avec eux au concile. Depuis que la coutume a déféré au pape le droit de convoquer les conciles , il adrefîe au prince & aux métropolitains une bulle folennelle d'indidion , qui mar- que le temps &c le lieu du concile. JPar cette bulle il exhorte les princes d'y afîifier , ou du moins d'envoyer leurs ambaffadeurs con- jointement avec les évêques de leurs royau- mes , & enjoint à ces mêmes évêques de s'y trouver. Enfuite , lorfque les métropoli- tains ont obtenu la permilllon du fouve- rain , ils avertilTent leurs fullragans par des lettres circulaires d'aller au concile. La fé- conde règle de Bellarmin efi qu'on ne don- ne l'exclufion va aucun éveque , de quel- qu'endroit qu'il vienne , pourvu qu'il foit confiant qu'il efiévêque,& qu'il n'efi pas excommunié. Au refie , quoique tous les ëvaaues doivent être appelles au concile , il n'elt cependant pas nécefTaire que tous s'y trouvent , autrement il n'y auroit pas encore eu'dans l'églife de concile général. «N'efi-ce pas aflez , dit M. Bofluet , qu'il en vienne tant & de tant d'endroits , & que les autres confentent fi évidemment à leur alîêm- blée , qu'il fera clair qu'on y aura porté le fta-.timent de toute la terre ? w Hijh des va- riations , liv. Xl^. n°. zoo. Nous ne nous étendrons pas davantage fur la manière de C O N convoquer les co/2c/7^j-, & nous verrons auSî en peu de mots quelles font les matières qu'on y traite. Nous avons déjà indiqué au commence- ment de cet article , en donnant la défini- tion du concile que les décifions eccléfiafii- ques ont deux objets principaux , la foi & la difcipline ; ce qui eft conforme à la lettre des pères du concile de Nicée aux Egyptiens , où ils fe fervent de ces deux mots grecs , Aatii^v^ /)/, KAi è oyiJiiri(^uy ^c Q^-^^àiYQ drejjer des articles de foi ^ faire des canons \ ainfi ces deux points font la matière des conciles généraux. La foi q^ contenue dans les dogmes qui la propofent , dans les fymboles ou for- moles qui diftinguent les fidèles àes païens", des juifs & des hérétiques , & qui font comme la marque à laquelle on rcconnoît \qs troupes de J. C. Elle efi auflî renfermée dans les lettres fynodales dans lelquelles les évêques aflemblés au concile expolent leur cro}'ance ; & enfin dans les décrets & ana- thêmes prononcés contre les hérétiques. On ne peut rien ftatuer de nouveau par rapport à la foi ; parce qu'elle efi un don de Dieu auquel les hommes ne peuvent rien ajou- ter , comme ils n'en peuvent rien ôter. L'é- glife déclare feulement ce qui eft de foi ou non ; mais elle fait des loix par rapport à la difcipline. Or ce qui appartient à la difcipline a coutume d'être expliqué dans les canons , ainfi appelles du mot grec Kctvav , qui fignific règle. Ifidore , lib. VI. etymologiarum , cap, xvj. nous apprend la railon pour laquelle on s'efi fervi de ce mot : Régula dicta efi canon , eo quod reciè ducit^nec aliquando aliorfum trahit', alii dixerunt regulam diclam^velquod regat velquod normam rectèvivendiprcebeaty velquod diftortum pravumque corrigat. Il y a une autre différence très-remarquable en- tre les dogmes & les canons. La foi eft une , & immuable ; régula fidei una efl y omnino fola 5 immobilis & irreformabilis. Tertull. lib. I. de velandis virginibus. La difcipline au contraire peut être différente , fiiivant la différence des nations & des lieux : car on doit regarder comme indiffèrent , & ne faire aucune peine d'obferver ce qui ne blefiè ni la loi ni les bonnes mœurs , afin que par-là on conferve l'union avec ceux avec qui l'on vit. La diverfité de ces règles n'empêche pas les églifes d'entretenir la concorde , lors- qu'elles C O N Iju'cllôs font réunies dans la fol ; & pour lious fervir des paroles de Fulbert évêque de Chartres : Ubifidei non fcinditur unitas , nos non offendit ecclefiœ divcrjitas ; fie enim fiât faHÊcta ecclejia regina à dextris Dei in pefiitu deaurato circumdata varietate. De-U naît encore une autre différence entre les dog- fnes & les canons : les dogmes ont par eux- mêmes le fceau de l'autorité , & ailreignent également tous les fidèles ; au lieu que les canons ont befoin d'acceptation & du con* cours des deux puiflances , pour avoir à l'extérieur leur exécution. Cette même rai- son que la foi'eft une , & la dilbipline diffé- rente , fuivant la différence des lieux , elt caufe qu'on traite féparément dans les con- ciles de ces deux objets. Ilel^ même arrivé que dans plufieurs on n'a examiné que des quef- tions de toi , & dans d'autres que ce qui re- garde la difcipline. Par exemple , les cin- quième &: fixieme conciles fe font contentés de condamner les hérétiques ; & dans celui de Trulle , qui a été comme une (ùite de ces conciles , on n'a fait que des canons pour le maintien de la difcipline , & il ne s'eft point agi de la foi. Quelquefois encore dans les conciles on agite les caufes cccléfiaftiques , & elles y font terminées par un jugement de l'églife afîemblée. Souvent celui qui avoit été ex- communié par fon évêque ou par un pre- mier concile , obtenoit que fa caufe fèroit examinée de nouveau ; & quelquefois il par- venoit à fe faire abfoudre ; comme Théo- doret , qui , après avoir été condamné dans k concile d'Ephefe , fut admis & reflitué dans çt\m de Chalcédoine. C'efl pourquoi Zonare fur le canon 7 du concile de Laodi- cée , obferve que les conciles fe tiennent pour finir les difputes qui s'élèvent fur la vérité des dogmes , ou fur l'équité des peines , ou pour y traiter les autres affaires ; & attendu que les générales intéreffent toute l'églife , il eft d'ufage qu'on traire d'abord de celles- là avant de pafîer aux particulières , ainfi que l'ordonne le premier canon du premier co/z- a/f d'Auvergne , qui a été parmi nous un concile national. Ce que nous venons de dire fur la ma- tière des conciles , nous paroît fuffire ; mais nous ne pouvons nous difpenfer en parlant de la forme fuivant laquelle fe tient le con- , TomeVllL - • C O N 817 cite , d'entrer dans un plus grand détail. Cette forme confifle principalement dans l'ordre de la féance , dans le partage du concile en différentes affemblées , & enfin dans la li-. berté des fuffrages. Il eft évident par la nature même du concile œcuménique , que l'un des prélats dont il efl compofé , doit y préfider • car étant une afîemblée de l'églife univerfelle , il efl d'une nécefllté abfolue que quelqu'un recueille les voix , & prononce les déciiions du concile fur chaque queflion. Jéfus-Chrifl efl le chef de toute l'églife. Dans chaque églife particulière il efl repréfenté par l'évê- que ; mais il s'agit de favoir , lorfque les évê-* ques font affemblés, quel efl celui parmi eux qui doit être à leur tête- Les pères du concile de Chalcédoine nous l'apprennent dans la lettre fynodale au pape Léon. Si enim , difent-ils , ubifunt duo aut très con- gregati in nomine ejus {Chrifli) , ibife Chrif- tus in medio^orum fore perhibuit ^ quan- tum circa quingentos vigintifacerdotesfami'^ liaritatem potuit demonjîrare , qui & patries Ù laborifuœ confefiionis notitiam prcetule- runtî Quibus tu quidem.ficut membris capat prœeras , in his qui tuum tenebant ordinem , benevolentiam prœferens , imperatores verh fidèles ad ordinandum decentijjimè proefidc'» bant , ficut Zorobabel & Jefus , ecclefiœ tan- quam Jerufalem , œdificationem , circa dogm mata renovare annientes. Ce paffage fait voir que les pères du concile de Chalcédoine dis- tinguent deux fortes de préfidence dans lesï conciles: l'une qui appartient aux pontifes, & l'autre aux princes. En effet le prince étant feul armé du glaive , & ayant feul la force coadive , il doit y préfider , afin qqe tout s'y pafîé d'une manière conforme aux loix éc aux canons dont il eft le protedeur. Au refle , pour ne parler ici que de la préfidence hiérarchique , il paroît par ces paroles , ficut membris caput prceeras in his qui tuum tene- ' bant ordinem , qu'elle efl déférée à l'évêque de Rome. Cela mérite cependant quelque explication. Il efl bien vrai que dans le cas où le fouverain pontife affifle en perfonne au concile , tous les canonifles reconnoifîênt pour incontcflable le droit qu'il a d'y préfi- der , comme étant l'évêque du premier fiege , le centre de l'unité catholique , & le Ijef de toutes les églifes : mais ils ne coa-. Kkkkk 8i8 COK tiennent point également que cette proro- gative dans les premiers temps ait paflë aux légats. Plufieurs d'entr'eux ne font pas re- monter l'origine de ce droit plus haut que le concile de ChalcOdoine ; d'autres penfent que dès le <:o/ïc^/V^ de Nicée , les légats du pape ont préfKÎé. Parmi ces derniers fe trouve M. de Marea , qui dans Ton fameux traité de con- cordia facerdotii & imperii, lip. V. cap. iij. ./jp. V. l'j. & vij. réduit la queftion de la préé- minence du pape dans les conciles ^ à trois chefs principaux qu'il s'efforce de démon- trer ; favoir à la prérogative de la féance , au droit de recueillir les voix , à la ratification de tout ce qui a été fait ; & il prétend que cette ratification ne nuit point à la hberté des fufïrages qui eff abfolument nécefTaire , mais' il la compare au rapport qu'autrefois les confùls & enfuite les princes faifoient au fénat, afin qu'il eût à prononcer , en- forte que le lenat néanmoins décidoit ce qu'il jugeoit à propos. Le fouverain pontife , dit cet illuffre prélat, exerce un droit fem- blable dans les conciles , ce qui n'empêche pasqu'onn'y jouiffede la liberté des fuffra- ^es. Il ajoute, chap.vij. que cette préroga- tive palfe à fes légats , & même nécefîaire- ment , puifqu'il efl certain que les papes n ont point été préfens aux premiers co/7- ciles , & qu'ils fe font contentés (J'y envoyer àts légats. La comparaifon que fait M., de Marca , n'ert point du tout exaâe, & ne s accorde pas avec ce que nous avoasprouvé ci-deffus , que ce font les empereurs qui ont convoqué les premiers concîhs , & y ont mvité les papes par leurs édits. De plus fi l'on attribuoit ce droit de rapport dans les premiers fiecles au fouverain pontife , ce fc- roit lui donner par-h\ une autorité fuprême ck l'églife ; car ce droit de rapport faifoit partie de la fouveraineté. Les termes de la loi royale renouvellée fous Vefpaficn , que cite M. de Marca , en font une preuve au- thentique. Les voici : Ut eifenatum habsre , relationem facere , remittere ^fenamfconful- tum per relaiionem , difeujjionemque facere liceat. M. de Marca n'appelle-t-il pas lui- même ce àro'ix jus imperatorium , & n'eft-il pas confiant que fans ce rapport , le fénatus- confulte ne pouvoit avoir lieu ? Nous en avons un exemple dnns Tacite^ lib, ^V, C O N ann. e. 2.2,. où , après avoir rapporté le dif^ cours que Thrafeas prononça au fcnat , il ajoute tout de fuite ces paroles : magno af- fenfu celebrata fententia y non tamenfcitum ea de re perfici potuit ^ abnuentibus ^nfuli- bus eâ de re relatum. Ce pafïage montre affez que quoique ce droit de rapport n'ôtât pas tout-à-fait la liberté des fuffrages , cependant celui de délibérer & de décider du temps de la répubhque , dépendoit de la volonté j à^s conluls , & dans la fuite , des eaipereurs » ' qui même en ont entièrement privé le fénat^ \ Novelle jS. de Léon fùrnommé le p/fZ/o/b-- phe. Or il efl manifefte que les conciles , fur- tout dans les premiers fiecles y ne dépen-- doient en aucune façon de la volonté du pape. Ainfi réduifons le droit de préfider à deux chefs ; au droit de terir le premier rang dans la féance, & à celui dé recueillir les voix :: féparons-en celui delà ratification , puifquc: nous venons de voir que c'efl pour concilier, ce droit-là avec la liberté du concile , que M. de Marca a imaginé le droit de rapport & la .comparaifon qu'il en fait. Le même M. de Marca veut prouver , d'après l'hifloire , que le droit de préfidence a paffé aux légats des. fouverains pontifes. H foutient- qu'Ofius j^, évêque de Cordoue , préfida en cette qua- lité au conc/'/e de Nicée. Il fe fonde fur ce qu'Athanafe appelle cet évêque Vame & le- chefdes conciles-, lib. defugàfua& epifio âad. folitarios \ & fur ce que Socrate , liv. I. ch,, jx de la v.erfion latine , ou ch. xiîj. de l'ori- ginalgrec, enfaifant l'énumération des pré- lats les plus diflingués qui affilièrent au concile , corrmencc par Gfius évêque de Cordoue , Vite & Vincent prêtre^ , & nomme enfuite Alexandre d'Egypte , Eufla- the d'Antioche, Macaire de Jérufalem. M., dé Marca ajoute , que perfbnne n'afîifîa de la part du pape au fécond concile œcuméni- I que , qui ne fut compoféque d'évêques orien-- 1 taux y. & qu'il' ne devint^ général que par ' Pacquiefcement de l'églife d'occident à la. décifion de celle d'orient : que Cyrille pré- ' fida au troifieme conciU ., & qu'il repréfen- I toit le pape Céleflin I. comme l'annoncent I les lettres de ce pontife adreffées tant au clergé & au peuple de Gonflantinople , qu'à : Cyrille lui-même. I D'un autre côté Simon Vigor , lib. de con^ ' cJliis i caj^. vij. prétend que la première place C O M 3ans les conciles eft due aux patriarches , & qu'ils y préildent tous conjointement; mais que parmi eux la préféance eft réfervée au fouverain pontife , de façon cependant que s'il eft abfent , fes légats ne fuccedent point à fa place , mais le fécond patriarche ; & au dé- faut du fécond , le troifieme. Ainft ce ne fut point, félon lui , le pape Sylveftre qui étoit abfènt , qui préfida au concile de Nicée : ni Alexandre , patriarche d'Alexandrie , qui en quelque manière étoit partie intéreiïee , puis- qu'il s'agiftbit d^Arius qu'il avoit le premier condamné dans un concile tenu dans fon pa- triarchat. Cet auteur conclud que le concile fut préfidé par Euftathed'Antioche , & il le prouve par la lettre qu'écrivit le pape Félix III à l'empereur Zenon , contre Pierre Fullon évêque d'Antioche. Cette lettre eft conçue en ces termes : Petrus primogenitus diabolifilius , & qui fanera; ecclefice Antio- chenœfe indigni^mè ingejjît , fancfamque fedem Ignatii manyris polluit , qui Pétri ^extrd ordinatus eft Euftathiique confejforis ac prsftdentis , recentorum decem convene- runt y au/us eftdicere , &c. vqye\ tome IV. des conciles y pag. io6^. Il taut avouer que Qts dernières paroles Ibnt favorables au fentiment de Vigor, Mais M. Richer , célèbre dodeur de Sorbonne , contrebalance cette autorité dans ïbn hiftoire des conciles généraux , liï\ I. c. ij. num. 7. en rapportant d'après Socrate & d'après Théodoret, liv, I. ch.jx.la lettre lynodflledesPP. de Nicée auxAl^andrins, où ils difent que fi le concile a ftatué quelque chofe outre ce dont ils leur parlent, ils l'ap- prendront d'Alexandre leur patriarche , qui ayant eu part & ayant préfidé aux décifions du concile ^ leur en rendra un compte plus exad. Voilà le fens que donne Richer au texte grec dans la tradudion qu'il en fait , & on ne peut difconvenir qu'il eft conforme à l'original. Au refte ce do& qu'en eftèt ils n'ont pas préfidé aux conci- les généraux jufqu'à celui de Chalcédoine , cù cela leur fut accordé pour la première fois. j S^'d nous eft permis de dire notre fenti- C O N «rp ment à ce fujet , nous n'adoptons ni ne re- jetons entièrement l'opinion de M. de Marca; & nous faifons de même à l'é- gard de celle de Vigor & de Richer. Nous convenons avec chacun d'eux, que le droit de préfider appartient au pape en vertu de fa dignité , qu'il appartient encore aux autres patriarches. Nous croyons pareillement avec Richer & Vigor, que les légats n'ont point préfidé jufqu'au concile de Chalcédoine: qu'à l'e^jception cependant du premier con- cile de Conftantinople , ils y ont aflifté , & qu'ils ^ ont eu une place honorable , quoique ce ne lût point la première. Examinons d'a- bord la choie par rapport à Ofius. Il eft certain qu'il futpréfent au concile de Nicée. Eufebe , témoin oculaire , dit , liu, II. chap. viij. delà vie de Conftantin, que cet homme venu d'Efpagne & exalté par beaucoup de perfonnes , ailifta au concile & prit féance avec les autres ; que l'évêque de la ville im- périale , c'eft-à-dire k pape Sylveftre ( fui- vant l'interprétation d'Henri de Valois j , ne s'y trouva point à caufe qu'il étoit d'un âge fort avancé ; qu'il envoya des prêtres pour le repréiènter. Socrate , d'après Eufebe , rapporte la même cholè lii'. I. c. v. Ni l'un ni l'autre n'exprime fi Ofius aflifta au concile comme légat de Sylveftre , ou bien jure fuo , comme évêque de Cordoue. Et même Sozomenc liv. I.chap. xvj. & Théo-^ doret , lit'. L ch. vij. fans faire aucune men-^ tion de lui y difent fimplement que Vite - fefieur dans la perfécutÎLon de .Maximien renommé par toute l'égiiiè , & qui récem- ment venoit de rendre à la bonne caufe des fer vices efTentiels. Au relie il ne dit rien d'où il faille abfolument conclure qu'Ofius tint au concile la place de légat du pape. Enfin fi à la tête des foufcriptions du concile , telles que nous les avons aujourd'hui , nous trou- vons le nom d'Ofius , & qu'il foit fuivi de ceux de Vite & de Vincent , cela vient de ce que les évêques ont foufcrit fuivant l'or- dre de leurs provinces ; d'abord les occiden- taux > & eniuite ceux des différentes pro- vinces d'Orient. Les occidentaux foufcrivi- rent les premiers , attendu quelepatriarchat d'occident qui embraife la moitié du monde chrétien, eÛ le premier de tous. Ofius efî à, leur tête comme étant le feul évêque de ce. patriarchat , & après lui fe trouvent les prê- tres Viteck Vincent. Après les foufcriptions des Latins , l'on compte celles des évêques de la province d'Egypte , ayant à leur tête Alexandre patriarche d'Alexandrie ; enfuite les évêques qui lui font fournis , favoir ceux de l'Egypte, de la Théhaïde , & de la Ly- bie : pour lors le patriarchat d'Alexandrie fuivoit immédiatement celui de Rome. Après le. patriarchat d'Alexandrie , l'on , trouve lès évêques de celui de Jérufalem qui eff le troifieme , & à la tête Macaire leur patriarche. Vient enfuite le patriarchat d'An^ tioche , àja tête duquel étoit Euffathe. Ainli; les préfidens du concile furent Ofius, Ale- xandre , Macaire & Euffathe , que nous avons. vu ci-deffus- dénommé préfident par le pape Félix III, & qui en cette quahtc adrefïà un difcours à Conffantin.. Ofius & les autres évêques fe trouvent tous au con- cWejurefuo , en vertu de leur dignité , & non d'aucun droit délégation. Cette defcrip- tionde la préfidence du concile , faite d'après le co/za/^. même , détruit entièrement la pré- tendue préfidence de Vite & de Vincent. Pour réfumer en deux mots tout ceci, fi Ofius eût préfidé au concile comme légat du pape Sylveftre , les prêtres Vite & Vincent , certainement envoyés par le pape en cette quahté, euflent préfidé conjointement avec lui. Nous venons de voir qu'ils n'ont' point préfidé : donc ce n'eff point comme légat C O N qu'Ofius a ^té un des préfidens du concile. Ûans les deux conciles généraux qui l'uivi- rent , & qui fe tinrent avant celui de Chai- cédoine , les légats du pape ne paroiflènt pas y avoir préfidé. Nous avons vu pîus haut qu'au premier concile de Conftanrinopîe , il ne fe trouva aucun évêqae de Téglife d'occi- dent , & que les Grecs même s^'en plaigni- rent ; mais ce concile fut enfuite reçu par le pape Damafe & les autres évêques de l'éghle latine ; c'eft pourquoi on l'a toujours re- connu pour œcuménique. Les légats du pape Célefîin I. Arcadius & Projeûus évêques, & Philippe prêtre , aifiilerent au concile d'Ephefe ;• mais ils n'y préliderent point : ce fut Cyrille d'Alexandrie qui prélida ; ce droit lui appartenoit au défaut de Neftorius patriarche de Conflantinople , qui étoit ab- fcnt & accufé , car dès ce temps-là le pa- triarche de Confîantinople avoit le fécond rang.. Il efl: bien vrai que dans ce concile le pape Céleflin commit Cyrille à fa place ; mais comme il avoit d'ailleurs , à raifon de fbn Hege , le droit de préiider , on ne peut inférer d'un pareil exemple que les légats du pape préfidaflent alors au concile jure fuo. Enfin \q concile de Chalcédoine qui con- damna & dépofa Diofcore , fut préfidé par les légats du pape S. Léon , favoirPafchalin & Lucentius évêques ,. & Boniface prêtre. Vigor , lib. de conciliis ,. cap. w;. prétend que cela fe paifa ainfi , parce que tous les pa- triarches ,-à l'exception de celui de:Conflan- tinople, étoient au nombre des accufés , vu qu'ils s'étoient joints.à Diofcore pour con^ damner Flavien dans le faux concile d'Ephefe, & parconféquent nepouvoient préfider à un concile où ils dévoient être jugés. Mais il paroît par les foufcriptions rapportées tom. ï.y. des conciles , pag. 4.48. Ù fuivantes qu'Anatole patriarche de Conflantinople , fôufcrivit après les légats , & après lui Ma- xime d'Antioche : ce qui réfute l'opinion de Vigor. Il efîtrès'-vraiièmbiable que l'empe- reur Marciem , prince religieux, féconda la déférence qu'on eut en cette oecaiion pour le f>int fîege. Quoiqu'il en foit-, c'ert d'a- près cet exemple que les légats.du pape ont iîégé dans fous les conciles. A l'égard "de l'ordre fuivant lequel les au-^ très évêques afUftent au concile y \z dernier éjaionid? ia difUnâion. dix - fe^t du-décra CON giT de Gratien , établit pour règle que les évê- ques doivent le conformer à la date deieur ordination , tant pour le rang qu'ils occu- pent dans la féance , que pour celui des ibuf^ criptions. On décida la même chofe dans le premier concile de Prague, canonvj, & cette difciphne fut pareillement obfervée dans l'é- gljfe d'Afrique , où l'on ordonna que pour terminer les contellations qui s'élevoient au fujet de la préiéance , chaque évêque feroit \ tenu de rapporter àos lettres de celui dont il auroit reçu la confécration , & qui en con*- tinflent la date. Canons viij Ùjx du code des canons de Véglife d^ Afrique, On s'eil néant- moins quelquefois écarté de cette régie ea. faveur de plufieurs fieges privilégiés. Outre l'ordre de la féance r la forme da* concile confilîe encore dans la divifion deç; afTemblées , & la liberté des fufîrages. Comme tout ce dont on doit traiter dans ua concile y ne peut fe f nir en un jour,, on a coutume de partager les affaires en differens temps , & de cjilfinguer les diverfe^ afîem- blées en adionsba feflîons-,. ainfi qu'on les appelle aujourd'hui : dans ces-adions ou Çt(- fions , on propofe les-quefhons &. on pro-- nonce les décrets ; ce qui ne fe fait cepen»- dant-qu'après avoir tenu des congrégations v. c'efl-à-dire des afferatlées privées d'éve-. ques. Les pères d«u co/2ci/f délibèrent en- tr' eux d'abord dans un&congrégation particu- lière , fur ce qui fait la matière delà queffion. Enfijite- on fait le rapport de ce qui y a été agité dans une congrégation plus générale , où l'on convoque ceux même des évêques qui n'ont point aiQîffé à la première. J3e cette façon aucun d'eux n'ignore ce dont il s'agit. On difcute de nouveau la queflion , & on la, décide avant que de la porter dans la lèÏÏîon' publique. Cela a éxé introduit afin qu'il nereff-âr plus aucun fujet- d'altercation entre les évêques , & que les feffions publi- quesfe paflafîent avec pius de décence : ctut précaution néanmoins ne s'efl prife que dans \cs àQYniQ^S' conciles. On ne trouve rien de femblable dans les anciens, & chaque àfïàire fe difcutoit dans les aélion^s publiques. Il étoit pareillement d'ufage autrefois de pren- dre les voix de chaque membre de l'aifem-^ blée; ce qui a été obfèrvé jufqu'au co/2a7e dé Confknce , où il parirt néceiTaire de rer- cyeiliirles fuffrages par nation , c'elî-à^dijre «li C O N que chaque évêque opinoitdans fa narion , & qu'on rapportoit dans le concile les fulFrages des nations. De puiflantes railons obligèrent Jes pères du concile de Conftance d'intro- duire cette nouveauté. Il y avoit pour lors trois contendans à la papauté , Grégoire Xn , Benoît XIII & Jean XXIII. Chacun d'eux avoit Tes adhérans parmi les évêques. Il étoit à craindre , 11 l'on comptoit les voix fuivant l'ancien ufage , que les évêques d'une nation l'emportant par le nombre liir les au- tres , on ne pût parvenir au rétabhflemenr de la paix & à l'extinûion du fchilrne , qui étoient le but principal de la tenue du concile. On liiivit la même méthode au concile de Baie , & il efl fenfible que c'eft un moyen sûr pour réunir le conlentement de toute l'églife. Quant à la liberté des fufFrages , elle doit être très-grande ; autrement le concile cefle d'être œcuménique , & ne contient plus Ja déciiion de l'églife univerfelle. Il n'y a point de marque plus certaine pour connoî- été ioutenue par Gerfon , chancelier de cette univerfité , par Pierre d'Ailly grand-maître de la maifon de Navarre , enfuite évêque de Cambrai & cardinal , & par un nombre infini de théologiens & de canonifîe?. Char- les VII roi de France , qui connoiffoit bien les droits de fa couronne , l'a fait inférer I l^ans la pragmatique fandion , de l'avis de tous les ordres du royaume : voici les paro- les tirées tant du décret du concile de Bâle , qu9 C O N que (îe la pragmatique-fanâion. Et prlrnb déclarât quodipf a fynodus , in Spiritufanao légitimé congregata y générale, conciliumfa- ciens, & ecclejîam militant em reprœfentans , poteflatem habetd Chrifio immédiate. Cui quiiwet cujufcumquefiatùs , conditionis , vel dignitatis , eriamlï papalis exiflat , ohedir& tenetur in his quœ pertinent adfidem , & ex- tirpationem fchifmatis , & generalem re- formationem fchifmatis , & generalem re- formationem ecclejiœ Dei , in capke & in membris. prag. fand. tit. j. pag. j , èc 4.. On trouve cette doârine mifc dans tout Ton jour dans le chapitre douzième des preuves des libertés de l'ëglife ga:llicanc , & dans M. Dupin , dofteur de Sorbonne, dijjert .'G , de antiquâ ecclcjicv difciplinâ ; & l'etuflijfimce difciplinœ monumentis , où il démontre i**. que l'autorité du concile général eft Tupéneure à celle du pape : 2°. que le concile général a la puiflîince de faire des canons qui aftreigncnt même le pape: 3°. que le concile général a le droit de juger le pape , &: de le dépofer s'il erre dans la foi. Il eft donc fuivant nos mœurs permis d'appellcr des décifions du pape au concile général , comme d'un juge inférieur à un fupérieur , chap. z z , des mêmes preuves , où l'on rapporte des exem- ples très-remarquables de ces fortes d'ap- pels , tels que celui de Philippe-Ie-Bel de la bulle de Boniface VIII , celui des prélats , des fujets & des univeriités du royaume dans la même caufe ; tels ibnt encore les appels au futur concile , interjetés par les procu- reurs généraux , lorfqu'il fut queftion d'a- broger la pragmatique-fandion , & plufieurs autres de cette efpece interjetés en diverfes occafîons par l'univerfité de Paris , & con- çus dans les termes les plus forts. Nous ren- voyons le leéteur aux lources que nous ve- nons d'indiquer. Au refte , ce que nous avons dit de l'au- rorité fuprême à^s conciles ne regarde qu^e la foi qui eft immuable , & non la difcipline qui peut changer ; & c'eft pourquoi les dif- férentes églifcs ont reçu ou rejeté divers ca- nons des conciles , fuivant qu'elles les ont jugés conformes ou contraires à leurs ufages. Par exemple , l'églife de Rome a reçu les canons du concile de Sardique , en vertu defquels ri étoit permis à un év^êque qui fè icroyoitinjuikment coadamaé , de s'adref- Tome Vin, C O N 815 Ter au pape, •& et faire examrnor de nou- veau fa caafe ': les Orientaux ■&: iu Grâcs n'ont point voulu les admettre , cofrime étant contraires au canon des conciles de Nicée & d'Antiocke. De même ceux du concile d*AntioGhe , ont été adoptés par l'E- glife univerfelle , quoiqur'elie ait conftam»- ment rejeté la foi de ce concile ^ où les Ariens furent ks maîtres. D'un autre côté , l'églife romaine a foufcrit au fymbole du fécond concile général , mais elle a toujours refufë d'admerti'e le cinquième canon de ccconcile^ qui ordonne que l'évêque dé Conflantino- ple aura la place d'honneur après l'évêque de Rome , attendu que Conftantinople étoit la nouvelle Rome. Le canon vingt-huitième àuconcile de Chalcédoine , par lequel on étend & l'on augmente les privilèges déjà accordés à l'églile de Conflanrinople , dé- plut pareillement aux Romains ; les lé-gats du pape S. Léon réfiHerent vigoureufement à ce décret , & S. Léon lui-même témoigna beaucoup de zèle contre cette entreprife. A l'égard de la définition de foi, il fe hâta d'en faire part aux églifès d'Occident , de leur apprendre que la vérité avoit triomphé , & que l'hérelie avoit été condamnée avec (es auteurs & lès partifans. Enfin la loi du concile de Trente a été reçue par l'égUfe gal- licane ; mais elle en a rejeté tous les points de difcipline qui ne s'accordent ni avec l'an- cienne ni avec nos mœurs. Après avoir rempli les diflerens objets que nous nous étions propofés par rapport aux conciles généraux , il nous refie à parler des conciles particuliers , fur lequels nous nous étendrons peu , cette matière étant & plus fimple & moins importante. Ces con- ciles font de trois fortes , fàvoir les natio- naux , les provinciaux , & les diocéfains. • Les conciles nationaux font ceux qui font convoqués , foit par le patriarche , Ibit par le.primat , & où l'on raflemble les évêques de toutes les provinces du royaume. Nou^ difons que ccsconcilesj omcorivoqués foitpar le patriarche , ou même le primat ; car iln'efl pas douteux que ce droit n'appartieniie aux (buverains , nos conciles de France fournif^ fènt à ce fujct une foule d'exemples. Du temps de l'empire romain , nous voyons les conciles des Gaules convoqués parles empe- reurs , comme le concile d'Arles qui fiît XlUl Si6 C O N convoqué par Conftantin l'an 3^4 » ^^^^ la caufe des Donatifîes; celui d'Aquilée , qwi eft plutôt un concile d'Italie que des Gaules , convoqué par Gratien Tan '^Si. Nous lifons dans les ades de ce concile ces paroles de S. Ambroile : Nés in occidentis partibus conf- tituti , convenimus ad/iquileienjium civita- tem jjiixta impera.toris praceptum. Et dans la \tnut fynodale du même concile adreflée aux empereurs , les pères les remercient de ce que pour terminer les difputes ils ont eu foin de les aflèmbler. Cette forme de con- voquer les conciles de France a lubfiflé fous nos rois. Le premier concile d'Orléans a été convoqué par Clovis l'an 5 1 1 ; le fécond , par Childebert & les rois ïes frères , l'an ^33 ; le concile d'Auvergne , par Théode- berr, l'an ^49 i pour ne rien dire des 'autres qui fe font tenus fréquemment fous la pre- mière race , & qui ont été indiqués par nos rois. Mais fous la féconde race principale- jiient , la puiflance royale a paru à cet égard dans tout fon éclat : c'eft dans les conciles tenus fous cette race qu'ont été faits nos capitulaires ; & non-feulement nos rois con- voquoient ces conciles , mais même ils y affifloient , & étoient les arbitres & les moteurs de tout ce qui s'y paflbit. Nous nous contenterons de citer V action première du concile de Rome fous Léon III , contre Félix évêquc d'Urgel , qui prouve que nos rois , pouj* lors maîtres de l'Italie , ont pa- reillement indiqué les conciles dans ce pays , & que les papes , conformément aux ordres du prince, yontafiîfté. Depuis que latroi- lîeme race a commencé à régner , les rois ont continué de jouir de la même préroga- tive , ils ont convoqué tous les conciles qui le font tenus ; enlbrte que c'eft une règle certaine parmi nous , que les évêques ne peuvent s'aÂèmbler ni délibérer entr'eux fur quoi que ce foit , fana la permiflion du prince. Les papes les plus recomman- dables par leur fainteté ont reconnu ce droit dans la perfonne de nos rois ; entr'autres S. Grégoire le grtuid , liv. vij. reg. ep, z i j & ? / 4. Dans la première de ceslçttres , il fupplie la reine Brunehaut d'ordonner la len-.e d'un concile ; & dans la féconde , il fait la même prière aux rois Théodoric & Théodebert , afin qu'on y puiflfè pren- iit les moyens d'abolir la pernicieufe cou- C O N tumc qui sVtoit introduite dans le royau- me , de vendre les ordinations. Le ledeur peut confulter fur ce droit de nos rois le chap. xj , des preuves des libertés de Véglife gallicane ; & M. de Marca , lib. VI, de concordiâfacerdotii & imperii , cap. fpij & fuir. L'autorité des conciles nationaux efl con- lidérable dans l'Egiife ; comme ils en font une partie , ils approchent beaucoup des conciles œcuméniques , & c'ell pour cela qu'on leur a donné quelquefois ce nom. Cette autorité eff plus grande dans le royau- me où ils ont été célébrés , que chez les autres nations de la Chrétienté. En effet, une nation n'ayant aucun empire fur une autre nation également libre & indépen- dante , elle ne peut l'aflreindre par les loix; & les règles qu'elle établit. Néanmoins les conciles nationaux de France ont été en grande vénération chez les peuples étran- gers , & leur ont fouvent fervi de modèles : c'efl le fruit de la fagefle' de l'églife gal- licane , & de l'attachement inviolable qu'elle a témoigné dans tous les temps pour l'an- cienne difcipline. Les conciles provinciaux font ceux qui font convoqués par le métropolitain ou l'ar- chevêque , & dans lefquels il raffemble tous les évêques & autres clercs de fa province. La lettre du clergé de Rome à S. Cyprien y & qui efl la vingt-fixieme parmi celles de ce père , nous apprend que les prêtres , les diacres , & autres clercs , aififfoient & opi- noient anciennement à ces conciles. Con^ fultis , dit la lettre , epifcopis , presbyteris y, diaconis y confejjoribus , & ipjis ftamibus laïcis. On agite & l'on décide dans ces conci- les les queflions qui s'élèvent fur la foi ; on y fait des ffatuts concernant la difcipline , l'adminifîration des biens eccléfiafliques , la réformatron àt^ abus , & la perfeûion dés. mœurs. Ils doivent être convoqués par les métropolitains , canon xx du concile d'An-' tioclie ; enforte qu'il n'efl pas permis aux évêques de la province de célébrer un con- cile faris le confentemenf de l'archevêque. Mais d'un autre côté , fi celui-ci ne le con- voque pas au moins une fois de l'année-^ il encourt les peines canoniques. Le canoiu vj du feptieme concile général , excepte ce- pendant les cas où la nécellité , la violence.. C O N bu quelqu'autfe raiibn légitime , l'ont em- pêché de le faire. Lorfque le métropolitain veut convo- quer un concile provincial , il avertit cha- cun de Tes fuflragans de s'y trouver y & cela par des lettres qu'on appclioit autre- iois tracloires ou traclatoires , du même nom que les ordonnances qu'on dclivroit à ceux qui voyagoient par ordre du prince , & en vertu defqueiles on leur fournifloit libéra- lement les voitures , les chevaux , & la commodité de ce que les Romains appel- loient la courfe publique. Depuis on a donné à ces lettres du métropolitain le nom de lettres évacuatoires , encycliques ou circu- laires. Les évêques de la province convoqués par le métropolitain font obligés de fe trouver au concile y canon xL du concile de Laodice'e ; & ce concile en donne une raifon qui mérite d'être remarquée , favoir que les évêques qui négligent de le faire paroif- fent s'accufer eux-mêmes , c'eft-à-dire , avoir été détournés d'aller au concile par les remords de leur conlbience , qui leur font craindre qu'on n'y découvre les fautes qu'ils OTît commifes , & qu'on ne leur in- flige la peine qui leur elï due. Le canon vj du concile de Chalcédoine prefcrit la même chofe ; & il ajoute que ceux qui ne s'y trouveront pas , fubiront l'admoni- tion de la charité fraternelle. Les conciles d'Afrique ont été plus féveres , comme il paroît par le canon xxj du quatrième concile de Carthage , & le canon x du cin- quième. Suivant ces canons , ceux qui n'au- ront point eu d'obftacle légitime , ou qui n'en auront point* fait . mention dans la lettre circulaire , ou enfin qui n'en auront point rendu compte au primat , font me- nacés de l'excommunication épifcopale. Nous l'appelions épifcopale , parce qu'il ne s'agit point ici d'une véritable excommu- nication , qui retranche le coupable de la communion des fidèles & du corps de l'Eglife , ou le prive de la participation des facremens ; fnais d'une forte d'excommu- nication qui étoit en ufage alors entre les évêques ; de façon que celui qui l'avoit encourue ne coranaunioit avec aucun évê- que , fi ce n'étoit dans l'étendue de fon diocefe ; ktt. no^ de S. Auguft. n. 8 j ôc C O N 827 pour me fervir des termes du canoîi x du cinquième concile de Carthage , il devoit fe contenter de la communion de fon églifè. Nous avons un exemple de cette efpece d'excommunication dans la lettre 40 (nouv. (^édit. 60^. ) de faint Léon , adrefîée à Ana- tole de Conftantinople. Ce pape ordonne dans cette lettre que les évêques qui au- ront eu part au faux concile d'Ephefc , fè reftreignent à la communion de leur églife. Nous en trouvons un autre exemple dans le canon Ixxxvij du code des canons de l'é- glife d' Afrique , dans l'affaire de Quod vult deus : Placuit , dit le canon , omnibus epifcopis ut nullus ei communicet ^ donec caùfa ejus terminum fumât. L'églife gallicane a tenu une conduite auflî rigoureufè à l'égard des évêques qui manquoient dé venir au concile de leur pro- vince , canon xvij du concde d'Arles , Van 4-5^* ^^^^^ févérité s'eil: étendue à ceux qui abandonnoient le concile avant qu'il fût ter- miné , canon xxxi^ du concile d'Agde ; Van £06. Ce qui a pareillement étéflatué dans le premier canon du deuxième & troifiemc concile de Tours. L'Efpagne a embrafîé la même dilcipline dans (es conciles , & on y a décidé que Tévêque qui étant averti par {ox\ métropolitain négligeroit de venir au concile , feroit privé julqu'à la tenue du concile fuivant de la communion de tous \qs évêques , canon vj du concile de Tarra- gone , Van £iS. Les caufes qui peuvent di(^ penfer un évêque mandé au concile de s'y trouver , font exprimées dans cts difFérens conciles : telles font l'urgente néceflité , l'âge avancé , l'infirmité habituelle , la maladie , les ordres du roi qui retiennent l 'évêque dans un autre endroit. Les conciles provinciaux , fuivant le ca- non v du concile de Nicée , fe tcnoient deux fois tous les ans ; une fois au prin- temps , une fois à l'automne. Le- premier devoit le tenir avant le carême , afin , dit le concile , que toute animofité étant effa- cée , on préfente à Dieu une offi-ande pure» Ce canon a été long-temps en vigueur ; & il n'étoit pas difficile de l'obferver , parce que le nombre àts évêques étoit grand fous chaque raétropoHtain , enforte qu'ils pou- voient venir tour-à-tour , leurs confrères réfidant pendant ce temps-là , & prenant LllUa • ^ SiS C O N foin de l'cglife des abfens. Les coneiles fij- rent négligés dans la fuite : les évêques les moins zélés craignoienr la fatigue & k dé- penfe de ces fréquens voyages ; & vers le viij fiecle on (e réduifit à les obiiger de te- nir au moins un concile par an ; c'eft l'or- donnance du concile de Trulle , qui fut con- firmée par les feptieme & huitième conciles oecuméniques. En Occident les conciles provinciaux furent rares fous la féconde race de nos rois , tant A caufe des aflcrablées d'état qui fe tenolent deux fois par an , & où tous les évêques étoient obligés de fe trouver , qu'à cr.ufe des guerres civiles , des iiicurfions des Normands qui infefierent le royaume depuis Charles-le-Chauve , & de la divifion des petits feigneurs qui fut un nouvel obflacle. Ainfi dans les onzième & douzième fiecles on ne tint prefque pas de ces conciles. Néanmoins Innocent ÎII au concile de Latran renouvella la règle des conciles annuels , mais elle fut mal obl'ervée. Dans le fiecle fuivant un concile de Valence en Efpagne les ordonna feulement tous les deux ans , jufqu'A ce qu'enfin le concile de Baie réduifit à trois ans l'obligation de les tenir ; ce que le concile de Trente a confirmé fous les peines portées par les canons. En France l'édit de Melun , celui de 1610 , & une déclaration de 1646 , ont ordonné l'exécution du décret du concile de Trente. Des loix audî Images ont été fans aucun fruit & n'ont pu faire revivre la coutume de célébrer , linon tous les trois ans , du moins fréquemment , des conciles provin- ciaux. De nos jours il ne s'en eu point tenu d'autre que celui d'Embrun en 1728 , où un des prélats les plus diflingués parmi les appellans de la conflitution Unigenitus , fut condamné , fufpendu des fondions d'évê- que & de prctre , & réduit à k communion Jaïque. Les conciles diocéfains , qu'on appelle proprement .(ynot/é-j- , fuivant l'ufage mo- derne , font ceux qui font célébrés par cha- que évêque , & compofés des abbés , des prêtres , diaa^s , & autres clercs de fon diocefe. Le canon v] du feizieme concile de Tolède nous apprend la raifon pour laquelle on tient ces fortes de conciles ; c'eft afin , dit-il , que l'évêque notifie A fon clergé & - â fes ouailles tout ce qui s'efl pafle & C O N tout ce qui a été décidé au concile pro- vincial ; & l'évêque qui manque à ce devoir efl privé de k ccunmunion pen- dant deux mois. Mais quoique les conciles provjnciiiux ne foient-plus en ufage , néan- moins on tient encore les fynodes , & l'on doit les célébrer tous les ans dans chaque diocele ; c'efl-là principalement que les pré- lats veillent à réformer ou à prévenir les abus. Nous n'en dirons pas davantage fur les conciles particuliers. Au refle nous croyons n avoir rien avancé dans tout cet article des conciles ( telle a été du moins notre inten- tion ) , qui ne foit conforme à l'efprit de la religion , aux maximes du royaume , & qu'on ne puiiTe concilier avec le vrai refped dû au faint fiege. Cet article efi de M. Bo u-^ CHA UD y docltur agrégé en la faculté de Droit. CONCILIABULE, ( Jitrifp. ) diminutif de concile , i^oje:^ CoNCILE. Il fe dit en gé- néral de petits conciles tenus par des héré- tiques , contre les règles & les formalités ordinaires de la difcipline de l'Eglife. * Conciliabule , f m. ( Bifl. anc. ) conciliabulum , endroit d'une province où. les prêteurs , proconfuls , propréteurs , fai» loient affembler le peuple des pays adja— cens , pour leur rendre la juflice. On y te- noit auffi des marchés indiqués par les me- mes magiftrats , & on appelloit ces lieux conciliabula , & non fora. Par la fuite cç droit fut réfervé aux villes municipales. * CONCLAMATION , f f [Hifl. anc.y On appelloit ainfi le fignal qu'on donnoit aux foldats romains pour plier bagage & décamper , d'où Ton fit l'exprefîîon concla^ mare vafa : conclamari ad arma étoit au con-- traire le fignal de fe tenir prêts à donner ; les foldats répondoient par des cris à cette conclamacion, Coriclamen a encore une autre- acception dans les aiiciens auteurs ktins : lorfque quelqu'un 'étoit mort , on l'appel- loit trois fois par fon nom ; & pour figni- fier qu'il n'avoit pas répondu parce qu'il étoit décédé , on difoit , conclamatum cfl. C'efl dans ce fens , pris au figuré , que quelques auteurs ont dit ,*de republicâ ro-^ mand conclamatum eft; pour dire k républi- que romaine n'eff plus. CONCLAVE , f m. ( Hifl. mod. ecclef. ) aiïèmblée de tous les cigc^uix <^ui foaÇ à C O N Rome poi:r faire l'éleâion du papt. yqye\ Pape, Election, ùc. Le conclave n'a commencé qu'en 32.7©. Clément IV étanr mort à Virerbe en 12.68 , \zs difficultés qui fiirvinrent à roccalîon de i'éledion die Ton fucceffeur, déterminèrent \ts cardinaux à fe iépivrer & à abandonner Viterbe. Les habitans de cette ville ayant eu connoifl^mce de cette réfolution , fermè- rent les portes de la ville par le confeil de S. Bonaventure , enfermèrent les cardinaux dans le palais , & leur rirent favoir qu'ils n'en fortiroient point que l'éledion ne tût faite. C'efl de-là qu'eft venue la coutume de renfermer les cardinaux dans un feul palais pour l'éledion d'un pape. Le conclave eft aufli le lieu où fe fait î'éledion du pape. C'efl: une partie du palais du Vatican que l'on choilir, félon la diver- iité des faifons. Il eil: compofé de falles , de chambres , & de corridors qui fe ren- contrent en cet endroit , & \ç:s (ailes & les chambres font partagées en plufieurs petites cellules pour les cardinaux , telle falle con- tiendra fix chambres , & autant pour les jconclavifles , & on en laifTe quelques-unes de hbres pour y faire du feu , de Ibrtc que les chambres des cardinaux n'ont point de cheminée : elles font toutes, meublées fort modeftement , d'une même ferge verte ou violette : les armes font fur la porte des chambres , qui font prefque toutes obfcures à cauie que toutes les fenêtres font murées , à la réferve du panneau d'en-haut. Il y a plufieurs officiers , comme médecins , & chaque cardinal a deux conclavifles , ou trois s'il ejl malade & qu'il le demande. Ils font ferment de ne point révéler les fecrets du conclave. On les reconnoît le lendemain de la clôture. Il y a d'autres ferviteurs avec une cafaque violette pour les ufages com- muns. Les conclavifles ont tous une rob& de chambre conforme. Il y a un guichet à la porte du conclave que l'on ouvre pour donner audience. Il y a cinq maîtres de cérémonies qui jouifîent de ce bienfait ; cha- que cardinal leur donne tous les jours deux piftoles , outre quelque plat de régal. Rela- tion du conclave d'Alexandre VII. D^ns l'interrègne , le facré collège pré- tend qu'il lui eft dû plus de refped qu'à la perfofti^e même du pape , parce q^'éîâat C O N %i^ comporé de toutes les nations chrétien- nes , il rcpréTente toute la hivrarchiç de rEdilc. C'efl pour • cette raifcn que les ambafladeurs allant à l'audience àv. collège metrcnt un genou en terre , & ne fe lèvent qu'après que le cardinal doyen leur a fait ligne. Le chef de la maifon Savelli garde leç clés du conclave , comme maréchal héré- ditaire de l'Eglife. Mais les clés du dedans, font gardées par le cardinal Camerlingue & par le m^itte des cérémonies. Me'm. de M. Anielot de la Houiîaye , tom. II. au mot conclave. CONCLAVISTE , f. m. (Jurl/prud.) efl un domeflique qu'un cardinal enfermé dans le conclave pour l'éleétion d'un pape, tient avec lui pour le fervir. Chaque car- dinal en peut avoir deux , & même trois s'il efl: prince. Quoique la qualité de domeflique pré- fente une idée humiliante , les fondions d'un conclavijîe ne le font pas. Ces places font fort recherchées , & nos jeunes abbés françois de la plus haute diflindion ne font pas difficulté de s'y alTujettir, la connoif- l^nce du conclave étant néceflaire à ui^ homme qui peut prétendre aux dignités eccléfiaffiques les plus émlnentes. Quand le conclave eil fini , on leur accorde ordinai- rement le gratis pour les bulles d'un des bénéfices confilloriaux qu'ils pourront obtenir par la fuite. CONCLURE , v. ad. & neut. a plu- fieurs acceptions : quelquefois il eil fyno- nyme à terminer , & l'on dit terminer (j conclure une affaire > il fignifie quelquefois tirer une confèquence des propojitions qUon a avancées. En Junf prudence^ c'eil prendre àt^ conclufions dans ime caufe , inilance , ou procès. V. ci-après CONCLUSIONS. Conclure un procès par écrit , ou conclure un procès ) c'eil paiîer , c'efl -à -dire fi- gner un appointement appelle appointe- ment de conclufion fur l'appel d'une fen-. tence rendue en- procès par écrit : cet' appointement porte que , le procès par écrit d'entre tel & tel, eil reçu & conclu pour juger en la manière accoutumée , & que les parties font appointées à fournir griefs » réppniès , faire productions nouv^les , Sic icelles contredire s'il y échet , &:f^uf à f^ôre 8;o CON collation. Cette dernière claufe vient de ce qu'anciennement , lorfque les parties met- toient au greffe leur produdion principale , avant de conclure le procès , le greffier la collationnoit pour voir fi elle étoit com- plète ; ce qui ne fe fait plus préfentement. Congé faute de conclure, efi le défaut qui eft donné à l'intimé lorfque l'appellant refufe de conclure le procès par écrit. Le profit de ce défaut emporte la déchéance de l'ap- pel , & la confirmation de la fentence. Défaut faute de conclure , ell le défaut qui efi accordé à l'appellant lorfque l'intimé refufe de conclure le procès par écrit : le profit de ce défaut. eft que l'intimé eft dé- claré déchu du profit de la fentence. {A) * CONCLUSION , f. f (LogLq.) c'eft ainfi qu'on appelle la propofition qu'on avoit à prouver , & qu'on déduit des prémifles. Voyei Syllogisme. On donne aufll le même nom générale- ment ee Logique , Métaphyfique , Morale , "&: Phyfique fcholaftiques , aux différentes propofitions qu'on y démontre , & aux démonftrations qu'on emploie à cet effet. Ainfi l'exiftence de T3ieu eft une conclufion de Métaphyfique. On intitule en ce fens les thefes qui ne font que des pofitions de Philofophie rédigées par paragraphes , con- clufions de Philofophie y conclujiones Phi- iofophiiV. CONCLUSION) dans Vart Oratoire, c'eft la dernière partie du difcours , celle qui le termine. Elle comprend elle-même deux parties , ou pour mieux dire elle a deux fortes de fondions : la première confifte à faire une^ courte récapitulation des princi- pales preuves ; la féconde confifte à exciter dans i'ame des juges ou des auditeurs les fentimens qui peuvent conduire à la per- fuafion. La première partie demande beau- coup de préclfion , d'adreffe , & de difcer- nement , pour ne dire que ce qu'il faut , & pour rappeller en peu • de mots & par des tours variés l'effentiel & la* fubftance des preuves qu'on a déployées dans le difcours. Mais l'éloquence rélerve fa plus grande force pour la féconde partie : c'eft par le /ecours du pathétique qu'elle domine & qu'elle triomphe. V. AnacÉPHALÉOSE , Péroraison, Passion^ Récapitu- CON Conclusions , (Jurifp.) font les fins auxquelles tend une demande formée en juftice. Un huiffier prend des conclujions par un exploit de demande. Les procureurs en prennent par des requêtes verbales & autres , même par des défenles , dires , brevets , & autres procé- dures ; mais au parlement , où la procédure fe fait plus régulièrement que dans la plu- part des autres tribunaux , on ne reconnoit de conclujions wd[^\ts en la forme que celles qui font prifes par une requête , & qui (ont dans la dernière partie de la requête deftinéc à contenir les conclujions. Les avocats prennent aufll des conclu- jions en plaidant & en écrivant. Le miniftere public prend pareillement des concluions verbalement & par écrit. ^ Enfin il y a difïerentes fortes de conclu- Jions que nous expliquerons chacune fépa- rément. La forme des conclujions eft auffi dift'é- rente , félon les divers objets auxquels elles tendent. On peut corriger, changer, augmenter ou reftreiiidre fes conclu/ions tant que les choies font entières , c'eft-à-dire tant que la partie adverfe n'en a pas demandé adé , ou qu'il ne lui a pas été odroyé. Il y a encore un cas où l'on ne peut pas changer fes conclujions , c'eft lorfqu'on s'eft reftreint à la fomme de loo liv. pour être admis à la preuve teftimoniale ; on ne peut plus demander l'excédant lorfque la preuve eft ordonnée. Celui qui varie dans fes conclujions & occafione par - là des dépens , doit les fijp- porter comme frais fruftratoires. Conclusions alternatives , font celles où l'on donne à la partie adverfe l'op- tion de deux chofes qu'on lui demande. Conclusions des Avocats font de deux fortes ; les unes qu'ils prennent en plaidant , les autres en écrivant. Ils ne peuvent à l'audience prendre d'au- tres conclujions que celles qui font portées par leurs pièces , à ^moins qu'ils ne foient alCftés de la partie ou du procureur ; au- quel, cas ils peuvent prendre de nouvelles conclujions fur le barreau , qu'on appelle aulïï conclùfwns judiciaires f parce qu'elles C O N font prifes en jugement , c'eil-à-dire à l'audience. Anciennement nu parlement de Paris Jes avocats ne prenoienr point les çondujîons des caufes qu'ils plaidoient ; c'étoit le pro- cureur qui afiiftoit à la plaidoirie , lequel à la fin de la caufe prenoit les concluions y & l'on n'alloit aux opinions qu'après que \qs conclu/ions avoient été prifes ; ccû ce que l'on voit dans les anciens arrêts rédigés en latin, où immédiatement avant le dif- pofitif , il eft dit poftquam conclufum fuit in caufâ. Mais depuis long-temps il eft d'ufage que les conclujions fe prennent au commence- ment de la plaidoirie ; ce qui a été intro- duit afin que les juges connoiflent tous d'a- tord quel eft l'objet des faits & des moyens qui vont leur être expofés; & pour faciliter l'expédition des affaires , on a dilpenfé les procureurs d'aflift|r à la plaidoirie des avo- cats , lefquels en conféquence prennent eux-mêmes les conclujions au commence- ment de la plaidoirie ; & comme en cette partie ils fuppléent le procureur abfent , il eft d'ufage qu'ils foient découverts en pre- nant les conclujions , au lieu qu'en plaidant ils font toujours couverts. Il eft néanmoins demeuré quelques vef- tiges de l'ancien ufage , en ce que quand les juges veulent aller aux opinions avant que les plaidoiries foient finies , le préfi- dent ordonne aux avocats de conclure , fur-tout pour ceux qui n'ont pas encore parlé ; & dans les caufes tlu grand rôle , quoique les avocats prennent leurs conclu- jions en commençant à plaider au barreau , ils les reprennent en finiflant , & pour cet eflfèt defcendent du barreau où ils plaident , dans le parquet ou enceinte de l'audience. Les avocats prennent auffi des conclu- jions dans les écritures qui font de leur miniftere ; mais pour la validité de la pro- cédure , il faut qu'elles foient reprifes par requête , parce que le procureur efl domi- nus litis , & a feul le pouvoir d'engager fa partie. Conclusions sur le bap.reau , font celles que les avocats ou les procureurs prennent verbalement fur le barreau , fans qu'elles aient été prifes auparavant par requête, ni par aucune autre procédure^ Ç Q N 831 VoyeTi ce qui en eft dit dans l'article pré- cédent par rapport aux avocats. Conclusions conditionnelles , font celles que l'on ne prend que relativement aux cas & conditions qui y font exprimés. Conclusions définitives , font celles qui tendent à la décifion du fonci^e 1 affïiire , au lieu que \^s conclujions inter- locutoires ou préparatoires ne tendent qu'à faire ordonner quelque -inftrudion ou pro- cédure qui paroît préalable à la décifion du fond. Le terme de conclujions déjinitives n'eft guère ufité qu'en matière criminelle , où le miniftere public , après avoir donné de premières co;2c/r{/ro/2jpréparatoires,en donne enfuite de défini tire s, \or{'<\ut le procès eft inii^ truit.Ces conclHjionsàoxvQ-cw. être données par écrit & cachetées , & elles ne doivent point expliquer les raifons lùr lefqueiles elles ibnt fondées. Ordonnance de zèjo^ tit. xxii: Quand ces conclujions font à la décharge de l'accufé , elles commencent par ces mots, je n'empêché pour le roi; & lorfqu'elles tendent à quelque condamnation , elles- commencent en ces termes , je requiers pour le roi ,• & fi ces conclujions tendent à peine affliclive , l'accufé eft interrogé fur la feîette. Voye^ ci-après CONCLUSIONS PRÉPARATOIRES. Conclusions' JUDICIAIRES ou Sur LE BARREAU, i'oye7^^ci-devantCoiiCl.\J^ sions sur le barreau. Conclusions des Gens du Roi ^ ou DU Ministère public, ou du Par- QUET , ou du Procureur général, ou DU Procureur du roi , font celles que le miniftere public prend dans les caufes & procès , foit civils ou criminels , dans lefquels le roi , l'églife , ou le public font intéreftes. Il y a àes. tribunaux où le miniftere public donne auffi des conclujions dans les affaires des mineurs ; mais cela n'eft pas d'utàge au parlement de Paris. «K^ CON- CLUSIONS DÉFINITIVES ù Conclu- sions PRÉPARATOIRES. Conclusions préparatoires ^ font celles qui ne- tendent qu^5un interlocu- toire , & à faire ordonner quelque inftruc^ tion ou procédure : ce terme eft principale- ment ufité pour les conclujions prifes par le miniftere public avant Ç^ condujioj^ 831 C O N définitives. Fy/e^j CONCLUSIO^îS DÉFI- NITIVES. Conclusions principales , font les premières que l'on prend pour une partie , & dont on demande radjudication par préférence aux conclujions qui font enfuite prifes fubfidiairement. Conclusions subsidiaires , font oppofées aux conclujions principales , & ne font prifes que pour le cas où le juge feroit difficulté d'adjuger les premières : on peut prendre différentes conclujions fubji- diaires les unes aux autres ; elles font prin- cipalement uiitées dans les tribunaux qui jugent en dernier refîbrt , parce qu'il faut y défendre A toutes fins ou événeraens. [A) CONCOMBRE, f. m..{HiJl. nat. bot.) cucumis , genre de plante à fleurs monopé- tales faites en forme de cloche , ouvertes & découpées. Les unes font flériles & n'ont point d'embryon ; les autres font fécondes & portées fur un embryon qui devient dans la fuite un fruit charnu , ordinairement fort alongé , qui- eft divifé en trois ou qua- tre loges , & qui renferme des femences oblongues.' Tournefort , infUt. rei. herb. V. Plante, (/) CoNCOMBFvi:: , {Pharmac. & Diète.) le concombre ordinaire eil beaucoup plus em- ployé dans nos cuihnesque dans les bou- tiques des apothicaires : on les fait entrer dans les potages & dans difîerens ragoûts. La chair de ce fruit efl réellement un peu alimenreufe ; rnais' il ell peu d'cflomacs à qui fa fadeur & fon inertie ne devinfTent nuifibles à la longue : il efl: vrai qu'on corrige ordinairement ces qualités par divers afTaifonnemens , mais cette précau- tion eft le 'plus fouvent infuffifante. V^oye\ Légumes & Digestion. Quelques médecins recommandent l'ufage interne des concombres dans les maladies des reins & de la vefiie , & fur-tout dans le calcul : mais il ne paroît pas qu'on doive compter beaucoup fur cette vertu lython- triptique ; au moins peut-on avancer que fi cette qualité eil réelle , elle eil aiTurément très-occulte. La pulpe de concombre ap'pliquée exté- rieurement lur la tête, eil fort vantée pour la phrénéfie par Bartholet & Borelli. La graine de concombre , qui ell émulfive, C O N efl une des quatre femences froides. V, Semences froides. hcs concombres verds , & lorfqu'ils ne font encore gros que comme le pouce ou à-peu-près , font appelles cornichons. Dans cet état , on les conferve dans le vinaigre & le fel , ou dans la fliumure , pour s'en fervir dans le courant de l'année. On mange les cornichons en falade, feuls ou avec d'autres plantes ; on les fait entrer aufii dans diflérens ragoûts. A ce degré d'immaturité le concombre ne peut guère paiTer que pour un afîàifon- nement , en général aiîëz indiflerent- quant à l'utilité ou aux inconvéniens diététiques , qui ne convient point cependant aux eito- macs foibles & relâchés , ou peu familia- riiés avec les légumes , je dirois prefque avec les cornichons ; car iljr cette matière nous fommes extrêmement pauvres en pré- ceptes généraux , & l'expérience de chaque particufier fur chaque aliment particulier , efl prefque le feul fondement fur lequel nous pulflions établir encore les loix diététi- ques. Voye\ DiETE, LÉGUME , AsSAI* SONNEMENT. {b) Concombre sauvage , voye^ Eza^ TERIUM. CONCOMBRE marin, f. m. {HiJ^oire nat.Zoophyte.yLQ livre intitulé Diclionnaire d'hifloire naturelle , dit que cet animal efl un poifTon ; mais ce que tous les narurahfles connoilTcnt fous le nom de poilTon a du fang , de la chair , des arêtes , & comme des membres ou des nageoires ; cet animal efl à proprement parler un zoophyte, c'efl- à-dlre , un animal-plante de la famille des holothuries qui n'ont ni fang coloré , ni arêtes , ni aucuns membres. Le nom de concombre marin, cucumis ma- rinas, que lui a donné Rondelet, lui vient à caufe de fa forme, qui repréfente un de ces concombres appelles cornichons que l'on confit au vinaigre ; cette cômparallon toute groflîere qu'elle paroît au premier abord , donne cependant une idée afTez jiifle de cet animal ; car il refîemble à une pyramide renverféc , pointue à fon extrémité infé- rieure , arrondie en-deflus , relevée fur toute fa longueur de cinq côtes femées de tubercules. Mœurs. Cet animal d(l commun fur Te rivage a pointe en bas , Tes tuber- G O N rivage dans la mer méditerrane'e , où il refl enfoncé verticalement jufqu'aux trois quarts de la longueur cules^rvant à le retenir. Qualités. C'cft encore une erreur que de dire , comme l'auteur du didionnaire inti- tulé , dicHonnaire d^hifloire naturelle y que cet animal a la couleur & l'odeur du con- combre : il eft d'un blanc fale tant qu'il eft vivant , & Ton odeur eit i'aline , fort appro- chante de celle des plantes marines qu'on ap- pelle varoes ou' fucus. {M. Adansojv.) CONCOMITANT , adj. ( Granim. & Théol ) qui accompagne , fe dit particuliè- rement en Théologie , d'une grâce que Dieu nous donne durant le cours d'une adion pour la faire & la rendre méritoire. K. G RACE. CONCORDANCE , f. f. Grammaire. Ce que je vais dire ici iiir ce mot , & ce que je dis ailleurs fur quelques autres de même ei'pece ,' n'eft que pour les perfonnes pour qui ces mots ont été faits , & qui ont à en enfeigner ou en étudier la valeur & l'ulage ; les autres feront mieux de pafîer à quelque article plus intéreffant. Que fi malgré cet G O N 835 Les Grammairiens dillingucnt plufieurs fortes de concordance^^. 1°. La concordance ou convenance de l'adjedif avec fon fubrtantif: Deus faji3us y Dieu faint ; fancla Maria , fainte Marie. 2^*. La convenance du relatif: avec l'anté- cédent : Deus quem adoramus , le Dieuquc nous adorons. 3"^. La convenance du nominatif avec foa verbe : Petrus legit , Pierre lit ; Petrus comme nous ne pouvons pas communément énoncer notre penfée tout-d' un-coup en une feule parole , la nécefîité de l'élocuti^in nous fait recourir à plufieurs mots , dont l'un ajoute à la fignification de l'autre , ou la reflreint & la modifie ; enforte qu'alors c'efl l'enfemble qui forme le fens que nous vou- lons énoncer. Le rapport d'indentité n'exclut pas le rapport de détermination. Quand je dis V homme faï/ant , ou [q f avant homme , /avant modifié détermine homme ; cepen- dant il y a un rapport d'identité entre homme & favant ; piùfque ces deux mots n'énon- cent qu'un même individu qui pourroit être exprime en un feul mot , docîor. Mais le rapport de détermination fe trou- ve fouvent fans celui d'identité. Diane étoit fceur d* Apollon ; il y a un rapport d'identité entre Dîne &ifœur ; ces deux mots ne font ' qu'un feul & même individu ; & c'efl pour cent feule raifon qu'en laùn ils font au même cas , Ùç. Diana erat foror. Mais il n'y a qu'un rapport de détermination encre /(jciir & Apollon : ce rapport eft marqué en pofition de ce mot qui efî après le verbe , efl le figne qui indique ce que j'ai vu. Obfervez qu'il n'y a que deux fortes de rapports entre ces mots , relativement à la conflruâion. I. Rapport , ou raifon d'identité ( id. ) le même). IL Rapport de détermination. I. A l'égard du rapport d'identlré, il efl évident que le qualificatif ou adjeûit , auilî bien que le verbe , ne font au fond que le fubflantif même confidéré avec la qualité que i'adjedif énonce , ou avec la manière d'être que le verbe attribue au fubflantif : ainf i l'adjeâif & le verbe doivent énoncer les mêmes accidens de Grammaire , que le fubf- mtif énoncé d'abord ; c'efl-à-dire , que fi le je dis avoir vu ; au lieu qu'en françois laj latin par la terminaifon du génitif delHnée __/:.! i„ ^ _..: „A x„ i L, „n i j: : j'„/: r ^_-7 tantil fublkntif elt au fmguiier , l'adjedif & le verbe doivent être au fingulier , puifqu'ils ne font que le fubflantif même confidéré fous telle ou telle vue de Fefprit. Il en efl de même du genre , de la per- fqnne &: du cas , dans les langues qui ont des cas. Tel efl l'effet du rapport^d'identité , & c'eft ce qu'an' appelle concordance» à déterminer un nom d'efpece ,/orc»r-^/>o/- linis ; au lieu qu'en françois le mot d'Apol- lon efl mis en rapport avec fœur par la pré- pofition de , c'efl-à-dire , que cette prépo- fition fait connoître que le mot qui la fuit détermine le nom qui la précède. Pierre aime la venu : il y a concordance ou rapport d'identité entre Pierre & aime ; & il y a rapport de détermination entre aime 6c vertu. En françois , ce rapport efl marqué par la place ou pofition du mot ; ainfi venu efl après aime : au lieu qu'en latin ce rap- port efl indiqué par la terminaifon virtutem , & il efl indittérent de placer le mot avant ou après le verbe ; cela dépend ou du caprice & du goût particulier de l'écrivain ; ou de l'harmonie , ou du concours plus ou moins agréable des fyllabes des mots qui précèdent ou qui fuivent. Il y a autant de fortes de rapports de détermination , qu'il y a de queflions qu'un mot à déterminer donne lieu de faire : par exemple , le roi a donné y hé quoi? une pen-^ Jion : voilà la détermination de la chofe- donnée ; mais comme penjion ell un nom 1 appeilatif ou d'efpece , ou le déterminô C O N encore plus précilément en ajourant , une penjion de cent pifioles : c'eft la détermina- tion du nom appellatif ou d'efpece. On de- mande encore , à qui ? on répond , à N. c'eft la détermination de la perfonne à qui , c'eft le rapport d'attribution. Ces trois fortes de déterminations font auflî diredes Tune que l'autre. Un nom détermine i°. un nom d'efpece , foror Apollinis. 2.°. Un nom détermine un verbe , amo Deum. 3°. Enfin un nom détermine une propo- iifion ; d morte Ccefaris y depuis la mort de Céfar. Pour faire voir que ces principes font plus féconds, plus lumineux , & même plus aifés à faifir que ce qu'on dit communément , faifons-en la comparaifon & l'application à la règle commune de concordance entre l'interrogatif & le rcfpoi^f. Lerefponfif , dir-on , doit être au même cas que l'interrogatif. D. Quis te re démit ? R. Chrijius : Chrijlus eft au nominatif, dit-on , parce que l'interrogatif ^'U/V efl au nominatif. D. Cujus efi liber ? R. Pétri : Pétri efl au génitif, parce que cujus efl au génitif. Cène règle , ajoute-t-on , a deux excep- tions, i**. Si vous répondez par un pro- nom, ce pronom doit être au nominatif. D. Cujus efl liber ? R. Meus. 2°. Si le refponfif efl un nom de prix , on le met à l'ablatif. D. Quanti emifli ? R. Decem ajjïbus. Selon nos principes, ces trois mots quis te redemit ïont un fens particulier, avec le- quel les mots de la réponfe n'ont aucun rap- port grammatical. Si l'on répond Chriflus , c'efl que le répondant a dans Fefprit Chrif^ tus redemit me : ainfi Chriflus eff au nomi- natif, non à caufe de quis y mais parce que Chriflus efl le fujet de la propofîtion du répondant , qui auroit pu s'énoncer par la voix pafCve , ou donner quelque autre tour à fa réponfe fans en altérer le fens. D. Cujus efl liber ? R. Pétri y c'efl-à-dire , hic liber efl liber Pétri. D. Cujus efl liber? R. Meus y c'efl-à- dire , hic liber efl liber meus. D. Quanti emifli ? R. Decem aJJibus. Voici la conflrudion de la demande & eclie de la réponfç, C O N ^3î D. Pro prcetio quanti ceris emifli .? R. Emi pro decem 'aJJlbus. Les mots étant une fois trouvés, & leur valeur aufîi bien que leur deflination , & leur emploi étant déterminés par l'ufage , l'arrangement que l'on en fait dans la pro- pofîtion félon l'ordre fiicceffif- de leurs rela- tions , eft la manière la plus fmiple d'ana- lyfer la penfée. Je fais bien qu'il y a des Grammairiens dont l'efprit efl: aifez peu philofopîiiquc pour défapprouver la pratique dont je parle , comme fî cette pratique avoit d'au- tre but que d'éclairer le bon ufage, & de le faire fuivre avec plus de lumière , & , par conféquenr , avec plus de goût : au lieu que fans les connoifîances dont je parle , on n'a que èes obfervations méchaniques qui ne produifent qu'une routine aveugle , & dont il ne réfulte aucun gain pour l'efprit. Prifcien , grammairien célèbre qui vivoit à la fin du v. fiecle , dit que comme il y a dans l'écriture une raifon de l'arrangement des lettres pour en faire àes mots , il y a également une raifon de l'ordre àes mots pour former les fèns particuliers du dif^ cours , & que c'efl s'égarer étrangement que d'avoir une autre penfêe. Sicut recla ratio fcripturœ docet littera- rum congruam juncturam y fie etiam reclam orationis compofitionem ratio ordinationis oflendit. Solet qiiceri caufa ordinis elemen- torum , fie etiam de ordinatione cafuum ^ ipfarum partium orationis folet qiiceri. Qui- dam fuae folatium imperitiœ quœremes y aiant non oportere de hujufcemodi rebuj quœrere , fufp ic âmes for tuitas effe ordina^ tionis pofitiones y quod exiflimare penitus flulmm efl. Si autem in quibufdam conce- dunt effe ordinationem y neceffe efl etiam in omnibus eam concedere. (Prifcianus de conflruclione y lib. XVII. jub initio. ) À l'autorité de cet ancien , je me con- tenterai d'ajouter celle d'un célèbre gram- mairien du XV. fiecle , qui avoit été pen-. dant plus de trente ans principal d'un col- lège d'Allemagne. In grammatica diSionum Syntaxi y pue- rorum plurimum interefl ut inter exponen- dnm non modo fenfum pluribus verbis ut-, cunquè ac confufè coacert'atis reddant yfed Mmmmm 2» s ^6 C O N dirigant etiam ordine grammatico voces aîicujiis periodi qiix alioqui apiid autores acri aurium judicio confidentes , Rhetoricâ compojitione ccmmiflce funt. Hune verbo- Tiim ordinem à pueris in interpretando ad iinguem exigere quidnam utilitatis ajferaty ego ipfe qui duos Ù triginta jam annos phrontifierii fardes ^ molefiias ac curas pertuli y non femel expenus fum illi enim hac via y fixis , m aiunt ^ oculis intuentur accuratiufque animadvenunt quot voces fen- fum ahfoh'ant y quo pacio diclionum fîruc- tura cohœreaty quot modis fingulis omnibus fingula verba refpondeant ; quod quidem Jieri nequit , prœcipuê in longius aula pe- riodo y niji hoc ordine veluti per fcalarum gradus y perfingulas periodi panes progre- diantur. ( Grammaticœ artis infiitutio per Joannem Sufenbrotum Ravenfpurgii Ludi magiftrum y jam denuo accuratè conjignata. Bafileœ y anno i ^^S-) C'efI ce qui fait qu'on trouve fi fouvent dans les anciens commentateurs , tels que Cornutus , Servius , Donat , ordo efl ; &c. C'ell auflî le confeil que le P. Jouvenci donne aux maîtres qui expliquent des au- teurs latins aux jeunes gens : le point le plus important , dit-il , eft de s'attacher à bien faire la conftrudion. Explanatio in duohus maxime confijlit : i°. in exponendo verborum ordine ac ftruclura orationis : 2°. in vocum obfcuriorum expofuione. ( Ratio difcendi Ù docendi Jof Jouvenci S. J. Pa- rijiis y 272.5.) Peut-être feroit-il plus à propos de commencer par expliquer la valeur des mots , avant que d'en faire la conflruftion. M. Rollin , dans fon traita des études y infifle auffi en plus d'un en- droit fur l'importance de cette pratique , & fur l'utilité que les jeunes gens en reti-- rent. Cet ufage efl fi bien fondé en raifon, qu'il efl recommandé & fuivi par tous les grands maîtres. Je voudrois feulement qu'au lieu de fe borner au pur fentiment , on s'éleva peu-à-peu à la connoilTance de la propofition & de la période ; puifque cette connoifTance efl la raifon de la conflrudion. V. Construction. (F) Concordance , ( Théolog. ) efl un diûionnaire de la bible , où l'on a mis par ordre alphabétique tous les mots de la C O N bible , afin de les pouvoir conférer enfem- ble , & voir par ce moyen s'ils ont la même fignification par-tout où ils font employés. Ces fortes de concordances ont encore un autre ulage , qui efl d'indiquer les paffages dont on a befoin , lorfqu'on ne les fait qu'en partie. Ces didionnaires qui fervent à éclaircir bien des difficultés , & qui font difparoître les contradidions que les incrédules & les prétendus efprits forts croieiit trouver dans les livres faints , font d'une extrême uti- lité : auffi il n'y a guère de langues favantes dans lefquelks on n'en ait compofé. Il y en a en latin , en grec , en hébreu , 6'c. Voje7^-en le détail dans le dictionnaire de Trévoux. (G) CONCORDANT, adj. {Rhétorique.) Vers concordans y ce font certains vers qui ont quelques mots communs , & qui renferment un fens oppofé ou différent , formé par d'autres nibts : tels que ceux-ci. E^ [canis , "I ■ c; " Tvcnatur , l /. • f fervat. T t lluFus , J '"^^"^ ' [nuctUur \ J ^ «'"""' ' [ "./?««. J Dicl. de Trév. Concordant ou Basse -taille. ( Mufiq. ) barytonans : celle des parties de la Mufique qui tient le milieu entre la taille & la balie. K. Partiçs. (S) A l'opéra de Paris & dans les concerts , on donne proprement à la baffe le nom de baffe-taille y & quelquefois celui de baffe- contre y lorfqu'elle defcend fort bas ; & on appelle concordant y la voix moyenne entre la taille & la baffe-taille. La clé du concordant efl la clé de fa fur la troifieme ligne ; celle de la taille efl la clé d'«f fur la quatrième , & celle de la baife-taille , la clé de fa fur la quatrième. La plupart de nos bafîès-tailles de l'opéra ne font que êits concordans : il en faut ex- cepter le fieur Chafîey , dont ia voix a eu une étendue fmguhere tant en haut qu'en bas. (O) CONCORDAT, f. m. {Jurifpr. ) en général lignifie accord _, tranfaclion\ce terme n'efl guère ufité qu'en parlant d'ades fort anciens. On qualifie de concordats y quel- ques traités faits entre des princes féculiers ; par exemple , il y en a un du 2 5 janvier 1571 pour le Barrois , paffé devant deux C O N nofaires au Chatelet de Paris , entre le roi | & le duc de Lorraine comme duc de Bar : néanmoins le terme de concordat efl plus ufité en matière bénéficiale , pour exprimer d'anciens accords qui ont été faits pour régler la difpofition ou les droits fpiritucls & temporels de quelques bénéfices. Ces fortes de concordats doivent être faits gra- tuitement , autrement ils font fymoniaques ; c eft pourquoi s'ils contiennent quelque re- ferve de penfion ou autre droit , il faut qu'ils foient homologués en cour de Rome. Ils font cependant bons entre ceux qui les ont paiTés , lefqueis ne peuvent pas le taire un moyen d^ leur propre turpitude. Voye\ Louet & Brodeau , lett. C. n"". j-O . & lett. P. nP. 55. Duperray , de l'état b capacité des ccclejiafiiques , tcm. II , lii^. IV y chap. V y pag. Z37 Ù fuiv. {A) Coi^ CORDAT pour la Bretagne y eftla même chofe que ce qu'on appelle plus com- rauném^ent Compact. Breton. Voye\ ci-de- vant Compact Breton. {A) Concordat /a/> entre le pape Léon X & le roi François I y qu'on appelle com- munément fimplem^ent le concordat, cû un traité fait enrr'eux à Boulogne en Italie , en 1516 , dont le principal objet a été d'abolir la pragmatique-fan6lion qui fut faite fous Charles VII à Bourges , en 1438. Les états aflembles à Bourges par ordre de Cbarles VII , ayant examiné les vingt- trois décrets que le concile de Baie avoit faits jufqu'alors , les acceptèrent tous , & en modifièrent feulement quelques - uns : ce fut ce qui compofa la pragmatique- fandion , qui entre autres chofcs rétablit les éledions des bénéfices , prive le pape àts annates , & foutient que les conciles généraux ont le pouvoir de réformer le chef & les membres. Depuis CharlesVII, tous les papes avoient foUicité la révocation de cette pragmatique. Louis XI y avoit confenti ; mais les lettres de révocation ne furent point vérifiées dans les parlemens. Le clergé s'oppofa auffi for- tement à la révocation de cette pragmatique , & fur-tout les univerfités. Charles VIII & Louis XII firent obferver la pragmatique , & ce fut un des fujets du différend entre Jules II & Louis XII. Jules II cita ce prince au concile de La- C O N 837 tran pour défendre la pragmatique , & étoit fur le point de la condamner lorfqu'il mourut. François I étant pafTé en Italie en 1515 , pour reprendre le duché de Milan qui lui appartcnoit , & ayant pris la ville de Milan , fut par fon ambafladeur , que le pape & le concile de Latran avoient décerné contre S. M. une citation finale & péremptoire , pour alléguer les raifons qui empêchoient d'abolir la pragmatique. Il réfolut de traiter avec Léon X , lequel de fon côté chercha à faire fa paix avec ce prince , & pour cet effet fe rendit à Boulogne , où ils eurent une entrevue le 1 1 décembre 1 5 1 5 ; après quoi François I retourna à Milan , lailTant le chancelier du Prat pour convenir des con- ditions du traité avec les cardinaux d'An- cone & Sandiquatro que le pape avoit commis pour cette négociation. Le concor- dat fut ^.inù conclu le 15 août i^iéj; & in- féré dans les ades du concile de Latran , comme une règle que les François doivent fuivre à l'avenir en matière eccléfiaffique & bénéficiale. Ce traité ne parle point de l'autorité des conciles. la pragmatique-fandion fut abo- lie , non pas en entier , mais le nom de pragmatique qui étoit odieux aux papes , fut aboh , aufli bien que les articles qui étoient contraires aux prétentions des papes. La plupart des autres articles ont été con- fervés. Le concordat efl divifé en douze rubri- ques ou titres. Le premier abolit les éledions des .évê- ques , abbés & prieurs conventuels , qui étoient vraiment éledifs , &c accorde au pape le droit d'y pourvoir fur la nomination du roi ; & dit que quand ces mêmes béné- fices vaqueront en cour de Rome , le pape y pourvoira fans attendre la nomination du roi. Le fécond abolit les grâces expedatives , fpéciales ou générales ; & les réiërves pour les bénéfices qui vaqueront , font abolies. Le troilieme établit le droit des gradués. Le quatrième réferve à chaque pape la faculté de donner un mandat apoflohque , afin de pourvoir d'un bénéfice fur un col- lateur qui aui'a dix bénéfices à fà colla- tion ; & il efl dit que dans ks provifions des S^^ C O N bénéfices , on exprimera leur vraie vakur ordinaire. Le cinquième ordonne que les caufès & appellations fbient terminées fur les lieux par les juges qui ont droit d'en connoître par coutume ou privilège , excepté les caufes majeures qui font dénommées dans le droit ; & pour les appellations de ceux qui font fournis au S. fiege , il ei\ dit que l'on com- mettra des juges fur les lieux jufqu'à la fin du procès. Les 6^^ y^y 8^, ^e ^ loe titres qui traitent des podèfleurs pailibles , des con- cubinaircs , des excommuniés , des inter- dits , de la preuve que l'on peut tirer de ce qui eu énoncé dans les lettres ou bulles du pape , font conformes A ce qui cfl porté parla pragmatique-fandion. Le onzième titre eu pour l'abolition de la Clémentine lineris. Et le dernier elt pour alîlircr l'irrévoca- bilité du concordat. Le pape envoya à François I la révoca- tion de la pragmatique & le concordat y & demanda que ces deux ades fufïènt enré- gifîrés par les parlemens de France. Le roi ne voulut pas que l'on publiât la revoca- tion de la pragmatique ; mais il alla lui- même au parlement de Paris pour y faire enrégiflrer le concordât , ce que le parlement refui'a alors de faire : il y eut auffi de fortes i oppofitions du clergé & de l'univerfité. Les motifs des oppofitions étoient les in- convéniens que l'on trouvoit dans l'aboli- tion des élevions , l'évocation des caufes majeures à Rome , & dans l'obligation d'ex- primer la vraie valeur des bénéfices dans les provifions. Ces motifs furent expliqués dans des remontrances , & envoyés au roi : mais le chancelier du Prat répondit , que fi l'on n'avoit pas fajt le concordat , la pragmati- que n'auroit pas moins éré révoquée par le concile , que la nomination du roi aux grands bénéfices n'étoit pas un droit nou- veau , que nos rois en avoient joui (bus les deux premières races; que le roi nommoit prefque toujours aux évêchés ; le droit de nomination qui étoit d'abord commun à tous les fidèles , ne s'exerçant pas bien en çomrpun , pafta ^ fouvcrain comme ayant C O N le gouvernement de l'état, dont TEglifc fait partie. En conféquence le roi n'eut point d'é- gard aux remontrances du parlement; il envoya par le feigneur de la Tremoille un ordre précis au parlement d'enrégiftrer le concordat (ans délibérer davantage : ce qiri fut fait enfin le 2.2 xMars 1517 , mais avec proteftation que c'étoit du' très-exprè» commandement du roi réitéré plufieurs fois ; & que l'on continueroit d'obferver la prag- matique. En effet , dans les conteftations qui fe prélenterent enlijite concernant les nomi- nations aux évechés & abbayes , le parle- ment jugeoit fuivant la pragmatique ; au contraire , le grand-confeil auquel Louife de Savoie , régente du royaume pendant la prifon de François I , renvoya ces eau-" fcs , les jugeoit fuivant le concordat : c'efl pourquoi le roi , lorfqu'il fut de retour , par une déclaration de 15^5 attribua pouf toujours la connoifîance de ces fortes de matières au grand-confeil , ce qui contri- bua beaucoup à augmenter cette jurifdic- tion. Par diverfes bulles poflérieures au concor- dat , les difpofitions par rapport à l'expref^ fion de la valeur des bénéfices & aux man- dats , furent révoquées ; la nomination du roi fut étendue , même aux évêchés & ab- bayes qui avoient privilège d'élire. Le parlement , le clergé & les états aA femblés , ont fait de temps en temps diverfes inftances pour le rétablifîèment des élec- tions ; on a même fait long-temps des prières publiques, pour demander à Dieu l'aboli- tion du concordat : mais le concordat efl de»- meuré dans le même état , & eft préfente- ment obfervé fans auaine contradiction. Dans les pays conquis & autres qui ont été réunis à la France poftérieuremen»- au concordat) le roi nomme aux bénéfices en vertu d'induits particuliers , qui ont été ac- cordés tn divers temps par les papes. Plufieurs auteurs ont écrit contre le con- cordat & contre le chancelier du Prat , avec lequel il fut conclu. Il feut néanmoins convenir , comme l'obferve M. le préfident Henaut , que les annates contre lefquelles on s'eit beaucoup ' récrié , n'ont point été établies par io C O N concordat y mais par une bulle qui fuivit de près ; & elles furent depuis rellreintes aux bénéfices confiftoriaux ; qu'à l'égard du con- cordat p il eft jufte en ce que pour la no- mination aux grands bénéfices , il n'a fait que rendre au roi un droit dont {&s pré- décefleurs avoient long-temps joui ; que nos rois ayant fondé la plupart des grands bé- néfices , la collation doit leur en apparte- nir ; que c'eli au roi à exercer les droits qu'exerçoient les premiers fidèles , & qu'ils lui ont remis lorfque l'Eglife a été reçue dans l'état pour prix de la protedion que le roi accordoit à la religion ; que les élec- tions étant devenues une fimonie publique , les grands fieges étoient fouvent remplis par des gens de néant peu propres à gou- verner ; & qu'à chofes égales , il vaut mieux que ce foit la noblefîê. V^oycT;^ les hiftoriens de France aux années l ^i ^ Ù fuivantes ; le texte du concordat , le commentaire de RebufFe & les traités de Genebrard & Dupuy. (j4) Concordat entre Sixte IV & Louis XI eft un accord qui fut fait entr'eux en 14.72. Il eft rapporté dans les extravagantes communes , ch. j. de trenga & pace , ch.j. & commence par ces mots : ad univerfalis ecclejits. Par ce concordat Sixte lY voulant pacifier les diflêntions qui lubfiftoient entre la cour de Rome & la France , à l'occafion de la pragmatique-faaclion , donna aux col- lateurs ordinaires lix mois libres pour con- férer les bénéfices; favoir , février, avril , juin, août , odobre & décembre, au lieu qu'ils n' avoient auparavant que quatre mois libres , pendant lefqueis ils n'étoient pas fijjets aux grâces expectatives ; il le réferva néanmoins la faculté d'accorder fix grâces ; il le relerva auiîi jufqu'à un certain temps ladifpofition des bénéfices de France , pof- fédés par les cardinaux & par leurs fami- liers ; il fit aufii quelques réglemens fiar le jugement des caufes & appellations , & or- donna que les taxes faites par Jean XXII pour les bénéfices feroient obfervées ; mais ce concordat ne fut pas exécuté : le procu- reur général de Saint-Romain s'y oppola, comme étant contraire aux décrets des con- ciles de Conilance & de Balle , félon la remarque & note marginale de Dumoulin fur l'extravag. ad uniyerfalis 3 fur le met C O N 8^9 proh dolor. Vojc^ les notes fur les induits , par F'nfon , tome I y p. ^z. {A) Concordat Germanique, eftun accord tait en 1447 entre le légat du faint fiege , l'empereur Frédéric III & les princes d'Allemagne , pour raifon des églifes , mo* nafieres & autres bénéfices d'Allemagne , confirmé par le pape Nicolas V. V^ï et concordat y le pape le réferve tous les bénéfices mentionnés dans les extrava- gantes eX'Ccrabilis ^ & ad regimen z j aux modifications fuivantes. I®. Il conièrve ou plutôt il rétablit la li- berté des éledions dans les égliiès cathedra- ' les , métropolitaines & monallefes , & s'obli- ge de les confirmer , à moins que pour de jufles caufes & de l'avis des cardinaux , il ne fut néceffaire de pourvoir un lujet plus digne & plus capable. 2°. Il laifle les confirmations des éledions dans l'ordre commun aux fupérieurs , & promet qu'il ne différa point des préla- tures des moniales ^fk moins qu'elles ne Ibient exemptes , auquel cas même il n'en difpofera que par commifiion ad partes. 3°. Il abolit les expectatives pour tous les autres bénéfices inférieurs , & en donne aux ordinaires la libre difpofition pendant fix mois , femblable à l'alternative des évê- ques de Bretagne. 4°- Si dans les trois mois du Jour que la vacance fera connue , le pape n'a pas pourvu pendant ics mois qu'il s'dt réferve , il fera permis à l'ordinaire de pourvoir. 5^. Il elt dit que le temps pour accepter cette alternative commencera à courir à l'égard du pape , à compter du premier Juin lors prochain , & durera à l'avenir, s'il n'en eii autrement ordonné du conlèn- tement de la nation germanique dans le prochain concile. 6^. Les fruits de la première année des bénéfices vacans feront payés par forn>e d'annate , luivant la taxe délivrée par la chambre , appeliée communs ferpice s. 7". Que fi les taxes font exceffives , elles feront modérées , & qu'à cet effet il fera nommé des commiffaires qui informeront de la qualité des choies , des circonllances , des temps & des lieux. 8°. Que les taxes feront payées moitié dans l'an du jour de la pofleiiîon palfibie , 840 C O N & l'autre dans l'année fuivante ; & que fi le bénéfice vaque plufieurs fois dans une année , il ne fera néanmoins dû qu'une feule taxe. 9". Que celle des autres bénéfices infé- rieurs fe paiera pareillement dans l'an de la polîeifioQ paifible ; mais qu'on ne paiera rien pour les bénéfices qui n'excéderont point vingt-quatre florins ou ducats d'or de la chambre. Enfin ce concordit veut que pour l'ob- fervation de ce qui y eft réglé , l'Allemagne proprement dite ne foit point dillingu^e de la nation germanique en général. Il y eut en 157^ une déclaration du pape Grégoire XIII au fujet de la reverfion du droit de conférer , en cas que le pape n'ait pas pourvu dans les trois mois , par la- quelle il efl dit que les trois mois commen- cent du jour que la vacance eil: connue au iàint fiege. Le bénéfice doit ê^ obtenu dans les trois mois , & conféré pdP^ faint fiege ; mais il faut que la publication foit faite dans les trois mois du jour de la vacance , comme dans le lieu du bénéfice. L'empereur Maximilien ordonna en 15 18 , que ce concordat feroit reçu à Liège; & Charles-Quint , par édit de Février i)54, en ordonna l'exécution dans l'éghfe de Cambrai. L'églife de Metz efî: auflî comprife fous ce concordat , en vertu d'un induit ampliatif. Il y a eu de lèmblables induits accordés par difFérens papes , pour d'autres églifes , dont il eft fait mention dans le recueil des principales decijions fur les bénéfices y par Drappier, tome II. cli. xxij.p. 2.34; les œuvres de Cochin , tom. I. 5. confult. [A) Concordat triangulaire , eitun accord fait entre trois bénéficiers , par le- quel le premier réfigne fon bénéfice au fé- cond ; celui-ci réfigne un autre bénéfice à un troifiemc^ bénéficier , lequel en réfigne aufïi un en faveur du premier des trois ré- gnans : ces cercles de réfignations qu'on ap- pelle concordats triangulaires ^ ne font point conlidérés comme des permutations cano- niques 4 parce que chacun des réfignans re- çoit bien un bénéfice , mais il ne le tient pas de celui auquel il réfigne le fien. 11 fe tait auffi de ces concordats quatriangulaires , C O N c'efî-à-dire , entre quatre bénéficiers. Sou- vent ces concordats ne font point portés A Rome , mais en conféquence chacun àts réfignans pafl'e une procuration que l'on fe contente de faire admettre en cour de Rome y ce qui ne fufiît pas. En effet , ces fortes de concordats ne font point licites ; c'eit une elpece de fimonie , quce ex paâo oritur , à moins que pour des confidérations particulières , ils ne foient ad- mis en cour de Rome. Le concile de Ma- lines tenu au commencement de ce fiecle , les a réprouvés. Les dodeurs les appellent des contrats innommés , & tous les dodeurs françois , efpagnols , italiens les condam- nent. Gonzalès dit que de (on temps le pape les rejetoit , & n'en admettoit aucun , ainli qu'il l'afîùre fur la règle de menjihus & al- ternativâ ^ &c il y a des arrêts qui les ont profcrits : ils ne peuvent donc avoir leur effet , A moins qu'ils n'aient été admis en cour de Rome , & non pas feulement les procurations. Voye^ Duperray , de l'état Ù capacité des ecclefiajliq. tom. Il y liv. IV y ch. V y page i ^i. {A) ■ Concordat Vénitien , efî un ac- cord fait entre le pape & la république de Venife , pour la nomination des principaux bénéfices de cet état ; ce concordat efi à-peu- près femblablc à celui qui tut fait entre Léon X & François I. Voye\ Thuana y p, 354-' U) * CONCORDE , f f déefTe : les Grecs l'adoroient fous le nom de y-ovu. Elle avoit un culte à Olimpie ; les Romains lui éle- vèrent un temple fuperbe dans la huitième région , à la perfuafion de Camille , lorf- qu'il eut rétabli la tranquillité dans la ville. Ce temple fut brûlé , & le fénat & le peu- ple le firent réédifier. Tibère l'augmenta & l'orna : on y tenoit quelquefois le confeil ou les afiêmblées du lënat ; il en refle en- core des vefîiges , entre autres lept colonnes très-belles avec leurs chapiteaux; on doute cependant qu'elles aient appartenu à ce temple. La Concorde avoit encore deux au- tres temples, l'un dans la troifieme région , & l'autre dans la quatrième. On célebroit fa fête le 16 Janvier, jour auquel on avoit fait la dédicace de fon temple. Elle étoit repréfentée en femme en longue drape- rie, entre deux étendards, quand elle étoit militaire ; C O N militaire ; mais la Concorde civile ^toît une femme aflîfe , portant dans fes mains une branche d'olivier & un caducée , plus or- dinairement une coquille & un fceptre , ou une corne d'abondance dans la main gau- che. Son fymbole étoit les deux mains unies , ou plus fimplement le caducée. C ON c O R D E ( le pays delà) ^ Géog. mod. les Hollandois la nomment t'iand van een- racht ; c'eft un pays fur la côte des terres auftrales , fous le tropique du capricorne , au midi de l'île de Java. § CONCORDE ( l'Ordre de la ) , fut inftitué par Erneft , margrave de Bran- debourg en 1660. Les chevaliers ont une croix d'or à huit pointes pommetées & émaillées de blanc ; à chaque angle il y- a deux C , entrelacés en fautoft" ; au centre de cette croix eft une médaille d'or émaillée , & deux rameaux d'olivier adofîés , dont les extrémités fupé- rieures & inférieures palîênt dans deux couronnes auffi d'olivier , avec ce mot à l'entour , concordant ; une couronne élec- torale 'fur les deux pointes d'en haut , & un ruban orangé ; au travers de la croix eft le nom du margrave de Brandebourg, & la date de l'inflitution. {G. D. L. T. ) CONCORDiA, i.Geog. mod) petite ville d'Italie , au duché de la Mirandolé , fur la Sechia. Long. 2.8 , 54 ,• lat. 4/^ , 52. CONCOURANTES (Puissances) , Méchanïq. font celles- dont les diredions concourent , c'eft-à-dire ne font point pa- - ralleles , foit que les diredions de ces puif- fances concourent eftedivement, foit qu'elles tendent feulement à concourir , • & ne concourent en eifet qu'étant prolongées. On appelle âuSi puijfances concourantes celles qui concourent à produire un effet , pour les diftinguer des puiffances oppofées , qui ten- dent à produire des effets contraires. V^oy. Puissances conspirantes. ( O) CONCOURIR. On dit en Géométrie que deux hgnes , deux plans concourent , lorfqu'ils fe rencontrent & fe coupent , ou du moins lorlqu'ils font tellement difpofés qu'ils fe rêncontreroient étant prolongés. ^07f;j Concours. (O) CONCOURS , Géométrie. Point de con- cours de plujieurs lignes , efl le point dans lequel elles fe rencontrent , ou dans lequel Tome VIII. C O N 84r elles fè rencontreroient , fi elles étoient prolongées. Point de concours de plufieurs rayons. Voye^ FoYER. ( O) Concours , f. m. ( Métaphyfiq. ) Le concours efl l'adion réciproque de diffé- rente;- perfonnes , ou chofes , agifîant en- fembie pour un même effet & pour une même fin. Les fcholafflques diflinguent deux fortes de concours , le médiat , & l'im- médiat ; le premier qui confiffe à donner le pouvoir , ou la faculté d'agir ; le fécond qui efl l'infîuence contemporaine de deux caufes pour produire un effet ; ainfi l'aïeul concourt médiatement , à la produdion du petit-fils , parce qu'il a donné au père la puiffance d'engendrer : mais le père concourt immédiatement avec la mère pour le pro- duire. On convient généralement que Dieu concourt médiatement avec toutes les créa- tures , pour les rendre capables d'agir : nous ne penfons , nous ne parlons , & nous n'a- giiîons que parce que Dieu nous en a don- né la faculté , &" fans cette providence contre laquelle les impies s'élèvent , ils fcroient en- core dans le néant , & la terre ne fèroit pas chargée du poids de ces ingrats. Mais on diipute dans les écoles , fi le concours médiat efl fufîîfant , &: s'il n'eff pas de plus nécefîàire qu'elle concoure immédiatement avec les créatures par une nouvelle influence , pour la produélion de chaque ade , de la même manière que le père concourt avec la raere pour la produdion de l'enfant.^ Le torrent des fcholaftiques eft pour l'affirma- tive. Durand de S. Portien évêque de Meaux , affez hardi pour le temps où il écrivoit , & d'autant plus hardi que tous les efprits étoient fubjugués , fe déclara pour le con- cours médiat ; voici les railons fur lefquelles il appuie fon fentiment. Si Dieu concou- roit immédiatement avec les créatures -> ou ce feroit par la même adion numérique , ou ce feroit par une adion différente ; on ne peut dire ni l'un ni l'autre, i*. Ce n'efl point par la même adion numérique que Dieu concturt avec les créatures , parce que l^ même adion numérique ne peut éma- ner de deux agens , à moins qu'elles n'aient la même faculté numérique , telle qu'elle efl dans le Père & dans le Fils qui produi- fent le Saint-Efprit par la même afpiratioa numérique. En fécond lieu , Dieu ne Nnnnn S4i C O N concourt point par une adio» qui lui feroit perfonnelle ; car ou l'adion de Dieu pré- cëderoit l'adion de la créature , ou elle en feroit précédée , ou ces deux adions fc- roient iimultanées. Si l'aâion de Dieu pré- <;ede l'adion de la créature , il ne refte donc rien à faire pour la créature ; dcmême fi c'eft 'l'adion de la créature qui précède celle de Dieu , l'influence de Dieu eft inutile , parce que l'effet eff produit par l'adion qui Î recède , foit que cette adion vienne de )ieu , foit qu'elle appartienne à la créature. Enfin , fi les deux adions font fimultanées , l'une des deux devient inutile , parce qu'une feule fuffit pour produire l'effet. Voilà ap- paremment ce que nieront les auteurs qui îbutiennent le concours immédiat ; ils en fon- dent la néceflité fur le fouverain domaine que Dieu a fur toutes les créatures , & plus encore fur la confervation qui , félon eux , elt une création continuée. Voici comme ils raifonnent. La confervation étant une création continuée , Dieu ti\ obligé de pro- duire des iublfances dans tous tes inffans. Or Dieu ne peut pas produire des fublfan- ces qu*il ne les produife revêtues de leur modificarion ; il ne les produitpas làns doute comme des êtres fans forme & comme des cfpeces , ou quelqu' autre des univerlaux de Logique. Or parmi les modifications dont les fubflanees font douées , on y doit com- prendre tous les ades par lelquels elles fe modifient ; donc Dieu les produit immédia- tement avec les créatures : donc il faut ad- mettre le co/zcoarj- immédiat. Mais ce fen- timent parott bleffer la liberté , c'efl du- moins la conféquence que tire M. Bayle ; jugez s'il efl conféquent dans fon railonne- ment. Il me femble , dk ctt auteur , qu'il en faut conclure que Dieu a fait tout ce qui n'av%it point dans toutes les créatures , des caufes premières , fécondes , & même oc- cafionelles , comme il efî* aifé de le prou- ver ; en ce moment où je parle , je fuis rel que je fuis avec mes circonfîanees , avec telle penfée , avec telle adion ,* aflis ou de- bout r que li Dieu m'a créé ay commetce- ment tel que je fuis , comme on doit né- cefîairement le dire dans ce fyflême , il m'a créé avec telle penfée , telle adion , telmour- vement , & telle détermination ; on ne peut «dire que Dieu m'a créé exiftant^ qu'il ne C O N produife avec moi mes mouvemens & mes déterminations. Cela efl inconteflable pour deux raifons. La première efl que quand il me crée & me conferve à cet infiant , il ne me conferve pas comme un être fans for- me , comme une efpece , ou quelqu'autre des univerlaux de Logique ; je fiiis un indi- vidu , il me crée & me conferve comme tel y étant tout ce que je fuis dans cet infiant. M. Bayle poufîê encore davantage cette ob- jedion. Quoi , dit-il , rejetterons-nous la fubfiflance continue des créatures à caufe des fâcheufes conféquences ? Sont -elles à comparer avec celles dont nous venons de parler ci-defîus ? L'hypothefe de ces gens- là efl une pure imagination inconcevable. Il vient au concours immédiat , qui efl une "fuite de la création fans celîe renou- vellée , & dit que fi l'on veut que^ieu foit l'auteur immédiat de toutes les determinai- fons & de toutes les adions , il (èra vrai aufS que nous ferons de purs automates , de fin>- ples fujets purement paflifs , & incapables d'aucun penchant , ni d'aucune détermina- tion ; & fi cela efl , que deviendra le pé- ché ? Car enfin qu'il foit néant tant qu'il voudra , l'homme ne fera néant que par fon inadion qui lui efl elfentielle , & Djai ne lui peut demander compte du mauvais ufage d'une faculté qu'il ne lui a jamais don- née ; ainfi ce fentiment n'efl pas compatible avec l'idée la plus fàine qu'on puifîè avoir du péché. Telles font les objedions de M. Bayle contre [q^ concours immédiat. Il- efl cer- tain que quelque fyflême qu'on fuive fur cet article , il refiera toujours de l'obf- curité ; mais il efl encore plus certain que la toute-purfîànce de Dieu & la li- berté de l'homme /ont deux vérités in— conteflables» Le fyflême qui attribue aux âmes le*poa- voir de remuer les corps , outre qu'il n'sft pas chargé de fiicheuiés conféquences ,, efl un f ntiment fi naturel & fi géné- ral , qu'on ne devroir point s'y oppofer , à moins qu'il ne fût combattu par des rai- fons convaincantes , ou tirées de la cpeflion^ en elle-même ,, ou prifes de la gloire de- Dieu. Mais , dira -r- on , nous ne pou- vons concevoir comment une ame qui efl intelligente , peut remuer la matière qui efl: ■ C O N ime fubfl'ance étendue. Mais conçoit-on mieux le concours ? D'ailleurs eft-ce une raifon fuffirante pour nier une chofe , de dire je ne la conçois pas ? Savez-vous com- ment l'ame forme Tes volitions ? Vous ne la dépouillerez pas fans doute de ce pou- voir , à moins que vous n'en faflîez une lîmple machine. Les anges font appelles dans l'Ecriture les exécuteurs de la loi divine. Quand Dieu envoya l'ange exterminateur qui fit mourir tous les premiers nés d'Egypte , dans la fup- polition que Dieu eft le principe de l'adi- vité des intelligences & du mouvement du cofps , que faifoit ctt ange ? Son defTein ctoit de tuer tous les premiers nés , il venoit de l'ordre de Dieu immédiatement , l'ac- tion phyfique qui fit mourir les premiers nés n'en venoit pas moinsi; c'étoitdoncDici qui aglflbit alors immédiatement ; encor;^ un coup , qu'y faifoit la préfence de l'ange ? S. Paul nous dit que la loi a été donnée par le miniftere ies anges ; fi les intelligen- ces n'ont aucun pouvoir de remuer la ma- tière , ce fut Dieu lui-même qui immédia- tement fit paroître ces éclairs , cts tonner- res , cette voix éclatante qui a prononcé la loi ; les démons même font repréfentés comme ayant le pouvoir de remuer la ma- tière : ferez-vous intervenir Dieu dans tou- tes les aûions machinales du démon ? fera- ce Dieu qui , à l'occafion àts polfédés , les obligera à le jeter fur les pafTans ? Si cela efî , lorfque le diable par des prelliges tente tous les hommes , ce fera par le miniftere de Dieu même , puifque c'eft le preftige qui féduit les hommes. Voici toutes \t^ confé- quences que je tire de tout ce que je viens de dire. Si les intelligences qui ne font pas réunies à la matière ont le pouvoir de la re- muer , pourquoi le refufcr à l'ame ? Une autre conléquenee qui fuit de ce principe , eft que le concours immédiat , la prémotion phyfique , la création renouvellée , tombent par-là ,. fe détruifent & renverfent deux partis , qui ne fâchant pas garder un jufte milieu , tombent dans des excès fous pré- texte de mieux combattre les propofitions •de leurs adverfaires. On peut encore prefîêr ainfi les défenfeurs du concours immédiat : votre concours immédiat eft ou fimultané , ou prévenant \ il n'y a point U de iniHeu ; C O N S45 or il ne peut être ni l'un ni Tautre. 1°. l£ ne peut être fimultané ; car en quoi con- fiftele concours fimultané ? n'eft-ce pas dans deux caufes parallèles , qui ne tirant leur force & leur adivité que d'elles - mêmes , agiflent de concert pour produire le même effet , de manière pourtant que l'cfiTet foit divifé & partagé entr'elles ? Or ceci ne peut point avoir lieu dans l'hypothefe du concours immédiat ; 1°. p^rce que les créa- tures étant fubordonnées à Dieu , tirent de lui toutes leurs forces & toute leur adivité ; 2°. parce que les adions àts créatures étant fpirituelles , & par-là fimples & indivifibl^s , Dieu les produit par l'influence qu'il verl'e dans les créatures , il faut nécefîairement qu'il \qs produife toutes entières ; deux con- féquences qui renverfent abfolument. la concours immédiat. Il refte donc que le concours immédiat foit prévenant ou déter- minant. Or ce concours le confond avec la prémotion phyfique , & par conféquent il doit être enveloppé dans les ruines. V oye:^ Varticle PrÉMOTION. Concours , ( Jurifpr. ) en matière civile , fe dit lorfque plufieurs perfon- nes prétendent chacune avoir .droit au même objet. Le concours de privilèges attributif de JurifdJdion opère que fi l'un des privilèges eft plus fort que l'autre , le premier l'em-i porte ; s'ils font égaux , ils fe détruifent mutuellement : c'eft pourquoi l'on dit auffique, concurfu mutuo fe fç impediunt partes. Plufieurs adions peuvent concourir en faveur du créancier pour une même créan- ce ; il peut avoir l'adion perfonnelle jointe à l'hypothécaire , & dans ce cas ejle dure quarante ans. En cas de concours de privilèges entre créanciers ; fi les privilèges ne font pas égaux , les plus favorables pafîènt les premiers , chacun félon leur rang ; s'ils font égaux , les créanciers viennent par contribution. Il en eft de même en cas de concours d'hypothè- ques , ou de faifies qui font du même jour, F(>yf;j Concurrence , Créancier, Privilège , Saisie. CONCOURS , ( Mufique ) affemblée de muficiens &: de connoifTeurs autorifes . dans laquelle une place vacante de maître de Nnnnn 2, §44 C O N inufique ou d'organifte efî emportée à la pluralité des fuftrages , par celui qui a fait le meilleur motet , ou qui s'dl diflingué par la meilleure exécution. Le concours étoit en ufage autrefois dans la plupart des cathédrales ; mais dans ces temps malheureux où l'ei'prit d'intrigue s'ell emparé de tous les états , il efl: naturel que le concours s'aboliife infenfiblement , & qu'on lui fubflitue des moyens plus aifés de donner à la faveur ou à l'intérêt , le prix qu'on doit au talent & au mérite. (S) Concours , en matière bénéficiale y ar- rive de 'eux manières différentes ; lavoir lors- qu'un coUateur a donné le même bénéfice à deux perlonnes le même jour & lur le même genre de vacance , ou lorfque deux coUareurs difFérens ont pourvu en même temps. Au premier cas , c'eff-à-dire quand les {)rovifions font du même coUateur , & que 'on ne peut juflifier par aucune circonl- . tance laquelle àts deux eft la première , les deux provifions le detruiient mutuel- lement , fuivant la maxime qui a été rap- portée ci- devant en parlant du concours de privilèges» Il en feroit de même de deux fignatures ou provifions de cour de Rome ; & l'on ne donne pas plus de privilège en France à cel- les qui Ibnt émanées du pape même ,' qu'à celles qui ibnt faites par le chancelier ou vice-chanceher. Une lignature.ou provifion nulle ne fai' pas de concours ; mais il faut que la nul- lité foit intrinièque à la provifion. Pour ne pas tomber dans Fmconvénienr du concours dans les vacances , par mort ou par dévolut , il eft d'ufage de retenir en cour de Rome plufieurs dates , afin que fi plufieurs impétrans ont obtenu des provi- fions du même jour & fur un même genre de vacance , on puiiîe enfin en obtenir lur une date pour laquelle il n'y ait point de concours^ En cas de concours entre le pape & ^ordinaire , le pourvu par l'ordinaire eft préféré. De deux pourvus le même jour ,, l'un par l'évêque , l'autre par fon grand vi- caire , le premier eft préféré ; mais fi le l^urvu par le grand-vicaire a pris poiîeP c 0 M fion le premier , il fera préféré. Quelques auteurs font néanmoins d'avis que le pour- vu par l'évêque eft toujours préféré. Cap, Ji âfede de prcebend. in 6°. Paflor , lib. II. lit. xi'ij. Chopin , de facrâ polit, lib. I. tit. rj. Bouchel , fomm. bénéf. verbo prife de pojfejjîon. Cailel , defin. can. au mot con- cours. Brodeau fur Louet , let. M. n. z o. Papon , Rebufîè , Gonzalès , Drappier , des bénéf. tome I. ch. x. Concours pour les cures , eft en quelques provinces un examen que l'évê- que ou les commiiîaires par lui nommés font de tous ceux qui fe préfentent pour remplir une cure vacante , à l'effet 'de connoître celui qui en eft le plus digne &: le plus capable. Il fe pratique dans les évêchés de Metz & de Toul , lorfqu'une cure vient à va- quer au mois du pape ; l'évêque lait pu- blier dans la ville de fon fiege le jour au- quel il y aura C£>/zcoz/rj' ,& l'heure à laquelle il commencera. Le concours fini , l'évêque donne ade au fujèt qu'il eftime le plus capable , foit fur fa propre connoiflance ou fur le rapport de ceux qu'il a commis pour aflifter au con- cours ; & fur cet ade , celui qui eft préféré obtient fans difficulté des bulles en cour de Rome , pourvu qu'il ne s'y trouve d'ailleurs aucun empêchement. Si l'évêque laiiibit pafTer quatre mois fans donner le concours , la cure feroit impétra- ble en cour de Rome. Ce concours avoit auffi lieu autrefois en Artois ; mais depuis que cette province a été réunie a la couronne , il y a été aboli par i.rrêtdu il Janvier i66o. Autrefois pour les cures de Bretagne , le concours fe faifoit à Rome ; mais par une bulle de Benoît XIV , revêtue de lettres pa- tentes dûement enrégiftrées au parlement de Bretagne , & fuivie d'une déclaration du roi du n août 1742., le concours doit fe faire devant l'évêque diocéfain , & fix exa- minateurs par lui choifis , dont deux au moins doivent être gradués ; & tous doivent remplir ce miniftere gratuitement. Le con- cours doit être ouvert dans lès quatre mois» de la vacance de la cure Les originaires de la province font feuls admis au concours ,v & en cas d'égalité de mérite , les originaire* C O N eu dioce^ où efl: la cure doivent être pré- férés. Nul n'efl admis au concours d'une cure vacante , qu'il n'ait exercé les fonc- tions curiales pendant deux années au moins en qualité de vicaire ou dans une place équi- valente , ou qu'il n'ait pendant trois ans travaillé au miniftere des âmes ; & fi l'af- pirant cû d'un autre dioccfe que celui où elt la cure , il faut qu'il prouve quatre ans de fervice. Les évêques peuvent néanmoins accorder des difpenfes aux gradués en théo- logie. Ceux qui font déjà pailibles pofïei- fèurs d'une cure ne peuvent être admis au concours. Il faut auffi , pour y être admis, favoir & parler ailément la langue breton- ne , Il la cure eft dans un lieu où l'on parle cette langue. La déclaration ~ règle aufll la forme du concours pour l'examen des afpi- rans , & pour le choix d'un d'entr'eux. En- fin le roi déclare qu'il ne fera rien innové en ce qui concerne l'alternative dont les évê- ques jouilfent en Bretagne , ni pour le droit des patrons laïques ou eccléfiaitiques, & pour les maximes & ufages reçus dans la provin- ce , qui feront obfervés comme par le paffé. (A) Concours ENTRE gradués, c'efî lorlque plufieurs gradués ont tous requis un naême bénéfice en vertu de leurs grades. Vojei Grades & Gradués. (A) CONCRESSAUT , ( Geogr.' mod. ) petite ville de France en Berri , fur la Sandre. CONCRET , adj. {Gramm. & Philof.) e'eft l'oppofé & le corrélatif à'abftrait. V. . Abstraction. Le terme concret marque la fubfîance même revêtue de Ces qualités, & telle qu'elle exifte dans la nature. L'a^/?m/>défigne quel- qu'une de (es quahtés confidérée en- elk- même , & féparée de fon fujet. Concret ; nombre concret efl oppofé à nombre abftraic : c'eil un nombre par lequel on défigne telle ou telle chofe en particu lier.. Foy.. Abstrait. Ainfi quand je dis trois en géné^^al , fans l'appliquer à rien , c'eft un nombre abftrait ; mais fi je dis trois hommes y ou trois heures ., ou trois pies , &c. trois àe\\ent alors un . nombre concret. On ne multiplie point des nombres concrets les uns par les autres ; ainii c'efl une puérilité <^e„de. demander, comme. font certains C O N • §45 arithméticiens , le produit de 3 livres 3 fous 3 deniers , par 3 livres 3 fous 3 deniers. En effet, la multiplication ne confilte qu'à pren- dre un certain nombre de fois quelque chofe; d'où il s'enfuit que dans la multiphca- tion , le multiplicateur efl toujours cenfé un nombre abllrait. On peut divifer des concrets p^Y des abftraits ou par des concrets'y- ainfi je puis divifer 6 lous par 2, fous, c'efl-à-dire chercher combien de fois 2 fous efl contenu ^ans 6 fous ; & le quotient fera alors un nombre abflrait. On peut aufli di- vifer un concret par un abflrait : par exem- ple 6 fous par 3 , c'efl-à-dire chercher le tiers de 6 fous ; & le quotient fera alors un nombre concret , favoir 2, fous. Dans les opérations arithmétiques on dépouille les nombres des idées d'ab{l:rait& de concret ^ pour facihter ces opérations ; mais il faut les leur rendre après l'opération pour fe former àes idées bien nettes. Voye^ MUL- TIPLICATION , Division , Arithmé- tique , ùc. [oy CON € R E T , ( C/iy/rz, yfynonyme à ^^a;^, . condenfé. Voye\ CONCRÉTION. CONCRÉTI9N , f f. fe dit en général, ^n phyf^ de l'adion par laquelle des corps mous ou fluides deviennent du#; & fe prend indifféremment pour condenfation , coagulation^ &c. Foy. CONDENSATION, Coagulation ,. Ùc. Concrétion fe dit aufli quelquefois de l'union de plufieurs pi ■*- tites particules , pour former une mafîè fen- fible , en vertu dequoi cette malle acquiert telle ou telle figure , & a telles ou telles pro- priétés. Ce mot efl d'ufage fur-tout en hii-- toire naturelle & en médecine. (O) * Concrétion , {Hift. naturelle.) on\ appelle de ce nom les fubflances terreufes , . pierreufes ou minérales , dont ks pfarties, après avoir été defunies & décompofées fè • font rapprochées & raflemblées pour former " un nouveau tout , un autre corps ; ou plus ^ généralement des fubflances qui fe forment: en des lieux particuliers de matières qu'on', n y foupçonnoit pas. Elles ont en géné-- ral les propriétés fuivantes :• i^i ce font, ou des fubllancesqui ont appartenu à quel- qu'une àes clalîès du règne minéral ^ & qui 1 le iont reproduites avec la confiflance de^' pierres ,. après avoir fouffert la décomi^ofi- • -tionoa.la.défuûion ; , ou des fubfknces apr- 84<^ C O N partenantes à d'autres règnes , qui fe font unies avec des matières jdu règne minéral , ou des fubftances minérales déguifées par àes -accidens fous des formes fingulieres obfervées par les naturalises ; ou crfin des liibftances tout-à-fait étrangères au règne mi- nerai , & qu'on n'appelle concrétions , que par la reflémblance & l'analogie qu'elles ont avec quelques fubftances minérales. 2,°. Elles font toutesjd'une compofition , d'un tifïîi , & d'une forme étrangère au règne minéral. Ces corps ont troc occupé les Lythogra- phes. On en peut tormer quatre diviiions , les pores ou pierres poreules , comme la pierre-ponce , les incruilations ,1a ftalaélite , la pifolithe , l'oolithe , les tufs , &c. Voye\ Pores. Les pétrifications, comme les plan- tes , les bois , les racines pétrifiées , minéra- lifées , les lytophites ou coraux , les madré- pores , les millepores , la tabulire , les af- troïces , les hippwites , Ùc. Voy. PÉTRI- FICATIONS. Les pierres figurées , dont ily a beaucoup d'efpeces. Voy. PlERRES FI- GURÉES. Et les calculs ou pierres Wgétales & animales. V. Van. PlERRES. Concrétion , (me'd.) maladie des par- ties folides & des fluides. Parlons d'abord d* çoncrétiWi des folides. On entend généralement par concrétion , la jondion deplulieurs molécules d'un corps réunies en une mafle prefquc folide ; mais en particulier l'adhérence , l'union de nos par- ties folides qui doivent être naturellement féparées pour l'exercice aifé de leurs moil- vemcns , elt ce qu'on appelle en médecine concrétion. On peut citer pour exemple de cette concrétion , l'union des doigts, Aqs na- rines , des paupières , des parois du vagin , fifc. La feule force vitale eil la caufe qui réunit* mais elle efl empêchée dans fon adion par l'interpofition de l'épiderme , à moins que ce rempart ne foit détruit par des accidens, tels que la corrofion, l'exco- riation , la brûlure , l'ulcère , &C. au con- traire , tout ce qui conferve la cohérence des parties nues , concourt à produire la concré- tion. Si elle arrive dans les ouvertures na- turelles , elles'oppofe àlafortie desraatieres deftinées à pafler par ces ouvertures ; fi elle fe fait dans les vaiflTeaux, il en réfulte la i:eiration de la circulation , le changement ine y efl défignée par le terme de peliex, par lequel on -entendoit une femme qui, n'é- tant point mariée , vivoit néanmoins avec iin homme comme fi elle l'étoit. Il figni- fioit y comme on voit , également une con- cubine fimple & une concubine adultère. On fe fcrvoit encore de ce terme fous Jules Céfar & fous Augufle , temps auquel on commença à fubflituer le mot conçubina à ^'^n,çJLeii te^-ipp pellexi. C ON Ainlî , fuivant l'ancien droit le concubin nage étoit permis à Rome à ceux qui ref^ toientdans le céhbat , ou qui ayant été ma- riés , ne vouloient pas contrader un fécond mariage j par coniidération pour leurs en- fans du premier lit. Mais depuis que la loi des douze tables &: d'autres loix poftérieures eurent réglé les conditions pour les mariages, il fut ordonné que l'on ne pourroit prendre pour concubines , que des filles que l'on ne pouvoit pas prendre pour femmes à caule de la dilproportion de condition , comme des filles de condition fervile , ou celles qui n'avoient point de dot, & qui n'étoient pas les unes ni les autres defîinées à contrader alliance avec les honnêtes citoyens. Ainfi les filles ou femmes de condition li- bre , appellées ingénuce , ne pouvoicnt pas être prifes pour concubines , cela paffoit pour un viol ; & il étoit défendu d'habiter avec elles fur un autre pié que fiir celui d'époufes , à moins qu'elles n'eufTent dégé- néré en exerçant des métiers bas & honteux, auquel cas il étoit permis de les prendre pour concubines. On voit Pi|f-Ià que \c concubinage n'étoit pas ablblument déshonorant chez les Ro- mains. Les concubines , à la vérité, ne jouif^ foient pas des effets civils par rapport aux droits de femmes r^ariées ; mais elles ne difFéroient àts époufes que pour la dignité de leur état & pour l'habillement : du refte elles étoient loco uxoris. On les appelloit femi-conjuges , & le concubinage femi-ma- trimonium. Le concubinage fècret n'étoit pas permis par les loix romaines ; & le nom de concubine , quand le concubinage étoit pu- blic , étoit un titre honnête & bien différent de celui de maîtreffe , que l'on appelloit fcortum. Jules Céfar avoit permis à chacun d'é- poufer autant de femmes qu'il jugeroit à- propos , & Valentinien permit d'en époufèr deux ; mais il n'étoit pas permis d'avoir plu- fieurs concubines à-la-fois. Celle qui étoit de condition libre , ne devenoit pas efclave lorfque fon maître la prenoit pour concu- bine; au contraire celle qui étoit efclave de- venoit libre. La concubine pouvoit être ae- cfifée d'adultère. Le fils ne* pouvoit pas époufer la concubine de fon père. * Suivant l^anciejbi droit romain , il etôit permis C O N permis . ^V. chap. xjp. diflin- gue quatre chofes dans la concupifcence ; la néceflité , l'utilité , la vivacité , & le défordre du fentiment ; & il ne trouve de mauvais que cette dernière qualité. La concupifcence confidérée fous ce dernier rapport , .efl ce penchant que nous avons tous au mal, & q li refte dans les baptifés & dans les juftés C O N S51 comme une fuite & une peine du péché ori- ginel , & pour fervir d'exercice à leur vertn. Voyei Péché originel. {G) * CONCURREMMENT , (Jurifpr. ) l'oje^ c/-a/?rfj Concurrence. * CONCURRENCE , f f. s'emend en général de l'exercice de la prétention que plufieurs perfonnes ont fur un même objet : ièlon la qualité de l'objet , la concurrence s'appelle rivalité. Voye\ ces acceptions en Jurifprudence & dans le Commerce. Concurrence , ( Jurifprud. ) efl une égalité de droit d'hypothèque ou de privilège fur une même chofe. Il y a concurrence d'hypothèque entre deux créanciers , lorfque leur titre efi de la même date , & qu'on ne peut connoître lequel efl le plus ancien. La concurrence de privilège arrive entre deux créanciers qui ont Ç.vS\ tous deux en même temps les meubles de leur débiteur , ou lorfque leurs créances font de mêra'é nature , ou également favorables. Il y a certaines matières dont la connoif^ fnnce efl attribuée à difFérens juges ; mais c'efi par prévention entr'eux , & non pas par concurrence. Voye^ ce qui efi dit ci-de- rant au mot Coi>i COURS. {A^ CoNCUPvRENCE , en fait de Com. Ce mot préfente l'idée de plufieurs perfon- nes qui afpirent à une préférence : ainfi lorfque divers particuliers s'occupent à ven- dre une même denrée , chacun s'efforce de la donner meilleure ou à plus bas prix , pour obtenir la préférence de l'acheteur. On fent au premier coup-d'œil que la concurrence efl l'ame & l'aiguillon de l'in- dufirie , & le principe le plus adif du commerce. Cette concurrence efl extérieure ou inté- rieure. La concurrence extérieure du commerce d'une nation , confifie à pouvoir vendre au- dehors les productions de les terres & de fon indufirie en aufli grande quantité que les autres nations vendent les leurs , & en proportion refpedive de la population , des capitaux , de l'étendue & de la fertifité des terres. Celle qui ne foutient pas cette con- currence dans la proportion dont nous ve- nons de parler , a immanquablement une puifTance relativement intérieure à la puif- Oo 000 2. §51 C O N fance des autres ; parce que Tes hommes font moins occupés , moins riches , moins heureux , dès-lors en plus petit nombre re- Jativement; enfin moins en trat , dans le même rapport , de fecourir la république. On ne peut trop le répéter , la balance du commerce d\ véritablement la balance des pouvoirs. Cette concurrence extérieure ne s'obtient point piir ia force ; elle eu le prix des ef- forts que fait l'induftrie pour faifir les goûts du conlommateur , les prévenir même & les irriter. La concurrence intérieure eft do deux for- tes : Tune entre les denrées étrangères de même nature , ou de même ulage ; & çeUe- là privant le peuple des moyens de fubfii- ter , doit en général être profcrite.. Ceux qui contribuent à l'introduire , foit en ven- dant , foit en achetant , font réellement cou- pables envers lu fociété d'^augmenter ou d'entretenir le nombre des pauvres qui lui font à charge. L'autre elpece de concurrence intérieure efl celle du travail entre les fujets : elle con- liiîe à ce que chacun d'eux ait la faculté, de s'occuper de la manière qu'il croit la plus lucrative , ou qui lui plaît davantage. Elle e{l bafe principale de la liberté du commerce ; elle feule contribue plus qu'au- cun autre moyen , à procurer à une nation cette concurrence extérieure , qui l'enrichit & la rend puifî'ante. La railbn eil fort limple. Tout^homme eft naturellement por- té ( je ne dois peut-être pas dire par mal- heur à s'occuper ) , mais il l'ell: du moins à fe procurer l'aifance ; & cette aiiance , fà- laire de fon travail , lui rend enluite fon occupation agréable: ainii dès que nui vice intérieur dans la police d'un état ne met Aes entraves a l'indujftrie , elle entre d'elle- même dans la carrière. Plus le nombre de fes produdions eft confidérabie , plus leur prix eft modique ; &: cette modicité des prix obtient la préférence des étrangers. A mefure cependant que Fargent entre dans un état par cette voie , à melure que les moyens de lubiifler fe multiplient pour le peuple , le nombre ou la concurrence des confommations s'accroît, & les denrées doi- vent être repréfentées par une plus grande fomrac : cette augmentation du prix de C O N chaque chofe eft réelle , & le premier elTer des progrès de Tinduftrie : mais un cercle heureux de nouvelles concun^nces y apporte les terapéramens convenables. Les denrées qui font l'objet de la confomraation devien- nent journellement plus abondantes , & cette abondance modère en partie leur augmen- tation ', l'autre partie ie partage infenlible- ment entre tous ceux qui tont les ouvra- ges , ou qui en trafiquent , par la diminu- tion de leurs bénéfices ; la diminution de ce bénéfice fe trouve enfin compeniée elle-' même par la diminution de Tint: rêt de l'ar- gent ; car le nombre des emiprunteurs ie trouvant plus foihle que celui des prêteurs ^ l'argent perd de ion prix , par une conven- tion unanime , comime toutes les autres marchandifes. Cette baiffe des intérêts ell, comime on le voit , l'effet d'un grand com- m-ercc : ainfi nous obiervons en paffant que pour connoître fi une nation qui n'a point de mines fait autant de commerce que les, autres , en proportion des facilités, refpec- tives qu'elles ont pour commercer , il. iùffit de^ comparer le taux des intérêts de l'argent dans chacune;' car il, eu certain que li la concurrence de ces intérêts n'efl pas égale , il n'y aura point d'égalité dans la, concurrence extérieure des ventes & de la, navigation. Lorfqu'on apperçoit à ces fignes évidens un accroiffement continuel dans le com- merce d'un état , toutes Ces parties agifîênt, & fe communiquent un mouvement égal ; il jouit de toute, la vigueur dont il ef} fuf^ ceptible. Une pareille fituation eft inféparable d'un, grand luxe; il s'étend lùr les diverfes claf- iès du peuple , parce qu'elles (ont toutes heureufès : mais celui qui produit: l'aifance- publique, par l'augmentation du travail., n'efl jamais à craindre ; l'ans ccfle la con^ currence extérieure en arrête l'excès , qui fe-^ roit bientôt le terme fatal de tant de proi- pérités. L'induftrie s'ouvre alors de nou-» velles routes , elle perfedionne fes métho- des & fes ouvrages ; l'éccnoniiç du temps. & dès forces multiplie les hommes en quel- que façon ; les beloins enfantent les arts y la concurrence les élevé , & la richeflè des artifles* les rend favans. Tels font les effets prodigieux de ce C O N principe de la concurrence , fi fimple a Ton premier afpeâ: , comme le font prefque tous ceux du commerce» Celui-ci en particulier me paroît av(,>ir un avantage très- rare , c'efi: de n'être fujet à aucune exception. Cet ar- ticle efi de M. V. D. F. CONCURRENS , adj. pi. ( Hlfi. & Chron.) dans l'ancienrie chronologie, ei\ le nom qu'on donnoit aux jours qui , dans les années tant communes que bifïextiles , font furnuméraires au-delà du nombre de femaines que l'année renferme. Voici ce que c'c{î. L'année ordinaire a cinquante - deux femaines & un jour , l'année biffextile cin- quante-deux femaines & deux jours : or ce jour ou ces deux jqurs furnuméraires font nommés concurrens , parce qu'ils concou- rent pour ainfi dire avec le cycle folaire; l^ar exemple , la première année de ce cycle on compte un concurrent ^ la féconde deux, la troifieme trois , la quatrième quatre , la cinquième fix au lieu de cinq ( parce que cette année eft bifléxtile , la fixieme fept , la (eptieme un , Ùc. & ainfi de fuite. Le concurrent i répond à la lettre dominicale E y c'eft-à-dire à l'année où le premier jour de l'an efl un mardi , & ainfi de fuite. Ces concurrens s'appellent auflî quelquefois e'pac- tes du foleil.. On n'en fait plus d'ufage de- puis l'invention des lettres dominicales. V^oy. ïiir ce fujet, ïart de vérifier les dates. Paris, 1750. pag. XXX de la préface. (O) CONCUSSION , 1: f. {Jurifpr.y ap- pelle en droit crimen repetundarum y efl l'abus que fiiit de fon pouvoir un homme confUtué en dignité , charge , commif- fiôn , ou emploi public, pour extorquer de l'argent de. ceux- fur lefquelsJl a. quelque pouvoir. Il en. efl parlé dans les titres du- digefl-e & du code, adlegemjuliam repetundarum y où l'on peut remarquer entr'autres chofes , que celui qui donnoit de l'argent pour être juge au préjudice du ferment qu'il avoit fait di? n'avoir rien donné , pouvoit être pourfuivi- comme coupable , auili-bienque celui qui avoit reçu l'argent ; que le juge qui fe laiiToit corrompre par argent étoit ré- puté coupable ào^ concujjion y aulll-bien que celui qui acheteroit des droits litigieux. Il étoit même défendu à tous magiilrats d'ac- t^hït auGuoe.claofe par achat y donation , C O N 855 ou autrement , dans les provinces où ils, étoient étblis , pendant leur adminifiration , fous peine de concujjion. Cette prohibition d'acquérir faite aux: magiltrats étoit autrefois uhtée parmi nous ; du moins ils ne pouvoient acquérir dans leur jurildidion ians permiliion du roi , comme il paroît par les ordonnances de S. Louis & de Philippe-lc-bel ; mais cet ulage elt de- puis long-temps aboh , attendu que les magiflratures étant parmi nous perpétuelles , & non pas annales , ou triennales comme elles l'étoient chez les Romains , les juges magiltrats feroient interdits de pouvoir ja- mais acquérir dans leur pays. Tout ce qui nous ell refté de l'ancien ufage , eft la prohibition aux juges d'ac- quérir les biens qui fe décrètent dans leurs Ceges. Il faut encore remarquer que chez les. Romains le duc ou gouverneur de province étoit tenu de rendre non-1'eulement les exac-- tions qu'il avoit faites perfonnellemcnt ,. mais aufli ce qui avoit été reçu par les fubal-* ternes & domeftiques. Le crime dâ concujjion n'otoit mis au» nombre des crimes publics , que quand il étoit commis par un magiftrat ; & lorfqu'il étoit commis par une perfonne de moindre quahté , cen'étoit qu'un crime privé; mais- cela n ell point ufité parminous, ce n'eft pas la qualité des perfonnes qui rend [qs cri- mes publics ou privés , mais- la. nasure des- crimes. Les. anciennes ordonnances un peu trop indulgentes pour les juges , leur laifToient la liberté de- recevoir , certaines chofes „ comme du vin en bouteilles. Mais V ordonnance de Moulins art. vcf ET 2.0. défendit aux juges de rien prendre des parties , linon- ce qui leur efl permis par l'or- donnance , & aux procureurs du roi de rien- prendre du tout ; mais cela a été changé pour, les derniers... UOrdonnance de B lois y. art. 124. efî: conçue en- termes plus généraux : elle dé- fend àtous.ofïîciers royaux &' autres, ayant charge & commiflion de S. M., de quelque - état, quahté & condition qu'ils ibient , de prendre nL recevoir de ceux qui auront af- faire à eux , aucuns dons & préfens de quel-- .que chofe quece fuit, fur peine de c.ojicujjioii,. gc.i C O N Il y a encore pîufieurs autres ordonnances qui défendent à divers officiers toutes for- tes d'exadions. L'accufation pour crime de concujjlon peut être intentée , non-feulement par celui contre qui le crime a été commis , mais aufli par le minifîere public, attendu que le crime efl: public. Chez les Romains , il falloir que l'accufa- tion fût intentée dans l'année depuis l'ad- miniftration finie ; mais parmi nous l'ac- tion dure 20 ans comme pour les autres crimes. On peut agir contre les héritiers du con- cuffionnaire , pour la répétition du gain in- jufte qu'il a fait. A l'égard de la peine qui a lieu pour con- cujjlon y elle eft arbitraire comme celle de tous les autres crimes : quelques concuf- fionnaires n'ont été condamnés qu'à une peine pécuniaire, d'autres au bannifTement ou aux galères , quelques-uns ont même -été punis de mort ; cela dépend des cir- conltances. Voye\ V ordonnance de t ^39 y article 84. y celle iS' Orléans , article 45 , yy , 233,. Blois , article $^, 2 24 y ^ 57 i le re'glement du confeil du mois de novembre zGo2 y art. 45 ^ le dich^onn. des arrêts y tw mox. concujfion. {A) ^ * CONDAxMNATION, {Ilijl. anc.) c'étoit une adion du préteur qui , après avoir vu fur les tablettes des juges quelles étoient leurs opinions , fe dépouilloit de fa prétexte , & difoit , videtur fecijfe ; ou , non jure videtur fecijfe. Les juges qui dévoient déterminer le préteur , lorfqu'ils croyoient i'accufé coupable , ne mertoient qu'un C. fur les tablettes , ce qui figni- fioit condemno ; le préteur étoit obligé d'é- noncer le crime & la punition ; par exem- ple , videtur vim feciffe y atque eo nomine aquœ & igni y illi interdico. On appelloit auÛ\ condamnation ce qu'on faifoit payer au coupable. ^o>'. Tarticle fuivant.La condam- nation des édifices , condemnatio œdium y confifloit à détruire la maifon du coupable , après lui avoir ôté la vie. Condamnation, (/«n/pr.) efl un ju- gement qui condamne quelqu'un à faire , donner , ou payer quelque chofe , oy qui le déclare déchu de fes prétentions. C O N Paffer condamnation y c'eft fe défillcr de fa demande. Subir fa condamnation y fignifîe être oon- damné y quelquefois c'elt acquiefcer au ju- gement ; c'efl en ce dernier lens qu'on l'entend ordinairement en matière cri- minelle. On entend quelquefois aufîî par le terme de condamnations , les chofes mêmes aux- quelles la partie efl condamnée , telles qu'une fomme d'argent , les intérêts & frais. C'efl en ce fens que l'on dit , ojf'rir 6" payer le montant des condamnations y ac- quitter les condamnations. C'eff un axiome commun , qu'on ne con- damne perfbnne ùir,& J'entendre , c'eft-à- dire fans l'avoir mis en demeure de venir fe défendre ; car en matière civile on donne défaut contre les défaillans , & en matière criminelle il y a des défauts & jugemens par contumace contre ceux qui ne fe préfcntent pas ; on peut même condamner un accule abfent à une peine capitale s'il y a lieu , en quoi notre ufage efl différent de celui des Roj|Eiains , dont les loix défendoient expref- fement de condamner les abfens acculés de crime capital. L. z . cod. de requir. reis. l. 2 . ff. eod. l. 6. c. des accuf. & /. ^.ff. de pœnis. Ce qui étoit autrefois obfervé en France , comme il paroît par les capitulaires de Charlemagne, liv. VIII. cap. 2.0 z Ù J54 y rnais depuis l'ufage a changé. Toute condamnation eu donc précédée d'une inflrudion , & l'on ne doit pronon- cer aucune condamnation y même con- tre un défaillant ou contumace , qu'il n'y ait des preuves fuffifantcs contre lui ; &: dans le doute , en matière criminelle , il vaut mieux abfoudre un coupable que de condamner un homme qui peut être innocent. On prononce néanmoins quelquefois en Angleterre une condamnation fans formalité & lans preuve juridique ; mais cela ne fè fait qu'en parlement , & pour critne de haute trahifon , que nous appelions ici de lefe-majefté : il faut même que le cas foit prefîant , & qu'il y ait des confidérations importantes pour en ufer ainfi ; car c'efl l'exercice le plus redoutable de l'autorité fouveraine : par exemple , fi les preuves ju- ridiques ipanquent , quoiqu'il y ait d'ail- C ON leurs des preuves moralement certaines; ou bien lorfquel'on veut éviter un conflit entre les deux chambres, fi l'on ne veut pas apprendre au public certains (ecrets d'érat, &c. dans tous ces cas , fans témoins ouis , fans interrogatoire, on déclare cet homme atteint & convaincu du crime : i'acle qui contient cette déclaration & condamnation^ s'appelle un atteinder. Voyez la féconde fuite des réflex. pour la maifon d'Hanovre ; à Lancajhe p tj^-S. Il n'y a que les juges qui puilfent pro- noncer une condamnation proprement dite, car c'eft iniproprement que l'on dit qu'un homme a été condamné par les avocats qu'il a conlultés , les avocats ne donnant qu'un avis par lequel ils approuvent ou im- prouvent ce qui leur eit expofé ; mais des arbitres choilis par un compromis peu- vent condamner de même que des juges ordinaires. En Bretagne & dans quelques autres pro- vinces , les notaires fe fervent du terme de condamnation , pour obliger ceux qui con- tradent devant eux: après la reconnoifïànce ou promelîê de la partie , le notaire ajoute ces mots, dont nous T avons jugé ù condam- né'^ ce qui vient de ce qu'autrefois tous les ades pubhcs étoient rédigés fous les yeux du juge par les notaires qui faifoient en même temps les fondions de greffier ; c'efl pour- quoi les ades paffés devant notaire font encore intitulés du nom du juge ; les no- taires font même api^llés juges chartulaires, & ont une jurifdidion volontaire fur les contradans ; ce quia encore pu leur donner lieu de fe fervir du terme condamner. Tout juge qui a pouvoir de condamner quelqu'un , a aufli le pouvoir de le déchar- ger ou abfoudre de la demande ou accufa- tion formée contre lui. On préfume toujours que la condamna- tion eft jufte, jufqu'à ce qu'elle foit anéantie par les voies de droit , & par un juge i"u- périeur. Les condamnations portées par des juge- mens rendus à l'audience , font prononcées à haute voix aux parties , ou à leurs avo- cats & procureurs. A l'égard des affaires qui fe jugent à la chambre du confeil , il faut dittinguer les affaires civiles & les afîaires criminelles. CON 85^ Dans les affaires civiles , autrefois on devoit prononcer les jugemens aux par- ties auflitôt qu'ils étoient mis au grefïè , à peine de nuUité , même Ikns attendre le jour ordinaire des prononciations , fi l'une des parties le requéroit ; cette formalité a été abrogée comme inutile par l'ordonnance de 2 66 j . Dans les affaires criminelles on pro- nonce le jugement aux accufés qui font préfens , & les condamnations à peine afflidive doivent être exécutées le même jour. L'accufé doit tenir prifon jufqu'à ce qu il ait payé les condamnations pécuniai- res, , foit envers le roi , ou envers la par- tie civile. Les condamnations font ordinairement perlbnnelles ; cependant en matière de dé- lits , les pères font relponfables civi- lement àts faits de leurs enfans étant en leur puifTance ; les maîtres, des faits de leurs domefHques , en l'emploi dont ils les ont chargés. Il y a même quelques exemples en ma- tière criminelle, que la peine a été éten- due fur \ts enfans du condamné , & fur toutc fa poftérité , en les dégradant de no- bleflé ou autrement ; ce qui ne fe pratique que dans àts cas très-graves , comme pour crime de lefe-majellé. Du temps de Louis XI, lorfque Jacques d'Armagnac duc de Nemours eut la tête tranchée le 4 août 1477 aux halles , on mitfde l'ordre du roi les deux enfans du coupable fousl'échat'aud, afin que lefang de leur père coulât fur eux. Les condamnaùons à quelque peine qui emporte mort naturelle ou civile, n'ont leur efïèt pour la mort civile , que du jour qu'elles font exécutées réellement fi l'ac- cufé efl préfent ; ou s'il eft abfent , il faut qu'elles foient exécutées par effigie s'il y a peine de mort, ou par l'appofi- tion d'un tableau feulement , fi c'eft quel- que autre peine afflidive qui n'emporte pas mort naturelle. Mais les condamnations à^mort naturelle ou civile annullent le teflament du con- damné , quoique antérieur à fa condamna- tion ; parce que pour tefler valablement, il faut que le teflateur ait les droits de cité au temps du décès. 2^6 C O N Les lettres de grâce empêchent bien l'exé- cution de la fentence , quant à la peine affli6tive , mais elles ne détruifent pas la condamnation ni la jflétrifTure qui en refaite; il n'y a qu'un jugement portant abfolution , ou bien des lettres d'innocentation , qui efîàcent entièrement la tache des condam- nations. Lorfque les condamnations font pour 4 j 5 > & même dix fois autant d'air , qu'il en tient dans un pareil efpace hors da la machine. Voy. CONDENSATION. Il y a différens moyens de condenfer l'air : on en peut voir plufieurs aux art. AR- QUEBUSE A VENT , Ùc. En général les moyens de condenfer l'air font l'invcrfe des moyens de le raréfier. Voulez-vous con- denfer l'air dans un globe creux ; faites-y entrer de l'air avec un piflon , & adaptez à l'ouverture intérieure du trou fait au globe, une fbupape qui permette à l'air d'entrer , & qui l'empêche de fortir. C'efl ainfi qu'on condenfe l'air dans un ballon ,■ par exemple. On pourroit aufli par une opératioii contraire à celle dont on fe fert pour raréfier l'air dans le récipient de la machine pneumatique , condenfer l'air dans ce même récipient ; c'efl ce qu'on verra avec un peu d'attention ; mais il faut pour . - • P pppp cette opération que, k récipient. Ipit biçn lutté -contre la platjne ,^^ &, qu'il, ftit aflez de force pour rçùiW , ^^ I^. preffion inté,- ^ieure- de ïa'ix. , condenfé , très-çapabJe de k .brirçr par Ton effort. Voye^ MACHINE PNEUMATIQUE. (Ô) - ,^ . .- . CONDENSATION , Ç f. ,( Phyfiguc, ) a<2;iûn par laquelle un a^rpsçfl rendu plus denfe , plus compade & plus lourd. Vqy. Densité & Compression^.-, ;. ,j,i.s_ ., La condenfanon c.onfifle à rapprocner les parties d'un corps les unes des. autres,, &ç augrnenter leur cpnrad , >,a^ coritraire de la raréfaf^ioa qui les écarte les unes des autres , diminue , ,jeyr conraâ,., . & par confëqu^nt leurçoh^iQn, & rend les corps plus légers &: plus.. mous. Voye^ Raréfaction.,. -Woliius &, quelques autres .auteurs r^^T neignent Tufage du mox àtcondenifadon -Xh liqle iidion du. froid- , appellant, ^onipvçj^r- Jivn tout ce.qwi fe fait par Tapplication d'une force extérieure. Voy. COMPRESSION. L'air fp condenfé ailément , .{ok par le froid, foit artiliciellement ; pour l'eau , elle ne le condenfé jamais ; & elle pénètre \ts corps les plus folides , l'or rnême ,, -plutôt que de rien perdre de fon volume. V^oye^ Eau. ^ -; v .x../'.; On trouva à l'obfervatoire.rpenjd^nt, le grand froid de l'année 1^70 , que les .. corps hs plus durs , jufqu'aux métaux , aùvierre , & au mc.rbre même. , étoient fenfiblement condenlés par le froid , & qu'ils étoient devenus plus durs & plus ^cafîans qu au- paravant ; ce qu^ dura julqu'au dégel , qu'ils reprirent leur premier état. , r- . L'eau eft le feul fluide quij paraiffe fe di- later par le froid ; tellement que lorfqu'clle cft gelée , elle occupe plus de place qu'elle n'en occupoit auparavant : mais on doit at- tribuer cet effet plutôt à l'introduâion de quelque matière étrangère , .comme des par- ticules de l'air environnant , qu'à aucune ra- réfadion particulière de l'eau cauféepar le froid. Voy. FROlD^Cp.NPELATî,ON. . . Si l'on fait entrer beaucoup d!air dans un vafe fermé , ce vafe deviendra plus pèfant ; & f] enfuite oa laiffe échapper l'air ,.;il for- tira avec beaucoup de violencç ,. .& le vafe Reprendra ià première pe/àntçur. Ôr , iJfuit de cette expérier^ce , l?, qu^I'aiç.étoit réçluit à un moindre volume que celui qu'il occupe V C O N . ordj^^aireraenr ,. ,& qu il eft par cQnféquçm; comprtfîiblc. Pour la mefùre cfe fa comprcf- fion., ^0}'. Compression fi? Air. TP. Qu'il efl forri autant d'^ir qu'il en étoit enitré , ce, que, prouve le rétabliflè- raent . de la pçf anteur du vafe , dont l'air comprimé fe, rejUtuç dajis fon. premier état fila force comprimante en ôtée , ^ confé- quemment il ell élaftique. voye\ El'AS- TICITÉ,,.. ;;^;ï V, , '>./. .' .... 1 3?. ...Que puifque le.. poicfs d[u vafe efl augmenté car l'air irijedé , l'air .e,fl par ccn- féquent pelant, ^ qu'il preffe perpendicu- lairement,^;!, l'horizon, les corps en\5irpn-r naçs y,.. félon les Idix de la gravité. yoye\ Gravit^.-, ,. . .,.,,, -. , ., 4-**^^ _Que c'efl uii figne çejt^itx delà cptri- prefilon de. l'air, quand,,, en,, ouvrant l'orî- fice d'un vàifTeau , on obferve qu'il en fort de;i'air., ^,^.0 ;,,,-.... , >.. m^,, .;iu.» ...Laur.^ony^/T/i?' produit des eSet^ direde- iiient.pppofes à ceux, 'de l'air raréliç., Le.s oifeaux. y paroiifep.t plus gai^ &: plus vivans que dnjis l'ordinnire , Ùc. Chamhers. ( O) ^.CONDIGNITÉ., f f.XViMogXtpé^ rite de condignite you,^ comm.e s'expriment les. fcholafl;iqu,es , rnériîç de cpndigno. C'eft Iç mérite auquel Dieu , en vertu de fa pro- mefîé de la proportion. des œuvres^ avec fa gr.ace , doit une récompenfe .A titre de i.uflice. Cette candignite e^cige des condi- tions de la part de l'homme , de l'ade méritoire, & de la part de Dieu. Delà part de l'homme, les conditions font , 1°. qu'il foit juftc , 1°. qu'il fcnt ençoi-e dans la. voie. , c'efl-à-dire , fur la terre. L'ade n;iéritoire doit être libre , moralement bon , fjrnaturel diins fon principe , c'efl- à-dire > fait.par le mouvement de la grâce , & rap- porté à Dieu. Enfin , de la part de Dieu , il faut qu'U y ait une promeffe ou obliga- tion de récpmpenfer. De ces principes , hs. Théologiens concluent que l'homme ne peut mériter de condigno , ni la première grâce fandifiante , ni le don de la perfé- vérance , mais que les juflcs ne peuvent mériter .la vie éternelle d'un mérite de condignité. Voye\ GrACE , MÉRITE y &c. (g) . CONDINSKI ou CONDORA , (G^og, mpd.^) pjovince à l'orient de la RujFie avec titre de du chef Elle cfl remplie de forêts CON 1^ de montagnes ; les h;iDirnn.s font idolâ- tres, & pâïcrit au cziir un tribut en fourru- res & pellereries. C0NÎ3IT , T. m. (Pharmacie.) on en- tend par condit ^ eii Pharmacie , la même choie que l'on entend èii générai par le mot dç confiture. ' Les Apothicaires confifoient autrefois un grand nombre de racines ', d'écorces , de fruits , ùc. qu*ils rcnfermoicnt fous la dé- nomination de condit ; tant pour les ufages de la médecine , que pour les délices de la bouche. 'Mais i\ préfent à peine trouve-t-on deux ou trois co/24/^fj dans les boutiques àts Apo- thicaires ; Ils rie gardent guère lous cetre forme que la racine à^eringium , celle de fatyriurfi , & celle de gingembre , qu'ils j'eçoivent toute confite à^s Indes. Voye"^ la manière de confire Tune ou l'autre des deux premières racines. Prenez àts racines àt fatyrium ou d'erin- ginm bien nettoyées & bien mondées , une livre , par exemple ; faites-les bouillir jus- qu'à ce qu'elles foient bien ramollies dans line fuffifante quantité d'eau commune , après quoi vous les retirerez de feau & les égouttercz bien. Vous ferez cuire dans l'eau de la décodion une livre & demie de fucre , que vous clarifierez avec le blanc d'œuf , après q^uoi vous y ajouterez vos racines, '& ferez bouillir le tout eniêmble Jufqu'à "ce que lé firop ait une confiiîancé fort épaifîe ; vous verferez le tout , racines & .firop , dans un pot , que vous ne fermerez 'qu'après un refroidiffement parfait." "*' ' ' Les conferves , qu*on pourroit ranger Ibus le nom générique de condit y diifiê- rent de l'efpece de confiture que nous ve- nons de décrire , par le manuel de leur pré- paration. Voyei Conserve. \b) ' ; *CONDITEUR, {Myth.)^ conditor; dieii champêtre qui veilloit après les moif- fons a la récolte des grains, ainfi que fon nom l'annonce. On appelloit auffi conditor 'le chef des fadions du cirque. Voye^ ClïtbuE. ' - CONDITION , [Gmm. & Jurifp.) tû une çlaufe qui fait dépendre l*exécution d'un â(àe de quelque événement incertain , ou d^e raccohîplifleniènt dé ijuclque claufe "paruculîéré V t>ar' e^^ , 'quelcju'un s'o-j bîi^e de payer une fon-me sy c?.s cu'ei^^ foit encore* diié , '&' qùll né s^bn' trouve pr.s de quittance ; ou bien', fi celui aii profit dfe qui l'obligation efl paflec , achève 'lin' ôâ- vrage qu'il a commencé. ' '" ' ' On peut fuppofer 'des conditions dans une convention, dans une difpofitiori de dernière volonté, ou dans un jugement. II n'y a point de forme déterminée pour établir une condition ; la plus naturelle efl celle qui eft conçue dans ces termes , à condition défaire telle chofe : msisuhQ con- dition peut auffi être appofée en d'autres termes équipoliens , félon la nature de la condition : par exemple y fi telle chofe eft faite dans uri certain temps , ou au cas que cela foit fait dans tel teifips y ou pouriu que telle chofe foit faite y &c. On diflingue dans un aéb la caufe , le mode , & la démonilration , d'avec la condition. La caufe eft le principe qui fait agir ; par exemple , je- donne à un tel pour la bonne amitié qu'il a pour moi ^ cela né forme pas un ade conditionnel : mais la caufe finale eft la même choie qu'une con- dition y comme lorfcju'on donne pour bâtir une maifon. Le mode eft aufïî la même chofe que la caufe finale : c'eft lorfqû'on dit je lègue à un tel pour achever f à maifon y oii afin '(^ii^ilpaiefès dettes ; c'eft-là un mode, & non lihé condition : la différence qu'il y a dé l'un à l'autre , eft que la condition fait une partie'efientiellé de l'ade, en forte que là chofe donnée ou léguée foiis condition ne peut être exigée qu'après l'accompliiTe- ment de la condition ; au lieu que le legs ou la donation qui ne renferment qu^un mode, peuvent être demandés fans atten- dre ce qui pourra être fait par la fuite rela- tivement au mode. Le mode eft une charge impofée à la con- vention ou difpofition ; il ne diffère point de la condition poteftative. Voye^ MoDE. La démonftratibn eft une défignation de quelque perfonne ou chofe. Une démonf- tration vicieufe ne rend pas la difpofition nulle : par exemple , fi le teftafeur lègue à un tel fon neveu majeur, &- qlie le neveu foit mineur , bti qu'il lui ait légué fon che- val itôîi* , & due le cheval foit d'une adiré •>;« ntAi- u w. 1 "-Fpppp 2 ''' -^^' 8^0 C O N couleur , le legs n'efl pas moins valable , parce que le reflateur n^a pas fait dépendre fa difpolition de la qualité du légataire , ni de la qualité qu'il a donnée à la choie léguée; la diipofition n'efl pas conditionnelle. Dans les conventions & difpoiitions dont l'accompliflement dépend de l'événement d'une condition , tout demeure en fufpens comme s'il n'y avoit pas eu de convention ou de difpolition , jufqu'à ce que la condi- tion foit arrivée ou remplie , & fi la condi- tion n'arrive pas, la convention ou difpo- lition ell anéantie par la claufe même qui la fait dépendre de la condition : par exem- ple, dans une vente qui doit s'accomplir par l'événement d'une condition y l'acheteur n'a qu'un droit éventuel , & le vendeur de- meure propriétaire de la chofe vendue , & fait les fruits fiens jufqu'à ce que la condi- tion foit arrivée. L^accomptiflement de la condition donne «fl'Ct à i'aâe , & cet effet efî: même queîque- "fois rétro«(^if , fuivant ce qui a été convenu ou ordonné à ce fujet par l'aûe qui ren- ferme la condition. Lorfque la convention ou difpolition efl déjà exécutée , mais qu'elle peut être réfolue par l'événement d'une condition y les cho- ies demeurent dans l'état où elles font, fui- vant la convention ou difpolition , jufqu'à ce que la condition foit arrivée ; & dans ce cas le profit & la perte tombent fur celui qui jouit en vertu de l'ade ; &: quand la condition eu accomplie , foit qu'elle con- firme ou qu'elle réfolve la convention ou difpofition , le gain & la perte regardent celui qui fe trouve maître de la chofê. Les conditions qui fe rapportent au pré- fent ou au pafïe , produifent leur effet du moment même de l'ade , de forte que fi l'on ignore d'abord l'état des chofes par rapport à la cond'uion y c'eft-à-dire fi elle fe trouve remplie ou non , l'exécution ou réfolution de l'ade efl: feulement en fufpens , & la condition a un effet rétroadif au jour de l'ade. Quand, on a appofé quelque condition im- poflible ou contre les bonnes mœurs , fi c'efl dans un tefîarnent , elle efl regardée comnie non écrite ; fi c'efl dans une con-; xeaiion j, U condition eil noa- feulement C O N vicieufe en elle-même , mais elle vicie aulîî le refle de l'ade. Pour ce qui efl des conditions inutiles , dans quelque ade que ce foit , elles font re- gardées comme non écrites. Si celui qui a promis de remplir quelque condition y vient à décéder avant de l'avoir fait , fon héritier efl tenu de remplir le même engagement , fuppofé qu'il foit tel qu'une perfonne puifTe le remplir pour une autre , autrement il fe réfoudroit en dom- mages & intérêts. Quoiqu'on ait fixe dans l'ade le temps dans lequel la condition poteflative doit être remplie , la juflice peut néanmoins proroger ce délai fuivant les circondances , fur-tout fi le retardement n'a caufé aucun préjudice à celui qui a fVipulé la condition y ou que le dommage puiiîe être réparé. Si quelqu'une des parties empêche l'ac- compliflement de la condition pour éluder l'exécution de fon engagement , la condition fera cenfée arrivée à fon égard , & la con- vention ou difpofition fera exécutée. Le nombre des d iver fes efpeces de con- ditions que l'on peut' appofer dans un ade n'efl pas Hmitc ; il y en a autant que de dif- férentes claufes ; dans les conventions , les unes font relatives à des événemens palîés , ou à venir ; d'autres tendent à obliger quel- qu'un de donner quelque chofe , ou à faire ou à nf pas faire quelque chofe. Nous expli- querons ici feulement les conditions qui ont un nom particulier. Condition AFFiRMATivE,efl celle qui efl conçue en termes pofîtifs ou afîirmatifs : par exemple , j'infiitue un tel mon héritier fi un vaiffeau arrive de VAfie ; elle efl op^ pofée à la condition aégative , qui efl coa- çue en termes négatifs ; comme fi l'on, dit , j'inflitue un tel mon héritier s'il n'efl pas ; engagé dans les ordres.. Ces fortes de con- ditions affirmatives & négatives peuvent l'une & l'autre être poteflatives , caflielles , ou mixtes , & conférées à la volonté, d'un tiers. V^oyei ci-après CONDITION CA,- suELLE, Mixte <& potestative, b Condition négative. Conditions alternatives ; elles font de cette efpece lorfque i'ade en contient plufieurs ,. & que celui à qui elles font impq- ïéç^ a le. choix de remplir l'une ou l'autre C O N de ces conditions. Elles font aulîî alternatives lorfque de deux conditions cafuelles qui font flipulées , il fuffit qu'il en arrive une. Condition casuelle, eft celle dont l'événement dépend du hazard , comme û un legs eft fait fous la condition^ nai'is ex AJm venerit : elle eft appellée en droit non promijcuay parce qu'elle dépend entièrement du hazard; à la différence delà poteftative , qu'on appelle en droit promifcua ^ parce qu'elle dépend toujours en partie du hazard. Vojyei Condition potestative. Conditions conjointes ; c'efl lorf- qu'il y a pluiieurs conditions qui doivent être remphes pour que la difpofîtion ait Ion effet. Condition dérisoire; on regarde comme telle une condition qui n'a point d'ob- jet férieux , aucun intérêt légitime , & .qui tend à obliger de faire quelque chofe de ri- dicule , comme fi un homme ordonnoit à quelqu'un de fe promener dans la ville avec des cornes fur la tête ; ces fortes de condi- tions doivent être mifes dans la clalTe des Conditions inutiles. _ Condition deshonnete ; on appelle ainfi celle qui bleffe l'honnêteté ou les bonnes mœurs , & que les loix appellent probrofa : telle feroit , par exemple , la claufê qui im- poferoit à un homme marié la condition de faire divorce avec fa femme. Ces fortes de conditions font rejetées dans les tejlamens ; & Il elles fe trouvent dans une convention , elles annullent l'ade. L. lo. ff.de condit. & demonfir. & l.fiquis 112. §. 3. de légat, i. Condition dividue , eft celle qui porte fur un fait qui efl dividu; elle eft oppo- féc à la condition individue , qui porte fur un fîiit individu , c'efl-à-dire qui ne fouffre point de divifion : tel eu le cas où deux légataires font chargés par forme de condition de conl^ truireune maifon; comme ce fait ne fouffre * point de divifion , la condition ne doit pas êtredivifée. ï^oye^ Dumoulin, tr. de divid. & individ. part. II. n. '^86 ^ les loix ^6 , Ê? i z z. au dig. de condit. & demonfir. Ù ^l. t 3'ff' demanum. tefiam.. Condition de Droit ou légale , eft celle que la loi impofe à quelqu'un ; elle eft toujours fuppléée , quand même elle ne feroit point écrite dans l'ade. Il y a des con- ditions légales pour les contrats , d'autres pOMr les teftamens & autres ades ; ces condi- C O N S5i tions ne font pas fufpenfives , mais négatives & réfolutives. V^qy. le tr. de Brufïèl confeiller de l'empereur Charles V. de conditionibus y où il traite d'un grand nombre de ces condi- tions légales. Condition expresse, eft celle qui eft exprimée dans l'ade ou dans la loi ; au lieu que la condition tacite qui n'y ei\ pas expri- mée fe fupplée. V. Condition tacite. Condition de fait ; c'eft ainfi qii'on appelle celle qui a pour objet des faits afîir- matifsou négatifs , & impofés par l'ade , tels que la condition de donner ou de faire quel- que chofe , ou au contraire de ne point don- ner ou ne point faire telle chofe ; ou ii tel événement arrive ou n'arrive pas. Les co/2- ditions défait font oppofées aux conditions de droit , lefquelles ne font point impofées par la difpofition de l'homme, mais par celle de la loi. Condition fausse , fe dit par op- polition à condition vraie. Voje:^ ci-après Condition vraie. Condition defaturo, efl celle qui fe rapporte à un événement à venir , comme quand un teftateur ordonne que l'on don- nera à un tel une certaine fomrae lorfqu'il fe mariera : ces fortes de conditions defu- turo font les feules qui ont un eilet fufpenfîf. Le g. 3$. Jf. de reh. crédit. Condition HONNETE oMLiciTE, fe dit de celle qui porte fur un fait , lequel n'efl point contraire aux bonnes mœurs : elle efl oppofée ^ condition déshonnête. V^oyey^ ci- devant Condition deshonnete. Condition impossible , efl celle qui ne peut pas être accomplie : l'impofîlbilité provient ou ex naturâ rei y comrpe d'empê- cher le vent ou la pluie , ou de la loi qui dé- fend de faire ce qui eft porté par la condi^ tion ou du fait de celui qui efl chargé de fa condition y comme de prouver la légitimité. Ces fortes de conditions font regardées comme non écrites dans les teflamens ; & fi c^efl dans une convention , elles vicient l'ade. Voye^ ce qu'il efl dit au commence- ment fur les. Conditions en général. Condition indivïbue , s'entend Je celle que chacun efl tenu d'accomplir en entier, & qui ne peut pas fe divifer entre ceux qui en font chargés. l^oj€\ ci^devanf Condition DIVIDUE, i6^ C O N Condition inept^., tient quelquefois ■beaucoup de la condidoii dérlfoire'; elle torme néanmoins encore.un ^rnie particulier, U marque ,plus d'imbécillité que de fqlie : telle féroit , par exemple , la condition qu'un tellattur impoferoit d'enterrer avec lui lès babits ti Tes livres ; ces ibrtcs àt conditions font rejetécs. L. z 2 3-JF. de Légat, j. ÇONDITiaN INVOJ.ONTAIRE, .voye^ Condition nécessaire. Condition inutile ; on qualifie ainfi celle qui n'opère aucun eftct , qui cft re- gardée comm« non écrire , & qui ne peut liilpcndre ni réfoudre reftét de la conven- tion ou difpofition , laquelle ett pure & fnnplc , nonobllant rappofition de la condi- tion inutile oufupeifiiie ; ce qui arrive lorf- que la condition cft rejetée comme impolli- ble ou comme contraire aux loix , à l' hon- nêteté & aux bonnes mœurs , ou cornme incapable de produire Ton eliét naturel ; quand ce n'efl qu'une exprej^ion d'une chofe inhérente , & qui eft toujours tacitement fous-cntenduç dans l'ade. Conditions Jointes, voy. Condi- moNS. conjointes. Condition de jurer ou de faire ferment fur unfaitpafje, préfent , ou à venir y étoit rqetée chez les Romains dans les teftamens & autres difpofitions de dernière volonté ; l. 8 . ff. de condit. inftit. mais elle étoit va- lable dans les contrats entre-vifs. L. 5^. J^. de jurejurando. Parmi nous cette condi- tion eft rejetéc dans tous les ades , foit en- tre-vifs ou à caufe de mort , excepté dans les jugemens, parce que la religion du fer- ment ne devant point être prodiguée, il n'y a que le juge qui puifle impofer cette con- dition. Les notaires reçoivent néanmoins "le ferment des parties. dans les inventaires , "& les commifTaires dans les procès-verbaux , 'enquêtes , & informations ; mais la raifon eft qu'ils font en cette partie la fondion de Condition légale , voye^ ci-devant 'Condition de Droit. Condition licite , eft celle qui n'eft point prohibée par les Ipix, ;& qui n'eft point contraire aux bonnes mœurs. Condition de se marier , foit en ; général , ou avec une certaine peffonne , ou avec une 'perfonne de tjêlle ville ou tel lieu , ç 0 isr e/l une condition licite ^ ,& qui o*a rien çorj* tre les •boi;yies maurs , pourvu que ce ne foit pas avec une perfonrie .indigne. Condition de n^ point se ma- rier, eft rejetée clans les télJamens , & elle annulle les aélcs entre-vifs, comme étant contraire ârintérct public , qui eft que l'on procure desiujets à l'état : mais hi' condi- tion de refter pn viduité^pçut être appofée, dans un afie , foit entre-vifs qu à 'caule de mort. -Voye^ ci-après CoNDÏtjbN DÉ VIDUITÉ. Condition MIXTE , eft celle qui^eft partie cafuelle & partie poteftative , c'eft-à- dire qui dépend à la fois du hazard &: du pouvoir de celui auquel elle eft impoféé*, ou lorfqu'elle dépend auffi en partie du fait d'un tiers. L. unie. §. j .de caducis tollend. Condition MOMENTANÉE ; on ap- pelle ainii toute condiition qui peut être ac- complie par un feul événement, & qui peut arriver dans un inftant; par exemple,/^ navls ex AJia venerit : on regarde même comme momentanée celle qui demande du temps pour être accomplie, telle que {^condition de bâtir une maifon , quoiqu'il faille un certain temps pour la bâtir ; parce que la condition s'accompht toujours en ce cas dans un feul inftant, qui eft celui où la maifon eft achevée. Condition nécessaire , eft celle qui eft de la nature de l'adc : c'eft ainfi que la fubftltution vulgaire doit être conçue e;i termes qui marquent que le premier infti- tué ne fera point héritier. y^oy£\ Fernand , ad le g. ult. cod. de poftjium, hered. injî. Condition négative, quieftoppo- fée à la condition ajfirmativè p eft celle qui efl conçue. en termes négatifs : par exemple, /e donne à un tel au cas qii 'Une fe remarie pas ; au lieu que l'affirmative feroit ^u cas qu*il fe remarie. La négative peut être poteflative, cafuelle , ou mixte , de même que l'affirtna- tive. Voyei Condition casuellè , MIXTE , & POTESTATIVE. Condition PENDANTE , c'cft-à-dire celle qui n'eft pas encore arrivée , auinéan- inqins n'a point manqué , & d.Qnt Je 'f^vR^ n'eft pas expiré. ÇONDITIQN possible ; on ne com- prend pas fqus ce terme toute condition q^î peut ^tre accomplie de fait , mais feulement qêIIcs qui, £çuvent l'être jégitimjemept,^^ ^ . côH qùî 'ne fetît p6int prohîb'^'es par les lôîx ou Confrâîrès aux bonnes mœùr^ ^. CôîîDiTÏQN :foTESTÂtiVË, elî cette qui dépend tTu fait Se 'du poûv'oîr (i*e œtùi. au- quel elle eft impoiee. y ûéîqùes-uhk "ditthi- giient deux fortes "de cbnânhonspoiefiàiîvlés, riihë jiufement poteîlative , Fàùtré potçlla- tivè câfijelle ; & meftiè une tfmïièmè forte qui éfl: la poteflatlve négative , qui coh- fifFe dans le pouvoir de ne pas faire quelque chofe : il eft néanmoins certaih qu'il n'y a point de conâîtioh purement pbtettàtivé af- firmative , parce que tiialgré l'intention que l'on petit avoir d'accornplir une "telle condi- tion y il peut néanmoins arriver qu'elle man- que par quelque cas fortuit ; c'elt pourquoi cette condition èfl àppelîée en droit /ro/n/'A cua ; il n'y a que la négative qui foit tou- jours poteftative : car on eil toujours Te maî- tre de ne pas faire une chofe ; au lieu que quand on veut l'a faire , fouyent on ne le peut pias. Çujâs, obf. Uv. XlV. ch. ij. Co^jyiTlO^ c[e pnvfenti , fe rapporte aii temps préfent , comme fi l'on dit , j'inf- titiie mon nevea mon héritier y au cas qu'il remporte le prix de Vacaderhie. _ Condition de pr'xttrîto y fe rapporte à un événement palîe , tel que feroit cette çlaufe ; je lègue, à un tel au cas qu'il ait rem- porté le p ri x.V oyez ci-demn t Co ND I TI O N defuturo. ... Condition rtedôublée : ce terme u(iré en matière de futilitution , fe réfère or- dinairement à la condition yz/z/ze liberis def- cejferit. La condition efl fimple lorfque le teltareur dit : pinftitae Mc^i'ius ; & s'il meurt fans enf ans > je lui fuhftitue Sempro- nius. Mais fi le teftateur dit -.j'iriflitue Mœ- vius ; Ù s'il meurt fans en/ans y & fes en- fans fans cnfans , je luifubflitue y &c. c'efî ce que l'on appelle une condition redoublée., parce qu'elle s'applique tant ^u père qu'aux entans. Condition réduplicatïve ; eflla même chofe que redoublée. Condition résolutive; efl celle qui par l'événement d'un cas prévu, réfbut & anéantit fade qui avoit déjà eu fon exécution. Voy. ci-après CONDITION SUSPENSIVE. Condition respective , ell celle qui n'ell pas impôiée purement & limple- ment , mais relativement à quelqu'un. C O I^ 8<^3 J^cmôïTÏÔÏÏ RÈSOLÙTïVë , efl celle d'ont Taf nVéé opère ha réfolution de la difpo- fitioji ; elle efl oppofée à la condition Juf-. pénjive y qui tient la difpofition en fuipens jùfqu'à ce que ta condition fbit arrivée. CÔNDÏtiON DE SERMENT , voy. <•/- i/^A'a/zr Condition DE jurer. Condition successive ; efl celle qui ne s'accomplit pas dans un feul infiant ni par un feul fait , mais dont l'exécution doit fe continuer autant de temps qu'il ell porte dans l'aâe. Voye\ ci-dei'ant CoiiBlTlOU momèntanëe. Condition suspensive; on entend par ce terme celle qui fait dépendre l'effet & la validité de Tade d'un événement à venir ; cette efpece de Condition efl celle que les loix appellent proprement condition ; car la réfolutive nefufptnd point l'effet ni l'exécu- tion de l'ade , mais elle l'anéantit lorfque le cas efl arrivé; &la condition négative y la charge & le mode , quand il efl fondé fur une caufe finale , ne font pas des conditions proprement dites , leur effet n'étant pas de fufpendre l'exécution de l'ade, mais de - fanéantir. CoNDlTIGÔsI TACITE , efl celle qui efl inhértnte à la chofe , & qui réfulte de !a na- ture du contrat ou de la loi, de manière qu'elle efl toujours fous-entendue, & produit fon effet comme fi elle avoit été exprimée : telle efl dans les contrats de vente la garantie de droit , c'efl-à-dire l'obligation de fmre jouir de la chofe vendue , qui efl toujours une condition tacite de la vente, à moins qu'il ne foit dit qu'elle efl faite (ans garantie. Condition de viduitéoz/de ne POINT SE remarier, efl licite , fur-tout lorfque la perfonne a desenfans d'un premier mariage ; on préfume que cette condition eflappofée pour l'intérêt de la famille. Condition volontaire , efl celle fans laquelle l'a^e peut fubfifler , & qui pro- cède feulement de la volonté de celui qui l'impofe ; la différence de la condition invo- lontaire ou nécejjaire y qui efl de l'effence de l'ade pour fa validité. Voye^ ci~dei.'ant Condition nécessaire. Condition vraie ; on entend par-U, :non pas celle qui efl arrivée & qui fe véri- ■fie , mais celle qui peut arriver & fe véri^ fier ; à la d!lï2rence''de la condition fctujfe^ 8^4 C O NT qui efl celle où Te trouve mêlé quelque fait qui ne peut être accompli parce qu'il eft im- pofilble. Condition utile , eft celle qui pro- duit Ton efîèt naturel , qui eft de fulpendre ou de réfoudre la convention ou dilpofition : on l'appelle ainli par oppofition aux condi- tions inutiles. Voyez ci-devant CONDI- TION INUTILE. Sur la qualité & l'effet des différentes con- ditions ^ on peut voir au digeftele tit. de condit. Ù demonjîrat. & au code le tit. de condit. infert. légat, ^fideicom. & plufieurs autres où il en efl parlé. Cette matière eft très-bien traitée par M. Furgeole , dans Ton tr.des teflam. tome II. ch. i'ij.fecf.:Z.(^A) Condition , {Jurifp.) dans quelques coutumes où il y a des ferfs & gens de main- morte ou mortaillables , fignifie les gens de condition feri'e ou la condition de main- morte ; par exemple la coutume d'Auver- gne , chap. xxvij. dit que toutes perfonnes font francs & de franche condition , encore -qu'en quelques lieux il y ait àts héritages tenus à condition de main-morte. Cette même coutume appelle quelquefois condi- tion fimplement le droit de main-morte ; droit de condition y le droit de main-morte appartenant au feigneur dired ; & condi- tionne' ou emphyte'ote conditionne' y celui qui tient en main-morte ; & héritage conditionné ou fujet à condition y celui qui eiî main- mortable. Voye^ CONDITIONNÉ. (^) '*' Condition , {Comm.) terme re- latif à la qualité d'une marchandife ; li qWc pêche par quelque endroit ou en quelque point , la condition , dit-on , en eft mau- vaife ; fi elle a toute la perfedion qu'on a coutume d'en defirer , on dit que la condi- tion en ert bonne. On a fait de condition le participe conditionné. CONDITIONNÉ , {Jurifp. ) dans la coutume d'Auvergne , efl un homme de ferve condition , de main - morte ou de fuite. Ce nom paroît venir de ce que dans l'origine , les ferfs & raain-mortables ont été foumis aux conditions qu'il a plu au feîgaeur de leur impofer. Suivant la cou- tume d'Auvergne , chap. xxvij. toutes per- fonnes étant & demeurans audit pays font francs & de franche condition , pofé qu'en auçyns lieux y ait héritages tenus à condi- C O N tion de main-morte"; mais ah pays de Coni- braille y a aucuns de ferve condition , de main-morte & de fuite , & les autres francs & af&anchis. Le feigneur dired qui a audit pays droit de condition de main-morte , fuccede à fon emphy téote conditionné de la- dite condition féparé & divis de fes parens' ou hgnagers , qui trépafîé fans defcendans de fon corps en loyal mariage, à l'héritage conditionné de ladite condition feulement; le co;z^/>/o/2/2^'(i'emphy téote conditionné) peut aliéner & dii'pofer dcfdits biens condition- nés à ladite condition , & de (qs autres biens par contrat entre-vifs pur & fimpleà fon plaifir & volonté ; mai§ le conditionné ne peut par teftament , contrat de mariage , afîbciation , ni autre ade faire héritier ou convention de fuccéder au préjudice du feigneur dired ayant le droit de condition / l'emphytéore conditionné efl tenu à ladite condition , depuis qu'il efl parti ou divis de fes frères & fœurs ou autres lignagers ; il ne peut faire pade de fuccéder par contrat d'afîôciation ni autrement avec (qs frères lignagers ou autres , au préjudice du fei- gneur dired ayant le droit de condition y pour empêcher que ce feigneur ne lui fuc- cede à défaut de defcendans en- loyal ma- riage es biens-meubles de ladite condition. On ne peut dire ni juger qu'il y ait eu par- tage entre le conditionné & Çqs frères ou li- gnagers , par la feule demeure féparée du conditionné & de fes autres frères ou parens par quelque laps de temps que ce foit , s'il n'y a partage formel tait entre le conditionné & (qs frères ou hgnagers , au commence- ment de partage par le partement du chan- teau. Le feigneur dired ayant le droit de condition y ne lùccede point à la fille mariée de fon conditionné qui meurt fans defcen- dans , encore qu'il lui ait été conflitué en dot l'héritage fujet à la condition ; ce font les lignagers , & à leur défaut le feigneur, quant à l'héritage conditionné donné en dot.' Mais aufïi le feigneur n'efl pas préféré en la fuccefllon de fon emphytéote conditionné à ladite condition y à la fille mariée du con- ditionné y encore qu'il n'y eût point d'autres enfans du conditionné ; & nonobflant que- la fille eût été mariée du vivant de fon père & hors fa raaifon , la fille eft toujours pré- férée au feigneur dired. \ A) .' Conditionné, C O N Conditionné, ÇComm.) Voyei^ Con- dition ( Commerce.) CONDITIONNEL, ad). (Gramm) ce qui n'eft point ablplu ; ce qui eft fujet à des reftridions ÔC des conditions. Les théologiens arméniens foutiennent que tous les décrets de Dieu , relatifs au fa- iut ou à la damnation des hommes , font conditionnels; les Gomariftes au contraire foutiennent qu'ils font abfolus , &c. En Logique, \t%propo(itions conditionnel- les admettent toutes fortes de contradic- tions , comme , par exemple ^fi ma mule tranfalpine s'efi envolée , ma mule tranf al- pine avait des ailes. Koye-^ PROPOSITION. Chamhers. Conditionnel, {Jurifp.) fignifietout ce qui eft ordonné ou convenu fous quelque condition , foit par jugement , foit par dif- pofition entre-vifs ou de dernière volonté, toit par convention ou obligation verbale & par écrit , fous feing-privé ou devant notaire; ainfi l'on dit une difpojîtion , infli- tution ^un legs conditionnels,uneoh\'iga.non conditionnelle , &:c. /^. CONDITION. (^J ^ * CONDITIONNER, v.ad. CComm.) c'eft donner à une marchandife toutes les façons néceflaires pour la rendre vénale : il a encore une autre acception , il fe prend pour certaines façons arbitraires, qu'on ne donne à la marchandife que quand elle eft furie point d'être livrée, &: que l'acheteur exige cette façon : il eft encore fynonyme à ajfortir dans quelques occafions. On, dit conditionner la foie. Foye:^ SoiE. § CONDOM, {Géog.) Condomium Vaf- conum , ville de Gafcogne , capitale du Condomois , avec évêché érigé en 13 17 par Jean Clément XXII; cette ville eft grande, peu peuplée 6c pauvre , faute de commerce; elle fut prife & ravagée en i>)69 par Gabriel de Mongommery , chef des proteftans ; c'eft la patrie de Scipion Dupleix, huloriographe de France; de Blaife deMontluc, dont nous avons d'ex- cellens méinoires hiftoriques; du P. Gai- chiis de l'oratoire , théologal de Soiftons, mort en 173 1 , dont les maximes fur la c/iair furent li eftimées lorfqii'elles parurent en 1737 , qu'on les attribua à M. MaftiHon ; & de M. Sabathier , auteur d'un dic- lionnaire clajjicjue des antiquités, i/j-o^. Tome VIU. CON 865 Se de plufteurs autres bons ouvrages. MM.de l'oratoire y ont le collège &la peniion où a été élevé M. de Montazet , lUuftre archevêque de Lyon : le grand Bof- fuet a été évêque de Condom. Le chapitre ne fut fécularifé qu'en i549> à la requifirion de Henri & de l'évêque Charles de PilTeîeur. Le diocefe, qui contient cent quarante paroift'es &: quatre-vingt annexes, eft un démembrement de celui d'Agen, au-delà de la Garonne, Se fuffragant de Bordeaux. (C) Long. 18 , 2 ; lat. 4 4 . CONDOM A, f. m. {kifi. nat. QuadrM- ped.) animal dont on n'a encore vu en Europe que la tête , armée de fes cornes. Les habitans naturels du cap de Bonne- Efpérance, lui donnent le nom de condoma\ Kolbe en fait une defcription au volume, III de fa difcription du Cap de Bonne-Efpé- rance , page 42 , fous le nom de chèvre faU' vage, nom qui paroit lui convenir davan- tage que celui de firepjiceros , que lui donne Caïus, dans l'ouvrage de Getner , de qua" drupedibus , page 2^5 ; car , félon la re- marque de M. de BufFon , à l'article de cet animal, édition i/z-ii de 1769, volume X, pag. 40 j , leftrepftcerosde Pline & des anciens eft l'antilope, que nous regardons comme un animal approchant de !a gazelle, quoique formant un genre particulier. Le condoma eft un animal de la taille d'un grand cerf, à jambes fort longues, mais-bien proportionnées , à fête armée de deux grandes cornes creufes, applaties, portant deux arêtes longitudinales, l'une en-defîiis^ l'autre en-deftbus , & quelques rugofités comme les cornes du bouc, &c non pas Aqs anneaux ; longues de deux pies à leur extrémité, droites , mais fléchies de deux tours de fpirale; il porte au menton une barbe grife & fort longue; fa queue eft médiocrement longue ôc atteint jufqu'aux genoux. Son poil , fulvant Kolbe , eft blanc fous le ventre , gris fur le refte' du corps , femé de quelques petites taches rouges , & coupé par. une raie blanche qui s'étend le long du dos , depuisia tête jufqu'à la queue , trois autres raies blanches coupent celle-ci en- travçrs ; la première au bas du cou , dont elle, fait le .tour; ia féconde derrière les Qqqqî 8é6 C O N jambes de devant ; &c la trolfieme devant les jambes de derrière, en faiCant le tour du corps. Le maflacre que j'ai vu cette année (1771), chez M. de Mori, caiilier de la compagnie des Indes , à qui il avoit C O N Ittria parvîfolia fzainda cl'.nj. Ion hirharîum Amhoïnicvm , volume III ^ p. \yj\. ^plan- che CIX^ fig. A^ eft un g^rand aîbre qui s'élève à la hauteur de foixante-dix pies; Ton tronc a douze ou vingt pies de hau- été apporté, comme venant de l'Ame- teur, fur quatre ou cinq pies de Ji^mefre; rique, avoit le frontcouvertdepoils courts, il eft couronné par une cime ovoïde d'un j7 ^ r 'I roux , avec une raie bUnche en chevron brifé \ dont la pointe regardoitTocciput. Maurs. Le condoma Iwbite les montagnes à\\ cap de Bonne-Efpérance , où il paroi; être aflez rare, vu ia petite quantité ù.gs jnairacres qui en font parvenus jufqu'icien Europe malgré leur grande beauté , & qui fe font trouvés dans le garde-meuble de fa majefté. Rcrnarquis. Le condoma approche , comme l'on voit , du bouc par Tes cornes app'aties & cieufes, & par la barbe qu'il porte au meiuon; mais il en diffère, en ce i\\xQ ces cornes porrent deux arêtes, & qu'elle; font droites 6«: fléchies feulement . iaiiS é:re roulées en fpirale. Par ces divers caraék^res , cet animal fe rapproche du gib , que nous avons obfervé au Sénégal ; il a tîîcore la livrée comme le gib, 6c l on peut regarder ces deux, animaux comme formant un genre particulier , veinn du bouc , hir- cus , qui fe range naturellement dans la fam-l'eàlaquelle je donne le nom de fapiil/e des hœu/s. ("M. Adanson.J CONDOMOIS {\.^),Géog. mod. petit pays de France en Gafcogrte, dans ia Guien- ne , dont Condom eft la capitale. CONDOR, voyei CUNTUR. CONDORÉ (Iles de) , Géog. mod. îles i'Afie dans la mer des Indes, au midi du royaume de Camtoye ; les habitans en font iiLk)là:re'?. Laf. 8 , 4. GONDOUî , f. m. {Hifi.nat. hot.) on ecnnoît fous ce nom, dans l'Inde, depu* k Chine jufqu'au Malabar , en y compre- ssant les lies m;;luques , trois fortes d'arbres qui font très-précieux aux habitans de ces pays, parce que leurs graines , qui font d'un b^^au rouge de corail, leurs fervent de poids pour pefer l'argent. Caradérilbns cts trois «fpeces. Fremlere tfpcu. CoN'DOîU. Le vrai condor'i^ ainfi appelle par les Malays, & tfchonghidji par les Chinois, gravé par Rurnphe fou& le nom de ce? /u/- afpeft agréable , une fois plus loneue qve large, formée par un petit nombre de Ixa fi- ches alternes, k'ngi'es , cylindriques , écar- tées fous un angle de quarante-cinq degrés, difpofées circulairement , à bois blanc d'a- bord, à aubier blanc , couvert d'une ecorce cendrée lilTe. Les feuilles font alterne'? , longues de huit à neuf pouces , de noitié moins lar- ges , pinnées fur deux rangs, clcnt le pre- mier eft de trois à quatre p/ai-es de divi- fiorw, chacune de cinq à f>x paires de folio- les, avec une impaire; chaque fobole eft elliptique, poinfue à fes dtux extrémités, longue d'un pouce & demi à deux pouces , preiqu 'une fois moins large, entière, lilTe» formée, lui an te, d'un vèrd glauque ou ■i'enârre, relevée en-delfous d'une côtelon- ciîudinale qui traverié fon milieu en deux parties inégales, & qui jette de chaque côté trois nervures ahernes & portées prefqu'horizontalement fur un pédicule cy- lindrique extrêmement court; ces feuilles ont tous les foirs, au coucher du.loleil,. un mouvement par lequel eiles fe plient,, c'eft- à-dire, fe ferment, les unes en-defius,, les autres en-deifous , pour s'épanouir de nouveau le lendemain au lever duibleil. Les branches font terminées par un pa- nicule à deux branches en épi , autTi longues que les feuilles , dont chaque épi porte cn- vii on vingt-cinq fleurs, blanches d'abord,, enfuite jaunâtres, ouvertes en étoile, de quatre à cinq lignes de diamewe , portées fur un pédicule cyJindrique égal à leur longueur. Chaque fleur efl: hermaphrodite , com- plète , poly pétale, irréguiicre , légumi- neufe, pofée au deifous de l'ovaire, loirt .du diique qui le fupporte. Elle conffte en un calice persiflant , à tube cylindrique y court , divifé en cinq dents, en une co- rolle une fois plus longue, de cinq pé- tales a(lez égaux & réguliers , elliptiques,, pomtus, une fois plus lor, C O N d'abord blancs, enfuite jaunâtres, & en dix étamines diftinéles un peu plus lon- gues , à anthères jaunes. Du fond du ca- lice s'élève un petit difqae en pédicule cy- lindrique, portant un ovaire elliptique comprimé, termtné par un difque, cou- ronné par un ftigmate ovoïde, placé fur un de fes côtés. L'ovaire en mûriflant devient un légu- me elliptique très-plat , courbé en forme de fabre , long de trois pouces , quatre à cinq fois moins large , d'abord verd , enfuite noirâtre extérieurement , jaune in- téiieurement , s'ouvrant en deux valves ou battans qui fe roulent en une à deux fpirales , partagées en cinq à fix loges , qui contiennent chacune une graine lenticu- laire , femblable à celle du lupin , ou de la grandeur de l'ongle du petit doigt , c'eft- à-dire , de cinq lignes environ de diamè- tre, liflè, luifante , d'un rouge de corail , plus foncé dans fon contour , qui eft tracé par une ligne circulaire qui y forme une efpece d'anneau, blanc- jaunâtre intérieu- rement, attachée d'un côté par un petit trait au bord fupérieur du légume, & tom- bant facilement fur la terre qui en eft fou- vent couverte. Culture. Le Condori croit communément dans les provinces méridionales de la Chine, fur-tout à Chamchia-Hayting, & dans l'île d'Aymyu ; dans les plaines maritimes , au bord des forêts. Dès que fes graines tom- bent fur la terre , elles germent & s'élèvent en petits arbrifleaux , qui commencent à ileurir dès la quatrième année : le temps de leur fieuraifon eft le mois de feptembre. Qualités. Toute la plante a une faveur douce & légumineufe. Ufages. Sqs graines , qui portent propre- ment le nom de condori , fervent comme nous l'avons dit, dans toute l'Inde, de poids pour pefer l'argent, parce qu'elles font plus égales en gravité qu'aucune autre graine de plante : dix de ces grains pefent un taél, c'eft-à-dire, dix gros ou une once& un quart. Deuxième efpece. AylaRU. Les habitans dAmboine appellent du nom à'aylaru & aylalu^ &. lesMalays laga- pophon, une féconde efpece de condori très- bien gravée , avec une petite partie de fes détails , par Rumphe , fous le nom coral- C O N 897 larid parvifolia primaj dans fon Herbarium Amboinicum , volume III ^ p. '7J , plan- che CIX , fig. I , qui ne diffère de la pre- mière qu'en ce que, 1°. c'eft un arbre un peu moins grand, de foixante pies au plus de hauteur; 1°. fes folioles font elliptiques, pointues aux deux bouts , une fois & demie à deux fois plus longues que larges; 3^. le panicule des fleurs eft partagé en quatre branches en épi; 4^^. les légumes ont huit pouces de longueur, fur douze à quinze fois moins de largeur , & douze à quinze loges ; 5*^. fes graines n'ont que quatre lignes &; demie de diamètre. Culture, L'aylaru croît, mais en petite quantité, à l'Ile d'Amboine , fur le rivage maritime; on le plante, à catjfe de fa forme élégante & de fon ombre agréable, autour des maifons, dans les terrains fablonneux où il croît fort vite en s'étendant beau- coup ; il confervA une verdure plus vigou- reufe , & fes graines écarlatesqui fe mon- trent au milieu de fes légumes ouverts, pré- fentent un coup d'oeil agcéable. Ufages. Les orfèvres de ces î'es d'Am- boine emploient ces graines au défaut de celles de l'abrus , pour fouder l'or avec les autres métaux , quoique fa vertu foit beau- coup moindre pour cet effet. Ces graines pefent moitié moins que celles du condori , & il en faut quinze pour égaler le poids de dix condori. Troifieme efpece. GONSII. l^Qgonfii ou gunfi ou gunfchidts Brames, que les Portugais appellent mangelins, & les Mollandois mangelyns &weeg-boonen^ a été fort bien gravé par Van-Rheede , dans fon Hortus Malabaricus , volume VI^ planche XIV. p. z6 , fous le nom àe mandsjadi ou mantsjadi; c'eft Vadenantherai paronina foliis utrinque glabris de M. Linné , dans (on S y ftema naturœ , édition il,/'. ^i)4» Cette troifieme efpece diffère des deux précédentes parles caraderes fuivans , i**. l'arbre qu'elle forme eft plus grand , c'eft-à- dire , de quatre-vingts pies de hauteur en- viron ; 2". fon bois a le cœur rouge; 3*. {qs feuilles ont douze à quatorze pouces de j longueur &une fois moins de largeur : elles ont quatre à cinq paires d'ailes, chacune à trois ou fix paires de folioles elliptiques , i obtufes aux ds^x extrémités , longues d'un Qqqqq 2 868 C O N pouce & demi, une fois moins larges , minces, molles, verd-foncé defTus, clair def- fous ; 4°. l'épi des fleurs qui fort de l'aifl^elle de chacune des feuilles fupérieures, eft une fois plus court qu'elles, & porte quarante à cinquante fleurS , dont les étamines font à peine égales en longueur à la corolle; 5°. les légumes ont huit à neuf pouces de lon- gueur fur une de largeur huit à neuffois moindre , ôc douze à feize loges ; 6*^. fes graines n'ont que quatre lignes de dia- mètre. Culture. Le gonjîi fe trouve communé- ment au Malabar , fur-tout autour de Man- gatti , Cochin,Beikenkour , dans les terres fablonneufes : il eft toujours verd , il ne com- mence à porter fleurs qu'à la vingtième année feulement après celle où il a été femé; il fleurit en feptembre, & (qs fruits font mûrs en décembre & janvier; il vit long- temps, & même au-delà de deux cents ans. Qualités. St^ feuilles ont une faveur de fève , mais légèrement amere ; it^ graines ont le goût de fève. Ufagss. Son bois eft employé journelle- ment à divers ufages à caufe de fa dureté ; le bas peuple du Malabar en mange les graines cuites ou. pilées. Ces graines pefent encore moins que celles d'Amboine ; les orfèvres s'en fervent pour pefer les ouvrages d'argent, ils les emploient aufti huraedées dans l'eau & pilées avec le borax , pour re- ' coller les morceaux brifés des vafes de prix. Ses feuilles pilées fourniftent une boiflbn qui appaife les douleurs des lombes. Remarques. Le cûndori eft li connu & fi en ufage dans toute Tlnde , qu'il m'a paru fuperflu d'employer le nouveau nomà^ade- nanthera , c'eft-à-dire anthère glanduleufe^ que M. Linné a tenté de lui fubftuueren con- tondant ces trois efpeces , qui , comme l'on voit, font très-différentes. Ces trois plantes forment un genre particulier, qui fe range naturellement dans la première fedion de la famille des lé^umineufes où nous l'avons placé. V^. nos Familles des plantes , volume II., page 3/c y recevoient fes réponfes & {es oracles. La légende ajoute qu'un eccléfiaf- tique y. ayant porté l'euchariftie , l'idole fe brifa en mille pièces. On les appella Con- dormans , parce qu'ils couchoient tous en- fèmble , hommes , femmes , dans la même chambre fous prétexte de charité. Les autres , qui s'élevèrent dans le xvj fiecle , étoient une branche des Anabaptiftes. Ilsfaifoient coucher dans une même cham- bre plufieurs perfonnes de difFérens (exes.^ fous prétexte de charité évangélique. f^oy, les diciion. de Moreri , de Trévoux , & de Chambers. (G) , CONDRIEU , (Géog. mod.) petite ville de France au Lyonnois , près du Rhône, remarquable par Îqs vins. Long. 22, 2(?.; lot. 4S , iS. CONDRILLE, f. f. (Hifl. nat. hot,) chondrilla\ genre de plante dont la fleur eft un bouquet à demi-fleurons portés chacun fur un embryon , & foutenus par un caUce qui eft un tuyaucylindrique. Lorfque la fleur eft paflfée, chaque embryon devient une fe- mence garnie d'une aigrette. Tournefort ,. in^it. rei herb. Voyei PLANTE, (jj CONDROZ (le), Géog. mod. petit pays d'Allemagne, au cercle de Weftphalie., dans le pays de Liège , dont Huy eft la capitale. CONDUCTEUR , f. m. CGramm.J ce- lui qui en conduit un autre, qui lui fert de guide ds peur qu'il ne s'égare. Ce terme fe prend au fimpie &: au figuré. V^oje^ les articles fuinans.. Conducteur, CPAj/^.J depuis quel- que temps fe dit aufl[i en parlant d'expé- riences d'éledricité, d'un corps ifolé, c'eft- à-dire foutenu fur des cordons de ioie,/ur duvene, &c. confidéré comme communi- quant ou tranfmettant à un ou à piufieurs corps la vertu électrique qvi'il reçoit d'uii. autrej ainfl luie corde mouiiiée , uae chaînejf, C O N un fil-d'archal , & en général tout corps ëleC ainii qu'ils foient fort lifles , ce fluide s'échappant Ibuvent par les plus petites éminences ou rugofités ; enfin , pour mieux empêcher l'éleétricité de fe diffiper , & la rendre en même temps plus forte, il eft à propos de recouvrir les conducteurs de tuyaux de verre ou de rubans de foie bien roulés les uns pardcffus les autres , fur-tout lorfque ces conducteurs pafl^ent dans des endroits où ils ne font pas aflez éloignés des corps qui peuvent leur dérober l'éleâiricité. Il fe préfente ici naturellement plu- fîeurs queftions. On demandera fi quel que foit le volume de ces conducteurs^ la quantité de fluide éledrique tranfmife fera la même; fi pareillement la force de l'élec- tricité n'augmentera ou ne diminuera pas, quelle que foit leur longueur; enfin, fi cette force fera la même dans m\ conducteur fort long , à la partie la plus éloignée du globe , félon le cours de l'életlricité , qu'à celle qui en efl: plus près félon le même cours. Nous répondrons , quant à la pre- mière quefl:ion , que le volume efl: ici in- différent, la quantité d'éleftricité tranf- mife étant toujours la même , de quelle grofifeur que foit le conducteur, comme nous l'avons prouvé M. le chevalier d'Arcy & moi , dans un mémoire inféré dans le volume de l'académie de Vannée iy^c) ; en effet, on s'en affurera facilement en tranf mettant alternativement l'éleftricité à deux corps, tantôt par une barre de fer, & tantôt par un fil de fer fort délié; car, on verra alors que ces deux corps feront éledrifés au même degré , foit qu'ils re- C O Nf çoivent l'éleclrlci té parla barre, foit qu'ils la reçoivent par le fil de fer ; ce qui , pour le dire en paffant, prouve que le fluide éieflîique a la propriété de tous les autres fluides qui <é répandent tou- jours égalem.ent , quels que foient les canaux de communication; c'efl-à-dire que dans plufieurs réfervoirs qui communiquent en- femble , l'eau, par exemple, efl toujours de niveau , de quelle groffeur que foient les tuyaux de communication. De ce prin- cipe de fait , on tire la léponfe à la troi- fieme queflion ; favoir , que l'éledricité ne peut être plus forte à une extrémité du conducteur qu'à l'autre, puifquefi cela étoit , elle ne fe diflribueroit pas également, ce. qui feroit contraire à ce principe : enfin , par rapport à la féconde queflion , nous répondrons que par toutes les expériences que l'on a faites , on n'a point remarqué que l'éleftricité diminuât, quelle que fût la longueur du conducteur , quoiqu'on en ait employé qui avoient plus de 1300 pies. Il y a plus : félon ce que dit M. le Mon- nier le médecin , pag, 463 des mémoires de C Académie de 1746"^ plus les corps élec- trifés ont d'étendue en longueur, plus l'éleftricité paroît forte. Quoi qu'il en foit , il eft conflant qu'à quelque diftance qu'on ait tranfmis l'éleélricité jufqu'ici ( & cette tranfmiffion s'efl: toujours faite dans un temps inaffignable) , on n'a pas remarqué que fa force en fût diminuée. PafTons à ce qu'on appelle particulière- ment le conducteur. Ce que nous venons de dire aies conducteurs en général , par rapport à leur figure & à la fubflance dont ils doivent être formés, étant également applicable à ceux dont il eft aéluellement queftion , il s'enfuit qu'ils doivent être , comme les premiers , de métal ou revêtus d'une fubflance métallique , de figure cy- lindrique , &: auffi lifles qu'il eft poflible. Nous n'ajouterions rien à leur égard , fî ce n'eft que , devant fervir à différentes expériences, il eft à-propos de parler de la grandeur qu'ils doivent avoir pour ac- quérir & conferver beaucoup d'éleflricité, C'eft un principe de fait, que plus ces for- tes de conducteurs font grands, plus les étin- celles qu'on en tire font fortes ; car il eft: eflTentiel de remarquer que , quoique la C ON qnsrîitc clVkél.icité tranruiiie par r.n corp: f.y.t !a tnêmè, qr.'il foiî grand pu peut, l'attraflion, U répn.liîon , & tous les phé- nomènes de l'ëieél.'icité paroifTerit cepen- dant p'us conficlérables dans \é grand que cîan» le peti;. Mais ces phénomènes a;:gmèn- tent-î!s fe'on '.'aiigmentation dé ia itiafTe du conducîmr ^ on (împlement félon Tang- men^ation de la fiirbce? ou , en d'autres mots , i'huenffté de 1 c!edric;té dans ks coj-ps, augmcn'^e-t-el!e dans ia ralfon de leurs mcuTes ou dans celle de leurs furface?? C'ef} nne querrion qui a dcja beaucoup tK^rct les physiciens, ë>i Tur laquelle ils i()nt tort partagés. Les uns , comme M. rab!)é Noilet, penfent que l'éleé^ricité augmente avec les maiTes, non pas à la vérité dans la raifon direde de ces mafîes, mais cependant dans une plus g'ande rai- fon que celle qui devroit réfulter de la fimple atigmenta'ion ào.^ furfaces ; enfin, (f'i une plus i^ande niafle eft fufceptible d'acquérir plus d'éledlricité qu'rjne plus petite ; les autres, comme M. ]e Mon- nier le médecin , penfenr qu'elle augmente feulement comme les iurfaces , Se c'eft ce qui à paru réfulter auflî d'un grand nombre d'expériences que nous avons faites M. d'Arcy & moi , rapportées dans le mémoire déjà ci'^é; voycT^ là-deffus V article ÉLECTRICITÉ. Quoi qu'il en ibit , il eft toujours mieux d'avoir un grand conducinir cylindrique , comme nous l'avons dit ; & , quand même il ieroit creux , pourvu qu'il ait une certaine épaifltur , les étincelles e^ue l'on en tirera feront très-bclîes & très- forres. En Allemagne , en Hol!?:nde , & en An- gleterre, on fe fert ordinaîreménr pouf conducîâur d uri canon de fufi : maii de pateils conducteurs ne paroiftent pa'; devoir nous donner A^^s phénomènes auffi confi dérabies que celui de M. Franklin , par c\'emp'e, qui, ainfi qu'il nous l'apprend dans fés lettres, a dix pies de long h.\\n pié de dia.'netre. Selon cet auteur ^ lorf- que fon condttcicur eft bien chargé, on peut en tirer des étincelles à jirès de deux pouces de diftance , qui caufent une dou-. leuraftezfenfibledansla jointure des doigts; îl eft compote de feuilles de carton for- mant un cylindre j ôc ces feuilles font re- CON _ S71 couvertes d'un papier d'Hollande reicvii en bofTe en pîufîeurs endroits , 6c doré prefqr.e par-tout. Pour terminer, nous dirons deux mots de 1^ m;inîcre dont le conducluir doir re- cevoir réieflrici'.é du globe ; c'èft à quoi il nous paroît qu'on n'a pas fait aftez d'at- tehrion iu.'qn*ici. On fê contente pour l'ordinaire dé faire toucher légèrement au g'obe du .clinquant , des galons de métal em'és, ou quelque chofe de cette nature, ékvftrifable par communication , qui ne pviifte poiin ^endommager, & qui ne caufe que peu ou point de frottement. Les uns difpofent ces matières de façon qu'elles embraïïent une certaine partie du globe ;; & cette pratique paraît la meilleure : les autres fe contentent de le5 Taire porter dans un petit efpace. Mais l'éledricité fe dilii- comme nous l'avons dit plus haut. pant par les parties aiguës &c pointues des corps éleifi^rifés , il s'enfuir qu'il doit stn dilÏÏ- per beaucoup par tous les angles & toutes les pointes qui fe trouvent au clinquant & aux galons , 6^. Auftî , lorfqu'on éie(51rife un globe , voit-on toutes cqs parties briller d'un grand nombre d'aigrettes & de gerbes de feu éleétrique. Pour remédier à celte diftipation de l'élecTtricité , voici comment nous nous y prenons. Nous attachons du clinquant au bord intx;rieur de la mafîè d'un entonnoir de fer blanc, dont le dia- mètre eft égal à la grandeur delà partie du globe qwQ l'on veut embraiTer; nous faiions déb .rder~ce clinquant d'un demi- pouce ou en iron, & nous le découpons- comme à 1 ordinaire, pour quif puillë 4)ofer fur le globe & le toucher dans un gr.nd nombre de points fans aucun frot- remen: confidérable ; enfuite nous recou- vrons le tout par un entonnoir de verre, dont le burd excédé celui de rentonnoir àc fer-blanc, d'un" q.uart de pouce ou à- •péu-près,, afin qu'il puifte être fort près d\i globe fans cependant le toucher. Par ce moyen, l'éleét iqué ne peut fe dlftiper pnf les angles des feuilles du clinquant^ ces feuilles fe trouvant environnées du verre, qui, comme on l'a vu plus haut,, repoufte le iîuide é'edrique & l'empêche de fe diftîper. Nous ne parlerons point de- là manière d'adapter cetentomioir au cca* 87* CON ducl:iir^ la chofe étsnt trop facile' pour sV arrêter. V. MÉTAUX. ÇT). Conducteur DE LA. Foudre, fP/2>:/?J c'eft le nom qu'on a donné à des verges de métal érigées ("urdes bâîimeiis , oir clans les environs , afin de les garantir des coups de la foudre. On n'avolt d'abord eu d'aufre deiïein en érigeant ces verges métalliques , que celui de connoître l'éle-flriciré naturelle des nua- ges : mais le céiebre Franklin penfa bientôt qu'on pouvoir fe fervir de ce moyen-là^ pour préferver les édifices de<^ dangereux eâ^ets de la foudre. En effet nous voyons que la plupart des bâtimens qui ont eu des verges de méral, érigées fuivanrîes pré- ceptes de cet ingénieux phyficlen, ont é:é préfervés de tout accident caufé par la fou- dre. C'ed ce qui parou bien clairement par les obfervafions rapportées dans les Tran- faclions pliilofophiques ^ fur les effets delà foudre : tout ce qu'on a obfervc à cet égard , "indique une loi confiante, qui efl le fon- dement de l'art que Franklin a trouvé , & Ton peut dire que ces obfervations lui fer- vent de démonftration. Voici en quoi cette loi confifle , & ce qu'on a obfervé. La foudre ne fait point de ma! , ou au moins fort peu, à ces édifices, ou à la par- tie ÔlQS édifices à laquelle répondent àes verges de métal ; Se d'autant moins de mal, que les verges font plus épaiffes, hi que !a chaîne ou la fuite des corps métalli- ques eft mieux établie, comme nous allons le dire; elle fait au contraire du dommage dans les endroits où cette fuite eft inter- rompue , hi à proportion de la force du coup. Toutes les expériences Se toutes les ob- fervations nous montrent que les verges de métal qui font un peu élevées , attirent à ^lles de très-loin le feu éleélrique ou la foudre. Cependant il ne faut pas s'imaginer, comme quelques perfonnes l'ont fait , qu'on puiffe attirer tout le feu éle6lrique des nua- ges, au moyen de ces' verges érigées fur de hautes tours , enfuite qu'on puiffe diffi- per un orage, & tellement garantir les en- virons du lieu où il y a de ces verges , qu'ils n'aient plus à craindre ni grêle ni tonnerre. Il faut avouer que cet art ne nous eft point encore connu, & que nousledefirons en- CON core; car les nuages font que'qucfois fi fort chargés de feu éleftrique , & ce feu a une telle violence, qu'il paroît que mille pointes érigées avec àt$- £Onduc?curs très-é;endus, ne fuffiroient pas pour difliper l'orage &^ l'empêcher de nuire. li ne faut donc pas fe promettre de trop grands avantages de ces recherches , qui d'ailleurs font tiès-belles &c déjà très-utiles , 6>c qui méritent ainfi toute l'attention des phyficiens. Cependant fi tout le monde cherchoit à fe mettre à couvert des rifques & des dangers communs auxquels on eft expofë, &: fi , pour cela, on faifoit enforte que ce torrent immenfe de matière élecfnque prît cours par {ts conducteurs que la même nature nous offre , fa voir , les fom- mets des montagnes & des grands arbres, & qu'on cherchât à rétablir ainfi l'équilibre, il arriveroit peut-être qu'en même temps que chacun travailleroit de fon côté pour fa fureté propre, on parviendroit enfin à découvrir l'art de fe garantir généralement. Ainfi , pour préferver fa maifbn des ra- vages que la foudre peut y faire , il faut éri- ger une verge de fer, pointue par un bout, qui furpafife le fommet de l'édifice de quatre ou cinq pies , car la foudre traverfant l'ef- pace qui efl entre les nuages &: la verge , eft comme un cylindre de feu très-denfe , qui fe fraie un chemin à travers les airs, ert les écartant , ainfi que les vapeurs humides, qui brûle , qui renverfe ou qui ébranle tous les corps qui lui réfiftent : c'eft ce qui paroît bien clairement par les effets de la foudre que Franklin a obfervés en Amérique , de même que par les obfervations que )'ai eu occafion de faire à Milan depuis peu. Il con- vient donc de placer ces verges le plus haut qu'on pourra, &: il ne fera pas inutile de , dorer trois ou quatre pouces de l'extrémité pointue, afin de la préferver delà rouille. On eft ordinairement embarraffé, lorf- qu'on veutifoler la verge de fer au moyen de quelques corps életflriques , tels que le verre ou les réfines; c'eft-à-dire , la féparer du bâtiment, enforte qu'elle ne tienne qu'à des corps de ce genre, parce qu'd eft alors difficile de l'affermir comme il faut. Mais cet arrangement qui n'eft pas aifé à exécu- ter , n'eft utile qu'à ceux qui veulent ob- ferver l'éleélricité des nuages , & n'eft pas nécei* C O N néceflalre, quand on n'a deiTein que de pré- ferver 1 editice. C'eft pourquoi ii faut dans ce cas-là , faire porter la verge fur quelque pierre bien affurée , ou fur un tuyau de cheminée, ou on l'affermira à l'aide de quel- ques bras de fer fcellés dans le mur avec dft plomb. Si l'on établit enfuite une bonne communication entre cette verge & la terre, avec du fil d'archal , il feroit auffi ridicule de craindre les effets de la foudre fur un tel bâtiment, que d'avoir peur d'être entraîné par un fleuve rapide, lorfque le quai fur lequel on eft, & qui borde le fleuve, eft parfaitement folide. On a auiîi cherché à découvrir à quelle diftance horizontale les verges de Franklin peuvent attirer la foudre , afin de connoître les dangers auxquels les perfonnes ou les batimens voifins peuvent encore être expo- fés ; mais nous fommes encore à cet égard dépourvus d'obfervations exactes , & je doute fort qu'on puiffe venir à bout de dé- terminer cela avec quelque précifion, parce que l'équilibre qui règne entre le feu éleftri- que répandu dans les nuages Se la terre , peut être dérangé d'une infinité de manières différentes , fuivant les diverfes circonf- tances. Je crois aufîî que les différentes couches de la terre ne font pas également propres à tranfmettre le feu éleftrique , &: à le répan- dre également par-tout. Il y a même des expériences qui nous indiquent affez claire- ment, qu'au-deffous de la furface de la terre, on trouve des lits qui fe chargent ou fe déchargent plus facilement du feuéleflri- que les uns que les autres; d'autres au con- traire plus facilement. De-là vient que cer- taines régions font fouvent plus frappées de la foudre que d'autres ; & il peut arriver que fi l'on n'a pas égard à ces diverfes cir- conflances , l'art de préferver les édifices deviendra non-feulement inutile , mais même dangereux. Cependant il n'efl pas impofîible de ve- nir à bout de ces difficultés , ôc de parvenir à fe mettre à couvert de tout danger , en prenant de bonnes précautions. On fait , par une multitude d'expériences , qu'après les métaux , l'eau Se les lits de terre humide font les meilleurs conducteurs du feu éledri- que, & qu'ils font très-propres à le répan- Tomc VIIL C O N S73 dre également par-tout. Tous les édifices qu'on a cherché à préferver ainii de la fou- dre, tant en Europe que dans les colonies Angloifes d'Amérique , l'ont été parfaite- ment. Ce qu'il y a de plus remarquable à cet égard, c'efl ce qui a été fait au temple de S. Paul à Londres ; voy. Us Tranfa-clion^ philofophiqms ^ année lyGc) , n°. 2/ , ôc ce que le célèbre Félix Fontana a fait exécu- ter depuis peu aux magafins à poudre de Florence. Maintenant que nous avons un détail de plufîeurs effets de la foudre , Se que nous avons encore l'expérience de nombre de bârimens préfervés de fes coups par ces verges ; il ne nous fera pas difficile de tirer de-là les meilleures règles qu'on doit fuivre, lorfqu'on veut exécuter cet appareil. 1°. On érigera, comme nous l'avons déjà dit , dans l'endroit le plus élevé de l'édifice , une verge de fer pointue ; fi c'eft un vafte bâtiment avec des ailes , ou des corps de logis qui s'étendent fort loin, comme à la diftance de cent pies &: plus , il convient alors d'en ériger plufieurs dans les endroits les plus élevés. 2°. Il faut que toutes ces verges com- muniquent entr'elles par un fil d'archal , qui ira de l'une à l'autre depuis leur extrémité inférieure. Au refte il n'importe pas que ce fil d'archal foit fufpendu en l'air , ou qu'il repofe fur les cheminées , ou fur la couverture de l'édifice » pourvu feulement que ce ne foit pas fur du bois. Cette com- munication d'une verge à l'autre eft très- utile , premièrement pour faciliter l'écou- lement du feu éledrique , depuis les nuages jufqu'à la terre; enfiiite pour prévenir les inconvéniens qui naîtroient , s'il n'y avoit qu'un feul fil d'archal, & qu'il vîntàcaffer. 3°. On fera enfuite defcendre un fil d'archal depuis le bas de la verge, en fui- vant la pente du toit , & on le laifTera tom- ber jufqu'à terre, depuis le bord du toîr. Si le deffus du mur avoit une corniche de bois, ou quelque chofe d'appprochant qui fut auffi en bois , il convient d'cloigner le fil d'archal du mur, à l'aide d'un bras de fer qui le portera en avant. 4°. Il faut que les verges métalliques aient plus d'un demi-pouce d'épaiffeur, & que les fils d'archal aient au moins trois hgnes. Rrrrr m c o N Nous favons par noir.bre de relationç , que ces fils trop minces ont été fondus & dif- perfés par la foudre , qui endommage alors beaucoup les bâtimens. C'eft pourquoi il ne faut pas économi^r le métal ; d'ailleurs la dépenfe que Ton fait eft bien compenfée par la fureté qu'on trouve avec cet appareil , & par fa plus grande durée. 5°. Le fil du métal doit exaftement tou- cher la barre , & y être fortement appliqué avec des vis ou des rivures : car on a des exemples récens en Amérique, dans la Ca- roline méridionale , que les fils qui ne re- noient les uns aux autres que par des cro- chets , ou qui étoient compofés d'anneaux, comme une chaîne, étoient facilement fondus & difperfés par la foudre. 6°. Il faut faire enforte que les fils qui vont depuis la verge jufqu'à terre , paffent dans les angles faillans de l'édifice. Le même a|)pareil fert de cette façon à préferver le bâtiment des coups de foudre , qui pour- roient les frapper par les côtés, 7°. Les fils d'archal doivent augmenter en épaiffeur , à mefure qu'ils approchent de terre, & le bout qui les termine doit avoir la même épaiiïeur que la verge. On les fixera à quelque pierre fous terre , & on les prolongera jufqu'â ce qu'ils atteignent une couche de terre humide; ou ce qui vaut encore mieux , jusqu'à quelque eau courante, fi cela fe peut. On aura foin ce- pendant d'éloigner leur extrémité de deux ©u trois pies des fondemens de l'édifice. Si l'on obferve tout ce que nous venons de pref- crire enétabliflfantcet appareil, on peut être affuré qu'il diifipera très-bien le feu de la foudre, &: qu'on fera parfaitement à l'abri de fes coups. C^- ■^« ) Conducteur, infirumentde Chirurgie dont on fe fert dans l'opération de la taille. On le fait ordinairement d'acier ou d'ar- gent. Il y en a de deux fortes , le mâle & la femelle. Ils ont l'un & l'autre la fi- gure d'une croix, &: font fort poUs, pour ne point hleffer la veflie dans laquelle on. les introduit, ni les parties par où ils paf- fent. Leur corps eft large d'environ trois lignes, arrondi en- dehors, plat en-dedans. La partie poftérieure comprend trois bran- ches applaties; deux font les bras de la croix, 6c la troifieme en compcfe la C O N tête ou le manche : celle-ci doit être fort renverfée en dehors, afin de donner plus d'efpace aux tenettes qu'on introduit entre les deux. Tout le long de la face plate du corps ou branche antérieure , règne une crête dans le milieu d'environ deux lignes de faillie : cette crête commence peu-a- peu àès le milieu du manche , afin que l'opérateur l'apperçoive mieux. Elle finit Hifenfiblement vers la fin du conduâcur mâle , & fe termine par une languette lon- gue de fix lignes relevée & recourbée en- dedans , appîatie fur les côtés : cette lan- guette fait l'extrémité definftrument, qu'ors place dans la cannelure d'une fonde qui doit être mife auparavant dans la veflie. La crête dans l'autre efpece de conducteur ne s'étend pas fi loin ; l'extrémité antérieure eft un peu recourbée en-dedans, & termi- née par une échancrure qui lui a fait don- ner le nom de conduâeur femelle. Voyez Us figures 4 , & 6. PL XI. de Chirurgie. La manière de fe fervir de ces deux inftrumens , confifte à introduire d'abord le conducteur mâle dans la veffie , à la fa- veur d'une fonde cannelée, la -tête en- haut, le dos en-bas; enfuite on retire la fonde, & l'on glifte le conducteur femelle par fon échancrure , le dos en-haut fur la crête du mal. Ces deux inftrumens ainfi intro- duits > forment par leurs crêtes parallèle- ment oppofées, une efpece de coulifte qui fert à conduire les tenettes dans la veflie pour charger la pierre. On ne fe fert pas beaucoup de conduc- teurs pour tailler les hommes ; on leur a fubftitué le gorgeret. Voye^^ GoRGERET. Les conducteurs font enul'age pour la taille des femmes. Voyei^^ Lithotomie des FEMMES, (r) CONDUIRE î v. aft. {Gramm.) c'eft indiquer le chemin en accompagnant lur la route; mais cette acception a été dé- tournée d'une infinité de manières diffé- rentes ; on a dit conduire une voiture , conduire dans les bonnes voies., conduire des eaux, conduire des troupes , &c. Voyei-en quelques-uns ci-après. Conduire, (Drapier ou Marchandage-' toffes.) eiï (y nony me k aune r. Mener dou- cement l'étoffe Le long de l'aune, fans la- C O N tirer j pour la faire courir davantage, c'eft la conduire bois à bois. Conduire les eaux, {Hydrauliq.) La manière de conduire l'eau dans une viile n'eft pas la même que dans la campagne & dans un jardin. Dans une ville on n'a d'autre fujétion que de fe fervir de tuyaux de plomb , afîez gros pour fournir les fontaines publiques & la quantité d'eau concédée aux particu- liers , en la faifant tomber dans les cuvettes de diftribution. Si dans la pente des rues l'eau eft obligée de remonter ou de fe mettre de niveau après la pente , ou enfin , fi l'on foude une branche fur le gros tuyau, on fait dans cet endroit un regard avec un robinet pour arrêter cette charge &: conferver les tuyaux ; cela fert encore à les vuider dans les fortes gelées. Dans la campagne on n'a ordinairement à conduire que des eaux roulantes, après l'avoir ramalfée par d&s écharpes, des ra- meaux , des rigoles dans des pierrées , l'avoir amenée dans un regard de prife , on la fait entrer dans à^s tuyaux de grès ou de bois, félon la nature du lieu; s'il y a des con^re-foulemens où l'eau foit obligée de remonter , on la fait couler dans des aqueducs, ou au moins dans des tuyaux affez forts pour y r^ciifter. On fent bien qu'il feroit ridicule d'y employer des tuyaux de plomb , qui feroient trop expofés à être volés , ceux de fer font à préférer. On les enfoncera de quatre à cinq pies, pour éviter le vol &c la ma- lice des payfans. Le plus difficile à ménager en condui- ûnt les eaux pendant un long chemin , ce font les fonds & les vallées appellées ventrées ou gorges \ ils fe trouvent dans l'irrégularité du terrain de la campagne , & interrompent le niveau d'une conduite; alors on eft obligé de faire remonter l'eau fur la montagne vis-à-vis pour en conti- nuer la route; c'eft dans cette remontée que l'eau contrefoulée a tant de peine à s'élever que les tuyaux y crèvent en peu de temps. Soit la montagne A Çfig. i . Hydrauliq.) d'où defcend l'eau qu'on' fuppofe amené; depuis la prife par un terrain plat , dan' des tuyaux de grès ou des pierrées. B e(l c o N 87î îa féconde montagne où fe trouve la con- trepente oppofée à la pente de la première montagne -4, d'où vient la fource C con- duite dans des tuyaux degrés. Z>Z) eft le ventre ou gorge, où l'eau fe trouve forcée par-tout. jÊ £ eft la ligne de mire ou ni- vellement pour connoître la hauteur du contre-foulement B, La c>:)nduite qu'on pofera dans cette gorge ou fondrière D D ^ fera de fer, ainfi que dans la contrepente où l'eau force le plus, jufqu'à ce qu'elle fe foit remife de niveau fur la montagne jff ; on reprendra alors des tuyaux de grès ou des pierrées pour éviter la dépenfe , jufqu'au réfervoir , parce que l'eau n'y fait que rouler , & ne force que dans le ventre & la remontée. Si dans un long chemin il ferencontroit deux ou trois contrepentes, ce qui peut encore arriver en ramaftant des eaux de plu- fieurs endroits , on les conduiroit de la même manière. Quand la gorge n'eft pas longue , comme feroit celle F F de U figure 2. un bout d'aqueduc ou maftlf de blocailles eft le meilleur parti qu'on puifle prendre, & l'eau y roulera de la même manière que depuis le regard de prife d ms des tuyaux de grès , ou des pier- rées continuées fur des maflifs de biocail- les. Lorfque cette gorge eft longue , & que le contrefoulemenr eft élevé de vinjttà trente pies , les tuyaux de fer coi dureront plus long-temps laia trei mèins, & Si le contrefoulement étoit plus haut que cent pies, il faudroit y bâtir un aqueduc, parce que les tuyaux de fer auroient de la peine à réfifter; alors le niveau étant conti- nué par l'élévation de l'aqueduc , l'eau y rouleroit & y regagneroit l'autre-montagne, d'oùellerentreroitdans des auges ou tuyaux juiqu'au réfervoir. On peut encore éviter un contrefo^l^" ment, en faifant fuivre une conduite lelo^g d'un coteau, & regagnant petit-à- petit *.s niveau de la contrepente: mais il faut qu'il n'y ait pas un grand circuit à faire dans cett^ fituation a.ppe[\éQ poêle ou bûjfin\ parce qcfi la longueur d'une conduite anifi circulaire» quoiqu'en grès ou en pierrée , coûte plu* que d'amener l'eau en droite ligne pa^ les tuyaux capables de reiiiter au coatre-t . roulement, Rrrrr i §7^ C O N Dans les jardins, en Tuppcfant l'eau ramaf- fée flans le réfervoir au haut cVim parc, il ne fe rencontre pas tant de difficultés : le terrain y eft drefîe , & les conduites def- cendent plutôt en pente douce qu'elles ne remontent. On fe fervira dans les eaux for- cées de tuyaux de fer , de plomb ou de bois, fuivant le pays, & même de grès bien conditionnés , pourvu que la chute ne pafle pas quinze à vingt pies. Ces con- duites étant parvenues jufqu'aux balîins , on y fera un regard pour loger un robi- net de cuivre d'une grodeur convenable au diamètre de la conduite ; on fondera enfuite debout une rondelle ou collet de plomb un peu large autour du tuyau , & dans le mi- lieu de l'endroit du corroi ou maflif du baf- fin où il pafTe ; afin que l'eau ainii arrêtée par cette plaque, ne cherche point à fe per- dre le long du tuyau. Quand ce font des tuyaux defer,onlespofe de manière qu'une de leurs brides fcit dans le milieu du corroi , ce qui fert de rondelle : cette règle eft gé- nérale pour tous les tuyaux qui traverfent les corrois & mafîifs d'un baffin ; comme auflide ne jamais engager les tuyaux, & de hs faire paffer à découvert fur le plafond d'un bafîin. Dans le centre du baffin , à l'endroit mê- me où doit être le jet, on foudera fur la con- duite un^yau montant appelle foucke, au bout dulpel on foudera encore un écrou de cuivre fur lequel fe viffe l'ajuftage : il faut que cette fouche foit de même diamètre que la conduite : ii elle étoit retrécie, elle augmenteroit le frottement, & retarderoitla vîteffe & la hauteur du jet. A deux pies en- viron par-delà la fouche , on coupera la con- duite, 6c on la bouchera par un tampon de chêne , avec une rondelle de fer chaffée à force au bout du tuyau, ou par un tampon de cuivre à vis que l'on y foudera. Ces tam- pons facilitent le moyen de dégorger une conduite. Evitez les coudes , les jarrets , & lesan- gles droits qui diminuent la force des eaux ; prenez-les d'un peu loin pour en diminuer k roideur : ôc même il ne fera pas mal d'employer des tuyaux plus gros dans les coudes pour éviter les frot- t€mcns. Dans les conduites un peu longues & CO N fort chargées , on place des ventoufes d*ef- pace en efpace pour la fortie des vents : on les fait ordinairement de plomb; on les branche fur la tige de quelque grand arbre , en obfervant qu'elles foient de deux ou trois pies plus hautes que le ni- veau du réfervoir , afin qu'elles ne dépen- fent pas tant d'eau ; de cette manière il n'y a que les vents qui fortent. Quand après une pente roide les conduites fe re- mettent de niveau, il faut placer dans cet endroit des robinetspour arrêter cette char- ge ; ce qui fert encore à trouver les fautes , & à tenir les conduites en décharge pen- dant l'hiver. Faites toujours paffer les tuyaux dans les allées, pour en mieux connoître les fautes, & y remédier fans rien déplanter ; & les conduites fous des terraffes ou fous des che- mins publics, pafteront fous des voûtes afin de les vifiter de temps en temps. Les eaux de décharge rouleront dans des pier- rées faites en chatières, ou dans des tuyaux de grès fans chemife , quand ces eaux vont fe perdre dans quelque puifart ou cloaque ; mais quand elles fervent à faire jouer des baffins plus bas , on les entourera d'une bonne chemife de ciment, ou l'on y em- ploiera des tuyaux ordinaires comme étant des eaux forcées. Tenez toujours les tuyaux de décharge, tant de la fuperficie que du fond d'un baffin , plus gros que le refte de la con- duite , afin que l'eau fe perde plus vite qu'elle ne vient, que le tuyau ne s'esgorge point , & de peur que l'eau paffant par- deffijs les bords , ne détrempe toutes les ter- res qui foutiennent le baffin , & n'en affaiffe le niveau. (K) Conduire, (Jard.J Voye\ Élever; Conduire fon cheval étroit ou large 9 terme de manège : étroit fignifie le mener en s'approchant du centre du manège ; ôc large, en s'approchant des murailles du manège. L'écuyer d'académie dit quelque- fois à l'écolier , conduijci votre cheval^ lorf- que l'écoher laiffe aller fon cheval à fa fantaifie.f^ Conduire, en peinture , corriger^ dif- tribuer. On dit une helU conduite , dans la diftribution àes objtts, une lumière bien conduite , &c. pour marquer que ces C O N chofes font ménagées avec undifcernement éclairé. C^J CONDUIT , {Phyficj. ) canal ou tuyau de plomb , de fer , de bois , de pierre , &c. fervant au tranfport de l'eau ou de tout autre fluide. Voye:[ TuYAU, AqueduC. On a expliqué à X article Conduire /« eaux^ ce qui a rapport à cette partie de l'hydraulique : elle eft une des plus impor- tantes; il paroît par les aqueducs des an- ciens qu'ils connoifToient bien cette partie, & que s'ils étoient moins forts que nous fur la théorie, ils l'étoientdu moins autant fur la pratique. On dit qu'il y a dans la province du nou- veau Mexique un conduit fouterrain en' forme de grotte , qui s'étend en longueur l'efpace de loo lieues. Chambers rapporte ce fait ; nous ne prétendons point le garan- iir.(OJ Conduit , en Anatomie , nom de diffé- rentes cavités qu'on appelle auffi canal. Voyei Canal. Conduit auditif (le), meatus au- Mtorius , eft l'entrée de Toreille. C'efl: un conduit cartilagineux , divifé irrégulière- ment en plufieurs endroits par des cloifons charnues & membraneufes , à-peu-près comme les bronches des poumons , fmon que les fibres charnues du conduit (ont plus groffes. La partie interne, c'eft- à-dire , du côté du cerveau , eft offeufe. Il eft tapiflfé dans toute fon étendue d'une tunique mince qui vient de la peau , & qui fe continue juf- que fur la membrane du tympan , où elle devient plus mince. Dès le commencement du conduit jufque ppelqu'à mi-chemin s'élèvent quantité de petits poils à la racine defquels fort le céru- Tnen ou cire de l'oreille, qui s'embarrafte dans les poils afin de mieux rompre l'impé- luofité de l'air extérieur , & d'empêcher qu'il ne fe jette trop précipitamment fur la membrane du tympan. Conduit cysttque , eft un conduit biliaire de la grofleur d^une plume d'oie , lequel environ à deux pouces de diftance de ta véficule du fiel , fe joint au conduit hé- patique , & tous deux enfemble forment le conduit commun ou cholidoque. Voy&{^ Bile & Cystique. CONDUITS LAITEUX ^f^ntfW/72,; C O N 877 canaux membraneux , étroits à leur origine , larges dans leur milieu , qui accompagnent principalement la raafTe blanche des ma- ' melles , & fe retréciftent derechef en allant au mamelon , vers lequel ils forment une efpece de communication. Ce font à pro- prement parler, les tuyaux excréteurs des glandes, qui compofent les mamelles, &C filtrent le lait. Non-feulement ces canaux fourniffent le fuc laiteux à l'enfant quand il tette , mais encore ils en font les réfer- voirs quand il ne tette pas. Ils fé termi- nent dans le mamelon ; là , leurs orifices font ouverts & fort étroits, &: ily a des auteurs qui prétendent y trouver des valvules qui retiennent le lait. D'autres regardent , comme fuffifant pour cet ufage , la conf- triâ:ion fpontanée des orifices, & rejettent les valvules. Ces tuyaux en traverfant la papille , ne font pas droits ; on obferve au contraire qu'ils font ployésen zig-zag ;ce qui fait que quand la papille n'eft point gonflée , le lait ne peut s'échapper. Les différens plis fervent de valvules. Toutefois quand on prefle for- tement la racine du mamelon , les vaifîeaux fe redreffent , & la liqueur peut couler. Cela arrive , lorfqu'en conféquence du chatouil- lement que la langue de l'enfant y excite en tettant , le tifl^u fpongieux de la papille s'enfle. Alors les plis difparoilTent , les tuyaux deviennent droits, &le lait fort de leur cavité. Ces tuyaux , avant d'arriver au mame- lon, s'anaftomofent en plufieurs endroits. Parce moyen le lait , quand il eft arrêté dans quelques vaifteaux obftrués peutpafter par des voies détournées. Cette importante obfervation eft due à M. Nuck. Les conduits laiteux compolént la plus grande partie du mamelon auquel ils aboutififent ; mais cela n'empêche pas qu'il n'y ait une fubftance fpongieufe inter- pofée entre les conduits. Conduit urinaire , dans les femmes , eft fort court; il eft tapi fl"é intérieurement d'une tunique très-mince , & enfuite d'une autre de fubftance blanche : cette der- nière donne partage à phifieurs petits ca- naux qui viennent de certaines lacunes qu'on y obferve, &: ces petits canaux dé- i chargent une matière claire & vifqueufe. Syg C O N qui fert à enduire l'extrémité du conduit urinaire. Ckambcrs. (L) CONDUIT A VENT , ( ArchiteBure. ) en bâtimens, font des foupiraux ou lieux fou terrains oii les vents fe confervent frais & froids , 6c font communiqués par des tubes, tuyaux ou voûtes dans les chambres ou autres appartemens d'une maifon, pour les rafraîchir dans les temps où il fait trop chaud. Ils font fort en ufage en Italie , où on les nomme vcntidotti ; en France on les nomme pri/'ons des vents , ou palais d^Eole. {P ) Conduite d'eau, ( Hydrauli(jue.J eft une fuite de tuyaux pour conduire l'eau d'un lieu à un autre , que Vitruve appelle canalis fluclilis . Si les tuyaux font de fer, on la nomme conduite de fer ; s'ils font de plomb conduite de plomb ; s'ils font de terre ou de grès cuit , conduit de terre ou de poterie ; enfin s'ils font de bois , on l'appelle conduite de tuyaux de bois, f^oyei .Tuyau. fP J * CONDUITE, f. f. ÇGramm.) c'eft l'ordre que l'on mer dans fes aftions , relatif au but que l'on s'eft propofé. Si les actions font coniëquentes, la conduite eft bonne; fi elles ne font pas conféquentes , la conduite eft mauvaife. Il eft évident qu'il ne s'agit que dune bonté ou d'une méchanceté virtuelle, & non morale. Pour que la conduite foit moralement bonne ou mauvaife , il faut que le but foit bon & honnête , ou déshonnéte ou mauvais; d'où il s'enfuit que la conduite virtuelle peut être mauvaife quoique le but foit bon , & bonne quoique le but foit mauvais. Conduite a encore quelqu'autres acceptions relatives aux verbes conduire , diriger. Conduite, f. f. terme d^ horlogerie ; il fignifie une tringle de fer , qui porte à (es deux extrémités des roues appellées molettes, voye:^ MoLETTE. Les conduites fervent: dans les grofies horloges à transmettre le mouvement à des diftances de l'horloge trop grandes pour qu'on pût le faire par les moyens ordinaires , comme par exem- ple, pour faire mouvoir une aiguille qui marqueroit l'heure fur un cadran , éloigné de l'horloge de lo à 12 toifes. En géné- ral on appelle dans une grolîe horloge con- duites , la partie qui fert à faire tourner C O N des aîgijiiles qui en font fort éloignées ; foit que ces conduites fo\em faites comme nous venons de le dire , foit qu'elles le foient au- trement. ^ CONDUR , CG^og. modj petite ville d'Afie, dans la prefqu'ile de l'Inde en-deçà du Gange , au royaume de Bifnagar. CONDYLE , f. m. terme d'Anaiomie, c'eft le nom que les anatomiftes donnent à une petite éminence ronde, à Textrémité de quelques os. Voye-^ Os. Telle eft celle de la mâchoire inférieure, qui eft reçue fur l'apophyfe tranfverfe de l'os des tempes. Voyei^ Os TEMPORAL. Quand cette éminence eft large, on la nomme tête. Voyei TÊTE. Chambers, (TJ * CONDYLEATIS, CMythol.J Cur^ nom de Diane , adorée à Condyleis en Arcadie. Ce furnom flit changé dans la fuite en celui à* ap a ne lie me n qui veut à'ire étran' glée, parce que des jeunes gens lui mirent par paft^e- temps une corde au cou; irré- vérence qui les fit lapider par les Ca- phiens , 6c punition qui déplut à la déefle qui fil avorter toutes les Caphiennes, ^à qui l'oracle confeilla de rendre les honneurs funèbres aux jeunes gens, &c d'aopaifer leurs mânes. CONDYLOIDE, 2ià].enAnatomieJe dit àes parties relatives à des éminences appellées condyles. Voye\ CoNDYLE. Les trous condyloidiens ^'k Les fojfes condyloïdien- C de r occipital, nés., V. Occipital. fZ,)J CONDYLOME , f. m. ( Chirurgie. ) eft une excroiftance qui vient quelquefois à la tunique interne de l'anus , & aux mufcles de cette partie , ou au col de la matrice. Ce mot vient du grec kwS'\jk'( , article ou jointure., parce qu'ordinairement le condy- lome a des rides ou plis femblables à ceux àts jointures. Le condylome par fucceflion de temps devient charnu , & poufle quelquefois une efpece de tige en-dehors : & alors on l'ap- ^qWq ficus. Voyez ficus. Les condy lorries font fouvent des fymp- ' tomes de maux vénériens , & dégénèrent en chancres û on les néglige. On emploie effi- cacem.ent à leur cure des oublions mercu- rielles , àc des efcarotiques propres à les CON confumer ; maison les extirpe encore mieux par la ligature ou l'incifion , fi la firuation ou la nature de la partie le permet. Il faut quelquefois procurer la falivation au ma- lade pour faciliter la cure & la rendre complète. CoND Y LO M E,eflauifi quelquefois fyno- nyme à condyU. F^oje:^ CoNDYLE. C^) CONE , r. ni. on donne ce nom en géo- métrie , à un corps folide , dont la bafë ert un cercle , & qui fe termine par le haut en une pointe que l'on appelleyo/;7/wcr. f^oyei F/, des coniq.fg. 2. Vojeiaul/i Solide & Tronqué. Le càm peut être engendré par le mouve- ment d'une ligne droite K M, qui tourne autour d'un point immobile K , appelle fommet ,enrarant par fon autre extrémité la circonférence d'un cercle M N, qu'on nomm.e fa bafe. On appelle en général axe du cône , la droite tirée de fon fommet au centre de la bafe. Quand l'axe du cône eft perpendiculaire à la bafe , alors ce iblide prend le nom de cône ; fi cet axe eft incliné ou oblique , c'eft un cône fcalene : les cônes fcaLenes fe divifent encore en obmfangles & acu- tangles. Si VaxeAB Cfig.J-J eft plus grand que le rayon C i? de la bafe , le cône eft acutan- gle ; s'il eft plus petit , le cône eft obtufan- gle; enfin c'eft un cône rectangle , quand l'axe eft égal au rayon de la bafe. Quelques auteurs définiflent en général le cône une figure folide , dont la bafe eft un cercle comme C D [ fig. j . ) , & qui eft produite par la révolution entière du plan d'un triangle rectangle CA B , autour du côté perpendiculaire A B ; mais cette définition ne peut regarder que le cône droit , c'eft-à-dire , celui dont l'axe tombe à angles droits fur fa bafe. Afin donc de donner une defcription du cône , qui convienne également au cône droit & à l'oblique , fuppofbns un point immo- bile A , {fig. 4. ) au-dehors du plan du cer- cle BDÈC ; & foit tirée par ce point une ligne droite AE , prolongée indéfiniment de part & d'autre, qui fe meuve tout-au- tour de la circonférence du cercle : les deux furfaces engendrées par ce mouvement , CON 879 font ^^ptWéQS furfaces coniques ; & quand on les nomme relativement l'une à l'autre , elles s'appellent àç.s furfaces verticalement oppofées ou oppofées par le fommet ^ ou fim- ^\txx\^x\\ fur faces oppofées. Voici les principales propriétés du cône. 1°. L'aire ou la furface de tout cône droit ^ faifant abftradion de la bafe ,eft égale à un triangle , dont la bafe eft la circonférence de celle du cône .^ & la hauteur le côté du cône. VoyeT^ TRIANGLE. Ou bien , la fur- face courbe d'un cône droit eft à l'aire de fa bafe circulaire , comme la longueur de l'hy- pothénufe A C( fig. 3 . ) du triangle reftan- gle générateur eft k CB , bafe du même triangle, c'eft-à-dire, comme le côté du cône au demi-diametre de la bafe. D'où il fuit que la furface du cône droit eft égale à un fedeur de cercle , qui a pour rayon le côté du cône, & dont l'arc eft égal à la circonférence de la bafe de ce foîide : d'où il eft aifé de conclure que cet arc eft à 360 degrés , comm.e le diamètre de la baf* eft au double du côté du cône. On a donc une méthode très-fimple de tracer une furface ou un plan , qui enve- loppe exaftement celle d'un cône droit pro- pofé. Car fur le diamètre de la bafe A B y l'on n'a qu'à décrire un cercle ÇPL des ce- niq.fig. 6".); prolonger le diamètre jufqu'en C , en forte que A C {bit égal au côté du cône ; chercher enfuite une quatrième proportionelle aux trois grandeurs z AC^ AB y 160^; & du centre C, avec le rayon C A , décrire un arc Z) £ , qui ait le nom- bre de degrés trouvés par la quatrième pro- portionnelle; alors le fedeur C D £ , avec le cercle A B , fera une furface propre à envelopper exadement le cSne propofé, A-t-on un cône droit tronqué , dont on voudroit avoir le développement? que l'on porte le côté de ce cône de A en F ; que l'on décrive un arc G H avec le rayon F', & que l'on cherche enfuite une quatrième proportionnelle à 360*^, au nombre de de- grés de l'arc G H; &; au rayon C F ; afin de déterminer par ce moyen le diamètre du cercle IF^ ôc l'on aura une figure plane , dont on pourra envelopper le cône tronqué. Car C DB A E , enveloppera le cône entier; C G i*^ J .fl^ enveloppera le cù/ie S8o C O N retranché ; il faut donc que DB EHIG foit propre à envelopper le cône tronqué. 1.°. Les cônes de même bafe & de même hauteur font égaux en folidité. Foye:^ Py- ramide. Or il eft démontré que tout prifme trian- gulaire peut être divifé en trois pyramides égales; & qu'ainfi une pyramide triangulaire eft la troifieme partie d'un prifme de même bafe & de même hauteur. Puis donc que tout corps multangulaire ou polygone , peut être réfolu en folides triangulaires ; que toute pyramide eft le tiers d'un prifme de même bafe & de même hauteur ; qu'un cône peut erre confidéré comme une" pyramide infinitangulatre , c'eft-à-dire , d'un nombre infini de côtés ; & le cylindre comme un prifme infini- tangulaire, il eft évident qu'un cône eft le tiers d'un cylindre de même bafe & de même hauteur. L'on a donc une méthode très-fimple pour mefurer la furface & la folidité d'un cône : par exemple pour avoir la folidité d'un cône, il n'y a qu'à trouver celle du prifme ou d'un cylindre de même bafe &: de même hauteur que le cône ( Voye^^ PRISME & Cylindre J ; après quoi Ton en prendra le tiers , qui fera la folidité du cône ou de la pyramide. Si la folidité d'un cylindre eft 6o')'59i96o pies cubes, on trouvera que celle du cône vaut 201864320 pies cubes. Quant aux furfaces , on a celle d'un cône droit en multipliant la moitié de la cir- conférence de la bafe par le côté de ce cône , & ajoutant à ce produit l'aire de la bafe. Si Ton veut avoir la furface &c la foli- (Jité d'un cône droit tronqué AB CD {fis- 7- ) 5 ^^ hauteur C H &: les diamètres des bafes A B , CD, étant donnés , on déterminera d'abord leurs circonférences : enfuite on ajoutera au quarré de hauteur Ç H le quarré de la différence A H des rayons ; & extraifant la racine quarrée de cjette fomme, on aura le côté A C d\i cône tronqué : on multipliera enfuite la demi- fomme des circonférences par le coté A C, ^ cette multiplication donnera la furface du çgnp tronqué. CON Pour en avoir la folidité on fera cVabord cette proportion ; la différence A H des rayons eft à la hauteur C^du cône tron- qué , comme le plus grand rayon AF Q(k à la hauteur F E à\i cône entier ; cerre hau- teur étant trouvée , on en fouftraira celle du cône tronqué , & l'on aura la hauteur £ G du cône fupérieur. Que l'on détermine pré- fentement la folidité du cône CED &: celle du cône AEB , &c que l'on ôte la première de la féconde, il reftera la folidité du cône tronqué ACDB. Sur les ferions du cône , voye^ CONI- QUE; fur le rapport des cônes &. des cy- lindres, vojq Cylindre -, & fur les cen- tres de gravité & d'ofcillation du co.ig, voyeT^ Centre. Le nom de cône fe donne encore à d'au- tres folides, qu'à ceux dont les furfaces font produites par le mouvement d'une ligne autour de la circonférence d'un cercle : il s'étend à toutes les efpeces de corps que l'on peut former de la même manière , en pre- nant une courbe quelconque pour circonfé- rence de la bafe. La méthode pour déterminer la folidité d'un cône oblique , eft la même que celle pour déterminer la folidité du cône droit ; tout cône en général eft le produit de fa bafe par le tiers de fa hauteur , c'eft-à- dire, par le tiers de la hgne menée du fommet perpendiculairement à la bafe. Dans les cônes droits , cette ligne eft l'axe même; dans les autres, elle eft différente de l'axe. Mais l'a furface du cône oblique eft beau- coup plus difficile à trouver que celle du cône droit ; on ne peut la réduire à la me- fure d'un feâieur de cercle, parce que dans le cône obhque toutes les lignes tirées du fommet à la bafe , ne font pas égales. Voye^ le mémoire que M. Euler a donné fur ce fujet , dans le tome Ides Nouv. mêm. de Pê" tersbourg. Barrow, dans fes Lecliones geome- trlcce , donne une méthode ingénieufe pour trouver la furface d'un cône qui a pour bafe une ellipfe, lorfque ce cône fait por- tion d'un cône droit. Voici en deux mots fa méthode. Du point où l'ajçe du cône droit coupe l'ellipfe, il imagine des perpendicu- laires fur les différens côtés du cône ; & comme ces perpendiculaires font égales,il n'a pas C O N pa? de peine à prouver que la folicUté du c6n& elliptique eft égale au produit de fa (urface par le tiers de l'une de ces perpendiculaires. Or cette même lolidité eft autîi égale au tiers de la hauteur du côm , multiplié par la bafe elliptique. Donc comme la perpendicu- laire ci-deffus défignée eft à la hauteur du ro/ze, ainft labafe elliptique eft à la iurface cherchée. On appelle en optique , cône de rayons , l'aftemblage des rayons qui partent d'un point lumineux quelconque , & tombent fur la prunelle ou fur la furface d'un verre ou d'un miroir. Voye^ Rayon, f OJ CÔNE, terme de botanique; voyez ci- après CONTFERE. CÔNE ( Chymie. ) efpece de moule de fer fondu , dans lequel les chymiftes verfent les fubftances métalliques ( appellées régules dans ce cas ) qu'ils fe propofent de fépa- rer de leurs fcories par l'opération qu'ils nomment en latin prcecipitatio fuj'oria. Foyei RÉGULE , PRÉCIPITATION, & Fusion. Ce moule a la forme d'un cône renver- fé ; &c c'éft de cette forme qu'il tire fon nom 6c fon ufage. Une fubftance métalli- que quelconque étant plus pefante que les fcories dont on la fépare , 6c étant immif- cibieavec ces fcories, doit, lorfque l'un &c l'autre de ces corps font en belle fonte dans un même vaiffeau , en gagner le fond , dès que le feu ne les agite plus. Et la forme co- nique du moule dont nous parlons , eft très-propre à raftembler le régule en une mafle qu'on peut facilement féparer des fcories. ( 3 ) CONEPATE ,f. m. ( Hifl. nat.quadr.) animal quadrupède du Mexique , décrit & figuré fous ce nom , par Hermandez, dans fon Hiftoire du Mexique , /?. 3 3 2 , foufrle nom de conepalt. Catesbi en a fait graver &C enluminer une bonne figure , fous le nom et putois d^ Amérique^ dans fon Hi flaire na- turelle de la Caroline , vol. II -,p, & planche LXII. M. Brifton dans fon Règne animal des quadrupèdes , impriméen 1756 ,/». aio , le défîgne par le nom à^ putois rayé; muflela nigra tcenis in dorfo albis , . . . . putorius ftriatus. Enfin M. de BufFon en a fait graver deux bonnes figures , au vol. II, page. x^8 de ion Hi flaire naturelle^ édition z/i-/a, TomeniL CO N 881 imprimée en 177CS fous le nom de conepate, C'eft, félon lui, le tepemantla q le Fernan- dez décrit datis fon }fifloire de lu Nouvelle Efpagne^page 6^, ri^' 16'. Cet animal reflemble affez au putois par la grandeur, mais il a le corps plus ramafte, le mufeau plus effilé , à-peu-près comme celui du rat, ou delà iburis, Toeil très-vif. Sa queue, qui eft tournie de longs poils, lîérilTés comme ceux du renard, atteint jufqu a fa tête , c'eft-à-dire , qu'elle eft auffi longue que fon corps, fur lequel elle fe relevé en arc , à-peu-près comme celle de l'écureuil. Ses doigts font au nombre de cinq à chaque pié , Sc vraifemblablement tous à la même hauteur. Il a fur fon poil à fond noir cinq bandes blanches qui s'étendent longitudinalement de la tête à la queue. Variétés. Il paroît que cet animaléprouve quelques variétés dans (ts couleurs. Celui qu'on appelle vulgairement fcunck , dans laNouvelle-Yorck, &: que les Anglois qui font dans ce pays nomment polekat , 6c les Suédois fiskatte , eft quelquefois tout blanc , & pour l'ordinaire noir , avec trois bandes blanches. Il a la grofleur & la forme de la martre ^ &: les yeux étincelans la nuit, C'eft , félon M. de Buffon , cet animal que le père Charlevoix appelle enfant du diable , bête puante. Hifloire de la Nouvelle France , volume III, page 33 J. Il a le poil gris avec deux raies blanches , formant un ovale fur le dos. Mœurs. Le conepate fait (qs petits égale- ment dans des terriers , & dans des creux d'arbres. Les oifeaux font fa nourriture ordinaire ; il brife leurs œufs 6c mange leurs petits. S'il entre dans un poulailler, il y porte le ravage; il vit auffi d'infeéles 6c de fruits fauvages. Cet animal ne répand aucune odeur pen- dant qu'il eft tranquille , mais lorfqu'il eft chaffé, foit par les hommes, foit par les chiens , il court tant qu'il peut , ou grimpe fur un arbre , 6c lorfqu'il eft trop preffé , il commence d'abord comme les chats par hérifTer fon poil , 6c rehaufler fon corpiS de manière à le rendre plus étrange par fa rondeur, 6c plus terrible par fa gran- deur extraordinaire. Si cet air menaçant ne uftit pas pour épouvanter fon ennemi , »1 S ssss 88t CON emploie un moyen infaillible ; il lui préfente le derrière, &: lui lance tantôt l'urine in- fefte, tantôt une vapeur qui fort de quel- ques conduits fecrets , &: qui font l'une & l'autre d'une odeur fi forte, que l'ait en efl; empeftë au point qu'elle fuffoque , & que les chiens font obligés de lâcher prife ; il y en a cependant qui enfoncent le nez dans la terre pour renouveller leurs atta- ques, jufqu'à ce qu'ils aient tué le puant ; mais rarement par la fuite fe foucient-ils de pourfuivre un gibier fi défagréable , qui les fait fouffrir pendant quatre ou cinq heures. Tous les animaux qui «fe trouvent dans l'atmofphere de cette vapeur , éprouvent la même fenfation ; les bœufs èi. les vaches beuglent en courant de toutes leurs forces. Kalm nous apprend qu'un de ces puants, apperçu la nuit dans une cave à fes yeux ctincelans, par une femme qui le tua , rem- plit la cave d'une odeur telle, que non, feulement cette femme en fut malade pen- . dant quelques jours , mais encore que le pain, la viande, &i les autres provifions que l'on confervoit daivs ce fouterrain , fu- rent tellement infedés , qu'on n'en put rien conferver , & qu'il fallut tout jeter de- hors. Une goutte de fon urine qui jailli- roit dans les yeux , éteindroit la vue ; lorf- qu'il en tombe fur le« habits , elle leur imprime une odeur ii forte, qu'il eft très- difficile de la faire paffer ; il faut plus d'tin mois pour l'enlever entièrement d'une étoffe. Ufages. On apprivoife quelquefois ces animaux quand ils iont encore jeunes : ils J&iivent leur maître comme les animaux do- meftiques , & conservent leur vivacité en devenant doux. Comme ils ne lâchent leur urine &: leur odeur infefte que lorfqu'on les preffe , ou qu'on les bat , ou lors que la peur eu l'intérêt de leur confervation les forcent à avoir recours à ce moyen de défenfe , ils ne font pas incommodes. Sa chair eft délicate & d*un très - bon goût , approchant de celui du cochon de feit. Àufii les Américains en tuent-ils quel- quefois ; mais ils ont la précaution de les Yuider auffi-tôt , ou d'en féparer la velîie , afin que la chair ne prenne pas l'odeur de l'urine. Ils en emploient la peau à faire des kîujcjCes, Les Européens n'en font aucun cas CON à caule de fon épaifleur &c de la longueur de fon poil. Remarques. Le conepatc a comme l'on voit , beaucoup de rapport avec le putois, par la grandeur , la forme &: l'odeur , & il en feroit une efpece , s'il avoit comme lui le cinquième doigt ou le pouce plus haut que les autres doigts; mais comme tous les auteurs qui l'ont décrit ou figuré , fe taifent fur ce caraftere plus effentiel qu'ils ne l'ont cru, & que leurs figures les placent tous à la même hauteur , nous penfons qu'il pour- roit faire un genre d'animal particulier , voifin du putois & de la civette, dans la famille que j'appelle \a famille des chats ou des lions. { M. Adanson. ) * CONFARRÉATION , f. f. ( HijL anc. ) cérémonie romaine qui confiftoit à faire manger , en préfence de dix té- moins , d'un pontife , ou d'un flamine diale , d'un même pain ou gâteau aux perfonnes que l'on marioit , &: qui defti- uoient leurs enfans au facerdoce. Voye:^ Mariage. La canfarréation étoit la plus facrée des trois manières de conférer le mariage, qui étoient en ufage chez les Romains : elle étoit appel'îée confarréation , du gâteau falé , à farre & molâfald. Cette cérémonie fouf- traifoit une fille à la puifïance paternelle : elle ne dura qu'un temps. Quand un mariage contracté par la confarréation lé rompoit , on difoit qu'il y avoit diffarréation. On offroit auffi dans la diffarréation le gâteau lalé. La confarréation & la diffarréation avoient chacune leur formule &; leur cérémonie. On prétend qu'on répandoit fur les viâiimes une portion du gâteau. ^ONFECTEUR, cenfeâor , { Hiftoirc ancienne. ) forte de gladiateur chez les an- ciens Romains , qu'on louoit pour fe battre dans l'amphithéâtre contre les bctes féroces» Foyei Gladiateur. Les confecieurs s'appelloient ainfi, ^ coU' ficiendis bejiiis^ à caufé qu'ils maffacroient & tuoient les bêtes. Les Grecs les appel- loient '7rtt.§ci^K9i , c'eft- à-dire , téméraire ,> déterminé ; d'où les Latins ont emprunté les noms et p arabe lani &: de parabolarii. Les chrétiens étoient q^uelquefois condamnés à. CON ces fortes de combats. Voye:^^ le Diction, de Trévoux & Chamhtrs. (G) CONFECTION , f. f. ( Pharm. ) On a donné en pharmacie le nom de confection à certaines compofitions officinales qui font du genre des éleéluaires dont elles ne diffé- rent ni par leur confiftancej ni par le ma- nuel de leur préparation. Voye\ ÉLEC- TUAIRE. On trouve dans les dirpenfaires un aïTez grand nombre d'éleâ:uaires décrits fous le nom de confection , qui prefque tous font ftomachiques & cordiaux ; ce qui feroit croire que c'étoit principalement à ceux de cette efpece qu'on donnoit originairement ce nom. Il ^tn trouve cependant auffi , mais très-peu , qui font narcotiques : il y en a même un qui eft purgatif. De toutes les conférions décrites dans la pharmacopée univerfelle de Lémery (en- viron 30) , il n'y en a que trois qui foient au- jourd'hui en ufage parmi nous ; fa voir la con- fection hyacinthe & alkermhs , qui font toutes deux réputées cordiales &: ftoma- chiques , & la confection tiamec qui eft pur- gative. Nous allons donner la compofition de ces trois préparations. Confection hyacini/ie réformée de Lémery. 1^ des hyacinthes préparées , une once & oemie ; du corail rouge préparé , de la terre figillée, du fantal citrin , de chacun une once ; de la rapure de corne de cerf, fix gros ; de l'os de cœur de cerf, de la racine de tormentille , de fraxinelle , des feuilles de diftame de Crète , du faffran , de la myrrhe , des rofes rouges , des femences d'ofeille , de citron , de pourpier , de chacun trois gros ; des yeux d'écreviftes- préparés quatre fcrupules ; «Jesécorces extérieures de citron , d'orange aigre , de chaque quatre fcrupules ; du mufc , de l'ambre-gris , de chacun dix grains ; du (irop de kermès , une once ; du ifirop d'œillet , trois liv. ^V. B. que la livre dont fe fert Lémery n'eft que de douze onces. Si jamais les médecins galéniftes firent une préparation monftrueufe , on peut bien dire que c'a été la confection d'Iiyacinthe : tous les éloges qu'on lui a donnés, & qu'on lui donne encore tous les jours, ne font rien en fa faveur ; & malgré les corredlions qu'on a faites à la defcrrption que nous avoient C O N S83 laifTée \e% anciens, on peut afîurer hardi- ment que cet élecluaire ne peut pas avoir une grande vertu , fur-tout à la dofe où on le donne ordinairement : il liiffit pour s'en convaincre de jeter les yeux fur la nature des poudres, & fur la quantité & la qualité qui fert à les incorporer. La poudre eft compofée de végétaux, à qui l'on a accordé une vertu aftrigente , tels que la tormentille , les rofes rouges ou cordiales , tels font la racine de fraxinelle , le fantal citrin , le faflfran , les feuilles de diftame , le myrrhe ; pu enfin vermifuge , (car on attribue auifi cette propriété à' la confection hyacinthe ) comme les fem.ences de citron, de pourpier, d'ofeille : les autres poudres font réputées abforbantes ; &C quelques-unes le font en efi>2t', favoir , le corail &c les yeux d'écreviftes , la corne de cerf & l'os du cœur du même animal , font du genre des remèdes qu'on appelle incrajfans. Il y a une autre efpece d'ingrédiens dont les vertus médicinales, je crois , ne font pas trop bien connues; je veux dire les terres argileufes , qui font le bol d'Arménie & la terre figillée. Je ne parle point de l'ambre-gris ; ni du mufc ; on ny en met jamais. Quant aux pierres précieufes qui entroient autrefois dans cette préparation , Lémery les a toutes retranchées à l'exception des hyacinthes. Je ne fais pas trop pourquoi il a fait grâce à celles-ci : les raifons qui ont fait rejeter les émeraudes , les faphirs , dévoient faire rejeter aufli les hyacinthes ; mais fans doute -que comme elles donnent leur nom à cette confection^ il n'a pas ofé les en bannir. La poudre qui réfulte des ingrédiens énoncés , & qui eft connue dans les bouti- ques , fous le nom d'efpece de confection hyacinthe , pourroit avoir de bons effets dans certains cas , donnée au poids d'un demi-gros ou d'un gros : mais il n'arrive jamais qu'on prefcrive ces efpeces ; on a toujours recours à la confection^ c'eft-à-dire à une petite portion de la poudre , & une très-grande au contraire de firop. En effet, la dofe ordinaire de ce remède étant d'un gros , le malade à qui on le prefcrit ne prencï que 12 grains de la poudre , & 60 grains de iiiop. Ajoutez à cela, que la plupart Sssss z 884 9 ^ N. de celle qui fe débite à Paris, &c qui vient pour la plupart de Montpellier & de Lyon , eu faite avec le iirop de limon , firop acide qui ne manque pas de faturer les alkalins terreux , fur la vertu defquels on ne peut plus compter. 11 eft vrai que la plus grande parue des apothicaires de Paris, conformé- ment à la defcription corrigée par Lémery ne fe fervent que deiîrop d'osiUet, ou même d'un firop blanc , c'eft-à-dire , fait avec l'eau commune & le fucre ; en ce cas les abforbans confervent toute leur propriété : mais comme il en entre une fi petite quan- tité dans la dofe que l'on prelcrir ordinaire- ment de cette confidion , on ne doit pas beaucoup compter fur eux. La cQn/ec/ionkyacinihepzffe pour fortifier le cœur, l'eftomac & le cerveau; elle tue les vers, & a, dit-on, la propriété d'arrê- ter le cours de ventre & le vomiiTement. On pourroit en faire prendre hardiment jufqu'à une demi-once ; à cette grande dofe même , le malade ne prendroitque 48 grains delà poudre. Confection alkcrme. La confcciicnalkerme étoit aufii dans fon origine une préparation très-imparfaite ; & Méfué qui en eft l'auteur , y avoit fait toutes les fautes que feront toujours ceux qui mélangeront différentes drogues fans être infiruits des principes de la chymie. En effet cet auteur faifoit infufer de la foie crue , teinte avec le ker- mès , dans du fuc de pommes & dans de l'eau-rofe ; il faifoit enfuite cuire avec du iucre cette infufion en canfiftance de firop : quoi de plus contraire à l'art que d'em- ployer de l'eau-rofe , que l'on doit enfuite faire évaporer ? Pourquoi falloit-il que la foie fût teinte avec le kermès } ne valoit-il pas mieux fe fervir du kermès lui-même. De quelle utilité peut être une infufion de foie ? Il y a long- temps que Zwelfera fait fentir le ridicule d'une pareille préparation , &: à pré- fent il n'eft plus queftion dans les boutiques, de la confeclion alkcrme de Méfué ; plufieurs auteurs l'ont corrigée ; nous allons la donner telle qu'elle eft dans la pharmacopée de Paris. If. grains'de kermès une once , fantal ci- trin une once & demie , bois d'aloès demi- once, bois de rofe un, gros & demi, des rofes rouges fix gros, de la canelle trois onces 3 du caffia-lignea trois gros, ^elaco-, CON chenille deux gros , des perles orientales pré- parée§ , du corail rouge préparé , de chaque une once, des feuilles d'or un fcrupule ; faite 5 du tout une poudre fine .-enfuite prenez firop de kermès quatre onces , que vous ferez chauffer au bain- marie , & pafferez à travers un tamis ; après quoi ajoutez-y fucre blanc une demi-once ; faites un peu épaiifir le firop, &: y ajoutez lorfqu'il fera prefque refroidi de la poudre fufdite quatre gros : mêlez bien le tout, & la confection fera faite. On a rejeté avec raifbn de cette compofi- tion le lapis la\uli , toujours au moins fuf- peâ: par le cuivre qu'il contient , malgré la correélion prétendue opérée par fa calci- nation. Les feuilles d'or font fans doute deman- dées ici pour fuivre un ancien ufage, car jamais or ne fut fi inutilement employé. La dofe de cette confcBion cft d'un demi- gros, mais on pourroit hardiment la poulTer jufqu'à demi-once; car on n'apperçoit pas les inconvéniens qu'il y auroit à craindre de l'adminifiraLion d'une pareille dofe , & l'on peut obferver en général que les méde- cins font trop timides dans l'adminiftration des remèdes purement altérans , & que c'eft parce qu'ils ne \ts donnent qu'à de tiès- foibles dofes, que ces remèdes font le plus fouvent inutiles. • La confection alkerme efl: un affez bon ftomachique & cordial : c'efl à ce dernier titre qu'elle efi: le plus communément en ufage : elle entre prefque dans toutes les po- tions cordiales, &: fait un ingrédient très- utile. Confection hamec de Lémery : prenez de raifins mondés une demi-livre , du poly- pode de chêne concafTéune once & demie , de l'épythimie une once, des feuilles d'ab- fynthe , de rofes rouges , de thym , des f e- mences d anis , de fenouil , de la fumeterre , de chacun demi-once; du gingembre ôc du fpicanard, de chacun deux dragmes ; faites bouillir le tout dans trois pintes de petit- lait & une pinte d'eau de fumeterre , jufqu'à diminution de moitié ; difix)lvez enfuite dans la colature bien exprimée , du miel écume &: du fucre blanc , de. chacun une livre & demie ; cuifez le tout enfuite jufqu'à la confifiance d'un élecluaire mou; puis, après avoir retirée la baffine de defîus le C O N feu , di/Toîvez-y de la pulpe de cafTe huit onces , de celle de pruneaux fix onces ; ajou- tez-y fur la fin de poudre de myrobolas ci- trins ,de féné mondé , de chacun trois onces , de l'agaric trois onces , des trochifques alhandal, de la rhubarbe, de chacun une once & demie ; de la fcammonée , femence de violette, de chacun une once; du fel de fumeterre Ôscd'abfynrhe , de chacun trois gros : faites-en une conficîion félon l'art. La confocrion hamcc eil un purgatif hydra- gogue très-efficace , à la dofe de deux gros jufqu'à fix ; elle a été fur-tout célébrée pour les maladies vénériennes &; les maladies de la peau : mais fa grande amertume en rend l'ufage prefque impoffible à la plupart àts malades, b) CONFÉDÉRATION, f. f. {Gramm.\ Jfifi. anc. & moâ. ) alliance ou ligue entre ' djfférens princes & états. Voye\ LlGUE & Alliance. Confédération fe dit aufli en Pologne , pour les ligues ou aflbciations que font entr'eux les nobles & les grands en Pologne , même fans l'aveu du fouverain, &: quel- quefois contre (qs vues , pour maintenir la liberté de la république. Ce mot efl: tiré du latin cum , avec , enfemble ; &c fœdus ^ alliance ou traité. ÇG^J CONFÉRENCE, f. f. (Jurifprud.) 2. dans cette matière deux fignifications diffé- rentes. Il fe prend pour le rapprochement & la comparaifon qui eft faite de différentes loix. Il y a, par exemple, des conférences du droit romain avec .le droit françois , une conférence à^s ordonnances, oiiGuenoisa rapproché les difpofitions des différentes ordonnances qui font intervenues fur chaque matière , une conférence des coutumes par le même auteur , pour faire voir le rapport & la diverfité des coutumes entr'elles ;une conférence de Bornier fur les ordonnances de Louis XIV , où il a rapporté fous chaque article les difpofitions des anciennes ordon- nances , &; plufîeurs autres conférences feiA- blables. Conférence fe prend au/fi , en termes de palais , pour une ailemblée compofée de magiftrats ou d'avocats, & quelquefois des uns &c des autres, dans laquelle on traite des matières de jurifprudence. On peut voir dans M. Auzanet, les mi- CON 885 moires & arrêtés qui font fortis des confé- rences célèbres qui fe tenoient chez M. le premier préfidentde Lamoignon, pour par- venir à rendre la jurifprudence uniforme : les conférences de la bibliothèque publique de l'ordre des avocats font auffi connues ; une partie des queffions qui y ont été agitées dans le commencement de fon infti- tution, a été imprimée & inférée dans le fécond tome des œuvres de M. Duplefîls, fous le titre de confuUations. {^ ) CONFÉRER, ÇJurifpr.J on ait tnm2.' tiere bénéhciale conférer un bénéfice , c'eft- à-dire , en donner des provifions. Les pa- trons laïques & eccléfiaftiques qui n'ont que la fimple nomination ou préfeatation, ne confèrent pas le bénéfice , non plus que ceux q^ui. ont fimplement le droit d'élec- tion ; il n'y a que le collateur ordinaire ou le pape qui confère véritablement, ^oye^^ BÉNÉFICES COLLATIFS , & ci- devant Collateur, Collation. f^J CONFESSEUR, f. m. (Hl^I. eccléf & T/î^Wo^. J chrétien qui a profeiïé hautement &: publiquement la foi de Jéfus-Chrifi:, qui a enduré des tourmens pour la détendre jufqu'à la mort exclufivement, & qui étoit difpofé à la fouffrir. On donne à un faint le nom de confef- feur^ pour le diftinguer des apôtres, des évangéliftes , des martyrs , &c, Voye^ Saint & Martyr. On trouve fouvent dans l'hiftoire ^clé- fiaftique le mot confejfeur , pour fignifier un martyr. On a donné dans la fuite ce nom à ceux qui , après avoir été tourmentés par les tyrans, ont vécu & font morts en paix. Enfin on a appelle confejfeurs ceux qui après avoir bien vécu, font morts en opinion de fainteté. On n'appelloit point, dit S. Cyprien ,du nom de confejfeur , celui qui fe préfentoit de lui-même :au martyre & fans être cité, maison le nommoix profeffeur. Si quelqu'un par la crainte de manc/jer de courage &C de renoncer à la foi , abandonnoit fon bien , fon pays , &c. &. s'exiloit lui-même volon- tairement , on l'appelloit extorris , exilé. Confejfeur eft auflî un prêtre fécuiier ou religieux, quia pouvoir d'ouir les pécheurs dans le facrement de pénitence, Si de leur donn«r rabfolution. S8(5 C O N L'églife l'appelloit en latin confeffarîus , pour le diftinguer de confcjjor , nom con- facré aux faints. Les confcjj&urs des rois de France , fi an en excepte l'illuftre M. l'abbé Fleiiry , ont été conflamment Jéfuites , de- puis Henri IV. Avant lui, les Dominicains & les Cordeliers étoient prefque toujoius confijjeurs des rois de France. Les confej- fcurs de la maifon d'Autriche ont auffi été pour l'ordinaire des Dominicains & de^ Cordeliers ; les derniers empereurs ont jugé à propos de prendre des Jéfuites. Diclionn. di Trév. & Ckambers. ÇGJ CONFESSION, f. f. (Hift. eccléf, & Théolog.) eft une déclaration , un aveu , une reconnoiflance de la vérité , dans quelque fituation que l'on ie trouve. La confejfion , dans un fens théologique , eft une partie du i'acrement de pénitence : c'eft une déclaration que l'on fait à un prêtre de tous (e^ péché« pour en recevoir l'abfolu- tion. Foye\ ABSOLUTION. La confejfion doit être vraie , entière , dé- -taillée , & tout ce qui s'y dit doit être en- ieveii dans un profond filence , fous les peines les plus rigoureufes contre celui qui iera convaincu de l'avoir révélée. VoycT^ RÉVÉLATION. Elle eftdedroitdivin nécef- faire à ceux qui font tombés après le bap- tême. Elle étoit autrefois publique ; mais l'églife pour de très-fortes raifons , ne l'exige plus , depuis un grand nombre de fiecles , Ôc n'a retenu que la confejfion auriculaire qui eft de toute ancienneté. Les théologiens catholiques & les con- troverfiftes, comme Bellarmin , Valentia, &c. foutiennent que fon ufage remonte jufqu'aux premiers fiecles. M. Fleury avoue que le premier exemple de la confejfion gé- nérale que l'on trouve , eft celui cîe S. Eloi , qui étant venu en âge mûr , confefta devant un prêtre tout ce qu'il avoit fait depuis fa jeuneffe. Mais il paroît par les pères grecs des premiers fiecles , & même par l'hiftoire de Neélaire , fi fouvent obje^lée aux catholi- ques , par les proteftans, que la confejfion auriculaire étoit en ufage dans l'églife dès la première antiquité. L'églife affemblée dans le concile quatrième de Latran (^année 121 5J â ordonné que tout fidèle qui feroit parvenu à l'âge de difcrétion , confeflferoit CO N Anciennement les meubles de celui qui étoit mort après avoir refufé de feconfeffer, étoient confifqués au profit du roi, ou du iéigneur haui-jufticier, ainfî qu'il eft dit dans les établifiTemens de S. Louis, c. 89. Quand quelqu'un étoit décédé inteftat , ou fans avoir laifTé quelque chofe à l'églife, on appelloit cela mourir déconfés , c'eft-à- WxQ^fans confejfion. Le défimt étoit pré- fumé ne s'être point confefTé, ou- au cas qu'il fe confefTât, on lui refufoit l'abfolu- tion, s'il ne donnoit rien à l'églife : ainfi il étoit toujours réputé mort déconfés , c'eft- à-dire , fans conjéffion, Voyei les notes de M. de Lauriere , fur le chapitre Ixxxix ci- devant. Il étoit d'ufage de temps immémorial dans les provinces de France qui font ré- gies par le droit coutumier , de ne point ac- corder la confefjîon aux criminels qui étoient condamnés à mort; quoique dans les pays de Languedoc & ailleurs elle ne leur fût point refufée. L'ufage particulier du pays coutumier fut condamné par le concile de'^'ienne, & le pape Grégoire XI en écrivit à Charles V pour le faire abolir. Philippe de Mazieres , l'un ét% confeillers de ce prince, lui per- fuada de faire réformer cet ûfage qui lui paroifToit trop dur, à quoi Charles V étoit toutdifpofé : mais ayant fait mettre lachofô en délibération dans fon parlement, il y trouva tant d'oppofition, qu'il déclara qu'il ne changeroit rien là-defTus de fon vivant. Les repréfentations qui furent faites fur cette matière par le feigneur de Craon à Charles VI l'engagèrent à afTembler les princes du fang , les gens dugrand-confeil , plufieurs confeillers du parlement , du châ- telet , & autres , par l'avis defquels il donna des lettres le 12 février 1396, qui abolif- fent l'ancienne coutume , ordonnent d'offrir le facrement de pénitence à tous ceux qui feront condamnés à mort, avant qu'ils par- tent du lieu où ils font détenus , pour être menés au lieu de l'exécution; & il efl enjoint aux miniftresde la juftice , d'induire les criminels à fe confefTer , au cas qu'ils fuffent fi émus de trifteffe qu'ils ne fongeafTeat point à le demander. Cette loi fut pratiquée <îès 1397 pour fès péchés au moins une fois l'an, f ^ J 1 des moines qui avoient accufé faufiement C ON le duc d'Orléans d'avoir jeté un fort fur Charles VI. L'ordonnance de 1670 , tu. xxvj. art. 4. porte que le facrement de confejjlon fera offert aux condamnés à mort, & qu'ils feront affiftés d'un eccléfiaftique jufqu'au lieu du fupplice. li n'eft pas permis à un confeflTeur de ré- véler la confejjlon de fon pénitent , &: il ne peut y être contraint. Can. Jacerdos , diji. vj. & capit. omnis extra depœnit. & rcmlf- Jionib. f^ojeiPapon , liv. XXIV. tit.vij. Carondas , rep. liv. VII ^ ch. clxxviij. Un confeiïeur n'eft pas non plus tenu , & ne doit pas révéler les complices du cri- minel qu'il a confefTé, parce qu'outre le fecret qu'exige la confefjîon , une telle ré- vélation ne feroit qu'un oui- dire qui ne feroit pas une preuve contre les complices : M. d'Héricourt tient mêifie que l'on ne pourroit pas fe fervir contre un accufé d'un papier fur lequel il auroit écrit fa confejjion , quoiqu'il s'y reconnût coupable du crime dont il feroit accufé. {A) Les Indiens, au rapport de Tavernier, ont auffi chez eux une efpece de confejjlon & de pénitence publique. Il en en de même des Juifs. Ces derniers ont des for- mules pour ceux qui ne font pas capables de faire le détail de leurs péchés ; ils en ont d'ordinaire une compofée félon l'ordre de l'alphabet : chaque lettre renferme un péché capital, & qui fe commet le plus fréquem- ment. Ils font ordinairem.ent cette confejfion le lundi , le jeudi , & tous les jours de jeûne , aufîi bien que dans d'autres occafions. Quel- ques-uns la difent tous les foirs avant de fe coucher, & tous les matins quand ils fe lèvent. Lorfque quelqu'un d'eux fe voit près de la mort, il mande dix perfonnes plus ou moms félon fa volonté, dont il faut qu'il y en ait un qui foit rabbin , Se en leur préfence il récite la confejfion dont on vient de parler. Voye^ Léon àk Modene, cér&m. des Juifs. Confejfion defoi,e{ï une lifte ou dénom- brement &: déclaration des articles de la foi de l'églife. Voje^ Foi. La confejjlon d'Ausbourg eft celle des Luthériens , préfentée à Charles-Quint en Î530. Fc de lui réfigner dans \in certain temps; ou lorfqu'il conferve le titre pour lui , mais à la charge de donner les fruits du bénéfice en tout ou en partie au réfi- gnant , au collateur, ou à quelque autre perfonne défignée dans la convention. On dit communément que la confidence efila fœur de la Jîmonie , parce qu'en effet rien n'approche plus de la (imonie que la confidence ^ &: qu'il y a de la fimonie dans ces fortes de padions , puifque c'eft traiter de quelque chofe de l'pirituel pour un objet temporel. Le premier exemple que Ton trouve de confidence en matière de bénéfice , eft celui du nonce Tryphon, lequel en 918 confen- tif , contre les règles, de n'être ordonné que pour un temps patriarche de Conftan- tinople , Sl d« remettre cette dignité à Théophilafte fils de l'empereur Romain I , dit Lecapcne, quand il feroit en âge de la pofîeder. Il n'avoir alors que leize ans. On voit aulii dans Froiffart un autre exemple fameux de confidence , qui eft à peu près du même temps que le précédent. Herbert, comte de Vermandois, s'étant em- paré de l'archevêché de Rieims pour fon fils Hugues qui n'étoit encere âgé que de cmq ans, convint avec Odalric , évêque d'Aix , que celui-ci feroit les fondions épifcopales de l'archevêché de Rheims juf- qu'à ce que Hugues fût en âge ; & en actendant on accorda à Odalricla jouiffance Tome VIII, C ON 889 de l'abbayis de S. Thimothée, avec une prébende canoniale. Ce défordre fut fort commun en France dans le xvj fiecle, & fur-tout vers la fin; plufîeurs grands bénéfices , & même des évêchés , étoient poffédés par des féculiers , par des hérétiques , par des femmes , aux- quels certains eccléfiaftiquesconfidenti aires prêtoient leur nom. Cependant les loix canoniques &c civiles fe font toujours élevées fortement contre un fi grand abus. Le concile de Rouen, tenu en 1501 , oblige les confidentiaires , & même leurs héritiers , à reftituer les fruits qu'ils ont induement perçus. Les bulles dé Pie IV & de Pie V des 17 oftobre 1564, & «5 Juin 1569, mar- quent les préfomptions par leCquelles on peut établir la confidence ; favoir , 1'*'. lorf- qu'après la réfignation le réfignant continue à percevoir les fr^iits du bénéfice ; 1^. fi le réfignataire donne procuration au réfignant ou à (qs proches pour padèr les baux du bénéfice, & en recevoir les fruits ; 3^^. ii le réfignant fait tous les frais des provihons, & autres expéditions de fon réfignataire ; 4^. fi celui qui a employé le bénâ^ce pour un autre , ou qui s'y eft employé, s'ingère enfijite dans la difpofition des chofes qui concernent le bénéfice. Mais comme ces bulles n'ont point été reçues en France , ni enrégiftrées dans au- cune cour fouveraine, les juges qui connoif^ fent des conteftations où il peut fe trouver des queftions de confidence ^nQàoiVQwi ad- mettre que les préemptions qui font de droit commun; il faut qu'elles foient juris & de jure : or la troifieme de celles qui font marquées dans les bulles dont on a parlé eft fort équivoque , fur-tout fi c'étoit un oncle qui eût fait les frais des provifions pour fon neveu ; & que celui-ci n'eût aucun bien ; la dernière de ces préfomptions eft très-foi ble : cela dépend donc beaucoup ûqs circonftances & de la prudence du juge. Le concile de Bourges, tenu en 1584, déclare les bénéfices , obtenus ou donnés par voie àb confidence, vacans de plein droit, &: oblige à la reftitution ceux qui en ont perçu les fruits ; &: non feulement il prive, les confidentiaires de tous les bénéfices ou Ttttt g5?o C O N ^ C O N penfions qu'ils poiTcclent, mais même les! en fcene ; Couvent même la fimplicité de la déclare incapables d'en obtenir d'autres. fable , la pompe du fpeâiacle , &, comme L'édit du mois de Septembre 1606, art. I , porte que pour ôter les crimes de (imo- nie & de confidence^ qui ne font que trop communs en ce royaume , fi quelqu'un eft déformais convaincu pardevant les juges sauxquels la connoiiTance en appartient, d'a- voir commis fimonie, ou de tenir bénéfices en confidence , il fera pourvu auxdits béné- fices comme vacans , incontinent après le jugement donné; favoir par nomination du roi , fi le bénéfice efl du nombre de ceux auxquels il a droit de nommer par les con- cordats ; ou par les ccllateurs ordinaires , s'ils dépendent de leur collation. Cette difpofition fe trouve rappellée dans Y art, 18 de l'ordonnance de 1669 ; elle veut de plus qu'il foit procédé févérement contre les perfonnes qui auront commis les je l'ai dit , !a néceflité de remplir un théâ- tre immenfe , qui fi^ns cela auroit paru défert, foilicitoient ce concours de témoins; &c'eft ce qui formoit le chœur. Mais le chœur n'étoit pas feulement occupé à rem- plir l'intervalle des a£i:es par ks chants & fa patitomime , il étoit confident de la fcene , & alors un feul de (ts perfonnages parloit au nom de tous. Son emploi le plus important étoit de former l'intermède. Frappé de ce qu'il avoic il entretenoit par (es réflexions 6c vu par fes chants pafiionnés , l'émotion des fpeélateurs; il réfumoit la moralité de l'ac- tion théâtrale , & la gravoit dans les efprirs; ami des bons , ennemi des médians , il con- foloit les malheureux , vifiimes de leiu- im- prudence , ou jouets de la deftinée. Le crimes de fimonie & de confidence , &c que i chœur avoir donc fon avantage comme té les preuves de ces crimes.foient reçues (iii- : moin, ou nécefiairejou vrairemblable;mais vanr les bulles & confiitutions canoniques ; comme confident intime, il étoit fouvent jfurce faites; ce qu'il faut néanmoins entendre déplacé. II. eft dans les mœurs de tous les feulement des bulles reçues dans le royaume. Peleus, ^^^y?. i2y y dit qu'on ne peut con- traindre un confidenîiaire à réfigner un pays & de tous les temps , d'avoir un ami , ou un homme affidé à qui Ton fe confie ; mais il ne fera jamais vraifemblable qu'on bénéfice, à moins qu'il n'y ait une promefife prenne un peuple pour confident de fes par écrit ; &i en efi^et, on n'eft pas admis à vérifier la confidence par la feule preuve tef- limoniale ; mais el!e efi: admile Icrfqu'il y a un commencement de preuve par écrit ; autrement il feroit prefque toujours impof- fible de prouver la confidence ^ attendu que ceux qui la commettent ont ordinairement foin de déguifer leurs conventions , 2* de cacher la confidence. Le juge royal peut connoitre de la con- fidence incidemment au pcfTefToire du bé- néfice. Le titulaire confidentiaire ne peut pas s'aider de la pofl^efiîon triennale , parce qu'il n'eft pas pofi[ibIe qu'il n'ait eu con- noiffance de la confidence. Rebuffe , de vacif. poffejf. 2 ai. (AJ CONFIDENT, te, fubft. fPoc/T^ Dra- matique. ) Dans la tragédie ancienne il y avoit deux fortes de corfidens ; les uns pu- blics, les autres intimes. Parla nature de l'aftion théâtrale, qui étoit communément une calamité ou quelqu'événement politique, une foiUe de témoins y pouvoient être mis fecrets les plus intimes, de fes crimes les plus cachés , comme dans l'Orefte & la Phè- dre. Il n'eft pas plus naturel rès-petite quantité ,1a ligne^ droite paralte'e aux bandes de Jupiter: l'on figurera ainfi Jupiier accompagré de fes^ quatre fatelliies , à-peu-près ttl qu'il paroî^ dans une lunette de quinze pies, qui ren-r verfe les objets. Les cercles font difpofés pour une figure, redreflee. Les fatellites i & 3 font au-deftbus de la> ligne des bandes , parce qu à caufe de l'in-. clination d&fi orbites., les fatellites paroiA-- fentun peu vers le nord dans un des demi- cercles de leur révolution : tant que le. fatellite eft entre los i.^^- & 4* 15*^ de lon^- gitude ;.ou au defîbusde. la ligne des nœuds. N N, que nous avons marquée fur le jovi*» labe ,. il paroit toujours un peu plus fep-- tentrional que l'orbite de. Jupiier , &: cela,-, d'autant plus , qu'il eft plus éloigné deSi points A^5, ou de la ligne NN,. C O N Le chifFre qui indique le fa^ellite fiir la Egne de configuration , le met enn e Jupiter & le point qui marque le place du fatellite , quand on voit fur le jovilabe que !e fatellite fe rapproche de Jupiter , comme da^^s notre figure : au contraire , on met le chef au delà du point , quand le fatellite s'éloigne de Jupiter. On comprendra la raifon de ces configu- rations^ 'en confidérant que la ligne C A marque le rayon qui va de notre œil au cçntre de Jupiter; la ligne C B marque le rayon qui va de Jupiter à la terre : ainfi les fatellites nous pa-'oîtront plus ou moins éloignés de Jupiter , fuivant qu'ils feront plus ou moins éloignés de l'alidade BCA fiir laquelle nous voyons toujours le cen- tre de Jupiter; il n'importe point qu'ils foient plus ou moins avancés le lon'j: de cette ligne C ^ ; il ne s'agit que de leur diftance à l'ali- dade ou à la ligne. On marque dins les configurations les temps oi!i chaque fatellite paroi: fur le difque de Jupiter, ou fe trouve caché derrière le difque ; cela eft facile , parce que la largeur de l'alidade eft égale à celle de Jupiter même : ainfî quand le point eft fous l'alidade , on juge que le fatellite eft derrière Jupiter , ou qu'il pa- roît fur fon difque. On trouvera dans la féconde édition de mon Ajlronomic , un femblable inftru- ment pour faire la configuration des fatel- tites de faturne ; mais on en fait fi rare- ment ufage , & on les voit fi difficilement , qu'il feroit inutile d'en placer ici la defcrip- tion. {M. DE LA Lande.) CONFINER un héritage ou un terri- toire , {Juri/pr.) c'eft en marquer les con- fins ou limites. Voye^ ci-après CoNFiNS. Anciennement confiner fignifioit quelque- fois reléguer quelqu'un des confins d'un cer- tain territoire. Voye\ BanNIR. (A) CONFINS , f. m. pi (Jurifpr.) font les hmi'.es d'un héritage, d'une paroifie , ou du territoire d'u le dîmerie , d'une feigneurie , juftice , &c. fines agrorum feu territorù. Il ne faut pas confondre les bornes avec les confins. On entend par confins lei 1 mites d'un -héritage ; au lieu que les bornes font à^s figues extérieurs qui fervent à mar- quer les limites. La loi des douze tables avoit ordonné de C O N 8;^^ laifter'un efpace de cinq pies de large entre tes héritages appartenans à différentes per- fonnes ; ce qui formait un fentier de com- munication par lequel chacun pouvoir aller i fon héritage , & même tourner tout- autour , fans palier fur celui du voifin. Ces fentiers étoient appelles viœ agrariœ , &. cet efpace de cinq pies ne pouvoir être p"ef- crit.ll paroit que l'objet des décemvirs, en obligean' chacun delaifl'ercet epace autour de fon héritage, étoit que l'on pw faci- lement labourer à la charrue fans anticiper fur le voifin , & aufli pour que la diftinc- tion des héritages fût mieux nurqiiée. Il y a apparence que les deux propriéu^.ires qui avoient un héritage contigu à l'autre, dé- voient laifier chacun la moitié de cet efpace de cinq pies. Mamilius , tribun du peuple , fit dans la^^ fuite une loi appellée de ion nom Ma.mUia,. & par corruption , qui conformem..'nt à la^ loi des douze tab'es , ordonna qu'il y auroit un efpace de cinq à fix pies entre des fonds voifins l'un de l'autre , & qui régloit les différends qui s'élevoient à c© fujet entre des particuliers. Il eft auffi parlé de cet efpace de cinq pies dans la loi dernière au code Théodo- îien , finium regundorum., qui en ce point paroit avoir fuivi la- lo^i des douze tables.- La loi quinque pedum^ nu coàe Jinium' regundorum.^ énonce auffi que l'eipace de cinq pies qui fépare les héritages , ne peut pas fe prefcrire ; ce qui fuppofe que cet ufage de laiflerun efpace de cinq pies entre ; les héritages étoit encore obfervé. 11 étoit cependant d'utage de mettre des , bornes chez les Romains; ce qui femble- roit fuperflu au m. «yen de cet efpace de cinq pies , mais les bornes pouvoient toujours fervir à empêcher que l'on ne déplaçât le fentier de féparation.- Quoi qu'il en fbit , il eft certain que depuis l^ng-temps il n'eft plus d'ufage que les différens propriétaires d'héritages voi- fins laifiént un eîpace entre leurs hé; itages,-. à m.oins que l'un ne faileune muraille ou-- un f()fTé,.oune plante une haie ; hors ce-' cas , chacun laboure- jgîqu'à l'extrémité de-' fon héritage , ce qui ne fe peut faire à la-^ vérité Ikns que la m; itie de ia charrue pofe^ fur l'héruage du voifin ; ce qyi eft regardé-' S9^ CON comn''e une fervitude néceiTiIre &c réci- proque entre voifins. Les autres clifpofitions du tkrc fini um rtgundorum , font que dans une vente l'on ne coniîdere point les anciens confins ^\w?m ceyx qui ibnt défignés par le contrat , parce que le propriétaire qui vend une partie de Ton fonds peut changer les limites ou con- fins , & les déterminer comme il le juge à propos ; qu'ils peuvent pareillement chan- ger par le fait &: le confentementdes diffi- rens propriétaires qui fe fuccedent ; que quand il s'agit de régler les confins ou limi- tes , on a égard à U propriété & polTeffion, & que pour la mefiire des terres le juge commet un mefureur (ce que nous appel- Ions aujourd'hui arpenteur ^^ l'ur le rap- port duquel il ordonne enfuite que les bor- nes feront pofées ; que fi pendant le pro- cès l'un des contendans anticipe quelque choie fur l'autre, il fera condamné non feu- lement à rendre ce qu'il a pris , mais encore à en donner autant du fien \ qu'on peut fe pourvoir pour faire régler les C9nfins lorf- qu'il s'agit d'un modique efpace de terrain , de même que s'il étoit plus confidérable ; enfin, que l'on ne prefcrit les confins ou limites que par l'efpace de trente ans. La pofition des confins peut être établie de trois manières , ou par les bornes , ou par titres , ou par témoins ; par bornes , lorfqueron en reconnoît qui ont été mifes d'ancienneté, voyeT^ BoRNES; par titres, lorfque l'étendue de l'héritage ou du terri- toire y eft marquée ; & par témoins , lorf- que les témoins difent que de temps immé- morial , ou depuis un tel temps , ils ont toujours vu un tel jouir , labourer , ou di- mer jufqu'à im tel endroit. On entend auffi fouvent par le terme de confins , les tenans &: aboutifl^ans, c'eft-à- dire, les endroits auxquels un héritage tient de chaque côté. Il y a des confins immua- bles, tels qu'un chemin, une rivière ; d'au- tres font fujets à changer, tels que les hé- ritages des particuliers; non feulement il arrive changement de propriétaire & chan- gement de nom , mais fouvent même les héritages qui confinent changent de nature ; une pièce de terre eft partagée en plufieurs portions , ce qui étoit en bois ou vigne eft mis en terre, aut contra \ c'eft pourquoi CON on ne rai:ro!r avoir trop d'attention à b'eri expliquer tout ce qui peut défigner les cor fins. Il eft même bon de marquer les anciens & nouveaux conf.ns , c'cft-à-dire , d'expli- quer que l'héritage tient à un tel , qui étoir au lieu d'un tel. Il y a des terriers où l'on* appelle ainfi les confins de l'un à l'autre , en remontant jufqu'au titre le plus ancien. Pour mieux reconnoître \es confins ," xi faut les orienter , c'eft-à-dire , les défigner chacun parafpe(5i du foleil ; par exemple, en parlant d'un héritage ou territoire , on dira: tenant d'une part ^ du côté d'orient y au chemin qui conduit de lieu à tel autre ; d'un bout , du côté du midi , à la rivière ; d'autre part du coté d'occident , à Pierre ViaLircl ^ au lieu de Simon Hugonet , qui étoit au lieu de Jean ; d"" autre bout , du côté du fcptentrion , a la terre de Nicolas Rocke , qui étoit ci-devant en bois. L'ufage de marquer les confins dans les terriers n'a commencé que vers l'an 1300 » & en d'autres endroits vers l'an i4')0. L'ordonnance de 1667 , tit. ix , art. j , veut que ceux qui forment quelque de- mande pour des cenfives ou pour la pro- priété de quelque héritage, rente foncière, charge réelle , ou hypothèque , déclarent, à peine de nullité , par le premier exploit , le bourg , village ou hameau , le terroir ou la contrée , où l'héritage eft fitué, fa confiirance , fes nouveaux tenans & abou- lifTans , du côté du feptenirion , midi , orient, occident , &c. enforte que le dé- fendeur ne puide ignorer pour quel héri- tage il eft aftigné. Dans les déclarations ou reconncifl^ances, aveux Si dénombremens , contrats de vente, baux à rente , échanges, baux à ferme , & autres aftes concernant la pro- priété ou pofieflion d'un héritage ou ter- ritoire , il eft également important d'en bien déMgner les confins , pour en aflurer l'étendue. (A) CONFIRE, v. aa. ( Confifeur. ) c'eft donner à un fruit , à une plante , ou à une herbe une forte de préparation , en Tin- fufant dans du fucre , firop, eau-de-vie , ou vinaigre, pour leur donner un goût agréa- ble , ou pourles conferver plus long-temps. Voyei CoKFiT & Confiture. CO N CONPIRE , terme de Chamoifeur , Pel- leterie , &c. c'eil donner une certaine pré- paration aux peaux de mouton, d'agneau, de lièvre , &c. dans une cuve appeilée confit , avec du Tel , de l'eau , de la farine, &c. Ainii , l'on dit , // faut confire ces peaux c'eft-à-dire , il faut les mettre dans le confit avec les ingrédiens néceflaires pour les préparer. Voyei CfiamoiSEUR. CONFIRMATION, f. f. (Théolog.J^ facremçnt de la loi nouvelle , qui , outre la grâce fandifiante , confère à l'homme bap- tifé des grâces fpéciales pour confeffer cou- rageufement la foi de Jefus-Chrift ; c'efl: la définition qu'en donnent quelques théolo- giens catholiques. Ils font divifés fur ce qui conftitue la matière effentielle de ce facrement; les uns veulent que ce foit la feule impofition des mains , &: que l'ondlion du fainf chrême ne foit que matière accidentelle ou inté- grante ; c'eA le fentiment du P. Sirmon & de M. de Sainte-Beuve. Les autres comme Grégoire de Valence foutiennent que les apôires employoient & rimpofirion des mains & l'ontiion du chrême > mais que l'ondion eft devenue par l'ufage matière eifentielle, & l'impofition des mains matière accidentelle : d'autres réuaiffent en quelque forte ces deux fentimens , en fou tenant que l'impofition des mains & l'onftion du faint chrême font également matière effen- tielle. Enfin , un quatrième fentiment veut que Jefus-Chrift ait inftitué l'un &: l'autre comme matière , en laiifant à l'églife à ufer félon fa. fageiïe de l'une ou de l'autre. De ces fentimens le troifieme efi le plus généralement fuivi. Selon celui qu'on embralfe fur la matière de ce facrement , on en prend un fur f!i forme , c'eft-à-dire , fur l'oraifon ou la prière qui accompagne rimpofition des mains ou l'onction du faint chrême. Parmi les Grecs & dans tout l'orient , on donne ce facrement immédiatement après le baptême ; m;iis dans l'églife d'oc- cident , on le réferve jufqu'à ce que les enfans aient atteint l'âge de raifon. Quoiqu'on trouve des preuves très-fortes de Ion exiflence dans les aclcs des apôtres , ckap. vij^verf. 74 & fuiv. & chap.xlx, Vtrf, i , Ô£ de fa pratique ou adminiftra- C O N 895 tion dans Tertullien , /. du baptême , chap, vij de la réfurreclion de la chair ^ ch. vij ; dans S. Cyprien, épit. 73 , à Jubaïen, 6* epifl. y G 2. Janvier dans S. Jérôme, dialog. contre les lucifériens ^ dedans S. Auguftin, liv, XV de la Trinit, ch. xxi'j , les luthé- riens 6>c les calviniftes n'ont pas laiffé que de le retrancher du nombre des facremens. II paroît par toute l'antiquité , que les évêques ont toujours été en droit de con- férer le facrement de confirmation ; faint Cyprien & la plupart des pères marquent très-diftinftement la tradition &: l'ufage de la confirmation ^ par l'impofition des prélats de l'églife , depuis les apôtres jufqu'à eux. M. Feury , & la plupart des théologiens modernes établiffent comme un caraéltre diftinftif entre les fondions des prêtres ou des diacres , & celles des évêques , que les premiers puiffent adminiftrer le baptême, au lieu qu'il n'appartient qu'aux évêques de conférer la confirmation en qualité de fuc- cefiTeurs des apôtres. Il eft- certain que parmi les Grecs , le prêtre qui donne le baptême confère auflî la confirmation', & Luc Holftenius afifure que cet ufage eft fi ancien dans l'églife orientale , que le pouvoir de confirmer eft devenu connne ordinaire aux prêtres qui l'ont reçu des évêques. Delà, pour ne pas condamner la pratique de cette églife , les théologiens penfent que l'évêque eft le mi- niftre ordinaire de la confirmation , & que les prêtres peuvent la donner , & l'ont fou- vent donnée comme miniftres extraordi- naires, & par délégation. La confirmation eft un des trois facremens qui impriment caradere. VoyeT^ CARACTERE. On donnoit autrefois la confirmation aux fêtes folemnelles de Pâque & de la Pente- côte 5 &: aux approches de la perfécution. Le concile de Rouen prefcrit que celui qui donne la confirmation , & ceux qui] la reçoivent foient à jeum Sur les cérémo- nies qui appartiennent à l'admlniftration de ce facrement, on peut voir les anciens rituels & les théologiens qui en ont traité. {G) Confirmation, {Belles-Lettres) en rhétorique , eft la troifieme partie d'un difcours , félon la divifion des anciens , dans laquelle l'orateur doit prouver par loix > Sc^6 C O N raifons , autorité ou autres moyens , la vénré des faits ou des propositions qu'il a avancés, fol*^ dans la narration , ibit dans fa divifion. C'eftceque nous 3.ppe]\ons preiivcs 6c moyens. K. DjscourS 6- OraiSON. La co/7firmniion ei\ direéle ou indireéle : la prefniere renferme ce que l'orateur a avancé pour fortifier fa caufe ou dévelop- per fon fujet : la féconde , qu'on appelle autrement confutation & réfutation , eft !a réplique aux obje^f^ions de la partie adverfe. Voyei Confutation & Réfutation. On comprend quelquefois ces deux parties fous le titre général de contention. Cette partie. eft comme l'ame de l'orai- fon ; c'eft fur elle qu'eft fondée la princi- pale force des argumens ; c'efl pourquoi Ariilote l'apelle t//*; , fides, ce qui fait impreflîon fur l'efprit des auditeurs , & concilie leur créance à l'orateur. C'efl: la partie la plus effentielle de l'éloquence ; toute l'adrelTe &: toute la force de l'art y font renfermées , car elle confifte prin- cipalement à convaincre & à émouvoir. Dans toutes les quellions qu'on y traire , il faut autant qu'il eft poffible , remonter à un principe lumineux , le préfenter à fes auditeurs par tous les côtés qui peuvent le faire connoître , &: ne le point quitter qu'on ne l'ait placé dans fon véritable jour. On doit defcendre enfuite aux conféqiien- ces par un chemin droit , & par des liai- fons naturelles , enforte que l'on voie la conclufion naître du principe établi dans le commencement. Ainfi, le but de la confir- mation eft de prouver une cliofe qui paroît douteufe , par une autre qui eft tenue pour certaine. La forme des preuves eft différente, Se l'art de l'orateur confifte à entremêler les enthymêmes aux exemples , aux induftions, aux dilemmes , & à les revêtir de figures , pour ne leur pas donner un air uniforme qui déplairoit inf^lliblement. Mais en raffemblant tous les argumens qui établiflent fa caufe , l'orateur doit être attentif à les arranger dans un ordre conve- nable, en mettant au commencement & à îa fin les meilleures preuves , & les plus foibles dans le milieu ; c'eft le fentiment de Cicéron dans fon traité de l'orateur. (GJ CONFIRxMER , ( Jurifprud. ) c'eft aé- C ON clarer ou reconnoître valable un a fie. Une donation ou un teftament font confirmés par l'acquief'cement que l'on donne à leur exé- cution ; ils font aufïi confirmés, & d'une manière plus fbienmelle , lorfqu'ayant été débattus de nullité en juftice , il intervient un jugement qui les déclare valables , & en ordonne l'exécution. Le roi confirme des ftatuts & privilèges, ^ autres aifles , par des lettres-patentes; mais il faut obferver qu'il y a deux maximes en fait de confirmation : l'une eft que , qui confirmât nihiL dat , c'eft-à-dire , que la confirmation n'ajoute rien à ce qui efl con- firme y fi ce n'eft l'approbation & l'autorité qu'elle y donne. La féconde maxime eft, que la fîmple confirmation d'un aifte qui efi nul de plein droit ne le rend pas valable, à moins que l'approbation qui eft faite de l'afte ne fbit émanée de celui qui avoit intérêt de le con- tefter ; par exemple , fî le fils exhérédé a approuvé le teftament de fon père, il ne peut plus intenter la querelle d'inofficiolîté. Lorfqu'il y a appel d'une fentence , le juge fupérieur peut la confirmer ou l'infir- mer , fi l'appel efl pendant devant une cour fouve raine : lorfque l'on confirme la fen- tence, on prononce que la cour met l'appel- lation au néant , & ordonne que ce dont el^ appel fortira fon plein & entier effet, & elle condamne l'appellant en l'amende & aux dépens ; néanmoins en matière de grand criminel , la cour , lorfqu'elle con^ firme, dit feulement qu'il a été bien jugé, mal & fans grief appelle. Cette dernière forme de confirmer eft la feule dont les juges inférieurs puiffent ufér> fpit en matière civile ou criminelle. On peut confirmer un jugement ou autre a6le, dans une partie , &: l'infirmer ou dé- fapprouver dans l'autre. Voje:^ au code 5 , tit. xvj , /. 74, & ai^ jf. xy, tu. ix,L2. ,& lib. XXIX, tit. vij , /. 7, 6- lib. XXXVII, tit. xiv, l.fin. Dumoulin iwxVart. 5 de Cane. coût, verbo dénombrement, nn. 8 y &f. Mornac, adleg, dcjuiifd. & le Prêtre , cent. 4, ch. xlv. {A) Confirmer i^/i cheval, [Manège.) c'efl achever de le drefler aux airs du manège. Voyei Air , Manège , &c. ÇVJ CONFISCATION , f. f. f /«/-//>r.) eft l'adjudication C O N i*adiuclîcatîon qui fe fait d'une chofe au pro- fit du fifc , ou de ceux qui en ont les droits ; c'eft une peine prononcée par les loix contre ceux qui font coupables de quelque délit , & qui eft plus ou moins étendue félon la nature du délit : cetre peine s'étend fur les héritiers du criminel qui font privés celle de 1-héritage donné à titre d'emphy- téofe ,.la commife cenluelle dans les coutu-- mes où elle a lieu , font aufîi une efpece de .confifcation de l'héritage qui a lieu au profit du reig.neur. Foyei^^ COMMISE. (A) CONFISERIE,. f. f. L'an de faire des confitures de toutes les efpeces .. & plufieurs. autres ouvrages en fucre,^ comme bifcuits,. mafTepains , macarons ,. &c. Il femble que' cet art n'ait été inventé que pour flatter le goût en autant de façons qu'il pioduit d'ou- ^vrages différens.Jl n'y a pas de fruits , de; fleurs , de plantes , quelque bons qu'ils foient naturellement ,à qui il ne puiffe donner im goût plus flatteur & plus agréable. li adoucit l'âpreté des fruits les plus aigres , & en fait des mets délicieux. Il fournit aux tables des grands feigneurs leur plus bel ornement. La confifrie peut exécuter en fucre toutes fortes de deflins , de plans ,, de figures , 8>c même des morceaux d'archi* tefture confidérables. CONFISEUR ou CONFITURIER, f. mafc. marchand qui fait ôi qui vend àts C O N confitures , ou qui en fait venir des pays étrangers Si des provinces du royaume où f on excelle à les faire , pour les débiter en gros 6c en détail. A Paris les confifeiirs font partie du corps d'épicerie , qui eft le fécond des fix corps des marchands. Foyei Épicier. CQNFIT, f. m. pelletier , ckamoifeur , maroquinier^ &c. a deux exceptions ; il fe dit d'une certaine compofition nécelTaire pour la préparation des peaux. VoyeT^Us articles Peaux, ChamOIS, Tannerie, Maroquin , &c. ,11 fe dit auffi de la cuve où l'on tient cette prépajatioii. CONFITURE, fubft. f. CConfifmr.) nom que l'on donne aux truirs, aux fieurs, aux racines, & à certains fucsloriqu'ils font bouillis & préparés avec du fucre ou du miel, pour les rend-re de garde ou plus agréables au goût. Les anciens co/zy^/bzV/zr feulement avec du miel, aiîjourd'hui oii fe fert plus fréquem- ment du fucre. Confitures demi-fiicrées^ font celles qui ^mt couvertes feulement d'un peu de fucre, afin qu'elles confervent davantage un goût de fruit. On réduit routes \ts confitures à huit for- tes; favoir confitures liquides ^marmelades , celées ^ paies , confitures fieches , confierves , fruits candis^ & dragées. Confitures liquides , font celles dont lés fiuits , ou tout entiers, ou en morceaux, ou en graines , font confits dans un firop fluide, tranfparent, qui prend fa couleur de celle des fruits qui y ont bouilli; il y a beaucoup d'art à les bien préparer : ii elles ne font pas affez fucrées , elles fe tournent; il elles le font t op, elles fe candiffent. Les plus Q^\vs\its à&s confiitures liquides (omles prunes, particulièrement celles de mira- belle , l'épine-vinette , les grofeilles , les abricots, les cerifes , la fleur d'orange, les petits citrons verts de Madère , la caffe verte du Levant, les myrobolans , le gingembre , & les clous de girofle, &c.. Les marmelades ïont desefpeces^e pâtes à demi-liquides , faites de la pulpe des fruits ou des fleurs, qui ont quelque confiftance, comme les abricots, les pommes , les poires, les prunes, les coins, les oranges & le gin- gembre; la marmelade de gingembre vient C O N 901 des grandes Indes par la Hollande; on la re- garde comme excellente pour ranimer la cha- leur naturelle des vieillards, /^oje^; Marme- lade. Les gelées font faites de jus de fruits, où l'on a fait difl!budre du fucre, &: qu'enfuite on a fait bouillir jufqu'à une confiftance un peuépaifle; de forte qu'en fe refroidiflant il reffemble à une efpece de glu fine tranf^ parente. On fait des gelées d'un grand nom- bre de fruits , particulièrement de grofeil- les , de pommes & de roins ; il y a d'autres- gelées que l'on fait de nde , de poifTon , de corne de. cerf, mai elles ne fe gardent pas, étant fort fujettes à fe gâter. Les pdtes font une forte de marmelade, épaifîie par l'ébuilition, au point de garder toutes fortes de formes , lorfqu'après les avoir mifes dans des moules elles font fé- chées a||four. Les plus en ufage font celles de grofeilles, de coins, de pommes , d'a- bricots,, de fleur d'orange : on,eftime fort celle de piflaches; il y en a de gingembre qui vient des Indes. Les confitures feches font celles dont les : fruits, après avoir bouilli dans le firop , font tirés , égouttés, & féchés dans im four. Celles-ci fe font d'un fi grand nombre de fruits, qu'on ne pourroitles nommer tous : les plus eftimés font le citron &: l'écorce d'orange, les prunes, le^ poires, les cerifes, les abricots , &c. Les conferves font une efpece de confiture fécke ^:hne avec du fucre & des pâtes de fleurs ou de fruits; & les plus en ufage font celles de bétoine, de mauve, de romarin, de capilaire , de fleur d'orange , de vio- lette, de jafmin,,de pilîaches , de citrons &: de rofes. Nota, que lés apothicaires entendent fous le- titre de conferve , toutes fortes de confi- tures (tche^ ou hquides, préparées avec du fucre ou du miel pour être confervees, foit de fleurs, de fruits, de graines, de r; - cines , d'écorces , de feuilles, &c. V. Con- serve. Les candis ou plutôt les _//«/« candis^ font ordinairement des fruits entiers, qui, après avoir bouilli dans le firop, reftent couverts de fucre candi , ce qui les fait pa- roitre comme des cryflaux de différentes •couleurs & figures, félon les fruits qu'ils 502 C G N contiennent. Les meilleurs candis viennent d'Italie, f^oyei Candir. Les dragées font une efpece de confiture feche , faite de petits fruits, ou de graines, ou de petits morceaux d'écorce, ou de ra- cines aromatiques & odoriférantes, recou- vertes d'un fucre fort dur ordinairement très-blanc. Il y en a de beaucoup de fortes , diftinguées toutes par leur nom : les unes font faites de framboife, d'autres d'épine- vinette, de graine de melon , depiftaches, d'avelines , d'amandes , de cannelle , d'é- corce d'orange , de coriandre , d'anis , & de graines de carvi, &c. Chambers. CONFLAGRATION, f. f. {Phyfiq.) fe ditquelquefois de l'incendie général d'une ville ou de toute autre place confidérable. Cependant ce mot eft plus ordinairement reftreint à fignifier ce grand incendie que la foi nous apprend devoir arriver à la fin des fiecles , & dans lequel la terre lera con- fumée par un déluge de feu. Les Pythagoriciens, les Platoniciens, les Épicuriens & les Stoïciens paroiiïent avoir eu quelques idées de cet incendie futur : mais il feroit difficile de dire d'où ils les ont tirées , à moins que ce ne foit des livres facrés, ou des Phéniciens, qui eux-mêmes les avoient reçues des Juifs. Séneque dit expreffément : Tempus adve- niet quo Jîderafideribus incurrent ; & omni flagrante materia uno igné , quidquid nunc ex depojito lucet , ardebit. Les Stoïciens ap- pellent cette diffolution générale îKTrvpacrif , inflammation. Il en eft aufli fait mention dans les écrits de Sophocle , d'Ovide, de Lucain, &c. Le doileur Burnet , après le père Tachard & d'autres , rapporte que les Siamois croient qu'à la fin du monde la terre fera toute defféchée parla chaleur; que les montagnes difparoîtront; que toute la furface de la terre deviendra plate & unie , & qu'alors elle fera toute confu^née par le feu. Déplus, les bramines Siamois foutiennent que non-feulement toute la terre fera détruite par le feu , mais encore qu'il en renaîtra une autre des cendres de la première. Les auteurs ont des fentimens très-partages, non fur la caufe première de cet incendie qui eft fans contredit la volonté divine , mais fur la caufe féconde. %t% uns croient qu'il fera produit par un ^ C O N miracle, comme par le feu du ciel. Les au- tres difent que Dieu produira cet incendie par des caufès naturelles & agiffantes félon les loix des méchanique<;. Quelques-uns penient que l'irruption d'un feu central fuf- fira pour le produire; îk ils ajoutent que cette éruption peut arriver de différentes manières, foit parce que la violence du feu central fera augmentée, foit parce que les parties de la terre feront devenues plus in- flammables, foir parce que l*réfiftance des couches rerreftres deviendra moindre par laconfommation des parties centrales, ou parla diminution de l'adhérence des parties de notre globe. D'autres en cherchent la caufe dans l'atmofphere : félon eux , une quantité extraordinaire de météores s'y en- gendrant, &: éclatant avec une violence ex- traordinaire par le concours de ditFérentes circonftances , fera capable de produire ce feu. Les Aftrologues l'expliquent par la con- jonftion de toutes les planètes dans le figne du Cancer, de même que le déluge arriva , félon eux , par la conjoiiftion des planètes dans le figne du Capricorne. Cela ne vaut pas la peine d'être réfuté. Enfin, d'autres ont recours aune caufè félon eux plus puiffante &: plus efficace. Ils penfent qu'une comète s'approchant trop de nous en revenant du foleil, caufera cet incendie. A la vérité on pourroit craindre de la part de ces corps quelques boulever- femens , étant capables par leur mouve- ment au-travers de l'orbite de la terre , par leur prodigieufe grofi^eur, & par Imtenfité du feu dont ils font embrafés dans leur re- tour du périhélie , de produire les plus grands changemens & les plus grandes ré- volutions dans notre fyftême. J^oye^; Co- mète. ' M. Newton a calculé que la comète de 1680 a dû éprouver dans fon périhéhe une chaleur 2000 fois plus grande qu'un fer rouge : fi lorfque cette comète a traverfé l'orbite de la terre , la terre fe î\\.x. trouvée proche du point de cette orbite où la co- mète a pafîe, il ne paroît pas douteux qu'elle n'eut pu caufer fur la maffe de notre globe de grandes altérations. Whifton a prétendu que cette comète , dont la période paroît être d'environ 575 ans , avoit dû paroître l'année du déluge , & qu'elle en a peut-étrç C O N ètéU caufe. .Quoi qu'il en fo'it dé tous ces fyftêmes phyfiques , il faut toujours y re- connoître la volonté divine comme caufe première : Dieu (aura bien réduire notre terre en cendres quand il lui plaira; il n'aura befoin pour cela , ni de feu central , ni de comète , fa feule volonté fuffira. Et pour- quoi ne pas vouloir que la fin du monde & fa deftruflion foit un miracle ? la créa- tion en eft bien un : il n'eft pas plus difficile de détruire que de conftruire. Dieu même, fuivant plufieurs théologiens , ne fait que créer continuellement quand il conferve. Il n'a qu'à ceffer de créer pour que tout foit anéanti. (OJ CONFLANS-EN-JARNISY, (Géog.) petite ville de France, en Lorraine, fur les frontières de la Franche-Comté, au con- fluent des rivières d'Iron & d'Orn. Long. 23. 3o. lat. 47. 45. 'CONFLIT DE JURISDICTION, {Jurifp.) c'eft la conteftation qui s'élève entre les offi- ciers de différentes jurifdiftions, qui préten- dent refpeélivement que la connoiflance d'une affaire leur appartient. Lorfque le conflit eft formé entre deux jurifdiâiîons inférieures, indépendantes l'une de l'autre, mais reffbrtiflantes toutes deux devant un même juge, on peut fe pourvoir devant ce juge fupérieur, pour faire régler dans laquelle des deux jurifdiélions inférieu- res on doit procéder. Si ces deux jurifdic- tions ne reffortiffent pas l'une & l'autre en une même cour, il faut fe pourvoir en rè- glement de juge au confeil; c'eft ce que l'or- donnance dji68i , titre commun pour tou- tes les fermes, art. ^y ^ ordonne pour les conflits qui furviennent entre les juges ordi- naires &: les élus. hes conflits qui furviennent entre les deux chambres des requêtes du palais , font jugé^ par les doyens des deux chambres , auxquels on remet les pièces. Si c'eft entre la grand'chambre & une chambre des enquêtes ou entre deux chambres des enquêtes , le conflit fe plai- de au parquet devant les trois avocats généraux. A l'égard des conflits formés entre deux •cours , comme entre le parlement & la cour des aides, les avocate généraux de la cour 4es aides "viennent au parquet dii parle- CON 90Î ment , ou la caufe fe rapporte fJar le minif- tere d'un fubftitut du procu-eur général du parlement, & les avoca' s généraux des deux cours décident; s'ils fe trouvent partagés, on fe pourvoit au conleil en règlement de juges. Voye^^ l'ordonnance de 166^^ tit. ij . art. I. (AJ CONFLUENT, f. m. (Géog.) lieu où deux rivières fe joignent &: mêlent leurs eaux. Voyei Rivière. Le village nommé Conflans , proche de Paris , eft ainft nommé parce que c'eft pro- che de ce village que fe fait la réunion de la Seine & de la Marne. Quand deux rivières fe rencontrent, il faut qu'elles fe joignent pour aller déformais enfemble avec une direction commune, qui ne fera ni l'une ni l'autre des deux différen- tes qu'elles avoient auparavant. L'angle du confluent^ c'eft-à-dire, celui fous lequel les deux rivières fe rencontrent, étant pofé, il eft clair que ft elles fe rencontrent avec des forces parfaitement égales , la direction commune qu'elles prendront divifera cet angle exaftement en deux moitiés égales ; mais hors de ce cas-là, qui eft unique & extrêmement rare, l'angle ne fera point di- viié également, parce que ladireflion com- mune formée ou réfultante des deux parti- cuheres , tiendra plus de celle qui aura ap- partenu à la rivière plus forte que de l'au- tre; &C cela d'autant plus que l'inégalité de forces fera plus grande. Donc la direc le dérangent beau* coup. Tout ceci eft tiré de Vhijioire acadé- mique^ ly^S. On peut rapporter à cet article les expé- riences de MM. Dufay & Varignon fur les mouvemens de deux liquides qui fe croi- fent. CON fent. Deux tuyaux étant foudés l*un à l*au- tre, & fe croif'ant, on fuppofe que l'on poufle une liqueur dans un des tuyaux , & une liqueur difïérente dans l'autre ; M. Va- rignon a prétendu , après des expériences qu'il avoit faites , que chaque liqueur fortoit par le tuyau par lequel on l'avoir pouffée , & qu'ainfi les deux liqueurs fe croifoienr. Mais M. Dufay ayant répété cette expé- rience avec foin , a trouvé que les liqueurs ne fe croifoient point , qu'elles fe réfléchif- foienî , pour ainfi dire , au point du con- cours , pour fortir chacune par le tuyau par lequel elle n'avoit pas été pouflee. Voyej^ mém. acad. des Scienc. '7j6". fOJ CONFLUENTE , épithete qu'on donne en médecine à cette efpece de petite vérole dont les puftules fe confondent les unes dans les autres. J^oje/^ Petite vérole. CONFOLANS, Confoulans , {Géogr.) Conjluentes , petite vil!e du Poi- tou , fur la Vienne , aux confins de la Mar- che , chef-lieu d'une éleâiion établie par «dit de 1714, & compofé de 70 paroiiïes , patrie d'Antoine D. Rivet de la Grange , favant Bénédiftin, mort à Mans en 1749. JSTous lui devons neuf volumes iii-^.'^. de rJ^iji^ire littéraire de France. D. Tarikndier , fon fucceiTeur , lui a confacré un élcge bien mérité dans le IX tome de VHifl. Liu.Yûy. Bibl. des auteurs de Poitou^tom. y^pag. i-ib\ i^'D. le-Cerf, Bibl. des auteurs de la Congrégaiion de S . Maur.Long. /c ramaflee , fine & déliée , ou courte ou longue. Les hanches font ou élevées , ou dépri- mées. Le derrière eft avancé ou rabattu. Les jambes font grêles ou maflives, lon- gues ou courtes , ou d'une mafle médiocre : fur quoi il eft à remarquer que , lorfque le col eft long, les jambes & les oreilles font longues auflî. Les pies font longs ou courts , gros ou menus, larges d'afliette , ou droits, ou entre deux. De ces différentes conformations , tant pour la tête que pour le refte du corps, i; n'en eft aucune qui ne foit dans l'ordre de la nature par rapport aux autres parties, & qui n'ait avec ces mêmes parties une propor- tion nécefîdire. Si, par exemple, une per- C O N 5,09 fonne eft d'une taille groife & courte , la même forme fe remarquera dans chacun de fes membres , on lui trouvera les bras courts & gros , les mains larges & groffes , les doigts courts &:gros. Uneperfonnequi fera grande & déliée aura les membres longs & menus ; celle qui fera d'une taille médiocre , les aura pareillement médiocres. De tous les hommes , il eft bien rare d'en trouver deux qui fe reffemblent entièrement pour le vifage , ou pour la ftature, ou la voix. Chaque vifage eft formé de forte que , ■ quelque laid qu'il paroifte , pourvu qu'il ne foit point défiguré par quelque accident, on nefauroit, fans le rendre difforme, y rien changer pour le rendre plus beau , parce que dans fa laideur même , la nature a ob- fervé une fymmétrie fi exadle , qu'on ne peut raifonnablement y rien trouver à redire. Si, par exemple, on prétendoit alongerle nez d'un camus , on ne feroit rien que de difforme , parce que ce nez étant alongé , n'auroit plus de fymmétrie avec les autres parties du vifage , lefquelles étant d'une certaine grandeur &: ayant certaines éléva- tions ou certains enfoncemens, demandent que le nez leur foit proportionné. Ainfi , félon certaines règles très- parfaites , un camus doit être tel , & félon ces règles , c'eft un vifage régulier,' qui deviendroit monf- trueux , fi on lui faifoit le nez aquirn. Ceci fait voir qu'on ne doit jamais regar- der dans un homme comme des défauts réels , les défauts apparens de fon corps , parce que fouvent ce qu'on croit un défaut, eft une perfeélion au jugement de la vérité. Quand la nature forme un vifage, elle y garde des mefures qui ne fauroient com- pofer qu'un tout très-parfait par rapport aux deffeins qu'elle a. Que les hommes en ju- gent ce qu'il leur plaira : que les François , par exemple, méprifent les nez camus ôc les petits yeux , que les Chinois les eftiment, ce font des bizarreries de l'efprit humain; mais fi l'on en revient aux principes , on trouvera qu'il y a divers ordres de beauté, comme il y a divers ordres dans l'architec- rure. Ainfi la nature ayant garde de fçs règles, le vifage le plus laid kAios yeux eft auflî parfait & régulier dans fon efpece,que celui qui nous paroît le plus beau. Ilefttrès-vrài que la nature s'écarte quel- 9îo C O N quefois eflTentiellement des règles qu'elle fem- ble fe prefcrire , & dès-lors il peut bien ré- fulter des difFonnités réelles. Dans la forma- tion de l'homme , par exemple , il lui arrive quelquefois de s'arrêter dans fa carrière, & l'on voit des extrémités qui n'ont pu fe dé- velopper entièrement. lien eft de même de toutes les autres parties. * Au refte, tous les peuples ne s'accordent pas fur ce qui fait la beauté du corps. Les Tartares félon le voyage du fieur Aubry de la Mottraye, en Europe, ne trouvent pas qu'une perfonne foit belle , fi elle n'a les yeux petits & enfoncés , le nez large & plat, le vifage écrafé , la taille ramaffée , fur-tout pour les femmes. Chezles Maures, les nezles plus à l'uni du vifage font les plus beaux ; les plus grofTes lèvres paflent auffi pour les mieux faites. C'eft une beauté aux dames de la Chine d'avoir le pié plus petit que le naturel ; & pour cela , quand une fille a paflle trois ans , on lui rabat les orteils fous la pointe du pié ; on lui applique enfuite une eau qui confume les chairs, & on enveloppe le pié de plu- fieurs bandages, jufqu'à ce qu'il ait pris fon pli. Les femmes fe refifentent toute leur vie d'une telle opération , & peuvent à peine marcher. Les fouliers proportionnés àleurspiés , font ficourts8>c fi étroits, qu'ils le feroient trop pour un enfant de deux ans. Les dames de la Chine fe piquent auffi de petits yeux ; mais en récompenfe elles aiment à avoir de grandes oreilles^ bien larges & bien pendantes. Cette prétendue perfeftion eft tellement du goût des Chi- nois , qu'une fille en qui jelle ne fe ren- contre pas , trouve difficilement à fe marier. Voye^^ le voyage autour du monde par M. le Gentil. Il y a des peuples ( ce font les Gordiens ) où c'eft un fi grand mérite d'avoir un gros ventre , que quand ils choififiTent un roi , ils prennent garde fur-tout qu'il foit extré- inement ventru. Il y en a d'autres ( ce font les Spartes ) au contraire , où l'on n'eftime que les gens maigres & décharnés. {P) Co^FORMATlOî^ externe des os,{Anat.) on entend par-là tout ce qu'on peut y remar- quer fans les cafter , coimi^ le volgn^ç.la; C O N T figure, les différentes parties extertles, & la couleur des pièces ofleufes.' ("PJ CONFORMISTES ( Non-)., (car on ne dit point ce mot fans la négation ) s'en- tend en Angleterre de ceux qui fuivent un rit différent du rit anglican, tels que font les Presbytériens & les Quakers. * CONFORMITÉ, f. f. CGramm.J terme qui défigne l'exiftence des mêmes qualités dans plufieursfujets diflerens. Voilà ce qu'il a de commun avec rejjemhlance^ Mais rejfemblance fe dit des fujets intellec- tuels &c des fujets corporels. Par exemple , ily a beaucoup de rejfemblance entvMes deux penfées , entre ces deux airs , entre ces deux vif âges y entre leurs façons d'agir ; au lieu que conformité ne s'applique qu'aux objets intelleéluels , & même plus fouvent aux puiftances qu'aux aâ:es. Il femble qu'il ne faille que la préfence d'une feule & même qualité dans deux fujets pour faire de la reffemblance ; au lieu qu'il faut la préfence de plufieurs qualités pour faire conformité. Ainfil'on dit, ily a conformité entre ces deux projets ; il y a conformité entre leur ma^ niere d*agir & depenfer ; ily a conformité dans leurs caractères. Ainfi reffemblance peut s'employer prefque par-tout où l'on peut fe fervir de conformité; mai^ il n'en eft pas de même de celui-ci. CONFORTE-MAIN , f. m. (Jurifpr.) Lettres de conforte-main , font une commif- fion du roi obtenue en chancellerie par un feigneur féodal ou cenfier , qui n'a point droit de juftice attaché à fon fief, à l'effet de pouvoir, en vertu de ces lettres, faire faifir ou conforter , c'eft-à-dire , corrobo- rer la faifie déjà faite par le feigneur fur le fief de fon yaflal , ou fur un héritage cenfuel. .Quelques-uns prétendoient autrefois que le feigneur féodal avoit une juftice foncière , en vertu de laquelle il pouvoir fur fon feul ma.ndement faire faifir par le miniftere d'un huifller : mais pour fortifier ce mandement quelques feigneursobtcnoient des lettres de conforte-màin , & l'huiffier , tant en vertu du mandement du feigneur qu'en vertu de ces lettres , procédoit à la faine ; ou bien la faifie étant faite en vertu du mandement du feigneur , on appofoit la main du roi en vertu des lettres de conforu-main. Ceft CO N alnfi que l'explique Bacquet , tr. dit droits dejujiicty chap. iv y n. 23. Il en efi auffi parlé clans la coutume cl'Angoumois,tfr;. m, & dans celle d'Auvergne, chap. xxij^ art. 2 . Berri,«V. v, art. nG. Blois, art. 2,^1 &: dansdu Tillet,/»luble par les moyens méchan'ques, &: qui ne laifie fubfifter aucune des propriétés ipécifiques des corps mixtionnés. Voye\ Mixtion. Quelques chymiftes emploient le mot de confufion pour exprinser la façon d'être de différentes fubftances très- analogues entre elles , & fi intimement mêlées , qu'elles ne fauroient être féparées ni par les moyens méchaniques , ni par les moyens chymiques: l'eau & le vin , deux diverfes huiles efifen- tielles , deux liqueurs vineufes différentes, comme le vin &c la bière , &c. conftituent par laur mélange une confufion de cette claffe. Cette co/2////K)/zconfifte évidemment dans une diftribution exafte & uniforme des parties d'un des corps , confondues parmi les parties de l'autre. Or cette diftribution uniforme dépendant de l'extrême analogie des divers corps confondus , il eft clair que la confufion dont nous parlons peut être re- gardée comme une efpece d'agrégation, puifque le formel de ce dernier genre d'u- nion confifte dans l'homogénéité à^s, par- ties. Voye:^ la nature & les propriétés de l'agrégé, au mot ChYMIE, pag. ^02 & fuip. M. Henckel , qui a compté la confufion parmi les elpeces de la conjomftionchymi- que , regarde comme des confufions l'union de diverfes fubftances métalliques entr'elies , celle de diverfes terres vitrifiées enfemble, celle des huiles effentielles avec les huiles par expreflion, &c. ( voy. fon appropriation^ (t6i. III. ) mais la plupart de ces unions pouvant être détruites par des précipitans , elles rentrent dans la claffe des mixtions, Foye:{ MiXTîON. Quelques anciens chymiftes ont employé fort miproprement le mot de confufion dans le même fens que nous prenons aujourd'hui ceux àefolution , difj'olution , combinaifon ; - mais c'eftla vraie diifoluiionchymique qu'ils Yyyyy % 91 (^ C O N rnt prétendu exprimer 'par le nom de con- f'ufion : ainfi ce n'eft que le mot qu'on peut leur reprocher, hts Phyficiens expliquent la difiblution par la confujion ; ils ont afluré que l'union des corps folubles n'étoit qu'une confujion , en prenant cette expreflion dans le premier fens que nous lui avons donné dans cet article : c'eft la choie qu'on a droit de reprocher à ceux-ci. (h) CONFUTATION , f. f. (Rhétoriq. ) paitie du difcours qui , félon la divifion des anciens , confifte à répondre aux ob- jeftiops de Ton adverfaire, 6>c à réfoudre iès difficultés. On réfute les objeftions , foit en atta- quant & détruifant les principes fur lefquels Tadverfaire a fondé {^% preuves , foit en montrant que de principes vrais en eux- mêmes , il a tiré de faufles conféquences. On découvre les faux raifonnemens de fon adverfaire, en faifant voir tantôt qu'il a prou- vé autre chofe que ce qui étoit en queftion , tantôt qu'il a abufé de l'ambiguité des ter- mes, ou qu'il a tiré une concluiion abfolue & fans rertriftion de ce qui n'étoit vrai que par accident, ou à quelques égards, &c. On peut de même développer les faux raifonnemens dans lefquels l'intérêt, la paf- {îon , l'entêtement, &c. l'ont jeté; relever avec adieiTe tout ce que l'animofité & la mauvaife foi lui ont fait hazarder ; quelque- fois il eft de l'art de l'orateur de tourner les obje^iions de forte qu'elles paroifTent ou ridicules, ou incroyables , oucontradifloi- res entr'elles, ou étrangères à la queftion. Il y aaufli des occafions où le ridicule qu'on répand fur les preuves de l'adverfaire, pro- duit un meilleur effet que fi l'on s'attachoit à les combattre férieufement. Cette partie du difcours comporte la plaifanterie, pourvu qu'elle foit fine , délicate , & ménagée à propos. VoyCT^ RÉFUTATION. (G) CONGE, f.m.f/T/y?. anc. & Pharm.) en latin congius ; forte de mefure des an- ciens, qu'on croit être la même que le chus ou le choa attique , qui contenoit neuf li- vres d'huile , dix livres de vin , & treize livres & demie de miel , félon Galien. Caf- tel , kxic. Les Littérateurs ont diftingué le congé romain du congé attique , & ils ne font point d'accord fur la capacité refpe<^ivede cha- C O N cune de ce^ mefmes. Rieger , introducl. Le galon des Anglois , qu'ils appellent congius en latin , qui eft une mefure fort en ufage chez leurs apothicaires , & dont H eft fouvent quefiion dans l'ancienne phar- macopée de Londres & dans celle d'Edim- bourg, contient huit livres d'eau, ou qua- tre pintes de Paris, {b) CONGÉ , f. m. fùramm.J d'eu en gé-' néral une permiffion qu'un fupérieur ac- corde à fon inférieur de faire une chofe , par laquelle celui-ci encourroit un châti- ment s'il la faifoit de fon autorité privée. Congé, [Hift.anc &mod. &Ar( mil.) c'étoit anciennement, comme aujourd'hui^ une permifiîon donnée aux fotdats de s'ab- fenter de l'armée , ou de quitter tout-à- fait le fervice. On en diflinguoit de plu- fieurs fortes chezles Romains , comme parmi nous. Le congé ahfo lu mérité par l'âge & le fer- vice , & accordé aux vétérans , fe nomraoit mijjiojujîa & honcfla ; ils pouvoient en con- féquence difpofer librement de leurs per- fonnes. Le congé à temps éidit appelle commeatus^ quicorique abandonnoit l'armée fans cette précaution étoit puni comme déferteur, c'efl-à-dire battu de verges & vendu comme efclave. 11 y avoit une efpece de congé ahfolu qui , quoique différent du premier, ne laiffoit pas que d'être de queîqi:e confidération ; parce que les généraux l'accordoient pour raifon de bleffures , de maladies &: d'infir- mités. Tire-Live & Ulpienen font mention fous le titre de mijjîo caufaria. Ce congé n'excluoit pas ceux qui l'avoient obtenu des récompenfes militaires. La troifieme efpece de co/z^e étoit de pure faveur , gratiofa mijjio ; les généraux la don- noient à ceux qu'ils vouloient ménager : mais pour peu que la république en fouifrît^ ou que les cenfeurs fufTenr de mauvaife hu- meur, cette grâce étoit bientôt révoquée. Enfin il y en avoit une quatrième vérita- blement infamante , turpis & ignominiofa mijfio. C'eft ainfi qu'au rapport d'Hirtms Panfa , dans l'hifloire de la guerre d'Afrique^ Céfar , en préfence de tous les tribuns &c des centurions , chaffa de fon armée A. Avenius^ homme turbulent, ôc qui avoi-t C O N commis des exa«£lions ; & A. Fontéius , comme maavais citoyen & mauvais officier. Sous les empereurs, Augufte fir deux de- grés du co/z;^^ légitime; il appeila le pre- mier exaucloratio , privilège accordé aux foldats qui avoient fervi le nombre d'années prefcrit par la loi , & en vertu duquel ils étoient dégagés de leur ferment , & affran- chis des g;irdes > des veilles , des fardeaux , & en un mot de toute charge militaire , excepté de combattre contre l'ennemi : pour cet effet, féparés des autres troupes , oc vi- vans fous un étendard particulier, vexillum vsteranorurn , ils attendoient qu'il plût à l'empereur de les renvoyer avec la récom- penfe qui leuravoit été folemnellement pro- mife; & c'étoit le fécond degré qu'ils appel- XçnempUna mijjîo. Augufte y avoit attaché une récompenlè certaine &: réglée, foit en argent, foit en fonds de terre, pour empê- cher les murmures &: les féditions. Mém. de racad. tom. If^.{G) Congé , ( Jurlfpr. ) fignifie quelquefois décharge , renvoi ; quelquefois il figniiie/'er- mijjlon; quelquefois auffi il fignifie une pro- cédure faite pour avertir un locataire de Jonir dans le temps qui efi indiqué. Congé d'adjuger, eft un jugement portant qu'un bien faifi réellement fera vendu & adjugé par décret quarante jours après ce jugement. Lorfque les criées font faites , Se que les oppofitions à fin d'annuller & de charge , s'il y en a , ont été jugées , on obtient le congé d'adjuger-^ cela s'ap- pelle interpofer le congé d'adjuger. Au par- lement & aux requêtes du palais on ne reçoit plus d'oppofition à fin d'annuller , de dirtraire, ou de charge , après le congé d'' adjuger : il faut que la fa i fie réelle foit enrégiilrce un mois avant l'obtention du congé d'' adjuger ; autrement, & faute d'a- voir fait cet enrégiftrement dans le temps qui vient d'être dit, un privilégié pourroit , évoquer la faifie réelle aux requêtes du pa- lais , nonobfiant l'interpofition du congé d'adjuger. Quoique le jugement qui l'ac- corde permette d'adjuger quarante jours après, Tadjudicanon ne fe fait que fauf quinzaine , & après cette quinzaine on accorde encore quelquefois plufieurs remi- {qs , fuivantque le bien paroît porté plus ou moins à fa valeur. CON 917 Congé faute de coNctuRF. , eftun défaut qui fe donne contre l'intimé, faute par fon procureur de figner l'appointement de conclufion dans un procès par écrit dans le temps &c en la manière portée par l'art. / r). du tic. xj. de l'ordonn. de 1667. Congé de Cour , fignifie reni'oi de la demande ; cour eft pris en cet endroit pour toute jurifdio- MAINE CONGÉABLE. CONGÉDIER , ( Vénerie.) V. Aban- donner. CONGÉLATION, f. f. {Phyjîque.)c\h la fixation d'un fluide , ou la privation de C O N <à nloViUté naturelle par Taftion du froid ; ou enfin c'eft le changement d'une fubftance fluide en un corps concret , folide & dur , qu'on appelle glace. VoycT^ Glace & Froid. Les Carréfiens défînifient la congélation , le repos ou l'immobilité d'un fluide durci par le froid. Cette définition fuit allez natu- rellement de l'idée qu'ils ont ck la fluidité , puifqu'ilsfuppofent que c'eft le mouveinent continuel des parties du fluide entr'elles qui la conftitue. f^oye-^ Fluide. En. effet , l'opinion de ces philofophes fur la congélation efl, que l'eau ne fe con- gelé que parce que fes parties perdent leur mouvement naturel, & adhèrent for- tement les unes avec les autres. VoycT^ Solidité. Les principaux phénomènes de la congé- lation font i*^.Qae l'eau & tous les fluides, excepté l'huile , fe dilatent en fe congelant, c'efl-à-dire , qu'ils occupent plus d'efpace, & qu'ils font fpécifiquement plus légers qu'auparavant. L'augmentation du volume de l'eau par la congélation fournit matière à beaucoup d'expériences; & il efl à-propos d'exami- ner ici , & de fuivre la nature dans cette opération. Le vaifTeau B D ÇPl. de Pneiim. fig. ao.) remp'i d'eau jufqu'à E , étant plongé dans un vale où il y ait de la glace mêlée avec du fel R ST V, l'eau s'élève d'abord de £ jufqu'en F; ce qui paroi t venir de la con- denfation fubire du vaiffeauqui a été promp- tement plongé dans un milieu froid : bien- tôt après l'eau fe condenfe à fon tour, &: defcend continuellement de F jufqu'à ce qu'elle foit en G, où elle s'arrête pendant quelque temps ; mais bientôt elle reprend des forces , venant à fe dilater, elle s'élève de G en H; de là bientôt après , parun vio- lent mouvement , elle s'élève en I; & alors l'eau paroit en jff toute trouble , ref- iemblant à un nuage , & c'efl alors qu'elle commence à fe congeler, & fe convertit en glace. Il faut ajouter que , pendant que la glace fe durcit de plus en plus , & qu'une partie de l'eau contiguëau cou du vaifîéau j9 fe congelé , l'eau continue toujours à s'éle- ver de/ vers Z?, & elle s 'écoule enfin du vaiffeau qui la conterwit. CO N ^ip l". Que non-feulement les fluides per- dent de leurpefanteur fpécifique dans la con- gélation, mais qu'ils perdent auffi de leur poids abfolu ; de forte qu'après qu'ils font dégelés on les trouve fenfiblement plus légers qu'avant leur congélation ; ce qui peut venir de leur diffipation , parce qu'il y a lieu de croire qu'il fe fait une efpece de tranfpiration même des corps glacés. 3^. Que l'eau glacée n'efl pas auffi tranf- parente que quand elle efl fluide , &c que les corps fe voient moins nettement. 4^. Que l'eau s'évapore prefqu'autant quand elle efl glacée , que quand elle eft fluide. 5^. Que l'eau ne fe congelé point dans le vuide , 6c qu'elle demande pour fe glacer la préfence & le conta(fl: immédiat de l'air. 6^. Que l'eau bouillie &: refroidie fe con- gelé aiifli vite que celle qui n'a pas bouilli. 7''. Que quand la furface de l'eau efl cou- verte d'huile d'olive , elle ne fe congelé pas fi promptemenî que quand il n'y en a point *, ôc que l'huile de noix l'empêche de fe glacer à un froid violent, ce que l'huile d'olive ne feroit point. 8^. Que Tefpritde vin , l'huile de noix , & l'huile de térébenthine , fe congèlent ra- rement. 9°. Que la furface de l'eau qui fe congelé paroît toute ridée ; que ces rides font quel- quefois parallèles , ik d'autres fois comme des rayons qui viennent d'un centre , &C^ tendent à la circonférence. Les théories îk les hypothefes différentes par lefquelles on explique ce phénomène font en grand nombre : les principes que dif- férens auteurs ont pofés là-deffus fe rédui- Çenx à ceux-ci ; fa voir , ou que c'efl quelque matière étrangère qui s'introduit dans les interfiices du fluide , & que par fon moyen le fluide fe fixe & augmente de volume, &c^ ou que quelque matière naturellement connue dans le fluide en eft chaffée , & que - le fluide efl fi'ié par la privation de cette matière , &c. Selon d'autres, c'efl une altération qui arrive aux particules qui compofent le fluide , ou d'autres parties que le fluide contient. Tous les fyftêmes connus fur la congéla-^- tion p,euvent fe réduire à queiques-uns de- 9iO C O N ces principes : les Cartéfiens qui l'attribuent au repos des parties du fluide qui étoient au- paravant en mouvement , expliquent la con- gélation par la matière fubtile qui s'échappe de dedans les pores de l'eau; ils loutiennent que c'eft l'aclivité de cette matière éthérée ou fubtile qui mettoit auparavant en mouve- ment les particules des fluides , & que dès que cette matière s'échappe il n'y a plus de fluidité. Quelques autres phllofophes de la même fefte attribuent le changement de feau en glace , à une diminution de la force & de Tefficaciré ordinaire de la matière fubtile, eau fée par le changement delà température de l'air; car cette matière fubtile ainfi alté- rée , n'aura plus aflez d'énergie pour mettre en mouvement les parties du fluide comme de coutume. Lqs Gafl!endifl:es Si les autres philofophes corpufculaires, attribuent avec aflez peu de clarté la congélation de l'eau à l'introduâiion d'une multitude de particule!» frigori^ques , qui s'introduifant en foule dans le fluide , & s'y difl:ribuant de tous côtés , s'infinuent dans les plus petits interflices quife trouvent entre les particules de l'eau , empêchent leur mouvement accoutumé, & les fixent en un corps dur & folide qu'on appelle glace, C'eft de l'introduftion de ces particules que vient l'augmentation du volume de l'eau, ôc fon plus grand froid , &c. Ils fuppofent cettej^ntrodudiondes parti- cules frigorifiques elientieile à la congéla- tion^ comme ce qui la caradérife & la diftingue de la coagulation : la dernière eft produite indifféremment par un mélange chaud ou froid, tandis que la première ne doit fon origine qu'à un mélange froid. Voy. COAGULATIOM. Il eft fort diflicile de déterminer de quel genre font les parties frigorifiques , & de quelle manière elles produifent leur effet : c'eft aufli cette difliculté qui a fait produire plufieurs fyftêmes. Quelques - uns ont dit que c'étoit l'air commun qui dans la congélation s'introdui- foit dans l'eau , & qui s'embarraflx)it avec les particules de ce fluide , empêchoit leur mouvement , & formoit cette quantité de bulles qu'on apperçoit dans la glace ; que de cette façon il augmentoit le volume de C O N l'eau, & par ce moyen la rendoit fpécifi- quement plus légère. Mais M. Boyle a com- battu cette opinion , en prétendant que l'eau gele dans les vaifleaux fermés hermétique- ment , & dans lefquels l'air ne peut aucune- ment s'introduire; cependant il y a autant de bulles que dans celle qui s'eft congelée en plein air : il ajoute que l'huile fe condenfe en fe gelant ; d'où il conclud que l'air ne peut point être la caufe de fa congélation. D'autres , ôc c'eft le plus grand nombre, veulent que la matière de la congélation foit un fel , foutenant qu'un froid exceflîf peut bien rendre les parties de l'eau mobiles , mais qu'il ne fe formera jamais de glace fans fel. Les particules falines, difent-ils , diffbutes Si combinées dans une jufte proportion, font la caufe principale de la congélation , car la congélation , a beaucoup de rapport avec la cryftallifation. V, CrystallisATION. Ils fuppofent que ce fel eft du genre du nitre , &; que l'air chargé , comme tout le monde en convient , d'une grande quantité de nitre , fournit ce fel. 11 eft très-facile d'expliquer comment les particules du nitre peuvent faire perdre à l'eau fa fluidité. On fuppofe que les parti- cules de ce fel font des aiguilles roides & pointues ; qu'elles entrent facilement dans les parties ou globules de l'eau ; ces parti- cules ainfi hériflfées de pointes venant à fe mêler, elles s'embarraflfent les unes dans^ les autres, leur mouvement diminue peu à peu , &: il fe détruit enfin totalement. Cet effet n'eft produit que dans le plus fort de l'hiver : en voici la raifon ; c'eft que dans ce teiTjps les pointes du nitre , qui agif- fent pour diminuer le mouvement , ont plus de force que la puiffance ou le principe qui met les fluides en mouvement, ou qui les difpofe à fe mouvoir. V. Fluide. L'expérience ii connue de la gîace arti- ficielle confirme cette opmion. On prend du falpétre commun , on le mêle avec de la neige ou de la glace pilée , on fait fondre ce mélange fur le feu , en plongeant une bou- teille pleine d'eau dans ce mélange ; tandis qu'il fe fond, l'eau contenue dans la bou- teille contiguë à ce mélange fe congèlera , quand même on feroit l'expérience dans un air chaud. On conclut de cette expérience, que les pointes du fel > par la pefanteur du mélange C O N wêlange Se de ratmofphere , fontîntro-i duites dansTeau à travers despores du verre. Il paroît évident que cet effet eft unique- ment dû au Tel, puifque nous fommes affû- tés que les particules d'eau ne peuvent point pafferpar les pores du verre. Dans les co/z^^- lations artificielles, à quelque endroit qu'on applique le mélange, foit au fond, aux côtés ou vers la furface de Peau contenue dans le verre, il s'y formera une petite lame de glace. Ce phénom.ene fuit de ce qu'il y a toujours dans tout le mélange une fuffifante quantité de particules falines, capable d'em- pêcher l'aélion delà matière ignée, au lieu que dans les congélations naturelles,reau doit ie congeler à fa furface, parce que les parti- cules falines y font en plus grande quantité. L'auteur de la nouvelle conjecture pour ex- pliquer la nature de la glace , fait plufieurs objeélions contre ce fyfféme. Il ne paroît point, dit-il, que le nitre entre dans la compoiîtion de la glace ; car fi cela étoit , on rendroit difficilement raifon des princi- paux phénomènes. Comment , par exem- ple, les particules du nitre ens'introduifant dans les pores de l'eau, & en fixant toutes fes parties , pourroient-elles augmenter le volume de ce fluide &: le rendre fpécifique- raent plus léger qu'il n'étoit auparavant ? elles devroient au contraire naturellement augmenter fon poids. Cette difficulté, jointe à quelques autres, fait fentir la néceffité d'une nouvelle théorie. L'auteur propofe 3t C O N compatriote , ôc définit un cône , un fruit compofé d'un amas fort ferré de cou- ches ligneufes , attachées à un axe commun, dont les interftices font remplies de femen- ces. Ainfi quoique , fuivant Saumaife , un fruit ne mérite le nom de cône que lorfqu'il à une bafe ronde , & qu'il eft terminé en pointe , Tufage a prévalu fur la dénomina- tion tirée de la figure, &C ce feroh un grand bonheur s'jI n'étendoit pas plus loin fon empire à d'autres égards. Article de M. le Chevalier de J AU COURT. QOm\.^(Géogr. mo^J petite ville d'Ef- pagne en Andaloufie, fur le golfe de Cadix. • CONIN, (Géogr. mod. ) ville de la grande Pologne au palatinat de Pofnanie. CÔNING, f m. (Hifl. nat. îchthyolog.) Les habirans à^% Moluques donnent ce nom & celui de luccesje-coning à un poiflTpn qui a été fort bien gravé & enluminé par Coyett, au n°. i6y de la première partie de fon recueil des poljfons d'Amboine. Il a le corps elhptique , médiocrement alongé , &c comprimé par les côtés , pointu aux deux extrémiiés , deux fois plus long ^ue profond , la tête, les yeux &c la bouche grande. Ses nageoires font au nombre de fept , favoir, deux ventrales , médiocres, arron- dies , placées au deffous des deux peélo- rales, qui font auffi grandes, arrondies ; une dorfale fort longue, comme fendue en deux, plus baffe devant que derrière ; une der- rière l'anus triangulaire , obtufe , un peu plus profonde que longue , & une à la queue, arrondie. De ces nageoires deux font épineufes, favoir la dorfale , dont les onze premiers rayons font fimples; & celle de îanus , dont le premier rayon antérieur efl limple. Son corps eft blanc-jaunâtre , tigré de taches rondes , petites , jaunes plus fon- cées, comme dorées, & femées de chaque côté de quatorze taches en lignes circulai- res , noires , inégales &. fans ordre. Les rayons épineux de la nageoire dorfafe font noirs; la prunelle des yeux eft blanc-fale ou jaunâtre , entourée d'urne iris verdâtre. Mœurs. Le coning fe pèche dans la mer d'Amboine , vers les rivages limoneux & vaf^nix. Remarque. Ce polffou forme avec l'an- C O N . niko un genre particulier dans la famille des fcares où nous l'avons placé. ( Aï. Adanson ) CONINGINNE, f. m. (Hifl. nat. Ich- thyolog.) poifTon des îles Moluques, pafta.' blement deflîné &C enlum.iné fous ce nom , par Coyett , au n'^. i6o de la première par- tie de fon recueil des poijfons d^Amboine, Il a le corps court , elliptique , très-com- primé par les côtés , pointu aux deux ex- trémités , une fois plus long que profond ; la tête, la bouche & les yeux petits; les écailles petites, couvrant la tête ainfi que le corps. Ses nageoires font au nombre de fept> favoir, deux ventrales petites, pointues, fituées au deftbus des deux peélorales qui font médiocres; une dorfale aifez longue^ plus haute devant que derrière; une der- rière l'anus prefque auffi longue, plus bafïe devant que derrière , & une à la queue , fourchue jufqu'aa milieu de fa longueur. Son corps eft violet, avec une ligne noire furie milieu de chacun de (qs côtés. Sa tcte & i'çs nageoires font jaunes; la prunelle de (qs yeux eft rouge,entourée d'une iris jaune. Mœurs. Le coninginne eft commun dans la mer d'Amboine , autour des rochers. Remarque. Il forme avec le paning wxi genre de poifTon particulier dans la famille des fpares. ( M. AdansoN .) CONJOINT , adj. (Mufique.) titra- corde conjoint^ eft dans l'ancienne mufique, celui dont la corde la plus grave eft à l'unif- fon de la corde la plus aiguë du tétracorde, qui eft immédiatement au defîbus de lui. C'eft ainfi que dans le fyftême des Grecs, le tétracorde Synnemenon étoit conjoint ait tétracorde Mefon. F". TÉTRACORDE. (S} Le fyftême de la mufique ancienne étoit compofé de quatre tétracordes,y?«r re mi^ mi fa fol la .fji ut re mi , mi fa fol la , dont le premier & le fécond _, ainfi que le troi- fieme & le quatrième, étoient conjoints y c'eft-à-dire , avoientla corde /wi commune; au lieu que le fécond & le troifieme étoient disjoints, & n'avoient point de cordes com- munes , puifque le fécond finilToit par le fon /^ , & le tr(ùfieme commençoit par le fon //. Ko/f^ Gamme. (O) Dans la mufique moderne on appelle /j/ïr degré conjointyia. marche dune note à cella CO N ^uî la fuit immédiatement , fur le p^us voi- fm degré au deffus ou au defifous d'elle. V. Degré. (S) Ainfi le chant ut re mi re mi fa mi re mi fa fol fa mi n ut , eft par degrés conjoints. V. Disjoint. (O) Conjoints , adj. pris fubft. { Jurifpr,) on appelle de ce nom ceux qui font unis par le lien du mariage. On confiéere leur état avant &c après le mariage. Avant le mariage, les futurs conjoints peuvent fe faire tels avantages qu'ils jugent à propos. Depuis le mariage , ils n*ont plus la même liberté: dans les pays de droit écrit, ils ne peuvent s'avantager que par teftament; dans la plupart des pays coutumiers, ils ne peu- vent s'avantager ni entre- vifs, ni à caufe de mort. Onconfidere aufli l'état des conjoints par rapport "â la communauté de biens, quand elle a lieu entr'eux; par rapport à l'autorifa- tion de la femme, & à la faculté d'efter en jugement ; & enfin pour les reprifes à^i con- joints en cas de décès de l'un d'eux.' f^oje:^ Communauté, Douaire, Préciput, Reprises , Donation entre Con- joints. Conjoints. On donne auffi cette qualité à ceux qui ont droit ou quelque titre com- •mun , tels que font des colégataires ; ils peu- vent erre conjoints en trois manières diffé- rentes, fa voir, rt , vcrbis.^ ou bien rc & verbis. Ils font conjoints re feulement , lorfque la même chofe ed léguée à chacun d'eux nommément, comme fi le teftateur dit :jc lègue mx mai fan de Paris à Titlus ,ye lègue ma maifon de Paris à Mœvius. ■ Ils font conjoints verbis tantum ., lorfque la même chofe leur eft léguée par une même phrafe , mais divifément : par exemple y'e lègue à Titius & à Mœvius ma maijbn de Paris , à chacun par moitié. Enfin ils font conjoints re & verbis , lorf- que le tedateur dit : je lègue à Titius & à M XV lus mx maifon de. Paris. Le droit d'accroidement a lieu entre ceux q.n font conjoints re , ou re & verbis ; mais non pas en-re ceux qui ne font joints que yerbis tantum. Voyez inflit. lib. jj, tit. ij , & ^i«/7iO/AcC?v.OISS£?.lENT, (Jurlfp.) {A) CON 93Î CONJONCTIF , IVE , adj. :erme de Grammaire , qui fe dit particulièrement de certaines particules qui lient enfembie ua mot à un mot, ou un fens à un autre fcns ;. la conjonftion & eft une conjonclive ^ oa l'appelle auffi copulative. La disjonftive eft oppofée à la copulative. Voyci Conjonction. En fécond lieu , le mot conjonclifs. été fubftitué par quelques grammairiens à celui de fubjonftif, qui eft le nom d'un mode des verbes , parce que fouvent les temps du fubjon<^V!f font précédés d'une conjonélicn -, mais ce n'eft nullement en vertu de la con- jonftion que le verbe eft mis au fubion(flif , c'eft uniquement parce qu'il eft fubordonné à uneaflirmationdireèle, exprimée ou fous- entendue. L'indicatif eft fouvent précédé de conjonctions , fans ceft^er pour cela d'être appelle indicatif. On doit donc conferver la dénomination du fubjonclif; l'indicatifaffirme dire(51:ement & ne fuppofe rien , au lieu que les termi- nai fons du fubjonclif font toujours fubor- données à un indicatif exprimé ou fous-en- tendu. Le fubjonclif eft ai nfi appelle, dit Prif- cien, parce qu'il eft toujours dépendant de quelque autre verbe qui le précède , quod alteri v&rbo omnimodo fuhjungitur. Perilb- nius dans (qs notes fur la Minerve de Sanc- tius,obferve que l'indicatif eft fouvent pré- cédé de conjonctions, &; que le fubjonftif eft toujours précédé & dépendant d'un verbe de quelque membre de période. Etiam indicatii'us conjuncliones dum , quum , quando , quanquam fi ^ &:c. fibi prczmljfas habet , & velm^Jximcfibifubjungitalterurn verbum. At fubiunciivi proprium eji omni^ modo., & fernper fubj ungii'crbo alterius com- niaiis. Perijhnius in Sanclii Aîineri'd. 1. 1 , c. xiij , n. I. Ainfi confetvons le terme de fubjonClif, 8c regardons-le comme mode adjoint & dépendant , non d'une conjonc- tion , mais d'un fens énoncé par un indicatif, in CONJONCTION , f. f. terme de Gram- maire. Les conjonclions font de petits mots qui marquent que l'efprit , outre la percep- tion qu'il a de deux objets, apperçoit entre ces objets un rapport ou d'accompagne- ment , ou d'oppofition , ou de quelque autre efpece : l'efprit rapproche alors en lui-même 9M C O M ^ ces objcf; , & les confidere lun pir rapport à l'autre i'e\on cette vue particulière. Or le mot qui n'a d'autre office que de marquer cette confidération relative de l'efprit , eft appelle conjonction. Par exemple , iî je dis que Ciccron & Qninti/ien font les auteurs les plus Judi- cieux de r antiquité ^ je porte de Quintilien le même jugementque j'énonce de Cicéron , voilà le motif qui tait que je rafTemble Ci- céron avec Quintilien , le mot qui marque cette liai Ton èft la conjoncîion. Il en eft de même fî l'on veut marquer quelque rapport d'oppofition ou de difcon- venance ; par exemple, fi je dis qu'il j a un avantage réel à être influât ^ &: que j'ajoute enfuire fans aucune liaifon qu'i/ ne faut pas que la fcience infpire de l'orgueil ^ j'énonce deux fens l'éparés : mais fi je veux rappro- cher ces deux fens , & en former l'un de ces enfembles qu'on appelle /^/rior/e^ , j'apper- çois d'abord de la difconvenance, & une ibrre d eloignement & d'oppofition qui doit le trouver entre la fcience &c l'orgueil. Voilà le motif qui me fait réunir entr'eux ces deux objets, c'eft pour en marquer la dif- convenance; ainfi en les rafifemblant j'énon- cerai cette idée accefibire par la conjonftion mais\, je dirai donc qu'iZ j' a un avantage réel à être infiruit ^ maisqiCilm faut pas que cet avantage infpire de C orgueil ; ce mais rapproche lesdeuxpropofitionsou membres de la période, & les met en oppofition. Ainfi la valeur de la conjoncîion confifte à lier des mots pour une nouvelle modifica- tion ou idée accelToire ajoutée à Tun par rapport à l'autre. Les an.iens grammairiens ont balancé autrefois , s'ils placeroient les conjonctions au nombre des parties du dif- cours , & cela par la raifon que les conjonc- tions ne repréfentent point d idées de chofes. Mais qu'eft-ce qu'être partie du difcoiirs, dit Prifcien ? « finon énoncer quelque con- » cept , quelque affeélion ou mouvement >» intérieur de l'efprit: » Quidenim efialiud pirs orationis , niji vox indicons mentis concepium id ejl cogitationcm ? (Prifc. lih. Xî.fub initio.) Il eft vrai que les conjonc- tions n'énoncent pas comme font les noms , <\ç% idées d'êtres réels ou métaphyfiques , mr.is elles expriment l'érat ou afFeclion de rei'prit entre une idée & un? autre idée, CON entre wnt p^opofition Se une autre- propo- fition ; ainfi les conjonclions fuppofent tou- jours deux idées 5c deux propofitions , &c elles font connoître l'efpece d'idée acceiïbire que l'efprit conçoit entre l'une & l'autre. Si l'on ne regarde dans les conjonclions que la feule propriété de lier un fens à un autre , on doit reconnoître que ce fervice leur efi: commun avec bien d'autres mots : i'^. le verbe, par exemple, li» l'attribut au fujet : les pronoms lui , illes , eux.^ le^ltM^ les , leur , lient une propofition à une autre ; mais ces mots tirent leur dénomination d'un autre emploi qui leur efi: particulier. 1°. Il y a auffi des adjectifs relatifs qui font l'ofiice de conjoncîion^ tel eft le relatif qui^ lequel ^ laquelle : car outre que ce mot rappelle &c indique l'objet dont on a parlé, il joint encore &: unit une autre propofition à cet objet, il identifie même cette nouvelle propofition avec l'objet ; Di^u que nous adorons e(l tout-puiff'ant; cet attiîbut , eji tour-puifjant , efi: affirmé de Dieu en tant qu'il eft celui que nous adorons. Tel , quel , talis , qualis ; tan tus , quan^ tus^ tôt ^ quoty &c. font auffi l'office de conjonction. 3**. Il y a Az% adverbes qui, outre la pro- priété de marquer une circonftance de temps ou de lieu, fuppofent de plus quelqu'autre penfée qui précède la propofition où ils fe trouvent : alors ces adverbes font auffi l'of- fice de conjoncîion : tels font afn que : on trouve dans quelques anciens , & l'on dit même encore aujourd'hui en certaines prt>- vinces , à celle fin que, ^^Z hune finemfecun- diim quem , où vous voyez la prépofirion & le nom qui font l'adverbe , & de plus l'idée acceffiairedeliaifonik de dépendance. Il en eft de même de , à caufe que , propterea quod. Parce que , quia ; encore, adhuc ; déjà , jam , ces mots doivent être confidérés comme adverbes conjonclifs , puisqu'ils font en même temps l'office d'adverbe & celui de conjonction. C'eft du fervice des mots dans la phrafe qu'on doit tirer leur dénomi- nation. A l'égard des conjonctions proprement dites, il y en a autant de fortes , qu'il y a de différences dans les points de vue fous lefquels notre efpritobferve un rapport entre un mot & unaiilÉifiEiOt , ou entre une penfée C O N & une autre penfée; ces différences font autant de manières particulières de lier les propofitions & les périodes. Les Grammairiens, lur chaque partie du difcours , obrervent ce qu'ils appellent Us accidsns ; or ^ ih en'remarquent deux fortes dans les conjonctions : i°. la fimpHcité &: la compofition ; c'eft ce que les Grammairiens appellent la figure. Ils entendent par ce ter- me , la propriété d'être \\n mot fimple ou d'<3tre im mot compofé. Il y a à-Q^ conjonctions JimpUs , telfts font &^ou^ mais^fi^ car, ni^ aujjl, or, donc,^c. Il y en a d'autres qui font compofées, à moins que , pourvu que , de forte que , parce que , par confcqucnt , ôic. 2°. Le fécond accident des conjonctions , c'eft leur fignification , leur effet ou leur va- leur ;c'eft ce qui leur a fait donner les divers noms dont nous al'ons parler , fur quoi j'ai cru ne pouvoir mieux faire que de fuivre l'ordre que M. l'abbé Girard a gardé dans fa grammaire au traité des conjonctions Çles vé- ritables principes de la langue françoifc ^ocij difc. ) L'ouvrage de M. l'abbé Girard eft rempli d'obfervations utiles , qui donnent lieu d'en faire d'autres que l'on n'auroit peut-être jamais faites, fil'on n'avoit point lu avec réflexion l'ouvrage de ce digne aca- démicien. I ''.Conjonctions copulatives. E^, /zi, deux conjonctions qu'on appelle copula- tives ^à^x\v\K\ copulare ,]o\ndre , afTembler, lier. La première eft en ufage dans l'affir- mation , & l'autre dans la négative ; /'/ n'a ni vice ni vertu. Ni vienJ5i du me des Latins , qui vaut autant que &~non. On trouve fou- vent & au lieu de ni dans les propofitions négatives , mais cela ne paroît pas exa(ft : Je ne connoijjois pas Almani^or & V amour. J'aimerois mieux ni l'Amour. De même la poêfie n admet pas Us exprejp.ons & les tranfpojltions particulières ., qui ne peuvent pas trouver quelquefois leur place en profe dans le flyle vif& élevé. Il faut dire avec le P. Buffier, la poêfie n admet ni exprejfion ni tranfpofition , ikc. Obfervez que comme l'efprit eft plus prompt que la parole , l'emprefîement d'é- lioncer ce que l'on conçoit, fait fouvent fupprimer les conjonctions ., ôi fur-tout les copulatives ; attention , foins ^ crédit y ar- CON 935 I geniifaîtout mis en ufage pour , ôfc. cette j fuppreflion rend le difcours plus vif. On peut faire la même remarque à l'égard de quelques autres conjonctions , fur-tout dans le ftyle poétique , & dans le langage de la pafllon & de r-enthoofiafme. •2°. Conjonctions augmentatives ou AdvEPvBES conjonctifs-augmen- TATlFS. De plus , d'ailleurs ; ces mots fer- vent fouvent de tranfition dans le difcours. 3". Conjonctions alternatives. i Ou , finon , tantôt. Il faut qaune porte foit ouverte ou fermée ; UfcT^cu écriie\. Pra^ tiquei La vertu, f non vous fere:^ mallieu- reux. Tantôt il rit , tantôt il pleure-, tantôt il veut , tantôt il ne veut pas. Ces conjonctions , que M. l'abbé Girard appelle û//<;r/2j/iv£i, parce qu'elles manquent une ahernative , une diftinflion ou fépara- tion dans les clîofes dont on parle ; ces con- jonctions , dis-je , font appellées plus com- munément disjonctives» Ce font des conjonc- tions , parce qu'elles uniffent d'abord deux objets , pour nier enfuite de l'un ce qu'on affirme de l'autre ; par exemple , on confi- dere d'abord le foleil 6c la terre, & l'on dit enfuite que c'eft ou le foleil qui tourne au- tour de la terre , ou bien que c'eft la terre qui tourne autour du loleil. De ir.ême en certaines circonftances on regarde Pierre ôc Paulcomme les feules perfonnes qui peuvent avoir tait une telle asflion ; les voilà donc d'abord confidérés enfemble , c'eft la con^ jonction ; eniuite on les déiunit , fi l'on ajoute c'efl ou Pierre ou Paul qui a fait cela , c'eft Cun ou c'eft l'autre. 4°.CONJONCTIONS HYPOTHÉTIQUES. Si , foit , pourvu que , à moins que , quand , fauf. M. l'abbé Girard les appelle hypothé' tiques , c'eft-à-dire , condùiionnelles , parce qu'en effet ces conjonctions é.aoncent une condition , une fuppofition ou hypothefe. Si ; il y a y? conditionnel , vous deviendre:^ favaiit fi vous aimi\ V étude : fi vous aime'^ Cétude , voilà l'hypothefe ou la condition. Il y auny^de doute , je m fo-ifi , &:c. H y a encore unyz qui vient à\ifc Aq% latins ; // eÇt fi ftudieux , qu'il deviendra fa^ vant ; et fi eft alors adverbe ,y^c adeb , à ce point, tellement. Soit ^five ',foit goût , fait raifon ,foit ca- price j // aime la retraite. On peut aufîi re- 5)3<î CO N garder (oit,/rvSy comme une conjonciion alternative ou de cllil:inâ:ion. SaiifàèWgnQ une hypothefe , mais avec reftriftion. «5°. Conjonctions adversatives. Les conjonclions adi'crfadvts raiTemblent les idées, &: font lervir l'une à contreiîalan- cer l'autre. Il y a îept conjonctions adverfa- tivcs : mais , quoique , bien que , cependant , pourtant , néanmoins , toutefois. Il y a des conjonctions que M. l'abbé Gi- rard appelle extcnjives^ parce qu'elles lient par extenfion de i'ens; telles iom jufque , encore , i. la durée de leurs cours. Bbbbbb 93^ C O N Les planètes inférieures , lavoir Venus ^ Mercure , ont deux fortes de conjonc- tions. L'une arrive lorfque la planète Te trouve entre le foleil & la terre , & par confëquent fetrouvele plus près de la terre; on la nommç conjonction inférieure : l'autre arrive quand la planète eft le plus éloignée delà terre qu'il eft poffible, c'eft-à-dire que le foleil fe trouve entre la terre & elle ; on appelle cette conjorkftion , conjonction fupéricurs. La lune fe trouve en conjonction avec le foleil tous les mois. Voye:^ LuNE & MoiS. On appelle fes conjonctions &c fes oppofî- tions du nom général àQ Jjfygies. V'oye:^ Sysygie. Il n'y a jamais d eclipre de foleil que lorfque fa conjonction avec la lune fefait proche les nœuds de l'écliptique , ou dans ces nœuds même. VoycT^ ÉCLIPSE. (O) CONJONCTIVE, f. f. C^nat. ) pre- mière tunique de l'œil, autrement nommée alhuginécy parce qu'elle forme ce qu'on ap- pelle le blanc de l'œil qu'elle couvre. Elle "s'unit avec les deux paupières , paroît dans toute fon étendue après qu'on a levé les mufcles orbiculaires de ces voiles des yeux , & s'avance jufqu'au haut de leurs parties internes. Faifons connoître un peu plus au long fon origine, fa ftrufture , & fon «fage : nous ferons courts , & nous dirons tout. La figure fphérique de nos yeux, & leur eonnexion libre au bord de l'orbire par le moyen de la conjonâii'c ., leur permet d être mus librement de tous côtés, .félon la (irua- tion de l'objet que nous voulons voir. Cette tunique eft mince, blanche dans fon état naturel, membraneufe, nerveufe, vafcu- leufe , lâche , & flexible. Elle prend fon origine du périofle qui recouvre les bards de l'orbite, & s'étend fur toute la partie an»- térieure du globe, jufqu'àr l'extréir.iié de la^ fclérotique , où elle fe joint à la cornée qu'ele couvre d'un tiers de ligne, ou d'une demi-ligne. Elle eft el'e-méme recouverts extérieure- ment d'une autre membrane très-fine &: très-polie , à laqr.elle elle eil: fi étroitement adhérente , qu'elles paroiflent ne faire er.femble qu'une feule membrane , quoi- qu'il y en ait réellement deux diftintles , qu'il eft aifé de féparer. L'une d'elles eft ,. C O M comme on Ta dit , une continuation du pé» riofle de l'orbite , & l'autre cje la membrane interne des paupières. Ces deux membranes font douées d'ua fentiment exquis , &: entre-tiffues de quan- tité de vaifîéaux fanguins , lâchement atta- chés , au point de repréfenter par leur gon- flement dans les violentes ophtalmies fur- tout, le blanc de l'œil comme une exeroif- fance charnue d'un rouge très-vif. Ce feit mérite d'être remarqué , non feulement parce qu'il peut paroître difficile à concevoir à plufieurs pcrfonnes , mais- même en impofer à un oculifle inattentif ou fans expérience, qui pourroit regarder cette maladie comme une excroifl^nce incu- rable de la cornée elle-même. M. "Wool-- houfe, à qui cette cruelle inflammation de: la conjonctive n'éîoit pas inconnue, em- ployoit d'abord les remèdes généraux pour- la diffiper ; après lefquels il mettait en pra- tique de légères (carifications fur ces vaif- feaux-, ce qu'il appelloit {^.Jaignée de L'œil \\ mais nous n'oferions trop approuver Tufage de ce rem.ede , à caufe de la délicatefîe de.: l'organe. Pour ce qui concerne la légère inflam- mation de la conjonctive , procédant dufim-* pie relâchement de Çts vaifleaux fanguins,. elle eft facile à guérir dans fon commence-- ment ; car en bafllnant fouvent les yeux, avec de l'eau fraîche, les vaifleaux reflerrés • par cette fraîcheur repoufîent la partie rouge- du fang qui s'y étoit introduite en les di-- latant. Voici quel efl: l'ufage de la conjonBive,. 1°. Elle aflujettit ou affermit le bulbe de- l'œil , fans diminuer aucunement fon' ex- trême mobilité. 1°. Elle empêche que les corps étrangers n'entrent dans l'intérieur de-. l'œil. 3°. Elle aide par fon poli à rendre in-- Isiifible la fridion des paupières fur les par- ties de l'œil qu'elle couvre. Voye^^ ŒiL.. Art. de M. UCh. DE JaUCOVRT, * CONJONCTimE., i\ f. [Gram. )i coexiflence dans le temps de pkifieurs faits- relatifs à un autre qifils modifient, foit; en bien , loit en mai ; ff les faits é.oient. coexiflans dans la chofe , ce feroient A&s cir- confl:ances ; celui qui a profondément exa* miné la chofe en elle-même feulement, en connoîtra toutes les circonflances , mais ii. C O N pourra n'en pas connoître toutes les conjonc- tures ; il y a même telle conjoncture, qu'il eft impoihble à un homme de deviner, & ré- ciproquement, tel homme connoitra par- faitement les conjeciures , qui ne connoitra pas les circonftances. V. l'article CIRCONS- TANCE, & le corrigez l'ur celui-ci, en ajou- tant après ces mots , plus ou moins fâcheux , ceux-ci,p/tti ou moins agréable^les conjonctu- res feroient, s'il étoit permis de parler ainfi, les circonftances du temps, & les circonf- tances feroient les conjonctures de la chofe. CONIQUE, adj.( Géom. ) fe dit en gé- néral de tout ce qui a rapport au cône , qui lui appartient , ou qui en a la figure. On dit quelquefois les coniques, pour exprimer cette partie de la géométrie des lignes cour- bes, où l'on traite àt^feclions coniques. Conique , { Géom. ) feclion conique ., ligne courbe que donne la i'eftion d'un cône par un pian. Voye^ CONE 6- SECTION. hQ voyant plus rapprochées , on puifTeplus -aifément fe les rendre familières : ce qui eft néceffaire pour la haute géométrie , l'aftro- nomie , la méchanique , &c. i. Si le plan coupant eft parallèle à quel- que plan qui paflé par le fommet & qui coupe le cône ; ou ce qui revient au même , il le plan coupant étant prolongé rencontre à la fois les deux cônes oppofés , la feftion de chaque cône s'appelle hyperbole. Pour repréfenrer fous un même nom les deux courbes que donne chaque cône,lefqueiles ne font réellement enfemble qu'une feule & cîême courbe, on les appelle hyperboles «^pojèes. C O N 939 ' 2. Si le plan coupant eft parallèle à quel- que plan qui pafl'e par le fommet du cône , mais fans couper le cône ni le toucher, la figure que donne alors cette feélion eft une ellipfe. 3. Si le plan pafiTant parle fommet, & au- quel on fuppoiè parallèle le plan de la fac- tion, ne fait fimplement que toucher le cône , le plan coupant donnera alors une parabole. Mais au lieu de confidérer lesfe&ions co^ niques par leur génération dans le cône , nous allons , à la manière de Defcartes & des autres auteurs modernes, les examiner par leur defcription fur un plan. Defcription de T ellipfe. H^I , C fiS' '2 > conique. J étant deux points fixes fur un plan; fi l'on fait pafiTer autour de ces deux points un fil IH B , que l'on tende par le moyen d'un crayon ou ftylet en B , en faifant mou- voir ce ftylet autour des points H ^ /juf- qu'à ce qu'on revienne au même point B , la courbe qu'il décrira dans ce mouvement fera une ellipfe. On peut regarder cette courbe comme ne différant du cercle qu'autant qu'elle a deux centres au lieu d'un. Auffi fi l'on s'imagine que les points H , I {q rapprochent, l'el- lipfe fera moins éloignée d'iui cercle, ik en deviendra un exaâement , lorfque ces points H & I {q confondront. Suivant les diftérentes couleurs que l'on donnera au fil B ffl, par rapport à la dif- tance ou longueur HI , on formera difi^é- rentes efpeces d'eilipfes ; 5c toutes les fois qu'on augmentera l'intervalle HI, & la lon- gueur du fil HB I, en même raifon , l'el- lipfe reftera de la même efpece ; les limites des différentes elîipfes font le cercle , Ôi la ligne droite dans laquelle cette courbe fe change lorfque les points H &c I font éloi- gnés à leur plus grande diftance ; c'eft-à- dire , jufqu'à la longueur entière du fil. La différence frappante qui eft entre le cercie, qui eft la première de toutes les elîipfes, &c la ligne droite ou ellipfe infiniment alongée qui eft la dernière, indique allez que toutes les elîipfes intermédiaires doivent être au- tant d'efpeces d'eilipfes différentes les unes des autres ; & il feroit ailé de le démontrer rigoureufement. Dans une ellipfe quelconque DFKR^ Bbbbbb z 940 C O N {fig. i4.)\q point Ceft appelle /e centre \ les pomts H^I^Us foyers-, D K, le grand axe ou /'^-re tranfperfe, ou bien encore leprincipal diamètre ou le principal diamètre tranjverfe ; FR /^pe/i/aATé. Toutes les lignes paiîant par C font nommées diamètres : les lignes terminées à deux points de la circon- férence, & menées parallèlement à la tan- gente ÀîiA , au ibmmet d'un diamètre , font les ordonnées à ce diamètre. Les par- ties comme Mv, terminées entre le fom- met M du diamètre , & \ef ordonnées , font lescvB étant des demi- ordonnées à un diamètre quelconque MG, le quarré de y. P eft au quarré dty B , coinme le reétangie M (Ji. + /t/ jff eft au reélangle Mv-h V G. Cette propriétéeft démontrée par MM. de l'Hôpital, Guifnée, &c. 6°. Le parameire du grand axe , qui fui- Yant la définition précédente doit être la .n<)i&me proportionnelle aux deux axes, CO N eft auflî égala l'ordonnée TWJfj?^. /j.^," qui paffe par le foyer /. 7°. Le quarré d'une demi-ordonnée quelconque P/x à un diamètre M G (fig. /4. ) , eft moindre que le produit de l'ab- cifte M fz par le paramètre de ce diamètre, C'eft ce qui a donné le nom à l'ellipfe , (».u4'if , fignifiant défaut. b''. Si d'un point quelconque B (fig. ij .} on tire les droites B ff àc B I aux foyers , leur fomme fera égale au grand axe ; &: ft l'on divife parla ligne B a l'angle 75 /Tque font ces deux lignes , en deux parties éga- les, cette ligne B a fera perpendiculaire à l'ellipfe dans le point B. cf°. Un corps décrivant l'ellipfe D FK autour du foyer H ^ eft dans fa plus grande diftance à ce foyer //", lorfqu'il eft en K / dans fa plus petite lorfqu'il eft en Z>; 6i dans {qs moyennes diftances , lorfqu'il eft: en F ^ en È, 10°. De plus cette moyenne diftance- Fffèi. EH Qd égale à la moitié du grand- axe. 11°. L'aire d'une ellipfe eft à celle du cercle circonfcrit Z)/7zK , comme le petit axe eft au grand axe. Il en eft de même de toutes les. parties correfpKjndantes MIKy miK de ces mêmes aires. Cette propriété fuit de celle-ci , que chaque demi-ordon- née AfJ de l'ellipfe, eft à la demi-ordorr- née mlà\x cercle dans la raifon du petit axe au grand. Ce feroitle contraire, fi l'on com- paroît un cercle à une ellipfe circonfcrite ,. c'eft-à-dire , qui auroit pour petit axe le diamètre de ce cercle. 12°. Tous les parallélogrammes décrits autour des diametresconjugués des ellipfes , font égaux entr'eux. Le parallélogramme A^yS'{fig. ;^.J par exemple, eft égal au parallélogramme e|.,3. M. Euler a étendu- cette propriété à d'autres courbes. Voyelle premier volume de rhifloire françoife de /'o» cadémie de Berlin , ty^S. 13°. Si la ligne droite 5 JpafTant par l'urt des foyers , fe meut en telle forte que l'aire qu'elle décrit foit proportionnelle au temps, le mouvement angulaire de B Hauteur de l'autre foyer, lorfque l'ellipfe ne diffère pas beaucoup du cercle , eft fort approchant d'être uniforme ou égal. Cardans une ellipfe qui diffère peu d'un cercle , les. fedeuxs C O N quelconques B iDy FI D, &c. font entre eux à très-peu près comme les angles cor- refpondans B HD. Foye:{ Jnft. Afiron. de M. le Monnier, pag. Soè" & fulv. Defcription de la parabole. YLK (^fig. iS.) fecl, coniq. eft une équerre dont on fait mouvoir la branche Y L le long d'une règle fixe Y I; P/" eft un fil dont l'extrémité eft attachée en -X^ à cette équerre , &: l'autre en /" à un point fixe F. Si pendant le mouve- ment de cette équerre on tend continuel- lement le fil par le moyen d un ftylet P, qui fuive toujours l'équerre , le ftylet décrira la courbe appe'lée parabole. La ligne L /eft nommée la directrice , F le foyer ; le point T qui divile en deux parties égales la perpendiculaire FI à la directrice , eft le fommet de la parabole. La droite T F , prolongée indéfiniment , Taxe. Toute ligne comme n i parallèle à l'axe, eft appellée un diamètre. Les lignes comme H l terminées en deux points H, /del'el- lipfe, & menées parallèlement à la tangente au fommet d'un diamètre , font les ordon- nées à ce diamètre. Les parties / cj font les abfciftes. Le quadruple de la diftance du point iau point F^ eft le paramètre du dia- mètre / n : d'où il fuit que le quadruple de FTe{{ le paramètre de l'axe, qu'on appelle auffi le paramètre de la parabole. Propriété de la parabole. i°. Les ordon- nées à un diamètre quelconque , font tou- jours coupées en deux parties égales par ce .diamètre. a°. Les ordonnées à l'axe lui font per- pendiculaires, & font les feules qui foient perpendiculaires à leur diamètre ; les autres font d'autant plus obliques , qiie le diamè- tre dont elles font ordonnées, eft plus éloi- gné de l'axe. 3°. Le quarré d'une demi-ordonnée quel- conque ^ /, eft égal au redangle de l'ahf- -cifle correfpondante i ^, par le paramètre du diamètre i n de ces ordonnées : c'eft de celte égalité qu'eft tiré le nom de la parabole , TjpaCofJiy ftgnifiant égalité ou cowparaijbn. 5^. Le paramètre de la parabole, c'eft- à-dire , le paramètre de l'axe , eft égal à . l'ordonnée à l'axe , laquelle pafte par le C O N 941 foyer jp, & fe termine de part & d'autre à la parabole. 5^. La diftance P Fà^wn point quelcon- que P de la parabele au foyer F y eft égale à la diftance P Z du même point à la di- redrice L I; cette propriété fuir évidem- ment de la defcription de la courbe. 6^. Lorfque l'abcift^e eft égale au paramè- tre , la demi-ordonnée eft aufli de la même longueur. 7^. Les quarrés de deux ordonnées au même diamètre, qui répondent à deux difte- rens points de la parabole , font entre eux dans la même proportion que les deux abf- cilTes de ces ordonnées. S^. L'angle k i n entre la tangente A ^ au point quelconque i, & le 'diamètre in au même point, eft toujours égal à l'angle / / -F, que cette tangente fait avec la ligne i F tirée au foyer. Ainfi ^{\ H i l repréfente la furface d'un miroir expofée aux rayons de lumière , de manière qu'ils viennent pa- rallèlement: à l'axe , ils feront tous réfléchis au point F ^ où ils brûleront par leur réu- nion : c'cit ce qui a fait qu'on a nommé ce point-le/q/^r. Voye^ MlROlR ARDENT. 9*^. La parabole eft une courbe qui s'étend à l'infini à droite & à gauche de fon axe. 10^. La parabole , à m:;fure qu'elle s'éloi^ gne du fommet , a une diredion plus ap- prochante du parallelii'me à l'axe , Se n'y arrive jamais qu'après un cours infini. 11*^. Si deux paraboles ont le même axe & le même fommet, leurs ordonnées à l'axe répondant aux mêmes abfciftes, feront toujours entre elles en raifon fous-doublée de leurs paramètres, ainfi que les aires ter- minées par ces ordonnées. ii"^. La valeur d'un efpace quelconque / q H, lenfermé entre un arc de parabole, le diamètre/^ au point/', &: l'ordonnée Hl au point H., eft toujours le double de l'ef- pace i h //"renfermé entre le même arc i H^ la tangente i h, ^ le parallèle h H à i q-, ou ce qui revient au même, l'efpace i H q eft toujours les deux tiers du parallélogram- me circonfcrit. 13^. Si d'un point quelconque iif de la parabole , on mené une tangente H m à. cette courbe, la partie / m comprife jentce le point où cette tangente rencontre encore un diamètre quelconque & le point i fora- 94Î C O N met de ce diamètre, eft toujours égale à rabfcifle ; ^, qui répond à rordonnée q H de ce diamètre pour le point H, 14^. Toutes les paraboles font fembla- bles entre elles & de la même efpece, ainfi que les cercles. 1^^. Si l'on fait paiTer un diamètre par le concours de deux tangentes quelcon- ques , ce diamètre divifera en deux parties égales la ligne qui joint les deux points de contaél: : cette propriété efl: commune à toutes les ficiions coniques. Defcription de C hyperbole. La règle / B T Cfîg' 16". J eft attachée au point fixe /, autour duquel elle a la liberté de tourner. A l'extrémiré T de cette règle eft attaché ini fil H B T", dont la longueur eft moindre que / T; l'autre bout de ce fil eft attaché à un autre point fixe H, dont la diftance au premier / eft plus grande que la différence qui eft entre le fil & la rx^gle /T", & plus petite que la longueur de cette règle. Cela pofé , fi pendant que la règle / T tourne autour du point /, on tend continuelle- ment le fil par le moyen d'un ftylet qui fuive toujours cette règle, ce ftylet décrira la cou'be appelée hyperbole. Les points H^ /font appelles les foyers. Le pohît Cqui divife en deux parties égales l'intervalle I If, eft le centre. Le point D qui eft celui où tombe le point H , lorfque la règle / T tombe fur la ligne ///, eft le fommet de l'hyperbole. La droite D K dou- ble de Z) C , eft l'axe de tranfverfe ; la figure SKL égale & femblabie k B D T, que l'on décriroit de la même manière en attachant la règle en If, au lieu de l'attacher en /, feroit l'hyperbole oppofée à la première. Le rapport qui eft entre la difiance des points //&/, & la différence du fil à la règle , eft ce qui caraélérife l'efpece de l'hyperbole. Il y a une autre manière de décrire fhy- perbole , qui rend plus facile la démonftra- tion de la plupart de (es propriétés. Voici ^ette méthode. LL^M M (fig. ly.) étant deux droi- tes quelconques données de pofition qui fe <:oupent en un point C , ^ c D d C un parallélogramme donné , fi l'on trace une courbe e D h qui ait cette propriété qu'en inenant de cbacui) de it% points e les pa- C O N ralleles e d, ScecklL6cMM,\e paral- lélogramme c e d C ion égal au parallélo- gramme D c C d, cette courbe fera une hyperbole. La courbe égale & femblabie à cette courbe que l'on décriroit de la même mar niere dans l'angle oppofé des lignes M M y L L , iéroitl'hyperbole oppolé. Les deux hyperboles que l'on décriroit avec le même parallélogramme entre les deux autres angles qui font les complé- mens à deux droits des deux premiers , feroient les deux courbes appellées les hyperboles conjugées aux premiers. VoyeT^ Conjugué. Le point C oiJ les deux droites M M y L L, ie rencontrent, eft le centre de tou- tes ces hypothefes. Toute ligne paflant parle centre, & ter- minée aux deux hyperboles oppofées , eft un diamètre de ces hypeiboles. Toutes les droites menées parallèlement à la tangente au fommet de ce diamètre &; terminées par l'hyperbole , font des ordonnées à ce diamètre , & les parties correlpondantes du prolongement de ce diamètre , lefquel- les font terminées par le fommet de ce diamètre & par les ordonnées , font les abfciftes. Un diamètre quelconque de deux hyper- boles oppofées , a pour diamètre conjugué celui des hyperboles conjuguées qui a été mené parallèlement aux ordonnées du pre- mier. Le paramètre d'un diamètre quelconque, eft la troifieme proportionnelle à ce diamè- tre & à fon conjugué. Les lignes L L, M M font appellées les afymptotes , tant les hyperboles oppofées que les conjuguées. V. Asymptote. Propriétés de L'' hyperbole, i^. Les ordon- nées à un diamètre quelconque font tou- jours coupées en deux parties égales par ce diamètre. 1^. Les ordonnées à l'axCsfont les feu- les qui foient perpendiculaires à leur dia-* mètre ; les autres l'ont d'autant plus obli- ques , que le diamètre eft plus écarté de l'axe ; & en comparant deux hyperboles de différentes efpeces , les diamètres qui feront à même diftance de l'axe , auront des ordon- nées d'autant plus obliques, que la diitérence C O N de fangk L C M à. Ton complément fera plus grande. 3*^. Le qiiarrë d'une ordonnée a un dia- mètre quelconque eft au quarré dune autre ordonnée quelconque au même diamètre , comme le produit de rabfciffe correfpon- fiante à cette première ordonnée par la fomme de cette abfciiïe & du diamètre , eft au produit de l'abfcifTe correfpondante à la féconde ordonnée , par la fomme de cette abfciffe & du diamètre. 4^. Le paramètre de l'axe tranfverfe efi ëgal à l'ordonnée qui pa/Te par le foyer. 5°. Le quarré d'une demi-ordonnée à un diamètre eft plus grand que le reftangîe de rabfcifîe correfpondante par le param.etre de ce diamètre. G'eft de cet excès appelle en grec yxrfCoA», qu'eft venu le nom de Vhj'peibole. 6°. Si d'un point q-^elconque B Çfig. iS.) on tire deux lignes B H , B /aux foyers , leur différence fera égale au grand axe ; ce qui fuit évidemment delà première defcrip- tion de l'hyperbole. j^. Si l'on divife en deux parties égales l'angle H B I ^ compris les deux lignes qui vont d'un point quelconque aux foyers, la ligne de biffeftion fera tangente à l'hyper- bole en B. 8". Les lignes droites L L ^ MM {^fig. ly.) dans lelquel'es font renfermées les deux hyperboles, oppolées à leurs conju- guées, lontaiymptoies de ces quatre hyper- boles ,. c'eft-à-dire qu'elles en approchent continuellement fans jamais les rencontrer, mais qu'elles peuvent en approcher de plus près que d'une dillance donnée , fi petite qu'on la fuppofc 9*^. L'ouverture de l'angle que font lès afymptotes ào.^ deux hyperboles oppofées , c^srafiérife Pefpece de cette hyperbole. Lorf- I que cet angle eft droit , l'hyperbole s'appelle cquilatere , à caufe de fon axe {latus tvanf- vsrfum) &: fon paramètre ' latus rectum^ ■ font égaux entre eux. Cette hyperbole eft à l'égard des autres , ce que le cercle eft à regard àes eliipfes. Si par exemple fur le même- axe , en variant l'axe conjugué , on : Conftruit différentes hyperboles , les or- données de ces différentes hyperboles qui auront les- mêmes abfciifes , feront à l'or- j donnée correfpondante de Thyperbole équi- } C O N ^ 943 latere , comme l'axe conjugué eft à l'axe tranfverie. io°. Si par le fommet d'un diamètre quelconque on tire une tangente à l'hy- perbole , l'intervalle retianchéfur cette tan- gente par les afymptotes , eft toujours égal au diamètre conjugué. 11°. Si par un point quelconque m de l'hyperbole CfiS- ^9'J ^i^ 'i""^ ^ volonté des lignes K m H y r m R qui rencontrent les deux afymptotes, on aura M R=m r, HE ^^ m K : ce qui fournit une manière bienfimple de décrire «ne hyperbole, dont les afymptotes C Q^ CT 1 oient données , & qui palfe par un point donné m : car me- nant par m une 1 gne quelconque K m I/l, & prenant H E^^m lù^^ point E fera a l'hyperbole. On troilHM de même un autre point AI de l'hyperbole , en menant une autre ligne rm R ^ hn prenant M R'=' m r; & ainfi des autres. ii*^. Si fur l'une des afymptotes O M {fis- '7'J l'<^^^ prend les parties CI, Cil, C II l ^C I V, c V^ &CC. qui foient en pro- greftîon géométrique, & qu'on mené par' les points Cl, Cll\ Cl II, CIV, les parallèles l'i.Ilx, III ^ , IF^, V6, &c. à l'autre afymptote, les eip ces J2 , 7/3 , III ^ , IV 6, V6\ &c. feront tous égaux. D'où il fuit nue lî l'on prend les parties , C/, C// , CJ//, &:c. fuivant 'or- dre des nombres naturels ; les eTp.ces i 2, II j ,. 77/4 ,. &:c. repréfenteront le^ loga-^ rithmes de ces nombres. De toutes les propriétés àes/eclions co- niques, on peut conclure, i^. que ces cour- bes font toutes enfemble un fyftême de figures régulières , teliénient liées les unes aux autres, que chacutie peut dans le paf- fage à l'infini , changer d'efjiece & deve- nir fuccefîivement de toutes les autres. Le cercle, par exemple , en cha'ngeant infini- ment peu le plan coupanr, devient une ellipfe ; & l'ellipfeen reculant fon centre - à l'infini, devient une parabole, dont la pofition étant enfuite un peu changée, el!e: devient la première hyperbole : toutes ces hyperboles vont enfuite en s'élcvant , jul- qn'à fs confondre avec la ligne droite ^ qui eft le côté du cône. On voit , 1^. que dans le cercle 'e-pn-- rametreeft doubî<î de .a- cliftance du foirv-^ 0. Cela pofé , voici comment on peut réduire cette équation à repréfenter quelqu'une des fcclïons conique'^ e': oarricnlier. Soit y-l- — + — =;^, on aura ;[ ^ ai rpq * 7 7 44 C O N C O N met au foyer ou centre; dans Tellipre , \t\yy'\pxy^bxx\Qx\a paramètre de tout diamètre eft à l'égard de cette diftance dans une raifon qui eft entre la double & la quadruple ; dans la parabole , cette railan eft précifément le quadruple, & dans l'hyperbole la raifon paffe le quadruple. 3^. Que tous les diamètres des cercles & des ellipfes fe coupent au centre 6c en dedans de la courbe; que ceux de la para- bole font tous parallèles entre eux & à l'axe , que ceux de l'hyperbole fe coupent au centre , auifi biep que ceux de l'ellipfe , mais avec cette différence que c'eft en dehors de la courbe. On peut s'inftruire des principales pro- priétés àts feâi^is coniques ^ dans V appli- cation de ra/gcWmà la géométrie , par M. Guifnée : ceux ^^voudront les apprendre plus en détail , auront recours à l'ouvrage de M. le marquis de l'Hôpital, qui a pour titre , traité analytique desfeclions coniques: enfin on trouvera les propriétés âesfeclions 'coniques traitées fort au long dans l'ouvrage in-folio de M. de la Hire , qui a pour titre, fcciiones conicœ. in noi.'em libros diftribut(2\ mais les démonftrations en font pour la plupart trè;-longues , & pleines d'une îyn- thefe difficile 6c embarraftee. Enfin M. de la Chapelle , de la fociété royale de Lon- dres , vient de publier fur cette matière un traité inftmdif 6c aiTez court , approuvé par l'académje royale des fciences. Le<;fec7ions coniques , en y comprenant le cercle , compofent tout le fyftéme des lignes du fécond ordre ou courbes du pre- mier genre , la ligne droite étant appeilée ligne du premier ordre. Ces lignes du fé- cond ordre ou courbes du premier genre, font celles xlans l'équation defquelles les indéterminées x , y, montent au fécond degré. Ainfi , pour repréfenter en général toutes hsfeciions coniques , il faut prendre une équation dans laquelle x,y, montent au fécond degré , 6c qui foit la plus com- pofée qui fe puiffe ; c'eft-à-dire , qui con- tienne, outre les quarrés x x ^yy, i^. le plan xy , z". un terme qui renferme x linéaire ,3*. un terme qui contienne y linéaire , oc enfin un terme tout conftant. Ainfi réquation générale à^s feciions coni- ques (çii. ^ ]metr«, &c. 4 4 "^ b X X 7-+ca: + a = o. Equation qu'on peut changer en celle-ci. :{:{•{• A X X •\' B x-^ C === o. On verra facilement que les nouvelles coordonnées de la courbe font ^ , 6c une autre ligne u qui eft en rapport donné avec x , de forte qu'on peut fuppofer a; = m w; ainfi l'équa- tion pour les coordonnées { , « , fera :^ l"^ D u u'\' Fu-\- G ^=0. Or, i^. fi Z) = (9, la courbe eft une pa- rabole : 2°. fi 7) eft négatif, la courbe efl une ellipfe ; 6c elle fera un cercle , li Z? = — I, 6c que l'angle des coordonnées ;{ 6c M Ibit droit : 3°. fi X) eft pofitif, U courbe fera une hyperbole. Au refte , il arrivera quelquefois q^ue la courbe fera ima- ginaire , lorlque la valeur de ;{ en a fera nn3ginaîre. C'eft ainfi qu'on pourroit parvenir à don- ner un traité vraiment analytique àts/ec tions coniques ; c^'eft-à-dire , où les proprié- tés de ces courbes feroient déduites immé- diatement de leur équation générale , 6c non pas comme dans l'ouvrage de M. le marquis de l'Hôpital , de leur defcription fur un plan. M. l'abbé de Gua a fait fur ce fujet de fort bonnes réflexions dans fon ouvrage intitulé , ufage de Vanalyfe de Defcanes , 6c il y trace le plan d'un pareil traité. M. le marquis de l'Hôpital , après avoir donné dans les trois premiers livres de fon ouvrage les propriétés de chacune des/^c- tions coniques en particulier , a confacré le quatrième livre à expofer les propriétés qui leur font communes à toutes : par exem- ple , que toutes les ordonnées à un même diamètre foient coupées en deux égale- ment par ce diamètre , que les tangen- tes aux deux extrémités d'une même or- donée aboutiffent %u même point du dta-. Les Cp N Les anciens avoient confidérë d'abord îes fcctions coniques dans le cône où elles font nées y & la meilleure manière de trai- ter ces courbes , feroit peut-être de les en- vifager d'abord élans le cône, d'y chercher leur équation , &:de les trani'porter enfuite fur le plan pour trouver plus facilement par le moyen de cette équation leurs autres propriétés ; c'eft ce que M. de la Chapelle s'cft propofé de faire dans l'ouvrage dont nous avons parlé. Quelques auteurs , non contens de dé- montrer les propriétés Aîtsjeciions coniques fur le plan , ont encore cherché le moyen de démontrer ces propriéiés , en confidé- rant \esfec7ion:> coniques dans le cône même. Ainfi , M. le Marquis de l'Hôpital a con- facré le fixieme livre de fon ouvrage à faire voir comment on retrouve dans le folide les mêmes propriétés à^sfeclions coniques démontrées fur le plan : il a rempli cet objet avec beaucoup de clarté & de fim- plici;é. Dans cet article, nous avons envi- îagé les feciions coniques de la manière qui demande le moins d'apprêt, mais qui n'eft peut-être pas la plus nat.ielle: la méthode que nous avons fuivie convenoit mieux à un ouvrage tel que celui-ci ; & celle que nous propofons conviendrc it mieux à un ouvrage en forme fur X^'^ feciions coniques. Voy. les articles CoURBE, LiEU , CONS- TRUCTION, &c. Pour démon.rer les propriétés des fec- lions coniques dans le cône , il eft bon de prouver d*abord que toute fcclion conique eft une courbe du fécond ordre , c'efl-à- dire, où les inconnues ne forment pas une équation plus haute que le fécond degré. Cela peut fe prouver très - aifément par l'algèbre , en imaginant un cercle qui ferve de bafe à ce cône, enfailànt les ordonnées xle la feclion conique parallèles à celle du cercle, & en formant des triangles fem- blables qui aient pour ibmmet commun celui du cône , &; pour baies les ordonnées parallèles , &c. Nous ne faifons qu'indi- quer la méthode. : les lefteurs intelligent la trouveront fans peine ; & les autres peuvent avoir recours à la théorie des ombres dans l'ouvrage de M. l'abbé de Gua qui a pour titre , ufages de Vanalyjï de De/canes, &c. Tome VIII. C O N 945 Cela bien démontré, il eft vifible que la fedfion d'un cône par un plan qui le tra- verfe entièrement, ne peut être qu'une ellipfe ou un cercle ; car cette fedion ren- tre en elle-même , & ne fauroit êtfe par conféquent ni hyperbole , ni parabole : de plus , fon équation ne monte qu'au fécond degré , ainfi elle ne peut être que cercle ou ellipfe. Mais on n'a pas trop bien dé- montré dans quel cas la feftion eft un cer- cle ou une ellipfe. i*^. Elle eft un cercle , lorfqu'elle eft pa- rallèle à la bafe du cône. 2*^. Elle eft encore un cercle , lorfqu'elle forme une feftion fous-contraire, & lorf- qu'elle eft de plus perpendiculaire au trian- gle paffant par l'axe du cône , &c perpen- diculaire lui-même à la bafe ; cela eft dé- montré dans plufteurs livres. Voye^ Sous- CONTRAIRE. 3°. Il eft aifé de conclure de la démonf- tration qu'on donne d'ordinaire de cette propofifion , &c qu'on peut voir , (i l'en veut, dans \q traité des feciions coniques ^c M. de la Chapelle , que toute feélion per- pendiculaire au triangle par l'axe , & qui ne fait pas une feclion fous-contraire , eft une ellipfe. Mais ft la feâ:ion n'eft pas per- pendiculaire à ce triangle , il devient un peu plus difficile de le démontrer. Voici comment il faut s'y prendre. En premier lieu , fi dans cette hyper- bole la feclion conique palfe par une autre ligne que celle que forme la feâ:ion fous- contraire avec le triangle par l'axe , il eil ailé de voir que le produit des fegmens de deux lignes tirées dans le plan de la courbe ne fera pas égal de part & d'au- tre ; & qu'ainiî la courbe n'eft pas ua cercle , puifque dans le cercle les produits des fegmens font égaux. En fécond lieu , fi dans cette même hyperbole le plan de la courbe pafle par une ligne que forme la fe(îlion ibus-con- traire avec le triangle par l'axe , il n'y a qu'à imaginer un autre triangle perpendi- culaire à celui-ci, & paflant par l'axe ; on verra aifément, i*^. que ce triangle fera ifocele ; i^. que la fe^ion de ce triangle avec la feftion fous-contraire , fera para- lelle à la bafe; 3*^. que par conféquent le plan dont il s'agit étant différent de la Cccccc ^46 C O N, fea; on fous-contraire (hyp.) , coupera ce nouveau triangle fuivant une ligne oblique à la bafe; & il eft très-aifé de voir que les fegmens de cette ligne font un produit plus grand que celui des fegmens de la ligne parallèle à la bafe. Or , ce fécond produit eft égal au produit des fegmens de la fedion fous-contraire , puifque cette fec- tion eft un cercle ; donc le premier pro- duit eft plus grand ; donc la fedion eft une ellipfe. Je ne fâche pas que cette pro- pofition ait été démontrée dans aucun livre. Ceux qui travailleront dans la fuite fur les coniques , pourront faire ufage des vues qu'on leur donne ici. (0_) CoMQUE, ea artillerie , fe dit d'une pièce d'artillerie dont Tame eft plus large vers la bouche que vers la culaftci Les premiers canons étoient coniques , félon Diego Ufano ; c'eft-à-dire que l'in- térieur de l'ame de la pièce finiftbit en pointe , & que l'ame de la pièce alloit en augmentant iufqu'à fa bouche; Cette figure h'étoit guère convenable à faire agir la poudre fur le boulet avec tout l'effort dont elle eft capable. D'ailleurs , les pièces fe trouvoient , par cette conAru^ion , avoir moins de métal à la partie où elles ont le plus de befoln , c'eft-à-dire , à la culafle. Aufti , cette forme n'a-t-el!e pas duré long- temps ; on trouva qu'il étoii plus avanta- geux de faire l'ame également large dans toute fon étendue : c'eft ce qu'on obferve encore aujourd'hui. Voye^ Canon. CQ.J * CONISALUS, f. m. (Mytli.) dieu des Athéniens dont parle Srrabon > èc que Ton conjefture être le même que Priape. Voyci Priape. CONISE , f f. {Hifl. nat. bot.) conyia, genre de plante à fleur compofée de fleu- rons découpés portés fur des embryons , & foutenus par un calice écallleux ordinaire- ment cylindrique : les embryons devien- nent dans la fuite des femences garnies d'aigrettes. Tournefort , infi.rei heri>. V. Plante. (I) ComSE,CMat. W^.J La fumée de la conife chafîe les bêtes vénimeufes , les moucherons ôcles puces, félon Diofcoride. D'ailleurs , il n'eft d'aucun ufage en- mé- decine , quoique quelques auteurs lui aient attribué la propriété d'exciter les- règles j, C O N de poufter par les urines , &c. & qu'elle puilTe être de quelque utilité dans les lo- tions contre la galle , les dartres , &c. (F) * CONISTERIUM, (Hifl. anc.JXiA dans les gymnafes où l'on raflTembloit de la poufliere dont les athlètes fe fervoient après s'être frottés d'huile , afin de pouvoir fe prendre plus facilement. On l'appelloit Xw'^ft chez les Grecs , & chez les Latins^ pulverarium. Celle dont on fe fervoit ve- noit d'Egypte. Voye^ Gymnase. CONITZ , {Géogr. mod.) ville de la Pruflfe Polonoife , à quinze milles de Dant- zic. Il s'y fait du commerce.. CONJUGAISON, f. f. terme de Gram^ maire, con/ugatio : ce mot ûgmûe Jonc- tion, ajjemblage. R. conjungere. l^TLCon/w- gai/on eft un arrangement fuivi de toutes, les terminaifons d'un verbe, félonies voix,, les modes , les temps, les nombres, & les., perfonnes ; termes de Grammaire, qu'il faut- d'abord expliquer. Le mot voix eft pris ici dans un fens. figuré : on perfonnifie le verbe y on liû; donne une voix , comme fi le verbe par-- loit ; car les hommes penfent de toutes chofes par refl'emblance à eux-mêmes ; ainft; la voix eft comme le ton du verbe. On. range toutes les terminaifons des verbes en deux- claffes différentes; i^. les termi-. naifons , qui font connoître que le fujet^ delà propofition fait une acl:Jon, font dites. être de la voix active , c'eft-à-dire, que le fujet eft confidéré alors comme agent ;; c'eft le fens afrif : i^-. toutes celles qui font, deftinées à indiquer que le fujet de la pro- pofition eft le terme de l'adion qu'un autre.- fait , qu'il' en eft le patient , comme difent les philofophes ; ces terminaifons font dites. être de la voix pajjive , c'eft-à-dire , que îe. verbe énonce alors un fens paftîif. Car il; faut obferver que les philoibphes & les grammairiens fe fervent du mot^^'/fV, pour exprimer qu'un objet eft le terme ou le but d'une action agréable ou défagréable qu'un autre fait , ou du fentiment qu'un autre a : ' aimer f es parens , parens font le terme ou, l'objet du iexiiviXienX. i!! aimer. Amo , j'aime ,, amavi, j'ai aimé, amabo , j'aimeiai, font de la voix aâive ; au lieu que amor, je fuis aimé, amahar^ j'étois. aimé , amahor , je ferai aimé 5 font de la. voix çaftive. Amans. , C ON «ceîm qui aime , eft de la voix aftîve ] mais amatus , aimé , eft de la voix paflive. Ainfî de tous les termes dont on fe fert dans la conjugaifon , le mot voix eft celui qui a le plus d'étendue ; car il le dit de chaque mot , en quelque mode , temps , nombre pu perfonne que ce puifte être. Les Grecs ont encore la voix moyenne. Les grammairiens difent que le verbe moyen a la Signification ac paftive , & qu'il tient une efpece de milieu entre Ta^lif & le pafîit : mais comme la langue grecque eft une langue morte, peut-être ne connoît-on pas aufîi bien que l'on croit la voix moyenne. Par modes on entend les diflPérentes ma- nières d'exprimer l'aélion. Il y a quatre principaux modes, l'indicatif, le fubjonc- tif , l'impératif, & l'infinitif, auxquels en certaines langues on ajoute l'optatif. L'indicatif énonce l'aftion d'une manière ablblue , comme faime , fai aimé ,j^avois aimé^ f aimerai; c'eft le ieul mode qui forme des propofitions , c'eft-à-dire , qui énonce des jugemens ; les autres modes ne font que des énonciations. Voyes;^ ce que nous difons à ce fujet au mot Construction, oii nous faifons voir la différence qu'il y a entre une propofition & une fimple énonciation. Le fubjonélif exprime l'aiflion d'une ma- nière dépendante, fubordonnée, incertaine, conditionnelle , en un mot, d'une manière qui n'eft pas abfolue , & qui fuppofe tou- jours un indicatif: quand / aimerais ^ afin que faimajje ; ce qui ne dit pas que y aime , ni que faie aimé. L'optatif que quelques grammairiens ajou- tent aux modes que nous avons nommés , «xprime l'aftiôn avec la forme de defir &: de fouhait : plût à Dieu qu^il vienne. Les Grecs ont des terminaifons particulières pour l'optatif. Les Latins n'en ont point ; mais quand ils veulent énoncer le fens de l'optatif, ils empruntent les terminaifons du fubjonâiif , auxquelles ils ajoutent la parti- cule du defir utinani , plût à Dieu que. Dans les langues où l'optatif n'a point de .terminaifons qui lui foient propres , il eft inutile d'en faire un mode îéparé du fub- jondif. L'impératif marque Taâiion avec la forme c O N ^^1 de commandement, ou d'exhortation, ou de prière; prens , piens^ va donc. L'infinitif énonce l'aftion dans, un fens abftrait , &: n'en fait par lui-même aucune application finguliere & adaptée à un fujet; aimer, donner , venir; ainfi il a befoin , comme les prépofitions,les adjedlifs , &c, d'être joint à quelqu'autre mot , afin qu'il puifte faire un fens fingulier & adapté. A l'égard des temps, il faut obferver que toute aftion eft relative à un temps, puif- qu'elle fe pafîe dans le temps. Ces rapports de l'aftion au temps font marqués en quel- ques langues par des particules ajoutées au verbe. Ces particules font ces ftgnes du temps ; mais il eft plus ordinaire que les temps foient défignés par des terminaifons particulières , au moins dans les temps fim- ples : tel eft l'ufage en grec , en latin , en françois , &c. Il y a trois temps principaux ; i^. le préfent, comme amo ^ j'aime; iP. le pafte ou prétérit, comme amavi^ j'ai aimé; 3^. l'avenir ou futur, comme amaho , j'aimerai. Ces trois temps font des temps (impies & abfolus , auxquels on ajoute les temps relatifs ^ combinés, comme ye lifois quand vous êtes venu , &c. VoyeT^ Te M PS, termi de Grammaire. Les nombres. Ce mot, en terme de Gram-* maire , fe dit de la propriété qu'ont les ter- minaifons des noms ôc celles des verbes » de marquer fi le mot doit être entendu d'une feule perfonne , ou fi l'on doit l'en- tendre de plufieurs. Amo y amas , amaty j'aime , tu aimes , il aime ; chacun de ces trois mots eft au fingulier : amamus , ama- tis , amant, nous aimons , vous aimez, ils aiment ; ces trois derniers mots font au pluriel , du moins félon leur première deftination ; car dans l'ufage ordinaire on les emploie aufli au fingulier : c'eft ce qu'un de nos grammairiens appelle U fingulier de politejje. Il y a aufli un fingulier d'au- torité ou d'emphafe ; nous voulons , nous ordonnons. A ces deux nombres, les Grecs en ajou- tent encore un troifieme , qu'ils appellent duel : les terminaifons du duel font defti- nées à marquer qu'on ne parle que de deux. Enfin , il faut favoir ce qu'on entend par Us £>erfonnes grammaticales ; & pour cela Cccccc 1 5)48 C O b^ il faut obferver que tous \ei objets qui peu- vent faire la matière du difcours font i^. ou la perfonne qui parle d'elle-même ; amo, j'aime. 2^. Ou la perfonne à qui l'on adreiïe la parole ; amas , vous aimez. 3°. Ou enfin quelque autre objet qui n'eft ni la perfonne qui parle , ni celle à qui l'on parle ; rex amat populum , le roi aime le peuple. Cette confidëration * des mots , félon quelqu'une de ces trois vues de l'efprit , a donné lieu aux Grammairiens de faire un ufage particulier du mot de perfonne par rapport au difcours. Ils appellent première perfonne celle qui parle , parce que c'eft d'elle que vient le difcours. La perfonne à qui le difcours s'adreiTe Q^iZ^^eWée la féconde perfonne. Enfin , la troifieme perfonne ^ c'eft tout ce qui eft confidéré comme étant l'objet dont -la première perfonne parle à la féconde. Voyez combien de fortes de vues de l'ef- prit font énoncées en même temps par une feule terminaifon ajoutée aux lettres radi- cales du verbe : par exemple , dan« amare^ ces deux lettres a^m ^ font les radicales ou immuables ; fi à ces deux lettres j'ajoute o, je forme amo. Or en difant amo .^ je fais connoître que je juge de moi, je m'attribue le fentiment d'aimer ; je marque donc en même temps la voix , le mode , le temps , le nombre , la perfonne. Je fais ici en paffant cette obfervation , pour faire voir qu'outre la propriété de marquer la voix, le mode, la perfonne, &c. & outre la valeur particulière de cha- que verbe , qui énonce ou l'effence , ou l'exiflence, ou quelque adion , ou quelque fenriment , &c. le verbe marque encore ra(ftion de l'efprit qui applique cette valeur à un fujet, foit dans les propofitions, foit dans les fimples énonciations ; & c'efl; ce qui diflingue le verbe des autres mots , qui ne font que de fimples dénominations. Mais revenons au mot conjugaifon. On peut aufli regarder ce mot comme un terme métaphorique tiré de l'adlion d'atteler les animaux fous le joug au même char &; à la même charrue; ce qui emporte toujours l'idée d'affemblage , de liaifon , & C O M de jonélion. Les anciens Grammainens fe font fervi indifféremment du mot de con/w gaifon , & de celui de déclinaifcn , foit eii"* parlant d'un verbe , foit en parlant d'un nom : mais aujourd'hui on emploie decLi' natïo & declinare, quand il s'agit des noms ;. & on fe fert de conjugatio & de conjugare^ quand il eft queflion des verbes. Les Grammairiens de chaque langue ont obfervé qu'il y avoit des verbes qui énon- çoient les modes , les temps, les nombres &:les perfonnes, par certaines terminaifons, &: que d'autres verbes de la même langue avoient des terminaifons toutes différentes, pour marquer les mêmes modes , les mêmes temps , les mêmes nombres , &: les mêmes, perfonnes : alors les Grammairiens ont fait autant de claffes différentes de ces verbes , qu'il y a de variétés entre leurs terminai- fons , qui malgré leurs différences , ont ce- pendant une égale deftination par rapport au temps , au nombre & à la perfonne. Par exemple , amo , amavi , amatum , amare ; j'aime , j'ai aimé , aimé, aimer ; moneo , monui , monitum , monere ^ aver- tir ; lego , Ugi.^ Uctum , Légère , lire ; audio , audivi., auditum y au dire ., entendre. Ces quatre fortes de terminaifons différentes- entre elles , énoncent également des vues de l'efprit de même efpece : amavï.^ j'ai aimé, monui , j'ai averti 'ylegi , j'ai lu ; audivi.^ j'ai entendu : vous voyez que ces différentes terminaifons marquent également la pre- mière perfonne au fmgulier & au temps paffé de l'indicatif; il n'y a de différence que dans raâ:ion que l'on attribue à cha- cune de ces premières perfonnes, & cette aftion eft marquée par les lettres radicales du verbe , am.^ mon , leg , aud. Parmi les verbes latins, les uns ont leurs terminaifons femb'ables à celles à^amo , les autres à celles de moneo .^ d'autres à celles ^ audio. Ce font ces claffes différentes que les grammairiens ont appellées conjugaifons. Ils ont donné un paradigme , Tx^âS'ityuA, exemplar ., c'eft-à-dire un modèle à chacune de ces différentes clafTes ; a'mû amare eft le paradigme de vocare , de nunciare , &: de tous les autres verbes terminés en are : c'efl la première conjugaifon. Monere doit être le paradigme de la fé- conde conjugaifon , félon les rudimens der C O M la m^tho^e de P. R. à caufe de Ton Alpin monitum ; parce qu'en effet i! y a dans cette conjugal fon un plus grand nombre de verbes qui ont leur fupin terminé en itum , qu'il n'y en a qui le terminent comme doclum. Légère eft le paradigme de la troifieme conjugaifon ; 6c enfin audire l'eft de la qua- trième. A ces quatre conjugaifons des verbes latins , quelques grammairiens pratiques en ajoutent une cinquième , qu'ils appellent mixte , parce qu'elle eft compofée de la troifieme & de la quatrième ; c'eft celle des "verbes en ère , io ; ils lui donnent accipere^ accipio pour paradigme ; il y a en effet dans ces verbes des terminaifons qui fuivent lé- gère , & d'autres audire. On àliaudior, au- diris , au lieu qu'on dit accipior ^acciperis ^ comme legeris , & l'on dit accipiuntur , comme audiuntur , &;c. Ceux des verbes latins qui fuivent quel- qu'un de ces paradigmes font dits être régu- liers , & ceux qui ont des terminaifons par- ticulières ^ font appelles anomaux ^ c'efl-à- dire irréguliers ^ (R a, privatif, & ro/^of , règle. ) comme fero , Jers ^ fert ; vola , vis , vult ^ &c. on en fait des lifles particulières dans les rudiraens ; d'autres font feulement défeBifs, c'efl-à-dire, qu'ils m:înquent ou de prétérit ou de fupin , ou de quelque temps , ou de quelque perfonne , comme oportet y pœnitet , pLuit ^ &c. Un très-grand non bre de verbes s'écar- tent de leur paradigme, ou à leur prétérit, ou à leur fupin; mais ils confèrvent toujours l'analogie Utine ; par exemple, /on^are fait au piétéritybn^i , plutôt (\\xt fonavi\ dare fait dediy hx. non pas davi , Sec. On fe contente d'obferver ces différences , fans pour cela regarder ces verbes comme des verbes anomaux. Au refle , ces irrégulari- tés apparentes viennent de ce que les Gram- mairiens n'ont pas raporté ces prétérits à leur véritable oiigme; c-àxfonui vient dejonere^ de la troifien»e conjugaifon , 6i non defo- nare: dedi efl une lyncope de dedidi pré- térit de dedere.. Tuli , latum , ne viennent point de fero. Tuli qu'on prononçoit touli , vient de tollo ; fufiali vient dtfuflulo ; & latum\\^x\x de ta*» par fyncope de T fubfiimo. L'auteur de Novitius dit que latum vient G O N 949 du prétendu verbe im»fité , lare , lo , mais il n'en rapporte aucune autorité. yoyey[ Vos s lu s , de art. gramm. t. JJ^ p. iSo. C'eflainfi que /^i ne vient pas du verbe fum : nous avons de pareilles pratiques en françois; je vas ^ /ai été , /irai , ne vien- nent point d'aller. Le premier vient de pa- dcre, le fécond de l'italien ^a/a, & le troi- fieme du latin ire. S'il eût été poiîible que les langues euf- fentéié le réfuhat d'une affemblée générale de la nation , &: qu'après bien de difcuf- iions &c de raifonncniens , les philofophes y euffent été écoutés &^ euffent eu voix délibérative ; il eu. vraifemblable qu'il y au- roifeu plus d'uniformité dans les langues. Il n'y auroit eu , par exemple, qu'un feule conjugaifon & un feul paradigme , pour tous les verbes d'une langue; mais comme les langues n'ont été formées que par une forte de métaphyfîque d'inflinft & defenti- ment, s'il efl permis de parler ainfî; il n'efl pas étonnant qu'on n'y trouve pas une analogie bien exa6le , & qu'il y ait des irré- gularités : par exemple, nous défîgnons la même vue de l'efprit par plus d'une manière; foit que la nature des lettres radicales qui forment le mot , amené cette différence , ou par la feule raifondu caprice & d'un ufage aveugle ; ainfi , nous marquons la premiet e perfonne au fîngulier, quand nous difons /aime ; nous defignons aufïi cerre première perfonne en difantyV^/z/V , ou bien/« reçois^. ou je prends , &c. ce font ces différentes fortes de terminaifons auxquelles les verbes font affujettis dans une langue , qui font les différentes conjugaifons ^ comme nous l'a- vons déjà obfervé. Il y a des langues où les différentes vues de l'efprit font marquées par des particules , dont les unes précèdent Se d'autres fuivent les radicales : qu'importe comment, pourvu que les vues de l'efprit foient diftinguéeî avec netteté , & que l'on apprenne par ufage à connojtre les fignes de ces diftinélions. Parmi les auteurs qui ont compofé des grammaires pour la langue hébraïque 5 les uns comptent fept conjugaifons , d'au- tres huit : Mafclef n'en veut que cinq y & il ajoute qu'à parler exactement , ces- cinq devroient être réduites à trois. Quin~ que illa. y accurate loquendo , ad trcs effint 950 C O N rcducenitz. Gramm. hebraîc, chap. îv , n. Nous nous contenterons d obferver ici que les verbes hébreux ont voix aftive S voix paffive. Ils ont deux nombres, ie fin- gulier & le pluriel; ils ont trois perfonncs, & en conjurant on commence par la troi- fieme perfonne , parce que les deux autres font formées de celle-là , par l'addition de quelques lettres. En hébreu, les verbes ont trois genres comme les noms , le genre mafculin , le féminin, &: le genre commun ; enforte que l'on connoit par la terminaifon du verbe , fi l'on parle d'un nom mafculin , ou d'un nom féminin; mais dans tous les temps la première perfonne eft toujours du genre commun. Au refte , les Hébreux n'ont point de genre neutre ; mais lorfque la même ter- minaifon fert également pour le mafculin ou pour le féminin , on dit que le mot eft du genre commun ; c'eft ainfi que l'on dit en latin , hic adoUJcens , ce jeune homme , & hcec adoUfcens , cette fille ; civis bonus , bon citoyen, & cli-'is hona , bonne citoyen- ne ; & c'eft ainft que nous difons , fage , utik , fideU , tant au mafculin qu'au fémi- nin; on pourroit dire aufli que dans les autres langues , telles que le grec , le latin , îe françois , &c, toutes les terminaifons des verbes dans les temps énoncés par un feul mot font du genre commun ; ce qui ne {ignifîeroit autre chofe finon qu'on fe fert également de chacune de ces terminaifons , foit qu'on parle d'un nom mafculin ou d'un nom féminin. Les Grecs ont trois efpeces de verbes par rapport à la conjugaifon ; chaque verbe eft rapporté à fon efpece fuivant la terminaifon ^w'thême. On appelle thême^ en termes de grammaire greque , la première perfonne du préfent de l'indicatif. Ce mot vient de ^i^Y\[ji.i pono^ parce que c'eft de cette pre- mière perfonne que l'on forme les autres temps ; ainfi l'on pofe d'abord , pour ainfi dire, ce préfent, afin de parvenir aux for- mations régulières des autres temps. La première efpece de conjugaifon eft celle des verbes que l'on appelle barytons , de &a.fvi , grave , Ôi de -ûvos , ton , accent , parce que ces verbes étoient prononcés avec i'accent grave fur la dernière fyilabe, ôc C O N ' quoique aujourd'hui cet accent ne fe mar- que point , on les appelle pourtant toujours harytom \ ré/: a» tendo ; ti.ott« verbero, font des verbes barytons. 2. La féconde forte de conjugaifon eft: cel.'e des verbes circonflexes : ce font des verbes barytons qui foutfrent contraflion en quelques-unes de leurs terminaifons, Sc alors iis font marqués d'un accent circon- flexe; par exemple «-^ctTraei amo , eft le ^tf- ryton , &Ca>etTCt) le circonflexe. Les barytons & les circonflexes font également terminés en « à la première per- fonne du préiènt de l'indicatif. 3. La troifieme efpece de verbes grecs ^ eft celle des verbes en {h , parce qu'en effet ils font terminés en ^/ , ùynfum. Il y a fix conjugaifons des verbes bary^ tons ; elles ne font diftinguées entre elles que par les lettres qui précèdent la termi- naifon. On diftingue trois conjugaifons de verbes circonflexes: la première eft des barytons en fi» : la féconde de ceux en «w , & la troi- fieme de ceux en « : ces trois fortes de verbes deviennent circonflexes par la con- traction en ft». On diftingue quatre conjugaifons des ver- bes en ui ; & ces quatre jointes à celles des vQxht^barytons^ & à celles des circonflexes, cela fait treize conjugaifons dans les verbes grecs. Tel eft le fyftême commun des grammai- riens; mais la méthode de P. R. réduit ces ixQ]zQ conjugaifons à deux : l'une des verbes en â qu'elle divife en deux efpeces : ï. celle des verbes qui fe conjuguent fans contrac-» tion , & ce font les barytons : .celle de ceux qui font conjugés avec contraréfent,.un autre pour le futur premier, lin autre pour le futur fécond , un pour le premier aorifte , un pour le fécond, un pour le prétérit parfait ; enfin , il y en a «n. pour le paulà-pofi-futur ^ ^ de plus il C O N cji y a autant de participes particuliers pour chacun de ces temps-là. Dans la langue allemande, tous les verbes l'ont terminés en en à l'infinitif, fi vous eu» exceptez feyn , être , dont l'e fe confond avec Vy. Cette uniformité de terminaifon des verbes à l'infinitif, a fait dire aux Gram- mairiens , qu'il n'y avoit qu'une feule con^ juga'îfon en allemand ; ainfi il fuffit de bien favoir le paradigme ou modèle fur lequel on conjugue à la voix active tous les verbes réguliers , & ce paradigm.e , c'eft lieben ,. aimer; car teile eftla deftinaiion des verbes qui expriment ce fentiment , de fervir de- paradigme en prefque toutes les langues t on doit enfuite avoir des liftes de tous les. verbes irréguliers. J'ai dit que le lichen étoit le modèle des; verbes à là voix active ; car les al'emands- n'ont point de verbes paffifs en un feul mot: tel eft auffi notre ufage , &: celui de nos voifins : on fe fe.rt d'un verbe auxiliaire- auquel on joint le fupin qui eft indéclinar- ble, ou le participe qui fe décline.. Les Aliemands ont trois verbes auxiliai- res ; hahen ,. avoir ; feyn , être ; werdtn ^ devenir. Ce dernier fert à former le futur de tous les verbes actif> ;.il fert aufli à for- mer tous les temps de.s verbes paffifs , conr jointement avec le participe du verbe; fur quoi ilfaut obferver qu'en allemand, ce par- ticipe ne, change jamais, ni pour la différence des genres > ni pour celle des nombres; il garde toujours la mém.e terminaifon. A^l'égard de, l'anglois , la manière de con- juguer les verbes de cette langue n'eft point analogue à celle des autres langues : je ne fai Ç\ ejle eft auffi facile qu'on le dit pour un étranger qui ne fe contente pas d'une fim- ple routine , & qui \q.\\X avoir une connoif- fance raifonnée de cette manière de conju-, guer. W,3.\\\s , qui étoit anglois , dit que comme les verbes anglois ne varient point leur terminaifon , la conjugaifon qui fait, dit-il , une fi.grande difficulté dans les autres langues , eft dans la fienne une affaire très- aifée,. &: qu'on en vient fort aifément à bout, avec le fecours de quelques mots ou ^verbes auxiliaires. V^erhorum ficxio feu con- jugatio , qucs, in reliquis Un guis maximam fonitur difficultatem, apudAnglos hviffimo negotio pcragitur.y., verborum a/i^uot auxir 9u € O M Liarium adjumemo ftre totum opus perficî- îur. W al lis , gramm. ling. ang. chap. viij d& vtrho. C'eft à ceux qwi étudient cette langue à décider cette qucftion par eux-mêmes. Chaqn^; verbe anglois femble faire une claffe à part; la participe prépofitive to , eft comme une eCpece d'article deftiné à mar- quer l'infinitif; de forte qu'un nom fubftan- tif devient verbe , s'il eft précédé de cette particule : par exemple , murder, veut dire meurtre , homicide ; mais to murder^ fignifie tuer: li/t^e(?on; toUft^ enlever: Love ^ amour, amitié, affeélion; to love ^ aimer, &c. Ces noms fubftantifs qui deviennent ainfî verbes, font la caufe de la grande dif- férence qui fe trouve dans la terminaifondes infinitifs ; on ptut obfeiver prefque autant de terminaifons différentes à l'mfinitif, qu'i! y a des lettres à l'alphabet, a, ^, c, ^, e, /, g , &c. toflea , écorcher ; to roh , voler, dérober ; to jind , trouver : to love , aimer ; to quaff\ boire à longs traits ; to jog^ fecouer, poufîer ; to cath , prendre , faifir ; to thank^ remercier , to call, appeller ; to / C O N fîgnification propre ; par exemple, / am , je fuis ; thou art , tu es ; he is , il eft ; we are , nous iommes; je are , vous êtesj they are, ils font , &c. Je regarde chacun de ces mots-là avec la fignification particulière , & non comme venant d'un m3me verbe. Am , lignifie ////.y , coramtfun iigniikfokii, ainlî des autres. Les Efpagnols ont trois conjugaifons , qu^ils diftinguent par la terminaifon de l'infinitif. Les verbes dont Pinfinitif eft terminé en ar , font la première conjugaifon : ceux de la féconde fe terminent en er : enfin , ceux de la troiiieme en /r. ire c O N J U G A I S O N. J{ma,r , aimer. Indicatif présent. Singulier, Jimo j'aime. Jimus , .... tu aimes. Amat , .... il aime. Vlttriel. Jimamos , . . . nous aimons. jimais vous aimez. v^m^» , . . ... ils aiment. ne CONJUGAISON. Corner , . . . . manger Indicatif présent. Singulier. Como , , Cornes , Corne ^ . . . . " je mange . . . tu manges . . . il mange Fluriel. Comemos , . . nous mangeons. Cornets , . . . . vous mangez. Comen , ... ils mangent. CON 5,53 ils ont quatre auxiliaires, haver , tener, fer ôc ejîar. Les deux premières fervent à conjuguer les verbes adtifs , les neutres & les réciproques : fer &c ejlar font deftinés pour la conjugaifon des verbes pallifs. La manière de conjuguer des Elpagnols, eft plus analogue que la nôtre à la manière des latins. Leurs verbes ne font précédés des pronoms perfonnels , que dans les cas où ces pronoms feroient exprimés en latin par la raifon de Ténergie ou de l'oppoiition. Cette fuppreiTion des pronoms vient de ce que les terminaifons efpagnoles font allez connoîtrc les perfonnes. llle CONJUGAISON. Subir ^ .... monter. Indicatif présent. Singulier. Suho ..... je monte, Subes , ... tu montes* Sube , . . . .il mon ce. Tluriel. Subimos , . . nous montons. Subis ,.,'.. vous montez, Suben ..... ils montent. Ce n'eft pas ici le lieu de fuivrc toute la conjugaifon , ce détail ne convient qu'aux grammaires particulières; je n'ai voulu que donner ici une idée du génie de chacune des langues dont je parle par rapport à la conjugaifon. Les Italiens, dont tous les mots, fi l'on en excepte quelques prépofitions ou mono- fyllabes , finiflent par une voyelle , n'ont que trois conjugaifonsy comme les Efpagnols. La première eft en are; la féconde en ëre long ou en ère bref; Se la troifieme en ire. On doit avoir des liftes particulières de toutes les terminaifons de chaque conjugai- fon régulière, rangées par modes, temps, nombres & perfonnes ; en forte qu'en met- tant les lettres radicales devant les terminai- fons, on Conjugue facilement tout verbe ré- gulier. On a enfuite des Uftes pour les irré- guliers , fur quoi Pon peut confulter la mé- thode italienne de Veneroni, //2-4°. 1688. A l'égard du françois, il fcut d'abord ob- Tome VIII. ferver que tous nos verbes font terminés à l'infinitif ou en er, ou en />, ou en air, ou en re , ainfi ce foui mot technique er-ir-oir" re , énonce par chacune de ces (yllabes , cha- cune de nos quatre conjugaifons générales. Ces quatre conjugaifons générales font enfuite mbdivifées en d'autres à caufo des voyelles , ou des diphthongues , ou des con- fonnes qui précèdent la terminaifon générale; par exemple, er eft une terminaifon générale, mais fi er eft précédé du fon mouillé foible , comme dans envo-yer, ennu-yer, ce fon ap- porte quelques différences dans la conjugai- fon; il en eft de même de re , ces 2 lettres font quelquefois précédées de confonnes, comme dans vaincre , rendre , battre , Scc, Je crois que plutôt de fatiguer l'efprit & la mémoire de règles , il vaut mieux donner un paradigme de chacune de ces quatre conjugaifons générales , & mettre enfuite au deifus une Mfte alphabétique des verbes que l'ufage a exceptés de la règle. Dddddd ^54 CON Je crois auflî que Ton peut s'épargner la peine de fe fatiguer après les obfervations que les grammairiens ont faites fur les for- mations de temps; la feule infpe6tion du paradigme donne lieu à chacun de faire fès remarques fur ce point. D'ailleurs, les Grammairiens ne s'accor- dent point fur ces formations. Les uns com- mencent par l'infinitif: il y en a qui tirent les form.;itions de la première pcrfonne du préfent de l'indicatif, d'autres de la féconde, é'c. Teflentiel eft de bien connoître la figni- fication , l'ufage ôc le fervice d'un mot. Amufez-vous enfuice tant qu'il vous plaira à obferver les rapports de filiation ou de paternité que ce mot peut avoir avec d'au- tres. Nous croyons pouvoir nous difpcnfei ici de ce détail , que l'on trouvera dans les grr.mmaires françoifes. {F) Conjugaison, en anatomie , s'entend / XX — aa=o, qui ne font pas rationnelles. Voye^l Courbe. Cette remarque eft très- importante pour les commençans , qui ne la trouveront guère ailleurs. (O) CONJURATION, f, f. {Hijl. mod.) complot de perfonnes mal intentionnées contre le prince ou contre l état. V. Sallujîe &C l'abbé de Saint-Réal. ^ Conjuration , {Hi/I. anc.) cérémonie qui fe pratiquoit dans les grands dangers, : Dddddd t ^^6 C O N alors les foldats juroient tous enfemblc de remplir leur devoir. Le général le rendoitau capitole, y plaçoit un étendard rouge pour l'infanterie , & un bleu pour les chevaux , 3c difoit gui vult rempublicamfalvam , mefequa- tur ; les foldats qui s'étoient ralTemblés ré- pondoient à cette invitation par un cri ^ & marchoient de là contre l'ennemi. Conjuration, f. f. {Divinat.) parole, caractère ou cérémonie par lefquels on évo- que ou l on chafle les efprits malins , on détourne les tempêtes, les maladies &c les autres fléaux. Dans l'églife catholique & romaine , on emploie , pour expulfer les démons des corps des poflédés , certaines conjurations ou exor- cifmes , 6c on les afperge d'eau-bénite avec des prières & des cérémonies particulières. V. EXORCISMF. Il y a cette tité d'une idée avec ut>e autre, } Elle qpnfifte en ce qu'un objet de, notrq p.enfée, f9rraé. par un afte de notre efprit , foit le même qu'un objet fornjé par un autre afte 4e notre efprit , ejifqrte que l'efprit nç, trouve nulle différence entre l'objet formé par ces ^eux aéles. Pajr exempje., fi l'objet de ma j^enfée eft le nombre, deux. ÔÇ. que par un a^utre.aéle de mqn efprit l'objet dema penfée fe trouve encore le nombre. J««aî ; je connois que deux q{\. deux: vpijà le premier pas , & l'exercice le plusfimpje dont notre ejjprj^fqit capable. dans l'aftion^^penfer» C O N Lorfque mon efprit' par un fécond acîle me repréfente un objet différent de l'objet repréfenté par le premier, alors je juge que l'un n'efl: pas l'autre. Par exemple , fi dans le fécond ad.e je n)e repréfente le nombre trois ^ après i^i'etre repréfente par le pre- mier ade le nombre deux ; je juge que le nornbre /roi5 n'eftpaslenon^bre deux^com- me le nombre deuxnt^ pas le nombre trois. Cette connoijpincef quunobjet eji ce qu'il «/?,eft le principe de toute connoijjance lé-^ flexive de lpgique,_& elle renferme la lumière la plus vive dont notre efprit foit capable : toute autre évidence- ou certitude de logi- que fe trouvera avoir d'a.u.tant plus ou d'au- tant moins de certitude &: d'évidence , qu'elle approchera plus ou moins de cette première certitude ou évidence, qu un objet ejl ce qu^il eJi ^ & n'ejîpas un autre. Cette connoijfance efi appellée intuitive^ parce qu'elle fe forme du premier & du plus fimpie regard de l'efprit. M;. Locke ne meparoît pas exaft , quand il apporte pour exemple de connoijjance intuitive que trois ejl plus que deux , £c trois eJi égala deux & un. Il femble qu'il y a quelque chofe de plus intime ou de plus immédiat à l'efprit que ces deux connoiJJ^an- ces , favoir que trois eji trois , &; que trois n'ejîpas deux. Cette différence fem- ble imperceptible , mais elle n'en eft pas moins réelle. Cette propofition , trois n'ejl point deux , énonce feulement que trois & deux ne font point la même penfée, & elle n'énonce que cela : la propofition /ro/j ejl plus que deux.,. énqnce de plus par quel endroit l'objet deux n'eft point l'objet rrozi , en indiquant que pour égaler deux à trois , il faudroit ajouter une unité à deux ^ ou en retrari- cher une à trois. Or c'eft-14 une circo.^f- tance ou modification qui ne fe trouve pjoint dans la première, propofitipn ; trois n^eji point deux. De même encore il. fè, tfo.uver qpçîflUieL différence entre dire trois ejl trois , 6c trois eji égal à. deux & un. I^ans le premier juge- ment , l'efprit en deux perceptions apper- çoit égalernent pour objet de l'une & de l'autre le nombr», trois , Ôç. fe dit fiiîîple- ment , [''objet de mes deux perceptions ejl /$; imême ; au lieu q^u'endifknt trois efi. égalai COM 'deux &un^ l'objet de ces deux perceptions, f^voir trois , puis deux ^un, n'tft plus tout- à-fait & précirément le même. La féconde perception repréfente féparé en deux ce qui eiï réuni dans la première. J'avoue que cette modification de trois confidéré comme ieparé en deux & un , eft fi imperceptible , que l'efprit voit prefqu'auffi-tôr que trois ed deux & un , qu'il voit que trois eft trois. Mais quelque imperceptible qu'elle Toit , elle fait la différence effentielle entre les propo- fitions identiques & les propofitions logi- ques. Les propofitions identiques ne font autres que celles qui expriment une connoif- fance intuitive, par laquelle notre efprit, dans les deux perceptions, trouve également en Tune ôc en l'autre précifément le même objet , fans aucune ombre de modification d'un côté qui ne foit pas de l'autre côté. Ainfi trfiis eji trois fait une propofition iden- tique , qui exprime une connoijfance intui- tive ; au lieu que trois eflégal à deux & un , fait une propofition qui n'eft plus identique , mais conjonftive & logique, parce qu'il fe trouve dans celle-ci une modification qui n'eft pas dans l'autre. A mefure que ces fortes de modifications furviennent à la connoijfance intuitive , à mefure aufïi fe forme une connoijfance con- jonftive plus compofée , & par conféquent plus obfcure , étant plus éloignée de la fim- plicité de la connoijfance intuitive. En effet , l'efprit alors eft plus occupé pour découvrir certains endroits par lefquels les deux idées font les mêmes, tandis qu'elles font diffé- rentes par d'autres endroits : or , ces endroits font juftement les idées des modifications furvenues à la connoijfance intuitive. Ce fpnt aufli ces endroits qu'il faut écarter, ou du, moins auxquels il ne faut point avoir d'é- gard pour découvrirai retrouver pJeinement dans la connoijfance con)on<51:ive , l'identité ou relTemblance d'idées qui fait la connoif- fance intuitive : dans cette propofition , r homme e/i animal ,yéca.Tte de l'idée totale de l'homme les idées partiales , qui font de furérogation à l'idée totale d'animal ; telles que l'idée capable d'admiration^ l'idée de. raifonnable , &c. ; & alors il ne refte plus dans l'idée d'homme^ que les idées de végétal vivant , &c. qui forment l'idée é'^imaly ai. qjdï font communes à l'idée-. CON 5)65 d^homirtû &: à l'idée d'animal. Ces ré- flexions ,.auiri vraies que fubtiles, font tirées de la logique du P. Buffier. La féconde forte de convenance ou de difconvenance que l'efprit apperçoit dans quelqu'une defes idées, peut être appellée relative; & ce n'eft que la perception du rapport qui eft entre deux idées , de quelque efpece qu'elles f oient , fubft^nces , modes , ou autres. Ainfi deuxejtddux , trois efl trois , ont un rapport de convenaïKe , parce que dans ces deux propofitions c'eft le même objet formé par deux acles de l'efprit : toute la différence qui fe trouve entre la conve- nance d'identité ôc la convenance de rela- tion , c'eft que l'une eft. une identité numéri- que ,.ÔJ l'autre une identité fpécifique ou de reffemblance. La première fe trouve mar- quée dans cette propofition , le cercle A efl. le cercle A; & la féconde dans celle-ci, le cercle A eft le même que le cercle B. La troifieme efpece de convenance ou de difconvenance qu'on peut trouver dans nos ( idées , & fur laquelle s'exerce la perception .' de notre efprit , c'eft la coexiftence , ou la non-coexiftence dans le même fujet ; ce qui regarde particulièrement les lubftances. Ainfi quand nous affirmons touchant l'or , qu'il eft ; fixe , la connoijfance que nous avons de cette t vérité , fe réduit uniquement à ceci j que la ^Jixité ou la puiffance de demeurer dans le ;feu fans fe confumer, eft une idée qui fe trouvé toujours jointe avec cette eipece par- ticulière de jaune, de pefanteur, de fufi- bilité, de malléabilité, &: de capacité d'être |diffous dans l'eau régale, qui compofe notre idée complexe , que nous défignons par le mot or, La quatrième & dernière efpece de con- venance , c'eft celle d'une exiftence aduelle & réelle , qui convient 2 quelque chofe dont nous avons l'idée dans l'efprit. Toutes nos connoijfajices font renfermées dans ces quatre iorteside convenance ou-de- difcon- venance. Avant d'examiner les différens degrés de notre connoijjance , il ire fera pas hors de propos de parler des divers fens du mot de connoijjance. Il y a différens états dans lef- quels l'eTprit fe trouve imbu de la vérité , &c auxquels on donne le nom de connoijfance^ I ". Il y a.\jLïiQconnoiJfaiicii aiiuelle ,qui ed^ 9^^ C O N la perception préfente que i'efprlt a de la convenance, ou de !a dil'convenance de quelqu'une de Tes idées , ou du rapport qu'elles ont l'une à l'autre. z^. On die qu'un homme connaît une pro- poiition , lorfque cette propofirion ayant été une fois préfente à fon efprit, il a apperçu évidemment la convenance ou la difconve- nance des idées dont elle eft compofée, & qu'il l'a placée de telle manière dans Ta mé- moire , que toutes les fois qu'il vient à ré- fléchir fur cette proportion , il la voit par le bon côté , fans douter ni héfiter le moins du monde ; c'eft ce qu'on appelle connoif- fanu habituelU. Suivant cela , on peut dire d'un homme , qu'il connoît toutes les véri- tés dont fa mémoire conferve le précieux dé- pôt , en vertu d'une pleine & évidente per- ception qu'il en a eue auparavant , & fur la- quelle l'elprit fe repofe hardiment fans avoir le moindre doute ; que s'il n'en a pas une perception aduelle , du moins il a un fenti- ment intime d'avoir eu cette perception. En effet,nos lumières étant auffi bornées qu'elles le font , & notre perception aduelle ne pouvant s'étendre qu'à peu de chofes à la fois , fi nous ne connoijjîons que ce qui eft l'objet aftuel de nos penfées , nous ferions tous extrêmement ignorans , & nous ne pourrions nullement étendre nos connoif- fanccs. Il y a aufli deux degrés de connoijfance habituelle. L'un regarde ces vérités mifes comme en réferve dans la mémoire , qui ne fe pré- fentent pas plutôt à i'efprit qu'il voit le rap- port qui eft entre ces idées : ce qui fe ren- contre dans toutes les vérités dont nous avons une connoijfance intuitive. Le deuxième degré de connoijfance habir tueili appartient à ces vérités, dont I'efprit ayant été une fois convaincu , conferve le fouvenir de la conviftion fans en retenir les preuves. Ainfi un homme qui fe fouvient certainement qu'il a démontré que Us trois angles d'un trianglejont égaux à deux droits^ eft affuré qu'il connoît la vérité de cette pro- pofition , parce qu'il ne fauroit en douter. Une faut pas s'imaginer que cette croyance , qu'on donne plus à la mémoire qu'à la per- ception de la vérité même , foit une con- noi^ance mêlée de quelques nuages, & qui C O N tienne le milieu entre l'opinion & la certi- tude. Cette connoijjance renferme une par- faite certitude. Ce qui d'abord pourroit nous faire illufion, c'eft que l'on n'a pas une per- ception afluelle de toutes les idées intermé- diaires , par le moyen defquelles on avoit rapproché les idées contenues dans la pro- poiition lorfqu'on fe la démontra pour la première fois. Par exemple, dans cette pro- portion , les trois angles dun triangle font égaux à deux droits ; quiconque a vu & ap- perçu clairement la démonftration de cette vérité , connoît que cette propofttion eft vé- ritable , lors môme que la démonftration lui eft échappée de I'efprit, qui ne la voit plus, & qu'il ne peut fe la rappeller ; mais il le connoît d'une autre manière qu'il ne faifoit auparavant. C'eft par l'intervention d'autres idées que celles qui avoient accomj^gné fa démonftration, qu'il appercjoit la convenance des deux idées qui font jointes dans la pro~ pofition. L'immutabilité des mêmes rapports entre les mêmes chofes immuables , eft pré- fentement l'idée qui fait voir que fi les trois angles d'un triangle ont été une fois égaux à deux droits , ils ne cefîeront jamais de l'être , parce que les eftences des chofes font éter- nelles & immuables. C'eft fur ce fondement , que dans les ma- thématiques,les démonftrations particulières fourniflent des connoijfances générales. En effet, fi la connoijfance n'étoit pas fi fort éta- blie fur cette perception , que les mêmes idées doivent toujours avoir les mêmes rapports , il ne pourroit y avoir aucune co/z/zoi/^/zce de propofi fions générales dans les mathémati- ques : car nulle démonftration mathématique ne feroit que particulière ; &: lorfqu'un homme auroit démontré une propofition touchant un triangle ou un cercle , fa connoif- fance ne s'étendroit point au-delà de cette figure particulière. Perfonne ne niera que M. Newton ne connût certainement que cette fuite de propofi tions , qu'il avoit liées & en- chaînées, ne fût véritable, quoiqu'il n'eût pas aftuellement devant les yeux cette chaîne admirable d'idées moyennes, par lefquelles il en avoit découvert la vérité. Mais parce que le fîmple fouvenir n'eft pas toujours fi clair que la perception aftuelle ; &c que par fuccefilion de temps elle déchoit plus ou moins, dans la plupart des hommes j C O N il me femble qu'il en réfuite nécefTalrernent que la connoijfance démonftrativen'a pas la même vivacité d'évidence que !a connoif- /d/zce intuitive , comme nous allons le voir. On ne peut nier que l'évidence n'ait diffé- rens degrés ; & cette différence de clarté que je confonds ici avec l'évidence , confifte dans la différente manière dont notre efprit apper- çoit la convenance ou ladifconvenance de i&s propres idées. Car, fi nous réfléchirons fur notre manière de penfer,nous trouverons que quelquefois l'elprit apperçoit la conve- nance ou la difconvenance des deux idées, immédiatement par elles-mêmes, fans l'in- tervention d'aucune autre; c'eft-là ce qu'on appelle connoijfance intuitive. L'efprit ne fait aucun effort pour faifir une telle vérité ; il apperçoit comme l'œil voit la lumière. Cette connoijfance. eft la plus claire & la plus cer- taine dont la foiblefTe humaine foit capable. Elle agit d'une manière irréliftible; femblable à l'éclat d'un beau jour , elle fe fait voir immé- diatement, & comme par force , dès que l'efprit fe tourne vers elle, fans qu'il lui foit poflible de fe fouftraire à fes rayons qui le percent de toutes parts. C'eft-là le plus haut degré de certitude où nous puiilîons préten- dre. La certitude dépend fi fort de cette in- tuition , que dans le degré fuivant de con- noijfance , que je nomme démonftration , cette intuition eft abfolument néceftaire dans toutes les connexions des idées moyennes ; de forte que fans elle nous ne fautions par- venir à aucune connoijfance ou certitude. Il fe préfente ici une queftion , favoir fi parmi les connoiffances intuitives l'une eft plus aifée à former que l'autre. Il ne paroît pas d'abord que cela puifle fe faire ; car la connoijfance intuitive neconfiftantqu'à dé- couvrir d'une fimple vue , telle chofe efl telle choje , toutes les connoijfances intuitives devroient , ce me femble , être également aifées à former. Il eft vrai qu'il eft également aifé de voir le rapport qu'a une chofe avec celle qui eft la même en reft"emblance ; c*eft-à-dire, à trouver la parfaite refîemblance entre deux ades de notre efprit , qui ont précifément le même objet : mais certain objet eft plus aifé à découvir qae l'autre ; & un objet fimple s'a pperçoit plus aifément qu'un objet compofé. C O N 9^7 Lorfque deux tableaux repréfentent par- faitement le même objet, fi l'objet de ces deux tableaux n'eft qu'un feul perfonnage , je verrai plus aifément que les deux ta- bleaux repréfentent le même fujet, que fi l'objet dans les deux tableaux étoit compofé de (iifférens perfonnages : la facilité ou la difficulté ne tombe donc pas fur l'identité de rapport entre l'un & l'autre , mais fur la multiplicité des objets partiaux , dont eft compofé chaque objet total. L'objet total ne pouvant s'appercevoir d'une fimple vue , demande en quelque forte autant d'attentions différentes de l'efprit, qu'il fç trouve d'objets partiaux d'un côté; entré chacun defquels il faut voir le rapport avec chacun des objets partiaux qui font de l'autre côté. La connoijfance démonftrative & de rai- fonnement confifte dans la refteniblance , ou identité d'idées que l'efprit apperçoit en deux objets , dans l'un defquels ie trouve quelque modification d'idées qui ne font pas dans l'autre : au lieu que s'il ne fe trouvoit ni dans l'un ni dans l'autre , nulle modification d'idées, ou nulle idée parti- culière différente ; alors la connoijfance fe- roit intuitive. Se non pas feulement dé- monfirative ou conjonctive , quoique la dé- monftrative fuppofant l'intuitive , doive la renfermer par certain endroit. Lorfque donc dans un des deux objets il fe trouve quelque modification d'idées qui ne font pas dans l'autre , l'efprit a quelquefois be- foin , pour appercevoir leur convenance ou leur difconvenance , de l'intervention d'une ou de plufieurs autres idées ; &c c*eft ce que nous appelions raifonner ou démon- trer. Ces idées qu'on fait intervenir pour montrer la convenance des deux autres, on les nomme des preuves , & c'eft de la facilité qu'ona à trouver ces idées moyennes qui montrent la convenance ou la difcon- venance de deux autres idées, que dépend la fagacité de l'efprit. Cette efpece de connoijfance ne frappe pas fi vivement ni fi fortement les efprits , que la connoijjancc intuitive. Elle ne s'ac- quiert que par ceux qui s'appiiquent for- tement & fans relâche , qui envifagent leur objet par toutes fes faces ; & qui s'enga- gent dans une certaine progrefîion d'idées. 5><8 c o isr dont tout le monde n'eft pas capaHe de fiitvre le fil aufïî long-temps qu'il eft nécef- faire pour découvrir la vérité. Une autre différ-ence qu'il y a entre la connoiffance. intuitive & la connoijfance. dé- monfirative , c'ert qu'encore qu'il ne refte aucun doute dans cette dernière , lorfque par l'intervention des idées moyennes on apperçoit une Fois la convenance ou la dif- convenance des idées qu'on confidere, il y en avoit avant la démonftration; ce qui dans la connoiffance. intuitive ne peut arri- ver à un efpnt attentif. Il eft vrai que la perception qui eft produite par voie de démonftration , eft auifi fort claire : mais cette évidence eft bien différente de cette lumière éclatante qui fort de {^connoijfance intuitive. Cette première perception, qui èft produite par la voie de démonftration , peut être comparée à l'image d'un vifage réfléchi par plusieurs miroirs de l'un à l'autre. Aufti long -temps qu'elle conferve de la reffemblance avec l'objet , elle produit de la connoijj'ance , mais toujours en perdant à chaque réflexion fuccefîive , quelque partie de cette parfaite clarté qui eft dans la première image, jufqu'à ce qu'enfin , après avoir été éloignée plufieurs fois , elle de- vient fort confufe , &c n'eft plus d'abord fi reconnoiflfab'e , &: fur-tout à des yeux foibles. Il en eft de mcme à l'égard de la connoiffance qn\ eft produite par une longue fuite de preuves. Quand les conféquences font fi fort éloignées du principe dont on les tire, il faut avoir une certaine éten- due de génie pour trouver le nœud des objets qui paroilTent défunis ; pour l'aiiir d'un coup - d'oeil tous les rameaux des chofes ; pour les réunir à leur fource &: dans un centre commun , 6>c pour les mettre fous un même point de vue. Or cette dif- pofirion eft extrêmement rare , St par con- féquent aufli le nombre de ceux qui peu- vent faiftr des démonftrations compliquées, & remonter des conféquences jufqu'aux principes. Mais pourquoi certaines conféquences font - elles plus éloignées que d'autres du principe dont on les tire toutes .'* Voici fur cela les raifonnemens du père Bufïier. Il fuppofe d'abord que le principe eft une connoiffance dont on tire une autre C O N connoijj'ance , qu'on appelle confiquence'. Une première connoijj'ance , dit-il , f ert de principe à une féconde connoijfance qui en eft la conféquence , quand l'idée de la pre' miere contient l'idée de la féconde ; enforte qu'il fe trouve entre l'une & l'autre une idée commune , ou femblable , ou la même idée. Cependant la première connoijfance ren- ferme outre cette idée commune, d'autres idées particulières ou circonftances 6>c mo-» difications d'idées , lefquelles ne fe trouvent pas dans la féconde connoijfance : or plus la première , qui fert de principe , renferme de ces idées particulières différentes de^ l'idée qui eft commune au principe & à la conféquence, plus aufîi la conféquence eft éloignée : moins el!e eft chargée de ces idées particulières, & moins la conféquence eft éloignée. Ce qui unit donc la conféquence au principe , c'eft une idée commune à l'un &c à l'autre : mais cette idée commune eft en- veloppée , dans le principe, de modifica- tions , parmi lefqueiles il eft plus difficile dans les conféquences éloignées, de recon- noître & de démêler cette idée commune; au lieu que dans les conféquences prochai- nes , l'idée commune n'eft accompagnée dans le principe , que d'un petit nombre de modifications particulières qui la laifTent plus aifément difcerner. Une épingle ne fe trouve pas aufïi facilement dans un tas de foin , que dans une boîte où il n'y aura que cette épingle avec une aiguille; quoi- que l'épingle foit aufli véritablement dans le tas de foin que dans l'enceinte de la boîte. On voit aufîî plus facilement la refTem- blance qu'une figure repréfentée feule dans un tableau , peut avoir avec la même figure repréfentée dans un fécond tableau , lorfque dans le premier tableau elle n'eft point ac- compagnée de diverfes autres figures , parmi lefquelles il faudroit plus de foin & d'atten- tion à îareconnoître : la multiplicité d'objets dont un objet particulier eft environné, l'empêche d'être apperçu lui-même (i aifé- ment & fi diftindement. Quoi qu'il en foit , une conféquence qui ne diffère de fon principe que par une ou deux circonftances ou idées particulières, lui reffemble bien plus qu'une connoijjancc qui C O N mii en diffère par cinq ou fix circonflances. Celle qui ne diffère que par une ou deux circonftances , fera la conféquence immé- diate ou prochaine ; & ceJle qui diffère par cinq ou fix circonftances, fera une confé- quence plus éloignée. Si je dis , par exemple , cet homme, ufe de fimjfes , donc il mérite punition ; cette con- féquence mérite punition , eft par un endroit la même idée que fon principe , // ufe de finejfes. Mais le principe eft revêtu de di- verf'es circonftances qui empêchent que l'i- dentité ou reftemblance d'idées ne foit recon- nue d'abord. On reconnoîtra cette identité ou reftemblance , en écartant peu-à-peu les circonftances qui font différer le principe de iacouféquence. Découvrant ainfi peu-à-peu Tidentité des idées, c'eft-à-dire l'idée com- mune qui fe trouve des deux côtés, je dirai, 1°. un homme qui ufe de fiiieftes fe pré- vaut de l'inattention d'autrui ; i°. celui qui fe prévaut de l'inattention d'autrui agit par furprife : 3**. agiffant par furprife , il abufe de leur bonnefoi: 4^. abufantdeleur bonne foi il les trompe: 5°. les trompant , il eft coupable-: 6". étant coupable il mérite punition. Il eft aifé d'appercevoir comment un hom- me qui ufe de fineftes , & un homme qui fe prévaut de l'inattention àes autres, eft la même idée à peu de circonftances près ; de forte qu'en certaines occafions on leur donne le même nom : cependant le terme homme qui ufe de finejfes^ renferme quelques circonftances que ne renferme point l'homme qui profite de l'inattention d'autrui : mais ces circonftances ne font pas en aftez grand nombre pour empêcher de recon- noître bientôt ce qu'ils ont de commun. De même auffi QxiXrz profiter de l'inattention des autres & les furprendre , il y a peu de cir- conftances différentes , de forte qu'on ap- perçoit encore aifément ce qu'ils ont de commun. Il faut dire le même de la diffé- rence qui fe trouve tnXxt fur prendre & trom- per ^ entre tromper 6* être coupable , erkre être coupable & mériter punition. Ainfi Xidée de mériter punition , étoit renfermée dans l'idée ufer de finejfes -, mais on ne le démêloit pas d'abord, à caufe de beaucoup d'idées de circonftances qui accompagnent ridée ^ être fin ou ufer define(fes\ comme Tonu FliL C O N 570 C O N de difficulté pour atteindre la dixième que quand on fait la neuvième , ni la vingt & unième quand on fait la vingtième, qu'il n'y a de difficulté à favoir la féconde quand .on fait la première de toutes. Or il n'eft aucun efprit raifonnable qui ne foit capable d'avancer d'une première propofition à une féconde. S'il fe trouve quelquefois plus de diffi- culté dans la liaifon de certaines propor- tions, par exemple , entre la neuvième & la dixième , qu'il n'y en aura eu entre la première & la féconde , c'eft qu'alors la propofition qu'on a mife pour la dixième , -n'auroit pas dû fuivre immédiatement la neuvième ; il falloit mettre entre les deux quelques idées intermédiaires , qui menaf- fent l'efprit de la dernière propofition con- çue nettement à celle où il fe trouve de la difficiilté , enforte qne les degrés fuffent plus voiiins Se plus immédiats par rapport à celui qui eft inftruit. - Quoi qu'il en foit, toufj*homme eft ca- pable d'acquérir une connoijfance , qui par rapport à lui fuive immédiatement une autre connoijfance : il eft donc capable d'at- teindre degré à degré & de connoijjance'im- médiate en connoijfance immédiate , à tou tes les vérités & à toutes les fciences du monde. La difficulté qu'il y a étendre (ts con- noijpinees , ne vient pas, comme on fe figure d'ordinaire , du côté de l'intelligence , mais du côté de la mémoire. On pourroit •conduire par degrés & par la méthode géo- métrique tout efprit raifonnable à chacune des connoijfanees , dont le total forme ce qui s'appelle/'o//e^er unefcience. Le grand point feroit de lui faire retenir en même temps toutes ces diverfes connoljfances. L'inconvé- nient donc le plus ordinaire dans le progrès des fciences eft le défaut de mémoire , qui laifTant échapper une idée précédente, nous empêche de concevoir ce qu'on nous dit ac- tuellement; parce qu'il eftnéceffairement lié avec cette idée précédente qui ne fe pré- fente plus à lefprit. Il faut obferver qu*une démonftration n'eft cxafte , qu'autant que la raifon ap- perçoit par une connoijfance intuitive la con- venance ou la difconvenance de chsquc idée , qui lie enfemble les idées entre lei- ^uelles elle intervient , pour montrer la con- C O N venance ou la difconvenance des deux idées extrêmes; car, fans cela, on auroit encore befoin de preuves pour faire voir la conve- nance ou la difconvenance que chaque idée moyenne a avec celles entre lefquelles el'e efl placée , puifque fans la perception d'une teile convt nance ou difconvenance il ne fau- roit y avoir aucune connoijfance. Si elle eft apperçue par elle-même, c'eft une connoij- fance intuitive ; & fi elle ne l'eft pas , il faut que quelqu'autre idée moyenne intervienne pour fervir , en qualité de rrefure com- mune, à montrer leur convenance ou leur difconvenance ; d'où il paroît évidemment , que , dans le raifonnement , chaque degré qui produit de la co/z/zo///^/; ce, a une certitude intuitive. Ainfi pour n'avoir aucun doute fur une démonftration , ileft néceflaireque l'efprit retienne exactement cette perception, intuitive delà convenance ou difcc nvenance des idées intermédiaires dans tous les degrés par lefquels il s'avance. Mais parce que la mémoire dans la plupait des hommes, fur- tour quand il eft queftion d'une longue fuie de preuves , n'eft pas fouple & docile pour recevoir tant d'idées dont elle eft comme furchargée , il arrive que cette connoijfance qu"enfante la démonftration _, eft toujours couverte de quelques nuages qui empê- chent qu'elle ne foit auffi claire & auffi par- faite que la connoijfance intuitive. De-là les erreurs que les hommes prennent fouvent de la meilleure foi du monde pour autant de vérités. Voilà donc les deux degrés de notre ccn- noijfance y l'intuition &: la démonftratioru Mais à ces deux degrés on peut en ajouter encore deux auires, qui vont jufqu'à la plus parfaite certitude, je veux dire le rapport unitonnedenos fens, & les événemens con- nus , inconteftables & authentiques. Ces deux connoijjances tmhx2.^çm\dL phyfque^ le commerce, tous les arts , Ihiftoire Scia rehgion. Dans ce que nous apprenons par le rapport de nos lens , comme dans ce que nousconnoilfonsau-dedansde nous-mêmes^ l'objet peut être très-obfcur : mais le motif qui nous détermine à en porter quel- que jugement peut être clair & diftintft. Ce motif, c'eft le rapport réitéré de nos fens; c'eft l'expérience qui nous afîtire la réalité 5c l'ufage de chaque çhofe. Rien n'emp^- C O N c^e que nous ne donnions ie nom dVW- dcnce à tout ce qui nous eft attefté par les fens & par le témoignage des hommes : il n'y a même rien qui noustouche davantage que ce qui nous eft évident en cette ma- nière , ou ce qui vient en notre connoijfance par le témoignage des fens : & il eft aifé de voir que c'en pour fuppléer à l'embarras & à l'incertitude des raifonnemens , que Dieu nous rappelle par-tout à la {implicite de la preuve teftimoniaîe & fenfible. Elle fixe tout dans la fociété , dans la phyfique , dans la règle de la foi, & dans la règle des mœurs. Nous avons donc quatre fortes de con- noijjances , dont nous acquérons les unes par la fimple intuition de nos idées , les autres par le raifonnement pur , les troifie- mes par le rapport uniforme de nos fens , & les dernières enfin par des témoignages fûrs & inconteftables. La première s'appelle connoiffance intuitive^la. féconde démonfiru' tive^ la iToKiemefen/itive, & la quatrième tifii moniale. Après avoir fixé les difFérens degrés par , lefquels nous pouvons nous élever à la vé- rité , il eft néceftaire de nous alTurer juf- qu'où nous pouvons étendre nos connoïf- fances , & quelles font les bornes infur- montables qui nous arrêtent. La connoijfance confiftanr, comme nous l'avons déjà dit, dans la perception de la convenance oudifconvenance de nos idées, il s'enfuit de-là , 1°. Que nous ne devons avoir aucune connoijfance où nous n'avons aucune idée. 1°. Que nous ne faurions avoir de con- noijfance , qu'autant que nous appercevons cette convenance ou cette difconvenance; ce qui fe fait i°. ou par intuition , en com- parant immédiatement deux idées ; i°. ou par raifon, en examinant la convenance ou la difconvenance de deux idées , par l'inter- vention de quelques autres idées moyen- nes ; 3**. par fenfation , en appercevant l'exif- tence des chofes particulières; 4''. ou enfin par des événemens connus , inconteftables & authentiques. 3°. Que nous ne faurions avoir une con- noijfance intuitive qui s'étende à toutes nos idées , parce que nous ne pouvons pas ap- percevoir toutes les relations qui fe trou- e O N ^ 97f vent entr'elies , en les comparant immédia- tement les unes avec les autres; par exem- ple , fi j'ai des idées de deux triangles , l'un oxygone & l'autre smb'ygone, tracés fur une bafe égale &c entre deux lignes parallè- les, je puis appercevoir par une fimple co/z- noijfunce de vue queTun n*eft pas l'au^re r mais je ne fauroisconnoîtrepar ce moyen (i ces deux triangles font égaux ou non , parce qu'on ne fauroit appercevoir leur égalité ou inégali é en les comparant immédiatement. La différence de leurs figures rend leurs parties incapables d'être exactement & im- médiatement appliquées Tune fur l'autre; c'eft pourquoi il eft néceftaire défaire inter- venir une autre quantité pour les mefurer, ce qui eft démontrer ou connoître par raifon. ^°. Que notre connoijfance raifonnée ne peut point embrafter toute l'étendue de nos idées , parce que nous manquons d'idées intermédiaires que nous puiftîons lier l'une à l'autre par une connoijfance intuitive dans toutes les parties de la dédu(flion;& par- tout où cela nous manque, la connoijfance & la démonftration nous manquent aufti. Nous avons obfervé que la convenance ou difconvenance de nos idées, confiftoi t, i °. dans leur identité oudiverfité; i°. dans leur relation; 3**. dans leur coexiftence; 4°. dans leur exiftence réelle. 1°. A l'égard de l'identité S^ de la diver- fité de nos idées,notre connoijfance intuitive eft auftî étendue que nos idées mêmes; car l'efprit ne peut avoir aucune idée qu'il ne voie aufl[i-tôt par une connoijfance fimple de vue, qu'elle eft ce qu'elle eft, & qu'elle eft différente de toute autre. 2°. Quant à la connoijfance que nous avons de la convenance , ou de la diiconve- nancede nos idées, par rapport à leur co- exiftence ; il n'eft pas fi aifé de déterminer quelle eft fon étendue. Ce qu'il y a de cer- tain , 1°. c'eft que dans les recherches que nous faifons fur la nature des corps , notre connoijfance ne s'étend point au-delà de notre expérience. La connoijfance intuitive delà nature eft refufée à notre intelligence. Ce degré de lumière qui nous manque, a été remplacé par les témoignages de nos fens, qui nous apprennent de tous les objets ce que nous avons befoin d'en favoir. Nous ne comprenons rien à la nature, ou à l'opé- Ffffffz 5^72 C O N; ration de l'aimant, qui nous indique le pôle dans le temps le plus ténébreux. Nous n'a- vons aucun idée de la ftrudure du foleil , cet aftre qui nous pfocure la chaleur , les couleurs 5c la vue de l'univers ; mais une expérience fenfible nous force à convenir de Ton utilité. i°. Les idées complexes que nous avons des Tubdances fe bornent à un certain nombre d'idées fimples , qu'une ex- périence fuivie & confiante nous fait apper- cevoir réunies & coexiftantes dansun même fujet. 3°. Les qualités fenfibles , autre- ment dites les fécondes qualités, font pref- que feules toute la connoijfance que nous avons des fubftances. Or comme nous igno- rons laliaifon, ou l'incompatibilité qui fe trouve entre ces fécondes qualités , attendu que nous ne connoiffonspas la fourced'où elles découlent , je veux dire , la grolTeur , la figure & la contexture Aqs parties infenfi- bles d'où elles dépendent ; il eft impoflible que nous puiffions connoître quelles autres qualités procèdent de la même conftitution de ces parties infenfibles , ou font incom- patibles avec celles que nous connoiffons déjà. 4^. La liaifon , qui fe trouve entre les fécondes qualités des corps , fe dérobe entièrement à nos regards : de forte que nous ne fautions nous aiTurer fi ces qua- lités que nous voyons coexifter dans un même fujet , ne pourroient pas exifter ifolées les unes des autres , ou ii elles doi- vent toujours s'accompagner. Par exemple , routes les qualités dont nous avons formé l'idée complexe de l'or , favoir , la couleur jaune , la pefanteur , la malléabilité , la fufi- bilité, la fixité, &. la capacité d'être dif- fous dans l'eau régale; toutes ces qualités, dis-je , font-elles tellement liées & unies enfemble , qu'elles foient inféparables , ou bien ne le font-elles pas ? M. Locke pré- tend que nous ne pouvons le favoir ; & que par conféquent 5 nous ne pouvons nous alfurer qu'elles font raffemblées & réunies dans pluiieurs fubftances femblables , (i ce n'eft par l'expérience que nous ferons fur chacune d'elles en particulier. Ainli voilà deux pièces d'or; je ne puis connoître fi elles ont toutes deux toutes les qualités que nous renfermons dans l'idée complexe de Tor , à moins que nous ne tentions des expériences fur chacune d'elles,^ Avant l'ex- J CON ' périence , nous ne connoiffons qu'elles ont toutes les qualités de l'or , que d'une ma- nière à la vérité fort probable , mais qui pourtant ne va pas jufqu'à la certitude ; ainfi penfe M. Locke. ^°. Quoique nous n'ayons qu'une connoiffance fort imparfaite & fort défeftueufe des premières qualités des corps , il en eft cependant quelques- unes dont nous connoiffons la liaifon im- time ; connoijfance qui nous eftabfolument interdite par rapport aux fécondes quali- tés , dont aucune ne nous paroit fuppo- fer l'autre. Ainfi la figure fuppofe nécef- fairement l'étendue ; & la réception ou la communication du mouvement par voie d'impulfion fuppofe la folidité ; ainfi la divifibilité découle néceffairement de la multiplicité de parties fubftantielles. 6*. La connoijfance de l'incompatibilité des idées dans un même fujet , s'éîend plus loin que celle de leur coexiftence. Par exem- ple , une étendue particulière , une cer- taine figure , un certain nombre de par- ties , un mouvement particulier exclut toute autre étendue , toute autre figure , tout autre mouvement & nombre de par- ties. Il en eft certainement de même de toutes les idées fenfibles particulières à chaque fens ; car toute idée de chaque forte qui eft préfente dans un fujet , ex- clut toute autre de cette efpece. Par exem- ple , aucun fujet ne peut avoir deux odeurs,; ou deux couleurs dans un même temps , & par rapport à la même perfonne. 7^. L'ex- périence feule peut nous fournir des con- noijjances fûres & infaillibles , fur les puif- fances tant aélives que paffives des corps ; c'eft-là le feul fonds où la Phyfique puife (qs connoijfances. Ces chofes ainfi fuppofées , on peut en. quelque façon déterminer quelle eft l'é- tendue de nos connoiffances par rapport aux fubftances corporelles. Ce qui conr tribue à les étendre beaucoup plus que ne fe l'eft imaginé M. Locke, c'eft que nous, avons pour connoître les corps , outre les fens , le témoignage des hommes avec qui nous vivons , & l'analogie : moyens, que le philofoplie anglois n'a point fait entrer dans le fecours que nous fournit l'auteur de notre être , pour perfeélionnec nos connoijfances. Les fens 3 le témoignage. CON & l'analogie; voilà les trois fondemêns de l'évidence morale que nous avons des corps. Aucun de ces moyens n'eft par lui-même , c'eft-à-dire , par ia nature , la marque carac- tériftique de la vérité ; mais réunis enfem- ble , ils forment une perfuallon convain- cante qui entraîne tous leseTprits. Voye^ Analogie. L'être fouverainement bon , dit M. s'Gravelande , a accordé une grande abon- dance de biens aux hommes , dont il a voulu qu'ils fiffent ufage durant leur fé- jour fur la terre ; mais fi les hommes n'a- voient point les fens , il leur feroit impof- fible d'avoir la moindre connoijjance de ces avantages ; &: ils feroient privés des commodités que l'ufage peur leur en pro- curer ; par où il paroît que Dieu a donné aux hommes les fens , pour s en fervir dans l'examen de ces chofes, ôc pour y ajou- ter foi. La fageffe fuprême tomberoit en contra- diftion avec elle-même , fi après avoir ac- cordé tant de biens aux hommes , &c leur avoir donné le moyen de les connoître , ces moyens mêmes induifoient en erreur ceux à qui ces bienfaits ont été accordés. Ainfi , les fens conduifent à la connoiffance de la vérité , parce que Dieu l'a voulu ainfi ; & la perfuafion de la conformité des idées, que nous acquérons dans l'ordre naturel par les (q^s , avec les chofes qu'elles repréfen- tent, eft complète. Cependant la manière dont les (tns nous mènent à la connoiffance des chofes , n'eft pas évidente par elle-même. Un bon ufage & une longue expérience font nécefiaires pour cela. Voye^ Cartick des Sens , où nous expliquons comment dans chaque cir- conftance nous pouvons déterminer exacte- ment ce que nous pouvons déduire de nos fenfations , d'une manière qu'il ne nous laifie pas le moindre doute. Les (ens feuls ne fuffifent pas pour pou- voir acquérir une connoijjance des corps conforme à notre fituation. Il n'y a point d'homme au monde , qui puifie examiner par lui-même toutes les chofes qui font né- cefiTaires à la vie ; dans un nombre ii^fini d'oc- cafions il doit être inftruit par d'autres , & s*il n'ajoute pas foi à leur témoignage , ii ne pourra tirer aucune utiUté de la plupart CON 973 des chofes que Dieu lui a accordées; & il fe trouvera réduit à mener fur la terre une vie courte ^malheureufe. D'où nous concluon'? que Dieu a voulu que le témoignage fût aufli une marque de la vérité; il a d'ailleurs donné aux hommes la faculté de déterminer les qualités que doit avoir un témoignage , pour qu'on y ajoute foi. Les jugemens qui ont pour fondement l'analogie , nous conduifent auffi à la con- noiffance des chofes; & la juftefife des con- cluions , que nous tirerons de l'analogie, fe déduit du même principe ; c'cft-à-dire , de la volonté de Dieu , dont la providence a placé l'homme dans des circonfiances , qui lui impofent la nécefiité de vivre peu ôc miférablement , s'il refufe d'attribuer aux chofes qu'il n'a point examinées, les pro- priétés qu'il a trouvées à d'autres fembla- bles , en les examinant. Qui pourroit fans le fecoufs de l'analogie , diftinguer le poifon de ce qui peut erre utile à la fanté? Qui oferoit quitter le lieu qu'il occupe.' Quel moyen y auroit-il d'évi- ter un nombre infini de périls. 3". Pour ce qui eft de la troifieme efpece de connoiffance^ qui eft la convenance ou la difcoîîvenance de quelqu'ur^e de nos idées , confidérées dans quelque autre rapport que ce foit; comme c'eft-ià le plus vafte champ de nos connoiffances , il eft bien difficile de déterminer jufqu'où il peut s'étendre. Comme les progrès que l'on peut faire dans cette partie de notre connoiffance ^àé^enàtnt de notre fagacité à trouver des idées inter- médiaires, qui puiftent faire voir les rap- ports des idées dont on ne confidere pas la coexiftence , il eft difticile de dire quand nous fommes au bout de ces fortes de découvertes. Ceux qui ignorent V algèbre ^nt faurôient fe figurer les chofes étonnantes qu'on peur faire en ce genre par le moyen de cette fcien- ce. Il n'eft pas poflible de déterminer quels nouveaux moyens de perfedionner les au- tres parties de nos connoiffances , peuvent être encore inventés par un efprit pénétrant. Quoi qu'il en foit , ron.'peut afturer que les idées qui regardent le nombre & l'étendue,, ne font pas les feules capables de démonftra- tion ; mais qu'il y en a d'autres quifontpeut-: 974 C O N être h plus importante de nos fpéculations , d'où l'on pourroit déduire des connoij/ances auffi certaines , û les vices , les paffions , des intéré:s dominans, ne s'oppofoient direfte- ment à l'exécution d'une telle entreprife. L'idée d'un Etre fupréme, infini en puif- fance^ en bonté, en fageffe, qui nous a fiits , 6)C de qui nous dépendons ; & l'idée de nous-mêmes comme de créatures intel- ligentes & raifonnables : ces deux idées , dis-je , bien approfondies , conduiront à des conféquences fur nos devoirs envers Dieu , auîîi néceffaires & auffi intimement liées,' que toutes les conféquences qu'on tire des principes mathématiques. On auroit du jufte &: de Tinjurte des mefures aufîi précifes &: aufïi exades que celles que nous avons du nombre & de Tétendue. Par exemple , cette propofirion ; /"/ ne fauroit y avoir de finjuJUce où il ny a point de pro- priété, efl: aufli certaine qu'aucune démonf- tration qui foit dans Euciide ; car l'idée de propriété, étant un droit à une certaine chofe, & l'idée qu'on défigne par le nom ù^injuflice, étant l'mvafion & la violation d*un droit, il eft évident que ces idées étant ainfi déterminées , & ces noms leur étant attachés, je puis connoîrre aufîi certaine- ment que cette propofition eft véritable , que je connois qu'un triangle a trois an- gles égaux à deux droits. Autre propofi- tion d'une égale certitude, nul gouverne- ment n accorde une abfolue liberté', car comme l'idée de gouvernement eft un éta- blifTement de fociété fur certaines règles ou l.">ix dont il ex"ge l'exécution , 6c que l'idée d'une abfolue liberté emporte avec elle le droit de faire tout ce que l'on veut ; je puis être auffi certain de la vérité de cette pro- pofirion, que d'aucune qu'on trouve dans les mathématiques. Ce qui a donné à cet égard l'avantage aux idées de quantité , c'ef^ : 1°. Qu'on peut les préfenter par des marques fenfibles , qui ont une plus grande & plus étroite correfpondance avec elles , qije quelques mpts ou fens qu'on puifïe imaginer. Des figures tracées fur le papier l'ont autant de copies des idées qu'on a dans l'efprit, &: qui ne font pas fujettes à l'incertitude que les mots ont dans leur fignification. Un angle, un cercle, ou un C O N quatre qu*on trace avec des lignes , paroît à la vue, fans qu'on puifTe s'y méprendre , il demeure invariable , & peut être confi- déré à loifir; on peut revoir la démonftra- tion qu'on a faite fur fon fujet , & en con- fidérer plus d'un fois toutes les parties , fans qu'il y ait aucun danger que les idées chan- gent le moins de monde. On ne peut pas taire la même chofe à l'égard des idées morales; car nous n'avons point de mar- ques fenfibles qui les repréfentent , & par où nous puiffions les expofer aux yeux. Nous n'avons que des mots pour les expri- mer; mais quoique ces mo-ts reftent les mêmes quand ils font écàts , cependant les idées qu'ils fignifient , peuvent varier dans le même homme ; & il eft fort rare qu'elles ne foient pas différentes en diffé- rentes perfonnes. .2°. One autre chofe qui caufe une plus grande difficulté dans la morale , c'eft que les idées morales font ordinairement plus complexes que celles des figures , qu'on confidere ordinairement dans les mathéma- tiques ; d'où aaiffent ces deux inconvéniens: le premier , que les roms des idées mora- les ont une fignificacion plus incertaine, parce qu'on ne convient pas fi aifément de la colledion d'idées fimples qu'ils fignifient précifément; & par conféquent le figne qu'on met toujours à leur place, lorfqu'on s'entretient avec d'autres perfonnes, & fou- vent en médita. it en foi-même, n'emporte pas conftamment avec lui la même idée. Un autre inconvénient qui naît de la compli- cation des idées morales , c'eft que l'efprit ne fauroit retenir aifément ces ccmbinai- fons précifes d'une manière auffi exade Se auffi parfaite qu'il eft néceffaire pour exa- miner les rapports , les convenances ou les difconvenances de ptufieurs de ces idées comparées l'une à l autre ; & fur-tout lorf- qu'on n'en peut juger que par de longues déduélions , & par l'intervention de plu- fieurs autres idées complexes , dont on fe fert pour montrer la convenance de deux idées éloignées. Il eft donc certain que les vérités morales ont une étroite liaifon les unes avec les autres , qu'elles découlent d'idées fimples & diftin6ies par des confé- quences néceffaires , & que par conféquent elles peuvent être démontrées. C O N 3*^. Quant à la connoijfanct que nous avons de l'exiftence réelle & actuelle des chofes , elle s'étend fur beaucoup de chofes. Nous avons une connoijjance intuitive de notre exiftence. V^oyei^ le Difcours Préli- minaire : une connoijjance démonftrative de l'exiftence de Dieu ; Voye:{ DiEU ; une connoijfance fenfirive de tous les objets qui frappent nos fens ; & une teftimonia'.e de plufieurs événemens qui font parvenus juf- qu'à nous , à travers Tefpace des iiecles , purs & fans altération, yoyei VÉRITÉ. Il eft confiant , par tout ce que nous ve- nons de dire , qu'il y a des connoijjances cer- taines , puifque nous appercevons de la con- venance ou de la difconvenance entre p!u- iïeursde nos idées. Mais toutes nos connoij- fances font-elles réelles? qui peut favoir ce que font ces idées , dont nous voyons la convenance ou la difconvenance? y a-t-il rien de (i extravagant que les imaginations qui fe forment dans le cerveau des hommes ? où eft celui qui n'a pas quelque chimère dans la tête ? & s'il y a un homme d'un fens raffis & d'un jugement tout-à-fait folide , quelle différence y aura-t-il , en vertu de nos règles, entre la connoijjance d'un tel homme &c celle de l'efprit le plus extrava- gant du monde ? Ils ont tous deux leurs idées ; & ils apperçoivent tous deux la con- venance ou la difconvenance qui eft entre elles. Si ces idées différent par quelque en- droit , tout l'avantage fera du côté de celui qui a l'imagination la plus échauffée, parce qu'il a des idées plus vives & en plus grand nombre; de forte que, félon nos propres rè- gles , il aura aufîi plus de connoijjance. S'il eft vrai que toute la connoijfance confifte dans la perception de la convenance ou de la difconvenance de nos propres idées, il y aura autant de certitude dans les vifions d'un enthoufîafte , que dans les raifonne- raens d'un homine de bon fens. II n'im- porte ce que les choies font en elles-méme', pourvu qu'un homme obferve la conve- nance de \t^ propres imaginations , & qu'il parle conféquemment , ce qu'il dit eft cer- tain , c'eft la vérité toute pure. Tous ces châteaux bâtis en l'air feront d'aufîi fortes retraites de la vérité, que les démonftra- tions .mathématiques. Mais de quel uiage fera toute cette belle connoijjance des ima- C O N 5,7c ginatiens Aes hommes , à celui qui cherche às'inftruire delà réalité des chofes? qu'im- porte de favoir ce que font les fantaifîes des hommes ? ce n'efî que la connoijfance des chofes qu'on doit eftimer ; c'eft cela feul qui donne le prix à nos raifonnemens , & qui fait préférer la cornoijfance de ce qu6 les chofes font réellement en elles-mêmes, à une connoijjance de fonges & de vifions. Voilà la difficulté propofée dans toute fa force par M. Locke. Voici comment il y répond. Si la connoijfance que nous avons de nos idées fe termine à ces idées, fans s'étendre plus avant lorfqu'on fe propofe quelque chofe de pfus, nos plus férieufes penfée? ne feront pas d'un beaucoup plus grand ufage que les rêveries d'un cerveau déréglé ; les vérités fondées fiir cette connoijfance , ne feront pas d'un plus grand poids que les difcours d'un homme qui voit clairement les chofes en fonge , & les débite avec une extrême confiance \velut (Zgri fomnia^ vance fingentur fpecies. Il eft évident que l'efprit ne connoît pas les chofes immédiatement, mais pas inter- vention des idées qui les lui repréfentent; & par conféquent notre connoijfance n'efl réelle , qu'autant qu'il y a de la conformité entre nos idées & la réalité des chofes. Mais quel fera ici notre criterion ? comment l'ef- prit , qui n'apperçoit rien que fes propres idées , connoîtra-t-il qu'elles conviennent avec les chofes mêmes ? Quoique cela ne fembîe pas exempt de difficulté , on peut pourtant affurer avec toute la certitude poffi- ble, qu"il y a du moins deux fortes d'idées , qui font conformes aux chofes. Les premières font les idées fimples ; car puifque l'efprit ne fauroit en aucune façon le les former à lui-même , il faut récefia!- rement qu'elles foient produites par des choies qui agiffent naturellement fur l'ef- prit, ôi y tout naître les perceptions aux- quelles elles font proportionnées par la fa- gefïede celui qui nous a faits. Il s'enfuit de- là que leb idées fimples ne font pas des fic- tions de notre propre imagination , mais àç.% produftions naturelles & régulières de cho- fes exiftantes hors de nous , qui opèrent réellement fur nous ; & qu'ainfi elles ont toute li conformité à quoi elles font defti- 57^ ^, ^ ^ nées , ou que notre état exige * car elles nous repréfentenr les chores fous les apparences que les chofes font capables de produire en nous ; par oii nous devenons capables nous- mêmes de diftinguer les efpeces des fubf- tances particulières , de difcerner l'état où ielles fe trouvent , & par ce moyen de les appliquer à notre ufage. Ainfî l'idée de blan- cheur ou d'amertume , telle qu'elle eft dans l'efprit , étant exaâiement conforme à la puiflance qui eft dans un corps d'y produire une telle idée, à toute la conformité réelle qu'elle peut ou doit avoir avec les chofes qui exiftent hors de nous , &; certe conformité qui fe trouve entre nos idées fimples & l'exlftence des chofes , fuffifr pour nous donner une connoijfancc réelle. En fécond lieu , toutes nos idées com- plexes , excepté celles àes fubftances , étant des archétypes que l'efprit a formés lui- même, qu'ilfti'a pas deftinés à être des copies de quoi que ce foit , ni rapportés à l'exiftence d'aucunes chofes comme à leurs originaux , elles ne peuvent manquer d'avoir toute la conformité néceffaire à une connoijjancc réelle : car ce qui n'eft pas deftiné à repré- fenter autre chofe que foi-méme , ne peut être capable d'une faufTe repréfentation. Or, excepté les idées des fubftances, telles font toutes nos idées complexes, qui font des combinaifons d'idées, que l'efprit joint enfemble par un libre choix, fans examiner il elles ont aucune liaifon dans la nature. De-là vient que toutes les idées de cet ordre font elles-mêmes confidérées comme des ar- chétypes , 6c les chofes ne font confidérées qu'en tant qu'elles y font conformes. Par conféquent toute notre connoijjance tou- chant ces idées eft réelle , & s'étend aux chofes mêmes; parce que dans toutes nos penfées , dans tous nos raifonnemens , & dans tous nos difcours fur ces fortes d'idées , nous n'avons deffein de confidérer les chofes qu'autant qu'elles font conformes à nos idées ; & par conféquent nous ne pouvons manquer d'acquérir iur ce fujet une réalité certaine & indubitable. Quoique toute notre connoljfance , en fait de mathématiques, roule uniquement fur nos propres idées , on peut dire ce- pendant qu'elle eft réelle , & que ce ne CO N font point de ftmples vifions & des chi- mères d'un cerveau fertile en imaginations frivoles. Le mathématicien examine la vé- rité & les propriétés qui appartiennent à un redangle ou à un cercle , à les confi- dérer feulement tels qu'ils font en idée dans fon efprit ; cîr peut-être n'a-til ja- mais trouvé en fa vie aucune de ces figures qui foient mathématiquement, c'eft-à-dire, précifément & exaé^ement véritables : ce qui n'empêche pourtant pas que la con- noijfance qu'il a de quelque vérité ou de- quelque propriété que ce foit , qui appar- tient nu cercle ou à toute autre figure ma- thématique , ne foit véritable & certaine , même à l'égard des chofes réellement exif- tantes ; parce que les chofes réelles n'entrent dans ces fortes de propofitions & n'y font confidérées , qu'autant qu'elles conviennent réellement avec les archétypes , qui font dans l'efprit du mathématicien. Eft-il vrai de l'idée du triangle que fes trois angles ibient égaux à deux droits } La même chofe eft aufi[l véritable d'un triangle , en quelque endroit qu'il exifte réellement. M-iis que toute autre figure actuellement exiftante ne foit pas exaéîement conforme à ridée du triangle qu'il a dans l'efprit , elle n'a abfolument rien à démêler avec cette propofition : &c par conféquent le ma- thématicien voit certainement que toute fa connoijf.mce touchant ces fortes d'idées eft réelle ; parce que ne confidérant les cho- fes qu'autant qu'elles conviennent avec ces idées qu'il a dans l'efprit, il eft afturé que tout ce qu'il fait fur ces figures , lorfqu'elles n'ont qu'une exiftence idéale dans fon ef- prit , fe trouvera aufii véritable à l'égard de ces mêmes figures , fi elles viennent à exifter réellement dans la matière : fes réflexions ne tombent que fur ces figures , qui font les mêmes , foit qu'elles exiftent ou qu'elles n'exiftent pas. Il s'enfuit de-là que la connoiffance des vérités morales eft auftî fufceptible d'une certitude réelle, que celle des vérités ma- thématiques. Comme nos idées morales font elles-mêmes des archétypes , aufli-bien que les idées mathématiques , & qu'ainfi ce font des idées complètes , toute la con- venance ou la difconvenance que nous dé- couvrirons entr'elles , produira une connoif- fance C O N fanct réelle , auffi-bien que dans les figures mathématiques. Pour parvenir à la connoijfancc & à la certitude , il eft néceffaire que nous ayons ^Qs idées déterminées ; & pour faire que notre connoijfancc (bit réelle , il faut^ue nos idées répondent à leurs archétypes: au refte, l'on ne doit pas trouver étrange qu'on place la réaUté de notre coniioijfanu dans ia confidération de nos idées , lans fe met- tre fort en peine de l'exiftence réelle des chofes ; puifqu'après y avoir bien penfé , l'on trouvera , fi je ne me trompe, que la plupart des difcours fur lefquels roulent les penfées & les difputes , ne font effec- tivement que des propofitions générales, & des notions auxquelles l'exiftence n'a aucune part. Tous les difcours des mathé- maticiens fur la quadrature du cercle , fur les feflions cpniques , ou fur toute autre partie des mathématiques , ne regardent point du tout l'exiftence d'aucune de ces figures. Les démonftrations qu'ils font fur cela, & qui dépendent des idées qu'ils ont dans l'efprit , font les mêmes , foit qu'il y ait un quatre ou un cercle aCiuellement exiftant dans le monde, ou qu'il n'y en ait point. De même , la vérité des difcours de morale eft confidérée indépendamment de la vie des hommes & de l'exiftence aftuelle de ces vertus ; & les offices de Cicéfon ne font pas moins conformes à la vérité , parce qu'il n'y a perfonne qui en pratique exadlement les maximes , & qui règle fa vie fur le modèle d'un homme de bien, tel que Cicéron nous l'a dépeint dans cet ouvrage , & qui n'exiftoit qu'en idée lorfqu'il lecrivoit. S'il eft vrai dans la fpéculation, c'eft-à-dire en idée , que le meurtre mérite la mort, il le fera aufîi à l'égard de toute a6^ion réelle qui eft con- forme à cette idée de meurtre. Quant aux autres allions, la vérité de cette propofi- tion ne les touche en aucime manière. II en eft de même de toutes les autres efpe- ces de choies qui n'ont point d'autre eftence que les idées mêmes qui font dans l'efprit de l'homme. En troifieme lieu , il y a une autre forte d'idées complexes , qui fe rapportant à des archétypes qui exiftent hors de nous , peu- vent en être différentes ; & ainfi notre Tome FUI. C O N 977 connoijfanu touchant ces idées peut man- quer d'être réelle. Telles font nos idées de fubftances, qui confiftant dans une collec- tion d'idées fimples , peuvent pourtant être différentes de ces archétypes , de là qu'elles renferment plus d'idées ou d'autres idées que celles qu'on peut trouver unies dans les chofes mêmes ; dans ce cas-là elles ne font pas réelles , n'étant pas exaftement conformes aux chofes mêmes. Ainfi , pour avoir des idées des fubftances , qui étant conformes aux chofes puiftent nous four- nir une connoijfancc réelle , il ne fuffit pas de joindre enfémble , ainfi que dans les modes , des idées qui ne foient pas incom- patibles , quoiqu'elles n'aient jamais exifté auparavant de cette manière ; comme font , par exemple , les idées de facrilege ou de parjure , &c. qui étoient aufl[i véritables & auflî réelles avant qu'après l'exiftence d'au- cune adlion femblable. Il en eft tout autre- ment à l'égard de nos idées de fubftances ; car celles-ci étant regardées comme des copies qui doivent repréfenter des arche- types exiftans hors de nous , elles doi- vent être toujours formées fur quelque chofe qui exifte ou qui ait exifté ; & il ne faut pas qu'elles foient compofées d'idées , que notre efprit joigne arbitrairement enfémble , fans fuivre aucun modèle réel d'oij elles aient été déduites, quoique nous ne puiflions appercevoir aucune incompa- tibiUté dans une telle combinaifon. La raifon de cela eft , que ne fâchant pas quelle eft la conftitution réelle des fubf- tances d'où dépendent nos idées fimples , Se qui eft effeélivement la caufe de ce que quelques-unes d'elles font étroitement liées enfémble dans un même fujet , & que d'autres en font exclues , il y en a fort peu dont nous puiflfions aflfurer qu'elles peu- vent ou ne peuvent pas exifter enfémble dans la nature , au delà de ce qui paroît par l'expérience & par des obfervations fenfibles. Par conféquent toute la réalité de la connoijfancc que nous avons des fubftan- ces , eft fondée fur ceci : que toutes nos idées complexes des fubftances doivent être telles , qu'elles foient uniquement compo- fées d'idées fimples, qu'on ait reconnues co-exifter dans h nature. Jufques-là nos idées font véritables : & quoiqu'elles ne Gggggg 5>78 C O N ioienf peut-être pas des copies fort exac- tes des fubftances , elles ne laiffent pour- tant pas d'être les fujets de la connoif- fance réelle que nous avoni ÔQS fubftances*, connoijjance bornée , à la vérité, mais qui n'en eft pas moins réelle , tant qu'elle peut s'étendre. Enfin , pour terminer ce que nous avions à dire fur la certitude & la réalité de nos connoijjances ; par-tout où nous apperce- vons la convenance ou la difconvenance de quelqu'une de nos idées , il y a une connoijfance certaine ; & par-tout oij nous /bmmes alTurés que ces idées conviennent avec la réalité des chofes , il y a une con- noiffance certaine &c réelle. Mais, direz -vous, notre connoijfance n*eft réelle qu'autant qu'elle eft confoune à fon objet extérieur : or nous ne pouvons le favoir ; car , ou notre idée eft conforme à l'objet , ou elle n'y eft pas conforme ; fi elle n'y eft pas conforme, nous n'en avons pas l'idée ; fi nous difons qu'elle y eft con- forme , comment le prouverons-nous ? 11 faudroit que nous connuffions cet objet avant que d'en avoir l'idée , afin que nous puiffions dire & être afturés que notre idée y eft conforme. Mais loin de cela , nous ne faurions pas fi cet objet exifte , fi nous en avions l'idée , ôc nous ne le connoifljons que par l'idée que nous en avons : au lieu qu'il faudroit que nous connufiions cet objet- là avant toutes chofes , pour pouvoir dire que l'idée que nous avons eft l'idée de cet objet. Je ne puis connoître la vérité de mon idée , que par la connoijfance de l'objet dont elle eft l'idée; mais je ne puis connoître cet objet, que par l'aflurance que j'aurai de la vérité de mon idée. Voilà donc deux cho- fes telles que je ne faurois connoître la pre- mière que par la féconde , ni la féconde que par la première ; & par conféquent je ne faurois connoître avec une pleine cer- titude ni l'une, ni l'autre. D'ai.leurs y-pour- quoi voulons- nous que l'idée que nous avons d'un marbre foit plus conforme à ce qui eft hors de nous , que Vidée que nous avons de la douceur ou de l'amertume, de la chaleur ou du froid , des (ons & des cou- leurs? Or , on convient qu il n'y a rien hors de nous & dans les objets qui foit fem- blabie à ces idées que nous «ayons en lejy- C O N préfence : donc nous n'avons aucune preuve démonftrative qu'il y ait hors de nous quel- que chofe qui foit conforme à l'idée que nous avons, par exemple , d'un arbre ou de quelque autre objet ; donc nous ne femmes aftisrés d'aucune connoijfance réelle. Rien n'eft moins folide que cette objec- tion , quoiqu'elle foit une des plus fubtiles qui aient été |yoporées par Sextus Empiri- cus. L'objeclion fuppole que nous croyons avoir l'idée d un arbre, par exemple, fans que nous foyons fur de l'avoir. Voici donc ce que je réponds. L'idée eft de fa nature & de fon effence une image , une repré- fenfation. Or , toute image , toute repré- fentation fuppofe un objet quel qu'il foir. Je demande maintenant fi cet objet eil: poflTible ou impoffible. Qu'il ne foit pas imr poflible , un pur être de raifon , cela {q. conçoit aifément. Il fuffit que nous ne puiffions pas plus nous en former l'idée, qu'un peintre peut tracer fur une toile un cercle quarré , un triangle rond, un quarré fans quatre côtés. L'impoffibilité du peintre pour peindre de telles figures, nous garan- tit l'impoffibilité où nous fommes de con- cevoir un être qui implique contradi£lion. Il refte donc que l'objet repréfenté par l'idée , foit du moins poffible. Or, cet objet poffible eft ou interne ou externe. S'il eft interne,il fe confond avec notre idée même, & par conféquent nous avons de lui la même perception intime que celle que nous avons de notre idée. S il eft externe, la connoijfance que j'en ai par l'idée qui le repréfenté eft auffi réelle que lui, parce que cette idée lui eft nécefi^airement conforme. Mais pour connoître fi l'idée eft vraie , il faudroit que je connufte cîéja l'objet. Point du tout ; car l'idée porte avec elle ia vérité , fa vérité confiftant à repréfenter ce qu'elle repréfenté , & à ne pouvoir pas ne point repréfenter ce qu'elle repréfenté. L'objec- tion fuppofe faux , en difant qu'une des deux chofes , foit l'idée , foit l'objet , pré- cède {^connoijfance de l'autre. Ce font deux corollaires qui fe connoiftent en même temps. Mais pendant que je m'imagine avoir l'idée d'un arbre , ne peut-il pas fe faire que j'aie l'idée de tout autre objet } Cela n'eft pas plus poffible qu'il le feroi : de voir du noir quand on croit voir du blaiic, de feur C O N tir de la douleur quand on croit n'avoir que des fentimens de plaiiir. La raifon de cela eft que l'ame ayant une perception intime de tout ce qui fa pafle chez elle , elle ne peut jamais prendre une idée pour l'autre; ôc par confequent, (i elle croit voir un arbre, c'eft que réellement elle en a l'idée. Quant à ce qu'on ajoute , queTidée que nous avons d'un arbre ne doit pas être plus conforme à ce qui eft hors de nous , que l'idée que nous avons de la douceur &: de l'amertume , de la chaleur ou du froid, des fons & des couleurs, fenfations qui n'exif- tent pas certainement hors de nous ; cela ne fouffre aucune difficulté. La notion d'un arbre dépouillé de toutes les qualités fenfi- bles que lui donne un jugement précipité , lôc confidéré du côté de fon étendue , de fa grandeur & de fa figure, n'eft que l'idée de plufieurs êtres qui nous paroiffent les uns hors des autres : c'efl pourquoi en fup- pofant au dehors quelque chofe de con- forme à cette idée , nous le repréfentons toujours d'une manière aufli claire que fi nous ne le confidérions qu'en l'idée même. Il en eft tout autrement des couleurs , des odeurs &c des goûts , &c. Tant qu'en réfléchiftant fur ces fenfations , nous les regardons comme à nous , comme nous étant propres , nous en avons des idées fort claires , mais fi nous voulons , pour ainfi dire , les détacher de notre être , & en enrichir les objets , nous fiifons une chofe dont nous n'avons plus d'idée; nous ne fommes portés à les leur attribuer, que parce que d'un côté nous fommes obligés d'y fuppofer quelque chofe qui les occa- iione , èc que de l'autre cette caufe nous eft tout-à-fait cachée. Voyez Locke , le P. Buffier , Chambers , M. Formey. CONNOISSANCE des temps, Ç Agronomie. ) titre que porte l'ancienne éphéméride des mouvemens céleftes , ou almanach que publie chaque année l'Aca- démie des fciences de Paris , pour l'ufage des aftronomes & des navigateurs. Ce titre a pu faire croire à ceux qui n'avoient pas confulté l'ouvrage , qu'on y annon^oit le beau temps ou la pluie ; mais il ne s'agit dans cet ouvrage que des temps confidérés aftro- nomiquement , & par rapport aux mouve- ineas céleftes qui en font la mefure. CON 979 Ce livre , qui a été le modèle de tous les almanachs, & qui fert encore à faire tous ceux de la France , fut publié pour la pre- mere fois en 1679 avec ce titre: La con.' noijfance des temps ou Calendrier & éphé- mérides du lever & du coucher du foUily de la lune & des autres planètes , avec lès écUpfes pour r année i6yc) , calculés fur Paris ^ & la manière de s'en fervir pour les autres élévations , avec plufieurs autres tables & traités d'aflronomie & de phyfi- que , & des éphémérides de toutes les pla- nètes^ en figures. A Paris, chez J. B. Coi- gnard , imprimeur du roi , rue Saint-Jac- ques, à la Bible t/'or. C'étoit un très-petit in- 1 2, compofé de 78 pages; il étoit dédié au roi de France , qui en avoit approuvé le projet. On dit dans un avis qui eft en tête , qu'il fut hazardé fort avant dans l'année , à l'occafion du voyage du roi ; (car on avoit réfolu de ne le commencer qu'en i<58o J & que l'on travailloit à calculer des éphémérides d'une méthode toute nouvelle, qui dévoient commencer Tannée fuivanre.- Dans ce premier volume , on voit d'a- bord un calendrier , le lever & coucher du foleil ôc de la lune, avec le jour de its phafes & de fes plus grands abaiflemens ou élévations de l'horizon : pour le foleil , le premier inftant qu'un de fes bords paroît , ou que le dernier difparoît, eu égard aux réfraftions; pour la lune, l'inftant où elle paroît toute entière en touchant l'horizon , eu égard aux réfi-aftions Se aux parallaxes : 2^. une autre table de leur lever &: cou- cher, pour Calais, Paris, Lyon, Marfeille, qui puiiïe fervir à le trouver pour tous les autres pays : 3°. les phafes de la lune pour toute l'année : 4^. des figures d'éclipfes pour plufieurs momens de leur durée : ^". une table du pafifage de la lune par le mé- ridien, l'afcenfion droite du foleil & l'équa- tion de l'horloge , ou ce dont elle doit avancer ou retarder , par rapport à un cadran folaire fur lequel elle aura été mife le 16 juin ou le 23 décembre, avec des ufages pour trouver l'heure fur les cadrans folaires par le moyen de la lune , en y ajoutant fon paflage méridien , & pour connoître les marées , en temps que la mer fe trouve haute à Breft , conftamment deux heures après le paflage de la lune par p8o C O N la mériditnne; à Calais, à quatre heures & demie ; à Saint-Malo ûx heures après -, à Dieppe , neuf heures ; à Rouen & Hon- fleur, onze heures. ■ 6°. Le moyen de trouver par vingt étoi- les qui pafîent dans le même fil à plomb que la polaire , l'heure qu'il efl, en ajou- tant l'afcenfion droite du fbleil à l'heure marquée fur une planche qui fe voit dans le livre. L'auteur obferve qu'en changeant la latitude du lieu de cin.q degrés , on ne trouve que deux minutes de détaut dans cette opération. L'on y voit une explica- tion Tur le mouvement des pendules avec une autre petite table ; les entrées du foleil dans tous les iîgnes du zodiaque; on y parle de la manière dont les planètes feront vues pendant toute l'année : des latitudes & différences de longitude de vingt-trois villes de France ; les plus longs jours & les plus longues nuits pour différentes éléva- tions de pôle ; enfin, des obfervations fur le baromètre & les vents , faites pendant l'année 1678. M. Picard, l'un des plus célèbres agrono- mes de l'académie de Paris , étoit l'auteur anonyme de cet ouvrage ; dès l'année fui- vante , il l'augmenta de plufieurs tables & de plufieurs remarques intéreffantes. Dans celui de 1681 , il annonça l'apparition de la comète, avec des réflexions très-philo- fophiques à ce fujet ; dans celui de i68i, il annonça les nouvelles opérations de la figure de la terre : enfin ce livre ne cefl^a de s'augmenter chaque année , foit entre les mains du premier auteur, foit dans celles de M. le Febvre qui fut chargé de cet ou- vrage en 1685 ; M. Lieutaud lui fuccéda en 1701 , il y mit en 1729 la lifte de l'académie des fciences ; M. Godin lui fuccéda en 1730; M. Maraldi commença l'année 1735 » & a fini en 1759. J'ai com- mencé en 1760 à être chargé de cet ou- vrage par ordre du roi , & fur le choix de l'académie; dès ce moment, j'en changeai la forme en entier , pour y raffembler tout ce que les aftronomes pouvoient defirer de plus nouveau & de plus intéreifant, pour leurs obfervations & leurs calculs , &: tout ce que les navigateurs pouvoient defirer pour être à portée de trouver la longitude en mer par le moyen de la lune , 6c je C O N continuerai fur le même plan ,' tant que je ferai chargé de ce travail. Mais en 1767 , le bureau de longitude d'Angleterre fit cal- culer par un grand nombre d'aftronomes réunis fous la direéfion de l'aftroncme royal , M. Maskelyne , un ouvrage beau- coup plus étendu , intitulé The nautical almanac and aflronomical ephemeris for tlie year tyGy. Cet ouvrage deftiné fpécia- îement à la navigation, n'a point empêché la continuation de la connoijfance des temps^ néceflaire pour la ville de Paris , & dans laquelle je continue d'ailleurs de mettre des tables nouvelles chaque année , pourl'ufage des aftronomes. Le P. Hell , habile aftro- nome de Vienne en Autriche , a fait depuis 1757, un ouvrage de même efpece , inti- tulé Ephemerides afironomicce^ qui contient auffi beaucoup de calculs faits pour la lati- tude de Vienne en Autriche , & qui eft beaucoup plus important encore , par un grand nombre d'obfervations aftronomi- ques, faites dans différens pays de la terre, par tous les aftronomes avec qui il eft en correfpondance. Ce peut être un incon- vénient pour les progrès de l'aftronomie , que des ouvrages de cette efpece foient calculés féparément par tant de perfonnes , dont le temps feroit employé plus utile- ment à calculer des obfervations ou des tables. Nous parlerons au mot EphÉMÉ- RIDE , de deux autres ouvrages qui fe publient tous les dix ans à Paris & à Bolo- gne en Italie , &: qui font encore un dou- ble emploi du même genre: cela prouve du moins que le goût de l'Aftronomie fe répand , & il en réfultera fans doute de nouveaux fecours d'une efpece encore plus utile pour le progrès de cette fcience. M. DE LA Lande. CONNOISSANCE DU '9kYS.(an. milit.) Il n'eft pas poflible d'établir un projet gé- néral ou particulier de campagne , m de l 'exécuter fans avoir une connoijfance exafte du pays qu'on fe propofe d'attaquer & de défendre : elle eft nécefifaire , non feule- ment au prince , à fon confeil \ & aux gé- néraux qui doivent être chargés de la con- duite des armées , mais encore aux officiers principaux & particuliers qui font employés (bus les ordres de ces derniers , pour pou- voir participer aux opérations de la campa- C O N gne , & s'acquitter des expéditions qui leur feront confiées. Cette connoijjance , une des plus effen- tielles de l'art militaire , eft générale ou particulière , c'eft-à-dire , géographique ou topographique. La première confifte à fa- vo«" la (ituation, l'étendue, la divifion des états & de leurs provinces ; leur climat , leur population , leur fertilité , les rivières qui les traverfent , les montagnes , les forêts , les plaines qui s'y trouvent , leurs forces , le nombre & l'importance des places qui les défendent , &c. La deuxième comprend le détail d'une portion de pays, d'une frontière , du cours d'une rivière , d'une place , d'un pofte & de leurs environs , &c. L'une fert à former le plan général d'une campagne , l'autre à en régler le plan particulier , ôc à en conduire les opérations. Voye^ les articles CAMPA- GNE , Carte-Militaire. La connoijjance du pays peut s'acquérir par le fecourç de la géographie , des car- tes-militaires, des mémoires des généraux, & des officiers d'état-major : mais il vaut encore mieux , toutes les fois qu'on le peut , voyager dans les pays où l'on doit faire la guerre , voir & examiner foi-même tous les objets qui méritent attention. Guftave-Adolphe ayant projeté de porter la guerre en Allemagne, en parcourut tous les pays , déguifé , pour examiner l'état de l'Empire , fes forces , fes places , & gé- néralement tout ce qu'il lui importoit de connoître avant de former its entreprifes. On fait que M. de Catinat fe déguifa en charbo/inier pour entrer dans Luxembourg & reconnoître l'état de cette place. Quand on fait la guerre dans un pays dont on n'a que des cartes , ou des mé- moires, & qu'il eft important d'avoir une connoijfance exafte de quelque partie occu- pée par l'ennemi , on attire à foi par de l'argent ou des promeffes , quelque arpen- teur , chaiïeur , ou autre perfonnage qui connoiiïe bien le terrain , & on le con- fulte pour favoir fi l'on peut compter fur les détails qu'on en a : quelquefois on a des efpions qui font en état de lever un camp, une place, im pofte , & dont on tire de grands fervices ; j'en ai vu dans la dernière guerre que nous avons fait en C O N 9Rt Allemagne , un qui rapportoit des cartes du pays, fur lefquelles il avoit figuré 11 pofition de l'armée ennemie , & marqué tous les poftes qu'elle occupoit. En 1756, le plan de Wefel fut levé par un efpion de cette efpece. En un mot , on peut dire que la con- noijjance du pays e^ le fondement de tou- tes les opérations de la guerre , & que très- fouvent elle décide des événemens. Com- bien l'hiftoire, même celle de nos jours , ne fournit-elle pas d'entreprifes manquées, de batailles perdues , d'armées furprifes difperfées & détruites , qui prouvent de la manière la plus forte & la plus fenfible , qu'on ne fauroit faire une érude trop par- ticulière du pays oij l'on doit porter la guerre ? {M. D. L. R. ) CoNNOlSSANCE, ( Ven. ) indices de l'âge & de la forme du cerf, par la tête , le pié , les fumées , &c. CONNOISSEMENT, fub. m. {Corn, merce de mer. ) c'eft une efpece d'a<5le oii de reconnoiffance fous figoarure privée , que le maître ou capitaine d'un navire donne à un marchand , des marchandifes qu'il a fait charger, & de les porter à leur dellination moyennant un certain prix. Le mot de connoijjkment n'efl: guère eti ufage que fur l'océan : fur la méditerranée on â\t police de chargement ^ qui a la même fignification. Suivant l'ordonnance de la marine du mois d'août 1681 , les connoijfemens doi- vent être lignés par le maître ou l'écrivain du vaiffeau , faire mention de la quantité, qualité des marchandifes , de leur deflina- tion , du prix convenu pour le port ou fret , &c. Chaque connoijjemcnt doit être triple , l'un pour le marchand qui fait le chargement , l'autre pour celui à qui les marchandifes font deftinées , le troifieme pour le maître ou capitaine , auquel les marchands font tenus de les préfenter vingt- quatre heures après le chargement du vaif- feau pour les (îgner , & de lui fournir les acquits néceiîlures , fous peine de payer ks frais du retardement. Voye^ dans le dic^ tionnaire du Comm. de Savary , tom. Il ^ p. 68 X & fuiv. le refte des détails qui con- cernent les connoijfemens , & le modèle qu'il donne de ces fortes d'ades. (C?) o8i C O N CONNOISSEUR , f. m. CLlu. Peint. 'Mujîq. &c. ) n'eft pas la même chofe qu'fz- mauur. Exemple. Connoijfeur, en fait d'ou- vrages de peintres , ou autres qui ont le deffin pour bafe , renferme moins l'idée d'un goût décidé pour cet art, qu'un dif- cernement certain pour en juger. L'on n'eft jamais parfait connoijfcur en peinture , fans être peintre ; il s'tn faut même beaucoup que tous les peintres foient bons connoif- feurs. Il y en d'afTez ignorans pour voir la nature comme ils la font , ou pour croire qu'il ne faut pas la rendre comme ils la voient. On dit : Vous pourrie:^ être jlatté des louan- ges d'un tel ; ceft un grand connoifleur. f^. le diclionn. de Peinture. Il n'y a point d'art qu'on ne puiflTe fubf- tituer dans certain article à la peinture , que nous avons prife pour exemple ; l'applica- tion fera également jufte. (R.) CONNOITRE , V. aft. qui défigne l'o- pération de l'entendement qu'on appelle connoijfance. Foye:^ CoNNOISSANCE. " CoNNOlTRE les éperons , les talons, la hr'ide , &:c. en Maréchallerie , c'eft de la part du cheval fentir avec jufteffe ce que le cavalier demande , lorsqu'il approche les éperons, les jambes, ou les talons, & qu'il tire ou rend la bride. {V) CONNOR , ( Géogr. ) ville dlrlande dans la province d'Ulfter , au comté d'Antrim. CONODIS , f. m. (Comm.) petite mon- noie de billon très-commune, fabriquée & qui a cours à Goa & dans le royaume de Cochin : elle vaut fept deniers argent de France. Voyelles diclionnaires de Trévoux & du Commerce. CONOIDE, f. m. (Géom.) nom que l'on donne à un corps folide formé par la révolution d'une courbe quelconque autour de fon axe, & qu'on donne quelquefois auffi à d'autres fol ides qui, au lieu d'être compofés , comme celui-ci , de tranches circulaires perpendiculaires à l'axe , font compofés d'autres efpeces de tranches. V. Axe. Le conoïde prend le nom de la courbe qui l'a produit par fa révolution. Un conoïde parabolique, qu'on appelle zvS^iparaboloïde, eft le folide produit par la révolution de la parabole autour de fon axe , 6cc.' C O N Archimede a fait un livre de conoïdes Se des fphéroïdes , dans lequel ce grand géo- mètre a donné les dimenfions des folides ou conoïdes paraboliques , elliptiques , hy- perboliques, &c. Comme l'ellipfe a deux axes , elle pro- duit auffi deux conoïdes , félon qu'orv la fait tourner autour de l'un ou l'autre de ces axes. Chacun de ces conoïdes s'appelle7/7/ie- roide. L'hyperbole produit auffi deux conoï- des par fa révolution autour de l'un ou de l'autre de ces axes. Mais Archimede n'a examiné que le conoïde produit par la ré- volution de l'hyperbole autour de fon axe tranfverfe ou premier ; & M. Parent f v(>y, hift. acad. 170^.) s'eft appliqué à confi- dérer le conoïde formé par la révolution de l'hyperbole autour de fon fécond axe. Ce conoïde s'appelle cylindroïde , à caufe qu'il reflemble plus à un cylindre qu'à un cône,ne fe terminant pas en pointe comme les autres conoïdes. Car , quoique le mot de conoïde s'applique affez généralement à tous les foli- des formés par la révolution Aqs courbes autour de leur axe, cependant ce mot, qui eft dérivé de cône , convient encore d'une manière plus particulière à ceux qui fe terminent en pointe , ou qui , comme le cône , ont un fommet. Nous donnerons à cette occafion une méthode particulière pourmefurerlafurface courbe d'un conoïde : cette méthode eft aflez fimple ; nous la croyons nouvelle , & elle peut être utile en quelque cas. D'un point quelconque de la courbe qui engendre le conoïde, (o\i menée une ordon- née perpendiculaire à l'axe de rotation , Ôç une perpendiculaire à la courbe qui abou- tifle à l'axe: foit prolongée l'ordonnée hors de la courbe, jufqu'à ce que le prolonge^- ment foit égal à l'excès de la perpendicu- laire fur l'ordonnée , & imaginant que l'on faffe la même chofe à chaque point de la courbe , foit fuppofée une nouvelle courbe qui pafte par les extrémités des ordonnées ainfi prolongées: je dis que la furface courbe du conoïde fera , à l'aide de cette nouvelle courbe , comme la circonférence du cercle eft au rayon. Cette propofîtion eft fondée fur ces deux-ci: i**. l'élément de la furface du conoïde eft le produit du petit côté de la courbe par la circonférence du cercle donc CON l'ordonnée eft le rayon : i^ la perpen- diculaire eft à l'ordonnée , comme l'élé- ment de la courbe eft à l'élément de t'abf- ciflfe : deux propofitions dont la démonf- tratiorr eft très facile. Par le moyen de cette proportion , on peut trouver aifémentla furface courbe du conoïde qu'une fedion conique quelconque engendre en tournant autour de (on axe. Car on trouvera que la courbe formée par \qs ordonnées prolongées eft toujours une feftion conique ; & , par conféquent , la mefure de la furface courbe fe réduira à la quadrature de quelque fedion conique , CON 5)83 c'eft-à-dire , à la quadrature de la para- bole , qui eft connue depuis long-temps , ou à la quadratu;e du cercle , ou à celle de l'hyperbole. Voy. Cylindroïde. (O) Conoïde ou Conarium. ,voy. C^o- NARIUM & PiNÉALE. CONONITES, f. m. pi. {Wfi. eccUf) hérétiques du vj fiecle qui fuivoient les rêve- ries d'un certain Conon d'Alexandrie : ces rêveries fervirent de fondement à celles des Séveriens , Théodoftens &Triihéites, dont on trouvera les dogmes en leur place, /^oy, SÉVERIENS, ThÉODOSIENS, TriTHÉI- TES , diciionnaire de Moreri ôc Chambers» FI N du Tome huitième. ■K,.. ■ '^: ' S. _. €^ 1^ \à. '■ \ .x^-,^ A r.^ ^ M > ^ '-^è- m -''*Vr